Cours Regimes Totalitaires
Cours Regimes Totalitaires
Cours Regimes Totalitaires
philosophes qualifieront plus tard de« régimes totalitaires ». Il s’agit de l’Italie sous Mussolini entre 1922 et 1945, de l’URSS sous Staline entre 1924
et 1953 et de l’Allemagne sous Hitler entre 1933 et 1945. Raymond Aron, philosophe français, propose cinq critères qui permettent de définir un «
- l’État détient le monopole des moyens de violence (pour assurer la répression politique) et propagande (pour diffuser son idéologie) ;
Problématique : Quels points communs et différences peut-on relever entre les trois régimes totalitaires, à la fois dans leur mise en place et leur
fonctionnement ?
En octobre 1917, une révolution éclate en Russie lors de laquelle les bolcheviks (nom des communistes en Russie) prennent le pouvoir : Lénine est à
la tête du pays et impose une dictature. La guerre civile oppose entre 1918 et 1920 les « rouges » (camp des communistes) aux « blancs » (camp des
partisans de l’ancien régime impérial). Elle se solde par une victoire des rouges et l’instauration de la « terreur rouge » (politique de répression
envers ceux que les communistes considèrent comme des ennemis). En 1924, Lénine meurt et une bataille de succession s’engage entre les leaders
communistes.
Staline parvient à s’imposer dans cette guerre de succession en deux temps. Il prend d’abord la tête du PCUS (nom du parti communiste d’URSS) en
1924 puis il élimine politiquement et physiquement tous ses concurrents avant de s’imposer définitivement à la tête de l’État soviétique en 1928. Par
exemple, Trotski, le bras droit de Lénine, qui constituait le plus sérieux concurrent pour Staline, est chassé du gouvernement en 1924, du PCUS en
1927 et banni d’URSS en 1929. Il se cache au Mexique mais est finalement assassiné par les services secrets soviétiques sur ordre de Staline en
1940. Bien d’autres seront éliminés (Zinoviev, Kamenev, Beria… et certains jusque dans les années 1950 alors qu’il n’y avait plus de menaces réelles
pour le pouvoir de Staline). La prise du pouvoir de Staline est donc non seulement illégale (puisque Lénine déjà avant lui tenait son pouvoir d’une
révolution lors de laquelle il avait pris le pouvoir par la force) mais elle est, en plus, violente puisqu’elle passe par l’élimination politique et physique
En 1919, lors de la signature du traité de Versailles, l’Italie est parmi les vainqueurs. Elle, qui avait commencé la guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, a
rejoint la France et le Royaume-Uni en 1915 parce qu’ils lui avaient promis des territoires. La promesse faite par les Français et les Britanniques est partiellement tenue en 1919 :
l’Italie reçoit le Tyrol du Sud, le Trentin et l’Istrie mais elle n’obtient pas Fiume, la Dalmatie et la Valona (où vivent d’importantes minorités italophones). Une partie des Italiens se
sent trahie : elle dénonce une « victoire mutilée ».
En 1919, l’Italie connaît des grèves dans les usines et dans les grandes exploitations agricoles. Pour casser ces grèves, Mussolini met à disposition des patrons la milice
(groupe armé non officiel) qu’il a fondée en 1919 : les « faisceaux de combat ». Grâce à cela, Mussolini obtient la confiance des catégories dirigeantes et organise un coup de
force : le 28 octobre 1922, il fait défiler les fascistes dans les rues de Rome : c’est la « marche sur Rome ». Le roi Victor Emmanuel III prend peur et nomme Mussolini Premier
ministre. L’arrive au pouvoir de Mussolini est donc légale : il a été investi de ses fonctions par le roi d’Italie, conformément à la constitution d’alors.
Le 9 novembre 1918, l’empereur Guillaume II abdique et la République est proclamée. Le 11 novembre, celle-ci signe l’armistice, ce qu’une partie des Allemands n’accepte pas
car le territoire n’est pas envahi. Le 28 juin 1919, l’Allemagne signe le traité de Versailles qui impose des conditions très dures : perte de 20% du territoire (qui est coupé en deux
pour permettre la création de la Pologne), démantèlement de la flotte militaire, occupation française des régions minières de la Sarre et versements de 132 milliards de marks-or
au titre des dommages de guerre. Une grande partie des Allemands considère que ce traité est un « diktat » (décision imposée).
Le traité de Versailles plonge l’Allemagne dans une sévère crise économique et sociale qui s’amplifie avec la crise de 1929. Dans ce contexte, le NSDAP, qui n’est encore
qu’un minuscule parti, tente un coup d’État à Munich en 1923 (mais il échoue et Hitler est emprisonné jusqu’en 1928). L’inflation et le chômage augmentent pendant les
années 1920 et 1930. À sa sortie de prison, Hitler réorganise le NSDAP et le lance dans le jeu électoral. Il oriente son discours vers les frustrations du traité de Versailles
et les effets de la crise : en 1928, le parti ne recueillait que 2,6% des voix aux législatives ; en 1932, il est la première force politique allemande avec 43,9% des voix. Le 30
janvier 1933, le Président de la République, le maréchal Hindenburg, nomme Hitler chancelier (chef du gouvernement). L’arrivée au pouvoir des nazis est donc légale et
démocratique.
Les régimes totalitaires naissent des conséquences de la Première Guerre mondiale : des troubles qu’elle génère, des frustrations ou des traumatismes qu’elle induit et
qui constituent un terreau favorable à leur mise en place.
1937-1938 : la Grande Terreur
en URSS
Etude de documents
A. Le culte du chef
• Dans les régimes totalitaires, le culte de la personnalité (utilisation massive de la propagande autour de la personne du chef afin d’en véhiculer une image positive)
est omniprésent. Ils mettent en scène l’unanimité supposé de la population autour de son chef lors de cérémonies, sur des films ou sur des affiches. Le chef est
présenté par la propagande (ensemble d’actions effectuées pour faire penser et agir la population d’une certaine façon) comme un surhomme infaillible et
entièrement dévoué au peuple, qui lui doit une obéissance aveugle. Ainsi, les termes Führer, Duce et Vodj – surnoms donnés à Hitler, Mussolini et Staline – signifient
tous « guide ».
• Le chef est à la tête d’une dictature (régime dans lequel une personne concentre tous les pouvoirs) : Staline est Premier secrétaire du PCUS dès 1925, Mussolini
dispose des pleins pouvoirs dès 1926 et Hitler dès 1934. L’État totalitaire est anti-démocratique : il n’est pas fondé sur la séparation des trois pouvoirs (exécutif,
législatif et judiciaire) et le respect des libertés.
PPO 1
• « 1937-1938 : la Grande Terreur en URSS »
En 1937 et 1938, Staline organise la « Grande Terreur ». Elle vise à « éliminer » des ennemis réels ou supposés du régime : des koulaks (paysans s’étant opposés à la
collectivisation), des « gens du passé » (partisans du tsar, grands propriétaires terriens, industriels…), marginaux, membres du clergé, minorités vivant en URSS (Polonais,
Ukrainiens, Allemands…). Elle se produit selon des modalités précises : les victimes sont arrêtées et jugées devant des tribunaux. Elles peuvent être soit déportées dans les
camps du Goulag (camps de travaux forcés), soit exécutées. La
« Grande Terreur » se solde par 7 500 000 d’exécutions et 800 000 déportations.
PPO 2
« 9-10 novembre 1938 : la Nuit de cristal »
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, a lieu, dans toute l’Allemagne, la « Nuit de cristal ». L’objectif des nazis est clair : faire en sorte que les 6 000 juifs qui restent encore
en Allemagne quittent le pays d’eux-mêmes. Cette nuit-là, les nazis détruisent et pillent les boutiques juives et les synagogues et les familles juives contraintes à vendre leurs
biens pour un prix ridicule. Seuls les juifs défendant leurs biens sont arrêtés. À la suite de cet événement, la législation anti-juive est durcie : interdiction d’exploiter un
magasin, obligation de paiement d’un impôt d’un milliard de Reichsmarks et interdiction d’assister à tous les spectacles
D Des idéologies opposées.
• L’idéal soviétique est le communisme (idéologie qui prône l’avènement d’une société égalitaire fondée sur la propriété collective des moyens de production). Il est
pensé par le philosophe allemand Marx qui prévoyait qu’une société communiste, c’est-à-dire sans classes sociales et sans État, serait mise en place après une
révolution anti-bourgeoise et une période de dictature du prolétariat. Après la révolution d’octobre 1917, les bolcheviks abolissent la propriété privée mais cela suscite
l’hostilité des paysans et désorganise l’économie. En 1928, Staline décide d’accélérer la collectivisation (prise de possession des moyens de production par l’État) et la
planification (définition d’objectifs de production) de la production industrielle.
• Le projet du fascisme (idéologie qui chercher à restaurer la grandeur de l’Italie) souhaite créer un peuple de guerriers, soumis à l’autorité de Mussolini, afin de
permettre au pays de retrouver la grandeur de l’Empire romain. Initialement, cette doctrine n’est pas raciste mais elle le devient en 1938, lorsque l’Italie s’allie à
l’Allemagne : dès lors, un antisémitisme d’État est mis en place (les juifs sont recensés et les juifs étrangers sont expulsés du pays).
• Le nazisme (idéologie prônant l’inégalité des races et la supériorité de la race aryenne) apparaît dans un livre rédigé en prison entre 1924 et 1925, intitulé Mein Kampf,
où Hitler théorise la supériorité de la race aryenne (nom donné par les nazis à la prétendue race germanique supérieure d’origine nordique). Au nom de cette idéologie,
une politique antisémite est mise en place : les magasins juifs sont boycottés et les juifs sont marginalisés par les lois de Nuremberg (1935). Par ailleurs, Hitler souhaite
conquérir un vaste territoire, appelé « espace vital » pour assurer la prospérité d’un État réunissant toutes les populations germanophones.
A. L’exaltation de la guerre
• En Italie comme en Allemagne, la guerre est exaltée : dans ces pays, la guerre est un moyen de revivifier le peuple, de manifester sa puissance et de consacrer la domination
des plus forts. L’URSS, elle, ne manifeste aucune velléité guerrière dans les années 1930.
• Pour les fascistes, la guerre est le moyen de conquérir des territoires pour retrouver la puissance de l’Empire romain : en mai 1936, l’Italie fait la conquête de l’Éthiopie.
• Pour les nazis, la guerre est l’occasion d’éliminer les plus faibles et de donner un « espace vital » indispensable à la survie de la race aryenne. Le pangermanisme (volonté de
regrouper tous les peuples d’origine germanique au sein d’un même État) a également pour but de réunir toutes les populations « de sang et de langue allemands » au sein d’un
grand Reich incorporant l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
PPO 3
« Les interventions étrangères dans la guerre civile espagnole »
Entre 1936 et 1939, les régimes totalitaires interviennent dans la guerre civile espagnole pour des raisons idéologiques (soutien aux franquistes ou aux républicains) et
stratégiques (l’armée allemande teste son armement). Ces régimes interviennent en envoyant des soldats (75 000 soldats italiens), des armes (900 chars soviétiques) et en
bombardant (Guernica bombardée par l’Allemagne en 1937). La guerre s’achève en 1939 lorsque les franquistes prennent Madrid. L’arrivée au pouvoir de Franco renforce les
régimes autoritaires d’extrême- droite au détriment des démocraties libérales (France) ou de l’idéologie communiste (URSS).
C. L’escalade (1938-1939)
• Le Royaume-Uni et la France préfèrent ne pas réagir face provocations de l’Italie et de l’Allemagne. Leurs opinions publiques, encore marquées par l’expérience de la Grande
guerre, sont attachées au pacifisme (idéologie cherchant à maintenir la paix par tous les moyens). Neville Chamberlain, le Premier ministre britannique, défend une politique
d’apaisement, fondée sur des négociations, pour éviter la guerre à tout prix.
• Profitant de la faiblesse des démocraties, Hitler engage son projet de grand Reich : en mars 1938, l’Autriche est annexée (Anchluss). Toujours en 1938, il réclame les Sudètes,
région de Tchécoslovaquie où vivent 2 millions de germanophones. En septembre 1938, la conférence de Munich, impose à la Tchécoslovaquie de céder les Sudètes aux nazis.
Le Président du conseil français, Édouard Daladier, cède aux exigences d’Hitler pour préserver la paix.
• Hitler poursuit sa politique d’expansion vers l’Est. En mars 1939, la Wehrmacht entre dans Prague, la capitale de la Tchécoslovaquie. En août 1939, les ennemis allemands et
soviétiques signent un Pacte de non-agression, qui prévoit en secret le partage territorial de la Pologne.
Conclusion
• Les régimes totalitaires sont nés dans trois États européens pendant l’entre-deux-guerres : ces États étaient déstabilisés par la guerre, ce qui a permis l’arrivée au pouvoir
de Mussolini, Staline et Hitler. Bien que présentant des idéologies différentes, ces régimes ont un fonctionnement proche. Dans les années 1930, quand ils sont bien
installés, ils déstabilisent le fragile équilibre européen.
• Les régimes totalitaires ont un double impact sur l’ordre européen : ils s’affirment comme des régimes radicalement opposés – dans leurs idéologies et leur
fonctionnement – aux démocraties occidentales. D’autre part, par leur politique étrangère, ils constituent une menace pour la paix.
• Le 1er septembre 1939, dans la logique de la politique d’expansion menée depuis 1938, l’armée allemande franchit la frontière polonaise : c’est le début de la Seconde
Guerre mondiale en Europe.