Fiche Lucrece Borgia Victor Hugo

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

VICTOR HUGO – LUCRECE BORGIA

ACTE III, SCENE 3

Introduction :

Accroche et Contexte :
L’extrait que vous m’avez demandé d’analyser est tiré de la pièce de
théâtre Lucrèce Borgia, écrite par Victor Hugo. C’est un drame
romantique en III actes.

La pièce Lucrèce Borgia est la mise en scène de la quête de l’identité de


sa mère par son fils. Elle est aussi la mise en scène de la quête de
rédemption par la mère au travers de l’expression de l’amour
maternel.

La scène 3 de l’acte III se situe à la fin de l’œuvre, lorsque Lucrèce


Borgia a empoisonné son fils involontairement et ses frères d’arme
volontairement, alors qu’elle avait souhaité devenir plus vertueuse.
Gennaro se retrouve confronté à celle qu’il appelle Lucrèce Borgia car
il ne sait pas encore qu’elle est sa mère alors qu’elle sait qu’il est son
fils. Au moment où débute l’extrait, elle ne lui a révélé qu’une partie de
son histoire, il imagine qu’elle est sa tante.

Problématique :
Il s’agira de voir : Comment Lucrèce Borgia cherche-t-elle à convaincre Gennaro de lui pardonner et
de ne pas la tuer ?

Annonce de plan linéaire (découpage en mouvements) :


Mouvement 1

LIGNES 1 à 7 : La crainte de ne pas convaincre.

Mouvement 2
LIGNES 7 à 14 : Portrait de la femme pécheresse.
Mouvement 3
LIGNES 14 à 23 : Elle semble l’avoir convaincue.

Mouvement 4
LIGNES 24 à la fin : Ultime rebondissement

PREMIER MOUVEMENT

I – La crainte de ne pas convaincre

Les phrases courtes, des structures syntaxiques similaires renforcent l’affirmation de


Gennaro. La phrase interrogative suscite l’attention du public qui sait que cette
affirmation de Gennaro est erronée, qui se doute que Lucrèce Borgia et la mère de
Gennaro sont la même personne. On voit la marque de l’ironie dramatique. La
présence du vouvoiement souligne la distance volontairement établie entre Gennaro
et Lucrèce Borgia qui la hait puisqu’elle est coupable de crimes qui ont touché
Gennaro et ses frères d’armes.

La ponctuation expressive dans le début de la réplique, l’interjection « oh », la


présence d’une proposition subordonnée circonstancielle d’hypothèse, « si je te
disais tout » et le modalisateur d’incertitude « peut-être » traduisent l’inquiétude et le
doute du personnage qui se refuse encore à dire à son fils qu’elle est sa mère.
Dans la suite du texte, Lucrèce Borgia cherche à susciter le pardon de Gennaro. Sa
volonté d’être graciée s’exprime au travers de l’emploi du conditionnel de souhait,
« Que je voudrais bien que tu me reçusses repentante à tes pieds ! », conditionnel
qui est remplacé par un futur de l’indicatif dans la phrase suivante comme pour
ancrer ce désir dans la réalité, « Tu me feras grâce de la vie ». L’adverbe « n’est-ce
pas ? » appelle un acquiescement de Gennaro tout comme « dis » à la ligne
7. Gennaro est également invité avec insistance à choisir le destin de Lucrèce
comme le montre la répétition de « veux-tu ».

DEUXIEME MOUVEMENT

II – Portrait de la femme pécheresse.


Dans le second mouvement, Lucrèce Borgia évoque le portrait d’une femme qui est
en réalité elle-même. Elle parle d’elle à la troisième personne, cette mise à distance
facilite la représentation du tableau, « cette malheureuse femme ». Elle renonce aux
attributs féminins, «s’est fait raser la tête ». Elle s’impose une vie d’abnégation
ascétique, « couche dans la cendre », « creuse sa fosse de ses mains ». Elle prie
constamment comme le montre le complément circonstanciel de temps « nuit et
jour».

Dans la suite de la tirade, à partir de la ligne 13, la pitié de Gennaro pour Lucrèce
est suscitée au travers d’un mouvement descendant comme le montre l’emploi du
verbe « abaisses », « miséricorde » et « laisse tomber ».

De plus, Lucrèce Borgia a largement recours au vocabulaire des émotions et des


sentiments pour attirer la pitié de son fils, « larme », « plaies vives de son cœur et de
son âme », « cœur » ligne 14.

Pour finir, Lucrèce Borgia oppose à ce tableau pathétique celui de la réalité incarnée
par les propos de son fils dont elle qualifie la voix de « plus sévère que celle du
jugement dernier » ligne 13.

Le comparatif de supériorité souligne la rudesse de Gennaro qui contraste avec la


fragilité de « cette femme ».

TROISIEME MOUVEMENT

III – Lucrèce semble avoir convaincue son fils


De la ligne 14 à la fin de la tirade de Lucrèce, les phrases exclamatives soulignent la
force de l’exhortation que Lucrèce Borgia déploie pour convaincre son fils. Elle a
recours au mode impératif pour ce faire, « Ne me tue pas », « Vivons », « aie ». Elle
est comme la femme repentante qui a péché face à Jésus qui pardonne toujours
dans la Bible, comme le montre le champ lexical de la pitié particulièrement important
dans cette partie de son discours, « Grâce », « pardonner », « repentir »,
« compassion », « miséricorde », « pitié » et le parallélisme « toi pour me pardonner,
moi, pour me repentir ».
La fin de la tirade à partir de la ligne 18 est consacrée à l’exploitation de la culpabilité
de Gennaro. La stratégie de Lucrèce Borgia est d’associer sa mort au sacrilège en
employant l’adjectif « affreux » et en opposant la faiblesse traditionnellement liée à
son sexe à la force de Gennaro, mise en relief par le superlatif « qui est le plus
fort » au travers de l’évocation de la lâcheté de ce dernier, « ce serait vraiment lâche
ce que tu ferais là ». On peut penser qu’elle veut protéger Gennaro de tuer sa mère,
cet amour maternel est perceptible au travers de l’expression « je te le dis pour toi ».
La didascalie informe le lecteur que Gennaro est influencé par les propos de Lucrèce
Borgia et hésite donc à la tuer.
À la ligne 22, Lucrèce Borgia exploite l’hésitation de son fils à son avantage, elle se
saisit du silence pour acter son pardon en affirmant déchiffrer le regard de son fils
comme le montre par exemple l’adverbe « bien », modalisateur de certitude.

QUATRIEME MOUVEMENT

IV – L’ultime rebondissement
Les répliques 24 à 28 présentent un échange entre Maffio et Gennaro. La tension
aurait pu retomber à la réplique lignes 22-223 mais « une voix au dehors » crée un
rebondissement. Le suspense est laissé pour le public également puisque les propos
de Maffio sont indiqués par « une voix ».

Les liens entre les deux hommes sont mis en avant dans cet échange. Il appartient à
un même groupe comme le montre le déterminant possessif « mon » associé au nom
« frère » qui établit une relation familiale, c’est-à-dire un lien de sang entre eux. Ils
sont également liés par un ultime pacte entre eux, exprimé au mode impératif ;
« venge-moi ».

La dernière réplique de l’extrait montre le poids du destin qui s’abat sur Gennaro et la
détermination du personnage qui s’ensuit. Elle s’exprime u travers d la brièveté des
deux premières phrases, de l’emploi de l’expression modale « il faut », du type
déclaratif de la phrase.

Conclusion :
Lucrèce Borgia cherche à convaincre son fils de ne pas la tuer en
essayant d’attiser sa pitié, puis Elle va se décrire comme une
malheureuse femme et va implorer son pardon et pour finir elle va
s’auto pardonner en prétendant le deviner dans ses yeux.
La crise permet d’augmenter la tension dramatique. Les relations
familiales intensifient les contrastes entre les personnages, le
sentiment maternel de Lucrèce Borgia accentue sa monstruosité.
L’émotion ressentie par le spectateur donne plus de force à la portée
morale de l’œuvre.

Vous aimerez peut-être aussi