L'histoire Sacré Du Monde
L'histoire Sacré Du Monde
L'histoire Sacré Du Monde
© 2013, Quercus
© 2013, Jonathan Black
© 2013, Tabby Booth pour les illustrations
© 2016, Pygmalion, département de Flammarion
pour la traduction française
ISBN : 978-2-7564-1950-3
À Lorna Byrne
TABLE DES MATIÈRES
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction. La vision mystique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
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L'HISTOIRE SACRÉE DU MONDE
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 515
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 525
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533
Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 551
PRÉFACE
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PRÉFACE
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PRÉFACE
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[L]es baisers du destin autant que les coups bas illustrent l'impuis-
sance de l'individu face aux événements vraiment significatifs de sa
vie : quand quelque chose d'important vous arrive, c'est rarement à
votre initiative. Le destin n'a pas de bipeur : le destin se contente de
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Une grande vérité, une vérité brute, sous-tend toutes ces réflexions
sur le sens de la vie. Sans un Esprit cosmique préexistant en ayant eu
l'intention, le cosmos, la vie elle-même, ne peut pas, par définition,
avoir de signification intrinsèque – seules celles que l'on choisit de
projeter dessus temporairement, partialement, ont un sens. Sans un
Esprit cosmique préexistant, la notion de destin n'a aucun sens.
Pourtant, comme David Foster Wallace et d'autres l'ont suggéré,
nombre d'entre nous devinent parfois un sens plus profond, absolu.
Le monde est contre nous ; on joue de malchance ; on esquive une
épreuve mais elle se représente à nous sous une autre forme ; on fait
l'expérience de prémonitions, de coïncidences riches de sens, de rêves
qui essaient de nous dire quelque chose ; subitement, on comprend
en toute clarté les pensées de quelqu'un d'autre ; on sent un lien
spécial avec des personnes que l'on rencontre ; on vit un moment de
bonheur et on se rend compte que tout dans notre vie nous y a
conduit ; on tombe amoureux et on est sûr que c'était écrit…
Les histoires de récurrences surnaturelles et de desseins mystiques
peuvent nous sensibiliser à de tels motifs dans notre propre expé-
rience. Elles incitent à porter attention aux phénomènes intérieurs
subtils et complexes qui, si l'idéalisme dresse un tableau exact du
monde, manifestent les rouages internes du monde tout en révélant
les grandes forces qui s'entrelacent pour le créer, l'entretenir et l'ani-
mer. Les récits présentés dans cet ouvrage ont précisément été choi-
sis pour faire ressortir de tels motifs.
Quand on lit une histoire, on entre dans un monde mystérieux,
plein de paradoxes, d'énigmes et de mystères, et on pourrait bien se
rendre compte que la vie est elle aussi comme ça. La grande fiction
nous révèle les profondeurs de notre être et celles du monde dans
lequel on vit. Elle peut nous montrer un monde empreint d'énergie
intelligente, un monde qui entend communiquer avec nous…
J'espère que ces histoires vous plairont et que vous les lirez dans
l'esprit voulu.
Introduction
La vision mystique
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LA VISION MYSTIQUE
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qui y sont rapportés se sont produits avant que le temps tel que
nous le connaissons ne soit mesurable, peut-être même avant qu'il
n'existe.
Alors, d'où vient le problème ? Pourquoi tant d'animosité ?
Parce que la Genèse dit que Dieu a planifié cette série d'événements.
Il a voulu que la Création se produise et a fait en sorte qu'elle
se produise. Il a dit : « Qu'il en soit ainsi », et il a vu que cela était
bon.
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LA VISION MYSTIQUE
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L'archange Raphaël envoyé à Adam et Ève (illustration de Gustave Doré pour
Le Paradis perdu de Milton).
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LA ROSÉE TOMBE DOUCEMENT . . .
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Dieu songeur. Les mythes de la création décrivent la manière dont la matière
est apparue et dont les lois fondamentales de l'univers se sont mises en place. Étant
donné que le temps est la mesure du mouvement des objets dans l'espace, on peut
dire que ces mythes décrivent des événements qui se sont produits avant que le
temps tel que nous le connaissons ne se mette en marche. Selon la théorie du Big
Bang, la matière et les lois fondamentales de l'univers sont apparues au bout d'un
laps de temps très court – on dit parfois une fraction de seconde, ou quelques
secondes – après l'explosion initiale. Mais, en un sens, si le temps n'avait pas
encore commencé, toute mesure de cet intervalle est arbitraire. On pourrait
également considérer qu'il a duré suffisamment longtemps pour que prennent
place les batailles des anges, les amours des dieux et l'essor et la chute de
civilisations que décrit la mythologie.
LA ROSÉE TOMBE DOUCEMENT . . .
Les Hindous ont une très belle image. Ils disent que Dieu a créé le monde en le
rêvant. Ici, Vishnou, le Dieu suprême des Védas, rêve, allongé sur le serpent
cosmique (gravure du début du XIXe siècle).
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LA ROSÉE TOMBE DOUCEMENT . . .
La Terre-Mère et le Père-Temps1
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Voulait-il lui faire l'amour ? Ou son seul désir était-il de lui ôter
la vie ? L'ambiguïté de ses actes allait laisser une cicatrice, creuser un
gouffre dans la structure profonde du cosmos.
On aurait pu penser que la Terre-Mère serait terrifiée en sentant
l'haleine froide du géant, sa présence éreintante, pesante, qui l'écra-
sait de plus en plus. On aurait pu penser qu'elle lutterait, qu'elle
tenterait de le repousser. Mais elle savait que cela devait arriver,
que tout devait se passer conformément au plan. Quand il essaya
de la recouvrir, elle se laissa donc faire. Elle l'étreignit et le serra fort,
de façon à ce qu'il ne puisse pas se relever et s'envoler à nouveau.
« Quel homme ! » lui dit-elle pour l'amadouer.
Oh oui, pensa-t‑il… mais il se rendit alors compte qu'il ne pouvait
plus lever les yeux. Il ne put qu'émettre un sifflement métallique.
Elle voulait qu'il l'attire contre lui, plus près, aussi près que deux
êtres peuvent l'être. Elle voulait monter se fondre en lui et qu'il
descende se fondre en elle3.
Saturne eut le sentiment qu'elle avait une énergie infinie, qu'elle
absorbait toutes ses forces, l'en vidait. Ironie de la chose, pour sa
part, la Terre-Mère commençait à craindre de ne pas pouvoir tenir
beaucoup plus longtemps. Elle avait l'impression de ne plus avoir de
force, qu'il était plus fort qu'elle. Il arrivait à l'étouffer, menaçant sa
vie, et elle connaissait les conséquences s'il y parvenait : il n'y aurait
jamais de vie dans l'univers. Il n'y aurait jamais rien que de la matière
morte à la dérive…
« Que la lumière soit ! »
Au moment où tout semblait perdu retentit un son semblable à
celui d'une trompette. Subitement, sortie de nulle part, la lumière
fit son apparition sous les traits d'un beau jeune homme à la crinière
dorée, sur un char en or tiré par des chevaux d'or. De son front doré
irradiaient sept rayons tout aussi dorés et il chevaucha courageuse-
ment en plein cœur de la tempête pour disperser les ténèbres.
Ce sauvetage in extremis allait établir un schéma dans la structure
profonde du cosmos. Par la suite, les sauveteurs arriveraient tou-
jours juste à temps – Robin des Bois qui, pour secourir Marianne,
roule sous la herse du château juste avant qu'elle ne se referme, ou
la cavalerie américaine qui arrive in extremis pour sauver le convoi
de chariots.
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LA TERRE-MÈRE ET LE PÈRE-TEMPS
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Le désir entraîne la mort (gravure de Sebald Beham, XVe siècle).
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L'ANGE MICHEL ET LE SERPENT
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Dans les cultures anciennes, on représentait souvent les intelligences non
incarnées sous les traits d'êtres ailés. Ces trois magnifiques images – extraites de
The Dictionary of Greek and Roman Antiquities, illustré par de nombreuses
gravures sur bois et édité par William Smith en 1848 – montrent un génie ailé
(qui se trouve sur la base de la colonne dédiée à Antonin le Pieux), une déesse en
train de graver un bouclier, et la conjuration d'un esprit, qui sort d'une cuvette.
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LA FEMME-ARAIGNÉE TISSE SON SORT
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La femme sage.
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LA FEMME-ARAIGNÉE TISSE SON SORT
« Je suis tout ce qui fut, ce qui est, ce qui sera et aucun mortel
n'a encore osé soulever mon voile » : Plutarque vit cette inscription
sur un tombeau à Saïs, en Égypte. Ce tombeau était dédié à Athéna
mais l'historien gréco-romain pensait qu'à l'origine, il avait été
dédié à Isis. La divinité créatrice que la petite Navajo a rencontrée
est connue sous différents noms selon les régions du globe.
Dans ce livre, nous rencontrerons cette mystérieuse Initiatrice sous
différentes formes, dont certaines vous seront très familières. Elle est
l'intermédiaire par lequel le divin entre dans nos vies. Elle peut
paraître effrayante car elle a recours au surnaturel pour combattre les
forces obscures, mais l'histoire suivante nous montrera qu'elle a joué
un rôle capital en faisant échouer un complot saturnien qui visait à
nous priver totalement du divin.
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L'HISTOIRE SACRÉE DU MONDE
C'est on ne peut plus vrai selon moi. C'est une part importante
de la réalité, à laquelle nous réagissons tous intuitivement et que
nous tenons tous pour vraie, mais je crois aussi que l'histoire ne
s'arrête pas là. Les mythes et les légendes proviennent des différentes
étapes du développement humain. Cette idée n'est jamais exposée
de manière explicite ni systématique dans l'œuvre du grand mys-
tique autrichien Rudolf Steiner, mais y est partout implicite. Si on
les envisage de cette manière – sous l'impulsion de Steiner, comme
cela a été mon cas lors de l'écriture de ces chapitres –, on voit qu'à
un certain niveau, les mythes sont des souvenirs collectifs des grands
tournants de l'évolution humaine, et qu'il est possible d'en retracer
la chronologie.
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Il était une fois une jeune fille dont la fonction était d'entretenir
le feu dans les cuisines d'un grand palais. Elle avait la vie dure et,
comme elle était constamment couverte de la suie provenant de la
cheminée, tout le monde l'appelait Cendres.
Elle était très pauvre et exploitée aussi bien par ses maîtres que
par les autres servants. Malgré tout, elle rêvait qu'un jour, son prince
viendrait…
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L'HISTOIRE SACRÉE DU MONDE
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ISIS ET LE MYSTÈRE DE L'ACCORD PARFAIT
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L'HISTOIRE SACRÉE DU MONDE
Il était une fois dans un pays lointain, dans un royaume très heu-
reux, un roi et une reine qui eurent une jolie petite fille. Ravis, ils
organisèrent un bal pour célébrer sa naissance. Ils y convièrent l'élite
du royaume, dont six des sept fées qui l'habitaient.
L'une après l'autre, les six fées agitèrent une baguette magique et
offrirent un don à la petite fille, pour l'aider à avoir une belle vie,
bien remplie.
Mais la septième fée du royaume, une mauvaise fée, enrageait de
ne pas avoir été invitée. Elle apparut dans un éclair au beau milieu
du bal et jeta un sort à l'enfant, la condamnant à mort :
« Elle se piquera le doigt et mourra ! »
C'était sans compter sur l'une des bonnes fées, qui s'avança et se
servit de sa magie blanche pour contrer la magie noire de la mauvaise
fée. La sentence fut commuée en un profond sommeil, un sommeil
sans rêves qui durerait au moins cent ans et que seul le baiser d'un
prince pourrait briser.
Le roi et la reine firent disparaître tous les objets métalliques poin-
tus du palais – chaque épingle, aiguille, paire de ciseaux, fourchette
et couteau. Le bébé grandit et devint une belle jeune fille, avec de
longs cheveux sombres et des yeux qui étincelaient lorsqu'elle parlait.
Elle était aimée de tous, courtisans comme servants.
Un jour, alors qu'elle s'ennuyait et arpentait les couloirs du palais,
elle arriva dans une partie qu'elle ne se souvenait pas avoir déjà
visitée. Elle trouva l'entrée d'une tour et monta les escaliers jusqu'au
sommet. Là, dans la petite chambre sous les combles, elle tomba sur
une vieille femme, toute petite, avec un visage doux et de bons yeux,
qui maniait un fuseau.
La princesse s'assit et la regarda faire tout en discutant avec elle.
Au bout d'un moment, elle lui demanda si elle pouvait essayer.
« Bien sûr, ma chère.
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ISIS ET LE MYSTÈRE DE L'ACCORD PARFAIT
— Aïe ! »
Et ce fut ainsi que la princesse tomba à terre, comme morte, un
filet de sang s'écoulant du bout de son doigt.
Le nombre sept est sacré dans toutes les religions : les sept fées de
cette histoire devraient donc éveiller notre attention sur le fait que
celle-ci a une signification secrète, mystique.
D'après les enseignements mystiques du monde entier, quand
l'esprit quitte le corps après la mort, il s'élève en spirale à travers
les sept sphères planétaires. Parfois, on appelle aussi ces sphères les
« cieux » : saint Paul a, par exemple, évoqué le moment où il a été ravi
au « troisième ciel », et l'expression « septième ciel » provient égale-
ment de cette tradition.
Ayant atteint le septième ciel, l'esprit est réabsorbé dans l'étreinte
de Dieu. Puis il redescend en spirale. Alors qu'il retraverse chaque
sphère, il reçoit un don de l'ange de la planète correspondante. C'est
un don unique, spécial, dont il aura besoin dans sa prochaine incar-
nation s'il veut avoir une vie heureuse et comblée. Ainsi, par
exemple, l'esprit humain reçoit l'amour de l'ange de Vénus ;
l'audace, de Mars, et ainsi de suite2.
Mais l'ange de la sphère de Saturne est satanique – c'est la mau-
vaise fée. Son but est d'endormir l'esprit en l'enfermant à jamais
dans le monde matériel.
Si l'on garde à l'esprit le fait que, dans le conte de fées, la distribu-
tion des six dons et de la malédiction se passe lors du bal, un moment
féerique, on se rend facilement compte de la nature très étrange,
inversée, de ce conte. Car on voit désormais que tout ce qui se passe
quand la Belle au bois dormant semble éveillée, bien vivante, se
passe en réalité lorsqu'elle est morte et que ce n'est que lorsqu'elle
est dans un sommeil profond, semblable à la mort – ce qui revient à
dire, morte dans le monde spirituel – qu'elle est vivante sur terre3 !
Les similarités entre l'histoire de la Belle au bois dormant et celle
d'Isis et Osiris sont trop évidentes pour qu'on s'attarde sur le sujet :
quand Osiris est mort, coincé dans son cercueil, il est en réalité vivant
sur terre. Ces histoires, comme celles que nous venons de raconter à
nouveau, ne parlent pas vraiment de ce qui se passe dans ce monde.
En réalité, toutes les histoires que nous avons évoquées jusque-là
– le renversement de Saturne par le dieu Soleil, le serpent dans le
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L'HISTOIRE SACRÉE DU MONDE
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J'ai avancé que nous nous souvenons de ces récits très anciens
parce qu'ils ont préservé des moments-clés de l'histoire humaine,
des grands événements qui ont préparé le terrain pour la vie telle que
nous en faisons l'expérience aujourd'hui. Le grand tournant dans
l'histoire de l'humanité que le christianisme nomme la Chute corres-
pond en réalité à la chute dans la matière. Jusque-là, les esprits
humains étaient des spectres, à l'instar des dieux, des anges et des
géants. À mesure que leur corps est devenu plus dur et plus charnu,
ils ont commencé à faire l'expérience de nouveaux plaisirs – mais
aussi à faire face à de nouveaux dangers.
L'histoire d'Isis et d'Osiris raconte comment nous en sommes
venus à naître et à vivre dans le monde matériel pour une durée
limitée – et la sensation que cela a induit.
Osiris était le dieu égyptien de la régénération : il mourait en
hiver et renaissait au printemps. Traditionnellement, les Égyptiens
plantaient des graines avec des figurines à son effigie, qui germaient
au printemps, reproduisant ainsi le cycle de la végétation.
À cause de l'ange Osiris, l'esprit humain allait devenir profondé-
ment immergé dans le monde matériel, le temps de sa vie sur terre.
À cause d'Osiris, les défis qui attendaient l'esprit humain allaient
être plus difficiles, plus contraignants et plus personnels qu'ils ne
l'auraient été pour n'importe quel esprit flottant librement5…
Cet ouvrage a été mis en page par IGS-CP
à L’Isle-d’Espagnac (16)