Documento 8
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III.Enjeux environnementaux liés au rejet des effluents non traités dans la nature
A.Impacts négatifs sur l'environnement
B.Risques sanitaires encourus par la population locale
C.Exemples concrets de conséquences néfastes à grande échelle
Afin de pallier ce problème, différentes techniques de traitement ont été développées au fil du temps pour
éliminer ces contaminants. Toutefois, le choix approprié dépend essentiellement des caractéristiques
physico-chimiques et biologiques propres à chaque type d'eaux usées ainsi que les exigences
environnementales locales.
Dans cette thèse, nous approfondirons l'étude de ces différentes techniques afin d'identifier celles qui sont
plus efficaces dans certaines situations données. En effet, les systèmes de traitement doivent être adaptés
aux spécificités géographiques mais aussi socio- économique afin qu'ils soient durables sur le long terme.
Il conviendra donc d'examiner minutieusement les différents procédés disponibles pour le traitement
adéquat des eaux usées tout en mettant en lumière leurs avantages respectifs selon chaque contexte
localisé. De cette manière , il sera possible non seulement protéger notre environnement mais également
contribuer positivement au développement durable .
Origine et composition
Il s’agit des eaux polluées par toutes les activités domestiques, c’est-à-dire à la maison. On
peut y distinguer:
• les eaux grises : il s’agit des eaux de douche et de cuisine. Elles contiennent
généralement chargées de graisses, de tensioactifs (savons, lessive), de solvants, de
restes alimentaires, etc
• les eaux noires : il s’agit des eaux des toilettes, elles sont composées de matières
fécales, d’urine et de papier
Dans un projet d’assainissement d’une zone, il est facile d’estimer la pollution de ces eaux
domestiques dès que l’on connaît le nombre d’habitants. En effet , il existe des abaques qui
donnent la pollution journalière produite par personne.
LES EAUX INDUSTRIELLES
L'histoire des eaux usées industrielles remonte à l'époque de la révolution industrielle au 18ème siècle.
Lorsque les industries ont commencé à se développer, elles ont également produit une grande quantité
d'eaux usées contenant divers produits chimiques et matières organiques qui étaient rejetés directement
dans les rivières et autres sources d'eau.
Leurs caractéristiques sont très variables puisque la pollution produite dépend de l’activité de
l’usine :
• Agroalimentaire
• Métallurgie
• Papeterie
• Pétrochimie
• Textile
• etc
Ainsi on peut y retrouver des hydrocarbures, des composés organiques, des graisses, des
micropolluants, des métaux lourds, etc…
Les précipitations pluviales sont susceptibles de contenir des impuretés résultant notamment de la
pollution atmosphérique, à l'instar des pluies acides. De surcroît, leur contact avec les toits et le sol
entraîne un ruissellement qui peut entrainer une altération qualitative des cours d'eau en emportant
diverses substances nuisibles.
La quantité de production des eaux usées varie considérablement selon les pays et les régions du monde.
En effet, cela dépend en grande partie du niveau de développement économique, social et
environnemental d'un pays ou d'une région.
Dans les pays développés comme l'Europe occidentale ou l'Amérique du Nord, la quantité d'eaux usées
produites est relativement élevée en raison de leur mode de vie consumériste. Selon un rapport publié par
Eurostat en 2019, chaque habitant dans l'Union Européenne produit en moyenne 150 litres d'eaux usées
par jour. De même aux États-Unis, on estime que chaque personne produit environ 300 litres d'eaux usées
quotidiennement (EPA).
En revanche dans certains pays moins développés comme ceux situés sur le continent africain ou
asiatique où une part importante de la population n'a pas accès à des infrastructures sanitaires adéquates
pour traiter leurs eaux usées , la production peut être moindre mais elle reste néanmoins problèmatique .
Ainsi selon un rapport publié par ONU-Habitat: "Plusieurs villes africaines ont une capacité insuffisante
pour collecter toutes leurs eaux résiduaires entraînant ainsi leur rejet direct dans les rivières sans
traitement préalable".
Il convient toutefois noter qu'il existe également des disparités importantes entre différentes régions au sein
même des mêmes continents : certaines zones densément peuplées telles que Tokyo au Japon peuvent
générer jusqu'à plus de deux fois plus d'eau usee quotidienne comparativement ailleurs sur le territoire
japonais.
Cela souligne l'importance de la mise en place d'une gestion efficace des eaux usées qui doit être adaptée
aux spécificités locales. Comme le soulignait déjà Mahatma Gandhi : "L'eau est à la fois un symbole et une
nécessité pour vivre, elle ne devrait jamais être gaspillée car c'est grâce à elle que nous avons notre
existence".
Les caractéristiques ou les propriétés des eaux usées peuvent êtres classifiés suivant:
Caractéristiques physiques :
a / Couleur : Les eaux d'égout domestiques fraîches sont grises, ressemblant en quelque sorte à une
solution faible de savon, au fil du temps, pendant que la putréfaction commence, elles commencent
à devenir noires. La couleur des eaux d'égout septiques est plus ou moins noire ou foncée. La
couleur des eaux usées industrielle dépend du procédé chimique utilisé dans les industries. Les eaux
résiduaires industrielles, une fois mélangées aux eaux d'égout domestiques, peuvent également
altérer la couleur.
b / Odeur : Les eaux d'égout fraîches normales ont une odeur de moisi qui n'est normalement pas
gênante, mais après un délai de 3 ou 4 heures, tout l’oxygène dissous présent dans les eaux d'égout
est épuisé et il commence à se dégager une mauvaise odeur dus au sulfure d'hydrogène et à d'autres
composés de soufre produits par les micro-organismes anaérobies.
c / Température : Généralement, la température des eaux usées est plus élevée que celles des eaux
potables, en raison de l'ajout d'eaux chaudes des ménages et des industries. Le changement de
température affecte l'eau usée des manières suivantes :
- La solubilité des gaz dans les eaux usées diminue avec l'augmentation de la température. Ceci
conduit au dégagement de l'oxygène dissous et d'autres gaz de ces derniers, et la réduction, de ce
fait, du pouvoir d’autoépuration des rejets et l'augmentation de la croissance bactérienne.
d / Turbidité : La turbidité des eaux usées dépend de la quantité des matières en suspensions. L’essai
de turbidité est employé pour indiquer la qualité de matière colloïdale. La turbidité dépend de la
concentration des eaux d'égout ou des eaux résiduaires. Plus forte est sa concentration, plus grande
est sa turbidité.
e / Matières en suspension : Les eaux d'égout contiennent normalement 99.9 % d’eau et 0.1 % de
solides. Analytiquement, la matière en suspension (MES) d'une eau usée est définie comme toute
matière qui demeure après un étuvage à 105 °C.
La matière en suspension est présente sous trois formes différentes:
1. Colloïdale ;
2. En suspension ;
3. Dissoutes.
Les matières fixes sont généralement classées comme minéraux tandis que les matières volatiles
représentent la matière organique.
Caractéristiques chimiques :
a / Le potentiel hydrique (PH) : Il exprime le degré d'acidité ou d'alcalinité des eaux usées. Ce
paramètre joue un rôle primordial :
• Dans les processus biologiques, dont certains exigent des limites de pH très étroites se situent
entre 6,5 et 8,5 (unité PH). La détermination de la valeur du pH des eaux d'égout est importante
puisque certains modes de traitement sont sensibles à la valeur du pH pour leur fonctionnement,
parfois, la chaux est ajoutée pour créer l'état alcalin.
b / Teneur en chlorures : Les chlorures sont des sels minéraux et, en conséquence, ne sont pas
affectés par les interactions biologiques des eaux d'égout. Les eaux usées reçoivent environ 6 g de
chlorures par personne par jour. Les adoucissants ajoutent également de grandes quantités de
chlorures. De grandes quantités de chlorures peuvent également provenir des industries.
c / Teneur en azote et en phosphore : Les teneurs en azote et en phosphore sont également des
paramètres très importants. Les rejets excessifs de phosphore et d'azote contribuent à
l'eutrophisation des lacs et des cours d'eau. Ce phénomène se caractérise par la prolifération
d'algues et la diminution de l'oxygène dissous, ce qui appauvrit la faune et la flore des eaux
superficielles (cours d'eau, lacs, etc.).
d / Teneur en graisse et en huile : Les graisses et les huiles proviennent essentiellement des cuisines
; elles peuvent avoir aussi pour origine certaines industries, garages, ateliers... etc. Les graisses et les
huiles flottent au dessus de l’eau et ne se sédimentent pas, obstruent souvent les conduites en hiver
et les filtres. Ils gênent ainsi le fonctionnement des installations de traitement et posent des
problèmes d'entretien. Les graisses sont parmi les molécules organiques les plus stables et ne sont
pas facilement décomposées par les bactéries.
C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de détecter et retirer ces derniers de l'affluent à l’entrer
des stations de traitement.
f / Phénols, pesticides et produits chimiques agricoles : les Phénols ont la plupart du temps pour
origine les eaux usées industrielles. Les phénols peuvent être biologiquement oxydés si les
concentrations ne dépassent pas les 500 mg/l. Les pesticides, herbicides et d'autres produits
chimiques agricoles proviennent principalement du ruissellement des eaux provenant de surfaces
d'agricoles rurales, particulièrement dans un système d'égouts unitaire.
g / Métaux lourds : Cuivre, manganèse, argent, chrome, arsenic et bore sont des cations toxiques
aux micro-organismes ayant pour résultat le disfonctionnement des installations de traitement
biologiques. Elles proviennent des eaux usées industrielles. Quelques anions toxiques, incluant les
cyanures et les chromates, présent dans certaines eaux industrielles peuvent, également, altérer les
centrales de traitement des eaux résiduaires. Par conséquent leur présence devrait être prise en
compte dans la conception des installations de traitement biologiques.
h / Sulfures, sulfates et gaz de H2S : Les sulfates et les sulfures sont dus à la décomposition de
diverses substances sulfurées présentes dans les eaux usées. Les ions de sulfate (SO4) se forment
naturellement dans la plupart des approvisionnements en eau et par conséquent ils sont également
présents dans les eaux usées. Le soufre, exigé dans la synthèse des protéines est relâché dans leurs
dégradations. Les bactéries anaérobies dégradent chimiquement les sulfates aux sulfures et puis au
sulfure d'hydrogène, comme indiqué par les équations suivantes :
Composé organique + sulfates SO4 --> Composé organique + Soufre + énergie chimique
Le gaz de sulfure d’hydrogène ainsi libéré est cause de mauvaises odeurs. De plus, le gaz H2S s’oxydé
biologiquement pour donner de l’acide sulfurique ayant pour résultat la corrosion des conduits
d'égout. Le procédé biologique de digestion est sévèrement gêné quand les sulfates sont réduits aux
sulfures, particulièrement quand leur concentration dépasse 200 mg/I. En outre, le gaz H2S, qui est
mélangé au gaz d'eaux usées (ch4 + C02), est corrosif aux canalisations de gaz.
i / Oxygène dissous : L'oxygène dissous est la quantité d'oxygène à l'état dissous dans l'eau usée.
Bien que l'eau usée n'en contienne, généralement, pas, sa présence dans l’affluent non traité
indique que l'eau usée est fraîche. De même, sa présence en eau usée/effluent traités indique que
l'oxydation a été accomplie pendant les étapes de traitement. Tout en rejetant l'eau usée traitée
dans les milieux récepteurs, il est essentiel de s'assurer qu'au moins 4 p.p.m d’O2 y est présent. Si la
concentration est moindre, les animaux aquatiques comme les poissons etc. vivant à proximité du
point de rejet sont susceptibles d'être atteints. La présence d’oxygène dissous est souvent
souhaitable dans les eaux usées car cela évite la formation de mauvaises odeurs.
j / Demande biologique en oxygène : La demande biologique en Oxygène (DBO) est une mesure de
l'oxygène exigé pour oxyder la matière organique, par l'action des micro-organismes contenus dans
un échantillon d'eau usée. La (DBO) est le paramètre le plus employé pour définir la pollution
organique aussi bien pour les eaux usées, que pour les eaux de surfaces. La (DBO) peut être définie
comme la quantité d’oxygène exigé par les microorganismes pour effectuer la décomposition
biologique des matières solides dissoutes ou de la matière organique dans les eaux usées dans des
conditions aérobies à une température standard de 20°C. Les résultats d'essais de DBO sont utilisés
pour les buts suivants :
(e) Détermination de la quantité d'eau requise pour la dilution des eaux usées.
La (DCO) peut être déterminée en seulement 3 heures contrairement au 5 jours d'essai de (DBO).
Caractéristiques biologiques :
Les eaux d'égout domestiques, par leurs natures, contiennent d’énormes quantités de micro-
organismes. Les caractéristiques biologiques des eaux d'égout sont liées à la présence de ces micro-
organismes. L'ingénierie sanitaire doit avoir une grande connaissance des :
b) Organismes pathogènes ;
La matière excrémentielle contient une myriade de micro-organismes, plus de 320 milliards par
habitant et par jour. La plupart d'entre eux sont non seulement inoffensive, mais sont indispensables
au bon fonctionnement des procédés d’épuration biologique.
De même, l'industrie pharmaceutique produit également une grande quantité d'eaux usées chargées en
produits chimiques tels que les solvants organiques, qui peuvent être toxiques pour l'environnement si elles
ne sont pas traitées correctement avant leur rejet dans le milieu naturel.
Enfin, l'industrie chimique est un autre exemple majeur de producteur d'eaux usées industrielles car elle
utilise souvent des procédés impliquant des réactions chimiques complexes nécessitant un grand volume
d'eau pour refroidir ou dissoudre certains composés. Ces eaux usées peuvent contenir divers polluants
comme le plomb ou le mercure ainsi que différents types de métaux lourds.
Comme mentionné précédemment ces déchets liquides industriels doivent être traités avant tout rejet dans
la nature afin de respecter certaines normes environnementales internationales : "L'épuration doit se faire
selon plusieurs étapes différentes (prétraitement physique-chimique puis traitement biologique) afin qu'elle
soit conforme aux normes sanitaires requises." expliquait Jean-Louis Chaussade lorsqu'il était directeur
général du groupe Suez Environnement en 2014.
Ce procédé consiste à alimenter en eau, préalablement décantée, un ouvrage contenant une masse de
matériaux (pouzzolane ou plastique) servant de support aux microorganismes épurateurs qui y forment un
film biologique responsable de l'assimilation de la pollution. L'aération naturelle se fait grâce à des ouïes
d'aération. Le film biologique se décroche au fur et à mesure que l'eau percole. En sortie du lit bactérien se
trouve un mélange d'eau traitée et de biofilm. Ce dernier sera piégé dans le décanteur sous forme de
boues et l'eau traitée rejoint le milieu naturel. La recirculation des boues vers le décanteur digesteur est
essentielle.
L'eau usée, préalablement décantée, alimente un ouvrage dans lequel des disques fixés sur un axe sont
mis en rotation à vitesse lente. Sur ces disques biologiques en plastique se développe alors un film
bactérien. Lors de leur émersion, ces bactéries prélèvent l'oxygène nécessaire à leur respiration et lors de
l'immersion, elles absorbent la pollution dissoute dont elles se nourrissent. Dès que le film biologique
dépasse une épaisseur de quelques millimètres, il se détache et est entraîné vers le décanteur final où il
est séparé de l'eau épurée. Les boues ainsi piégées sont renvoyées par pompage périodique vers
l'ouvrage de tête pour y être stockées et digérées.
Après prétraitements, les eaux usées sont dirigées vers un bassin d'aération où elles sont mises en
contact avec une biomasse responsable de l'épuration. Dans ce réacteur, la pollution dissoute est
transformée en flocon de boues par assimilation bactérienne. Les flocs peuvent alors être séparés de l'eau
traitée par décantation. La boue décantée est recirculée afin de permettre le réensemencement du bassin
d'aération. Périodiquement, les boues en excès sont extraites pour rejoindre le traitement des boues.
Le lagunage naturel :
Phénomène naturel, l'épuration par lagunage est réalisée grâce à un équilibre biologique, auquel
participent des bactéries, du zooplancton, des algues et éventuellement des roseaux. Les matières en
suspension de l'eau brute décantent dans le bassin de tête. Les bactéries assimilent la pollution dissoute,
et l'oxygène nécessaire à cette dépollution est fourni par les algues (photosynthèse). Le zooplancton
consomme les algues.
Eventuellement, les roseaux peuvent filtrer l'eau en sortie avant rejet. L'ensemble de ces phénomènes
apparaît dans deux ou trois bassins en série, ce qui autorise l'étagement des phénomènes épuratoires.
L'épuration biologique fait appel à plusieurs procédés (lagunage, épandage, lits bactériens, boues activées,
disques biologiques).
Le choix d'une méthode par rapport à une autre repose sur :
a) L'importance de la charge polluante à traiter ;
b) La qualité de l'effluant requise ;
c) La disponibilité du terrain ;
d) La nature du sol ;
e) Le climat ;
f) Le contrôle et l'entretien ;
g) Le facteur économique.
TAB I-1 : Les avantages et les inconvénients de différentes filières de traitement biologique des eaux
usées
3- ÉTAPES DE TRAITEMENT
Les usines de traitement des eaux usées sont des installations cruciales pour la protection de
l'environnement et de la santé publique. Elles visent à éliminer les polluants présents dans les eaux usées
avant leur rejet dans le milieu naturel. Les traitements mis en place varient considérablement selon les
localités desservies, ce qui signifie que la qualité des eaux traitées et la quantité de polluants rejetés
peuvent différer d'un endroit à l'autre.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs procédés sont utilisés lors du traitement des eaux usées. Le premier
est le prétraitement, qui consiste en une séparation physique initiale afin d'éliminer les matières grossières
telles que les débris ou encore le sable présent dans l'eau brute. Ensuite vient un processus appelé
traitement biologique où différents micro-organismes tels que bactéries ou champignons vont être utilisés
pour éliminer certains types spécifiques de contaminants organiques.
Un autre type communément employé est celui du traitement chimique qui utilise divers produits chimiques
comme coagulants/floculants (par exemple sulfate ferrique) pour agglomérer puis faire précipiter certaines
particules indésirables présentes dans l'eau brute.
Enfin, il existe également un procédé dit "physico-chimique" combinant différentes techniques physiques
ainsi qu'une utilisation plus poussée d'agents chimiques afin d'obtenir une meilleure efficacité globale sur
certains types particuliers de contaminations non-biodégradables par exemple.
Tous ces traitements ont leurs propres avantages et inconvénients respectifs mais leur but ultime est le
même : assurer une qualité d'eau traitée satisfaisante avant son rejet dans l'environnement.
■ Le dessablage retient la terre et le sable susceptibles d’endommager les pompes ou de créer des dépôts
dans les bassins.
■ Le déshuilage favorise, par injection de fines bulles d’air ou statiquement, la flottation des huiles et des
graisses qui sont séparées par raclage en surface.
■ La décantation primaire permet aux matières en suspension de se déposer par simple gravité sous forme
de boues, recueillies ensuite par pompage de fond
Traitement secondaire
Le traitement secondaire élimine les matières en solution dans l’eau (matières organiques, substances
minérales…). Deux types de traitements sont utilisés : Les traitements biologiques sont appliqués aux
matières organiques (biodégradables) ; les traitements physico-chimiques aux matières non organiques
(non biodégradables).
Le traitement biologique
Les eaux arrivent dans un bassin où sont développées des cultures de micro-organismes.
Les impuretés sont alors digérées par ces êtres vivants microscopiques et transformées en boues.On
reproduit ici l’auto-épuration naturelle que l’on peut observer dans les rivières : sous l’action d’un brassage
mécanique ou d’un apport d’air, les micro-organismes se reproduisent très rapidement ; ils se nourrissent
de la pollution organique et du dioxygène de l’air pour produire du gaz carbonique et de l’eau.
À la suite de ce traitement la décantation secondaire permet de recueillir, sous forme de boues, les
matières polluantes agglomérées par les micro-organismes. Le traitement biologique est le procédé le plus
utilisé pour restaurer la qualité de l’eau en la débarrassant de ses principales impuretés.
Il est indispensable, mais insuffisant : en dessous de 5 °C, l’activité bactérienne est stoppée. Les bactéries
éliminent difficilement les phosphates, les éléments toxiques et les polluants non biodégradables.
Ils consistent à transformer chimiquement, à l’aide de réactifs, les éléments polluants non biodégradables.
Ces traitements sont mis en œuvre pour répondre à des enjeux particuliers (recherche de performances
très élevées), ou lorsque le traitement biologique n’est pas possible (contraintes de place ou de
température, variations subites de charge polluante).
Le traitement tertiaire
Les eaux épurées sont souvent rejetées dans le milieu naturel à la fin du traitement secondaire. Toutefois,
elles peuvent quelquefois faire l’objet d’un traitement complémentaire ou « affinage » dans le but, soit
d’une réutilisation à des fins industrielles ou agricoles, soit de la protection du milieu récepteur pour des
usages spécifiques.
La désinfection est appliquée dans le cas d’un milieu récepteur sensible (zone de baignade ou de
conchyliculture…) car une épuration classique n’élimine pas la pollution bactériologique. On ajoute le plus
souvent du chlore en sortie de station d’épuration dans un bassin de « contact » ou on traite aux
ultraviolets. Les traitements destinés à éliminer l’azote et le phosphore sont des traitements
complémentaires. Ils concernent maintenant la majorité des stations d’épuration.
ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX LIÉS AUX REJETS DES EFFLUENTS NON TRAITÉS DANS LA NATURE
Les eaux usées sont une conséquence inévitable de la vie humaine moderne, et leur gestion efficace est
essentielle pour préserver notre environnement et protéger notre santé. Cependant, la quantité de production
d'eaux usées varie considérablement selon les pays et les régions du monde en raison des différences dans
l'urbanisation, le niveau économique et technologique ainsi que les habitudes culturelles. Cette disparité soulève
un défi majeur pour la communauté internationale afin d'améliorer l'accès à des infrastructures sanitaires
adéquates tout en réduisant l'impact négatif sur nos écosystèmes fragiles.
Les cours d’eau, les lacs et les eaux côtières ont été utilisés depuis longtemps à titre de
réceptacles pour la dilution et la dispersion des déchets domestiques. La pollution de l’eau
due aux rejets d’eaux usées remonte sans doute à la fondation des premières villes, il y a 7
000 ans, le long du Tigre et de l’Euphrate et de l’Indus. Cette façon de faire n’est devenue
un problème sérieux qu’au cours de la révolution industrielle lorsque les déchets des
procédés industriels et les eaux usées domestiques d’une population urbaine en croissance
étaient rejetés non traités dans les plans d’eau les plus près. Des exemples classiques de la
pollution de l’eau à long terme par les eaux usées domestiques ont été décrits pour la
Tamise, en Angleterre (Gameson et Wheeler, 1977) de même que pour le port de Boston et
la baie Chesapeake, aux États-Unis (National Research Council, 1993). Bien que des efforts
considérables aient été consentis depuis les années 1970 par les pays développés dans le
but d’améliorer le traitement des eaux usées, le rejet d’eaux usées non traitées ou
insuffisamment traitées demeure une préoccupation dans bon nombre de parties du monde,
surtout dans les pays en développement ou ceux dont l’économie est en transition (p. ex.,
Russie et Europe centrale). Dans le cas des pays en développement, plus de 90 % des
eaux usées urbaines sont directement rejetées dans les eaux de surface, sans traitement
(World Resources Institute, 1996). Mais même dans bon nombre de pays développés,
seulement une partie des eaux usées municipales fait l’objet d’un traitement classique. Ainsi,
à la fin des années 1980, la proportion de la population totale des pays membres de
l’Organisation de coopération et de développement économiques qui était desservie par un
réseau de collecte des eaux usées faisant l’objet d’un traitement des eaux usées
domestiques ne s’élevait qu’à seulement 60 % (OCDE, 1995).
Les incidences sur les eaux réceptrices des rejets d’eaux usées domestiques sont
nombreuses. Les eaux usées présentent un risque sanitaire direct de par la présence
d’organismes pathogènes, comme des bactéries (p. ex., choléra, salmonella, shigella), de
virus (p. ex., virus de l’hépatite, entérovirus, poliovirus, virus de Norwalk) et de parasites (p.
ex., protozoaires tels Giardia et Cryptosporidium et helminthes) [Organisation mondiale de la
santé, 1993; World Resources Institute, 1996]. On compte, comme dangers sanitaires
indirects pour l’homme, la consommation de poissons ou de mollusques rendus toxiques par
la présence de bactéries, de métaux ou de composés organiques que l’on retrouve dans les
eaux usées (Waldichuck, 1989) ou l’exposition, au cours d’activités récréatives, à des eaux
ayant fait l'objet d’une contamination microbienne (Edsall et Charlton, 1996). Aux risques
pour la santé humaine des rejets d’eaux usées domestiques s’ajoutent ceux pour
l’environnement. Les charges en azote et en phosphore peuvent donner lieu à une
eutrophisation provoquant des modifications radicales de la productivité et de la biodiversité,
les rejets de contaminants peuvent présenter une toxicité aiguë ou chronique pour les
organismes des eaux réceptrices et les charges élevées de matières consommant de
l’oxygène peuvent abaisser la teneur en oxygène dissous à des concentrations qui
menacent la survie des organismes aquatiques (p. ex., Meybeck et al., 1989; National
Research Council, 1993).
Actuellement, les pays développés ont pu mettre en place des systèmes d’assainissement
qui restent certes à parfaire, il est à noter que dans certains villes d’Afrique, la question
d’une gestion efficace des déchets en général et des eaux usées en particulier représente
encore une des préoccupations majeures des autorités municipales et des populations qui y
résident (DORIER-APPRILL, 2006). En effet, les déchets sont généralement déversés dans la
nature sans traitement préalable, parfois même dans le voisinage immédiat des lieux
d’habitation. Compte tenu de la complexité de cette question et pour éviter une approche
trop générale qui ne tiendrait pas compte des particularités locales, nous nous intéresserons
aux eaux usées et aux ordures ménagères qui contiennent des produits toxiques, une forte
charge en agents pathogènes et en parasites de toutes sortes et qui en polluant les milieux
de vie, de loisirs et de consommation exposent les populations à un risque sanitaire
permanent.
Elles conduisent à des mortalités massives d’espèces , mais elles ont aussi des effets moins visibles :
une eutrophisation des milieux, des effets toxiques à plus ou moins long terme, des maladies ou des
perturbations endocriniennes.
Les altérations physico-chimiques sont des modifications des caractéristiques des milieux, comme la
salinité, l’acidité ou la température de l’eau. Passé un certain seuil, ces modifications deviennent
toxiques pour les organismes vivant dans le milieu.
Parmi tous les paramètres qui constituent la physico-chimie, l’oxygène est particulièrement
déterminant pour la faune et la flore. Une quantité d’oxygène dissous trop faible pour assurer la vie
des êtres vivants est qualifiée d’hypoxie. L’anoxie est le stade ultime, où il n’y a plus d’oxygène
dissous dans l’eau. Les épisodes d’hypoxie peuvent être la conséquence d’un apport trop important
de matières organiques (en savoir plus sur les matières organiques). Celles-ci sont dégradées par les
bactéries du milieu, qui consomment l’oxygène dissous dans l’eau lors de ce processus. Toutefois,
l’hypoxie peut avoir d’autres origines : augmentation de la température de l’eau (l’oxygène étant
moins soluble dans l’eau chaude), stagnation de l’eau, rejet d’eau désoxygénée, eutrophisation etc.
Les phénomènes d’hypoxie et d’anoxie ont de lourds impacts sur la biodiversité, essentiellement du
fait des épisodes de mortalités qu’ils provoquent. Les poissons sont particulièrement touchés, mais
globalement tous les animaux et les plantes pâtissent d’un manque d’oxygène.
De nombreux autres paramètres physico-chimiques sont déterminants : par exemple, de nombreux
organismes d’eau douce (poissons, amphibiens, etc.) ne sont pas capables de survivre à une salinité
supérieure à 3 grammes de sel par litre d’eau.
Tous les usages de l’eau et des milieux qui dépendent du vivant peuvent être impactés par les
altérations physico-chimiques si elles conduisent à des mortalités : la pisciculture, la conchyliculture,
la pêche professionnelle comme la pêche de loisir, etc.
L’eutrophisation peut aussi avoir des conséquences sur la santé : certaines espèces d’algues
proliférantes produisent des toxines dangereuses, et peuvent par exemple nécessiter l’interdiction
de la baignade en cas de prolifération (cas des cyanobactéries). De plus, la décomposition de
volumes importants de plantes mortes produit des gaz toxiques : c’est un phénomène régulièrement
observé sur les plages des eaux côtières victimes de l’eutrophisation (cas des algues vertes).
Enfin, ce phénomène peut impacter de nombreux autres usages : les proliférations végétales
peuvent rendre impossible l’accès aux milieux, contraignant la pratique de la navigation par
exemple. Elles peuvent obstruer le matériel utilisé pour les prélèvements d’eau. Les risques toxiques
liées aux proliférations peuvent aussi impacter la pisciculture ou l’élevage, lorsqu’ils provoquent des
mortalités d’animaux.
3.Des effets toxiques sur les êtres vivants
À partir d’une certaine dose, les substances polluantes ont un effet toxique sur les êtres vivants. Cela
signifie que, lorsqu’elles pénètrent dans l’organisme (essentiellement par ingestion, mais parfois par
respiration), elles sont néfastes à sa survie ou sa santé. Une distinction est faite entre la toxicité
aigüe et la toxicité chronique.
La toxicité aiguë est la réaction soudaine de l’organisme à une quantité importante d’une substance
toxique. Elle peut entraîner la mortalité partielle ou totale des différents êtres vivants dans le milieu
pollué. Parfois, elle ne provoque pas de mortalité mais réduit fortement la capacité des organismes à
survivre à une autre perturbation.
La toxicité chronique est la réaction d’un organisme exposé sur une longue période à de petites
quantités de substances polluantes. Elle fait suite à la présence régulière (voire permanente) de ces
substances en faible concentration dans l’eau. Elle peut provoquer des maladies, des déficiences
physiologiques (le dysfonctionnement d’un organe par exemple), mais peut aussi affecter la
reproduction.
En autre, certains polluants ne sont pas biodégradables et s’accumulent tout au long de la chaîne
alimentaire. Pour ces substances, même si elles se trouvent en petites quantités dans le milieu, sans
conséquences sur les organismes, des effets toxiques peuvent s’observer chez les espèces
prédatrices situées en haut de la chaîne alimentaire.
La santé humaine peut ainsi être menacée en cas d’ingestion d’eau polluée. Toutefois, les
traitements de potabilisation visent à éviter ce risque, en éliminant les substances toxiques de l’eau
potable. Si la pollution de l’eau est trop forte, il est néanmoins parfois impossible de respecter les
normes de potabilisation en dépit des traitements : l’eau ne peut alors pas être distribuée (en savoir
plus sur l’eau potable).
Le risque pour les êtres humains peut ainsi provenir de la consommation d’organismes aquatiques
ayant été au contact de l’eau - poissons, mollusques, crustacés, etc. - car susceptibles d’accumuler
les polluants dans leurs tissus.
Des contrôles existent avant la commercialisation des produits pour éviter les risques : lorsqu’une
pollution est avérée, la vente des produits est interdite. La santé est protégée, mais les activités
économiques , la conchyliculture, la pisciculture, la pêche professionnelle est fortement impactées.
Dans le cas de la pêche de loisir, il n’y a pas de commercialisation, donc pas de contrôle : c’est au
pêcheur lui-même de s’informer sur les risques éventuels dans les secteurs où il pêche.
Dans la mesure où les systèmes hormonaux existent chez les animaux comme chez les végétaux, les
perturbations endocriniennes peuvent affecter toute la biodiversité des milieux. Les conséquences
peuvent être très variées, mais conduisent globalement à un déclin des populations. Par exemple, le
tributylétain (biocide contenu dans les peintures des coques de bateaux) a été interdit parce qu’il
provoque chez certains mollusques une masculinisation des femelles (croissance des organes
reproducteurs mâles), les rendant stériles.
Les traitements de potabilisation de l’eau visent à éliminer les substances polluantes contenues dans
l’eau, afin de protéger la santé des personnes.
Le maintien du statu quo et les choix technologiques traditionnels pour la gestion des eaux
urbaines ne suffiront pas pour relever les nombreux défis identifiés dans les centres urbains. Il
faut introduire des approches et des technologies novatrices qui permettent d’optimiser les
ressources et les coûts. Ces technologies, comme les membranes de filtration, l’oxydation
avancée, les systèmes hybrides de traitement naturel et ultramoderne, les piles à combustible
microbiennes, l’électrochimie et les nanotechnologies, ont donné naissance à de nouvelles
méthodes de gestion des eaux urbaines grâce à la réutilisation efficace de l’eau et des
nutriments et à la récupération d’énergie. Cet axe d’étude comporte des sous-thèmes importants
tels que la notion de machine à eau, les sources d’eau alternatives, les systèmes naturels
reconsidérés comme des éléments importants du système d’eaux urbaines et l’utilisation de
réseaux intelligents.
Grâce aux TIC et aux approches adaptatives, les réseaux intelligents permettent de concevoir,
de contrôler et d’entretenir des systèmes d’eaux urbaines d’une manière qui optimise la quantité
d’eau, la qualité de l’eau et l’empreinte hydrique.
L’objectif de cet axe d’étude est d’étudier les approches novatrices disponibles et les
technologies radicalement différentes qui sont les plus propices à l’optimisation des ressources
et des coûts dans les zones urbaines.
Objectifs spécifiques
• Recenser les diverses méthodes de gestion des eaux urbaines, en allant des méthodes
conventionnelles jusqu’aux approches distribuées et en mesurant leur performance en
fonction de la taille de la ville et de la région. Les plans de gestion des eaux urbaines
doivent inclure des solutions à long terme pour financer la construction et l’entretien des
infrastructures hydrauliques et de traitement des eaux usées.
• Expliciter le concept de machine à eau en milieu urbain en définissant les différentes
manières de l’utiliser, les conditions dans lesquelles il pourrait être maximisé, et les
éventuelles conséquences dans les villes des pays développés et des pays en
développement ; pour cela, actualiser et caractériser les sources non conventionnelles
actuelles et potentielles d’approvisionnement en eaux urbaines ainsi que les moyens
d’améliorer leur efficacité.
• Favoriser une meilleure compréhension du rôle des nappes souterraines urbaines en
tant que source d’alimentation en eau au sens classique du terme, mais également des
risques d’un captage non maîtrisé d’eaux polluées sous la ville elle-même, phénomène
dynamique qui passe souvent inaperçu et comporte d’autres risques, par exemple
l’augmentation de la nappe phréatique provoquée par une fuite et la contamination de
l’eau potable qui peut en résulter lorsque la nappe recouvre le réseau d’égouts et/ou
d’approvisionnement en eau.
• Dresser un inventaire systématique des systèmes de traitement naturels existants en
évaluant leur performance et leurs perspectives dans un milieu urbain, les possibilités
d’intensifier leur utilisation, et étudier de nouvelles approches, en particulier celles qui
font intervenir des concepts écohydrologiques.
• Analyser les méthodes les plus récentes de conception de réseaux intelligents
applicables à la gestion des eaux urbaines, les conditions dans lesquelles ils pourraient
se développer et leurs avantages potentiels, en particulier dans les villes des pays en
développement.
Les Pays Sud-Méditerranéens (SMC’s) sont situés dans une contrée aride et sont caractérisés par des
ressources en eau raréfiées. Ils peuvent être considérés comme l'un des groupes de pays les plus
défavorisés en disponibilité en eau dans le monde. On estime que ces pays détiennent moins de 1% de
l'eau douce renouvelable du globe. Les réserves d'eau dans la région diminuent à un rythme accéléré. On
estime qu'elles ont chuté d'un tiers par rapport aux niveaux de 1960 et qu'avec les modes de
consommations actuels et les politiques en matière de ressources en eau existantes, elles seront réduites
de moitié d'ici à 2050. Ces estimations ne tiennent cependant pas compte d'une réduction potentielle de la
pluviométrie due au changement climatique. La moyenne annuelle de quantité d'eau disponible par
habitant dans la plupart de ces pays est estimée à environ 1000 m3 . Ce chiffre se situe en deçà des
critères des Nations Unies concernant la rareté de l'eau. On prévoit que ce chiffre atteindra les 460 m3 d'ici
2023. (Tolba, M. and Saab, N. 2008). En outre, un certain nombre de ces pays, tels que l'Égypte, la
Jordanie, les Territoires Palestiniens et la Syrie, dépendent de ressources en eau situées en dehors de
leurs territoires (Jägerskog, 2007). La grave pénurie d'eau sévissant dans ces pays et leur dépendance
hydrique au delà de leurs frontières requièrent une coopération régionale destinée à mieux gérer cette
pénurie de ressources. Ce qui aggrave le problème de l'eau dans ces contrées, c'est la croissance
démographique, une des plus élevées dans le monde. Le changement climatique exerce également un
impact négatif sur la disponibilité des ressources en eau. De surcroît, les modèles actuels de
développement et de production et les modes de consommation ont un impact négatif sur les ressources
en eau. Les modèles actuels de développement adoptés par la plupart des SMC ne sont pas orientés vers
une utilisation efficace des ressources, en particulier en eau et en énergie. L'activité principale dans la
plupart de ces pays est l'agriculture, qui, dans de nombreux cas, consomme plus de 80% des ressources
en eau et se caractérise pourtant par l'inefficacité dans leur utilisation. D'autre part, le tourisme constitue un
autre secteur où l'eau n'est pas utilisée de façon rationnelle (Moustakbal, 2009). Le recouvrement des
coûts de prestation de services des eaux dans les SMC ne comprend pas le recouvrement intégral du coût
d'approvisionnement en eau. Il en résulte une mauvaise répartition et une utilisation inefficace des
ressources. Cela n'encourage pas non plus la conservation ni l'apport de projets d'infrastructures hydriques
efficaces. En outre, le secteur de l'eau est caractérisé, dans ces pays, par une faiblesse des institutions et
des structures de gouvernance (Jägerskog, 2007). Afin de remédier à cette pénurie d'eau, les moyens
alternatifs d'approvisionnement en eau sont recherchés. Ce sont soit le dessalement, soit l'accroissement
d'efficacité technique et de répartition, soit la découverte de sources d'eau jusqu'alors inusitées. Cela inclut
ce qui suit: Les eaux usées résultant de l'usage domestique ou qualifiées d'eaux grises, peuvent être, dans
certains cas, réutilisées. L'eau recyclée est l'eau usée ayant subi un traitement à partir de matières solides
et pouvant être utilisées principalement pour irrigation. Elle peut aussi être utilisée comme eau potable si
elle est traitée correctement et utilisée après avoir été déversée dans une étendue d'eau. Bien que le
recyclage de l'eau soit un marché en pleine expansion, le dessalement s'est emparé d'une part plus
importante du marché. La capacité en eau réutilisée devrait augmenter, passant de 19,4 millions de m3 /j
en 2005 à 54,4 millions de m3 /j en 2015. Seimens estime qu'aussi bien l'eau réutilisée que celle dessalée
vont passer de 48 millions de m3 /jour en 2006 à 158 millions de m3 /jour en 2016 (Seimens, 2008).
L'efficacité dans l'utilisation et la répartition de ressources en eau résultant d'une meilleure gouvernance et
d'un cadre réglementaire, devrait se traduire par une disponibilité en eau douce plus importante. Ces
mesures impliquent l'utilisation d'un système rigoureux de surveillance, de conformité et de sanctions
appuyant ce cadre juridique. L'accent devrait être mis sur le point de vue de la demande en eau plutôt que
sur celui de l'approvisionnement. Les mesures d'incitation destinées 10 à améliorer l'efficacité et la
réduction du gaspillage de l'eau devraient être promues. L'accent devrait être mis sur une utilisation
efficace de l'eau dans le secteur agricole dans la mesure où plus de 75% de l'eau disponible dans les SMC
est utilisée par ce secteur. L'emploi de systèmes dirrigation économes en eau et l'exploitation de cultures à
faible besoin en eau peut contribuer efficacement à une utilisation rationnelle de l'eau par le secteur
agricole et aboutir à des économies d'eau significatives. Le dessalement est en croissance dans la région.
L'Algérie, l'Égypte et Israël comptent parmi les utilisateurs les plus importants d'eau dessalée des SMC
sélectionnés dans cette étude. Au cours de la prochaine décennie, l'eau dessalée devrait représenter une
part croissante de l'approvisionnement en eau dans la région. La construction de seize méga-stations
d'une capacité variant de 100.000 m3 /jour à 500.000 m3 /jour a fait du dessalement en Algérie un des
marchés à la croissance la plus rapide au monde. L'Algérie vise à disposer d'un total de 2.570.000 m3 /jour
de production d'eau douce à partir de la SWRO. En général les coûts d'exploitation tant pour les stations
de SWRO que de OIES résident principalement dans l'énergie électrique. On estime que 44% des coûts
d'une installation en Osmose Inverse résident dans l'énergie (Semiat, 2001) et, dans la mesure où l'eau
dessalée est consommatrice d'énergie, l'empreinte carbone constitue la préoccupation principale liée à
cette industrie. Les stations de dessalement sont donc gourmandes en énergie et se traduisent par un
niveau élevé d'émissions. La dégradation de l'environnement est ainsi associée au type d'énergie utilisée
pour procéder au dessalement. De surcroît, une des préoccupations principales concernant les stations de
SWRO réside dans les impacts négatifs exercés sur la biodiversité marine en raison des rejets de saumure
dans la mer, en particulier dans les eaux à faible courants. Il convient de noter que l'approvisionnement en
eau par dessalement ne devrait être envisagé que si tous les autres moyens d'approvisionnement ont été
épuisés. La raison en étant le caractère onéreux du dessalement et ses impacts négatifs sur
l'environnement. Le dessalement est un concept vieilli et il a été utilisé durant près d'un siècle, son
importance n'a cependant jamais été plus sérieuse. Il est toutefois important de considérer cette option
dans le long terme si elle devait être finalement adoptée. Et ce, pour en réduire les coûts, sa forte
dépendance aux carburants fossiles en tant que source principale d'énergie, et éviter toute dégradation
potentielle de l'environnement résultant du dessalement. Ces facteurs méritent, par conséquent, d'être
sérieusement pris en compte, conçus et chiffrés, avant de recourir à l'alternative la plus coûteuse de
l'approvisionnement en eau par dessalement. En vue de décider de la solution la plus rentable et viable
d'approvisionnement en eau, une analyse de coût d'opportunité recouvrant les implications
socioéconomiques et environnementales de l'approvisionnement en eau par dessalement devrait être
réalisée. Pour conduire cette analyse, les coûts socioéconomiques et environnementaux de
l'approvisionnement en eau par efficacité technique et de répartition devront être pris en compte et
examinés en concurrence avec la première option. Fondés sur un examen approfondi de la littérature et de
l'expérience acquise dans des pays du monde entier, les facteurs à prendre en compte dans l'analyse ont
été dénombrés et chiffrés. Les lignes directrices concernant la réalisation d'analyses de coût d'opportunité
en matière de dessalement fournit aux décideurs politiques ainsi qu'aux professionnels un outil permettant
de réaliser une analyse de coût d'opportunité et de prendre une décision fondée de sélection de la
meilleure option en conséquence.