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RÉSUMÉ
ABSTRACT
This paper aims to study, empirically, the impact of the adoption of digitalization (remote work)
on the productivity of workers using the Propensity Score Matching approach (PSM). The
results of the estimates point to, ceteris paribus, the use of digital technologies during the
lockdown period drives labor productivity within firms. Companies' recourse to digitalization
improves work productivity by 3.3% compared to companies in the control group through the
installation of telework equipment and the development of workspaces at home.
La digitalisation est devenue aujourd’hui un facteur important qui aide le pays à faire face aux
défis socio-économiques. Elle permet l’amélioration de la qualité des services publics et
d’atteindre les objectifs fixés une meilleure efficacité et des gains de temps majeurs pour
l’administration publique, avec des résultats probants quant à la satisfaction des citoyens et des
entreprises.
De ce fait, la digitalisation incarne une nécessité impérative pour toute démarche de
démarcation compétitive de l’entreprise dans un monde de plus en plus compétitif.
En effet, la digitalisation bouleverse les méthodes de fonctionnement des entreprises en les
poussant à se réinventer à marche forcée par un changement de paradigme imposé par les
nouvelles technologies d’autant plus qu’elle impacte les relations et interactions au sein de leurs
équipes, mais également dans leur rapport avec l’externe.
En outre, les capacités de traitement et d’analyse de l’information qu’elle offre cette révolution
ouvre d’importantes opportunités pour les entreprises dans tous les domaines permettant de
réduire les coûts, de créer un nouveau dialogue avec les clients et de rendre les organisations
plus efficaces. Les entreprises sont conscientes de l’existence de ces opportunités et s’engagent
dans un processus de transformation digitale (Dudézert, 2018). Cette dernière conduit à une
véritable transformation de l’organisation du travail.
Face à cette situation, la digitalisation peut être considérée comme un véritable enjeu pour un
bon nombre d’entreprises. Celles-ci doivent opter en faveur de nouvelles procédés de travail
qui allient partage d’expériences, travail d’équipe, forte collaboration avec les clients, créativité
et innovation dans le but final est de booster la productivité du travail et in fine améliorer la
compétitivité de l’entreprise.
D’où l’objectif de ce travail, est tout d’abord, de s’interroger sur l’état des lieux du processus
de la digitalisation et les avancées en la matière. Ensuite, et à l’aide de méthode de score de
propension, de savoir dans quelle mesure la digitalisation apporte-elle un gain de productivité
pour un échantillon d’entreprises (petites, moyennes et grandes entreprises) au Maroc dans la
période Covid-19,
Donc, l’objectif de l’étude consiste à mettre en relief la cause à effet entre digitalisation et
productivité du travail au sein de l’entreprise et d’expliquer comment cet effet se manifeste au
niveau des performances de l’entreprise.
2. DIGITALISATION AU MAROC : ETAT DES LIEUX
Gilbert Cette et al (2020) ont tenté, à partir d’une enquête menée la Banque de France auprès
de 1065 entreprises appartenant au secteur industriel et employant 20 salariés ou plus,
d’analyser l’impact de l’emploi de spécialistes en technologies de l’information et de la
communication et l’utilisation de technologies digitales sur la productivité et la part du travail
dans la valeur ajoutée des entreprises. Les estimations sont basées sur la méthode des variables
instrumentales développée par Bartik (1991). Les résultats d’estimations révèlent que, toutes
choses égales par ailleurs, l’utilisation des Technologies de l’Information et des
Communications (TIC) améliorent la productivité du travail d’environ 23% et la productivité
globale des facteurs d’environ 17%. Par ailleurs, l’emploi de spécialistes TIC en interne et
l’utilisation de big data ont un impact à la baisse sur la part du travail dans la valeur ajoutée,
d’environ 2,5 points de pourcentage.
Anders Akerman et al (2015) ont tenté, à travers d’une étude sur un échantillon d’entreprises
norvégienne qui ont bénéficié d’un programme public permettant l'adoption de l'Internet à large
bande dans les entreprises, de répondre à la question suivante : Est-ce que l'adoption de
l'Internet haut débit dans les entreprises améliore-t-elle la productivité du travail et augmente-
t-elle les salaires ? Les résultats suggèrent que l'Internet haut débit améliore (aggrave) les
résultats sur le marché du travail et la productivité des travailleurs qualifiés (non qualifiés) à
travers la complémentarité des compétences de l'internet haut débit. Pris ensemble, les auteurs
ont conclu des implications importantes pour le débat politique sur les investissements publics
dans les infrastructures à large bande pour encourager la productivité et la croissance des
salaires.
Peter Gal, Giuseppe Nicoletti et al (2019), ont essayé d’évaluer l'incidence de l'adoption d'une
gamme de technologies numériques sur la productivité des entreprises. Ils ont combiné des
données sur la productivité des entreprises dans plusieurs pays et des données sur l'adoption des
technologies numériques au niveau sectoriel dans un cadre empirique tenant compte de
l'hétérogénéité des entreprises. Les résultats attestent que l'adoption de l’outil numérique dans
une industrie est associée à des gains de productivité au niveau de l'entreprise. Les effets, qui
sont relativement plus forts dans les activités manufacturières et intensives en tâches
routinières, ont tendance à être plus forts pour les entreprises plus productives et plus faibles en
cas de pénurie de main-d’œuvre qualifiée en raison des liaisons de complémentarités entre les
technologies numériques et d’autres formes de capital. En conséquence, les technologies
numériques peuvent avoir contribué à la dispersion croissante des performances de productivité
entre les entreprises.
Acemoglu, David et al (2014), analysent via un modèle la croissance des entreprises
industrielles utilisant l'informatique en relation avec les gains de productivité. Bien que nous
trouvions des preuves d'une croissance différentielle de la productivité dans les industries
manufacturières à forte intensité informatique, cela dépend de la mesure de l'intensité
informatique et n'est jamais visible après la fin des années 90. Plus important encore, lorsqu'il
est présent, il est entraîné par une baisse de la production relative accompagnée d'une baisse
encore plus rapide de l'emploi. Il est difficile de concilier ces baisses de production avec l'idée
que l'informatisation et l'informatique incorporée dans les nouveaux équipements entraînent
une révolution de la productivité, du moins dans le secteur manufacturier américain. Il se peut
fort bien que les changements technologiques induits par l'informatique transforment le secteur
non manufacturier, ou qu'ils soient si répandus qu'ils se produisent rapidement, même dans les
industries non intensives en informatique. Mais à tout le moins, nos preuves suggèrent que les
résolutions précédemment proposées du paradoxe de Solow doivent être examinées de manière
critique, et que les partisans du point de vue de la discontinuité technologique doivent fournir
des preuves plus directes de la transformation induite par l'informatique dans l'économie
américaine.
4. METHODOLOGIE ADOPTEE
Dans ce papier, et dans le but d’estimer l’impact du recours au travail à distance sur la
productivité des entreprises au marocaines, la méthode quasi expérimentale d’appariement. Elle
est considérée la plus appropriée dans un contexte de soupçon de l’existence d’un biais de
sélection. Dès lors, la méthode de matching réduit ce biais en créant un groupe témoin très
similaire à celui de traitement sur la base d’un vecteur des caractéristiques observables.
Dans ce travail, le groupe de traitement est représenté par les entreprises qui ont opté pour le
travail à distance durant la période de référence de cette enquête alors que le groupe témoin est
constitué des entreprises qui n’ont pas choisi ce mode de travail durant la même période de
l’étude.
Le cadre théorique des méthodes d’appariement est élaboré dans les années 1970, avec les
travaux de Cochran et Rubin (1973) et Rubin (1973a, 1973b), qui ont étudié la capacité de
l’appariement à réduire le biais lors de l’estimation de l’efficacité des traitements, dans la
situation où une seule variable du matching est utilisée.
En effet, l’estimation de ce dernier n'est pas suffisante pour estimer l’ATT, du fait que la
probabilité d'observer deux individus ayant exactement la même valeur du score de propension
est nulle étant donné que le score de propension est une variable continue. Par conséquent
plusieurs approches ont été proposées pour surmonter ce problème, dont quatre sont les plus
utilisées à savoir :
● L'appariement par le plus proche voisin ;
● L'appariement du rayon ;
● L'appariement par noyau ;
● Et l'appariement par stratification.
Dans ce papier, nous utiliserons trois approches d'appariement à savoir le plus proche voisin, la
stratification et la méthode kernel pour pouvoir mener une comparaison des résultats de ces
approches.
Théoriquement, l’impact d’une politique ou d’un programme donné sur un individu i, est la
différence entre ses résultats potentiels. Ainsi, pour un programme initié à l’instant t= 𝑡1 , son
effet est évalué à t= 𝑡2 sur un résultat 𝑌𝑖 , qui varie selon le statut de traitement de l’individu
désigné par la variable dichotomique T, (si l’individu est exposé au traitement (T =1) le résultat
sera 𝑌𝑖1 , si l’individu ne bénéficie pas du programme (T =0), son résultat potentiel observé sera
𝑌𝑖0 ) et l’effet causal individuel du programme entre la durée 𝑡1 𝑒𝑡 𝑡2 sera donc:
Le problème rencontré lors du calcul de l’effet causal individuel du programme (∆𝑌𝑖 ) est
l’impossibilité d’observer simultanément les deux résultats potentiels 𝑌𝑖1 et 𝑌𝑖0 . Cette
impossibilité d’observer l’effet causal individuel induit à un changement du niveau de
raisonnement de l’individu à celui de la population.
Dans ce cas, le paramètre d’intérêt sera l’effet moyen causal ATE (Average Treament Effect) :
Dans ce travail, les données utilisées sont issues d’une enquête menée par le Haut-Commissariat
au Plan (HCP) durant la période du confinement allant du mois d’avril jusqu’à juillet 2020 au
niveau national auprès de toutes les entreprises organisées, de différentes tailles (grandes,
moyennes et très petites entreprises) et couvrant les secteurs de l’industrie, de la construction,
du commerce et des services et exclut de ce champ les secteurs financiers, de l’agriculture.
Les entreprises enquêtées sont classifiées sur la base de l’effectif employé et du chiffre
d’affaires (CA) selon la charte de la PME.
En effet, les Très Petites et Moyennes Entreprises (TPME) sont celles dont le chiffre d’affaires
est inférieur à 75 millions de DH et des effectifs inférieurs à 200 employés. Les Grandes
Entreprises (GE) sont celles dont le CA est supérieur à 75MDH ou des effectifs employés
dépassant 200 personnes. La taille de l’échantillon de l’enquête est conçue selon un sondage
aléatoire stratifié basé sur le critère de l’emploi et celui de l’activité comme variables de
stratification de manière à assurer la représentativité nécessaire par secteur d’activité et par
catégorie d’entreprises.
Les entreprises enquêtées sont de l’ordre de 2101 unités, réparties par secteur d’activité entre
769 pour l’industrie, 371 pour la construction, 294 pour le commerce et 667 pour les services
marchands non financiers.
Par catégorie d’entreprises, il s’agit de 147 GE (soit 7%) et de 1954 entreprises réparties entre
TPME.
Figure 01 -- Répartition des entreprises par catégorie
GE
7%
TPME
93%
Source : HCP, « Premiers résultats 2019, Enquête nationale auprès des entreprises »
Les entreprises enquêtées sont de l’ordre de 2101 unités, réparties par secteur d’activité entre
769 pour l’industrie, 371 pour la construction, 294 pour le commerce et 667 pour les services
marchands non financiers.
Ventilés par catégorie d’entreprise, le secteur des services est représenté dans 43% de
l’ensemble des TPME contre 24% des GE. Le secteur de l’industrie ne représente que 8,7% du
total des TPME contre 26% de l’ensemble des GE.
Secteurs TPME GE
Industrie 8,7% 25,8%
Construction 21,0% 22,9%
Commerce 27,5% 27,5%
Services 42,9% 23,8%
Total 100% 100%
Source : HCP, « Premiers résultats 2019, Enquête nationale auprès des entreprises »
Pour le choix des variables qui sont retenues dans ce travail, il est basé principalement sur des
travaux empiriques et de la disponibilité des données en question :
6. RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
La figure 03 montre que les deux courbes se chevauchent. Nous pouvons donc affirmer qu’il
existe un support commun sur lequel il existe une possibilité d’apparier l’échantillon de
traitement avec celui du contrôle.
7. CONCLUSION
Dans le contexte de la crise COVID-19, les stratégies des pays de confinement pour lutter contre
la propagation du virus ont vraisemblablement stimulé l'utilisation des technologies numériques
et le travail à distance par les entreprises et les administrations. Cela pourrait être le point de
départ d'une accélération de la diffusion des TIC et du numérique d’une manière générale.
À l’issue de notre analyse des données de l’enquête menée par le HCP auprès d’un échantillon
d’entreprises durant la période confinement visant à estimer l’impact du travail à distance, avec
bien entendu tous les investissements qu’il requiert en termes de matériels, de logistique, des
plates formes…sur la productivité des entreprises.
Les résultats de ce travail révèlent que l’adoption du télétravail est relativement corrélée avec
la taille de l’entreprise dans la mesure où la part des petites et moyenne entreprises qui optent
en faveur de ce nouvel outil est moins importante par rapport aux grandes entreprises vue leurs
moyens logistiques et organisationnels.
En terme de gains de productivité, le télétravail permet l’augmentation de la productivité des
travailleurs pendant l’ère Covid-19. Les entreprises qui ont opté pour la digitalisation de leurs
services ont connu une hausse de 3.3% de la productivité de travail par rapport aux entreprises
du groupe témoin.
Les grandes entreprises (GE) qui ont adopté le télétravail durant la période confinement ont
connu une hausse de la productivité des travailleurs par rapport aux entreprises (TPME) du
groupe témoin en raison de la mise en place des équipements de télétravail et l’aménagement
des espaces de travail à domicile permettant d’améliorer la productivité du travail.
Ce résultat pose un certain nombre de défis et des enjeux majeurs à la fois pour les entreprises
et pour l’Etat. Pour les entreprises, le recours au travail à distance exige de nouveaux
investissements dans les moyens les moyens techniques, logistiques et la formation de leurs
employés pour qu’ils puissent bien s’y adapter.
Pour l’Etat, la question de l’accompagnement de ces entreprises, surtout les TPME, dans leurs
recours vers le travail à distance et la mise en place d’un cadre juridique et fiscale dédié à cette
démarche à travers l’élaboration d’une stratégie globale visant la transformation digitale
constituent des enjeux à relever afin de gagner le pari de la compétitivité qui s’inscrira
dorénavant sur un nouveau paradigme celui de l’économie numérique.
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ANNEXES