Aspects de F'inventaire, I'amgnagement La Gestion Des Ouvrages de Petite Hydraulique Dans Le Occidental Alaerien
Aspects de F'inventaire, I'amgnagement La Gestion Des Ouvrages de Petite Hydraulique Dans Le Occidental Alaerien
Aspects de F'inventaire, I'amgnagement La Gestion Des Ouvrages de Petite Hydraulique Dans Le Occidental Alaerien
1.
A. KOUTI *, M. TAABNI *I J.P. TIHAY **i
.
Les caracdristiques climatiques de l'Algérie, marquees par une ambiance semi-
aride ont imposé dés l'époque coloniale une politique de construction de grands
barrages réservoirs afin de mobiliser les ressources. Celles-ci ont permi
l'aménagement de grands périmètres irrigués et la satisfaction des besoins en eau des
populations urbaines. La période post-coloniale a vu la poursuite de cette politique
dans la mesure où la ressource en eau, malg~équelques problèmes ponctuels,
suffisait au pays. Ceci peut expliquer que l'effort de l'état algdrien en matière de
mobilisation des eaux par le biais de grands ouvrages est notoirement ralenti de 1962
B 1970. La &ennie qui s'achève, caracdrisde par un mît démographique soutenu et
une politique d'industrialisation grande consommatrice d'eau ont fait passer 1'Al&rie
dune "hydraulique minière i!î une gestion sociale de la raret6"2. Ainsi 15 barrages ont
ét6 rhlisds en moins de dix ans, une dizaine d'autres sont en voie d'achèvement B
l'heure actuelle.
Cette politique de grande hydraulique s'est accompagnée lors du plan
quinquennal 1985-1989 dune série de mesures en faveur de la petite hydraulique,
presende comme un complément des grands barrages. Celle-ci devait permettre
l'irrigation de 25000 ha grâce i!î l'ouverture de puits et dun important programme de
retenues collinaires.
On se propose ici d'esquisser un premier bilan de ce programme de retenues
collinaires i!î travers l'analyse dun khantillon réparti sur plusieurs wilayas de l'ouest
algérien.
2 PERENNES (JJ.). Les politiques de l'eau au Maghreb: dune hydraulique miniere h une
gestion sociale de la rarete, Rev. Ghgr. Lyon, Vol. 65, no 1,1990, P. 11 h 20
1
Une retenue collinaire est géneralement définie comme un ouvrage de
mobilisation des eaux de surfaces. C'est un réservoir artificiel barré par une digue en
terre compact& et enrochement dont la hauteur ne dépasse pas 7 mktres, un volume
de remblais compris entre 6OOO et loo00 m3 dune capacité de stockage de 3oooO B
1OOOOO m3, et pouvant bénéficer d'une vanne manuelle. Le bassin-versant peut
atteindre la vingtaine de kilomhtres c d s 3.
Les retenues collinaires ont des objectifs variés:
- irrigation de petites surfaces en zone de piemont,
- régulation des debits d'oued,
- alimentation en eau des population rurales et du cheptel,
..
Tlemcen 79 3 I
Chleff 13 O
Total 234 19
En prenant un volume moyen de Soo00 m3 par retenue cela Quivaut
théoriquement ii un volume théorique mobilisable de 11,7 millions de m3 c'est dire
celui dun barrage de moyenne importance.
4
BILAN DE L'ENVASEMENT
20-30% 40-50% 5060% 100%
DAHR4 3 O 1 2 -
BEM CHOUGRANE 5 5
TR4RJ4s 1 O O 13
m
AL 4 5 1 20
4
Tout ceci conduit à une morphodynamique beaucoup plus diversifiée que les
classes dérosion synthétiques utilisées dans les formules empiriques:
Un ruissellement diffus , responsable d'un décapage d'intensité variable
,généralisé sur les différents bassins versants.
Le ruissellement concentré se traduit partout par I'instalation dun réseau
d'entailles vives depuis les rigoles localisées aux ravinements généralisées (bad
lands).
Les mouve s de masses se manifestent dans le paysage par un model6
chaotique affectant l'ensemble de certains versants (solifluxion pelliculaire, foirages,
glissements rotationnels ).
Les fonds des axes majeurs de drainage sont le siège de sapements lat6raux et
I
de décollements des pieds de versants bordiers.
I.
C e s manifestadons de la dynamique érosive peuvent se combiner et pennettent
de comprendre l'extrême diversité des valeurs des mesures des transports solides
effectuées dans des bassins versants élémentaire.
.
On assiste en fait dans ces milieux B une convergence de nombreux facteurs de
dC@uilibre qui se traduisent par un transfert de matikres solides vers les exutoires,
sans qu'il soit possible d'analyser finement les modalités de cette érosion hydrique.
Tout aménagement de retenue collinaire comporte en soit une part d'incertitudes quant
au dimensionnement optimum de l'ouvrage.
.s:.
'2.
-L
S ENSEIGNEMENTS A TIREL
De ces premières observations de temin et des entretiens avec les institutions et
; :1
'I
personnes chargées de ce programme, il ressort que la démarche empirique adoptée
ne permettait pas l'appréciation des modalités de transfert des &bents et a entrainé
une sous estimation des apports solides.
-"
Problèmes de quantification de ]'envaMement de la retenue
i l
4
DEMMAK et All!, Etude de 16msion et du transport solide dans les zones semi-arides,in
Leau et le Maghreb, un aperçu sur le pdsent, I'heritagq et l'avenir, MdanPNUD, 1988, p. 17-26
6
- 464-
eau, des mouvements de masse "nettoient" les bords de la retenue dont le matCriel
soliflu6 par glissement sous-aquatique s'accumule au fond de la cuvette. Il est bien
entendu tres difficile d'estimer le volume de terre mise en cause.
Dans la plupart des cas observ6, la durée de vie prévue (de l'ordre d'une
dizaine dannée voir plus) estimCe lors de Mude de faisabilit6 se retrouve
considérablement réduite. Les 2/3 de I'Cchantillon montrent un envasement total
atteint au bout des deux premières années de fonctionnement...Les explications sont
Cvidemment multiples.
- un dimensionnement insufisant de la retenue en relation avec le bassin-
versant. En effet le calcul de la crue dbcennde se base sur l'analyse statistique de
Normales dun poste pluviomCtrique parfois tres Cloigné du site.
- la mkonnaissance totale de la dynamique de versant des petits bassins.
Penser en &oulement de lame d'eau missel& ,même chmgCe de scents demure
insuffisant. Le calcul des transports solides spécifiques ne tient pas compte de
phCnom2nes fréquents: des glissements de terrain obstruent le fond des ravines et
induisent la formation de laves torrentielles dont la charge spécifique peut être
multipliée par 5. Ces laves sont relayks de manihe discontinue par les Cboulements
de berge. Il n'est donc pas du tout aberrant de constater une accumulation de terres 3
t. ,
ii 5 fois supérieure aux volumes prévus.
4.PERSPEC"ES -
L'analyse cidessus permet de tirer un certain nombre de recommandations:
- La nCcessit6 urgente de prendre en compte dans les Ctudes de faisabilité, les
variables rigissant le fonctionnement des petits bassins-versants.
Le diagnostic ne peut s'appuyer sur une simple compilation du genre carte
gCologique au 1/50.O0O0 qui se rCvble insuffisante. L'Ctude doit comporter une
cartographie dCtaillCe des zones susceptibles de fournir la charge solide qui
hypotheque la dur& de vie des ouvrages. 4
- la nCcessitC de pondCrer les formules de calibrage des ouvrages par le
recoupement de l'inventaire cartographique dCtaill6. Une estimation même qualitative
peut être plus fiable que celle issue de formules standards.
- la nkessit6 dune Cvaluation de la rentabilite tkonomique du projet et de la
definition de l'objectifr&l de la retenue.
Ainsi certaines retenues ont plus fonctionnt5 comme banages B suments que
comme rCservoirs deau utilisable. Cette fonction non prévue par le projet n'est pas
ininteressante en soit B condition qu'elle fasse partie dun plan d'aménagement de
grands bassins-versants. Les difficult& tkonomiques actuelles impliquent encore
plus une dCfinition des objectifs prioritaires. Que dire alors de l'installation d'une
retenue collinaire B l'amont dun site dCpourvu de terres irrigables...
- l'insertion dun programme de retenue dans un plan damenagement global
dun bassin-versant ou dun terroir. Les Ctudes techniques se rCv2lent insuffisantes si
la population concemde par les ouvrages n'adh2re pas au projet. Une campagne de
sensibilisation permettrait alors d'associer les populations aux travaux de restauration
et d'entretien.
CONCLUSION
Malgr6 son ampleur, ce programme, n'a pas, au vu du nombre d'ouvrages
endommagés, bCnCficiC de la rigueur necessaire quant B sa mise en oeuvre. La
dtkision administrative trop hâtive de construction a souvent pris le pas sur les Ctudes
de faisabilitb. Il s'agit souvent dune dkision de construction d'une digue sans Ctude
pdalable dCtaill6-e. II n'est donc pas &onnant dc relever un taux dtkhec 1 ~ 6 ClevC.
s
Par ailleurs au plan Cconomique, il n'est pas sûr qu'un saupoudrage d'actions
au niveau de l'espace des wilayas soit la formule la mieux adaptée pour la
dynamisation de l'activi tC agricole .Les rares petits pCrim2tres d'irrigation
dCveloppCs ne marquent pas le paysage rural.Leur pCrCnnitC apparait
hypothCtique.Ceci revient B poser le probl2me de sClection rigoureuse des sites
potentiels amdnageables. Compte-tenu des apports massifs de stkliments ne devrait-
on pas s'orienter vers un dimensionnement supérieur des ouvrages accompagné
dune &rie de travaux de restauration (bacs B sMments, VCgCtalisation des secteurs
critiques...). Dans tous les cas la dCcision devrait être précédée dune Cvaluation
konomique du projet.