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Le capital humain et
l’économie de savoir au
Maroc : une revue de
littérature
ABIR ELFAKHOURI
Doctorante chercheur au laboratoire Interdisciplinaires de recherches
Economiques, Econométriques et Managériales
33, Rue El Boraque, Quartier El Qods,Oujda
Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales,
0672829481
Abirelfakhouuri@gmail.com
Résumé
Ce papier montre que les modifications dans les ressources humaines (par
exemple, la capacité humaine intellectuelle) a depuis longtemps été reconnue
(Becker 1962, Kendrick 1976, Schultz 1961) comme un important facteur de
croissance économique et un élément essentiel du processus de production. En
raison de sa complémentarité avec l'investissement dans le capital physique, et à
cause de son importance comme facteur de production, la notion de ressources
humaines est généralement évoquée dans la littérature spécialisée par l'expression
«capital humain». Ainsi que la proportion de capital physique dans le PNB a
fortement diminué dans les économies modernes. À son tour, la part du capital
humain a fortement augmenté conduisant au concept de l'Economie de la
Connaissance (dans le cas marocain) La théorie moderne soutient que le capital
humain a la capacité intrinsèque de se développer de façon autonome et aussi de
modifier d'autres inputs, et que c'est cette propriété qui conduit à une économie
en constant dynamisme. En effet, le capital humain est l'unique facteur de
production qui est capable de créer des biens nouveaux et des processus de
production perfectionnés et, en plus, de promouvoir leur diffusion à travers
l'économie
This Paper Shows That Changes In Human Resources (For Exemple Human
Intellectual Capacity) Has Long Been Recognized (Becker 1962; Kendrick 1976;
Schultz 1961) As An Important Factor In Economic Growth and An Essential
Element Of The Production Process. Because Of Its Complementarity With
Investment In Physical Capital, And Because Of Its Importance As a Factor Of
Production, The Concept Of Human Resources Is Generally Referred To In The
literature As "Human Capital". As a Result The Proportion Of Physical Capital In
GNP Has Declined Sharply In Modern Economies. In Turn, The Share Of Human
capital has strongly increased leading to the concept of the Knowledge Economy (in
The Moroccan Case). The Modern Theory Maintains That Human Capital Has The
Intrinsic Capacity To Develop Autonomously And Also To Modify Other Inputs, And
That It Is This Property That Leads To a Constantly Dynamic Economy. Indeed,
human capital is the only factor of production that is able to create new Goods And
ABIR ELFAKHOURI 225
الملخص
الرأس المال البشري واقتصاد المعرفة فﻲ المغرب :مراجعة أدبية
توضح هذه المقالة أن التغييرات ﻓﻲ الموارد البشرية )مثل القدرات الفكرية البشرية( قد تم اﻻعتراف بها
منذ ﻓترة طويلة )بيكر 1962؛ كندريك 1976؛ شولتز (1 1961 ،كعامل مهم ﻓﻲ النمو اﻻقتصادي وعنصر
أساسﻲ ﻓﻲ عملية اﻹنتاج .بسبب تكاملها مﻊ اﻻستثمار ﻓﻲ رأس المال المادي ،وبسبب أهميتها كعامل إنتاج ،ﻓإن
ﻓكرة الموارد البشرية مذكورة بشكل عام ﻓﻲ اﻷدبيات المتخصصة من خﻼل تعبير "رأس المال البشري".
وكذلك انخفضت نسبة رأس المال المادي ﻓﻲ الناتج القومﻲ اﻹجمالﻲ بشكل حاد ﻓﻲ اﻻقتصادات الحديثة .بدورها
،زادت حصة رأس المال البشري بشكل حاد مما أدى إلى مفهوم اقتصاد المعرﻓة )ﻓﻲ الحالة المغربية( تؤكد
النظرية الحديثة أن رأس المال البشري لديه القدرة الذاتية على التطور بشكل مستقل وأيضًا لتعديل المدخﻼت
اﻷخرى ،وهذا هو هذا مما يؤدي إلى اقتصاد ﻓﻲ دينامية مستمرة .ﻓﻲ الواقﻊ ،رأس المال البشري هو عامل
اﻹنتاج الوحيد القادر على خلﻖ سلﻊ جديدة وتحسين عمليات اﻹنتاج ،باﻹضاﻓة إلى تعزيز انتشارها من خﻼل
اﻻقتصاد..
Introduction
Aujourd’hui, dans une économie hyper concurrentielle, la véritable richesse
n’est pas concrète, l‘avantage compétitif qui permet l’insertion d’un pays dans les
nouvelles chaînes de valeurs internationales réside dans le savoir et les
compétences, dans les aptitudes créatives de ses hommes et de ses femmes et
dans leur capacité à innover, à créer des concepts, à inventer, à produire des idées
et à améliorer les processus de production et de management.
Ainsi, les forces motrices de la croissance, du développement économique
et social et de la compétitivité des entreprises et des Nations se déplacent de la
matière et de l’énergie vers l’information, l’innovation et le savoir. Ne nous
trompons pas : l’économie du savoir et de l’immatériel sera le moteur déterminant
et la plus forte source de croissance des pays dans ce 21ème siècle. C’est par là que
se créeront richesses et emplois. Le développement de cette économie est
aujourd’hui considéré comme le défi essentiel des sociétés contemporaines.
Il est évident que l’économie du savoir n’est pas un effet de mode mais
correspond à un nouveau mode de développement. L’humanité a en effet connu
différentes formes de savoirs. Dans le passé récent, les savoirs industriels et
intellectuels ont montré leurs effets. Pendant que les savoirs intellectuels ont
évolué, ils ont récemment inclus les technologies de l’information et de
communication (TIC). Cette dernière composante a aussi positivement affecté les
savoirs industriels en plus de leurs prévalences dans les systèmes éducatifs, de
recherche mais aussi de communication. Au cours du siècle en cours, le Maroc
apparaît être à la croisée des chemins en ce qui concerne la production,
l’utilisation, l’acquisition et l’accumulation du savoir. La société marocaine connaît
ainsi un retard dans ce domaine, malgré le rôle qu’elle a pu jouer dans le passé en
matière de production et de dissémination de savoir.
Nous allons donc présenter dans un premier lieu une présentation de
différentes définitions du capital humain et de l’économie du savoir, ainsi que l’état
de lieux de ces deux concepts, et dans un deuxième lieu nous allons aborder la
relation entre capital humain et économie du savoir.
1.-Definitions Du Capital Humain :
Selon Becker1 le capital humain est défini comme l’ensemble des
investissements tels que l’éducation, la santé, et l’apprentissage, qui visent à
améliorer la productivité d’une personne sur le marché de travail, et peut-être vu
comme l’ensemble des talents et des compétences productifs du travailleurs qu’ils
aient été acquis informellement ( via l’expérience) ou formellement ( via
l’éducation ou la formation).
1
Becker Gary S (1964), « Human Capital, A theoretical and Empirical Analysis « Colombia University
.Press for the National Bureau of Economic Research, New York
ABIR ELFAKHOURI 227
Schultz2 affirme dans son ouvrage intitulé Human capital que le capital
humain se mesure par une dimension qualitative du facteur travail (exemple
habilité, savoir ….) pour lui il est difficile de procéder à une analyse des dépenses
d’investissements en capital humain, comme on peut le faire pour évaluer le capital
physiques, puisqu’il est difficile de distinguer ce qui relève des dépenses de
consommations, ayant pour objet de satisfaire les besoins des individus, et ce qui
peut être considéré comme des dépenses d’investissement, améliorant la qualité
du capital humain.
L’OCDE3 définis le capital humain comme le savoir que les personnes
acquièrent utilisent au cœur de leur vie afin de produire des objets, des services,
dans le contexte du marché ou hors de celui-ci
D’autres définitions4 accordées au concept du capital humain par l’OCDE « le
capital humain recouvre les connaissances, les qualifications, les compétences, et
les autres qualités d’un individu qui favorisent le bien-être personnel, social,
économique.
Pour Nelson et Phelps5 le capital humain est surtout considéré comme la
capacité d’adaptation selon cette approche, le capital humain est particulièrement
utile pour faire face à des situations de déséquilibre, ou plus généralement, à des
situations dans lesquelles il y a un environnement changeant et les travailleurs
doivent s’y adapter.
Cependant pour Bontis et Al6 le capital humain de l'organisation est définie
comme étant la combinaison de l'intelligence, des compétences et de l'expertise
qui donne à la l'organisation son caractère distinctif.
Bowles-Gintis7définis le capital humain comme étant la capacité de travailler
dans des organisations, d’obéir aux ordres, en bref de s’adapter à la vie dans une
société hiérarchique et capitaliste. Selon ce point de vue, le rôle principal de l’école
est d’inculquer aux individus l’idéologie et l’approche correcte de la vie.
2
Schultz, T.W, Investment In Human Capital, Américan Economic Review, Vol 51
3
OCDE, (1996), Mesurer vers une comptabilité du savoir acquis, Paris, P : 23
4
Les essentiels de l’OCDE, (2007) le capital humain, comment le savoir détermine notre vie, Chapitre
II : la valeur des gens, N159. P : 30
5
Nelson R et Phelps .E, (Mar. 1966), Investment In Humans Technological Diffusion And Economic
Growth, American Economic Review, N° 1/2, pp. 69-75.
6
Bontis, N., Dragonetti, N.C. Jacobsen, K. and Roos, G. (1999) The knowledge Toolbox: a Review Of
Tools Available To Measure And Manage Intangible Resources. European Management Journal. Vol
17, No 4. Pp : 391–402
7
Samuel Bowles et Herbert Gintis, (2002) Schooling in Capitalist America Revisited, American Sociological
Association, Vol. 75, N° 1, pp. 1-18
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Dossier 10, N° 1 : Mars 2022
Le capital humain et l’économie de savoir au Maroc : une revue de littérature 228
8
Armstrong, M. A, (2006) Handbook of Human Resource Management Practice. 10th Edition, Kogan,
London.
9
OCDE. (2017) ‘Human Capital: How What You Know Shapes Your Life’, Chapter 2: The Value Of
People.
10
Rapport de l’IRES (2012), quelle contribution du capital humain à la compétitivité globale du Maroc,
P : 10
11
Ibid, P :19
12
Othman Chaahbi et Aziz Ragbi, (2020) nouvel indice du capital humain( ICH) : analyse des disparités
éme c
régionales au Maroc, actes de la 2 onférence internationale sur la francophonie économique,
Université Mohammed V-Rabat, Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Agdal,
P :102
ABIR ELFAKHOURI 229
13
La santé est définie par l’Organisation internationale de la santé (OMS) comme “un état de complet
bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité".
14
L’organisation nationale du travail cite dans la convention N°155, sur la sécurité et la santé du
travailleur, Article 3 en 1981, que le terme santé, en relation avec le travail, ne vise pas seulement
l'absence de maladie ou d'infirmité, il inclut aussi les éléments physiques et mentaux affectant la
santé directement liés à la sécurité et à l'hygiène du travail.
15
N. Zuinen et S. Varlez (2004) Développement durable: modes de production et capital humain,
WORKING PAPER 22-04, Bureau fédéral du Plan, Bruxelles, P : 141
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Dossier 10, N° 1 : Mars 2022
Le capital humain et l’économie de savoir au Maroc : une revue de littérature 230
reconnu que la plus grande partie des compétences et connaissances d’un individu
est acquises au cours de sa vie16.
2-1-L ‘Investissement En Connaissances :
L’investissement en connaissance englobe celles qui sont acquises dans le
milieu familial, celles qui sont transmises par l’éducation formelle, et enfin celles
qui sont acquises pendant la vie professionnelle17.
La première catégorie qui englobe effet du milieu familiale sur
l’acquisition du capital permet de confirmer l’idée que les investissements
familiaux sont liés essentiellement au niveau d’éducation des parents, à leur
profession, à leur niveau de revenu, et la qualité des relations entre les enfants et
leurs parents. Selon le rapport de l’OCDE (1988), l’apprentissage et la préparation à
l’apprentissage qui se situent dans le milieu familial et dans les structures d’accueil
de la petite enfance constituent les fondements essentiels de l’acquisition des
connaissances et l’accumulation du capital humain.
En effet, le niveau d’éducation des parents influence en grande partie sur les
capacités des enfants et leurs attitudes à suivre les études « l’éducation familiale
intervient également dans l’éveil de l’esprit, elle peut lui donner aussi la motivation
pour étudier. Ceci ne se traduira par une augmentation du stock du capital humain
mais par un accroissement de la faculté d’assimilation des connaissances,
l’existence des taux de rendement d’investissement scolaires différents pour des
individus ayant un même niveau d’éducation mais provenant des milieux sociaux
distincts peut au moins pour partie s’expliquer par ses éléments.
2-2-L ‘Éducation Formelle :
Elle englobe l’école, l’université, et la formation professionnelle initiale,
ainsi que l’éducation est une pierre angulaire du développement, de
l’accroissement de la productivité, de la cohésion sociale et l’assise sur laquelle
repose l’individu, elle permet donc l’augmentation du stock du capital humain, Elle
contribue à assurer la compétitivité d’un pays sur les marchés mondiaux18.
2-3-L’investissement Professionnel :
L’investissement professionnel peut prendre la forme de périodes
d’apprentissage, de stage ou simplement de connaissances acquises, avec
l’expérience professionnelle, ces investissements, selon Lucas (1988) le terme «
Learning By Doing » permet d’expliquer les rendements croissants intégrés au
capital humain. Il distingue entre le capital humain volontaire qui correspond à
l’acquisition des qualifications et l’accumulation des connaissances, et le capital
16
HIcham Goumrhar (2016-2017), capital humain et croissance économique dans les pays en
développement : une analyse empirique en données de panel, Faculté des Sciences Juridiques
Economiques et Sociales AGDAL, Thèse de Doctorat, P : 31
17
Saidi Fatima (2009), l’investissement en capital humain et la croissance économique le cas du
Maroc, Mémoire Désa, Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales, Université Mohamed
V, P : 34
18
Ibid, P : P : 35
ABIR ELFAKHOURI 231
19
Lucas, R (1988), On The Mechanics Of Economic Development, Journal Of Monetary Economics.
20
Schultz, Op .Cit
21
Imane Bouzeggaoui (2014) , le développement humain et sa contribution à la croissance de
l’économie marocaine, Mémoire de Master, Université Mohammed I, Faculté des Sciences Juridiques
Économiques et Sociales, Oujda, P : 102
22
Ibid, P :102
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Dossier 10, N° 1 : Mars 2022
Le capital humain et l’économie de savoir au Maroc : une revue de littérature 232
23
La commission spécial sur le modèle de développement, Rapport général sur le nouveau modèle
de développement, libérer les énergies et restaurer la confiance, 2021
P :104
24
Mohammed Tawfik Moulin, Anissa Lazrak ,50 ans de développement humain , rapport sur les
perspectives du Maroc à l’horizon 2025 : pour un développement humain plus élevé ,P:79
25
Ibid, P : 79
26
Ibid, P : 79
27
Rapport du modèle de développement, Op.Cit, P :113
ABIR ELFAKHOURI 233
28
Maunoury J.L, (1972), Economie du savoir, Armand Colin, Paris
29
Foray. D (2003), L’économie fondée sur la connaissance, La Découverte et Syros, Paris
30
Abdelghani BACHAR, Karima TOUILI (2017), la place du Maroc dans l’économie du savoir : étude
comparative avec les pays de l’organisation de la coopération islamique (OCI), Revue D’Etudes en
Management et Finance D’Organisation N°5 Juillet, Université Hassan Premier, Faculté des Sciences
Juridiques Economiques et Sociales de Settat, P : 4
31
Azaïs. C., Corsani. A, Dieuaide P. (2001), Vers un capitalisme cognitif, L’harmattan.
32
Vicente J. Economie de la connaissance, in : http
//www.univtlse1.fr/lereps/present/vicente.html.(Consulté le 25/06/2020)
ABIR ELFAKHOURI 235
Tous les pays développés, certains pays d’Asie en tête, ont intégré le rôle de
la formation initiale de niveau universitaire dans une économie du savoir puisque
que près de la moitié de la population des 25-34 ans est titulaire d’un diplôme de
l’enseignement supérieur. Tous les pays progressent dans ce domaine ainsi que
dans celui de la formation continue, les États Unis faisant la course en tête avec
35% des 34-64 ans obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur. Des pays
comme la Corée du Sud ont bien compris le rôle de l’éducation et ont largement
misé sur cette dimension pour rattraper leur retard. Ce pays dispose désormais
d’une des populations’ les mieux formées en général et dans les TIC en
particulier33.
5-1-La Place Du Maroc Dans L’économie Du Savoir:
Dans le passé récent, les savoirs industriels et intellectuels ont montré leurs
effets. Pendant que les savoirs intellectuels ont évolué, ils ont récemment inclus les
technologies de l’information et de communication (TIC). Cette dernière
composante a aussi positivement affecté les savoirs industriels en plus de leurs
prévalences dans les systèmes éducatifs, de recherche mais aussi de
communication. Les secteurs des biotechnologies et autres domaines de la vie sont
aussi devenus largement dépendants des TIC. De telles tendances sont présentes
dans les pays développés et en développement. Mais de larges gaps existent aussi
bien au niveau des différents types de savoirs, des technologies dont celles
relatives aux TIC.
Les fractures technologiques et numériques existent notamment à cause des
importantes avancées des pays développés et des retards des pays en
développement. Au cours du siècle en cours, le Maroc apparaît être à la croisée des
chemins en ce qui concerne la production, l’utilisation, l’acquisition et
l’accumulation du savoir. La société marocaine connaît ainsi un retard dans ce
domaine, malgré le rôle qu’elle a pu jouer dans le passé en matière de production
et de dissémination de savoir. La transmission du savoir intellectuel se faisait à
travers des systèmes de formation traditionnels. Mais ce mode transmission s’est
révélé précaire à cause des catastrophes naturelles, les calamités et les famines qui
étaient des sources importantes de pertes des savoirs et des savoir-faire. Il fallait
donc anticiper des cycles répétitifs de reconstruction des savoirs et des
compétences accumulés34.
Les avancées théoriques et les travaux empiriques n’ont cessé de montrer le
poids du savoir dans le déterminisme des performances des économies. En plus des
travaux de l’Institut de la Banque Mondiale et d’autres (avancées de la Corée du
Sud, de la Malaisie et de la Finlande), une étude récente (Driouchi et al, 200635) a
examiné les effets du savoir sur la performance de 56 pays durant la période 1995-
33
Abdelghani BACHAR, Karima TOUILI, Op.Cit, P : 7
34
HCP, Prospective Maroc 2030, (2006), éléments pour le renforcement de l’insertion du Maroc dans
l’économie de la connaissance
35
HCP, Prospective Maroc 2030, (2006), éléments pour le renforcement de l’insertion du Maroc dans
l’économie de la connaissance
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Dossier 10, N° 1 : Mars 2022
Le capital humain et l’économie de savoir au Maroc : une revue de littérature 236
2001. Les variables utilisées sont le Produit Intérieur Brut et les composantes de
l’Indice composite de l’Economie du Savoir. D’autres travaux tels que ceux de
Gylfason36 & Zoega (2003) ont montré l’existence d’une importante relation entre
l’éducation et la croissance à partir de l’analyse de 87 pays. Cette étude a été
surtout basée sur l’estimation d’un système de quatre équations qui incluent le
revenu par tête, la part des ressources naturelles dans la richesse nationale, la part
des investissements globaux domestiques dans le PIB, le taux de scolarisation au
niveau secondaire et le coefficient de GINI. Ces estimations ont montré le rôle de
l’éducation dans le déterminisme de la performance des économies étudiées.
5-1-1-L’indice De L’économie De Savoir Au Maroc :
Il a presque doublé durant 1995-2004, mais il reste faible en comparaison
avec la moyenne de la région MENA, les pays développés et les pays scandinaves.
Cette faiblesse est due aux limitations des niveaux de plusieurs indicateurs :
l’enseignement supérieur scientifique et technique, la protection des droits de
propriété, les barrières tarifaires et non tarifaires, le potentiel humain mobilisé
dans la R&D - qui est dirigée par une économie de rente et des imperfections de
marchés - et l’exportation des produits manufacturés en pourcentage du PIB qui
souffre des imperfections dans les mécanismes de diffusion de l’information37.
Le Maroc aurait besoin d’investir dans des systèmes de veille (sectorielle,
globale, spéciale, médicale, sociale, technologique, urbaine…) au niveau
macroéconomique pour qu’il soit défini comme société basée sur le savoir. Au
niveau microéconomique, une société basée sur le savoir est une société qui aide
les individus et les entreprises à anticiper et à former des expectations qui sont
exigés dans la R&D. Le Maroc a aussi besoin de développer des recherches
appliquées centrées sur les besoins des populations. Concernant par exemple, les
mécanismes industriels contre la pollution urbaine, la vulnérabilité de l’agriculture
aux changements climatiques, la préservation de l’environnement contre la
désertification, l’érosion ou la dégradation des sols, l’urbanisation / exode rural,
l’emploi, la diminution de la pauvreté38.
Si le taux de croissance observé durant les dernières années est maintenu, le
Maroc sera vite dépassé par le reste du monde dans le domaine de l’éducation et
de la création et la diffusion des technologies. Cependant, l’adoption du taux de
croissance relatif aux pays émergents en matière de KEI rendrait le Maroc plus
compétitif en termes d’innovation, incitations économiques et éducation39.
36
Gylfason, T. & Zoega, G. (2003). “Education, Social Equality and Economic Growth: A View of the
Landscape”. CESifo Working Paper Series. CESifo Working Paper No. 876, CESifo GMBH.
37
HCP, Op.Cit
38
HCP, Op.Cit
39
HCP, Op.cit.
ABIR ELFAKHOURI 237
KEI Maroc 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
Scénario tendanciel 2,13 2,57 3,02 3,47 3,92 4,37 4,81 5,26
Scénario alternatif 2,13 2,57 3,02 4,24 5,94 8,32 8,92 8,92
Source : HCP, Prospective Maroc 2030, (2006) , éléments pour le renforcement de
l’insertion du Maroc dans l’économie de la connaissance.
En identifiant l’évolution de chaque paramètre, on peut constater tout
d’abord une évolution assez importante dans le sens de l’économie de la
connaissance d’une manière globale durant la période 1995-2004. D’une manière
plus détaillée, on peut identifier quatre catégories de facteurs40:
• les facteurs qui ont atteint la moyenne: la réglementation ainsi que l’indice
de développement humain et le taux de croissance du PIB.
• les facteurs qui sont restés en deçà de la moyenne mais qui ont progressé
relativement rapidement: les barrières tarifaires et non tarifaires, les fournisseurs
d’accès à Internet et les micro-ordinateurs, et la protection des droits de propriété.
• les facteurs qui ont dépassé la moyenne : les téléphones fixes et portables,
• les facteurs stagnants : les inscriptions dans l’enseignement supérieur et le
potentiel humain mobilisé dans la R&D, et l’exportation des produits manufacturés
en pourcentage du PIB.
L’examen de cette situation pendant la période 1995-2004 met en évidence
les déficits du Maroc, notamment en matière de R&D, d’inscriptions dans le
supérieur et des barrières tarifaires et non tarifaire.
5-2-Le Rôle Du Savoir :
La connaissance a plusieurs effets sur les performances économiques et leur
importance pour le développement humain au Maroc. Le graphique 1. constitue
une base de discussions des relations qu’entretiennent les différentes variables et
un éclairage utile pour les politiques publiques en matière de développement
humain en privilégiant la démarche basée sur la connaissance41.
Comme indiqué dans le graphique ci-dessous, certaines variables
économiques entretiennent des relations relativement fortes avec les indicateurs
de la connaissance qui à leur tour entretiennent des rapports significatifs avec les
variables de développement humain. Les nombres indiqués sur chaque flèche
(exemple: 0.19 sur la flèche liant GDPC et KEI) sont les coefficients associés aux
variables dépendantes à la tête de la flèche (exemple GDPC) par rapport aux
variables indépendantes à la source de la flèche (exemple KEI). La relation se lit
ainsi comme le niveau de corrélation entre chacune des deux variables indiquées
(Exemple: GDPC = Cst + 0.19 * KEI)
40
Ibid
41
Abdelghani BACHAR, Karima TOUILI, Op.Cit, P : 19
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Dossier 10, N° 1 : Mars 2022
Le capital humain et l’économie de savoir au Maroc : une revue de littérature 238
Conclusion
Nous avons constaté que l’économie du savoir concerne l’apport et le
transfert des connaissances ainsi que le développement de la technologie de
l’information et des communications à la croissance économique. Aujourd’hui,
cette notion est devenue un cadre de réflexion stratégique obligé pour non
seulement les pays développés, mais aussi pour de nombreuses économies
émergentes et, pays en développement, tel que le Maroc, qui doivent passer d’une
économie basée sur la production de biens et services à une économie axée sur le
savoir.
Ainsi que L’évaluation de la position du Maroc a permis d’avoir une idée
relativement précise du chemin parcouru en matière d’économie du savoir, depuis
1955 et plus particulièrement durant les années 1995-2004. Cette évaluation a
aussi permis d’identifier ce qui reste à parcourir afin que le Maroc puisse renforcer
ABIR ELFAKHOURI 239
Références bibliographiques
OCDE. (2017) ‘Human Capital: How what you know shapes your life’,
Chapter 2: The Value of People.