1109 Reanimation Vol20 N5 p397 - 407
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DOI 10.1007/s13546-011-0275-6
Résumé Les encéphalites auto-immunes/paranéoplasiques cause d’encéphalite après les infections à Herpes simplex
présentent des caractéristiques communes avec des tableaux virus, à Varicelle zona virus (VZV), à Mycobacterium tuber-
cliniques d’évolution rapide associant des troubles du culosis et l’encéphalomyélite aiguë disséminée (ou acute
comportement ou de l’humeur, des crises convulsives, des demyelinating encephalomyelitis, ADEM), et la deuxième
troubles de la mémoire, une réaction inflammatoire du étiologie d’encéphalite auto-immune après l’ADEM. Les
liquide céphalorachidien (LCR) et des modifications de encéphalites à anticorps anti-R-NMDA touchent préféren-
l’imagerie cérébrale. Elles sont secondaires à la présence tiellement des sujets jeunes de sexe féminin et possèdent
d’un anticorps dirigé le plus souvent contre des antigènes une présentation clinique évocatrice avec le développement
du système nerveux central (SNC), qui peuvent être com- rapide de troubles du comportement, une présentation
muns aux antigènes exprimés par un tissu tumoral. Parmi neuropsychiatrique particulière avec des hallucinations, des
celles-ci, les encéphalites à anticorps antirécepteurs-NMDA crises convulsives, des mouvements anormaux, une dysau-
(anti-R-NMDA), de description récente, semblent particuliè- tonomie et une hypoventilation centrale nécessitant fré-
rement fréquentes. En effet, selon une étude prospective épi- quemment une hospitalisation en réanimation. Ce tableau
démiologique, ces encéphalites représenteraient 4 % de est associé à un tératome ovarien dans deux tiers des cas.
l’ensemble des causes d’encéphalites, soit la cinquième Le diagnostic est confirmé de façon simple par le dosage
Tableau 1 Encéphalites auto-immunes/paranéoplasiques selon Graus et al. [1] et Dalmau et al. [3] Les syndromes paranéoplasiques
(SPN) sont classés en trois groupes (I à III). Le groupe I correspond aux anticorps reconnaissant un antigène intracellulaire n’étant
probablement pas pathogénique. Ce groupe est divisé en groupe Ia qui est donné dans le tableau, en groupe Ib (anticorps contre SOX
ou ZIC) qui ne semble pas associé à des SPN et le groupe Ic (anticorps contre le glutamic acid decarboxylase [GAD], adénylate-
kinase-5 et Homer-3) qui identifie des syndromes non paranéoplasiques (Stiff-person syndrome, ataxie cérébelleuse et encéphalite lim-
bique). Le groupe II correspond aux anticorps reconnaissant un antigène neuronal de surface. Le tableau d’encéphalite limbique associe
des troubles de l’humeur, du sommeil, des convulsions, des hallucinations et des troubles de la mémoire à court terme pouvant évoluer
vers la démence
CPPC : cancer pulmonaire à petites cellules ; SPN : syndrome paranéoplasique ; DCP : dégénérescence cérébelleuse paranéoplasique.
a
Regroupés au préalable sous l’appellation voltage gated potassium channel, VGKC.
Cette maladie touche préférentiellement des sujets jeunes pronostic de la maladie et enfin la physiopathologie suppo-
et possède une présentation clinique très évocatrice. sée de cette maladie.
L’évolution est favorable chez plus de 75 % des patients, à
condition de mettre en place un traitement adéquat. La
reconnaissance de ces encéphalites est donc essentielle. Présentation clinique
Nous allons, dans cette mise au point, décrire successive-
ment la présentation clinique de l’encéphalite à anticorps L’encéphalite à anticorps anti-R-NMDA survient majoritai-
anti-R-NMDA, le résultat des examens complémentaires, rement chez les femmes (80 % sur la plus grande série de
les traitements proposés à l’heure actuelle, l’évolution et le 419 patients [7]), avec un pic de survenue entre les deuxième
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et cinquième décennies. Un âge médian de 27 ans est respiratoires des voies aériennes supérieures non spécifiques
observé lors de la survenue des symptômes. [2,6,7].
La présentation clinique est stéréotypée associant
Symptômes psychiatriques
rapidement, sur une à quatre semaines, des symptômes
psychiatriques (100 % des cas), l’apparition de crises
Les symptômes psychiatriques sont divers, se manifestant
convulsives (76 %), de mouvements anormaux amples
par une modification du comportement et par l’apparition
de type choréique ou des dyskinésies surtout localisées
de troubles anxieux, de symptômes déficitaires avec insom-
au niveau de la face et de la bouche (86 %), une dysauto-
nie, repli sur soi, retrait social, perte de mémoire et de symp-
nomie (69 %) et une hypoventilation alvéolaire (66 %)
tômes productifs avec hallucinations visuelles ou auditives
pouvant conduire à une hospitalisation en réanimation
et idées délirantes [2,6,7]. Le langage est généralement
(Tableau 2) [2].
touché, avec différents symptômes dont les plus fréquents
sont l’écholalie, la perte du mot, une jargonophasie ou un
Prodromes mutisme. L’évolution peut se faire de manière progressive
vers un état catatonique comprenant des phases d’agitation.
Dans 70 % des cas, la présentation neuropsychiatrique est Chez les enfants, cette première phase se caractérise par une
précédée, dans les 15 jours, de prodromes pouvant faire évo- modification du comportement avec irritabilité, anxiété,
quer un épisode viral avec des céphalées, des nausées, des insomnie, hyperactivité et parfois l’apparition de comporte-
vomissements, une fièvre, une diarrhée ou des symptômes ments sexualisés ou violents, avec une diminution du lan-
gage, voire un mutisme [6,7].
Cette présentation stéréotypée semble très spécifique à la Tableau 3 Résultats des examens complémentaires au cours
fois dans la littérature [11] et dans notre expérience. En effet, des encéphalites à anticorps anti-R-NMDA adaptés des travaux
une équipe allemande a récemment identifié, à partir d’une de Dalmau et al. [2] Une série de 419 patients, incluant ces
série historique de 505 sujets âgés de 18 à 35 ans hospitalisés 100 patients, a récemment été décrite. Cependant, la description
en réanimation, sept patients présentant l’association de clinique y est moins détaillée [7]
signes encéphalitiques avec des symptômes psychiatriques Patients
(agitation, idées paranoïdes, hallucinations), des crises (n = 100)
convulsives, une inflammation du LCR et l’absence d’iden-
tification d’un agent infectieux bactérien ou viral [11], pou- Électroencéphalogramme
vant faire évoquer a posteriori le diagnostic d’encéphalite à Anormal 92 %
anticorps anti-R-NMDA. L’analyse rétrospective sur séro- Activité ralentie (activité delta ou thêta 71 %
thèque a permis de confirmer le diagnostic pour six des généralisée ou prédominant dans les
sept patients. régions frontotemporales)
Activité épileptique 71 %
Pour l’heure, trois cas d’encéphalites à anticorps anti-
IRM cérébrale
R-NMDA ont été rapportés au cours de la grossesse avec
Anormale 55 %
une évolution favorable sous immunothérapie et avec, pour
Lobes temporaux 22 %
deux de ces patientes, une poursuite de la grossesse jusqu’à
Cortex cérébral 17 %
son terme [12,13]. Il est à noter que les anticorps anti-
Cervelet 6%
R-NMDA étaient présents dans le LCR de la mère, mais
Tronc cérébral 6%
absents du sérum de la mère et du nouveau-né. Les auteurs
Noyaux gris de la base 5%
ont proposé que la délivrance a pu accélérer l’amélioration
Prises de contraste 14 %
clinique. Enfin, des formes frustres ou incomplètes, avec
Autres 8%
un seul symptôme prépondérant, ont été décrites [7].
Liquide céphalorachidien
Il n’est pas impossible que de telles formes deviennent
Anormal 95 %
plus fréquentes avec la meilleure connaissance de la mala-
Pléiocytose lymphocytaire 91 %
die et une recherche plus fréquente des anticorps anti-
Protéinorachie augmentée 32 %
R-NMDA.
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L’IRM cérébrale n’est anormale que chez 50 % des chez les femmes. L’échographie abdominale dont l’échogra-
patients [7]. De plus, les anomalies retrouvées sont souvent phie par voie endovaginale, souvent réalisée, ne semble pas
discrètes et aspécifiques (Tableau 3). Les anomalies les plus assez sensible. La probabilité de découverte d’une tumeur
fréquemment retrouvées sont des hypersignaux en séquence sous-jacente est dépendante de l’âge, du sexe et de l’origine
pondérée en T2 ou en fluid low attenuation inversion reco- ethnique. L’association à un tératome ovarien est la plus fré-
very (FLAIR) au niveau des hippocampes et du cortex céré- quente, notamment chez les femmes noires de plus de
bral. Des anomalies de la région frontobasale et insulaire, 18 ans, raison pour laquelle il est nécessaire de pratiquer
des noyaux gris centraux, du cortex cérébelleux, du tronc une IRM pelvienne devant tout diagnostic d’encéphalite à
cérébral ou de la moelle épinière sont moins fréquentes [7]. anti-R-NMDA chez une femme. Seuls 5 % des hommes de
Il est à noter que les anomalies observées peuvent être fuga- plus de 18 ans ont une tumeur sous-jacente, ce qui, selon les
ces et variables d’une IRM à l’autre [14]. experts [1,7], impose tout de même la recherche d’un cancer
L’élément clé du diagnostic est la détection d’anticorps des testicules, du poumon ou d’un lymphome par une TDM
anti-R-NMDA dans le LCR [2,7,15]. Ces anticorps peuvent thoracoabdominopelvienne. Le bilan proposé par le Centre
également être dosés dans le sang, mais c’est leur présence français de référence et de traitement des syndromes neuro-
dans le LCR qui signe le diagnostic. Cette recherche au labo- logiques paranéoplasiques est donné dans la Figure 1.
ratoire se fait en deux temps : une première étape d’immuno- La surveillance clinique et paraclinique nécessaire chez
fluorescence sur coupe de cerveau de rat où il est possible de les patients ne présentant pas de tumeur au diagnostic reste
mettre en évidence l’existence d’un anticorps dans le LCR discutée, mais différents experts proposent :
du patient capable de se fixer sur les coupes de cerveau de rat
et une seconde étape spécifique (Cell Based Assay) utilisant • chez la femme, un suivi clinique et radiologique pendant
deux ans ;
des cellules HEK293 surexprimant les R-NMDA (hétéromè-
res NR1/NR2B) grâce à laquelle il est possible de démontrer • et chez l’homme pas de surveillance particulière compte
tenu de la plus faible association [1,7].
la spécificité des anticorps pour le R-NMDA. Pour les infor-
mations de prélèvements et d’envoi en France, veuillez vous
référer aux informations complémentaires. Parmi plus de
400 patients rapportés par l’équipe de Dalmau et al. [7], Diagnostics différentiels
aucun patient ne présentait des anticorps uniquement
dans le sang. Il est à noter que les traitements immuno- Dans la mesure où les troubles psychiatriques et la présence
modulateurs, immunoglobulines intraveineuses (IgIV) ou de mouvements anormaux ne deviennent évidents que
plasmaphérèses, peuvent négativer les recherches d’anti- secondairement après avoir interrogé la famille, le tableau
corps dans le sang alors qu’ils sont toujours initialement initial est souvent celui d’une encéphalite ou d’une méningo-
présents dans le LCR [7]. encéphalite. Il est ainsi nécessaire d’éliminer rapidement les
La biopsie cérébrale n’a pas de place dans le diagnostic. causes infectieuses. Ainsi, selon les études épidémiologiques
Parmi les 15 patients ayant subi une biopsie cérébrale, celle- récentes française et anglaise [8,20], il est nécessaire d’éli-
ci ne retrouvait pas d’anomalie ou des anomalies non spéci- miner une méningoencéphalite herpétique à Herpes simplex
fiques sous forme d’infiltrats lymphocytaires périvasculaires virus, à VZV, à Mycobacterium tuberculosis et autres germes
principalement B, une très faible infiltration lymphocytaire classiques. Vingt et un pour cent des cas de méningoencé-
T et une activation microgliale [2,16]. Les données autopsi- phalites supposées infectieuses dans l’étude anglaise étaient
ques sont similaires [5,17]. finalement des encéphalites de causes auto-immunes [8].
La tomographie par émissions de positions (PET-TDM) Parmi celles-ci, l’ADEM est la cause la plus fréquente
pourrait apporter une aide au diagnostic en mettant en évi- [9,21,22]. D’autres encéphalites paranéoplasiques (Tableau
dence un hypermétabolisme multifocal cortical et sous- 1) [1,3] ou auto-immunes (encéphalite d’Hashimoto, neurolu-
cortical qui se modifie au cours de la maladie et qui pourrait pus) peuvent être évoquées. Une vascularite cérébrale ou une
avoir sa place dans la prédiction de l’évolution et de la sclérose en plaques sous une forme atypique sont plus rares.
réponse au traitement. Ces signaux seraient visibles même Chez les patients immunodéprimés, il faut savoir recher-
en l’absence d’anomalies à l’IRM [18,19]. cher des causes plus rares d’encéphalites virales (VZV, cyto-
mégalovirus, Ebstein-Barr virus, Human herpes virus-6,
Diagnostic de la tumeur primitive virus JC), parasitaires (toxoplasmose, cryptococcose) ou
bactériennes (listeria, pneumocoque) [8]. Les encéphalites
En raison de l’association fréquente à une tumeur et notam- auto-immunes ou paranéoplasiques sont plus rares dans ce
ment à un tératome [2,7,11], il est recommandé de réaliser un contexte.
bilan d’extension à la recherche d’un syndrome tumoral avec Dans tous les cas, l’entrée dans une maladie psychiatrique
une TDM thoracoabdominopelvienne et une IRM pelvienne doit rester un diagnostic d’exclusion. La présence
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Fig. 1 Proposition de stratégie thérapeutique selon Dalmau et al. [7] et validée par le centre de référence des syndromes neurologiques
paranéoplasiques
d’anomalies du LCR ou de l’IRM rendent impossible l’exis- de 400 patients atteints d’encéphalite à anticorps anti-
tence d’une maladie primitivement psychiatrique. R-NMDA, des propositions thérapeutiques [7]. La prise en
charge thérapeutique repose sur une prise en charge, d’une
part, immunomodulatrice et, d’autre part, étiologique par
Traitement ablation chirurgicale de l’éventuelle tumeur (Fig. 1).
pendant cinq jours associée ou non à des IgIV à 0,4 g/kg par Évolution, pronostic
jour pendant cinq jours [7]. Un traitement par plasmaphérèse
a été proposé à la place des IgIV ou de l’association cortico- La mortalité, évaluée sur plus de 360 patients avec encépha-
thérapie–IgIV. En l’absence de réponse à dix jours, Dalmau lites à anticorps anti-R-NMDA, est de 4 % avec un délai
et al. proposent, chez les patients porteurs d’une tumeur, un médian jusqu’au décès de 3,5 mois (un à huit mois) [2,7].
traitement de deuxième ligne associant du rituximab La plupart des patients sont décédés en réanimation de choc
(375 mg/m2 toutes les semaines pendant quatre semaines) septique, d’arrêt cardiaque, de détresse respiratoire aiguë et
et/ou du cyclophosphamide (750 mg/m2 en même temps d’état de mal réfractaire.
que la première dose de rituximab, suivi d’une dose par Avec un traitement immunomodulateur éventuellement
mois). Le traitement est interrompu lorsque l’amélioration associé à la chirurgie en cas de tumeur retrouvée, la régres-
clinique est notable [7]. sion des symptômes se fait classiquement dans l’ordre
Cette stratégie thérapeutique de première ligne semble inverse de leurs apparitions avec un réveil lent et progressif,
efficace dans 80 % des cas en cas d’ablation de la tumeur une stabilisation du système autonome, la disparition de
[7]. En cas d’absence de tumeur, seuls 48 % des patients l’hypoventilation centrale, la récupération du langage et
auront une évolution favorable avec ce même traitement. Il des fonctions exécutives [7]. Environ 75 % des patients ont
n’existe pas d’étude comparant la corticothérapie ou les une évolution favorable sans séquelle ou avec persistance de
immunoglobulines aux plasmaphérèses. troubles modérés de l’attention, une impulsivité, une désin-
Pour le traitement de seconde ligne, chez les patients sans hibition, des troubles du sommeil avec hypersomnie ou
tumeur diagnostiquée ou avec un retard au diagnostic, un modification du rythme nycthéméral [7]. Il semblerait que
traitement de seconde ligne associant du rituximab les patients gardent à distance une amnésie complète et per-
(375 mg/m2 toutes les semaines pendant quatre semaines) et sistante de l’épisode. Le délai moyen entre le début des
du cyclophosphamide (750 mg/m2 en même temps que symptômes et les premiers signes d’amélioration est de
la première dose de rituximab, suivi d’une dose par mois) huit semaines (entre 2 et 24 semaines) chez les patients
a été proposé avec un bénéfice clinique chez 65 % des pris en charge précocement pour une tumeur, de 11 semaines
patients [7]. (4 à 40) chez les patients traités tardivement pour leur tumeur
Certaines équipes préfèrent essayer les plasmaphérèses et de dix semaines (2 à 50) pour ceux n’ayant pas de tumeur
avant d’envisager un traitement par rituximab. Il n’existe sous-jacente [2].
aucune donnée quant à la durée et au nombre de séances Ces patients sont souvent hospitalisés pendant quelques
de plasmaphérèse nécessaires. mois à la phase aiguë (entre trois et six mois en moyenne et
En raison du risque de rechute, certaines équipes propo- jusqu’à 15 mois en réanimation, données personnelles). Une
sent de maintenir une immunosuppression par mycophéno- longue période de réhabilitation est ensuite souvent
late mofétil ou azathioprine pendant au moins un an [2,7]. nécessaire.
L’évolution de la concentration des anticorps dans le LCR Le risque de rechute est estimé à 25 %, survenant en
peut être utilisée pour le monitorage du traitement et pour moyenne dans les 18 premiers mois, plus fréquent chez les
déterminer sa durée. patientes prises en charge tardivement pour un tératome ou
sans tumeur diagnostiquée ou au décours d’une rechute
tumorale [7].
Résection du tératome
varie en fonction de la localisation cérébrale [5]. Ainsi, la Au niveau synaptique, la liaison des anticorps anti-
sous-unité NR2B est exprimée majoritairement dans la partie R-NMDA sur les épitopes de surface va induire in vitro
antérieure du lobe frontal et dans les hippocampes, formant l’internalisation rapide des R-NMDA entraînant une diminu-
des hétéromères avec NR1 et/ou NR2A, alors que NR2C est tion des courants synaptiques induits par les R-NMDA
retrouvé principalement dans le cervelet [2]. À l’âge adulte, sans modifications des courants glutamate-dépendants des
les hétéromères NR1/NR2B deviennent les récepteurs extra- récepteurs AMPA (2-amino-3-5-methyl-3-oxo-1,2-oxazolyl-
synaptiques majoritaires dans les neurones hippocampiques, propanoic acid) (Fig. 2) [2,26,27]. Différentes études expé-
alors que les hétéromères NR1/NR2A/NR2B deviennent les rimentales in vitro suggèrent que cette réduction des
principaux récepteurs synaptiques de l’hippocampe et du courants induits par les R-NMDA pourrait expliquer les
lobe frontal. Des études in vitro ont montré qu’au cours de symptômes des malades [28]. En effet, les expériences de
la maladie, les anticorps anti-R-NMDA lient des hétéromè- blocage des R-NMDA par la kétamine ou la phencyclidine
res fonctionnels NR1/NR2B ou NR1/NR2A [5] même si ont pu montrer une inactivation des neurones gabaergiques,
l’épitope principal semble se trouver sur la sous-unité NR1 entraînant une dérégulation des voies excitatrices et ainsi une
[2]. Aucune interaction anticorps–récepteur n’est observée augmentation du glutamate extracellulaire, conduisant d’une
lorsque chaque unité est exprimée isolément. D’ailleurs, part aux troubles psychotiques, à la catatonie, à la rigidité et
une des méthodes de détection des ces anticorps fait appel au mutisme et provoquant, d’autre part, les mouvements
à une lignée cellulaire embryonnaire humaine de rein (lignée anormaux stéréotypés [28]. Les signes de dysautonomie
HEK293) surexprimant l’hétéromère NR1/NR2B. observés au cours de la maladie pourraient s’expliquer par
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