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Florence Guignard-Bégoin
Dans Le Coq-héron 2014/1 (n° 216), pages 17 à 28
Éditions Érès
ISSN 0335-7899
ISBN 9782749240695
DOI 10.3917/cohe.216.0017
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Nous sommes réunis aujourd’hui pour tenter d’en apprendre un peu plus
sur Bion et sur la psychanalyse contemporaine : qui est Bion ? Et qu’appelle-
t-on la psychanalyse contemporaine ?
Les organisatrices de cette journée ont ajouté d’emblée un troisième terrain
d’investigation aux deux précédents, en annonçant sur la plaquette de présenta-
tion que Bion était un psychanalyste théoricien de la pensée. Puisqu’elles m’ont
fait l’honneur de me demander une contribution, j’ai donc choisi d’aborder la
conjonction de ces deux vastes sujets – Bion, et une psychanalyse contempo-
raine – sous l’angle de la pensée.
Qu’est-ce donc que la pensée ?
On peut déjà donner une première réponse, assez utile sous son aspect
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Axes épistémologiques
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Éléments α
Partis des éléments sensoriels β, nous avons défini une fonction de penser,
la fonction α, générée chez l’infans par l’union de deux systèmes pulsionnels
distincts et de deux organisations psychiques distinctes, même si elles fonc-
tionnent souvent sur un mode fusionnel : la mère et l’infans. Ici, Bion rejoint
le Freud du Problème économique du masochisme : on ne peut « mettre en
marche » un appareil psychique sain – un « appareil à penser les pensées » – sans
l’apport d’un appareil psychique déjà constitué – ce qui implique une organi-
sation pulsionnelle et relationnelle ayant passé par une élaboration œdipienne,
quelle qu’elle soit.
Il nous reste à nous pencher sur la nature du produit de la transformation
des éléments sensoriels β chez l’infans. En effet, Bion innove ici encore : son
ambition est de fragmenter le produit de « l’appareil pour penser les pensées » et
d’étudier les éléments de ce qui constitue la pensée humaine : les éléments α.
Et c’est là qu’il effectue la plus remarquable intégration conceptuelle qui
ait jamais été proposée dans l’histoire de la pensée humaine : il postule que
les éléments de pensée sont le produit de toute la « matière » sensorielle brute
– « donné » physiologique – qui, lors de leur « séjour » dans la « capacité de
rêverie de la mère », vont se transformer en « matière » émotionnelle pensable
et symbolisable, « matière » qui compose chacun des éléments α de pensée.
De même que les oiseaux redonnent à leurs petits une nourriture prédi-
gérée par eux – la métaphore est de moi –, l’appareil à penser les pensées de la
mère fonctionne pour contenir et prédigérer les projections identificatoires de
l’infans, et pour les restituer dans un état moins « brut » – ce qui signifie essen-
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Conclusion
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Résumé
Bion construit une théorie de la pensée dont l’universalité tient à une méthodologie
rigoureuse articulant l’individu et le socius. Dans une démarche principalement épisté-
mologique, il introduit dans la métapsychologie le concept de capacité négative. Prodi-
gieux penseur de la limite, Bion propose une théorie intéressant les liens-entre-les-liens,
basée sur le négatif de la pulsion et sur le rôle de la réalité, de la vérité et de la mentalité
de groupe dans le fonctionnement psychique individuel.
Mots-clés
Théorie psychanalytique de la pensée, capacité négative, fonction α, réalité et vérité,
mentalité de groupe.
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