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PSI - Lycée Bellevue Électromagnétisme - chap.

III
Physique Distributions de courant et conducteurs ohmiques

Électromagnétisme - chap.III
Distributions de courant et conducteurs
ohmiques

C’est à partir de l’invention de la pile électrocimique en 1800 par Volta que le physicien allemand Georg
Ohm (1789-1854) pose les bases de l’électrocinétique.
Un premier modèle microscopique de la conduction dans les métaux est proposé par Drüde en 1900.
Ce modèle lui permet d’interpréter la loi d’Ohm.
Le modèle de Drüde, dit "classique" dans le sens où il n’est ni quantique, ni relativiste, est mis en
défaut avec la découverte de l’effet Hall quantique entier en 1980 et de l’effet Hall quantique fractionnaire
dans les années qui suivent. Ces deux découvertes 1 mettent en évidence la nature quantique de l’électron.
Dans ce chapitre, nous proposons de décrire un modèle "classique" de la conduction électrique.

I Les distributions de courant


I.1. Rappel sur le courant électrique
Un courant électrique est un mouvement d’ensemble de porteurs de charges (qui peuvent être des
électrons dans les métaux ou des ions dans les solutions électrolytiques).

Propriété
Le courant électrique traversant une surface Σ est caractérisé par une intensité IΣ
définie par :
dQΣ
IΣ =
dt
où dQΣ est la charge traversant la surface Σ pendant dt.
IΣ s’exprime en ampère (A) dans le système d’unités international (S.I.).

En fonction de la géométrie des conducteurs, il est parfois préférable de décrire le courant électrique
par une grandeur locale plutôt que par son intensité.

I.2. Distribution volumique de courant


Dans le cas d’une distribution volumique de courant, les porteurs de charges peuvent se déplacer dans
les trois directions de l’espace.

Exemple
:::::::::
Courants dans un plasma ou dans le noyau de la Terre, particules chargées des aurores boréales, foudre, . . .

A priori, le courant électrique est caractérisé par une grandeur vectorielle qui dépend du mouvement
des porteurs de charges.
On suppose qu’il n’existe qu’une seule sorte de porteurs de charges possédant :
– une charge électrique q ;
1. qui valut les prix Nobel respectivement à Klaus von Klitzing en 1985 (effet Hall entier) et à Horst Störmer, Daniel Tsui
et Robert B. Laughlinen en 1998.

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Figure 1 – La foudre correspond à un courant électrique réparti en volume.

– une densité numérique n (en m−3 ) ;


– une vitesse −

v.
La densité volumique de charges vaut alors ρ = nq.
−−→
Considérons une petite surface orientée d2 S et déterminons l’intensité le traversant.



v dt


dS

dS Cylindre de volume dS vdt


contenant la charge dQ = q n dS vdt

La charge dQ qui traverse la section dS pendant dt est celle contenue initialement dans un cylindre
oblique de base dS et de hauteur v cos θ dt où θ est l’angle entre la vitesse moyenne −

v des porteurs de
−−→
2
charge et d S.
−−→
dQ = nq v cos θ dt dS = nq −

v · d2 S dt
−−→
L’intensité du courant qui traverse d2 S vaut donc
dQ −−→ →
dI = = nq−

v · d2 S = −
 · dS
dt
vdt
dS

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Propriété
Une distribution volumique de courant est caractérisée par une densité volu-
mique de courant − →
 définie par
− = ρ−
→ →
v = nq−

v

où ρ est la densité volumique de porteurs de charges mobiles et − →


v leur vitesse
moyenne.
L’intensité IΣ traversant une surface Σ est égale au flux de −

 à travers Σ soit
ZZ

− −

IΣ =  · dS
Σ

Remarque
Attention : la densité volumique de courant s’exprime en A.m−2 .

I.3. Distribution linéique de courant - Circuits filiformes


On parle de distribution linéique de courant lorsque le déplacement des porteurs de charges s’ef-
fectue le long d’un tube de courant de petite section, quasiment assimilable à un fil.
On parle de circuit filiforme lorsqu’un conducteur électrique possède des dimensions transversales
petites devant sa longueur.

Exemple
:::::::::
Étincelle électrique, fil de cuivre des circuits électriques, . . .

Figure 2 – Un câble électrique est assimilable à un conducteur filiforme.

Propriété
Dans une modélisation linéique, le courant traversant un circuit filiforme est ca-
ractérisé par son intensité I.

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dℓ
−


→ I
dℓ
dS

Remarque
Une distribution linéique de courant correspond à une modélisation. Aux petites échelles, il n’est
plus possible de négliger les dimensions transversales d’un tube de courant.

I.4. Distribution surfacique de courant - Nappe de courant


On parle de distribution surfacique de courant lorsque les porteurs de charges se déplacent sur un
tube de courant assimilable à une surface.
On parle de nappe de courant lorsqu’un conducteur électrique possède une dimension transversale
très inférieure aux autres dimensions.

Figure 3 – À gauche, la plaque de zinc conduit le courant sous la forme d’un courant surfacique. À droite,
une molécule de graphène, uniquement constituée d’atomes de carbone. Les électrons de conduction de la
structure se déplacent sur une surface mono-atomique !

Exemple
:::::::::
Armatures d’un condensateur, poêle chauffée sur une plaque à induction, plaque métallique, feuille de gra-
phène, . . .

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dL ~n dL ~n
−
→ −

s
e

Notons e la petite épaisseur de la distribution de courant. L’intensité dI qui traverse une surface de
section dS = e dL et de normale ~n vaut
dI = −→
 · (e dL ~n) = (e −

 ) · (dL ~n) = −

 · (dL ~n)
s

Propriété
Une distribution surfacique de courant est caractérisée par un vecteur densité
surfacique de courant − →
s .
L’intensité traversant une courbe C de la nappe de courant vaut
Z
I= − →
s · (dL ~n)
C

où ~n est un vecteur unitaire tangent à la nappe de courant et normal à C.

Remarque
Une densité surfacique de courant s’exprime en A.m−1

Remarque
Une distribution surfacique de courant correspond à une modélisation. Aux petites échelles, il
n’est plus possible de négliger l’épaisseur d’un tube de courant.

I.5. Élément de courant


Considérons une longueur dℓ d’un tube de courant de section dS. Cette portion du tube de courant
possède un volume dτ = dℓ dS.
Dans une modélisation linéique, ce tube de courant est assimilé à un fil parcouru par une intensité I.


En notant dℓ le vecteur de longueur dℓ tangent au tube de courant, c’est-à-dire colinéaire à −

 , on obtient
l’égalité :

− →
− →

 dτ = −

 dSdℓ = jdS dℓ = I dℓ


dℓ
−


→ I


s dℓ
L
dS
dτ −

dℓ

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De la même manière, si cette portion de tube de courant possède une épaisseur e petite devant sa lar-
geur L, on peut adopter une modélisation surfacique, caractérisée par une densité surfacique de courant −

s
.
Dans ces conditions, on trouve :
− dτ = −
→ →
 dSdℓ = −

 eLdℓ = −

s Ldℓ

Définition :
−→
On appelle élément de courant dC le vecteur élémentaire défini par :
−→ − −

dC = →
 dτ = −

s L dℓ = I dℓ

II Conservation de la charge et conséquences


II.1. Équation de conservation de la charge
Considérons une surface fermée et fixe Σ contenant un volume V (Σ) et notons QV la charge électrique
totale contenue dans ce volume à la date t.
La charge totale contenue dans V (Σ) ne peut varier que si des charges rentrent ou sortent de la
surface Σ, c’est-à-dire s’il existe un courant électrique qui traverse la surface. Autrement dit, il n’y a pas
de création spontanée de charge électrique.
On note IΣ = Isortant − Ientant l’intensité du courant qui sort de la surface. On a alors

dQV
= −IΣ
dt
le signe "−" provenant du fait que la charge QV diminue lorsque IΣ > 0.

dSext
(V)
j

(Σ)
Figure 4 –

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Mais on peut exprimer IΣ en fonction de la densité volumique de courant →


− :
ZZ
−−→
I = − → · d2 S
Σ

On en déduit une équation qui traduit la conservation de la charge électrique :


ZZ
dQV −−→
+ − →
 · d2 S = 0
dt Σ

Cette équation possède un équivalent local. En effet, chacun des deux termes de cette équation peut
être exprimé d’une façon différente.
En notant ρ(M, t) est la densité volumique de charges (à la date t et au point M), on a :
ZZZ ZZZ
3
dQV ∂ρ 3
QV (t) = ρ(M, t) d V ⇒ = d V Σ fixe
V dt V (Σ) ∂t

Par ailleurs, le théorème de Green-Ostrogradsky permet d’écrire


ZZ ZZZ

− −−

2
 ·d S = div(−→ ) d3 V
Σ V (Σ)

L’équation de conservation de la charge conduit à


ZZZ ZZZ
∂ρ 3
dV + div(−

 ) d3 V = 0
V (Σ) ∂t V (Σ)

Cette équation est valable quelle que soit la surface fermée et fixe Σ. En faisant tendre cette surface vers
un point, on obtient la relation locale
∂ρ
+ div(−→
)=0
∂t

Propriété
L’équation de conservation de la charge s’écrit, sous sa forme locale :

∂ρ
+ div(−

)=0
∂t
où ρ = ρ(M, t) est la densité volumique de charge et →
− = →
− (M, t) est la densité
volumique de courant, au point M et à la date t.

Cette équation s’écrit sous forme intégrale :


ZZ
dQV −−→
+ − →
 · d2 S = 0
dt Σ

où Σ est une surface fermée et QV est la charge totale contenue dans Σ.

Remarque
Cette équation traduit le fait que la charge contenue dans un volume donné ne peut varier que
si des chargent entrent ou sortent du volume : il n’y a donc pas de création de charges.

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II.2. Approximation des régimes quasi-stationnaires (A.R.Q.S.)


a) A.R.Q.S. et temps de propagation
::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Soit le point O d’un circuit électrique filiforme où l’intensité est i(O, t) : ses variations se propagent
d’un point à l’autre du circuit avec une vitesse finie c égale à la célérité de la lumière dans le vide. Si L
est la distance entre deux points extrêmes du circuit, il faut une durée de l’ordre de L/c pour que tous
les points du circuit perçoivent les variations réalisées en O. L’intensité en un point M distant de L du
point O est égale à celle qui existait en O à la date t − L/c :
!
L
i(M, t) = i O, t −
c

Figure 5 – L’approximation des régimes quasi-stationnaires est vérifiée si i(M, t) = i(O, t)

Si les variations temporelles de i sont lentes devant τ = L/c, on a


!
L
i(M, t) = i O, t − ≈ i (O, t)
c

L’intensité est donc uniforme dans le circuit à condition que


L
τ= ≪T
c
où T est la durée caractéristique des variations temporelles de i(M, t). On parle alors d’approximation des
régimes quasi-stationnaires car les signaux électriques sont lentement variables dans le temps.

b) :::::::::::
A.R.Q.S. :::et :::::::::::
longueur :::::::::
d’onde
Supposons que les signaux électriques soient sinusoïdaux de période T . On peut alors leur associer une
longueur d’onde λ telle que
λ = cT
C’est la distance de propagation des signaux sur une période : pour des signaux sinusoïdaux, c’est aussi
la période spatiale des signaux.
Les signaux ne seront uniformes à l’échelle d’un circuit de dimension L que s’ils varient peu sur une
distance L, c’est-à-dire si la longueur d’onde λ est très supérieure à la taille L du circuit :
λ≫L

Remarque
Cette condition s’écrit cT ≫ L soit L/c ≪ T : on retrouve bien la condition précédente.

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c) Définition
:::::::::::

Définition :

L’approximation des régimes quasi-stationnaires (A.R.Q.S.) consiste à


négliger le temps de propagation τ d’un signal électromagnétique devant
sa période T (τ ≪ T )

τ
|{z} ≪ T
|{z}
temps de propagation durée du phénomène

De façon équivalente, l’A.R.Q.S. consiste à négliger les dimensions L d’un


circuit devant la longueur d’onde λ = cT du signal où c est la vitesse de
propagation d’un signal électromagnétique (L ≪ λ)

λ
|{z} ≫ L
|{z}
longueur d’onde longueur caractéristique
du signal de propagation du signal

Les signaux sont donc uniformes et transmis instantanément à l’échelle


du circuit.

a) τ b) L
Phénomène(t) Phénomène(d)

t d

Τ λ

d) :::::::::::
Exemples
• Pour un circuit de taille L = 1 m, l’A.R.Q.S. est vérifiée si
L 1
L ≪ cT soit T ≫ = = 3 ns
c 3.108
où T est la période des signaux. L’A.R.Q.S. est vérifié pour des fréquences
1
f≪ = 300 MHz
T
Remarque
En TP, les circuits ont une taille typique L = 1 m : on pourra considérer potentiel et intensité
uniforme dans le circuit uniquement pour des signaux de fréquence inférieure à 300 MHz, qui
correspond approximativement à la limite en fréquence des GBF.

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• EDF utilise une fréquence de 50 Hz pour transporter l’électricité afin de ne limiter les pertes en ligne.
Les signaux transmis ne pourront être considérés uniformes que sur une distance L telle que
c 3.108
L ≪ cT = soit L ≪ = 6000 km
f 50
Soient deux points M1 et M2 distants de ℓ = 1000 km. En ces points, l’intensité du courant vaut
! !
ℓ ωℓ
i(M1 , t) = I0 cos(ωt) et i(M2 , t) = i M2 , t − = I0 cos ωt −
c c

Le déphasage (ou retard de phase) introduit par la propagation vaut

ωℓ 2π × 50 × 106 π
ϕ= = =
c 3.108 3
Le déphasage introduit par la propagation n’est donc pas négligeable à l’échelle du territoire hexa-
gonal.
• Les microprocesseurs actuels ont une dimension typique de 2 cm. Il n’est pas utile de tenir compte
d’éventuels retards à la propagation pour des fréquences f suffisamment faibles telles que
1 c 3.108
f= ≪ = = 1, 5.1010 Hz = 15 GHz
T L 2.10−2
Les processeurs actuels travaillent à environ 1 GHz : l’A.R.Q.S. peut encore être supposée. Toutefois,
utiliser des fréquences plus élevées (ce qui correspond à des micro-processeurs plus rapides) sans
miniaturiser davantage les composants électroniques nécessite de prendre en compte les retards dus
à la propagation.

II.3. Conséquences de l’A.R.Q.S. pour les courants


a) Conservation du flux de ~j
::::::::::::::::::::::::::::::

Dans l’approximation des régimes quasi-stationnaires, les grandeurs électriques (densités volumiques
de charge et de courant) varient lentement avec le temps de sorte que

∂ρ
≈0
∂t
L’équation de conservation de la charge donne immédiatement

div(−

)=0

Propriété
Dans l’A.R.Q.S., l’équation de conservation de la charge s’écrit

div(−

)=0

On en déduit ZZ
−−→
−→
 · d2 S = 0 ∀ Σ
Σ
− est à flux conservatif.

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b) ::::
Loi ::::
des:::::::::
nœuds
Considérons un nœud d’un circuit électrique filiforme. Soit Σ une surface fermée encerclant ce nœud.
D’après la conservation du flux de −

 dans l’A.R.Q.S., on obtient directement le fait que l’intensité entrante
dans une surface encerclant le nœud est égale à l’intensité qui en sort : la somme des courants algébriques
arrivant à un nœud de circuit électrique est donc nulle. On retrouve la loi de Kirchhoff encore appelée loi
des nœuds.
Loi de Kirchhoff ou loi des nœuds
Dans l’approximation des régimes quasi-stationnaires A.R.Q.S., la somme des
courants algébriques arrivant à un nœud de circuit électrique est nulle.

I1

I3 I2

I4
I5

Figure
P 6 – Dans l’A.R.Q.S., l’équation de conservation de la charge s’identifie à la loi des nœuds :
I
i i = 0.

Remarque
Pour un circuit de taille L = 1 m, l’A.R.Q.S. est vérifiée si

L 1
L ≪ cT soit T ≫ = = 3 ns
c 3.108
où T est la période des signaux. La loi des nœuds est donc valide jusqu’à des fréquences

1
f≪ = 300 MHz
T
pour un circuit au laboratoire.

c) Conservation de l’intensité le long d’un tube de courant


::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Considérons un tube de courant de surface latérale Slat . Ce tube de courant est une surface ouverte mais
on peut lui adjoindre deux de ses sections S1 et S2 pour en faire une surface fermée Σ. Dans l’A.R.Q.S.,
l’intensité sortant d’une surface fermée est nulle de sorte que
ZZ
−−→
IΣ = 0 = − → · d2 S ext
Σ

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En orientant les normales aux surfaces S1 et S2 dans le sens global de − → , on obtient


Z Z Z

− −−→ →
− −−→ →
− −−→
 · d2 S lat +  · (−d2 S 1 ) +  · d2 S 2 = 0
Slat S1 S2

−−→
où le signe − devant d2 S 1 provient du fait que l’on exprime le courant sortant.
Par définition d’un tube de courant, − → est tangent à la surface Slat de sorte que
Z

− −−→
 · d2 S lat = 0
Slat

ce qui conduit à Z Z
− · −
→ −→
d2 S 1 = − · −
→ −→
d2 S 2 soit IS1 = IS2
S1 S2

Comme les sections S1 et S2 du tube de courant sont quelconques, on en déduit que l’intensité du
courant est identique en chaque section d’une ligne de courant.

Propriété
Dans l’A.R.Q.S., l’intensité est la même sur toute section d’un tube de courant.

III Conducteurs ohmiques


III.1. Loi d’Ohm locale
Nous adopterons la description microscopique de la conduction électrique proposée par Drüde en 1900.

a) Cas d’un champ électrique permanent


:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Considérons un conducteur soumis à une différence de potentiel constante. Cette différence de potentiel
génère un champ électrique permanent dans le conducteur de sorte que l’on ait

→ −−→
E = −gradV

où V est le potentiel électrostatique au point considéré, l’origine étant prise en un point du circuit.
Sous l’action du champ électrique, les porteurs de charge sont accélérés et se mettent en mouvement.
Du fait des chocs et des interactions avec les autres charges du milieu, ces porteurs de charge subissent
un effet global de freinage qui limite leur accélération. Dans un modèle simple, on peut considérer que la
force de freinage est une force de frottement fluide.
Considérons alors un porteur de charge dans le conducteur. Ce porteur de charge, de charge q et de
masse m est soumis :

− →

⋆ à la composante électrique de la force de Lorentz : F = q E ;

− m →
⋆ à la force de frottement fluide f = − − v modélisant les interactions avec les autres charges, τ
τ
étant une constante positive et −

v la vitesse du porteur de charge.
Le principe fondamental de la dynamique appliqué au porteur de charge dans le référentiel d’étude
supposé galiléen s’écrit
d−
→v → m→
− d→
−v − qτ −

m =qE − − v soit τ +→v = E
dt τ dt m

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Si le porteur de charge est initialement au repos, la solution de cette équation s’écrit


→ qτ −
→ 
v = E 1 − e−t/τ
m
On constate que sous l’effet des frottements, le porteur de charge atteint, à la suite d’un régime
transitoire, une vitesse limite

− qτ −
→ →

v lim = E =µE
m

où µ = est appelée mobilité de la charge.
m
Si le conducteur possède n porteurs de charge par unité de volume, la densité volumique de courant −


est donnée par

− nq 2 τ −
→ →

 = ρ−→v = nq − →
v = E =γE
m
C’est la loi d’Ohm (sous sa forme locale) où la constante positive γ porte le nom de conductivité du
milieu.
Propriété


Dans un conducteur soumis à un champ électrique permanent E , la vitesse des
porteurs de charge est généralement donnée par

→ →

v = µE

où µ est la mobilité des porteurs de charge.


La densité volumique de courant suit alors la loi d’Ohm locale
− = γ −
→ →
E

où γ > 0 est une constante caractéristique du conducteur, appelée conductivité


électrique.
La conductivité électrique s’exprime en S.m−1 ou en Ω −1 .m−1 .
L’inverse de la conductivité est appelée résistivité ρ = 1/γ et s’exprime en Ω .m.

Remarque
La conductivité est d’autant plus forte que le coefficient de frottement k = m/τ est faible.

Remarque
Les conductivités dépendent très fortement du milieu :
⋆ grande conductivité pour les métaux : γ = 5, 7.107 S.m−1 pour le cuivre ;
⋆ conductivité assez faible pour les semi-conducteurs : γ = 3.10−4 S.m−1 pour le silicium (à
température ambiante) ;
⋆ conductivité assez faible pour les solutions électrolytiques : γ = 10 S.m−1 pour une solution
de KCl à 1 mol.L−1 ;
⋆ très faible conductivité pour les isolants : γ ≃ 10−12 S.m−1 pour le verre.

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b) ::::
Cas::::::
d’un:::::::::
champ::::::::::::
électrique::::::::::::::
dépendant ::::du ::::::::
temps
La donnée de la conductivité γ et de la densité volumique de porteurs n permet de déterminer le
paramètre phénoménologique τ du modèle. Pour un métal comme le cuivre

n ≃ 3.1028 m−3 ⇒ τ = 2
≃ 3.10−14 s
nq
De la même manière, pour un semi-conducteur comme le silicium non dopé

n ≃ 3.1016 m−3 ⇒ τ = ≃ 10−12 s
nq 2
C’est donc légitimement que nous avons pu négliger le régime transitoire lors de l’établissement du
courant. Ces ordres de grandeurs nous indiquent que le résultat obtenu reste valable si le champ électrique
varie avec le temps, mais suffisamment lentement à l’échelle de la durée τ , ce qui correspond à des fréquences
inférieures à 1012 ou 1014 Hz (domaine ultraviolet).
Considérons un champ électrique variant sinusoïdalement avec le temps
→ −
− →
E = E 0 cos(ωt)

Le principe fondamental de la dynamique appliqué à un porteur de charge q dans le référentiel du


conducteur supposé galiléen s’écrit
d−
→v →
− m d2 −

v − q−→
m = −k −→v + q E soit + →
v = E 0 cos(ωt)
dt k dt2 k
L’équation vérifiée par la densité volumique de charges −→
 = nq −

v s’écrit donc
m d2 −

 →
− nq 2 −

+  = E 0 cos(ωt)
k dt2 k
Plaçons-nous en régime sinusoïdal permanent et utilisons les notations complexes :


 m

− τ =

− [1 + iωτ ] = γ0 E 0 eiωt avec k

 nq 2
γ0 =
k
On en déduit
− = γ −
→ → γ0
E avec γ =
1 + iωτ
La conductivité est alors complexe : la densité volumique de courant et le champ électrique ne sont
plus en phase. En notations réelles, on a alors

− = √ σ0
→ cos(ωt + ϕ) avec ϕ = − arctan(ωτ )
1 + ω 2τ 2
La loi d’Ohm n’est donc valable que pour ϕ ≃ 0 soit ωτ ≪ 1, ce qui correspond à l’approximation des
régimes lentement variables, encore appelée approximation des régimes quasi-stationnaires.
Propriété
La loi d’Ohm n’est généralement vérifiée que dans l’approximation des régimes
quasi-stationnaires (A.R.Q.S.).

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III.2. Loi d’Ohm dans une portion de conducteur


Considérons un conducteur ohmique cylindrique de longueur ℓ et de section S et d’axe (O, ~uz ). On


suppose que ce conducteur ohmique de conductivité γ est soumis à un champ électrique uniforme E = E ~uz


de sorte que −
→ = γ E est aussi uniforme.
La différence de potentiel entre deux points distants de ℓ vaut
Z 2
− −
→ →
U = V1 − V2 = E · dℓ = Eℓ
1

tandis que le courant qui traverse le conducteur vaut


ZZ
I= − · −
→ −→
d2 S = jS = γES
S

→ −−→

où dℓ et d2 S ont été orienté dans le même sens.
On en déduit
1 ℓ 1 ℓ
U= I = RI avec R=
γ S γ S

On retrouve la loi d’Ohm pour un conducteur dit "ohmique" U = RI.

Remarque
Plus généralement, si le conducteur possède une géométrie particulière, on définit la résistance
d’une portion de conducteur située entre 1 et 2 par
R2− → − → R2→ − − →
U 1
E · dℓ 1
E · dℓ
R= = R →= R −
I − · −
→ d
−2
S
→ −− →
γ E · d2 S
S S

où S est une section quelconque du conducteur.



→ −

On constate que cette relation ne dépend pas du courant ni du champ E . En effet, si E est
multiplié par une constante, le rapport R ne varie pas.

Figure 7 –

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Physique Distributions de courant et conducteurs ohmiques

Propriété
Lorsque la loi d’Ohm locale s’applique, l’intensité IAB du courant qui traverse une
portion AB de conducteur est proportionnelle à la différence de potentiel UAB qui
lui est appliquée
RB− → − → RB− → − →
UAB A
E · dℓ A
E · dℓ
UAB = RAB IAB avec RAB = = R →=R →
IAB − · −
→ d
−2
S γ
− −−
E · d2

S
S S

Pour une portion de conducteur cylindrique homogène, de longueur ℓ et de section S

1 ℓ
R=
γ S

Remarque
La notion de résistance n’a de sens que si un courant traverse le conducteur.
Lorsque l’on cherche à calculer la résistance d’une portion de conducteur, il faut donc supposer
le conducteur parcouru par un courant !

Remarque
Ce calcul montre que la loi d’Ohm U = RI ne s’applique qu’en convention récepteur : la "flèche"
de la tension est opposée à la "flèche" du courant. En convention générateur, il faut introduire
un signe −.

III.3. Effet Joule


Considérons une charge q en mouvement à la vitesse − →
v dans un champ électromagnétique perma-
→ −
− →
nent ( E , B ). Cette charge est soumise à la force de Lorentz :

→ −
→ → − →
F Lorentz = q E + −
v ∧B

La puissance reçue par cette charge ponctuelle vaut



→ → −
−  → −
− → →

PLorentz = F Lorentz · v = q E · v + q v ∧ B · →

− → →
− v = qE · −
v
| {z }
0

Propriété
Au niveau microscopique, la composante magnétique de la force de Lorentz ne
travaille pas. Les charges ne peuvent être mises en mouvement que par un champ
électrique.

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Considérons désormais une portion de conducteur fixe de volume dτ de densité volumique de charge
mobile ρm . La charge mobile contenue dans ce volume vaut

d3 qm = ρm d3 τ

En notant − →
v m la vitesse moyenne des porteurs de charge dans le référentiel lié au conducteur, la
puissance reçue par ce volume chargé 2 vaut donc

→ →
− →
− →

d3 PLorentz = d3 qm E · −
v m = ρm −

v m · E d3 τ ⇒ d3 PLorentz = −

 · E d3 τ

où →
− = ρ −

m v m est la densité volumique de courant.

Remarque
La puissance reçue par l’élément de volume de la part du champ électromagnétique est utilisée
par le conducteur pour augmenter son énergie interne, donc sa température. En régime perma-
nent, la température ne varie plus, on en déduit que la puissance reçue est entièrement dissipée
sous forme de rayonnement ou de chaleur (convection) : c’est l’effet Joule.

−−→ →

On reconnaît l’élément de courant −

 d3 τ = d3 C = d2 I dℓ où d2 I = jd2 S, d2 S étant la section de


l’élément de volume et dℓ est un élément de longueur tangent à −
→ joignant les extrémités de d3 τ .

Figure 8 –

On en déduit
→ −
− →
d3 PLorentz = d2 I dℓ · E = d2 I dV

Dans l’A.R.Q.S., l’intensité est la même en toute section du tube de courant. On en déduit, par
intégration le long d’un tube élémentaire de courant puis sur une section du conducteur :
ZZ Z 2 ZZ Z 2
2 2
PLorentz = d I dV = dI dV = (V1 − V2 )I = UI
section 1 section 1

où U est la différence de potentiel entre les deux extrémités du conducteur.

2. On notera que les charges fixes, de vitesse nulle, n’interviennent pas dans ce bilan de puissance.

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Propriété
La puissance volumique reçue par un conducteur fixe dans un champ électroma-
→ −
− →
gnétique ( E , B ) est
d3 PLorentz − →

Pvol = 3
=→ ·E
d τ
La puissance totale reçue par un volume V de conducteur vaut
ZZZ

− →

PLorentz =  · E d3 V = UI
V

Remarque
Cette puissance est fournie par le champ électromagnétique au conducteur. La puissance volu-
mique Pvol est donc perdue par le champ électromagnétique.

Propriété
La puissance reçue par un conducteur ohmique s’identifie, en régime permanent,
à la puissance dissipée par effet Joule :

d3 PJ − →

2
→ −
→ →2

=  · E = γ E = et PJ = RI 2
d3 τ γ

Remarque
On retrouve le fait que le champ magnétique ne communique pas d’énergie aux porteurs de
charge : la composante magnétique de la force de Lorentz ne travaille pas.

III.4. Conducteur parfait


En électrostatique, nous avions déjà introduit le concept de conducteur parfait. Nous pouvons élargir
cette définition à l’aide de la notion de conductivité.
Propriété
Un conducteur est dit parfait lorsque sa conductivité est infinie :

γ → +∞ conducteur parfait

Remarque
Dans ce cas, les charges fixent n’exercent aucune force de frottement sur les charges mobiles qui
sont par conséquent libres de se déplacer. La résistance du matériau peut être considérée comme
nulle : R = 0. Le matériau est dit supraconducteur.

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Remarque
La vitesse des porteurs de charge devant rester bornée (au moins par la vitesse de la lumière),
la densité volumique de courant −
→ est nécessairement bornée. La loi d’Ohm locale
− = γ −
→ →
E avec γ → ∞

− →

ne peut donc être vérifiée que si E = 0 à l’intérieur du conducteur parfait. On retrouve la
propriété établie en régime statique pour un conducteur.

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