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2002–2003, 11–12
On constate que le mot Dieu est présent dans la pensée religieuse quelles que
soient la culture et l’époque auxquelles elle appartient. Cependant, il est difficile,
même aujourd’hui, à cause de la grande variété des religions, de définir sa
signification exacte. En Europe, la difficulté est moindre parce qu’on l’identifie
principalement avec le Dieu des Chrétiens. Dans ce travail, nous voulons réduire
la perspective et montrer séparément et son origine philosophique naturelle et sa
signification dans l’Eglise catholique.
A propos de l’origine philosophique de ce mot, une remarque s’impose : ce
sont les traditions religieuses qui lui ont donné naissance avant que la philosophie
ait commencé sa réflexion systématique1. Le mot dieu a aujourd’hui plusieurs
équivalents dans les différentes langues; ceux-ci proviennent de traditions
religieuses différentes et intéressantes de connaître. Ainsi, l’origine étymologique
dépend de la tradition religieuse. Néanmoins, ce n’est que la tradition religieuse
grecque qui nous intéresse ici2. Il y a au moins deux raisons qui expliquent notre
choix. Cette tradition est riche et c’est la plus ancienne de la culture occidentale;
c’est dans cette tradition qu’on trouve le premier éveil de la philosophie en quête
1
Cf. M. D. Philippe, De l’être à Dieu, Téqui, Paris 1977, p. 26–27.
2
On trouve des mots différents dans les langues indo-européennes pour désigner Dieu. Par ex. :
Deus, Dieu, Dio, Dios dont l’étymologie est liée au divinum (ciel). God, est à l’origine proche du
mot latin numen qui a probablement deux racines: <ce qui est invoqué> et <ce qui est adoré>. On
trouve dans les langues slaves encore une autre origine des mots Boh (slovaque), Buh (tchèque), Bog
(russe), Bóg (polonais) dont la racine est probablement de langue indienne, du mot bhagas, celui qui
donne ou la richesse ou le bonheur, etc. Voir aussi S. Kowalczyk: Filozofia Boga, Lublin 1993,
p. 10, et P. Poupard (dir.): Dictionnaire des religions, PUF, Paris, 1984, les articles: Ahura Mazda et
Dieu dans la Bible, Dieu dans l’hindouisme, Dieu dans l’islam, Dieu chez les Méso-américains.
18 ROMAN PIWOWARCZYK
3
„Mais nul n’a marqué autant que lui la philosophie et la science des siècles suivants, peut-être
même – et cela jusqu’à nos jours inclusivement – la civilisation qu’il est convenu d’appeler
»occidentale«”, P. Aubenque, article: Aristote, in Encyclopedia Universalis, Paris 1999.
4
Cf. Diogene Laerce, Vie, doctrine et sentences des philosophes illustres, trad. R. Genaille,
Paris 1933, préface, p. 3.
5
Cf. S. Barbellion, Le principe et le premier des êtres, Fribourg, 1995, p. 6.
6
Voir: Festugiere A. J., La révélation d’Hermès Trismégiste, Librairie Lecoffre, Paris 1949, p.
287–288.
7
Ibid., p. 6.
8
Cf. Platon, „Les premiers habitants de la Grèce croyaient seulement aux dieux qui sont
aujourd’hui ceux de beaucoup de Barbares : le soleil, la terre, les astres, et le ciel ; les voyant agités
d’un mouvement et d’une course perpétuelle, c’est d’après cette faculté naturelle de courir θείν
qu’ils les nommèrent dieux θεούς”, Cratyle 397 d.
HISTOIRE DE LA NOTION DE „THEOS” DANS LA THEOLOGIE NATURELLE... 19
et qewνόη c’est-à-dire contemplé ou celui qui court9. Il nous donne d’autres
explications10, mais il suffira ici de n’en citer que les plus importantes. Par
exemple, il cite en particulier P. Chantraine qui montre que l’origine du mot
θεός est inconnue et qu’il n’a aucune relation avec le latin deus et le sanscrit
devà. Certains affirment que le mot θεός a comme racine δα qui signifie »une
apparition manifeste et lumineuse«. Selon Benveniste, également cité par M. D.
Philippe, il est possible que le mot θεός, dont le prototype serait thesos, devrait
être rattaché au thème th¶s-/dhês. Il désigne probablement »quelque objet ou
rite religieux dont nous ne pouvons plus déterminer le sens; en tous cas, il
relève de la sphère du sacré«11.
L. Elders propose que θεός soit dérivé de dhes ce qui pourrait signifier un rite
ou un objet utilisé dans un rite religieux12. S. Kowalczyk cite E. Boisacq qui
montre que le mot θεός provient du mot indo-européen dhues qui veut dire vivre,
respirer13.
L. Brisson nous dit qu’il est impossible de donner une définition univoque de
la notion grecque de dieu (θεός). Il y a une diversité de sujets auxquels ce terme
s’applique en tant que prédicat. „Diversité qui est aussi celle des substantifs que
qualifie l’adjectif divin theîos, ainsi que l’imprécision et la variabilité de la
représentation qu’ont pu s’en faire les Grecs au cours de l’histoire”14. Cependant,
on trouve des dimensions communes chez les représentants de cette notion :
l’immortalité et aussi la puissance surnaturelle. Leur présentation est souvent an-
thropomorphique. Il y a plusieurs dieux et chaque divinité est multiple, même
plus, il y a diversité de fonctions divines qui peuvent être communes ou tout à fait
différentes entre les différents dieux. En remarquant qu’il y a aussi une hiérarchie
de dieux, on peut mieux voir quelle est la variété des dieux et repérer les cultes
qui sont analogues. Néanmoins, au sommet de cette hiérarchie il y a Zeus – dieu
le plus puissant. A côté des dieux, on trouve des êtres inférieurs, héros et démons.
Ils sont tous mâles, leur culte est de type funéraire et ils se trouvent entre les dieux
et les hommes.
Quant à Aristote, il reprend l’étymologie de cette notion, selon M. D.
Philippe, de αίθήρ en critiquant Anaxagore qui veut appeler éther ce qu’il devrait
appeler feu (πυρός).
J. Pépin montre qu’Aristote utilise plus souvent l’adjectif θειος (divin) que le
substantif θεός (dieu)15. Il les utilise simultanément pour décrire les réalités divi-
9
Plutarque, De Iside et Osiride, trad. Meunier, p. 180.
10
M. D. Philippe, De l’être..., p. 228–231.
11
Ibid., p. 229.
12
L. Elders. La théologie philosophique de saint Thomas d’Aquin, Téqui, Paris 1996, p. 53.
13
E. Boissacq, Dictionnaire étymologique de la langue grecque étudiée dans ses rapports avec
les autres langues indo-européennes, Paris 1938, p. 399.
14
Dictionnaire, Les notions philosophiques dir. par S. Auroux, P.U.F., Paris 1990, t II, p. 95.
15
J. Pepin, Idées grecques sur l’homme et sur Dieu, Les Belles Lettres, Paris 1971, p. 235–236, 241.
20 ROMAN PIWOWARCZYK
nes de différents ordres sans les contredire. Il y a néanmoins une hiérarchie des
êtres divins. La divinité suprême n’exclut en rien la divinité subordonnée.
Cependant, plusieurs commentateurs le confirment, c’est chez Aristote qu’on
trouve, pour la première fois, le remplacement de la notion Premier Moteur par ό
qεος dans la Métaphysique L 7, 1072 b 24–30 : Dieu est introduit dans la science.
Nous pouvons donc remarquer que l’origine de la notion de théos est riche et
variée aussi bien dans la tradition religieuse et philosophique grecque. Cependant,
Aristote fût tous ses efforts dans l’ensemble de sa théologie pour que le contenu
de cette notion forgé par lui-même soit plus riche que toutes les propositions de
ses prédécesseurs.
16
Ex 3, 13–15.
17
Voir sur les traductions différents de ce passage: S. M. Barbellion, op.cit., p. 27; A.-M. Gerard,
Dictionnaire de la Bible, Robert Laffont, Paris, 1989, les articles: YAHVÉ, Dieu, Noms de Dieu.
Voir aussi: C. Simon Prado, Praelectiones biblicae, Vetus testamentum, Roma 1956, p. 202.
18
Dt 6, 4–8a. Voir aussi: Nouveau Commentaire Biblique, sous la dir. de D. Guthrie, J. A. Motyer,
A. M. Stibbs, D. J. Wiseman, Editions Emmaus, Saint–Légier 1987, p. 122.
19
Cf. Ph 2.
20
Voir: H. Bourgeois, Revoir nos idées sur Dieu, Desclée de Brouwer, Paris 1975.
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Streszczenie
Słowo Bóg jest obecne w każdym języku świata. Jednakże jego etymologia i jego znaczenie
nie są zawsze takie same; często jest ono inne w języku filozofów, a inne w języku danej religii. W
niniejszym artykule autor pragnie rozwinąć to zagadnienie, biorąc za punkty odniesienia dwie jakże
ważne w historii religii i filozofii płaszczyzny : religię chrześcijańską oraz myśl filozoficzną Arysto-
telesa. Jaka jest historia słowa Bóg u chrześcijan, jaka u filozofów greckich, jakie są między nimi
podobieństwa i różnice? Po omówieniu tych zagadnień, autor przedstawia również krótki rys histo-
ryczny teologii naturalnej, która swe podstawy naukowe zawdzięcza również Arystotelesowi.