Textocollege 3e GP
Textocollege 3e GP
Textocollege 3e GP
© HACHETTE LIVRE 2008, 43, quai de Grenelle, 75 905 Paris Cedex 15 • ISBN 978-2-01-125509-9
www.hachette-education.com
Sommaire
Présentation
Le manuel de l’élève ................................................................................................... 5
Les séquences ............................................................................................................. 5
Les lectures d’œuvres intégrales .................................................................................. 7
Les leçons de langue ................................................................................................... 8
Les points méthode .................................................................................................... 9
Les apports du livre du professeur ............................................................................... 9
Programme de la classe de 3e
correspondance avec les pages du manuel .................................................................. 10
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Présentation
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donner à telle ou telle séquence, de la dimension Les séquences 8 et 9 traitent bien spécifique-
de l’œuvre que l’on étudie de manière intégrale, ment de genres inscrits au programme de 3e et
etc. que les élèves n’ont donc pas encore abordés au
collège en tant que tels. Avec la séquence 8 qui
Progression des séquences porte sur l’autobiographie, c’est « l’expression de
Les séquences présentées dans Textocollège 3e se soi » qui domine, et le regard que l’on porte sur
suivent dans un ordre réfléchi, mais qui n’implique sa propre personne. L’accent est différent dans la
aucune contrainte d’utilisation. séquence 9 : elle s’intéresse aux genres qui repo-
Les séquences 1 et 2 donnent l’occasion de révi- sent sur le témoignage (notamment les mémoires),
ser les éléments fondamentaux concernant le récit, genres où « la prise en compte d’autrui » est
éléments que les élèves ont acquis en 6e, 5e et 4e : importante, ainsi que le regard porté par l’auteur
tout ce qui concerne la chronologie (séquence 1), sur le monde qui l’entoure et auquel il participe.
et tout ce qui concerne le narrateur et le point de Les deux séquences sont complémentaires et l’on
vue narratif (séquence 2). Des apports nouveaux pourra, selon les années, mettre en œuvre soit
permettent d’approfondir les notions acquises, l’une, soit l’autre, le programme précisant en effet :
notamment une réflexion sur la nouvelle et ses « Autobiographie et/ou Mémoires ». Ces séquences
sous-genres (séquence 1), et la notion de récit requièrent des élèves une maturité certaine puis-
encadré (séquence 2). qu’elles conduisent à réfléchir sur la vie et le fait de
Les séquences 3 et 4 s’appuient sur des genres la raconter, ainsi que sur la place de l’individu dans
que les élèves ont déjà abordés au cours des années le monde : pour ces raisons, il a paru judicieux de
précédentes : roman, théâtre. En axant sur la ques- placer ces séquences parmi les dernières.
tion du personnage, la séquence 3 permet d’ap- La séquence 10, consacrée à la poésie, figure en
profondir le travail sur la description et les paroles fin de parcours car en privilégiant la poésie lyrique
(dialogues). Quant à la séquence 4, elle montre la et la poésie engagée, elle met bien en évidence les
diversité des sous-genres au théâtre, et considère, deux axes majeurs du programme de 3e : expres-
conformément à la prescription du programme, le sion de soi et prise en compte d’autrui ; elle permet
théâtre comme un art reposant sur un lien néces- une agréable conclusion au travail de l’année de 3e.
saire entre verbal et visuel.
La séquence 5 se situe dans la continuité de la Organisation des séquences
séquence 4 : elle associe le théâtre à un autre art Dans les séquences proposées par Textocollège 3e,
dans lequel le visuel est également primordial : le l’ordre des activités va principalement de la récep-
cinéma. L’œuvre choisie – la pièce d’Edmond tion (lire des textes, observer des images) à la pro-
Rostand Cyrano de Bergerac – a été retenue parce duction (écrire et dire des textes). Dans la pratique,
qu’elle est d’une indéniable importance culturelle ces activités peuvent se succéder ou s’entrecroiser.
et aussi parce que le film auquel elle a donné Le manuel établit, pour chaque séquence, un
naissance (Cyrano de Bergerac, de Jean-Paul lien avec quelques outils de langue privilégiés,
Rappeneau) est considéré comme une réussite ceux qui par leur nature s’imposent pour la
dans le domaine des adaptations d’œuvres litté- séquence concernée. Grâce à cette mise en relation
raires au cinéma. logique du contenu de chaque séquence avec
Avec les séquences 6 et 7, les élèves abordent quelques leçons de langue situées dans la seconde
le principal élément nouveau dans le programme partie du manuel, le décloisonnement est complet
de 3e, l’étude de l’argumentation. Cette étude est et les élèves comprennent mieux le sens de leurs
en elle-même une nouveauté : les élèves n’ont apprentissages. Rappelons que, dans les pro-
eu auparavant, sur cette forme de discours, que grammes de français, l’étude des textes n’a pas
des éléments de repérage (classes de 6e et 5e) et pour objectif de faire acquérir des notions de
d’initiation (classe de 4e). Dans Textocollège 3e langue ; c’est de l’inverse qu’il s’agit : l’étude de la
l’étude de l’argumentation fait l’objet de deux langue fournit des outils pour mieux comprendre
séquences pleines et entières : la séquence 6 est et produire des textes. L’étude de la langue est au
centrée sur « l’expression de soi » et la séquence 7 service des textes et non l’inverse. C’est pour cette
sur « la prise en compte d’autrui », pour reprendre raison que, dans les exemples que nous proposons
les termes mêmes du programme de 3e. Il s’agit pour mettre en pratique les séquences, l’étude des
bien sûr de mettre en lumière tantôt l’un, tantôt outils de langue précède souvent les autres activi-
l’autre de ces deux aspects qui, dans la réalité tés. C’est aussi pour cette raison que l’on trouve
des textes, sont toujours associés. Quand une dans le manuel, après les questionnaires portant
personne exprime son opinion, il y a toujours, sur les textes, en bas de page, un rappel des princi-
en effet, implicitement, l’opinion adverse, comme pales notions utilisées pour l’étude de ces textes,
inscrite en creux. avec renvoi aux leçons concernées.
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Dans la partie Étudier des textes et des images, réalisés par une classe de niveau moyen dans les
les documents sont suffisamment nombreux pour conditions actuelles de l’épreuve de français
offrir un choix. Ils sont de nature, de longueur et de (1 heure 15 pour les questions et la réécriture,
difficulté fort variées, ce qui permet de diversifier 1 h 30 pour la rédaction). On trouvera dans les
les modalités d’exploitation et de choisir selon les corrigés de ces bilans Vers le brevet une proposi-
besoins. Rappelons qu’étudier un texte en une tion de dictée bien adaptée. On n’hésitera pas
heure n’est qu’une possibilité parmi d’autres. à modifier ces bilans, par exemple en suppri-
Le manuel contient par exemple des textes courts mant des questions portant sur des points qu’on
que l’on peut regrouper pour mener une étude n’aurait pas eu le temps ou l’occasion de traiter.
par comparaison en une seule séance, certains On pourra également changer ou ajouter une
sont même regroupés d’office dans une telle question, car les élèves les plus futés auront tôt fait
perspective, par exemple à la page 162 ou aux de comprendre la nature et l’usage de ce bilan,
pages 262-263. et l’auront peut-être préparé à la maison en béné-
Les parties S’exprimer à l’écrit et S’exprimer à ficiant d’une aide.
l’oral ont été placées en fin de séquence pour une
harmonisation sur l’ensemble du manuel. Dans la
pratique, elles peuvent être effectuées en début de
séquence (pour mettre en évidence les besoins des
élèves), en cours de séquence (pour faire utiliser les LES LECTURES D’ŒUVRES INTÉGRALES
moyens étudiés), ou en fin de séquence (pour véri-
fier les acquis). Remarquons qu’il est en général Durée
plus judicieux de privilégier en début de séquence En accord avec le programme de la classe de 3e
les activités de lecture, d’étude de textes et et le document qui l’accompagne, les lectures
d’images : les élèves découvrent ainsi des moyens d’œuvres intégrales que nous proposons peuvent
pour améliorer leur capacité d’expression avant toutes être réalisées en quatre ou cinq séances. Il
d’être amenés à s’exprimer eux-mêmes. Quand la conviendrait d’ajouter un moment consacré à un
production écrite vient après l’étude des textes et contrôle (de préférence écrit) sur la lecture par
des images, et d’autant plus quand elle est placée l’élève de l’ouvrage concerné et sur ce que l’élève a
en fin de séquence, elle peut être considérée retenu de l’étude qui a été menée.
comme un bilan permettant de vérifier les princi- On peut prendre la lecture d’une œuvre inté-
paux acquis. grale comme axe d’une séquence plus riche, obte-
Les exercices écrits proposés appellent des pro- nue en ajoutant une ou deux séances d’expression
ductions de longueur raisonnable ; il n’a pas sem- écrite ou orale et une ou deux séances d’étude de
blé judicieux d’indiquer un volume précis (nombre la langue ; on construit ainsi une séquence d’une
de lignes ou de pages) tant les possibilités des dizaine d’heures, ce qui est la durée moyenne offi-
élèves sont différentes. Quant aux exercices oraux, ciellement indiquée pour les niveaux de 5e et 4e,
ils sont conçus pour être réalisés de manière brève rien de tel n’étant précisé pour le niveau 3e : « […]
et pour être, par conséquent, effectués par tous les les limites de la séquence unifiée et cohérente
élèves de la classe, sur une période pas trop longue. que [l’étude d’une œuvre intégrale] permet de
Rappelons, sur ce point, que les textes officiels construire – et que l’on peut raisonnablement fixer
insistent à plusieurs reprises sur la nécessaire briè- à une dizaine d’heures maximum pour une pièce
veté des exercices oraux : il vaut mieux que vingt de théâtre ou un roman – imposent de faire des
élèves effectuent un exercice oral de trois minutes, choix… » (Accompagnement des programmes de 5e
plutôt que trois élèves fassent un exercice de vingt et 4e).
minutes. Un exercice oral de quelques minutes est
d’ailleurs suffisant pour juger les capacités orales Démarche
d’un élève et lui donner des conseils pour progres- Plusieurs démarches peuvent être envisagées
ser en ce domaine. pour la lecture et l’étude d’une œuvre intégrale,
Chaque séquence s’achève par un bilan intitulé compte tenu principalement du genre de l’œuvre,
Vers le brevet parce qu’il est précisément composé de sa longueur et de sa densité. Quoi qu’il en soit,
comme une épreuve de brevet. Les élèves ont ainsi on n’oublie pas que l’objectif majeur de cette
l’opportunité de s’entraîner plusieurs fois en cours activité est toujours la compréhension globale
d’année au type d’épreuve demandé à cet examen : de l’œuvre : la lecture d’une œuvre intégrale, c’est
un texte suivi de questions reprenant les principaux « une analyse de l’œuvre considérée comme un “tout
points traités au cours de la séquence, un exercice de signification” » (« Les activités et les séquences »
de réécriture puis un exercice de production écrite dans Accompagnement des programmes de 3e). Ainsi
(rédaction). Ces bilans sont conçus pour être les études que nous proposons se terminent
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toujours par une séance de synthèse qui conduit LES LEÇONS DE LANGUE
l’élève à porter un regard général sur l’œuvre, ce
qui favorise la compréhension du sens et le déve- Présentation de la partie
loppement de l’esprit critique. Plutôt que de disséminer au fil de l’ouvrage
Nous avons retenu la méthode qui consiste à diverses remarques concernant la langue, nous
lire et étudier l’œuvre par étapes, au fil de sa décou- avons choisi de construire de véritables leçons
verte par les élèves. Elle permet à la fois de mainte- complètes mais concises, et nous avons choisi de
nir l’intérêt et d’offrir aux jeunes élèves le fort gui- regrouper ces leçons en une seule partie, Les
dage dont ils ont souvent besoin, de rectifier à Outils de langue, suivant un axe clair : du mot au
temps les éventuelles erreurs de compréhension. texte. Nous souhaitons ainsi aider les élèves à com-
On ne lit ou on ne relit en classe que les passages prendre la cohérence de la langue, la relation entre
les plus importants de l’œuvre ; les autres passages les notions, et favoriser la mémorisation de ces der-
auront été lus en dehors de la classe (à la maison, nières. Par le choix des titres des leçons notam-
généralement), et un résumé en sera fait en classe ment, l’ouvrage fait bien apparaître aux yeux des
par un élève ou par le professeur. On pourra bien élèves, et dans leur esprit, les principaux niveaux
sûr adapter cette démarche selon les circonstances. d’organisation : mot, groupe, proposition, phrase,
Si l’on a par exemple affaire à des élèves bons lec- texte. Ainsi la langue n’apparaît pas comme un
teurs, on peut leur demander de lire l’œuvre entiè- bric-à-brac de notions accumulées mais comme un
rement tout seuls, d’abord, pour la découvrir, et on ensemble d’éléments hiérarchisés, que les élèves
procède ensuite à l’étude de cette œuvre propre- peuvent comprendre, et dont ils peuvent acquérir
ment dite. Cette démarche peut par exemple être progressivement la maîtrise. Ce regroupement des
suivie pour le recueil de poèmes Histoires, dont leçons de langue en une seule partie présente éga-
l’étude proposée ne procède pas par tranches, lement l’avantage de la souplesse : cette partie est
mais par regroupements successifs de poèmes pris suffisamment indépendante pour être utilisée selon
à différents endroits dans l’œuvre. le rythme des élèves et leurs besoins.
De toute manière, on choisit toujours des objec- La partie Les Outils de langue s’organise selon les
tifs précis à l’étude d’une œuvre intégrale et on quatre dominantes habituelles : d’abord le vocabu-
l’organise autour d’axes préalablement définis, afin laire (on présente les principaux éléments de base,
qu’elle ne s’enlise pas dans un simple commentaire les mots), puis la conjugaison (on présente les
au fil de l’œuvre. La principale finalité de cet exer- variations d’un mot particulier, le verbe), ensuite la
cice, outre d’apporter aux élèves un enrichisse- grammaire (on explique les règles d’agencement
ment culturel, est en effet de leur apprendre à entre les mots, les groupes, les phrases), enfin
aborder méthodiquement des œuvres afin qu’ils l’orthographe (on s’attache à l’écriture exacte
puissent en lire eux-mêmes, et les amener à com- des mots qui découle de tout ce qui a été traité
prendre de mieux en mieux les œuvres qu’ils lisent ; précédemment).
ils deviendront ainsi des lecteurs autonomes et
avertis. Démarche de la leçon
Dans chaque leçon de langue, le cheminement
Choix des œuvres suit la démarche recommandée dès la classe de 6e
Les œuvres que nous avons retenues pour cette et rappelée pour les niveaux ultérieurs : observa-
activité de lecture d’œuvre intégrale appartiennent tion d’un document (en général un texte) et mise
à différents genres et sous-genres : pour amener à en évidence du fait à étudier, puis mise en applica-
la lecture personnelle des élèves de cultures et de tion immédiate.
goûts fort divers, nous nous devons en effet de leur L’exposé des connaissances va à l’essentiel. Il
présenter une gamme suffisamment ouverte s’agit de faire comprendre la teneur et l’utilité
quant aux genres, à la provenance des œuvres, etc. d’une notion, et non d’en présenter les moindres
On trouvera donc des œuvres classiques et de litté- détails. Il s’agit aussi de mettre en perspective les
rature pour la jeunesse, de genres divers, et présen- différentes notions, les unes par rapport aux autres,
tant les meilleures garanties quant à la qualité du de manière claire et progressive, afin que l’étude de
style et du contenu. La plupart figurent dans la la langue prenne sens dans l’esprit des élèves. Ainsi,
« Liste d’œuvres “classiques” et de littérature pour la par exemple, aux leçons sur l’énonciation succè-
jeunesse », publiée en annexe au document Accom- dent celles sur la modalisation et celle sur les effets
pagnement des programmes de 3e. Dans le présent dans le texte (mise en relief, figures de style).
ouvrage, chaque corrigé de lecture d’œuvre inté- Pour renforcer cette démarche, nous avons déli-
grale est précédé d’une présentation qui explique bérément choisi de faire figurer en toutes lettres les
le choix de l’œuvre et suggère des pistes d’étude et mots désignant les notions étudiées, par exemple
de réflexion. « complément d’objet direct ». Ce souci de précision
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En ce qui concerne les formes de discours, la progression d’ensemble du collège est la suivante :
– en 6e : étude de la narration, repérage de l’argumentation ;
– en 5e et 4e : étude approfondie de la narration conduisant à y intégrer la description et le dialogue, approche de l’ex-
plication, qui prépare à l’étude de l’argumentation ;
– en 3e : étude de l’argumentation, et poursuite de l’étude des autres formes de discours.
Objectifs de la classe de 3e
Dans le cadre des objectifs généraux du collège, la classe de troisième représente une étape décisive pour la maîtrise
des discours. Les apprentissages s’organisent selon trois directions essentielles.
1. La compréhension et la pratique des grandes formes de l’argumentation, qui constituent pour les élèves l’innovation
principale. Leur étude associe celle des discours narratif, descriptif et explicatif ;
2. La deuxième direction concerne l’expression de soi. Celle-ci peut se manifester dans le récit ou l’argumentation, et
mettre l’accent sur l’implication et l’engagement (opinion, conviction, émotion), ou au contraire la distanciation et le
détachement (objectivité, distance critique, humour).
3. La prise en compte d’autrui, envisagée à la fois dans sa dimension individuelle (dialogue, débat) et dans sa dimension
sociale et culturelle (ouverture aux littératures étrangères, notamment européennes).
Ces objectifs orientent les pratiques de lecture, d’écriture et d’oral, combinées dans les séquences qui organisent l’année.
Lecture et expression sont toujours liées.
I – LA LECTURE
A. Objectifs
Le principal objectif pratique de la lecture en 3e est de consolider l’autonomie des élèves
face à des textes divers.
Les principaux objectifs de connaissance sont :
• l’étude de l’expression de soi,
• la prise en compte de l’expression d’autrui.
B. Textes à lire
a. Approche des genres
• Autobiographie et/ou Mémoires : on engage la réflexion sur le discours autobiographique, on pp. 188-215,
observe comment le narratif s’y associe souvent à l’argumentatif. 220-245
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• Poésie : on met l’accent notamment sur la poésie lyrique et la poésie engagée y compris la pp. 246-275
chanson.
• Roman et nouvelle : on poursuit l’étude des formes narratives, en diversifiant les textes et les pp. 12-31, 32-33,
pratiques de lecture. 56-81
• Théâtre : on souligne la relation entre le verbal et le visuel dans l’œuvre théâtrale. pp. 86-113
Ces œuvres, au choix du professeur, devront inclure au moins un titre pris dans les littératures
européennes. Les méthodes de lecture mises en œuvre se répartiront, à parts égales, entre la
lecture cursive, l’étude de l’œuvre intégrale, l’approche par un ensemble d’extraits.
Textes documentaires
Pour conduire les élèves à une plus grande autonomie dans le choix et le maniement des docu-
ments, on développe l’usage de dictionnaires, d’usuels et d’ouvrages de références. On leur
apprend à consulter les banques de données, notamment informatiques et télématiques.
Dans l’étude de la presse, on distingue l’information du commentaire, on fait percevoir pp. 134, 162, 223
comment les informations ont été sélectionnées et on dégage les spécificités du discours journa-
listique, en comparant par exemple le traitement d’un même sujet dans plusieurs journaux (écrits
ou audiovisuels).
L’image
On travaille sur les relations entre le visuel et le verbal (cf., entre autres, Théâtre, ci-dessus B.a.). pp. 86-133,
114-129
Dans la perspective de l’argumentation, on étudie plus particulièrement l’image publicitaire et le pp. 130, 179
dessin d’humour. pp. 114-129
On aborde l’analyse du film en comparant le récit en image et le récit écrit (par exemple à travers
une adaptation à l’écran d’une œuvre littéraire ou l’étude d’un scénario).
On développe l’esprit critique par l’analyse de productions audiovisuelles diverses (émissions télé-
visées, spots publicitaires, documentaires, fictions, etc.).
II. L’ÉCRITURE
A. OBJECTIFS
En classe de 3e, l’activité d’écriture a deux objectifs majeurs :
• perfectionner l’écriture de textes narratifs complexes ;
• maîtriser l’exposé écrit d’une opinion personnelle.
Dans la continuité des cycles précédents, on conduit les élèves à produire des écrits fréquents
et diversifiés (narration, description, explication, expression d’opinion), dans une progression
d’ensemble régie par les deux objectifs ci-dessus.
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B. Textes à écrire
a. Écriture à usage personnel p. 434
• prise de notes à partir d’un support écrit ou d’une communication orale, et reprise de ces notes
en vue d’une utilisation précise ;
• mise en ordre des idées et des informations ;
• écriture et réécriture du brouillon ; p. 436
• utilisation du traitement de texte.
• Pratique de l’argumentation :
– présentation d’une prise de position étayée par un argument concret (par exemple, un fait pp. 150-151
historique…) et un argument abstrait (raisonnement) (compétence est à maîtriser en fin de 3e ;
– présentation de plusieurs opinions sur une question (compétence est en cours d’acquisition). pp. 180-183
Dans tous les cas, on fera saisir aux élèves la notion de paragraphe. Les textes produits devront
comporter une introduction, un développement et des éléments de conclusion. La réalisation de
textes d’une à deux pages, correctement rédigés, est une exigence minimale.
III. L’ORAL
A. OBJECTIFS
L’objectif général est qu’en fin de 3e les élèves sachent :
• identifier les situations d’oral les plus usuelles de la vie personnelle, scolaire et sociale ;
• distinguer l’écoute, le dialogue, l’exposé ;
• se comporter de façon pertinente dans les différentes activités orales.
On poursuit les pratiques des années précédentes dans les domaines de la lecture à haute voix
et de la récitation. On approfondit celle du compte rendu oral en l’orientant vers l’initiation à
l’exposé, et celle du dialogue en l’orientant vers la participation à un débat.
B. Textes à dire
a. Lecture et récitation orales
On continue à pratiquer :
• la récitation (en liaison avec les textes étudiés) ; pp. 272-274
• la lecture à haute voix (en particulier les mises en voix et mises en espace simples de textes de pp. 76-77,
théâtre). 108-109
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A. Objectifs
L’étude de la langue est toujours liée aux lectures et aux productions des élèves. En classe de 3e,
ils doivent déjà savoir identifier les diverses formes de discours. On approfondit donc l’étude de
l’argumentatif et du narratif, en accordant au premier une place plus importante.
Le but de cette classe est que les élèves comprennent la notion de forme de discours, l’importance
de la notion de point de vue, indissociable de celle d’énonciation, et sachent les mettre en œuvre.
Des moments spécifiques seront consacrés à des mises au point sur les outils de la langue, dans le
cadre des séquences, en fonction des objectifs d’écriture, d’oral et de lecture.
N.B. Les notions qui apparaissent dans les listes qui suivent sont présentées comme des « outils ».
Cela signifie que le professeur se préoccupe avant tout de les faire utiliser, en situation de produc-
tion et de réception, puis, éventuellement et dans un second temps, de les nommer. L’élève n’a
donc pas à apprendre des listes de définitions abstraites et la part de métalangage qui apparaît ici
s’adresse aux professeurs (ce point sera repris et complété dans le Document d’accompagnement
pour la classe de 3e, et certaines notions explicitées).
B. Vocabulaire
Comme pour la 5e et la 4e, l’étude du vocabulaire est envisagée selon différents niveaux d’ana-
lyse, en allant de l’organisation du lexique aux relations entre lexique et discours. En liaison avec
le discours argumentatif, l’accent est mis en classe de 3e sur la dimension axiologique du lexique.
• La structuration lexicale (préfixe, suffixe, radical, modes de dérivation, néologismes, emprunts). pp. 282, 283,
Aperçus sur l’histoire de la langue, sur l’origine des mots français, sur l’évolution de la forme et du 286,
sens des mots, sur la formation des locutions.
• Les relations lexicales : antonymie, synonymie. p. 290
• Les champs lexicaux et les champs sémantiques, à travers la lecture et l’étude des textes. pp. 292, 298
• Le lexique et le discours :
– lexique et niveaux de langue ; p. 376
– dénotation et connotation ; p. 292
– lexique de l’évaluation méliorative et péjorative ; p. 376
– lexique et expressivité : les figures (comparaison, métaphore, métonymie, périphrase, antithèse ; p. 382
leur rôle dans la créativité et dans l’efficacité du discours).
• Les enchaînements lexicaux prévisibles par effet d’usage et les expressions toutes faites. p. 283
C. Grammaire
Les italiques indiquent les acquisitions propres à la classe de 3e ; les caractères romains, les notions
déjà abordées en cycle central.
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Discours
• Énoncé, énonciation : p. 374
– personnes, temps verbaux, adverbes, déterminants, dans l’énoncé ancré dans la situation p. 374
d’énonciation ou coupé de la situation d’énonciation ;
– combinaison entre ces deux systèmes d’énonciation. p. 375
• Modalisation : modalisateurs, modes, temps verbaux. p. 378
• Point de vue de l’énonciateur (approfondissements). pp. 400, 406
• Mises en relief, usage de la voix active et de la voix passive. pp. 302, 380
• Fonctions des discours (synthèses et combinaisons) :
– pôle narratif : raconter/décrire, pp. 390, 396
– pôle argumentatif : expliquer/argumenter. p. 400
• Paroles rapportées directement et indirectement, « style indirect libre », marques d’oralité, récit de pp. 384, 388
paroles.
• Actes de paroles. p. 336
• Explicite et implicite. pp. 354-366
• Effets des discours : persuader, dissuader, convaincre, émouvoir, amuser, inquiéter.
Texte
• Le paragraphe. p. 181
• Connecteurs spatio-temporels et logiques. pp. 372, 391,
397, 404
• Reprises pronominales et reprises nominales. p. 372
• Formes de progression. p. 370
• Organisation des textes : formes cadres et formes encadrées. p. 408
Phrase
• Phrase simple et phrase complexe : p. 338
– fonctions par rapport au nom (expansion nominale, apposition, relatives déterminatives et explicatives), pp. 326-331
– fonctions par rapport à l’adjectif (le groupe adjectival), p. 332
– fonctions par rapport au verbe (approfondissements), p. 344
– fonctions par rapport à la phrase (approfondissements) ; p. 346
– Coordination et subordination (étude des diverses subordonnées, notamment conjonctives). pp. 338
– Étude du verbe :
- aspect verbal, p. 302
- forme pronominale, p. 302
- conjugaison : modes et temps des verbes du premier et du deuxième groupe et des verbes pp. 304-323
usuels du troisième groupe.
D. Orthographe
On distingue l’orthographe lexicale (ou orthographe d’usage) et l’orthographe grammaticale
(formes verbales, accords en genre et en nombre, homophones grammaticaux).
• Orthographe lexicale :
– familles de mots et de leurs particularités graphiques, p. 282
– différentes formes de dérivation, p. 282
– homophones et paronymes. p. 412
• Orthographe grammaticale :
– formes verbales (notamment des radicaux, des modes, des temps, des homophones des formes pp. 304-323
verbales),
– accords dans le groupe nominal, dans la phrase verbale et dans le texte, pp. 414, 416,
424, 428
L’évaluation cherche à valoriser les graphies correctes plutôt qu’à sanctionner les erreurs. On pro-
pose aux élèves des exercices brefs, nombreux et variés, distinguant l’apprentissage (exercices à
trous, réécritures diverses) et l’évaluation. Les réalisations écrites des élèves donnent lieu à obser-
vation, interrogation sur les causes d’erreur, élaboration d’une typologie et mise en place de
remédiation.
14 • Programme
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SÉQUENCE 1
Le récit (1) : chronologie et durée
Objectifs et contenus
Les deux premières séquences du manuel ont « rédaction de récits complexes ayant pour cadre le
pour objectif général la révision des principaux monde réel ou le monde imaginaire » et « récit dont
acquis concernant le récit. Les bases de la narration la trame suit ou ne suit pas l’ordre chronologique ».
ont été travaillées en 6e, la description a fait l’objet Les exercices proposés sont variés, et débouchent
d’une attention spéciale en 5e ainsi que le traite- logiquement sur l’écriture de nouvelles, textes
ment de la parole sous toutes ses formes (mono- courts mais complets.
logue, dialogue de récit, de théâtre, etc.). Quant à Pour l’oral, les exercices retenus pour la présente
l’explication en tant que forme de discours, elle a séquence concernent la prescription du pro-
été particulièrement étudiée en 4e. Les élèves arri- gramme portant sur « la pratique du compte rendu
vent donc en 3e avec la connaissance (bien sûr plus […] de lectures ». Il est judicieux de revoir dès le
ou moins maîtrisée) des bases du récit. Nous avons début de l’année les tenants et aboutissants d’une
choisi de ne pas concentrer cette réactivation telle activité, puisque la compétence des élèves
nécessaire sur une seule séquence, mais de répartir dans le domaine du compte rendu sera attendue
les éléments essentiels sur deux séquences complé- d’eux toute l’année.
mentaires : la première porte sur les notions liées
au temps (dans tous les sens du terme), la seconde Les outils de langue
permet de rappeler ce qui concerne le narrateur et Les notions en jeu dans cette séquence concer-
le point de vue narratif. nent le temps. La question du temps, vaste et
importante, a été répartie sur plusieurs leçons.
L’étude de textes et d’images Les leçons 37 et 41 traitent du temps dans la
Afin d’éviter l’écueil d’une séquence trop étroite- dimension des textes : ordre chronologique et
ment technique, nous avons choisi de faire porter bouleversements, temps verbaux, connecteurs
l’étude sur des textes issus d’un même genre : la temporels, etc. La leçon 25 traite du temps dans la
nouvelle. On montre ainsi, dans un même élan, à la dimension de la phrase : mots, groupes, propo-
fois les subtilités de la chronologie dans les textes, sitions exprimant le temps. L’ensemble est ainsi
et la diversité d’un genre, la nouvelle. La première suffisamment clair et cohérent pour faciliter l’assi-
nouvelle est un chef-d’œuvre bien connu d’hu- milation de ces notions par les élèves, à un âge
mour noir, la seconde nouvelle permet de faire un où la maîtrise des subtilités de la chronologie et
lien avec le programme d’histoire puisque l’action la connaissance des temps verbaux sont encore
est située pendant la Première Guerre mondiale et loin d’être acquises.
a un rapport direct avec ce tragique événement.
Cette seconde nouvelle peut faire l’objet d’une
séquence à elle seule, consacrée à la lecture d’une Références bibliographiques
œuvre intégrale (voir ci-après « Mise en pratique de Sur la chronologie et la durée dans les récits
la séquence 1, exemple 2 »). – J.-M. ADAM, F. REVAZ, L’Analyse des récits, collec-
Ce choix – ne retenir que des nouvelles pour faire tion « Memo », Éditions du Seuil, 1996. L’ouvrage
s’interroger les élèves sur les questions de chro- traite la question du récit de manière complète et
nologie et de durée – présente également l’avan- concise, et offre notamment de bons éclaircis-
tage de faire travailler sur des textes complets, sements sur le traitement du temps (chapitre 10,
sans coupures, donc sans tricher avec la durée « Le temps raconté »).
de l’histoire. – P. ARON, D. SAINT-JACQUES, A. VIALA, Diction-
naire du littéraire, Presses Universitaires de France,
Les activités d’expression 2002. On pourra trouver dans ce bel ouvrage de
Pour ce qui concerne la production de textes synthèse des développements intéressants sur
écrits, l’accent est mis dans cette séquence sur quelques notions en jeu dans cette séquence. Pour
les prescriptions suivantes du programme : cela on consultera surtout les articles « narration »,
Document d’entrée p. 12
Les documents d’entrée des dix séquences ont été 2. Dans une gare, tout est question d’heure : le
délibérément choisis afin d’offrir une variété de sup- départ et l’arrivée des trains, l’arrivée des voya-
ports et d’approches. Ici, il s’agit d’une photographie, geurs dans la gare, ou leur sortie. L’horloge revêt
où se juxtapose une œuvre montrant l’improbable (des donc une grande importance ; les trains suivent des
heures différentes au même moment) dans un lieu tout horaires précis, et les voyageurs doivent arriver à
à fait réel et identifiable : une place, devant la gare l’heure pour prendre un train. La sculpture compo-
Saint-Lazare dont on voit une des façades sur la sée d’horloges agit comme un signal montrant
photographie, dans une ville, Paris. l’importance de l’heure aux voyageurs, et leur
On fera le rapprochement entre l’heure réelle rappelant qu’au même moment les heures sont
apparaissant sur l’horloge de la façade, et les heures différentes selon le lieu où l’on se trouve.
imaginaires se juxtaposant dans la sculpture, et sym-
3. Cette œuvre invite à réfléchir sur le temps qui
bolisant toutes les heures du monde, jalons du temps
passe, sur la nécessité de le mesurer (horloges,
qui passe.
montres…) pour pouvoir vivre, surtout pour vivre
en société. Le spectateur de cette œuvre est ainsi
Réponses aux questions conduit à s’interroger sur l’utilisation que les êtres
1. La sculpture que nous voyons est composée humains font du temps, sur le rythme de vie, sur
d’horloges superposées. Ces horloges ont toutes les déplacements dus au travail ou aux loisirs. Le
une forme ronde et un cadran blanc. Les aiguilles, titre donné par l’artiste à son œuvre, L’Heure de
les chiffres et les tours des cadrans sont tous de tous, rappelle que les êtres humains vivent tous à
couleur noire. Ces horloges se différencient par leur des heures différentes selon les endroits où ils se
taille et la forme de leurs chiffres, tantôt romains, trouvent et qu’on pourrait rêver d’une même
tantôt arabes. heure pour tous.
Réponses aux questions une froide atmosphère, des relations distantes avec
ses collaborateurs.
1. La scène racontée a pu durer environ vingt
minutes. Elle est en effet constituée par l’arrivée 5. Le juge Coméliau est en colère car il croit que
de Maigret à son bureau, par un échange télé- Maigret a effectué une arrestation sans le lui dire :
phonique, par le déplacement de Maigret pour ce sont les vignettes 4 et 7 qui nous l’apprennent.
aller chez Coméliau (« quelques minutes » seule-
6. En réalité Maigret, à ce qu’il dit, n’a fait
ment d’après le récitatif dans la septième vignette),
qu’interroger une personne (vignettes 8 et 9). Il
et enfin par une conversation avec Coméliau.
veut tenter quelque chose pour piéger l’assassin :
2/a. Dans les six premières vignettes, Maigret se « Il s’agit d’une mise en scène pour amener le tueur
trouve sur son lieu de travail qui, selon la première à commettre une faute. » (vignette 12).
vignette, est situé sur un quai de Seine à Paris. Il est
7. La scène ici représentée a un lien direct avec le
dans son bureau. Dans la septième vignette,
titre de l’album : Maigret tend un piège. On ne com-
Maigret se trouve dans un autre bureau, celui du
prend pas exactement en quoi consiste ce piège
juge Coméliau.
mais on en devine le but : amener l’assassin à se
b. Pour indiquer ce changement de lieu et de
démasquer en commettant une erreur.
moment, le narrateur emploie un récitatif, c’est-à-
dire une indication de sa part qu’il place en haut 8. D’après ce passage, Maigret est calme : il ne
d’une vignette : « Quelques minutes plus tard, chez s’énerve pas et fume continuellement sa pipe. Il est
Coméliau. » (vignette 7). calculateur : il imagine un piège pour démasquer
c. Ce procédé permet au lecteur de comprendre le l’assassin.
déroulement de l’histoire car l’information sur ce
9. L’ellipse narrative se situe entre les vignettes 6
changement de lieu est donnée juste après le
et 7. Elle est signalée par le récitatif « Quelques
déplacement. Ainsi le lecteur n’est pas dérouté, il
minutes plus tard, chez Coméliau. » Cette ellipse per-
peut tout de suite situer ce qu’il voit dans un autre
met de ne pas raconter le déplacement de Maigret
lieu, un autre espace précis qu’il peut identifier. S’il
entre son bureau et celui de Coméliau, déplace-
n’y avait pas ce récitatif, il faudrait qu’un des per-
ment sans intérêt pour l’histoire. Quant au retour
sonnages se charge de donner cette information,
en arrière, il permet de rapporter la conversation
ce qui pourrait sembler peu naturel, ou que le
entre Maigret et un célèbre psychiatre, le docteur
lecteur devine seul qu’il y a eu changement de lieu.
Tissot, ce qui peut être très utile pour comprendre
3/a. Les trois dernières vignettes montrent des le piège que va tendre Maigret. Mais nous n’avons
événements qui se sont passés avant la scène racon- sous les yeux que le début du retour en arrière, si
tée : Maigret rapporte une conversation qu’il a eue bien que nous ne connaissons pas toute la teneur
une semaine auparavant avec le professeur Tissot, de la conversation.
au cours d’un dîner chez le docteur Pardon.
b. Pour indiquer ce retour en arrière, le narrateur a
changé la couleur des vignettes. Les trois dernières Cauchemar en jaune p. 16
vignettes sont d’une seule couleur, jaune, alors que
les précédentes sont multicolores. Ce texte permet de présenter, grâce à un récit court et
c. Ce procédé, le retour en arrière, permet au nar- complet, les caractéristiques principales d’une nou-
rateur de raconter des événements qui se sont pas- velle : brièveté, concentration du récit sur peu de lieux,
sés avant ceux qu’il était en train de rapporter. Ces peu de personnages, courte durée de l’histoire, impor-
événements antérieurs sont racontés au moment tance et caractère imprévisible de la chute. Il permet
où ils aident à comprendre l’histoire. aussi de donner aux élèves un bon exemple d’humour
noir. On pourra approfondir avec eux la « stratégie »
4. La première vignette de la première planche du narrateur, qui consiste à distiller très progressive-
et la deuxième de la deuxième planche sont com-
ment les informations concernant la personnalité, le
posées selon un plan d’ensemble. La première
passé et les projets du personnage principal.
vignette offre l’intérêt de montrer le lieu de l’his-
toire : des bâtiments austères au bord d’un fleuve,
Réponses aux questions
dans une grande ville (Paris). La deuxième vignette
de la deuxième planche nous fait pénétrer dans le 1. On ne connaît pas le nom du personnage prin-
bureau du juge Coméliau où tout est grand : la cipal ; il restera anonyme tout au long du récit,
hauteur de la pièce, la largeur du tapis, celle du désigné par le pronom « il ». On connaît cependant
bureau, et la distance entre le juge et Maigret. Le son âge : « aujourd’hui il allait fêter son quarantième
plan d’ensemble permet de comprendre dans quel anniversaire » (l. 7). L’auteur nous renseigne aussi
monde vit Coméliau : de grandes pièces où il règne sur sa profession : « homme de loi spécialisé dans les
affaires immobilières » (l. 12-13). Ce personnage celle-ci n’est pour rien dans ses échecs financiers ;
anonyme a échoué dans ses spéculations, c’est-à- elle paraît même être une bonne épouse puis-
dire ses tentatives pour gagner des fortunes, et il a qu’elle a organisé pour son mari un anniversaire
perdu beaucoup d’argent (l. 14-19). Il a réussi à surprise.
vendre ses biens et à réunir ainsi une grosse somme b. Le lecteur a cependant envie de rire à la fin de
d’argent (l. 20-21). cette histoire car il imagine la scène finale ; elle est
complètement opposée à ce qu’espérait chacun de
2. Non, le personnage principal n’est pas le narra- son côté le mari et la femme. On imagine la tête
teur : le récit est rédigé à la troisième personne du
qu’a dû faire le mari tenant sa femme morte sur les
singulier, le personnage principal est désigné par le
bras et découvrant ses amis assemblés dans une
pronom « il ».
maison en fête. On imagine également l’expres-
3. Ce personnage principal est un organisateur, sion sur le visage des invités, témoins malgré
un calculateur : il a tout prévu pour démarrer eux d’une scène de crime, alors qu’ils venaient
une nouvelle vie. En effet le narrateur précise aux pour un moment d’amusement. Le comique vient
lignes 23 et 24 : « Son départ, sa destination, sa de cette opposition entre l’attendu, le prévu, et
nouvelle identité, tout était prévu et fignolé, il n’avait l’inattendu, l’imprévu. Rien ne laissait supposer un
négligé aucun détail. Il y travaillait depuis des mois. » tel contraste.
4. Cette histoire dure une quinzaine d’heures. Elle 10. Le narrateur se moque nettement du person-
se déroule sur une journée, du réveil du person- nage principal. Le programme du jour, bien
nage principal (l. 1), à son retour à la maison à chargé, révèle la mentalité perverse du personnage :
« vingt heures quarante-six » (l. 44). « un détournement de fonds dans la journée et un
assassinat le soir » (l. 3-4). Le personnage principal
5. Le crime doit avoir lieu à « vingt heures quarante- est prétentieux et veut faire du zèle en faisant coïn-
six » (l. 6 et 44). Le mari règle tout sur cette heure cider sa nouvelle vie avec le moment exact de son
précise car elle est symbolique : c’est l’heure de sa anniversaire : « Lui-même n’était pas superstitieux
naissance et du début de la nouvelle vie qu’il mais cela flattait son sens de l’humour de commencer
espère (l. 44 à 46). sa nouvelle vie à quarante ans, à une minute près. »
6. Oui, la femme est elle aussi préoccupée par (l. 9-10). Ce zèle le perdra : c’est lui qui a choisi
le temps qui passe et l’heure : « mais elle traîna d’organiser cette coïncidence, mais il ne se doutait
devant les cocktails et traîna encore au restaurant » pas qu’elle irait si loin. Sa satisfaction de lui-même
(l. 42-43). Elle connaît certainement l’importance prête à rire : « Son départ, sa nouvelle destination, sa
que son mari accorde à sa propre heure de nouvelle identité, tout était prévu et fignolé, il n’avait
naissance et veut donc lui faire la surprise d’une négligé aucun détail. Il y travaillait depuis des mois. »
fête anniversaire précisément à cette heure-là. (l. 23-24)
7. Le narrateur effectue plusieurs retours en 11. Un proverbe comme « Tel est pris qui croyait
arrière dans le passé du personnage : lignes 2, 5, 6 prendre » convient pour résumer la leçon de cette
et 7, 8 et 9, 14 à 16, 25, 30 à 33. Les retours en histoire. En effet on voit un personnage calculateur,
arrière permettent au narrateur d’indiquer les minutieux croyant tout maîtriser, causant par là
actions importantes qui ont eu lieu avant le même son malheur, avec un échec pire que le
moment où débute le récit. précédent.
Par exemple le retour en arrière qui débute à la 12. D’après cette histoire, l’humour noir est une
ligne 14 avec le rappel « un an auparavant » façon de rire de ce que la vie a de plus grave : la
explique les ennuis d’argent subis par le person- mort. Dans cette histoire en effet, l’humour noir
nage, et par là même donne les raisons de son consiste à déclencher le rire par le récit d’un fait
crime. Ici et par la suite, le passé du personnage est tragique : l’assassinat d’une femme par son mari.
peu à peu dévoilé grâce à de fréquents retours en
arrière. 13. La nouvelle s’intitule Cauchemar en jaune en
référence à la « lumière jaunâtre [qui] envahit la
8. Le procédé ici employé est l’anticipation. En pièce » (l. 52) au moment où le personnage
effet le narrateur arrête le récit de la journée pour découvre la fête d’anniversaire avec sa femme
dire d’avance la vie que le personnage s’imagine assassinée dans les bras. Le spectacle du groupe
pour plus tard ; le personnage se projette dans d’invités à ce moment-là a été pour le personnage
l’avenir, il imagine la réussite de son plan et les principal une vision de cauchemar.
conséquences heureuses.
14. Le tableau choisi pour illustrer la nouvelle mêle,
9/a. Ce qui est triste dans cette histoire, c’est que entre autres, le jaune et le noir : des taches jaunes
le personnage principal tue sa femme. Et pourtant se heurtent à des formes noires, le tout donnant
une impression de mouvement apparemment 2. Juliette Swift est une jeune vendeuse dans un
désordonné. Il rappelle ainsi le titre de la nouvelle, grand magasin parisien, La Belle Jardinière. Elle est
Cauchemar en jaune, et le genre : humour noir. Ce employée au rayon « Toilettes de dames » (l. 13).
tableau dégage une sorte de malaise qui évoque Elle est le personnage principal de l’histoire.
un cauchemar.
3. Les clientes parlent surtout de la guerre qui se
15. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit déroule à ce moment-là, et en particulier de la
ou à l’oral. Il repose sur une imitation de genre « terrible offensive allemande dans la Somme »
(la nouvelle) et de situation : une surprise. Pour la (l. 17-18) et de « la difficulté qu’avaient les troupes
première proposition (une surprise que le narrateur françaises à tenir malgré le renfort des alliés anglais et
a faite), l’élève est invité à préciser le lieu et le américains » (l. 18-20). Elles évoquent aussi des
moment, les préparatifs, et à bien ménager l’effet combattants qu’elles connaissent et qui se trouvent
de surprise. Pour la seconde proposition (une sur- sur le front (l. 19-20). Elles abordent ces sujets car
prise que le narrateur a subie), le récit de la journée ce sont alors de fortes préoccupations pour les
sera conduit avec toutes les précisions nécessaires Français, et pour les habitants de Paris en particu-
et ménagera un effet de surprise final. lier : comme le précise la note historique en marge,
page 18, Paris a été bombardée en mars 1918 et
l’histoire se situe en avril de la même année.
Initiales (début) p. 18
4. Le personnage le plus longuement décrit est
l’homme que le chef de rayon accompagne
L’étude de cette nouvelle de Paule du Bouchet est
(l. 28-35). Par la place qu’elle occupe, par sa pré-
conduite en trois temps, correspondant chacun à une
cision, cette description fait comprendre que ce
étape de l’histoire et à la prise en compte d’un
personnage va jouer un rôle important dans l’his-
procédé narratif particulier. À cet intérêt narratif,
toire. Le lecteur est intéressé, il se demande qui est
textuel, se joint un intérêt culturel certain, puisque la
ce personnage, ce qu’il veut et ce qui va se passer.
nouvelle a pour cadre la Première Guerre mondiale :
Cette description crée une pause dans le récit et
le programme d’histoire de la classe de troisième
ménage ainsi un effet d’attente (un suspense).
inclut cette période et celui de français met l’accent
sur les textes du XXe siècle. 5/a. La situation initiale est exposée de la ligne 1 à
Ajoutons un intérêt purement littéraire : un des la ligne 25 : à Paris, lors d’une fin d’après-midi,
buts de la séquence, et notamment de l’étude de ce Juliette Swift, vendeuse à La Belle Jardinière, s’ap-
texte, est que les élèves ne conçoivent pas la nouvelle prête à terminer son travail. Elle a prévu d’aller
comme un simple roman raccourci. Le texte de Paule ensuite rendre visite à sa mère. Elle entend les
du Bouchet est en cela très clair : l’action est réduite clientes parler de la guerre.
au minimum, le moment en question est court mais b. La première péripétie est rapportée de la ligne
rapporté en détail. Ce sont les pensées, les attitudes, 26 à la ligne 37 : le chef de rayon appelle Juliette et
l’atmosphère qui sont mises en valeur dans cette his- lui présente un client qui ne parle pas français. Le
toire qui repose sur peu de chose mais qui signifie connecteur temporel qui annonce cette pertur-
beaucoup. Le récit est sobre, pudique ; les person- bation est « tout à coup » (l. 26).
nages jeunes et sympathiques sont pris dans la tour-
mente d’un drame qui les dépasse : eux aussi sont 6. Dans cette phrase, l’action antérieure est :
victimes de la guerre. L’histoire dégage une émotion s’attarder à regarder trembler les feuilles ; l’action
sur laquelle on fera s’interroger les élèves. postérieure est : se rendre chez sa mère. La phrase
Vu cette richesse, l’étude de cette nouvelle peut très suit donc l’ordre chronologique, car l’action qui
bien former à elle seule l’axe d’une séquence. s’est passée en premier figure en premier dans la
phrase, et l’action qui s’est passée ensuite figure en
Réponses aux questions seconde place dans la phrase.
1. L’histoire se passe à Paris, dans un grand maga- 7/a. Le narrateur effectue une anticipation juste
sin, « la Belle Jardinière », qui est situé « face au Pont- après avoir précisé l’heure qu’il est (l. 8). En effet il
Neuf » (l. 13). Plus précisément, l’action se déroule annonce alors, d’avance, ce qui va se passer : « Le
au rayon « Toilettes de dames » (l. 13). L’histoire se magasin allait fermer dans une grande demi-heure.
passe le soir, un soir dont on ne précise pas le jour : En sortant, elle irait flâner […] avant de se rendre
« une fin d’après-midi d’avril de l’année 1918 » (l. 1). chez sa mère qu’elle n’avait pas vue depuis plusieurs
La saison est le printemps, mais l’année n’évoque jours. » (l. 8-11)
pas la joie de vivre car il y a à ce moment-là une b. Le temps verbal qui domine dans ce passage
guerre en France, dont un des fronts se trouve non est le futur du passé : allait fermer, irait flâner,
loin de Paris. s’attarderait.
d. Le groupe de mots qui indique que le retour en 10/a. L’artiste a choisi de montrer les étages supé-
arrière est terminé est « dix ans plus tard » (l. 14). rieurs du grand magasin et la coupole (une ver-
e. Ce retour en arrière permet de connaître l’âge rière) qui les surmonte, soulignant la hauteur de la
de Juliette. La jeune fille avait douze ans lorsqu’elle salle, la grandeur de la verrière, les dimensions de
a quitté Londres (l. 11) et la scène avec le soldat l’ensemble. Ce n’est pas le détail qui compte, mais
américain se déroule « dix ans plus tard » ; Juliette a l’impression d’ensemble.
donc vingt-deux ans à ce moment-là. b. Les objets et les clients sont ne sont pas nette-
ment perceptibles sur cette photographie ; on
5. Il y a un blanc entre les lignes 16 et 17 car le
devine la foule dans ce magasin aussi grand.
retour en arrière est terminé et le narrateur reprend
L’atmosphère peut être qualifiée de bouillonnante,
le récit de la scène dans le magasin au moment
agitée, active, bruyante, trépidante, effervescente.
où il l’avait laissée. Le blanc signale la fin de l’évo-
c. Cette photographie montre l’organisation d’un
cation du passé, et la reprise du récit avec la
grand magasin parisien au début du XXe siècle : la
deuxième question de Juliette au soldat. Il semble
coupole éclairant le grand hall central, les rayons
que le jeune homme n’ait pas répondu à la
disposés en étage tout autour. L’époque, le lieu et
première.
son atmosphère correspondent à ceux évoqués
6/a. « enfant, du temps de son père » (l. 6), dans la nouvelle Initiales.
« plusieurs années » (l. 7-8), « un jour » (l. 8),
11. Modalités. L’exercice repose sur l’imitation
« quelque temps » (l. 8), « jamais » (l. 10), « alors »
d’un procédé (le retour en arrière) pour une visée
(l. 11), « pendant toutes ces années » (l. 11),
précise (apporter une explication au cours d’un
« quand elle était une autre » (l. 13-14).
récit). On recommande aux élèves de ne pas placer
b. Les indications de durée sont nombreuses dans
trop tôt ce retour en arrière dans leur récit, de
ce passage parce que le narrateur raconte une
prendre le temps et le soin de bien installer l’his-
longue période de la vie de Juliette en quelques
toire avant d’apporter l’explication. Le retour en
lignes. Les indications de durée signalent le temps
arrière sera nettement annoncé, par une formule,
qui passe, celui des douze années que Juliette a
par un connecteur temporel ou par l’emploi du
vécues en Angleterre avec son père.
plus-que-parfait (récit au passé) ou du passé com-
7/a. L’indication de durée dans les dernières lignes posé (récit au présent).
est : « pendant quelques secondes » (l. 29-30).
LA VIE DES MOTS
L’adverbe qui vient mettre un terme à cette durée
est « soudain » (l. 31). a. Par exemple : le chagrin, la peine, la tristesse,
b. Le moment évoqué ici (c’est-à-dire dans les neuf l’abattement, le malheur, l’affliction, la détresse, le
dernières lignes du texte) a paru long car aucun désarroi, la douleur, le tourment.
événement ne fait avancer l’action. Aucun des b. Après le passage du cyclone qui a détruit leurs
deux personnages ne parle ; Juliette a tenté de le maisons, les personnes en détresse ont été
faire mais n’y est pas parvenue. Ce lourd silence recueillies par des familles généreuses. Le quar-
entre les deux personnages semble s’éterniser tier a été plongé dans une profonde affliction à la
d’autant plus que le lecteur attend qu’il se passe suite de l’incendie où deux jeunes enfants ont
quelque chose. péri. Après son échec à l’examen, mon frère a
connu une période d’abattement puis a repris
8. Notre connaissance des personnages a pro- courage.
gressé grâce à ce texte. Le lecteur connaît mieux
Juliette, informé qu’il est du passé de la jeune fille,
de ses émotions, de ses sentiments, de ses efforts.
Mais cette progression est moindre en ce qui Initiales (fin) p. 22
concerne le jeune soldat, dont le comportement
semble étrange : « Il regardait Juliette avec une sorte
1. Ce qui sépare surtout les deux personnages
de détresse. » (l. 34). On sait seulement qu’il est
principaux, c’est leur emploi : Juliette est vendeuse
désemparé, mais on ignore pourquoi.
à Paris dans un magasin où elle restera, le jeune
9. Dans ce récit, le retour en arrière nous permet homme est un soldat qui ne fait que passer, il est
de découvrir le passé de Juliette, le personnage sur le point de partir au front. Leur nationalité est
principal, et de savoir pourquoi elle parle anglais. différente : elle est française, il est américain, mais
Ainsi on comprend également pourquoi le chef de la langue ne les sépare pas puisque Juliette sait
rayon a dirigé le soldat américain vers cette jeune parler anglais.
fille : il lui fallait une vendeuse qui parle anglais. Ce qui les rapproche, c’est d’abord leur âge : ils
C’est ainsi que Juliette se trouve malgré elle prise sont jeunes tous les deux. C’est ensuite leur
dans cette histoire. solitude : ni l’un ni l’autre, semble-t-il, n’a encore
rencontré l’être aimé. C’est enfin le plaisir d’être c. De ces remarques on peut déduire que ce qui
ensemble, ils éprouvent un vif plaisir à se parler : intéresse surtout le narrateur est le moment
« maintenant il affinait ses réponses, apportant des (la demi-heure) où Juliette et le soldat ont eu une
détails qui ne lui étaient pas demandés, précisant et relation très forte.
orientant les questions de Juliette » (l. 13-14). Quant
6/a. On trouve surtout des ellipses à la fin de la
à Juliette, « Son assurance devenait une sorte
nouvelle, c’est-à-dire entre les lignes 41 et 42 et
d’ivresse » (l. 10-11), « Elle parlait avec animation »
entre les lignes 45 et 46.
(l. 15).
b. Ces ellipses sont signalées par les connecteurs
2. L’Américain veut faire un cadeau pour le plaisir temporels « le lendemain » (l. 42) et « quelques jours
de « faire un cadeau à une femme » (l. 1). En effet il plus tard » (l. 46).
va partir pour le front, vers « cette bataille sans merci c. Entre les lignes 41 et 42, le narrateur n’a pas
où tombaient tous les hommes » (l. 27-28), et faire raconté ce que Juliette a fait pendant la soirée et la
un cadeau est pour lui une façon de se raccrocher à nuit. Le lecteur devine que Juliette a dû passer sa
la vie : « Il lui dit enfin qu’elle était la seule femme qu’il soirée et sa matinée de manière solitaire, tout occu-
eût connue ici, qu’il voulait lui faire ce présent, ce pré- pée à penser au soldat américain. Elle est certaine-
sent d’un homme qui part à une femme qui reste » ment allée voir sa mère un moment, comme prévu.
(l. 34-35). Entre les lignes 45 et 46, le narrateur n’a pas non
plus raconté ce que Juliette a fait pendant les jours
3. Juliette « prenait une sorte de plaisir étrangement
qui ont suivi sa rencontre avec le soldat américain
mêlé de souffrance » (l. 7) à imaginer la femme
(on suppose qu’elle a attendu des lettres) : ces
aimée par le jeune Américain. Elle éprouve « une
occupations auraient paru bien insignifiantes par
sorte d’ivresse » (l. 11) à l’interroger, « une joie inté-
rapport au choc produit par sa rencontre avec le
rieure » (l. 16) qui fait se prolonger le dialogue.
soldat américain.
Puis, en voyant approcher la fin de cette rencontre,
d. L’emploi d’ellipses à ce moment du récit met en
elle ressent « une sorte d’angoisse » (l. 23) ; c’est
valeur le temps de l’attente : en quelques lignes,
même une peine immense qui l’étreint quand elle
beaucoup de temps s’écoule. Un effet d’attente
apprend que ce cadeau est pour elle et que le jeune
(ou suspense) se développe : Juliette reverra-t-elle
homme ne va peut-être jamais revenir : « toute son
le jeune homme ? À la fin de la nouvelle, l’emploi
âme criait » (l. 39).
d’ellipses rapprochées accélère le récit et permet
Les sentiments de Juliette ont évolué par rapport à
de dire plus vite, et même brutalement, le dénoue-
ceux qu’elle a éprouvés dans l’épisode précédent.
ment de l’histoire.
Elle n’est plus muette à cause d’une gêne, d’un
embarras face à un bel inconnu, au contraire elle 7. D’après ce texte, les bouleversements de
parle beaucoup, elle est joyeuse. Elle se laisse aller au l’ordre chronologique favorisent la compréhension
plaisir d’un sentiment qui est certainement l’amour, d’une histoire. L’anticipation (page 18, l. 8-11)
puis elle ressent une immense peine au moment de permet au lecteur de mieux connaître l’humeur
la séparation. Ses sentiments sont plus forts. de Juliette et sa façon de vivre. Le retour en arrière
(page 20, l. 5-14) dévoile le passé de Juliette, et
4. Dans ce passage, les principales péripéties sont
explique pourquoi elle sait parler anglais. Les
les suivantes :
ellipses (page 23, l. 41-42, l. 45-46) accélèrent le
– le choix du cadeau, la décision car le magasin va
récit et permettent au lecteur d’arriver plus vite à la
fermer (l. 22-23) ;
situation finale (« Il n’écrivit jamais. »).
– la gravure des initiales et l’annonce du départ du
soldat pour la guerre (l. 25-26) ; 8. La nouvelle s’intitule Initiales par référence aux
– les raisons du cadeau, l’aveu (l. 31-33) ; lettres initiales que le jeune soldat veut faire graver
– l’éloignement du soldat qui sort du magasin sur le poudrier. Ces initiales sont celles de la ven-
(l. 40) ; deuse, Juliette Swift : elles jouent un rôle décisif dans
– la confirmation du départ du soldat pour la l’histoire car elles permettent de comprendre à qui le
guerre (l. 46-48). jeune soldat pense, à qui il désire faire un cadeau.
On peut aussi considérer qu’il y a là le début d’une
5/a. La rencontre entre Juliette et le soldat améri-
histoire d’amour, cette rencontre initie une histoire
cain dure une demi-heure : « Le magasin allait fer-
qui s’arrête presque aussitôt ; de la relation amou-
mer dans une grande demi-heure » (page 18, l. 8-9).
reuse les personnages n’auront connu que le début,
Elle est racontée en 87 lignes (de la ligne 28,
ce qui la rend encore plus tragique.
page 18, à la ligne 40, page 22).
b. Le reste de l’histoire dure plusieurs jours : 9. La guerre est présente dans cette histoire, mais
« Quelques jours plus tard, elle apprit […] le soir indirectement ; il n’y a pas de bataille ou de bom-
même de leur rencontre » (l. 46-48). Cette suite de la bardement. La guerre est présente par la paix
rencontre est racontée en 9 lignes. étrange dont jouissent les Parisiens ce soir-là : « ils
n’avaient pas entendu tonner le canon allemand teur s’arrête. À la fin du récit, l’émotion du lecteur
depuis quelques jours » (l. 3-4, p. 18) ainsi que dans est à son comble car le bonheur pour ces deux
les conversations des clientes : « les propos qui lui jeunes gens est désormais impossible.
parvenaient évoquaient la terrible offensive alle-
12. Dans le tableau reproduit à la page 23, le
mande dans la Somme, la difficulté qu’avaient les
peintre a mis en valeur l’arme : le canon. Par rap-
troupes françaises à tenir malgré le renfort des alliés
port aux personnages, celui-ci apparaît énorme. Sa
anglais et américains, les blessés, les morts, les fils,
couleur sombre ajoute à son aspect menaçant.
les pères, les maris, les frères, dont on était sans nou-
velles » (l. 17-20, p. 18). La guerre est de plus pré- 13. L’image de la page 19 évoque la vie quoti-
sente à travers la tenue même du jeune homme : dienne dans une atmosphère calme, pacifique,
« L’homme portait une vareuse et un pantalon gris. heureuse, faite de raffinement. L’image de la page
L’uniforme des soldats américains » (l. 1, p. 20). 23, au contraire, évoque la puissance et la force, la
Cette présence est confirmée par l’explication que destruction, la guerre, la mort. Il en est de même
le soldat donne lui-même : « L’homme dit qu’il ne dans la nouvelle : au début Juliette est heureuse,
pourrait probablement pas repasser demain parce dans une atmosphère raffinée, pacifique : « il
que son régiment partait pour la Somme » (l. 25-27, semblait qu’on allât vers une sorte de paix » (l. 5-6,
p. 22). Cette menace – la prochaine bataille et page 18). Le calme domine dans une atmosphère
peut-être la mort – pèse sur toute la nouvelle. printanière. Mais plus le récit avance, plus la guerre
se fait présente, menaçante, le jeune soldat ne peut
10. Le narrateur raconte cette histoire pour mon-
y échapper. L’atmosphère douce du début de la
trer l’atrocité des guerres : elles brisent des vies, de
nouvelle a fait place à une atmosphère lourde,
jeunes vies. Il évoque le désarroi d’un jeune soldat
violente ; le printemps lui-même semble avoir
qui part pour le front, qui va peut-être mourir, et
disparu : Juliette éprouve une telle douleur que
qui exprime son besoin d’une présence féminine,
même « le soleil lui faisait mal » (page 22, l. 41). La
son besoin de se sentir aimé. Il aimerait sentir que
guerre est destructrice car elle a empêché l’amour
malgré tout sa vie a un prix et que quelqu’un peut
possible entre Juliette et le jeune soldat.
penser à lui.
14. Modalités. L’exercice repose sur l’imitation
11. Cette histoire est émouvante car elle pose de
d’une situation (une rencontre inattendue) et d’un
manière simple et sobre la question de la vie et de
genre (la nouvelle). On rappelle aux élèves l’impor-
la mort, de la guerre. Cette histoire rapporte en
tance de l’effet de concentration, sur lequel repose
détail un moment de bonheur fondé sur le non-dit :
pour beaucoup l’art de la nouvelle et pour cela,
le sentiment que les jeunes gens éprouvent est si
entre autres, l’utilité des ellipses narratives. Il vaut
fort qu’ils ne peuvent rien se dire de plus. Ils sont
mieux raconter une rencontre assez brève avec
ensemble et seuls ; pendant leur rencontre le narra-
précision, avec des détails symboliques voire saisis-
teur ne s’intéresse qu’à eux, il n’y a pas un mot sur
sants, plutôt que rapporter à grands traits une
le magasin et les autres clients. Cette concentration
longue rencontre.
sur les deux personnages principaux rend la révéla-
tion finale encore plus touchante. Le dernier mot
LA VIE DES MOTS
« jamais » abolit tout espoir et clôt définitivement
l’histoire puisque c’est avec ce mot-là que le narra- 1-a 2-c 3-b.
S’exprimer à l’écrit
ÉCRIRE UN RÉCIT COMPLEXE : et en partant dans des astroports (l. 8). Et, dans ce
BOULEVERSER L’ORDRE monde, l’eau, que l’on appelle « l’or bleu » (l. 16),
CHRONOLOGIQUE p. 25 est plus précieuse que le pétrole. Sa consommation
est surveillée par « l’Organisation de Survie de la
Réponses aux questions Terre » (l. 13).
1. Ce passage est extrait d’un roman d’anticipa- 2. Non, le récit ne suit pas l’ordre chronologique.
tion (ou de science-fiction). Il évoque en effet une Il comporte en effet deux retours en arrière (de
civilisation plus avancée que la nôtre : l’homme la ligne 7 à la ligne 10, puis de la ligne 15 à la
peut voyager dans les astéroïdes (l. 9), en arrivant ligne 17) et une courte anticipation (lignes 13-14).
On note, de plus, une ellipse temporelle (entre ce – l’énonciation : le genre (roman), le narrateur
qui est rapporté aux lignes 11-12 d’une part, et ce (première personne) et le temps de base (présent)
qui est dit à la ligne 18 d’autre part). sont conservés ;
– la cohérence du récit : le remplacement de
3/a. Indications de durée : « pendant son expédi-
l’ellipse et la suite du récit tiennent compte des
tion » (l. 9), « du siècle précédent » (l. 15). Indication
informations données dans le texte d’appui et
de fréquence : « de temps à autre » (l. 4).
sont dignes d’intérêt ;
b. « lorsqu’il entendit un bruit singulier sur le palier »
– l’organisation du récit : l’ellipse narrative est utile
(l. 18-19) : cette proposition donne une indication
et bien signalée ;
de simultanéité.
« avant qu’il ait eu le temps de comprendre ce qui se – la qualité de la langue : la construction des
passait » (l. 19) : cette proposition donne une indi- phrases et l’orthographe sont correctes.
cation de postériorité ; l’action de comprendre se 3/a. On peut supposer que les élèves auront
passe après celle de voler en éclats. retenu des mots parmi les suivants : l’hospitalité
Remarque : on accepte « antériorité » si l’élève (l’accueil gratuit), un promontoire (une pointe de
explique que l’action de voler en éclats se passe terre s’avançant dans la mer), fécondant (rendant
avant celle de comprendre. Ce qui compte est la productif), vierge (pas cultivé), le labeur (le travail
place relative des deux actions dans le temps : pénible), insatiable (qu’on ne peut satisfaire).
d’abord voler en éclats, ensuite comprendre. b. Le retour en arrière commence par « Il était
arrivé un matin » (l. 4) et se termine avec « son
Corrigé des exercices labeur infatigable » (l. 10). Ce retour en arrière
1. informe le lecteur sur le passé d’un personnage (le
continu permanent « Français qui habitait au bout du promontoire ») :
Temps interminable continuel son arrivée au pays, son travail et sa réussite. Il
qui dure perpétuel constant explique cette réussite. Grâce à ce retour en arrière,
éternel le lecteur comprend la situation du personnage au
moment où débute l’histoire proprement dite :
momentané provisoire
il est riche.
Temps bref passager
c. Modalités. L’exercice repose sur l’imitation d’une
qui ne dure pas temporaire éphémère
situation (une rencontre avec un personnage inté-
fugitif fugace
ressant) et l’imitation d’un procédé : un retour en
arrière expliquant le passé du personnage. On
2/a. la témérité : l’audace d’entreprendre sans pru- conseille aux élèves de prendre le temps avant
dence. la houle : le mouvement qui agite la surface de rédiger : on essaie d’imaginer avec précision les
de la mer. osciller : balancer, se pencher alter- circonstances de la rencontre et une « mise en
nativement de part et d’autre d’un point fixe. scène » du personnage.
refluer : reculer, se mettre à couler en sens inverse. Évaluation. On prend surtout en compte les critères
le pont : ici, la surface supérieure d’un navire. suivants :
b. L’ellipse narrative se trouve entre la ligne 3 et la – l’énonciation : le récit est soit à la première per-
ligne 4. Pour l’indiquer, le narrateur effectue un sonne, soit à la troisième ; le temps de base est soit
retour à la ligne avec alinéa, et emploie un groupe le présent, soit le passé, et les temps verbaux sont
nominal qui sert de connecteur temporel : « vingt employés en conséquence ;
minutes plus tard » (l. 4).
– l’organisation du récit : il s’agit bien d’une
c. Modalités. Le travail d’enrichissement se fait en
rencontre, le récit contient un retour en arrière
deux temps.
expliquant le passé du personnage ;
– Supprimer l’ellipse et raconter ce qui s’est passé
– la qualité de la langue : la construction des
pendant les vingt minutes : le narrateur peut
phrases et l’orthographe sont correctes, le voca-
raconter le départ du bateau (mouvements du
bulaire précis et varié.
bateau, bruits), il peut décrire le port, les bâtiments
qui s’éloignent ou l’intérieur du bateau, il peut 4. Modalités. On conseille aux élèves de prendre
développer ses pensées (se rappeler sa famille et ses leur temps avant d’entamer le retour en arrière : il
amis, dire ce qu’il fera à Alger, etc.). est judicieux de rapporter assez longuement le
– Prolonger le texte en imaginant une suite : le nar- moment pendant lequel le personnage narrateur
rateur raconte entre autres le moment où il reste regarde l’émission de télévision et de raconter
encore à l’extérieur, puis la nuit qu’il passe sur le celle-ci en détail. Le retour en arrière sera d’autant
bateau, son installation, ses rencontres. plus net et remplira d’autant mieux son rôle expli-
Évaluation. On prendra essentiellement en compte catif. Il commencera par un connecteur temporel
les critères suivants : bien choisi (par exemple l’année précédente,
quelques mois auparavant, il y a de cela quelques 6/a. Avec de la cire et les cheveux de son mari,
semaines, au mois de janvier dernier, etc.) On attire Mme Decker veut modeler une figurine censée
aussi l’attention sur l’usage des temps verbaux représenter son mari. Avec l’épingle à cheveux, elle
dans les retours en arrière aussi bien pour un récit veut transpercer cette figurine, comme si elle trans-
au présent que pour un récit au passé : on se réfère perçait le corps de son mari.
pour cela au tableau des temps (voir p. 394 du b. Le retour en arrière commence à la ligne 2 et se
manuel ; actions antérieures). termine à la ligne 6. Ce retour en arrière informe le
Évaluation. On peut notamment prendre en compte lecteur des relations dans le couple Decker, et lui
les critères suivants : apprend que Mme Decker a effectué un voyage
– l’énonciation : le récit est entièrement à la première dans un pays où se pratique le culte vaudou (elle en
personne ; le temps de base est soit le présent a rapporté la connaissance de certains rites).
(d’énonciation ou de narration) soit le passé simple, c. L’ellipse narrative se situe entre la ligne 36 et la
et les temps verbaux sont employés en conséquence ; ligne 37. M. Decker est allé dans la salle de bains
– l’organisation du récit : les passages narratifs, prendre des cheveux sur la brosse de sa femme.
descriptifs, dialogués, s’enchaînent adroitement ; Cette ellipse a l’intérêt de ménager le dénouement
le retour en arrière est nettement signalé et joue de la nouvelle et d’en faire comprendre la chute :
pleinement un rôle explicatif ; M. Decker a fait croire à sa femme qu’il allait à la
– la maîtrise de la langue : les phrases sont correc- salle de bains pour prendre ses propres cheveux sur
tement construites et la ponctuation est employée sa propre brosse, mais c’est sur la brosse de sa
de façon adéquate, notamment dans les passages femme qu’il fait le prélèvement et celle-ci, bien sûr,
dialogués. Le registre de langue est courant et ne s’en doute pas.
l’orthographe convenable ; d. Modalités. On cherche en classe, avec les élèves,
– l’effet produit : l’histoire est vraisemblable ; les quelles situations peuvent susciter un renverse-
sentiments sont perceptibles (surprise, admiration, ment tel que dans la nouvelle Vaudou. On rappelle
envie, etc.). qu’une nouvelle est constituée par un texte court,
mais qu’il rapporte une histoire complète, formant
5. Modalités. Cet exercice repose sur la fidélité par
un tout ; pour parvenir à la concentration souhai-
rapport au texte d’appui. Le travail sur la suite d’un
table, les ellipses narratives sont particulièrement
texte narratif a été effectué en classe de quatrième,
appropriées.
mais il pourra se révéler opportun d’en rappeler les
Évaluation. Aux critères figurant dans le manuel, on
caractéristiques, c’est pourquoi nous avons précisé
peut ajouter l’effet produit : le texte présente les
dans le manuel les principaux critères d’évaluation,
caractéristiques d’une nouvelle et la chute est sur-
qui correspondent aux consignes de base.
prenante.
On conseille aux élèves de prendre leur temps avant
d’entamer le retour en arrière : celui-ci sera d’autant 7/a. Il s’agit d’une randonnée en haute montagne :
plus repérable et utile (rôle explicatif). Le retour en le décor n’est formé que de blocs de neige. Les
arrière commencera par un connecteur temporel personnages sont des randonneurs qui forment
bien choisi (voir ci-dessus, pour l’exercice 4.) On une cordée. Ils sont partis pour plusieurs jours,
attire aussi l’attention sur l’usage des temps verbaux leurs sacs à dos sont bien remplis. Ils franchissent
dans les retours en arrière quand le récit est au passé une crevasse sur une sorte de passerelle.
(usage entre autres du plus-que-parfait) : on invitera b. Modalités. On rappelle les caractéristiques
les élèves à se référer au tableau des temps (voir d’une nouvelle, notamment la concentration (peu
p. 394 du manuel ; actions antérieures). L’ellipse d’événements, peu de personnages). On attend
narrative sera également signalée par un connec- l’emploi de retours en arrière (à visée explicative) et
teur temporel approprié (par exemple quelque d’ellipses narratives pour arriver à la concentration
temps après, le jour suivant, etc.). L’usage d’ellipses souhaitable.
narratives pose généralement moins de problèmes Évaluation. Aux critères figurant dans le manuel,
aux élèves que l’écriture d’un retour en arrière. on peut ajouter l’effet produit : le texte présente
Évaluation. Les principaux critères figurent dans le les caractéristiques d’une nouvelle et la chute est
manuel (p. 27). surprenante.
S’exprimer à l’oral
RENDRE COMPTE d’une histoire qui se déroule au XIXe siècle. Le
D’UNE LECTURE p. 28 roman sera certainement historique, ou d’aven-
ture, ou policier…
Réponses aux questions Pour La Cuisine des ados : d’après le titre et l’illustra-
tion de couverture, l’ouvrage est certainement un
1. Mehdi parle d’un roman policier et Floriane livre de recettes, ou de cuisine en général, pour les
d’un roman autobiographique (elle précise en effet adolescents. À moins qu’il ne s’agisse d’un roman
que l’auteur y raconte sa vie). de société sur l’adolescence, avec un usage
2. Mehdi et Floriane font tous les deux un métaphorique du mot cuisine, mais c’est moins
commentaire portant sur l’intérêt que présente la vraisemblable.
lecture de leur roman. Pour Mehdi, « ce livre est d. Les appréciations peuvent porter sur la place du
bien pour le suspense qui y règne » ; pour Floriane, titre, son graphisme, sur l’effet produit par l’illus-
« L’histoire est originale et entraînante ». tration (couleurs dominantes, couleurs claires
ou sombres, choix des personnages représentés,
3. Floriane formule ce commentaire négatif (cri- angles de vue, etc.).
tique) : « Un reproche : l‘auteur raconte sa vie mais
pas dans l’ordre chronologique. » 2. Modalités. On présente l’exercice aux élèves en
leur précisant d’emblée le temps dont ils dispose-
4. On peut supposer que Floriane n’apprécie pas ront. Celui-ci sera de l’ordre de trois minutes, ce
les récits qui s’écartent de l’ordre chronologique qui permet à chaque élève de réaliser une presta-
car elle les trouve plus difficiles à comprendre. Ils tion, et ce qui l’oblige à la préparer (pour utiliser
demandent une lecture plus attentive car les évé- efficacement un délai court, il faut bien savoir à
nements ne sont pas toujours racontés dans l’ordre l’avance ce qu’on va dire). Rappelons qu’à plu-
où ils se passent, ce qui nécessite un effort de sieurs reprises les textes officiels préconisent des
reconstruction de la part du lecteur. exercices oraux fréquents mais de courte durée. On
programme ensuite les prestations, avec une date
Corrigé des exercices précise pour chaque élève, qu’on lui indique. On
1/a. Les ouvrages dont la couverture est ici repré- peut prévoir quelques séances consacrées pour
sentée ont délibérément été choisis dans des l’essentiel à cette activité orale, regroupant par
genres bien différents. Les couvertures contrastent exemple six prestations : voir « Mise en pratique de
aussi nettement par leur composition et leur style la séquence 1, exemple 2 », ci-après. À la suite de
(couleurs, dessin et mise en place des personnages, chaque prestation, on procède rapidement à l’éva-
etc.). luation en tenant compte des critères indiqués,
b. On prélèvera aisément cinq informations parmi auxquels on peut faire correspondre un certain
les suivantes : le titre de l’ouvrage, le nom de l’au- nombre de points, par exemple :
teur, le nom de l’éditeur, celui de la collection, le – aptitude à communiquer oralement : 4 points ;
numéro du tome, l’époque et le lieu de l’histoire, – aptitude à présenter un livre : 6 points ;
ou le contenu (pour l’ouvrage de Juliette Warlop). – aptitude à apprécier une lecture : 6 points ;
c. Pour Veddem : la collection annonce clairement – aptitude à tenir compte des destinataires :
qu’elle porte sur la science-fiction. Le dessin 4 points.
montre une créature qui présente une caractéris-
tique surhumaine : elle vole sans aide dans les airs. LA VIE DES MOTS
Dans cet ouvrage le narrateur va donc certaine- Un événement imprévu qui change le cours des
ment raconter une aventure de science-fiction où choses : une péripétie.
des personnages volants occuperont une grande Un petit événement souvent fâcheux : une
place. mésaventure.
Pour Le Comte de Monte-Cristo : d’après le décor et Des exploits : des hauts faits.
surtout les costumes des personnages, il s’agit Une petite histoire : une anecdote.
Vers le brevet p. 30
Réponses aux questions (15 pts) La deuxième ellipse narrative a lieu entre la ligne 8
et la ligne 9 : Octave attend qu’on lui ouvre la
1. Les trois personnages principaux de cette
porte. (1 pt)
histoire sont :
b. La première de ces deux ellipses porte sur la plus
– Sarrasin Octave : fils du docteur Sarrasin et de
longue durée : plusieurs heures entre le départ du
Mme Sarrasin, frère de Jeanne ;
train à Paris et son arrivée à Douai « à deux heures
– Mme Sarrasin : mère d’Octave et de Jeanne,
du matin » (l. 4). La seconde ellipse porte sur une
femme du docteur Sarrasin ;
durée moindre (dix minutes). (0,5 pt)
– Sarrasin Jeanne : fille du docteur Sarrasin et de
c. Ces ellipses accélèrent le rythme du récit,
Mme Sarrasin, sœur d’Octave. (1,5 pt)
puisque certains moments vécus (le voyage en
2. Le narrateur n’est pas un personnage de l’his- train, l’attente devant la porte d’entrée) ne sont
toire. Le récit est effectué à la troisième personne et pas racontés. Le récit est plus court que l’histoire.
le narrateur est une personne extérieure à l’histoire Le narrateur passe sous silence des moments où
qui rapporte ce que font les personnages. (1 pt) il ne se passe rien d’important qui puisse faire
avancer l’histoire. (0,5 pt)
3. Ces trois personnages sont réunis car Octave
vient annoncer à sa mère et à sa sœur la nouvelle 8/a. Le narrateur effectue un retour en arrière
d’un fabuleux héritage dont toute la famille va concernant la vie de Mme Sarrasin au moment où
bénéficier. (1 pt) il évoque les personnages qu’Octave est venu voir,
sa mère et sa sœur. Il évoque d’abord Jeanne, la
4/ a. « dans deux jours » : groupe nominal ; « puis » :
petite sœur (l. 18 à 23), puis il donne des informa-
adverbe ; « dès qu’il fut en wagon » : proposition subor-
tions sur le passé de la mère, Mme Sarrasin : ce
donnée conjonctive ; « à deux heures du matin » :
retour en arrière commence à la ligne 24 avec
groupe nominal ; « bientôt » : adverbe. (2,5 pts)
« Madame Sarrasin, mariée très jeune » et s’achève
b. Il y a plus d’indications de temps entre les lignes 1
à la fin du texte, ligne 28 : « toutes ses espérances ».
et 12 qu’entre les lignes 13 à 28, car dans ce passage
(1 pt)
le narrateur rapporte essentiellement des actions
b. Ce retour en arrière a pour principale utilité de
(surtout ce que fait Octave). Le passage est essentiel-
nous faire comprendre pourquoi Mme Sarrasin
lement narratif et les actions accomplies sont situées
éprouve pour ses enfants une affection particulière-
dans le temps (date, durée, simultanéité). Elles sont
ment forte. Le retour en arrière explique les rela-
nombreuses et se succèdent rapidement. Entre les
tions de Mme Sarrasin avec son mari et ses enfants.
lignes 13 et 28, le narrateur rapporte surtout des
Ce retour en arrière a une visée explicative. (1 pt)
faits généraux, donne des explications, le passage
est nettement moins narratif. (1 pt)
5/a. Il lui semble que l’univers va être à eux mainte-
nant, et que le malheur n’osera jamais s’attaquer à Réécriture (4 pts)
des jeunes gens qui possèdent quelques centaines de
Octave est entré dans un bureau télégraphique, a pré-
millions. (1 pt)
venu son ami qu’il partait et reviendrait dans deux
b. La forme verbale « oserait » est au présent
jours. Puis il a hélé un fiacre et s’est fait transporter à
(temps) du conditionnel (mode). Ce temps et ce
la gare du Nord.
mode ont ici la valeur de futur du passé. (1 pt)
Dès qu’il a été en wagon, il s’est repris à développer
6/a. Dans cette phrase, les temps utilisés sont le son rêve.
passé simple (relut, dit, rentra) et l’imparfait de
l’indicatif (était, appartenait). (1 pt)
b. Le passé simple est le temps de base du récit, ce
temps signale que l’énoncé est coupé de la situa- Dictée proposée (6 pts)
tion d’énonciation. Il exprime des faits, des actions
Le professeur Schultze vient de terminer la rédac-
de durée limitée (aspect borné) et qui ont eu lieu à
tion d’un mémoire.
un moment précis du passé. L’imparfait, au contraire,
Il était près de minuit, lorsque le professeur signa
est employé ici pour rapporter des actions passées
le dernier feuillet, et il passa aussitôt dans sa
non limitées (aspect non borné). (1 pt)
chambre à coucher pour y prendre un repos bien
7/a. La première ellipse narrative se situe entre la gagné. Ce fut dans son lit seulement qu’il rompit la
ligne 3 et la ligne 4 : le voyage en train n’est pas bande de son journal et en commença la lecture,
raconté. avant de s’endormir. Au moment où le sommeil
semblait venir, l’attention du professeur fut attirée – l’énonciation : le récit est entièrement à la troi-
par un nom étranger, celui de « Langévol », dans le sième personne, avec le passé simple comme
fait divers relatif à l’héritage monstre. Mais il eut temps de base ; les temps verbaux sont employés
beau vouloir se rappeler quel souvenir pouvait bien en conséquence ;
évoquer en lui ce nom, il n’y parvint pas. Après – l’organisation du récit ; le texte se présente
quelques minutes données à cette recherche vaine, comme un extrait de roman : narration, descrip-
il jeta le journal, souffla sa bougie et fit bientôt tion, dialogues essentiellement. Le cadre spatio-
entendre un ronflement bizarre. temporel apparaît clairement, les personnages sont
Jules VERNE, caractérisés. Le retour en arrière et l’ellipse narra-
Les Cinq cents millions de la Bégum, 1879. tive sont signalés et utiles au récit ;
Remarque : on écrit au tableau « Langévol ». – la maîtrise de la langue : la syntaxe est correcte,
ainsi que l’orthographe ; le niveau de langue est
courant ;
– l’effet produit : les sentiments des personnages
Rédaction (15 pts)
qui réagissent à la bonne nouvelle sont suffisam-
Pour évaluer les textes écrits par les élèves, on peut ment exprimés pour donner au récit une bonne
s’appuyer sur les critères suivants : vraisemblance.
EXEMPLE 1
1 2 3 4 5
LANGUE LECTURE (image) LECTURE (texte) EXPRESSION EXPRESSION
La narration, Maigret, p. 14 Cauchemar ÉCRITE ÉCRITE
leçon 37, en jaune, Écrire un récit Suite de la
p. 390 début p. 16 complexe : séance 4 :
bouleverser amélioration
Semaine 1
l’ordre brouillon,
chronologique, mise au propre,
p. 25 ; ex. 2, ramassage
ou 3 ou 4, p. 26, des copies
brouillon
à préparer
6 7 8 9
LANGUE Bilan de la EXPRESSION Compte rendu
La narration, séquence : ÉCRITE et correction
Semaine 2 leçon 37, Vers le brevet, Suite des du bilan
p. 390 fin p. 30 séances 4 et 5 :
compte rendu de
l’exercice écrit et
remise des copies
EXEMPLE 2
1 2 3 4
La narration, Initiales, début, Écrire une Rendre compte
leçon 37, p. 18 nouvelle, p. 27, d’une lecture,
p. 390, début ex. 6 ou 7, p. 27, p. 28, ex. 2, p. 29,
Semaine 1
(surtout : préparation, mise en route,
le retour brouillon à finir distribution
en arrière, pour la séance 7 des dates
l’anticipation) des prestations
5 6 7 8 9
L’expression Initiales, suite, Suite de la Suite de la ORAL
du temps, p. 20 séance 3 : séance 4 : Suite des
Semaine 2 leçon 25, p. 348 mise au propre, prestations séances 4 et 8 :
ramassage de 6 élèves 4 autres élèves
des copies LANGUE
Suite leçon 25
10 11 12 13
La narration, Initiales, fin, p. 22 Suite des Suite des
leçon 37, séances 3 et 7 : séances 4, 8, 9 :
Semaine 3 p. 390 fin compte rendu 6 autres élèves
(l’ellipse) de l’exercice
écrit, remise
des copies
14 15 16 17 18
Révision et Bilan de la ORAL ORAL Compte rendu
approfondissement séquence : Suite des Suite des et correction
des leçons 37 Vers le brevet, séances 4, 8, 9, séances 4, 8, 9, du bilan
et 25 p. 30 13 : 4 autres 13, 16 :
Semaine 4 élèves les 5 derniers
LANGUE élèves
orthographe : LANGUE
homonymes orthographe :
et paronymes, suite de la
leçon 42, p. 412 séance 16
SÉQUENCE 2
Le récit (2) : narrateur et point de vue
Objectifs et contenus
Deuxième étape concernant la réactivation des que les élèves mélangent ces notions et confon-
connaissances sur le récit, cette séquence s’attache dent, par exemple, un changement de narrateur
surtout à traiter les questions se rapportant au avec un changement de point de vue. Avant de
narrateur et à la position qu’il choisit pour réaliser commencer la séquence, on vérifiera quels sont les
un récit. acquis des élèves en ce qui concerne les notions de
En 6e la notion de narrateur a été sommairement récit, d’auteur et de narrateur. Ils sont souvent fort
définie par opposition à celle d’auteur. Il faut recon- divers. Puis on annoncera aux élèves qu’ils vont
naître que la définition du narrateur en elle-même approfondir ces questions, de manière à écrire et
n’est pas simple car il s’agit d’une notion très géné- comprendre encore mieux les textes qui rappor-
rale recouvrant des occurrences fort diverses. Dans tent des histoires.
un récit, le narrateur est la personne qui raconte,
mais il s’agit bien souvent d’un personnage fictif L’étude de textes et d’images
plutôt que d’une personne réelle ; le narrateur est La séquence s’organise donc en deux temps :
même parfois tellement fictif qu’il apparaît indéfi- l’approfondissement de la notion de narrateur avec
nissable, car trop caché dans le texte, trop abstrait. le cas, nouveau pour les élèves, du récit encadré
Pour clarifier la notion, on peut s’appuyer sur les (avec un extrait de la nouvelle de Maupassant La
remarques de J.-P. Goldenstein : « Le narrateur, Peur), puis la question du point de vue. Celle-ci
quant à lui, raconte la fiction. Ce n’est, si l’on ose dire, trouve elle-même un approfondissement avec
qu’une “voix de papier”. Jean-Pierre Faye a remarqué l’exemple d’un récit où la variation des points de
que “le Narrateur-gnarus, celui qui sait-est mot à mot vue est nette et significative (Les Cadeaux inutiles).
l’opposé de l’ignare, qui ne sachant rien ne peut Pour l’étude des points de vue et de leur implica-
raconter”. Ce rôle de médiation peut être occupé tion dans les textes, nous avons choisi un ordre
selon le cas par le personnage principal, par l’un des allant du narrateur le plus démuni (point de vue
personnages secondaires, ou par “personne”. “Ça externe) au narrateur le mieux armé (point de vue
parle” alors, mais on est incapable d’assigner l’ins- omniscient). L’étude d’image – Le narrateur dans
tance narrative à une quelconque figure ; elle reste la bande dessinée – peut être placée en fin de
“neutre”. » (J.-P. Goldenstein, Pour lire le roman, De séquence ; elle peut aussi offrir un excellent
Boeck-Duculot, 1989). On pourrait donc dire aux support pour amorcer la séquence et vérifier les
élèves que le narrateur est « celui qui connaît acquis des élèves sur la question du narrateur.
l’histoire » et a, par conséquent, les moyens de
nous la raconter. Les activités d’expression
Ces moyens pour raconter l’histoire peuvent être Pour ce qui concerne la production de textes
plus ou moins développés. Intervient alors la écrits, l’accent est mis dans cette séquence sur les
notion de point de vue (ce terme a été préféré à prescriptions suivantes du programme : « récit
celui de focalisation par les concepteurs des pro- à partir d’un récit donné avec changement de point
grammes de français). Du point de vue externe (le de vue » et « rédaction de récits complexes ayant pour
narrateur ne sait que ce qu’il perçoit), au point de cadre le monde réel ou le monde imaginaire ». Les
vue omniscient (le narrateur sait tout), les positions exercices d’écriture proposés sont progressifs : ils
du narrateur par rapport à l’histoire qu’il raconte portent d’abord sur le changement de narrateur,
sont très diverses. De plus, ces positions peuvent puis sur la suite d’un récit d’abord en conservant le
varier au cours d’un même texte, le narrateur pou- point de vue narratif, ensuite en le changeant. Il est
vant savoir beaucoup sur tel ou tel point, et peu à en effet nécessaire d’avancer avec clarté et
un autre moment. méthode sur ces points qui peuvent paraître confus
La séquence s’organise très progressivement ou abstraits à certains élèves.
pour que les élèves comprennent l’agencement et Pour l’oral, les exercices retenus pour la présente
l’intérêt de ces notions : un des objectifs est d’éviter séquence concernent la prescription du pro-
gramme portant sur « la pratique du compte rendu niques narratives », concerne directement cette
[…] à la suite d’une visite de monument » que l’on séquence.
élargit au compte rendu de voyage. On prépare – A. RABATEL, La Construction textuelle du point de
ainsi la pratique du « récit d’une expérience person- vue, Collection « Sciences des discours »,
nelle », plus vaste, activité qui sera intégrée à la Delachaux et Niestlé, 1998. L’auteur étudie la for-
séquence 8. mation de « l’effet point de vue » (point de vue du
personnage, point de vue du narrateur) et les
Les outils de langue divers jeux de point de vue. Il appuie ses analyses
Comme la présente séquence porte sur des sur le concret, le détail des textes (les exemples lit-
notions narratologiques de base, on mobilisera en téraires sont nombreux). La lecture de l’ouvrage
priorité la leçon 40 (« Les points de vue narratifs ») demande une grande attention, mais elle se révèle
et au besoin la leçon 41 (« La grammaire du récit : enrichissante.
organisation, temps, chronologie »). La leçon d’or- – M. RAIMOND, Le Roman, collection « Cursus »,
thographe qui porte sur les accords dans le texte, Armand Colin, 2005. Dans cet ouvrage souvent
leçon 48, est bien à sa place dans cette séquence réédité, le chapitre 11 (Le point de vue) concerne
car le problème des accords dans le texte est sou- directement les enjeux de la présente séquence.
vent lié à la question du narrateur. On pourra com- – Y. REUTER, L’Analyse du récit, collection « 128 »,
pléter par la leçon 7 (« Les champs lexicaux »), sur- Armand Colin, 2005. Les chapitres « Les pers-
tout pour ce qui concerne le vocabulaire lié à la pectives narratives » et « L’instance narrative »
notion de personnage ou à celle de mouvement. concernent le plus directement les notions en jeu
dans cette séquence.
– P.-L. REY, Le Roman, Hachette Éducation, 1992,
Références bibliographiques 1997. Dans cet ouvrage bien informé, on se repor-
Sur les points de vue narratifs tera plus précisément au chapitre 2 (« Le point de
– J.-M. ADAM, F. REVAZ, L’Analyse des récits, collec- vue ») pour obtenir des éclaircissements pertinents
tion « Memo », Éditions du Seuil, 1996. L’ouvrage sur les notions traitées dans la présente séquence.
traite l’ensemble de la question de manière
complète et concise, et offre notamment de bons Sur la bande dessinée
éclaircissements sur les points de vue (pp. 84-86). – D. QUELLA-GUYOT, Explorer la bande dessinée,
– J.-P. GOLDENSTEIN, Pour lire le roman, De Boeck- Dupuis/SCEREN/CRDP Poitou-Charentes. L’ouvrage,
Duculot, 1989. Dans cet ouvrage qui fait en- clairement présenté et richement illustré, permet
core autorité, le chapitre 2, « Point de vue et tech- une approche méthodique de la bande dessinée.
Document d’entrée p. 34
Le document retenu permet de poser d’emblée les et quels sont leurs liens (familiaux, amicaux, profes-
questions de base concernant le récit. Il y a d’abord sionnels ou autres). Il faudrait également savoir en
tout ce qui concerne l’histoire elle-même : pour l’honneur de quoi ou de qui cette fête est donnée,
construire ou comprendre une histoire, il est néces- puisque le titre du tableau ici reproduit est Fête
saire de définir lieu, moment, personnages, action (ici, dans un jardin.
seule celle-ci est connue : une fête). Ensuite se posent
3. On attend de l’élève qu’il justifie son choix en
les questions concernant les choix narratifs : cette his-
précisant un ou deux avantages apportés par la
toire, quel narrateur va la raconter ? Et ce narrateur
position narrative qu’il préfère. Si l’élève choisit de
va-t-il prendre part à l’histoire ou rester extérieur ? S’il
rapporter l’histoire lui-même, il choisit la position
reste extérieur, quel point de vue narratif va-t-il adop-
d’un narrateur extérieur avec récit à la troisième
ter ? Ces questions fondamentales se posent à toute
personne : soit ce narrateur peut raconter comme
personne qui s’engage dans l’écriture d’un récit, que
s’il savait tout (l’histoire est plus facile à raconter) ;
ce soit un élève ou un écrivain.
soit il peut raconter en ne rapportant que ce qu’il
perçoit (voit et entend), ce qui peut entretenir un
Réponses aux questions peu de mystère ; enfin, il peut raconter en se
1. Les personnages que l’on voit sur ce document plaçant du côté d’un personnage qu’il privilégie,
sont en train de se regarder et de converser. ce qui favorise la dimension psychologique. Si on
laisse un des personnages raconter l’histoire, la
2. Pour raconter cette scène, qui peut faire partie vision qu’aura celui-ci sera partielle et même
d’une histoire, il faudrait savoir où et quand elle se partiale, mais le lecteur se sentira certainement
passe, quels sont les personnages que l’on aperçoit davantage placé au cœur de l’action.
cependant la peur qu’il ressent montre que, même de ce texte pour figurer dans cette séquence. Avec un
s’il n’établit pas un lien explicite entre le battement petit avantage supplémentaire : la dernière phrase du
de tambour et la mort de son ami, il est en proie au texte suit le point de vue interne : on peut ainsi faire
doute et à une grande angoisse. En effet pour lui, comprendre la différence des deux points de vue par
sur le moment, ce qui s’est passé est « incompré- contraste, et annoncer l’étude du texte suivant dans
hensible » (l. 60). Comme dans un récit fantastique, le manuel, extrait du roman de Balzac, Le Père
le narrateur hésite entre une explication rationnelle Goriot.
et une interprétation irrationnelle des faits. Le texte donné en écho, de Jean Echenoz, date de
la même année que celui de Jean Vautrin. Il utilise
12. Le récit encadré apporte de nouveaux déve-
les mêmes ressources (point de vue majoritairement
loppements, des explications sur un sujet (ici la
externe) pour relater une situation similaire : le
peur), il a souvent comme dans ce texte un rôle
lecteur est cependant moins perdu dans le texte de
d’exemple, de preuve.
Jean Echenoz car le narrateur donne davantage
13. Pour qualifier le paysage représenté, on peut d’informations précises sur les lieux et les personnes.
par exemple choisir parmi les adjectifs désertique, La juxtaposition de ces deux extraits permet aussi
étrange, lointain, sombre, obscur, mélancolique, de montrer aux élèves qu’il y a des situations qui
dépouillé, austère, vespéral. se retrouvent souvent dans les romans, ce sont
des « topoi » : ici, la recherche, la poursuite d’une
14. Pour servir de légende, on peut relever la
personne par une autre, dans une ville.
phrase « Je traversais les grandes dunes au sud de
Ouargla. » (l. 37) ou bien la phrase « Nous étions
Réponses aux questions
deux amis suivis de huit spahis et de quatre cha-
meaux, avec leurs chameliers » (l. 48). 1. L’histoire se passe dans les rues et les galeries
marchandes d’une ville qui semble plutôt grande :
15. Modalités. On conseille aux élèves de lire et
« Ruxton Street » (l. 1 et l. 19), « la galerie mar-
de suivre scrupuleusement les consignes. La diffi-
chande » (l. 17), « devant les cinémas » (l. 25-26). Le
culté de l’exercice ne tient pas au contenu (le récit
nom des rues (« Ruxton Street ») suggère que la ville
d’une peur ou d’une surprise), mais à l’emploi du
est située dans un pays anglophone.
procédé du récit encadré. La transition entre le
Remarque : à la lecture de l’intégralité de la
récit cadre et le récit encadré peut être marquée
nouvelle, on découvre que l’action est située aux
comme dans le texte de Maupassant par un pas-
États-Unis.
sage de la troisième à la première personne, par un
retour à la ligne précédé de deux points. On ne 2. L’histoire se passe la nuit, sous la pluie : l’ex-
peut guère accepter que le récit encadré s’ouvre et pression « la coulée incandescente du trafic » (l. 18)
se ferme par des guillemets : il se réduirait alors à indique que les phares des voitures sont allumés.
un simple monologue au sein du récit. Dans la galerie marchande les boutiques sont
fermées : l’espace que forme cette galerie « était
LA VIE DES MOTS totalement désert à cette heure. Le long de ce passage
a. Dans cette liste, les cinq mots désignant les sen- défilaient des boutiques et personne dedans »
timents les plus forts sont : épouvante, terreur, (l. 22-23). Il est probablement tard car l’homme
anxiété, angoisse, effroi. s’apprête à attendre « la sortie de la dernière séance »
b. Soyez sans crainte, cet animal n’est pas dange- (l. 26). Tous ces éléments nous permettent de
reux. Avant d’entreprendre notre voyage seuls au situer l’histoire à une heure tardive, peut-être vers
pays des Pygmées, nous avons éprouvé de l’appré- minuit.
hension. 3. Les personnages sont « l’homme jeune » (l. 1),
« deux filles » (l. 5), le passant heurté par « l’homme
jeune », qui est « un type plus petit que lui » (l. 16).
L’homme jeune p. 40 Le personnage principal est « l’homme jeune » car
c’est son itinéraire que l’on suit.
Dans cet extrait de Patchwork, le narrateur ne
4. Le narrateur est extérieur à l’histoire : il ne fait
voit, n’entend, ne sait pas tout, et le lecteur n’en
pas partie des personnages, il ne prend pas part
saura pas plus que lui. Le point de vue dominant est
à l’action. Il raconte à la troisième personne :
clairement externe et le manque d’informations crée
« L’homme jeune venait de traverser Ruxton Street en
l’incertitude, et même une sorte de malaise car le
courant. » (l. 1)
narrateur semble ne pas être à la hauteur de la situa-
tion : pourquoi raconte-t-il cette histoire alors qu’il 5. Les expressions prouvant que le narrateur dit
en ignore de nombreux éléments ? L’efficacité du ce qu’il voit sont assez nombreuses, entre autres :
point de vue externe est ici maximale, d’où le choix « Quand il prit pied sur le trottoir d’en face il avait
une gueule de noyé. » (l. 1-2), « Il fit quelques pas, un observateur extérieur, à moins que le person-
visiblement sans but » (l. 3-4), « les bords de ses nage ne prononce une phrase à haute voix par
paupières étaient rouges » (l. 5), « l’homme jeune exemple. Le narrateur est donc pour un instant
semblait prendre de l’assurance dans son maintien » entré dans la conscience de ce personnage, qui se
(l. 19-20). Les expressions montrant que le narra- trouve ainsi privilégié dans le récit.
teur rapporte ce qu’il entend sont moins nom-
breuses : « L’une parlait avec des gestes. L’autre riait
13. Le flou est ici un effet voulu par le photo-
graphe. Il en résulte une modification de la percep-
à tout ce que disait la première » (l. 6-7).
tion habituelle des êtres et des choses, d’où un effet
6. La phrase suivante montre que le narrateur voit d’étrangeté, d’incertitude, et une impression de
le personnage qui lui-même se voit : « Il s’arrêta un mouvement, de vitesse. Les lumières produisent
quart de seconde devant la glace d’une parfumerie d’abord un effet esthétique : on remarque davan-
pour se dévisager » (l. 14-15). tage la présence et la beauté des lumières dans la
nuit, avec leurs différentes teintes, leurs mélanges.
7. Le mot qui prouve que le narrateur n’est pas
Les lumières donnent en plus une impression de vie,
toujours sûr de ce qu’il voit est « semblait » (l. 19).
d’activité. Vitesse et lumière sont caractéristiques des
8. Les personnages ne sont pas nommés ; ils grandes métropoles où se déroule une vie nocturne
restent ainsi des inconnus pour le lecteur. Cela animée. Le photographe privilégie les impressions
dégage une impression de mystère, d’énigme. (mouvement, activité) plutôt que la précision des
L’effet d’attente ainsi créé renforce la curiosité du détails : il cherche à montrer les caractéristiques
lecteur qui a envie de lire la suite pour découvrir visuelles et générales d’une ville la nuit.
l’identité des personnages, leurs relations, et
connaître la résolution de l’énigme. 14. Photographier les rues des villes présente un
intérêt documentaire : le photographe, et en parti-
9. Dans les quatre premiers paragraphes, le culier le reporter photographe, fait découvrir une
champ lexical du mouvement est constitué par les ville à ceux qui ne la connaissent pas (ville étran-
mots et expressions « en courant » (l. 1), « il fit gère et lointaine par exemple). Les rues des villes
quelques pas » (l. 3-4) « marchaient » (l. 6), « s’éloi- peuvent aussi intéresser les photographes par leur
gna » (l. 8), « pivota » (l. 12), « courir » (l. 13), beauté ou leur originalité architecturale, c’est l’in-
« continua sa route » (l. 13), « avançait » (l. 14), térêt esthétique. Il arrive également que des photo-
« repartant » (l. 15), « hâta le pas » (l. 16), « s’en- graphes choisissent des rues dans lesquelles un ou
gouffra » (l. 16). plusieurs personnages sont présents, ainsi on peut
10. D’après le premier paragraphe « l’homme voir comment vivent ces gens ou imaginer les
jeune » n’a pas de but : « Il fit quelques pas, visible- histoires vécues par ces inconnus, s’identifier à eux
ment sans but » (l. 3-4). Mais d’après le dernier ou non ; c’est un intérêt social, humain. Le
paragraphe, il en a un : « attendant la sortie de la photographe s’adresse à notre imaginaire. Enfin,
dernière séance, il était presque certain de trouver en photographiant une ville, le photographe
celle qu’il cherchait » (l. 26-27). Il est donc clair qu’il peut vouloir en saisir les particularités, et donner à
est à la recherche d’une fille ou d’une femme. comprendre l’esprit des lieux.
11. D’après ce passage, le point de vue externe Remarque : on trouvera dans le manuel d’autres
présente l’avantage de maintenir le lecteur dans photographies de villes aux pages 50, 83, 134,
l’incertitude, ce qui peut aviver son intérêt pour 143, 201, 215 (carte postale), 254, 265, 276, 299.
l’histoire racontée, au début d’un roman surtout. Le Des exercices de comparaison sont possibles et
point de vue externe participe à la mise en place de profitables.
l’énigme, mais il a ses limites : les informations dont 15. Modalités. Pour aider les élèves à imaginer
dispose le lecteur sont restreintes, puisque le narra- une suite à ce texte, on pourra leur faire repérer les
teur ne raconte que ce qui est perceptible de l’exté- passages qui suscitent des interrogations, comme
rieur ; par conséquent le lecteur peut se fatiguer autant d’appels à l’imagination. Par exemple :
d’être frustré. Le lecteur n’a pas accès à l’intériorité
– « l’homme jeune » (l. 1) : on ne sait rien de son
des personnages, il ignore donc ce qu’ils pensent,
identité, de sa profession, de ses motivations. Pour-
ressentent et, ainsi, il a du mal à s’identifier avec un
quoi court-il ? Que ou qui cherche-t-il ?
ou plusieurs personnages. La « sympathie » avec un
– « Il se retourna sur deux filles […] sans les perdre
éventuel héros est rendue très difficile.
de vue. Ses yeux gris restaient fixes. » (l. 5-11) :
12. La dernière phrase n’est plus en point de vue pourquoi ce personnage se comporte-t-il ainsi ?
externe mais en point de vue interne ; le narrateur Plusieurs réponses sont possibles qui orienteront
indique le but du personnage : « trouver celle qu’il différemment le récit (histoire sentimentale,
cherchait » (l. 27). Ce but n’est pas perceptible par policière…).
– « trouver celle qu’il cherchait » (l. 27) : qui est-elle ? Réponses aux questions
une victime ? un personnage qui va l’aider ?
1. Le narrateur n’est pas l’un des personnages
On rappelle aux élèves les caractéristiques d’une
de l’histoire. Le récit est effectué à la troisième
suite de récit (voir p. 52 du manuel).
personne et le narrateur n’intervient pas dans
16. Modalités. Le « cadre », ici, est une ville l’histoire. Il raconte ce que font, voient et disent les
la nuit. L’histoire peut donc intégrer des per- personnages de l’histoire.
sonnages, des moyens de locomotion divers, et
2. Le personnage principal dans cette scène est
être constituée par exemple de rencontres, de
un jeune homme nommé Eugène de Rastignac. Il
recherches, de poursuites ou de simples prome-
effectue plusieurs déplacements : il ouvre sa porte,
nades. On peut accepter que le passage rédigé
va dans le corridor, s’approche de la porte du père
selon un point de vue externe soit court, et qu’il
Goriot, puis observe son voisin par le trou de la
soit composé ou bien de narration (L’homme court,
serrure, il se relève, l’observe à nouveau, se dirige
il se retourne puis traverse la rue ; une voiture freine
vers sa chambre ; un bruit attire son attention, puis
pour l’éviter, on entend les pneus qui gémissent…) ou
une lueur au second étage, il descend quelques
bien de description (Les lumières jaunes dominent ;
marches pour écouter, enfin il regagne sa chambre.
la lumière des phares des voitures brille sur la chaus-
sée mouillée…). 3/a. Le personnage appelé le père Goriot tient
également une place importante dans l’histoire. Il
LA VIE DES MOTS est en effet l’objet d’une longue observation de la
part de Rastignac.
a. Cet enfant est un nageur débutant : il préfère avoir
b. Les expressions désignant le père Goriot ou s’y
pied à la piscine. Des troupes de soldats fraîche-
rapportant sont nombreuses : « le père Goriot »
ment débarquées ont pris pied sur la côte sud de l’île ;
(l. 2), « le vieillard » (l. 4), « occupé de travaux qui lui
pendant ce temps leurs adversaires ont lâché pied et
parurent trop criminels » (l. 4-5), « le soi-disant vermi-
ont préféré battre en retraite. Le vieil espion a
cellier » (l. 6), « quel homme ! » (l. 11), « le bras ner-
perdu pied quand il a compris que son complot était
veux du vieillard » (l. 12-13), « serait-ce donc un
découvert.
voleur ou un receleur qui […] affecterait la bêtise,
b. Série 1 : s’engouffrer, se précipiter, s’élancer, jaillir,
l’impuissance et vivrait en mendiant ? » (l. 15-17),
se ruer.
« Il serait donc aussi fort que l’était Auguste, roi de
Série 2 : reculer, revenir sur ses pas, battre en retraite,
Pologne ? » (l. 28-31), « le père Goriot regarda tris-
se replier, se retirer, se dérober, faire machine arrière.
tement son ouvrage » (l. 33), « “Il est fou”, pensa
Le critère de classement retenu est le sens du mou- l’étudiant » (l. 36), « Rastignac jugea prudent de […]
vement. La série 1 réunit les mots et expressions ne pas inconsidérément condamner son voisin »
indiquant des mouvements en avant, la série 2 (l. 38-40). La plupart de ces expressions sont péjo-
rassemble des mots et expressions indiquant des ratives, sauf celles qui soulignent la force du per-
mouvements en arrière. sonnage ou montrent sa sensibilité. La dernière
expression atténue le caractère péjoratif des
expressions précédentes : Rastignac ne sait que
penser du père Goriot ; le terme neutre « voisin »,
ni mélioratif, ni péjoratif, déjà employé ligne 3,
reparaît ligne 40.
Mystères p. 42
4/a. Tout d’abord Rastignac voit le père Goriot qui
tord son vermeil pour en faire des lingots (l. 6
Dans cet extrait du Père Goriot, le narrateur suit
à l. 33).
le personnage principal comme son ombre : il voit ce
b. Rastignac observe le père Goriot parce qu’il se
qu’il voit, entend ce qu’il entend, suppose ce qu’il
demande si ce personnage n’est pas en train de
suppose… Le symbole des murs et des portes est
préparer une action illégale : il « vit le vieillard
d’ailleurs très clair : narrateur et lecteur restent du
occupé de travaux qui lui parurent trop criminels pour
côté du personnage principal et comme lui sont cou-
qu’il ne crût pas rendre service à la société en exami-
pés du reste. Tous les procédés pour construire un
nant bien ce que machinait nuitamment le soi-disant
point de vue interne sont convoqués : verbes de per-
vermicellier » (l. 4-6).
ception ayant le personnage principal pour sujet,
c. Rastignac suppose que le père Goriot est peut-
détails de description mettant en valeur ce que voit ce
être « un voleur ou un receleur » (l. 15).
personnage, monologues intérieurs du personnage
fréquemment rapportés. Ainsi l’extrait donne-t-il un 5. Rastignac est ensuite témoin de plusieurs évé-
exemple probant du point de vue interne et de son nements. Il entend que quelqu’un monte l’escalier
efficacité. en chaussons et identifie la respiration de deux
hommes ; il aperçoit une lueur chez Vautrin puis sonnage principal. Celui-ci ignore encore les
entend le son de l’or. L’obscurité revenue, Rasti- secrets de chacun des habitants de la pension
gnac entend de nouveau le « son alternatif » de Vauquer mais il fait des suppositions, il émet des
deux respirations sans avoir perçu le bruit de la hypothèses. Le point de vue interne permet de
porte. Les hommes semblent descendre. Soudain, conserver tout le mystère ; un narrateur omniscient
Mme Vauquer crie « Qui va là ? » et Vautrin lui aurait pu donner davantage d’informations. Ici le
répond qu’il rentre. Rastignac est intrigué : il ne lecteur partage les interrogations, les suppositions
comprend pas comment Vautrin a pu rentrer alors et les jugements du seul Rastignac, le point de vue
que les verrous ont été mis. Rien n’est dit concer- interne favorise l’identification du lecteur au
nant la présence du deuxième homme. Dans personnage privilégié.
l’extrait, aucun lien n’est établi entre les deux
scènes, Vautrin et le père Goriot ne semblent pas 10. L’illustration de la page 42 représente le père
complices, ce dernier étant couché quand survient Goriot, celle de la page 43 Vautrin et Rastignac. La
Vautrin. Ces deux scènes ont pour point commun présence de ces deux illustrations est justifiée par la
d’être énigmatiques pour Rastignac. Ces mystères présence dans l’extrait choisi de ces trois person-
seront éclaircis dans la suite du roman. nages. Ces illustrations aident le lecteur à se figurer
plus précisément l’époque à laquelle se situe
6/a. Entre les lignes 35 et 48 le champ lexical de la l’action, grâce aux costumes (redingotes, chapeau)
vue est constitué des mots « vit », « faible lueur » et aux coiffures. De plus, l’observation de l’aspect
(l. 45). Quant au champ lexical de l’ouïe, il est physique des personnages (taille, corpulence…),
formé par les mots et expressions « entendit » et de leurs postures, fournit des indications qui
(l. 35), « soupir » (l. 36), « dit à haute voix » (l. 37), renforcent ou complètent celles du texte. Dans
« silence » (l. 38), « bruit » (l. 40), « son » (l. 43), l’illustration de la page 42, le père Goriot, maigre et
« sans avoir entendu » (l. 44), « le cri de la porte » voûté, a bien l’aspect d’un « vieillard » (l. 4) ; son air
(l. 44), « le son de l’or » et « frappa son oreille » (l. 48). triste et misérable intrigue, tout comme son com-
Les sujets des verbes renvoient surtout à Rastignac. portement dans le texte. Dans l’illustration de la
b. Parmi les pensées du personnage principal, on page 43, Rastignac a le visage tourné vers Vautrin,
peut relever « Peste ! quel homme ! » (l. 11), « Mais il semble écouter attentivement ce personnage qui
serait-ce donc un voleur ou un receleur qui […] affec- paraît sûr de lui et déterminé (une main fortement
terait la bêtise, l’impuissance et vivrait en mendiant ? » appuyée sur sa canne, l’autre sur sa cuisse, il
(l. 14-17). On trouve aussi « Il serait donc aussi fort regarde Rastignac). Ainsi on s’interroge sur le
que l’était Auguste, roi de Pologne ? » (l. 28 à 31), caractère et le rôle de chacun de ces personnages
« Il est fou » (l. 36), « Voilà bien des mystères mais aussi sur leurs relations dans la suite de l’his-
dans une pension bourgeoise ! » (l. 46-47), « C’est toire. Les illustrations tout comme le texte privilé-
singulier ! Christophe avait mis les verrous, […]. Il faut gient les personnages et leurs mystères.
veiller pour bien savoir ce qui se passe autour de soi, Remarque : on pourra préciser aux élèves que dans
dans Paris » (l. 54-55). le roman, à plusieurs reprises, Vautrin cherche à
c. C’est Rastignac qui perçoit l’essentiel de la scène « instruire » Rastignac, notamment dans un long
et porte des jugements sur ce qui se passe. passage, où il lui fait une proposition criminelle :
épouser Victorine Taillefer devenue une riche héri-
7. D’après les réponses aux questions précé-
tière grâce à l’élimination de son frère, à laquelle
dentes, on comprend que le narrateur semble se
Vautrin pourrait veiller, à condition que Rastignac y
placer du côté de Rastignac.
consente.
8. Rastignac apparaît dans cette scène comme un
jeune homme curieux, observateur, discret et pru- 11. Modalités. L’exercice porte sur l’imitation
dent. Il émet des hypothèses, s’étonne de ce qu’il d’un procédé : le point de vue interne. La liste des
découvre et apprend à connaître Paris d’après ses situations données comme exemples n’est bien sûr
observations, ainsi que l’indique la dernière phrase. pas limitative. On pourra même laisser une assez
grande latitude aux élèves dans le choix de la situa-
Remarque : on peut ajouter que cet extrait est à
tion de départ, donc de la scène à raconter, car
l’image du roman tout entier : le jeune Rastignac
l’emploi du point de vue interne n’est pas facile
découvre la ville, la société, et la vie. Le Père Goriot est
pour des élèves qui, vu leur âge, manquent sou-
le roman d’une formation, celle du jeune Rastignac.
vent de recul pour effectuer des choix de narrateur
9. Dans ce récit, l’intérêt du point de vue interne conscient et en maîtriser les implications. On peut
est de faire découvrir au lecteur la scène telle aussi n’exiger qu’un passage au point de vue
qu’elle est perçue par le personnage principal, et interne (et demander aux élèves de le signaler
seulement lui. C’est une vision limitée, partiale dans leur texte), ce serait suffisant pour vérifier leur
mais qui met en valeur un personnage, ici le per- compétence à employer un tel point de vue.
qu’il y a ? » (l. 6), « Jenny ne comprenait pas. » (l. 12) points de vue (« Les points de vue narratifs ») et
Mais elle manifeste son soutien à Jacques : « Jenny enfin la portée morale à travers la distanciation prise
serrait contre son buste la main que Jacques avait par le narrateur (« L’humour du narrateur »). Bien
glissée sous son bras » (l. 34). Comme elle devine évidemment le changement de point de vue narratif
le désespoir et la souffrance de Jacques, elle au cours d’un même récit est une question subtile,
l’emmène hors du rassemblement (l. 47-48). Elle mais elle permet de montrer, et pas seulement aux
se comporte donc en véritable amie. élèves les plus habiles, toutes les possibilités qu’offre
au narrateur cette forme de texte, le récit, qui pour-
7. La dernière proposition « et tout s’écroulait » se rait être considérée comme banale.
rapporte aux rêves et aux espoirs de Jacques. Il
Il existe une adaptation cinématographique
avait cru au « triomphe de la justice, de la vérité
de cette nouvelle, Les Cadeaux inutiles, dans
humaine, de l’amour » (l. 55-56), mais la guerre est
O. Henry’s Full House, traduit en français par
là avec ce qu’elle comporte d’injustice et de haine.
La Sarabande des Pantins. Il s’agit d’un film amé-
Jacques désirait un monde meilleur, or voilà qu’une
ricain de 1952 qui réunit cinq adaptations de nou-
guerre commence, qui va détruire plus que
velles de O. Henry, réalisées par des metteurs en
construire. Son idéal s’est effondré.
scène différents (Henry Hathaway, Howard Hawks,
8. Pour rapporter un moment important, le point Henry King, Henry Koster et Jean Negulesco), la
de vue omniscient est tout à fait adapté car il per- présentation de chaque film étant assurée par
met au narrateur de donner de nombreuses infor- John Steinbeck. Henry King a réalisé l’adaptation de
mations, par exemple de montrer les réactions de la nouvelle Les Cadeaux inutiles sous le titre de
tous les personnages, où qu’ils soient, et de faire The Gift of the Magi (Le Don des Mages).
connaître leurs pensées, leurs sentiments. Le narra-
teur peut aussi dévoiler des éléments concernant le Réponses aux questions
passé des personnages. Grâce au point de vue
omniscient, le narrateur rapporte l’événement sous
1. Les personnages se trouvent chez eux, dans
leur appartement, à New York très probablement
tous les angles ; ce moment important s’en trouve
car Della a admiré le magnifique peigne « dans une
donc valorisé.
vitrine de Broadway » (l. 21).
9. Modalités. La situation proposée pour ce récit
est claire, le récit pourra donc être détaillé, précis,
2. Les personnages forment un jeune couple. La
femme s’appelle Della et son mari, Jim. Le narrateur
aussi bien dans les passages narratifs que descriptifs
est extérieur à l’histoire : le texte est à la troisième
et explicatifs. On pense non seulement à décrire les
personne et ni Della ni Jim ne raconte l’histoire.
personnages principaux et à rapporter leurs
paroles, mais aussi à révéler leurs pensées, à dévoi- 3/a. La première étape du récit est constituée par
ler leur passé. On explique les circonstances, les les lignes 1 à 31 : Jim offre son cadeau à Della (le
comportements. On peut rapporter des faits qui peigne). La seconde étape va de la ligne 32 à la
ont lieu au même moment à différents endroits. Un ligne 44 : Della offre son cadeau à Jim (la chaîne de
tel récit à la troisième personne, et suivant un point montre).
de vue omniscient, place les élèves dans une situa- b. Chacun des deux jeunes gens connaît bien les
tion d’écriture des plus habituelles : l’évaluation goûts et les besoins de l’autre : Jim sait que Della a
pourra en tenir compte. souvent admiré le peigne qu’il lui offre et qu’il
conviendra à ses longs cheveux ; Della sait quelle
Les cadeaux inutiles p. 46 importance Jim accorde à sa montre. On pourrait
qualifier ce couple avec les adjectifs ou les parti-
cipes suivants : aimant, tendre, uni, amoureux,
L’extrait proposé constitue le dénouement de la
attendrissant, modeste, pudique, gentil, prévenant,
nouvelle de O. Henry, qui s’étend sur huit pages. Le
attentionné.
texte qui figure dans le manuel est la fin du récit ;
celle-ci est suivie d’un commentaire du narrateur, sur 4/a. Dans le passage qui va de la ligne 6 à la ligne
lequel s’achève la nouvelle : « … Peut-être, disais-je, 10, le narrateur ne dit pas ce que pense Jim, il décrit
sont-ce des sages aussi, ces deux grands enfants qui, seulement ses attitudes et son regard : « Ses yeux,
follement, sacrifièrent l’un à l’autre les plus précieux démesurément béants, se fixent sur Della » (l. 7).
trésors de leur foyer. Peut-être furent-ils aussi sages b. Le narrateur ne parvient pas à définir précisé-
que les Rois Mages, avec leurs précieux cadeaux… ment les sentiments de Jim : « Ses yeux […] expri-
inutiles ? » ment un sentiment indéfinissable » (l. 8). Il évoque
Pour l’étude de ce texte riche, il a fallu choisir des sentiments pour les nier ensuite : « Ce n’est pas
quelques axes parmi les principaux : la situation des de la colère, ni de l’étonnement, ni du reproche, ni de
personnages (« Une scène intime »), la variation des l’horreur » (l. 8-9).
c. Le point de vue narratif est ici interne. Le narra- se laissera réconforter car tout ce qui vient de lui a
teur se met à la place d’un des personnages, Della. de l’importance pour elle.
Le regard de Jim est fixé sur elle et elle essaie de
comprendre ce que son mari ressent, mais en vain, 8. Les préoccupations des personnages, au vu de
les yeux de son jeune mari expriment « un senti- la première et de la dernière phrase, apparaissent
ment indéfinissable qui la terrifie. Ce n’est pas de la bien différentes, voire contrastées. Si Della est pré-
colère […], ni rien de ce qu’elle attend. » (l. 8-9). occupée par le désir de plaire – elle souhaite que
L’emploi du point de vue interne dans ce passage Jim la « trouve encore jolie » (l. 1) – la première pré-
privilégie Della, et permet de faire comprendre ce occupation de Jim est la faim ou la gourmandise
que la jeune femme ressent, son désarroi ; elle est pour un plat de fête : « si tu faisais cuire les côtelettes
dans l’expectative et le lecteur, qui s’identifie alors ? » demande-t-il à Della (l. 44). Jim est plus terre à
aisément à elle, l’est aussi. terre que Della ; la jeune femme est davantage sen-
timentale que son mari. On peut aussi voir la
5/a. Dans le paragraphe qui va de la ligne 20 à la réplique de Jim – qui est la chute de la nouvelle –
ligne 27, deux personnages sont évoqués : Della et comme une preuve supplémentaire de la tendresse
Sofronie, la coiffeuse qui a coupé et acheté les che- et de la délicatesse du personnage : il vient de
veux de la jeune femme ; les belles tresses de Della révéler à Della la vente de la montre, il a compris le
sont en effet « tombées sous les ciseaux sofroniens » premier leurs sacrifices respectifs ; son sourire
(l. 26-27). (l. 41) et son « ton étrangement calme » (l. 42)
b. Le narrateur connaît les pensées et les désirs de apparaissent comme l’expression de son amour. Il
Della : « le magnifique peigne qu’elle a si souvent veut atténuer la déception de sa femme. Cette
admiré » (l. 20-21), ce peigne « qu’elle a si long- chute comporte aussi une note d’humour : il ne
temps convoité » (l. 22), « si cher qu’elle n’avait reste à ce jeune couple que des côtelettes à parta-
jamais osé espérer, malgré son immense désir, le pos- ger, puisque chacun a sacrifié ce qu’il avait de plus
séder un jour » (l. 23-24). cher en voulant avant tout faire plaisir à l’autre.
c. Le narrateur souligne l’importance du peigne
dans l’écriture même par l’emploi de guillemets et 9. Le narrateur change de point de vue au cours
de majuscules : « Le Peigne » (l. 20). De plus il décrit du récit : il emploie par exemple le point de vue
cet objet avec des termes valorisants : « magnifique » interne de la ligne 6 à la ligne 10, et le point de vue
(l. 20), « si souvent admiré » (l. 21), « en écaille véri- omniscient de la ligne 20 à la ligne 27. Ce change-
table, bordé de pierreries » (l. 21-22). ment de point de vue au cours du récit n’est pas
d. Le point de vue du narrateur est ici omniscient. gênant. Il permet de comprendre comment un
Non seulement, le narrateur se place du côté de personnage voit l’autre (l. 6 à 10), ou pourquoi un
Della et fait part de sa déception, mais il montre objet a une signification importante (l. 20 à 27).
qu’il connaît ses pensées, l’objet qu’elle désire, son Dans ces deux cas, le narrateur s’intéresse surtout à
prix ; il sait l’endroit où elle a vu cet objet. Le point Della. Remarquons cependant qu’il se place aussi
de vue omniscient permet ici au lecteur de mieux parfois du côté de Jim. De la ligne 12 à la ligne 15
comprendre à la fois la joie et la déception de Della et des lignes 42 à 44, le point de vue est externe :
: ce peigne n’est pas n’importe quel peigne. le narrateur ne dit que ce qu’il voit et entend
concernant le jeune mari. La variation des points de
6. Jim est comparé à « un chien de chasse au lapin vue semble accorder à Della une importance
à l’arrêt devant un sanglier » (l. 6-7) et Della à « un majeure dans ce récit.
chat qui s’est brûlé la patte » (l. 32-33). Ces expres-
sions sont amusantes car elles comparent les 10. Si le manque d’argent rend la vie de ce jeune
personnages à des animaux. Par leur caractère couple difficile, l’amour qui les unit, l’attention
inattendu, ces comparaisons introduisent, dans un qu’ils portent l’un à l’autre la rendent heureuse.
contexte pathétique, une rupture de ton, une mise
11. Henri-Edmond Cross aborde ici un thème fré-
à distance ironique.
quemment traité en peinture, celui d’une femme à
7. Jim est le « seigneur de la maison ». Cette appel- sa toilette, mais il le traite de manière originale en
lation est amusante car elle contraste avec le por- faisant de la chevelure, qui pourrait n’être qu’un
trait de Jim esquissé dans les premières lignes : détail, le sujet du tableau. La chevelure est mise en
« Pauvre vieux Jim ! […] Son pardessus réclame valeur par sa place sur la toile : elle occupe la partie
d’urgence un permutant. Quant aux gants, il y a centrale, de haut en bas, ainsi que le côté droit.
longtemps qu’ils ont été jugés superflus. » (l. 2-5) Les Tout est fait pour que la chevelure attire le regard
« pouvoirs réconfortants » de Jim désignent les sen- d’autant plus que le visage de la femme n’est pas
timents, la tendresse, qu’il éprouve pour Della ; Jim visible ; cette femme se réduit à un geste (le peigne
est capable de réconforter Della car la jeune femme à la main). Tout ce qui est représenté est lié à la
aime et apprécie son mari, elle a confiance en lui et chevelure, l’élément autour duquel se construit le
tableau. On note aussi que les cheveux forment (ou récitatif) s’achève par la phrase « Niko, lui, en
une masse, légèrement mouvante, dont la couleur est déjà amoureux. » La vignette qui suit indique
plus sombre contraste avec le blanc des bras et se que les personnages mentionnés dans ce récitatif
détache du fond. La technique utilisée ici est le ont fait connaissance et se parlent. Cependant les
pointillisme : de minuscules taches de couleur se propos échangés montrent qu’il s’agit d’une
touchent et se fondent l’une dans l’autre. Cette conversation banale, comme peuvent en avoir
technique permet de rendre tout l’éclat de cette deux inconnus dans un train. Les sentiments de
chevelure abondante, lumineuse et ondoyante. Niko (« Il est amoureux ») ne sont pas perceptibles à
travers ses paroles : l’intervention du narrateur, qui
12. Modalités. L’exercice reprend la situation qui
apporte une information que ne donne pas le per-
est celle du récit étudié : l’objet (le cadeau), le sen-
sonnage, est donc utile au lecteur. On remarque
timent (la déception). L’habileté de l’élève à suivre
aussi que l’expression « un cas intéressant » figure à
un point de vue narratif, il est possible de l’appré-
la fois dans le cartouche et dans l’une des bulles : il
cier seulement à partir d’un passage choisi et déli-
y a donc coïncidence dans le temps entre ce qui est
mité (indiqué par l’élève lui-même) : le texte étudié
raconté à la fin du récitatif et ce que montre la
montre précisément qu’un point de vue peut ne
vignette 2. L’auteur prend soin de lier fortement
porter que sur un passage du texte, et que par
récitatif et propos des personnages.
conséquent plusieurs points de vue peuvent se suc-
céder au cours d’un même récit. 3/a. Le deuxième récitatif prouve que le narrateur
connaît le passé du personnage féminin : lieu de
naissance, études suivies, spécialité scientifique,
mariage, divorce, lieux de résidence… Le narrateur
Froid équateur p. 48
sait aussi dans quel but la jeune femme se déplace :
elle est « en route pour Équateur-City où on lui signale
Rendez-vous à Paris p. 49 un cas intéressant ». Le narrateur connaît également
les pensées et les sentiments du personnage mas-
Pour traiter des procédés narratifs dans l’image, il culin : celui-ci est sensible au « charme » du « nez légè-
n’y a guère que la bande dessinée : voir, dans la rement cassé » de Yéléna, il est « amoureux » d’elle.
séquence 1, l’introduction à l’extrait de la bande des- b. Le point de vue du narrateur est omniscient : il
sinée Maigret tend un piège (pp. 14-15). Ce genre, connaît le passé et les pensées des personnages.
en effet, met en forme une durée par la succession
même des vignettes. Il permet également de traiter de 4. D’après le texte l’action se déroule au XXIe siècle,
manière très concrète la question de la place du nar- dans le futur. Yéléna est née en 2007, le texte men-
rateur dans un récit, et c’est sur ce point que l’étude tionne des études longues, un mariage suivi d’un
d’image va porter ici. divorce, elle paraît plutôt jeune sur l’image et pour-
Il est, de plus, légitime de montrer aux élèves rait avoir une trentaine d’années, ce qui situerait
qu’un genre très prisé actuellement – la bande dessi- donc l’action vers 2037.
née – possède des œuvres de qualité, dignes d’étude et
5. Pour obtenir un effet de mouvement, l’auteur a
d’intérêt. Dans le cas présent, qui repose sur deux
employé divers procédés. Dans les vignettes 1 et 2,
extraits d’un auteur majeur, on n’hésitera pas à
le dessin du train est estompé, il est flou, avec des
développer le questionnaire prévu, en s’intéressant
traits horizontaux peu marqués, ce qui donne une
notamment à tout ce qui concerne la qualité du
impression de mouvement. Dans la vignette 4, on
dessin. Enfin l’étude proposée, qui confronte deux
remarque la chute des valises (à droite et à gauche)
documents d’époque différente, débouche sur une
et celle d’un lézard bleu (en haut de l’image), on
réflexion concernant l’évolution du style d’un auteur.
remarque les mains ouvertes de Yéléna, qui semble
ainsi se retenir dans sa chute. Quant au personnage
Réponses aux questions masculin, Niko, on comprend qu’il est en mouve-
1. Le récit du narrateur figure dans des car- ment quand on voit le geste de son bras : il se pro-
touches. Il y a quatre cartouches dans la planche jette en avant, pour retenir Yéléna, la protéger.
reproduite : au-dessus de la première vignette, Dans cette vignette le dessin n’est pas flou mais les
entre la vignette 1 et les vignettes 2 et 3, entre ces personnages sont placés selon des lignes obliques,
vignettes 2 et 3 et la vignette 4, et au bas de la les cheveux de Yéléna sont dessinés en arrière selon
vignette 4. Les paroles prononcées par les des lignes horizontales. L’agencement du dessin
personnages sont lisibles dans des bulles, dans la selon ces lignes donne un effet de mouvement.
vignette 2 : « Un cas intéressant ? », « Oui, très ! ».
6. Dans l’image 2, le récit figure dans le cartouche
2. Dans le cartouche très développé qui figure placé au-dessus de la vignette. Ce récit est à la pre-
entre la vignette 1 et les vignettes 2 et 3, le texte mière personne. Dans le texte, il est fait référence à la
situation du personnage qui figure dans la vignette : – la mise en place d’un univers clos un peu oppres-
« seul », « salle vide », « une table au moment du petit- sant : on ne voit rien à travers les fenêtres, pas
déjeuner ». Ce qui est dit dans le cartouche par d’échappées possibles du regard vers le ciel…
le narrateur correspond au personnage dessiné : le
10. Pour représenter les personnages, le dessina-
narrateur est donc bien ce personnage.
teur a choisi la vue à niveau de profil, avec un léger
7. Dans le récitatif, le narrateur pose une question effet de contre-plongée, surtout dans l’image 2.
à lui-même : « À qui demander ? » La parole Avec un tel angle, celui qui regarde l’image voit
prononcée et rapportée dans une bulle, « À moi nettement la position du personnage, voit la rela-
monsieur », semble être la réponse à cette question, tion entre les personnages quand il y en a plusieurs.
qui n’a pourtant pas été formulée à haute voix. Le lecteur est ainsi incité à suivre l’histoire, comme
L’effet produit est un effet de surprise, de mystère, mal à l’aise à cause de la proximité qu’il entretient
d’autant plus que le personnage qui prononce avec le personnage et le mystère que celui-ci
cette parole est à peine visible : est-ce réellement dégage.
quelqu’un ou s’agit-il d’une créature imaginée par
11. Ce qui est semblable dans le style de l’auteur
le personnage-narrateur ?
entre l’album de 2005 (réédition de celui de 1992)
8. Plusieurs procédés produisent l’effet d’immobi- et celui de 2007 (qui est une réédition de 2006),
lité. Les traits sont nets, aucun élément n’est flou. c’est surtout le format des vignettes, le choix des
L’image est composée selon des lignes horizontales couleurs (prédominance de teintes froides et fon-
et verticales qui forment souvent des angles droits : cées), et la présence de personnages masculins
les lignes correspondant aux fenêtres, aux tables, représentés de profil. Entre ces deux documents,
aux chaises (qui sont, elles, légèrement obliques). les différences sont les suivantes : le dessin a évolué
L’attitude du personnage ajoute à l’impression vers davantage de netteté, avec des surfaces plus
d’immobilité créée par le dessin du décor : il est délimitées ; les couleurs sont moins nombreuses et
assis bien droit, appuyé contre le dossier de sa la composition de l’image s’organise davantage
chaise. Enfin aucun élément en mouvement n’est selon des lignes droites. Le style de l’album de
montré ou simplement suggéré à l’extérieur de la 2007 est plus épuré.
salle, par exemple des nuages qui fuient ou des
12. Dans l’album réédité en 2005, le récit est
personnages qui marchent : la fenêtre semble
effectué à la troisième personne ; dans celui de
ouvrir sur un monde terne, immobile et uniforme.
2007, le récit est à la première personne. Le narra-
9. Les procédés que l’on retrouve dans les deux teur extérieur omniscient (image 1) dispose de
extraits sont : nombreuses informations, notamment sur les per-
– l’utilisation de récitatifs dans des cartouches quasi- sonnages, et il les transmet au lecteur. Le narrateur
ment collés aux vignettes ; le lien direct, quasi simul- et le lecteur sont mieux informés que les person-
tané, entre récitatif et propos des personnages ; nages eux-mêmes, ils comprennent mieux la situa-
– le format des vignettes : elles sont rectangulaires, tion que ne peuvent le faire les personnages. Dans
prenant toute la largeur de la page, sauf les un récit effectué par un narrateur-personnage
vignettes 2 et 3 de la planche de Froid Équateur ; (image 2), le lecteur dispose d’informations plus
– la prédominance des couleurs froides avec cepen- réduites, puisqu’il sait seulement ce que sait le per-
dant quelques touches de rouge : au-dessus du sonnage. Mais dans ce cas, le lecteur est mieux
train (image 1, vignette 1), sur la chemise de Niko placé pour partager les émotions, les sentiments,
(image 1, vignette 4) et sur les chaises (image 2) ; les pensées du personnage, il se sent plus proche
– la place et la position des personnages : ils sont de lui. Il peut plus facilement s’identifier à lui
représentés à niveau et de profil ; le personnage et, comme dans l’image 2 par exemple, partager
masculin est toujours placé sur le côté gauche des la surprise ressentie face à la réponse « À moi,
vignettes ; monsieur ».
S’exprimer à l’oral
RENDRE COMPTE D’UNE VISITE
quartier dans une grande ville, avec un pont sur
OU D’UN VOYAGE p. 50 un fleuve et de grands bâtiments à l’arrière. Ensuite
on décrirait chaque élément : le pont (sa largeur,
Réponses aux questions
son style, ses arches, la circulation au-dessus), le
1. On pourrait d’abord décrire dans les grandes bâtiment à l’arrière, son style, la tour où se trouve
lignes l’ensemble de ce qui est représenté : un l’horloge, le ciel clair.
2. Le compte rendu peut d’abord faire place au Par exemple, pour le bâtiment : description de
récit du voyage aller, à l’arrivée à Londres, aux pre- l’intérieur du musée d’Orsay (image en bas à
mières visites. Puis on peut passer à la description gauche dans le manuel) :
de Westminster et de Big Ben. Enfin le compte La salle où sont exposés les tableaux et autres objets
rendu peut s’achever avec le récit des autres visites, d’art est de vastes dimensions. Sa hauteur est impres-
de la fin du voyage et du retour en France. sionnante, comparée à la taille des visiteurs. Le mur
que l’on aperçoit est essentiellement constitué de
3. Le compte rendu de visite donne, à ceux qui
piliers et d’arcades faisant place à de grandes fenêtres
l’écoutent, des informations sur des lieux et des
aux carreaux blancs. Grâce à ces grands vitrages, la
personnes qu’ils ne connaissent en général pas : les
salle bénéficie d’une belle lumière. Les constructions,
auditeurs accroissent ainsi leurs connaissances,
comme le sol, sont d’un beige clair. Un tableau très
enrichissent leur culture. Ceux qui écoutent le
large et très haut est posé seul contre un support, bien
compte rendu peuvent se faire mentalement une
séparé des autres objets : il est nettement mis en
image suffisamment précise du voyage, de la visite,
valeur.
des objets vus, et comprennent mieux comment la
visite s’est déroulée. Enfin écouter un tel compte La description du bâtiment pourrait être placée au
rendu donne peut-être l’envie de voyager et de visi- début du compte rendu car il est plus habile de
ter. Pour celui qui fait le compte rendu, l’intérêt est présenter le ou les lieux au début du texte, il est
le plaisir de communiquer, de raconter, d’informer, plus efficace de présenter l’ensemble avant le
le plaisir de faire partager la joie qu’il a eue à visiter détail, le général avant le particulier. En effet les
ou à voyager, et le profit qu’il en a retiré. Pour cela auditeurs ont besoin d’un cadre général pour
il apprend à rassembler ses souvenirs, à les ordon- situer, placer ce dont on leur parle.
ner ; il apprend à parler de manière audible et La description de l’objet pourrait par exemple venir
agréable, il apprend à mieux communiquer. au cours du compte rendu, juste après le moment
où le visiteur arrive devant lui et le découvre. Cette
Corrigé des exercices description peut être placée à la fin si celui qui
effectue le compte rendu veut mettre l’objet en
1. Déplacements faits par plaisir et sans but précis : valeur parce qu’il l’a préféré, ou qu’il a été surpris
une promenade, une balade, un tour. par lui.
Déplacements avec but précis : une visite, une b. Par exemple : La visite a été très agréable. La
excursion, un voyage. promenade en ces lieux fut facile car tout était bien
Déplacements longs et marqués par des péripéties : indiqué, bien organisé. Ce que je retiendrai de ce
une épopée, une aventure, un périple. voyage, c’est la statue surprenante d’un animal
2. 1. Pour arriver au sommet, il faut prévoir une étrange, devant le musée…
ascension de trois heures au moins. 2. Vous pou-
4 et 5. Modalités. On insiste sur l’organisation du
vez effectuer une belle croisière en Méditerranée
compte rendu de visite ou de voyage : suivre
en une semaine. 3. Soyez prudents, la descente
l’ordre chronologique se révèle souvent la façon la
dans ces gorges peut être dangereuse. 4. L’an-
plus simple et la plus efficace de parvenir à une
née dernière les coureurs du Tour de France ont eu
prestation claire et intéressante. On insiste égale-
affaire à un circuit très difficile. 5. Équipez-vous
ment sur la richesse du contenu. Le compte rendu
sérieusement avant d’entreprendre la traversée
ne se réduit pas à une simple narration : on y
de cet immense désert. 6. Très entraînés, trois
intègre à bon escient des descriptions et des expli-
aventuriers ont tenté un raid sur le continent
cations. On rappelle aux élèves les mots adéquats
antarctique.
mis à leur disposition (« La vie des mots », p. 50) ;
3/a. Par exemple, l’objet : description de la statue les exercices de vocabulaire (p. 51). On pro-
placée devant la façade du musée (image de droite gramme les différentes prestations des élèves au fil
dans le manuel) : des jours et on les informe des critères sur lesquels
Devant la façade du musée d’Orsay, à Paris, on leur compte rendu sera évalué. On leur indique
remarque la statue d’un animal. Elle est de grandes également la durée des prestations orales atten-
dimensions, seule dans un vaste espace, appa- dues, qui est de l’ordre de trois minutes.
remment faite en bronze ou d’une matière similaire. Évaluation. Aux critères spécifiés dans le manuel
L’animal est solidement planté sur un socle. C’est un (p. 51), on peut également ajouter un critère
animal à quatre pattes, qui ressemble à la fois à un portant sur l’effet produit par le compte rendu :
éléphant à cause de sa trompe, et à une tortue géante on peut ainsi valoriser les prestations des élèves
vu sa carapace. Il se redresse, trompe en l’air, oreilles qui ont fait preuve de précision (anecdotes, des-
en arrière. Il est de couleur foncée, d’un gris-vert sur criptions, détails significatifs…), mais aussi de
lequel la lumière se reflète aisément. conviction.
S’exprimer à l’écrit
ÉCRIRE LA SUITE montrer que je me savais suivi, et qu’ils n’auraient pas
D’UN RÉCIT, MAÎTRISER pour eux l’avantage de la surprise. Je tournai alors la
tête, le plus calmement possible, pour défier la vio-
LE POINT DE VUE p. 52
lence si elle se présentait. Je fus saisi d’étonnement.
À quelques mètres de moi, une femme me regardait.
Réponses aux questions
Elle était immobile. Le visage sans expression. Ni
1. L’extrait est un récit ; il peut donc provenir de demande. Ni sourire. Tout entière dans l’attention
tout ouvrage narratif (nouvelle, roman, conte…). qu’elle me portait. Je fus frappé par la volonté qui
Ici le récit semble réaliste. La description évoque émanait de cette immobilité et de ce calme. Elle me
des lieux qui existent vraiment. La psychologie du regardait comme on fixe un point lointain que l’on
personnage est vraisemblable. La présence de la veut atteindre. J’essayai de sourire mais n’y parvins
femme inconnue qui suit le personnage principal pas tout à fait. Je ne savais pas que penser de cette
pourrait suggérer une sorte de filature : l’ouvrage présence. « Voilà que les femmes me regardent, me
dans lequel a été pris l’extrait est certainement un dis-je. Et moi qui m’imaginais déjà avoir à me battre. »
roman policier ou un roman d’aventures. Puis je repris ma marche et n’y pensai plus.
Je quittai les ruelles engorgées du marché en laissant
2. Le narrateur est extérieur à l’histoire : le récit
le soleil scintiller sur les toits et les pavés de Catane.
est effectué à la troisième personne et le narrateur
La dernière phrase peut être supprimée, d’autant
ne fait pas partie des personnages.
plus que le texte initial mentionne que le person-
3. Dans le premier paragraphe, le point de vue nage oublie la femme : « il reprit sa marche et n’y
narratif est interne. C’est comme si le narrateur se pensa plus » (l. 16-17).
mettait à la place du personnage rappelé par le
pronom « il » : selon le paratexte, il s’agit d’un per-
2/a. Les personnages : dans cette histoire les per-
sonnages sont constitués par un couple (Odile et
sonnage nommé Salvatore Piracci. Le lecteur
Louis), leur jeune fils et l’employé du téléphérique.
connaît les sensations de Piracci : « le sentiment
L’action : la mère lit une revue, près du père, tandis
qu’on l’observait » (l. 2), « Il sentait le poids d’un
que leur enfant tourne à bicyclette autour du
regard dans son dos » (l. 2-3). Il connaît aussi ses
rond-point. L’employé du téléphérique fume en
pensées : « Des pickpockets avaient peut-être entre-
attendant le départ des cabines.
pris de le filer » (l. 4-5), et même ses sentiments,
Le cadre : à cause d’indices comme le téléphérique
Piracci est saisi d’« étonnement » (l. 8).
et la pomme de pin, on devine que l’action doit se
4. Les personnages sont un homme, Salvatore dérouler à la montagne, dans un endroit touris-
Piracci, et une femme mystérieuse et anonyme qui tique, aménagé, puisqu’il est dit qu’il y a du monde
suit Salvatore Piracci. Le cadre est un marché : « les pendant les vacances et que l’enfant fait de la
rues du marché » (l. 1), « ruelles du marché » (l. 5). bicyclette à travers un rond-point.
Ce marché a lieu dans une ville de Sicile, « Catane » b. Imaginons que ce soit le père qui raconte cette
(l. 19). Piracci quitte les rues du marché à la fin du histoire :
récit, poursuivant son chemin dans Catane. Le Nous sommes assis sur le banc vert, devant le bâti-
moment de l’histoire n’est pas précisé mais il s’agit ment du téléphérique, et notre fils roule à bicyclette à
probablement du matin, puisque les marchés travers le rond-point. Une bicyclette avec stabilisateur.
ont en général lieu le matin. On sait aussi que la Odile s’est allongée et, la tête contre mon genou, elle
journée est ensoleillée : Piracci quitte les rues du lit une revue de cinéma.
marché « en laissant le soleil scintiller » (l. 18-19). Notre enfant traverse les taches de soleil une par une,
puis il commence ce qu’il appelle le « grand tour ». Il
s’arrête de temps en temps et ramasse une pomme de
Corrigé des exercices
pin. L’employé du téléphérique fume une cigarette sur
1. C’est Salvatore Piracci qui raconte. le seuil du bâtiment, l’air d’un chef de gare avec sa
Je déambulais dans les rues du marché, ressassant ces casquette et sa veste bleues.
idées, lorsque tout à coup, j’eus à nouveau le senti- Je lui demande : « Alors, ça marche ? »
ment qu’on m’observait. Je sentais le poids d’un – Non, Pas beaucoup de clients, aujourd’hui…
regard dans mon dos. J’en étais certain. Je le sentais Peu importe. Même vide, le téléphérique rouge partira
peser sur mes épaules. Cette fois, je ne me retournai à l’heure prévue. C’est le règlement.
pas. Je réfléchis. Des pickpockets avaient peut-être – Pourtant il y a du soleil, dit l’employé.
entrepris de me filer. C’était fréquent dans les ruelles – Ce n’est pas encore tout à fait les vacances, dis-je.
du marché. Si c’était le cas, le mieux était de leur Vous verrez, dans quinze jours…
Notre enfant tourne autour du rond-point et pédale les actions, les impressions et les sensations de ce
de plus en plus fort. Odile a mis ses lunettes de soleil et personnage. Les informations données en note sur
feuillette le magazine, en serrant les pages, à cause Keith peuvent s’avérer utiles. Le récit précisera
du vent. entre autres comment se déroule la rencontre
Modalités. Pour que la suite soit courte et cohé- entre les deux personnages et quelles sont ses
rente, on rappelle aux élèves les indications four- conséquences.
nies sur le cadre et les personnages, et les conseils Remarque : selon les classes, on peut attendre un
donnés dans l’encadré « Méthode ». On peut récit globalement rédigé avec un point de vue
rechercher avec les élèves les possibilités offertes interne nettement dominant, ou bien un récit dans
par le texte : les personnages peuvent prendre lequel un passage seulement est rédigé selon ce
le téléphérique, l’enfant peut se lasser de la point de vue. Dans ce dernier cas, on demande aux
bicyclette, le temps peut se gâter et contraindre les élèves de signaler le passage ainsi rédigé.
personnages à se mettre à l’abri, etc.
4/a. Il n’est question que de Jon et de ses sensa-
3/a. Le narrateur n’est pas un personnage de tions. En effet, différentes parties de son corps
l’histoire car le récit est fait à la troisième personne. sont évoquées tour à tour : « ses pieds » (l. 1), « ses
Le point de vue narratif dominant est interne : le mains », (l. 7), « son ventre » (l. 8), « ses oreilles »
narrateur raconte comme s’il était à la place du (l. 12), « sa bouche » (l. 13). Le récit est effectué
personnage, Keith. Ainsi le lecteur voit ce que Keith selon un point de vue interne, le narrateur privilé-
voit. Le cadre de l’histoire n’est pas précisé : on gie Jon et raconte comme s’il était à la place de ce
suppose que cette histoire se déroule à la cam- personnage, dont nous connaissons toutes les
pagne ou en tout cas dans un lieu désert car Keith sensations et le but de l’action : monter « vers le
semble être le seul à assister à cette scène. Deux sommet de la montagne » (l. 15).
personnages sont présents : Keith, qui assiste à b. Modalités. Pour la suite en point de vue omni-
l’arrivée de la soucoupe volante, et l’extraterrestre scient, outre les conseils figurant sur le manuel, on
qui en descend. peut indiquer aux élèves qu’il faut faire progresser
b. Modalités. La suite sera donc rédigée à la troi- le récit de façon à ce que le lecteur sache si le
sième personne, avec un point de vue interne : personnage atteint son but ou s’il a des chances de
Keith sera privilégié, le narrateur rapportera surtout l’atteindre.
Vers le brevet p. 54
Réponses aux questions d. Le narrateur sait quel jour se passe l’histoire :
« C’était un samedi » (l. 29). Il sait également
1. Le narrateur n’est pas un personnage de le temps qu’il fait : « Les nuages gris roulaient dans
l’histoire : le récit est fait à la troisième personne, le
le ciel, lourds et rapides, sous les poussées du vent qui
narrateur est extérieur. (0,5 pt)
sifflait dans les arbres » (l. 30-31). (1 pt)
2/a. Le personnage principal est un homme e. Le point de vue du narrateur est ici omniscient :
nommé Jacques Randel (l. 6). En effet, du début à le narrateur connaît le cadre de l’action, le passé,
la fin du texte, le narrateur raconte l’histoire de cet les pensées et même les sensations du personnage :
homme. (0,5 pt) « harassé, les jambes brisées, le ventre vide » (l. 27).
b. Le narrateur connaît effectivement le passé de (1 pt)
ce personnage : il sait d’où il vient, depuis combien
de temps il marche, quelle a été sa vie dans sa 3. La saison est « la fin de l’automne » (l. 29). Le
famille quand il était au chômage, quels métiers il a moment se situe en fin de journée : « le soir tombait »
exercés depuis qu’il a quitté Ville-Avaray : « Il avait (l. 27) et « la campagne était déserte, à cette tombée
quitté son pays, Ville-Avaray, dans la Manche, parce du jour, la veille d’un dimanche » (l. 31-32). Ces indi-
que l’ouvrage manquait. […] il était resté deux mois à cations sont importantes pour l’histoire parce
la charge de sa famille » (l. 1-4). (1 pt) qu’elles nous indiquent que le sort de Randel
c. Le narrateur connaît les intentions du person- devient de plus en plus difficile à supporter : l’hiver
nage : trouver du travail « dans le Centre » (l. 9). Il arrive, le travail se fait donc rare dans les cam-
connaît aussi ses pensées : « Il s’entêta d’abord à pagnes et le froid devient plus vif. Il va faire nuit et
cette idée qu’il ne devait travailler qu’à la charpente » Jacques Randel n’a pas d’abri. Personne ne peut
(l. 16). (1 pt) l’aider ce jour-là sur cette route déserte. (2 pts)
4. « avait marché » (l. 13) : plus-que-parfait de du travail et il nous fait partager les souffrances de
l’indicatif, ce temps marque l’antériorité par rap- cette personne : épuisement, faim, désespoir. Il
port aux autres actions également situées dans le invite à réfléchir aux conséquences terribles de
passé (s’entêta, devait…). l’absence d’activité rémunératrice, qui peut aller
« s’entêta » (l. 16) : passé simple, exprimant une jusqu’à rabaisser un homme au niveau d’une bête :
action passée, limitée dans le temps (précise, ponc- « Randel avait faim, une faim de bête, une de ces
tuelle, achevée). faims qui jettent les loups sur les hommes » (l. 35). (1 pt)
« devait » (l. 16) : imparfait de l’indicatif, exprimant
une action passée non limitée (imprécise). Il est dû Réécriture (4 pts)
à la transposition de la pensée du personnage dans
un contexte au passé : « je ne dois travailler qu’à la Ils s’entêtèrent d’abord à cette idée qu’ils ne devaient
charpente » ; cette pensée est introduite par un travailler qu’à la charpente puisqu’ils étaient char-
verbe au passé simple ; c’est un « imparfait de pentiers. Mais dans tous les chantiers où ils se présen-
transposition ». tèrent, on répondit qu’on venait de congédier des
« était » (l. 16) : imparfait de l’indicatif, exprimant hommes, faute de commandes, et ils se résolurent, se
une action passée non limitée dans le temps. C’est trouvant à bout de ressources, à accomplir toutes les
un imparfait qui indique un état, un « imparfait de besognes qu’ils rencontreraient sur leur chemin.
description ». (4 pts)
5. Ce tableau montre des champs labourés, nus,
Dictée proposée (6 pts)
et des arbres presque sans feuillage ; une meule est Marie et Germain se sont perdus dans les bois.
également visible à l’horizon, dans la partie gauche Comme ils ne savaient point du tout de quelle
du tableau. Ces éléments se retrouvent dans le direction ils étaient partis, ils ne savaient pas celle
texte de Maupassant. La scène représentée dans le qu’ils suivaient ; si bien qu’ils remontèrent encore
tableau et celle évoquée dans le texte sont situées à une fois tout le bois, se retrouvèrent, de nouveau,
la même saison : « les terres semblaient nues, étant en face de la lande déserte, revinrent sur leurs pas,
ensemencées déjà pour l’autre année ». Le titre du et, après avoir tourné et marché longtemps, ils
tableau, La Gelée blanche, confirme cette idée. Le aperçurent de la clarté à travers les branches.
ciel est cependant moins menaçant dans le tableau – Bon ! voici une maison, dit Germain, et des gens
que dans le texte. On remarque aussi un thème déjà éveillés, puisque le feu est allumé. Il est donc
commun au texte et au tableau : celui du marcheur bien tard ?
solitaire dans la campagne déserte. En effet le Mais ce n’était pas une maison : c’était le feu de
tableau laisse voir un homme seul, qui semble bivouac qu’ils avaient couvert en partant, et qui
démuni, tout comme Jacques Randel. Le tableau a s’était rallumé à la brise…
donc été choisi parce qu’il représente une scène Ils avaient marché pendant deux heures pour se
semblable à celle évoquée à la fin du texte. retrouver au point de départ.
On remarque que cette illustration favorise la com- George SAND, La Mare au diable, 1846.
paraison entre l’expression littéraire et l’expression
picturale. On voit comment, à une même époque Remarque : on écrit au tableau « Germain » et « un
(1873 pour Pissarro, 1887 pour Maupassant), bivouac : un campement provisoire en plein air ».
peintre et romancier traitent le même thème cha-
cun avec ses propres moyens d’expression. (1 pt) Rédaction (15 pts)
6. Entre les lignes 13 et 19, le champ lexical du Pour évaluer les textes écrits par les élèves, on peut
travail est constitué par les mots et expressions s’appuyer sur les critères suivants :
« ouvriers » (l. 14), « ouvrage » (l. 15), « travailler » – l’énonciation : le récit est entièrement à la troi-
(l. 16), « congédier » (l. 17), « besognes » (l. 19). (1 pt) sième personne, avec le passé simple comme
temps de base. Les temps verbaux sont employés
7. L’énumération des différents métiers exercés
en conséquence ;
par Jacques Randel montre que ce personnage fait
– la qualité du récit : le texte intègre à bon escient
tout ce qu’il peut pour améliorer sa situation, qu’il
narration, description, dialogues. Les éléments de
lutte avec courage pour survivre, ne refusant
l’histoire sont repris : le cadre spatio-temporel, le
aucune besogne. Cette énumération valorise le
personnage et sa situation. Le point de vue est
personnage. (1 pt)
omniscient ;
8. Le problème abordé ici par l’auteur est celui du – la maîtrise de la langue : la syntaxe est correcte,
chômage, et ainsi Maupassant montre l’impor- ainsi que l’orthographe. Le niveau de langue est
tance du travail dans la vie. Dans ce texte, l’écrivain courant ;
évoque de manière très réaliste l’existence d’une – l’effet produit : la suite est vraisemblable, en
personne qui rencontre des difficultés pour trouver cohérence avec le texte d’appui.
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LECTURE IMAGE LANGUE LECTURE EXPRESSION
Froid équateur, La grammaire La Peur, p. 37 ÉCRITE
Semaine 1 Rendez-vous du récit (2), Ex. 15, p. 39
à Paris, p. 48 p. 408 Préparation,
brouillon
5 6 7 8 9
EXPRESSION Bilan de la LANGUE EXPRESSION Compte rendu
ÉCRITE séquence : Orthographe : ÉCRITE et correction
Suite de Vers le brevet, Les accords Compte rendu du bilan
Semaine 2
la séance 4 : p. 54 (sauf dans le texte, et correction
mise au propre, question 2) p. 428 de l’ex. 15, p. 39
ramassage des ou Bilan de la
copies séquence (suite)
EXEMPLE 2
5 6 7 8 9
Les champs Point de vue Suite de la Révision des Suite des
lexicaux, leçon 7, interne : séance 3 : leçons 40 et 7 séances 4 et 8 :
Semaine 2 p. 298 Mystères, p. 42 mise au propre, Suite de prestations de
ramassage la séance 4 : 6 autres élèves
des copies prestations
de 4 élèves
10 11 12 13
Orthographe : Point de vue Suite des Suite des
Les accords dans omniscient : séances 3 et 7 : séances 4, 8, 9 :
Semaine 3 le texte, leçon 48, Mobilisation compte rendu 6 autres élèves
p. 428 générale, p. 44 et correction
de l’ex. 3 ou 4,
p. 53
14 15 16 17 18
Suite de Bilan de – Suite des – Suite de Compte rendu
la séance 10 : la séquence : séances 4, 8, 9, la séance 14 : et correction
révisions, Vers le brevet, 13 : 6 autres correction de du bilan
exercices p. 54, questions élèves la réécriture
Semaine 4
de réécriture et réécriture – Lecture cursive : ou de la dictée,
ou dictée, p. 429 Les Cadeaux – Suite des
inutiles, p. 46 séances 4, 8, 9,
13, 16 : les 4
derniers élèves
SÉQUENCE 3
Le roman : présence des personnages
Objectifs et contenus
La présente séquence assure la transition entre paroles participent conjointement à la mise en
l’étude du récit en général (séquences 1, 2 et 3) et place du personnage : les extraits de Corto Maltese,
l’approche des genres (séquences 3, 4, 5). En effet, Le Rouge et le Noir, Le Chercheur d’or apportent
son premier objectif est de montrer l’intérêt de chacun un éclairage particulier sur cette question.
combiner narration, description et dialogue dans le L’équilibre se fait donc entre textes moins connus
récit, et le second de montrer la diversité du genre (Fermina Marquez), voire inattendus (Corto
romanesque. Maltese), et œuvres célèbres (Tristan et Iseut,
Pour y parvenir, la présente séquence est centrée Notre-Dame de Paris, Le Rouge et le Noir), cela afin
sur la question du personnage : dans un récit, et d’élargir la culture littéraire des élèves.
particulièrement dans le récit romanesque, narra- L’étude d’images porte sur la question du person-
tion, description et paroles rapportées contribuent nage dans les œuvres picturales : les deux œuvres
pour une grande part à faire exister les person- retenues ont volontairement été choisies pour for-
nages, à leur donner une vraisemblance suffisante. mer un fort contraste et ainsi stimuler l’observation
Sans que les mots soient prononcés, c’est bien le et la réflexion des élèves.
personnage en tant que protagoniste, actant prin-
cipal, qui est ici traité. Un accent particulier a été Les activités d’expression
mis sur les manifestations de la parole (monologue, Les activités proposées dans cette séquence pour
monologue intérieur, dialogue continu ou discon- développer les capacités d’écriture des élèves
tinu) car les élèves n’en saisissent pas toujours répondent aux prescriptions suivantes du pro-
suffisamment les subtilités et les implications, ainsi gramme : « amplification d’un récit », « récit […]
que les difficultés quand c’est à leur tour d’en avec insertion de passages descriptifs et utilisation de
écrire. Cette question du personnage permet en paroles rapportées directement ou indirectement ».
outre de tisser facilement un lien entre le roman et Les exercices proposés prennent appui sur des
de nombreux autres genres, notamment le théâtre, situations réelles ou imaginaires et des supports
le cinéma, la bande dessinée, l’autobiographie. variés (textes, image).
Les textes proposés sont extraits uniquement de Pour ce qui concerne la pratique de l’oral, les acti-
romans afin de pouvoir s’interroger sur la spécifi- vités proposées correspondent à la rubrique
cité et la variété du genre romanesque comme « lecture et récitation orales » de la partie Textes à
la séquence 4 permettra de le faire sur le théâtre dire du programme. On s’appuie sur des textes
et la séquence 10 sur la poésie. La démarche et variés et bien adaptés pour que les élèves puissent
les objectifs sont donc identiques pour ce qui réellement parfaire leurs compétences d’oralisation
concerne les trois genres majeurs dans ce manuel, et de diction.
ce qui confère clarté et cohérence au travail
proposé pour les élèves de troisième. Les outils de langue
Les leçons concernant la description et le dialogue
L’étude de textes et d’images occuperont logiquement les premières places au fil
Pour traiter la question de la description, deux de cette séquence. La leçon 38 (« La description »)
textes sont présentés en écho, mais chacun peut offre une synthèse sur les différents moyens dont
être étudié pour lui-même : un extrait de Fermina nous disposons pour décrire, les leçons 16 et 17
Marquez (mettant en valeur la beauté d’un person- (portant sur le groupe nominal) et la leçon 19 (sur
nage), et un extrait de Notre-Dame de Paris (met- le groupe adjectival) traitent de manière plus
tant en valeur la laideur de Quasimodo). Pour abor- détaillée les éléments grammaticaux de la descrip-
der le dialogue, nous avons retenu un extrait de tion. La leçon 36 (« Les paroles rapportées »)
Tristan et Iseut. Enfin il a semblé important d’appro- apporte les éléments nécessaires pour écrire, dire
fondir en proposant des extraits où description et et comprendre monologues et dialogues.
Document d’entrée p. 56
Le document retenu permet de lancer un questionne- Pour effectuer une description précise, il faudrait voir
ment à la fois précis et ouvert sur les divers points en de près le visage de cette femme, on connaîtrait ainsi la
jeu dans cette séquence : la place et le rôle des person- forme du menton, du nez, la couleur des yeux ; il fau-
nages, leur caractérisation par la description et drait aussi voir de près son vêtement pour pouvoir indi-
les paroles rapportées, le genre romanesque et ses quer les détails des dessins, les nuances des couleurs.
sous-genres.
2. Le dialogue entre ces personnages pourrait
porter sur les raisons de leur réunion, sur leurs
Réponses aux questions attentes, leurs accords ou désaccords. Par exemple :
1. Par exemple : la femme assise au premier plan « Pourquoi n’es-tu pas arrivé à l’heure prévue ?
à gauche porte un vêtement dont la partie supé- À cause de toi la réunion a commencé en retard ! »
rieure, de couleur bleutée, est bordée d’un galon lance à l’homme en bleu la femme qui préside au bout
mauve. Elle a posé le coude droit sur le dossier de la de la table.
chaise et s’appuie du coude gauche sur la table « Il ne fallait pas m’attendre », répond celui-ci en
située devant elle. Cette femme aux cheveux châ- posant sa main sur l’épaule de la femme, afin de
tains mi-longs semble regarder devant elle. l’apaiser et de lui montrer son amitié.
« Les décisions que nous avons à prendre aujourd’hui roman de société : en effet une telle réunion peut
sont très importantes. être familiale, ou rassembler des voisins, des amis. Il
– Alors n’attendons plus, réplique l’homme en jaune. pourrait aussi s’agir d’un roman policier, le moment
– Cette maison appartient à notre famille depuis deux représenté serait celui où le détective réunit les per-
siècles ; s’en séparer demande un peu de réflexion », sonnages pour annoncer le résultat de son enquête,
rétorque aussitôt la femme qui préside. c’est une situation fréquente dans les romans
d’Agatha Christie par exemple. On pourrait aussi
3. Cette description et ce dialogue pourraient être envisager un roman fantastique, si au cours de la
placés par exemple dans un roman familial ou un réunion se produit un événement inexplicable.
narrateur emploie beaucoup d’expansions, il ajoute le personnage des éléments qui n’étaient pas appa-
des précisions aux noms qu’il utilise pour le portrait. rus auparavant. Au portrait statique s’intéressant à
l’allure physique et au visage, succède un portrait
7. Dans ce portrait, les yeux sont mis en valeur. Le
en actes nous renseignant sur la vivacité, l’impa-
narrateur s’efforce d’indiquer leur couleur avec pré-
tience dont fait preuve le personnage, sa capacité
cision : « un bleu profond, presque noir » (l. 15). Il
à répondre vite, à accepter ses torts, mais aussi
essaie aussi de définir avec exactitude l’expression
à rejeter les importuns sans ménagement. Ainsi le
qu’ils dégagent : le regard est « droit, viril, plein
portrait est plus complet ; il est plus exact car il
d’une insolence gaie » (l. 16-17).
dévoile les deux faces de la personnalité de Santos.
8. Dans ce portrait, les qualités morales mises en
13. La beauté de Santos n’est pas seulement phy-
avant sont l’assurance (l. 9), la franchise (l. 12), la
sique, elle est aussi morale : il reconnaît ses torts, il
droiture (l. 16), la gaîté (l. 17).
est franc et respectueux. Quand il se rend compte
9/a. L’homme âgé a laissé passer la femme parce qu’il a eu tort de bousculer l’homme plus âgé que
qu’il est courtois et galant : il passe après elle afin lui, il avoue : « La leçon est méritée ; Monsieur, je vous
qu’elle n’attende pas, que sa montée soit facilitée. fais mes excuses. » (l. 30)
Il ne laisse pas passer Santos car c’est un homme, et
14. L’illustration qui accompagne le texte ne
de surcroît plus jeune que lui : Santos devrait faire
présente pas un jeune homme remarquable par sa
preuve de patience et de modestie, donner la prio-
beauté, mais elle évoque les lieux et l’époque de
rité aux dames, et aux hommes plus âgés que lui.
l’histoire racontée. Santos devait fréquenter de tels
b. La phrase complète pourrait être : « On n’a pas
restaurants distingués et raffinés : « il entrait dans
idée d’être aussi impatient, aussi impoli, et de man-
une salle de restaurant » (l. 2-3), « un restaurant
quer autant d’attention aux autres ! »
à la mode » (l. 21). Cette mode, celle des années
10/a. Santos répond de façon polie à l’homme 1900-1920, est évoquée avec précision par Pierre
âgé parce qu’il reconnaît lui devoir le respect, et Mourgue dans ce dessin : robes droites, cols de four-
avoir manqué d’attention à son égard ; il admet rure, costumes serrés, coiffures plates. Il régnait dans
que l’homme a eu raison de lui faire la leçon : « La de tels lieux une atmosphère élégante et courtoise.
leçon est méritée » (l. 30). En revanche, il ne répond Ainsi aperçoit-on, au premier plan à droite, un jeune
pas du tout de la même manière à l’homme qui homme soigneusement vêtu et connaissant les
crie car celui-ci émet un jugement alors que per- bonnes manières, qui fait le baisemain à une jeune
sonne ne lui a rien demandé. Santos répond sèche- femme ; ce jeune homme pourrait être Santos.
ment car cet homme ne participe pas directement
15. Modalités. On peut attendre en troisième un
à la scène et se permet pourtant de porter des juge-
récit suffisamment organisé pour ménager une
ments sur ce qui se passe.
attente avant la rencontre de l’objet qui sera décrit.
b. Cette scène fait apparaître la franchise et la sin-
Ainsi le narrateur s’appliquera à préciser les circons-
cérité de Santos : il reconnaît ses torts quand il en a.
tances, puis les premières impressions ; il terminera
Cependant il apparaît aussi comme sûr de lui : il
par exemple avec l’évocation du souvenir de cette
classe vite les gens en deux catégories, ceux qui
rencontre, l’impact qu’elle a eu.
selon lui ont raison, et ceux qui à son avis ont tort.
On peut travailler sur l’expression méliorative : la
11. Le narrateur rapporte cette anecdote afin de
question du vocabulaire (notamment avec des noms,
mieux évoquer le personnage : il ajoute un portrait
des adjectifs, des verbes) mais aussi la question de
en action après avoir développé un portrait sta-
l’organisation de la description car l’objet décrit peut
tique. Cet épisode de l’escalier fait ressortir la viva-
apparaître d’autant plus beau que ceux qui l’environ-
cité physique et mentale de Santos, et sa courtoisie
nent ne le sont pas. Enfin, du point de vue gramma-
car il s’y montre charmant et respectueux. Cette
tical, l’expression méliorative s’intéressera en priorité
anecdote permet aussi de nuancer le portrait du
aux expansions du nom, aux attributs du sujet.
personnage, qui n’a pas seulement des qualités :
l’épisode de l’escalier montre qu’il peut être impa- LA VIE DES MOTS
tient, étourdi, et qu’il s’exprime parfois sur un ton
sec et cinglant. À remarquer que le narrateur le dynamisme l’entrain
indique lui-même la portée de cette anecdote : s’il Synonymes
l’enthousiasme l’allégresse
la raconte, c’est pour montrer que Santos « avait de vivacité
la fougue la vigueur
eu, au début, une certaine brusquerie de manières et
parfois s’était mis dans son tort » (l. 18-19 ). la mollesse la nonchalance
Non synonymes
la lourdeur la lenteur
12. L’anecdote racontée de la ligne 20 à la de vivacité
la langueur l’indolence
ligne 33 complète le portrait car elle apporte sur
2. La foule se met à pousser des clameurs lorsque 9. Le narrateur rapporte plusieurs gestes et
le visage de Quasimodo apparaît dans la rosace positions de Quasimodo, qui participent à son
(l. 1, avec un rappel l. 19). La foule crie quand portrait :
Quasimodo est élu pape des fous (l. 3). – « Quasimodo [...] se tenait toujours sur la porte de
la chapelle, debout, sombre et grave, se laissant
3/a. Le narrateur a rapporté des paroles (lignes 55 admirer » (l. 70-71) ;
à 68) pour faire entendre aux lecteurs tout ce qui se – « Quasimodo se contenta de la prendre par la cein-
dit sur Quasimodo : les ragots, les superstitions qui ture, et de le jeter à dix pas à travers la foule » (l. 73) ;
circulent, les jugements qu’on porte sur lui. Le – « Quasimodo ne bougea pas » (l. 78) ;
lecteur comprend ainsi que Quasimodo suscite
– « Quasimodo ne répondit pas » (l. 82).
la peur, le dégoût, la répulsion.
b. Il n’est pas utile de savoir qui exactement pro- 10. Dans l’expression « la plus belle laideur »
nonce ces paroles parce qu’elles expriment l’opi- (l. 76), l’adjectif qualificatif « belle » est au superla-
nion générale, tout le monde pense cela, n’importe tif de supériorité. C’est une expression surprenante
qui pourrait le dire. car elle associe la beauté à la laideur. Il s’agit d’une
alliance de contraires, figure de style appelée oxy-
4. Le premier passage dans lequel le narrateur
more. « Belle » signifie ici remarquable, exception-
décrit Quasimodo va de la ligne 11 à la ligne 18. Le
nelle : l’expression signifie que la laideur a atteint ici
second passage consacré à la description de ce per-
son degré le plus haut, le plus remarquable.
sonnage s’étend de la ligne 22 à la ligne 38.
Remarque : on peut considérer que la dernière 11. L’événement ici raconté est l’élection du roi
phrase de l’extrait, « Il était sourd en effet » (l. 84), des fous, qu’on désignait alors sous le nom de
est un autre élément à ajouter au portrait. « pape des fous » (l. 2). Ce roi des fous, c’est le roi
des amuseurs du peuple. Après avoir raconté cette ments de détermination : « une bosse énorme dont
élection, qui a eu lieu par acclamation, le narrateur le contre-coup se faisait sentir par devant » (l. 23-24).
rapporte les réactions de la foule. Dans le domaine stylistique, le narrateur emploie
Cet événement, cette élection n’existent plus de des figures de style comme la comparaison (voir
nos jours. Il peut cependant exister des événe- réponse à la question 6), des oxymores (voir
ments semblables, peut-être l’élection du meilleur réponse à la question 7).
clown…
17. Quasimodo est d’abord mis en valeur par sa
12. Quasimodo porte un « surtout mi-parti rouge
place au centre de l’image et de la composition.
et violet, semé de campanilles d’argent » (l. 43-44).
Ensuite, on l’aperçoit et on le reconnaît tout
Les mots « surtout » et « campanilles » évoquent le
de suite car les personnages spectateurs s’écartent
Moyen Âge et créent, par conséquent, un effet de
de lui, ils se tiennent sur les côtés, aucun n’est
couleur historique.
devant ; l’observateur peut donc voir Quasimodo
13. De nombreux mots, ou expressions, nous en entier. On le repère d’autant mieux qu’il est
donnent l’impression d’entendre les gens du placé sur un fond clair, derrière lui les personnages
Moyen Âge : sont à peine dessinés. De plus, il est installé sur une
– « Gare les femmes grosses ! » (l. 52) ; estrade, il n’est donc pas au même niveau que les
– « il va au sabbat » (l. 65) ; autres. Enfin il est montré de face.
– « la vilaine âme ! » (l. 67) ;
– « Croix-Dieu ! Saint-Père ! » (l. 76) ; 18. Modalités. On peut procéder à une recherche
– « Tu es un drôle avec qui j’ai démangeaison de collective en classe, pour recenser des cas où
ripailler, dût-il m’en coûter un douzain neuf de douze l’apparence d’un personnage est trompeuse. On
tournois » (l. 80-81) ; peut notamment réfléchir aux changements
– « Croix-Dieu ! » (l. 83). d’apparence, qui accompagnent souvent la révéla-
tion de la vérité (voir La Belle et la bête). On peut
14. Quasimodo est décrit deux fois car le narra- aussi réfléchir à partir du proverbe « L’habit ne fait
teur respecte l’ordre chronologique ; il raconte ce pas le moine ». On conseille aux élèves de ménager
que voit la foule au moment où elle le voit. La foule un effet d’attente et de révéler la véritable per-
ne voit d’abord que le visage de Quasimodo à tra- sonnalité plutôt vers la fin du récit. Ainsi les
vers la rosace, c’est donc ce visage qui est décrit. élèves seront amenés à imaginer d’abord des
Ensuite la foule découvre le personnage en entier, circonstances précises mettant bien en relief les
c’est donc le reste du corps qui est décrit. Ce choix apparences trompeuses. La description portera sur
permet au narrateur de ménager un effet d’attente, ces apparences trompeuses. La révélation de
la découverte de la laideur est progressive et la vérité aura d’autant plus d’impact que les
l’horreur suscitée de plus en plus forte. apparences n’auront rien laissé supposer. Les cir-
15. La formule « On eût dit un géant brisé et mal constances ayant permis cette révélation sont elles
ressoudé » (l. 39) résume la description. Elle est aussi à rapporter avec précision.
mise en valeur dans le texte par le fait qu’elle figure
toute seule sur une ligne. On peut dire qu’elle
constitue à elle seule un paragraphe, qu’elle a,
à elle seule, la valeur d’un paragraphe. Un petit jeune homme p. 65
16. Pour décrire Quasimodo, qui est le person-
nage principal, le narrateur utilise de nombreux L’étude de cette scène, qui se trouve au début du
moyens. Dans le domaine lexical, il emploie des roman, est profitable à plus d’un titre. D’un point de
noms précis (voir réponse à la question 12). De vue culturel, elle permet aux élèves d’avoir un
plus, il a recours au champ lexical de la grosseur : premier contact avec ce chef-d’œuvre du roman du
« grosse » (l. 22), « énorme » (l. 23), « larges » XIXe siècle ; elle les fera réfléchir au rôle que peut jouer
(l. 29). Il exploite aussi le champ lexical de l’ano- la lecture dans la vie. D’un point de vue langagier, et
malie : « monstrueuses » (l. 30), « difformité » (l. 31), discursif, elle offre l’exemple d’une page où fonction-
« géant » (l. 39), « espèce de cyclope » (l. 40). nent à plein, et de manière complémentaire, la nar-
Dans le domaine grammatical, le narrateur ration, la description, l’insertion de paroles dites par
emploie des adjectifs qualificatifs et des complé- les personnages. Enfin elle présente un jeune homme
ments de l’adjectif, par exemple « redoutable de qui s’oppose à son père, cette opposition est même le
vigueur » (l. 32-33). Il utilise des adjectifs qualifica- principal sujet de la scène (Stendhal a intitulé le cha-
tifs au superlatif (voir réponse à la question 10). La pitre : « Un père et un fils »). De plus, ce jeune
description s’effectue avec de nombreux noms, homme en opposition avec sa famille est méprisé par
accompagnés d’épithètes ou suivis de complé- les autres, ce qui lui attirera la sympathie des élèves.
une certaine appréhension : son père est violent et pondent donc à deux moments où Julien et son
donner des explications ne ferait que redoubler père sont physiquement proches l’un de l’autre.
cette violence. Surtout, Julien n’a rien à dire à son c. Le narrateur ne rapporte pas directement toutes
père car il ne s’intéresse pas à son père, au monde les paroles du père Sorel car elles n’ont pas toutes la
dans lequel il vit ; les cris du père et le mutisme du même importance. Ce qui est essentiel d’abord,
fils révèlent l’incommunicabilité qui règne entre c’est que le père appelle le fils, d’où les phrases qui
ces deux hommes. Il ne peut y avoir de dialogue contiennent du récit de paroles (l. 8, l. 20-22). Puis
entre ces deux personnages que tout oppose, il est intéressant de montrer l’avis négatif du père
même leur rapport à la parole. sur les livres (l. 41-42), encore plus fort quand il
l’exprime lui-même, et le ton méprisant du père
12. « Dieu sait ce qu’il va me faire ! » (l. 50-51) quand il s’adresse au fils (l. 46). Lorsqu’il ne rap-
Cette pensée n’a pas la valeur d’une parole (sauf si porte pas directement les paroles du père Sorel, le
l’on considère le fait que Julien se parle à lui- narrateur va à l’essentiel : la violence grandissante
même). Julien ne prononce pas cette phrase, mais du père, exacerbée par l’inattention du fils.
précisément la garde pour lui ; elle ne sert pas à
communiquer. Cette pensée révèle les craintes du 16. Le récit privilégie deux personnages : Julien
jeune homme, mais celles-ci ne peuvent être per- Sorel et son père. Les seules paroles rapportées
çues par le père. En n’exprimant pas sa peur à voix directement sont celles du père, le seul portrait est
haute, Julien évite l’humiliation. Son mutisme est celui du fils. On remarque encore davantage cette
une forme de résistance et une preuve d’amour- prépondérance des deux personnages si l’on
propre. observe le texte dans son ensemble : ce sont eux, le
père et le fils, qui sont le sujet et l’objet de presque
13. Le narrateur décrit la scie à eau pour aider le tous les verbes. On se rend aussi compte de l’im-
lecteur à comprendre l’histoire : c’est le bruit de portance de ces deux personnages quand on exa-
cette machine qui empêche Julien d’entendre l’ap- mine leur rôle dans le déroulement de l’histoire :
pel de son père, c’est cette machine qui est la cause c’est grâce à leurs gestes et à leurs paroles que
du danger auquel il échappe lorsque son père le l’action progresse.
frappe puis le retient (l. 32-40). Cette description
de la scie à eau a également un rôle symbolique : 17. On peut, par exemple, qualifier Julien par
elle contraste avec le portrait de Julien placé à la fin trois de ces adjectifs et participes : beau, séduisant,
de l’extrait. Il y a une forte opposition entre, d’une ambitieux, orgueilleux, têtu, emporté, intelligent,
part, le bruit, le travail manuel, la force physique, et cultivé, intellectuel, raffiné, incompris, frustré, humilié.
d’autre part le calme, le goût de la vie intellectuelle 18. L’image que l’on peut observer à la page 66
et la faiblesse physique. La scierie représente l’hos- n’est pas un portrait de Julien, mais elle nous per-
tilité du milieu dans lequel évolue Julien ; on sent met d’avoir une impression d’ensemble du jeune
que le jeune homme éprouve pour celui-ci « la homme. L’âge du jeune homme représenté corres-
haine la plus féroce » (l. 56). pond à celui de Julien dans le texte : « dix-huit à dix-
14. Le portrait de Julien est placé à la fin de l’ex- neuf ans » (l. 53-54). Le jeune homme représenté a
trait. Il est précédé d’un long passage à dominante une taille « svelte et bien prise » (l. 59-60) et il
narrative (l. 8-52) qui esquisse déjà un portrait : montre effectivement « plus de légèreté que de
c’est un portrait « en actes » car on découvre Julien vigueur » (l. 60). Il baisse les yeux, comme après
par ce qu’il fait, ses actions, ses réactions. Cette l’altercation avec son père (l. 53). La gravure ne
découverte progressive du personnage prépare le permet cependant pas de comparer le visage de ce
portrait physique et moral que le narrateur déve- jeune homme dessiné avec le personnage du
loppe ensuite en un long paragraphe. Une fois que roman. Remarquons aussi que, dans le texte, le
le lecteur a compris combien ce jeune homme était portrait de Julien est effectué après un moment où
digne d’intérêt, le narrateur offre au lecteur un por- il a failli mourir broyé dans la scierie, où son père l’a
trait tout en détails significatifs et pour cela n’hésite rudoyé : la colère rentrée de Julien est forte, sa
pas à remonter à la « première jeunesse » (l. 60) de haine aussi. Sur la gravure de la page 66, le jeune
celui qui s’annonce comme le héros de l’histoire. homme se trouve dans une tout autre situation ; il
s’y montre de bonne tenue, calme et poli.
15/a. « En approchant de son usine, le père Sorel Remarque : on pourra préciser que l’épisode repré-
appela Julien de sa voix de stentor » (l. 8), « Ce fut en senté dans la gravure suit de peu celui raconté par
vain qu’il appela Julien deux ou trois fois » (l. 20-22). le narrateur dans le texte. Si le père Sorel appelait
b. Le narrateur rapporte directement les paroles du son fils, c’est parce qu’il voulait poser des questions
père Sorel quand celui-ci retient Julien et empêche à Julien au sujet de son éventuel engagement
l’accident (l. 41), puis quand Julien va se placer à comme précepteur des enfants du maire (voir le
côté de la scie (l. 46). Les paroles directes corres- chapeau). La gravure représente précisément le
moment où Julien vient se présenter chez le maire, c. Premier moment (l. 1 à 11) : les ruses de Tristan
c’est la femme de celui-ci qui l’accueille au portail. pour parvenir chez Iseut.
Deuxième moment (l. 12 à 24) : les aveux et les
19. Modalités. On peut présenter l’exercice espoirs des amants.
comme une suite de texte, mais le récit attendu ne
Troisième moment (l. 25 à 31) : le départ de Tristan.
suit pas immédiatement la scène racontée dans le
texte étudié ; la visite chez le maire peut avoir lieu à 2. Les trois espions réagissent au geste de Tristan
la fin de la même journée, ou le lendemain, etc. Il qui « brandit sa massue » (l. 11). La frayeur les fait
s’agit simplement d’imaginer une scène qui soit changer de comportement : « ils eurent peur »
postérieure à celle racontée, avec des personnages (l. 11). Il en est de même à la ligne 26. Les argu-
imposés. Le récit demandé fait appel à plusieurs ments (la reine l’aime et l’attend, l. 10) sont ineffi-
compétences : maîtriser la narration et sa chrono- caces. L’effet produit est amusant : dans cette
logie, maîtriser la description et ses raffinements histoire sérieuse, le revirement des personnages est
(portraits, décor intérieur d’une maison du dû non à des arguments verbaux ou à des coups
XIXe siècle, etc.), maîtriser enfin la technique du de bâton, mais à de simples menaces d’être frappé.
dialogue. On insistera, par des conseils, et des
3. Le dernier geste de Tristan, après avoir une
exercices, sur certains de ces points qui paraîtraient
nouvelle fois brandi sa massue, est de danser
encore insuffisamment acquis.
(l. 31). Ce geste signifie que Tristan ne craint rien,
Lors du compte rendu de l’exercice, on pourra bien après avoir été rassuré sur son entente avec Iseut et
sûr lire aux élèves la scène écrite par Stendhal leur amour réciproque : « je n’ai plus que faire céans,
(chapitre 6 du roman). puisque ma dame m’envoie au loin préparer la mai-
son claire que je lui ai promise » (l. 27-28). Il se sent
donc léger, son amour lui donne force et joie.
Le fou p. 68 4. Tristan vient annoncer à Iseut qu’il est obligé
de partir car son subterfuge va bientôt être décou-
L’étude de cet extrait du Roman de Tristan et vert : « deux chambrières soupçonnèrent la fraude »
Iseut combine intérêt textuel et intérêt culturel. (l. 5).
D’une part, en étudiant la facture du texte, les 5. Bien des signes montrent la passion qui réunit
élèves confirment leurs connaissances quant à la les deux amants : Tristan prend « Iseut entre ses bras »
place et à la portée du dialogue dans un récit. (l. 11-12). Et Iseut lui indique les gestes qu’elle sou-
D’autre part, en lisant cette page, les élèves décou- haite : « ferme tes bras et accole-moi […] étroitement »
vrent une œuvre majeure de la littérature ; ils décou- (l. 16). Par ces attitudes, où les corps se rappro-
vrent aussi les principales caractéristiques du roman chent fortement, les amants souhaitent parvenir
d’amour (la passion, les obstacles, les stratégies et à un amour absolu, à ne faire qu’un, à passer à une
les tactiques pour vaincre les obstacles…) et ils font autre vie, parfaite.
connaissance avec un des premiers couples d’amants
victimes de l’amour fatal, modèle qui aura une nom- 6. La variété des points est très grande dans le dia-
breuse descendance, notamment Roméo et Juliette logue qui va de la ligne 13 à la ligne 24 car de nom-
(voir pp. 103-107 du manuel). breux sentiments, de nombreuses demandes y sont
Ajoutons que cette page, moins connue que l’épi- exprimés. Aux lignes 17 et 19, les points d’exclama-
sode du philtre, présente l’intérêt supplémentaire tion indiquent la force des désirs et des souhaits ; aux
de montrer Tristan sous un jour inattendu. À un lignes 23 et 24, ils mettent en valeur l’amour par-
moment où sa passion est des plus intenses, il va tagé, la conviction des derniers « cris du cœur ». Aux
jusqu’à changer d’identité, se dégrader en passant lignes 21 et 22, les points d’interrogation expriment
de prince à fou. Quant au dialogue, il est des plus des demandes particulièrement ferventes.
poignants : les amants se rendent compte que 7. Les amants imaginent un avenir de bonheur par-
leur amour n’est pas pour ce monde, et se le disent. fait, vécu ensemble dans une entente absolue. Pour
cela, il leur faudra quitter la vie de ce monde, qui
Réponses aux questions n’est que compromis et obstacles, pour accéder « au
pays fortuné des Vivants » (l. 20), où leur amour
1/a. Le dialogue entre Tristan et Iseut se déroule
pourra se vivre pleinement et éternellement.
dans la chambre des femmes : en effet Tristan fait
peur aux espions postés « devant les chambres des 8. Ce « pays fortuné des Vivants » (l. 20) semble
femmes » (l. 6), et parvient ainsi à y entrer. désigner une vie au-delà de la vie réelle effective-
b. Les affrontements entre Tristan et les espions ment vécue, au-delà de la mort : « au pays dont nul
ont lieu au seuil de la chambre où se trouve Iseut ne retourne » (l. 18). La majuscule indique qu’il
(l. 6 et l. 25). s’agit de la vraie vie, située après la vie d’ici-bas. Le
plaisir, le bonheur y sont sans limites : « des musi- d’un roi, se déguise en fou, et cela lui réussit. C’est
ciens insignes chantent des chants sans fin » justement parce qu’il apparaît aux valets sous un
(l. 18-19). accoutrement de fou qu’il peut les défier en leur
parlant de sa passion pour la reine… sans qu’ils le
9. Les paroles rapportées directement permettent croient. Dans cette scène, le jeu entre les appa-
au lecteur de comprendre la passion des deux
rences et la réalité (vêtements et sentiments)
amants. On y perçoit leurs désirs et leurs senti-
correspond à un jeu entre mensonge et vérité.
ments : tendresse et passion, inquiétudes, espoirs.
Par ailleurs, cette scène est d’une poignante gra-
On entend leurs paroles comme prises sur le vif,
vité. Sous un vêtement qui prête à rire, Tristan tient
avec leur rythme. On entend quels mots Tristan et
à Iseut des paroles d’une intensité émouvante. Il
Iseut emploient, notamment leurs apostrophes :
s’adresse sans rire ni sourire à Iseut et le dialogue
« Amie » (l. 13, 24), « Ami » (l. 16, 23). De plus le
entre les deux amants porte sur leur avenir, un sujet
lecteur devine que ce dialogue est peut-être le
très sérieux. Tristan annonce que sa mort est « pro-
dernier que s’adressent les amants, il est donc très
chaine » (l. 14), il évoque un autre monde, un
important et mérite d’être reproduit exactement.
« pays fortuné » (l. 17) qui semble être un au-delà
10. Ce dialogue produit de l’émotion. Il est de la mort. La vie, la mort, l’amour sont des sujets
d’autant plus émouvant qu’il est effectivement le graves.
dernier entre Tristan et Iseut. Tristan a d’ailleurs Le mélange entre situation cocasse et des considé-
annoncé : « Il me faut fuir et jamais sans doute je ne rations graves prouve que dans la vie tout se tient :
reviendrai. Ma mort est prochaine : loin de vous, je il faut parfois faire le fou pour parler des sujets les
mourrai de mon désir » (l. 13-15). plus graves avec la personne qu’on aime. Ce
mélange de tonalités attire la sympathie des lec-
11. On peut relever les mots et expressions teurs, qui se rangent naturellement du côté des
anciens suivants : « les degrés de la salle » (l. 1), amants.
« deux chambrières » (l. 5), « aposta » (l. 6), « beaux
seigneurs » (l. 9), « accole-moi » (l. 16), « ami » 15. On reconnaît le roi grâce à sa couronne et
(l. 16, 23), « amie » (l. 13, 24), « céans » (l. 27), Tristan grâce à sa belle armure de chevalier. La posi-
« ma dame » (l. 28), « à la male heure » (l. 30). Ces tion de leurs mains est symbolique. D’une part le
mots donnent au texte sa couleur historique. Ils roi ne tient plus que d’une main la taille d’Iseut, et
rappellent au lecteur que l’histoire se passe au sa main semble déjà s’écarter de la jeune fille : c’est
Moyen Âge. Ils permettent ainsi de se croire un peu une séparation, le roi, père de la jeune fille, la laisse
au Moyen Âge par la lecture même du texte ; le lec- partir, ne la retient plus. D’autre part, Tristan serre
teur est davantage témoin de la scène racontée. fermement la main d’Iseut dans la sienne : c’est
déjà une appropriation, le signe d’un lien ferme,
12. Les tournures de phrases, le style permettent comme si le destin des deux jeunes gens était scellé
aussi de créer la couleur historique : « Amie, il me avant de boire le philtre magique. Cette main de
faut fuir déjà » (l. 13), et non : « Mon amour, il faut Tristan saisissant celle d’Iseut est mise en valeur
déjà que je m’enfuie ». Les personnages aussi dans la composition, puisqu’elle figure sur fond
concourent à cet effet : les personnages du fou et uni.
de la reine situent d’emblée l’histoire au Moyen
Âge. 16. Plusieurs indices prouvent que le document
reproduit date du Moyen Âge. Le dessin est net
13. Tristan fait preuve de patience et de courage mais la composition est réalisée sans perspective :
car il endure les coups et les moqueries pour pou- les personnages sont très grands par rapport au
voir passer quelques moments avec Iseut (l. 1 à 4). château et il n’y a pas de point de fuite. Le décor
Il montre beaucoup d’astuce et d’humour en se représente un château fort et des bateaux à voile
déguisant en fou et en disant aux valets qui le sur- de construction plutôt rudimentaire. Tristan a
veillent l’exacte vérité qu’ils ne peuvent croire : revêtu l’armure des chevaliers ; le roi et Iseut por-
« ne faut-il pas que j’aille ce soir embrasser ma reine ? » tent des vêtements royaux : robes et manteaux
(l. 9-10). Avec Iseut, Tristan fait preuve de sincérité, épais, capes en hermine (fourrure blanche avec
de tendresse et de délicatesse (l. 16-23). Il est fort petits ornements, à l’origine venant de l’animal
physiquement et moralement pour défier les valets précisément appelé hermine). Enfin la légende
lors de son départ (l. 25-26, 31). Tristan fait donc accompagnant l’image précise que le document
preuve de nombreuses qualités aussi bien phy- date de 1479-1480, ce qui le situe donc à la fin du
siques que morales et affectives : cette scène révèle Moyen Âge.
qu’il est un héros parfait.
17. Modalités. L’exercice repose sur l’imitation
14. Dans cette histoire, le comportement de d’une situation : l’utilisation d’un procédé de dissi-
Tristan est particulièrement amusant. Lui, le neveu mulation pour arriver à ses fins. La consigne
accorde une importance au dialogue, à son effica- ramener les deux jeunes chez le père de Pandora
cité, ce qui n’exclut pas une attention portée aussi (l. 6). La jeune fille promet à Corto une très forte
à la narration et à la description. On conseille aux somme d’argent : « il vous couvrira d’or » (l. 7).
élèves de placer l’action dans des circonstances b. Corto ne répond pas à cette attente. Comme
bien précisées, et de caractériser clairement le ou Corto est lui-même pirate, il ne peut trahir Raspou-
les personnages qui se livrent à la supercherie. tine ; tout ce qu’il peut faire, c’est protéger les deux
jeunes prisonniers.
LA VIE DES MOTS
2. Pandora ne regarde pas Corto en face (l. 8)
a. Sentiments forts : une passion, une adoration, une parce qu’elle est mal à l’aise avec ce qu’elle vient de
vénération, une exaltation. dire. Elle sait que sa demande est osée, c’est un
b. Une véritable affection unit ce petit-fils à sa grand- appel à la trahison, ce qui peut passer pour une
mère. Pierrick montre depuis quelque temps une insulte envers Corto.
inclination certaine à la paresse. Je ne comprends
Ensuite, Pandora change d’attitude : « Les yeux
pas que Marjorie éprouve une telle vénération pour
bleus de Pandora ne quittaient pas le sourire de Corto. »
cette chanteuse qui ne fait que hurler.
(l. 22) Elle est donc rassurée : elle n’a pas vexé
Corto ; l’aventurier n’a pas été fâché par la demande
de la jeune fille et il a traité cette demande avec
Corto p. 70 compréhension et affection : « Corto était étonné,
mais pas tellement. Il s’approcha et lui posa les mains
Peu avant sa mort, Hugo Pratt décida de se tour- sur les épaules avec douceur. » (l. 13-14)
ner vers le roman : l’ouvrage est paru pour la pre- 3. Face à Corto, Pandora éprouve une certaine
mière fois, en Italie, en 1995, l’année même de sa crainte : « vous n’allez pas me prendre au sérieux et
mort. Pour ce roman tout simplement intitulé Corto c’est ce qui me fait peur » (l. 1-2). Puis en voyant que
Maltese, Pratt reprend l’aventure racontée dans son Corto n’accède pas à sa demande, elle éprouve de
album La Ballade de la mer salée, avec des rema- la déception : « Pandora ne pouvait pas cacher sa
niements dus précisément pour l’essentiel au change- déception. » (l. 18) Elle est ensuite fascinée par ce
ment de genre. L’auteur, renommé notamment pour que Corto lui confie sur lui-même : « Pandora était
la qualité de ses dessins, se révèle habile dialoguiste en extase » (l. 31). Elle éprouve finalement une
tout au long du roman. Dans l’extrait choisi, le dia- sorte d’apaisement et souhaite gentiment une
logue n’est pas que simple échange d’informations, il bonne nuit à Corto (l. 48), mais son silence est
aide à construire le portrait du personnage principal : certainement le signe d’une perplexité (l. 46).
son passé, son identité, ses goûts, ses choix de vie.
Vu que le personnage se décrit lui-même au fil des 4. Le narrateur n’utilise pas de verbes pour intro-
explications qu’on lui demande, qu’il s’explique sur duire les paroles. Il n’y a que deux interlocuteurs, les
lui-même et évoque son passé, ce dialogue peut for- paroles prononcées sont suffisamment claires pour
mer une introduction judicieuse à l’étude de l’auto- qu’on ne confonde pas ces interlocuteurs : Pandora
biographie : quelles sont les occasions où l’on est effectue l’essentiel des demandes, et Corto l’essentiel
amené à se décrire soi-même, à se dévoiler, à se des réponses. Les verbes introduisant les paroles ne
raconter ? Par ailleurs ce dialogue joue un rôle dans sont donc pas indispensables. Leur absence simplifie
le récit car il fait évoluer nettement les relations entre les répliques, ce qui allège le récit. L’effet produit est
les deux personnages concernés : Pandora est déçue un effet de réel : sans intervention aucune du narra-
d’abord (l. 18), puis silencieuse (l. 46) car perplexe : teur au cours du dialogue, le lecteur a l’impression
Corto ne correspond pas à l’image qu’elle se fait d’un d’entendre les paroles mêmes des interlocuteurs, de
pirate, elle est étonnée de voir que le sentiment façon immédiate, naturelle.
qu’elle éprouve pour lui est bien loin de la répulsion.
5/a. Entre les lignes 15 à 45, les répliques sont de
Toute cette évolution est due au contenu du dialogue.
longueur très inégale : celles prononcées par Corto
Pour ce qui est du genre, cet extrait est typique du
sont souvent plus longues que celles dites par Pan-
roman d’aventures dont il contient les ingrédients les
dora. Corto en effet prend le temps de répondre de
plus habituels : prisonniers, pirates… Il offre, en
manière détaillée à la jeune fille. La ponctuation à la
outre, une belle réflexion sur la qualité de pirate et
fin des phrases montre d’ailleurs que c’est surtout
d’aventurier.
Pandora qui pose les questions ; la seule fois où
Corto pose une question, c’est une demande de
Réponses aux questions
précision, de confirmation (l. 37). Ainsi les phrases
1/a. Pandora attend de Corto qu’il passe à l’action : de type interrogatif sont-elles prononcées par Pan-
il devrait s’emparer du sous-marin pirate à bord dora et les phrases de type déclaratif constituent-
duquel Caïn et elle sont prisonniers, et devrait elles la base des réponses de Corto.
b. Corto est sûr de lui : ses phrases sont déclara- haite pas. De plus, ce signe de Corto indique
tives, affirmatives, prononcées sans hésitation. Les que les paroles entre Pandora et lui ne sont plus
phrases de Pandora sont plus courtes, constituées nécessaires ; ils se connaissent mieux l’un l’autre
en majorité de questions, et les nombreux points maintenant, le dialogue a fait naître entre eux une
de suspension témoignent de son manque d’assu- complicité.
rance : « Non, Corto, je ne… je ne voudrais pas vous
11. Pandora se fait une idée très négative des
offenser mais vous paraissez tellement… tellement
pirates et des aventuriers, elle pense qu’ils sont peu
différent… de vos… compagnons… » (l. 38-39). Le
recommandables : « comment êtes-vous lié à
narrateur indique l’assurance ou le manque d’assu-
des gens comme Raspoutine et les indigènes ? »
rance des personnages par la ponctuation et la
(l. 34-35), « je ne voudrais pas vous offenser mais
dimension des phrases prononcées.
vous paraissez tellement… tellement différent… de
6. La dernière réplique de Corto est longue car le vos… compagnons… » (l. 38-40). Pour Pandora, les
personnage justifie son choix d’être pirate : il pirates et aventuriers sont brutaux, grossiers, pas
explique que c’est le résultat d’une folie, du désir cultivés, contrairement à Corto : « cet homme était
d’une vie libre, comme d’autres ont la folie de l’ar- un pirate […] et voilà qu’elle, Pandora, s’égarait dans
gent ou de la classe sociale. Ce faisant Corto fait la douceur de ses attitudes, de ses gestes, de ses
part de sa conception de la vie : chaque vie est le paroles » (l. 31-33). Elle est surprise de voir un
résultat d’une attirance, d’un engouement, d’une pirate qui ne correspond pas du tout à l’idée qu’elle
« folie » (l. 43). Par ces mots, Corto incite Pandora s’en faisait.
à réfléchir sur la vie, sur ce qui explique un destin.
12. Corto Maltese a une bonne opinion de lui-
À de telles paroles Pandora ne trouve rien à
même, mais il se place néanmoins quasiment au
répondre sur-le-champ, elle reste un moment
niveau des autres pirates : « dans le fond, je ne suis
« silencieuse » (l. 46). Quant au lecteur, il s’aperçoit
pas si différent d’eux » (l. 40-41). Il est donc lucide,
que Corto n’est pas un pirate fruste et brutal, mais
et comprend bien ce que recherchent les pirates,
un être libre, réfléchi et intelligent, qui justifie aisé-
leur idéal d’une vie libre et aventureuse : « nous
ment et assume pleinement son choix de vie.
recherchons tous les mêmes choses, sauf que les uns
7. Les paroles rapportées directement créent sont un peu plus fous que les autres, et que les plus
un effet de réel. Le lecteur assiste au dialogue, fous sont peut-être les meilleurs » (l. 41-42).
entend ce que les personnages ont vraiment dit
13. Ce portrait de Corto correspond à la descrip-
et prend connaissance de ces personnages par
tion du personnage dans le texte : il est représenté
leurs paroles : il comprend leurs attentes, leurs
avec une allure volontaire, la tête droite, une
sentiments, leurs relations.
casquette bien plantée. Son sourire exprime la
8. Entre les lignes 15 à 21, le volontarisme de gentillesse. Corto semble ici poli et soigné, et il
Corto est mis en valeur. Celui-ci décide de sa vie, il porte un uniforme d’officier anglais, comme Pandora
ne la subit pas ; ainsi pour avoir une ligne l’a bien remarqué (l. 35).
de chance, il confie : « j’ai pris le rasoir de mon père
14. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
et je m’en suis dessiné une exactement comme je la
ou à l’oral. Dans ce dernier cas, il peut donner lieu
voulais » (l. 20-21).
à un débat argumentatif mené par deux élèves
9. Corto est un homme bien éduqué comme le d’avis opposés : préférence pour le
signalent ses gestes toujours bien maîtrisés : « il roman/préférence pour la bande dessinée.
lui posa les mains sur les épaules avec douceur » Pour les deux genres, on peut signaler les avan-
(l. 13-14). Son langage aussi est maîtrisé : « Je pense tages suivants.
que cela n’a pas tellement d’importance, mais enfin. » – Le roman permet d’imaginer l’histoire, les per-
(l. 26-27) Il est poli car il répond même si la ques- sonnages, le narrateur.
tion ne lui semble pas importante (l. 26-30), il – Dans la bande dessinée, l’image aide la compré-
s’adresse à Pandora en disant « ma chère » (l. 19). hension, les paroles sont moins présentes et plus
Enfin c’est un homme cultivé capable de comparer courtes car elles doivent figurer dans des car-
les caractéristiques des aristocraties anglaise et touches ou dans des tombes.
américaine (l. 43-45). Rien n’indique que Corto est
15. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
soigné, mais on peut le deviner d’après les
de la situation ; il reprend le début de l’action rap-
remarques qui viennent d’être faites : attitude,
portée dans le texte : Pandora n’ose pas demander
expression, culture.
une aide à Corto, puis s’y résout. On rappelle aux
10. À la fin, Corto se contente d’un signe car il a élèves que, dans ce cas, la précision des circons-
dit ce qu’il avait à dire, il a répondu aux questions tances est primordiale. Ils pourront montrer l’em-
de Pandora, il n’a donc rien à ajouter ou ne le sou- barras en décrivant le personnage concerné, avec
entre autres des adjectifs en fonction d’épithète ou Aigrettes (l. 16). C’est aussi la première fois que
d’attribut ; ils signaleront aussi l’embarras en leur père leur montre la génératrice d’électricité
faisant s’exprimer le personnage dans un dialogue qu’il a installée et leur donne des explications
marqué par des hésitations, en racontant pré- (l. 15-26). C’est donc une journée de découverte,
cisément les gestes et mimiques propres aux dans une atmosphère de confiance familiale.
personnages qui n’osent pas.
4. Le portrait physique de la mère occupe les
lignes 7 et 8, celui du père les lignes 8 à 13. Le por-
Mon père p. 72 trait le plus développé est donc celui du père.
5. Le projet du père concerne l’équipement de
Voici un exemple tout à fait probant de récit dans
l’île. Le père du narrateur veut produire de l’électri-
lequel description et paroles participent conjointe-
cité, puis la faire parvenir d’abord « jusqu’à la sucre-
ment à l’évocation d’un personnage. Quand, de plus,
rie » (l. 21). Ensuite la ligne se poursuivra jusqu’à la
le narrateur est le propre fils du personnage évoqué,
maison où vit la famille du narrateur : « vers Tama-
le portrait s’accompagne d’une dimension affective
rin et l’Enfoncement du Boucan » (l. 22). Enfin la
certaine.
ligne se continuera vers d’autres villages plus loin-
Avec un tel texte, nous sommes très proches de tains : « vers Médine, vers Wolmar, peut-être même
l’autobiographie : le narrateur est le grand-père de jusqu’à Phenix » (l. 24). Le père souhaite ainsi
l’auteur. Mais, pour ce qui est du genre, c’est bien le améliorer la production de canne à sucre et vivre
« roman familial » qui est ici représenté, comme en aisément, il espère « la fin de ses soucis, le commen-
témoigne cet extrait d’un entretien accordé par l’au- cement d’une fortune nouvelle » (l. 35-36).
teur au magazine Télérama :
Ce projet n’est pas facile à réaliser : il faut installer
« Vous venez d’évoquer plusieurs fois l’île des câbles le long de la rivière, leur faire franchir
Maurice, d’où est originaire votre famille. Vous- des montagnes. Contre un tel projet, la nature
même n’y avez pas grandi… oppose bien des obstacles.
Non, j’ai la double nationalité française et mauri-
cienne, mais j’avais 30 ans quand j’y suis allé pour 6. Les paroles rapportées de la ligne 20 à la
la première fois. L’île que je connais est une Maurice ligne 26 nous informent sur les projets ambitieux
ancienne, celle que me racontait longuement ma du père, elles communiquent son enthousiasme
famille lorsque j’étais enfant. même si elles ne sont pas rapportées directement :
Écrire, est-ce une façon de poursuivre ce la longueur des phrases et l’emploi du futur, entre
roman familial ? autres, témoignent clairement d’une volonté de
Totalement. Ce que j’écris depuis plus de quarante prendre possession de l’avenir. Cette assurance vis-
ans vient de la période de ma vie qui se situe entre à-vis du futur s’exprime sans état d’âme ; le père
l’âge de 6 ou 7 ans, où naît la conscience d’exister, est entreprenant et croit fermement au progrès
et celui de 13 ou 14 ans – où date, peut-être, ma industriel.
dernière conscience réelle d’exister ! »
7. D’après les paroles rapportées, le père apparaît
J.M.G. LE CLÉZIO, « L’entretien », Télérama n° 2993, entreprenant, enthousiaste, visionnaire. Le portrait
26 mai-1er juin 2007, © Télérama S.A.
effectué des lignes 8 à 13 présente un homme
réjoui, bien mis et raffiné : « mon père est joyeux »
Réponses aux questions (l. 8), « mince, élégant » (l. 10) ; il a un « nez fin et
1. Les personnages en présence sont le narrateur busqué » (l. 11), une « barbe soignée » (l. 11), et des
enfant, sa sœur Laure, sa mère Mam, et son père. « mains élégantes » (l. 11-12).
L’action se déroule à l’île Maurice, dans l’océan
8. En voyant son père et en le décrivant, le narra-
Indien. Les personnages roulent en voiture à cheval
teur éprouve de l’admiration. En effet, pour évo-
sur le chemin qui longe la Rivière Noire (l. 5-6), puis
quer ce personnage, il n’emploie que des adjectifs
s’installent dans une cabane en bois près du Bassin
ou des participes mélioratifs, élogieux : « joyeux »,
des Aigrettes (l. 15-16). Cette excursion se déroule
« grand », « mince », « élégant », « fin », « soignée ».
pendant une matinée : « ce matin-là » (l. 13).
Il accorde la plus grande place au portrait de
2. Le temps verbal qui domine dans ce récit est le son père. Il indique aussi que d’autres personnages
présent de narration. Le lecteur a ainsi l’impression participent à cette admiration, et ce sentiment s’en
que l’action se passe au moment où il lit. trouve généralisé, renforcé : « Mam aussi le regarde,
je vois la lumière de son regard » (l. 13).
3. La journée racontée est restée dans le souvenir
du narrateur car c’est la première fois que sa sœur 9/a. Le narrateur rapporte les paroles de la mère
et lui remontent le chemin qui longe de la Rivière au moment où les enfants s’interrogent sur
Noire et les conduit jusqu’à la cabane du Bassin aux l’arrivée de l’électricité (l. 31-33).
b. Le narrateur rapporte la première parole directe- 14. Le verbe employé par le narrateur pour intro-
ment : « Bientôt… » (l. 31) et la suite indirectement : duire les paroles du père et de la mère est « explique »
« qu’il faut monter […] et y accrocher les câbles » (l. 21 et l. 31). D’après ce verbe, on comprend que le
(l. 33). Ces paroles sont rapportées, l’aide d’une père et la mère jouent le rôle d’éducateurs, d’ensei-
proposition subordonnée conjonctive introduite gnants envers leurs enfants. Ce sont eux qui leur
par « que ». apportent les connaissances et cherchent à leur faire
c. Ces paroles nous font comprendre que la mère comprendre les choses du monde.
est réaliste : elle voit la difficulté et la longueur des
15. Le père du narrateur et son oncle n’ont pas la
travaux à effectuer. Elle calme l’impatience des même idée du progrès. Le père est prêt à aller de
enfants. l’avant tandis que l’oncle est plus réservé : « lui qui
10. Par exemple : « Quand viendra-t-elle ? » (l. 30) n’a pas voulu y croire » (l. 36).
et « Bientôt » (l. 31) sont des paroles rapportées direc- 16. Pour rapporter les paroles des personnages,
tement. La première est prononcée par les enfants, la le narrateur se sert du style direct, du style indirect,
seconde par la mère. Un dialogue aussi réduit met en du style indirect libre. Cette variété évite la mono-
valeur la relation très étroite entre les enfants et leur tonie et maintient l’intérêt du lecteur. Les moyens
mère, pas besoin de longs discours : à question les plus directs sont employés pour les membres de
simple, réponse simple et rapide. La mère répond la famille les plus proches, mère et enfants, les
tout de suite, par un mot simple, puis par des explica- moyens les plus indirects pour les moins proches et
tions, elle montre ainsi toute l’attention, la tendresse le style indirect libre lorsque le père évoque l’oncle.
qu’elle éprouve pour ses enfants, elle veut leur faire
comprendre, elle ne veut pas les décevoir. 17. Pour caractériser physiquement le père, on peut
par exemple retenir les adjectifs beau, élégant, fin.
11. On peut relever : « L’oncle Ludovic verra, il Pour le caractériser moralement, on peut proposer
comprendra, lui qui n’a pas voulu y croire. Quand entreprenant, audacieux, dynamique, optimiste.
dans toutes les sucreries de l’ouest, les turbines
électriques remplaceront les machines à vapeur » 18. D’après cette image, le relief de l’île peut
(l. 36-38). C’est le père qui prononce les paroles créer de nombreuses difficultés quand il s’agira
ainsi rapportées. Dans ce passage, le temps verbal d’installer l’électricité. Les montagnes, qui se termi-
est le futur (de l’indicatif). Ces paroles évoquent nent par des pics vertigineux, apparaissent hautes
l’avenir, une époque future où le père aura réussi à et abruptes. Les ravins sont profonds et escarpés.
installer l’électricité. Ainsi ces dernières lignes On remarque des arbres élevés, aux racines
confirment l’esprit entreprenant et visionnaire du énormes. L’ensemble est accidenté, contrasté,
père ; le lecteur a l’impression que le projet s’est presque inhospitalier. Il va être difficile d’y installer
poteaux et câbles.
accompli et que le père a réussi sa difficile entreprise.
12. Deux détails, entre autres, évoquent l’île 19. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
de situation ; il laisse le choix entre un narrateur qui
Maurice : « la Rivière Noire » (l. 5-6), « la branche
sera le personnage principal ou un narrateur
d’un tamarin » (l. 16).
témoin. On conseille aux élèves d’imiter également
13. La mère et les enfants sont d’accord avec le les procédés analysés dans le texte étudié : descrip-
projet du père. Il n’y a pas d’objection, de réti- tions de personnages, paroles rapportées directe-
cence, de crainte. Ils admirent le père et, au vu de ment ou non, l’ensemble concourant à évoquer le
ce passage, il règne dans cette famille une atmo- personnage principal de façon exacte et vivante
sphère de bonne entente, de réel bonheur. pour obtenir un effet de vraisemblance très net.
S’exprimer à l’oral
DIRE UN MONOLOGUE 5. On procède à plusieurs lectures, avec plusieurs
OU UN DIALOGUE p. 76 élèves. Soit les rôles sont répartis (l’homme, la
femme, le narrateur), soit un même élève lit l’en-
Réponses aux questions semble du texte en procédant aux variations de ton
(voire de timbre de voix) nécessaires.
1. On attire l’attention sur les consonnes, surtout
lorsqu’elles sont regroupées et que ces regroupe-
ments sont nombreux au sein d’un même mot :
par exemple sp, ctr, sc, dans spectroscope. On rap-
Corrigé des exercices
pelle que la diction est un élément de base à
prendre en compte dans toute communication 1. et 2. Modalités. Ces exercices débouchent sur
orale. des lectures orales. Ils peuvent aussi donner lieu à
des récitations, si le texte a été mémorisé au préa-
2. Verbes introduisant les paroles : « dit » (l. 4), lable, en deux ou trois étapes. Les textes ont été
« demanda » (l. 6). Le second donne une indication
choisis parce qu’ils permettent de travailler pro-
de ton : la phrase qui précède étant interrogative,
nonciation, ton, rythme et divers effets de voix.
on modulera la voix afin d’obtenir une mélodie
Ceux de Charles Cros ont été effectivement dits sur
montante en fin de phrase.
scène par des artistes qui étaient l’équivalent de
3. Lignes 4 et 5 : les points simples signalent des nos humoristes actuels. Le texte A sera dit par des
phrases déclaratives. Ligne 6 : les points d’interro- filles et le texte B par des garçons.
gation signalent des phrases interrogatives. Lignes
3. et 4. Modalités. Il est possible de faire dire le
12 et 13 : deux points d’exclamation signalent des
texte par un seul et même élève jouant les deux
phrases exclamatives ; deux points d’interrogation
personnages : certains élèves sont assez habiles
signalent des phrases interrogatives. Les points de
pour changer de voix, d’expression et caractériser
suspension marquent simplement un temps d’ar-
ainsi deux personnages. Plus généralement, on
rêt entre les phrases.
confiera chaque personnage à un élève différent.
4. Le portrait de Hoover effectué par le narrateur Dans l’exercice 3, le même élève fera le narrateur et
(l. 8-9) montre qu’il s’agit d’un homme calme. Le le personnage jeune. Dans les textes proposés dans
portrait de Léonova, qui suit, révèle au contraire l’exercice 4, plusieurs cas de figure se présentent.
qu’il s’agit d’une femme nerveuse. Ces indications Tous ces exercices peuvent faire l’objet d’une réci-
nous conduisent à lire tranquillement les répliques tation, si le texte a été mémorisé au préalable en
de Hoover, et plus rapidement celle de Léonova. plusieurs étapes.
S’exprimer à l’écrit
ENRICHIR UN RÉCIT p. 78 – Une parole rapportée indirectement : « qu’il était
trop tôt et qu’on y voyait encore suffisamment »
Réponses aux questions (l. 17-18).
– Un récit (ou résumé) de paroles : « Josse pria
1. C’est la sœur de Josse, prénommée Valérie, qui
Valérie de donner la lumière » (l. 16-17).
est décrite (l. 2-4). Cette description est placée au
moment où son frère la voit, au début de la scène
racontée. 4. Le verbe « protesta » (l. 17) introduit la parole
rapportée indirectement. Il indique un ton d’oppo-
2. Cette description met surtout en valeur des sition, un mécontentement.
défauts. Valérie est d’un abord sévère : sa silhouette est
« sèche » (l. 2), son visage est « dur » (l. 3), sa voix est
5. Grâce à ce dialogue, on comprend que les rela-
« froide » (l. 4). Seule sa voix présente quelques
tions entre le frère et la sœur sont mauvaises : la
qualités : « une voix claire […], bien timbrée » (l. 4).
sœur n’a pas l’air contente de voir arriver son frère
3. – Une parole rapportée directement : « Com- avec ses bagages. Le dialogue met clairement en
ment se fait-il que tu sois déjà là ? Tu ne devais arriver évidence la relation difficile entre ce frère et sa
que demain soir » (l. 5). sœur.
Vers le brevet p. 80
Réponses aux questions (15 pts) personne âgée n’a pas à être lisse, à chaque âge
correspond une forme de beauté. (1 pt)
1/a. Le voisin d’Adamsberg est décrit aux
lignes 2 et 3. C’est une personne âgée, désignée 2/ a. « noirs » : adjectif qualificatif ; « qui vous
par l’expression « le vieux d’en face ». (0,5 pt) détaillaient à cru » : proposition subordonnée
b. Dans cette description, deux éléments sont mis relative. (1 pt)
en valeur : d’abord l’allure générale (« un pas b. Plusieurs raisons expliquent l’ordre de ces
balancé, haut et digne », l. 3), puis le visage avec les expansions. D’abord il n’est pas possible de placer
cheveux (« beau visage crevé de rides, cheveux l’adjectif « noirs » avant le nom « yeux ». On ne peut
blancs intacts », l. 3). (0,5 pt) pas non plus mettre l’adjectif « noirs » après la pro-
c. « beau », « crevé » : épithètes de « visage ». Le position subordonnée relative, car dans les phrases
visage du vieil homme est beau parce qu’il est on place généralement les éléments courts avant
marqué de rides profondes : il laisse clairement les éléments longs. Enfin on remarque l’impression
apparaître les lignes de la vieillesse. Un visage de générale (la couleur, le noir) avant de percevoir les
EXEMPLE 1
1 2 3 4 5
LECTURE LANGUE LANGUE LECTURE EXPRESSION
D’IMAGES Les paroles Les paroles Le Fou, p. 68 ÉCRITE
Semaine 1
Conversations, rapportées : rapportées : ex. 17, p. 69
p. 74 leçon 36, p. 384, leçon 36, p. 384, début brouillon
début fin
6 7 8 9
EXPRESSION LECTURE LANGUE LANGUE
ÉCRITE Corto, p. 70 Orthographe, Suite de
ex. 17, p. 69 ; Les accords la séance 8 :
Semaine 2 amélioration dans la phrase : Ex., dictée, p. 427
du brouillon, le sujet, l’attribut,
mise au propre, leçon 47, p. 424
ramassage
des copies
10 11 12 13 14
EXPRESSION Bilan de Bilan de la LANGUE Compte rendu
ÉCRITE la séquence : séquence : Suite des séances et correction
Semaine 3 Compte rendu Vers le brevet, Vers le brevet, 8 et 9 : correction du bilan
et correction p. 80, sauf rédaction de la dictée, ex.
de l’ex. 17, p. 69 questions 1 à 4 complémentaires
EXEMPLE 2
6 7 8 9
Les paroles Mon père, p. 72 Suite Suite
rapportées, de la séance 3 : de la séance 5 :
leçon 36, p. 384 amélioration prestations
Semaine 2 du brouillon, de 4 élèves
mise au propre, Suite de
ramassage copies la séance 6 :
les paroles
rapportées
10 11 12 13 14
La description, Un petit jeune Suite des Suite de Suite des
leçon 38, p. 396 homme, p. 65 séances 3 et 8 : la séance 10 : séances 5 et 9 :
Semaine 3
compte rendu la description prestations
et correction de 6 autres élèves
de l’ex. 5, p. 79
15 16 17 18
Orthographe : Bilan Suite des séances Compte rendu
Les accords de la séquence : 5, 9, 14 : et correction
dans le groupe Vers le brevet, prestations de du bilan
nominal (2), p. 80, 4 autres élèves.
Semaine 4 p. 416 ; questions Suite de
ex., dictée p. 417 et réécriture la séance 15 :
correction de
la dictée, ex.
complémentaires
SÉQUENCE 4
Le théâtre : du texte à la scène
Objectifs et contenus
Avec la séquence 3, axée sur le roman, et la s’appuient chacune sur un texte d’observation, puis
séquence 10, qui porte sur la poésie, la présente se déclinent en plusieurs exercices variés. On pourra
séquence forme un triptyque permettant aux éventuellement lier ces deux activités en faisant
élèves de faire clairement le point, à la fin de leur jouer par les élèves un texte qu’ils auront écrit eux-
parcours de collégien, sur les trois genres considé- mêmes et qui aura été particulièrement réussi. Les
rés comme majeurs. textes de cette séquence, dans leur ensemble, peu-
Les élèves ont déjà abordé le théâtre au cours de vent d’ailleurs être aisément joués en classe : nous
leur scolarité au collège. En classe de cinquième avons en effet retenu des extraits mettant toujours
notamment, ils ont étudié les textes dialogués et sur scène un ensemble de personnages féminins et
ont eu, ainsi, l’occasion d’étudier le texte théâtral. masculins, ces personnages ayant un temps de
En classe de troisième, il ne s’agit plus d’envisager parole à peu près égal. Les exercices oraux proposés
le texte théâtral seul, pour lui-même, mais de permettent aux élèves de pratiquer aisément les
l’étudier en tant que support de la représentation « mises en voix et mises en espace simples de textes
théâtrale. Cette séquence s’attache donc à mettre de théâtre » spécifiées par le programme.
en relief la spécificité du genre théâtral : du texte à
la scène. Elle met nettement l’accent sur la pers- Les outils de langue
pective précisée par le programme : « la relation Dans les énoncés oraux, la variété des types et
entre le verbal et le visuel dans l’œuvre théâtrale » des formes de phrase est très grande. C’est pour-
(Programme de 3e, partie « Textes à lire »). C’est quoi la leçon 20 (« Les phrases, types et formes »)
dans cette optique qu’ont été choisis le document trouve une place judicieuse dans une séquence
d’entrée de la séquence, les photographies de la traitant du théâtre. On complétera cette leçon avec
partie « Étudier des images », les illustrations des apports sur le langage en action : on trouvera
accompagnant les textes et les activités d’expression. pour cela dans la leçon 33 (« L’énonciation :
niveaux de langue, expression péjorative et
L’étude de textes et d’images méliorative ») les notions nécessaires.
Les principaux sous-genres du théâtre (comédie,
tragédie, drame, farce) sont abordés successive-
ment par des textes où apparaissent nettement Références bibliographiques
leurs caractéristiques. Le choix des textes s’est éga- Sur le théâtre
lement opéré en fonction d’autres prescriptions du Paul ARON, Denis SAINT-JACQUES, Alain VIALA, Le
programme : Dictionnaire du littéraire, Presses Universitaires de
– l’expression de soi et la prise en compte d’autrui, France, 2002. Dans cet ouvrage rédigé à la
d’où un exemple de théâtre engagé (extrait de lumière des études les plus pertinentes et les plus
Grand-peur et misère du IIIe Reich), qu’on mettra récentes, on consultera avec profit notamment les
en parallèle avec l’étude de la poésie engagée articles « drame », « dramaturgie », « comédie »,
(séquence 10), et le programme d’histoire ; « comique », « tragédie », « tragique », « nouveau
– l’ouverture aux littératures étrangères, notam- théâtre » et « théâtre », ce dernier étant écrit par
ment européennes, avec un texte de Bertolt Brecht Alain Viala, un des spécialistes du théâtre les plus
et un texte de Shakespeare. reconnus actuellement.
Les textes retenus fournissent donc aux élèves de Alain COUPRIE, Le Théâtre, collection « 128 »,
riches perspectives d’étude et de solides références Nathan, 1995. La première moitié de l’ouvrage
culturelles. traite du texte théâtral et de divers aspects de la
dramaturgie : le personnage au théâtre, le langage
Les activités d’expression théâtral, la structure des pièces, la mise en scène,
Ces activités portent logiquement sur le texte etc. La seconde moitié est consacrée à un
théâtral. Comme dans les autres séquences, elles historique et une esthétique des genres (comédie,
tragédie, drame). L’ensemble est clair et complet, Les mots spécifiques au genre théâtral sont classés
étayé de nombreux exemples. par ordre alphabétique et commentés avec préci-
Pierre LARTHOMAS, Technique du théâtre, collec- sion, par une des spécialistes reconnues du genre.
tion « Que sais-je ? », Presses Universitaires de
France, 1997. L’auteur traite du texte théâtral, du Sur la relation entre le théâtre et les autres
lieu théâtral, des interprètes, des représentations, arts visuels
du public, et de quelques problèmes actuels du De la scène à l’écran, collection « Théâtre
théâtre. Le chapitre IV, Du texte à la représentation, Aujourd’hui », n° 11, SCEREN, CNDP 2007. Très
donne d’intéressantes informations sur ce qui belle livraison traitant des relations entre théâtre,
constitue l’enjeu particulier de cette séquence. télévision et cinéma. Articles divers, interviews
Anne UBERSFELD, Les Termes clés de l’analyse du d’acteurs, photographies nombreuses et de
théâtre, collection « Mémo », Éditions du Seuil, 1996. qualité.
Document d’entrée p. 86
La photo d’une représentation théâtrale situe 2. Sur la photo proposée, qui montre le parterre,
d’emblée l’enjeu de cette séquence : il ne s’agit le plateau et la scène, on peut distinguer à droite et
pas tant d’étudier des textes de théâtre que de à gauche de la scène la bordure des baignoires.
comprendre le texte théâtral comme le support d’une Tout ceci laisse supposer qu’il s’agit d’un théâtre
représentation. Le programme pour la classe de à l’italienne, et cela nous est confirmé par la
troisième précise en effet que, pour ce qui concerne le légende : la photographie a été prise au théâtre de
théâtre, il s’agit de travailler le passage du verbal au l’Athénée et ce théâtre offre en effet l’une des plus
visuel. C’est pour cette raison que les textes de cette belles salles à l’italienne de Paris. Les théâtres à l’ita-
séquence seront tous illustrés de photographies de lienne permettent d’établir une proximité entre les
mises en scène de la pièce correspondante. De plus spectateurs et les acteurs ; la salle en forme de fer à
cette photographie d’entrée permet aux élèves de se cheval et la scène encadrée créent une atmosphère
placer dans l’atmosphère d’un théâtre, situation chaleureuse où les spectateurs peuvent se voir les
qu’ils sont loin d’avoir tous connue. uns les autres. On aperçoit nettement sur la photo
un spectateur levant les yeux vers un balcon,
Réponses aux questions invisible ici compte tenu de l’angle de vue.
On peut tout à fait jouer du théâtre en dehors de
1. Cette image est une photographie qui a été ces bâtiments appelés théâtres et qui sont conçus
prise au théâtre de l’Athénée, du fond du parterre, spécialement pour le spectacle théâtral (rampes
face à la scène ; c’est pour cette raison que l’on voit lumineuses, machineries, entrepôts de décors,
une partie du public de dos. Nous sommes à la etc.). Le théâtre est l’art de représenter une suite
place des spectateurs, en contre-plongée par rap- d’événements devant un public, divers lieux s’y
port à la scène. Sur le plateau, des lampions de prêtent. Les lieux choisis pour des représentations
couleurs différentes et gaies donnent, avec les théâtrales varient toujours, selon les époques, le
tables et les comédiens rassemblés, une atmo- public, les traditions, le rôle dévolu au spectacle.
sphère de fête villageoise. Au fond, le décor est uni, Ainsi existe-t-il du théâtre de plein air, du théâtre
de couleur bleue. Du côté jardin, une table réunit de rue, des représentations théâtrales dans les
six comédiens ; du côté cour, trois comédiens ont établissements scolaires et même du théâtre
la tête tournée vers le couple qui se tient au milieu d’appartement.
de la scène. Dans ce couple, la femme est perchée
Remarque : le théâtre de l’Athénée est notamment
sur une chaise de jardin, la tête penchée vers un
célèbre pour avoir été la salle de Louis Jouvet,
jeune homme avec qui elle semble dialoguer.
célèbre acteur (1887-1951). Il s’est ouvert au
Remarque : il est précisé dans la légende que les
public en 1893. Il a été classé monument histo-
spectateurs assistent ici à une générale. C’est une
rique le 22 décembre 1995 car il s’agit précisément
représentation un peu particulière, qui consiste en
d’une des plus belles salles à l’italienne de Paris.
l’ultime répétition d’ensemble d’une pièce devant
un public choisi. Ceci explique peut-être l’aspect 3. On posera d’abord aux élèves quelques ques-
détendu qui semble régner parmi les spectateurs : tions sur leur expérience personnelle du théâtre
trois personnes se sont retournées et regardent (comme acteur ou spectateur), afin de cerner les
la salle. connaissances de la classe en ce domaine. Puis on
leur posera ensuite la question concernant les qua- – faire preuve d’inventivité, imiter des actions pour
lités d’un acteur. On recense leurs réponses pour incarner un personnage, créer l’illusion en sachant
voir quelle idée générale de l’acteur de théâtre s’en faire « comme si » ;
dégage. On pourra alors préciser qu’un bon acteur – être capable de faire volontairement naître des
présente les qualités suivantes : émotions, des sentiments en revivant, en inter-
– être à l’aise dans son corps pour jouer des person- prétant celles d’un personnage ;
nages qui parfois demandent des performances – atteindre vérité, sincérité et authenticité dans son jeu.
physiques ; Pour l’acteur, son corps est à la fois son matériau et
– être éventuellement doué aussi en mime, en son outil. Il est souvent dit que l’acteur doit rentrer
danse, en chant ; dans la peau du personnage ; un échange entre le
– être doté d’une bonne mémoire pour se rappeler comédien et le personnage qu’il doit représenter
le texte mais aussi les déplacements sur scène, les est également nécessaire. Ainsi, les répétitions
gestes et mimiques attendus ; sont-elles toujours précédées par des lectures à
– savoir endosser des identités différentes, passer haute voix, accompagnées de notes dramatur-
d’un registre à l’autre, pouvoir jouer aussi bien le giques, d’indications psychologiques : une méta-
rôle d’un bon que d’un méchant ; morphose doit avoir lieu.
que « plus on leur en jette, plus elles les écarquillent, baron veut-il aussi gagner du temps, pour éviter
afin d’en gober davantage » (l. 34-35). Il exagère ; que le contraste entre les attitudes des deux jeunes
il méprise les femmes. Dans ce passage le baron gens n’apparaisse trop cruellement. Ensuite, le
apparaît clairement misogyne. baron incite à deux reprises les jeunes gens à s’em-
brasser (l. 53 et 55) pour qu’ils se rapprochent.
5. La rencontre commence comme prévu. La pre-
Il s’adresse d’abord à Camille avant de se tourner
mière didascalie indique que Perdican et Camille
vite vers son fils, sûrement à cause de la sécheresse
entrent au même moment mais par des portes
de Camille : « Excusez-moi » (l. 54). Mais ces
différentes. L’entrée des personnages est donc
demandes du baron, ses vaines tentatives, rendent
conforme au dispositif choisi par le baron, qui salue
encore plus manifeste l’attitude réservée, presque
affectueusement les deux jeunes gens et qui joue,
hostile de Camille. Cette rencontre si bien préparée
comme il l’avait annoncé, le rôle de maître de
se révèle décevante et le baron peut craindre bien
cérémonie : « Embrassez-moi, et embrassez-vous »
(l. 37-38). sûr que ses projets de mariage n’échouent.
6. Le dialogue devient plus rapide dès la première 10. Le contraste entre le comportement des
réplique de Camille qui salue les personnages deux jeunes gens surprend puisque Camille a
d’une manière très froide : « Mon père et mon cou- opposé sa froideur à l’attitude exaltée de Perdican.
sin, je vous salue » (l. 41). Elle ne peut en dire moins. Mais, en même temps, ce contraste en cache un
Après les effusions souhaitées et attendues par le autre, celui entre la scène annoncée par le baron et
baron, la réserve dont Camille fait preuve contraste la scène à laquelle assiste le spectateur. D’autant
avec l’attitude exaltée de Perdican. Le spectateur plus que Camille, après avoir exprimé sa réserve
est amené à se poser des questions sur cette dans sa première réplique, recule face à Perdican et
réserve, sur cette froideur de Camille et à se refuse tout contact physique ; le geste suit donc ce
demander ce qu’elle dissimule. que les paroles avaient laissé déjà entrevoir. Nous
apprenons cela par Perdican lui-même – et non
7. Perdican est heureux de retrouver son père et dans une didascalie – puisqu’il en exprime du dépit :
Camille : la joie, le bonheur l’animent (la gaieté, « Si ma cousine recule quand je lui tends la main […] »
l’allégresse, la jubilation, le ravissement…). Il (l. 56). Que dissimule cette froideur, ce recul de
éprouve aussi de la surprise devant la jeune femme Camille ? L’intrigue est lancée. Le spectateur est
qu’est devenue Camille et de l’admiration pour sa amusé à la fois par le contraste entre les deux
beauté. Ces sentiments s’expriment par des jeunes gens et par le contraste entre la scène atten-
phrases exclamatives introduites par « comme » due et la scène réelle ; mais cet amusement se
(l. 42 et l. 45). Perdican emploie le terme « sœur » teinte d’émotion.
au lieu de « cousine », ce qui met l’accent sur la
force de ses liens avec Camille. On note aussi 11. Le baron apparaît incontestablement ici
l’abondance des mots appartenant au champ comme un personnage de comédie. Il rappelle les
lexical du bonheur : « bien-aimée », « bonheur », pères ridicules de Molière. Il ne songe pas à se
« heureux » (l. 39-40), et à celui de la beauté : demander si les jeunes gens vont s’entendre après
« belle », « jolie » (l. 42 et 52). tant d’années, il pense aux écus dépensés. Bien
qu’il ignore le latin, il désire que Maître Bridaine
8. Comme ses mots pour saluer son oncle et son échange quelques mots avec Perdican dans cette
cousin, pleins de retenue par rapport à l’enthou- langue, mais seulement au dessert pour qu’on ne
siasme de Perdican, pouvaient le laisser deviner, s’ennuie pas et que Camille soit impressionnée :
Camille ne répond pas aux compliments de son « Faites-le parler un peu latin, – non pas précisément
cousin. Alors que Perdican a salué de manière diffé- pendant le dîner, cela deviendrait fastidieux, et quant
rente son père et Camille, en accolant au nom de à moi, je n’y comprends rien ; – mais au dessert, –
Camille l’adjectif « bien-aimée », Camille, elle, met entendez-vous ? » (l. 19-22). Il se sert du latin
tout le monde sur le même plan : « Mon père et
comme simple élément d’une tactique. Enfin, ses
mon cousin, je vous salue » (l. 41). Son attitude peut
propos sur les femmes, déjà mentionnés, relèvent
donc être qualifiée de froide, distante.
du comique de mots et du comique de caractère :
9. Le baron intervient d’abord, semble-t-il, pour ils révèlent un aspect ridicule du personnage.
animer la conversation, car Camille salue tout le Maître Bridaine, le curé, est également un person-
monde mais ne répond pas aux compliments de nage amusant : il fait des remarques de bon sens
Perdican. Pour y parvenir, le baron évoque le (l. 23-24 ; l. 28-30 ; l. 62-63), mais n’ose pas s’oppo-
voyage de chacun des jeunes gens, rapprochant ser trop vivement au baron. D’autre part il adopte
ainsi les deux jeunes gens… au moins dans les un ton enthousiaste pour montrer ses connais-
phrases : « Quand as-tu quitté Paris, Perdican ? » (l. 44), sances en latin : « Ità œdepol » (l. 16) ; il est trop
« Vous devez être fatigués… » (l. 49-50). Peut-être le heureux d’avoir une occasion de sortir de l’ombre.
12. L’auteur porte un regard amusé sur le baron : la place aux mouvements des personnages princi-
celui-ci a préparé la rencontre entre les jeunes gens paux sur le devant du plateau. Il peut rester les
d’une manière si solennelle qu’elle en apparaît ridi- mains serrées (voir la photographie de la page 93)
cule. De plus son projet consistant à marier les pour exprimer sa gêne et sa retenue. Dans cet
deux jeunes gens semble voué à l’échec : on ne dis- échange, Bridaine est un spectateur, et non partie
pose pas des êtres comme on veut ; l’enthousiasme prenante comme le baron ; sur son visage se reflé-
calculateur du baron se heurte à la sincérité des teront des réactions que l’on peut supposer être
jeunes. celles du public : de l’intérêt, un sourire accueillant,
puis un certain étonnement, le doute et l’attente.
13. À ce stade de l’intrigue, il est difficile de savoir Ses yeux se poseront avec une perplexité croissante
s’il s’agit d’une comédie sérieuse ou joyeuse. Les
sur Camille.
réponses aux questions 10, 11, 12, notamment,
Le décor. Le chapeau précise que « La scène se
ont fait apparaître des motifs de s’amuser, et des passe dans le salon d’un beau château ». C’est un
raisons d’être ému, intrigué. Le personnage du salon qui doit représenter un lieu propice à la ren-
baron, celui du curé, le mariage arrangé, la céré- contre ; on peut disposer deux fauteuils ou deux
monie de la rencontre, annoncent plutôt une canapés face à face pour que l’on puisse imaginer
comédie. Pourtant, dès cette première entrevue, le une entrevue plus chaleureuse. Mais personne ne
comportement de Camille, loin de ressembler à s’assoit ! Il faut prévoir deux belles portes, une à
celui des ingénues de Molière, laisse présager que droite et une à gauche de la scène, afin que l’entrée
ces deux jeunes gens ne sont peut-être pas simultanée de Camille et Perdican produise un bel
faits pour s’entendre et que les plans du baron effet de mise en scène. Il faut prévoir aussi une
pourraient être contrariés. fenêtre au moins (l. 1), haute et large.
14. Sur scène sont présents de gauche à droite : L’éclairage. Les lumières sont chaudes au début de
Camille, Maître Bridaine, le baron et Perdican. la scène, le lieu se veut hospitalier, quelques chan-
deliers peuvent être disposés sur une grande che-
15. La photo de la page 93 semble nous montrer minée d’angle. La lumière se refroidit du jaune au
Perdican regardant Camille et s’adressant à elle blanc au fur et à mesure du déroulement de la
alors qu’il vient de pénétrer sur la scène. Comme il scène pour marquer le passage de l’enthousiasme
ne s’est pas encore approché d’elle, le moment à la froideur.
représenté peut correspondre à la réplique : Les accessoires. Complémentaires du décor, ils
« Comme te voilà grande, Camille ! et belle comme le doivent préciser le lieu et l’époque. Comme la
jour ! » (l. 41-43) scène se déroule chez le baron, les accessoires doi-
16. Les personnages (positions, déplacements, vent être précieux et avoir une histoire, parler de la
ton des paroles). Perdican s’avance à grands pas famille et des ancêtres communs, on peut donc
vers le centre du plateau, pivote à peine vers son prévoir par exemple des tableaux de famille.
père pour le saluer, puis s’immobilise en voyant Vu l’action, la scène n’a pas besoin d’accessoires
Camille. Son regard tout de suite semble chercher particuliers pour son bon déroulement, pour être
le sien, et il ouvre les bras vers elle dans un geste bien comprise par les spectateurs.
d’accueil chaleureux, en prononçant la réplique : « 17. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
Bonjour, mon père, ma sœur bien-aimée ! Quel bonheur de procédé : comme Musset, l’élève est conduit à
! que je suis heureux ! » (39-40). Face à la froideur écrire une pièce correspondant à un proverbe. On
que lui oppose Camille, l’attitude de Perdican doit s’en tiendra bien sûr à deux ou trois scènes formant
refléter déjà une certaine hésitation, il a été arrêté un ensemble. L’exercice demande une solide pré-
dans son élan par le salut de Camille, il ne s’avance paration, une bonne réflexion préalable : il est
plus vers elle. Et il se tourne vers son père : « Oh ! nécessaire de choisir un ou des lieux précis, des
mon dieu, non. Regardez donc, mon père, comme personnages, une action courte et concrète, et
Camille est jolie ! » (l. 51-52). Puis, au moment où organiser le déroulement en deux ou trois scènes
Camille refuse de l’embrasser et recule, Perdican selon le mouvement des personnages, etc. On
devrait marquer du dépit ; son ton pourrait même peut rechercher collectivement en classe des possi-
devenir sentencieux quand il dit : « Si ma cousine bilités de situations ; par exemple, pour À cœur
recule quand je lui tends la main, je vous dirai à mon vaillant rien d’impossible : parvenir à monter une
tour : “Excusez-moi ; l’amour peut voler un baiser, lourde armoire au quinzième étage sans utiliser
mais non pas l’amitié” » (l. 56-58). – Camille, elle, l’ascenseur (il est trop étroit), gagner un concours
entre sur scène doucement ; son attitude est réser- de pêche alors qu’on dispose d’un matériel bien
vée, elle s’arrête avant d’atteindre le centre du pla- moins sophistiqué que celui des concurrents,
teau, elle parle sans émotion dans la voix. gagner un match alors que l’équipe adverse est
– Maître Bridaine doit être en retrait pour laisser donnée comme bien plus forte, etc.
Les préoccupations de Charlotte et d’Antoine sont 9. Les didascalies indiquent que la chanson est
de calmer leur bébé qui pleure en pleine nuit, de chaque fois chantée à contrecœur, avec éner-
savoir qui va s’occuper de ce problème, de savoir vement, surexcitation, voire colère : « Elle chante
qui est responsable de cette situation. Leur pré- rageusement » (l. 33), « ANTOINE, […] chante, rageur »
occupation principale est d’arriver à dormir. (l. 59). Le ton est donc exactement le même à
Cette situation est banale. chaque fois, ce qui prouve que les deux parents,
Les relations des personnages sont elles aussi bien aussi bien l’un que l’autre, n’ont rien compris au
habituelles : chacun rejette sur l’autre la responsa- rôle apaisant des chansons et des berceuses.
bilité de la situation, la tâche à accomplir, bref, tout
10. Certains procédés théâtraux, dans le texte et
ce qui gêne ou ne va pas. Cette forme d’égoïsme
dans la mise en scène, font qu’ici les personnages
est aussi très courante.
ne sont que de simples objets, ainsi Charlotte et
Quant aux idées, elles font partie des préjugés les
Antoine se passent le bébé en répétant les mêmes
plus répandus.
ordres : « Reprends-la », « Garde-la ». Les gestes
– La femme jalouse de la supposée préférence d’une
sont répétés, brutaux, effectués comme par des
fille pour son père : « C’est comme toutes les filles.
mécaniques, les personnages ne sont que des
Elle préfère son père. » (l. 6-7), « Va le retrouver ton
mécanismes. Les comparaisons sont explicites,
père, puisque tu l’aimes plus que moi ! » (l. 59-61).
quand Antoine veut dormir, « il tape sa tête sur son
– La défense, par le mari, d’une conception très
oreiller comme un guignol » (l. 30). Le mari et la
étroite et traditionaliste du rôle du père et de la
femme veulent tous les deux dormir et font le
mère dans un foyer : « Je suis pour la femme au foyer.
même geste de taper leur oreiller (l. 21 et 57). Ils
C’est elle qui élève les enfants. » (l. 24-25). Avec en
arpentent tous les deux la chambre pour calmer le
plus la vantardise de celui qui se croit obéi et res-
bébé (l. 32 et 59), ils vont jusqu’à lui chanter la
pecté : « J’ai tout de même une certaine influence
même berceuse, d’une façon tout aussi mécanique
masculine sur elle » (l. 5).
(l. 35 à 45 et 59 à 69). Les spectateurs ont l’impres-
– Les dissensions entre le mari et la femme sur la
sion d’avoir affaire à deux marionnettes interchan-
façon d’éduquer l’enfant : « Tu lui as donné de
geables. Quant au bébé, il est réellement considéré
déplorables habitudes ! Son éducation est fichue ! »
comme un objet puisque ses parents se le lancent
(l. 55-56), « Prends-la donc, toi, puisque tu sais si
comme une balle (l. 78, 85). Rappelons qu’il est
bien t’y prendre ! » (l. 75-77).
constitué par un tas de chiffons.
– La crainte que l’enfant soit plus tard un jeune puis
un adulte accablé de problèmes et de complexes : 11. L’auteur a utilisé une grande variété de
« Elle aura des complexes ! […] Tant pis, on verra plus procédés comiques.
tard ! On l’enverra chez les psychiatres ! » (l. 82-83). – Comique de mots : « mes seins flétris par les
L’auteur accumule les préjugés, les lieux communs, tétées » (l. 7), « Bois mon ange » (l. 18) venant juste
pour donner de ce couple une véritable caricature. après les insultes au père : « Monstre ! Mufle !
Goujat ! » (l. 16). Et les paroles bêtifiantes de la
8. Les didascalies sont nombreuses dans ce texte
chanson, complètement opposées à la situation :
théâtral car la représentation sur scène exige de
« Bébé s’apaise/Dans son berceau » (l. 66-67).
nombreux gestes et déplacements. L’auteur les
– Comique de gestes : des gestes habituellement
indique à chaque fois et avec précision, au moment
doux sont effectués avec colère : « sortant furieuse-
où ils doivent être effectués. Les répliques décou-
ment son sein » (l. 16). Certains gestes font mal au
lent très souvent des gestes et des déplacements,
bébé : « il a pincé le nez de l’enfant » (l. 70).
par exemple aux lignes 78-79 : « Il lui lance le bébé.
– Comique de situation : « Entre, soudain, Madame
CHARLOTTE, indignée : Oh ! Son enfant ! père dénaturé !
Prudent en camisole de nuit, cheveux épars, vision
Il la jette, il la rejette ! »
cauchemardesque. Elle s’empare du bébé hurlant,
Cet exemple montre même qu’une didascalie
indignée » (l. 90-93).
découle parfois d’une autre didascalie.
– Comique de répétition : les deux personnages
Souvent aussi les didascalies indiquent le ton des
tapent souvent le lit ou leur oreiller (l. 22, l. 30,
répliques, car les paroles des personnages, l’inten-
l. 56) ; ils chantent la même chanson, ils se lancent
sité de ces paroles, leur rythme, jouent un rôle :
et relancent le bébé (l. 78, l. 85, l. 89).
elles déclenchent ou redoublent les cris du bébé.
– Comique de caractère : le mari et la femme parais-
Enfin les didascalies sont nombreuses car dans une
sent aussi peu doués l’un que l’autre pour leur rôle de
farce il y a autant à voir qu’à entendre ; c’est un
parent, ils sont tous les deux énervés, colériques ; ils
genre théâtral qui encore plus que d’autres repose
donnent plus d’importance à leur propre relation, à
sur le nombre, la variété, l’intensité des mimiques,
leur mésentente, qu’au bien-être de leur bébé.
des gestes et des déplacements. L’intérêt d’un tel
spectacle est plus vif quand le « visuel » est aussi 12. Avec de tels personnages, et en écrivant une
intense et soigné que le « verbal ». telle scène, l’auteur se moque de la vie moderne,
de la vie familiale, et surtout des jeunes couples un ment de nuit est bien désuet. Il est debout, un peu
peu égoïstes qui manquent de maturité. Il se raide, mal à l’aise ; sa femme demeure au bord du
moque des gens qui renvoient toujours les respon- lit, dans une attitude figée, avec un air buté : l’atti-
sabilités sur les autres, des gens qui ne s’entendent tude et la position des personnages ne sont pas
pas et se disputent pour peu de chose. Au fond, il non plus à leur avantage.
se moque de tout le monde car tout le monde a un Quant au bébé, il est énorme par rapport à la taille
jour ou l’autre fait preuve de tels travers. En écri- des parents ; le spectateur a l’impression qu’il s’agit
vant cette scène de farce, l’auteur fait réfléchir cha- d’un gros polochon. Le bébé aussi est caricaturé,
cun de nous à ce qu’il est, à ce qu’il fait. ce qui est un comble.
Incidemment, l’auteur se moque de quelques
aspects de la vie moderne, par exemple la psycha- 16. Modalités. L’exercice repose sur une triple
nalyse : « On l’enverra chez les psychiatres ! » (l. 83) imitation : le genre (scène de théâtre), la visée (se
moquer des personnages) et l’effet (l’amusement
13. Au cours de cette scène, les déplacements des spectateurs). Quelques situations de base sont
des personnages sont fréquents : se lever, se cou- proposées, qui ne sont pas exhaustives. On recher-
cher, se recoucher, arpenter la chambre, se dresser. chera de préférence une situation où l’auteur
Les gestes qu’ils effectuent sont nombreux et pourra se moquer de tous les personnages. On fera
divers : bercer, taper le lit ou l’oreiller, donner ou la liste des procédés de la farce employés par
prendre le bébé, et même le jeter, le lancer. Les Anouilh dans ce passage : situation (une dispute
mimiques des personnages sont également nom- intime), opposition des caractères des person-
breuses : « Il constate, satisfait. » (l. 4), « Charlotte nages, invectives, chanson, gestes et jeux de scène,
qui regarde, amère, vexée. » (l. 6), etc. Tout cela par- etc. On peut attendre le réemploi à bon escient de
ticipe à une représentation théâtrale où ce qui est deux ou trois de ces procédés.
vu est aussi important que ce qui est entendu :
déplacements, gestes et mimiques trahissent
autant que les paroles le désarroi, l’énervement et
l’incompétence de ce mari et de cette femme au
Secours d’hiver p. 98
de leurs voisins vient d’être emporté sans connais- critique, de la situation politique. Les phrases des
sance (La délation), des parents redoutent que leur S.A. deviennent aussitôt interrogatives, ils soumet-
enfant, en retard, ne les ait dénoncés (Le mou- tent sans transition la mère et la fille à un interro-
chard). On peut aussi prolonger l’étude en regardant gatoire, la fille et le gendre sont suspectés immé-
le film La Vie des autres (2007) de Florian Henckel diatement d’être des ennemis de la patrie.
von Donnersmarck.
3. La vieille femme essaie d’arranger la situation
quand elle s’aperçoit que le premier S.A. demande
Réponses aux questions
des précisions sur son gendre, et que sa fille essaie
1. Ces renseignements sur le cadre de l’action et de minimiser ce que la mère vient de dire. La vieille
les personnages sont donnés avant la première femme essaie alors de banaliser les propos de
réplique, dans une didascalie qu’on peut qualifier son gendre : « ce que tout le monde pourrait racon-
d’initiale ou d’introductive. D’abord est mentionné ter » (l. 18-19). Elle rattache ces propos strictement
le nom de la ville, Karlsruhe, sur les bords du Rhin, à la vie quotidienne, au problème du coût des
où cette scène est censée se dérouler, puis le lieu choses, en généralisant : tout le monde pourrait
plus précis de l’action : le logement d’une vieille raconter « que les prix ont un petit peu monté ces der-
femme pauvre puisqu’on lui apporte un colis niers temps » (l. 19-20). Soulignons aussi l’emploi
humanitaire. La date, 1937, est importante car, d’ « un petit peu », qui tente de minimiser encore
cette année-là, Hitler est au pouvoir depuis quatre davantage l’aspect critique des propos. Puis, la
ans et étend son emprise sur la population. Un seul vieille femme veut prouver ce qu’elle dit en intro-
accessoire est évoqué, une table, et quatre person- duisant le livre des comptes tenu par sa fille ;
nages sont présents sur scène : deux S.A., c’est-à- celui-ci montre que leurs dépenses pour se nourrir
dire des paramilitaires au service du parti nazi qui ont augmenté de 123 marks (ce qui rend ridicule
viennent remettre le colis du Secours d’Hiver à une les cinq marks offerts !). C’est une maladresse
vieille femme qui se trouve en compagnie de sa supplémentaire. Alors, réalisant qu’elle n’a fait
fille, Erna. qu’aggraver les choses comme l’indique la dida-
L’auteur donne lui-même ces précisions car elles scalie (l. 22-23), elle utilise le propre discours des
sont nécessaires pour comprendre la scène. Celle-ci autorités pour justifier leurs dépenses : la nécessité
nécessite en effet, pour être comprise, des connais- de rééquiper le pays. Par tous ces moyens la vieille
sances précises sur le cadre temporel, historique, et dame essaie d’arranger la situation, mais elle n’y
sur la condition sociale des personnages ; une telle parvient pas.
scène ne peut se dérouler que sous un pouvoir qui
4/ a. Le spectateur peut reprocher à la vieille
terrorise la population.
femme sa naïveté, son inconscience, son ignorance
2/a. Les S.A. parlent à la vieille dame avec arro- face à la réalité politique de son pays. Mais elle
gance, ils la méprisent. Ils se donnent de l’impor- apparaît tellement spontanée, innocente, et même
tance en se présentant comme les représentants généreuse quand elle offre des pommes parce
personnels de Hitler. Ils placent leur visite non sous qu’elle n’a rien d’autre à offrir, que le spectateur
le signe d’un groupe ou de la société, mais d’un ressent plutôt de la sympathie pour elle. Il éprouve
seul homme, le Führer (ce qui en allemand signifie : de la compassion pour cette vieille femme et a
le guide). Le premier S.A. utilise un ton autoritaire sûrement peur pour elle et les siens.
et très méprisant, marqué par l’emploi familier et b. La fin de la dernière didascalie est essentielle
péjoratif de l’expression « la maman » (l. 3). Ils pour bien comprendre non seulement la dernière
disent à la vieille femme comment elle doit réagir, parole de la vieille femme mais aussi toute la scène
indiquent les sentiments qui doivent l’animer par et l’opinion de l’auteur. La vieille femme a tout
rapport à ce cadeau du Führer ; elle doit exprimer compris, le voile est tombé, son hospitalité, ses
gratitude et reconnaissance : « Pour que vous ne paroles n’ont servi qu’à faire entrer la terreur dans
puissiez pas dire qu’il (le Führer) ne s’occupe pas de sa maison, ses arguments n’ont pas été écoutés ou
vous » (l. 4). Enfin, il est encore fait mention de Hit- se sont retournés contre sa fille ; en crachant la
ler dans leur troisième réplique puisque le premier pomme, elle crache sur Hitler, sur celui qui lui a
S.A. donne à la vieille dame l’ordre d’ouvrir une envoyé ses sbires, cela apparaît comme un geste
lettre que le Führer lui adresse avec cinq marks. spontané de révolte qui rappelle celui de sa fille
b. Les deux S.A. changent de ton à la suite de la refusant de toucher à la pomme.
phrase adressée par la mère à sa fille : « Maintenant, La dernière didascalie, « (Elle crache la pomme. Les
tu le vois bien que ce n’est pas comme ton mari le dit » S.A. sortent en emmenant sa fille. La vieille, conti-
(l. 13). Ici, sans s’en rendre compte, la vieille dame nuant de cracher : Heil Hitler ! » (l. 40-41), confirme
se montre très imprudente car elle laisse supposer manifestement les opinions politiques de l’auteur
que son gendre a une vision différente, et même car elle traite de l’actualité la plus récente. La pièce
a été écrite au moment des faits, 1937, ou S.A., la fille et la mère. Le S.A. se tient droit face au
quelques mois après puisqu’elle est parue en 1938. colis, les mains derrière le dos, fixant sévèrement la
Il s’agit donc bien d’une pièce de combat. Il est jeune femme. Celle-ci semble immobile, les traits
intéressant de noter qu’en mai 1933, après l’arri- tirés, le regard perdu. Quant à la vieille femme, sur
vée de Hitler au pouvoir, les écrits antérieurs de le côté, derrière sa fille, elle apparaît recroquevillée
Brecht, publiés en Allemagne, ont été brûlés sur un sur sa pomme, désespérée.
bûcher dressé devant l’opéra de Berlin. La pièce Grand-peur et misère du IIIe Reich se
5/ a. La didascalie « Elle mord dans une pomme. compose de courtes scènes indépendantes, ainsi
Tous mangent, sauf la jeune femme. » (l. 13) montre peut-on supposer que les personnes assises au fond
une attitude de refus manifeste d’autant plus que la dans l’ombre et qui se tiennent immobiles, appa-
jeune femme n’a rien dit jusque-là, contrairement raissent ici comme des témoins, et qu’elles jouent
à sa mère. Elle n’a ni salué les S.A., ni prononcé dans d’autres scènes de la pièce.
aucune parole de bienvenue, aucun remerciement 8. Modalités. L’exercice consiste d’abord à écrire
pour le colis. Elle refuse de se prêter à cette une suite différée : il y a une ellipse importante
mascarade qu’est la distribution des colis du entre la dernière réplique de la vieille femme et l’ar-
Secours d’hiver. rivée des S.A. dans l’appartement de sa fille. L’exer-
b. Oui, l’attitude et les paroles d’Erna soulignent cice consiste ensuite à écrire cette suite sous forme
ses opinions politiques : c’est une opposante, qui de scène de théâtre. On rappelle donc aux élèves à
exprime sa résistance. Elle ne parle presque pas, ne la fois les caractéristiques d’une suite de texte (ils se
fait pas appel à la pitié, n’essaie pas d’argumenter, reporteront à la page 52 du manuel) et les caracté-
elle tente juste d’enlever tout crédit aux paroles de ristiques d’une scène de théâtre (page 110
sa mère : « Rien du tout. C’est du radotage de vieille. » du manuel). Pour que les élèves réussissent
(l. 17) ; puis elle nie très sobrement toute diffusion pleinement l’exercice, on attire notamment leur
ou utilisation de son livre de comptes contre le attention sur les anachronismes éventuels, sur une
régime : « Il est à la maison. Je ne le montre à utilisation à bon escient des didascalies.
personne » (l. 27). On peut remarquer que tout
bascule en fait quand la mère remarque l’attitude
hostile et distante de sa fille face au colis du Führer,
qu’elle lui reproche cette attitude et la commente
Andromaque p. 100
naïvement. L’auteur insiste sur ce point puisqu’une
Plusieurs raisons justifient le choix de ce texte pour
didascalie annonce la réplique de la mère :
montrer aux élèves en quoi consiste la tragédie
« Tous mangent, sauf la jeune femme. LA VIEILLE :
« Prends-en donc une, Erna, et ne reste pas comme classique.
ça ! Maintenant, tu le vois bien que ce n’est pas – Il présente une véritable situation tragique : il est
comme ton mari le dit. » (l. 13-15) question d’un choix, duquel dépend la vie ou la mort
de certains personnages. On est loin de l’idée que se
6. Cette courte scène met en valeur le caractère font les jeunes du tragique, souvent réduit pour eux à
totalitaire de la dictature nazie qui prétendait tout la présence de sang et de cadavres en quantité.
dominer à tous les niveaux, dans tous les – Il donne l’exemple d’une pièce en vers ; il fait donc
domaines, n’admettant aucune critique, aucune le lien entre théâtre et poésie, et permet d’affiner, de
opposition. On peut remarquer que la terreur relativiser la notion de genre.
s’abat sur cette famille non pour des écrits poli- – La situation de l’héroïne, sommée de choisir entre
tiques mais pour un banal livre de comptes qui la fidélité à son mari et la survie de son fils, intéresse
constate une réalité. C’est donc la vérité et le les élèves, sensibles comme il se doit aux drames
constat de la réalité des choses qui dérangent le humains et particulièrement au malheur des
régime en place. Cette scène révèle aussi que les enfants. On pourra sur ce point faire des allusions à
nazis utilisaient la démagogie (le colis), les men- des situations plus actuelles, les régimes dictatoriaux
songes (l’augmentation du coût de la vie est dissi- s’étant souvent, en effet, servi des enfants comme
mulée), les jugements expéditifs et la terreur vu moyen de chantage. On peut évoquer la célèbre scène
l’interrogatoire et son résultat : « Nous sommes dans Le Choix de Sophie, roman de William Sty-
tombés sur un joli nid de marxistes, Albert » (l. 35).
ron, où l’héroïne, prise dans une foule affolée sur un
7. Plusieurs indices prouvent que l’image repré- quai de gare, se voit sommée par les Nazis de choisir
sente une mise en scène de cette pièce. Le décor et sur l’instant entre conserver avec elle soit sa petite
les accessoires correspondent au texte : une table fille soit son petit garçon.
avec le carton de nourriture envoyé par Secours – Le sujet, tiré de l’Antiquité grecque, permet de
d’hiver. Les personnages, bien éclairés, situés au revoir des éléments de la mythologie, de rappeler la
premier plan, sont ceux du texte de Brecht : un guerre de Troie.
Compte tenu de la difficulté du texte, nous n’avons Andromaque exprime sa douleur (v. 18 à 23),
retenu que les dix premières répliques de la scène. On Pyrrhus dit alors son intention de sauver Astyanax
pourra ainsi procéder à une lecture analytique particu- en échange de l’amour d’Andromaque (v. 24 à 39),
lièrement détaillée. On pourra aussi réconforter les il argumente longuement car sa position est
élèves en leur disant qu’il n’est pas nécessaire de tout difficile : il est à la fois ennemi et amoureux d’An-
comprendre, l’essentiel est d’avoir un aperçu de ce dromaque. Andromaque prend alors la parole pour
monde tellement particulier de la tragédie classique, et signifier son refus d’une telle tractation et tente de
si possible d’en saisir la beauté et l’intérêt. réveiller en Pyrrhus son sens de l’honneur (v. 40 à
Remarquons, en outre, que le texte met en présence 53) ; pour cela elle donne plusieurs arguments et
un personnage masculin et un personnage féminin rappelle à Pyrrhus un grand nombre de ses devoirs
qui ont un temps de parole quasiment égal : il pourra (v. 48 à 53). Les répliques sont alors très longues
donc aisément donner lieu à des exercices oraux en car les personnages développent leurs analyses ;
classe (récitation, mise en scène). c’est la parole des personnages qui compte, c’est
elle qui montre que le conflit est important.
Réponses aux questions 5/a. « Un/es/poir/si/char/mant/me/se/rait-/il/per/
1. Au moment où les deux personnages se ren- mis ? » 12 syllabes
contrent, ils se trouvent dans un couloir du palais « Sei/gneur,/voi/là/des/soins/di/gnes/du/fils/d’A/chille »
du roi Pyrrhus. Ces personnages sont d’une part le 12 syllabes
roi Pyrrhus lui-même, qui règne sur l’Épire, un petit b. Racine emploie l’alexandrin.
pays voisin de la Grèce, et Andromaque, une prin-
6. Le rythme du dialogue est ici régulier, il n’y a
cesse troyenne retenue prisonnière dans le palais
pas d’accélération ou de ralentissement très
de Pyrrhus. Cette princesse était mariée à Hector,
marqués ; l’emploi de l’alexandrin renforce cette
prince tué par le père de Pyrrhus pendant la guerre
régularité d’autant plus que les vers sont toujours
de Troie. On comprend donc que la scène se
complets, seul le vers 13 est partagé entre les deux
déroule dans l’Antiquité grecque, mais on ne sait
personnages (mettant ainsi en valeur la sponta-
pas exactement à quel moment : quel jour ? quel
néité de l’exclamation d’Andromaque : « Digne
mois ou quelle saison ? quelle année ? On peut
objet de leur crainte ! »). La longueur des vers
supposer que la scène se passe dans la matinée ou
(l’alexandrin compte douze syllabes), et celle des
l’après-midi, qui offrent un temps propice aux
répliques (16 vers pour l’avant-dernière, 14 pour la
visites, car Andromaque n’a le droit de voir son
dernière) donnent un rythme lent à la scène ;
enfant qu’une fois par jour (v. 4-5).
l’échange est de plus en plus lent, de plus en
2. Au moment où Pyrrhus l’arrête, Andromaque plus tendu, car les arguments sont de plus en plus
se rend « au lieu où l’on garde [son] fils » (v. 3). Il nombreux.
s’agit probablement d’une pièce du palais aména-
7. Dans sa première réplique (v. 3 à 7), Andro-
gée en prison. Le but, c’est bien sûr de voir son fils,
maque s’exprime comme mère d’Astyanax, c’est
de parler avec lui ; le roi ne lui accorde ce droit
de lui qu’elle parle essentiellement. Elle emploie
qu’une fois par jour, elle ne veut pas manquer cette
pour cela les mots très simples que disent toutes les
occasion.
mères : « mon fils » (v. 3), « Je ne l’ai point encore
3. Les deux premiers vers sont constitués de embrassé d’aujourd’hui. » (v. 7).
phrases interrogatives. Pour qu’Andromaque s’ar-
8. « J’al/lais//, Sei/gneur//,
rête et lui parle, Pyrrhus lui pose deux questions de
2 2
suite, sans même attendre la réponse à la première.
pleu/rer/un/mo/ment/a/vec/lui :
4. Les répliques deviennent de plus en plus 8
longues, surtout à partir du vers 18. C’est le signe
Je/ne/l’ai/point/en/co/reem/bras/sé/d’au/jour/d’hui. »
d’une situation difficile ; Pyrrhus et Andromaque,
12
chacun de son côté, expose son avis et donne de
nombreux arguments pour convaincre l’autre. Ces deux vers sont des alexandrins, mais, dans ces
La progression dramatique, dans ce passage, est deux vers, le rythme n’est pas le même.
d’ailleurs très nette. Pyrrhus annonce à Andro- Le premier de ces vers contient deux virgules, qui
maque (v. 16) que les Grecs veulent qu’on tue son chacune isolent un groupe de deux syllabes, ensuite
fils. À cette nouvelle, Andromaque change d’atti- le vers se continue et s’achève avec un ensemble de
tude ; directement concernée, et bouleversée, elle huit syllabes. Le rythme obtenu est irrégulier, c’est
prend désormais son temps pour parler à Pyrrhus, un vers qui traduit l’émotion d’Andromaque, il
alors qu’auparavant elle lui répondait rapidement commence par de petits groupes suivis d’un silence,
afin de se libérer au plus vite pour aller voir son fils. on a l’impression d’entendre des sanglots.
Le second de ces vers ne renferme aucune virgule peut préciser cette alternative par exemple avec les
ou autre signe de ponctuation qui organiserait la phrases suivantes : si Andromaque accepte d’aimer
phrase en plusieurs groupes nettement séparés. Pyrrhus, alors Pyrrhus sauvera Astyanax ; mais si
Le vers coïncide entièrement avec une phrase et Andromaque refuse d’aimer Pyrrhus, alors celui-ci
celle-ci est comme un seul bloc, elle est à dire d’un livrera Astyanax aux Grecs et l’enfant sera tué.
seul souffle, comme si Andromaque confiait sa
14. Andromaque refuse l’amour de Pyrrhus :
préoccupation d’un seul élan pour se libérer, et en
« Seigneur, que faites-vous, et que dira la Grèce ? »
éprouvait du soulagement.
(v. 40) ; elle répond par une question qui montre le
Le sentiment ainsi mis en valeur est la tendresse
danger de la proposition de Pyrrhus. Elle emploie
maternelle. Cette tendresse s’accompagne de tris-
ensuite plusieurs arguments, portant sur Pyrrhus et
tesse, de lassitude, voire d’un certain abattement
sur elle-même. Andromaque commence par dire
du personnage face à cette terrible situation qu’on
que le roi Pyrrhus serait méprisé par les Grecs s’il
lui impose.
protégeait le jeune Astyanax afin d’obtenir l’amour
9. Voici quatre emplois du mot « cœur » parmi de sa mère ; il montrerait notamment qu’il
lesquels on pourra choisir : mélange la politique (les relations entre l’Épire et la
« Et quelle est cette peur dont leur cœur est frappé » Grèce) et les affaires privées (sa vie sentimentale) :
(v. 10) « Voulez-vous qu’un dessein si beau, si généreux,/
« Que vous accepterez un cœur qui vous adore ? » Passe pour le transport d’un esprit amoureux ? »
(v. 37) (v. 42-43). D’autre part, Andromaque juge qu’une
« Faut-il qu’un si grand cœur montre tant de faiblesse ? » telle proposition est indigne de Pyrrhus, d’un
(v. 41) grand roi ; Pyrrhus doit protéger Astyanax de façon
« Sans me faire payer son salut de mon cœur » complètement désintéressée : « Sauver des malheu-
(v. 51). reux, rendre un fils à sa mère/ […] Sans me faire
Dans les vers 10 et 41, le mot « cœur « désigne une payer son salut de mon cœur/ […] Seigneur, voilà des
qualité morale ; on pourrait le remplacer par soins dignes du fils d’Achille » (v. 49-53). Autre argu-
exemple par le mot courage. Dans les vers 37 et ment, par exemple : Andromaque ne rendrait pas
51 le mot « cœur « désigne le sentiment amoureux. Pyrrhus heureux, car elle est inconsolable de la
mort de son mari (v. 46-47).
10. Pyrrhus a décidé de ne pas livrer Astyanax
aux Grecs, donc de le sauver. Ce sont les vers 24 15. D’après cet extrait, on peut dire qu’une situa-
à 31 qui l’indiquent ; Pyrrhus annonce clairement, tion tragique repose sur un ou des choix difficiles.
en parlant d’Astyanax : « Je ne balance point, je vole Les personnages sont obligés de faire des choix qui
à son secours :/Je défendrai sa vie aux dépens de mettent leur vie en péril, où celle de leurs proches.
mes jours » (v. 30-31). On qualifiera de tragique une situation où il est
question de vie et de mort, ou certaines décisions
11. Pyrrhus propose son aide et son amour à
peuvent entraîner la mort. Il n’y a pas de décision
Andromaque, les deux étant liés. La phrase simple
qui soit satisfaisante, il y a toujours quelque chose
qui énonce cette proposition se trouve au début du
à perdre.
vers 36 : « Je vous offre mon bras. » Le bras est ici le
symbole de l’action, de l’engagement, donc de 16. L’image de la page 101 représente une mise
l’aide que Pyrrhus propose à Andromaque. Le fait en scène moderne de la scène étudiée. Le décor est
que cette phrase soit simple et courte donne de dépouillé : on entrevoit quelques éléments (un
l’importance à la proposition faite ; celle-ci appa- mur, une porte) qui évoquent une pièce dans un
raît plus nette, plus franche, plus déterminée. palais antique. Le sol de cette pièce est recouvert
d’un matériau de couleur bleue. L’éclairage met
12. Oui, pour Pyrrhus il y a un lien entre la déci-
précisément en valeur ce sol bleu et les person-
sion qu’il a prise au sujet d’Astyanax et la proposi-
nages qui s’y tiennent, l’un accroupi, l’autre age-
tion qu’il fait à Andromaque. Il aime cette jeune
nouillé. Le fond et les côtés de la scène sont main-
femme qui lui résiste, il espère fléchir cette résis-
tenus dans l’ombre. Les personnages sont placés
tance de la mère en sauvant le fils, qui est en dan-
au milieu de la scène, et le photographe a renforcé
ger. Il y a une sorte de chantage dans la proposition
cette situation en les plaçant également au centre
faite par Pyrrhus, en effet c’est immédiatement
de sa photographie. Ils figurent au premier plan,
après avoir fait cette proposition que Pyrrhus
l’un près de l’autre, de profil. Pyrrhus est accroupi,
déclare son amour et demande celui d’Andro-
Andromaque est agenouillée : ce roi et cette prin-
maque : « Puis-je espérer encore/Que vous accepterez
cesse se sont abaissés au niveau des gens ordi-
un cœur qui vous adore ? » (v. 36-37).
naires, car le conflit qu’ils vivent, entre le devoir et
13. Le choix offert à Andromaque est une alter- l’amour, peut être un drame vécu par tout être
native : elle n’a que deux solutions possibles. On humain. Pyrrhus s’est accroupi pour être tout près
et au même niveau qu’Andromaque, il ne veut pas du fait que celui-ci ne connaît pas toutes les raisons
se présenter sur un rang supérieur à elle, il cherche de sa situation : « Un enfant malheureux, qui ne sait
l’entente, la proximité. Ainsi la mise en scène pas encor/Que Pyrrhus est son maître, et qu’il est fils
donne-t-elle de l’importance aux personnages, à d’Hector » (v. 14-15).
leur relation, à ce qui les rapproche (âge, couleur
des costumes, pureté des profils…). Par son
dépouillement, par la place et la position des per-
Roméo et Juliette p. 103
4. Oui, Roméo est du même avis que Juliette. Son 8. Selon Juliette, Roméo est courageux, et même
accord est immédiat, spontané. Il ne discute pas, téméraire, d’où ses craintes. Quand Juliette s’aper-
ne soulève aucune objection. Il semble adhérer çoit de la présence de Roméo, toutes ses premières
totalement à la demande de Juliette, prêt à une répliques sont consacrées à la peur qu’elle éprouve
nouvelle naissance, à une nouvelle vie : à la simple pensée que le jeune homme pourrait
« Appelle-moi seulement amour et je serai baptisé être surpris : « Mais s’ils te voient, ils vont t’assas-
à nouveau : siner » (v. 40). Elle insiste : « Pour rien au monde je ne
Désormais, plus jamais je ne serai Roméo » (v. 19-20). voudrais qu’ils te voient ici » (v. 44). Il y a de grandes
chances pour que Roméo apparaisse également
5. Le mot « nom « est prononcé 11 fois entre les
courageux aux yeux des lecteurs et des spectateurs.
vers 1 et 31. Il a une extrême importance car il sym-
bolise l’obstacle qui sépare les amants. Il représente 9/a. La tirade est longue car Juliette est prise dans
à lui seul la haine qui les vouerait tous les deux à ne des désirs contradictoires, son amour et sa pudeur.
jamais communiquer, à ne jamais s’aimer, puis- Elle semble notamment effrayée par les paroles
qu’ils devraient se haïr du seul fait de leur nom. Les qu’elle a prononcées, paroles qu’elle sait inconce-
vers qui contiennent le mot « nom » témoignent vables pour une jeune fille de la haute société de
d’une véritable interrogation sur le nom : que Vérone : « Je voudrais respecter les convenances […]
représente un nom ? peut-on confondre ou identi- Mais au diable les manières ! » (v. 58-59) Elle se
fier un nom et une personne ? : « Qu’y a-t-il dans un reproche d’avoir avoué trop vite son amour à
nom ? » (v. 11). Roméo. Pour elle cet amour et cet aveu constituent
6. Juliette craint que Roméo ne meure, s’il se tue un problème moral important et elle tente longue-
par accident ou si on le tue en le découvrant ici ment de les expliquer, de les excuser.
avec Juliette. La jeune fille pense donc d’abord à b. Les premières paroles de Juliette, dans cette
Roméo, à sa sauvegarde. Elle comprend très bien longue tirade, montrent qu’elle a un premier mou-
que deux dangers guettent Roméo, mettent en vement de regret, elle redoute en effet d’avoir
péril sa vie : la hauteur des murs, et le fait qu’il soit montré l’image d’une jeune fille impudique, trop
un Montaigu : légère, et elle veut rattraper ses paroles inconve-
« Les murs de ce verger sont hauts, durs à escalader : nantes par crainte que Roméo ne la juge mal : « Je
Tu risques la mort, étant donné qui tu es » (v. 33-34). voudrais respecter les convenances et vraiment
effacer/Tout ce que j’ai dit » (v. 58-59). Mais son
7/ a. et b. Dans toutes les répliques entre les amour est absolu et de nouveau sa spontanéité
vers 36 et 54, Roméo répète six fois le mot « amour ». l’emporte : « Mais au diable les manières ! » (v. 59)
c. De cette fréquence, de cette insistance, on peut On peut remarquer que, là encore, seul Roméo la
déduire que Roméo éprouve pour Juliette un préoccupe : « Et pourtant si tu jures,/Tu peux te par-
amour passionné. jurer » (v. 59-60). Ainsi Juliette hésite-t-elle entre la
Remarque : on note que le premier emploi du mot crainte d’être prise pour une fille légère et le désir
« amour » est métaphorique, en effet ce sentiment d’être elle-même, sincère. Elle ne doute pas de son
est assimilé à un oiseau : « Les ailes légères de amour à elle mais se propose – et donc lui propose –
l’amour » (v. 36). Il évoque aussi la représentation d’agir différemment. Si Roméo nourrit des doutes
du dieu Amour (Éros). Puis le parallélisme « Ce que sur son intégrité, sur son innocence, elle et lui
l’amour peut faire, l’amour ose le faire » (v. 38) sou- pourraient suivre désormais un code de conduite
ligne la force vitale de ce sentiment, qui réapparaît plus conventionnel :
dans cette autre réplique de Roméo : « Si tu aimes, dis-le avec un cœur sincère,
« Il vaut mieux que leur haine mette un terme à ma vie, Ou si tu crois que je suis trop vite séduite,
Si surseoir à la mort, c’est vivre sans amour » (v. 47-48). Je froncerai le sourcil, jouerai les coquettes et ce sera non ;
Désormais, Roméo semble préférer la mort à une
Alors tu me courtiseras, sinon pas question » (v. 64-67).
vie sans Juliette, c’est-à-dire sans amour. Ce lan-
gage métaphorique débouche sur une personnifi- 10. Juliette ne pense qu’à Roméo : du haut de
cation : à la question de Juliette « Mais qui donc t’a son balcon, elle lui parle alors qu’elle le croit
guidé pour trouver cet endroit ? » (v. 49), Roméo absent. Puis elle s’inquiète pour lui, pour les risques
répond « l’amour ». L’amour devient son conseiller, qu’il a pris, pour les périls qui le menacent s’il est
son guide ; c’est lui qui a conduit Roméo vers surpris par un Capulet. Elle craint aussi d’en avoir
Juliette : trop dit, de s’être dévoilée trop vite, avec impru-
« C’est l’amour qui d’abord m’a poussé à savoir, dence, au risque qu’il ne la prenne pour une fille
M’a donné son avis, moi j’ai prêté mes yeux » (v. 50-51). légère. Jamais, elle ne manifeste aucun effroi pour
Enfin, il reste à souligner l’aspect lyrique de cette elle-même, pour sa propre sécurité. Pour résumer,
scène que met en évidence la richesse, l’intensité du on peut dire qu’elle n’est qu’amour pour Roméo,
sentiment d’amour exprimé dans toutes ses nuances. dans toutes ses paroles.
Roméo exprime son amour par ses actes, il a les obstacles : « Aucun de tes parents ne peut me
accompli un exploit physique en franchissant les retenir » (v. 39) ; et il préfère mourir plutôt que de
murs de la demeure des Capulet, et il risque le pire n’être pas aimé de Juliette.
s’il est surpris. Mais l’amour est absolu pour lui
15. Il est quasiment sûr que cette scène produise
aussi, rien d’autre ne semble compter, il explique
une forte impression sur les spectateurs. Cette scène
que cet amour est plus fort que tout (v. 50-54). Sa
d’amour entre deux très jeunes gens, nobles et
seule crainte est que Juliette ne le rejette, que son
beaux, et qui s’aiment passionnément malgré
amour passionné ne soit pas partagé : plutôt la
la haine réciproque de leurs familles, ne peut
mort que de n’être pas aimé d’elle. Il exprime son
qu’émouvoir le spectateur, l’amener à prendre parti
amour par des actes et des paroles.
pour le couple et à craindre pour lui une fin tragique.
11. « Le manteau de la nuit me dérobe à leurs yeux »
16. L’amour est présenté ici comme une passion
(v. 45) ;
absolue. Le sentiment est si fort et si réciproque
« Tu sais que le masque de la nuit me cache le visage »
qu’il mérite le nom de passion. Il est absolu car évi-
(v. 55).
dent et tout puissant, les amants s’y soumettent
La nuit est pour les deux amoureux une aide indis-
plus qu’ils ne le dirigent. La passion les emporte, les
pensable, toute rencontre de jour serait impossible,
amène à risquer la mort sans qu’ils le regrettent à
Roméo n’y survivrait pas. Le « manteau de la nuit »
aucun moment. C’est également un élan présenté
protège donc Roméo en le dissimulant, tandis que
comme pur sentiment, il n’est pas question d’affec-
le « masque de la nuit » permet à Juliette d’oser être
tion, de sensualité ou de sexualité.
elle-même, d’être sincère :
Remarque : dans L’Amour et l’Occident (Plon, 1972),
« Tu sais que le masque de la nuit me cache le visage,
Denis de Rougemont analyse l’amour passion en
Sinon une rougeur virginale empourprerait ma joue
étudiant le mythe de Tristan et Iseut. Il constate
Pour ce que tu m’as entendue dire ce soir » (v. 55-57).
que ce type de sentiment a besoin d’obstacles pour
La nuit est en quelque sorte un personnage
naître ; il disparaît si les obstacles disparaissent et si
auxiliaire des héros ; elle est protectrice, et même
la relation ne se transforme pas. Cet amour passion
complice de leur rencontre :
est indissociable de la souffrance et de la mort.
« Et ne vois nulle frivolité dans cet aveu
Dans l’amour passion, on aime aimer, on aime se
Que la nuit noire a ainsi révélé » (v. 75-76).
sentir aimé plus que l’on aime véritablement un
12. Le niveau de langue est soutenu : la pièce autre dans sa réalité. On est surtout amoureux de
dans sa version originale est en vers, les person- l’amour. On retrouve quelques-unes de ces carac-
nages expriment leur amour grâce à des phrases téristiques dans le sentiment éprouvé par Roméo et
clairement construites et dénotant un haut niveau Juliette au cours de la scène étudiée.
de pensée : « Renie ton père et abdique ton nom »
17. Non, la vue ne représente pas la ville de
(v. 3). Le vocabulaire est varié, imagé ; les phrases
Vérone à l’époque de Roméo et Juliette mais un
sont souvent longues et complexes (par exemple
siècle et demi plus tard. En effet, dans la pièce l’ac-
v. 23-27) ; on remarque de nombreuses figures de e
tion est située au XVI siècle, alors que cette
style, notamment la métaphore filée, la personnifi-
estampe (image imprimée au moyen d’une
cation, le parallélisme...
planche gravée de bois ou de cuivre) date du
e
13. Les dangers auxquels s’exposent les deux milieu du XVII siècle. Néanmoins comme Vérone,
amants, s’ils sont surpris, sont d’une extrême gra- la plus belle ville d’art de Vénétie après Venise,
vité : la mort pour Roméo, le déshonneur pour compte surtout des monuments du Moyen Âge et
Juliette (ce qui correspond à une mort sociale). de la Renaissance, on peut supposer que cette
Roméo risque la mort immédiate s’il est pris dans la estampe nous restitue une image assez proche de
propriété des Capulet. Quant à Juliette, elle s’ex- ce qu’était la ville à l’époque de l’action.
pose à un mariage forcé, ou à être cloîtrée à vie
18. L’angle de vue choisi permet d’embrasser un
dans un couvent. On peut noter d’ailleurs que,
large paysage et donne de la profondeur à l’image.
dans la suite de la pièce, cette alternative sera la
Ainsi, au premier plan, en bas, on aperçoit les
seule possible.
berges d’un fleuve, Vérone étant située dans une
14. Leur amour réciproque est tellement vrai, tel- boucle de l’Adige. Des personnages, en bas à
lement passionné, qu’on peut espérer qu’il vaincra gauche, portent un fardeau et se dirigent vers un
tous les obstacles. Mais les deux amants semblent bateau qui semble prêt à embarquer ce charge-
prêts à tout sacrifier pour se rejoindre et la mort est ment. Deux autres personnages se tiennent un peu
déjà très présente dans leurs paroles. Juliette craint en retrait et sont tournés vers le fleuve. Enfin, à
la mort de Roméo : « tu risques la mort » (v. 34), droite, on aperçoit des murailles qui montrent que
« ils vont t’assassiner » (v. 40). Roméo dédaigne cette ville est fortifiée.
Au deuxième plan, le fleuve est très large. Dans la réflexion sur un sujet très grave pour elle. Elle est en
moitié gauche, des embarcations sont amarrées les train de détacher leur identité à elle et à Roméo, en
unes aux autres. Sur la droite, on aperçoit aussi des tant qu’êtres épris l’un de l’autre, de leurs noms de
bateaux. Au milieu de l’image, on remarque le Pont famille, ce qui paraît éminemment audacieux et
des Navires, qui donne son titre à cette estampe. moderne pour l’époque. Des temps de silence
On distingue quatre arches, des navires passant seraient donc souhaitables, par exemple à la fin des
sous chacune d’elles. Enfin, ce deuxième plan, groupes de mots suivants : « ton nom » (v. 6), « sen-
éclairé par les rayons de soleil, montre les berges, tirait aussi bon » (v. 12), « cette chère perfection »
couvertes de manière très dense par la ville et ses (v. 14).
édifices. Vérone apparaît belle, solide, prospère.
21. Modalités. La première question à se poser est
Grâce à l’arrière-plan, on peut constater que
sans doute celle de l’époque et du lieu dans les-
Vérone est construite sur un site de collines. Un
quels situer cette scène. Si les élèves ont besoin
vaste château apparaît, dressé sur une hauteur ; sur
d’aide et d’idées, on peut d’ores et déjà leur
la droite, au fond, on peut distinguer les fortifica-
conseiller de se reporter à la partie Étudier des
tions qui entourent la ville.
images (page 106-107 du manuel), ils y trouveront
L’auteur a valorisé la ville et son fleuve, leur rela-
différentes manières de concevoir la scène du bal-
tion. Le fleuve occupe en effet la position centrale
con. Ils pourront déterminer leur préférence, et le
dans la composition de l’image. D’ailleurs, c’est le
choix des décors et des costumes en découlera.
vert des eaux de ce fleuve qui donne sa tonalité
Ces choix devront être cohérents par rapport à
dominante à cette estampe ; la partie visible de la
l’époque et au cadre spatial choisi. On n’oubliera
ville et même le pont paraissent encadrer ce large
pas qu’il s’agit d’une scène nocturne, que Juliette
fleuve.
est placée au-dessus de Roméo et ne doit pas le voir
19. Une impression générale d’activité se dégage avant qu’il ne révèle sa présence (v. 18) : autant de
de cette image. Celle-ci montre une ville florissante contraintes à respecter.
dont la vie tourne autour du fleuve. Le tout est
22. et 23. Modalités. Dans l’exercice 22, un élé-
baigné dans une lumière qui met en valeur
ment perturbateur est signalé, qui peut par
l’ensemble.
exemple se produire à la toute fin de la scène I.
20. Modalités. La réplique de Roméo est courte Pour l’exercice 23, on confie aux élèves le soin de
mais justifie un temps de silence après « plus » pour trouver un ou des éléments perturbateurs afin qu’il
marquer son hésitation : « Vais-je en entendre y ait une action, et que la scène ne soit pas qu’un
plus/ou dois-je lui parler ? » (v. 5) dialogue creux. Pour les élèves habiles, on peut
La réplique de Juliette est longue, elle devra donc assortir l’intérêt thématique (l’amour) avec un inté-
être lue plus lentement en tenant notamment rêt stylistique : emploi de figures de style et niveau
compte de la variété des types de phrases, puisque de langage soutenu. On rappelle à tous que, dans
Juliette se pose des questions à elle-même et tente un texte théâtral, les paroles remplissent toutes les
d’y répondre. Ce questionnement justifie aussi des fonctions du discours : raconter, décrire, expliquer,
temps de silence puisque Juliette se livre à une argumenter.
fin de la scène, quand Juliette craint que Roméo ne ensemble, comme prisonniers d’un lieu (un jardin)
la juge trop légère (v. 55-76). et d’un moment (la nuit). Dans l’image 4, les
Images 2, 3 et 4 : les deux mains qui se rejoignent, personnages sont au premier plan, appuyés sur le
la proximité des deux jeunes gens l’un par rapport balcon : l’attention du spectateur se porte tout de
à l’autre, autant d’indices qui prouvent que cette suite sur eux, ce qui est favorisé par l’éclairage et
image correspond à un passage situé un peu plus par le choix d’un arrière-plan uni, fourni par le
loin dans la scène. Il est difficile de voir qui parle feuillage.
mais on peut penser qu’il s’agit de Roméo expri-
mant son amour (surtout dans l’image 4) ; il peut
5. La photographie 3 privilégie la plongée : le
sujet principal est plus bas que le niveau du regard
par exemple prononcer à ce moment-là les vers 50
du spectateur. Cette prise de vue est intéressante
à 54.
car elle met en valeur l’attitude des amants, qui se
Dans l’image extraite du film de Baz Luhrman,
tendent l’un vers l’autre. Celui qui regarde cette
aucun des personnages ne semble parler ; cette
photographie annonce l’échange d’un baiser et image reproduit un peu l’attitude de Juliette pen-
pourrait correspondre à un moment qui se situe à chée vers son amant, il adopte son angle de vue,
la fin de cet extrait ou qui le suit immédiatement. qui place nettement Roméo à un niveau inférieur.
Les photographies 1 et 2 privilégient la contre-
2/ a. Les décors dans les adaptations théâtrales plongée. Dans l’image 1, l’angle de vue est celui
apparaissent plus dépouillés que ceux des films. d’un spectateur qui serait placé au premier rang. Il
L’image 2 présente même un décor très dépouillé : est placé plus bas que Roméo, lui-même placé bien
l’intérêt est qu’aucun élément plaçant l’action dans plus bas que Juliette. L’effet produit est que Juliette
un cadre spatio-temporel déterminé ne vient apparaît comme un personnage lointain, supérieur
détourner l’écoute et le regard des spectateurs. et inaccessible. Dans l’image 2, le spectateur est
Toute l’attention du spectateur est ainsi concentrée placé un peu plus bas que Roméo, ici aussi l’angle
sur les personnages et leur relation. Le spectateur a de vue présente Juliette comme un être supérieur ;
ainsi plus de liberté pour laisser jouer son imagina- elle n’est cependant pas inaccessible puisque les
tion. Le décor ne situe pas l’action à une époque et mains des deux amants peuvent se toucher.
dans un lieu précis : ce choix renforce le caractère Cadrage, angle de vue, plongée et contre-plongée
intemporel et universel de la pièce et de sa portée. donnent donc un sens à l’image : avec les images 1
b. Dans les images 1 et 4, les choix de mise en et 2, le spectateur est du côté de Roméo, Juliette
scène permettent de situer l’histoire à la même est lointaine ; avec l’image 3, le spectateur est plu-
époque que Shakespeare, c’est-à-dire à la fin du tôt du côté de Juliette, Roméo apparaît comme
e e
XVI siècle ou au début du XVII . Dans l’image 1, étant dans une situation difficile.
c’est l’architecture et la décoration de la maison qui
le montrent : hauteur réduite, simplicité des lignes, 6. Dans toutes les images, les costumes que por-
fresque religieuse peinte sur le mur. Dans l’image 4, tent les personnages sont le signe à la fois d’une
ce sont les costumes des personnages, et surtout époque et d’une classe sociale ; tous ces costumes
celui de Roméo, et ce que l’on voit du vieux bal- sont élégants et reflètent la noblesse de Roméo et
e Juliette.
con, qui permettent de situer la scène au XVI siècle.
Dans l’image 1, il est difficile de distinguer le cos-
3. La nuit est suggérée par l’absence de lumière tume de Roméo dans la pénombre, mais il semble
ou, plus précisément, par l’éclairage de quelques simple, de coupe moderne, et de couleur sombre.
éléments du décor, procédé qui repousse les autres Juliette est vêtue d’une robe longue et légère, peut-
éléments dans une obscurité plus intense. Ce pro- être s’agit-il d’un déshabillé ; la couleur est très claire,
cédé est net dans les mises en scène correspondant certainement un blanc ou un beige peu soutenu. Le
aux images 3 et 4. Dans l’image 3, l’éclairage met metteur en scène a choisi de privilégier ici une élé-
en évidence la façade du bâtiment et Juliette au gance simple et un contraste de couleurs entre les
balcon. Ainsi le jardin reste dans l’obscurité et le
deux costumes. Ce contraste de couleurs rappelle la
ciel, au loin, est d’un noir absolu accentué par la
différence de sexe et l’opposition des familles.
présence d’une seule étoile. Dans l’image 4, l’éclai-
Dans l’image 2, les costumes surprennent davan-
rage met en valeur le bord du balcon et les person-
tage même s’ils sont également sobres. La robe de
nages ; le feuillage au fond est nettement plus obs-
Juliette choque presque par son côté résolument
cur ainsi que la partie inférieure du balcon : ces
moderne, avec un décolleté profond. De même, le
contrastes suffisent à suggérer une nuit profonde.
jean délavé de Roméo et sa chemise grise près du
4. Dans l’image 3, les personnages sont placés au corps font de lui un personnage actuel. Les cos-
deuxième plan : au premier plan on distingue en tumes, ainsi que le décor minimaliste, nous
effet du feuillage. L’effet produit est une mise à dis- apprennent que le metteur en scène désire insister
tance des personnages : ils sont un élément d’un sur l’aspect résolument contemporain des person-
nages et de l’histoire. Il ne cherche pas à montrer sonnages, qui se rapprochent pour un baiser ; la
ce qui oppose les personnages, car le costume des main de Roméo, se détachant clairement, écarte
deux jeunes gens est également gris ; il préfère les cheveux de Juliette pour dégager son visage ou
mettre en valeur leurs points communs : leur esprit, pour caresser sa joue.
leur allure, leur jeunesse, leur amour.
8. Les metteurs en scène ont surtout privilégié ici
L’image 3 présente un Roméo et une Juliette carac-
les regards et les gestes. Dans toutes les images,
térisés d’une manière différente des précédents. En
Roméo et Juliette se regardent et ne regardent
effet, les deux amoureux, ici complètement inté-
qu’eux. Les gestes de leurs bras et l’attitude qu’ils
grés dans un décor luxuriant, évoquent tout de
ont adoptée, cette tension vers l’autre, soulignent
suite des personnages hollywoodiens. Juliette a
qu’ils ne sont présents qu’à l’autre, et que pour
revêtu une longue robe claire, sûrement blanche,
l’autre. Aucun regard, aucun geste ne manifeste
aux manches bouffantes ; sa coiffure est apprêtée.
une quelconque attention pour le reste du monde.
Quant à Roméo, il porte un costume d’apparat
Par ce choix, les mises en scène mettent en évi-
avec des épaulettes brillantes ; les broderies sur son
dence la passion des deux amants, leur passion
pantalon évoquent des personnages de contes de
réciproque et exclusive.
fées. Un tel costume est typique des Européens
nobles et riches représentés par les studios holly- 9. Face à de telles mises en scène, le spectateur
woodiens. Les costumes nous apprennent ici que éprouvera sûrement de la tendresse, des senti-
les personnages ont été transposés dans un autre ments émus devant tant de jeunesse, de sponta-
monde et une autre époque bien éloignés de la néité, de beauté et d’amour. Il sera rassuré de voir
e
Vérone du XVI siècle. que l’obstacle (ici la séparation, matérialisée par le
Dans l’image 4, seul le costume de Roméo est vrai- balcon) peut être sinon vaincu du moins minimisé
ment visible. Juliette n’apparaît que vêtue de sa grâce à une possibilité de contact physique.
magnifique chevelure. Roméo porte le costume
e 10. Dans les mises en scène de théâtre et de
des nobles du XVI siècle : des chausses de couleur
cinéma, les couleurs sont choisies et participent à la
bleue, et un haut-de-chausses aux manches légère-
dimension symbolique du spectacle.
ment bouffantes, avec des rayures bleues et noires.
Dans l’image 1, tout le plateau baigne dans une
Ici, le costume confirme clairement l’époque et la
pénombre dorée qui évoque une nuit plutôt douce ;
classe sociale.
sur un tel décor la silhouette de Roméo se détache,
Dans l’image extraite du film de Baz Luhrman,
mais discrètement. Le contraste est saisissant avec
Roméo apparaît en costume sombre, l’aspect
la lumière blanche qui éclaire Juliette et le balcon,
contemporain est nettement valorisé. Juliette porte
le regard du spectateur ne peut qu’être attiré par
une robe mouillée, au drapé simple, et de couleur
cette luminosité et se trouve amené à ne regarder
claire. Le metteur en scène a actualisé la pièce par
que l’héroïne… tout comme Roméo.
le choix des comédiens, par la préférence pour des
Dans l’image 2, le caractère nocturne de la scène
costumes résolument modernes, et surtout grâce
est à peine souligné. Les couleurs vont du blanc au
au lieu choisi, une piscine. Les costumes nous
gris, et ce choix accentue le parti pris de cette mise
apprennent ici que le metteur en scène a voulu
en scène, qui est de placer l’action dans un décor
actualiser la pièce de Shakespeare jusqu’à sur-
résolument sobre et actuel. Ici aussi, la lumière
prendre, voire dérouter, déconcerter les spectateurs.
semble venir d’en haut et se concentrer davantage
7. Dans ces mises en scène, l’importance des sur Juliette. Cette mise en scène est la seule à ne pas
mains et des bras est très visible. Sauf dans jouer sur des couleurs fortes ou contrastées. Le
l’image 1 où la distance entre les amoureux est décor et les costumes des personnages forment un
trop grande, les photographies montrent des per- ensemble gris, sans excès de lumière. La mise en
sonnages qui se touchent ; les mains et les bras scène ne recherche pas la couleur historique, la
sont valorisés. Dans les images 2, 3 et 4, les bras mise en valeur des personnages ; c’est plutôt la
tendus ou les mains rejointes dessinent comme un relation entre les personnages et la dimension psy-
pont entre les deux corps éloignés et séparés par le chologique qui semblent ici privilégiées.
balcon. Les bras des jeunes amants se cherchent, se Dans l’image 3, le noir et blanc met en évidence la
tendent les uns vers les autres, les mains parvien- présence de la nuit, et l’éclairage crée de nets
nent à toucher les mains de l’autre. Ces gestes sont contrastes entre ce noir et ce blanc. Cela corres-
significatifs : ils symbolisent tout l’amour que se pond certainement au sentiment passionné, sans
portent les deux jeunes gens. Mais ces contacts, doute ni hésitation, vécu par les personnages.
ces associations, avec des bras tendus ou des mains Dans l’image 4, les couleurs sont franches et
réunies, représentent aussi des gestes de don, et variées. Nous sommes ici dans un film qui exalte la
évoquent l’union, le serment d’amour. La photo- beauté et la jeunesse des personnages, et cherche à
graphie 5, elle, met en valeur les visages des per- créer une couleur historique. La forte présence de
la couleur est due aux habits bleus et noirs de sonnages, leurs paroles, leurs actions fait que tout
Roméo, et aussi à la nature, d’un vert plutôt est cohérent, vraisemblable. À l’inverse, le décalage
sombre, très présente en arrière-plan sous la forme dans le temps et dans l’espace peut amener le
d’un large feuillage. La nature semble, tout comme spectateur à moins s’identifier aux personnages, à
la nuit, envelopper et protéger les deux amants. conserver une certaine distance par rapport à ce
Cette présence vivante de la nature se remarque qui lui est présenté sur scène : en revanche cette
aussi dans la couleur marron des racines incrustées mise à distance permet de mieux entendre, com-
sur la pierre du balcon. Une source de lumière (la prendre, l’aspect intemporel et universel de nom-
fenêtre d’une chambre ?) met en valeur le front et breux vices et de nombreuses passions humaines.
les bras de Juliette, d’un rose frais et délicat. Remarque : l’image prise dans le film de Baz
Dans l’image extraite du film de Baz Luhrman, Luhrman permet d’approfondir la réflexion sur les
l’obscurité domine davantage, seuls le visage de mérites de l’actualisation. Beaucoup de jeunes ont
Roméo et sa main, le visage de Juliette, son épaule en effet été sensibles à la transposition dans le
et sa robe claire, ressortent vraiment. Notons monde moderne de l’histoire de Shakespeare, dont
cependant, en bas de l’image à gauche, le tur- la modification du titre est la première manifesta-
quoise de la piscine et, au fond, une vasque tion : Romeo + Juliet. Ils ont ainsi pu apprécier le
blanche ; ces éléments colorés soulignent la texte de Shakespeare qui, lui, avait été fidèlement
richesse de la demeure. respecté. L’intérêt d’une mise en scène qui actua-
Au théâtre comme au cinéma, la couleur participe lise l’histoire est qu’elle permet une autre écoute
donc clairement à la mise en scène ; dans les d’un texte classique ; en plaçant une telle œuvre
exemples présentés ici, la couleur joue en général dans un contexte actuel, elle rend son intérêt et sa
le jeu de la sobriété et de l’élégance, que ce soit portée plus proches, plus convaincants. Le specta-
dans le décor ou dans les costumes. teur se sent plus directement concerné. L’effort que
le spectateur doit toujours faire face à la représen-
11. La mise en scène qui semble privilégier
tation d’une pièce de théâtre ancienne aura dans
l’époque est celle de l’image 4 : les costumes et l’ar-
ce cas été préparé, facilité par le metteur en scène.
chitecture du balcon sont ceux du XVIe siècle. Dans
l’image 1, la demeure est ancienne mais les cos- 13. Modalités. L’exercice peut s’effectuer à l’écrit
tumes sont plus actuels. L’image 4 privilégie aussi la ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on interroge tour à
beauté, liée à la jeunesse des personnages. La mise tour plusieurs élèves, puis on effectue une synthèse
en scène montrée par l’image 1 met bien en évi- de leurs remarques. On dégage éventuellement
dence, par la lumière douce et dorée, la beauté de une ou deux tendances générales : les avantages
la maison. C’est la mise en scène représentée dans des mises en scène recherchant la couleur histo-
l’image 2 qui est la plus originale : elle sort délibé- rique, et ceux des mises en scène actualisant les
rément l’action de son contexte historique et social œuvres, etc. Le choix porte sur les quatre exemples
afin de donner à cette histoire d’amour une portée de mises en scène numérotés et étudiés ; on peut
actuelle et générale. accepter que l’image extraite du film Romeo +
Remarque : on laisse bien sûr les élèves exprimer Juliet, ajoutée pour fournir un élément de réflexion
leur avis personnel, à condition qu’il soit appuyé supplémentaire, fasse elle aussi partie de ce choix.
par deux arguments au moins.
14. Modalités. Cet exercice aussi peut être réalisé
12. L’histoire de Roméo et de Juliette se situe au à l’écrit ou à l’oral. On laisse aux élèves un temps de
e
XVI siècle. Une mise en scène qui respecte l’époque réflexion, puis on interroge plusieurs d’entre eux.
transporte le spectateur dans le temps passé, il lui Les avis refléteront la diversité des goûts ; on
donne l’impression d’être au moment de l’action demande cependant que les avis soient toujours
représentée. L’adéquation entre les décors, les per- appuyés par un ou deux arguments au moins.
S’exprimer à l’oral
JOUER UNE SCÈNE personnages se trouvent dans un salon qui ouvre
DE THÉÂTRE p. 108 largement sur un magnifique jardin. Pour représen-
ter le salon, le metteur en scène a utilisé de beaux
Réponses aux questions fauteuils rouges, et un meuble de style, de couleur
bleue, que l’on perçoit à droite. L’effet produit est
1. Le metteur en scène a choisi un décor qui joue l’aisance, la richesse, la beauté, d’autant plus que
aussi bien sur l’extérieur que sur l’intérieur. Les l’ensemble est vaste et lumineux.
2. Dans l’image de gauche, les deux personnages des fils suspendus. ⵑ 4. Un dessin représentant une
masculins sont assis. Celui qui se trouve le plus à fenêtre, posé au fond de la scène, deux ou trois
gauche tourne le dos aux autres, c’est peut-être un chaises abîmées sur un côté et de l’autre, une vieille
signe de fâcherie ; il ne dit rien mais il écoute. table à laquelle il manque un pied. ⵑ 5. Un dessin
Les deux personnages féminins sont debout et représentant une fenêtre, posé au fond de la scène
semblent se parler. Ce n’est cependant pas un et entouré de rideaux épais ; deux ou trois fauteuils
moment d’échange verbal intense ; les person- de style sur un côté, de l’autre une table de style
nages sont statiques, ils se trouvent davantage en aux couleurs brillantes. ⵑ 6. Au fond, quatre petites
position d’écoute. Grâce à l’angle de vue, on com- fenêtres horizontales de couleur bleue ; au premier
prend la disposition des personnages, alternant plan, des sièges plats en plastique ou des poufs
filles et garçons, formant un ensemble peu concen- informes, éventuellement un calendrier portant
tré qui occupe une large partie de la scène. Les per- l’indication 4044.
sonnages ne sont pas regroupés et très proches les
2/a. 1. tête redressée, bras tendu, index pointé en
uns des autres.
avant, regard dirigé loin devant ⵑ 2. tête baissée,
Dans l’image de droite, les personnages sont tous
regard dirigé vers quelque chose de proche, bras
debout, les sièges sont vides. Les deux person-
replié, index pointé ⵑ 3. haussement simultané
nages masculins sont chacun sur un côté de la
des deux épaules, accompagné d’une moue de
scène, les deux personnages féminins se tiennent
dégoût ⵑ 4. bras replié vers le visage, main for-
entre eux, au milieu de la scène. Le personnage à
mant comme un couvercle sur les yeux pour faire
gauche est en train de parler : des gestes accompa-
de l’ombre.
gnent ses paroles, ainsi qu’un déplacement de
b. 1. yeux bien ouverts, bouche fermée, la main
gauche à droite. Les trois autres personnages sont
vient recouvrir la bouche ou le menton ⵑ 2. tête
tournés vers lui et l’écoutent : ils le regardent fixe-
bien redressée, yeux ouverts, bouche souriante ⵑ
ment et ne bougent pas.
3. la tête s’avance, le regard reste dirigé bien en
L’attitude des personnages révèle ce qu’ils font :
face ⵑ 4. yeux bien ouverts, la langue passe sur les
parole en action ou écoute. Le corps, attitude et
lèvres ⵑ 5. tête relevée, yeux un peu fermés, front
positions, participe à l’échange verbal ou du moins
un peu plissé, bouche fermée et lèvres tirées vers le
l’accompagne.
bas ⵑ 6. tête penchée, regard dirigé vers le sol,
3. Les personnages en mouvement sont la fille au bouche fermée et lèvres tombantes ⵑ 8. tête en
tee-shirt jaune, dans l’image de gauche, et le avant et yeux grands ouverts.
garçon au tee-shirt noir, dans l’image de droite.
3/a. Modalités. Les mots indiqués ne sont que des
Le mouvement de leurs pieds en témoigne.
exemples. On rappelle que l’articulation est fonc-
4. Le photographe a chaque fois rassemblé les tion du mouvement et de l’écartement des lèvres,
quatre acteurs sur le même cliché. Dans l’image de la bouche s’ouvre largement et se referme nette-
gauche, il a même intégré dans l’ensemble formé ment. On n’hésite pas à demander aux élèves
par les personnages le garçon qui manifestement d’exagérer ces mouvements pour qu’ils puissent se
s’est mis à l’écart : il l’a photographié en premier rendre compte que la production orale s’effectue
plan et a pris les autres en enfilade derrière. Le en fonction de mouvements physiques bien précis.
comportement individuel est donc minimisé. Dans Et plus ces mouvements de la bouche sont réalisés
l’image de droite, les quatre acteurs sont photo- calmement et avec amplitude, plus les mots sont
graphiés dans un même ensemble, au premier clairement prononcés.
plan. Le comportement individuel de l’acteur qui b. Modalités. Il s’agit ici de prouver aux élèves qu’ils
est en train de parler ne vaut que par l’écoute col- peuvent obtenir une grande variété des tons par un
lective des autres. Dans les deux cas, on peut dire effort de diction. On met du même coup en évi-
que les choix du photographe privilégient l’action dence l’effet produit, et le fait qu’il est le résultat
de groupe. d’une intention et d’un effort. Pour cela, on prend
appui sur deux exemples fortement contrastés. Le
Corrigé des exercices ton adapté au conte sera obtenu par une voix
douce, un rythme lent, une mélodie sans heurt (ni
1. 1. Quelques cartons empilés pour suggérer les
silence trop long, ni éclat de voix…). Le ton adapté
montagnes, disposés sur un côté de la scène, et,
à la déclamation dans une grande salle sera obtenu
placés à côté, quelques conifères en pot, pour sug-
entre autres en développant une voix puissante, en
gérer la forêt. ⵑ 2. Une toile bleue posée au fond
marquant de nets silences, de nettes reprises.
de la scène pour évoquer le ciel, un tas de sable au
premier plan pour évoquer le rivage de l’île, un pal- 4. Modalités. Pour obtenir des élèves un jeu
mier en pot. ⵑ 3. Un lit avec des draps blancs, au intéressant, on tient compte entre autres des
milieu de la scène, et tout autour du lit des tubes et remarques suivantes.
– La voisine emploie le plus souvent des phrases désigne ses filles de sa main, elle marque des temps
exclamatives. Cette fréquence révèle surtout un d’arrêt (signalés par les points de suspension). Elle
sentiment de pitié, d’indignation. Dans la didasca- prononce l’expression « Quelle tigresse ! » avec
lie initiale, l’expression « très montée » est l’abrévia- haine, et avec un dégoût marqué par une moue
tion de « très montée contre quelqu’un », qui signifie bien visible. En disant sa dernière réplique, la voi-
très en colère. La voisine connaît depuis longtemps sine peut adopter un visage triste, secouer la tête,
le savetier, sa famille et ses malheurs. Elle l’écoute, ou lever les bras au ciel.
elle compatit à ses malheurs. Le savetier se sent en Le savetier garde sur son visage, tout au long de la
confiance avec elle, il lui raconte tout. Le savetier et scène, l’expression de la crainte, de la résignation.
sa femme ne s’entendent guère, cette femme orga- Dans sa deuxième réplique, il peut adresser à la
nise mal la maison et la vie familiale, le savetier en voisine des gestes de la main signifiant qu’il lui
souffre mais n’ose trop se plaindre. La voisine est demande de la modération, puis hausser les
très en colère contre la femme du savetier, qu’elle épaules : « Que voulez-vous que j’y fasse ? » Dans sa
accuse de médisance. troisième réplique, il prend une attitude accablée,
Les paroles de la voisine sont à dire à voix forte, comme s’il portait un lourd fardeau sur ses épaules.
puisqu’elle ne redoute rien ni personne. Les nom- Pour la réplique où il explique ses infortunes ali-
breuses phrases exclamatives sont la preuve de sa mentaires, le savetier peut adopter un ton craintif,
spontanéité, de son aisance à parler. La première surveillant sans arrêt du coin de l’œil pour voir si sa
longue réplique de la voisine peut même être dite femme ne vient pas, exprimant son malheur en
à voix très forte, sur un ton de provocation, ouvrant grand les yeux, en soupirant. Il peut
puisque la voisine se dit prête à s’expliquer avec la joindre les mains en prononçant sa cinquième
femme du savetier. Au contraire, la plupart des réplique : « je vous demande en grâce de vous retirer ».
répliques du savetier seront dites à voix basse : il Et, en disant sa dernière réplique, il va chercher les
n’est pas très à l’aise, il redoute de voir arriver sa souliers réparés, ou il les saisit s’ils sont près de lui.
femme, il veut éviter le scandale. Les deux dernières C’est alors que la voisine descendra de chez elle.
répliques du savetier peuvent être prononcées à – Le texte sera de préférence mémorisé en deux
voix moyenne car il s’y montre plus sûr de lui. étapes : du début à la ligne 19 (« si brave »), puis en
– D’après leurs paroles et leurs attitudes, on peut entier. Le rôle masculin est un peu plus long que le
deviner les traits de caractère dominants des deux rôle féminin, on pourra alors exiger de l’élève
personnages en scène. La voisine est très décidée, jouant le rôle de la voisine une application particu-
emportée, elle est spontanée et démonstrative. Le lière pour le ton, la diction et les gestes. On
savetier est hésitant, craintif, soumis, résigné. conseille aux filles d’apprendre un peu le rôle des
– Les positions respectives des personnages sont garçons, et réciproquement : lors du jeu théâtral,
pour une grande part indiquées dans les didasca- l’enchaînement entre les répliques sera meilleur,
lies : la voisine est à sa fenêtre, le savetier se trouve chacun connaissant la fin de la réplique de l’autre,
donc en contrebas, sur le seuil de son échoppe. et donc le moment exact de sa prise de parole.
Lors de sa deuxième réplique, la voisine pourrait Pour parvenir à un ton de « farce violente » (expres-
d’abord se pencher à sa fenêtre pour parler au sion employée par l’auteur pour caractériser sa
savetier, puis se retourner rapidement vers ses filles pièce), on n’hésite pas à parler très fort et avec
pour s’adresser à elles, enfin se tourner vers la rue fougue (la voisine) ou très bas, de manière très
et accompagner ses provocations de gestes du bras craintive (le savetier) ; on exagère les mimiques et
et de la main. Lors de sa troisième réplique, elle les gestes, pour qu’ils soient bien visibles.
S’exprimer à l’écrit
ÉCRIRE UNE SCÈNE – le texte est surtout constitué de paroles rappor-
DE THÉÂTRE p. 110 tées directement, sans narrateur, imitant ainsi de
véritables paroles orales ;
Réponses aux questions – en plus de ces paroles, le texte comporte des
didascalies, qui apparaissent en italique. Le texte
1. On reconnaît qu’il s’agit d’un dialogue de commence d’ailleurs par une didascalie donnant
théâtre aux indices suivants : une indication de mise en scène concernant les
– le texte est organisé en répliques, disposées les unes personnages : « Ils entrent par la droite. » D’autres
sous les autres, le nom du personnage locuteur est didascalies figurent au fil de la scène, dans les
indiqué au début de chacune de ces répliques ; paroles.
2. Le décor peut représenter ou au moins évo- sortir, s’arrête, donne son chapeau, revient vers sa
quer un hall de gare avec un guichet. Les person- femme.
nages qui se trouvent en ce lieu s’apprêtent à – Le comique de caractère : M. Perrichon apparaît
prendre un train. Ils désirent aller à Lyon. d’emblée comme un personnage bourgeois ridi-
cule, maladroit, et qui tente de régner sur sa famille
3. Les indications entre parenthèses servent à
sans vraiment y parvenir. Sa femme lui tient tête et
donner des conseils pour mettre en scène le
lui reproche le déjeuner manqué.
passage. Ces didascalies peuvent indiquer des
Cette scène fait aussi penser à une scène de farce
déplacements de personnages : « Ils entrent par la
avec les objets que M. Perrichon craint de perdre,
droite ». Elles peuvent préciser les gestes à faire :
le guichetier grossier, l’ambiance de hall de gare.
« Regardant à droite », « Donnant son chapeau à
Henriette. », « Revenant vers sa femme ». Elles peu-
vent concerner le ton, l’expression, la manière dont Corrigé des exercices
les personnages s’expriment : « à la cantonade »,
« brusquement ». 1. LE COMTE, avec fureur : Sortez d’ici immédiate-
ment ! ⵑ 2. L’EXPLORATEUR, exalté : Et maintenant,
4. Par exemple : avançons ! à nous l’aventure ! ⵑ 3. PIERRE, à son
– une phrase de type déclaratif : « Nous sommes en frère, en ricanant : Non, mais, tu t’es vu, avec tes
avance. » (l. 18) ; cheveux jaunes ? ⵑ 4. LE PASSAGER, de manière cour-
– une phrase de type interrogatif : « Où sont nos toise : Prenez ma place, madame. ⵑ 5. STÉPHANIE, à
bagages ? » (l. 2) ; Jérôme, avec délicatesse : Tu m’avais promis qu’on
– une phrase de type impératif : « Restez là, je vais irait au cinéma ensemble.
prendre les billets. » (l. 13) ;
– une phrase de type exclamatif : « Tu ne nous as 2. Modalités. L’exercice demande de rédiger deux
pas laissées déjeuner ! » (l. 20). ou trois scènes : l’objectif est que l’élève montre
son habileté à construire et développer une situa-
5. D’après ce passage, le personnage affolé est tion théâtrale, qu’il montre également sa capacité
Monsieur Perrichon. Il a d’abord peur que la famille à organiser et disposer sur la page un texte théâtral
ne se perde : « … ne nous quittons pas ! nous ne ayant quelque envergure. Les situations proposées
pourrions plus nous retrouver… » (l. 1-2). Puis il ne sont qu’indicatives ; on peut rechercher en
redoute d’égarer les affaires, successivement : les classe d’autres exemples de situations précises
bagages, les parapluies, le sac de nuit, les man- dignes d’être traitées sous forme de scènes de
teaux, son chapeau (l. 2 à 9). Ce père de famille théâtre : conflits, problèmes ou malentendus
craignait d’être en retard, en fait la famille est en offrent de bonnes bases.
avance, le guichet n’est pas encore ouvert.
Le personnage perturbé, c’est sa femme. Mme Per- 3. Modalités. L’exercice consiste à effectuer un
richon est perturbée dans ses habitudes et se plaint transcodage, c’est-à-dire ici à passer d’un récit avec
parce que son mari l’a pressée, bousculée, empê- narrateur extérieur et omniscient à un texte de
chant même tout le monde de déjeuner : « Tu ne théâtre, donc un texte sans narrateur et reposant
nous as pas laissées déjeuner ! » (l. 20) uniquement sur un dialogue entre les personnages
L’employé se montre mal poli. Il se révèle grossier à (à l’exception des didascalies). On s’appuiera sur
travers sa réponse sèche, strictement informative, une étude du texte d’appui, notamment pour repé-
sans aucun signe d’amabilité. La didascalie insiste rer le cadre spatio-temporel (lieu et moment de l’ac-
sur cet aspect peu amène : « brusquement » (l. 16). tion), et pour rechercher les éléments permettant de
caractériser les personnages, ces caractéristiques
6. Cette pièce s’annonce comme une comédie. seront utiles pour choisir le contenu des paroles et la
Labiche utilise plusieurs procédés comiques, et de
façon de s’exprimer des personnages. On n’hésitera
manière tout à fait explicite. Par exemple :
pas à rappeler les habitudes de présentation des
– Le comique de situation : la famille Perrichon est
textes de théâtre, en s’appuyant notamment sur le
très en avance pour prendre son train mais elle s’af-
texte d’observation à la page 110 du manuel.
fole, se comporte de manière incongrue et ridicule.
– Le comique de mots : M. Perrichon passe d’une 4. Modalités. On s’appuie sur une étude précise
remarque à l’autre sans logique. Il demande par de l’image pour trouver une situation intéressante
exemple : « Et le sac de nuit ?… et les manteaux ? » à traiter sous forme de scène de théâtre : le lieu, le
(l. 5). moment, l’identité des personnages et la raison de
– Le comique de gestes : il est surtout révélé par les leur rencontre. On attire l’attention des élèves sur
didascalies. Celles-ci indiquent que M. Perrichon plusieurs points :
ne cesse de s’agiter dans tous les sens. Dans – le nom des personnages n’est pas celui des
ce court extrait : il regarde à droite, commence à acteurs ;
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION
L’énonciation (2) : Roméo et Juliette, ÉCRITE ÉCRITE
niveau de langue, p. 103 Écrire une scène Suite de la
expressions de théâtre, séance 3 :
Semaine 1 péjorative p. 110 ; amélioration
et méliorative, ex. 22 ou 23, du brouillon,
leçon 33, p. 376 p. 105, mise au propre,
préparation, ramassage
début du des copies
brouillon
5 6 7 8 9
LECTURE IMAGE Bilan Bilan de EXPRESSION Compte rendu
Roméo et Juliette, de la séquence, la séquence : ÉCRITE et correction
la scène du Vers le brevet, Vers le brevet, Suite des du bilan
balcon, p. 106 p. 112, questions, p. 112, séances 3 et 4 :
Semaine 2 réécriture rédaction compte rendu
et correction
de l’ex. 22 ou 23,
p. 105
EXEMPLE 2
5 6 7 8 9
L’énonciation (2) : Farce : Suite Suite Révision
niveaux Les Poissons de la séance 3 : de la séance 4 : des leçons 20
de langue, rouges, p. 95 mise au propre prestations et 33 :
Semaine 2 expressions ramassage de 8 élèves exercices
péjorative et des copies (quatre groupes complémentaires
méliorative, de 2)
leçon 33, p. 376
10 11 12 13
Orthographe : Tragédie : Suite des Suite des séances
Les homonymes Andromaque, séances 3 et 7 : 4 et 8 :
Semaine 3 et les paronymes, p. 100 compte rendu prestations
leçon 42, p. 412 et correction de 8 autres élèves
exercices de l’ex. 2 ou 4,
p. 111
14 15 16 17 18
Orthographe : Bilan Suite des Suite des séances Compte rendu
suite de la de la séquence : séances 4, 8, 13 : 4, 8, 13, 16 : et correction
séance 10, Vers le brevet, prestations prestations du bilan
exercices p. 112, de 8 autres élèves de 4 autres élèves
Semaine 4 complémentaires, questions, (deux groupes
dictée : le texte réécriture de 2) ;
d’observation correction
p. 412, les deux de la dictée
premiers
paragraphes
SÉQUENCE 5
Du théâtre au cinéma
Objectifs et contenus
Dans le paragraphe intitulé « L’image », le pro- film est de 2 heures 15. Chaque passage étudié
gramme pour la classe de troisième précise : « On dans le manuel correspond à une durée de deux à
aborde l’analyse du film en comparant le récit en trois minutes dans le film (le dernier passage, la
image et le récit écrit (par exemple à travers une mort de Cyrano, étant un peu plus long). Il est
adaptation à l’écran d’une œuvre littéraire ou l’étude donc possible de montrer aux élèves, à chaque
d’un scénario). » séance d’étude de textes et d’images, le passage
La pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, correspondant dans le film : on trouvera ci-après,
et le film qui en a été tiré, présentent bien des pour chacun des textes retenus, l’indication de
avantages quand on désire faire comprendre de minutage permettant de repérer dans le DVD le
manière simple aux élèves comment s’effectue la passage correspondant.
transposition d’une œuvre littéraire en film :
– l’intrigue, dans le film, suit très fidèlement le L’étude de textes et d’images
déroulement de la pièce de théâtre, ce qui permet Les quatre extraits choisis pour l’étude ont été
de comparer étroitement certains passages de la retenus de manière à donner un panorama d’en-
pièce avec certaines séquences du film ; semble de la pièce qui soit cohérent et intéressant,
– dans le film de Rappeneau, la mise en scène est qui permette d’en comprendre l’action. Chaque
si soignée que chaque image est visuellement très acte est représenté par un extrait, qui relate un
riche : l’image est si forte que même en l’absence moment constituant un point fort (l’extrait de
de bande son (paroles, bruitages, musique) l’acte II est le support du bilan de la séquence). On
l’étude d’une séquence filmique conserve du sens ne peut faire l’économie de la tirade du nez (acte I,
et de l’intérêt. scène IV), non seulement à cause de sa célébrité,
Remarquons que la pièce de théâtre et le film, mais parce qu’elle permet une entrée brillante
tous deux d’une grande richesse d’exploitation, du personnage principal ; en déclamant ce mor-
peuvent être abordés sous divers angles : l’aven- ceau de bravoure, Cyrano offre de lui un magni-
ture, la couleur historique, l’histoire d’amour, etc. fique autoportrait. La scène du balcon (acte III,
De manière à maintenir l’intérêt des élèves, nous scène VII) est significative de toute cette histoire
avons privilégié comme principal axe d’étude le qui repose sur une dissociation de la voix et du
personnage de Cyrano lui-même, et les relations visage ; on pourra la comparer avec la scène du
sentimentales entre les trois principaux protago- balcon de Roméo et Juliette (pages 103-107 du
nistes. La pièce peut en effet être considérée manuel), on montrera ainsi aux élèves qu’il existe
comme un portrait de Cyrano, un portrait pro- en littérature de grands motifs récurrents (c’est la
gressif et en actes ; ce n’est pas un hasard si le titre notion de topos en art). L’extrait de l’acte IV est
de la pièce est tout simplement constitué par le une scène d’action (nous sommes au cœur d’une
nom du personnage principal, ni plus ni moins. bataille) qui devient une scène de tragédie avec
La lecture intégrale du chef-d’œuvre d’Edmond l’irruption de la mort. Il s’imposait aussi de faire
Rostand pourrait se révéler difficile pour nombre figurer dans ce choix la dernière scène de la pièce
d’élèves de troisième, mais les quatre extraits rete- (acte V, scène VI) puisqu’elle amène le dénoue-
nus offrent une approche de cette œuvre tout à ment, montre en direct et en temps réel la mort
fait solide et suffisante. Cette séquence se limite à de Cyrano, qui forme un net contraste avec la
quatre extraits afin de permettre une véritable mort de Christian vue dans l’extrait précédent.
mise en parallèle, précise et profitable, des deux Les photogrammes choisis ont été sélectionnés
formes artistiques (pièce de théâtre, film), afin de permettre les comparaisons les plus perti-
démarche qui devrait conduire à une comparaison nentes entre texte et image. On notera l’aspect
informée et judicieuse entre littérature et cinéma. souvent sombre des images. En effet, de nom-
Le DVD du film Cyrano de Bergerac de Jean-Paul breuses scènes se déroulent dans des intérieurs
Rappeneau est facilement disponible. La durée du peu éclairés (une salle de théâtre au XVIIIe siècle
pour l’acte I), ou de nuit (scène VII de l’acte III, télévision et cinéma. Articles divers, interviews
scène VI de l’acte V) : cet aspect sombre des lieux d’acteurs, photographies nombreuses et de
et des moments signifie aussi la présence de qualité.
la mort.
Sur le cinéma
Les outils de langue P. ARON, D. SAINT-JACQUES, A. VIALA,
Pour fournir de bons points d’appui à l’étude de Dictionnaire du littéraire, Presses Universitaires de
cette pièce de théâtre, ont été privilégiés d’une France, 2002. L’article « cinéma » met en lumière
part une leçon traitant de phénomènes textuels, différentes attitudes adoptées par les écrivains
la leçon 30 (« L’organisation des textes : progres- envers le cinéma, il traite les différents rapports
sions thématiques ») et d’autre part deux leçons (complémentaires ou conflictuels) entre la littéra-
qui portent sur les phénomènes d’énonciation : la ture et le cinéma. Il évoque enfin les problèmes
leçon 32 (« L’énonciation : énoncé coupé et soulevés par l’adaptation d’œuvres littéraires au
énoncé ancré »), et la leçon 33 (« L’énonciation : cinéma.
niveaux de langue, expressions péjorative et J. AUMONT, A. BERGALA, M. MARIE, M. VERNET,
méliorative »). Il est tout à fait possible d’associer à Esthétique du film, collection « Armand Colin
cette séquence d’autres points de langue, notam- cinéma », Armand Colin, 2005. Cet ouvrage,
ment la leçon 20 (traitant des types et formes de devenu un classique, traite des aspects techniques
phrases). du cinéma (l’image, le montage), des différents
courants et des diverses théories concernant l’art
cinématographique ; il propose une approche
Références bibliographiques du cinéma comme langage et s’achève avec une
Sur Cyrano de Bergerac analyse portant sur « le film et son spectateur ».
Il comporte une bibliographie très développée.
P. BISSON, Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand,
A. GARDIES, Le Récit filmique, collection « Contours
collection « Balises », Nathan. Une étude précise et
littéraires », Hachette supérieur, 1993.
informée de la pièce.
L’auteur s’appuie sur de nombreux exemples pour
F. CHARLES, Cyrano junior, collection « Cascade »,
répondre à la question suivante : qu’est-ce que
Rageot Éditeur, 1993. Une fantaisie amusante à
raconter avec des images et des sons ?
partir de l’histoire de Cyrano : Julien Céranot, alias
V. PINEL, Techniques du cinéma, Collection « Que
Cyrano junior, est affublé d’un grand nez. Son
sais-je ? », Presses Universitaires de France, 1981,
meilleur ami s’appelle Christian Neuville. Tous
nombreuses rééditions depuis. Une présentation
deux tombent amoureux de la jolie Rose-Anne. Et
complète et précise de la question, appuyée par
Julien connaît par cœur la pièce d’Edmond
de nombreux schémas.
Rostand… Quand littérature classique et littéra-
F. VANOYE, F. FREY, A. GOLIOT-LÉTÉ, Le Cinéma,
ture de jeunesse se rejoignent…
collection « Repères pratiques », Nathan, 1998.
F. HUSTER, Cyrano, à la recherche du nez perdu,
Les auteurs traitent succinctement mais clairement
Ramsay/Archimbaud, 1997 et J. WEBER, À vue de
de l’histoire du cinéma, des genres, des formes et
nez, Éditions Menges, 1985. On lira avec un inté-
des techniques cinématographiques, ainsi que du
rêt particulier ces témoignages de deux acteurs
film lui-même : sa réalisation, sa production et sa
ayant brillamment interprété le rôle de Cyrano.
diffusion, sa lecture. Une double page est consa-
Le site www.cyranodebergerac.fr contient un
crée à l’adaptation au cinéma des œuvres litté-
grand nombre d’informations et notamment une
raires. Bon ouvrage d’approche, facile à consulter.
bibliographie développée et illustrée.
F. VANOYE, A. GOLIOT-LÉTÉ, Précis d’analyse
filmique, collection « 128 », Armand Colin, 2007.
Sur la relation entre le théâtre
L’ouvrage présente d’abord quelques outils d’ana-
et les autres arts visuels
lyse, et donne ensuite différents exemples d’ana-
De la scène à l’écran, collection « Théâtre
lyses : une séquence filmique, un générique, un
Aujourd’hui », n° 11, SCEREN, CNDP 2007. Très
plan, un spot publicitaire, et un film complet
belle livraison traitant des relations entre théâtre,
(Rebecca d’Alfred Hitchcock).
adversaires qui, par rapport à lui, apparaissent à un régiment ; le ton militaire est obtenu avec
doués de « peu de lettres et d’esprit » (v. 44). une voix forte, puissante. L’image 5 correspond
aux vers 43 à 54 : Cyrano s’adresse de face à
2. Cyrano emploie un niveau de langue soutenu.
quelqu’un ; on voit qu’il ne prononce pas ici des
Les mots sont recherchés : « hanap » (v. 16),
« plaisanteries » sur différents tons, mais qu’il parle
« oblongue » (v. 10), « conque » (l. 31), etc. Certains
sérieusement, il fait la leçon à ses adversaires.
verbes sont au passé simple : « préoccupâtes » (v. 13) ;
L’image 6 correspond aux vers 55 à 57 : on y voit
d’autres à l’imparfait du subjonctif : « amputasse »
en effet le comte (à gauche) en compagnie du
(v. 5).
vicomte, ce dernier est en train de s’adresser à
3. Cyrano parle ainsi de lui-même pour rappeler quelqu’un d’une manière révoltée mais gênée (il se
sa différence : il est tout à fait conscient de l’énor- tient de trois-quarts) : c’est bien à Cyrano qu’il
mité de son nez, mais n’accepte pas que d’autres s’adresse, « suffoqué ».
l’évoquent. Concernant précisément les plaisante-
7. Concernant les bâtiments, la mise en scène
ries au sujet de son nez, il dit : « Mais je ne permets
nous apprend qu’il existait déjà à cette époque des
pas qu’un autre me les serve » (v. 54). Parlant ainsi
salles de théâtre de vastes dimensions, avec une
de lui-même, il montre qu’il est conscient de sa
scène large et haute, et galeries autour de la salle
supériorité, de sa culture et de son talent littéraire.
elle-même. L’image 5 nous permet de deviner,
4/a. La tirade est très longue car Cyrano tient à derrière Cyrano, la dimension de l’entrée de cette
employer de nombreux tons pour donner une salle : elle est grande. Parmi les objets, on distingue
leçon définitive à ses adversaires (v. 43-54). Il veut surtout les candélabres : la mise en scène nous
donner une claire démonstration de son talent apprend qu’il n’y avait pas d’électricité à cette
pour époustoufler tout le monde et surtout anéan- époque, et que l’éclairage était obtenu par de
tir définitivement ses adversaires, les ridiculiser sans grandes bougies posées sur des candélabres
appel. Il y parvient car le vicomte reste un moment (grands chandeliers à plusieurs branches).
sans voix, puis répond de manière révoltée mais La mise en scène nous donne surtout des informa-
hésitante. Le comte, lui, ne dit rien à Cyrano. tions sur les vêtements et les coiffures. Les hommes
L’effet produit par cette tirade sur les lecteurs et les ont les cheveux longs ; ils portent des chapeaux
spectateurs est surtout l’admiration : ceux-ci sont à larges bords, souvent ornés de plumes. Les
surpris devant tant de facilité, d’esprit. Ils sont vêtements des nobles sont amples, avec des den-
étourdis par tant de verve, d’humour. Ils sont telles ; on remarque autour du cou une collerette
séduits par le personnage, qui apparaît ici comme ou une fraise.
un « héros de la parole ». Une mise en scène qui respecte l’époque de
b. D’après les didascalies, le vicomte est « pétrifié » l’action produit un effet de vraisemblance. Le spec-
(didascalie avant le vers 55) et « suffoqué » (dida- tateur peut situer l’action à une époque précise,
scalie avant la fin du vers 55). Il reste donc immo- et il a l’impression de se trouver à cette époque-là.
bile et sans voix, c’est la posture d’un combattant S’il ne connaît pas bien l’époque représentée,
battu. Quant au comte, il parle, mais pas à Cyrano ; il en découvre les caractéristiques : architecture,
il veut partir, il veut fuir le terrain du combat. C’est vêtements, façons d’être et de vivre, etc.
également l’attitude d’un combattant défait.
8. Le costume du vicomte est de couleur claire ;
5. Pour mettre en scène ce texte, le réalisateur a dans celui du comte dominent le gris et le blanc.
d’abord choisi la salle d’un théâtre. Le chapeau pré- Cyrano est vêtu, lui, d’un costume très sombre. Les
cise qu’il s’agit d’une « salle de théâtre parisien ». costumes du comte et du vicomte sont ornés de
L’image 1 donne une bonne idée du parterre et de dentelles, de collerettes ; Cyrano est nettement
la scène de ce théâtre, et l’image 2 donne une idée plus sobre, l’absence de tout ornement confère
de la salle elle-même, des galeries qui l’entourent. même à son costume une grande austérité. Ces dif-
Les personnages se déplacent dans cette salle : au férences dans le vêtement sont dues à la différence
moment représenté dans l’image 4, Cyrano est de classe sociale, Cyrano n’est ni comte ni même
éloigné du comte et du vicomte. Les images 5 et 6 vicomte. Elles sont aussi le résultat des choix de vie :
montrent que la scène se déroule ensuite dans la le comte et le vicomte aiment avoir belle allure et
rue, le vicomte et le comte cherchent donc à partir se faire remarquer ; pour Cyrano, ce n’est pas la
et Cyrano les poursuit pour leur parler (il termine sa beauté des apparences qui compte, mais l’élé-
tirade). Dans sa main droite, Cyrano tient un des gance morale, comme l’indique la dernière
montants du carrosse du comte et du vicomte réplique de l’extrait.
(image 5).
9. L’expression « C’est un peu court, jeune
6. L’image 4 correspond au vers 37 : Cyrano met homme ! » (v. 1), signifie que la parole qui vient
sa main en porte-voix comme s’il s’adressait de loin d’être prononcée, « très grand » (voir le chapeau)
est trop brève. Le vicomte est à court d’idées : sa culièrement habiles, on peut leur demander de
repartie est trop petite par rapport à tout ce que mettre en valeur davantage que deux tons. Si au
l’on pourrait dire sur le nez de Cyrano. Il y a un jeu contraire les élèves montrent peu d’habileté dans
de mots latent : la repartie du vicomte est trop ce type d’exercice, on n’hésite pas à lire le passage
courte par rapport au nez de Cyrano qui est très soi-même en accentuant au maximum l’effet, en
long. Cyrano accentue son mépris en désignant le exagérant chaque ton de façon à bien le diffé-
vicomte par l’expression « jeune homme » : il met rencier des autres.
ainsi l’accent sur l’inexpérience du comte en Le ton résulte de variations volontaires de la parole :
matière d’esprit et de beau langage. puissance ou faiblesse de la voix émise, netteté ou
imprécision de l’articulation (dépendant du degré
10. Dans le texte, l’opposition entre d’une part le
d’ouverture de la bouche, de l’action des lèvres et
comte et le vicomte et d’autre part Cyrano, se
des dents), rythme d’élocution (lenteur ou rapi-
manifeste d’abord par la longueur des répliques. La
dité) donné par le débit (nombre de mots pronon-
tirade de Cyrano écrase les répliques du comte et
cés dans un temps donné). On pourra ajouter
du vicomte : à deux mots, « très grand », Cyrano
répond par une tirade de cinquante-deux vers. les mouvements du corps : attitudes, regards,
L’opposition est également très nette dans le mimiques. Par exemple le ton curieux (v. 10-11)
contenu des répliques : la tirade de Cyrano met en s’accompagne d’un regard attentif voire fixe, le ton
évidence l’esprit, le talent, la verve du personnage gracieux (v. 12-14) peut être soutenu par un
par rapport à la médiocrité du vicomte, son sourire, un léger basculement de la tête en avant.
manque d’inspiration, la banalité de son discours.
Cyrano n’hésite d’ailleurs pas à mettre l’accent
sur cette opposition dans un jugement proche Mon vrai cœur p. 122
de l’insulte :
« Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, Le jeu croisé des personnages et des sentiments
Vous n’eûtes jamais un atome, et de lettres rend ce moment poignant : le personnage que voit
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot ! » Roxane n’est pas celui qu’elle entend ; les paroles
(v. 45-47) dites par Cyrano, Roxane les attribue à Christian.
Dans les images, l’opposition se manifeste surtout On expose cette situation des personnages avec préci-
dans les costumes (voir réponse à la question 8). sion aux élèves, afin qu’ils puissent comprendre la
C’est une opposition entre l’être et le paraître. Pour scène et être sensibles à sa signification.
le vicomte, c’est la beauté des apparences qui Christian vient de parler à Roxane mais sans ins-
compte, il reproche à Cyrano d’être « sans rubans, piration ; Roxane lui a même dit : « Vous parlez
sans bouffettes, sans ganses » (v. 57), ce que confir- trop mal. Allez-vous-en ! ». Mais plus Cyrano
ment les images. Mais pour Cyrano, c’est la beauté souffle à Christian des paroles inspirées, plus
morale qui prime (voir la dernière réplique de l’ex- Roxane devient attentive et intéressée. Christian
trait) ; les vraies valeurs sont pour lui entre autres hésite en prononçant les mots que Cyrano lui souffle,
la vérité, la simplicité, l’honnêteté, la générosité. d’où la remarque de Roxane : « Vos mots sont hési-
Cette opposition est mise en évidence par la mise tants. » C’est pour cette raison que Cyrano se met
en scène : dans l’image 2, Cyrano est montré de à parler lui-même, directement, à Roxane, tout en
profil, toisant le vicomte et un autre noble. Les restant caché : Christian devient un simple mime.
images 5 et 6 opposent Cyrano au groupe formé On comparera cette scène avec la scène équiva-
par le comte et le vicomte. Cyrano fait clairement lente dans Roméo et Juliette ; une question est
face à ses adversaires, mais le vicomte semble d’ailleurs prévue à cet effet : il y a là un motif récur-
moins à l’aise et se tourne vers le comte. Le pro- rent en littérature (un « topos »), le balcon marque
cédé cinématographique utilisé ici est le champ l’impossibilité de la rencontre tout en hiérarchisant
contrechamp : une image montre un adversaire, les personnages (le personnage féminin est toujours
puis l’image qui suit montre les autres adversaires ; plus haut que le personnage masculin).
le spectateur ne voit pas tous les personnages Dans le DVD, on trouve cette scène au chapitre XV
ensemble, mais il comprend que ceux-ci se font (minutage : vers 1. 09. 04).
face.
Réponses aux questions
11. Modalités. S’il est une tirade faite pour être
dite, et qui ne peut se comprendre qu’en étant 1/a. La première didascalie indique que Cyrano se
prononcée, c’est bien celle-là. Il est préférable de met à parler à la place de Christian : « parlant à mi-
travailler concrètement sur quelques tons, plutôt voix, comme Christian ». Cyrano se met à parler
que de demander aux élèves de réciter le texte directement à Roxane car Christian a du mal à
entièrement ou en partie. Si les élèves sont parti- répéter ce que Cyrano lui souffle, ce n’est pas sa
façon de parler à lui, ce n’est pas son naturel. soit découverte. Les circonstances sont favorables à
Roxane a remarqué que Christian s’exprime diffici- Cyrano : la nuit dissimule les personnages, la dis-
lement : « Vos mots sont hésitants. Pourquoi ? » tance entre Roxane et les deux hommes permet de
(v. 2). Si cela continuait, Roxane pourrait découvrir ne pas savoir d’où exactement vient la voix, le
le stratagème. balcon crée une séparation et offre une cachette
b. Cyrano répond à la question de Roxane : « Vos à Cyrano.
mots sont hésitants. Pourquoi ? » (v. 2). Il le fait, et
immédiatement, pour que le dialogue soit le plus
5. Les hésitations de Cyrano sont d’abord signalées
par certaines didascalies : « reculant avec effroi »
naturel, le plus aisé, le plus limpide possible.
(avant le vers 17). Elles sont surtout marquées par
2. Entre les vers 1 et 14, le thème de la conversa- les points de suspension, par exemple aux vers 26
tion est le langage, les mots eux-mêmes. Les deux et 27 : « De mon vrai cœur… […] Parce que…
personnages parlent des mots qu’ils échangent, de jusqu’ici/Je parlais à travers… ». Il cherche ses mots,
la faiblesse ou de la force de ces mots, de la faculté il retarde la fin des phrases. Les hésitations sont
qu’ils ont d’arriver à leur destinataire. On peut aller aussi perceptibles dans les répétitions : au vers 16,
jusqu’à dire que le thème de la conversation, c’est Cyrano répète « Non ! » comme pour se rassurer.
la conversation elle-même, sa nature, son déroule- Cyrano hésite car sa situation est difficile : il est
ment, son rythme. censé parler pour Christian, mais en réalité il
Pour exprimer leurs sentiments, les amoureux pré- exprime ses propres sentiments. Il laisse éclater sa
sentent les mots comme des objets d’échange, ils sincérité et il ne veut pas que Roxane le découvre.
parlent des mots. Certains mots sont privilégiés ; C’est un paradoxe : il ne peut être sincère qu’en se
Cyrano donne une large place au mot « cœur » cachant, qu’en parlant pour un autre ! C’est la pre-
dans ses paroles : « Puisque c’est dans mon cœur, mière fois qu’il exprime ses sentiments à Roxane,
eux, que je les reçois » (v. 6), « j’ai le cœur grand » et cela l’émeut au plus haut point ; mais il doit
(v. 7), « Vous me laissiez tomber un mot dur sur le se maîtriser pour que la supercherie ne soit pas
cœur ! » (v. 14). Roxane est évidemment plus à découverte.
l’aise puisqu’elle s’exprime en son nom et sans se
dissimuler : « Les miens n’éprouvent pas difficulté 6. Image 1 : Christian.
pareille. » (v. 4) ; elle va même jusqu’à s’exprimer Image 2 : Roxane.
avec humour : « Je vous parle, en effet, d’une vraie Image 3 : Cyrano.
altitude ! » (v. 12). Pour exprimer leurs sentiments, Image 4 : Roxane.
les amoureux emploient donc des moyens indi- 7. Le vers 22, « Moi je ne suis qu’une ombre, et vous
rects, jamais le mot amour n’apparaît, il n’y a pas qu’une clarté », correspond à l’image 4. En effet
non plus de « Je vous aime ». Roxane y apparaît telle que Cyrano la voit : claire
3. Roxane propose à Cyrano de descendre le dans un halo de lumière, parmi des feuillages
rejoindre parce qu’elle a été émue par la déclara- sombres, entourée par de l’obscurité. On peut
tion de celui-ci : accepter aussi l’image 3, si l’on accorde plus d’im-
« Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur portance à la première moitié du vers : « Moi je ne
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur ! » suis qu’une ombre » ; dans cette image en effet
(v. 13-14) Cyrano est comme enveloppé par une obscurité
Cyrano montre ainsi que la distance entre les qui ne permet pas de l’apercevoir nettement.
amoureux rend leur relation plus difficile ; par 8. Les personnages sont montrés en plongée
exemple une parole maladroite ou méchante de dans les images 1 et 3 en contre-plongée dans les
Roxane pourrait avec cette distance être mortelle. images 3 et 4. L’effet produit est la mise en valeur
Cyrano pourrait être heureux de la réponse rapide de Roxane. Et, conjointement, une grande impor-
et enthousiaste de Roxane : « Je descends ! » (v. 15).
tance est donnée aux regards de Christian et de
Il serait ainsi plus proche de celle qu’il aime. Pour-
Cyrano ; on distingue facilement qu’ils sont dirigés
tant il refuse : il n’oublie pas qu’il n’est pas là en
vers le haut : Roxane apparaît comme émergeant
tant que Cyrano, il n’est que la voix de Christian. Il
des feuilles et de la nuit, inaccessible.
ne veut pas que Roxane découvre que c’est lui qui
parle à la place de Christian. Il ne veut pas empê- 9. L’image 3 permet de comprendre pourquoi
cher l’amour entre Roxane et Christian. Il préfère Roxane ne voit pas Cyrano : il fait nuit, et Cyrano
rester dans l’ombre. se dissimule derrière un large tronc d’arbre. Le
feuillage permet à Cyrano de se cacher encore
4. Cyrano doit éviter d’être découvert ; il ne faut
davantage.
pas que Roxane se rendre compte que Christian
n’est pas seul, que ce n’est pas ce jeune homme 10. La mise en scène présente Roxane comme
amoureux qui parle. Il faut éviter que la supercherie une jeune fille inaccessible : elle est située sur un
balcon nettement placé en hauteur, une balustrade 13. Pour Roxane, jeune Précieuse, le langage est
la sépare du jardin où se trouvent Christian et très important : elle est plus attentive aux mots
Cyrano. Le feuillage des arbres crée un écran, par eux-mêmes, aux phrases, qu’aux sentiments que
chance quelques trouées laissent apercevoir la ces mots, ces phrases, sont censés exprimer. Elle
jeune fille. remarque tout de suite un embarras dans l’ex-
pression : « Aujourd’hui…/Vos mots sont hésitants.
11/a. Il y a plus de feuillage dans l’image 4 que
Pourquoi ? » (v. 1-2). Elle remarque tout de suite aussi
dans l’image 3 car ni le lieu ni l’angle de vue ne
l’aisance retrouvée : « Mais ils montent bien mieux
sont les mêmes. Dans l’image 3, c’est nous qui
depuis quelques instants. » (v. 10). Elle est sensible à
voyons Cyrano, le cadreur montre le personnage
l’éloquence : « Si quelquefois je fus éloquent…/Vous le
de près, le feuillage est plus haut, il n’est pas
fûtes ! » (v. 24). Elle est même sensible au ton de la
gênant. Dans l’image 4, c’est Cyrano qui voit
voix : « C’est vrai que vous avez une tout autre voix. »
Roxane : il lève les yeux et entrevoit la jeune fille
(v. 30). Non seulement donc, pour Roxane, il suffit
grâce à une trouée dans le feuillage. Un feuillage
de parler ; il est de plus nécessaire de choisir les mots,
abondant est nécessaire pour que Cyrano ne soit
d’exprimer des idées nouvelles et personnelles, de
pas perçu de Roxane.
faire preuve d’invention, d’esprit, de culture et de
b. Le feuillage joue donc un rôle : il aide Cyrano à
talent. Le langage est important pour elle car elle
mieux se dissimuler. Il a aussi une fonction esthé-
prend plaisir à entendre toutes les inventions qu’il
tique : le feuillage permet de donner du relief à
permet, c’est le principal moyen de la charmer.
l’image, de mettre en valeur Roxane grâce à un
contraste entre obscurité (les feuilles) et clarté (le 14. La situation est difficile pour Cyrano, elle pré-
vêtement blanc). Dans le film, le feuillage est le seul sente cependant pour lui quelques avantages. Il
élément dynamique, vivant ; les personnages sont peut s’exprimer directement à Roxane, même s’il
immobiles mais le feuillage est animé d’un mouve- doit rester caché et s’il y a un témoin, Christian. Il
ment et d’un bruissement dus à un léger vent. peut faire la cour à la femme qu’il aime sans risquer
d’être éconduit. Il peut dire des mots qu’il n’oserait
12. Dans la scène II de l’acte I de Roméo et Juliette,
dire à visage découvert. Il peut exercer son talent,
la situation est plus simple car les deux amoureux
l’éloquence, et constater à quel point il est efficace.
se voient et sont les seuls personnages présents. Les
Cependant la situation n’est pas exempte d’incon-
images des pages 106 et 107 montrent que le
vénients. Cyrano est caché, ce n’est pas une atti-
jeune homme ne se dissimule pas, que les deux
tude digne pour un amoureux. Il parle pour quel-
jeunes gens font tout pour se rapprocher et qu’ils
qu’un d’autre, Christian, qui récoltera les fruits de
parviennent même, souvent, à établir un contact
son effort. En parlant si brillamment à Roxane, il
physique (par les mains, images 2, 3, 4). Dans les
attise l’amour que celle-ci porte à Christian.
mises en scène de la pièce de Shakespeare, le per-
sonnage féminin, Juliette, n’est pas droit et immo- 15/a. Dans cette scène, la tromperie concerne la
bile comme l’est Roxane. L’attitude, la position de situation : Cyrano parle à la place de Christian.
Roméo varient selon les mises en scène : le person- Roxane croit entendre Christian, mais c’est en fait
nage peut être droit et statique (image 1), ou au Cyrano qui s’adresse à elle, qui lui parle avec talent,
contraire mobile, penché, attiré (image 4). Comme qui lui exprime ses sentiments. La relation entre les
dans la scène du balcon de Cyrano de Bergerac, la personnages est donc faussée.
nuit est présente chez Shakespeare (sauf dans Ce qui est sincère dans cette scène, ce sont les
l’image 2). Dans la pièce de Shakespeare, le balcon sentiments. L’amour de Cyrano pour Roxane est
est bordé d’une balustrade en fer (image 1) sincère, celui de Christian pour Roxane aussi. Le
comme dans Cyrano de Bergerac ; il peut aussi être plaisir qu’éprouve Roxane à écouter Cyrano est
plus massivement matérialisé par une construction également sincère.
de pierre (images 3 et 4). Le balcon peut être rem- b. Ce qui montre la force du sentiment amoureux,
placé par une piscine (image en bas de la page c’est qu’il parvient à s’exprimer avec sincérité dans
107), voire supprimé (image 2). Quant aux une situation aussi fausse. Cyrano est tellement
costumes, ils sont ceux du XVIIe siècle dans le amoureux de Roxane qu’il trouve les mots pour le
film Cyrano de Bergerac : Jean-Paul Rappeneau a lui dire malgré la situation dans laquelle il se trouve,
choisi une mise en scène visant la vraisemblance il en arrive même à justifier la situation dans
historique. Dans les mises en scène de la pièce laquelle il se trouve, à transformer un obstacle en
de Shakespeare, les choix sont divers : costumes avantage : « Sans se voir ?/Mais oui, c’est adorable.
du XVIe siècle pour obtenir une vraisemblance On se devine à peine » (v. 18-19). Il trouve des
historique (images 1 et 4), costumes évoquant un images délicates pour parler à Roxane : « Moi je ne
passé peu défini (image 3), costumes contem- suis qu’une ombre, et vous qu’une clarté ! » (v. 22)
porains pour actualiser la pièce (image 2). Son talent s’exerce à plein car enfin l’occasion lui
est donnée de parler à Roxane sans que sa laideur Réponses aux questions
soit un obstacle, il peut enfin ouvrir son cœur à
1. Roxane répète plusieurs fois le nom de
celle qu’il aime : « Mais ce soir, il me semble…/que je
Christian parce que celui-ci ne lui répond pas. Il est
vais parler pour la première fois ! » (v. 28-29).
en train d’agoniser mais Roxane aimerait encore
Remarque : on pourra préciser aux élèves que le dia-
entendre une parole de lui. Son souhait sera satis-
logue entre Cyrano et Roxane se prolonge encore
fait puisque Christian va prononcer un mot, un
longtemps de cette manière, que Cyrano est de
seul, « Roxane » et ce sera le dernier (v. 3).
plus en plus éloquent, ce qui provoque en Roxane
une véritable « ivresse ». Mais Cyrano ne sera pas 2. Le désespoir de Roxane s’exprime par des
directement récompensé pour sa sincérité, son paroles répétées et des actes. Elle appelle Christian
amour et son éloquence ; c’est Christian qui mon- par deux fois (v. 1 et 2), elle dit « Il est mort » (v. 9,
tera sur le balcon et aura le plaisir d’embrasser v. 13) à deux reprises, et avec douleur. Elle retient
Roxane, c’est lui qui recevra le baiser d’amour : « Il Cyrano par la main (v. 8) pour ne pas être seule et
l’enlace et se penche sur ses lèvres. » parler de Christian avec lui, elle pleure, elle se jette
sur le corps de Christian (voir la didascalie avant
16. Oui, le metteur en scène est fidèle au texte ; le vers 13).
les quatre images dont nous disposons suffisent
pour s’en rendre compte. Roxane porte un vête- 3. Pour montrer que la bataille est proche, l’écri-
ment de nuit entièrement blanc, or Cyrano indique vain donne sur la bataille de nombreuses informa-
précisément « la blancheur d’une robe d’été » tions à l’aide de didascalies : « Nouveaux coups de
(v. 21). Cyrano est dissimulé par l’arbre et la nuit, or feu. Cliquetis. Rumeurs. Tambours » (voir la dida-
il remarque : « Moi je ne suis qu’une ombre, et vous scalie initiale) ou plus loin, « Mousqueterie. Cris.
qu’une clarté » (v. 22). Le metteur en scène a choisi Bruits de bataille » (didascalie précédant le vers 8).
un balcon placé nettement en hauteur, or Cyrano Les bruits sont les manifestations d’une bataille
parle de « hauteur » (v. 13) quand il évoque la posi- intense. D’autre part, on entend Carbon de
tion de Roxane par rapport à la sienne. Castel-Jaloux, le capitaine de la compagnie des
Cadets de Gascogne, donner les ordres au régi-
ment, par exemple au vers 3 : « Alignez-vous ! ». La
Un être merveilleux p. 124 scène se déroule donc tout près de la ligne où les
adversaires combattent. Les cris, indiqués dans la
Edmond Rostand a qualifié sa pièce de comédie didascalie précédant le vers 8, signalent la violence
héroïque. Dans cette scène, l’héroïsme est double- de la bataille.
ment présent : par la mort de Christian au champ
d’honneur, par la conduite de Cyrano qui se sacrifie 4/a. Dans les paroles en italique, le capitaine
pour que perdure l’amour entre Roxane et Christian. Carbon de Castel-Jaloux s’adresse à son régiment,
La scène permet de compléter le portrait de Cyrano : celui des Cadets de Gascogne, en plein combat.
c’est un être de délicatesse et d’abnégation, qui perd b. Dans ce passage, il y a deux situations
ici volontairement sa dernière chance de se faire d’énonciation : d’une part Carbon de Castel-
aimer de Roxane. Les paroles prononcées par Cyrano Jaloux s’adresse aux Cadets de Gascogne, d’autre
dans la scène IV de l’acte I, « Moi, c’est morale- part Roxane s’adresse à Christian puis à Cyrano,
ment que j’ai mes élégances », trouvent ici une qui lui répondent. Ces deux situations sont
magnifique illustration. parallèles.
On sera attentif à ce que les élèves comprennent c. L’intérêt d’une telle construction dramatique
est d’inclure la mort de Christian dans la bataille
clairement la situation, qui est délibérément confuse
elle-même. L’effet produit, le tragique, s’en trouve
car nous sommes au cœur d’une bataille. Sont menés
renforcé. Le spectateur est pris par la bataille
en parallèle le drame collectif (les Cadets de Gas-
d’un côté et par la mort de Christian de l’autre ;
cogne sont en train d’affronter durement les enne-
il est affolé, voire désemparé, à l’image des
mis), et le drame individuel engageant Cyrano,
personnages. Le côtoiement du drame collectif
Christian et Roxane, les trois personnages princi-
et du drame individuel renforce les deux, donne
paux de la pièce. C’est une scène d’action dans tous
une grande intensité dramatique à la scène.
les sens du terme : la situation est action (une
bataille), la parole est action (on entend les ordres 5. Non, Cyrano ne dit pas la vérité à Christian
donnés aux soldats), les relations entre personnages lorsqu’il lui chuchote à l’oreille : « J’ai tout dit. C’est
passent souvent par des actions (gestes, déplace- toi qu’elle aime encor ! » (v. 3) Certes Roxane aime
ments : voir le nombre des didascalies), les paroles encore Christian, mais Cyrano n’a pas tout dit à
sont brèves et le rythme rapide. Roxane : il n’a pas révélé que l’auteur des lettres
Dans le DVD, on trouve cette scène au chapitre XX : que Christian envoie à sa bien-aimée, c’est lui
(minutage : vers 1. 49. 59). Cyrano.
Cyrano agit ainsi parce qu’il veut que Christian 10. Pour montrer le désespoir de Roxane, le réa-
meure en paix, sans avoir le moindre doute sur lisateur a utilisé divers moyens. Il cadre d’abord le
l’amour que Roxane lui porte. Il sacrifie son amour visage de la jeune femme en gros plan (image 4) :
pour que celui entre Christian et Roxane vive éter- on voit ainsi qu’elle a les yeux fermés, que ses
nellement. La didascalie qui suit prouve que traits sont tendus, qu’elle est en pleurs. Il montre
Cyrano a atteint son but : « Christian ferme les ensuite, dans un plan rapproché (image 5),
yeux. » ; Christian meurt après avoir été rassuré. Roxane soutenue par Ragueneau et Cyrano : elle
est sur le point de tomber, elle ferme encore les
6. Roxane retient Cyrano qui part se battre : elle
yeux et tient dans ses mains crispées la dernière
ne veut pas être seule, elle désire fortement avoir
lettre de Christian.
quelqu’un avec qui parler de Christian, de ses qua-
lités. C’est donc pour Cyrano une situation terrible : 11. L’image 6 correspond à la dernière réplique
il est le confident de Roxane qui vante les mérites de l’extrait, prononcée par Cyrano : « Et je n’ai
de Christian alors que ce sont les siens : « Un poète qu’à mourir aujourd’hui,/Puisque, sans le savoir, elle
inouï » (v. 17) ; Cyrano se retrouve le témoin forcé me pleure en lui ! » (v. 14) En effet, comme l’in-
de l’amour que Roxane porte à Christian. dique la didascalie précédant cette réplique, dans
cette image Cyrano se trouve bien « à part ».
7. Un plan d’ensemble : image 1. Ce choix de
cadrage permet de montrer un épisode de la 12. Oui, le réalisateur est fidèle au texte. Il
bataille avec tous ses éléments (barricade, montre que la bataille est proche et qu’elle fait
échelles, soldats, armes). rage (image 1) et il situe la mort de Christian tout
Un plan rapproché : image 2 ou 5 ou 6. Les plans près de cette bataille (images 2, 3, 4). Il montre
rapprochés permettent de montrer la place, la nettement la découverte de la lettre (image 2, la
position et l’attitude des personnages, les uns par lettre est placée exactement au centre de l’image).
rapport aux autres, ou par rapport aux éléments Il donne toute l’importance voulue à la confidence
du décor. Par exemple, grâce à ce cadrage dans de Cyrano en filmant ce moment en gros plan
l’image 2, on voit que Christian est allongé tout (image 3). Il montre le désespoir de Roxane tel
près de l’endroit où la bataille fait rage ; la fumée que l’indiquent les didascalies : « Elle pleure dou-
de la bataille est derrière lui, proche de lui. cement. », « se jetant sur le corps de Christian »
Un gros plan : image 3 ou 4. Ce cadrage fixe l’atten- (images 4 et 5). Enfin il met l’accent sur la solitude
tion du spectateur sur un ou deux personnages, sans et le désespoir de Cyrano à la fin : l’image 6 cor-
relation avec le décor. L’expression des sentiments respond tout à fait à la dernière réplique figurant
est valorisée : ainsi, dans l’image 4, le désespoir de dans l’extrait. On remarque cependant que le réa-
Roxane est immédiatement perceptible. lisateur n’a pas toujours suivi l’ordre chronolo-
gique qui est celui du texte, puisqu’il place la
8. La parole « Une lettre sur lui ! » (v. 7) corres-
découverte de la lettre avant le pieux mensonge
pond à l’image 2 : on y voit Roxane, penchée sur
de Cyrano (c’est l’inverse dans le texte).
Christian, tenant la lettre qu’elle vient de décou-
vrir, ce geste est l’indice qui permet de répondre. 13. L’écrivain comme le réalisateur suivent le
La parole « J’ai tout dit. C’est toi qu’elle aime même procédé : faire se succéder d’une part des
encor ! » (v. 3) correspond à l’image 3 qui montre paroles ou des images montrant des combats, et
le visage de Cyrano penché sur Christian, tout d’autre part des images et des paroles montrant
près, dans une attitude de confidence. les sentiments des personnages. L’intérêt principal
de ce procédé est de renforcer l’effet dramatique.
9. Dans l’image 1, l’angle de vue choisi est la
Le drame individuel (la mort de Christian) est lié
contre-plongée. Ce choix permet de montrer un
au drame collectif (une terrible bataille) ; la vio-
combattant au premier plan, puis les échelles, et la
lence est partout : à l’extérieur (sur les champs de
hauteur de la barricade par rapport au combattant
bataille) et à l’intérieur (dans la vie intime des per-
et aux échelles ; il permet de maintenir une cer-
sonnages). La mort de Christian est plus tragique
taine angoisse car on ne voit pas ce qu’il y a, et ce
puisqu’elle s’accomplit sur un décor de fumée et
qui se passe, derrière la barricade : les ennemis
de fureur, sans calme ni sérénité. Le désespoir de
sont-ils loin ou tout près ?
Roxane est plus profond puisque la mort de
Le réalisateur montre la violence du combat par
Christian, son tout récent mari, est inattendue,
la présence d’un combattant en armes au
injuste, presque instantanée.
premier plan, par le nombre des combattants au
deuxième plan, par les feux et les fumées, par les 14. Chaque personnage principal a ses raisons
échelles posées en tous sens. L’ensemble apparaît d’être désespéré. Roxane a perdu son mari, qu’elle
flou, désordonné, ce qui accentue l’impression de aimait ; elle n’a connu qu’un bonheur fugace car
violence. elle n’était pas mariée depuis longtemps. Quant à
Cyrano, vu la confidence faite à Christian agoni- Le type de vers utilisé ici est l’alexandrin, vers de
sant, il a perdu toute chance de révéler à Roxane douze syllabes.
qu’il est l’auteur des mots doux sous le balcon, et
2/a. Indication du destinataire : « À Ragueneau. »
des lettres envoyées par Christian, notamment de
(didascalie précédant le vers 2), « À Roxane. »
celle que Roxane a trouvée sur Christian mort.
(didascalie précédant le vers 5).
15. Cyrano confie : « elle me pleure en lui » Indication du ton : « furieux » (didascalie précédant
(v. 14). En effet Roxane pleure celui qui lui a parlé, le vers 1), ou « sanglotant » (didascalie précédant
qui lui a écrit, donc Cyrano, mais elle ne le sait pas le vers 3).
et, pour elle, c’est Christian. Cyrano la voit ainsi Indication d’un geste : « Il tire l’épée. » (didascalie
pleurer la mort de celui qu’elle aimait pour son au vers 15), ou « il frappe » (didascalie au vers 24).
éloquence, c’est-à-dire lui, il faut donc qu’il meure Indication d’une position : « Il va s’adosser à
aussi dans la bataille. l’arbre » (vers 12), ou « se penchant sur lui et lui
baisant le front » (vers 33).
16. Dans ce passage, Cyrano fait preuve de b. Cette scène est intense et les didascalies – tons,
dévouement et de fidélité en amitié : il ment à
gestes, attitudes, positions, déplacements – sont
Christian pour que celui-ci meure heureux. Il fait
nombreuses et diverses. Edmond Rostand a une
aussi preuve de respect pour l’amour de Roxane idée précise de la façon dont cette dernière scène
en ne lui avouant pas qu’il est l’auteur de la lettre doit être jouée, il agit presque comme un metteur
trouvée sur le cadavre de Christian. Il agit avec en scène. Il donne les nuances d’expression, il
désintéressement, abnégation, il fait passer le indique tous les gestes à faire avec l’épée, objet qui
bonheur des autres avant le sien, et tout cela avec prend ici une grande importance, symbole du
délicatesse, sans ostentation. combat que Cyrano a mené toute sa vie contre les
bassesses humaines. Cyrano est au plus mal et veut
se battre contre la mort, symbole du mal : pour ce
faire il se déplace, change souvent d’attitude et de
Dans l’ombre noire p. 126 position, effectue de nombreux gestes. Les témoins
de la scène réagissent souvent, et de manière
Le dénouement de la pièce permet d’ajouter encore diverse : « sanglotant » (avant le vers 3), « Tous recu-
des éléments au portrait de Cyrano : on y mentionne lent, épouvantés » (vers 16). L’auteur n’a pas hésité
sa carrière d’homme de lettres, on y constate sa fidé- à donner de nombreuses indications scéniques,
lité en l’amour de Roxane, on voit à quel point il diverses et précises, pour que cette scène difficile à
tient à son idéal d’honnêteté, de dignité, qu’il rap- jouer, et capitale, soit tout à fait réussie.
pelle jusqu’à son dernier souffle. C’est une fidélité 3/a. L’expression « cueillir le baiser de la gloire »
totale en lui-même, puisqu’il a su rester lui-même (v. 8) signifie réussir, gagner, bénéficier d’un succès.
jusqu’au bout. Il s’agit d’une personnification : la gloire est compa-
On complétera éventuellement le bilan d’ensemble rée à une jeune femme qui récompense celui qui a
sur cette œuvre d’Edmond Rostand par des su se faire aimer. Cyrano a fait la cour à Roxane avec
remarques sur la facture de la pièce : la filiation avec les mots qu’elle aimait entendre, mais c’est Christian
les grandes pièces classiques elles aussi en cinq actes qui a eu le baiser, le plaisir d’embrasser Roxane.
en alexandrins, et dessinant de grands types Cyrano fait de la scène du balcon le symbole de
humains. toute sa vie. De même Cyrano a écrit une scène de
Dans le DVD, on trouve cette scène au théâtre très drôle, mais Molière l’a reprise et a
chapitre XXII (minutage : vers 2. 08. 06). obtenu avec cette scène un vif succès : c’est lui qui a
été récompensé, lui qui en a tiré tout le bénéfice.
Réponses aux questions b. Cyrano reconnaît les qualités de ceux qui
réussissent :
1. Vers 7 :
« C’est justice, et j’approuve au seuil de mon tombeau :
Pen/dant/que/je/res/tais/en/bas,/dans/l’om/bre/noire
Molière a du génie et Christian était beau » (v. 9-10).
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Cyrano envie certainement ceux qui réussissent mais
Vers 8 :
il n’éprouve aucune jalousie, aucun ressentiment.
D’au/tres/mon/taient/cueil/lir/le/bai/ser/de/la/gloire !
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 4. Cyrano fait un rapprochement entre Molière et
Vers 9 : Christian (vers 9-10) car cet écrivain et ce jeune
C’est/jus/ti/ce, et/j’ap/prou/ve au/seuil/de/mon/ amoureux ont réussi là où Cyrano a échoué : réus-
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 sir comme auteur de théâtre, réussir à se faire
tom/ beau aimer. Ils ont tous les deux réussi à la place de
11 12 Cyrano, et grâce à Cyrano.
5. Non, Cyrano mourant n’a pas perdu son de répondre, c’est qu’un personnage accompagne
humour ; il rappelle même son nez au moment où et soutient Cyrano ; ce personnage est Ragueneau,
il sent approcher la mort : avec qui Cyrano dialogue au début de l’extrait et
« Je crois qu’elle regarde… c’est ce personnage qui prononce précisément la
Qu’elle ose regarder mon nez, cette Camarole ! » réplique sur le rire.
(v. 16-17). La parole » N’importe : je me bats ! je me bats ! je me
bats ! » (v. 27) correspond à l’image 3 : l’indice qui
6. Dans sa dernière réplique, Cyrano s’adresse à permet de répondre est l’épée ; on voit Cyrano
ses ennemis. Ce sont les bassesses, les défauts des
pointant l’épée en face de lui.
hommes, ce contre quoi il s’est battu toute sa vie.
Ces défauts, il les personnifie pour s’adresser direc- 10/a. L’image 4 peut correspondre à la demande
tement à eux, d’où l’emploi de la majuscule à de Roxane : « C’est ?… » ( v. 33 ). On y voit en effet
chaque fois : « Le Mensonge » (v. 23), « les Compro- Roxane penchée sur Cyrano dans une attitude
mis » (v. 23), « Les Préjugés » (v. 24), « les Lâchetés » affectueuse.
(v. 24), « la Sottise » (v. 25). b. L’angle de vue choisi pour cette image est la
Cette situation d’énonciation est tout à fait inhabi- plongée. Cet angle de vue permet de montrer le
tuelle car ordinairement on ne s’adresse pas à des visage de Cyrano qui est pourtant penché en
idées, à des abstractions. On ne peut obtenir de arrière, ainsi que la main de Roxane posée sur
réponse en s’exprimant ainsi et cet apparent dia- l’épaule de Cyrano en geste d’affection. Ainsi
logue ne peut être qu’un monologue. voit-on clairement l’épuisement de Cyrano et la
L’effet produit est la surprise et le malaise : c’est tendresse de Roxane envers lui.
comme si Cyrano était en proie à des hallucina- c. Cette image rappelle l’image 4 de la page 125,
tions. Le lecteur, comme le spectateur, a l’impres- où l’on voit Roxane serrant le corps de Christian qui
sion d’entrer dans un monde d’une autre nature, vient de mourir. L’effet produit est une sorte d’écho
avec une dimension surnaturelle. Cyrano n’est déjà (une mise en parallèle) : Roxane est à chaque fois
plus dans le monde réel, le fait qu’il agite son épée penchée sur un mourant, à chaque fois sur un
prouve qu’il croit voir effectivement des ennemis. homme qui l’a aimée. Le réalisateur insiste sur ce
rappel : Roxane est chaque fois placée à droite,
7. Le dernier mot de la pièce est prononcé par penchée, affectueuse ; à chaque fois c’est un senti-
Cyrano, qui donne ainsi un indice final pour qu’on ment d’amour qui s’exprime.
puisse bien le comprendre. Mais le mot « panache »
n’est pas facile à définir. Il désigne la qualité d’une 11. Dans ces images, l’éclairage met en valeur le
personne qui allie le brio et la bravoure. Dans le cas sol du parc dominé par de grands arbres. Il met
de Cyrano, le panache c’est aussi la virtuosité, aussi en valeur les personnages. La scène se déroule
l’aisance remarquable à manier la parole et l’épée, à la tombée de la nuit : la fin de la vie de Cyrano
à la fois le courage d’être soi-même et le don de correspond donc à la fin du jour. La lumière du jour
l’éloquence. Le panache, c’est également le fait a baissé et, effectivement, Cyrano ne verra plus la
d’effectuer des gestes héroïques pour la seule lumière. La nuit est assimilée à la mort et l’absence
beauté du geste, en total désintéressement. de lumière signifie absence de vie. Par ce choix
Cyrano explique ainsi sa morale, son élégance – faire se dérouler cette scène dans l’obscurité –, le
morale qu’il signalait dans la scène IV de l’acte I : réalisateur montre son intention de faire de la mort
« Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! de Cyrano un moment harmonieux et symbolique.
Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! » 12. Toute la pièce peut être considérée comme
(v. 19-20). un portrait en actes de Cyrano : ses qualités s’y
8. La mort de Cyrano est en accord avec sa vie. Il révèlent et s’y confirment progressivement. Cyrano
continue à se battre jusqu’à la dernière seconde est apparu tour à tour éloquent, cultivé, fier, hon-
nête, digne, sincère, sensible, courtois, courageux,
contre toutes les bassesses humaines qu’il réprouve
généreux, désintéressé.
(voir réponse à la question 6). Il reste éloquent
Ce qui est important dans la vie, pour Cyrano, c’est
jusqu’à son dernier souffle et exprime avec force et
de vivre avec honnêteté, et d’être fidèle à son idéal,
beauté ce qu’il ressent : « Oui, vous m’arrachez tout,
qui est de combattre pour la vérité et la dignité. Il
le laurier et la rose ! » (v. 28) : le laurier est le sym-
est donc nécessaire de toujours être courageux,
bole du succès, et la rose celui de l’amour. Puis :
brave, de ne jamais faiblir, ne jamais se laisser aller
« Mon salut balaiera largement le seuil bleu » (v. 31) :
aux « compromis » (v. 23).
il rappelle ici l’importance qu’il a toujours accordée
Des exemples de panache dans la vie de Cyrano :
à la beauté du geste, à l’élégance morale.
dans la scène du balcon (p. 122), il fournit tout
9. La parole « Ah ! Monsieur ! on riait ! on riait ! » l’effort d’éloquence mais c’est Christian qui aura
(v. 3) correspond à l’image 2 : l’indice qui permet le plaisir d’embrasser Roxane ; lors de la mort de
Christian (p. 124), il ne révèle pas qu’il est l’auteur ressé : Cyrano aime tant Roxane qu’il respecte
des lettres et c’est vers Christian que vont toute l’amour que la jeune fille éprouve pour un autre.
l’admiration et tout l’amour de Roxane. C’est donc
14. Dans cette pièce où l’on voit mourir deux des
à chaque fois Cyrano qui fait l’effort, qui se montre
trois personnages principaux, l’auteur n’a pas sou-
courageux et généreux, sans en retirer un quel-
haité mettre l’accent sur la mort mais sur la vie. La
conque profit. Juste avant de mourir, il combat
encore les bassesses humaines, il est donc fidèle à pièce est une comédie souvent vivante et joyeuse,
ses idées jusqu’au bout : c’est une attitude coura- avec même des moments drôles, comme la tirade
geuse, admirable même, surtout si elle est vaine. du nez (acte I, scène IV, voir p. 120), avec des situa-
D’autres exemples de panache : les personnes qui tions inattendues et amusantes comme l’usurpa-
en sauvent d’autres au péril de leur vie et ne tion d’identité dont nous sommes témoins dans la
demandent rien en échange (pompiers, parti- scène du balcon (acte III, scène VII, voir p. 122).
culiers…) ; l’appel du 18 juin du général de Gaulle Mais le principal personnage apporte une dimen-
qui continue courageusement de combattre les sion supérieure à la pièce : Cyrano se conduit en
Allemands… véritable héros à de nombreuses reprises. Il ne tra-
hit ni son amitié pour Christian ni son amour pour
13. Cette pièce peut être considérée comme une Roxane, il garde pour lui le secret des lettres et
belle aventure : Cyrano réussit à faire la cour à respecte l’amour de Roxane pour Christian au
Roxane à la place de Christian, il part au front avec détriment de son propre bonheur, il sacrifie ses
lui et participe à une dure bataille, il partage la
sentiments pour le bonheur de celle qu’il aime, il se
peine de Roxane au moment de la mort de Chris-
conduit vaillamment lors de la bataille. Cyrano sus-
tian, il devient l’ami et le confident de la jeune
cite donc l’admiration, ce qui est la caractéristique
femme et meurt dans ses bras.
des héros. La pièce est bien une « comédie héroïque ».
C’est aussi une histoire d’amour : Cyrano est amou-
Le film montre Cyrano tel qu’il est dans la pièce :
reux de sa belle cousine mais son nez lui donne des
spirituel et éloquent (scène IV de l’acte I et scène VII
complexes. Il gagne l’amour de Roxane par son
de l’acte III), généreux, fidèle en amour et en ami-
éloquence (ses paroles, ses lettres) et il est d’autant
tié (scène X de l’acte IV), courageux, énergique et
plus éloquent qu’il est fort amoureux. Il est telle-
ment amoureux de Roxane qu’il ne veut pas lui fidèle à son idéal (scène VI de l’acte V). La scène
faire de la peine en lui avouant qu’il est l’auteur des avec la tirade du nez est filmée de manière vivante
lettres, l’auteur et l’acteur du discours amoureux et amusante : Cyrano joue la comédie pour chaque
sous le balcon. Il accepte pendant des années d’en- ton (voir l’image 4, p. 121), les plans sont variés, les
tendre toutes les louanges imméritées que Roxane costumes contrastés, la foule des spectateurs nom-
adresse à Christian. Mais il gagne l’amour et l’affec- breuse… La scène du balcon met en valeur Roxane,
tion de Roxane dans les dernières minutes de blanche dans la nuit noire, justifiant l’amour que lui
sa vie, Roxane a su la vérité et Cyrano meurt en portent Christian et Cyrano. La mise en scène de la
souriant. bataille fait ressortir la violence des événements (la
C’est enfin une histoire d’amitié : Cyrano ne peut mort de Christian) et celle des sentiments (le déses-
être l’ennemi du garçon qu’aime sa cousine. Chris- poir de Roxane, celui de Cyrano) ; les plans rappro-
tian sera donc pour lui un ami, et Cyrano sera fidèle chés et les gros plans correspondent aux moments
à cette amitié au point qu’il mentira à Christian où les relations et les sentiments entre les person-
pour que le jeune homme meure heureux. nages sont les plus intenses. Dans la dernière
On peut penser que, pour la majorité des élèves, scène, la mise en scène prend scrupuleusement en
c’est l’histoire d’amour qui paraîtra l’aspect le plus compte l’essentiel des didascalies. Le film est donc
important. Il faut bien reconnaître que cette pièce fidèle au genre de la pièce, vivant comme une
montre l’exemple d’un amour absolu et désinté- comédie, héroïque grâce à la présence de Cyrano.
EXEMPLE 1
1 2 3 4 5
LANGUE LECTURE LANGUE LECTURE LANGUE
L’énonciation : C’est un peu court, L’organisation Mon vrai cœur, L’énonciation :
niveaux jeune homme !, des textes : p. 122 énoncé coupé,
Semaine 1 de langue, p. 120 progressions énoncé ancré,
expression thématiques, leçon 32, p. 374
péjorative leçon 30, p. 370
et méliorative,
leçon 33, p. 376
6 7 8 9
LECTURE LANGUE LECTURE Bilan de
Un être Révision des Dans l’ombre la séquence :
Semaine 2
merveilleux, leçons 30, 32, 33 noire, p. 126 Vers le brevet,
p. 124 p. 128 (questions
et rédaction)
10 11
Visionnage Compte rendu
de quelques et correction
Semaine 3
passages du bilan
complémentaires
du film
EXEMPLE 2
6 7 8 9
L’organisation Mon vrai cœur, Suite de la Suite de la
des textes : p. 122 séance 3 : séance 5 :
progressions amélioration prestations
Semaine 2 thématiques, du brouillon, de 8 autres élèves
leçon 30, p. 370 mise au propre
et ramassage
des copies
10 11 12 13 14
L’énonciation : Un être Suite des Dans l’ombre Suite des
énoncé coupé, merveilleux, séances 3 et 8 : noire, p. 126 séances 5 et 9 :
Semaine 3 énoncé ancré, p. 124 compte rendu prestations de
leçon 32, p. 374 et correction 8 autres élèves
de l’ex. 4, p. 111
15 16 17 18
Bilan de la Bilan de Suite des Compte rendu
séquence : la séquence : séances 5, 9, 14, et correction
Semaine 4
Vers le brevet, Vers le brevet, prestations des du bilan
p. 128, questions p. 128, rédaction 8 élèves restants
et réécriture
SÉQUENCE 6
L’argumentation :
exprimer une opinion
Objectifs et contenus
En 6e, 5e et 4e les élèves ont été sensibilisés à L’étude de textes et d’images
l’argumentation, surtout par comparaison avec les L’objectif est de faire découvrir le discours
autres formes de discours ; il s’agissait avant tout argumentatif sous des formes très diverses. Ainsi
d’un repérage avec, éventuellement, en 4e, une les genres sont variés : autobiographie (p. 132,
approche des caractéristiques du texte argumen- p. 140), essais (p. 136, p. 142), article de journal
tatif. En classe de troisième, l’argumentation est (p. 134), conte philosophique (p. 144) et aussi
étudiée en détail et en tant que telle ; un des axes poésie (fable, p. 138 et ode, p. 146). De même
principaux du programme de troisième est en nous avons préféré varier les thèmes plutôt
effet : « la compréhension et la pratique des grandes qu’organiser la séquence autour d’un thème
formes de l’argumentation, qui constituent pour les unique : choix d’une profession, exclusion et com-
élèves l’innovation principale » (Programme de 3e, passion, publicité, tromperie due aux apparences,
partie Objectifs de la classe de 3e). Cette étape et ce loisir, croissance démographique, intolérance, et
travail sont indispensables pour tous les élèves en même une réflexion sur la vie (Ode de Ronsard).
tant que futurs citoyens, et plus particulièrement En variant les thèmes on fait mieux ressortir ce
pour ceux qui poursuivront leurs études : la qu’il y a de commun : le fait d’exprimer un avis, la
plupart des activités qui les attendent (notamment visée argumentative. Quant à l’étude d’images,
en français) sont basées sur l’argumentation. elle porte sur la photographie de presse, genre qui
L’objectif de la présente séquence est d’assurer met en valeur l’engagement, et elle s’appuie sur
une première étape fructueuse dans l’étude et la des documents où l’on voit clairement des person-
pratique de l’argumentation : on s’attachera à nages exprimer leur opinion.
l’identification des arguments, des principaux
procédés de l’argumentation, et surtout on pren-
dra conscience des divers degrés d’engagement
possibles de la part de celui qui argumente Les activités d’expression
(degrés qui se marquent dans les tons). Cette idée Les exercices proposés dans la partie
d’engagement est un des axes majeurs du « S’exprimer à l’écrit » devraient permettre aux
programme de troisième, qui vise à améliorer élèves de « maîtriser l’exposé écrit d’une opinion per-
« l’expression de soi » et « la prise en compte sonnelle », selon les termes mêmes du pro-
d’autrui ». La présente séquence, qui porte seule- gramme. Rappelons que celui-ci précise, dans la
ment sur l’expression d’une opinion, privilégie partie Textes à écrire, que le but est de parvenir à la
donc « l’expression de soi », la séquence suivante « présentation d’une prise de position étayée par un
mettra l’accent sur l’échange argumentatif et argument concret (par exemple, un fait historique…)
ajoutera donc « la prise en compte d’autrui ». et un argument abstrait (raisonnement). Cette
Notons que la présente séquence marque une compétence est à maîtriser en fin de 3e. »
étape importante dans le développement intellec- C’est le même but qui est poursuivi dans la
tuel des élèves : en effet on privilégie désormais partie « S’exprimer à l’oral ». Les exercices portent
le logique sur le chronologique (principale sur l’« expression d’une opinion personnelle » et font
dimension de la narration) ou le spatial (élément écho aux exercices écrits. Aussi bien pour la récep-
important dans la description). L’argumentation tion (étudier des textes) que pour la production
privilégie les idées, donc demande un effort (écrire, parler), et pour le lien entre les deux, cette
d’abstraction, de généralisation : ces caractéris- séquence particulièrement cohérente devrait assu-
tiques seront pour les élèves des nouveautés, et rer une bonne maîtrise du discours argumentatif
parfois des difficultés. par les élèves.
slogan qui apparaît toujours dans la partie recyclage apparaît comme une solution mais il
inférieure de l’affiche, sur fond blanc, formule en nécessite la contribution de tous. Il est donc essen-
quatre mots l’idée exprimée par l’image. Cette tiel que des campagnes publicitaires aient recours à
composition simple a un fort impact visuel, elle des visuels simples et efficaces, compréhensibles par
présente aussi l’avantage d’être aisément compré- tous, qui fassent comprendre l’importance du tri
hensible. Grâce à ces quatre affiches, sont mis en puis du recyclage. Ainsi chaque citoyen est claire-
relation le geste que doit faire le citoyen dans sa vie ment incité à s’impliquer dans une démarche qui
quotidienne et le bénéfice qui en résultera. permettra de préserver les ressources naturelles et
4. On laisse un temps de réflexion aux élèves, puis l’environnement. Ces affiches, habilement conçues,
on compare les réponses de plusieurs d’entre eux. devraient jouer leur rôle et convaincre le grand
Le consensus devrait se faire sur le fait que les public en rappelant « les bénéfices environnementaux
déchets posent effectivement problème. Leur du geste de tri » (source : Eco-Emballages).
football en tête ; ils sont « à l’écart de la vraie vie » (l. Rocheteau met en avant recoupent plus ou moins
29). Pour la plupart d’entre eux, ils ont tout sacrifié la formation qu’il a lui-même reçue. Pourtant, il ne
à leur passion « en vain » (l. 12). Enfin, ils connais- tire pas de son cas particulier une loi générale,
sent une difficile réintégration quand ils sont ren- mais tend simplement à dire qu’il existe d’autres
voyés chez eux : « c’est un joli gâchis » manières de former des joueurs de football, et
(l. 31) ; en effet un tel échec est difficile à vivre pour qu’elles causent moins de souffrance.
des êtres jeunes : « Pour eux, c’est un constat d’échec Son exemple a enfin valeur d’autorité car
terrible » (l. 35-36). Rocheteau a été un grand joueur de football,
notamment au sein de l’équipe de France. Ce qu’il
6. Comme expression permettant de résumer le
dit a de la valeur.
point de vue de l’auteur, on pourra accepter : « Ils
Rocheteau cite l’exemple de son propre parcours à
auront tout sacrifié en vain pendant ces années-là. »
ce moment-là du texte car il préfère commencer
(l. 12), « c’est un joli gâchis » (l. 31), « Il faudrait
qu’ils arrêtent [les clubs pros] de leur faire miroiter par réfléchir de manière générale sur ce problème
une carrière de rêve » (l. 41). Et surtout : « Je ne suis du recrutement des jeunes avant d’exposer
pas satisfait du fonctionnement actuel des centres de son cas personnel. Sa modestie le pousse à se
préformation » (l. 41-42). On acceptera toute présenter comme un cas parmi d’autres, un cas de
phrase qui, d’une manière assez générale, révèle la formation réussie, il est vrai. Cette modestie, et le
vision critique de l’auteur sur la formation actuelle fait qu’il glisse son histoire après le constat de la
des jeunes footballeurs, et qui en souligne les situation qu’il dénonce, correspond tout à fait à sa
conséquences néfastes. personnalité. Il était surnommé « l’ange vert »,
célèbre pour ses buts mais aussi pour son
7/a. Les verbes au conditionnel sont : « aimerais » fair-play ; il a été pendant des années l’attaquant
(l. 39), « faudrait » (l. 41), « faudrait » (l. 43). Ce le plus admiré de l’équipe de Saint-Étienne et de
mode est employé ici pour indiquer un souhait : l’équipe de France car il a joué brillamment sans
ces verbes insistent en effet sur ce que l’auteur du être prétentieux, violent ou malhonnête. Et c’est à
texte souhaiterait voir mis en place. Ce mode cause de ses qualités humaines qu’il a été choisi
exprime ici des actions qui ne sont (pour le comme président du Conseil de l’éthique.
moment) que dans l’imagination, pas dans la
réalité (voir p. 310 du manuel). L’expression du 9. Bien que ce texte ne comporte aucun
souhait est ici d’autant plus forte que ces verbes paragraphe, son organisation est claire. À ce
sont placés en début de phrase, et que « faudrait » propos, on pourra faire remarquer aux élèves que
est répété. le manque de paragraphe rend la lecture de ce
b. On peut distinguer trois propositions de texte un peu plus difficile alors que le style est
l’auteur concernant la formation des jeunes souvent oral, le niveau de langage courant, et
joueurs. Il souhaiterait que les clubs « soient un peu même parfois familier.
plus sélectifs » (l. 40-41), qu’« un âge minimum » On peut délimiter quatre parties ; on acceptera
(l. 44) soit instauré pour aller dans un centre de toute proposition qui montre que l’élève a bien
préformation, et que les jeunes restent plus long- repéré l’organisation globale du texte dont la
temps dans leur famille pour continuer à étudier problématique est : comment améliorer la forma-
sans tout miser sur le football : « Le plus important tion des apprentis footballeurs ?
c’est de le laisser évoluer et grandir dans son milieu – Le constat : une vie difficile pour les apprentis
d’origine » (l. 44). footballeurs : l. 1-15 ;
– Les causes de cette situation : l. 15-22 ;
8/ a. Dominique Rocheteau évoque son propre – Les conséquences pour trop de jeunes : l. 22-39 ;
parcours une fois qu’il a énuméré ses propositions – Les remèdes proposés, avec l’exemple du propre
en vue d’améliorer la situation. Son propre
parcours de Rocheteau : l. 39-54.
parcours est donc évoqué dans la dernière partie
de ce texte, à partir de la ligne 46. 10. On sent tout au long de ce texte une
b. Il apparaît logique que Rocheteau évoque son véritable préoccupation et même une grande
expérience personnelle à la suite de ses propositions tendresse pour ces jeunes joueurs. On peut le noter
pour améliorer la situation. Il s’agit d’un exemple à travers le choix des mots pour les désigner : « les
illustratif qui introduit une référence concrète : celle- gamins » (l. 6), « leurs rêves de gosse » (l. 11-12),
ci prouve qu’on peut devenir un joueur de haut « les mômes » (l. 24). Toute la force du réquisitoire
niveau sans intégrer un centre de formation très tôt. de Rocheteau tient à la description qu’il fait de la
L’auteur choisit pour illustrer son propos un exemple vie gâchée de la plupart de ces jeunes. Le texte se
qu’il connaît bien : lui-même. concentre sur eux, sur leurs souffrances plus qu’il
Cet exemple n’est pas seulement illustratif, il est ne s’emporte contre le système qui les détruit, mais
aussi argumentatif. En effet les propositions que le constat en apparaît d’autant plus terrible, le
scandale plus insupportable. Rocheteau pense que sément un sport, sans parler du dopage qui fait
ces jeunes joueurs sont des victimes innocentes. souvent la une de la presse.
Ces jeunes sont comme punis d’avoir voulu être
13. Modalités. Cet exercice peut être réalisé à
footballeurs ; certains ont le sentiment d’une vie
l’écrit et à l’oral. Dans ce dernier cas, on peut par
détruite parce qu’ils ont trop aimé le football, trop
exemple laisser un temps de réflexion aux élèves
rêvé du football ! On pourra prendre pour exemple
puis interroger plusieurs d’entre eux. La réflexion
actuel le parcours de Ribéry, de plus en plus
sur le métier rêvé s’inscrit dans la recherche d’une
célèbre, qui joue au Bayern de Munich et qui pour-
orientation réaliste, une des préoccupations
tant a été renvoyé, jeune, de l’un de ces centres.
majeures pendant la classe de troisième. C’est,
11. Le photographe a mis en valeur les joueurs en pour les jeunes adolescents, le moment de passer
les présentant tous en premier plan, sur un fond du rêve à la réalité, et le texte de Rocheteau, par
clair et uni. Il fait ressortir l’enthousiasme en son sujet et sa sincérité, fournit pour un tel passage
choisissant un plan d’ensemble où les enfants sont une aide précieuse.
tous en mouvement. Au sujet de ces enfants d’une
dizaine d’années en train de jouer au football, la LA VIE DES MOTS
légende nous précise qu’il s’agit d’une photogra- – Mots appartenant au champ lexical de
phie prise en Zambie, dans un quartier pauvre ; l’échec dans le texte : « renoncer » (l. 11), « sacri-
cette pauvreté se lit dans les habits des enfants, fier » (l. 12 et 50), « bousiller » (l. 26), « gâchis »
leurs pieds nus, le mur jaune taché et abîmé de la (l. 31), « échec » (l. 36), « erreur » (l. 43),
maison en arrière-plan, et le ballon petit et dégon- « échoue » (l. 54).
flé. Pas de but, pas de terrain de jeu, du sable au – D’autres mots appartenant au champ lexical de
lieu d’une pelouse, et ce vieux ballon crevé. Mais l’échec : insuccès, défaite, revers, déception, désap-
dans leurs attitudes, leurs gestes, on note une pointement, déconvenue, déboire, fiasco, faillite ;
grande concentration, et six d’entre eux partici- frustrant, insatisfaisant ; perdant, victime ; échouer,
pent directement à l’action ; ils ont le corps tendu manquer, rater, perdre. Et des expressions en
vers la balle et leurs silhouettes rappellent d’une langage courant : avoir le dessous, faire chou blanc,
manière étonnante les mouvements habituels des être bredouille, ou en langage familier : ramasser
joueurs professionnels lors de grands matchs. Cette une veste, être collé, être recalé.
photo correspond au texte de Rocheteau car elle – L’apparition sur scène du groupe Splash, et ses
valorise le plaisir de jouer, l’amour du football, et chansons, fut l’apothéose du festival ; on n’entendit
les « gosses », bien loin de l’atmosphère compé- rien de mieux, ni avant, ni après.
titive et mercantile dénoncée dans le texte. Ce jeune coureur cycliste avait connu bien des
12. Modalités. L’exercice peut être réalisé aussi succès, mais sa première place au tour de France
bien à l’oral qu’à l’écrit. On pourra faire remarquer marqua sa consécration.
aux élèves que, pour atteindre un bon niveau, il est Après la victoire en finale de notre équipe, l’entraî-
souvent nécessaire, pour les langues, pour la neur fut porté en triomphe par tous les joueurs.
musique, pour certains sports, de suivre une forma-
tion précoce. Par exemple, c’est non seulement
pour améliorer l’apprentissage des langues en
France que l’étude de l’anglais a été introduite à
Des sociétés
l’école primaire mais aussi parce que des études sans compassion p. 134
scientifiques ont montré que c’était avant 11 ans
qu’un enfant pouvait le mieux profiter de cet Ce texte de Jean-Claude Guillebaud pourra
apprentissage. Il faut remarquer que ce n’est pas la paraître difficile d’accès notamment à cause de
précocité de l’apprentissage qui est dénoncée par l’abondance de mots abstraits (société, sollicitude,
Rocheteau mais les conditions dans lesquelles cet culture, sensibilité, sensiblerie, etc.), ainsi que par le
apprentissage est opéré, les illusions entretenues, nombre des domaines concernés et l’ampleur du
l’éloignement trop tôt de la famille, les manipula- sujet (économie, sport…). D’où l’importance particu-
tions dont sont les victimes les enfants. Ce qu’il lière accordée au vocabulaire pour l’étude de ce texte :
dénonce pour le football est vrai pour d’autres notes nombreuses en marge, questions alliant mots
sports, pour la musique, les arts (la danse, le et idées au début du questionnaire. Cette difficulté
cirque…), pour tous les domaines où l’excellence due aux mots et aux idées ne fera que rendre plus
est difficile à acquérir, où l’argent peut intervenir. évidente la nécessité d’exemples concrets dans un
Beaucoup d’articles de journaux et de magazines texte argumentatif.
évoquent maintenant les problèmes physiques Signalons que ce texte figure dans sa quasi-
dont souffrent les jeunes qui pratiquent trop inten- intégralité.
tombe dans la « barbarie ». Le manque de compas- les intégrant dans son texte, les objections qui
sion doit nous alerter, comme pourrait le faire un pourraient être exprimées. On remarque aussi
baromètre à l’approche de la tempête. qu’un texte argumentatif est un texte d’idées, d’où
l’abondance de mots abstraits, et la présence de
10. Des indices de modalisation dans le dernier
liens logiques et non chronologiques.
paragraphe : « c’est le meilleur baromètre » (l. 35),
« le vrai degré » (l. 35), « à coup sûr » (l. 36). 15/a. L’intention de Jean-Claude Guillebaud en
Ces indices prouvent que l’auteur est certain de ce écrivant cet article semble être la suivante : alerter
qu’il avance. ses contemporains sur le manque de compassion
dont souffre notre société. Il veut nous faire réagir
11/a. Ce texte, ainsi que l’indique le paratexte,
car ce manque révèle peut-être que nous sommes
est un article du quotidien Ouest-France. Il est donc
en train de sombrer dans la « barbarie ».
destiné aux lecteurs de ce journal. Il s’agit d’un
large public, puisque ce quotidien régional est b. D’après ce texte, l’auteur semble avoir une
très lu. vision pessimiste du monde contemporain. Ce
b. Cet article a toutes les chances de convaincre le monde lui semble très dur et particulièrement peu
public : il porte sur un sujet sensible, un problème soucieux des difficultés des plus faibles. Les termes
actuel, il nous incite à la réflexion. Le style de d’« exaltation infantile du chacun pour soi » (l. 36)
l’article est simple. L’auteur s’appuie sur des et de « rapacité généralisée » (l. 36) sont particuliè-
exemples concrets, sur des constats que chacun rement péjoratifs, ils soulignent l’égoïsme et
peut faire dans sa vie quotidienne ; les domaines l’individualisme ambiants. Le mot « barbarie »,
évoqués sont variés et l’auteur prend soin de réfu- auquel est adjoint l’adjectif tout aussi péjoratif
ter les arguments qu’on pourrait lui opposer, ce « ratatinée », dénonce une société qui semble à
qui renforce sa thèse. l’opposé de l’idéal de civilisation et de solidarité
dont elle se réclame pourtant, comme le rappelle
12. « Le quotidien », c’est la vie de tous les jours ; « le beau mot de fraternité » (l. 9).
il s’agit ici de celle que mènent « les perdants »
(l. 27), les plus pauvres. La vie quotidienne de ces 16. On peut préparer la réponse à cette question
exclus est « morne », c’est-à-dire triste, car elle est par une brève analyse de l’image. Au premier plan
très difficile, et de surcroît ennuyeuse, sans réel à droite, on voit un personnage agenouillé, les
intérêt. Les actions exceptionnelles comme celle du mains sur le sol, ses béquilles reposant sur ses
Téléthon, les aides apportées par les associations, épaules. Il s’agit vraisemblablement d’une femme
ont un effet ponctuel mais ne parviennent pas à car ce personnage porte un fichu sur la tête. La
améliorer véritablement l’existence des plus scène se déroule en hiver. Pour lutter contre le
démunis. L’auteur souligne la difficulté de leur vie froid, la femme porte des vêtements épais, qui lui
quotidienne en employant le nom « dureté » qui a donnent une apparence massive. Sur le sol, un
un double sens, abstrait et concret : est dur ce qui carton la protège du contact avec la chaussée
résiste, que l’on ne peut briser. Il figure ainsi enneigée. Le visage de la femme n’est pas visible.
l’obstacle auquel se heurtent les « exclus », un Pourtant tout nous émeut chez ce personnage : sa
obstacle que rien ne peut détruire. posture, avec le dos courbé et la présence des
Sont victimes de cette dureté tous ceux qui sont béquilles, qui suggèrent une infirmité rendant tout
démunis, les pauvres qui, par exemple, doivent se travail impossible, sa proximité avec la neige, qui
nourrir grâce aux Restos du cœur, les malades, rappelle que le froid est rude et parfois meurtrier
comme le suggère l’exemple du Téléthon, tous pour qui doit rester dehors, et enfin l’objet (peu
ceux qui n’ont pas eu de chance, les plus faibles visible) placé devant elle, destiné à recueillir l’au-
de notre société qui se trouvent parfois en très mône des passants. Cette femme, justement parce
grande difficulté et dont la société ne se préoc- qu’on ne voit pas son visage, nous apparaît ici
cupe pas autant qu’elle le devrait, selon l’auteur. comme le symbole même de la misère. Elle est à
terre, comme vaincue par la vie. Les passants
13. La phrase qui résume l’opinion de l’auteur est : marchent, emmitouflés, têtes couvertes. Eux aussi
« La compassion, c’est le meilleur baromètre pour
ont froid mais ils ne semblent pas remarquer la
mesurer le vrai degré de civilisation d’une société »
présence de la mendiante sur le sol : aucun visage
(l. 34-35).
ne se tourne vers elle. Ils sont montrés de dos, tous
14. D’après cet article de journal, on comprend vêtus de sombre, s’éloignant déjà, avançant d’un
qu’un texte argumentatif est un texte qui cherche pas vigoureux. Eux aussi apparaissent comme des
à convaincre. L’auteur dit ce qu’il pense sur un symboles : droits, et non courbés comme la
sujet, il expose sa thèse, et il s’appuie sur des femme, ils semblent poursuivre leur chemin dans
arguments et des exemples. Pour emporter l’adhé- la vie sans s’occuper de ceux qui ont dû rester sur le
sion du lecteur on peut aussi réfuter par avance, en côté. Ils symbolisent l’indifférence, que fustige
Jean-Claude Guillebaud dans son article. L’indiffé- Godard permet d’aborder d’une manière adroite
rence des passants est donc rendue plus cruelle par l’argumentation par le raisonnement grâce à un
le fait qu’ils sont tous debout, qu’ils sont plusieurs, thème qui intéresse les élèves (la publicité) et avec un
et qu’ils tournent le dos à la femme qui, elle, est à ton qui les interpellera.
terre, seule. L’auteur s’en tient à une réflexion générale
(aucune marque précise n’est citée, tout au plus
17. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit quelques exemples d’objets au début du texte), d’où
ou à l’oral. L’élève qui s’exprime devra faire
un bon nombre de mots abstraits (processus d’achat,
apparaître clairement la thèse défendue, qu’elle espaces publicitaires, coût, audience, théorie, stimu-
s’oppose ou non à celle de Jean-Claude Guillebaud, lation, etc.). On n’hésitera pas à prendre le temps
et recourir à des exemples variés. nécessaire à l’explicitation d’un tel vocabulaire.
Par exemple : la compassion, loin de disparaître ou
d’avoir disparu, existe bel et bien dans nos Réponses aux questions
sociétés. On le voit d’abord à travers la diversité
des aides de l’État qui a prévu de soutenir les plus 1. C’est la phrase c qui résume la thèse de
faibles avec un revenu minimum (RMI), une l’auteur : « La publicité est nécessaire mais chacun
couverture sociale universelle (CMU). On le voit doit réfléchir à ce dont il a vraiment besoin. »
ensuite avec les initiatives des associations qui, loin 2. En disant « vous » l’auteur s’adresse au lecteur,
d’être marginales, sont nombreuses et indispen- c’est-à-dire au consommateur de publicité et au
sables. Ces associations bénéficient de l’aide consommateur potentiel de produit.
constante de nombreux donateurs. Beaucoup de
personnes, dès qu’elles en ont le temps (à la 3. Il faut que « quelque chose déclenche le
retraite par exemple), s’engagent dans l’action processus d’achat » (l. 8) pour que nous, les
caritative pour se consacrer à l’aide de personnes consommateurs, achetions les produits, sans réflé-
malades ou démunies et agissent quotidienne- chir longtemps, sans les essayer, et que nous nous
ment auprès de ceux qui en ont besoin dans des tournions même vers de nouveaux produits. La
proposition qui l’indique est « comme on ne peut
domaines variés comme celui de l’éducation (avec
pas acheter toujours les mêmes choses, ni essayer
l’aide aux devoirs), de la santé (comme les méde-
tous les produits » (l. 7-8) ; cette proposition
cins retraités au service de l’association Médecins
exprime une cause.
du Monde), de la culture, des loisirs (initiatives du
Secours Populaire pour permettre à des personnes 4/ a. Non, l’auteur ne cite pas précisément de
d’aller au spectacle ou en vacances). Se mobilisent marques car il se situe à un niveau plus abstrait, il
également des personnalités des milieux artis- généralise pour mener un raisonnement sur le rôle
tiques, qui, ayant eu la chance de connaître le de la publicité et non sur certaines marques. De
succès, souhaitent aider ceux que le sort a plus, évoquer des marques précises ancrerait son
moins favorisés. Les spectacles, au profit de Sol en propos dans une époque déterminée, ce qu’il veut
Si (Solidarité Enfant Sida) ou des Restos du cœur visiblement éviter, et risquerait de détourner l’at-
par exemple, ont toujours beaucoup de succès. tention du lecteur de l’essentiel, la thèse
Lorsqu’on constate l’importance des aides, la défendue.
mobilisation des bénévoles et du public, et même b. L’auteur ne cite pas non plus d’exemples de
l’influence toujours agissante de personnes produits, et il ne donne aucun prix, et cela pour les
disparues mais qui ont grandement œuvré pour mêmes raisons que celles indiquées en a.
les plus pauvres, comme Coluche ou l’abbé Pierre, 5. Dans ce passage (l. 14 à 19), le conditionnel
il est permis de penser que la compassion, c’est-à- exprime d’abord l’hypothèse, il indique des actions
dire l’attention aux autres et à leurs souffrances, dépendant d’une condition : « Et si nous imaginions
est encore présente dans notre monde. un moment » (l. 14). Pour conduire son raisonne-
ment, l’auteur fait donc ici une supposition
La publicité est-elle (l’inexistence de la publicité) et voit ce qui en
résulterait. Le conditionnel marque aussi la prise de
indispensable ? p. 136 distance de l’énonciateur par rapport à ce qu’il dit ;
il explore une piste intéressante mais il s’en
Ainsi que le précise le programme, on a soin de démarque visiblement, sûrement parce qu’il la juge
montrer aux élèves des textes argumentatifs fonc- trop loin de la réalité : « En théorie, les marchandises
tionnant sur des arguments abstraits (argumenta- coûteraient moins cher puisque le coût de la publicité,
tion par le raisonnement) et d’autres, fonctionnant qui fait partie du prix du produit, serait réduit à zéro.
grâce à des arguments concrets (c’est-à-dire à l’aide Mais ce ne serait pas la seule conséquence : certains
d’un ou plusieurs exemples). Ce texte de Philippe prétendent que la consommation chuterait parce qu’il
n’y aurait plus ces stimuli qui nous poussent à acheter. 9. Face à la publicité, c’est surtout le consomma-
Les produits coûteraient donc plus cher à fabriquer teur – c’est-à-dire nous – qui doit être en alerte et
puisqu’il s’en vendrait beaucoup moins » (l. 15-19). réagir. Le consommateur n’a finalement « qu’un
Le choix du mode verbal est donc bien ici seul moyen de [s’] exprimer » (l. 29-31) : prendre
révélateur de l’opinion de celui qui s’exprime, conscience de ses vrais désirs, de ses vrais besoins,
l’auteur, et de sa façon d’argumenter (raisonner en et ainsi exercer sa liberté de choix « en décidant
faisant des suppositions). d’acheter ou non le produit ». Pour résumer, l’auteur
de ce texte nous conseille de tenir le moins possible
6. Ce passage (l. 14-19) est essentiel dans le rai- compte de la publicité, de l’ignorer au maximum
sonnement de l’auteur car il y fait une supposition
et d’acheter selon nos réels besoins.
importante : il envisage la disparition de ce qui
pose problème, de ce qui est tellement décrié, 10. Ces deux affiches font la publicité d’un
la publicité. C’est logique. La publicité est-elle réfrigérateur et d’un baladeur numérique. D’après
indispensable ? Pour voir si elle ne l’est ou pas, il est ces affiches, il semble que la principale qualité des
logique d’envisager le cas où elle n’existerait pas : produits présentés est de rendre heureux celui qui
on constate alors quelles seraient les conséquences les utilise : les personnages ont une attitude et des
favorables ou défavorables. Pourrions-nous nous gestes qui montrent qu’ils sont heureux, à l’aise.
en passer ? Est-ce que les entreprises et les 11. Dans l’affiche qui présente le baladeur, il n’y a
particuliers y gagneraient ? Etc. pas de texte, juste une image. Ceci peut faire
7. La progression du raisonnement : douter au premier coup d’œil qu’il s’agisse d’une
a. la liberté du consommateur : le quatrième et publicité, et justement retenir notre attention. Notre
dernier paragraphe. regard sera cependant vite attiré au centre de
b. la relation entre la publicité et le coût des l’image par une petite tache blanche, reliée par des
produits : le troisième paragraphe. écouteurs à l’oreille du danseur : il s’agit d’une cam-
c. le but et le coût de la publicité : le deuxième pagne publicitaire pour l’iPod, le baladeur d’Apple.
paragraphe. Et que voit-on ? Cadrée en plan rapproché, la
silhouette d’un homme qui danse sur un fond évo-
8. L’auteur du texte semble plutôt être contre quant un coucher de soleil, peut-être sur une plage.
la publicité. En effet de nombreuses réflexions Les couleurs chaudes et dégradées, la silhouette
au cours de son raisonnement indiquent cette avec son chapeau et les maracas, l’image tout
position explicitement ou implicitement. D’abord, entière semble vibrer au son d’une musique latine.
l’auteur souligne que, pour le consommateur, la Cette affiche publicitaire, sans accroche ni slogan,
publicité ne présente pas un grand intérêt puis- n’a pu être conçue ainsi que parce qu’il s’agit d’un
qu’elle n’apporte pas de réelles informations sur le produit déjà célèbre, dont le nom propre même,
produit. Il présente ensuite la publicité comme une « iPod », tend à devenir un nom commun, bon
« arme » dans la guerre sans merci que se livrent les nombre de personnes l’utilisant d’ailleurs à la place
marques où « tous les coups sont permis » (l. 26-27). du mot « baladeur ». Cette campagne publicitaire
Enfin, il termine son argumentation en dénonçant joue de cette célébrité, en fait une arme, pour inciter
clairement le discours souvent superficiel et mani- ceux qui ne possèdent pas encore ce baladeur à
pulateur des publicitaires : « manipule » (l. 35), l’acquérir au plus tôt : bien que discret, il rendrait la
« discours superficiel » (l. 36-37), « sous son vernis » vie tellement plus belle ! Les principales qualités de
(l. 38). Il s’adresse directement au consomma- cette affiche sont donc la sobriété, la simplicité, le
teur pour que celui-ci réagisse et ne se fasse pas dynamisme, l’originalité.
abuser par la publicité : « vous » (l. 34) ; il use à L’affiche publicitaire de la page 137 est beaucoup
l’égard du consommateur de plusieurs injonctions plus ancienne, l’étude en est d’autant plus
(trois verbes à l’impératif) : « oubliez » (l. 33), intéressante et pourra amuser les élèves. D’abord,
« faites abstraction » (l. 35 -3 6), « retrouvez » (l. 37). on peut remarquer que la stratégie adoptée est
Remarquons que, sur le plan de l’énonciation, sensiblement la même que pour la publicité
lorsque l’auteur présente la publicité comme un précédente : montrer que l’utilisation de cet appa-
mal nécessaire, il prend ses distances par rapport à reil concourt au bonheur, et particulièrement ici
son propre énoncé, emploie le conditionnel avant au bonheur de la femme au foyer (comme
de terminer sur un ton sarcastique en faisant pré- l’atteste le tablier qu’elle porte). C’est un dessin
céder le mot « publicitaires » par des points de sus- dont le graphisme est « daté » : celui des années
pension, et en le faisant suivre d’un point d’excla- 1950-1960. Là aussi, l’affiche se distingue par ses
mation : « Aujourd’hui, la publicité est une nécessité, couleurs vives, sans être criardes ; et l’objet dont
pour les acheteurs et les vendeurs, disent la plupart on veut vanter les qualités se détache au deuxième
des entreprises et… les publicitaires ! » (l. 23-24). plan par sa blancheur sur un fond ocre. On ne voit
rien d’autre dans la cuisine, sinon à l’arrière-plan – indispensable : dont on ne peut se passer,
une figure masculine, certainement celle du mari, essentiel, obligatoire.
qui se détache sur un paysage. L’époux, dont on Il peut être intéressant d’organiser en classe un
peut supposer qu’il a offert le réfrigérateur à sa dialogue argumentatif sur la différence entre ces
femme, la regarde tendrement, tandis qu’elle- trois termes, pour permettre de réfléchir sur sa vie
même tourne le dos à l’appareil, le regard dirigé quotidienne. Qu’est-ce qui dans la vie des élèves
vers l’observateur de l’affiche. Les bras levés, leur paraît indispensable, nécessaire, utile ? Ils
frottant ses mains de contentement, elle semble devront tenter de trouver des arguments et des
prendre cet observateur à témoin de la beauté et exemples pour justifier leurs choix.
de la fonctionnalité de son « frigidaire » dont les
14. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
portes ouvertes laissent voir comme il peut être à
ou à l’oral.
la fois bien rempli et bien rangé. On notera
Question a : il s’agit de la question posée par le
surtout le geste exalté, le grand sourire de la
texte de Philippe Godard. Pour aider les élèves à se
femme, la première satisfaite par son réfrigérateur.
former leur propre opinion, on peut leur conseiller
Les principales qualités de cette affiche sont donc
de prendre appui sur ce texte comme point de
sa composition, sa clarté, son dynamisme.
départ, de se déterminer par rapport aux argu-
Ces deux publicités mettent donc en avant
ments relevés. Il est possible aussi, si on l’a étudié
l’utilisateur, car elles le représentent : elles
avant, de relire le texte de Perec sur la lecture des
cherchent à montrer que le produit en question a
quotidiens (voir p. 162 du manuel) ou de le lire à
vraiment le pouvoir de changer la vie de son utili-
ce propos pour se demander si l’on ne peut pas
sateur en participant grandement à son bonheur.
faire un parallèle entre les deux textes. On se
Remarque : ces deux publicités offrent l’occasion
demandera alors si la publicité ne nous empêche
d’expliquer aux élèves un phénomène linguis-
pas de réfléchir sur nous-mêmes, sur ce qui est
tique, le changement de classe grammaticale qui
essentiel pour nous, dans notre vie, et s’il serait
conduit du nom propre au nom commun. En
possible de vivre indépendamment des diktats des
effet, et c’est un autre trait commun entre l’iPod
publicitaires et de la mode, auxquels, on le sait, les
et le Frigidaire, ces deux noms de marque sont
adolescents sont très sensibles.
devenus des noms d’objet. Frigidaire était d’abord
Question b : pour cette question, on réfléchira à
le nom d’une marque qui s’est tellement répandue
partir du terme importance. Importance pour vivre
que le nom propre est devenu un nom commun,
tous les jours (par rapport à nos besoins de tous
synonyme de réfrigérateur. Dans le langage fami-
ordres), pour être à l’aise avec les autres
lier, il est utilisé surtout sous le terme de « frigo ».
(modes…), pour l’agrément esthétique (attrait des
12/a. Le but d’une affiche publicitaire est de faire spots ou affiches ou encarts publicitaires) ? Etc.
vendre un produit, et le plus possible. Les publici- Question c : ce sujet est susceptible d’intéresser la
taires essaient de découvrir les arguments les plus plupart des élèves, de plus la recherche des causes
pertinents pour toucher les personnes susceptibles est toujours importante à développer. On peut aussi
d’être visées par leur campagne, le plus large initier une réflexion sur l’importance des différents
public possible. Ce public est la cible sur laquelle supports publicitaires : quels sont ceux dont les
on veut agir. publicités influencent le plus les adolescents, et
b. Pour atteindre ce but, une affiche doit d’abord dans quel domaine ? Si certains pensent ne pas être
attirer le regard, d’où l’importance du choix des sensibles à la publicité, les faire réfléchir pour se
couleurs, du graphisme, du slogan… Les publici- demander si on peut vraiment y échapper dans le
taires rivalisent d’ingéniosité pour surprendre à monde actuel ! Il pourra également être utile de
tout prix, quitte à choquer parfois. L’affiche publi- faire un parallèle entre publicité et mode, de
citaire doit aussi mettre en valeur le produit et réfléchir à leurs relations.
convaincre celui qui la regarde que ce produit lui
est nécessaire. Pour cela l’affiche peut suggérer LA VIE DES MOTS
que sa vie sera plus belle, plus facile, plus légère, 1. d ⵑ 2. a ⵑ 3. f ⵑ 4. b ⵑ 5. c ⵑ 6. g ⵑ 7. e.
plus intéressante avec ce produit.
13. Entre utile, nécessaire et indispensable, il y a
une différence de degré.
Le Cochet, le chat
– utile : qui peut servir ; dont l’usage, l’emploi est et le souriceau p. 138
ou peut être avantageux, et satisfaire un besoin.
– nécessaire : qui est très utile, s’impose, dont on La fable offre un cas particulièrement probant
ne peut se passer vraiment sans y perdre quelque d’argumentation par l’exemple (notons que celui-ci
chose d’important. est parfois appelé argument concret dans le
Dans cette intervention initiale, le narrateur 13. D’après ce qui est dit du chat dans cette
précise qu’il cède la parole au souriceau qui fable, on comprend que l’hypocrisie consiste à
devient le propre narrateur de son histoire (v. 3). dissimuler ses intentions, à ne rien laisser paraître
– Du vers 15 au vers 17 : dans cette seconde de sa nature véritable, à tromper les autres pour
intervention, le narrateur donne au lecteur la mieux parvenir à ses fins. On pourra rappeler
clé de l’énigmatique description faite par le l’origine grecque du mot, qui signifie « jeu de
souriceau ; ce que le souriceau a vu n’était qu’un l’acteur », hypocrite signifiant étymologiquement
jeune coq. Le narrateur nous invite à sourire de « celui qui répond », c’est-à-dire l’acteur de théâtre.
l’ignorance du souriceau qui dépeint un animal
14. Le fabuliste met en garde ses lecteurs contre
bien connu de tous comme une créature venue
les jugements hâtifs fondés sur la seule apparence.
d’un autre continent.
Dans cette fable on voit que de telles erreurs de
10. On ne sait pas où et quand se passe cette jugement peuvent avoir de graves conséquences.
histoire. Il s’agit certainement d’une cour de ferme, Se fier aux apparences représente donc une erreur
si l’on veut accepter un minimum de vraisem- et un danger. La Fontaine s’adresse surtout aux
blance et croire possible la rencontre de ces trois jeunes, aux personnes qui n’ont pas encore
animaux. Ces animaux n’ont pas d’identité précise, l’expérience de la vie, car ce sont elles qui sont les
aucun nom ne leur est donné. L’effet produit est plus vulnérables.
que ce ne sont pas les circonstances précises de
15. L’animal le plus dangereux semble être le
l’histoire qui comptent, mais la signification de
chat : c’est lui qui est le plus proche du souriceau et
cette histoire, et afin d’être valable pour tous les
il peut bondir à tout instant.
lecteurs à toutes les époques, l’histoire doit être
généralisée, les personnages ne sont pas là à titre 16. Le dessinateur montre le coq immobile et
individuel, mais ils représentent leur espèce. Grâce non en mouvement comme dans la fable, le
à de tels procédés, l’histoire débouche sur un volatile a cependant le bec ouvert. En revanche, le
propos de portée générale, transposable à toutes chat correspond bien à la description du fabuliste :
les époques et à tous les lieux. « marqueté, longue queue, une humble contenance »
(v. 26). Pour ce qui concerne le décor, fabuliste et
11. Plusieurs procédés participent à la personnifi-
dessinateur sont à l’opposé l’un de l’autre : La
cation des animaux : ils sont dotés de la parole, ils
Fontaine n’a rien indiqué au sujet du décor, alors
éprouvent des émotions et des sentiments, telles la
que Gélibert a représenté un décor précis avec de
surprise, la peur chez le souriceau. Ils sont même
nombreux détails : mur, barrière, herbe et arbustes,
capables de comportements humains comme la
ustensiles divers.
ruse, on note ainsi le « modeste regard » du chat qui
a « pourtant l’œil luisant » (v. 27). Le souriceau et la 17. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
mère Souris raisonnent, argumentent. Les animaux ou à l’oral. On conseille un récit en deux étapes, la
sont donc ici de véritables personnages. Ils n’ont première montrant la personne telle qu’on la juge
cependant pas de nom, de prénom ; la majuscule d’après son apparence (par exemple : franche,
(Cochet, Souriceau, Chat) leur confère toutefois une amicale, fiable, honnête, compréhensive…), la
grande importance et fait de chacun d’eux le seconde telle qu’elle se révèle à travers ses actes
représentant de son espèce. et ses paroles (menteuse, hostile, malhonnête…).
Il y a bien des intérêts à lire une histoire dont les On peut imaginer, comme dans la fable, une
animaux sont personnifiés : elle distrait, suscite apparence favorable puis une réalité défavorable
l’amusement. De plus, elle favorise la prise de dis- ou bien une apparence jugée négativement suivie
tance, ce qui permet de donner aux humains, de de la découverte d’aspects positifs insoupçonnés.
façon détournée, des leçons importantes sans les
heurter.
La pêche p. 140
12/a. La morale ou moralité : « Garde-toi, tant que
tu vivras,/De juger des gens sur la mine » (v. 41-42). Le programme place l’étude de l’argumentation
Cette moralité est formulée par la mère Souris, le dans la perspective large de l’expression de soi, et de
personnage qui a le plus d’expérience et a pu la prise en compte des autres, donc de l’engagement
acquérir le plus de sagesse au fil des ans. La morale personnel au sein d’une société. Reste à montrer aux
en paraît d’autant plus valable, crédible. élèves les différents degrés de cet engagement, les
b. Les deux derniers vers sont des octosyllabes procédés qui permettent d’aller de la neutralité
dans une phrase impérative (ou injonctive). à l’engagement le plus intense, en faveur ou en
c. Ces vers peuvent être facilement retenus en défaveur d’une idée, d’une action. Le texte d’André
raison du type de phrase et de leur brièveté. Gide permet de comprendre les tenants et aboutis-
sants de l’engagement favorable, et de découvrir un indique en effet la raison pour laquelle il faut être
genre : l’éloge. On comparera ce texte de Gide avec le adroit et apprendre à appâter et monter la ligne
texte suivant dans le manuel, qui présente au pour pêcher la truite.
contraire un engagement défavorable puissamment
4/a. L’adversaire qu’affronte le narrateur-pêcheur
exprimé. Ce travail mené sur l’engagement, les tons,
est la truite, la truite de rivière. On peut considérer
prépare directement les élèves à d’importantes
que les trois adjectifs « vorace » (l. 9), « méfiants »
parties du programme de lycée.
(l. 9), « délicate » (l. 12) sont dans le contexte
mélioratifs. Ils sont employés ici pour mettre en
Réponses aux questions
valeur cet adversaire. L’emploi du superlatif de
1/a. Dans la phrase « Ô sport injustement décrié ! » supériorité permet de distinguer la truite de tous
(l. 2) on voit nettement que le narrateur s’exprime les autres poissons, il accentue encore davantage le
avec passion. Il utilise l’apostrophe, figure de caractère mélioratif de ces termes : « […] car si la
rhétorique qui consiste à s’adresser directement à truite est le plus vorace, c’est aussi le plus méfiant des
quelqu’un, apostrophe qui lui permet d’interpeller poissons » (l. 9). Le narrateur utilise aussi le compa-
la pêche, et ainsi de la personnifier. L’activité pêche ratif pour signaler la qualité gustative de la truite :
est élevée à la dignité d’une personne, à laquelle on elle est délicieuse, surtout celle de rivière, « de chair
s’adresse avec respect. Cette apostrophe est renfor- plus délicate » (l. 12). On acceptera aussi comme
cée par le point d’exclamation à la fin de la phrase. mélioratifs « farouches » et « amusantes » (l. 12) qui
Le choix des mots et leur place sont significatifs sont des termes mélioratifs ici compte tenu de la
aussi de l’intensité que le narrateur veut donner jeunesse du narrateur.
à son propos. D’abord le mot « sport » employé b. En présentant la truite ainsi, le narrateur la
plutôt que le mot « pêche » indique d’emblée la magnifie, puisqu’elle apparaît comme le poisson le
vision dynamique que l’auteur a de cette activité. plus difficile à attraper. Le narrateur a donc choisi la
Ensuite on remarque que l’adverbe « injustement » truite car la force de cet adversaire lui plaît. La
est valorisé car il est placé avant le verbe « décrié ». pêche à la truite est plus difficile, donc certaine-
Enfin, l’emploi du mot « décrié » est révélateur du ment plus intéressante. En outre, le pêcheur de
ton exalté utilisé par l’auteur dans sa défense de la truite est d’autant plus valorisé qu’il a affaire à forte
pêche car il souligne tout de suite la mauvaise partie. Ses victoires n’en sont que plus grandes.
réputation de ce « sport » pour mieux la réfuter.
b. Le verbe « critiqué » est synonyme ici de 5. La pêche n’est pas « un sport d’empoté » (l. 15)
« décrié » mais, dans le verbe « décrié », il y a en c’est-à-dire pour les personnes lentes et
plus l’idée de dépréciation. maladroites. Dès l’apostrophe au début du texte,
l’auteur le proclame avec vigueur. Au contraire, il
2/a. D’après le narrateur, la pêche n’est pas une faut savoir être habile (l. 6), rapide : « il importait de
passion partagée par tous. Elle est considérée par la surprendre » (l. 19). Il importe aussi d’être discret,
certains avec dédain, c’est-à-dire avec mépris et est rusé : « en se glissant, en rampant, en se subtilisant
même rejetée par d’autres. Le narrateur regrette parmi les herbes » (l. 29-31).
avec véhémence ces jugements négatifs sur la
pêche, et ils lui semblent tellement injustes qu’il 6. L’expression « l’effarouchement définitif du
considère que cela ne peut être que par ignorance poisson » (l. 36) signifie que les truites disparaissent
ou maladresse : « ceux-là seuls te dédaignent qui pour de bon, ne reviennent pas à cet endroit. Elles
t’ignorent, ou que des maladroits » (l. 2-3). ont tellement peur qu’elles quittent le lieu pour
b. Le narrateur préfère la pêche à la chasse car toujours. Les truites semblent donc douées de
pour lui elle offre plus d’« attraits » (l. 4), c’est-à- mémoire, au cas où le pêcheur doive démêler la
dire qu’elle requiert de la part de celui qui la ligne prise dans les branches d’un arbre, et ainsi
pratique plus de compétences et d’aptitudes. Son révéler sa présence. Cela revient à dire que, dans ce
amour pour la pêche lui a d’ailleurs fait trouver cas, le pêcheur a perdu définitivement son combat
sans grand charme la chasse, qu’il a pratiquée contre les truites.
ensuite. On peut remarquer l’utilisation de la
7. Plusieurs procédés mettent en valeur l’adver-
conjonction de subordination « tandis que » qui
saire du pêcheur, et l’activité même de la pêche.
insiste sur cette opposition : « C’est pour avoir pris
L’utilisation d’un vocabulaire mélioratif, d’adjectifs
tant de goût à la pêche, que la chasse eut pour moi
au comparatif et au superlatif de supériorité, de
plus tard si peu d’attraits […]. Tandis que pour
connecteurs logiques (« tandis que » l. 6, « car »
pêcher la truite, que d’habileté, que de ruse ! »
l. 9) servent à mettre en valeur l’adversaire du
(l. 3-4).
pêcheur.
3. La proposition « car […] c’est aussi le plus Parmi les procédés qui servent à mettre en valeur
méfiant des poissons » (l. 8-9) exprime la cause : elle la pêche, on peut noter l’utilisation de la première
personne, de l’apostrophe, de la comparaison, comprend grâce au mot « détail » qui figure dans la
d’un vocabulaire spécialisé propre à la pêche : légende accompagnant la reproduction. Les traits
« monter une ligne et […] appâter l’hameçon » de pinceau, les coups de brosse sont visibles, il
(l. 8). La longueur extrême de la dernière phrase s’agit d’une peinture à l’huile.
et sa construction constituent également un
11. D’après ce que l’on peut voir ici, Georges
procédé mélioratif : cette très longue phrase, qui
Seurat a choisi de privilégier l’eau et les pêcheurs
se prolonge d’un seul élan de la ligne 14 à la ligne
tout en attachant une grande importance à
36, se présente comme une tirade adressée par le
l’agencement de ces éléments. Au premier plan, en
narrateur à sa mère, où il réfute la thèse selon
bas, un pêcheur est en position assise, il est repré-
laquelle la pêche n’est qu’un amusement « qui me
senté de dos mais il regarde sur le côté, dans le
faisait prendre, à son avis, trop peu d’exercice »
prolongement de sa canne à pêche, sûrement vers
(l. 13-14). Il s’agit d’un véritable plaidoyer en
faveur de la pêche à la truite, au style indirect le milieu du fleuve. À la verticale, en arrière-plan,
d’abord puis au style indirect libre, où le narrateur deux autres pêcheurs sont sur une barque, mais on
évoque la beauté de la pêche, les connaissances les distingue peu. À droite, une main apparaît en
nécessaires pour venir à bout de cet adversaire. Sa amorce, celle d’un autre pêcheur dont la canne
défense passionnée est lancée par le connecteur toute droite coupe l’image en formant une ligne
logique « Alors » suivi du verbe révélateur « protes- horizontale. La rive apparaît en bordure, en bas à
ter » : « Alors je protestais contre la réputation qu’on droite en remontant légèrement. Très peu
faisait à la pêche d’être un sport d’empoté… » d’éléments donc dans ce décor simple et paisible :
(l. 15). L’auteur fait une concession à la thèse les pêcheurs, la surface de l’eau.
adverse, en reconnaissant que la pêche peut effec- 12. Le principal contraste de couleurs a lieu entre
tivement être un sport immobile « dans les grandes l’eau et les silhouettes des pêcheurs, qui ressem-
rivières, ou dans les eaux dormantes » (l. 16-17) ; blent presque à des ombres. Les couleurs pour
mais il affirme aussitôt que cela ne s’applique pas à représenter les pêcheurs, les ombres, le rivage, et
la pêche aux truites telle qu’il la pratique dans les même les cannes, sont dans des tons identiques,
petits ruisseaux. Il s’y montre presque comme un mais le bleu sombre domine pour les pêcheurs et
soldat en pleine bataille : « plus on insistait, plus on pour l’ombre de la barque sur l’eau tandis que le
compromettait la partie ; mieux valait revenir plus brun domine pour les cannes. L’eau est représentée
tard, en prenant plus de précautions que d’abord, en par des tons plus clairs, blanc, beige, bleu clair et
se glissant, en rampant… » (l. 26-29). L’adversaire gris clair ; elle semble vibrer sous la lumière.
est donc présenté comme difficile à dominer, et la L’intérêt de ce contraste est de mettre en valeur les
pêche comme un véritable exercice de stratégie. deux principaux éléments : la surface de l’eau et la
8. Ce texte présente la pêche comme une activité silhouette des pêcheurs.
riche et complète qui apporte de nombreux 13. Le pêcheur au premier plan tient sa canne et
plaisirs. La pêche procure des sensations et des semble en attente. L’attitude de ce pêcheur peut
émotions agréables, liées à la lutte contre la truite, être qualifiée de calme, paisible, fixe, statique,
au caractère ludique de cette lutte, à la nature. Il y figée, voire raide. Quant au pêcheur lui-même, on
a donc le plaisir physique, le plaisir du jeu, le plaisir peut le qualifier par exemple avec les adjectifs
de l’observation et aussi le plaisir intellectuel car il immobiles, muet, attentif, appliqué, serein.
faut faire preuve d’intelligence, de réflexion et de Remarquons que cette attitude nous amène à faire
ruse pour parvenir à surprendre les truites, à les de ce pêcheur un modèle. En effet, ce pêcheur au
attraper. premier plan n’est pas individualisé, les traits de
9. Dans ce texte, l’auteur désire faire l’éloge de la son visage ne sont pas discernables, aucune
pêche en s’attaquant à toutes les images négatives expression n’est visible, sa tête est tournée vers le
attachées à cette occupation et en valorisant tous fleuve. Il symbolise tous les pêcheurs au bord d’un
les plaisirs qu’elle peut procurer. Son texte se pré- fleuve.
sente d’abord comme un éloge de la pêche en
14. C’est surtout la pêche qui est mise en valeur
général, puis de la pêche à la truite dans de « très
dans cette image. On voit en effet plusieurs
petits ruisseaux » en particulier. Enfin, il convient de
pêcheurs, et leurs cannes à pêche sont très
remarquer qu’il s’agit d’un texte autobiogra-
présentes, elles forment les principales lignes dans
phique : l’auteur désire évoquer dans ce texte des
la composition et elles sont ici le symbole de
moments heureux de son enfance, ceux qui sont
l’activité de pêche. La pêche mise en valeur ici n’est
indissociablement liés à la pêche.
pas la pêche en haute mer, c’est la pêche à la ligne,
10. L’image figurant à la page 141 reproduit un paisible, au bord d’un fleuve (en l’occurrence sur
tableau ou plutôt une partie d’un tableau. On le une île proche de Paris). Il s’agit de la pêche du
dimanche à laquelle se consacrent un bon nombre réponse à la question 7). On peut envisager une
de personnes et notamment des citadins. La pêche imitation assez proche du texte de Gide avec entre
est représentée ici comme une activité digne (les autres le réemploi adapté de la phrase « Ô sport
pêcheurs sont bien habillés) et sereine, comme une injustement décrié ! » (l. 2).
manière élégante de se détacher du monde.
LA VIE DES MOTS
15. D’après cette image, on peut se faire de la
pêche une idée positive : c’est une activité digne, Sentiments défavorables : dégoût ⵑ indifférence ⵑ
sereine, agréable. Cette activité place l’homme en arrogance ⵑ morgue ⵑ condescendance ⵑ
face de l’eau (le monde aquatique, qui occupe suffisance.
toute la surface peinte), invite au calme, à la Sentiments favorables : admiration ⵑ respect ⵑ
patience et à la réflexion. déférence ⵑ humilité ⵑ modestie ⵑ considération ⵑ
L’idée de la pêche donnée dans cette image estime.
correspond à la pêche que refusait le jeune André
Gide, au vu du texte étudié. Il reconnaissait l’exis-
tence de ce type de pêche quand il argumentait
Beaucoup trop
face à sa mère, mais ne l’appréciait pas : « Alors je d’enfants ! p. 142
protestais contre la réputation qu’on faisait à la
pêche d’être un sport d’empoté, pour lequel l’immo- Le thème de la croissance démographique est ici
bilité complète était de règle : cela pouvait être vrai traité sous un angle clairement polémique et unilaté-
dans les grandes rivières » (l. 14-16). Gide préférait ral : l’auteur n’évoque aucun contre-argument, tout
un type de pêche plus animé, s’apparentant à un au plus signale-t-il une hésitation de sa part (l. 18).
jeu ; le tableau de Seurat présente la pêche Le texte offre donc un exemple typique de pamphlet.
comme une activité sérieuse et immobile. Tous les ingrédients d’un bon pamphlet s’y trouvent
réunis : parti pris sans nuance, colère, indignation,
16. Modalités. Cet exercice peut être réalisé à
révolte (phrases exclamatives, expression péjorative),
l’écrit ou à l’oral. On peut effectuer une synthèse
énumérations et exagérations pour faire réagir le lec-
des réponses des élèves en distinguant ce qui fait
teur, et le tout avec une dose d’ironie, que l’auteur
de la pêche un sport (avec des exemples) et ce qui
n’hésite pas à retourner contre lui-même. Certains
la différencie d’un sport.
passages du texte devraient faire réagir les élèves
La pêche est définie comme l’action ou la manière
(ce serait la preuve de son efficacité), notamment
de prendre les poissons. La pêche peut être un
le passage sur les adolescents (l. 10-11). On leur
travail à part entière (un métier) ou un loisir. Elle
confirmera qu’il est tout à fait naturel d’être choqué
est en tout cas tellement diverse qu’il est difficile
en ce cas, et d’avoir envie de répondre à un texte
de dire s’il s’agit globalement d’un sport. La pêche
provocateur.
de loisir, quand elle s’effectue dans les torrents ou
en haute mer, peut être assimilée à un sport car
Réponses aux questions
elle demande de la part du pêcheur beaucoup
de force et de résistance physiques. La pêche à la 1/a. On a tout lieu de penser que c’est l’auteur,
ligne en rivière n’exige pas de qualités sportives, Yves Paccalet, qui s’exprime. En effet le texte est
mais de la patience, de l’observation. Notons que écrit à la première personne : « J’ai moi-même
la pêche n’est pas une discipline des jeux expérimenté » (l. 15). Il est fait mention des préoc-
Olympiques et qu’il semble difficile qu’elle le cupations écologistes de l’auteur : « J’étais déjà sou-
devienne, tout comme la chasse, car les poissons cieux d’écologie » (l. 19-20). Il est aussi fait mention
sont des êtres vivants. Et s’il existe des épreuves de de ses enfants : « À présent, ils me comblent » (l. 31).
tir au fusil ou à l’arc sur des cibles, ce n’est pas b. « Nous », dans le premier paragraphe, désigne
envisageable pour la pêche. l’humanité en général, dont l’auteur fait évidem-
Remarque : pour faire connaître d’autres types de ment partie : c’est le « moi » (Yves Paccalet), plus
pêche aux élèves, on pourra leur proposer la tous les autres êtres humains. S’il employait le
lecture du roman d’Ernest Hemingway Le Vieil « je », l’auteur ne pourrait donner à son texte une
Homme et la Mer et celle de Moby Dick de Herman portée aussi générale. Ce qu’il critique, c’est le
Melville (pour les très bons lecteurs)… ou le comportement de tous et non sa seule attitude.
visionnage d’une adaptation cinématographique
2. Celui qui s’exprime s’adresse à tous ses
de ces ouvrages.
contemporains en âge d’être parents. Les élèves
17. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit peuvent se sentir visés en tant qu’enfants, et en
ou à l’oral. On conseille aux élèves d’employer les tant que futurs parents. Certains adolescents
procédés les plus habituels de l’éloge, tels qu’ils ont peuvent être choqués par les propos de l’auteur en
été spécifiés au cours de l’étude du texte (voir général, par ses outrances : « Nous devrons dévorer
nos bébés » (l. 7). Ils peuvent être scandalisés par « terrain encombré de milliards d’autres pingouins à
les termes très dévalorisants qu’il emploie pour poils rares » jusqu’à « les guerres – civiles, convention-
désigner les enfants qui « grandissent, hélas ! » nelles, chimiques, biologiques ou nucléaire »).
(l. 9). À travers ses propos, les adolescents sont Remarque : on pourra rappeler aux élèves que
laids (« boutonneux », l. 10), stupides (« dadais dans la mythologie et la littérature on trouve de
niaiseux », l. 10) et assimilés à des animaux nombreux exemples de cannibalisme, volontaire
(« bécasses » pour les filles, l. 10, « coquelets » pour ou non : Cronos dévorait ses enfants ; Thyeste se
les garçons, l. 11). vit servir ses propres enfants par Atrée ; dans un
tout autre domaine, celui des contes de fées, on se
3. L’explosion démographique pose problème,
souvient de l’ogre qui, dupé par le petit Poucet,
les autres questions évoquées étant les consé-
dévora ses propres filles.
quences de ce dérèglement. La phrase qui
b. Les exagérations servent à mettre l’accent sur
l’indique est la suivante : « Nous produisons des
les dangers de toutes sortes qui menacent notre
enfants. Beaucoup trop d’enfants ! » (l. 1) Remar-
planète. Tous les problèmes évoqués par l’auteur
quons que le terme, ici péjoratif, « produisons »
existent mais, présentés tous ensemble, ils peu-
exclut toute dimension affective dans le fait d’avoir
vent paraître encore plus importants et effrayants.
des enfants.
En exagérant l’auteur frappe les esprits, et ce fai-
4. L’auteur, s’inspirant de Swift, propose une sant, il veut nous faire réagir. C’est un texte coup-
solution tellement outrée et monstrueuse, qu’elle de-poing. On notera cependant que les outrances
n’en est pas une : « Nous devrons dévorer nos n’excluent pas l’humour et l’ironie. À titre
bébés. » (l. 7) d’exemple on peut relever ligne 14 : « On appelle
cela l’éducation » pour clore le passage où sont
5. Énumérations et accumulations sont très
décrits – encore péjorativement – les adultes que
nombreuses tout au long du texte. On relèvera
sont devenus les adolescents.
par exemple : « une couche de bambins, marmots,
gosses, gamins ou mouflets » (l. 3), « En pâté ou à la 7. L’auteur cite Jonathan Swift pour justifier son
broche. À l’étouffée ou en grillades. En pot-au-feu ou propos. Il fait référence à cet écrivain pour montrer
en ragoût. » (l. 7-8), « en adolescents boutonneux, en que d’autres que lui ont eu les mêmes idées, et pour
dadais niaiseux, en bécasses qui rêvent de passer à la se placer sous l’autorité d’un écrivain célèbre. En
télé, en coquelets des beaux quartiers ou en délin- effet, Swift, célèbre écrivain irlandais, a très vivement
quants cagoulés des cités » (l. 10-11), « méchant, critiqué la société de son temps, et a lui aussi utilisé
menteur, voleur, égoïste, aigri, vindicatif et raciste » l’exagération et la férocité pour suggérer des solu-
(l. 12-13), « sur des chemins jonchés de pièges et de tions (contre la famine qui régnait à son époque).
mines antipersonnel ; avec des marées noires et des Pour Yves Paccalet, Swift représente une source
déchets radioactifs, des métaux lourds et des pesti- d’inspiration, un modèle en tant que polémiste.
cides, un air pollué, une eau salie, une terre souillée, Illustre devancier de l’auteur, il paraît légitimer les
des forêts rasées, des océans pillés, des climats boule- outrances de celui-ci concernant les enfants.
versés, des famines et des épidémies ; sans oublier les
8/ a. L’auteur se moque de ses semblables qui
cyclones, les volcans, les séismes et les tsunamis […]
agissent de manière irresponsable sans réfléchir
et les guerres – civiles, conventionnelles, chimiques,
aux conséquences de leurs actes. Ils ont des enfants
biologiques ou nucléaire » (l. 22-28). Dans ce dernier
sans songer à l’avenir de la planète.
passage, la description faite par l’auteur nous
b. Il se moque aussi de lui-même : il est un père
suggère une image de fin du monde, comme une
comblé (l. 31) mais un écologiste inquiet, en proie
vision contemporaine de l’apocalypse.
au sentiment de culpabilité, conscient d’avoir
6/ a. Les exagérations sont également très « commis une lamentable erreur » (l. 33-34) en
nombreuses. Concernant la solution proposée : ayant des enfants. Il ajoute que « les engendrer fut
« Nous devrons dévorer nos bébés. En pâté, ou à la un non-sens, la pire imbécillité de mon existence »
broche. À l’étouffée ou en grillades. En pot-au-feu ou (l. 34). Il se montre donc aussi peu indulgent avec
en ragoût » (l. 7-8). Pour désigner les adolescents, lui-même qu’avec ses contemporains.
l’auteur exagère depuis l’expression ironique « Ces
9. Dans ce texte l’auteur adopte un ton polé-
petites choses délicates » jusqu’à « délinquants
mique. La visée de ce texte, c’est de provoquer.
cagoulés des cités » (l. 9 à l. 11). De même pour
Tous les procédés, tous les choix (exagérations,
désigner les adultes : « ce sous-ensemble diffus […]
humour, ironie…) visent à faire réagir vivement
se retrouve aussi méchant […] que les générations
ses lecteurs.
précédentes » (l. 12-13). Et pour décrire le monde
dans lequel seront laissés les enfants, tout, de la 10. L’auteur estime avoir commis la « lamentable
ligne 21 à la ligne 28, est exagération (depuis erreur » d’avoir des enfants.
11. Un tel texte ne propose aucune solution Exemple de phrase avec un terme fort : Le thème
réaliste mais, à cause de son ton polémique, de la de ce travail vous est imposé, ajouta le professeur,
critique qu’il comporte, il peut susciter la réflexion cette fois, vous n’aurez pas le choix.
et, par la suite, favoriser la recherche de solutions.
Ce texte peut donc contribuer à résoudre le pro-
blème en incitant les lecteurs à réfléchir, puis à agir.
Candide p. 144
12. L’image représente la foule dans la gare de Dans cette séquence consacrée à l’expression d’une
Bombay (Mumbai), en plongée, avec une grande opinion personnelle, et aux différents tons avec
profondeur de champ. La foule et son mouvement lesquels cette opinion peut s’exprimer, selon les
sont rendus plus intenses par l’effet de flou. Cette degrés d’engagement de l’énonciateur, il a semblé
vue d’ensemble apporte un argument favorable à nécessaire de traiter le cas de l’ironie, ton parfois mal
la thèse d’Yves Paccalet, puisqu’en regardant cette perçu par les jeunes élèves. Pour ce faire, nous avons
photographie on a l’impression qu’il y a beaucoup retenu l’un des textes ironiques les plus célèbres. Il
trop de personnes par rapport à la surface des est d’une grande richesse car il évoque notamment la
quais, ce qui vient en écho à la phrase « Beaucoup liberté d’expression, la superstition, l’arbitraire en
trop d’enfants ! » (l. 1) Le flou choisi par le photo- justice. Le passage retenu est court, ce qui permet
graphe, qui suggère ainsi le mouvement, est d’en effectuer une lecture analytique précise, fort
également un argument favorable à la thèse opportune car le texte est riche, certes, mais dense et
d’Yves Paccalet : quand il y a trop de monde, difficile. On n’hésitera pas à développer le question-
d’abord on ne peut pas nourrir tout le monde, et naire prévu de manière à répondre aux interrogations
ensuite on ne peut pas reconnaître tout le monde ; ou perplexités des élèves. Le texte écho, violente
les êtres humains sont indifférenciés, comme gom- critique de la guerre également sur le mode ironique,
més, ils perdent leur individualité et se fondent peut aussi faire l’objet d’une lecture analytique.
dans une marée humaine. Celle-ci ne peut que
conduire à une dévastation accrue de la planète.
Réponses aux questions
L’image montre combien une telle gare, bondée,
triste, étouffante, sans élément végétal, est « un 1/a. Un auto-da-fé (on écrit maintenant autodafé)
terrain encombré » (l. 21) et pourrait préfigurer est une cérémonie au cours de laquelle les
l’état d’une planète qui n’aurait pas su maîtriser sa hérétiques condamnés au supplice du feu par
démographie. l’Inquisition étaient conviés à faire acte de foi pour
mériter leur rachat dans l’autre monde. On l’em-
13. Modalités. On prépare en classe l’écriture de
ploie aussi pour définir toute action publique qui
ce pamphlet. Il convient d’abord de choisir une
consiste à détruire volontairement quelque chose
bonne base pour obtenir un pamphlet intéressant :
par le feu, par exemple faire un autodafé de livres.
pour le sujet de la dénonciation, il faut trouver un
b. Dans cette histoire, ce sont les « sages du pays »
problème vraiment révoltant, et non une difficulté
(l. 2) qui décident de l’auto-da-fé. Ces sages sont
qui simplement agace ou contrarie. On peut imagi-
donc des inquisiteurs, membres du tribunal de
ner qu’on peut être révolté dans le monde actuel
l’Inquisition. Ils étaient chargés de sanctionner
par les inégalités (sociales, homme/femme…), par
toute forme d’hérésie, c’est-à-dire tout comporte-
la pollution (marées noires…), par la violence (dans
ment ou opinion contraire au catholicisme. Ils
les stades, dans les établissements scolaires, dans
prennent cette décision d’organiser un auto-da-fé
certains pays…), par les injustices de toutes sortes.
Les adolescents pourront être particulièrement pour empêcher un nouveau tremblement de terre.
sensibles au sort des enfants dans des pays moins 2/ a. Trois personnes subissent l’auto-da-fé : un
favorisés que le nôtre. Il convient ensuite de préci- Biscayen pour avoir épousé sa commère (le
ser les procédés d’écriture attendus, propres à ce mariage entre le parrain et la marraine d’un enfant
type d’écrit, ce sont principalement ceux qui ont étant interdit) ; deux Portugais pour avoir retiré le
été mis en évidence au cours de l’étude du texte lard entourant un poulet, ce qui laisse supposer
d’Yves Paccalet : énumérations, exagérations, qu’il s’agissait d’hérétiques.
formules « choc ». b. Ces raisons ne sont pas acceptables. Il n’y a
aucun lien, aucune commune mesure ici entre le
LA VIE DES MOTS « délit » et la sentence. Ces raisons apparaissent
a. Suggérer ⵑ soumettre ⵑ proposer ⵑ présenter ⵑ dérisoires, totalement disproportionnées face à la
exposer ⵑ prescrire ⵑ imposer ⵑ infliger. sanction. Elles sont donc inacceptables et même
b. Exemple de phrase avec un terme faible : absurdes. Cette disproportion à elle seule révèle
Je vous suggère de prendre ce modèle, dit le vendeur, que le but de l’auteur est de dénoncer l’injustice
il est plus solide. de cette « justice », et de ses soi-disant sages.
3. Le docteur Pangloss et son disciple Candide ellipses – on passe très vite de l’accusation à l’arres-
ont été arrêtés « l’un pour avoir parlé, et l’autre pour tation puis à la procession – mais évocation où l’on
avoir écouté avec un air d’approbation » (l. 9-10). Les s’attarde à décrire les dessins sur les vêtements des
autres avaient été arrêtés sous un prétexte futile, condamnés.
eux le sont sans aucun motif réel. Leur arrestation L’auto-da-fé n’est évidemment pas un spectacle
apparaît donc totalement arbitraire, et elle est attrayant puisqu’il s’agit d’une mise à mort parti-
curieusement soulignée sur un ton malicieux, culièrement cruelle d’êtres humains : trois
comme s’il s’agissait d’une conversation de salon, hommes sont brûlés, Pangloss est pendu.
ce qui valorise l’aspect inique de cette détention.
9. Au début du deuxième paragraphe, on trouve
4. Candide est fessé tandis que Pangloss est le connecteur logique « en conséquence ». L’emploi
pendu. Notons l’utilisation de « fessé » à connota- de ce connecteur ne peut qu’étonner et donc rete-
tion enfantine, alors que l’on attendrait « flagellé ». nir l’attention du lecteur. Son utilisation ici souligne
5/a. Le récit de l’auto-da-fé commence à la ligne de manière moqueuse l’illogisme des inquisiteurs :
16. On y indique le début de la procession. il n’y a évidemment aucun rapport logique de
b. Auparavant, Candide et Pangloss ont été cause à conséquence entre un tremblement de
habillés du costume des condamnés, un terre et l’arrestation d’un Biscayen et de deux
san-benito, et coiffés d’une mitre de papier. Les Portugais.
dessins sur leurs vêtements sont différents : « les On peut aussi remarquer que ce n’est pas le crime
diables de Pangloss portaient griffes et queues, qui entraîne la condamnation, mais le besoin de
et les flammes étaient droites » (l. 15-16). On condamner qui entraîne la recherche d’un cou-
peut pressentir que cette différence aura son pable. La logique de la justice est inversée. Il faut
importance. organiser un « bel » auto-da-fé et l’on cherche
pour cela des participants. On retrouve ici la force
6. L’adjectif « bel » surprend car il est associé au de l’ironie voltairienne.
nom « auto-da-fé » désignant une cérémonie qui se
termine par un châtiment horrible. Il s’agit d’une 10. La périphrase « des appartements d’une
antithèse. L’expression fait mine de présenter extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais
l’autodafé comme s’il s’agissait d’un beau spec- incommodé du soleil » (l. 11) désigne une prison.
tacle, plaisant, sans conséquences néfastes, ce qu’il C’est évidemment une expression ironique car
n’est pas. L’association des mots « bel » et « auto- l’auteur évoque ce lieu triste et sombre sur un ton
da-fé » est donc ironique, et comme elle surprend, badin, mondain, comme s’il s’agissait d’un
elle dénonce davantage encore le caractère atroce appartement luxueux, pour mieux nous faire
de cette exécution. comprendre ce qu’il n’est pas. Il suffit d’imaginer
les prisons de l’Inquisition au XVIIIe siècle après un
7. Dans le premier paragraphe, l’auto-da-fé est
présenté comme un moyen particulièrement effi- tremblement de terre ! L’effet produit par cette
cace. On le voit à travers l’utilisation de la négation périphrase est l’humour, on sourit de voir présenter
associée au comparatif, ce qui revient à dire qu’il comme un avantage (ombre et fraîcheur) la
s’agit du moyen le plus efficace pour prévenir tout noirceur terrible des cachots. Ici Voltaire se moque
nouveau tremblement de terre : « n’avaient pas des prisons.
trouvé un moyen plus efficace » (l. 2) ; ensuite l’ex- 11. Quand on compare la dernière phrase du
pression « est un secret infaillible » (l. 5) souligne texte avec la première, on ne peut que conclure à
que les sages et les dignitaires de l’université de l’inutilité complète de l’auto-da-fé : tout ce que les
Coïmbre ne doutent ni de leurs croyances ni de « sages du pays » ont mis en œuvre, le « secret
leurs procédés. infaillible » des membres de l’université de
8. Plusieurs expressions présentent l’auto-da-fé Coïmbre, n’a servi à rien. L’auteur le souligne à
comme un spectacle attrayant : « un bel auto- l’aide de l’expression « avec un fracas épouvan-
da-fé » (l. 3), « on orna leurs têtes » (l. 13), « ils mar- table » : c’est comme si la nature se moquait de
chèrent en procession » (l. 16), « un sermon très toutes les prétentions et superstitions humaines. Le
pathétique suivi d’une belle musique » (l. 17). L’au- terme de « sages » pour désigner ceux qui ont
teur dépeint ainsi l’auto-da-fé en montrant les organisé l’auto-da-fé se révèle également ironique.
beaux côtés de cette cérémonie. On peut penser à Les inquisiteurs ne sont évidemment pas des sages,
une belle fête religieuse dont on aurait préparé les l’auteur affecte de les considérer comme tels pour
costumes colorés à l’avance, qui commence par mieux révéler leur bêtise, leur cruauté et leurs actes
une procession, avec un discours émouvant, de la irrationnels qui relèvent de la superstition.
musique et des chants. Il y a aussi un aspect carna- Rappelons cette citation célèbre de Voltaire : « La
valesque dans cette évocation si rapide, avec des superstition, cet infâme ».
12. Voltaire condamne l’auto-da-fé. Son récit s’en couleurs, le nombre des personnes représentées.
prend violemment au pouvoir religieux, il remplit Il montre ainsi qu’il s’agit d’un vaste rassemble-
donc une fonction polémique, a valeur de réquisi- ment, attirant une foule composite, d’un événe-
toire. La dominante est argumentative. La visée de ment très important pour les gens de l’époque.
ce texte est bien de critiquer l’Inquisition, les
15. Modalités. L’exercice sera de préférence réa-
horreurs commises par des religieux au nom de la
lisé à l’écrit. La consigne donne quelques idées
religion : le récit prend en charge la pensée de l’auteur.
d’objets à critiquer, elles ne sont pas limitatives. On
13. Voltaire s’exprime avec ironie pour mieux rappelle aux élèves les principaux procédés de
dénoncer l’absurdité des superstitions religieuses, l’ironie, qui visent à faire comprendre le contraire
la cruauté des auto-da-fé, et à travers eux l’Inquisi- de ce qu’on dit, et dans une intention de
tion, les inquisiteurs, l’intolérance et le fanatisme moquerie. On conseille donc aux élèves de choisir
religieux. On peut remarquer qu’à part le constat des sujets dont ils ont bien envie de se moquer et
fait du tremblement de terre, c’est-à-dire dans la sur lesquels les critiques, les moqueries leur
première proposition et dans la dernière phrase du viennent facilement.
texte, les éléments du récit (personnages, lieux,
actions) sont tous présentés avec ironie. L’ironie est
un procédé de moquerie : en l’utilisant, Voltaire
Ode à Cassandre p. 146
nous rappelle qu’il faut oser se moquer des bêtises
Ce poème offre l’avantage de présenter un cas très
et des injustices, il ne faut pas en être dupes.
clair de poésie argumentative. Pour parvenir à
14/ a. Pour l’auto-da-fé représenté dans cette ses fins, c’est-à-dire faire accepter une morale
image, les organisateurs ont choisi une grande épicurienne, Ronsard se livre à une pure démonstra-
place dans une ville portuaire, importante et riche, tion : il nous invite à une expérience, ainsi que la
située en Espagne. L’aspect seigneurial de cette jeune fille, puis nous livre la leçon qu’il en tire.
ville apparaît dans l’architecture des bâtiments On n’hésitera pas à développer le questionnaire,
majestueux qui bordent le fond de la place. Les par exemple pour préciser la façon de vivre ici
navires que l’on distingue sur la gauche sont nom- prônée, ou pour étudier quelques caractéristiques de
breux ; la forteresse que l’on aperçoit au fond à la poésie de Ronsard : la fuite du temps, la vieillesse,
droite, sur une colline, qui domine la ville, est la musicalité des vers qui soutient le lyrisme,
imposante et sombre. La place elle-même est de notamment les effets de rythme, très variés.
larges dimensions ; elle a été choisie pour qu’une On pourra aussi placer ce poème dans l’histoire de
foule importante puisse s’y rassembler. Ainsi, le la littérature. Thomas Sébillet, en 1548, théorise
caractère solennel et exemplaire de ce type de l’ode en la définissant comme un « poème divisé en
cérémonie est-il valorisé et l’on peut constater que strophes semblables par le nombre et la mesure
l’auto-da-fé est montré comme un spectacle des vers ». Et c’est précisément les Odes de Ronsard
édifiant et impressionnant, concernant pour le qui illustreront pour la première fois en français ce
moins toute la population de la ville. genre poétique très ancien.
b. Le dessinateur a d’abord mis en valeur
l’auto-da-fé en choisissant la plongée comme Réponses aux questions
angle de vue. Ce choix permet de dévoiler une
1. Première strophe : l’invitation. ⵑ Deuxième
large portion de la place où se passe la cérémonie,
strophe : la constatation. ⵑ Troisième strophe : la
et, par conséquent, de montrer aussi bien l’auto-
leçon.
da-fé lui-même (les bûchers, les condamnés…)
Dans la première strophe, on voit le poète inviter
que la foule nombreuse qui s’y presse.
une jeune fille, un soir, pour aller dans un jardin
L’auto-da-fé lui-même est placé quasiment au
observer une rose. Dans la strophe suivante, on
centre de la gravure. Le regard de l’observateur est
entend le poète se lamenter en constatant que la
tout de suite attiré par les volutes de fumée,
rose est fanée. Dans la dernière strophe, on voit le
épaisses, blanches et grises, qui se dégagent des
poète donner des conseils à la jeune fille, conseils
teintes orangées des flammes du bûcher. Ensuite,
qu’il tire de l’observation de la rose. De ce qu’il a
en regardant plus attentivement on aperçoit les
vu le poète dégage une leçon à retenir.
condamnés, surtout celui du premier bûcher qui
n’est pas encore allumé, contrairement aux autres. 2. Le premier mot de la dernière strophe,
Ainsi, c’est toute une ligne de bûchers – on en « donc », signale un lien de conséquence. L’auteur
distingue cinq – qui longe le bord de mer et cherche ici à convaincre : à partir de ce qu’il a vu,
témoigne de l’importance de l’événement. Le l’auteur tire une leçon qu’il demande à la jeune fille
dessinateur a donc mis en valeur l’auto-da-fé d’accepter, il prône une façon de vivre qu’il lui
surtout par l’angle de vue, le contraste des conseille de suivre.
3. Les deux moments de la journée qui s’oppo- c’est en voyant la durée éphémère de la rose que la
sent sont le soir et le matin. La rose a beaucoup jeune fille comprendra qu’elle est, comme tout être
changé entre ces deux moments : au matin, elle vivant, soumise au temps, qui passe, qui fait vieillir
avait éclos « sa robe de pourpre au soleil » (v. 3), et qui détruit la beauté ; la comparaison finale est
c’est-à-dire qu’elle avait ouvert ses pétales. Au soir, impitoyable : « comme à cette fleur » (v. 17). Cette
elle a « ses beautés laissé choir » (v. 9), c’est-à-dire comparaison entre la jeune fille et la fleur confine à
laissé tomber ses pétales. La journée est ici le l’identification de l’une à l’autre : l’ensemble des
symbole d’une vie : le matin, c’est la jeunesse, le pétales de la rose, c’est « sa robe » (v. 3 et 5), la
soir, c’est la vieillesse : on ne cherchera donc pas couleur de la rose, c’est « son teint » (v. 6). La jeu-
trop de réalisme et on ne s’étonnera pas que la rose nesse de la jeune fille, c’est l’âge qui « fleuronne »
ne dure ici qu’un jour. (v. 14), et qui est comme une fleur fraîche « en sa
4. Le dernier mot des trois derniers vers : plus verte nouveauté » (v. 15). Si bien qu’à la fin
« jeunesse », « vieillesse », « beauté ». c’est la jeunesse elle-même qui est assimilée à une
a. Ce sont bien sûr les mots « jeunesse » et fleur : « Cueillez, cueillez votre jeunesse » (v. 16).
« vieillesse » qui s’opposent ; ils sont placés 7. Ronsard a écrit ce poème pour justifier sa
exactement l’un sous l’autre à la rime et sont de conception de la vie. Il cherche par ce poème à
sens contraire. convaincre les lecteurs de cette conception : pour
b. La leçon à retenir du poème est que chacun
lui, il faut profiter du moment présent, surtout de la
doit bien profiter de sa jeunesse (surtout les jeunes
jeunesse. C’est, vis-à-vis de cette jeune fille, une
filles) car la vieillesse vient vite et elle détruit la
invitation à aimer sans tarder. On appelle épicu-
beauté.
risme cette conception de la vie fondée sur une
5. Les adjectifs qui semblent convenir pour recherche raisonnable du plaisir. Ce nom est formé
qualifier le ton du poème sont tendre et galant. En sur celui d’Épicure, philosophe grec (361-270
effet dans ce poème Ronsard ne se moque de rien avant Jésus-Christ). Ronsard exprimera à plusieurs
ni de personne, que ce soit directement ou reprises cette conception de la vie, en continuant à
indirectement : il n’est donc pas question de ton comparer les jeunes filles et les fleurs, par exemple
moqueur, ironique ou humoristique. Il n’y a pas dans un sonnet de 1555 (dans la Continuation des
non plus d’attaque violente contre d’autres Amours) :
conceptions de la vie que celle prônée par le poète, « Je vous envoie un bouquet de ma main
donc pas de ton polémique. Le ton n’est pas grave Que j’ai ourdi de ces fleurs épanies :
non plus, mais sérieux : dans ce poème, le Qui ne les eût à ce vêpre cueillies,
problème évoqué est certes important, mais c’est Flaques à terre elles cherraient demain.
davantage la façon de vivre que la manière de se
préparer à la mort. En revanche il y a bien de la Cela vous soit un exemple certain
tendresse dans la façon avec laquelle Ronsard Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,
s’adresse à la jeune fille, qu’il appelle « Mignonne » En peu de temps cherront toutes flétries
(une fois dans chaque strophe) et qu’il invite à aller Et périront, comme ces fleurs, soudain. »
voir une fleur. Il y a aussi de la galanterie, c’est-à-
dire de la courtoisie, du respect vis-à-vis de la jeune
Ou, les deux derniers vers du sonnet 24 dans les
fille : il la vouvoie tout au long du poème.
Sonnets pour Hélène (1578) :
6. Ronsard compare la jeune fille et la fleur pour « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
mieux faire comprendre ce qu’il pense de la vie : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
sur ces photographies expriment clairement leur comme émanant d’une masse presque inhu-
opinion, mais nous ne pouvons pas en déduire l’opi- maine. Le haut de leur corps étant légèrement en
nion du photographe lui-même. retrait, ce sont même eux, les soldats, qui para-
doxalement semblent sur la défensive avec leurs
Réponses aux questions fusils dressés. La jeune fille, elle, est bien mise en
valeur : elle est seule, sur fond neutre, elle est tout
1/a. Sur cette photographie, la jeune fille défend
à fait reconnaissable par des gens qui la connaî-
l’idée de la paix ; elle s’oppose à la violence, à la
traient. Son engagement pour la paix est repré-
guerre représentée ici par des armes. Le moyen
senté ici comme un élan individuel. L’idée que
que la jeune fille emploie, c’est une fleur : une
veut défendre cette jeune fille, la paix plutôt que la
simple fleur qu’elle tient tout près de son visage.
guerre, est donc bien mise en valeur, grâce aux
On remarque l’attitude particulière qu’elle adopte,
choix effectués par le photographe : choix de cette
comme s’il s’agissait d’une offrande, face aux fusils
jeune fille qui attire le regard et la sympathie, et
à baïonnettes dirigés vers elle. Le fait qu’il s’agisse
choix des oppositions indiquées précédemment.
d’une fleur modeste et unique est important aussi
car cette fleur paraît bien fragile et dérisoire par 2/ a. Les deux athlètes veulent défendre l’idée
opposition à la multitude et à la force des fusils. d’égalité des droits entre Noirs et Blancs. Ils mon-
L’aspect symbolique de cette fleur, et l’opposition trent leur soutien à la cause des Noirs américains et
entre la fleur et les fusils, n’en est que plus évident. protestent contre la discrimination dont ils sont
b. Le photographe a choisi une vue à niveau de victimes. Leur poing est levé et ganté de noir selon
profil. Le cadrage choisi est le plan rapproché l’usage du Black Panther Party. Grâce à ce geste
taille. L’effet produit est multiple. C’est d’abord un symbolique leur message sera instantanément
effet de contraste : la partie droite de la photo, compris et, compte tenu des circonstances (les jeux
avec le profil lumineux de la jeune fille et la Olympiques), il sera diffusé dans le monde entier.
blancheur de la fleur, s’oppose à la partie gauche, b. Les deux athlètes ont retroussé les manches de
plus sombre, avec les silhouettes des soldats. C’est leur survêtement. Par conséquent les bras levés
ensuite un effet de proximité : l’observateur se sont dénudés, et de surcroît très éclairés : ils
sent proche de la jeune fille, dont l’épaule est bien contrastent très nettement avec le fond noir. Les
visible en amorce. Cela semble d’ailleurs indiquer poings gantés de noir brillent sous les lumières :
que le photographe était du côté des manifes- eux aussi se trouvent bien mis en valeur et attirent
tants. Enfin l’angle de vue et le cadrage font bien nécessairement les regards.
apparaître les deux forces en présence, leur diffé- c. Les personnages aussi sont mis en valeur. Ils
rence : rondeur et finesse de la fleur, longueur et figurent au premier plan, presque de face. Ils
agressivité des fusils. occupent tout le cadre, rien dans le fond ou sur les
c. Les couleurs claires sont du côté de la jeune côtés ne vient distraire le regard. De plus, les
fille : sa robe est lumineuse, son visage semble athlètes noirs forment un ensemble : ils sont vêtus
attirer la lumière, la fleur qu’elle tient est blanche. de la même façon, adoptent la même attitude
Dans cette photographie, les oppositions sont (regard baissé et poing levé). Ainsi l’idée qu’ils
nombreuses et concourent toutes au même effet : veulent défendre n’en a que plus de force : les
la jeune fille s’oppose aux soldats, le clair au deux athlètes sont unis dans le même combat,
sombre, la fleur aux baïonnettes. Ainsi, l’antithèse défendant la même cause, de la même manière.
visuelle souligne-t-elle l’opposition entre la guerre L’idée qu’ils défendent est l’expression de toute
et la paix. Cette photographie est donc éminem- une communauté, pas d’un individu.
ment symbolique. d. On laisse un temps de réflexion aux élèves puis
d. On distingue bien le visage de la jeune fille, vu on interroge plusieurs d’entre eux. On remarquera
de profil. En revanche, les visages des gardes que cette photographie peut choquer parce que
nationaux sont peu visibles, le regard est plutôt les deux sportifs au bras levé n’ont pas l’attitude
attiré vers leurs mains qui tiennent les fusils. que l’on attend d’eux pendant que retentit
En regardant cette photographie, l’observateur l’hymne national américain, et parce que le
s’identifiera plutôt à cette jeune fille dont il voit si combat politique s’immisce dans une manifesta-
bien le visage plutôt tranquille, serein, sans tion sans rapport avec lui, une compétition
aucune expression de colère ou d’agressivité. sportive. Cependant on peut penser que certaines
L’effet produit est la mise en valeur de la jeune fille occasions sont propices pour défendre des idées,
et par conséquent de l’idée de paix. pour lutter contre des injustices. Peut-être n’est-ce
e. Du côté des soldats, on ne distingue pas pas contradictoire avec les valeurs de l’olympisme.
d’individus, tous portent le même uniforme, On dira aux élèves que cette photographie a
adoptent la même attitude : les personnages ne choqué le Comité international olympique, qui a
sont pas mis en valeur, la force est présentée suspendu ces athlètes et les a exclus à vie des J.O.
Remarques : l’article 51 de la Charte olympique 3. D’après ces deux exemples, la photo de presse
précise qu’« aucune démonstration ou propagande apparaît comme un moyen particulièrement efficace
politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans les pour montrer les opinions d’une personne. Elle per-
enceintes olympiques », ce qui explique la condam- met en effet de fixer et de montrer l’instant où un
nation qui a frappé les athlètes. Mais la règle 3 sti- événement, un geste, prennent une très forte valeur
pule que « toute forme de discrimination à l’égard symbolique. Elle permet d’opérer une synthèse : en
d’un pays ou d’une personne, qu’elle soit pour des une seule image un message peut être transmis, et
raisons raciales, religieuses, politiques, de sexe ou tout de suite compris par celui qui regarde la photo-
autres, est incompatible avec l’appartenance au graphie. C’est pour cela que certaines photos de
mouvement olympique ». Les valeurs de l’olym- presse, comme La Jeune fille à la fleur, et Le Salut du
pisme sont « partager, se dépasser, célébrer, être Black Power, sont devenues des symboles, et qu’elles
ensemble, se construire ». sont connues dans le monde entier.
S’exprimer à l’écrit
EXPRIMER UNE OPINION Corrigé des exercices
PERSONNELLE p. 150 1. a. et b. 1. Ne vous engagez pas dans une telle
aventure sans y avoir bien pensé/réfléchi. ⵑ 2. Ses
Réponses aux questions amis pensent qu’elle va réussir. ⵑ 3. Nous devons
1. L’auteur réfléchit sur le camping, sur les envisager pour l’avenir une solution moins
différentes manières de camper, et de se déplacer chère. ⵑ 4. Pour étudier sérieusement un sujet, on
quand on veut camper. La phrase qui résume son s’aide de nombreux documents. ⵑ 5. Quel
opinion personnelle est « Si j’ai adopté l’auto- cerveau ! Elle raisonne vite et juste. ⵑ 6. Nous
couchette, c’est parce qu’elle convient à mes goûts et allons examiner votre cas en détail. ⵑ 7. Pour juger
à ma façon de voyager » (l. 9-10). On peut aussi cette affaire, nous devons bien considérer que le
accepter la dernière phrase, dans laquelle l’auteur prévenu n’a pas agi seul.
exprime un avis plus général. 2. Modalités. On conseille aux élèves de découper
2. – Un argument économique : « La tente a le ou de photocopier l’article ou la photographie en
mérite […] d’être le moins coûteux des abris. » question, afin de le ou la joindre à leur copie. On
(l. 3-4), ou : « La roulotte indépendante est un luxe, rappelle les habitudes de présentation d’une lettre
car elle ne peut servir qu’à cela » (l. 5-6). (qui peuvent être soumises à légères variations) :
– Un argument s’appuyant sur l’expérience nom et adresse de l’expéditeur en haut à gauche,
personnelle de l’auteur : « parce qu’elle convient à lieu et date de la rédaction de la lettre à droite,
mes goûts et à ma façon de voyager » (l. 9-10). en-tête (formule initiale) au milieu de la page,
– Un argument par comparaison : « La roulotte en corps de la lettre disposé en paragraphes, formule
remorque fait un domicile des plus confortables, mais de politesse (formule finale) à la suite du corps de la
elle est lourde et encombrante. La roulotte indépen- lettre, signature en bas à droite.
dante est un luxe, car elle ne peut servir qu’à cela Remarques : de nombreux journaux ont une page
consacrée au « Courrier des lecteurs ». On note que
[…] » (l. 4-6).
cette rubrique a tendance à s’accroître avec le déve-
3. En prenant l’exemple de son ami Marcel loppement d’Internet. Il serait opportun d’en lire
Amiguet, l’auteur veut prouver que bien des quelques exemples aux élèves sur des sujets d’ac-
formules sont possibles, et qu’on peut même tualité ou des questions qui les touchent, ceci afin
voyager longtemps dans une simple camionnette qu’ils en remarquent la forme et le style. Il s’agit
aménagée. souvent de textes nettement argumentatifs qui
exposent un avis différent de celui du journaliste. Il
4. – Un lien de cause : « car elle ne peut servir qu’à
arrive aussi que ce soit un éloge, ou que la lettre du
cela » (l. 6). Ou : « c’est parce qu’elle convient à mes
lecteur complète l’article ou le dossier auquel il
goûts » (l. 9).
réagit. Ce sont des textes le plus souvent brefs.
– Un lien d’opposition : « mais elle est lourde et
encombrante » (l. 5). Ou : « mais je m’en voudrais 3/a. – Le résumé de l’histoire : « Exaspéré par les
d’en faire un principe » (l. 10). éditeurs […] crime parfait » (l. 2-7).
– Le rapprochement avec d’autres films : Howard tation écrite des scènes de théâtre : on pourra en ce
Hughes, le héros du film de Scorsese Aviator sens observer les scènes qui sont présentées dans le
(l. 5-6) ; à travers les acteurs, évocation d’autres manuel, notamment entre les pages 92 et 99. On
films de Hallström : Gilbert Grape avec Johnny insiste sur l’importance des arguments, surtout
Depp et Leonardo Di Caprio en 1993. dans la longue tirade ; on trouvera des arguments
– Une appréciation générale : « Danger, menace, variés en pensant à différents domaines (les
tension, il y a un peu de tout cela dans cette chro- possibilités financières, l’intérêt de la famille,
nique d’une supercherie » (l. 8). l’importance de la santé, le choix entre le court
– Des précisions sur les faiblesses du film : « Le réa- terme ou le long terme, etc.).
lisateur Lasse Hallström […] un soufflé… » (l. 9-11). Évaluation. On se reportera à la page 111 du
– Des précisions sur les réussites du film : « Mais le manuel pour trouver des critères adaptés à
charme des acteurs […] emballant » (l. 10-16). l’évaluation d’un tel exercice (écriture d’une scène
b. Modalités. Pour organiser leur article, les élèves de théâtre). On y ajoutera un critère concernant la
peuvent s’inspirer de la critique de Frédéric Strauss qualité de l’argumentation.
dont l’organisation est simple et rend bien compte 6. et 7. Remarques : le genre de texte attendu
du film. On peut aussi faire précéder ce travail écrit dans ces deux exercices préfigure la dissertation,
d’une lecture rapide et comparée de plusieurs que l’élève effectuera dans les classes ultérieures.
critiques différentes sur un même film. On peut attendre des textes de deux à trois pages
4. Modalités. On rappelle aux élèves les caractéris- (feuilles de grand format). Ce qui compte surtout,
tiques d’une lettre officielle. Le but d’une telle lettre c’est que l’élève parvienne à structurer ce genre de
est de formuler une demande, qui constitue le seul texte nouveau pour lui. On rappellera à ce propos
objet de la lettre. La demande dans ce cas apparaît que le programme de troisième précise, pour ce
deux fois : elle figure dans l’indication de l’objet de la qui concerne les textes exprimant une ou plusieurs
lettre (qu’on place en haut, à gauche, avant le corps opinions : « les textes produits devront comporter une
même de la lettre), et dans un paragraphe bien introduction, un développement et des éléments de
développé. La demande constitue l’objectif unique conclusion » (Programmes de 3e, Français, partie
de la lettre, c’est pourquoi elle doit apparaître avec Écriture).
insistance et clarté. Il est bon de mettre un ou plu- Le texte d’Albert T’Serstevens a été choisi comme
sieurs arguments à l’appui de la demande (par texte d’observation car il fournit précisément un
exemple : je m’intéresse particulièrement à…). Dans exemple clair d’une telle organisation : la première
une lettre officielle, la formule finale fait l’objet d’une phrase indique le sujet du texte, ce sur quoi
phrase unique qui est une formule toute faite, habi- la réflexion va se développer : « le campement »
tuelle. Elle exprime le respect, et reste bien en accord (l. 1) ; la dernière phrase exprime un avis général
avec la demande : conformité avec les habitudes de l’auteur sur la question : il laisse le choix à
sociales et respect envers le destinataire. chacun (« Bref, je laisse à chacun de camper comme
Évaluation. Aux critères figurant au bas de la il lui plaît », l. 11-12). Cette dernière phrase sert à
page 151 du manuel, on peut ajouter les préci- conclure. Préalablement aux exercices 6 et 7, on
sions suivantes. fera donc découvrir par les élèves l’organisation du
– Présentation : claire ; nombreux espaces texte d’observation.
(blancs) ; adresse complète de l’expéditeur, du Modalités. L’exercice 6 présente l’avantage d’avoir
destinataire ; indication de l’objet de la lettre ; pour tous les élèves un référent commun : le tra-
indication du lieu et de la date d’envoi ; corps de vail effectué en classe de français. Il permet égale-
la lettre par exemple en quatre paragraphes (pour ment aux élèves de jeter un regard rétrospectif sur
se présenter, pour présenter le sujet du mémoire les textes étudiés, de les classer, de les comparer,
s’il s’agit d’un stage, pour préciser la demande, d’établir des synthèses. Quant au professeur, il
disposera ainsi d’éléments concrets lui permettant
pour la formule de politesse).
d’évaluer l’impact de son travail. Cet exercice peut
– Ton : distance, respect (vouvoiement).
également s’effectuer à l’oral.
– Style : très soigné ; registre courant, voire
L’exercice 7 propose de faire porter la réflexion sur
soutenu : « Pourriez-vous m’accueillir… »
une conception de la vie : la préfère-t-on avec ou
– Les informations : la composition et l’écriture
sans risques ? D’autres thèmes proches sont
sont réfléchies afin de mettre en valeur des
également envisageables : le choix d’un loisir,
informations. Les plus importantes sont celles qui
le choix d’une profession, le choix entre une
concernent l’avenir et la future profession de
profession qui s’exerce d’une manière plutôt
l’expéditeur.
solitaire et une autre qui met en contact avec
5. Modalités. La préparation consiste pour une de nombreuses personnes, etc. Tous ces thèmes
part à rappeler les habitudes concernant la présen- conduisent l’élève à exprimer son opinion
personnelle. Aux élèves qui craindraient de positifs (en faveur de ce qu’on préfère) mais aussi
tomber à court d’arguments, on pensera à des arguments négatifs (en défaveur de ce qu’on
rappeler qu’on peut employer des arguments rejette).
S’exprimer à l’oral
DONNER SON AVIS p. 152 clairement son avis) et la forme de discours en
cause est la même (l’argumentation). On pro-
Réponses aux questions gramme les exercices sur quelques séances, on
peut envisager jusqu’à six élèves par séance (voir
1. Richard Dacoury donne son avis sur le sport
plus loin, l’exemple n° 2 de mise en pratique de la
qu’il pratique et il explique pourquoi il l’a choisi. Il
séquence) : le programme rappelle en effet à
analyse pourquoi il a préféré un sport d’équipe
plusieurs reprises que les exercices oraux doivent
plutôt qu’un sport individuel.
être de courte durée (de l’ordre de deux à trois
2. Le premier argument que Dacoury donne en minutes) afin que tous les élèves d’une classe
faveur des sports d’équipe est « l’envie d’être puissent effectuer l’exercice prévu. Les élèves sont
toujours en contact avec d’autres » (l. 2). Comme prévenus environ une semaine à l’avance de la date
argument en défaveur de la natation, il souligne de leur prestation. Ils peuvent ainsi y réfléchir,
qu’il était « trop pesant […] de se battre contre choisir des arguments, éventuellement s’exercer.
le chrono » (l. 8-9). On leur conseille d’être concis, la concision est
d’ailleurs souvent le résultat d’une bonne prépara-
3. Richard Dacoury a d’abord choisi la natation tion. Le temps imparti pour chaque prestation, de
par amour de l’eau depuis son enfance. La proposi- l’ordre de deux à trois minutes comme il vient
tion indiquant la raison de ce choix est : « Comme d’être signalé, oblige à la concision et la favorise.
j’adore l’eau depuis tout petit » (l. 3-4). Elle indique Après chaque prestation, on évalue rapidement en
une cause. tenant compte des critères proposés à la page 153
du manuel (critères que l’on peut retenir en tout
4. On pourrait remplacer « alors » par « donc », le
ou en partie). On peut attendre que plusieurs
lien logique exprimé ici est la conséquence.
prestations soient effectuées, afin d’évaluer par
comparaison. On peut aussi transposer la liste des
Corrigé des exercices
critères en un tableau que les élèves rempliront
1. à 5. Modalités. On peut donner le choix aux pendant la prestation de leur camarade (avec des
élèves entre deux ou trois des exercices présentés croix, ou des notes chiffrées, ou de simples
ici car leur but est le même (apprendre à exprimer remarques).
2. D’habitude, Odette n’écrit jamais parce qu’elle 3. « Je me serais tuée » (l. 4) : le verbe « serais
estime ne pas avoir d’idées originales, et être tuée » est au mode conditionnel, au temps passé.
dépourvue de style agréable : « car, si j’ai de l’ortho- Ce mode n’est pas employé ici pour atténuer
graphe, je n’ai pas de poésie » (l. 1). Elle indique l’expression, mais pour indiquer que l’action est
cette raison dès sa première phrase. La proposition soumise à une condition : Si monsieur Balsan
qui donne la cause est : « car je n’ai pas de poésie ». n’avait pas existé (condition), elle se serait tuée
On comprend grâce à cette phrase qu’Odette sait (action qui dépend de la condition). (1 pt)
livre à Namur, ville toute proche de son domicile, Dictée proposée (6 pts)
elle s’y rend et lui remet elle-même sa lettre. (1 pt) Il n’y a qu’un argument en faveur de la littérature :
le plaisir. On ne lit pas d’abord pour s’instruire
11. C’est peut-être l’image en haut de la
ou par devoir culturel, on lit et on aime lire
page 155 qui montre le mieux le caractère
d’Odette tel qu’on le devine d’après sa lettre, bien parce qu’on y trouve une source de jouissances
qu’elle ne soit pas en train de lire. En effet, cette inépuisables. Ce plaisir a ceci de particulier qu’il
image nous présente une femme encore jeune, est graduel, proportionné : non seulement le livre
d’une quarantaine d’années, jolie mais d’une par son format, sa commodité conserve une
beauté qui n’a rien d’ostentatoire. Ses habits supériorité absolue sur tous les autres supports ;
mêlent le noir et le bleu, ses cheveux châtains sont on peut le glisser dans une poche, l’ouvrir partout,
relevés, tout évoque un personnage modeste mais c’est un compagnon fidèle et peu encombrant.
qui prête attention à lui-même. L’angle de vue Mais surtout les grandes œuvres dévoilent à ceux
nous présente Odette en légère contre-plongée. qui les approchent des profondeurs insoupçon-
Son visage, légèrement tourné, se trouve valorisé nées que seule une fréquentation assidue permet
par ce choix ainsi que sa main et son cou, d’autant d’atteindre.
plus qu’il s’agit d’un plan rapproché. Elle semble Pascal BRUCKNER, « Le plaisir de lire »,
rêveuse, un doigt appuyé sur le coin de ses lèvres, dans Histoires de lecture,
© Ministère de la culture et de la communication,
elle sourit mais son sourire est empreint d’une
Centre national du livre, 1999.
certaine mélancolie.
Néanmoins, le choix de l’image en bas de page
Remarque : on écrit au tableau « Pascal Bruckner,
peut être accepté car cette image montre Odette
Le plaisir de lire » ; « graduel : progressif » ; « assidu :
assise dans un bus, les yeux rivés sur un livre de
régulier, persévérant ».
monsieur Balsan, dont le nom est lisible. Ici,
On accepte « de jouissance inépuisable ».
l’angle de vue nous présente Odette en légère
plongée, ce qui permet de voir davantage le
décor. Son attitude concentrée, malgré le lieu et
les autres passagers, la douceur de son visage qui Rédaction (15 pts)
est éclairé ainsi que les pages du livre, illustrent Pour évaluer les textes écrits par les élèves, on peut
bien les passages de la lettre où elle souligne que s’appuyer sur les critères suivants.
la lecture lui a rendu le goût de vivre, lui a même – Le genre : le texte est disposé et rédigé selon les
sauvé la vie. (1 pt) habitudes de présentation des lettres. Il est à la
première personne, avec le présent d’énonciation
comme temps de base.
– La qualité de l’argumentation : les arguments et
Réécriture (4 pts) les exemples sont variés et pertinents, l’ensemble
Nous n’écrivons jamais car, si nous avons de est organisé.
l’orthographe, nous n’avons pas de poésie. Or il – La qualité de la langue : la construction des
nous faudrait beaucoup de poésie pour vous phrases (clarté des liens logiques) et l’orthographe
raconter l’importance que vous avez pour nous. sont correctes.
En fait, nous vous devons la vie. Sans vous, nous – L’effet produit : le destinataire est bien pris en
nous serions tués vingt fois. Voyez comme nous compte, le registre de langue est courant ou
rédigeons mal : une fois aurait suffi ! soutenu, le ton sincère et respectueux.
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LANGUE LANGUE LECTURE LANGUE
L’expression Suite de Rêve et réalité, Le mode
Semaine 1 de la cause la séance 1, p. 132 conditionnel,
et de la exercices leçon 11, p. 308
conséquence,
leçon 26, p. 354
5 6 7 8 9
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION LANGUE
L’explication et La publicité est-elle ÉCRITE ÉCRITE Révision des
l’argumentation, indispensable ?, ex. 14, p. 137, Suite de leçons 26, 11, 39
leçon 39, p. 400, p. 136 préparation, la séance 7 : + exercices
Semaine 2
§ 3 et 4 brouillon amélioration d’orthographe :
du brouillon, le conditionnel,
mise au propre, ex. 9, p. 311
ramassage des
copies
10 11 12 13
Bilan de Bilan de la Suite des Compte rendu
la séquence : séquence (suite) : séances 7 et 8 et correction
Vers le brevet, Vers le brevet, Compte rendu du bilan
p. 154 : p. 154 : rédaction et correction de
Semaine 3 questions l’ex. 14, p. 137
(sauf 8), LECTURE
réécriture CURSIVE :
Le Cochet, le chat
et le souriceau,
p. 138
EXEMPLE 2
6 7 8 9
Les effets Le pamphlet : Suite de la séance Suite de la
dans le texte : Beaucoup trop 4 : amélioration séance 5 :
les figures de d’enfants, p. 142 du brouillon, prestations
style, leçon 35, mise au propre, de 6 élèves
p. 382 ramassage +
Semaine 2 des copies ORTHOGRAPHE :
Les accords dans
le groupe
nominal, les
déterminants,
p. 414 : exercices
10 11 12 13 14
L’explication et L’ironie : Suite de Compte rendu et Suite des
l’argumentation, Comment on fit un la séance 10 : correction de l’ex. séances 5, 9, 13 :
leçon 39, bel auto-da-fé…, leçon 39, 6 ou 7, p. 151 6 autres élèves
les connecteurs, p. 144 p. 400 + Suite des +
Semaine 3 p. 404 séances 5, 9 : ORTHOGRAPHE :
prestations de Les accords
3 autres élèves dans le groupe
nominal,
les déterminants :
dictée, p. 415
15 16 17 18
Révision Bilan de la Suite des séances Compte rendu
des leçons 26, séquence : 5, 9, 13, 14 : et correction
35, 39 Vers le brevet, 6 autres élèves du bilan
Semaine 4
p. 154 (sauf + + Suite des
question 3) ORTHOGRAPHE : séances 5, 9, 13,
et rédaction correction 14, 17 : les
de la dictée 3 élèves restants
SÉQUENCE 7
L’argumentation :
confronter des opinions
Objectifs et contenus
La séquence 6 a permis d’effectuer une pre- caractéristiques les plus sûres, les plus générales
mière étape dans l’étude et la pratique de l’argu- observées dans des documents de tous genres :
mentation. Après cette approche générale qui, article de presse, fable, nouvelle, roman, théâtre,
pour reprendre les termes mêmes du programme, lettre ouverte, dessin d’humour. Les thèmes sont
a été centrée sur « l’expression de soi », la séquence 7 choisis parmi les plus dignes d’intérêt, surtout
fait franchir à l’élève une deuxième étape, qui pour de jeunes adolescents : la liberté (La
assure « la prise en compte d’autrui ». Cette nou- Fontaine), la violence et la non-violence (Hugo),
velle étape demande davantage d’effort à l’élève la pauvreté et la charité (Zola), le mariage
puisqu’elle l’oblige à se « décentrer » : il ne s’agit (Molière, Balzac), l’accès à la culture (P. Brook).
plus seulement d’exprimer son propre avis, mais il
importe de repérer les différents avis portés sur Les activités d’expression
une question, de les comprendre et d’en rendre Dans sa partie traitant de l’expression écrite, le
compte. On se limitera pour l’essentiel à la prise programme précise, pour ce qui concerne la
en compte de deux opinions opposées, mais on pratique de l’argumentation en classe de 3e :
pourra envisager, si la classe le permet, l’expres- « Présentation de plusieurs opinions sur une ques-
sion de plusieurs opinions nuancées sur un sujet. tion. Cette compétence est en cours d’acquisition. »
On traite notamment les notions de thèse (thèse L’élève ne se limitera donc plus à donner et à justi-
soutenue et thèse rejetée), d’argument abstrait et fier son propre avis (ce qui était l’objectif de la
d’argument concret (l’exemple), selon les termes séquence 6), mais il s’efforcera d’exposer les diffé-
du programme. L’objectif premier est que l’élève rents avis qu’il peut y avoir sur une même ques-
comprenne les caractéristiques générales de l’ar- tion, l’avis personnel n’étant qu’un avis parmi
gumentation, et qu’il argumente lui-même de d’autres. Le travail pour acquérir cette compé-
manière de plus en plus efficace grâce à une pra- tence, qui ne va pas de soi, sera poursuivi au lycée.
tique soutenue par de nombreux exercices. On Il s’agit là, en effet, d’une mise en place, très en
évite donc une approche trop techniciste et on ne amont, des compétences nécessaires pour des
cherche pas à privilégier l’acquisition de notions exercices tels que la dissertation.
abstraites, dont certaines ont d’ailleurs une validité
Dans le domaine de l’expression orale, la confron-
douteuse : « La notion de circuit argumentatif, qui
tation d’opinions trouve sa manifestation la plus
privilégie le schéma réfutatif allant de la thèse réfutée
évidente dans les exercices de dialogue argumen-
à la thèse adoptée et écarte de fait les mouvements
tatif et de débat. Le programme précise que, dans
justificatifs ou délibératifs, a contribué à rigidifier les
le domaine de l’argumentation orale, l’expression
approches en les coulant dans les habits anciens de
de l’opinion « pourra se faire en situation d’échange
la rhétorique » (R. Tomassone et alii, Une Langue :
à deux (dialogue), ou en situation de groupe (débat).
le français, coll. « Les grands repères culturels »,
Elle prendra appui sur des lectures (œuvres littéraires,
Hachette, 2001).
presse, documents audiovisuels…) ». Les activités
que nous proposons répondent exactement à ces
L’étude de textes et d’images prescriptions.
Pour assurer de bonnes bases dans le domaine
de l’argumentation, la séquence met d’abord en Les outils de langue
évidence ce qu’est une confrontation d’idées. Puis À l’appui de cette séquence ont été sélectionnés
on étudie les formes que prend cette confron- en priorité les éléments constitutifs de l’argumen-
tation à travers différents genres, sur différents tation. La leçon 6 (« L’argumentation et le
thèmes et sujets. Ainsi l’approche globale de jugement ») explicite le vocabulaire nécessaire ; il
l’argumentation s’effectue en tablant sur ses est en effet indispensable de mettre l’accent sur
ce domaine lexical car les élèves manquent de A. BOISSINOT, Les Textes argumentatifs, collection
mots abstraits pour exprimer et développer leurs « Didactiques », Bertrand-Lacoste/CRDP de
idées. La leçon 27 traite de l’expression de l’oppo- Toulouse, 1992. Un des premiers ouvrages traitant
sition et de la concession. La leçon 39 explique la la question des textes argumentatifs dans l’ensei-
structure du texte argumentatif (thèse, argu- gnement du français (surtout dans la perspective
ments, connecteurs logiques…). On peut ajouter de la lecture méthodique).
la leçon 12 concernant la conjugaison et l’emploi C. PLANTIN, L’Argumentation, collection
du subjonctif (qui est le mode de la pensée). « Memo », Éditions du Seuil, 1996. L’ouvrage
Remarquons qu’il ne sera pas inutile de reprendre offre, de manière concise, une approche générale
au besoin la leçon 26, sur les liens de cause et de mais complète de la question.
conséquence, fondamentaux pour tout ce qui R. TOMASSONE et alii, Une Langue : le français,
repose sur du raisonnement. collection « Grands Repères Culturels », Hachette,
2001. On consultera les chapitres « Le jeu des
connecteurs argumentatifs » (p. 230) et surtout
Références bibliographiques « L’écriture argumentative » (p. 270) qui précise
ce qui, dans les théories concernant cette
Sur l’argumentation
question, est actuellement utilisable en classe.
J.-M. ADAM, Les Textes : types et prototypes,
L’introduction rappelle à juste titre que, si l’argu-
Nathan, 1997 (3e édition). Dans cette nouvelle
mentation est étudiée dans le domaine scolaire,
édition, l’auteur relativise la notion de « type de
texte » grâce à la notion de « séquence textuelle » c’est surtout « parce qu’elle est un puissant moteur
correspondant à ce que, dans la pratique scolaire, d’apprentissage et de socialisation ».
nous appelons un « passage » dans un texte. Le
chapitre IV analyse précisément « le prototype de Sur le dessin d’humour
la séquence argumentative ». Le Dessin de presse, Textes et documents pour la
P. ARON, D. SAINT-JACQUES, A. VIALA, Dictionnaire classe, n° 792, 15 mars 2000, CNDP, 2000. Le des-
du littéraire, Presses Universitaires de France, 2002. sin de presse est la plupart du temps un dessin
Dans cet ouvrage clair et utile, chaque notion fait d’humour comme le montre clairement ce
l’objet d’une définition, d’un historique et d’une numéro de Textes et documents pour la classe.
problématique. Pour ce qui concerne la présente M. RAGON, Le Dessin d’humour, collection « Point
séquence, on consultera en priorité les articles virgule », Éditions du Seuil, 1992. Bon ouvrage
« argumentation », « querelles », « polémique ». d’initiation, clair et maniable.
l’impression qu’il tient un stylo dans sa main confrontation : le décor est dépouillé et aucun élé-
droite, et la feuille de papier blanche sous son ment du décor n’évoque ou ne renvoie à un autre
autre main laisse penser que les idées échangées sujet. À part les chemises et les feuilles blanches, la
pourraient être notées. table est vide. Tout évoque le travail intellectuel,
Quant à l’autre personnage, vêtu d’une chemise l’échange.
blanche et d’un gilet, il est vu de profil. Il a le Enfin on note que le peintre a intitulé cette œuvre
coude plié et solidement posé sur la table. Avec la Argument, titre qui prouve clairement que le sujet
main ouverte et les doigts posés près des coins de du tableau est l’échange d’idées.
sa bouche, il montre ostensiblement qu’il réfléchit,
et qu’il dialogue. L’artiste suggère d’ailleurs que 3. Avec cette image, on voit qu’une confronta-
c’est lui qui est en train de parler, on peut le tion est un échange sérieux à propos d’idées ou de
déduire du fait que l’homme vu de face n’a pas la faits. Une confrontation est une mise en présence
bouche ouverte et qu’il est peint dans une attitude de personnes, d’idées, avec l’intention de les
d’écoute. apprécier, de les comparer, de mettre en évidence
On comprend que ces deux hommes s’intéressent les rapports de ressemblance et de différence. À
l’un à l’autre car chacun regarde son interlocuteur, l’idée de face à face dans une confrontation s’ajou-
aucun signe de distraction n’est perceptible. On terait ainsi celle de comparaison et même parfois
peut noter aussi que l’homme en bleu se penche celle d’un certain affrontement.
sur le côté (il est décalé par rapport au dossier de Toutes les idées peuvent donner naissance à des
sa chaise) comme pour être plus proche de celui confrontations où chacun pourra exposer ou
qui lui fait face, pour mieux l’entendre. Ils sont défendre son point de vue. Voici quelques sujets
d’ailleurs plus proches ainsi que s’ils s’étaient pla- sur lesquels les confrontations d’idées peuvent
cés de chaque côté de la table, face à face, et ce être très vives : la corrida, les voyages dans l’es-
choix a également permis au peintre de valoriser pace, la téléréalité, la publicité à la télévision, le
le visage de celui que l’on voit de face. téléchargement gratuit sur Internet, les devoirs à
Remarquons en outre que rien ne vient distraire la maison, les jeux vidéo, le sport de compétition
l’attention de l’observateur de cette etc.
de voyageurs morts plus les trains existent, les avions 5. Les journaux devraient nous aider à voir, com-
n’accèdent à l’existence que lorsqu’ils sont détournés ; prendre, connaître, penser notre vie de chaque
les voitures ont pour unique destin de percuter les jour, à « interroger l’habituel » (l. 19) : « comment en
platanes […] » (l. 2-5). rendre compte, comment l’interroger, comment le
Comme exemples d’insolite dans les informations, décrire ? » (l. 17-18). Selon Georges Perec les
il peut y avoir : un train arrêté à cause d’une vache journaux devraient nous aider à réfléchir sur ce
qui s’est mise en travers des voies, des policiers qui constitue notre vie, cette réflexion nous per-
s’affrontant à des pompiers (qui défilent lors d’une mettrait de rester éveillés, c’est-à-dire de toujours
grève), un voleur oubliant son portefeuille sur le réfléchir. Ainsi nous vivrions plus intensément, plus
comptoir de la banque qu’il vient de dévaliser consciemment, plus lucidement notre vie quoti-
(exemples authentiques), etc. dienne au lieu d’accepter de nous détourner d’elle.
Cela nous amènerait peut-être à la trouver, à lui
2. Dans le vocabulaire de la presse, « colonne » trouver un sens.
signifie une section qui divise verticalement une
page imprimée ; l’expression « cinq colonnes à la 6. La dernière phrase est de type interrogatif. Elle
une » renvoie à un titre qui domine de tout son pose semble-t-il la question essentielle qui nous
long la première page (la une) puisqu’il s’étale sur incite à partir à la recherche de notre vie. Elle
cinq colonnes. Le mot « manchette » désigne un renvoie clairement le lecteur à lui-même, veut le
titre très large et en gros caractères, à la une d’un pousser à réfléchir. Notons qu’à la fin du deuxième
journal. paragraphe l’auteur pose déjà le problème du
questionnement, même si la phrase est déclara-
3. Le mot « conditionnement » (l. 22) est syno- tive : « […] ce qu’ils racontent ne me concerne pas,
nyme dans le texte d’« intoxication », tandis que le ne m’interroge pas et ne répond pas davantage aux
mot « anesthésie » signifie « insensibilité » (l. 22). questions que je pose ou que je voudrais poser »
Georges Perec critique ici la manière de vivre qui (l. 13-14). Le troisième paragraphe, quant à lui,
consiste à accepter de se laisser étourdir, intoxiquer finit par une phrase interrogative : « […] ce qui se
par des nouvelles qui frappent, choquent mais passe chaque jour, comment en rendre compte, com-
paradoxalement ne nous réveillent pas, bien au ment l’interroger, comment le décrire ? » (l. 15-18).
contraire. Et l’utilisation du mot « anesthésie », Cette phrase interrogative finale est surprenante,
appartenant au domaine médical, insiste sur la elle interpelle le lecteur, qui est intégré dans le
force de ce pouvoir contre lequel nous ne pouvons « nous ». L’auteur nous renvoie à une question fon-
rien, puisque les nouvelles diffusées par les jour- damentale et nous laisse seuls : aucune réponse ou
naux nous endorment sans que nous nous en esquisse de réponse de sa part. Le lecteur, ainsi
rendions compte. Nous perdons la vigilance face laissé à lui-même, peut se sentir embarrassé, voire
aux événements du monde et de notre vie, même perturbé.
de notre vie de tous les jours. On devrait toujours
se poser des questions sur ce qui arrive, être 7. L’auteur donne deux arguments en faveur de
concerné, être étonné. C’est un mode de vie passif la télévision, les deux étant liés aux images : « Le
qui est ici critiqué. monde est présent à la télévision parce qu’on le voit »
(l. 3), « l’écran donne un effet de choc » (l. 7). Quant
4. D’après Georges Perec les journaux devraient aux journaux, l’auteur souligne que les informa-
contribuer à nous éclairer sur notre vie, et ainsi tions y sont plus nombreuses, et que tout ce qui
nous aider à prendre conscience de ce qui consti- touche à l’humain y est présenté : « Le journal reste
tue notre vraie vie : les travaux quotidiens, la vie du le meilleur résumé de ce qui se passe […] » : cet argu-
village ou du quartier, les saisons… Les journaux ment met en valeur la richesse et la concision des
devraient en rendre compte, raconter ce qui nous journaux. De plus, le journal reste à la disposi-
concerne pour que nous soyons justement intéres- tion du lecteur, qui peut ainsi relire, « reprendre »
sés par notre vie. La véritable utilité des journaux (l. 14) de manière à réfléchir aux faits, aux informa-
serait précisément d’« interroger l’habituel » (l. 19), tions données, ce que ne permet pas la télévision.
de nous informer sur tout ce qui est quotidien pour
que nous puissions réfléchir. Il est intéressant de
8. La seconde moitié du texte est presque entière-
ment consacrée au journal. Le destinataire a ainsi
remarquer que Perec emploie l’expression « le bruit
l’impression que l’auteur de l’article valorise le
de fond » (l. 17) pour évoquer ce quotidien. On
journal aux dépens de la télévision et lui accorde
peut l’opposer aux « bruits du monde », expression
nettement sa préférence.
parfois utilisée positivement à propos de ce que
rapportent les journaux. Mais pour Georges Perec, 9. L’expression « le journal est le feuilleton quoti-
les bruits du monde noient le bruit de fond, dien de la comédie humaine » (l. 10) est une sorte
l’essentiel. de définition du journal. Un journal est rempli
d’histoires qui traitent de tous les sujets propres journaux, provenant de différents pays. Ces jour-
aux êtres humains, dans tous les domaines et naux flottent dans la composition picturale, ce qui
partout ; il rapporte ces histoires inlassablement, indique davantage leur caractère éphémère que la
jour après jour. La « comédie », ici, c’est la vie, légèreté de leur contenu. À peine lus, les journaux
l’ensemble des actions des hommes, leurs réussites semblent s’envoler, chassés par les nouveaux. Avec
et leurs échecs. L’auteur fait ici référence à La Comé- le bras levé, l’homme les salue-t-il ou désire-t-il les
die humaine, un ensemble de romans écrits par rattraper, les retenir ?
Balzac, et dans lequel celui-ci a tenté de présenter
la société française de la première moitié du 15/a. Il existe un grand nombre de revues et de
XIXe siècle dans toute sa diversité : des personnages magazines car toutes les occupations, les opinions,
de tous les milieux sociaux, honnêtes ou malhon- les associations, les collectivités humaines ont leur
nêtes. Cette référence à Balzac rappelle que plu- revue ou leur magazine, dans tous les domaines.
sieurs des œuvres du romancier ont été publiées Tout groupement humain cherche à diffuser les
dans des journaux et que celui-ci connaissait bien informations qui le concernent et entretenir ainsi
le monde de la presse, monde qu’il a notamment une sorte de confrérie. Mais peut-être Internet va-
dépeint dans Illusions perdues. t-il restreindre dans un avenir proche ce grand
nombre de magazines.
10. Jean d’Ormesson réfléchit en comparant b. Il existe un grand choix de journaux car, pour
deux moyens d’information : le journal et la
simplifier, il existe de nombreuses régions (presse
télévision.
régionale) et de nombreuses visions différentes de
11. Georges Perec oppose ce que sont les l’actualité, et un bon nombre d’opinions diver-
journaux et ce qu’ils devraient être. gentes (presse nationale). Chaque journal a sa
ligne éditoriale particulière et ajoutera son
12. Georges Perec donne des exemples précis à
l’appui de sa thèse. Ceux-ci illustrent le caractère commentaire à l’information elle-même. Voltaire
toujours spectaculaire des événements mis en comparait la diversité des livres à la diversité des
avant dans les journaux : accidents de train (l. 2-3), hommes, il disait qu’il y avait beaucoup d’êtres
détournements d’avions (l. 4-5), accidents de humains dans le monde et que peu étaient nos
voitures (l. 5-8), cataclysmes naturels (l. 10), etc. amis et qu’il en allait de même pour les livres. Nous
Après avoir dénoncé, avec un humour noir certain, pouvons ajouter qu’il en va de même pour les jour-
l’attrait des journaux pour les catastrophes dans les naux. Les êtres humains ont des goûts, des opi-
moyens de transport (« les voitures ont pour unique nions, des attentes, des modes de vie différents et
destin de percuter les platanes », l. 5), Perec la diversité des journaux reflète la diversité
emprunte des exemples à d’autres domaines : « le humaine. D’ailleurs, tous les régimes dictatoriaux
significatif est toujours anormal : cataclysmes natu- s’en prennent à la liberté de la presse, la contrôlent,
rels ou bouleversements historiques, conflits sociaux, parfois très cruellement, et les journaux y sont
scandales politiques » (l. 10-11). beaucoup moins nombreux. On peut donc aussi
dire qu’il existe un grand nombre de journaux pour
13. Pour Perec, les journaux mettent l’accent sur
que chacun puisse choisir et lire le journal qui cor-
le sensationnel et détournent donc les lecteurs
respond à son attente, à son opinion.
de leur vie, les empêchent de questionner leur
quotidien et de prendre conscience de leur propre 16. Modalités. Ces deux exercices peuvent être
existence. réalisés à l’écrit ou à l’oral. On peut laisser choisir
Pour Jean d’Ormesson, le journal présente davan- les élèves entre les deux questions. Si l’exercice est
tage d’informations que la télévision et il est ainsi effectué à l’oral, on laisse un temps de réflexion aux
bien plus apte qu’elle à nous faire comprendre le élèves, puis on interroge plusieurs d’entre eux.
monde dans sa diversité ; il est également plus a. Pour s’informer, on dispose actuellement de
pratique, et plus disponible. nombreux moyens : journaux, revues, magazines,
14. L’illustration représente un tableau, comme mais aussi télévision (avec notamment des chaînes
le prouve l’indication « huile sur toile » dans la spécialisées en information), radio (avec égale-
légende accompagnant l’image. L’angle de vue, ment des chaînes spécialisées) et Internet (avec
une contre-plongée, met en valeur l’homme et les entre autres des sites spécialisés). On n’a jamais
journaux qui sont représentés sur fond clair et uni, disposé d’autant de moyens de s’informer mais la
et la relation entre ce personnage et ces journaux. méfiance, le doute, et la peur d’être manipulé,
L’homme est représenté de dos, mais sa place au augmentent de jour en jour : en effet il est difficile
centre de la composition lui confère une impor- de contrôler la validité, la vérité d’un nombre
tance certaine. Il a le bras levé vers des journaux qui incalculable d’informations, et de trier les informa-
s’envolent. On note la diversité des titres de ces tions intéressantes.
LA VIE DES MOTS résultat de leur mode de vie : le Loup est très
a. Un mensuel paraît chaque mois ; un bimensuel, maigre car il a choisi de mener une vie sauvage et
deux fois par mois ; un quotidien, chaque jour ; un il souffre de la faim, d’autant plus qu’il ne peut pas
hebdomadaire, chaque semaine. voler de nourriture à cause des chiens qui font
b. Une gazette : une publication ou un écrit bien leur travail de garde (v. 2). Le Chien, quant à
périodique contenant des nouvelles politiques, lui, a choisi de se mettre au service des hommes,
littéraires ou autres. On dit aujourd’hui un journal. ⵑ en compensation de quoi il est bien nourri.
Un brûlot : un journal polémique, une publication 2/a. Le Loup, poussé par la faim, entame la conver-
qui contient des informations scandaleuses. ⵑ sation. Il dévorerait volontiers le Chien, mais il n’a pas
Un canard : une nouvelle fausse sciemment la force de livrer combat. Il parle donc au Chien pour
lancée dans la presse. Le mot désigne aussi un le mettre en confiance et l’attaquer par ruse.
journal éphémère et sans valeur. b. Le Chien prononce les premières paroles
rapportées directement par le narrateur (v. 13).
Le Loup et le Chien p. 164 c. Ces paroles rapportées directement produisent
un effet de surprise. Le Chien n’est pas effrayé de
Cette fable de La Fontaine est doublement voir un loup lui adresser la parole, il n’est pas non
argumentative : plus grisé par les compliments de ce Loup. Au lieu
– elle met en présence deux thèses concernant la de se montrer vaniteux, le Chien est altruiste et
conception de la vie, chacune de ces thèses étant pense immédiatement à faire partager son bien-
incarnée par un animal qui en est le porte-parole. être au Loup. Cette prise de parole montre l’assu-
Même si l’une des thèses est plus explicite que l’autre rance du personnage, sa certitude d’avoir fait le
(le chien expose davantage d’arguments que le loup), bon choix. Le Chien apparaît comme un person-
les deux thèses sont bien identifiables et opposées : nage maître de lui ; il a réfléchi à sa manière de
cette caractéristique rend le texte et son enjeu facile- vivre, ce qui lui permet de trouver aisément des
ment compréhensibles par de jeunes élèves ; arguments pour la défendre.
– la fable, dans son ensemble, a une visée argumen- 3. Le Chien parle le plus. D’abord il répond aux
tative : en laissant le dernier mot au loup, l’auteur compliments du Loup et, comme il n’est pas préoc-
montre sa préférence pour la thèse défendue par cet cupé, il a le temps et le loisir de discourir. Il prend
animal. Il valorise la thèse prônant une vie libre, son temps pour donner des conseils au Loup, bien
c’est-à-dire qui ne dépend pas d’autres personnes que expliquer en détail les tâches qu’il aura à accomplir
soi-même. La fable joue clairement son rôle : le récit pour mériter sa nourriture. Ensuite, le Chien se sent
est un exemple qui illustre un avis ; sur ce point, on à l’aise car il mène la vie qu’il a lucidement choisie.
pourra rapprocher ce texte de l’autre fable de Enfin il n’est peut-être pas mécontent d’afficher
La Fontaine présentée dans le manuel (Le Cochet, son mépris pour les loups et autres animaux sau-
le chat et le souriceau, p. 138). vages qui mènent une vie de « misérables » (v. 16).
On pourra aussi comparer ce texte avec le récit Le Chien est en position de supériorité et ne craint
d’Alphonse Daudet, La Chèvre de Monsieur pas de le faire sentir par la facilité et l’abondance de
Seguin, qui traite du même dilemme : soit faire des sa parole.
compromis avec la liberté afin de s’assurer une vie
confortable, soit rester entièrement libre mais se 4. Le sujet général de la conversation est la façon
satisfaire d’une vie pauvre et exposée aux risques de de vivre, de mener sa vie. Par là on traite de deux
tout genre. conceptions de l’existence : soit une vie libre qui
s’accompagne de risques, soit une vie de dépen-
Réponses aux questions dance mais qui assure la sécurité du lendemain.
1/a. Les deux seuls personnages de cette histoire 5/a. « Qu’est/-ce/là ?/lui/dit/-il./– Rien./– Quoi ?/
sont deux animaux : un loup et un chien. Ce loup rien ?/– Peu/de/chos(e) » : 12 syllabes.
et ce chien sont personnifiés : ils parlent, ils argu- Il s’agit donc d’un alexandrin. La fable comporte
mentent. Leur nom porte donc une majuscule, tels 18 alexandrins au total.
des noms propres, caractéristique qui permet aussi b. Le dialogue devient plus rapide quand il est
un effet de généralisation : ce Loup et ce Chien question du cou pelé du Chien (v. 33 à 37). Le
représentent tous les loups et tous les chiens. Chien répond par monosyllabes aux questions
b. Avant de montrer la différence d’opinion entre empressées du Loup car il ne veut pas parler de sa
ces deux animaux, l’auteur nous montre leur condition de dépendance. Il répond, certes, mais il
opposition physique : le loup n’a « que les os et la est embarrassé, cette dernière partie du dialogue
peau » (v. 1), alors que le Chien est « aussi puissant contraste avec les précédentes, le Chien, gêné,
que beau » (v. 3). Cette opposition physique est le apparaît comme en retrait, sur la défensive.
c. On trouve aussi dans cette fable des octo- nourriture en abondance. Le cigare nous confirme
syllabes (v. 2, 6 à 10, 12-13, 15-17, 18, 20, 24 dans l’idée que le chien dispose de tout ce qu’il faut,
avec diérèse, 26, 28-29, 31 et 39) et des décasyl- nécessaire et superflu. La connotation de richesse
labes (v. 1, 11, 22, 37). associée au cigare renforce l’effet : ce sont générale-
Exemple d’octosyllabe : « Por/tants/bâ/tons/et/ ment les banquiers, les riches bourgeois que l’on
men/di/ants » (v. 24). représente, au XIXe et au XXe siècle, fumant le cigare.
Exemple de décasyllabe :« Un/loup/n’a/vait/que/ Rien de tout cela pour le Loup : il est vêtu de vête-
les/os/et/la/peau » (v. 1). ments rapiécés et a respectueusement ôté son cha-
peau, comme cela se faisait autrefois devant un
6. Pour convaincre le Loup, le Chien emploie
supérieur, et il se tient courbé. Il est tellement
principalement deux arguments : la tranquillité, la
modeste et gêné devant le Chien qu’il en ferme les
bonne santé. En effet, s’il vit comme le Chien, le
yeux. Les deux personnages se font face, chacun
Loup n’aura « presque rien » à faire (v. 23), et il sera
très bien nourri : « votre salaire/Sera force reliefs » d’un côté de la page, comme pour mieux souligner
(v. 26-27). Le Chien soutient la thèse suivante : la leur appartenance à deux mondes différents. Sur
meilleure façon de vivre est la vie domestique, cette illustration la personnification étant extrême-
c’est-à-dire au service des hommes ; c’est elle qui ment poussée, le dessin s’apparente à la caricature.
apporte le bonheur. Sur l’illustration de la page 165 (en couleurs), le
Loup et le Chien sont présentés sans personnifica-
7. Les arguments du Chien ont convaincu le tion, tels de véritables animaux, et le dessin est réa-
Loup : « Le Loup déjà se forge une félicité/qui le fait liste (il dégage une forte impression de réel). Le
pleurer de tendresse » (v. 30-31). Chien est vu de dos, en surplomb par rapport au
8. Le Loup est placé devant une alternative très Loup, comme s’il lui était supérieur. Remarquons
claire : soit il choisit de rester sauvage et de mener que l’observateur est amené à partager le point de
une vie misérable, donc d’être maigre et affamé, vue du Chien, c’est-à-dire qu’il voit le Loup comme
soit il accepte de devenir un animal domestique, de s’il était à côté de l’animal domestique. On se rend
vivre à l’aise et bien nourri, mais il perd sa liberté. compte immédiatement que le Chien est plus gros
que le Loup, dont la maigreur apparaît d’autant
9/ a. Le loup choisit finalement de continuer à mieux par contraste. Le poil du chien paraît lisse, soi-
vivre de manière pauvre et sauvage. Ce qui a déter- gné, alors que celui du loup est hérissé. L’animal
miné ce choix, c’est la question de la liberté : le domestique semble donc avoir tous les avantages.
Loup ne veut pas de collier, il ne veut pas être Les deux animaux se ressemblent un peu cepen-
attaché (le collier et la chaîne représentent le lien à dant ; leurs pelages sont de couleur proche, leurs
l’homme, la servitude). attitudes sont semblables : bien appuyés sur leurs
b. Pour le Loup, ce qui est important dans la vie, quatre pattes, ils s’observent. Le principal élément
c’est la liberté. Celle-ci est ici à comprendre qui les différencie n’en prend que plus d’impor-
comme absence de lien de dépendance, de sou- tance : il s’agit du collier, qui attire le regard grâce à
mission aux humains. ses couleurs vives, jaune et bleu, bien visibles sur le
10. Les deux conceptions de la vie qui s’affron- pelage clair du chien.
tent dans ce texte sont les suivantes : d’une part 13. Modalités. L’exercice peut s’effectuer par écrit
une vie entièrement libre mais pleine de risques, ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse un temps
d’autre part une vie dépendante, soumise à des de réflexion aux élèves, puis on interroge plusieurs
contraintes, mais qui assure la sécurité. d’entre eux. Si une nette tendance se dégage en
11. La morale explicitera les raisons qui ont faveur d’une des illustrations, on essaie d’en trou-
présidé au choix du Loup, par exemple : Mieux vaut ver la raison. Pour la justification d’une réponse, on
être libre et affamé/Que bien nourri et prisonnier. peut attendre un ou deux arguments.
12. Sur l’illustration de la page 164 (en noir et 14. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
blanc), l’opposition entre le Loup et le Chien est ren- ou à l’oral. Il consiste à imiter une situation : deux
due d’abord visible grâce à leurs costumes : chapeau conceptions s’affrontent sur un sujet, chacune
à plumes, redingote richement décorée, jabot de étant incarnée par un personnage, et ces person-
dentelle, chaussures à boucles pour le Chien, et pan- nages argumentent au cours d’un dialogue, en
talon rapiécé, veste grise, sans aucun ornement, marchant. On peut emprunter quelques procédés
pour le Loup. On remarque aussi que l’attitude de repérés dans la fable, par exemple l’accélération du
chacun des deux animaux est différente : le chien se dialogue quand un personnage est embarrassé ou
tient droit, pattes dans ses poches, il a la pose assu- n’a pas envie de répondre. On peut imaginer que
rée voire arrogante de celui qui ne manque de rien, les deux personnages qui passent devant le zoo et
son ventre proéminent indique qu’il dispose de discutent… sont des animaux personnifiés.
Gauvain et Cimourdain p. 166 tué par ses soldats, et a favorisé sa fuite. Selon
Cimourdain, Gauvain aurait dû supprimer ces
personnes, il a eu tort d’être clément car tous ceux
Après une première lecture de découverte, on peut
qu’il a épargnés sont des ennemis dangereux.
demander aux élèves ce qui fait la difficulté de ce
texte : on notera entre autres la densité des références 4. Gauvain justifie ses actes par de nombreux
historiques, l’expression métaphorique (« On a foi arguments. On en choisira deux parmi les suivants :
dans les rides », l. 9), la recherche de formules « Je ne fais pas la guerre aux femmes » (l. 3) ; « Je ne
(« N’accuse point qui n’est pas accusable », l. 33-34, fais pas la guerre aux vieillards » (l. 7) ; « on ne se met
« Marat, c’est l’implacable », l. 44), etc. Mais par le pas à quinze cents pour tuer un homme » (l. 21) ;
rythme des échanges, le ton de conviction des person- « on ne tue pas un homme à terre » (l. 25) ; « je vou-
nages fortement typés, l’importance de l’enjeu, le drais lui [à la république] faire des amis, et non lui
texte emporte facilement l’adhésion du lecteur. donner des ennemis » (l. 29). Les principes qui gui-
dent la conduite de Gauvain sont essentiellement
Réponses aux questions la loyauté, le respect de la personne humaine, la
générosité (la magnanimité, la grandeur d’âme, la
1. Les personnages suivants ont réellement
noblesse…). Gauvain souhaite que le combat soit
existé : « le dauphin » (l. 11), désigné également
équitable ; selon lui on ne doit pas combattre des
sous le nom de « Louis Capet » (l. 16), Marie-Antoi-
plus faibles (femmes, vieillards) ou mettre à mort
nette (l. 14-15), le pape Pie VI (l. 15), né en 1717 et
des ennemis qui se trouvent en position d’infério-
mort en 1799. Les personnages cités à la fin de
rité. Ce qui caractérise ce personnage, c’est sa clé-
l’extrait ont également existé, ce sont de grandes
mence, et l’horreur que lui inspire la violence, ou la
figures de la Révolution française : Danton (l. 43), mort donnée de manière injustifiée. Il n’est pas
Robespierre (l. 43), Saint-Just (p. 44), Marat sans rappeler l’attitude de Hugo s’opposant à la
(p. 44). Quant à Jean Treton (l. 19) dit « Jambe d’ar- peine de mort. On voit dans son comportement de
gent », et à Joseph Bézier (l. 23), dit « Moustache », la compassion, de la générosité et aussi de la
ils sont mentionnés dans les Lettres sur l’origine de la noblesse d’âme, une attitude se rapprochant de
chouannerie (1825-1827) de Duchemin-Desce- l’idéal chevaleresque. On peut aussi remarquer que
peaux. Hugo a consulté cet ouvrage, qui constitue ce personnage, qui est issu d’une famille d’aristo-
sa principale source sur l’histoire de la Vendée. crates, a choisi le parti de la République. Républi-
Les personnages imaginés sont Gauvain, cain par conviction, il a le souci de faire aimer la
Cimourdain et probablement les religieuses du république et ses valeurs en agissant en chef
couvent de Saint-Marc-le-Blanc mais la commune humain et non en ennemi implacable.
de Saint-Marc-le-Blanc n’a pas été inventée par
Hugo. Elle est située en Bretagne (département 5. Les réponses de Gauvain ne peuvent satisfaire
d’Ille-et-Vilaine), dans le pays de Fougères. Cimourdain. Ses convictions sur les religieuses et
les prêtres sont bien différentes de celles de son
2. Cimourdain questionne Gauvain car il veut ancien élève. De plus, les faits semblent montrer
obtenir des explications sur le comportement de que Gauvain a sous-estimé ses ennemis. En effet, si
celui-ci et l’inciter à ne plus se montrer clément. Gauvain veut épargner des religieuses, c’est qu’il
Pour Cimourdain, Gauvain doit faire son devoir, voit en elles des femmes inoffensives, mais pour
même si cela signifie qu’il faut sacrifier des vies Cimourdain « ces femmes-là haïssent le peuple. Et
humaines. pour la haine une femme vaut dix hommes » (l. 4).
3/ a. Cimourdain évoque l’attitude de Gauvain Un vieux prêtre selon lui n’est pas un faible
d’abord à l’égard de religieuses (l. 1) puis à l’égard vieillard, « Un vieux prêtre est pire qu’un jeune. La
de prêtres faits prisonniers (l. 5). Ensuite il évoque rébellion est plus dangereuse, prêchée par les cheveux
ce qu’a fait Gauvain face à un homme seul, Jean blancs » (l. 8-9). Quant aux hommes sauvés par
Treton (l. 18) puis face à un homme blessé, Joseph Gauvain, Jean Treton et Joseph Bézier, ils sont deve-
Bézier (l. 22), ceci au cours de différentes attaques. nus « chefs de bande » (l. 26). « En sauvant ces deux
hommes tu as donné deux ennemis à la république »
b. Dans chacune de ces situations, Gauvain a fait
(l. 27-28), conclut Cimourdain.
preuve de clémence. Il a fait « mettre en liberté
[des] religieuses » (l. 1), il a « refusé d’envoyer au 6. Pour Gauvain, l’année 93 est marquée par le
tribunal révolutionnaire » (l. 6) des vieux prêtres, nombre des morts, dans chaque camp : « Ce sera
leur sauvant sans doute la vie car la justice du une date sanglante que cette année 93 où nous
tribunal révolutionnaire pouvait être expéditive. Il sommes » (l. 32). Le choix de l’adjectif « sanglant »,
a laissé s’enfuir « le rebelle Jean Treton » (l. 19), il a si concret, permet de mieux percevoir la hantise de
épargné « le Vendéen Joseph Bézier, qui était la mort de Gauvain. Gauvain est frappé par la
blessé » (l. 19-20), ce qui a évité à ce blessé d’être cruauté, la violence, la mort.
Remarque : on pourra poser la même question au interrogatives révélant son émotion et son désir de
sujet de Cimourdain. On fera ainsi apparaître net- convaincre. Il use aussi d’autres procédés oratoires
tement la différence d’appréciation entre les deux comme la répétition des mots « année », « révolu-
personnages. Cimourdain utilise l’adjectif tion », « sans pitié ». L’emploi de présentatifs devant
« énorme » (l. 35) : « ce qui caractérise cette année des adjectifs de même formation (suffixes quasi-
énorme, c’est d’être sans pitié » puis les adjectifs ment identiques) vient renforcer cette même idée :
« grande » et « révolutionnaire » (l. 36). les chefs révolutionnaires sont admirables parce
Cimourdain est donc frappé par l’importance que sans pitié, ainsi « Danton, c’est le terrible, Robes-
historique de l’année 93. Il valorise ce moment de pierre, c’est l’inflexible, Saint-Just, c’est l’irréductible,
l’Histoire parce qu’il est porté par l’idée que la Marat, c’est l’implacable » (l. 43-44). On a ainsi l’im-
révolution doit s’accomplir, à tout prix. pression que les idées de Cimourdain sont marte-
7/ a. Le champ lexical de la chirurgie entre les lées. Autre marque de la passion de Cimourdain, la
lignes 33 et 46 est constitué par les mots suivants : personnification de la révolution : celle-ci « a un
« chirurgien » (l. 38 et 41), « gangrène » (l. 38), ennemi » (l. 37), et elle « est sans pitié pour lui »
« opération » (l. 40), « ampute » (l. 40), « hémorra- (l. 37) ; la révolution « ampute » (l. 40), « repousse »
gie » (l. 40), enfin ligne 43 « main ». On peut accep- (l. 42), « n’a foi qu’aux inexorables » (l. 43). La
ter les termes « maladie » et « médecin » (l. 34). révolution apparaît ainsi comme l’objet de la
b. Cimourdain justifie ainsi l’absence de pitié : si passion de Cimourdain, sa raison de vivre et de
l’on veut que la révolution aboutisse, on ne peut combattre.
se permettre d’éprouver de la pitié. L’idéal révolu- 10. Pour qualifier Gauvain d’après ses propos et
tionnaire exige d’oublier les individus et leurs son comportement, on peut employer les adjectifs
souffrances afin que puisse s’accomplir une trans- suivants : humain, magnanime, bienveillant, géné-
formation du monde salutaire pour tous. C’est une reux, clément, compatissant (à l’égard de ses enne-
étape nécessaire : « Ensuite, vous vivrez » (l. 40), mis), courageux (en tant que combattant), fidèle (à
dit-il. On comprend que, selon Cimourdain, le ses principes), mais sincère (en tant que révolution-
révolutionnaire et le chirurgien sont semblables en naire), inquiet (en ce qui concerne les consé-
cela qu’ils font endurer des souffrances mais dans quences des actes commis et le jugement de la
un but salvateur. postérité : voir les passages déjà cités pris dans les
8/a. Pour réussir une révolution il est primordial lignes 32 à 46).
que combattent pour elle des hommes qui ne se 11. Ce dialogue fait apparaître deux attitudes
laisseront pas fléchir, qui seront implacables : « La opposées concernant la guerre de Vendée, que l’on
révolution […] veut pour l’aider des ouvriers peut d’ailleurs élargir aux guerres en général. Ces
farouches. Elle repousse toute main qui tremble. Elle attitudes sont d’autant plus surprenantes, et inté-
n’a foi qu’aux inexorables » (l. 42-43). ressantes pour nous lecteurs, qu’elles viennent
b. Gauvain ne partage pas l’avis de Cimourdain. toutes les deux de soldats républicains, qui de sur-
On le voit à travers ses réflexions, ses arguments, croît se connaissent bien. Dans cette guerre qui
au fil de ses répliques. À propos de 93, il oppose républicains et royalistes, le choix de la clé-
remarque : « Ce sera une date sanglante » (l. 32). mence s’oppose à celui de l’inflexibilité. Grâce au
Sa réponse à Cimourdain montre qu’il n’accepte dialogue, constitué essentiellement d’arguments et
pas la comparaison de ce dernier : « Le chirurgien d’exemples, on comprend les raisons qui expli-
est calme […], et les hommes que je vois sont quent ces attitudes. Les idées sont incarnées par
violents » (l. 41). Enfin, il exprime ses craintes ces deux interlocuteurs. Le dialogue offre au lec-
concernant l’avenir : à la phrase de Cimourdain teur une confrontation d’idées particulièrement
« Ils terrifieront l’Europe. » (l. 45), il répond « – Et vivante et captivante, car chacun des deux person-
peut-être aussi l’avenir » (l. 46).
nages a de bonnes raisons, veut convaincre l’autre
c. À la ligne 41, on peut remplacer « et » par
et n’est pas à court d’arguments.
« mais ». L’idée exprimée est l’opposition.
12. Aucun des deux personnages n’a convaincu
9. Cimourdain se montre le plus passionné l’autre. Pour Cimourdain la clémence est inaccep-
comme l’indiquent plusieurs éléments et tout
table car seule l’inflexibilité fera triompher la révo-
d’abord le verbe qui introduit ses propos :
lution. Gauvain demeure sceptique et inquiet
« s’écria » (l. 33). Ensuite on remarque qu’il parle
quant aux conséquences d’un tel choix, ainsi que le
bien plus longuement que Gauvain (entre les lignes
montre la dernière phrase du texte.
33 et 46, 12 lignes rapportent des paroles de
Gauvain, et bien plus encore dans la version inté- 13. Bien que ne partageant pas les mêmes
grale du roman). On trouve dans son discours convictions, les deux personnages demeurent
beaucoup de phrases injonctives et de phrases respectueux l’un envers l’autre. Le débat est très
important, il s’effectue avec passion, mais sans meilleur que l’ancien ; cette conviction l’amène
débordements : pas de propos violents ou irrespec- à négliger les souffrances et les injustices qui
tueux, d’insulte, de colère. L’échange des idées est découlent de l’inflexibilité des révolutionnaires.
ici privilégié, pas une attaque de personne à « Craignez que la Terreur ne soit la calomnie de la
personne. révolution », lui dit Gauvain, un peu plus loin dans
le roman.
14. Plusieurs qualités des combattants (ici des
royalistes) sont mises en valeur par l’artiste : 17. Modalités. Cet exercice écrit propose l’imita-
l’ardeur, l’audace, le courage, la détermination, la tion d’une situation. On rappelle aux élèves qu’ar-
combativité et aussi la discipline. Les hommes gumentation n’est pas synonyme d’affrontement
munis d’armes parfois rudimentaires – on aperçoit ou de dispute (même si le désaccord entre les per-
une faucille – suivent leurs chefs, unis avec eux sonnages est complet, comme dans le texte), et
dans un même élan. Pour bien montrer ces qua- qu’ils doivent veiller à la correction de la langue,
lités, l’auteur de cette gravure a figuré tous les per- employer un registre courant mais non familier.
sonnages en mouvement, ils sont représentés avec Évaluation. Pour évaluer le dialogue argumentatif,
un seul pied en appui sur le sol et s’élancent résolu- on sera notamment attentif au choix des argu-
ment vers l’avant, avec les bras levés haut comme ments, à leur équilibre ainsi qu’à la présentation
c’est le cas du personnage au centre de l’image. du dialogue ; on trouvera, à la page 183 du
Deux hommes regardent vers la troupe qui les suit, manuel, des critères d’évaluation pour un tel
ce sont les chefs. L’un se trouve en hauteur, il vient exercice.
de franchir un obstacle et a le bras levé pour mon-
trer la direction à suivre, l’autre dirige les hommes
à l’aide de son sabre brandi bien haut. L’ensemble
des combattants, tous armés, semble déterminé
à se battre.
Ginevra di Piombo p. 168-169
15. En plus de son intérêt esthétique, cette gra-
vure a une valeur documentaire certaine. En effet, Même s’il est question de sentiments dans cette
elle nous informe sur les costumes, les chapeaux, histoire (amour de Ginevra pour Luigi, amour de
les armes que possédaient les combattants de cette Bartholoméo pour sa fille), c’est essentiellement par
époque, ainsi que sur les lieux où se passaient les des arguments faisant appel à la raison que les deux
combats : la campagne ici, avec un pont sur lequel adversaires combattent ; il s’agit pour chacun d’eux
des obstacles semblent avoir été dressés. On voit de gagner l’adhésion de l’autre à sa propre position.
aussi l’état d’esprit des combattants, leurs qualités. Ce texte offre un exemple particulièrement probant
On perçoit également d’après les costumes le rang d’argumentation développée dans le but de
social de chacun. La plupart sont des paysans, si convaincre, d’où sa présence dans cette séquence.
l’on en juge d’après leurs tenues très simples ; les La situation (une jeune fille s’oppose à ses parents)
trois hommes qui se trouvent à leur tête, portant et le thème (le mariage) ne devraient pas laisser
chapeaux, vestes et larges ceintures et étant munis indifférents la plupart des élèves. On peut rapprocher
de sabres, peuvent être des aristocrates. cette scène extraite d’une nouvelle avec une scène de
16. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit théâtre où il est également question de mariage
ou à l’oral. Gauvain et Cimourdain peuvent être (Molière, Les Femmes savantes, acte I, scène I, aux
jugés aussi convaincants l’un que l’autre : le cha- pages 173-174 du manuel).
pitre où s’insère le passage s’intitule d’ailleurs « Les
deux pôles du vrai ». On attend donc surtout des Réponses aux questions
arguments pour étayer la prise de position des
1. Les personnages qui participent à la scène sont
élèves, et des arguments précis, notamment pris
Ginevra di Piombo, son père et sa mère. Seuls
dans le texte, sous forme de citations. Toutefois il
Ginevra et son père parlent, la mère est présente
est important de faire comprendre que l’on sera
mais n’intervient pas.
plus touché par les arguments de l’un ou de l’autre
selon les valeurs que l’on privilégie – générosité et 2/ a. Les différents substituts pour désigner
humanisme pour Gauvain, avant tout triomphe de le père sont nombreux : « Il » (l. 1, l. 4, l. 19),
la révolution pour Cimourdain. Chacun est idéa- « Bartholoméo » (l. 4, l. 15, l. 19, l. 24, l. 45),
liste à sa manière : Gauvain a une confiance angé- « Piombo » (l. 9, l. 28, l. 34), « le vieillard » (l. 16),
lique en l’être humain, on le voit quand ceux qu’il « le baron » (l. 21), « le vieux Corse » (l. 34),
a sauvés combattent de plus belle contre les répu- « Bartholoméo di Piombo » (l. 38).
blicains ; Cimourdain croit aveuglément en la révo- Remarque : on notera que le nombre et la variété
lution, qui doit faire naître un monde nouveau, et de ces substituts peuvent gêner la compréhension
du texte. On poursuivra éventuellement la subjonctif dans cette proposition car elle dépend
réflexion en se demandant pourquoi le narrateur a d’un verbe à la forme négative, dans une proposi-
choisi tel substitut à telle place dans le texte, à tel tion de type interrogatif. Ici le verbe de la subor-
moment de l’histoire. donnée est au présent en raison de la concor-
b. Le père de Ginevra se livre à un combat inté- dance des temps, le verbe de la proposition
rieur, dans sa tête et dans son cœur. Il est en proie principale étant au présent.
à deux tendances contradictoires : d’une part faire b. Ginevra di Piombo s’adresse à son père avec un
le bonheur de sa fille, d’autre part refuser de niveau de langue soutenu tout au long de la
s’allier à une famille ennemie. Nous assistons conversation. Par exemple en répondant « Cela est
à ce combat à travers Ginevra qui en constate la vrai », quand son père engage la discussion, plutôt
fureur. « Ginevra tressaillit et regarda son père avec qu’un simple « oui ». Ce niveau de langue confère
anxiété. Le combat qu’il se livrait devait être horrible, un caractère grave, sérieux, réfléchi à ses propos.
sa figure était bouleversée. » (l. 1-2) Ses réponses n’apparaissent pas comme des
paroles spontanées, émises sous le coup de l’émo-
3. Le vouvoiement entre le père et sa fille produit tion et donc susceptibles de changer. Son langage
un effet surprenant pour un lecteur d’aujourd’hui. soutenu, dont l’effet est renforcé par le vouvoie-
Ce vouvoiement donne de l’importance, et même ment, souligne sa détermination.
de la solennité à la scène, il marque l’ouverture et
la fin de la conversation entre le père et sa fille, 5. Dans les deux premiers paragraphes, Bartholo-
il accompagne les moments les plus graves. Il méo di Piombo semble bouleversé. Ayant du mal à
convient de remarquer que, si Ginevra vouvoie son dissimuler son trouble, il jette sur sa fille des
père tout au long de la conversation, lui ne la vou- « regards furtifs » (l. 4) et, quand il commence à
voie qu’au début et à la fin de leur dialogue conflic- parler, c’est « sans oser regarder sa fille » (l. 9). C’est
tuel. Il la vouvoie pour constater l’ampleur du donc une attitude de gêne, de malaise. En
crime de sa fille – « Ginevra, vous aimez l’ennemi de revanche, Ginevra domine ses émotions : « elle ne
votre famille » (l. 9) – avant de passer au tutoiement tremblait pas » (l. 3). Elle est déterminée, elle
pour rappeler les conflits et les meurtres qui ont affirme que son « choix est fait », et s’exprime
existé entre les deux familles. Il reprend le vouvoie- « d’une voix calme » (l. 14). Son attitude est ferme,
ment pour réaffirmer son pouvoir sur sa fille, sa maîtrisée. Quant à la mère, elle connaît bien sa fille
détermination et le caractère irrévocable de sa et son mari, et, face à « la certitude du changement
décision : « Vous croyez peut-être faire plier ma qui pouvait s’opérer dans les sentiments du père et de
volonté ? détrompez-vous : je ne veux pas qu’un Porta la fille » (l. 6), elle reste silencieuse, son visage
soit mon gendre. Telle est ma sentence » (l. 36-37). seul étant animé « d’une expression de terreur »
Le vouvoiement de Ginevra est sa façon respec- (l. 7-8). C’est une attitude de réserve, qui exprime
tueuse mais habituelle de s’adresser à ses parents ; l’inquiétude.
on le constate dans l’ensemble de la nouvelle. Il 6. En parlant avec sa fille, le père a l’intention de
faut y voir la marque des conventions sociales de la convaincre : il veut lui faire comprendre qu’il est
l’époque. Le vouvoiement venant du père est inconcevable pour une Piombo d’épouser un
beaucoup plus rare et produit un effet de rupture Porta. Ginevra, elle, tente de convaincre son père
avec le tutoiement et les termes affectueux que de l’intensité de son amour pour Luigi Porta et veut
celui-ci emploie, dans la première partie de la nou- l’amener à accepter son choix : « N’est-il pas natu-
velle, à l’égard de son enfant unique qu’il chérit rel que vous fassiez céder votre vendetta à mes senti-
plus que tout. ments ? » (l. 27) Elle agit donc pour que son père
4/a. Le verbe « restât » (l. 26) est à l’imparfait du change d’avis.
subjonctif, le verbe « fassiez » (l. 27) est au présent 7/ a. Le premier argument avancé par le père
du subjonctif. parlant à sa fille concerne la vendetta. Il lui rappelle
– « Pouvais-je penser qu’il restât un seul de ceux que que celle-ci est une affaire qui concerne et engage
vous aviez tués ? » (l. 26-27) : dans une proposition la famille entière, une affaire qui fait partie de son
subordonnée conjonctive (dont la fonction est héritage, elle ne peut ni ignorer la vendetta, ni la
complément d’objet direct), le subjonctif est trahir : elle ne peut aimer « l’ennemi » (l. 9) de leur
employé après un verbe exprimant une incerti- famille : « Notre vendetta fait partie de nous-
tude, un doute. Ici le verbe de la subordonnée est mêmes » (l. 12), rappelle le père dans une formule
à l’imparfait en raison de la concordance des frappante.
temps, le verbe de la proposition principale étant b. Le père se méprend sur la réponse de sa fille.
à l’imparfait. Quand celle-ci dit « Mon choix est fait » (l. 14), il
– « N’est-il pas naturel que vous fassiez céder votre croit qu’elle a décidé de renoncer à Luigi Porta car
vendetta à mes sentiments ? » (l. 27) : on trouve le pour lui il n’y a pas d’autre choix possible. Il inter-
prète mal l’attitude de sa fille car celle-ci est calme, également la discussion par un geste : il « frappa
sereine : « La tranquillité de sa fille trompa sur le marbre de la cheminée » (l. 45). Ce geste
Bartholoméo » (l. 15). Il croit sûrement qu’elle s’est marque son impuissance et sa détermination, sa
résignée, soumise à une solution raisonnable, et déception et sa colère.
son émotion est telle qu’il lui vient des larmes, « les
9. Le mot « sentence » (l. 37) semble naturel dans
premières et les seules qu’il répandit dans sa vie » (l.
cette phrase. Il désigne une décision importante
17). Il se méprend car il ne peut envisager l’amour
(de la part d’un juge, un arbitre), un jugement. Le
de sa fille pour un Porta (l. 16-17). On en déduira
père parle ici en tant que chef de famille tout-
pour la suite que la situation ne peut trouver de
puissant, on entend dans ses propos la voix du
solution heureuse, que le père et sa fille ne peu-
pater familias romain. Il a édicté son jugement, ce
vent se rejoindre, qu’un compromis est impos-
n’est pas une simple décision, sa parole doit faire
sible : l’un ou l’autre doit céder totalement ou la
rupture doit survenir. Ginevra était face à un loi. Après avoir donné ses arguments, il prononce
dilemme – son père ou Luigi – mais elle a déjà sa sentence, comme un juge suprême dont le
choisi avant même que cette scène ne commence. verdict ne peut être contesté sur un ton solennel.
Il va jusqu’à brandir une menace de mort à l’en-
8/a. Ginevra utilise plusieurs arguments pour per- contre de sa fille ou de Luigi : « Elles [ses paroles
suader son père d’accepter son amour pour un précédentes] signifient que j’ai un poignard et que je
Porta. Elle insiste d’abord sur le fait que Luigi n’était ne crains pas la justice des hommes » (l. 40).
qu’un enfant à l’époque des massacres entre les
deux familles, donc qu’il n’a pas de responsabilité 10. D’après la dernière réplique de Ginevra, on
dans la vendetta : « il doit en être innocent » (l. 23). voit que cette jeune fille conserve une attitude
Elle indique ensuite que lui-même, son père, ne l’a inflexible. C’est une attitude qui rappelle celle de
pas élevée dans la haine des Porta : « M’avez-vous son père : « je suis Ginevra di Piombo » (l. 42) fait
élevée dans cette croyance qu’un Porta était un écho à « Je suis Bartholoméo di Piombo » (l. 38) ; « je
monstre ? » (l. 24-25). Enfin Ginevra fait remarquer déclare que dans six mois je serai la femme de Luigi
à son père qu’il devrait préférer le bonheur de sa Porta » (l. 42-43) reprend en l’inversant « je ne veux
fille à la poursuite de la vendetta : « N’est-il pas pas qu’un Porta soit mon gendre » (l. 37). Ginevra se
naturel que vous fassiez céder votre vendetta à mes révolte contre ce qu’elle dénonce comme un abus
sentiments ? » (l. 27). À chaque fois les sentiments de pouvoir puisqu’elle accuse à son tour : « Vous
positifs, constructifs, devraient l’emporter sur les êtes un tyran, mon père » (l. 43). On peut donc
sentiments négatifs. C’est une attitude qui privi- qualifier l’attitude de Ginevra avec, entre autres, les
légie le pardon, l’avenir. termes de fière, déterminée, inflexible, révoltée,
Bartholoméo ne prend absolument pas en compte contestataire, insoumise, rebelle.
les arguments de sa fille. Il n’essaie même pas de le 11. Non, l’opposition des personnages ne
faire, il ne le peut pas. Au début il ne peut qu’espé- conduit pas à des insultes mais à des propos d’une
rer qu’elle cédera, et ensuite rappeler les crimes grande fermeté, voire d’une certaine violence.
commis, le sang versé, détailler les obstacles insur- Dans ces propos en effet, la mort est omni-
montables qui séparent à jamais les deux familles. présente ; les crimes du passé sont les premiers
Il reste fidèle à la Corse, à la vendetta, à la ven- évoqués, puis le père soutient qu’il préférerait voir
geance ; c’est une attitude qui privilégie le respect sa fille morte plutôt que mariée avec un Porta :
des morts, la tradition, le passé. « J’aimerais mieux te voir dans ton cercueil, Ginevra »
b. Piombo clôt la discussion après un temps de (l. 34). Puis il brandit la menace d’une mort vio-
silence, en utilisant de nouveau le vouvoiement. Il lente, contre Luigi ou contre sa fille si elle enfreint
revendique son choix, réaffirme son intransi- sa « sentence » : « J’ai un poignard et […] je ne crains
geance, et refuse non seulement de poursuivre pas la justice des hommes » (l. 41). Mais le père est
cette discussion mais même d’évoquer à nouveau
caractérisé d’une telle manière que le lecteur
cette union : « Vous croyez peut-être faire plier ma
comprend que, s’il ne tue pas sa fille, c’est parce
volonté ? Détrompez-vous ; je ne veux pas qu’un
que son amour pour elle est plus fort et non parce
Porta soit mon gendre. Telle est ma sentence. Qu’il
qu’il craint la justice des hommes.
ne soit plus question de ceci entre nous » (l. 36-38).
Il donne ici l’image d’un père inflexible, enfermé 12. Le père doit choisir entre sa fille et la ven-
dans ses certitudes, incapable de renoncer à la loi detta, Ginevra entre d’une part l’obéissance à son
ancestrale, même si une telle attitude doit le briser père et le renoncement à son amour, d’autre part la
et briser sa famille. Il clôt la discussion par une désobéissance à son père et le mariage avec celui
menace : « j’ai un poignard et […] je ne crains pas qu’elle aime. Le père choisit la vendetta, le dia-
la justice des hommes » (l. 40) ; il peut donc logue ne l’a fait ni nuancer ni modifier sa première
commettre un crime tuer sa fille ? Luigi ? Il clôt réplique à sa fille : « Il faut choisir entre lui et nous.
Notre vendetta fait partie de nous-mêmes. Qui 14. Modalités. La situation entre Ginevra et son
n’épouse pas ma vengeance, n’est pas de ma père est bloquée : va-t-elle le rester ? Va-t-elle
famille » (l. 12-13). Il fait ce choix car il privilégie la évoluer grâce à un événement bienvenu ? Le texte
tradition, la fidélité au passé. se prête éminemment à l’écriture d’une suite. On
Ginevra choisit le mariage avec Luigi Porta et rappelle aux élèves les caractéristiques de cet exer-
annonce qu’elle se battra pour épouser celui cice qui consiste à imaginer la suite d’un récit et on
qu’elle aime, quitte à y perdre ses parents. Le dia- les renvoie aux conseils donnés à la page 52 du
logue n’a pas changé sa décision, les mots que manuel. Dans le droit fil de ces conseils, voici
Ginevra emploie pour indiquer cette décision quelques précisions :
n’ont changé en rien entre le début et la fin du – on conserve l’énonciation. Il s’agit ici d’un récit à
dialogue : « Je serai sa femme » (l. 18), « je serai la la troisième personne, le temps de base est le
femme de Luigi Porta » (l. 42-43). Elle fait ce choix passé simple. Ce récit est effectué selon un point
car elle privilégie les sentiments, l’espoir, le de vue globalement omniscient avec parfois des
bonheur individuel, l’avenir. passages au point de vue interne, par exemple
Les deux personnages se ressemblent par leur quand Ginevra voit le combat intérieur que se livre
caractère (tous les deux savent ce qu’ils veulent et son père (l. 1-3) ou quand celui-ci l’observe à son
pourquoi), et tous deux avaient choisi et pris tour (l. 3-5). On privilégiera donc le point de vue
leur décision avant même que le dialogue ne omniscient dans la suite du texte ;
commence. Tous les deux espéraient que l’autre – on peut difficilement imaginer une reprise de ce
céderait, mais le croyaient-ils vraiment ? Des dialogue entre le père et la fille sans placer une
indices prouvent le contraire. Ainsi Ginevra ellipse temporelle compte tenu de la rudesse de
« connaissait l’étendue du péril qui la menaçait » leurs derniers échanges. On peut envisager que la
(l. 3), tandis que son père « craignait en ce moment mère et la fille discutent à leur tour ou que Ginevra
le caractère dont la violence était son propre parle avec Luigi. On attend un dialogue à visée
ouvrage. Entre eux tout devait être extrême » argumentative, chaque interlocuteur devra
(l. 4-5). défendre un point de vue, avec des arguments
pertinents. Mais il est essentiel de respecter les
13. On laisse un temps de réflexion aux élèves caractères des personnages tels qu’ils apparaissent
puis on interroge plusieurs d’entre eux. On peut dans le texte de départ ainsi qu’un niveau de
considérer que Ginevra sort vainqueur de la langue courant, voire soutenu.
confrontation à cause de cette détermination
qu’elle manifeste de manière imperturbable. On
peut l’expliquer aussi par l’amour qu’elle ressent
pour Luigi Porta qui ne peut que la rendre heureuse Une pièce de cent sous p. 170
malgré l’opposition de ses parents, et qu’elle tente
d’utiliser comme argument : « son fils m’a donné Cet extrait de Germinal est doublement argumen-
plus que la vie. Voir Luigi, c’est un bonheur sans lequel tatif : d’une part il contient un dialogue au cours
je ne saurais vivre. Luigi m’a révélé le monde des duquel des personnages expriment leur avis et don-
sentiments. […] Luigi m’aime, il sera mon mari » nent des arguments ; d’autre part le texte dans son
(l. 30-33). Si Ginevra perd ses parents, ce sera une ensemble est construit par le narrateur dans une
perte douloureuse, mais elle gagne Luigi ; mais si visée argumentative : amener le lecteur à prendre
son père perd Ginevra, il perd l’être qu’il aime le parti pour les pauvres. Le thème (richesse et pau-
plus au monde. vreté) et son traitement pathétique sauront toucher
Bartholoméo, en revanche, est tourmenté ; sa les élèves. On aura cependant avantage à rappeler,
souffrance est manifeste tout au long de leur dia- par exemple au moyen de documents, la situation
logue. Avant même que la discussion ne com- ouvrière au XIXe siècle et éventuellement le monde de
mence « sa figure était bouleversée », puis il pleure la mine, car cet univers est très éloigné des univers de
quand il croit que sa fille cède, ensuite il parcourt référence de la plupart des élèves.
nerveusement le salon, fait des pauses « qui
peignaient toute son agitation » (l. 36) avant de
Réponses aux questions
proclamer sa sentence. Enfin, quand Ginevra 1. Les personnages se répartissent en deux
accuse son père d’être un tyran, celui-ci menace groupes opposés : d’un côté la Maheude et ses
de la poignarder mais c’est lui-même qu’il frappe : enfants, de l’autre les Grégoire et leurs domes-
« Bartholoméo serra ses poings et frappa sur le tiques. Les principaux personnages, ceux qui parti-
marbre de la cheminée […] » (l. 45). Ce n’est pas là cipent à l’action et au dialogue, sont la Maheude et
l’attitude de quelqu’un qui aurait gagné un les Grégoire (le couple et leur fille).
combat argumentatif. Voir tableau ci-après.
Mme Grégoire
La Maheude M. Grégoire
Cécile, leur fille
– reconnaissante, déférente : – apparemment charitables,
« vous êtes tous bien bons » attentifs de manière superficielle,
(l. 18), « Oui, oui, on nous donne mais durs, impitoyables :
du charbon » (l. 28) « Nous ne pouvons pas » (l. 49)
– déterminée, franche, fière : – nonchalants : « douillettement
attitudes « les Maheu étaient fiers et allongés » (l. 32)
ne mendiaient point » (l. 47) – vite gênés et inquiets : « peu
– mais aussi sensible : « des à peu ennuyés et pris de malaise,
larmes lui avaient empli les yeux » devant l’étalage de cette misère »
(l. 19) (l. 32-33)
– calme (l. 34)
un souci : obtenir sa pièce un but : ne pas donner d’argent,
pensées de cent sous par principe, pour ne pas
« encourager le vice » (l. 5)
– misère – opulence : maison bien
manières de vivre – difficultés permanentes pour chauffée, brioche, domestiques,
payer le loyer, la nourriture leçons de piano
– manière respectueuse mais – paroles conventionnelles
directe et précise : « Quant au et moralisantes : « Avec de tels
loyer, il n’est que de six francs sentiments, ma brave femme,
par mois : ça n’a l’air de rien, on est au-dessus de l’infortune »
façons de parler et souvent c’est joliment dur (l. 40)
à payer… » (l. 29-30) – sécheresse, dureté : « Non,
– des expressions au sens figuré : ce n’est pas dans nos habitudes »
« on me couperait en morceaux » (l. 49)
(l. 30-31) – manque de sincérité
2. À l’arrivée de la Maheude et de ses enfants, sont pas attentifs aux réels besoins des pauvres qui
Cécile est émue par la pâleur des petits : « sont-ils frappent à leur porte. Ainsi, dans la suite de l’his-
pâlots d’être allés au froid ! » (l. 9) Ensuite, la jeune toire, on verra que les Grégoire ne cherchent pas à
fille éprouve de l’inquiétude en entendant la comprendre ce que veut la Maheude. L’épisode
Maheude réclamer de l’argent : « Cécile, inquiète, final de cet extrait de roman n’en sera que plus
regarda son père » (l. 47-48). Elle appréhende la poignant : c’est sur les enfants et la brioche que
réponse de son père, elle se rend alors compte que l’accent sera mis, brioche que les petits « regar-
ce qu’elle vient de donner ne suffit pas ; elle daient toujours fixement » (l. 51) depuis le début de
éprouve de plus une grande émotion en remar- la scène.
quant la figure bouleversée de la Maheude : « la
jeune fille, émue de la figure bouleversée de la mère, 4. À aucun moment les Grégoire ne cherchent à
voulut combler les enfants » (l. 50). Elle est elle- connaître le but de la visite de la Maheude. Ils ne lui
même bouleversée et, pour atténuer le refus de son posent aucune question précise sur ses besoins.
père, elle donne de la brioche aux enfants. Dès que la Maheude arrive, Cécile envoie une
bonne chercher ce qu’il a été prévu de donner aux
3. Les enfants ne disent rien sinon le narrateur pauvres, des vêtements chauds. C’est une charité
aurait rapporté leurs paroles. Ils ne font qu’ouvrir automatique et quelque peu expéditive, sans cha-
grand leurs yeux. Ils regardent tout, et surtout la leur humaine ; les Grégoire évitent toute relation
brioche : « Dans les jupes de leur mère, les petits affective envers les pauvres.
ouvraient de grands yeux et contemplaient la
brioche » (l. 22-23). 5. La Maheude demande les cent sous au dernier
Ni Cécile ni ses parents ne remarquent ce regard, moment, lorsqu’elle voit que Cécile la pousse avec
au début ils ne font pas attention aux enfants. Ils les enfants vers la porte. Elle comprend alors que la
ne pensent pas que ces petits peuvent avoir faim : visite est terminée et qu’elle n’a pas obtenu ce
cette attitude montre que ces riches adultes ne qu’elle souhaitait. La Maheude n’a pas demandé
les cent sous avant parce qu’elle est fière et qu’elle avoir blessés » (l. 33). C’est pour cela qu’à la fin,
ne voudrait pas passer pour une mendiante : « les elle est gênée d’avoir à réclamer de l’argent :
Maheu étaient fiers et ne mendiaient point » (l. 47). « bégaya la Maheude » (l. 45). Et devant le refus de
Elle espérait que les Grégoire comprendraient M. Grégoire, elle reste sans voix, elle n’insiste pas et
d’eux-mêmes qu’elle avait besoin d’argent, elle ne parle plus, le narrateur note « la figure boule-
leur avait raconté son existence quotidienne dans versée de la mère » (l. 50) : elle n’a pas obtenu ce
ce but. Elle ne donne qu’un seul argument pour qu’elle était venue chercher et son attitude montre
obtenir cet argent : « Nous sommes bien à court » son désarroi. Pour qualifier la Maheude on peut
(l. 45). choisir parmi les adjectifs ou participes suivants :
modeste, humble, digne, fière, calme, résignée,
6/a. M. Grégoire justifie son refus par l’argument
gênée, désemparée, bouleversée.
suivant : « ce n’est pas dans nos habitudes » (l. 49).
b. Cet argument est rapporté directement, pour 9. La Maheude est bouleversée parce que sa
rendre plus sensible la dureté de M. Grégoire, démarche a échoué : elle ne peut toujours pas
grâce à la sécheresse et à la brièveté du propos. Le payer l’épicier et sa misère reste aussi grande.
lecteur sera d’autant plus ému et enclin à s’identi-
10. En dehors des paroles, la situation des per-
fier aux personnages, la Maheude surtout mais
sonnages fait naître l’émotion des lecteurs. Le
aussi Cécile, qui reçoivent le choc de ces paroles.
contraste est très vif entre la misère de la Maheude
c. Rien n’indique que La Maheude connaisse les
et la vie confortable des Grégoire, un tel tableau ne
principes des Grégoire indiqués par le narrateur
peut laisser le lecteur indifférent. Le personnage de
aux lignes 5 et 6, et destinés à préparer le lecteur à
la Maheude est d’autant plus émouvant que cette
la scène qui va suivre : « ils ne donnaient jamais
femme déploie toute son énergie pour trouver du
d’argent ! jamais ! pas dix sous, pas deux sous ». On
secours, mais ne se départ jamais de son calme et
a surtout l’impression que c’est sa fierté qui la
de sa dignité. Quant aux Grégoire, leur suffisance
pousse à ne pas insister. Elle ne souhaite pas men-
est révoltante : ils se croient charitables alors qu’ils
dier ; en effet la famille Maheu a aussi des prin-
ne le sont pas, ils se donnent facilement bonne
cipes : « les Maheu étaient fiers et ne mendiaient
conscience, alors qu’en réalité ils sont indifférents à
point » (l. 47). Et ce n’est qu’au moment de partir
la misère humaine, qu’ils traitent avec condescen-
qu’elle s’est décidée à demander cent sous.
dance. L’écrivain a manifestement construit cette
Renouveler sa demande représenterait une
scène de manière à émouvoir les lecteurs.
épreuve trop pénible pour elle, d’autant plus que
le refus très sec de M. Grégoire semble définitif et 11. Non, le narrateur ne présente pas les
l’a « bouleversée » (l. 50). Grégoire comme des gens charitables. Ils n’agis-
sent que par devoir, mais n’y mettent pas leur
7. On trouve « bégayant » (l. 17) et « bégaya »
cœur. Il s’agit d’une charité de pure convenance :
(l. 46). Ce verbe révèle l’embarras de la Maheude
« Cela rentrait dans leur idée d’une belle éducation. »
devant le comportement des Grégoire, qui lui
(l. 1-2), « Il fallait être charitable » (l. 2). Les Grégoire
offrent ce dont elle n’a pas un besoin immédiat
ne sont pas du tout attentifs aux besoins de ceux
(des vêtements), sans se soucier de savoir ce qu’il
qui frappent à leur porte, ils ne donnent que ce
lui faut. Dans le premier passage (l. 15 à 18) la
qu’ils ont prévu de donner ; c’est une bonne
Maheude comprend qu’elle va devoir demander
conscience à bon marché, une forme d’hypocrisie.
l’argent. Dans le second (l. 40 à 46), elle formule sa
demande, mal à l’aise, cette fois parce que sa 12. La brioche est ici le symbole de la richesse.
démarche fait d’elle une mendiante, ce qui est pro- Elle représente la nourriture de luxe. Les petits
fondément humiliant pour elle. Dans les deux cas contemplent la brioche comme un objet mer-
donc ce verbe révèle la gêne de la Maheude. veilleux et inaccessible. La brioche est aussi le sym-
bole de l’incompréhension entre les Grégoire et la
8. Le narrateur donne de nombreuses indications
Maheude : en effet, la Maheude a besoin d’argent
sur l’attitude de la Maheude. Devant la générosité
pour acheter le nécessaire, or Cécile donne aux
de Cécile, la Maheude est d’abord émue : « Des
petits pauvres des morceaux de brioche qui sem-
larmes lui avaient empli les yeux » (l. 19). Elle est
blent un luxe superflu.
humble, elle ne demande rien de précis au début
alors qu’elle a en tête le souci d’obtenir les cent 13. La sympathie du lecteur va à la famille
sous. Elle reste digne quand elle expose la situation pauvre. La Maheude a tenté une démarche difficile
difficile de sa famille : « elle ajouta de son air juste et pour trouver de l’argent, mais cette démarche a
calme de femme pratique » (l. 34). Elle conserve tout échoué. Les enfants repartent avec un peu de
au long de la scène une attitude soumise, elle ne se brioche, mais manger ce gâteau sera un plaisir bien
révolte pas. Elle ne souhaite même pas déranger éphémère. Le lecteur se range du côté des faibles et
ni affronter les Grégoire : « elle craignit de les des malchanceux pour les soutenir. Le lecteur peut
aussi ressentir de la sympathie pour Cécile car la trent un effort pour être les plus présentables
jeune fille apparaît émue sinon sensible ; elle aurait possible quand ils se rendent chez les Grégoire :
peut-être répondu à la demande de la Maheude si cette photo correspond au moment où ils sont sur
elle avait été libre de le faire, loin du dur regard de le trajet qui mène à la Piolaine, demeure des Gré-
son père. goire. On retrouve là l’idée présente dans le texte
de dignité dans la pauvreté. La Maheude a soi-
14. Ce passage n’est pas seulement un tableau
gneusement placé son châle et a mis un chapeau,
de la misère sociale, il joue aussi un rôle dans le
les enfants portent leurs meilleurs habits, même
déroulement de l’action au cours de ce vaste
s’ils sont usés et que le pantalon du garçon est trop
roman. La Maheude n’a pas obtenu l’argent qui lui
court. Pourtant leur misère, même si elle se fait
aurait permis de payer l’épicier, il va donc falloir
discrète, est présente sur l’image : aucun d’eux n’a
qu’elle trouve un autre moyen pour combler sa
un vêtement chaud.
dette et nourrir sa famille. Quelle autre démarche
b. Cette image provoque l’émotion par tout ce
va-t-elle tenter ?
qu’elle suggère : le cadrage en plan large permet
Par ailleurs ce passage met particulièrement en
de faire figurer dans le plan deux mondes oppo-
relief le contraste entre riches et pauvres à cette
sés, celui de la richesse et celui de la pauvreté,
époque-là, la terrible différence des niveaux de vie
celui de la force et celui de la faiblesse. L’inégalité
entre classes sociales favorisées et défavorisées. Le
entre ces deux mondes, l’injustice subie par les
lecteur peut se demander si une telle différence
plus pauvres, paraissent flagrantes en raison de la
peut être acceptée longtemps par les plus pauvres.
position dominante du cavalier et de la présence
La Maheude n’a pas choisi une attitude de révolte,
des enfants, qui paraissent si jeunes, si frêles, et
mais les autres ? Et comment peuvent réagir par la
sont entraînés par leur mère dans une longue
suite des personnes riches mais qui, comme
marche fatigante. Le cavalier semble aller vite,
Cécile, sont dotées de sensibilité ?
la femme et les enfants vont lentement et seront
15/a. Dans cette image, on retrouve certains des dépassés par le cavalier. Ils doivent marcher,
personnages présents dans le texte : la Maheude et ils n’ont pas d’autre possibilité. Cette image
deux de ses jeunes enfants (Lénore et Henri). Les émeut parce que l’on y perçoit tout à la fois les
Grégoire eux-mêmes ne figurent pas sur l’image souffrances des pauvres, qui endurent la fatigue, la
qui présente cependant des points communs avec faim, le froid, et l’indifférence des riches, qui est
la situation évoquée dans le texte. Chaque catégo- une autre cause de souffrance.
rie sociale est nettement séparée sur l’image,
16/a. On peut par exemple qualifier ce paysage
comme dans le texte ; à gauche le directeur de
avec les adjectifs et participes minier, industriel,
deux puits de la mine, il est à cheval et bien habillé,
encrassé, triste, sombre, enfumé, sale.
signes d’appartenance à une classe sociale aisée ; à
b. Ce tableau montre des puits de mines de
droite, le groupe formé par la Maheude et ses
charbon dans un paysage sombre. Dans les
enfants, figurant une classe sociale défavorisée.
régions minières, la poussière de charbon est
Entre les deux, un espace, symbole de la barrière
partout présente, les terrils (on en voit plusieurs
sociale et peut-être aussi de l’incommunicabilité
sur le tableau, par exemple à droite) sont noirs ou
existant entre les classes, de l’indifférence et de l’in-
gris, les cheminées rejettent des fumées noires et
compréhension des riches. Le fait que le directeur
les poussières qu’elles contiennent viennent
de la mine soit à cheval accentue l’impression d’in-
noircir les façades des bâtiments. Ce n’est donc
égalité entre ces deux mondes : l’homme à cheval
pas seulement le charbon qui est noir mais tout
est plus haut que les Maheu, il semble les dominer,
l’environnement, d’où le titre Au Pays noir.
avoir du pouvoir sur eux ; bien que différente de la
scène du roman, cette image a la même significa- 17. Modalités. On rappelle aux élèves les caracté-
tion : le contraste entre forts et faibles, qui rejoint ristiques de cet exercice qui consiste à imaginer la
l’opposition entre riches et pauvres. Dans le texte, suite d’un récit : pour cela, on les renvoie notam-
la richesse des Grégoire, leur confort apparaissaient ment à la page 52 du manuel.
à travers la brioche, les cours de piano, entre – On conserve l’énonciation. Il s’agit, ici, d’un récit
autres, et plusieurs termes comme « douillette- à la troisième personne, coupé de la situation
ment » (l. 32). Dans l’image, la différence sociale d’énonciation (le temps de base est le passé
entre les personnages est clairement visible grâce simple). Ce récit est effectué selon un point de vue
aux vêtements. Le costume et le chapeau, signa- globalement omniscient ; comme souvent chez
lent que le personnage à cheval est un bourgeois Zola, il y a en effet alternance entre plusieurs
fortuné ; étant à cheval, il ne se salit pas en mar- points de vue narratifs, entre autres interne (par
chant dans la boue comme les pauvres. Quant aux exemple lignes 1 à 7) et externe (par exemple
costumes de la Maheude et de ses enfants, ils mon- lignes 26, 41-42).
2. Dans ses cinq premières répliques, Armande moi, de vous montrer sa fille » (v. 39), et au mariage
emploie presque exclusivement des phrases interro- préférer l’étude qui, selon elle, présente beaucoup
gatives (v. 1 à 4, v. 5-6, v. 9 à 14). À ces interroga- d’attraits : « Et vous rendez sensible aux charmantes
tions s’ajoutent des exclamations, « Quoi ! » douceurs/Que l’amour de l’étude épanche dans les
(v. 1), « Ah ! » (v. 5), « Ah ! mon Dieu, fi ! », « Ah ! fi ! » cœurs » (v. 41-42). De plus, une fois mariée, la
(v. 8), « De tels attachements, ô ciel, sont pour vous femme n’est pas un être libre, tout au contraire,
plaire ! » (v. 19). Par de telles phrases Armande elle est « aux lois d’un homme en esclave asservie »
exprime sa surprise, puis son indignation. Elle (v. 43). Mais Armande devient encore plus véhé-
montre une totale incompréhension de sa sœur, mente lorsqu’elle oppose l’esprit et le corps.
paraît choquée au plus haut point par les projets de Comme les Précieuses, elle rejette la sensualité
mariage d’Henriette et manifeste sa désapprobation. dans l’amour. Rejeter le mariage permet donc de
Les interrogations et les exclamations traduisent vivre dans un monde épuré, où ne compte que
l’émotion du personnage qui voit sa propre sœur l’esprit, un monde considéré comme supérieur :
choisir ce qu’elle-même refuse de tout son être. « Et, traitant de mépris les sens et la matière,/
À l’esprit, comme nous, donnez-vous tout entière »
3. Du vers 1 au vers 25 Henriette parle du
(v. 35-36) ; « Mariez-vous, ma sœur, à la philoso-
mariage en général. Au vers 7 on trouve l’article
phie,/Qui nous monte au-dessus de tout le genre
défini à valeur généralisante devant le mot
humain/Et donne à la raison l’empire souverain,/
« mariage », lui-même suivi de l’expression « en
Soumettant à ses lois la partie animale,/Dont l’appé-
soi » : « Qu’a donc le mariage en soi qui vous oblige ».
tit grossier aux bêtes nous ravale » (v. 44-48).
Puis, au vers 16, Henriette évoque « un mari, des
Armande emploie des métaphores à la suite de
enfants, un ménage » sans qu’il soit question de sa
ces propos – « beaux feux », « doux attachements »
situation personnelle.
(v. 49) – elles désignent généralement l’amour
4/ a. Henriette désire se marier pour être mais, appliquées ici à l’étude et à la philosophie,
heureuse. Elle voit dans le mariage ce qui doit elles appuient l’argument d’Armande qui privilé-
nécessairement lui apporter le bonheur : « Se faire gie l’intellectuel par rapport au sensuel. Notons
les douceurs d’une innocente vie » (v. 24). Elle n’ima- que, étant exposé en dernier et de manière plus
gine d’ailleurs pas ne pas être mariée : « Et qu’est-ce développée que les autres, cet argument apparaît
qu’à mon âge on a de mieux à faire » (v. 20). Elle comme celui qui compte le plus pour elle, comme
veut aussi avoir des enfants : « Les suites de ce mot le plus fort.
quand je les envisage, Me font voir un mari, des
5. D’après Armande, le seul destin souhaitable
enfants, un ménage » (v. 15-16). On remarque
pour une femme est de consacrer sa vie à l’étude, à
qu’elle insiste sur l’amour réciproque et l’harmonie
la philosophie, afin de devenir une « femme
dans le mariage : « Un homme qui vous aime et soit
savante ». Le mariage, qui implique des occupa-
aimé de vous » (v. 22), « cette union, de tendresse
tions quotidiennes et terre à terre, lui semble
suivie » (v. 24), « Ce nœud bien assorti n’a-t-il pas
incompatible avec le choix d’une existence entière-
des appas ? » (v. 25). On pourra rappeler qu’au
ment vouée à la vie intellectuelle et il ne peut donc
XVIIe siècle, le mariage arrangé par les parents était
qu’être rejeté : « Mariez-vous, ma sœur, à la philoso-
de règle. Le mariage d’amour évoqué par Henriette
phie,/Qui nous monte au-dessus de tout le genre
n’était donc pas une pratique courante. Sur le sujet
humain/Et donne à la raison l’empire souverain »
du mariage imposé aux jeunes gens, on pourra
(v. 44-46).
faire des rapprochements avec L’Avare (souvent
étudié en 4e) et notamment la scène IV de l’acte I, 6/a. Le langage d’Armande n’est pas simple. On
dans laquelle Élise s’oppose à son père au sujet du peut citer plusieurs vers à titre d’exemples, ainsi le
mariage. vers 33 : « À de plus hauts objets élevez vos désirs »,
b. Entre les vers 26 à 84 on peut relever plusieurs les vers 35 et 36 « Et, traitant de mépris les sens et la
arguments donnés par Armande pour dissuader sa matière,/À l’esprit comme nous, donnez-vous tout
sœur de se marier. Selon Armande, le mariage entière », les vers 41 et 42 : « Et vous rendez sensible
enferme la femme dans un monde très restreint et aux charmantes douceurs/Que l’amour de l’étude
de peu d’intérêt, l’univers domestique : « Que vous épanche dans les cœurs », et surtout les vers 46 à 49
jouez au monde un petit personnage/De vous cla- « Et donne à la raison l’empire souverain,/Soumettant
quemurer aux choses du ménage » (v. 27-28). En à ses lois la partie animale,/Dont l’appétit grossier
outre l’attitude d’Henriette manque d’élévation, aux bêtes nous ravale./Ce sont là les beaux feux, les
de noblesse d’esprit : « Laissez aux gens grossiers, doux attachements ».
aux personnes vulgaires/Les bas amusements de b. Armande s’exprime en employant le langage
ces sortes d’affaires » (v. 31-32). Pour Armande, d’une Précieuse. Elle use donc de termes abstraits
Henriette devrait imiter sa mère « Tâchez, ainsi que comme « les sens », « la matière », « la raison », de
périphrases comme « la partie animale » et de Quelque petit savant qui veut venir au monde »
métaphores comme « beaux feux », « doux atta- (v. 83-84). Au total donc, beaucoup d’intelligence
chements ». Elle joue également de l’opposition et de finesse d’esprit.
entre le bas – le mariage – (« que votre esprit est
8. Pour qualifier l’attitude d’Armande par rapport
d’un étage bas », au vers 26, « les bas amuse-
à sa sœur, on pourra choisir parmi les adjec-
ments », au vers 31) et le haut – l’étude – (« À de
tifs suivants : autoritaire, entêtée, intolérante, intran-
plus hauts objets élevez vos désirs » vers 33, « la
sigeante, méprisante. Elle s’autorise à porter des
philosophie,/Qui nous monte au-dessus de tout le
jugements négatifs sur le choix de sa sœur cadette
genre humain », vers 44-45). En s’exprimant ainsi,
et parle sur un ton de supériorité car elle est persua-
Armande montre qu’elle adopte pleinement les
dée d’avoir raison. Dans la suite de la scène, on
conceptions et les manières de vivre, de penser, de
la verra jalouse : Clitandre, que veut épouser
s’exprimer, des femmes savantes, et qu’elle ne
Henriette, est son ancien soupirant.
trahit pas sa mère, Philaminte, elle-même pur
exemple de femme savante. 9. L’indignation excessive d’Armande, sa prude-
rie, peuvent faire sourire, de même que la réplique
7/ a. Henriette évoque la naissance à deux
d’Henriette évoquant au vers 84 « Quelque petit
reprises. Dans les vers 81-82, elle fait allusion à la
savant qui veut venir au monde » ; elle ridiculise sa
naissance de sa sœur : « De grâce, souffrez-moi, par
sœur en soulignant son manque de réflexion et de
un peu de bonté,/Des bassesses à qui vous devez la
logique. Sourire de ce que dit Armande, c’est sou-
clarté ». Henriette rappelle ainsi à Armande que
rire contre elle, se moquer de ce qu’elle dit ; sourire
Philaminte est mère, tout autant que philosophe.
aux propos d’Henriette, c’est sourire avec elle, se
Puis, au vers 84, elle évoque une future naissance,
ranger de son côté.
celle d’un « petit savant qui veut venir au monde ».
La naissance d’un bébé, résultat attendu du 10. Vers 20 :
mariage, peut être celle d’un futur homme savant « Et/qu’est/-ce/qu’à/mon/â/ge on/a/de/mieux/à/
ou d’une future femme savante… Henriette fair (e) » : 12 syllabes
montre ici, à sa sœur, l’absurdité de sa position Vers 22 :
intransigeante. Les philosophes sont des êtres « Un/hom/me/qui/vous/ai/me et/soit/ai/mé/de/
humains qui n’existeraient pas sans des mères pour vous » : 12 syllabes
les mettre au monde. L’antagonisme entre mater- Molière utilise ici des alexandrins. Ce type de vers
nité et philosophie paraît donc dénué de sens. (de même que la division de la pièce en cinq
b. Dans ses réponses, du vers 53 au vers 72 et du actes) confère à cette comédie un statut supérieur
vers 77 au vers 84, Henriette montre plusieurs à celui de la comédie en prose. Il s’agit de l’une de
qualités. Elle apparaît comme mesurée, modeste ces pièces que l’on appelle les « grandes comé-
et pleine de bon sens. Selon elle, chacun est diffé- dies » de Molière, parce que dans ces pièces la
rent et doit agir selon sa nature et ses goûts : « Le peinture des caractères, la qualité de la réflexion et
Ciel, dont nous voyons que l’ordre est tout-puis- le soin apporté à l’écriture et à la composition sont
sant,/Pour différents emplois nous fabrique en nais- portés au plus haut degré. Certes, ces pièces cher-
sant » (v. 53-54) ; « Ne troublons point du ciel les chent à amuser, faire rire et sourire des travers
justes règlements/Et de nos deux instincts suivons les humains, mais elles incitent à la réflexion sur les
mouvements » (v. 61-62). Elle fait donc preuve de hommes avec autant de finesse, de justesse et de
tolérance, de respect d’autrui : elle n’oblige per- profondeur qu’une tragédie.
sonne à penser comme elle et justifie même le fait
11. D’après ce début, on peut supposer que le
qu’il existe des opinions différentes sur un même
sujet de la pièce portera sur les femmes savantes et
sujet. Elle montre aussi beaucoup de vivacité d’es-
sur le mariage. Quant à l’action attendue, une
prit ; elle sait prendre en compte les propos de sa
question est soulevée dès ces premiers échanges
sœur dans son discours et les utiliser à son profit,
de répliques entre les deux sœurs : Henriette
non sans une certaine ironie : « Ainsi, dans nos des-
pourra-t-elle épouser celui qu’elle aime ? L’action
seins l’une à l’autre contraire,/Nous saurons toutes
de la pièce concernera donc ce point, les obstacles
deux imiter notre mère :/Vous, du côté de l’âme et
au mariage d’Henriette avec Clitandre apparaissant
des nobles désirs,/Moi, du côté des sens et des gros-
peu à peu pour être éliminés au dénouement.
siers plaisirs » (v. 67-70). Elle ne manque pas non
plus d’à-propos et de logique, tout en se moquant 12. Le spectateur dispose de renseignements sur
de l’intransigeance d’Armande : « Mais vous ne Armande, Henriette, leur mère et Clitandre. On sait
seriez pas ce dont vous vous vantez/Si ma mère qu’Henriette et Armande sont sœurs mais que tout
n’eût eu que de ces beaux côtés » (v. 77-78), « Et ne les oppose : elles n’ont pas les mêmes goûts, ni les
supprimez point, voulant qu’on vous seconde,/ mêmes aspirations. L’une souhaite une vie simple
et recherche le bonheur conjugal alors que l’autre 15. Dans cette scène, Molière semble avant tout
n’est intéressée que par les plaisirs de l’esprit. Leur critiquer, à travers le personnage d’Armande, les
mère est une femme « Que du nom de savante on excès des femmes savantes ; l’importance démesu-
honore en tous lieux » (v. 38). Clitandre a été le sou- rée qu’elles accordent à l’étude leur fait perdre le
pirant d’Armande avant de souhaiter épouser Hen- bon sens, le sens des réalités. Molière aborde éga-
riette : « Et ce n’est pas un fait dans le monde lement le sujet de la condition faite aux jeunes filles
ignoré/Que Clitandre ait pour moi hautement au XVIIe siècle : le mariage leur était imposé bien
soupiré » (v. 93-94) répond Armande à sa sœur. plus qu’il n’était choisi. Cependant le mariage que
D’après ce début donc, le spectateur peut suppo- souhaite Henriette est un mariage d’amour.
ser qu’Armande et sa mère sont proches l’une de
16. La sympathie de l’auteur va à Henriette : elle
l’autre et s’allieront peut-être pour empêcher le
exprime clairement ce qu’elle souhaite, sans
mariage d’Henriette ; on peut également penser
prétendre comme sa sœur vouloir régenter la vie
qu’Armande, déjà opposée par principe au d’autrui. Elle aspire à une vie heureuse où l’amour
mariage, cherchera par dépit, par jalousie, à faire aura toute sa place. Comme nous l’avons vu précé-
obstacle au mariage de sa sœur avec son ancien demment (voir réponse à la question 9), elle sait
soupirant. mettre les rieurs de son côté en se servant des
13. On s’attend à voir apparaître les personnages propos excessifs d’Armande.
qui ont été mentionnés dans les répliques des deux 17. Le metteur en scène a placé les personnages
sœurs, c’est-à-dire leur mère et Clitandre. Clitandre l’un près de l’autre et dans un coin de la scène : il
apparaîtra en effet dès la scène 2 de l’acte I mais cherche certainement à montrer ainsi qu’il s’agit de
Philaminte ne fera son entrée qu’à la scène 6 de deux sœurs et non pas de deux amies, une sorte de
l’acte II. duo qui a sa propre connivence. La position assise
14. Ce passage met en évidence plusieurs traits des deux personnages accentue cette familiarité ;
caractéristiques de la langue du XVIIe siècle. ces jeunes filles sont à l’aise l’une avec l’autre et
Si cette langue est généralement compréhensible, évoquent un sujet sensible et intime : le mariage.
le sens de nombreux mots n’est pas le même que Le metteur en scène a choisi de placer ces deux
de nos jours et la syntaxe en est parfois différente. personnages sur un côté de la scène, tout à l’avant
– Parmi les mots dont le sens a changé, on peut du plateau, dans un endroit peut-être occupé
relever « fille » (v. 1), « mal de cœur » (v. 6), habituellement par Armande pour ses lectures
« dégoûtant » (v. 10), « nœud » (v. 25), (voir la pile de livres sur laquelle s’appuie son
« marmots » (v. 30) au sens de « singes, figures coude droit) ; cette disposition des personnages
grotesques », « amusements » (v. 32) au sens confère un aspect plus intime à ce début. Nous ne
d’occupations ou de pertes de temps, « soins » sommes visiblement pas dans une mise en scène
(v. 60), « hymen » (v. 66), « génie » (v. 79), « mal- traditionnelle.
honnête » (v. 91), « seconder » au sens d’imiter 18/a. Henriette est vraisemblablement le person-
(v. 83). Nous n’utilisons plus l’interjection « Fi » nage que l’on voit à gauche, vêtu d’une robe
(v. 8) ainsi que le mot « appas ». Par exemple, la longue, dans le style du XVIIe siècle, époque de la
phrase « Et dans les petits soins son faible se res- pièce. Il s’agit d’une belle jeune femme dont la sil-
serre » (v. 60), est incompréhensible sans note houette est élégante, même avec un genou à terre.
explicative parce qu’elle comporte trop de mots Elle apparaît de profil. Armande est le personnage
dont le sens est inconnu : « soins », « faible » et « se de droite ; elle est assise sur le sol, dans une atti-
resserre ». tude plutôt masculine et assez désinvolte. Elle est
– Certaines constructions n’ont plus cours. Au lieu vêtue en homme : elle porte une chemise à larges
de « vous osez faire fête » (v. 3), nous dirions manches, un gilet, des chausses ou un pantalon,
aujourd’hui « se faire une fête de ». De même, on des bottes noires montant aux genoux. Attitude et
ne dit plus « Songez à prendre un goût » (v. 34), costume nous indiquent qu’elle rejette la condition
« Me paraissent aux yeux » (v. 52). L’antéposition faite aux jeunes filles à son époque ; en outre, elle
du pronom complément d’un impératif n’est éga- tient un livre, symbole de son goût pour l’étude.
lement plus employée : « Et vous rendez sensible » b. Sur la photographie, le personnage en robe
(v. 41), au lieu de « rendez-vous sensible ». L’emploi semble privilégié : il est au centre de l’image, bien
de « en naissant » dans la phrase « Le ciel […]/Pour visible. Il occupe plus d’espace que le personnage
différents emplois nous fabrique en naissant » de droite : robe et traîne font du volume ; le geste
(v. 53-54) serait incorrect de nos jours, on atten- de la main, le mouvement vers l’autre personnage
drait « lorsque nous naissons ». « Où » est employé lui donnent plus d’importance. Mais c’est
pour « auxquels » au vers 51 : « Et les soins où je Armande que le metteur en scène a sûrement pri-
vois tant de femmes sensibles ». vilégiée. Le plus souvent dans les mises en scène,
ce dialogue se déroule au centre du plateau, les l’avantage d’argumenter pour une cause générale,
deux personnages sont vêtus de manière féminine liée à une situation durable : elle s’engage pour la
même si les décors et les costumes sont parfois promotion de l’art théâtral, pour la démocratisation
modernisés pour actualiser la pièce. Ici, le fait de l’accès au spectacle théâtral. Soulignons aussi
qu’Armande soit assise sur le sol, près d’une pile d’autres intérêts non négligeables de ce genre de
de livres, et habillée en homme, accentue l’aspect texte : c’est un texte intégral et court, offrant un cas
féministe et rebelle du personnage. d’énonciation simple (situation de communication
c. Comme la photographie est centrée sur les per- bien repérable, émetteur et destinataire identifiables,
sonnages, qui n’occupent que la partie tout à et mieux encore, nommés).
l’avant du plateau et seulement d’un côté de la
scène, le décor apparaît peu. On distingue néan- Réponses aux questions
moins deux piliers massifs qui semblent en bois et
1/a. Peter Brook s’adresse d’une manière générale
qui confèrent un aspect assez solennel à ce lieu.
au public des salles qui participent à l’opération
On voit aussi que des livres, accessoires essentiels,
« Levers de rideaux » et en particulier aux jeunes :
se trouvent sur le sol au fond. L’effet produit est la
« Je voudrais, à cette occasion, tendre la main à tous
mise en valeur du monde des femmes savantes,
ces jeunes » (l. 18).
leur cadre de vie, avec ce lieu imposant, entière-
Dans ce texte il soutient que le théâtre est source
ment envahi de livres, ce qui correspond à leur
« de plaisirs et d’enseignements », autrement dit le
unique préoccupation, le savoir.
théâtre est un art enrichissant, il est fondamental
Simon Eine, sociétaire de la Comédie française, est
dans l’éducation.
également metteur en scène. Dans cette mise en
b. Par exemple : le théâtre enrichit et grandit le
scène, les deux piliers massifs que l’on distingue
comédien (l. 8) : « cette activité peut enrichir et
font partie d’une immense bibliothèque qui
grandir celui qui la pratique », mais aussi le théâtre
constitue l’un des éléments essentiels du décor.
« est un élément fondamental de l’éducation »
Cette bibliothèque occupe tout le côté droit de la
(l. 20-21).
scène tandis que l’espace est ouvert avec, au fond,
une grande représentation du ciel et, à gauche, 2. Dans le deuxième paragraphe, Peter Brook
l’extérieur d’un petit pavillon semblant appartenir énonce les bienfaits du théâtre tant pour les specta-
à un jardin. On peut voir des photographies teurs que pour les acteurs. Dans le paragraphe
de ce décor sur Internet à l’adresse suivante : suivant, il montre que nombreux sont les gens qui
www.les-saisons-parisiennes.com. ne vont pas au théâtre. Ces faits sont paradoxaux.
L’opposition entre le deuxième et le troisième
19. Modalités. L’exercice repose sur un procédé
paragraphe est marquée par la conjonction
connu : la transposition, l’actualisation. On peut le
« mais » (l. 9).
préparer par une recherche collective en classe :
Dans la phrase qui s’étend des lignes 5 à 6, l’oppo-
pour quelles raisons de nos jours le mariage peut-il
sition entre les deux propositions est marquée par
apparaître pour certains comme une institution
la conjonction de subordination « quelle que »
importante, et pourquoi, pour d’autres, ne l’est-il
(l. 5). Il y a opposition entre la diversité des formes
pas ? On évoquera différents types d’arguments :
d’expression (parole, danse, chant) et l’unicité
sentimental, religieux, économique, financier, pra-
du résultat, qui est toujours le même (plaisirs et
tique, parental, etc. Le principal objectif de l’exer-
enseignements).
cice est que les élèves réussissent à écrire un dia-
logue constitué d’un réel échange d’arguments ; 3/a. Dans cette phrase, le subjonctif est employé
pour cette raison, la prose suffit, mais si des élèves pour exprimer un souhait. Le verbe au subjonctif se
veulent rédiger en vers, on peut leur en laisser la trouve en effet dans une proposition indépendante
possibilité. par laquelle l’auteur exprime ce qu’il désirerait voir
se réaliser.
Cher public p. 176 b. À la fin de la lettre, Peter Brook est rempli
d’enthousiasme, d’espoir. Le mot « espoir » figure
d’ailleurs à la fin de la lettre ; il forme une phrase à
Le programme de la partie « Lecture » offre la pos-
lui seul, ce qui lui confère une grande importance.
sibilité d’étudier une lettre ouverte : « Une œuvre à
dominante argumentative (essai, lettre ouverte, 4. La publication d’une lettre ouverte permet de
conte philosophique) ». L’étude d’une lettre diffuser des idées mais sur le ton d’une lettre, de
ouverte est difficile, car, comme tout texte polé- manière à ce que chaque lecteur ait ainsi un peu la
mique, la lettre ouverte est souvent liée à un contexte sensation qu’on lui parle individuellement. La lettre
précis et, par conséquent, son impact et son intérêt ouverte permet de s’adresser à un large public, et
sont éphémères. Cette lettre de Peter Brook offre d’attirer l’attention car il s’agit d’un moyen d’ex-
pression rarement utilisé. Elle est souvent le signe destinataire individuel. Dans les situations de classe
d’une confrontation d’idées. les plus habituelles, on ne peut guère imaginer que
l’élève réponde sur le seul sujet du théâtre.
5. Modalités. L’exercice ne repose pas exactement On conseille donc aux élèves de comparer les
sur l’imitation d’une forme : il n’est pas demandé à avantages et inconvénients du théâtre avec ceux
l’élève de rédiger une lettre ouverte (ce qui est du cinéma, de la télévision, éventuellement de la
cependant un exercice tout à fait envisageable). Il danse, du cirque, etc. Cette ouverture aux autres
est simplement demandé à l’élève de mettre arts peut permettre de développer plus concrète-
au point une lettre à visée argumentative avec ment idées, arguments, exemples.
l’arrière-plan, on aperçoit la grille qui clôture la vitesse. L’observateur a l’impression que le pilote
piste. Derrière cette grille, on distingue des cam- maintient un équilibre précaire, qu’il peut aisément
ping-cars, des caravanes, des voitures qui rappel- tomber sur sa gauche. Ainsi a-t-il le sentiment de
lent la présence du public ; en effet, ces courses suivre les mouvements du pilote et il peut redouter
sont populaires et attirent toujours de nombreux sa chute. Le photographe a surtout mis en valeur
spectateurs. La photographie privilégie le site (la l’harmonie de l’homme et de sa machine.
piste, les deux virages) ainsi que l’ensemble des
6. L’intention du photographe en réalisant ces cli-
coureurs, au centre de la photographie ; les deux
chés est sûrement de transmettre une image mélio-
coureurs de tête se détachent, et semblent former
rative des courses motocyclistes. Les images sont
un duo grâce à la couleur blanche, identique, de
belles, bien composées et bien colorées. On peut
leurs motos.
facilement imaginer qu’un adolescent passionné
4/a. Les costumes et les motos sont de couleurs de motos les affichera sur le mur de sa chambre.
vives de façon à être vus plus facilement, à attirer Quant aux autres personnes, elles pourront être
l’attention pour que les spectateurs puissent mieux séduites par l’accord entre les motocyclistes et leur
suivre les coureurs et les différencier, distinguer les moto, par la propreté et la netteté qui se dégagent
favoris. De plus, le sport en général privilégie les de l’ensemble : ces photographies ne transmettent
couleurs vives qui sont synonymes d’affirmation de ni les bruits ni les odeurs ni les fumées. Elles valori-
soi, de mise en valeur des corps, de bonne santé. sent toutes deux les pilotes en pleine action et dans
Sur les couleurs vives et claires les numéros, les des moments de course intéressants, qui apparais-
inscriptions, les publicités apparaissent mieux. sent agréables, propres, mais qui n’en sont pas
b. Il semble y avoir des contrastes de couleurs moins périlleux.
entre les participants : on distingue par exemple 7. En général, on attend d’une photographie de
sur la photographie de gauche des motos sport qu’elle valorise le sport qu’elle montre, quel
blanches, d’autres rouges, d’autres jaunes. Il y a qu’il soit, qu’elle en donne une image à la fois
surtout des contrastes de couleurs sur chaque esthétique et intéressante, qui mette en valeur les
motocycliste : les pneus, les selles, les gants sont spécificités de ce sport. On attend qu’elle montre
quasiment toujours de couleur noire, alors que la en quoi ce sport est unique, et même qu’elle en
carrosserie, la combinaison et le casque sont de souligne les aspects les plus sensationnels. Ce sera
couleur vive. Ces contrastes mettent en valeur la par exemple un athlète lors d’un saut en longueur
forme de la moto et le corps du motocycliste. On avec un jeu de jambes particulièrement remar-
remarque, sur les deux photographies, que la cou- quable, un attaquant tirant au but lors d’un match
leur de la moto est la même que celle de la combi- de football, un basketteur en pleine extension en
naison des motocyclistes. Cela est indispensable train de réussir un panier. Évidemment, les actions
pour que l’on puisse bien les suivre même de loin des athlètes les plus célèbres dans les différents
car, par mesure de sécurité, à la suite d’accidents sports seront particulièrement valorisées. De nom-
très graves, le public est maintenu éloigné de la breuses photographies de sport montrent une qua-
piste. lité athlétique, un instant décisif ou une prouesse
5. Pour valoriser la moto et son pilote dans la technique. Mais il arrive aussi qu’on montre un
photo de droite, le photographe a pris une photo ratage, une acrobatie involontaire ou un visage
en nette plongée, la façon plus rapprochée pos- déçu…
sible, et à la verticale ; il montre ainsi combien le 8. Les procédés techniques utilisés par Claude
pilote fait corps avec sa machine. Les formes, les Serre pour reproduire plusieurs fois la moto et son
lignes et les couleurs dessinent un ensemble har- pilote sont très variés : des traits souvent courbes
monieux, et la beauté de l’ensemble est rehaussée (les contours de la moto, de son pilote), des points
par la propreté du motocycliste et de sa machine, (les surfaces grisées), des hachures pour la piste
par la vivacité des couleurs et leur contraste : jaune mais aussi pour rendre les proportions et les
et noir. Le photographe a aussi inclus dans son cli- volumes du motocycliste et de sa moto. On
ché la bande d’urgence rouge qui s’oppose au remarque un important contraste entre le fond,
jaune vif du costume et de la moto. On peut saisir blanc et uni, et le dessin de la moto et de son
l’ensemble de la moto, sa forme, ses proportions, pilote, jouant sur le noir, le blanc et le gris, l’en-
saisir les mouvements du pilote, réaliser que s’il fait semble dégageant un équilibre entre le clair et le
corps avec sa machine, c’est lui qui en est l’élément foncé. Les taches rouges surprennent davantage
moteur. En effet, s’il est allongé sur sa moto, son dans cet ensemble structuré autour du noir et du
corps est nettement penché du côté du tournant blanc.
(donc vers la gauche) pour prendre le virage le plus Le dessin n’est pas flou, mais au contraire d’une
serré possible et pour réduire au minimum sa grande précision : la moto et son pilote sont
reproduits avec exactitude, dans les proportions et l’observateur. Elle est présentée quatre fois dans
le détail. L’effet obtenu est un effet de réel, on des positions différentes, ce qui fait comprendre
croit voir une véritable moto bien qu’elle ne soit qu’elle avance : elle est toujours reproduite pen-
que dessinée, et en noir et blanc. Quand on com- chée, deux fois à gauche (le mouvement étant plus
pare ces dessins avec les photographies sur la accentué la seconde fois), puis deux fois à droite.
page précédente, leur justesse apparaît comme Les courbes de la piste, les dessins sur la piste, et les
évidente. Grâce à la succession des quatre dessins bordures sont figurés par des traits dessinés par
(il s’agit de deux doubles pages), et à leur dimen- intermittence, ce qui contribue aussi à donner une
sion de plus en plus grande, la moto paraît se impression de mouvement. Dans le deuxième des-
rapprocher de nous, un effet de mouvement se sin, de petits traits au niveau du genou de droite et
produit, et les détails de la moto deviennent de du pneu de la roue avant participent au même
plus en plus visibles. effet. Ce procédé est habituel pour suggérer un
mouvement. Enfin les traînées de sang se disper-
9. Le dessinateur a représenté quatre fois le sent sur une bonne distance, ce qui résulte de la
même motocycliste car il ne veut pas montrer un vitesse ; le sang qui gicle est immédiatement
simple instant, mais il désire nous faire vivre un projeté en arrière. Ces procédés graphiques
moment de la course, avec sa durée : les quatre contribuent également à l’effet de mouvement.
dessins correspondent à quatre instants d’une
même course, présentés dans l’ordre chronolo- 13. Le geste du motocycliste signifie qu’il a réussi
gique. C’est certainement un épisode au cours à passer des virages difficiles, qu’il a gagné la
d’un grand prix, car la moto porte un numéro. course. Il fait le V de la victoire, il salue sa victoire,
Claude Serre a certainement choisi de représenter on distingue des traits de satisfaction sur son
de face le pilote et sa moto car cet angle de vue visage. Il a relevé la tête et semble regarder le
donne au lecteur de l’image l’impression que ce public, l’observateur du dessin : c’est bien à celui-ci
pilote et cette moto se rapprochent de lui, que le que s’adresse ce geste. Mais ce geste, nous appa-
pilote roule vers lui et vers la victoire. Cet angle de raît dérisoire, absurde ; son bras levé pour saluer et
vue permet à l’observateur de bien voir l’avant marquer sa réussite contraste d’une manière
agressif de la moto et même le visage satisfait du presque insupportable avec ses deux jambes cou-
pilote, et son geste, sur la dernière image. pées au niveau des genoux dont le sang coule
abondamment. Ce contraste excessif est à la base
10. Le décor n’est pas nécessaire, ce qui compte de l’humour noir, voire macabre, qui se dégage de
ici n’est pas la course mais la position, l’attitude du ce dessin dont le titre souligne le caractère sarcas-
pilote. L’absence de décor met en valeur le person- tique : La Forme olympique. Le geste (un V de la vic-
nage et sa moto. De la même manière, des paroles, toire) est en total désaccord avec le reste du dessin,
des bruits ou des cris n’apporteraient rien de plus qui montre une mutilation, donc un échec.
aux dessins, ils desserviraient même les propos du
dessinateur. Ils retiendraient l’attention de l’obser- 14. Dans ce dessin Claude Serre dénonce la folie
vateur et seraient redondants par rapport aux du sport extrême, le goût sans limite pour la com-
images qui se suffisent à elles-mêmes : la force du pétition, la soif de vaincre quitte à se mutiler ou à y
dessin tient précisément à sa netteté, sa sobriété. perdre la vie. Tout en nous amusant ce dessin
Un décor, des paroles rapportées restreindraient la produit sur nous un effet de choc, qui nous amène
portée des images en diminuant le choc ressenti à réfléchir sur le sens du sport et surtout du sport de
par l’observateur quand il se rend compte de l’his- compétition.
toire racontée, de sa portée. 15. Plusieurs procédés permettent de valoriser ce
11. L’emploi de la couleur rouge crée une rupture qui est montré dans une image : entre autres le
par rapport au noir, au blanc et au gris du reste du choix d’un angle de vue, d’un cadrage, d’une
lumière faisant ressortir l’éclat des couleurs, d’une
dessin ; les traînées rouges sont le premier détail
composition qui, comme sur les photos de la
que l’on remarque. L’évocation du sang vient tout
page 178, place au centre du cliché ce que l’on veut
de suite à l’esprit et l’image du corps mutilé du
présenter d’une manière méliorative. Il s’agit ainsi de
motocycliste s’impose vite. Au premier coup d’œil
présenter le sujet choisi d’une façon esthétique. Il est
on peut croire qu’il n’a perdu qu’une jambe puis
judicieux d’employer tout ou partie de ces procédés
on s’aperçoit qu’il a perdu les deux à la hauteur des
si l’on veut attirer le regard de l’observateur.
genoux. L’emploi de la couleur rouge renforce la
Ce sont des procédés de même nature qui
portée du dessin.
peuvent être utilisés pour dévaloriser un sujet.
12. Le dessinateur a créé un effet de mouvement Ainsi, sur la page de droite, les dessins de Claude
en dessinant quatre fois la moto, et chaque fois Serre ne présentent qu’un motocycliste, seul sur la
plus grande, ainsi elle semble se rapprocher de piste, mais il est montré de face : cet angle de vue
participe à la compréhension du dernier dessin. 16. D’après cet exemple, l’humour résulte d’une
Serre accentue le mouvement du personnage et distance prise dans la représentation de la réalité,
de sa moto dans le troisième dessin : le genou du distance qui permet souvent d’exagérer des
pilote frotte le sol, ce qui dans le monde réel aspects de la réalité pour permettre de la voir autre-
devrait motiver un arrêt du pilote et des soins ment, pour s’en amuser, pour en dénoncer certains
urgents. Le dernier dessin est bien sûr le plus gro- aspects. En mettant les rieurs de son côté, en
tesque ; le dessinateur y souligne le caractère ridi- dénonçant des vices comme ici le goût immodéré
cule du geste du pilote en grossissant le person- de la compétition, l’humour permet aussi de
nage et en introduisant de la couleur. Enfin on prendre conscience de la réalité (la recherche
dévalorise un sujet en ménageant de forts absurde de la prouesse), de la voir avec plus de dis-
contrastes : en opposant si crûment le réalisme du tance et ainsi de la questionner.
dessin et l’irréalisme des jambes coupées.
S’exprimer à l’écrit
PRÉSENTER PLUSIEURS 6. Le narrateur aurait pu rapporter lui-même les
OPINIONS p. 180 arguments donnés par les personnages. Il aurait pu
par exemple rapporter indirectement les paroles de
Réponses aux questions Vitalie : « Vitalie demanda à sa mère d’être assez
gentille pour payer le voyage à Arthur. Elle lui dit
1. Trois personnages prennent part à la scène. que ce monsieur qui l’invitait était un grand poète
Ces mêmes personnages participent à la conversa- et que c’était très important pour son avenir. » Mais
tion. Il s’agit du jeune Arthur Rimbaud, de sa sœur le récit serait plus lourd, l’affrontement moins bien
Vitalie et de sa mère, Mme Rimbaud. rendu et ce dialogue argumentatif aurait alors
2. La conversation porte principalement sur le perdu beaucoup de sa vivacité.
projet de voyage à Paris de Rimbaud.
3. Pour que son fils n’aille pas à Paris, Mme Rim- Corrigé des exercices
baud lui rappelle d’abord que ses précédents
voyages ont été catastrophiques. D’après ses 1/a. Dans ce texte, le mot « langue » a deux sens :
paroles, lors de l’un de ses voyages, il s’est retrouvé il désigne d’une part l’organe du goût et de la
en prison tandis que, dans une autre occasion, il est parole, d’autre part l’ensemble des sons et des
retourné chez lui, dans un état très grave : « Pour mots par lesquels une personne s’exprime et
être jeté en prison ? ou pour en revenir à moitié communique.
mort de faim et de froid, comme la dernière fois ? » b. Le thème du texte est la langue, au sens de
(l. 14-15). langage.
Ensuite, elle utilise un argument pécuniaire et le c. Ésope donne d’abord les arguments en faveur
narrateur souligne leur portée et leur retentisse- de la langue, puis ceux en sa défaveur. Le lecteur
ment sur Arthur Rimbaud, comme si on touchait reste plutôt sur l’impression que la langue a un
là au seul motif qui le retienne : « “Et avec quoi pouvoir néfaste.
comptes-tu payer ton voyage ?” demande-t-elle. d. Par exemple :
L’argument porte immédiatement » (l. 22-23).
argument exemple
4. Parmi les arguments avancés par Vitalie en
faveur d’Arthur, on peut relever le sérieux de c’est le lien de la vie par elle on bâtit les
l’invitation, la notoriété de celui qui invite Arthur : civile (l. 12) villes et on les police
« Ce monsieur qui l’invite est un grand poète. » (l. 13-14)
(l. 27) ; il y a aussi les promesses qu’un tel séjour
la clef des sciences
à Paris représente pour le futur : « C’est très impor- on instruit (l. 14)
(l. 12)
tant pour son avenir » (l. 28). Vitalie essaie de
convaincre sa mère. l’organe de la calomnie on persuade de
5. L’opinion de Mme Rimbaud sur la littérature est (l. 23-24) méchantes choses
très négative, elle se montre méprisante à l’égard (l. 25)
des écrivains, et n’a aucune considération pour les
œuvres : « Je n’ai que faire des hommes de lettres. e. Selon Ésope, la langue peut à la fois être la
La littérature n’est pas un métier […] » (l. 29-30). meilleure et la pire des choses.
2. Modalités. Dans cet exercice, c’est la même enseigne participe à la pollution olfactive et sonore,
voix, en l’occurrence celle de l’élève, qui donne les à la prolifération des déchets, à la saleté des lieux
arguments pour et contre. Pour plus de clarté, il publics.
vaut mieux construire l’argumentation en deux b. Modalités. Dans les textes rédigés par les élèves,
temps : les arguments pour, les arguments contre, chaque thèse est incarnée par un personnage
ou l’inverse. L’élève placera en second les argu- différent, et l’échange s’opère selon les conven-
ments les plus proches de son avis personnel, celui- tions du dialogue de roman. On peut procéder à
ci sera précisé de manière explicite en quelques la lecture en classe du texte d’appui et procéder
phrases de conclusion. Si la classe est particulière- au repérage des arguments. Le texte contient bien
ment habile, on peut essayer un plan thématique : sûr des arguments en faveur des établissements de
sur chaque thème on donne les arguments pour et restauration rapide, mais on fera remarquer qu’à
contre. Par exemple : la fin de ce texte il y a une concession à la thèse
On entend souvent dire que l’automobile est respon- adverse (qui est implicite).
sable de la pollution de l’air. Ses détracteurs disent
5/ a. Pour que le jeune homme lui dise son
que l’air en ville est irrespirable, chargé de particules
prénom, la jeune femme avance l’argument
rejetées par les pots d’échappement. La preuve en est
suivant : « Je ne peux tout de même pas continuer à
donnée par les façades des bâtiments qui se noircis-
vous dire monsieur. D’ailleurs, ce mot ne rend pas les
sent en quelques années. Certains avancent que les
mêmes services qu’un prénom dans les situations
camions polluent beaucoup plus encore que les auto-
délicates » (l. 2-4). Elle souhaite donc plus de natu-
mobiles, et que les véhicules propres sont de plus
rel entre eux, moins de distance. Pour le convaincre
en plus nombreux. Quant au prix de revient des
de lui laisser porter ses bagages elle-même, elle lui
automobiles, il reste élevé ; ces beaux et gros objets
dit que la route est meilleure : « maintenant que
restent coûteux à l’achat, et ils perdent très vite de la
nous marchons sur une route commode » (l. 11-12).
valeur. À ce prix d’achat il faut ajouter le carburant,
b. Pour continuer à porter les bagages de la jeune
l’entretien, le péage des autoroutes. D’un point de
femme, Angelo prétend qu’il ne sent pas le poids
vue financier, rétorquent d’autres, l’automobile reste
des bagages et que ceux-ci sont même agréables
avantageuse ; elle permet de transporter plusieurs
et faciles à porter : « Je fais de grands pas et je ne
personnes pour le prix d’une, elle permet de se dépla-
sens pas le poids. Ce sont des manteaux très doux à
cer librement, d’aller où on veut quand on veut, ce
l’épaule. Votre petite mallette et nos sacoches sont
qui n’a pas de prix.
correctement enveloppées » (l. 13-16).
Le plan de ce texte est le suivant :
c. Quelques idées de sujets de désaccord : le choix
– thème général : l’automobile ;
des lieux de visites ou d’excursions (monuments
– thèmes particuliers :
ou sites naturels), les moyens de transport, les
1. la responsabilité de l’automobile dans la pollu-
horaires, le rythme de vie, le choix de la nourriture
tion de l’air
(locale ou européenne)
© arguments pour la responsabilité
Modalités. Comme dans l’exercice précédent,
© arguments contre
chaque thèse est incarnée par un personnage dif-
2. le coût élevé de l’automobile
férent, et l’échange s’opère selon les conventions
© argument en faveur du coût élevé
du dialogue de roman. On conseille de placer des-
© argument en défaveur, etc.
cription, narration, explication entre les passages
3. Modalités. L’exercice conduit l’élève à exprimer dialogués afin d’intéresser le lecteur.
la thèse adverse d’une thèse donnée. Il y a dialogue
6. et 7. Modalités. Ces deux exercices conduisent
argumentatif car chaque lettre est l’expression
les élèves à présenter un texte respectant les
d’une thèse. La préparation de l’exercice inclut une
conventions d’écriture des scènes de théâtre,
rapide explication du texte d’appui (repérage de
qu’on n’hésitera pas à rappeler : indication de
quelques arguments auxquels on pourra éventuel-
l’acte, des scènes, disposition des noms des
lement répondre par des contre-arguments) ; on
personnages, mise en page du dialogue et des
explicitera également les critères d’évaluation,
didascalies. Seul le point d’appui change : un texte
notamment ceux qui portent sur la présentation
ou une image. Pour l’exercice 6, on aura soin de ne
formelle de la lettre. On aura rappelé aux élèves les
pas déséquilibrer le temps de parole entre l’accusé
habitudes de présentation et d’écriture inhérentes
et l’accusateur. Pour l’exercice 7, on donnera un
aux lettres.
nom aux personnages car il y a deux filles et deux
4/a. Les deux principales critiques auxquelles les garçons. Et pour les deux exercices, on aura soin
auteurs apportent ici une réponse sont que Mac- de donner de véritables arguments (qu’ils soient
Donald’s encourage la « malbouffe » en utilisant vrais ou faux), afin d’atteindre suffisamment de
des produits mauvais pour la santé, et que cette vraisemblance.
S’exprimer à l’oral
DIALOGUER ET DÉBATTRE p. 184 2., 3. et 4. Objectifs. Ces exercices proposent trois
catégories de débats : sujets généraux (exercice 2),
Réponses aux questions sujets prenant appui sur des textes et des œuvres
(exercice 3), sujets portant sur un document icono-
1. La première réplique porte sur la destruction de la
graphique (exercice 4). Les sujets sont variés pour
nature par l’homme. L’homme attaque les espaces
éviter la monotonie, mais le travail essentiel est tou-
naturels et gaspille les ressources. Le thème des
jours le même, c’est un effort argumentatif qui per-
répliques suivantes est différent : elles portent sur les
met de développer les mêmes capacités (trouver et
disciplines enseignées à l’école et leur utilité. Il y a un
utiliser des arguments) et vise le même but : savoir
lien entre ces thèmes : l’intérêt des connaissances, de
argumenter efficacement dans une situation de
ce qu’on apprend. On n’apprend pas « la culture de
dialogue.
la terre », qui est un problème crucial du monde
Modalités. Les exercices proposés privilégient, mais
actuel, mais on apprend d’autres sujets qui ne semblent
n’imposent pas, l’organisation suivante : les
pas avoir d’utilité, du moins une utilité immédiate.
débats mettent à chaque fois en présence deux
2. La jeune fille marque son opposition à ce que dit élèves aux avis opposés, les débats sont préparés
son père par le mot « mais » employé à deux reprises : et se déroulent face à la classe sur une durée
l. 5 et l. 10. Elle emploie aussi les expressions « Cela ne d’environ trois minutes chacun.
sert à rien » (l. 10) et « Arrête ! » (l. 17). Parmi les démarches possibles, celle-ci est une des
3. Le père s’exprime avec un registre (ou niveau) plus opérantes : les sujets et les consignes sont
de langue courant, voire soutenu : « une surexploi- expliqués plusieurs jours à l’avance, la répartition
tation motivée par le souci de la rentabilité à court des élèves par groupes de deux (un pour, un
terme » (l. 3-4). La fille a un registre courant : « À contre) est effectuée au préalable, la date de
quoi me sert tout ça ? » (l. 7). chaque débat est communiquée aux élèves à
4/a. La jeune fille porte sur les mathématiques un l’avance. Les élèves peuvent ainsi rechercher des
avis négatif : « Mais je n’aime pas les mathéma- arguments, et même s’entraîner à argumenter
tiques ! » Elle n’a qu’un seul argument : « Cela ne avec le camarade qui sera leur adversaire ou un
sert à rien » (l. 10). autre qui se prêtera volontiers au jeu ; ainsi les
b. Son père a sur le même sujet un avis opposé : il élèves seront-ils matériellement et psychologique-
pense que les mathématiques répondent à des ment prêts à cet exercice nouveau et important.
besoins (l. 11). Pour appuyer sa thèse, il donne des Déroulement. Le jour venu, les prestations peuvent
exemples pris dans la vie courante (faire des opé- s’effectuer en situation de simulation, ainsi que le
rations, compter l’argent), puis des exemples préconisent les programmes : on imite un procès,
montrant les applications technologiques : une émission de radio ou de télévision, etc. Dans
construction de ponts, avions ou voitures. ce dernier cas, par exemple, un élève présentateur
c. Dans la dernière réplique, le père donne vient annoncer l’identité des interlocuteurs, rappe-
d’abord des arguments précis et concrets : faire ler le sujet du débat et les conditions (respecter la
des opérations, compter son argent, acheter des durée impartie, conserver sa courtoisie). Un autre
vêtements, aller au cinéma. Ce type d’argument élève peut être chargé du chronométrage, etc.
est plus efficace car il établit tout de suite une rela- Ces mises en scène sont élémentaires, mais elles se
tion avec la vie quotidienne, celle que la jeune fille révèlent suffisantes pour donner une allure et une
connaît bien. Les arguments précis et concrets (ou structure à l’exercice de débat, pour lui donner un
exemples) sont donc plus convaincants. peu d’authenticité, ce qui aide les élèves, surtout
ceux en difficulté.
Corrigé des exercices Après chacun de ces débats opposant des élèves
1. Par exemple : 1. Il reste sur ses idées bien que deux à deux, on procède à un débat plus général
(ou mais) tout le monde pense le contraire. ⵑ en accordant la parole à qui veut la prendre, pour
2. Malgré ce que nous rappellent les statistiques, donner son avis sur la question traitée… et sur le
elle croit que fumer ne nuit pas à la santé. ⵑ 3. Bien débat auquel on vient d’assister. Pour ce moment
que (ou même si) vous ayez (avez) de nombreux d’échange aussi, il est prudent de fixer à l’avance
arguments, je resterai sur ma position, mes argu- une durée maximale (autour de trois minutes
ments étant meilleurs. ⵑ 4. Bien que (ou même si) également). Rappelons qu’à plusieurs reprises le
les conducteurs de quads ont longuement parlé programme et le document qui l’accompagne
avec le maire pour obtenir l’ouverture de deux préconisent des exercices oraux de courte durée
pistes réservées, ils ne l’ont pas convaincu. afin que tous les élèves puissent les effectuer.
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION
L’organisation Convaincre : ÉCRITE ÉCRITE
des textes (2) : Ginevra di ex. 14, p. 169, Suite de la
mots de liaison, Piombo, p. 168 préparation, séance 3 :
Semaine 1 mots de reprise, brouillon, finir ex. 14, p. 169,
leçon 31, p. 372 brouillon pour amélioration
séance 4 du brouillon,
mise au propre,
ramassage
des copies
5 6 7 8 9
LANGUE LANGUE LANGUE LECTURE EXPRESSION
L’argumentation Les paroles Suite de la Persuader : ÉCRITE
et le jugement, rapportées, séance 6 : Une pièce de cent Suite des
Semaine 2
leçon 6, p. 296 leçon 36, Les paroles sous, p. 170 séances 3 et 4 :
p. 384 début rapportées, compte rendu
leçon 36 fin et correction de
l’ex. 14, p. 169
10 11 12 13
LANGUE Bilan de la Suite de la Compte rendu
Révision des séquence : séance 11 : et correction
leçons 31, 6, 36 Vers le brevet mise au propre, du bilan
Semaine 3 ex. 5, p. 183 : ramassage copies
rédaction,
brouillon,
ramassage
des brouillons
EXEMPLE 2
* Comme il y a un nombre impair d’élèves dans la classe et que l’exercice de débat tel que nous le proposons regroupe
les élèves deux à deux, un élève (désigné, ou volontaire, ou tiré au sort) effectue deux fois l’exercice.
1 2 3 4 5
L’explication et Le Loup et le Dialoguer et Présenter Suite de la
l’argumentation, chien, p. 164 débattre, p. 184, plusieurs séance 1 :
leçon 39, p. 400 ex. 2, p. 185, opinions, p. 180, L’explication et
Semaine 1 préparation, ex. 3 ou 4, l’argumentation,
distribution p. 182, leçon 39, p. 400
des dates préparation,
de passation finir brouillon
pour la séance 8
6 7 8 9
L’expression de Gauvain et Suite de la Suite de la
l’opposition, Cimourdain, séance 4 : séance 3 : ex. 2,
leçon 27, p. 360 p. 166 amélioration p. 185, 4 groupes
Semaine 2 brouillon, de deux élèves
mise au propre,
ramassage
des copies
10 11 12 13 14
Les phrases (1), Le mariage, Suite des Suite des Suite des
types, formes, p. 173 séances 3 et 9 : séances 4 et 8 : séances 3, 9, 12 :
Semaine 3 leçon 20, p. 336 ex. 2, p. 185, compte rendu ex. 2, p. 185,
4 autres groupes et correction 4 autres groupes
de deux élèves de l’ex. 3 ou 4, de deux élèves
p.182
15 16 17 18
Révision des Bilan de la Étudier des Compte rendu
leçons 39, 27, 20 séquence : images : et correction
Vers le brevet Motocyclistes, du bilan
Semaine 4 p. 186, sauf p. 178 + Suite des
question 3 séances 3, 9, 12,
14 : les 2 derniers
groupes de deux
élèves
SÉQUENCE 8
L’autobiographie
Objectifs et contenus
Cette séquence sur l’autobiographie a délibéré- qui sont écrits à la première personne et ne sont
ment été placée parmi les dernières dans le pas de fiction. Il y a en particulier une différence
manuel, et il est d’ailleurs souhaitable de la réaliser notable entre l’autobiographie, qui met nettement
dans la seconde moitié de l’année si l’on veut l’accent sur la vie d’un individu, et les Mémoires,
qu’elle soit intéressante et profitable. En effet, qui, eux, sont essentiellement un témoignage sur
l’étude de l‘autobiographie en troisième ne va pas le monde (et feront par conséquent l’objet d’une
de soi. autre séquence, la suivante dans le manuel).
Il y a d’abord la difficulté du texte autobiogra- Nous n’avons pas utilisé la notion de « pacte
phique lui-même : c’est un récit complexe et déve- autobiographique » car elle ne figure pas dans le
loppé. La base narrative est enrichie de passages programme, et elle supposerait l’explicitation
descriptifs, de passages explicatifs, de passages dia- préalable de la notion plus générale de « pacte de
logués, et l’ensemble est au service d’une visée lecture » ; on pourra bien sûr l’utiliser implicite-
argumentative, car il y a toujours d’une façon plus ment, en faisant bien remarquer que l’auteur d’une
ou moins explicite chez l’auteur la volonté d’expli- autobiographie prend le lecteur à témoin de sa
quer des faits, des choix, des situations, afin de sincérité, qu’il s’engage à dire la vérité, et que ce
déboucher sur une présentation particulière de sa lecteur est invité à le croire.
vie, de se justifier. Le texte autobiographique mêle
donc à plaisir les principales formes de discours. De L’étude de textes et d’images
plus, il s’organise sur deux niveaux énonciatifs : une Il convient à la fois de faire comprendre aux
première situation d’énonciation correspond au élèves ce qu’est un projet autobiographique, de
moment de l’écriture, et une seconde correspond faire connaître les caractéristiques du texte auto-
aux événements racontés, qui sont passés. De plus, biographique, et de porter à leur connaissance des
toujours au plan textuel, notons l’ambivalence du textes et des auteurs qui ont illustré le genre. Ainsi,
je dans l’autobiographie, celui-ci renvoyant tantôt à côté de textes autobiographiques récents et de
à l’auteur et au narrateur, tantôt au personnage qualité (Modiano, Mordillat, Bianciotti), on trou-
principal (qui est bien la même personne, mais à vera des extraits d’autobiographies ou romans
un autre moment de sa vie, en général quand elle autobiographiques célèbres (Sartre, Vallès). La
était plus jeune). À ces subtilités qui tiennent au partie « Étudier des textes » a été organisée en
texte, s’ajoute la difficulté qui tient à l’âge des deux volets : la conscience de soi, la question de
élèves : comprendre le parcours complexe qu’est l’enfance. Pour l’étude des textes, on fera identifier
une vie, et réfléchir sur ce parcours, exige une à chaque fois, de manière sûre, l’auteur, le narra-
maturité certaine de la part des élèves ; ceux-ci teur, le personnage principal, en mettant en rela-
doivent par exemple être résolument sortis de l’en- tion les informations données dans le texte par le
fance… pour pouvoir mieux comprendre toutes narrateur et celles données dans la notice biogra-
ces personnes qui en gardent une si forte nostalgie. phique concernant l’auteur, qui est située en
Pour concevoir cette séquence, nous nous marge du texte : la concordance entre ces informa-
sommes appuyés sur la définition de l’autobiogra- tions est la seule preuve que l’auteur et le narrateur
phie qui fait référence, celle proposée par Philippe sont la même personne, et que, par conséquent, le
Lejeune : « Récit rétrospectif en prose qu’une per- texte peut être qualifié d’autobiographique.
sonne réelle fait de sa propre existence lorsqu’elle met Nous n’avons pas donné d’exemple d’autobio-
l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur graphies rédigées à la deuxième ou à la troisième
l’histoire de sa personnalité. » (Le Pacte autobio- personne, car ce sont des cas rares et tout à fait par-
graphique, 1975, p. 14). Elle correspond d’ailleurs ticuliers, non représentatifs du genre. Si l’on sou-
à la définition donnée par les dictionnaires : « Bio- haite donner de tels exemples aux élèves, on peut
graphie de l’auteur faite par lui-même, genre littéraire leur citer entre autres, pour l’autobiographie à la
qui y correspond. » (Le Petit Robert, 1993). L’auto- deuxième personne, Lambeaux, de Charles Juliet.
biographie est donc un genre littéraire bien défini, Plutôt que d’axer l’étude sur les diverses écritures
loin de l’amalgame fait ici ou là entre tous les textes autobiographiques, il a semblé préférable d’aller à
l’essentiel en mettant l’accent sur le projet auto- – la subjectivité : la leçon 5, « Le vocabulaire des
biographique, ses caractéristiques et son enjeu. sensations et de l’affectivité », permet entre autres
L’objectif principal est que les élèves comprennent aux élèves de nommer les différents sentiments
ce qu’est une autobiographie, pourquoi ce genre éprouvés par le narrateur d’un texte autobiogra-
existe et quel en est l’intérêt. phique.
Pour ce qui est de l’étude d’images, un genre a On peut compléter l’ensemble avec la leçon 7,
été retenu : l’autoportrait. Il permet de relier très car le champ lexical est un moyen simple, adapté
clairement le questionnement sur les textes et celui et efficace, pour aider les élèves à entrer dans l’uni-
sur les œuvres picturales et photographiques vers de chaque écrivain autobiographe.
choisies : le problème de la réflexion sur soi,
et de l’image de soi, est en effet commun à
l’autobiographie et à l’autoportrait. Références bibliographiques
L’Autoportrait, Textes et documents pour la classe,
Les activités d’expression n° 853, 1er avril 2003, SCEREN/CNDP, 2003.
Les exercices proposés dans la partie « S’expri- Livraison particulièrement riche, portant à la fois sur
mer à l’écrit » portent sur « l’écriture de soi » et l’autoportrait iconographique (peinture, photogra-
permettent de répondre au programme, celui-ci phie) et sur l’autoportrait littéraire. Bibliographie per-
précisant que « les élèves devront rédiger, dans l’an- tinente, accompagnée d’une liste de sites Internet
née, le récit d’une expérience personnelle ». Quant concernant l’autoportrait sous toutes ses formes.
aux exercices de la partie « S’exprimer à l’oral », ils L’Écriture de soi, Textes et documents pour la classe,
sont du même ordre, le programme précisant n° 884, 15-30 novembre 2004, SCEREN/CNDP,
mêmement que, pour ce qui concerne « la pratique 2004. Ce numéro traite l’écriture de soi sous
du récit oral », les élèves devront effectuer un « récit toutes ses formes et dans tous les genres, mais
d’expérience personnelle ». La cohérence est donc c’est bien sûr l’autobiographie qui occupe la place
maximale entre les activités de production écrite et principale.
orale, et entre ces activités et celles de lecture Paul ARON, Denis SAINT-JACQUES, Alain VIALA, Le
(texte, image). Dictionnaire du littéraire, Presses Universitaires de
France, 2002. Cet ouvrage fait le point sur les prin-
Les outils de langue cipales notions littéraires au vu des connaissances
Pour accompagner cette séquence, bien des actuelles les plus sûres. Chaque notion fait l’objet
outils de langue peuvent être choisis. L’autobiogra- d’une définition, d’un historique et d’une problé-
phie étant, du point de vue textuel, un récit, tous matique. On consultera avec intérêt l’article
les points de grammaire concernant le récit peu- « autobiographie », et aussi les articles « biogra-
vent être repris pour cette séquence. Ainsi peut-on phie », « littérature personnelle ».
au besoin envisager les leçons 40 et 41, sur la Thomas CLERC, Les Écrits personnels, collection
grammaire du récit ; on retiendra plus spéciale- « Ancrages », Hachette supérieur, 2001. Dans cet
ment les notions d’auteur et de narrateur, de récit ouvrage succinct, de nombreux développements
cadre et récit encadré, et de combinaison des portent sur l’autobiographie et les genres annexes.
formes de discours dans le cas du récit. Philippe LEJEUNE, Le Pacte autobiographique,
Nous avons sélectionné les points suivants : Le Seuil, 1975, 1996. L’ouvrage de base, par le
– l’énonciation : le texte autobiographique com- spécialiste des écrits autobiographiques.
bine généralement un énoncé ancré dans la situa- Philippe LEJEUNE, Les Brouillons de soi, Éditions du
tion d’énonciation, qui correspond au moment de Seuil, 1998. Après l’étude de quelques questions
l’écriture, et des énoncés coupés de la situation clés de l’autobiographie (l’autobiocopie, l’enfance
d’énonciation, qui rapportent les moments passés. fantôme, l’irréel du passé, le tournant d’une vie,
L’étude de l’autobiographie nécessite donc un bon autobiographie et contrainte), l’auteur s’attache
savoir-faire du repérage énonciatif. La leçon 32, plus particulièrement à quelques œuvres : on trou-
« L’énonciation, énoncé coupé, énoncé ancré », vera notamment une étude portant sur le Journal
apportera les éléments nécessaires. Le narrateur d’Anne Frank.
prend plus ou moins de distance par rapport Philippe LEJEUNE, Signes de vie, Le pacte autobiogra-
à ce qu’il raconte, d’où l’importance pour cette phique 2, Le Seuil, 2005. L’auteur revient sur les
séquence de la leçon 34 (« La modalisation ») ; trente ans qu’il a passés à étudier les écrits auto-
– le verbe et son emploi : la leçon 8 (rappelant biographiques. Réflexions, mises au point, et une
formes, modes et temps), la leçon 9 (sur les voix et bibliographie générale quasi exhaustive sur ce sujet.
les aspects), et la leçon 10 (sur l’indicatif et ses J.-Ph. MIRAUX, L’Autobiographie, Armand Colin,
emplois) permettront une analyse plus fine des 2007. Réédition bienvenue d’un ouvrage paru en
textes autobiographiques ; 1996. L’auteur traite la question de manière
précise et succincte en s’appuyant sur de nom- à l’autobiographie « Lire et écrire des textes autobio-
breux exemples littéraires. graphiques en classe » et d’autres contributions.
Marie-Hélène ROQUES, L’Autobiographie en classe, Il s’achève par une intéressante bibliographie :
Delagrave/CRDP Midi-Pyrénées, 2001. L’ouvrage « Cent titres en “Je” » choisis dans la littérature de
contient les actes d’une journée d’études consacrée jeunesse.
Plusieurs raisons incitent à mettre en parallèle auto- miroir « instaure aussi un jeu entre soi et cette image
biographie et autoportrait, ne serait-ce que le préfixe “hors de soi”, qu’il renvoie inversée : dans un miroir,
« auto » commun aux deux mots, et la similitude des un droitier fait face à un autre, immanquablement
situations entre un peintre qui se peint et un écrivain gaucher […]. La photographie […] tout en permet-
qui écrit sur lui-même. Il y a aussi la place de l’image tant de voir une image de soi, est aussi le lieu de
dans les études de français, celle-ci s’inscrivant dans tous les dédoublements possibles que les artistes du
la logique des séquences et des cours : l’autoportrait XXe siècle ne vont cesser d’explorer » (Pascal
(quelle que soit la technique utilisée) permet de réflé- Bonafoux, Autoportraits du XXe siècle, Hors série
chir de façon concrète aux motivations qui amènent Découvertes, Gallimard, 2004).
une personne à se prendre elle-même comme sujet de Sur certains autoportraits le miroir est montré, par
son œuvre. Ici, il s’agit seulement de permettre une exemple celui de Johannes Gump datant de 1646,
entrée aisée dans la séquence et d’initier un question- celui de Jacques-Henri Lartigue, qui se photographie
nement, le genre autoportrait sera repris de façon plus en train de se peindre à l’aide d’un miroir, en 1923.
détaillée dans l’activité « Étudier des images ». Sur le tableau de Norman Rockwell intitulé Triple
autoportrait, on aperçoit miroir et photographie.
Réponses aux questions 3. Plusieurs raisons peuvent pousser un peintre à
1. Un autoportrait, c’est le portrait d’un artiste réaliser son propre portrait. Il peut tout simplement
(peintre, dessinateur…) réalisé par lui-même. Ce vouloir laisser une trace de lui-même, un témoi-
tableau est intitulé Autoportrait car il s’agit d’un gnage de son existence. Il peut désirer fixer une
portrait que W. Orpen a réalisé d’après sa propre image de lui à un instant déterminé, à un moment
personne. Il faudrait disposer d’une photographie précis de sa vie ; certains peintres ont ainsi exécuté
de ce peintre, et encore mieux de ce peintre en de nombreux autoportraits, tel Rembrandt
train de se peindre, pour pouvoir en être sûr : il y a (1606-1669), ce qui permet de montrer le passage
là un « pacte de confiance » qui fait que nous de la jeunesse à la vieillesse. Le peintre peut ainsi
croyons le peintre sur la seule foi accordée au titre fixer pour toujours la beauté de sa jeunesse ou la
du tableau. fatigue de sa vieillesse. En même temps, en se
Orpen se représente en peintre, palette et pinceaux prenant comme modèle, le peintre s’interroge
à la main. Son visage est démultiplié par les reflets forcément sur lui-même : qui est-il vraiment ? que
dans les miroirs, ce qui suggère les différents désire-t-il montrer ou cacher de lui-même ? Se
aspects d’une personnalité, la complexité d’un peindre, c’est aussi oser s’exposer : le peintre s’offre
individu, insaisissable au premier coup d’œil, et la lui-même (par courage ? par vanité ?) aux regards
diversité des regards que l’on peut porter sur quel- donc aux jugements des autres.
qu’un. Ainsi démultiplié, le peintre apparaît plus Un écrivain peut désirer raconter sa vie pour des
mystérieux, plus insaisissable pour l’observateur raisons similaires à celles des peintres qui réalisent
que dans un autoportrait traditionnel. Cet autopor- leur autoportrait ; l’autobiographie est un portrait
trait diffère d’autres autoportraits plus habituels de soi au moyen de l’écriture. Un écrivain, par cette
car, au centre du tableau, se trouve la palette, démarche, laisse une trace de lui-même, un témoi-
démultipliée elle aussi. Elle donne sa structure au gnage de son existence. Il peut désirer laisser une
tableau, le peintre étant représenté de part et image de lui-même, par exemple s’il estime que
d’autre de cet objet ici symbolique. Mais le peintre l’image habituelle qu’on a de lui est fausse, ou
ne se regarde pas, et il ne regarde pas sa palette : il incomplète. Il peut aussi avoir envie de réfléchir à
semble fixer l’observateur de son tableau. sa propre vie, à ce qu’il en a fait, avec les échecs et
les réussites. Ainsi il peut s’interroger sur lui-même,
2. Pour réaliser son autoportrait un peintre peut pour voir par exemple ce qui a de l’importance ou
se servir d’un miroir – ce fut le seul moyen utilisé pas dans sa vie. Témoignage et analyse semblent
pendant des siècles – ou d’une photographie. bien être les deux motivations profondes qui pous-
Comme le fait remarquer Pascal Bonafoux, le sent un écrivain à raconter sa vie.
« un magma de mots, ou plus précisément des mots « faisait » (l. 21), « se dressait » (l. 22), « Je n’avais »
inexacts, un rythme faussé, des images faibles ou (l. 23), « je restais » (l. 24), « augmentait » (l. 24).
exagérées » (l. 12-13). Tous ici expriment l’aspect inaccompli (ou duratif,
b. L’auteur ne peut raconter ce qu’il a vécu au imperfectif), par exemple dans la description :
camp : « Au fil des années j’ai tenté plus d’une fois de « j’étais » (l. 18), « se dressait » (l. 22). Le verbe au
toucher les châlits du camp et de goûter à la soupe plus-que-parfait « je n’avais pas mangé » (l. 22)
claire qu’on y distribuait » (l. 10-11). « Cette fois non marque l’antériorité d’un fait passé par rapport
plus je ne toucherai pas à ce feu. Je ne parlerai pas du à un autre : « se dressait ». Il exprime l’aspect
camp […] » (l. 14-15). Si l’expérience du camp accompli. Les deux verbes au passé simple (« je fis »
demeure pour l’auteur impossible à raconter, c’est et « je restai ») indiquent des actions passées, ponc-
sans doute parce qu’il estime ne pas encore avoir tuelles, achevées (aspect accompli).
trouvé comment la raconter sans trahir la vérité, On le voit, deux systèmes sont employés, celui du
celle des faits, mais plus encore celle des émotions, présent et celui du passé, et ils sont mêlés dans le
des sentiments. Pour dire ce qu’il a éprouvé, dans même paragraphe : on remarque par exemple
un camp de concentration, alors qu’il n’était qu’un qu’après le passé simple « je fis », caractéristique du
enfant, il lui faut trouver les mots qui lui sembleront récit au passé, surgissent trois verbes au présent qui
justes ; or, il juge que, pour l’instant, il n’a obtenu introduisent une sorte de rupture, mais c’est finale-
qu’« un magma de mots, ou plus précisément des ment pour mieux souligner que le passé de l’auteur
mots inexacts » (l. 12). fait partie de son présent, qu’il fait sans cesse irrup-
c. La métaphore « Ce feu » (l. 14) désigne ce qui ne tion dans sa vie, bien que de nombreuses années se
peut être raconté. Ce mot évoque une souffrance soient écoulées depuis les faits racontés.
intense et destructrice. Cette souffrance est celle
qui a été ressentie dans le passé, au camp, et sans 8/ a. Lorsqu’il s’enfuit du camp, le narrateur a
doute aussi celle qui survient quand l’auteur dix ans (voir l. 16).
cherche à donner forme à ses souvenirs, à ses émo- b. On peut supposer que si l’auteur n’évoque pas la
tions passées, grâce à ses mots, grâce à une œuvre fuite du camp, c’est pour éviter d’aborder le sujet
littéraire. du camp, « ce feu » qu’il ne peut pas encore tou-
Remarque : Aharon Appelfeld écrit dans L’Héritage cher (voir réponse à la question 6). C’est certaine-
nu (Éditions de l’Olivier/Le Seuil, 2006) que « seul ment un moment particulièrement difficile ou dou-
l’art a le pouvoir de sortir la souffrance de l’abîme » loureux et il n’a encore trouvé ni la force ni les mots
mais il s’agit d’une entreprise difficile, certaine- pour l’évoquer. Dans la préface d’Histoire d’une vie,
ment douloureuse, si bien qu’à ce jour Aharon il écrit cependant « De l’évasion, je parlerai en temps
Appelfeld n’a pas encore abordé le sujet du camp voulu » (p. 8), ce qui semble indiquer un projet de
dans ses écrits. l’auteur ou une œuvre non encore publiée.
7. Dans le troisième paragraphe on trouve plu- 9. Les souvenirs marquants liés à la forêt sont des
sieurs verbes au présent et à l’imparfait, un verbe souvenirs surtout liés à des sensations : « un arbre
au passé composé (« je me suis retrouvé » l. 18), un couvert de pommes rouges » (l. 18) qui provoque
verbe au plus-que-parfait (« je n’avais pas mangé » une grande stupeur chez l’enfant, « une petite
l. 22), deux verbes au passé simple (« je fis » l. 19 et pomme à moitié pourrie » (l. 25), un « coucher de
« je restai » l. 23). Les verbes « je ne me souviens pas » soleil qui rougeoyait entre les arbres » (l. 29), « une
(l. 17), « je me rappelle » (l. 17), « se souvient » pomme de l’arbre […] dure, acide » (l. 30-31), « la
(l. 19) sont au présent d’énonciation, ils renvoient soif » (l. 34) et la recherche puis la découverte d’un
au moment de l’écriture. « Je fais » (l. 20), « je recule » ruisseau, enfin l’apparition de la mère.
(l. 21), « je vois » (l. 21), introduits par « chaque fois Ces souvenirs sont marquants parce qu’ils concer-
que » (l. 20) sont des présents dits « d’habitude », nent des besoins vitaux, celui de manger, celui de
ou à l’aspect itératif. Ils indiquent la permanence boire et, plus encore, parce qu’ils correspondent à
du souvenir, qui surgit dès que certains gestes de la la fin de la détention dans le camp et qu’il s’agit
vie quotidienne sont accomplis. Le passé est donc pour l’enfant de la découverte d’un univers nou-
indissociablement lié au présent de l’auteur. Le veau et tout autre pour lui. C’est pourquoi sa sur-
passé composé « je me suis retrouvé » indique un prise est si grande : « J’étais si stupéfait » (l. 19),
fait passé, antérieur à un fait exprimé au présent écrit-il, et plus loin, « je restai debout, paralysé par la
« je me rappelle ». Il indique aussi un passé qui n’est surprise » (l. 23-24). Le monde de la forêt s’oppose
pas détaché du présent et reste « en contact » avec à celui du camp comme un monde protecteur et
le narrateur. L’emploi de ce passé composé ren- bienveillant – du moins dans un premier temps –, il
force l’effet produit par les présents « d’habitude » : offre des fruits en abondance, de l’eau, et même
il rappelle la proximité de l’auteur avec son passé. une émotion esthétique quand l’enfant aperçoit le
Les verbes à l’imparfait sont « j’étais » (l. 18), soleil couchant. La beauté semble de nouveau faire
partie de ce monde, et la joie : « chaque fois que je miers moments qu’il y a passés, il a accompli des
m’agenouille, je me souviens du coucher de soleil qui gestes et des actes simples – manger, dormir, boire,
rougeoyait entre les arbres et j’ai envie de me réjouir » contempler – mais en rupture totale avec le monde
(l. 28-29). du camp. Il évoque donc dans cette scène un véri-
Remarque : on pourrait sans doute voir dans la table retour à la vie. Chaque instant, chaque sensa-
description du pommier une allusion biblique au tion devaient donc s’imprimer durablement en lui.
« paradis de délices » de la Genèse, en raison de la De plus l’image de sa mère est associée à tous ces
présence de l’arbre et de ses fruits et aussi parce souvenirs qui se rapportent à une sorte de renais-
qu’il s’agit d’un moment où l’enfant entre dans un sance, cette association a rendu encore plus vif le
monde nouveau. Cependant, le monde de la forêt souvenir des sensations alors éprouvées.
n’est en rien un monde paradisiaque, ainsi que l’on
peut s’en rendre compte en lisant le reste de 13/a. Le narrateur voit sa mère juste après avoir
,l’ouvrage ou les autres livres de Aharon Appelfeld. bu l’eau du ruisseau.
b. L’apparition de sa mère n’est pas présentée
10. L’enfant se trouve dans l’incapacité de pren- comme un événement extraordinaire, surnaturel
dre une pomme de l’arbre. Sa stupeur l’en empê- ou miraculeux. Sa mère se présente à lui comme si
che : il est « paralysé par la surprise » (l. 23-24). La elle était de retour après une longue absence : « je
découverte de l’arbre lui cause un tel choc qu’il ne vis ma mère, qui avait disparu depuis longtemps »
peut agir. Le lendemain, cependant, il goûte l’une (l. 37), la polysémie du verbe « disparaître » favori-
des pommes (épisode rapporté dans le cinquième sant ce procédé. En outre, aucun phénomène
paragraphe). étrange ou spectaculaire ne se produit. La mère
11/a. Dans les quatrième et cinquième para- apparaît dans une posture habituelle « debout près
graphes, on note des sensations gustatives, tactiles de la fenêtre, en contemplation, comme elle en avait
et visuelles. Les sensations gustatives apparaissent l’habitude » (l. 38-39). Puis, loin d’effrayer l’enfant,
quand l’auteur raconte qu’il a mangé « une petite comme pourrait le faire un spectre, la mère
pomme à moitié pourrie » (l. 25) et quand il décrit le semble au contraire le rencontrer paisiblement et,
goût « acide » (l. 31) de la pomme de l’arbre. Le tou- lorsqu’elle le regarde, c’est comme une mère
cher est présent lorsque l’auteur décrit sa position soucieuse de son enfant : « étonnée qu’[il soit] seul
« à genoux » (l. 27 et l. 36), lorsqu’il mange la dans la forêt » (l. 40).
pomme « dure » (l. 30) : « la mordre me fit mal aux Le fait de boire semble provoquer l’apparition de
dents mais je la mordis encore et encore et la chair du la mère : « Je m’agenouillai et je bus. L’eau dessilla
fruit pénétra dans mon œsophage contracté » (l. 32). mes yeux et je vis ma mère » (l. 36-37). On notera le
C’est également le cas lorsqu’il boit l’eau du ruisseau sens particulier de « et » qui prend ici une nuance
(l. 36). Les sensations visuelles sont les plus nom- consécutive.
breuses. Dans le quatrième paragraphe l’enfant voit c. L’auteur prête à l’eau un pouvoir magique, celui
le « ciel [qui] rougeoyait déjà » (l. 26-27), notation de faire voir les morts. L’eau, indispensable à la vie,
reprise par « je me souviens du coucher de soleil qui permet une sorte de résurrection de l’enfant,
rougeoyait entre les arbres » (l. 29). Dans la deuxième échappé d’un « camp de la mort ». Elle a le pouvoir
partie du cinquième paragraphe, après la décou- de faire vivre l’enfant et ce pouvoir vital semble
verte du ruisseau, on trouve « l’eau dessilla mes yeux » s’étendre, s’accroître, jusqu’à permettre de redon-
(l. 36-37), « je vis ma mère » (l. 37), « je la vis » ner vie pour un instant à la mère disparue. Il semble
(l. 37), « je regardai » (l. 42), « elle tourna son visage que l’enfant voie sa mère lorsqu’il est encore pen-
vers moi » (l. 39), « Maman m’était apparue » (l. 38). ché sur l’eau du ruisseau, elle lui apparaît dans un
b. Les cinq sens sont l’odorat, l’ouïe, le goût, le tou- petit cercle formé par les ondes à la surface du ruis-
cher et la vue. Dans le passage considéré on ne seau : « Je regardai à nouveau le petit cercle dans
trouve pas mention de l’ouïe ni de l’odorat, sauf lequel maman m’était apparue, et il se referma »
peut-être quand est employé l’adjectif « pourrie ». (l. 42-44).
Le goût et le toucher sont présents à plusieurs
14. Dans le dernier paragraphe, le narrateur nous
reprises, comme nous l’avons vu précédemment,
fait deviner les émotions et les sentiments de l’en-
mais c’est la vue qui est le sens privilégié dans le
fant qu’il fut, plus qu’il ne les exprime. Il raconte en
cinquième paragraphe : ce passage évoque en effet
peu de mots la mort de sa mère (de la ligne 45 à la
l’apparition de la mère de l’enfant.
ligne 47) sans employer aucun des termes qui vien-
Pour les exemples, on se reportera au relevé des
nent spontanément à l’esprit dès qu’il est question
différentes notations gustatives, tactiles et visuelles
d’un tel sujet : des mots comme « chagrin », « dou-
fait plus haut (en a.).
leur » ou « désespoir » sont absents. Les mots du
12. Les sensations éprouvées dans la forêt ont narrateur semblent tous pesés, choisis pour leur
marqué l’auteur à tout jamais. Au cours des pre- force d’évocation et de suggestion. Ils n’en sont
que plus bouleversants. En revanche, les senti- 18. Ce texte n’est pas un témoignage au sens où
ments du narrateur adulte apparaissent nettement. l’entendraient des historiens. On n’y trouve pas de
Le narrateur laisse entendre sa douleur, mais pri- dates précises, de noms de lieux, la vie dans le camp
vilégie l’expression de sentiments positifs, il met en n’est pas racontée, ni aucun événement d’impor-
valeur ce qui le réconforte ou l’apaise : ainsi tance qu’on pourrait qualifier d’historique. L’auteur
évoque-t-il une mère à jamais perdue mais pour ne témoigne que sur l’enfant qu’il a été, de ses per-
toujours présente dans la beauté de sa jeunesse : ceptions d’enfant alors qu’il était livré à lui-même, ne
« Sa mort est profondément ancrée en moi – et, plus pouvant compter que sur ses propres forces. Son
que sa mort, sa résurrection. Chaque fois que je suis récit est entièrement consacré à l’enfant qu’il fut.
heureux ou attristé son visage m’apparaît […]. Elle Histoire d’une vie, selon son auteur, est « une tentative,
est jeune, et sa jeunesse se renouvelle toujours » un effort désespéré pour relier les différentes strates de
(l. 48-54). [sa] vie à leur racine » (Préface, p. 10).
15. Le narrateur raconte en détail l’épisode du 19. À la lecture de ce texte, l’émotion peut surve-
pommier et celui du ruisseau car ils ont eu pour lui nir en raison des événements et de la situation qui
une grande importance. Ces épisodes marquent sont évoqués : un enfant est seul, dans une forêt
pour le narrateur le retour à la vie, après l’expérience inconnue, après avoir traversé l’épreuve du camp,
du camp. L’enfant, qui a quitté le monde des morts dont rien ne nous est dit mais que l’on suppose
(le camp de concentration), pourra survivre. Dans atroce. De plus, la précision des sensations éprou-
ces épisodes, la vie revient dans ses aspects les plus vées, des gestes accomplis, permet au lecteur de se
élémentaires : se nourrir, étancher sa soif, et aussi sentir proche de cet enfant, de s’identifier à lui.
contempler la beauté du monde. Chaque instant a L’apparition de la mère nous émeut également, car
été perçu avec intensité et s’est imprimé avec force elle rappelle que l’enfant est orphelin et aurait
dans le souvenir du narrateur. Dans ce moment de grand besoin d’elle. Pourtant, dans tout le récit,
renaissance, l’apparition de la mère de l’enfant, rien de pathétique, pas de chagrin ni de souffrance
comme une figure tutélaire, constitue un événe- ouvertement exprimés. Ce qui rend le récit poi-
ment essentiel, puisqu’elle vient rompre la solitude gnant, c’est la retenue de l’auteur ; chaque mot,
de l’enfant et peut-être aussi l’encourager à vivre. choisi avec soin, résonne en nous, fort de tout ce
qu’il suggère.
16. Dans son récit, le narrateur associe étroite-
ment le passé et le présent. Pour cela il mêle le 20. L’artiste donne l’impression d’une forêt
moment de l’écriture et le moment des souvenirs, épaisse en peignant des troncs nombreux et rap-
les temps verbaux témoignent de cette combi- prochés et en utilisant des couleurs sombres, le
naison des deux moments. Mieux encore, des marron et le noir, pour les troncs et les branches.
moments du présent rappellent souvent des Les branches s’entremêlent, nombreuses, ce qui
moments du passé : « À mon réveil, le ciel rougeoyait obscurcit encore le haut du tableau, et l’on ne voit
déjà, je ne savais que faire et me mis à genoux. J’ai ni la cime des arbres ni le ciel, comme si le peintre
encore aujourd’hui la sensation de cette position et, voulait ramener les regards vers le sol uniformé-
chaque fois que je m’agenouille, je me souviens du ment rouge. Seul le vert pâle du feuillage donne un
coucher de soleil qui rougeoyait entre les arbres et peu de luminosité.
j’ai envie de me réjouir. » (l. 26-29) ; « Ma mère
fut assassinée au début de la guerre […]. Chaque 21/a. L’absence d’êtres vivants produit un effet
fois que je suis heureux ou attristé son visage m’appa- d’étrangeté, qui peut inquiéter, de même que le sol
raît » (l. 45-50). Ainsi le passé du narrateur est rouge. Toute vie semble absente de cette forêt. Le
presque quotidiennement présent dans sa vie : dès style de ce tableau n’est manifestement pas réaliste
que les circonstances s’y prêtent, des sensations, mais plutôt symboliste.
des gestes le ramènent à l’époque de la Seconde b. On peut qualifier cette forêt avec, entre autres,
Guerre mondiale, ainsi que nous le voyons dans les adjectifs étrange, inquiétante, menaçante,
les premier, troisième, quatrième et cinquième angoissante, oppressante, énigmatique, irréelle,
paragraphes. symbolique, sombre…
17. D’après ce texte, les sensations tactiles audi- 22. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
tives, olfactives, visuelles et les gestes, comme « les de texte (autobiographie) et de situation : le narra-
pas en arrière » (l. 20) favorisent la montée des sou- teur évoque un souvenir d’enfance par l’intermé-
venirs. C’est avant tout le corps qui se souvient. Les diaire de sensations ou de sentiments. L’exercice
sentiments aussi favorisent un tel surgissement de peut être réalisé à l’écrit et à l’oral et, dans les deux
souvenirs, c’est le cas pour l’apparition de la mère : cas, il nécessite un minimum de préparation et de
« Chaque fois que je suis heureux ou attristé son mise au point (on se reportera notamment à la
visage m’apparaît » (l. 48-50). leçon 5, pour la question des sensations et des
sentiments). Dans l’évaluation éventuelle de cet par un auteur avec l’unique objectif de parler de lui,
exercice, on attachera donc une attention particu- de sa propre vie. En cela le texte de Rousseau est bien
lière à la richesse et à la précision du vocabulaire un « texte fondateur » du genre autobiographique et
pour exprimer sensations et sentiments. il aura désormais cette place dans la littérature :
« C’est avec Les Confessions de Rousseau (1782-
LA VIE DES MOTS 1789) que l’autobiographie s’impose comme
a. Dans la phrase 1, le mot « Histoire » désigne les un genre de premier plan en France » (P. Aron,
événements qui se rapportent au passé d’un pays D. Saint-Jacques, A. Viala, Le Dictionnaire du lit-
et sont jugés dignes de mémoire. Ici, il s’agit de téraire, article « Autobiographie »). Pour une bonne
tous les événements qui ont marqué et déterminé compréhension du genre et de son évolution, il est
le passé de la France. donc essentiel que les élèves aient connaissance de ce
Dans la phrase 2, il s’agit de l’étude, de la descrip- texte malgré les difficultés qu’il peut présenter.
tion des corps observables sur le globe terrestre ; la Le texte de « Je forme une entreprise… » à « je
botanique, la minéralogie et la zoologie sont trois fus meilleur que cet homme-là » est une sorte
des spécialités de l’histoire naturelle. d’introduction ; le récit de vie commençant à « Je
Dans la phrase 3, le mot « histoire » a le sens de suis né à Genève en 1712 ». Nous avons fait
récits d’actions, d’événements. Une histoire mer- figurer le début de ce récit de vie car il montre que ce
veilleuse est un récit qui nous place d’emblée dans récit sera effectué en suivant l’ordre chronologique.
un monde irréel : les contes et les légendes sont des Ce texte est précédé dans l’œuvre d’un préambule
récits merveilleux. de vingt lignes commençant ainsi : « Voici le seul
Dans la phrase 4, le mot « histoire » est synonyme portrait d’homme, peint exactement d’après
d’ennuis, embarras. nature et dans toute sa vérité, qui existe et qui
b. mémento : une note, une marque destinée à probablement existera jamais. » On y lit déjà cette
rappeler le souvenir d’une chose passée ou à faire. perpétuelle proclamation d’unicité et d’authenticité
Le mot vient du mot latin memento, signifiant Sou- qui parcourra toute la suite de l’œuvre.
viens-toi. Le mot mémento peut aussi désigner un
agenda. mémoriser : fixer dans la mémoire. Réponses aux questions
mémorable : digne d’être conservé dans la
1. L’auteur du texte est Jean-Jacques Rousseau, ce
mémoire des hommes, d’un peuple. mémorial : 1.
nom figure à la suite du texte. Le narrateur est éga-
Un écrit où est conservé tout ce dont on veut se
lement Jean-Jacques Rousseau, c’est le chapeau
souvenir. Le mot est alors synonyme de Mémoires,
précédant le texte qui nous permet de le dire. Le
ainsi Le Mémorial de Sainte-Hélène, de Las Cases, lu
narrateur parle de lui-même, il le proclame lui-
par Julien Sorel (voir l’extrait du Rouge et le Noir,
même : « Je veux montrer à mes semblables un
page 65 du manuel). 2. Un monument commémo-
homme dans toute la vérité de sa nature ; et cet
ratif, c’est-à-dire érigé pour conserver le souvenir
homme, ce sera moi » (l. 2-3). Le « moi » du narra-
d’un événement marquant. Au pluriel : des mémo-
teur est le sujet du texte. On remarque donc que,
riaux. mnémotechnique : qui aide la mémoire à
pour ce texte, l’auteur, le narrateur et le person-
retenir quelque chose, grâce à des procédés d’asso-
nage principal sont une seule et même personne :
ciation mentale facilitant l’acquisition et la restitu-
Jean-Jacques Rousseau.
tion des souvenirs. amnésie : la perte totale ou
partielle de la mémoire. amnésique : qui b. Le lieu et le moment où l’auteur écrit ne sont pas
est atteint d’amnésie, qui ne se souvient plus de indiqués. Seule l’année (1765) peut être connue et
rien. Mnémosyne : dans la mythologie grecque, peut avoir son importance : un événement, cette
déesse de la mémoire et mère des Muses. année-là, a peut-être déclenché en Rousseau le
désir d’entreprendre le récit de sa vie. Le lieu
Exemples de phrases :
semble moins important ; savoir que l’auteur com-
Quel mal j’éprouve à mémoriser les dates de l’Histoire
mence la rédaction d’un tel texte dans son bureau
de France !
ou à l’ombre d’un arbre dans un jardin n’est que
Le choc qu’il a reçu au cours de l’accident a rendu le
peu significatif. Ce qui importe, ce n’est pas tant le
conducteur momentanément amnésique.
lieu et le moment de l’écriture, mais la réflexion sur
l’entreprise dans laquelle l’auteur s’engage.
hommes, ses « semblables » (l. 2), cette « innom- etc. Ces mots et ces tournures ne sont pas ceux de
brable foule de [ses] semblables » (l. 18). Il s’adresse la langue courante ni, à plus forte raison, ceux de la
d’ailleurs à « chacun d’eux » (l. 20). langue familière.
c. Certains mots ou groupes sont répétés, par
3. Dans les deux premiers paragraphes, le temps
exemple « qui n’eut jamais » (l. 1) et « n’aura point »
dominant est le présent. Il s’agit du présent
(l. 2) ; « un homme » (l. 2) et « cet homme » (l. 3) ;
d’énonciation, il domine ici parce qu’il correspond
« aucun de ceux » (l. 5, début) et « aucun de ceux »
au moment où Rousseau écrit, où l’auteur commu-
(l. 5, fin) ; « rien tu de mauvais, rien ajouté de bon »
nique directement avec le lecteur.
(l. 12). On remarque aussi des propositions répé-
4/a. « Je suis né à Genève en 1712 d’Isaac Rousseau tées : « ce que je savais avoir pu l’être » (l. 14-15) et
[…]. » indique que l’auteur commence le récit de « ce que je savais être faux » (l. 15). Parfois c’est une
sa vie. structure qui est répétée, un rythme qui se crée :
b. Tout ce qui précède a servi à expliquer pourquoi « qu’ils écoutent […], qu’ils gémissent […], qu’ils rou-
Rousseau entreprend le récit de sa vie. Il s’agit en gissent […] » (l. 18-19). Les répétitions créent des
quelque sorte d’une justification de ce récit. Il a insistances et mettent en valeur certains propos de
indiqué le contenu de son projet : « Je veux montrer l’auteur. Ces répétitions, ces rythmes donnent à ce
à mes semblables un homme dans toute la vérité de la texte une amplitude solennelle.
nature ; et cet homme, ce sera moi » (l. 2-3). Il a pré- d. Les observations effectuées en a, b, et c, montrent
cisé les destinataires de ce projet et il a pris des que Rousseau cherche à donner de la grandeur à son
engagements vis-à-vis des lecteurs : « s’il m’est projet. Langage soutenu, répétitions et reprises
arrivé d’employer quelque ornement indifférent […] confèrent à ce début d’ouvrage un ton sérieux, voire
jamais ce que je savais être faux » (l. 12-15). On peut solennel. Ce que l’auteur va dire sur lui-même a
parler ici d’une sorte de contrat de lecture, passé d’emblée un accent, un aspect de « vérité sacrée »
entre un auteur et ses lecteurs. puisqu’il invoque le jugement de Dieu. Ainsi les atti-
tudes adoptées sont elles-mêmes empreintes de
5. La phrase par laquelle Rousseau résume son
majesté : « je viendrai ce livre à la main me présenter
projet dès le début du texte est : « Je veux montrer à
devant le souverain juge » (l. 9-10). D’emblée Rous-
mes semblables un homme dans toute la vérité de la
seau présente son projet comme exceptionnel et
nature ; et cet homme, ce sera moi » (l. 2-3). Remar-
non modeste ; il ne se réclame d’aucun modèle et se
quons qu’il place tout de suite ce projet sous le
veut inimitable : « Je forme une entreprise qui n’eut
signe de l’exception : « Je forme une entreprise qui
jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point
n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura
d’imitateur » (l. 1-2). Ce projet est à la mesure de
point d’imitateur » (l. 1-2) : d’après Rousseau, le
celui qui l’écrit : « Je ne suis fait comme aucun de ceux
projet qu’il précise ici est le premier et le dernier de
que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de
ce genre.
ceux qui existent » (l. 4-5). Enfin, en s’adressant à
6. Dans le troisième paragraphe, la difficulté envi- Dieu, l’auteur place son œuvre au cœur d’un projet
sagée par l’auteur est le défaut de mémoire, l’oubli : hors du commun que seul l’« Être éternel » (l. 17)
« un vide occasionné par mon défaut de mémoire » pourra juger. L’auteur désire faire de son projet un
(l. 14). Si Rousseau craint ainsi le risque de l’oubli, instrument de jugement, un moyen de peser sa vie
c’est bien qu’il entreprend sincèrement un récit et son âme, et prend Dieu comme témoin : « Je me
qu’il veut fidèle à la vérité des faits ; le récit de sa vie suis montré tel que je fus […], j’ai dévoilé mon intérieur
est très ambitieux, il se veut toujours exact et […] » (l. 15-17).
exhaustif mais il pressent les difficultés qu’il devra
8/a. Rousseau s’engage à dire la vérité et à être
affronter pour y parvenir.
sincère. Il l’affirme à plusieurs reprises : « Je veux
7/a. Autres mots ou groupes qui se réfèrent à la montrer à mes semblables un homme dans toute la
religion : « la trompette du Jugement dernier » (l. 9), vérité de la nature » (l. 2-3) ; « J’ai dit le bien et le mal
« le souverain juge » (l. 10), « Être éternel » (l. 17) ; avec la même franchise » (l. 11-12) ; « Je n’ai rien tu
on accepte aussi « le bien et le mal » (l. 11), « au pied de mauvais, rien ajouté de bon » (l. 12) ; « Je me suis
de ton trône » (l. 20). montré tel que je fus » (l. 15) ; « j’ai dévoilé mon inté-
b. Dans ce texte, le registre de langue est soutenu : rieur » (l. 17). S’il avoue avoir pu inventer, ce qui
« toute la vérité de la nature » (l. 2-3), « briser le semble contradictoire avec une sincérité totale,
moule dans lequel elle m’a jeté » (l. 7), « je dirai hau- c’est pour présenter cet aveu comme une preuve
tement » (l. 10), « quelque ornement indifférent » de sa sincérité, l’invention est ainsi minimisée : « s’il
(l. 13), « méprisable et vil » (l. 16), « j’ai dévoilé mon m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent,
intérieur » (l. 17), « qu’ils gémissent de mes indigni- ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné
tés, qu’ils rougissent de mes misères » (l. 19), « que par mon défaut de mémoire » (l. 13-14). De plus,
chacun d’eux découvre à son tour son cœur » (l. 20), Rousseau affirme être sans complaisance pour lui-
même : « j’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir comme secondaire. Ce qui semble, aux yeux de
pu l’être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis Rousseau, donner toute sa valeur à son ouvrage,
montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai c’est qu’il y présente la peinture d’un individu dans
été » (l. 15-16). On remarquera cependant qu’il ne toute sa singularité.
renonce pas pour autant à se présenter sous un
jour flatteur, au nom de la vérité : « bon, généreux, 11. Le principal sujet des Confessions, c’est
sublime, quand je l’ai été » (l. 16). Notons la grada- Rousseau lui-même ; le sujet du livre, c’est la vie de
tion des adjectifs, leur nombre, supérieur à celui son auteur. Rousseau entreprend le récit vrai
des adjectifs dévalorisants et le fait que ces aspects de sa vie ; Les Confessions est donc un ouvrage
positifs sont placés après les termes péjoratifs. Dans autobiographique.
ce préambule, on le voit, Rousseau se propose de 12. Rousseau fait le récit de sa vie pour dire la
dire la vérité, sans se limiter au récit de ses fautes, vérité sur ce qu’il est, pour rétablir la vérité face à
comme le titre des Confessions le laisserait entendre. ceux qui la déforment. Il écrit Les Confessions pour
b. Au moment où ils le lisent, les lecteurs n’ont être jugé : « Je veux montrer à mes semblables un
aucun moyen de vérifier que Rousseau dit vrai. Par homme dans toute la vérité de la nature ; et cet
la suite, s’ils s’intéressent à cet auteur, ils peuvent homme, ce sera moi » (l. 2-3). Il veut surtout prouver
lire les travaux d’historiens, de biographes ou de qu’il n’est pas fautif, pas coupable : « et puis qu’un
critiques spécialistes de Rousseau. Certains écrits de seul te dise, s’il l’ose : je fus meilleur que cet homme-
ses contemporains, des correspondances notam- là » (l. 21).
ment, peuvent également éclairer le lecteur qui
cherche à savoir si Rousseau dit vrai. Cependant, 13. Rousseau commence par un préambule. En
bien des faits demeureront invérifiables. Le lecteur effet, avant de débuter le récit de sa vie, il désire
d’une autobiographie n’a guère d’autre choix que expliquer pourquoi il se lance dans une telle entre-
celui de croire en la sincérité de l’auteur et retien- prise ; il souhaite indiquer avec précision quel est
dra, tout autant et parfois même plus que les faits, son projet, en quoi résident sa valeur et son origi-
la vérité des émotions et des sentiments, dans nalité et quel en est le but. Bien que Rousseau
laquelle il pourra d’ailleurs se reconnaître. On peut souhaite se démarquer de Montaigne, on pense
seulement vérifier l’exactitude des dates, des lieux, cependant au début des Essais, dans lequel
par exemple grâce à des notices biographiques. Montaigne expose lui aussi son projet au lecteur.
concernée (support, instrument, etc.), et sur cer- 2/a. Les faits racontés se déroulent en 1966. La
taines qualités de l’écrivain, celles que l’on peut date est notée dans les lettres échangées entre le
deviner par l’écriture, la mise en page. père et le fils. Le premier a écrit le 3 août 1966, le
second lui a répondu le 4 août.
15. L’Enfer se trouve à la gauche du Christ, dans
b. Le livre Un Pedigree a été publié en 2005, donc
la partie droite du tableau, du côté de l’épée. On y
presque quarante ans après l’année des faits
remarque les visages tourmentés des personnages
racontés.
et la présence de monstres. Le Paradis se trouve à la
droite du Christ, dans la partie gauche du tableau, 3. À la fin du texte, le verbe « regrette » (l. 57) est
du côté du lys. On y voit des personnages aux au présent d’énonciation : ce verbe correspond au
visages sereins et l’on aperçoit une église sur le moment même où l’auteur écrit ; il est renforcé par
bord du tableau. Au milieu de la partie haute du l’adverbe « aujourd’hui ».
tableau on voit la figure du Christ, reconnaissable à
4. Le temps employé par le narrateur pour racon-
sa barbe, à sa chevelure et aussi aux marques des
ter les événements passés est le présent. L’utilisa-
clous de la crucifixion sur ses mains et son pied
tion de ce temps permet d’abolir la distance entre
droit, le seul visible. Il se trouve au milieu des cieux,
les deux époques, de rendre plus proche le passé,
figurés par les nuages ; au-dessus des humains, il
et le récit plus vivant. C’est le présent de narration.
occupe la position de celui qui les juge. Il semble
les observer – son regard est dirigé vers le bas – et 5. Informations sur la France des années 1960 : la
indiquer avec ses mains ouvertes de quel côté ils majorité à 21 ans, le service militaire obligatoire, les
doivent se diriger. trains beaucoup plus lents (dix heures pour aller de
Ce tableau montre donc un Jugement dernier, le Paris dans le sud de la France) et les numéros de
jugement que, d’après la religion chrétienne, Dieu téléphone commençant par des lettres « Gobelins
prononcera à la fin du monde, pour récompenser 71-91 » (l. 24).
ou punir les humains selon leur conduite dans la vie
6. Le narrateur a reproduit les lettres car il cherche
terrestre.
à raconter sa jeunesse, la rupture avec son père,
à comprendre ainsi son « pedigree » (c’est-à-dire
sa généalogie, son origine), à revenir à l’époque
qui coïncide avec ses débuts d’écrivain. Et quel
Mon père et moi p. 196 meilleur témoignage que ces lettres authentiques
qui datent de l’époque même qu’il tente de retrou-
Ce texte de Patrick Modiano offre bien des possibili- ver ! La lettre de son père notamment est saisis-
tés dans une séquence portant sur l’autobiographie : sante et apparaît indispensable pour saisir leurs
– les élèves prendront connaissance d’une œuvre relations. Les dates d’envoi des lettres, la réponse
autobiographique actuelle et de qualité ; immédiate du fils insistent sur l’intensité de leur
– ils verront que l’affrontement avec un parent, ou conflit. Et remarquons que, dans la notice biogra-
des parents, n’est pas exceptionnel, et qu’il n’est pas phique, il est indiqué que cette crise n’a jamais été
forcément destructeur ; dénouée, le conflit jamais résolu et cela à cause du
– le texte agit comme un document sur Patrick père. Ces lettres prennent d’autant plus de signifi-
Modiano qui est l’auteur-narrateur (sa vocation cation qu’elles signent la fin des relations entre le
littéraire, son goût de la liberté…), mais il est aussi père et le fils. L’auteur-narrateur a donc jugé bon
l’évocation d’une époque, les années 1960 ; de reproduire ces lettres car elles sont des preuves,
– ce texte présente la particularité d’associer présent des témoignages authentifiant son œuvre.
d’énonciation (correspondant au moment de
7/a. Oui, nous trouvons des indices de modalisa-
l’écriture) et présent de narration (correspondant au
tion dans ce texte, notamment dans les lettres, car
moment du souvenir, des faits racontés) ;
le père et le fils ne restent pas neutres par rapport à
– enfin ce texte met en évidence une des caracté-
ce qu’ils disent mais s’engagent. Ainsi dans la lettre
ristiques du projet autobiographique : expliquer,
du père, après le constat de tous les manquements
s’expliquer, se justifier.
de son fils, pouvons-nous relever : « Je peux dire que
c’est la dernière fois » (l. 39-40). Ce père se montre
Réponses aux questions
donc beaucoup d’assurance en utilisant le verbe
1. Le narrateur est clairement désigné comme l’au- « pouvoir » comme modalisateur. Aux lignes 42-43
teur du texte. En effet, le nom de l’auteur est il multiplie les modalisateurs dans la même phrase :
Patrick Modiano et dans la lettre écrite par son « Je puis t’affirmer, avec une certitude absolue »
père, Albert Modiano, la formule de politesse est (l. 42-43). Il associe le verbe « pouvoir », employé ici
« cher Patrick ». La notice biographique confirme encore comme auxiliaire modal, au verbe d’opi-
qu’il s’agit bien d’une autobiographie. nion « affirmer », qu’il renforce encore par le
groupe nominal révélateur « certitude absolue ». l’appel pour être incorporé dans l’armée en
Ainsi l’assurance du père paraît totale, ne laisse novembre 1966.
aucune place au doute. Il insiste avec violence sur b. D’après ce texte, le père du narrateur a une
ses décisions et il les présente comme irrévocables. vision despotique du rôle paternel, une conception
En fait, il s’agit d’un ultimatum envoyé à son très hiérarchique des rapports entre parents et
fils, ultimatum auquel le fils répond sur un ton enfants. Il exige une obéissance absolue, « sans
sarcastique. discussion possible » (l. 34), pas de dialogue donc,
Le fils répond avec assurance et fermeté : « Bref, j’ai ni de compromis. On a noté que la modalisation
décidé » (l. 52-53), « En conséquence, je n’ai pas à révèle d’une manière évidente l’assurance du père
espérer de votre part » (l. 55). Aucun adverbe ou d’être dans son bon droit et d’être le seul à savoir
autre mot ne vient atténuer l’expression : le narra- ce qui convient le mieux à son fils : « Je puis t’affir-
teur se montre, lui aussi, certain de ce qu’il avance. mer, avec une certitude absolue, quel que soit ton
Mais à la violence du père, il oppose un humour choix, que la vie t’apprendra une fois de plus combien
qui apparaît clairement, notamment lorsqu’il ton père avait raison » (l. 44). Le père a une concep-
reprend à son compte les mots et les expressions tion très « administrative » de la vie, et non affec-
du père : « En conséquence, je n’ai pas à espérer de tive : « tu as 21 ans, tu es donc majeur, je ne suis plus
votre part une aide quelconque » (l. 54-55). Remar- responsable de toi. En conséquence, tu n’auras pas
quons toutefois que cette assurance a disparu plus à espérer de ma part une aide quelconque […] »
tard, chez le narrateur, qui relate ce moment de (l. 30-32). Pour le père, un jeune homme doit
crise : « C’est une lettre que je regrette de lui accomplir son service militaire, respecter les enga-
avoir écrite, aujourd’hui. Mais que pouvais-je faire gements et les contraintes de la vie sociale.
d’autre ? » (l. 37-38).
b. Le premier paragraphe est à l’indicatif ; le narra- 9. Le narrateur passe surtout son temps à écrire. Il
teur indique en effet ce qui s’est passé dans la a commencé son premier roman dans le Sud, un
réalité entre son père et lui après une éphémère après-midi d’août 1966 (l. 18-19). Il souligne aussi
réconciliation. L’indicatif est le mode de la réalité. qu’il va au cinéma le soir et au restaurant (l. 22-23).
c. Cet extrait présente un moment de crise à la Étant donné ce que l’on apprend de lui, on peut
suite duquel père et fils vont finir par rompre défi- supposer qu’il lit aussi beaucoup mais cela n’appa-
nitivement. Ainsi leurs relations apparaissent-elles, raît pas dans cet extrait. Il passe donc surtout son
entre autres : temps à des activités personnelles, libres, il
– difficiles, le verbe « nous nous réconcilions » (l. 1) n’exerce pas d’activité professionnelle.
sous-entend qu’il y a déjà eu des ruptures ; 10. Dans ce texte, le narrateur indique deux fois
– malheureuses : aucun souvenir tendre, heureux qu’il travaille à l’écriture d’un roman, il désire donc
n’est évoqué dans leur passé ; devenir écrivain. Quand il rentre à Paris, il souligne
– méfiantes : chacun se méfie de l’autre, par « Je continue d’écrire mon roman » (l. 25). Il se
exemple, le fils indique très vite au moment où il trouve à l’âge des choix, il a l’air seul, pauvre,
revoit son père : « Je m’aperçois qu’il n’a pas de mais aucune autre occupation que l’écriture n’est
bonnes intentions à mon égard » (l. 2-3). Puis pour envisagée.
les « trois cents francs » (l. 8) reçus de son père, il fait
plusieurs remarques qui retirent toute générosité à 11. D’après ce texte, on peut qualifier le carac-
ce geste, et il répète que son père n’a qu’un désir, tère du père avec, par exemple, les adjectifs autori-
se débarrasser de lui ; taire, inflexible, despote, dur jusqu’à la cruauté,
– mensongères : le père dissimule à son fils ses vrais avare, méprisant, sûr de lui.
motifs, tandis que le fils ment à son père ; Quant au caractère du fils, on peut le qualifier par
– cruelles : la lettre du père est d’une grande exemple avec les adjectifs introspectif, lucide, réflé-
cruauté, elle ne porte aucune marque d’affection. chi, indépendant, insoumis, rétif, libre, solitaire. Le fils
Quant au fils, la lettre qu’il envoie est également est moins sûr de lui que le père, il n’est pas aussi
violente. Il écrit « Cher Monsieur » (l. 46) au lieu de certain de détenir la vérité puisqu’il est capable
« Cher père » ; il accuse son père de vouloir se de regret.
débarrasser de lui en le comparant aux « sergents
recruteurs » du XIXe siècle, ce qui est très dur, et il
12. Pour le narrateur, l’intérêt de raconter ses
relations avec son père est d’abord personnel. En
adopte un ton moqueur, en retournant à son père
écrivant ces lignes, il cherche à comprendre ce qui
ses propres mots comme s’il se réjouissait de voir
s’est passé à cette période, pour faire le point, pour
leurs relations en finir là.
se confronter au rebelle qu’il a été, et à la figure
8/a. Le père veut que son fils se rende à la caserne paternelle. On a l’impression qu’il cherche à se
de Reuilly, qu’il résilie son sursis et donc devance justifier à ses propres yeux, qu’il continue à vouloir
b. L’enfant (le narrateur enfant), son père, sa mère, « les yeux bleus de mon père brillent d’une haine
puis ses frères et sœurs participent à cette scène. La farouche » (l. 12), « le visage soudain tout en
plus grande partie de la scène montre la confronta- nervures » (l. 12-13), « secouant la main à la hauteur
tion entre d’une part le père et la mère et d’autre de mon visage, l’index pointu » (l. 18).
part l’enfant ; puis celui-ci s’aperçoit que ses frères et b. Le nombre et la précision des sensations visuelles
sœurs se sont approchés de lui et l’entourent (l. 31). et auditives prouvent que le narrateur garde un
c. La confrontation entre ces trois personnages souvenir très précis de cette scène. Il indique
produit un effet solennel, elle souligne l’impor- d’ailleurs tout de suite que c’est la scène de son
tance de cette scène : l‘enfant joue son avenir. Il enfance dont il se souvient le plus : « De nul autre
précise d’ailleurs : « je sens que toute ma vie dépend moment de mon enfance je ne garde, de façon aussi
de mon attitude en cet instant » (l. 20). Dans cette concrète, le souvenir » (l. 5-6).
situation, face à un père particulièrement terrible, La force, le poids de ce souvenir ne proviennent pas
l’enfant semble faible, mais il est en fait fort car il d’une réflexion qui aurait amené le narrateur, plus
reste calme et déterminé. tard, à réaliser l’importance de ce moment dans sa
vie, mais ils sont dus aux sensations qui se sont
6/a. L’enfant attend l’accord de ses parents, leur
imprimées en lui, et dans ses souvenirs. Le mot
permission pour poursuivre ses études et devenir
« concrète » (l. 6) révèle l’empreinte physique
prêtre. S’il semble conscient de la difficulté de cette
qui a marqué l’enfant puis l’adulte d’une manière
entreprise pour « arracher » leur consentement, il
indélébile.
apparaît déterminé, sa décision est prise. Il faut
remarquer que le consentement doit surtout venir 8. Le narrateur ne rapporte pas les paroles vio-
du père puisqu’en ce qui concerne sa mère, il ne lentes des parents car il n’en conserve pas un sou-
comptait que sur un « ralliement » (l. 4) de sa part. venir précis : « les paroles se trouvent pour l’essentiel
b. Les parents réagissent très mal à la demande du – les invectives qui ont plu sur moi, faudrait-il dire –
narrateur enfant. Le narrateur adulte se souvient réduites à l’inflexion des voix » (l. 6-7). Il a conservé
notamment du regard de son père : « les yeux bleus dans son souvenir la violence des paroles, pas leur
de mon père brillent d’une haine farouche » (l. 12). contenu.
Celui-ci est furieux, il insulte : « il explose, le visage
9. Face à ses parents, l’enfant adopte une attitude
soudain tout en nervures, et sa colère, toujours prête
calme et déterminée, une sorte de résistance pas-
à bondir, s’empare de sa voix » (l. 12-13). Quant à sa
sive, par un effort de sa volonté : « ne pas me dépar-
mère, elle joint ses cris à ceux du père.
tir de mon impassibilité » (l. 21). D’abord, cette
La réaction maternelle très négative reste, pour le
scène a été préparée, une stratégie a été élaborée,
narrateur adulte, incompréhensible : « elle abonda,
on le comprend grâce au choix du verbe convenir :
pour des raisons qui m’échappent, dans le sens de
« nous étions convenus, frère Salvador et moi » (l. 1) ; le
mon père (l. 4-5), puis elle se tait « par peur de
frère et l’enfant ont ainsi choisi le lieu et le moment
perdre son enfant » (l. 16). En revanche, le narrateur
« pour mettre mes parents au courant de ma vocation
semble sûr des motifs paternels : c’est l’ouvrier
et arracher leur consentement » (l. 1-3). Ensuite, l’ex-
agricole qu’il ne veut pas perdre, il ne pense qu’à
pression « Du haut de mes onze ans » (l. 11) indique
sa ferme : « mon père, en revanche, ne tolère pas
que l’enfant conserve une attitude droite malgré
de perdre l’ouvrier agricole que, dans ses calculs, je
son jeune âge et sa petite taille. Enfin, tout un para-
dois devenir » (l. 16-17). C’est donc des raisons
graphe est consacré à la description de l’enfant
familiales, matérielles et pratiques, et non des
face à la fureur de ses parents ; on peut alors noter
raisons religieuses, qui poussent le père à réagir si
que son attitude physique reflète sa résistance
négativement.
morale. L’auteur insiste sur le fait que l’enfant réagit
7/a. Parmi les cinq sens, la vue et l’ouïe sont ici pri- d’une manière consciente, qu’il restait maître de lui
vilégiées. « du haut de ses onze ans » (l. 11). Il était décidé à
– Sensations auditives : « l’inflexion des voix » (l. 8), se taire sans rien céder, à appuyer sa demande par
« la hauteur stridente du timbre » (l. 8), « aux à-coups son attitude ferme, à garder la tête haute, sans
du débit » (l. 8), « sa colère, toujours prête à bondir, bouger, il était prêt à résister même en cas de vio-
s’empare de sa voix : celle de ma mère s’y ajoute, à la lence physique : « Je ne bouge pas ; je sens que toute
fois pleine d’autorité et d’alarmes, mais aussi d’une ma vie dépend de mon attitude en cet instant : ne pas
irritation qui la pousse vers un registre aigu qui n’est me départir de mon impassibilité, ne pas baisser les
pas le sien […] mon père, en revanche […] martèle yeux ; sans tressaillir, écouter ; et que rien, même si la
ses mots » (l. 14-19). main de mon père décharge sa force sur ma joue, ne
– Sensations visuelles : « la porte entrebâillée » m’ébranle. Surtout que mes pieds ne se déplacent pas »
(l. 9) », « le jour décline ; un triangle effilé de lumière, (l. 20-23). Le narrateur insiste sur cette attitude
une lame sur le sol nous sépare » (l. 10-11), inébranlable de l’enfant face à ses parents.
10. « tous deux me regardent comme d’une autre rive » 15. Cette photographie aide à comprendre la
(l. 25) : cette proposition est une comparaison choi- réaction du père comme celle du fils. Elle montre
sie par le narrateur pour illustrer et même symboliser en effet une vaste plaine qui doit être battue par les
l’éloignement définitif ressenti à ce moment décisif. vents, avec du sable, des touffes d’herbe ; on ne
Le mot « rive » est utilisé quand il s’agit d’un cours distingue aucun arbre, aucune habitation. Cette
d’eau important et ce choix n’est pas indifférent, il terre doit être difficile à travailler et le père voulait
montre la distance qu’il y a entre l’enfant et ses compter sur tous ses enfants, et sur ses garçons
parents ; ils semblent ne pas appartenir au même particulièrement, pour l’aider dans son exploita-
monde. L’enfant et ses parents sont séparés par un tion. Mais face à un tel paysage, on peut aussi com-
simple rai de lumière, « une lame sur le sol » (l. 10), prendre la réaction de son fils Hector ; celui-ci,
voilà que cette séparation s’accentue. Notons que le doué pour les études, pensant à la prêtrise, n’a
narrateur s’installera plus tard sur une rive encore alors qu’un seul désir : échapper à ces vastes terres
plus lointaine car il changera de continent, de langue et à la vie difficile et ingrate à laquelle on le
même, puisqu’il viendra d’Argentine en France, et destinait.
que ce livre a été écrit en français.
16. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
11/ a. Dans le sixième paragraphe, plusieurs ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse un
remarques du narrateur indiquent que le père a
moment aux élèves pour qu’ils puissent réfléchir et
accédé à la demande du fils : « Mon père leur
trouver quelques éléments de réponse. On aura
annonce la nouvelle » (l. 33), puis « Je viens de sortir
certainement intérêt à donner quelques exemples
de l’enfance […], je suis libre » (l. 35-36).
d’« occasions » : le jour où l’on a cessé de croire au
b. À l’annonce du choix consistant à suivre des
père Noël, la rentrée en 6e, le jour où l’on a été
études religieuses, les frères et sœurs se moquent :
confronté à un accident, à la mort ou à une mala-
« des blagues fusent » (l. 34). Avant, « il y a de petits
rires » (l. 33) et aussi un peu d’émotion : « peut-être die grave, etc.
une larme vite essuyée » (l. 33-34). 17. Modalités. L’exercice peut être effectué à
c. À la fin de cet affrontement, l’enfant prend l’écrit ou à l’oral, moyennant dans les deux cas un
conscience qu’il n’est plus vraiment un enfant : « Je temps de préparation et de réflexion. En effet, il
viens de sortir de l’enfance » (l. 35-36). Il se sent s’agit de raconter un moment imaginé et souhaité,
libre. Quand le narrateur précise « Je n’appartiens et non un événement qui a réellement eu lieu. On
plus » (l. 37), il semble surtout dire que l’enfant peut aider les élèves en leur demandant de dire ou
n’appartient plus à sa famille. rédiger leur texte avec le futur comme temps de
12. Dans le dernier paragraphe, la main est le base, par exemple : Ce sera au cœur de Paris. Les
symbole d’une tentative de réconciliation, d’en- façades des beaux bâtiments seront inondées de
tente : « mon père […] a le geste […] de me tendre la soleil. Je marcherai longtemps et je finirai par m’as-
main » (l. 42-44). Cette tentative restera dans la seoir sur un banc. Au même moment s’assoira, là, à
mémoire du narrateur qui n’oubliera pas la main côté de moi, un homme de belle allure qui m’adres-
tendue par son père, même après la mort de sera la parole : « Mademoiselle, je me présente, je suis
celui-ci (l. 47-49). Max Rullier et je suis producteur d’émissions de
variétés pour la télévision »… Mais ce genre de
13. La phrase « Le temps se montrera impuissant à
texte peut également être effectué au présent de
rien changer » (l. 32-33) signifie que la décision
prise par l’enfant ne changera pas, et que, malgré narration.
le temps qui passe, le souvenir de cette scène reste 18. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’oral
vivace dans la mémoire du narrateur, le temps n’y ou à l’écrit. Pour la plupart des élèves, ce récit sera
change rien. un récit d’expérience personnelle, un épisode
14. L’auteur a choisi de raconter cet épisode de vécu. À ceux qui n’auraient jamais tenu tête à un
son enfance car il le juge intéressant et utile pour adulte, on demande d’imaginer une situation où
qu’on comprenne sa vie. On y voit en effet le on peut le faire. Le texte de Bianciotti donne bien
sérieux de ses décisions, la fermeté de son carac- sûr un exemple de situation où un tel comporte-
tère, son goût de l’indépendance, de la liberté ment peut mériter justification. On attend précisé-
d’action. Il attribue à cet épisode une grande ment un récit enrichi d’arguments pour que la jus-
importance car ce jour-là sa vie a connu un tour- tification proposée soit acceptable. Le texte de
nant décisif. D’ailleurs le narrateur rapporte plus Modiano (page 196 du manuel) offre également
longuement cette scène d’affrontement avec ses un exemple de confrontation, suivie d’une appré-
parents que son entrée à l’école religieuse, son ciation a posteriori portée par l’auteur sur sa propre
entrée au couvent. attitude.
trop courtes, soit les manches sont trop longues et 12. Ce texte est amusant parce que l’auteur y
le torse trop étroit (l. 21-24). Sa mère et sa tante ne évoque son habillement ridicule sans se plaindre et,
prennent pas le temps de lui faire essayer les pulls de plus, en faisant sourire le lecteur par différents
non terminés ; ce qui compte, c’est que l’enfant ait procédés : des comparaisons surprenantes et
de quoi s’habiller. drôles par leur aspect burlesque : « il faut imaginer
b. On voit que le narrateur n’aime pas porter ces un zouave poussiéreux, une femme enceinte en deuil,
pulls à travers les expressions qu’il emploie : « Pour un éléphant de cirque cousu dans une toile de sac gris
mon malheur, ma mère et ma tante tricotaient » anthracite » (l. 13-14), « je ressemblais à un poireau
(l. 20), « Hélas, ma mère et ma tante ne tricotaient coincé dans deux tubes gris » (l. 18-19) ; des exagé-
ni pour un zoo ni pour une troupe de flamenco » rations : « Ses pulls avaient des manches immenses et
(l. 25-26). « Nous avions le devoir de porter les pulls fines, semblables à des chaussettes de danseuses et
qu’elles faisaient » (l. 27). des torses minuscules, si étroits, si serrés qu’un
8. Une comparaison concernant la coiffure : « je Espagnol s’en serait fait un boléro » (l. 23-25) ; de
ressemblais à un poireau coincé dans deux tubes l’ironie : « La nature avait équitablement réparti leurs
gris » (l. 18-19). Une comparaison concernant les talents » (l. 21) ; de l’autodérision : « j’effrayais
pulls : « bras plus courts que des ailes de pingouin » les pigeons et les moineaux qui me prenaient pour
(l. 22), ou bien « des manches […], semblables à des un épouvantail. […] je m’effrayais moi-même »
chaussettes de danseuses » (l. 24). Ces comparaisons (l. 37-38).
ne sont pas mélioratives puisqu’elles indiquent que 13. L’auteur évoque une période révolue ; son
les pulls ne sont pas bien faits – les manches et les enfance s’est, en effet, déroulée dans le Paris popu-
torses devraient être à la bonne longueur et à la laire des années 1950 : il nous offre donc une sorte
bonne taille –, et que l’enfant est mal coiffé. de témoignage. Mais loin des clichés misérabilistes,
9. Dans ce texte, l’auteur apparaît un peu comme il évoque avec tendresse et indulgence les adultes
une victime car il a été obligé de porter des vête- de son entourage et, au lieu de se plaindre de son
ments qu’il n’avait pas choisis, qui ne lui allaient enfance pauvre, il nous fait sourire grâce à l’exubé-
pas et ne lui plaisaient pas. Mais il ne se plaint pas rance de son récit. L’auteur ne cherche pas à api-
et sourit de l’apparence qu’il avait alors quand toyer son lecteur ; au contraire, il lui propose une
il était enfant. Il transforme des instants qui lui lecture délibérément distrayante, en se moquant
étaient sans doute désagréables en épisodes amu- lui-même de son apparence d’« épouvantail »
sants pour lui-même et pour son lecteur. Revenant (l. 38). Sa principale intention, au-delà du témoi-
sur sa vie d’enfant pauvre, à aucun moment il n’ex- gnage et de l’évocation des personnes aimées, est
prime de douleur ou d’amertume. C’est avec une donc sans doute de distraire son lecteur en le fai-
tendresse amusée qu’il évoque sa famille, dont sant sourire, et en le faisant réfléchir aussi : il faut
chacun des membres faisait pour le mieux. Sans le savoir prendre un peu de distance par rapport aux
dire expressément, il comprend pourquoi on choses, et même savoir rire de soi-même.
lui donnait cette apparence, et reconnaît qu’on 14. Sur cette photographie nous voyons une rue
s’occupait de lui, en faisant du mieux possible vu pavée de Paris ; elle est située dans un quartier
les circonstances. populaire, si l’on se fie aux façades des maisons qui
10. L’auteur emploie l’expression « la religion du ne semblent pas être en pierre de taille comme le
pantalon » (l. 1) pour montrer que ses parents pre- seraient celles des immeubles bourgeois. Certaines
naient très au sérieux l’achat d’un pantalon et que façades sont même décrépies. Les personnages
cet achat obéissait à des règles précises, selon une sont cinq garçons. Deux d’entre eux se bagarrent.
sorte de rituel. C’est une expression amusante car On voit qu’il fait beau, les enfants portent des vête-
une religion est un ensemble de croyances portant ments légers, cette photo a d’ailleurs été prise en
sur des questions essentielles (la vie, la mort), et mai (information donnée dans la légende qui
non sur des objets de la vie quotidienne, comme l’accompagne). L’action se situe certainement à la
les pantalons. fin des cours de l’après-midi : les enfants ont
leurs cartables et disposent de temps avant de ren-
11. Le narrateur ne semble pas en vouloir à ses
trer chez eux.
parents. Il montre en effet de l’indulgence et de la
compréhension pour eux, il sait qu’ils n’étaient pas 15. Cette photo a un aspect documentaire. Nous
riches et n’ont jamais cherché à le faire souffrir. voyons comment étaient vêtus les enfants dans les
Il choisit l’humour pour évoquer son apparence années 1950 (la photo date de 1956) : shorts, par-
physique et souligner l’incompétence en tricot de fois avec bretelles, ou pantalons sombres, chemi-
sa mère et de sa tante. settes blanches, ou pulls de couleur unie. Leur
tenue est simple mais pas négligée. Les enfants, peut même faire un arbre généalogique au tableau),
apparemment âgés de six à sept ans, ont les che- ceci clarifiera leurs relations, et permettra de mieux
veux coupés court. Ils ont l’air joyeux, tous sou- comprendre leurs réactions.
rient, même ceux qui se bagarrent. Ils s’amusent, la
rue est leur terrain de jeux. On voit que les vête- Réponses aux questions
ments varient selon les époques, mais pas les com-
1. L’auteur de ce texte est Jean-Paul Sartre. Au
portements : les enfants aiment toujours s’amuser,
moment de la publication de son ouvrage Les Mots,
et même se bagarrer.
cet écrivain a 59 ans : en effet, il est né en 1905 et
16. Le cadrage et l’angle de vue, en légère l’ouvrage a été publié en 1964.
contre-plongée, donnent de l’importance à la
2. Le narrateur est l’auteur et le personnage prin-
scène dans son ensemble. Le lieu est nettement mis
cipal de ce livre, Les Mots. Dans l’extrait proposé, il
en valeur : la rue est comme magnifiée par les
parle de l’enfant qu’il était et évoque l’un de ses
lignes que dessinent les bordures des trottoirs et
passe-temps favoris dans l’enfance.
qui se prolongent jusqu’au point de fuite. Les per-
sonnages aussi sont mis en valeur par leur place au 3. Pour déterminer si ce texte est autobiogra-
premier plan, et l’un d’eux se tient même au milieu phique, il faut comparer les indications du texte et
de la rue, il est au centre de la photographie. Ainsi du paratexte. Dans la notice biographique en
cette scène qui pourrait sembler anodine prend marge du texte, on apprend que le jeune Jean-Paul
une valeur de symbole : la rue, c’est tout un a été élevé par sa mère et ses grands-parents
monde, et les enfants, du moins pour un moment, maternels et que son grand-père se prénommait
en font leur terrain de jeux. Karl. Dans le texte, on se rend précisément compte
que la mère joue un grand rôle auprès de l’enfant,
17. Modalités. L’exercice, qui peut être réalisé à
notamment en l’encourageant, et à aucun
l’écrit comme à l’oral, repose sur une imitation du
moment il n’est question de son mari. Elle et son
texte de Gérard Mordillat. On conseille aux élèves
fils vivent au domicile de ses parents. Pour tenter
de préciser les circonstances, et de décrire soigneu-
de faire lire à Karl les « œuvres » de l’enfant, « elle
sement le vêtement. On valorisera les textes qui
attendait qu’il eût mis ses chaussons et qu’il se
font ressortir les sentiments éprouvés (gêne,
fût assis dans son fauteuil » (l. 19-20). Alors elle lan-
embarras, malaise, honte, ridicule…) ou qui,
çait : « Lis donc, papa ! » (l. 24). Il est aussi question
comme celui de Mordillat, savent évoquer avec
de la grand-mère : « Mamie elle-même m’encoura-
humour une expérience pénible.
geait » (l. 10). Figure importante du cercle familial,
18. Modalités. L’exercice peut être effectué orale- le grand-père se prénomme Karl : « Karl n’avait
ment ou par écrit. On attend un récit précis : cir- jamais admis ce qu’il appelait mes “mauvaises lec-
constances, déroulement de la fête, péripéties, des- tures” » (l. 13). On peut donc en déduire qu’il s’agit
cription des déguisements, etc. On attend aussi bien de Karl Schweitzer, le grand-père de Jean-Paul
une prise de distance du narrateur favorisant ses Sartre, et que ce texte est autobiographique.
appréciations : le plaisir ou la gêne ressentis, la per-
tinence ou non du choix de déguisement, les réac-
4/a. Non, les faits racontés ne se déroulent pas au
moment où l’auteur écrit. Ils ont eu lieu des années
tions des autres, etc. On valorise les récits où le nar-
avant que l’auteur ne les raconte, pendant son
rateur fait preuve d’humour, surtout vis-à-vis de
enfance. Les expressions suivantes l’indiquent :
lui-même.
« jeune créateur à son pupitre d’écolier » (l. 3-4),
« j’étais trop mignon », « c’était trop charmant »
Le jeune créateur p. 202 (l. 5-6), « aux heures de récréation, le jeudi et le
dimanche, aux vacances » (l. 30-31). De plus on
Parmi les œuvres autobiographiques célèbres du remarque que le récit est fait aux temps du passé.
XXe siècle, Les Mots, de Jean-Paul Sartre, viennent en b. Dans le premier paragraphe, les temps de l’indi-
bonne place. L’extrait choisi permet de réfléchir à ce catif les plus employés sont ceux du passé. On
qu’est une vocation, en l’occurrence celle d’écrivain : trouve surtout l’imparfait : « destinait » (l. 1), « pro-
une telle réflexion est tout à fait opportune au moment diguait », « introduisait » (l. 2), « feignais » (l. 4), « se
où, en classe de troisième, les élèves sont invités à com- retiraient », « étais » (l. 5), « c’était » (l. 6), « encou-
mencer une réflexion sur leur avenir et leur place dans rageait », « disait » (l. 10). Le passé simple est éga-
la société. Dans une œuvre autobiographique, on note lement fréquent : « fit » (l. 6), « servis », « acheta »
souvent l’effort pour rechercher dans l’enfance les (l. 7), « recopia » (l. 9), « fit » (l. 10), et à la voix
racines, les prémices de ce que sera l’adulte. passive « fut différée » (l. 11). Comme temps du
L’étude du texte sera plus aisée si, entre autres, on subjonctif, on trouve l’imparfait : « surprissent »
accorde un temps au repérage des personnages (on (l. 3) et « pusse » (l. 8).
c. Le verbe « je suppose » (l. 15) est au présent car il appelait mes “mauvaises lectures” » (l. 13), « Il […]
ne fait pas partie du récit au passé. Il s’agit du pré- fit la moue et quitta la salle à manger, outré de retrou-
sent d’énonciation, qui correspond au moment de ver sous ma plume les “bêtises” de mes journaux
l’écriture. Il s’agit en effet d’une réflexion qui vient favoris » (l. 16-18). Selon le narrateur adulte, le
à l’esprit du narrateur au moment où il écrit. L’en- grand-père est déçu, il espérait lire tout autre chose :
fant qu’il fut ne pouvait avoir une telle pensée mais « une chronique de notre famille avec des observa-
l’auteur adulte qui revient sur son passé porte un tions piquantes et d’adorables naïvetés » (l. 15-16).
regard neuf et distancié sur les faits et les êtres. c. La mère du narrateur souhaiterait que le grand-
père lise les écrits de l’enfant. Pour parvenir à ses
5/ a. L’expression « le jeune créateur » (l. 3) par fins elle utilise la ruse. Après avoir choisi un
laquelle le narrateur se désigne n’est apparemment
moment propice, celui où son père est « assis dans
pas péjorative, l’adjectif « jeune » qui caractérise le
son fauteuil » (l. 20), elle feint de lire le manuscrit de
mot « créateur » étant même plutôt flatteur puis-
son fils et, après s’être mise à rire, le tend à son
qu’il indique un talent précoce. Cependant le père : « Lis donc, papa ! C’est trop drôle » (l. 24).
contexte nous indique que cette expression est Malgré plusieurs tentatives – « Ma mère essaya plu-
employée ironiquement : en effet, le narrateur sieurs fois de lui faire lire par surprise Le Marchand de
désigne son comportement comme « une singerie » bananes. » (l. 18-19) –, la mère du narrateur ne
(l. 1), il se montre jouant un rôle : « je feignais d’être parvient pas à obtenir ce qu’elle souhaite : « Mais il
trop absorbé pour sentir la présence de mes admira- écartait le cahier de la main ou bien, […] c’était pour
teurs » (l. 4). L’expression qui pourrait être méliora- relever avec humeur mes fautes d’orthographe »
tive devient péjorative en raison du contexte : dans (l. 24-25). Et elle-même, par la suite, renonce à lire
cette partie du texte, l’enfant montre qu’il n’est pas ce que l’enfant a écrit : « n’osant plus me féliciter et
encore vraiment écrivain, mais plutôt qu’il joue à craignant de me faire de la peine, elle cessa de lire mes
l’être, en adoptant certaines attitudes, et aussi en écrits pour n’avoir plus à m’en parler » (l. 26-28).
s’inspirant sans vergogne de ses lectures : « J’ado- Pourtant le comportement du grand-père s’avère
rais le plagiat », écrit-il quelques lignes avant cet finalement positif. L’enfant, n’étant plus sous le
extrait. Et dans le texte, il indique que l’on trouve regard des adultes mais écrivant « dans une semi-
dans ses œuvres « les “bêtises” de [ses] journaux clandestinité » (l. 30), se montre plus sincère et
favoris » (l. 17-18). Enfin, il est heureux d’être par la découvre le plaisir d’écrire : « Je fis moins de cinéma :
suite devenu « un peu moins plagiaire » (l. 38). Le mes romans me tenaient lieu de tout. Bref, j’écrivis
jeune Sartre était donc trop plagiaire pour mériter pour mon plaisir » (l. 33-34). Enfin, il devient
le nom de créateur… authentiquement écrivain, capable d’imaginer par
b. L’enfant, voyant les adultes enchantés par son lui-même : « il fallut inventer des raccords, et, du
activité d’écrivain en herbe, adopte complaisam- coup, je devins un peu moins plagiaire » (l. 38).
ment les poses de l’auteur au travail : « je feignais
d’être trop absorbé pour sentir la présence de mes 7. Oui, le comportement de l’enfant a changé. La
admirateurs » (l. 4). C’est donc une attitude fausse : « singerie » initiale laisse place à une activité qu’il
l’enfant simule, joue à être écrivain. aime et à laquelle il se consacre complètement. Il
n’est plus un imposteur, un « plagiaire ». Il écrit
6/ a. La plupart des adultes se montrent très avec plaisir et fait preuve d’imagination.
encourageants et admiratifs vis-à-vis de l’enfant :
« Ma mère me prodiguait les encouragements » (l. 2), 8. Le narrateur montre son intérêt pour son
« Mamie elle-même m’encourageait » (l. 10). Le passe-temps en énumérant les expérimentations
jeune Sartre a des « admirateurs » (l. 5) qui le trou- littéraires auxquelles il se livre : la succession de plu-
vent « trop mignon », et sont séduits par son com- sieurs propositions juxtaposées donne l’impression
portement « charmant » (l. 6). Les adultes l’aident ; d’une multiplication d’activités quelque peu désor-
en effet certains lui procurent des objets utiles à sa données : « Mes intrigues se compliquèrent, j’y fis
entrer les épisodes les plus divers, je déversai toutes
tâche : « une petite machine à écrire » (l. 6-7), « une
mes lectures, les bonnes et les mauvaises, pêle-mêle
mappemonde » (l. 7) ; la mère du narrateur donne
dans ces fourre-tout » (l. 35-37). Ensuite les liens
un meilleur aspect aux écrits de son fils et les fait
logiques d’opposition et de conséquence permet-
lire à son entourage : « Anne-Marie recopia mon
tent d’indiquer à quel résultat positif conduit son
second roman Le Marchand de bananes sur du
activité : « ce fut un gain, pourtant : il fallut inventer
papier glacé, on le fit circuler » (l. 9-10).
des raccords, et, du coup, je devins un peu moins
b. C’est le grand-père du narrateur qui réagit diffé-
plagiaire » (l. 37-38).
remment. En effet il n’apprécie pas les œuvres pour
la jeunesse que lit avidement son petit-fils et il est 9. Le narrateur a découvert le plaisir d’écrire des
déçu de constater qu’elles constituent sa source récits dont il devient peu à peu l’auteur. Il a décou-
d’inspiration : « Karl n’avait jamais admis ce qu’il vert le plaisir d’être un véritable créateur.
10. Premier paragraphe : La « singerie » du « jeune 14. Les mots sont les éléments essentiels avec les-
créateur ». quels l’écrivain compose son œuvre, raconte,
Deuxième paragraphe : Un grand-père désap- exprime idées ou sentiments. Ils peuvent aussi l’ins-
probateur. pirer : à partir des mots des autres, l’auteur peut
Troisième paragraphe : La découverte du plaisir trouver sa propre voix. En choisissant Les Mots
d’écrire, loin du regard des adultes. comme titre de cet ouvrage autobiographique,
Quatrième paragraphe : Les plaisirs de l’invention Sartre signale que les mots ont pour lui une impor-
personnelle. tance vitale essentielle.
11. Comme il a été montré précédemment (voir 15. On devine aisément que la photographie
entre autres la réponse à la question 5), l’auteur représente Jean-Paul Sartre à sa table de travail. En
n’est guère indulgent avec l’enfant qu’il fut. Il juge effet c’est le même visage qui est reproduit dans le
même sévèrement son activité de « plagiaire », médaillon complétant la notice biographique de
alors qu’il s’agit du jeu d’un enfant de sept ans. Sartre, à la page 202 du manuel. Après avoir lu que
Mais c’est pour mieux mettre en évidence l’évolu- l’écriture constituait le passe-temps préféré de
tion positive qui se produit après la désapprobation Jean-Paul Sartre enfant, nous pouvons constater
de son grand-père. Il fait en effet preuve de que l’auteur a continué à écrire et qu’il vit au milieu
constance, de ténacité : chaque instant libre est des mots qu’il lit ou écrit, l’abondance de papiers
consacré à l’écriture, il ne cherche pas à impres- sur la table le montre avec évidence. L’écriture,
sionner quiconque mais écrit avec un plaisir sin- bien des années après ses premiers essais enfantins,
cère. De plus, il développe du goût et des capacités est donc restée son occupation privilégiée. Notons
pour l’invention. Ainsi le narrateur met-il surtout en aussi que l’on retrouve de la part de Sartre l’atti-
évidence sa sincérité, sa clairvoyance, la précocité tude évoquée dans le texte : il ignore le photo-
de sa vocation, son goût de la littérature et de la graphe et semble absorbé par sa tâche, tout
création littéraire. comme l’enfant qu’il fut feignait ne pas « sentir la
présence de [ses] admirateurs ». Cette photographie
12/a. Un plagiaire est quelqu’un qui copie tout
pourrait avoir comme légende une phrase extraite
ou partie de l’œuvre d’autrui et s’en attribue la
de son autobiographie, Les Mots : « J’ai commencé
paternité.
ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des
b. Le narrateur est satisfait de ne plus être un pla-
livres ».
giaire car il découvre le plaisir de créer. Il n’est plus
un voleur, n’a plus à supporter le poids de la culpa- 16. Modalités. Qu’il soit réalisé à l’oral ou à l’écrit,
bilité que peut engendrer le plagiat. Il est soulagé cet exercice demande une préparation. En effet
de ne plus mentir. Il est enfin ce qu’il a prétendu l’élève de troisième est souvent un adolescent qui
être, son imposture prend fin. est à la recherche de sa propre image, qu’il fuit ou
soigne, qu’il interroge. Sa personnalité, telle qu’il la
13. En racontant cet épisode de son enfance, le
ressent, n’est peut-être pas celle que perçoit son
narrateur a sans doute l’intention de montrer dans
entourage. Il sera alors intéressant de voir quel épi-
quelles circonstances il est devenu, très précoce-
sode d’enfance l’élève aura choisi de raconter.
ment, un écrivain. Son récit revêt une grande
L’exercice reposant sur la vérité, le réel, la sincérité
importance puisqu’il précise ce qui est à l’origine
de l’élève, le professeur saura garantir la compré-
de sa carrière d’écrivain. Il a su s’obstiner, rempor-
hension et la discrétion.
ter une victoire sur le mensonge, se détacher du
regard d’autrui, par un travail solitaire loin des 17. Modalités. L’exercice peut être réalisé orale-
« admirateurs ». Peu à peu, il comprend en quoi ment ou par écrit. On conseille aux élèves de préci-
consiste le travail de l’écrivain : c’est une tâche exi- ser abondamment les circonstances et de ne pas
geante qui requiert du temps, de la patience, de la négliger les réactions de l’entourage : sur ces deux
volonté car il faut créer, inventer, et non simple- points au moins, on donnera comme exemple le
ment reproduire, imiter. Ajoutons que, dans l’auto- texte de Sartre.
biographie d’un auteur, le récit de la naissance de
sa vocation littéraire constitue un topos, c’est-à-dire
un thème attendu. Jean-Paul Sartre ne fait pas Ce n’est pas ma faute p. 204
exception, mais il fait ressortir sa singularité : il
montre comment, à partir d’une imposture, il est Aborder cette œuvre de Jules Vallès, ne serait-ce
parvenu à la sincérité. Il nous fait ainsi comprendre que par l’étude d’un extrait, présente plusieurs inté-
quelles sont ses exigences en tant que penseur et rêts. Grâce à elle on aborde la question des genres
écrivain, et en particulier à quel point lui importent proches de l’autobiographie : il n’est pas facile ici de
l’originalité et la liberté. distinguer ce qui relève d’une véritable autobiogra-
phie et les modifications ou ajouts dus à l’imagina- 4. Entre les lignes 25 et 28, les verbes sont au pré-
tion de l’auteur. Vallès n’a pas souhaité présenter sent (de l’indicatif). Il s’agit du présent de narration. Il
cette œuvre comme une véritable autobiographie car est utilisé par l’auteur pour rendre proches des événe-
il a donné au personnage principal un autre nom que ments passés. La distance entre le temps du récit et le
le sien. Autre intérêt, et non des moindres : le texte temps de l’écriture est abolie. Le narrateur en racon-
montre le cas d’une enfance maltraitée ; la lecture tant au présent redevient l’enfant fessé, et le lecteur a
d’une telle page provoque l’émotion et n’est pas sans l’impression que les événements racontés se dérou-
écho dans le monde actuel. lent au moment de la lecture.
L’extrait proposé est le début de l’ouvrage, on
pourra alors s’interroger sur l’effet produit par un tel
5. On voit qu’il y a deux scènes grâce à la présen-
tation : un saut de ligne supplémentaire sépare les
incipit (voir notamment la question 13). On pourra
deux parties du texte, il n’y a pas seulement un ali-
par ailleurs rapprocher ce texte d’un autre extrait
(Hector Bianciotti, page 198 du manuel) évoquant néa. Cette séparation se justifie car le narrateur
des scènes d’enfance malheureuses. dresse d’abord un tableau d’une période de sa vie
qui correspond à son « premier souvenir » (l. 23),
Réponses aux questions avec des habitudes, alors que dans la deuxième
scène, il s’agit d’un épisode précis, unique, borné
1/a. Le prénom du narrateur est « Jacques » (l. 17), dans le temps.
son nom est « Vingtras » (l. 18). On peut par exemple proposer pour la première par-
b. Le prénom de l’auteur est Jules, son nom est Val- tie un titre qui évoquerait l’aspect rituel des punitions
lès. On remarque que les initiales sont identiques. corporelles : Les fessées rituelles ou Les fessées quoti-
Ce texte ressemble par bien des aspects à une page diennes… Ou pour mettre en évidence le rôle de
d’autobiographie, il est écrit à la première per- Mademoiselle Balandreau : Une brave fille. Pour la
sonne et l’auteur a les mêmes initiales que le narra- deuxième partie, le titre donné à l’ensemble du texte
teur et le personnage principal. De plus, comme – Ce n’est pas ma faute – conviendrait car finalement
dans une autobiographie, le narrateur raconte des l’enfant souffre d’abord d’un fort sentiment de cul-
souvenirs marquants de son passé, il effectue un pabilité ; pour cette partie on peut aussi proposer un
récit rétrospectif en livrant au lecteur le portrait de titre qui renverrait précisément à cette scène comme
lui-même, enfant. Cependant la différence entre le L’épisode du chariot ou Terreur d’enfant (voir ligne 40).
nom de l’auteur et celui du personnage principal
empêche d’affirmer que L’Enfant est une autobio- 6. D’après la première scène, la vie de l’enfant
graphie au sens strict du terme. On peut pressentir très jeune est rythmée par les coups donnés par sa
une part de fiction dans cette œuvre, même si la vie mère (fouet, fessée). En lisant cet incipit, le lecteur
de son auteur en constitue la source. ne peut être que choqué, indigné par ce début de
vie, ce « premier souvenir ».
2/a. À l’époque des faits racontés le narrateur est
un jeune enfant. On trouve dans le texte l’indica- 7. Pour la mère, Mademoiselle Balandreau fait
tion « Je puis avoir cinq ans » (l. 46-47). preuve de bonté car cette brave fille la soulage, elle
b. Grâce aux renseignements donnés dans la la mère, d’une corvée quotidienne : fouetter son
notice biographique en marge du texte, on sait enfant. De plus la mère doit apprécier que quel-
que Jules Vallès s’est inspiré d’épisodes de sa propre qu’un partage son point de vue sur l’enfant et
vie pour évoquer l’éducation cruelle que reçoit approuve ses méthodes éducatives.
le narrateur, Jacques Vingtras. Il faudrait une bio- Pour l’enfant, Mademoiselle Balandreau est bonne
graphie plus détaillée être sûr que Jules Vallès car elle est une alliée précieuse et intelligente pour
enfant était battu par sa mère, comme l’est Jacques contrer la cruauté de sa mère. D’abord, cette brave
Vingtras. voisine a pensé affronter la mère du narrateur, révé-
ler sa cruauté, puis elle a fait preuve d’imagination
3. Entre les lignes 1 et 3, les verbes « je n’en sais et « a inventé » une solution satisfaisante pour tous.
rien » (l. 2) ou « je ne me rappelle pas » (l. 2) corres-
Étant donné le caractère de la mère, et l’époque –
pondent au moment de l’écriture. Ils sont au pré-
le XIXe siècle – où les punitions corporelles apparais-
sent de l’indicatif.
saient naturelles dans le domaine éducatif, Made-
Les verbes suivants correspondent à l’époque des
moiselle Balandreau a sûrement choisi la méthode
événements racontés :
la plus efficace pour protéger l’enfant.
– « m’a donné » (l. 1), « j’ai mordu » (l. 2), ils sont au
passé composé de l’indicatif à la voix active ; 8. Dans la seconde scène, c’est sa cousine qui
– « Ai-je été nourri » (l. 1), « Je n’ai pas été dorloté, cherche à rassurer l’enfant : cette indication est
tapoté, baisotté ; j’ai été fouetté » (l. 3-4), ils sont au donnée à la ligne 44. La cousine a sans doute eu
passé composé de l’indicatif à la voix passive ; pitié des cris de l’enfant car elle sort de la pièce
– « J’étais » (l. 3) est à l’imparfait de l’indicatif. pour le réconforter.
9/a et b. Le champ lexical de la violence domine peuvent la faire disparaître : « Je sanglote, j’étouffe
dans ce passage. Il est constitué par les mots et les […]. Je puis avoir cinq ans et me crois un parricide »
expressions suivants : « coup violent » (l. 35), (l. 46-48). Et le sentiment de culpabilité de cet
« l’écume aux lèvres » (l. 36), « les poings crispés » enfant subsiste puisqu’il se blesse volontairement :
(l. 36), « s’est fait mal » (l. 37), « me chasse » (l. 38), « Oui – et je m’égratigne les mains pour avoir mal
« me cognant » (l. 38), « contre la porte » (l. 38). aussi » (l. 52).
L’image de la mère que renvoie cette scène est très
défavorable, presque monstrueuse. Alors que l’en-
13. Ce texte est le début du roman L’Enfant.
D’emblée il saisit le lecteur parce qu’il présente un
fant est totalement innocent de ce dont elle l’ac-
enfant mal-aimé, maltraité. C’est d’autant plus sai-
cuse, elle exerce une violence physique et morale
sissant que l’enfant est le narrateur, et qu’il raconte
sur lui en le chassant, en le frappant et surtout en le
avec fantaisie et humour, tout au moins dans la
culpabilisant : « C’est ta faute si son père s’est fait
première scène, quand il évoque sa complice, la
mal ! » (l. 37).
voisine : « D’abord elle était contente : comme elle
10. Après la blessure de son père, l’enfant n’a pas d’horloge, ça lui donnait l’heure. « Vlin ! Vlan !
éprouve de la peur : « Je deviens tout pâle » Zon ! Zon ! – voilà le petit chose qu’on fouette ; il est
(l. 34-35) et même de la terreur : « ma terreur d’en- temps de faire mon café au lait » (l. 10-13).
fant » (l. 39). Il éprouve surtout une grande souf- Le ton change dans le récit de la seconde scène ;
france morale, un fort sentiment de culpabilité : l’ironie sert à dénoncer plus qu’à faire sourire le lec-
« c’est moi qui suis en cause ! » (l. 40). Il se sent teur. L’attention de celui-ci sera captivée non seule-
responsable, coupable de la blessure de son père. ment par le récit du moment de calvaire subi par le
Dans l’ignorance de ce qui se passe réellement, il narrateur, mais aussi par l’ironie : elle va au-delà de
hurle sa détresse : « Je crie, je demande grâce » (l. 39), la simple dénonciation d’une mère en particulier,
il craint le pire : « je vois, avec ma terreur d’enfant, sa c’est à travers elle une dénonciation de tous les
main qui pend toute hachée » (l. 39-40). Il appelle abus parentaux. Et l’ironie se durcit, tourne même
presque les coups, comme si souffrir davantage sur à la révolte, quand le narrateur enfant fait mine de
le plan physique allait alléger son fardeau, soulager répéter une des bonnes raisons que trouvent les
ses remords : « Pourquoi ne me laisse-t-on pas entrer adultes pour justifier leur cruauté : « C’est que
pour savoir ? On me battra après si l’on veut. Je crie, maman aime tant mon père ! Voilà pourquoi elle s’est
on ne me répond pas » (l. 40-41). Il éprouve un sen- emportée » (l. 53). L’ironie porte aussi sur le livre
timent d’abandon, de solitude. pour l’apprentissage de la lecture, une autre arme
11. « Ma mère a bien fait de me battre » (l. 54) : Ici, utilisée par les adultes : « On me fait apprendre à lire
c’est l’enfant, Jacques Vingtras, qui s’exprime. Il dans un livre où il y a écrit en grosses lettres, qu’il faut
retranscrit à l’évidence un propos maternel, qu’un obéir à ses père et mère : ma mère a bien fait de me
jeune enfant culpabilisé peut effectivement battre » (l. 54-55).
reprendre à son compte. Il s’agit surtout pour le 14/a. On peut supposer que, si Jules Vallès a choisi
narrateur de faire comprendre le contraire de ce d’écrire un roman autobiographique plutôt qu’une
qui est dit : la phrase est ironique. L’ironie est en autobiographie, c’est pour prendre de la distance
effet le procédé qui consiste à dire quelque chose par rapport à sa propre enfance, pour pouvoir
pour faire comprendre le contraire (voir dans le raconter avec plus de liberté, pour attaquer, pour
manuel « Retenons », p. 145). L’utilisation de l’iro- dénoncer. Peut-être a-t-il aussi fait ce choix pour
nie souligne ici, en la mettant à distance, la cruauté protéger ou se protéger, pour avoir plus de
extrême de sa mère qui a multiplié les mauvais trai- liberté… Par exemple on sait que Jules Vallès n’était
tements envers l’enfant. pas fils unique comme c’est le cas de Jacques Ving-
12. Le deuxième épisode apparaît beaucoup plus tras dans le roman. Certains critiques expliquent
douloureux que le premier. Le narrateur nous a que Jules Vallès n’a sûrement pas voulu évoquer
raconté le premier épisode sur un ton amusé, la des épisodes douloureux comme la mort d’un frère
douleur est atténuée par l’habileté d’une brave et de sœurs ; on sait aussi que son père, plus tard,
femme. Mais, dans l’épisode du chariot, l’enfant l’a fait enfermer dans un asile d’aliénés, mais que
est presque torturé, il est trop jeune et sans défense des amis ont réussi à faire pression pour qu’il soit
face à la cruauté d’une adulte. On peut remarquer libéré. Jules Vallès ne voulait visiblement pas provo-
l’absence d’intervention du père même quand la quer le désespoir chez ses lecteurs, mais leur pré-
blessure s’est révélée superficielle, il n’apparaît ni senter une situation vécue particulièrement révol-
pour rassurer ni pour disculper son fils alors qu’il tante qui les pousserait à réfléchir et peut-être à
était le seul qui aurait pu soulager sa douleur : agir. Il est intéressant d’ajouter que L’Enfant est le
« j’appelle mon père » (l. 39). Ensuite, la douleur de premier ouvrage d’une trilogie (les suivants s’intitu-
l’enfant est si intense que les mots de sa cousine ne leront Le Bachelier, puis L’Insurgé) que Vallès a écrite
en exil à Londres après avoir été condamné à mort 15. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
par contumace pour avoir été l’une des figures comme à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse aussi
marquantes de la Commune en 1870. Il a d’ailleurs un temps de réflexion aux élèves pour qu’ils choi-
dû souvent adopter des pseudonymes dans sa vie, sissent un cas d’injustice très net. On leur rappelle
dans ses articles, dans son œuvre, il a dû se cacher, que l’expression des sentiments a son importance,
et a fait des séjours en prison. quelle que soit la forme : au moyen d’adjectifs ou
b. Tout cela est le signe d’une intention explicite : de participes (J’étais très déçu), ou au moyen de
dénoncer les enfances malheureuses, les parents noms : J’éprouvai alors une grande déception.
abusifs. Cette visée argumentative est essentielle
dans ce roman : il s’agit du récit effectué par une 16. Modalités. Cet exercice aussi peut déboucher
victime, qui s’est révoltée, et qui veut faire com- sur une production soit écrite soit orale. On laisse
prendre et partager sa révolte. Dans cette optique, dans les deux cas un temps suffisant aux élèves
on n’hésitera pas à lire et à commenter avec les pour qu’ils rassemblent quelques idées. On préci-
élèves la dédicace qui ouvre le livre : sera le terme de culpabilité, et on rappellera que les
« À TOUS CEUX deux systèmes de temps se rencontrent dans les
qui crevèrent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer pages d’autobiographies : temps de l’écriture,
dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent temps des faits rapportés. On rappelle aux élèves
tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs les difficultés d’exprimer les sentiments et on les
parents ; je dédie ce livre. Jules Vallès. » renvoie à la page 294 du manuel.
(image 6) ou l’allure d’une silhouette (image 4) ; la ombres et les lumières (le fond, le visage), et la
rapidité d’exécution donne une grande netteté composition d’ensemble produit un effet de patch-
d’ensemble, une grande vivacité. Quelques work coloré où le visage nous échappe.
touches blanches de gouache viennent ponctuer le Dans l’image 4, l’autoportrait dessiné par Nadar est
dessin de Nadar. en fait une caricature de lui-même. Il l’a réalisée en
Pour l’autoportrait 3, la sérigraphie a été choisie ; la légère contre-plongée, ce qui accentue le caractère
sérigraphie est un « procédé d’impression sur bois, disproportionné et grotesque de sa silhouette. La
verre, etc., à l’aide d’un écran (en soie à l’origine) caricature s’appuie sur une transformation du per-
formé de mailles dont on laisse libres celles qui corres- sonnage en animal : les jambes évoquent des
pondent à l’image à imprimer » (Le Petit Robert). Ce pattes d’oiseau, même le visage apparaît en partie
procédé permet, comme on peut s’en rendre animalisé à cause des traits rudes, des formes angu-
compte avec cette œuvre de Warhol, d’accentuer leuses, des yeux ronds. Le visage est représenté de
les couleurs et leur contraste, de jouer sur l’opposi- face ; il est mis en valeur, ainsi que les yeux, grâce à
tion ombre-lumière. des touches de gouache blanche. Le regard est
Pour l’autoportrait 2, l’artiste a eu recours à la dirigé vers le spectateur du tableau, mais les yeux
photographie. La photographie en noir et blanc d’oiseau, tout ronds, rendent ce regard inexpressif.
permet normalement la reproduction fidèle du réel Le personnage semble fixer le vide. Ici, l’artiste rit
mais ce n’est pas le cas ici car l’artiste a adopté, de lui-même, de son physique disgracieux.
pour réaliser son autoportrait, un objectif fish-eye Dans l’image 5, l’autoportrait est effectué de trois-
(objectif avec une distance focale très courte et un quarts, à niveau. La lumière éclaire seulement un
champ très grand et qui ne corrige pas les côté du visage de l’artiste, son nez, sa nuque ; la
distorsions). Ainsi Man Ray a-t-il privilégié les lignes partie gauche du visage se devine à peine et les
courbes, circulaires et donc une image déformée. yeux restent dans l’ombre. Ainsi le jeune homme
En revanche, l’angle de champ est très grand, jus- semble nous regarder d’un air discret, presque
qu’à 180°. timide. Il frappe par son air juvénile, il n’a pas
cherché à se vieillir pour paraître plus sérieux, plus
4. Dans les autoportraits 1, 2, 5, 6 les artistes ont
crédible en tant que peintre. Il a cependant placé
choisi de présenter leur visage légèrement de trois-
un plastron style Renaissance sur sa tunique pour
quarts, à niveau. Andy Warhol s’est représenté de
montrer son attachement à la peinture classique de
face mais en démultipliant son visage dans une
la Renaissance… et pour gagner en dignité.
série de neuf autoportraits. Nadar a dessiné un
Dans l’image 6, l’autoportrait est effectué avec le
autoportrait en pied, c’est-à-dire qu’il apparaît
même angle : de trois-quarts, à niveau. L’attention
entièrement mais sans proportions véritables. Il se
du spectateur est tout de suite attirée par le visage
caricature, choisit la dérision pour se représenter et
de l’artiste car il est placé au centre de la composi-
se rend grotesque en s’animalisant puisque le gra-
tion, il est dessiné finement, alors que la coiffure et
phisme évoque nettement un oiseau.
le costume sont esquissés à gros traits. Les yeux
Dans la première œuvre, l’angle de vue est une
sont marqués par des traits noirs et précis, ce qui
légère plongée ; le spectateur est attiré par l’en-
confère au regard une netteté et une fixité particu-
semble du tableau plus que par le visage ou par le
lièrement intenses. Le personnage semble nous
regard de la jeune femme. Il distingue une jeune
regarder plutôt durement, sans complaisance. Ce
femme qui le regarde, une silhouette qui reste
portrait renvoie à l’image d’un « beau ténébreux ».
imprécise, l’œil est d’abord attiré par la lumière et
les dégradés de jaune, d’ocre et de gris sur lesquels 5. Man Ray (image 2) a choisi de se représenter
se détache le noir de la robe. dans un décor, son atelier en Californie. Ce lieu est
Dans la deuxième image, l’angle choisi est aussi significatif : c’est un lieu de travail, prolongement
une plongée. L’auteur est vu de face mais pas de de l’artiste, en somme. Mais cet atelier frappe par
manière immédiate, l’artiste d’ailleurs n’est pas au son aspect ordonné, bien loin des images tradition-
centre du tableau mais décalé sur la gauche, il a la nelles souvent chaotiques des ateliers de peintre.
tête légèrement penchée, le décor de son atelier Son atelier s’apparente plutôt à un salon confor-
est si chargé qu’on ne remarque pas tout de suite table, et surtout décoré par des œuvres d’art
son regard dirigé vers l’observateur de la photo. contemporain qui embellissent et structurent l’es-
Dans l’image 3, on voit qu’Andy Warhol s’est pré- pace. En fait, dans cet autoportrait le photographe
senté de face, avec la main soutenant le menton. apparaît comme un élément du décor ; dans une
Mais il a démultiplié son visage dans une série de pose naturelle, la pipe à la bouche, le regard tourné
neuf autoportraits, à la fois semblables et différents. vers le spectateur de la photographie, Man Ray
En effet si le visage est le même, les couleurs ne semble accueillir celui qui le regarde, lui offrir
sont jamais réparties à l’identique ainsi que les l’hospitalité.
On peut considérer que l’autoportrait d’Andy L’impression produite par l’autoportrait d’Andy
Warhol présente un décor, quoique celui-ci soit Warhol est énigmatique. Le peintre donne de lui-
peu conventionnel, Dans ce tableau en effet le même une image mystérieuse, renforcée par la
décor est représenté par l’artiste lui-même pris répétition de la même image où toujours une moi-
dans un jeu de couleurs. Rien n’est au centre, les tié du visage reste dans l’ombre. La main soutient
traits restent les mêmes ; si la main ne soutenait pas le menton, cette attitude est un signe de doute, de
le menton, il pourrait s’agir d’une planche de réflexion ; l’artiste semble se poser des questions
banales photos d’identité… mais les couleurs, en sur lui-même. La moue semble cependant hau-
nombre limité, varient et, en variant, rendent plus taine. Le choix de la technique, qui est sophisti-
ou moins visible toujours le même côté du visage, quée, et le résultat obtenu, loin des codes habi-
celui de gauche : l’artiste a-t-il voulu montrer qu’il tuels, éloignent l’artiste du spectateur du tableau et
reste toujours lui-même quel que soit l’éclairage des autres personnes. L’artiste donne ici de lui-
porté sur son visage ? même l’image d’une personne repliée sur son
Dans l’autoportrait de Mary Cassatt, on devine le propre monde, méditative et hautaine. Il a cherché
décor plus qu’on ne le distingue. Ce sont des à donner une image valorisante de lui-même, mais
touches de couleur très floues qui forment comme le spectateur reste sur une impression mitigée.
un halo lumineux jaune, bleu et gris, derrière elle. Il Nadar sourit dans son autoportrait mais son sourire
n’y a pas de décor identifiable. est un peu grimaçant, son regard est trop fixe, l’en-
Les autres artistes, Bonnefond, Nadar et Artaud, semble de ce dessin reste très sombre. Il s’amuse
ont choisi un fond neutre ; ils ont ainsi privilégié la mais une certaine détresse est perceptible dans
représentation du personnage par lui-même et en cette volonté de se caricaturer avec une tête dis-
lui-même, aucun élément ne vient distraire l’atten- proportionnée sur un corps ridicule et avec des
tion de celui qui regarde ces personnages. Ils teintes sombres. Le dessinateur cherche pourtant à
faire sourire, il choisit d’amuser même si un fond de
offrent d’eux-mêmes une image qui n’est pas liée à
tristesse est perceptible. Il ne cherche pas à s’em-
un lieu particulier, pour mieux faire ressortir leur
bellir mais à grossir le trait, à se caricaturer. L’image
personnalité profonde.
obtenue est à la fois dévalorisante et valorisante : il
6. L’impression produite sera différente selon les montre qu’il sait exercer son humour vis-à-vis de
observateurs ; il y a cependant des dominantes. lui-même et met les rieurs de son côté.
L’autoportrait de Mary Cassatt présente une jeune L’autoportrait de Claude Bonnefond suscite l’admi-
femme absorbée par son travail de peintre. L’artiste ration : les choix et la technique qui ont permis de
n’a pas réellement cherché à mettre son image en réaliser ce portrait sont remarquables. L’œuvre sur-
valeur, toute cette œuvre respire une douceur, une prend en raison du costume choisi, qui est pour-
grande simplicité puisque le décor est laissé tant à peine éclairé. Se représenter au début du
comme inachevé. Il est difficile de déterminer si le XIXe siècle en costume Renaissance rappelant celui
personnage regarde la toile qu’il est en train de de général romain montre le respect que l’artiste a
peindre, ou l’observateur du tableau. L’artiste pour les Anciens, témoigne de son admiration pour
semble s’être représentée face à un chevalet mais l’art antique, peut-être aussi pour des valeurs tradi-
celui-ci est à peine esquissé. Elle a donné d’elle- tionnelles de la république romaine, comme le
même une image modeste. courage ou la fidélité. La peinture extrêmement
La photographie que Man Ray a prise de lui-même minutieuse des détails de la cuirasse révèle que
renvoie une image contradictoire. D’un côté, il l’artiste a une grande maîtrise de la technique pic-
occupe peu de place dans la composition, à tel turale malgré son jeune âge et qu’il souhaite sans
point qu’il apparaît presque comme un élément doute égaler les grands maîtres qu’il admire.
parmi d’autres dans le décor plutôt chargé de son L’image que l’artiste donne de lui-même est celle
studio. D’un autre côté, l’objectif, un fish-eye, qui d’un jeune homme peut-être modeste, mais qui
permet un angle de 180°, a visiblement été choisi nourrit de belles et bonnes ambitions.
pour surprendre l’observateur de cette photogra- De l’autoportrait d’Antonin Artaud se dégage une
phie et pour englober tout l’atelier. Il adopte une impression de jeunesse, d’énergie, associée à une
pose qui semble naturelle avec sa pipe, mais qui est certaine dureté. Le personnage regarde en coin, sa
recherchée. L’artiste semble avoir voulu s’amuser tête est légèrement baissée, son air est sombre. Son
costume est strict et le regard, qui questionne,
un peu, et offrir une image valorisante de lui-même
reste mystérieux. L’artiste a cherché à donner de
et de son lieu de travail, en tant que photographe
lui-même une image valorisante.
faisant preuve d’originalité. Avec cette image
ronde, a-t-il cherché à montrer que pour lui son 7. Ces autoportraits répondent tous à la défini-
atelier constitue son monde, à l’image du globe tion du genre : ils sont la représentation de l’auteur
terrestre ? par lui-même. Ces œuvres, comme tous les auto-
portraits, répondent au désir qu’éprouve l’artiste souvent dit que nous ne nous voyons jamais réelle-
de laisser une trace de lui-même pour les généra- ment, que nous restons mystérieux à nous-même ;
tions futures. Ils montrent tous que les artistes ont il est passionnant de voir comment d’autres que
envie de se représenter eux-mêmes à un moment nous ont résolu cette question, ont mené à terme
donné de leur vie pour fixer une image d’eux- ce projet. Ainsi, la réalisation d’un autoportrait sug-
mêmes afin de mieux se connaître et, sans doute gère, davantage que le portrait en général, un
aussi, de mieux se faire comprendre. L’autoportrait travail d’introspection, la peinture d’un être inté-
est à la fois une introspection et une forme de rieur. Les artistes ont utilisé le plus souvent un
communication. miroir pour se voir ; et, pour voir ce qu’il y a tout au
fond d’eux-mêmes, certainement de longues
8. L’artiste peut vouloir réaliser son autoportrait
heures de peinture et d’introspection.
pour laisser une image de lui-même, pour se
valoriser (images 2, 3, 5, 6) ou se dévaloriser 10. Modalités. Les peintres qui ont réalisé des
(image 4), pour essayer de mieux se comprendre, autoportraits à différents moments de leur vie ont
se faire comprendre. certainement cherché à montrer ce qui changeait
en eux (l’apparence physique) et ce qui ne chan-
9. L’autoportrait nous permet de satisfaire notre
geait pas (leur position de peintre, leur technique,
curiosité sur les gens, les artistes, de voir la repré-
etc.) Et quand nous voyons ensemble plusieurs
sentation qu’un artiste a voulu donner de lui-
autoportraits du même peintre, l’effet produit est la
même. À travers sa manière, son style, les choix
prise de conscience de la fuite du temps, le vieillis-
opérés, il nous donne à connaître sa personnalité
sement nous apparaît comme inéluctable.
en tant qu’artiste. L’autoportrait est d’ailleurs sou-
vent une sorte de manifeste artistique. Un autopor- 11. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit
trait nous rappelle également que les œuvres sont ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse un temps
créées par des personnes réelles, des individus de de réflexion aux élèves puis on interroge plusieurs
chair et de sang et qu’aucune œuvre n’existe indé- d’entre eux. On attend des réponses argumentées
pendamment de son auteur. avec précision et pertinence, pas toujours l’argu-
En face d’une peinture représentant un person- ment esthétique : pour que ce soit plus beau… Il
nage, il est toujours intéressant de savoir s’il s’agit s’agit de vérifier que les élèves ont compris que
d’un autoportrait car le choix de se peindre toute image résulte de choix, et de comprendre
soi-même demeure plus énigmatique que le choix quelle image chaque élève cherche à construire de
de réaliser le portrait de quelqu’un d’autre. Il est lui-même.
S’exprimer à l’écrit
RACONTER UNE EXPÉRIENCE 2. On devine que, dans cette famille, les filles
PERSONNELLE p. 208 n’ont pas les mêmes droits que les garçons. La nar-
Réponses aux questions ratrice n’a l’autorisation de jouer avec des garçons
que parce qu’elle est accompagnée de son frère
1/a. Par exemple, à partir du dictionnaire Le Petit
Robert : 1. Une expérience, c’est d’abord le fait « gardien de l’honneur de la famille » (l. 11).
d’éprouver quelque chose, considéré comme un 3. Par exemple : « Mais ils ne disaient rien parce
élargissement ou un enrichissement du savoir, des
que j’allais avec mon frère, gardien de l’honneur de la
aptitudes. 2. C’est également la pratique que l’on a
eue de quelque chose, considérée comme un famille, suivant l’une des règles sacro-saintes de notre
enseignement. 3. C’est ensuite l’ensemble des milieu » (l. 10-12).
acquisitions de l’esprit, résultant de l’exercice de
4. Dans l’expression « je ne garde pas le souvenir »
nos facultés. On parle ainsi d’une personne qui a
une grande expérience quand elle a acquis beau- (l. 1), le verbe correspond au moment où
coup de connaissances. 4. Enfin, une expérience, l’auteur écrit. Il est au présent, il s’agit d’un présent
c’est le fait de provoquer un phénomène dans d’énonciation.
l’intention de l’étudier (c’est une épreuve, une
expérimentation). 5. Dans cet extrait, l’expérience racontée est celle
b. La narratrice raconte ici des activités familières, d’une enfance. L’auteur évoque des jeux au cours
habituelles. de son enfance en Tunisie.
c. Ces cadeaux constituent des prodiges d’abord Évaluation. On prend surtout en compte les critères
parce qu’il a fallu beaucoup de temps et d’imagina- suivants :
tion pour les rassembler, les réaliser. Ensuite beau- – l’énonciation : le texte est à la première personne ;
coup de patience et d’astuce ont été nécessaires le temps de base est le présent et les temps verbaux
pour les faire parvenir à la narratrice. En effet dans sont employés en conséquence ;
les camps de concentration, les déportés sont sous – la qualité de l’autoportrait : la description est pré-
la surveillance constante des S.S. La nourriture est cise (allure et impression générales, corps, visage) ;
très rare et les prisonniers ne possèdent absolu- – la maîtrise de la langue : les phrases et l’ortho-
ment rien. Parvenir à trouver ou à fabriquer des graphe sont correctes, le niveau de langue courant ;
objets, les faire circuler, fêter ainsi un anniversaire, – l’effet produit : le texte combine le portrait lui-
tout cela relève du miracle. Ce miracle, seules même et des réflexions sur l’écriture d’un portrait :
l’amitié et la solidarité ont pu le rendre possible : facilité ou difficulté de se décrire soi-même.
« Leur amitié a réalisé ce prodige de m’atteindre dans
8/a. La façon de vivre : paragraphe 4.
ma solitude et mon désespoir » (l. 17-19).
Les connaissances : paragraphe 3.
d. Modalités. Comme dans le texte d’appui, les des- Le visage et la tête : paragraphe 1.
criptions et les explications feront comprendre L’allure : paragraphe 2.
l’importance, voire le caractère exceptionnel du b. Modalités. L’exercice consiste en une imitation
moment raconté. assez fidèle du texte de Michel Leiris : succession
Évaluation. On peut privilégier les critères suivants : claire de paragraphes, traitant chacun d’un ou
– l’énonciation : le texte est à la première personne, deux points de description ou d’évocation.
les temps verbaux sont employés à bon escient, le Évaluation. On peut privilégier les critères suivants :
présent comme temps de base correspondant au – l’énonciation : le texte est à la première personne ;
moment de l’écriture, le passé comme temps le temps de base est le présent et les temps verbaux
de base correspondant au moment des souvenirs sont employés en conséquence ;
évoqués ; – la qualité de l’autoportrait : la description est pré-
– la qualité du récit : la narration des faits est enri- cise et complète, la consigne est bien prise en
chie par des descriptions, des explications ; compte.
– la maîtrise de la langue : les phrases et – la maîtrise de la langue : les phrases et l’ortho-
l’orthographe sont correctes, le niveau de langue graphe sont correctes, le niveau de langue courant ;
courant ; – l’effet produit : le texte dégage une impression
– l’effet produit : l’importance du moment et les de sincérité.
différents sentiments sont mis en valeur.
9/a. L’auteur qui a choisi de préciser d’abord ce
7/a. On peut imaginer que les élèves chercheront qui va être raconté est Stendhal : « J’entreprends
les mots suivants : médiocre : ici, inférieure à la d’écrire l’histoire de ma vie ». C’est aussi le cas de
moyenne. camus : court et aplati. aquilin : fin Rousseau (page 194 du manuel).
et busqué, en forme de bec d’aigle. C’est également Stendhal qui indique la façon dont
b. Non, d’après ce texte, il n’est pas facile de se ce sera raconté : « je prends pour principe de ne pas
décrire. On le remarque au nombre de modalisa- me gêner et de n’effacer jamais ».
teurs utilisés par l’auteur pour marquer son incerti- Les auteurs qui ont accordé une grande place
tude : « Je serai fort empêché de dire » (l. 8-9), « au à la description sont Marcel Pagnol, Simone de
moins à ce que je crois » (l. 11), « tout ce que je sais, Beauvoir et Marguerite Yourcenar : description de
c’est qu’il est plutôt » (l. 11-12), « passablement » la région chez Pagnol, de la chambre et des per-
(l. 15), « et je ne sais pas trop bien qu’en juger » sonnes chez Simone de Beauvoir, description plus
(l. 18), « il me serait fort difficile de le dire » (l. 20). La rapide de la maison chez Marguerite Yourcenar.
Rochefoucauld multiplie les modalisateurs pour Ce sont surtout Simone de Beauvoir et Marguerite
montrer sa difficulté et parfois même son impossi- Yourcenar qui ont choisi de faire coïncider le
bilité à caractériser certaines parties de son visage, début de leur récit avec le début de la vie du person-
comme son nez ou son menton. nage : « Je suis née à quatre heures du matin » (S. de
c. Il est frappant de constater que cette approche Beauvoir), « L’être que j’appelle moi vint au monde un
prudente de l’auteur explique peut-être pourquoi certain lundi 8 juin 1903, vers les 8 heures du matin »
son autoportrait semble finalement correspondre (M. Yourcenar). C’est aussi cette façon de commen-
assez fidèlement à l’image qui accompagne le cer qu’a choisie Marcel Pagnol, mais de manière
texte. moins précise : « Je suis né dans la ville d’Aubagne ».
d. Modalités. L’exercice repose sur une imitation du b. Chez Stendhal comme chez Rousseau, l’attention
texte donné. On peut attendre des élèves un texte du lecteur est tout de suite attirée par le projet auto-
d’une longueur comparable à celle du texte donné. biographique lui-même, sur son intérêt littéraire, et
sur sa sincérité. Le lecteur se trouve en quelque sorte 14. Modalités. Cet exercice peut également être
associé au projet, puisque les auteurs lui en révèlent réalisé à l’oral. À l’écrit, on attend davantage de
d’emblée les tenants et les aboutissants. l’élève qu’il rédige un « paragraphe argumenté »
Les débuts d’autobiographies fortement descriptifs qu’un texte argumentatif long. On peut laisser le
(M. Pagnol, S. de Beauvoir, M. Yourcenar) permet- choix à chaque élève de la question à traiter. On
tent au lecteur de se représenter des lieux, de peut également donner la même question à tous
mieux placer le personnage dans un cadre spatio- les élèves de la classe, puis comparer les réponses et
temporel, de mieux le situer dans son milieu social discerner des dominantes.
et familial : on perçoit par exemple l’importance du a. On pourra préciser, au préalable, qu’il y a de
paysage pour Pagnol, et celle de la mode chez multiples intérêts à lire une autobiographie : avoir
Simone de Beauvoir. Ainsi le lecteur comprend des informations sur une personne (l’auteur), sur
mieux les faits et événements racontés parce qu’ils un milieu social, sur une époque, connaître des
s’enracinent dans du réel ; l’effet de réel est accru. parcours de vie exemplaires ou exceptionnels, vivre
Faire coïncider le début du récit avec le début de la par identification des vies extraordinaires, etc. Pour
vie du personnage, c’est choisir (au moins pour le apporter des réponses, les élèves sont invités à s’ap-
commencement de l’ouvrage) un strict ordre chro- puyer sur les textes étudiés en classe mais aussi sur
nologique et donner tout de suite une grande leurs lectures personnelles.
importance à la dimension temporelle. Le lecteur b. Les domaines favoris des élèves (musique,
est ainsi plongé d’emblée dans la vie du person- cinéma, télévision, sport…) devraient arriver au
nage puisque le début de sa lecture coïncide exac- premier rang des réponses, avec mise en valeur des
tement avec le début de la vie du personnage prin- personnalités les plus connues ou les plus atta-
cipal ; il va suivre pas à pas les événements, les chantes du moment. On peut ouvrir d’autres pistes :
émotions de cette vie et les partager intimement. certains pourraient être curieux de connaître l’au-
tobiographie d’un de ses ancêtres, d’un membre
10. Modalités. Cet exercice aura été préparé par
de sa famille, d’un voisin ou d’une voisine, d’un
l’exercice précédent. On conseille aux élèves de
artiste ou d’un grand scientifique, d’un personnage
bien choisir le contenu de cette première page, qui
historique, etc. Dans tous les cas, on demande aux
n’est pas forcément consacrée à la naissance et à la
élèves de justifier leur réponse.
petite enfance.
c. Une autobiographie, c’est l’histoire d’une vie. Cer-
Évaluation. Voir critères page 211 du manuel.
taines vies sont plus difficiles, ou plus intéressantes,
11. Modalités. On peut attendre de la part des que d’autres, et certaines sont même exception-
élèves un texte d’une page environ, voire plus si la nelles. Les personnes qui les ont vécues auront
description des lieux se combine avec quelques davantage l’envie de les raconter, surtout, comme
évocations ou anecdotes. c’est souvent le cas, si elles y sont poussées par leur
Évaluation. Voir critères page 211 du manuel. entourage. Ainsi leur autobiographie fournira un
témoignage sur elles-mêmes, leurs réactions face aux
12. Modalités. L’exercice consiste à rédiger une
aléas de la vie, mais aussi sur la société dans laquelle
parodie d’autobiographie puisqu’il s’agit pour
elles ont vécu, l’époque qu’elles ont connue.
l’élève d’inventer un récit autobiographique fictif
d. On peut conduire la réflexion sur diverses pistes,
et amusant. L’élève est amené à se placer à une
entre autres :
époque fictive (sa vieillesse) qui correspondra au
– la question du destinataire : raconter sa vie à ses
moment de l’écriture, ce jeu avec le temps peut
amis, à sa famille, à tout le monde ?
être source de difficultés pour certains. On insiste
– la question du pourquoi : dans quel but raconter
sur la combinaison des formes de discours : c’est le
sa vie ? se faire connaître (recherche de la célé-
travail des quatre années de collège sur narration,
brité), montrer ce qu’on sait faire (par exemple
description, explication et argumentation, qui est
mettre en avant de bons résultats sportifs ou sco-
ici convoqué. Tout sera fait pour que le lecteur soit
laires), demander du soutien ou du réconfort, justi-
convaincu par le narrateur. Le texte peut prendre la
fier ses actes et ses choix, etc.
forme d’une lettre.
– la question du comment : on aborde les pro-
Évaluation. Voir critères page 211 du manuel.
blèmes de choix donc de sincérité (tout dire ?),
13. Modalités. L’exercice consiste à inventer une mais aussi les notions de pudeur, d’intimité ; on se
vie, se mettre dans la peau d’un personnage, ima- pose aussi la question de l’expression littéraire :
giner une tranche de sa vie et la raconter. Qu’a-t-il quels obstacles personnels faut-il franchir pour oser
pu se passer avant, les jours précédents, et que raconter sa vie ? Etc.
peut-il se passer après ? e. L’élève est ici amené à se poser la question du
Évaluation. Voir critères page 211 du manuel. « pourquoi » de la séquence sur l’autobiographie,
S’exprimer à l’oral
RAPPORTER UNE EXPÉRIENCE 4. Exemples de situations où il est utile de racon-
PERSONNELLE p. 212 ter à quelqu’un ce qu’on a fait, avec précision : lors
d’un entretien d’embauche, lors d’un entretien
Réponses aux questions pour être accepté dans une formation ou dans cer-
1. Bartabas indique à chaque fois son âge (8 ans, taines écoles, en tant que témoin dans une affaire
12 ans, 17 ans, 19 ans, 50 ans) parce qu’il désire criminelle, lorsque des amis vous demandent de
marquer les différentes étapes de son parcours, leur raconter le voyage que vous avez fait, lorsque
d’autant plus que celui-ci est inhabituel. Il cherche les parents demandent à leur enfant de raconter ce
à évoquer rapidement, mais clairement, les événe- qu’il a fait dans son club de sport ou au collège afin
ments qui l’ont conduit à faire des choix décisifs, de l’aider, de le réconforter, etc.
très jeune.
Corrigé des exercices
2. Selon Bartabas, ce qui compte dans la vie c’est
de découvrir sa passion, puis d’y consacrer tout son
1. 1. Lise pratique le judo depuis quatre ans
2. Elle a fourni des efforts. 3. Elle a effectué un
temps, toute sa vie.
stage au Japon. 4. Elle va certainement accomplir
Plusieurs réflexions peuvent convenir : « on peut
des exploits. 5. On lui a confectionné un kimono
bâtir son propre univers avec rien ! Sauf que ça
exactement à sa taille. 6. Son entraîneur lui a
prend une vie » (l. 5) ; « Seulement, j’ai eu la passion
préparé un programme d’entraînement personna-
du cheval dès 8 ans, et rien ne m’a arrêté » (l. 9) ;
lisé. 7. Elle exécute déjà les prises avec grande
« Seul compte le travail quotidien avec les chevaux.
adresse. 8. Ses qualités provoquent l’admiration
Grâce à eux, je trouve l’équilibre et l’inspiration »
des spectateurs.
(l. 12).
3. Bartabas fait ici le récit de son expérience per- 2. Modalités. Les élèves choisissent leur sujet
quelques jours avant leur prestation orale et peu-
sonnelle parce qu’il a accepté cet entretien sur son
vent donc y réfléchir. Chaque prestation bénéfi-
art avec une journaliste d’un magazine culturel
ciera d’une durée de l’ordre de trois minutes ;
reconnu. Il a conscience que son récit personnel est
il faut donc bien la préparer si l’on veut la réussir.
doté d’une valeur exemplaire. En effet, son histoire
Le récit sera détaillé, et pour cela intégrera des
peut donner du courage à tous les jeunes passion-
passages descriptifs et explicatifs.
nés qui hésitent à se lancer dans une voie originale.
Évaluation. Voir critères page 213 du manuel. On
Ici, il insiste sur le fait que rien ne le prédestinait à
valorise les prestations des élèves qui auront su
diriger une troupe d’artistes, à vivre avec les che-
produire un effet (surprendre, faire sourire…) sans
vaux, qu’il a rencontré des obstacles sur sa route
exagération mais avec efficacité.
mais que sa détermination et son travail l’ont sauvé
et lui ont permis de vivre sa passion. Les lecteurs 3/ a. « je ne suis pas un mauvais chanteur » met
pourront éventuellement comparer l’expérience l’accent sur le fait de chanter mal. Dire qu’on ne
personnelle de Bartabas avec la leur. chante pas mal n’est pas prétentieux. C’est
l’expression d’une modestie. Dire « je suis un bon auront su porter des appréciations sur eux-mêmes
chanteur » met l’accent sur le fait de chanter bien, avec finesse, c’est-à-dire sans tomber dans l’au-
et se classer soi-même dans la catégorie des gens tosatisfaction béate ni dans le dénigrement systé-
qui chantent bien peut paraître prétentieux. matique.
b. Même si on croit en ses propres qualités, il est
4/ a. Le jeune homme confie ses réactions, ses
difficile de les avouer, surtout en public : on pour- impressions, ses sentiments ; pour preuve on peut
rait passer pour prétentieux. Il y a dans nos sociétés relever par exemple les expressions suivantes :
une pudeur qui empêche de se vanter de ses quali- « pas vraiment intimidé » (l. 3), « plutôt inconscient
tés en public. Cette pudeur porte le nom de de ce qui m’arrive » (l. 3-4), « j’ai subitement l’im-
modestie, ou d’humilité. pression d’être chez le médecin » (l. 13).
c. Modalités. On programme les prestations orales b. Modalités. On programme les prestations orales
des élèves sur plusieurs jours et chaque élève est des élèves sur plusieurs jours et chaque élève est
averti bien à l’avance de la date de sa prestation, il informé bien à l’avance de la date de sa prestation.
peut donc y réfléchir. Chaque prestation bénéficie On accorde à chacune de ces prestations une
d’une durée de l’ordre de trois minutes, ce qui oblige durée de l’ordre de trois minutes, ce qui permet à
à une sérieuse préparation : que dire ou ne pas dire ? tous les élèves de la classe, ou une bonne partie, de
Quelles précisions, quelles explications apporter ? réaliser l’exercice sur l’espace de quelques séances.
Que décrire pour mieux faire comprendre ? etc. On insiste sur la nécessité d’utiliser un vocabulaire
L’élève devra surtout faire preuve de finesse quand il précis pour nommer et qualifier les sentiments et
donnera des appréciations sur lui-même : sincérité, les émotions ; cette aptitude sera d’ailleurs prise en
mais modestie. Il lui faudra aussi qualifier son attitude compte dans l’évaluation.
avec exactitude : peur, courage, étourderie, Évaluation. Voir critères page 213 du manuel. On
méfiance, confiance, naïveté, insouciance, sérieux, valorise les prestations des élèves qui auront fait
astuce, gourmandise, colère, etc. preuve de sincérité, et auront raconté leur ren-
Évaluation. Voir critères page 213 du manuel. On contre avec précision (détails narratifs et descrip-
valorise les prestations dans lesquelles les élèves tifs, explications).
bien le signe même que le texte est autobiogra- de quoi survivre et continuer ses études, c’est
phique ; l’auteur d’une autobiographie raconte l’époque où il passe le baccalauréat. Cependant la
toujours sa vie de manière à être compris sinon situation financière, difficile, ne le laisse pas indiffé-
approuvé par ses lecteurs. (1 pt) rent et il veut aider sa mère : « Je l’aidai de mon
mieux, c’est-à-dire en essayant d’écrire un chef-
4/a. Dans les deux premières phrases, les verbes
d’œuvre immortel » (l. 10-11). C’est une aide bien
sont : « regardais » (l. 1), « grandissaient » (l. 2) et
vaine, elle ne rapporte rien. Ainsi il y a un net déca-
« écrivais » (l. 3). Ces verbes sont à l’imparfait de
lage entre l’ingéniosité permanente et les efforts de
l’indicatif. (1 pt)
la mère, et l’absence de pragmatisme de son fils,
b. L’imparfait est utilisé ici pour exprimer des
bien intentionné mais inefficace. Le contexte éco-
actions passées non limitées dans le temps (regar-
nomique souligne ce décalage.
dais, grandissaient) ou répétées, sans limites (écri-
Grâce à ce texte, on apprend aussi que l’auteur a
vais). Ces pensées l’envahissaient souvent, reve- une vocation littéraire dès son adolescence ; il
naient régulièrement et s’amplifiaient avec le essaie « d’écrire un chef-d’œuvre immortel » (l. 11),
temps : « Plus je regardais le visage vieilli… » (l. 1). Il alors que « dans les sciences exactes, [ses] notes
s’agit ici de l’aspect itératif. (1 pt) demeurèrent désastreuses » (l. 18-19). (0,5 pt)
c. Le verbe qui correspond au moment où l’auteur
écrit est « je me souviens » (l. 14). Le temps du verbe 8. La référence aux événements historiques rend
permet de répondre ainsi : ce présent est un pré- l’autobiographie plus crédible. Les faits historiques
sent d’énonciation qui correspond au moment de sont réels, vérifiables (la crise de 1929) et ils ont
l’écriture ; c’est le narrateur adulte qui se souvient, effectivement eu une répercussion sur la vie quoti-
au moment où il écrit, pas le personnage principal dienne des gens : chômage, situations précaires.
qui est adolescent. Les autres temps du texte sont Les personnages de cette autobiographie ont vécu
ceux du récit au passé, avec le passé simple comme à cette époque et ont subi ces malheurs. De plus ce
temps de base ; ils correspondent aux faits racon- sont des exilés, leur situation est encore plus diffi-
tés, qui se placent précisément dans le passé. (1 pt) cile et précaire. Cette autobiographie est donc bien
ancrée dans le réel, et prend ainsi une valeur de
5. La mention de la crise de 1929 permet de témoignage. (1 pt)
situer historiquement ce que raconte l’auteur : « La
crise économique de 1929 avait à présent des réper- 9/a. Il y a six verbes conjugués dans cette phrase :
cussions sur la Côte d’Azur. » (l. 4-6). (0,5 pt) « transforma », « prit », « lut », « prit », « assuma »,
« agit ». Il n’y a qu’un seul sujet : « Ma mère ». (0,5 pt)
6. La crise économique de 1929, partie des États- b. Le rythme de la narration est rapide : en une
Unis, a eu des conséquences même sur la Côte seule phrase sont consignées toutes les activités de
d’Azur, où vivaient l’auteur et sa mère ; si bien la mère du narrateur. On a l’impression qu’elle fait
qu’ils ont connu des difficultés pour vivre : « notre beaucoup de choses en peu de temps, qu’elle
situation financière s’aggrava à cette époque » (l. 4), passe vite d’une occupation à une autre, que cette
« nous connûmes de nouveau des jours difficiles » période de sa vie a été très active et agitée. (0, 5 pt)
(l. 6). Il est par exemple difficile de trouver du tra- c. Par ce procédé – l’accumulation de verbes à sujet
vail ; la mère de Romain Gary est obligée de multi- unique –, l’auteur met en valeur les actions accom-
plier les emplois, tous provisoires et très différents plies par la mère. Il souligne ainsi son extraordinaire
les uns des autres : « Ma mère transforma une énergie, ses multiples compétences et son courage
chambre […] une ou deux ventes de terrain » (l. 7- tenace face à l’adversité. (0,5 pt)
10). La mère de Romain mise sur l’avenir et en par-
ticulier sur les dons littéraires de son fils pour avoir 10/a. « Le plâtre sert à fabriquer les murs »
des ressources : « Je l’aidai de mon mieux, c’est-à- (l. 21-22). Dans cette phrase, le présent est employé
dire essayant d’écrire un chef-d’œuvre immortel » pour exprimer une action toujours valable, il s’agit
donc du présent de vérité générale. (0,5 pt)
(l. 10-11). (1 pt)
b. Cette phrase provocatrice ne provoque paradoxa-
7/ a. Le texte nous apprend que le contexte lement pas beaucoup de réaction chez l’examina-
économique de l’époque est difficile, les situations teur, en tout cas ni reproche, ni colère. Il attend une
professionnelles et financières sont très précaires. réponse plus adaptée, plus complète, ce qu’indique
Grâce à ce texte, on se rend compte que même des le narrateur : « L’examinateur attendit patiemment »
gens courageux ont du mal à trouver un travail. (l. 23). Il suggère ensuite à Romain d’en dire plus,
(0,5 pt) mais là encore sans émettre de jugement : « C’est
b. L’auteur connaît des jours difficiles, sa mère n’a tout ? » (l. 25). Sa réaction s’explique peut-être par sa
pas beaucoup d’argent : « Notre situation financière personnalité mais surtout par la situation : ce n’est
s’aggrava à cette époque » (l. 4). Mais Romain Gary pas un moment d’apprentissage qui implique des
ne semble pas trop souffrir de cette situation ; il a éclaircissements, des explications, des échanges,
mais un examen officiel, c’est-à-dire une évaluation l’attention sur lui : « me tournant vers le public, je le
finale, où il s’agit simplement de juger. pris à témoin » (l. 26-27). (1 pt)
Le lecteur, quant à lui, ne peut être qu’amusé par
cette phrase inattendue. L’humour vient du dépla- Réécriture (4 pts)
cement opéré par le narrateur, il ne répond pas du Ma mère a transformé une chambre de notre
tout en tant qu’élève mais comme un ignorant qui appartement en chenil, a pris en pension des
a juste une vague idée de l’utilité pratique du chiens, des chats et des oiseaux, a lu les lignes de la
plâtre. Il sort du domaine scolaire, oublie délibéré- main, a pris des pensionnaires, a assumé la gérance
ment le contexte officiel et l’importance qu’aurait d’un immeuble, a agi comme intermédiaire dans
dû revêtir pour lui cet oral de bac. (1 pt) une ou deux ventes de terrain. Je l’ai aidée de mon
c. L’auteur raconte son oral de chimie pour illustrer mieux, c’est-à-dire, en essayant d’écrire un chef-
les propos de sa mère et pour justifier l’apprécia- d’œuvre immortel.
tion qu’elle porte sur lui : « Je crois que tu n’auras
pas beaucoup de sens pratique, dans la vie » (l. 16). Dictée proposée (6 pts)
Le récit de l’oral de chimie est un exemple, il a une La mère du narrateur vit pauvrement ; elle a assuré à
visée explicative, il fait comprendre que la mère a son fils que, si elle ne mange pas de viande, c’est
bien jugé son fils, elle le connaît bien. (0,5 pt) qu’elle n’aime que les légumes, et que la viande et les
11. D’après ce texte, l’auteur apparaît comme quel- graisses lui sont défendues.
qu’un de sincère. Ses relations avec sa mère sont Un jour, quittant la table, j’allai à la cuisine boire un
bonnes ; il est respectueux de sa mère et très admira- verre d’eau.
tif des efforts qu’elle fait. Il aime en revanche être Ma mère était assise sur un tabouret ; elle tenait sur
admiré par elle : « elle ne manquait jamais de m’accor- ses genoux la poêle à frire où mon bifteck avait été
der toute l’admiration que j’attendais » (l. 12-13). Par cuit. Elle en essuyait soigneusement le fond grais-
rapport à sa mère, très active, très pragmatique, seux avec des morceaux de pain qu’elle mangeait
l’auteur semble être un pur intellectuel, plus précisé- ensuite avidement et, malgré son geste rapide
ment un littéraire, peu préoccupé par les affaires quo- pour dissimuler la poêle sous la serviette, je sus sou-
tidiennes et les choses matérielles. Il ne se lance pas dain, dans un éclair, toute la vérité sur les motifs de
dans des petits travaux rémunérateurs, mais il com- son régime végétarien.
pose des poèmes (l. 14). D’autre part, il semble avoir Je demeurai là un moment, immobile, pétrifié,
du caractère et être assez fier de sa personne, ainsi il regardant avec horreur la poêle mal cachée sous la
se révèle bon orateur quand il s’agit de justifier sa serviette et le sourire inquiet, coupable, de ma
réponse à l’oral de chimie ; il se défend alors comme mère, puis j’éclatai en sanglots et m’enfuis.
un avocat défendrait un accusé. Romain Gary, La Promesse de l’aube,
© Éditions Gallimard, 1960.
L’auteur donne de lui-même adolescent une image
qui semble fidèle à la réalité, il ne cache pas ses Rédaction (15 pts)
défauts. L’auteur porte un regard amusé sur l’ado-
Pour évaluer les textes écrits par les élèves, on peut
lescent qu’il a été ; il charge donc le trait et choisit
s’appuyer sur les critères suivants :
de raconter deux épisodes montrant son assurance
– l’énonciation : le récit est à la première personne.
et sa présomption d’alors : ses tentatives littéraires
Comme dans le texte de Romain Gary, les deux sys-
bien vaines par rapport à la situation financière
tèmes de temps sont utilisés, à bon escient : avec le
désastreuse de sa mère, et son oral de chimie mon-
présent d’énonciation comme temps de base
trant son assurance hautaine de jeune homme et
(moment de l’écriture, énoncé ancré dans la situa-
son absence totale de sens pratique. (1 pt)
tion d’énonciation), et avec le passé simple comme
12. D’après ce texte, l’auteur apparaît comme temps de base (moment des faits racontés, énoncé
quelqu’un de sincère. Il ne cherche pas à cacher les coupé de la situation d’énonciation) ;
difficultés financières de sa famille, et les efforts – l’organisation du récit : le récit alterne les pas-
multiples de sa mère pour gagner un peu d’argent. sages de narration, de description et d’explication
L’auteur fait également preuve de sincérité à son afin de faciliter la compréhension de l’histoire ;
propre sujet, par exemple il ne cache pas sa naïveté – la qualité de la langue : la construction des
d’adolescent : il pense secourir sa mère en écrivant phrases et l’orthographe sont correctes ; le registre
des livres et il s’offusque de la réaction du profes- de langue est courant et le vocabulaire précis et
seur lors de son oral de chimie. L’auteur ne dissi- adéquat (vocabulaire spécialisé en relation avec
mule pas non plus au lecteur les défauts de son l’activité en question) ;
caractère, par exemple le fait qu’il ait été un adoles- – l’effet produit : le lecteur comprend bien l’enchaîne-
cent présomptueux, très sûr de lui : « Je lui jetai un ment des événements et comprend bien, également,
regard hautain » (l. 26). Il avoue qu’il aime attirer si le narrateur est doué ou non pour l’activité choisie.
EXEMPLE 1
1 2 3 4 5
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION LANGUE
Le mode indicatif, Dans la forêt, ÉCRITE ÉCRITE L’énonciation (1) :
leçon 10, p. 304 p. 191 Ex. 22, p. 193, Suite de la leçon 32, p. 374
préparation, séance 3 :
Semaine 1
début amélioration
du brouillon du brouillon,
mise au propre,
ramassage
des copies
6 7 8 9
LECTURE LANGUE LECTURE LANGUE
Semaine 2 Une entreprise La modalisation, Mon père et moi, Révision des
qui n’eut jamais leçon 34, p. 378 p. 196 leçons 10, 32, 34
d’exemple, p. 194
10 11 12 13 14
Bilan Bilan de la EXPRESSION LANGUE Compte rendu
de la séquence : séquence : ÉCRITE L’accord et correction
Vers le brevet, Vers le brevet, Suite des du participe passé, du bilan
Semaine 3 p. 214, questions, p. 214, suite : séances 3 et 4 : leçon 46, p. 420,
réécriture rédaction compte rendu exercices
et correction
de l’ex. 22,
p. 193
EXEMPLE 2
1 2 3 4
Les sensations Un regard Raconter une Rapporter
et l’affectivité, douloureux : expérience une expérience
leçon 5, p. 294 Je suis libre, personnelle, personnelle,
Se
p. 198 p. 208 : ex. 10 p. 212, ex. 2
ou 11 ou 12 ou 3 ou 4,
Semaine 1
ou 13, p. 211, p. 213, mise en
préparation, route, indication
début du à chaque élève
brouillon, finir de la date
brouillon pour de sa prestation
la séance 7
5 6 7 8 9
Le mode Un regard Suite de la Suite de la Suite des
indicatif, heureux : séance 3 : séance 4 : séances 4 et 8 :
leçon 10, p. 304 Un épouvantail, amélioration prestations prestations
Semaine 2
p. 200 du brouillon, de 6 élèves de 6 autres élèves
mise au propre, Suite de la
ramassage séance 5 :
des copies exercices
10 11 12 13
Le mode La question Suite des Suite des
subjonctif, de la vocation : séances 3 et 7 : séances 4, 8, 9 :
leçon 12, p. 312 Le jeune créateur, compte rendu et prestations de
Semaine 3
p. 202 correction de 6 autres élèves,
l’ex. 10 ou 11 ou suite de la
12 ou 13, p. 211 séance 10 :
exercices
14 15 16 17 18
Bilan de la Bilan de la Étude d’images : Suite des séances Compte rendu
séquence : séquence : suite, Autoportraits, 4, 8, 9, 13 : et correction du
Semaine 4 Vers le brevet, Vers le brevet, p. 206 prestations de bilan, suite des
p. 214, p. 214, 6 autres élèves séances 4, 8, 9,
questions, rédaction 13, 17 : les
réécriture 2 élèves restants
SÉQUENCE 9
Témoignages et mémoires
Objectifs et contenus
En précisant « Autobiographie et/ou Mémoires » témoignage est à la fois suffisamment personnel,
dans la partie Approche des genres, le programme précis et engagé pour permettre une comparaison
laisse une grande latitude pour traiter ces deux fructueuse.
genres nouveaux pour les élèves. Les séquences 8
et 9 pourront donc être mises en œuvre de Les activités d’expression
diverses manières selon les années et les classes La partie « S’exprimer à l’écrit » traite du point
dont on a la charge : soit l’une des séquences, soit qui, dans la partie Textes à écrire du programme,
l’autre, ou un peu de l’une et un peu de l’autre est spécifié de la sorte : « un témoignage : relater un
pour permettre aux élèves de confronter et événement et exprimer sa réaction ». De même,
différencier les deux genres en question, etc. « S’exprimer à l’oral » fera travailler les élèves sur
L’essentiel est que les élèves aient lu et pratiqué les la « pratique du récit oral (témoignage, récit d’une
écrits où domine un « je » qui ne soit pas fictif. expérience personnelle) », exercice spécifié dans la
Dans ce vaste domaine des textes où le « je » partie Textes à dire du programme. L’idée de
renvoie à une personne réelle et en tant que telle, témoignage permet donc de construire une
il convient de distinguer clairement les œuvres qui séquence particulièrement cohérente, d’une fidé-
privilégient le regard de l’auteur sur lui-même, lité totale à l’esprit et à la lettre du programme.
donc l’autobiographie, et celles qui privilégient le
regard de l’auteur sur le monde, et par consé- Les outils de langue
quent toutes les formes de témoignages et notam- Les leçons de langue qui peuvent accompagner
ment les Mémoires. Sur cette distinction, on se une telle séquence sont diverses. Nous avons
reportera à l’introduction à la séquence 8, p. 171. choisi de mettre en avant des outils de langue qui
équilibrent grammaire de phrase et grammaire
L’étude de textes et d’images de texte :
Pour l’étude de textes, la présente séquence ras- – la leçon 21 (« Les phrases, 2 »), pour que les
semble plusieurs genres qui ont tous en commun élèves mettent mieux en pratique la juxtaposition,
le fait de porter un témoignage : reportage, récit la coordination et la subordination ;
de voyage, récit de formation, notes personnelles, – la leçon 31 (« L’organisation des textes, 2 »),
journal intime, Mémoires. Ce dernier genre peut permettant de bien connaître et utiliser les mots
se définir de la sorte : « relation écrite qu’une per- de liaison et les mots de reprise ;
sonne fait des événements auxquels elle a participé – la leçon 35 (« Les effets dans le texte »), afin
ou dont elle a été témoin » (Le Petit Robert). Ou : qu’une bonne maîtrise des procédés de mise en
« récit où une personne consigne des faits qu’elle relief et des figures de style soit assurée.
considère comme dignes d’être notés ou comme Comme les textes qui visent à témoigner sont
nécessaires à un témoignage ou à une justification » surtout narratifs, tout ce qui concerne le récit peut
(Le Dictionnaire du Littéraire). Cette dernière défini- également être convoqué ou révisé à l’occasion de
tion présente l’avantage de relier les Mémoires à cette séquence.
l’idée de témoignage, qui constitue la base de
cette séquence : « témoignage : déclaration de ce
qu’on a vu, entendu, perçu servant à l’établissement
de la vérité » (Le Petit Robert). Références bibliographiques
L’étude d’images porte sur la comparaison de – L’Écriture de soi, Textes et documents pour la
deux tableaux de la même époque et traitant le classe, n° 884, 15-30 novembre 2004, SCEREN/
même thème historique, mais avec une visée très CNDP, 2004. Ce numéro, qui traite l’écriture de
différente. Il y a bien témoignage, car les deux soi sous toutes ses formes et dans tous les genres,
artistes ont été contemporains et certainement contient des éléments utiles pour la présente
spectateurs des scènes qu’ils ont peintes, et ce séquence.
Document d’entrée
Plusieurs documents pourraient être retenus pour 11 novembre 1989 a diffusé un reportage de
montrer d’emblée la teneur et l’enjeu de la présente Philippe Rochot (disponible sur www.ina.fr)
séquence. Nous avons choisi cette célèbre photogra- montrant d’abord les files d’Allemands attendant
phie parce qu’elle est un témoignage et qu’elle peut patiemment de pouvoir franchir le mur car seuls
surprendre : le violoncelle, instrument de musique quelques passages sont ouverts, puis Rostropovitch
d’intérieur, est ici joué à l’extérieur, il est rare de voir s’installant devant le mur et jouant. En fait, il n’est
un violoncelliste comme musicien de rue, et, plus pas seul : face à lui, beaucoup de personnes font
encore, seul devant un mur tagué dans une zone cercle pour l’écouter.
urbaine peu reluisante. Cette photographie porte un
2. An centre de la photo on voit Mstislav Rostro-
témoignage fort : le plus célèbre violoncelliste du povitch, célèbre violoncelliste et chef d’orchestre
monde a joué ainsi un jour, pour accompagner russe (1927-2007). Ce virtuose a eu une carrière
un événement exceptionnel. Cette photographie internationale. Il fut aussi l’ami de « dissidents »,
témoigne aussi d’une association, celle entre c’est-à-dire d’opposants au régime soviétique.
musique et politique (art et politique) plutôt Ayant voulu défendre la liberté d’expression, il fut
inattendue. empêché de poursuivre sa carrière en URSS et
obtint un visa pour quitter le pays. Il fut contraint à
Réponses aux questions l’exil et déchu de la nationalité soviétique. Il conti-
1. La scène représentée se passe le 11 novembre nua sa carrière à l’étranger, notamment en France
1989, en milieu de journée, devant le mur de Ber- et aux États-Unis, où il s’installa.
lin, côté ouest, à Check Point Charly, qui était le La relation entre ce personnage et cet événement
lieu de passage d’un côté du mur à l’autre. est très forte : Rostropovitch, artiste engagé pour
Ce mur avait été construit en 1961 pour séparer la liberté, connaissait bien l’oppression soviétique
Berlin est de Berlin ouest. Il séparait les Allemands puisque ses amis et lui-même l’avaient subie. Il est
de l’Est (vivant sous un régime communiste) et venu à Berlin au début de la chute du mur afin de
ceux de l’Ouest. Pour les Allemands de l’Est manifester son espoir et sa joie devant la liberté
franchir le mur – « passer à l’Ouest » – était inter- retrouvée et il le fait à sa manière, en jouant du
dit. Les soldats qui gardaient le mur (les « vopos ») violoncelle sur les lieux mêmes où se produit
devaient abattre les fugitifs. Mais en novembre l’événement. Grâce à la musique il fait partager
1989 la pression populaire se fait très forte et des son émotion. Peut-être doit-on voir aussi dans son
Allemands de l’Est passent à l’Ouest sans qu’il y ait geste l’hommage de l’exilé à la mémoire de ceux
des représailles. La foule se met alors à casser le qui ont été opprimés par le régime communiste
mur, symbole de la séparation. C’est ce qu’on ou qui sont morts pour avoir voulu franchir le mur.
appelle la « chute du mur », qui commence le Remarque : le programme d’histoire de 3e aborde
9 novembre 1989, et constitue un moment le sujet de la chute du mur. Un travail en liaison
avec le professeur d’histoire de la classe peut donc
historique : cette « chute » marque la fin du
être organisé. Des parties de mur de Berlin sont
régime communiste à l’Est et précède la réunifica-
exposées au Mémorial de Caen.
tion de l’Allemagne, en 1990.
Le moment représenté est exceptionnel : un des 3. Le photographe témoigne d’un fait qui s’est
plus célèbres musiciens du monde joue devant le produit en marge de l’événement historique
mur de Berlin. La scène photographiée se passe au constitué par la chute du mur de Berlin. C’est un
tout début de l’ouverture du mur, alors que celui- moment exceptionnel car le mur n’est plus un
ci n’est pas encore détruit mais que des brèches y obstacle infranchissable : les Allemands vont
sont pratiquées. Le journal télévisé d’Antenne 2 du pouvoir se retrouver, se réunir ; la liberté de circuler
est rétablie ainsi que la liberté de s’exprimer. Un Sa présence en ce lieu à ce moment-là n’en a que
grand artiste mondialement connu a voulu, de plus de force et de sens. Le photographe a témoi-
manière inattendue, jouer de la musique devant gné d’un événement étonnant, imprévisible
le mur, pour rendre tangible le bouleversement quelques jours plus tôt, et cette image est devenue
qui a lieu. Ce grand musicien est aussi un homme un symbole, celui de la victoire de la liberté contre
qui a souffert en Union soviétique et a dû attendre l’oppression, de l’art contre la barbarie.
longtemps l’ébranlement du régime communiste.
d’un témoignage sur le vif, ce qui, dans le texte contre de telles pratiques. Il y a donc une visée
qui nous occupe, rend plus intense l’indignation argumentative, implicite, qui repose sur de la
du lecteur. persuasion, un appel aux sentiments tels que
l’indignation, le dégoût.
5/a. De la ligne 41 à la ligne 51 on trouve douze
phrases, plutôt courtes. 7. Si le narrateur raconte longuement le moment
b. Les phrases simples sont les plus nombreuses. où les éléphants viennent boire (l. 41-51), c’est
On en compte huit. On les trouve aux lignes 41-42 également dans une visée argumentative. Le
depuis « Un troupeau » jusqu’à « taille imposante », lecteur assiste ainsi à une scène paisible où les
aux lignes 42-43 depuis « Tous » jusqu’à éléphants sont montrés comme des créatures
« aux aguets », à la ligne 43 avec « La femelle bonnes et pacifiques. Le narrateur va jusqu’à
pousse un éléphanteau devant elle », aux lignes 43- mettre en valeur les jeux des éléphanteaux ou la
44 depuis « Après avoir » jusqu’à « vers l’eau », « réticence » d’un petit à entrer dans l’eau (l. 44),
aux lignes 44-45 depuis « À sa suite » jusqu’à qui le rend si proche d’un petit humain ; ainsi les
« la pente », aux lignes 45-46 depuis « Les premiers » éléphants sont émouvants, dignes d’admiration et
jusqu’à « troupeau », aux lignes 47-48 depuis de respect. Cette scène charmante met encore plus
« Les adultes » jusqu’à « sable chaud », à la ligne 51 en relief la cruauté des braconniers. Ce moment de
« Quatre minutes plus tard, il a disparu ». détente et de plaisir pour les éléphants paraît d’au-
On dénombre quatre phrases complexes : à la tant plus précieux quand on sait que leur vie est
ligne 41 depuis « Enfin » jusqu’à « se produit », aux menacée, ce dont nous sommes informés dès le
lignes 46-47 depuis « Leur soif » jusqu’à « l’autre », début du texte. L’auteur montre à ses lecteurs ce qui
aux lignes 48-49 depuis « Il y a des années » doit être préservé et leur fait comprendre pourquoi.
jusqu’à « Afrique centrale », et aux lignes 49-51 8. Un parc national est un territoire où le milieu
depuis « Enfin » jusqu’à « herbes sèches ». naturel (faune, flore) est protégé des activités
Deux phrases contiennent des propositions subor- humaines ; dans celui de Zakouma, on veille
données, elles sont donc peu nombreuses. On particulièrement à la protection des éléphants. On
relève à la ligne 41 une proposition subordonnée ne doit pas y chasser et les gardes doivent
relative : « que nous attendions ». À la ligne 46, on lutter contre les braconniers qui enfreignent les
remarque une proposition participiale : « leur soif interdictions.
étanchée ». Aux lignes 48-49, le présentatif « Il y
a… que » met en relief le groupe « des années » ; il 9. Le chef des gardiens n’exprime pas ses senti-
n’y a donc pas ici, à proprement parler, de ments de manière explicite, mais le narrateur
proposition subordonnée. observe qu’il « ne desserre pas les dents » (l. 23) et
c. Le style de l’auteur est simple, clair. Les informa- sent « en lui un sombre besoin de vengeance » (l. 23).
tions données sont cependant nombreuses, Le chef des gardiens éprouve sans doute de la
notamment les notations visuelles. Mais les faits colère contre ceux qui l’ont mis en échec, d’où son
sont présentés dans l’ordre chronologique, les désir de vengeance. Les gardiens sont engagés
phrases sont en majorité courtes et simples, la dans une lutte difficile contre des braconniers,
syntaxe est limpide et le vocabulaire précis : le armés et dangereux.
texte est donc, somme toute, facile à comprendre. 10. Il est difficile de lutter contre les braconniers
Grâce à un tel style, le lecteur peut aisément ima- car « la lutte contre le braconnage n’est pas une acti-
giner les scènes dont le narrateur a été le témoin vité sans risques. Officiellement, les gardes ont le droit
et donc bien comprendre le problème exposé. Les de se défendre si les braconniers font feu. Mais, dans
phrases courtes et simples conviennent bien aux les faits, mieux vaut être le premier à tirer. […] six
reportages, surtout dans les passages narratifs et gardes sont morts […] » (l. 27-30). Ajoutons que la
descriptifs, elles favorisent l’effet d’objectivité et superficie du parc, et de ses alentours, est très
de sérieux : les choses sont dites avec un minimum grande : il est difficile de surveiller un territoire aussi
de subjectivité, sans excès de commentaire. vaste, surtout si, comme on peut le supposer, les
gardiens ne sont pas très nombreux.
6. Parmi les preuves de la cruauté du massacre,
on peut relever : « il a été criblé de balles, dont huit 11. L’auteur confie ses réactions à plusieurs
dans la tête, avant de s’effondrer » (l. 20-21), « une reprises : « Je ne peux m’empêcher de caresser le
centaine d’éléphants ont été massacrés, leur trompe corps ridé […] ni de retenir mes larmes » (l. 7-8) ;
et leurs défenses tranchées » (l. 58-59). Le narrateur « J’essaie d’être optimiste » (l. 25) ; « Il y a des années
montre cette cruauté car il veut informer sans que je n’avais pas eu le privilège d’assister à une telle
détour son lecteur, lui montrer concrètement en scène […] » (l. 48-49). On trouve aussi ses réflexions,
quoi consiste le braconnage. Il cherche ainsi à par exemple : « Les ancêtres de cet éléphant ont
émouvoir le lecteur et lui faire prendre position survécu à des siècles d’incursions […]. » (l. 13),
« Dans le parc national de Zakouma, au Tchad, la 15. Au premier plan nous voyons un éléphant
lutte contre le braconnage n’est pas une activité sans adulte suivi d’un éléphanteau et de deux autres
risques » (l. 27-28), « Pour moi, le spectacle des corps éléphants adultes. Au second plan, nous aperce-
inertes et démembrés des éléphants est aussi boule- vons d’autres éléphants formant un troupeau qui
versant que peut l’être celui des cadavres humains sur comporte des adultes et des jeunes. À l’arrière-
un champ de bataille » (l. 60-62). plan, de la végétation est visible : de l’herbe sur le
sol, et des arbres vert sombre de forme arrondie.
12. Les braconniers abattent les éléphants pour Enfin on distingue un paysage lointain, avec peut-
prendre leurs défenses afin d’obtenir de l’ivoire, être des reliefs qui se fondent dans le bleu et le
matière précieuse qu’ils revendront. L’éléphant blanc des nuages.
décrit au début du texte a été « abattu au nom de Les éléphants sont mis en valeur grâce à leur place
quelques kilos d’ivoire destinés à satisfaire la vanité dans la photographie : ils apparaissent au premier
d’hommes habitant des contrées lointaines » (l. 16-17). plan, et aussi au second, et se dégagent très nette-
Les éléphants sont victimes du trafic d’ivoire. ment du fond. Ils sont bien visibles car de couleur
plus claire que le fond, et l’on distingue les diffé-
13. Pour rendre son témoignage crédible, un
rentes teintes de leurs peaux, sombres au premier
narrateur cherche à donner des indications précises
plan, plus claires ensuite, ainsi que l’ivoire blanc de
sur les dates et les lieux. Ainsi J. Michael Fay date-il
leurs défenses. Le photographe semble avoir
ses observations : « 10 AVRIL » (l. 32), « 1er AOÛT » attendu un moment où la lumière, peu intense,
(l. 52). Le narrateur peut aussi donner les noms de filtre suffisamment à travers les nuages pour don-
personnes se trouvant avec lui, comme ici celui de ner plus de luminosité au premier et au second
Souleyman Mando, le chef des gardiens ; il apporte plans. L’éléphanteau que l’on distingue au centre
ainsi la garantie de témoins. Le narrateur peut aussi suit de près l’adulte et semble même relié à lui
rappeler qu’il a été lui-même un témoin direct des grâce à sa queue, les autres adultes arrivant juste
événements qu’il raconte. Ainsi trouve-t-on des derrière le jeune : cette façon avec laquelle les
expressions comme « Je vois moi-même » (l. 59), éléphants avancent montre l’organisation et la
montrant que la crédibilité du texte repose pour solidarité du groupe. Les éléphants sont donc ici
une grande part sur l’engagement personnel et valorisés doublement : d’une part ils sont au
sans ambiguïté du narrateur. Celui-ci doit décrire premier plan, beaux et majestueux, d’autre part
avec soin les scènes auxquelles il a assisté, donner leur attitude donne d’eux une image positive et
autant d’informations qu’il est possible, éventuelle- rassurante.
ment des détails inimaginables pour quiconque
16. Au premier plan, on voit un brasier formé par
n’aurait pas été présent, par exemple dans ce texte un amas de nombreuses défenses d’éléphants en
l’état et l’odeur des cadavres d’éléphants ou les ani- train de brûler. Les défenses sont entassées ; de très
maux visibles au bord de l’eau. Le narrateur n’hé- hautes flammes, occupant tout le centre de la
site pas à faire part de ses réactions et des réflexions photo, s’élèvent jusqu’en haut de l’image. Au
que lui inspirent les expériences vécues. On a ainsi second plan, on aperçoit une foule venue sans
la conviction que son témoignage est authentique. doute en spectateurs. Sur la gauche, on voit un
14. D’après ce texte, un reportage sert surtout à camion qui a peut-être servi à apporter les défenses
informer des lecteurs. Ce genre de texte permet de jusqu’à l’endroit où elles sont brûlées. Le tout est
comme coiffé par un grand arbre au feuillage vert.
faire connaître des lieux, des événements, des
À l’arrière-plan, le ciel bleu est parsemé de
situations, à un public qui généralement les ignore.
quelques légers nuages.
Le reportage est aussi l’occasion d’expliquer les
Les défenses sont brûlées pour être supprimées.
causes de certains problèmes et les moyens mis en
Elles ont été confisquées à des contrebandiers qui
place pour y remédier. Un reportage peut sensibi-
n’avaient pas le droit de les vendre. Pour montrer
liser le public au point d’amener des personnes que ce commerce est interdit, les défenses sont
à prendre position et à s’engager au service brûlées en public. On montre aux yeux de tous
d’une cause. Ainsi un lecteur du témoignage de que ce trafic est risqué, inacceptable, inutile.
J.-M. Faye peut-il prendre conscience des difficultés Le photographe a pris ce cliché pour témoigner de
rencontrées dans le parc national évoqué ou dans ce qu’il a vu et de ce qui se passe : dans le cadre de
tout autre endroit du même type en Afrique et la lutte contre la contrebande, des monceaux de
vouloir contribuer plus activement à la protection défenses d’éléphants sont brûlés. Il a estimé que le
de l’environnement et des animaux. Un reportage lieu et le moment étaient propices : nombre des
est donc un témoignage sur le monde à un instant défenses brûlées, amas des défenses qui donne à
donné, témoignage engagé, plus ou moins la scène un aspect spectaculaire, effet saisissant
explicitement. produit par la taille des flammes. Le photographe
a pris ce cliché dans une visée argumentative : aux indiquait avec précision quand il avait rencontré la
gens de monde entier il prouve l’horreur et victime. ⵑ Dans sa déclaration à la presse, le jeune
l’envergure de ce problème, et aux trafiquants il sportif n’a pas hésité à évoquer l’incident survenu
montre la vanité du braconnage. pendant la compétition.
Remarque : d’après une étude de WWF parue en
2008, le trafic d’ivoire est en progression sur le
continent africain. La Chine, le Japon et la
Thaïlande sont les principaux pays de destination.
Quelque chose de grandiose
17. Modalités. L’exercice peut être réalisé à l’écrit et de misérable p. 226
ou à l’oral. Il peut s’appuyer sur la lecture de
magazines ou revues présentant des reportages.
Dans cette séquence consacrée aux textes portant
Quelques suggestions :
explicitement témoignage, la présence d’un récit de
– les reportages rendent compte de réalités que le
voyage s’impose. Cet extrait a été retenu pour la force
public ignore. Qu’ils se rapportent à l’étranger ou
du témoignage et pour l’effort d’objectivité (seules
dans notre pays, ils nous permettent de prendre
les lignes 11 à 13 laissent clairement paraître la
connaissance de faits qui sinon resteraient
subjectivité du narrateur). On notera l’abondance et
certainement inconnus ;
la précision des descriptions, leur qualité, qui ne
– les reportages peuvent faire comprendre certains
surprend pas quand on se rappelle que le narrateur
phénomènes géographiques, historiques, sociaux,
est un cinéaste.
etc., ou des points de vue différents sur un même
Le texte écho apporte un témoignage plus ouverte-
sujet. Un reportage en Afrique peut par exemple
ment engagé, sur la même situation. On comprendra
faire comprendre pourquoi certains quittent leur
que la situation des enfants en Inde n’a pas évolué en
pays, au péril de leur vie ;
un demi-siècle…
– certains reportages poussent à agir : un
reportage sur la misère en Haïti incitera à soutenir
Réponses aux questions
des organisations humanitaires, un reportage sur
les effets du réchauffement climatique favorisera 1. L’auteur est Pier Paolo Pasolini, c’est le nom
des comportements plus respectueux de l’envi- indiqué à la suite du texte. On comprend que le
ronnement… narrateur est aussi Pier Paolo Pasolini en faisant le
On pourra évoquer la question de la liberté de la rapprochement entre le texte et les indications bio-
presse. Les journalistes et reporters se heurtent graphiques données dans la notice située dans la
parfois à bien des difficultés pour réaliser leurs marge. Il est indiqué en effet que le cinéaste a
reportages, ceux-ci se révèlent même parfois effectué en 1961 un voyage en Inde qu’il a raconté
impossibles : les pays de régime autoritaire interdi- dans L’Odeur de l’Inde, publié en 1962.
sent ou limitent l’accès à leur pays ou à certaines 2. Le pronom personnel « ils » se rapporte aux
régions ; certains reporters prennent alors des « autres, leurs amis » (l. 1), c’est-à-dire aux compa-
risques pour se rendre clandestinement sur les gnons de Sardar et Sundar, les deux jeunes Indiens
lieux et informer le public. qui ont quitté le groupe pour s’approcher du
18. Modalités. Cet exercice écrit fait de l’élève un narrateur. Le pronom « ils », repris quatre fois en
reporter. On lui conseille de s’appuyer sur au moins trois phrases, se trouve placé toujours en début de
un ou deux faits bien concrets (ne serait-ce qu’un proposition. Le narrateur d’abord demande à
événement vu à la télévision) pour construire un Sardar et Sundar ce qu’« ils sont en train de faire »
reportage détaillé et précis. On insiste sur le sérieux (l. 4) avant de répéter « ils mangent » (l. 4, l. 5).
du témoignage, gage de la crédibilité qu’on Ce procédé s’appelle une anaphore puisqu’il y a
accordera à celui-ci : date des faits, description des répétition de ce groupe verbal à la même place
lieux, des personnages, etc. (début de proposition ou de phrase). Le rappel par
le pronom personnel « ils » souligne l’anonymat
des amis de Sardar et Sundar ; contrairement aux
deux garçons, les autres jeunes vont rester des
LA VIE DES MOTS inconnus pour le narrateur. D’un autre côté, la
a. Les cinq synonymes de « témoigner » sont : reprise de ce pronom souligne l’importance de ce
certifier, déposer, attester, prouver, déclarer. groupe pour le narrateur car ils représentent un
b. Les noms correspondant à ces verbes sont monde inconnu qui l’attire, qu’il veut connaître,
certification, déposition, attestation, approbation, comprendre. En les regardant, Pasolini réalise en
déclaration. quoi consiste l’ordinaire d’un repas du soir pour de
L’agent a noté la déposition d’un témoin qui nombreux jeunes gens à Bombay.
3/a. Le connecteur logique qui marque la liaison 5. Ce que voit le narrateur est présenté comme
entre les deux phrases est la conjonction de coordi- quelque chose d’ordinaire en Inde. Bien qu’il se
nation « mais ». Elle introduit un rapport logique trouve ce soir-là dans « la partie moderne, centrale
d’opposition (on peut accepter de concession) de la ville » (l. 11-12), il voit des rues vides et silen-
entre les deux phrases. cieuses et des signes précurseurs qui révèlent la
b. D’après ce paragraphe, on peut accepter tout présence d’une certaine pauvreté. C’est la double
adjectif évoquant la sympathie que les deux face de ce pays où il voyage : « la corruption des
garçons témoignent au narrateur, par exemple : pierres, des volets, des bois évoque un vieux village »
hospitaliers, accueillants, curieux. En effet, les deux (l. 12-13). Pasolini est sûrement le seul Européen
garçons s’approchent du narrateur d’une manière présent cette nuit-là, et il se heurte à quelque chose
simple, ils l’accompagnent dans sa promenade, d’inconnu pour lui, une situation qui lui paraît
ils répondent à ses questions. D’autre part, si on révéler un des traits caractéristiques de ce pays qu’il
choisit de les qualifier par rapport à leur groupe, découvre, une vérité qui se dévoile et le surprend.
on peut choisir des mots comme complices ou soli- Le narrateur crée un effet d’attente en utilisant les
daires car, s’ils se détachent pour aller au-devant points de suspension (« et là… ») et en indiquant
du narrateur, ils ne sont pas dupes, ce n’est qu’une son ressenti « … je me trouve face à l’un des faits
situation provisoire : « avec un sourire qui veut dire les plus impressionnants de l’Inde » (l. 15). Ce
qu’eux aussi, ils agissent ainsi et que, si je n’étais pas n’est qu’après de telles notations qu’il dévoile ce
là, ils partageraient ce repas, en ce moment même » qui l’a frappé, à savoir la multitude qui vit dans
(l. 7-9). la rue, et investit les trottoirs la nuit pour y dormir :
« Ils sont étendus à terre, contre les colonnes,
4/a. Les mots désignant les personnages, Sardar les murs, les chambranles de portes » (l. 16-17). Le
et Sundar, sont mis en relief en étant placés en tête narrateur organise ainsi son récit parce que la vie
de phrase et de paragraphe. Ils sont, de plus, valo- dans la rue, ordinaire en Inde, est un spectacle
risés en étant repris par le pronom personnel « eux » frappant.
associé à un adverbe « aussi » ; ces mots sont mis
en relief doublement, d’abord par détachement 6/a. – Indication concernant l’habitat : on choisira
à la suite des deux points, puis par reprise du parmi « corruption des pierres, des volets, des bois »
pronom « ils ». Les noms Sardar et Sundar et les (l. 12), « Presque toutes les maisons qui s’écroulent »
pronoms qui les rappellent sont sujets de tous les (l. 14), « petit porche » (l. 14).
verbes de la phrase, on peut parler ici d’une – Indication concernant la nourriture : « ils
anaphore produisant un effet d’insistance. mangent le pudding, les restes du dîner de l’hôtel »
b. La mise en valeur de ces noms à cet endroit du (l. 4-5).
récit souligne l’appartenance des deux person- – Indication concernant la façon de vivre : on
nages au groupe. Le glissement depuis leurs pré- choisira parmi « étendus à terre » (l. 16), « leurs
noms jusqu’au « ils » final, anonyme, annonce que chiffons les enveloppent » (l. 17 -18), « ils dorment
les deux personnages vont se fondre de nouveau recroquevillés ou sur le dos » (l. 21).
dans leur groupe, le réintégrer ; leur promenade b. Ces indications montrent que l’auteur insiste
avec le narrateur était éphémère : « eux aussi, dans sur le mauvais entretien, la pauvreté, la misère
peu de temps, ils dormiront ainsi » (l. 28). Le pour l’habitat, la nourriture et la façon de vivre.
narrateur n’a donc pas eu affaire à des enfants Les gens vivent dans un grand dénuement : ils
privilégiés, mais à de véritables petits pauvres : n’ont pas de maison, vivent de restes, dorment
son témoignage est donc vécu, et tout à fait dans la rue, et semblent ne posséder qu’un unique
intéressant. drap sale pour s’envelopper la nuit.
Cette mise en valeur souligne l’importance de ces 7. Le narrateur met l’accent sur le grand nombre
deux enfants dans cet épisode du voyage, et par de gens en répétant qu’ils occupent l’ensemble des
conséquent dans le récit qui en est fait. Sardar et espaces disponibles (« tous les ») et en employant le
Sundar ont été essentiels pour le narrateur, en tout verbe « regorger » qui indique la surabondance, le
cas pour pouvoir évoquer Bombay et la vraie vie débordement : « Tous les porches, tous les trottoirs
de la ville. C’est grâce à ces deux enfants que le regorgent de dormeurs. » (l. 16). Ce n’est plus seule-
narrateur n’est pas resté dans la position du ment un groupe de jeunes hommes pauvres,
touriste toujours un peu « voyeur », ou qui voit vivant de restes, comme celui auquel appartien-
sans comprendre. Sardar et Sundar ont joué un nent Sardar et Sundar, il s’agit de familles entières :
rôle de « passeur » entre lui et les gens de la rue, « jeunes gens, adolescents, vieillards, femmes avec
un rôle d’intermédiaires et l’ont ainsi initié à l’Inde, leurs enfants » (l. 20).
lui permettant de voir une réalité qui doit Le narrateur est frappé par le silence. Le mot
échapper souvent aux autres étrangers. « silence » est d’ailleurs présent dans tout le texte
et apparaît associé à l’entière promenade du feste de l’empathie lorsqu’il nous montre la misère
narrateur : les amis de Sardar et Sundar « se dépla- nocturne sans tomber dans le misérabilisme.
cent en silence », « mangent en silence », les rues Il est difficile de parler des qualités du narrateur sur
sont « perdues dans leur silence poussiéreux, sec, le plan moral car il évoque à peine sa personne et
sale » (l. 10-11) ; les centaines de dormeurs ont un ne se permet aucun jugement moral sur ceux qu’il
sommeil « si profond qu’ils ressemblent à des morts observe ou sur ceux qu’il côtoie : Sardar et Sundar.
dans leur suaire déchiré, fétide » (l. 19) ; les jeunes Néanmoins, lorsqu’il montre la misère, il est
garçons encore éveillés « conversent à mi-voix » évident qu’il dénonce d’une manière implicite cet
(l. 22-23) puis, quand ils s’endorment à leur tour, état de fait.
« La rue est tout entière saisie dans leur silence ; et Les qualités intellectuelles dont fait preuve le
leur sommeil est pareil à la mort, mais à une mort qui narrateur sont plus évidentes : il se montre, en
serait, à son tour, aussi douce qu’un sommeil » effet, observateur, curieux, mais il conserve réserve
(l. 25-26). et pudeur. Il est intéressé, désireux de comprendre
Le rapprochement de la foule et du silence produit et d’expliquer ; il semble souvent être à la
une surprise, un contraste. Ce silence est en effet recherche d’une parole, d’une vérité qui lui
d’autant plus étonnant qu’il est lié à des groupes explique ce qu’il voit. Quand il observe un com-
humains importants, et l’absence de bruit semble portement qui le frappe, il l’analyse, le synthétise.
paradoxale. De plus, vers la fin du texte, l’auteur Ainsi les rues ont-elles « quelque chose de grandiose
souligne la parenté du silence avec la mort, on et de misérable » (l. 11), ainsi le silence est-il omni-
pense à l’expression « un silence de mort ». L’effet présent malgré la foule, et ces êtres si dépourvus
produit pour le lecteur est funèbre, il ne peut être de tout agissent « avec la mesure raisonnée et la
que touché par les conditions misérables réservées douceur des hindous » (l. 6).
aux pauvres, la mort semble déjà présente dans 10. D’après cet exemple, la lecture de récits de
leur vie, et l’on peut supposer qu’une telle situa- voyage présente de nombreux intérêts. Les récits
tion amène beaucoup d’entre eux à connaître une de voyage font se déplacer les héros dans l’espace
mort précoce. et dans le temps, et nous avons plaisir à les suivre
au fil de leurs découvertes. Ces récits offrent un
8. Pier Paolo Pasolini a visité l’Inde il y a près d’un
témoignage unique, c’est-à-dire qu’ils nous font
demi-siècle et ce témoignage nous apprend qu’une
voir, entendre, comprendre une partie du monde à
grande misère existait en Inde dans les années 1960.
travers le récit d’un voyageur particulier, dans un
La pauvreté était partout visible et, la nuit, les
lieu et une époque bien précis. Souvent, les récits
miséreux envahissaient les trottoirs des grandes villes.
de voyage, qui résistent au temps, ont été écrits par
Ils ne semblent pas seulement pauvres, ils semblent
des êtres exceptionnels dont le regard compte au
ne rien posséder et cette condition est le lot de
moins autant que le lieu du voyage. Enfin, ce genre
familles entières. C’est aussi dans les années 1960
littéraire est intéressant sur le plan géographique,
que Mère Térésa est devenue célèbre par son action
historique, culturel mais aussi sur le plan humain
dans les bidonvilles de Calcutta.
car il permet au lecteur de partager des rencontres
Remarque : si la pauvreté est toujours présente en
lointaines et des expériences qu’il ne pourrait réali-
Inde, si les bidonvilles de Bombay sont immenses,
ser. De plus, en lisant des récits de voyage enrichis
néanmoins la situation a beaucoup changé depuis
de réflexions, le lecteur est amené à réviser ou au
les années 1960. Bombay évoqué dans le texte est
moins à limiter nombre de clichés et de préjugés
le port principal de l’Inde et le plus grand centre
qui circulent sur les autres pays que le sien et leurs
économique du pays. On peut ajouter qu’il
habitants.
s’agit aussi d’une ville célèbre pour son cinéma,
les élèves ayant peut-être entendu parler de 11. L’angle de vue choisi par le photographe per-
Bollywood. En Inde, toute une bourgeoisie met de voir une grande partie de la rue, en largeur
moyenne s’est développée, a étudié, et ce pays et en profondeur. Il s’agit d’une vue à niveau qui
connaît une croissance économique considérable, présente un plan d’ensemble. Ces choix mettent
comparable à celle de la Chine, et l’Inde devrait en valeur non pas un petit groupe mais la foule qui
devenir une des plus grandes puissances du se lave sur une partie de la chaussée et sur le
XXIe siècle. trottoir ; ils permettent de montrer qu’il ne s’agit
pas d’une scène isolée mais qu’elle se prolonge
9. D’après ce témoignage, le narrateur fait preuve tout au long de cette rue située au cœur d’une
de diverses qualités humaines. Il sait se mettre en grande ville, Calcutta. L’impression produite est
retrait pour observer les autres, être discret, atten- une certaine surprise : c’est tout un peuple qui a
tif. Il ne se montre jamais arrogant, ce qui est un l’habitude de se laver dans la rue, et non un
reproche souvent adressé aux touristes, et il mani- individu particulier guidé par sa fantaisie.
plaisir de fortes douleurs au ventre, l’estomac noué, scène » (l. 39-40). On suppose qu’il a été progressi-
la peur en tête, envahi d’un sentiment de culpabilité vement plus sensible à la qualité des films, à la
[…] » (l. 24-25). Pourtant jamais Truffaut ne cesse maîtrise des metteurs en scène. La fondation d’un
d’aller voir des films : il aime beaucoup trop le Ciné-Club le conduit davantage à étudier les films
cinéma pour y renoncer. De plus son sentiment de et le prépare à exercer le métier de critique puis de
culpabilité finit par faire partie du plaisir procuré cinéaste.
par les films : « un sentiment de culpabilité qui ne Le premier long métrage de François Truffaut, Les
pouvait qu’ajouter aux émotions procurées par le Quatre cents coups, date de 1958 (l’auteur avait
spectacle » (l. 25-26). vingt-six ans) ; ce film eut un grand succès. Pour
4. Au début du troisième paragraphe, l’expres- ce film le cinéaste a largement puisé dans ses
sion « mes deux cents premiers films » (l. 20) est net- souvenirs d’enfance : un court passage du film
tement mise en relief. Le moyen (ou procédé) uti- montre d’ailleurs Antoine Doinel (principal per-
lisé est le détachement : le groupe qui exerce la sonnage du film) et son ami René assistant à une
fonction de complément d’objet direct du verbe ai séance de « cinéma clandestin ».
vus est placé en tête de la phrase puis rappelé 8. Le mot « cinémane » est formé d’une part de
auprès du verbe par le pronom « les » (l. 20) ; ce « ciné », abréviation de « cinéma » (lui-même abré-
groupe est séparé du reste par une virgule. viation de « cinématographe ») et d’autre part de
5. Ce que recherche avant tout l’enfant Truffaut, «-mane » qui vient du grec « mania » qui signifie
c’est l’oubli du réel de ce qui l’entoure, de sa « folie ». En français, l’élément -mane peut servir à
propre vie : il préfère le monde imaginaire du désigner des comportements pathologiques
cinéma. Dans cette optique, il recherche l’identifi- (comme celui du kleptomane) ou des passions sans
cation avec les personnages : « j’y parvenais en me danger (comme celle du mélomane). Si l’on se
rapprochant de plus en plus de l’écran pour faire abs- réfère au contexte dans lequel apparaît le mot
traction de la salle » écrit-il (l. 27-28) ; il rejette tous « cinémane », où il est dit que le cinéma « agissait
les genres qui l’empêchent de s’identifier aux per- comme une drogue » (l. 40), on peut penser que
sonnages : « je rejetais les films d’époque, les films de l’auteur considérait sa conduite comme patholo-
guerre et les westerns car ils rendaient l’identification gique ; il se sentait « dépendant » du cinéma qui
plus difficile » (l. 28-30). Ses genres préférés sont les pouvait l’entraîner dans une sorte de monde imagi-
films policiers et les films d’amour car il peut facile- naire : « les pleurs d’une actrice m’enivraient, me
ment s’identifier à certains des personnages de ces faisaient décoller et m’entraînaient plus loin que le
films : « par élimination il me restait donc les films film lui-même » (l. 44-45). L’auteur a créé ce
policiers et les films d’amour » (l. 30-31). Remar- néologisme lorsqu’il a fondé un Ciné-Club en
quons que le garçon qui doit mentir pour voir des 1947. Il voulait ainsi donner l’idée que dans son
films, qui éprouve constamment un sentiment de « Cercle » se trouvaient des personnes passionnées
culpabilité, s’identifie avec bonheur « aux person- par le cinéma. Mais à la réflexion il juge le mot
nages handicapés et plus systématiquement à tous « révélateur » (l. 41-42) de son comportement de
ceux qui se trouvaient en faute » (l. 32-33). spectateur à cette époque, « drogué » de cinéma.
6. Truffaut avoue son désir de se « rapprocher de 9. Dans cette dernière phrase, François Truffaut
plus en plus du cinéma » (l. 36). On trouve dans ces évoque son comportement de cinéphile « ciné-
propos un écho des expressions « entrer de plus en mane » qui voyait de nombreuses fois le même film :
plus intimement dans une œuvre admirée » (l. 8), « Il m’arrivait de voir le même film cinq ou six fois dans
« J’avais un grand besoin d’entrer dans les films » le même mois » (l. 42-43). Il évoque aussi la manière
(l. 27). Il n’existe pas de rupture mais une conti- dont il percevait les films : son attention ne se porte
nuité entre Truffaut spectateur passionné, qui pas sur le déroulement de l’histoire mais certains
voyait et revoyait les films jusqu’à les connaître par passages du film le transportent, il n’est plus
cœur, et Truffaut cinéaste, qui crée les images que « capable d’[en] raconter correctement le scénario »
d’autres verront mais dont il est le premier spectateur. (l. 43). On peut penser qu’« une musique », « une
7. Truffaut distingue plusieurs étapes dans sa for- poursuite dans la nuit, les pleurs d’une actrice » (l. 44)
mation de cinéaste. Dans un premier temps il a vu non seulement le bouleversent mais aussi stimulent
« beaucoup de films » (l. 37), puis il s’est intéressé à son imagination : entraîné « plus loin que le film
ceux qui les faisaient et a voulu « noter le nom du lui-même » (l. 45), peut-être commence-t-il à créer
metteur en scène en sortant de la salle » (l. 38). Il a son propre univers cinématographique et, grâce à
ensuite restreint son choix de films ; il lui fallait de multiples sources d’inspiration, devient-il
« revoir souvent les mêmes films » (l. 38 -3 9) et progressivement, sans avoir encore tourné son
« déterminer [ses] choix en fonction du metteur en premier film, cinéaste.
10. Un cinéaste réalise des films, un cinéphile est mot « anthropos » signifie « homme ». Aussi le
quelqu’un qui aime et connaît bien le cinéma. philanthrope se conduit-il avec générosité et
désintéressement pour améliorer le sort de ses
11. D’après le texte, François Truffaut est d’abord
semblables.
devenu cinéphile en voyant beaucoup de films et
b. Un kleptomane est une personne qui commet
en se rendant compte que revoir des films était
des vols de façon maladive, sans pouvoir s’en
encore plus passionnant que de les voir une seule
empêcher. ⵑ Un mélomane est une personne qui
fois, pour peu qu’il s’agisse des œuvres « admirées ».
aime passionnément la musique.
Avoir été très jeune passionné par le cinéma a
On appelle pyromane un incendiaire, quelqu’un
ensuite eu une influence déterminante sur la
qui allume des incendies, mû par une sorte
carrière de cinéaste de Truffaut. Progressivement, il
d’impulsion irrésistible.
est entré dans le monde du cinéma, mémorisant
textes et images (voir paragraphe 2), puis se
laissant entraîner « plus loin que le film lui-même »
(l. 45).
12. D’après ce texte, le cinéma a de nombreux
L’épreuve p. 230
est armé et qu’il est décidé à se défendre s’il est phrase : ce mot est en effet placé tout au début de
découvert : « La maison inhabitée où je me réfugiai la phrase et détaché par une virgule.
autorisait, à toute extrémité, une résistance armée b. Ce sont les villageois qui sortent vainqueurs de
efficace » (l. 12-13). l’affrontement. Sans arme, ils sont parvenus à faire
reculer les nazis ; ils ont réussi à sauver le narra-
4. Le narrateur réagit en chef, responsable de ses
teur, résistant célèbre et caché, ainsi que le jeune
hommes. Ainsi est-il rassuré de les savoir à l’abri, en
maçon « laissé pour mort » (l. 26).
dehors du village, sachant qu’ils lui obéiraient : « À
quelques kilomètres de là, ils suivraient mes consignes 8. Le mot de reprise « mes semblables » renvoie à
et resteraient tapis. » (l. 15-16). On peut supposer « ces êtres » (l. 30), c’est-à-dire les villageois. Ceux-
que les résistants ne sont ni assez nombreux, ni ci viennent de sauver le narrateur, de détourner
assez armés pour lutter contre les nazis présents les SS de leurs recherches. Le mot « semblables »
dans le village et que René Char veut éviter aussi de rappelle que des villageois anonymes sont tout
mettre en danger la vie des villageois. Hors du aussi dignes que le narrateur, célèbre chef résistant ;
village, les résistants à l’ennemi ne craignent rien il insiste sur la communauté humaine, fraternelle,
des nazis, qui eux sont dans le village. unie dans un même combat.
5. Le narrateur se sent d’abord rassuré en pensant 9. Les héros de cet épisode sont les habitants du
à ses hommes qui sont en dehors du village. Puis il village. Ils ont agi sans héroïsme flamboyant ni
éprouve de l’angoisse, provoquée par des coups et arme, mais selon un « plan concerté » (l. 25), avec
des injures, de la colère, de la rage à la vue du jeune intelligence, sagesse et courage. Ils ont pris un
maçon torturé : « Une rage insensée s’empara de risque mais sont parvenus à faire reculer l’occupant
moi » (l. 20). Il ressent de la honte quand il souhaite grâce à leur détermination, leur solidarité, leur
la mort du maçon. Il éprouve ensuite de la surprise audace.
quand il voit apparaître tous les villageois. Enfin 10. René Char a sûrement raconté cet épisode
il ressent vis-à-vis des villageois une grande vécu pour rendre hommage à tous les villageois
confiance : « mille fils confiants » (l. 30), et il sent de Céreste et témoigner de ce qu’il leur doit : « Je
monter en lui de l’admiration, de la gratitude, voire tenais à ces êtres par mille fils confiants dont pas un
de l’amour pour ces villageois : « J’ai aimé farouche- ne devait se rompre. » (l. 30). Ce témoignage est
ment mes semblables cette journée-là » (l. 31). une marque de reconnaissance et de fidélité, la
6/a. Le mot mis en relief est « apparut », ce verbe marque d’un souvenir indélébile. Ajoutons que
est situé en tête de phrase, d’où l’inversion du sujet : René Char a tenu à montrer la valeur exemplaire
« la marée ». L’effet produit est la surprise : le narra- d’un héroïsme discret, silencieux, et non-violent.
teur ne s’attendait pas du tout à voir revenir les En évoquant cette scène, il rappelle que les guerres
villageois. De plus ce retour est rapide, d’un même sont aussi des moments où l’être humain peut se
élan, ce que traduit le mot « jaillissant » (l. 24). montrer admirable. Tant d’histoires liées à la
Cette mise en relief de l’événement, l’apparition, Seconde Guerre mondiale révèlent les côtés
fait qu’il faut attendre la suite de la phrase pour sombres de l’être humain, les atrocités dont il est
connaître le nom de ceux qui vont sauver le narra- capable ; ce récit qui montre l’homme sous son
teur : c’est « la marée des femmes, des enfants, des plus beau jour se devait d’être écrit et donne envie
vieillards » (l. 24). La construction de la phrase met de vivre. Il prouve que l’humain peut parfois se
en valeur l’événement et produit un effet d’attente montrer bon, courageux, généreux malgré la peur
concernant les personnages. et la crainte de représailles : « Avec une prudence
b. Les mots qui se rapportent à l’eau et forment infinie, maintenant des yeux anxieux et bons
une métaphore filée : « jaillissant », « la marée », regardaient dans ma direction » (l. 28).
« ruisselant » (l. 24-25). L’effet produit est la mise 11. Ce texte est pour nous un témoignage car il
en valeur de la puissance qui se dégage de cette s’agit d’un épisode vrai évoqué très précisément
foule ; elle agit sans violence mais de manière par un témoin direct et engagé dans la résistance.
régulière, irrésistible : « Ils se hâtaient sans hâte, Celui-ci raconte comment il n’a dû sa survie le
ruisselant littéralement sur les SS, les paralysant “en 29 juin 1944 qu’à l’intervention héroïque de tous les
toute bonne foi.” » (l. 25-26). L’image de ces villa- habitants de Céreste, un village des Basses-Alpes. Ce
geois qui surgissent de toutes les rues pour se court texte témoigne que des actes héroïques ont été
rejoindre renvoie à l’image de plusieurs cours accomplis pendant la Seconde Guerre mondiale ; en
d’eau qui s’uniraient, provoquant une inondation plus d’une valeur humaine certaine, il présente donc
balayant tout sur son passage. une réelle valeur historique.
7/a. L’adjectif « furieuse » (l. 26) est mis en relief 12. Avec ce texte, nous ne nous trouvons pas
par le bouleversement de l’ordre habituel de la seulement face à un témoignage qui raconte un
épisode passionnant situé dans une période Couplets de la rue Saint-Martin et Demain,
historique difficile. Nous nous trouvons aussi face à poèmes de Robert Desnos (manuel p. 262 et 263),
un véritable chant poétique qui célèbre l’âme ainsi qu’un court texte de Geneviève de Gaulle-
humaine. Rappelons certains procédés poétiques Anthonioz (manuel p. 209).
utilisés. Il y a d’abord la précision du vocabulaire
des sentiments : « Une rage insensée […] chassa
mon angoisse » (l. 20-21). Les figures de style sont Réponses aux questions
nombreuses : métaphores, parfois filées (l. 24-25),
1. La jeune fille qui a rédigé ce texte est âgée de
personnification du village : il est « bâillonné,
quatorze ans. On peut le déduire en rapprochant
hypnotisé » (l. 2). La musique des mots est due à
d’une part la date de naissance d’Anne signalée
des répétitions de sonorités ou de mots : « ils se
dans la notice biographique en marge, et d’autre
hâtaient sans hâte » (l. 25). La diversité des phrases
part la date indiquée au début de la lettre.
sur le plan syntaxique est très grande : nombreuses
juxtapositions, emploi fréquent de la voix passive, 2/a. Quand elle écrit cette lettre, Anne mène une
etc. Ainsi peut-on constater combien le travail sur vie clandestine. Elle est cachée dans un petit appar-
la langue et l’écriture font de ce texte un poème tement, avec sa famille. La scène se passe à Amster-
d’une portée universelle qui transcende la simple dam, ville des Pays-Bas. En 1943, époque où a été
narration d’un épisode de l’Occupation : ce texte écrite cette lettre, la Seconde Guerre mondiale fait
possède une portée symbolique qui le rend rage. Les Pays-Bas sont occupés par les Nazis, qui
inoubliable. pourchassent les Juifs afin de les enfermer dans des
Remarque : on se rend d’autant mieux compte de camps où ils sont exterminés. C’est pour échapper
la portée de ce poème qu’en texte écho se trou- à un tel sort qu’Anne et sa famille se cachent.
vent retranscrites les paroles d’un autre témoin. Le b. En rédigeant un journal intime sous forme de
témoignage de George Louis Roux est passion- lettres, Anne s’invente une amie, une confidente,
nant lui aussi et apporte des précisions que l’on ne ce qui lui permet de mieux supporter sa solitude.
trouve pas dans le texte de René Char, personne Vivant en clandestinité, elle ne peut en effet
modeste qui a tendance à s’effacer derrière les communiquer avec d’autres filles de son âge. Or
villageois. Ainsi Georges Louis Roux donne-t-il des elle a envie de communiquer, de s’exprimer, de
précisions sur la personnalité de René Char « en s’interroger sur ce qu’elle vit. De plus, la lettre est
cette occasion où joua pleinement la complicité et une forme qui se marie bien avec le caractère
l’amitié qu’il avait su créer » (texte écho, l. 11). quotidien du journal intime : une lettre peut
correspondre à un jour.
13. Modalités. Cet exercice peut être réalisé aussi
bien oralement que par écrit. Il repose sur 3. Dans le premier paragraphe, la progression va
l’imitation d’un genre et d’une situation : récit de l’intérieur vers l’extérieur. Anne commence par
témoignage d’une scène révoltante ou héroïque. évoquer sa nouvelle occupation, les dérangements
On ne recherche pas ici un témoignage précis et qu’elle a subis tout au long de la matinée. Elle
exact (comme dans le domaine de la justice, par indique ensuite ce qui se passe à l’extérieur de la
exemple), mais un texte engagé, traduisant émo- maison, c’est l’adverbe « dehors » (l. 8) qui signale
tions et sentiments. Dans l’éventuelle évaluation, ce déplacement d’intérêt. Elle rapporte ce qui se
on prendra en compte la subjectivité, et on valori- passe dans les rues avoisinantes, la ville, puis le pays
sera les textes qui ont su l’exprimer avec finesse. en entier : « chaque nuit, des centaines d’avions
survolent les Pays-Bas » (l. 15-16). Enfin elle élargit
Des choses affreuses p. 232
sa réflexion jusqu’à parler du monde entier : « c’est
toute la planète qui est en guerre » (l. 19). L’effet
produit est celui d’une ouverture sur le monde qui
La plupart des lettres du Journal d’Anne Frank
témoigne d’une grande maturité d’esprit. Anne ne
portent sur la vie familiale, quotidienne voire intime.
se limite pas à elle-même ou à sa famille, et bien
La lettre ici retenue sort de ce cadre car l’auteur y
qu’elle vive retranchée, à l’écart du monde, elle
apporte un véritable témoignage sur les événements
s’intéresse à ce qui se passe dans la ville, dans le
de son époque. La forme est fictive (la lettre), mais
pays et sur la planète, elle a bien compris les
les informations données sont, elles, bien réelles. Le
dimensions mondiales du conflit.
texte correspond tout à fait au programme d’histoire
de la classe de troisième. 4. Le passage qui va de « dehors » (l. 8) à « leur
Quelques lectures complémentaires pourront famille disparue » (l. 14) se compose de cinq
apporter d’autres éclairages sur la même période his- phrases. Le thème de la première est indiqué par
torique et parfois le même thème, notamment Dans l’adverbe « dehors » et le mot « choses », qui reste
la forêt, d’Aharon Appelfeld (p. 191 du manuel), très général : de quoi parle-t-on ? des choses qui se
passent dehors. Le propos est constitué par les « Il ne nous reste plus qu’à attendre le plus calme-
mots qui viennent après, notamment le mot ment possible la fin de ces malheurs » (l. 34-35). Elle
« affreuses » et les gens et leurs bagages. Une partie n’a pas un caractère à se laisser abattre et conserve
du propos de la phrase 1 devient le thème de la de l’espoir : « Nous sommes si égoïstes que nous
phrase 2 : bagage © affaires. Puis les trois phrases rêvons à de nouveaux habits et de nouvelles chaus-
suivantes s’organisent selon une stricte progression sures » (l. 23-24). La fin de sa lettre laisse cepen-
à thème éclaté : après le thème général « ces dant passer une trace de pessimisme : « Les juifs
pauvres gens » (dans la phrase 1), on trouve trois […] attendent, et beaucoup n’attendent que la mort.
thèmes plus précis, indiqués chacun au début » (l. 35-36).
d’une phrase : familles, enfants, femmes. Ce sont
9. C’est plutôt le mot « résignation » qui résume
essentiellement ces mots qu’il convient de relever
au mieux la fin du texte, notamment à cause de la
pour montrer la progression éclatée. L’effet produit répétition du verbe « attendre ». La révolte n’est pas
est que les « choses affreuses » concernent tout un envisageable puisqu’il faut se maintenir dans la
chacun, tout le monde est touché par les rafles et la clandestinité, le seul comportement possible, c’est
déportation. Les thèmes dans les phrases permet- d’accepter la situation sans protester.
tent même d’insister sur les plus innocents, les
moins concernés : enfants, femmes. 10. Cette lettre montre plusieurs qualités d’Anne
Frank, peu communes chez une jeune fille de son
5/a. Par exemple : « ces pauvres gens sont emme- âge. Tout d’abord un intérêt pour les autres, la
nés de force jour et nuit » (l. 9), « Des enfants qui capacité à compatir aux souffrances d’autrui
rentrent de l’école ne trouvent plus leurs parents. » malgré sa propre situation, ses propres angoisses :
(l. 12). « Dehors, il se passe des choses affreuses, ces pauvres
b. Anne peut avoir connaissance des autres événe- gens sont emmenés de force jour et nuit […]. Les
ments par des personnes avec qui sa famille reste familles sont écartelées […] Des enfants rentrent de
en contact et qui, non juives, peuvent continuer à l’école et ne trouvent plus leurs parents. […] Les
vivre normalement, à l’extérieur. Elle peut aussi chrétiens néerlandais vivent dans l’angoisse eux aussi
avoir connaissance de ces événements par un […] » (l. 8-14). Elle montre beaucoup de sensibilité
poste de radio clandestin. et sait raconter et décrire avec acuité situations et
6. Le groupe nominal « toute la planète » (l. 19) sentiments sans omettre les détails concrets
est mis en relief ; le moyen est le présentatif comme par exemple : « sans autre bagage qu’un
« c’est… qui ». Cette mise en valeur porte sur un sac à dos et un peu d’argent » (l. 9-10). Elle est
lieu très vaste. Avec ce procédé, le narrateur insiste observatrice et son témoignage est précis tout en
sur l’ampleur du conflit et montre que chacun est étant émouvant : « Les enfants ici se promènent avec
affecté par la guerre devenue mondiale. pour tout vêtement une blouse légère et des sabots
aux pieds, sans manteau, sans bonnet, sans chaus-
7. D’après ce témoignage, les gens souffrent sette, sans personne pour les aider » (l. 27-29). Anne
surtout des rafles, donc de la privation de liberté Frank se montre aussi capable de supporter sans se
(faits rapportés dans le premier paragraphe) ; ils plaindre sa vie cachée et d’apprécier l’abri dont elle
souffrent aussi du manque de vêtements et de et sa famille disposent : « Et nous, nous nous en
nourriture (paragraphe 3), ce qu’Anne désigne par tirons bien, mieux même que des milliers d’autres
le mot « misère » (l. 33). gens, nous sommes encore en sécurité […] »
8/a. Dans ce témoignage, la plus grande place est (l. 21-22). Elle peut même porter un regard critique
occupée par ce qui arrive aux autres : « des femmes sur les habitants de « l’Annexe » dont elle fait
qui sont allées faire leurs courses trouvent à leur retour partie : « Nous sommes si égoïstes que nous parlons
leur maison sous scellés » (l. 12-14). Anne ne parle “d’après la guerre”, que nous rêvons à de nouveaux
véritablement d’elle-même que dans les deux habits et de nouvelles chaussures, alors que nous
devrions mettre chaque sou de côté pour aider les
premières phrases : « je n’ai pu terminer ce que
autres gens après la guerre […] » (l. 23-26) ; cette
j’avais commencé » (l. 3-4).
dernière phrase révèle surtout l’aspect altruiste de
b. D’après cette lettre, cette jeune fille apparaît
sa personnalité. Enfin elle se montre patiente et
comme vive, curieuse, intéressée par les affaires du
résignée : « Il ne nous reste plus qu’à attendre le plus
monde : « à chaque heure qui passe, des centaines,
calmement possible la fin de ces malheurs » (l. 34-35).
voire des milliers de gens, tombent en Russie et en
Afrique » (l. 17-18). Elle est sensible au malheur 11. Anne raconte ces faits pour témoigner,
des autres, et à leurs souffrances ; quant à elle, elle même si elle n’a pas d’idée très nette sur l’utilisa-
estime qu’elle a de la chance : « nous nous en tirons tion qu’elle fera de son journal intime. Elle veut
bien […], nous vivons tranquilles » (l. 21-22). Elle envoyer un témoignage sur la situation qu’elle vit,
fait preuve de lucidité et de patience, sans révolte : à son amie fictive Kitty. Elle veut lui faire
comprendre la misère morale et physique des gens 2/ a. Les personnages présents sont Chateau-
pendant la guerre. briand, son guide (l. 6), « une vingtaine » de
« sauvages » (l. 10-11), et M. Violet, « maître de
12. Modalités. L’exercice peut s’effectuer à l’écrit
danse chez les sauvages » (l. 15-16).
ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse aux élèves
b. On trouve des indications sur Orphée à la page
un moment de réflexion puis on interroge plusieurs
248 du manuel et sur Rousseau à la page 194.
d’entre eux. On constate alors si les choix des
Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de
élèves se sont dispersés sur plusieurs épisodes ou
Rochambeau, est né en 1725 et est mort en 1807.
concentrés sur un ou deux passages.
Il commanda un corps de six mille hommes
13. Modalités. On procède comme pour l’exer- envoyés au secours des Américains lors de la
cice précédent. Notons que ce témoignage pour- guerre d’Indépendance (révolte des colonies
rait être utilisé par exemple pour des exposés sur la anglaises contre l’Angleterre, 1776-1783). Il réus-
vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mon- sit à faire la jonction avec le général américain
diale, sur la misère pendant cette guerre ou sur la Washington, et contribua à la prise de Yorktown
situation des Juifs pendant cette même guerre, etc. (1781).
c. Le récit est à la première personne et le narra-
14. Modalités. L’exercice repose sur une imitation teur raconte avec force détails : précisions géogra-
du texte étudié, imitation concernant la visée phiques, description détaillée des personnages,
(apporter un témoignage) et la forme (une lettre). connaissances sur la vie de M. Violet ; ce narrateur
On rappelle les caractéristiques de mise en page et semble avoir été réellement témoin de la scène
de présentation des lettres, ainsi que leurs varia- qu’il rapporte. En comparant les informations
tions possibles en fonction notamment du destina- données dans la notice biographique concernant
taire. Nous avons choisi le mot « impressionné » de l’auteur (placée en marge du texte) avec le
manière à ouvrir un large champ : surprise, admi- chapeau surmontant le texte, on peut conclure
ration, indignation, etc. que Chateaubriand, l’auteur, est effectivement le
narrateur et qu’il rapporte une scène qu’il a vue.
3. Dans le premier passage entre guillemets (l. 3
à 5), l’accumulation produit un effet d’insistance…
Introduction et de vide : à l’endroit où il se trouve, l’auteur
à la vie sauvage p. 234 estime être loin de toute marque de civilisation.
L’auteur exprime ainsi son amour de la liberté
Cet extrait des Mémoires d’outre-tombe pré- totale, son affranchissement par rapport à toutes
sente bien des avantages quand on veut faire décou- les contraintes du monde civilisé ; il ressent « une
vrir aux élèves ce que sont des Mémoires : l’épisode sorte d’ivresse d’indépendance » (l. 2). Il s’aban-
raconté est amusant, les procédés de style efficaces, donne à un grand enthousiasme puisqu’il va jus-
et surtout il est question à la fois de l’auteur lui- qu’à se permettre « des actes de volonté » (l. 6), qu’il
même (ses réactions, ses réflexions) et d’une scène à ne précise cependant pas : peut-être se met-il à
laquelle il assiste. Il rapporte celle-ci non à vrai dire chanter, courir, danser… pour laisser libre cours à
parce qu’elle va marquer une date importante dans sa joie d’être libre et indépendant. Le mot « Hélas »
sa vie, mais parce qu’elle témoigne de la présence (l. 8) indique peu après un changement subit de
française en Amérique du Nord à la fin du sentiment : c’est du désenchantement, de la
déception, l’auteur n’était pas seul, et loin de tout,
XVIIIe siècle (on donnera quelques éclaircissements
comme il l’imaginait.
aux élèves sur ce point). De plus l’épisode incite à la
réflexion sur la civilisation et les « sauvages ». 4. La rencontre avec des « sauvages » est inatten-
On peut procéder à l’étude du texte en omettant le due mais pas impossible, puisque ces contrées sont
dernier paragraphe, ce qui n’aura pas d’incidence sur habitées par des tribus d’Indiens. Ce qui est beau-
le reste. La fin de cet extrait est en effet difficile et, si coup plus inattendu, c’est la rencontre avec un
l’on désire pousser la lecture analytique jusque-là, il Français, qui est là, seul, vivant avec ces « sauvages ».
sera nécessaire d’apporter certains éléments culturels En effet rien ne rendait prévisible sa présence ici ; il
notamment sur la philosophie de Rousseau (la n’est apparemment pas à sa place, pas à un endroit
question 1/b. va en ce sens). où on pouvait l’attendre.
5. Le passage « Tout à coup je viens m’énaser […]
Réponses aux questions
ces Iroquois » (l. 9 à 15) s’organise selon une
1. La scène se situe en Amérique du Nord, plus progression linéaire. Ainsi le propos de la première
précisément au nord-est des États-Unis. Elle se phrase devient le thème de la deuxième : un
passe en 1791 (voir notice biographique). hangar © sous ce hangar. La progression est égale-
ment linéaire entre la deuxième et la troisième 14. L’effet produit par cette immédiate succession
phrase : le propos de la deuxième phrase devient le est un fort contraste : les « sauvages » sont plus
thème de la troisième : les premiers sauvages © ils. vrais que nature, avec entre autres « le corps demi-
En revanche le thème de la quatrième phrase, nu, les oreilles découpées » et M. Violet est habillé
– un petit Français – n’est annoncé par aucun avec le costume de l’homme civilisé du XVIIIe siècle
élément précédent. Les phrases qui suivront européen : « poudré et frisé », « jabot et manchettes
conserveront le même thème (lui © il © il) et de mousseline » (l. 13, 14). L’opposition est telle-
s’organiseront alors selon une progression à thème ment vive entre ces deux manières d’être, de
constant. Il y a donc une rupture thématique entre paraître, qu’elle produit un net effet d’humour.
la phrase se terminant par « des anneaux passés 8. Orphée est le plus célèbre poète et musicien de
dans les narines » et celle commençant par « Un la mythologie grecque (voir p. 248 du manuel). Il
petit Français ». jouait de la lyre, qui est un instrument à cordes
Cette rupture thématique produit un effet de sur- pincées. La périphrase « le nouvel Orphée » désigne
prise : ce petit Français surgit de manière tout à ici le petit Français : celui-ci est un musicien qui
fait inattendue dans le récit comme il l’a fait dans charme les Iroquois comme Orphée charmait de
la réalité. ses chants les êtres et les choses. Il y a un contraste
6/a. saisissant entre le personnage d’Orphée, célèbre,
prestigieux, nimbé de sa grandeur antique, et le
Ils (l. 10), tous (l. 11), Iroquois personnage du « petit Français » inconnu qui joue
Mots de (l. 15), ces sauvages (l. 16), « un violon de poche ». L’intention de l’auteur en choi-
reprise Américains (l. 19), hordes sauvages sissant cette périphrase est certainement d’amuser
concernant (l. 20), Iroquois (l. 25), la troupe le lecteur par le biais d’une expression ironique :
les sauvages (l. 25), une bande de démons M. Violet n’a pas la taille et l’envergure d’être un
(l. 25-26), Iroquois (l. 29). nouvel Orphée, il est en fait le contraire d’Orphée.
j’ (l. 1), je (l. 1), j’ (l. 2), j’ (l. 5), 9/a. Le mot « En effet » relie les deux propositions
je (l. 5), je (l. 8), je (l. 9), j’ (l. 10), et exprime la cause.
lui (l. 16), il (l. 19), le nouvel b. D’après cette phrase on voit que le narrateur-
Mots de
Orphée (l. 20), il (l. 22), je (l. 23), témoin rapporte des propos qui lui ont été dits, et
reprise
M. Violet (l. 23), il (l. 24), que son rôle est de les expliquer, de confirmer leur
concernant
un disciple de Rousseau (l. 27), exactitude. D’une manière générale, le narrateur-
les Français
l’ancien marmiton du général témoin se fait l’intermédiaire entre d’une part les
Rochambeau (l. 28-29), j’ (l. 30), gens qu’il a pu rencontrer, ou voir, et d’autre part
j’ (l. 30). les lecteurs.
b. – À la ligne 15, le narrateur n’emploie pas le 10. Au cours de son récit, le narrateur adopte
mot sauvages ou un pronom comme ils, eux, mais plusieurs fois un ton ironique. Au début, il exerce
il désigne les sauvages par leur nom de peuple, les son ironie vis-à-vis de lui-même : « Et, pour essayer
« Iroquois ». Il montre ainsi une volonté d’exacti- si j’étais rétabli dans mes droits originels, je me livrais
tude et surtout il met en valeur le contraste entre à des actes de volonté qui faisaient enrager mon
une danse bien européenne (« danser Madelon guide […] » (l. 5-6), « Tout à coup je viens m’énaser
Friquet ») et un peuple bien américain (les contre un hangar. » (l. 9). Chateaubriand n’hésite
Iroquois). Ces deux éléments si éloignés dans pas à se présenter comme quelqu’un d’un peu fou,
l’espace se retrouvent l’un à côté de l’autre dans la un rêveur exalté qui vient se fracasser le nez contre
phrase, d’où un effet humoristique. un mur. Il démolit tout de suite la belle image de
– Aux lignes 28-29, le narrateur ne désigne pas le lui-même qu’il vient de dessiner.
« petit Français » par son nom (M. Violet), mais par Il présente également de manière moqueuse
la fonction qu’il exerçait auparavant : « l’ancien l’inattendu M. Violet en mélangeant des termes
marmiton du général Rochambeau ». Il fait ainsi qui font référence d’une part à la plus raffinée des
civilisations et d’autre part à la plus primitive des
mieux apparaître le caractère inattendu, insolite
vies sauvages : il était « maître de danse chez les
voire saugrenu de cette scène : une personne qui a
sauvages. On lui payait ses leçons en peau de castors
servi dans les cuisines d’un célèbre général se
et en jambons d’ours » (l. 15-17). Il continue à se
retrouve violoniste au fond d’une forêt américaine.
moquer de M. Violet en le comparant ironique-
7. Les personnages décrits sont d’une part les ment à Orphée (voir question 8).
« sauvages », d’autre part M. Violet, le « petit Les « sauvages » n’échappent pas à l’ironie de
Français ». Les deux descriptions se suivent de l’auteur : on vient de parler de « maître de danse »
manière contiguë : lignes 10 à 13, puis lignes 13 à (l. 15-16), de « beaux-arts » (l. 19), mais ces
termes mélioratifs sont vite détruits par d’autres sition (et l’entente momentanée) entre la vie « sau-
qui rétablissent la réalité, les danses ne sont que vage » d’Amérique et la vie raffinée des Européens.
des « gambades » (l. 23) et les danseurs ne font
14. Modalités. L’exercice propose une imitation
que se déchaîner dans toute leur sauvagerie : « Et
du texte de Chateaubriand : le sujet (récit d’une
toute la troupe sautait comme une bande de
scène surprenante), le ton (humour et ironie). On
démons. » (l. 25-26).
insiste sur la position du narrateur témoin : il pour-
Dans le dernier paragraphe de l’extrait, l’auteur
rait rester neutre, la consigne implique au contraire
exerce une nouvelle fois son ironie contre lui-
un narrateur témoin engagé. Pour ce qui concerne
même : « N’était-ce pas chose accablante pour un
le degré d’engagement du narrateur et les tons, on
disciple de Rousseau […] » (l. 27). Rousseau, philo-
se reportera à la page 147.
sophe du XVIIIe siècle (voir page 194 du manuel),
prônait le retour à une vie plus naturelle, soute-
LA VIE DES MOTS
nant que la civilisation avait perverti l’être humain.
Voilà que Chateaubriand, qui partageait ces idées, a. l. 10 : « les premiers sauvages » : nom commun ;
voit l’exact contraire sous ses yeux : la civilisation l. 16 « les sauvages » : nom commun ; l. 20 « les
(représentée par M. Violet) est acceptée avec joie hordes sauvages » : adjectif qualificatif ; l. 21-22
par ceux qui jusqu’alors jouissaient d’une vie des « ces messieurs sauvages » : adjectif qualificatif ou,
plus naturelles. de préférence, nom commun, si l’on suppose
l’ellipse de l’article « les » (sauvages étant alors
11. Le narrateur a « grande envie de rire » car le un nom apposé à messieurs), voir « ces dames
spectacle auquel il assiste est inattendu, rempli de sauvagesses » (l. 22) ; l. 28 « la vie sauvage » :
contrastes, ce qui fait naître le comique : M. Violet adjectif qualificatif.
a conservé son allure raffinée et ses belles manières b. un caractère sauvage : caractère de quelqu’un
parmi les sauvages les plus déchaînés. Ceux-ci se qui aime vivre à l’écart des autres, qui fuit la vie en
livrent à des sauts et des gambades bien éloignés société. ⵑ se conduire en sauvage : se conduire
des danses très réglées, très mesurées, qui étaient de manière brutale, voire grossière. ⵑ le camping
effectuées par les gens raffinés au XVIIIe siècle. Le sauvage : le camping en dehors des terrains
narrateur a aussi envie de rire par rapport à lui- prévus pour, dans la nature. ⵑ une région
même : alors qu’il se croyait loin de toute civilisa- sauvage : une région qui n’a pas été marquée par
tion à l’occidentale, voilà que cette civilisation le la présence ou l’action humaine, ou bien une
rattrape sous les allures d’un petit musicien fran- région peu accessible, peu hospitalière.
çais. Mais le narrateur est aussi humilié, car ce sont
ses idées concernant la civilisation qui sont
bafouées : alors qu’il critique la civilisation et qu’il
préconise un retour à la simplicité, il voit en face Ah ! c’est la mer ! p. 236
de lui des sauvages qui apprécient vivement
certains aspects de la civilisation, et notamment Ce passage des Mémoires de guerre de Charles
cette musique qui les enthousiasme jusqu’à de Gaulle a été retenu car il offre un témoignage his-
l’excitation. torique de premier plan. De plus, il est emblématique
de ce genre littéraire appelé Mémoires : l’auteur sou-
12. Ce texte apporte un témoignage sur la pré-
haite nous livrer un témoignage direct sur un événe-
sence de tribus indiennes (ici, les Iroquois) dans le
ment historique. C’est ce qu’il fait, en décrivant
nord-est des États-Unis. Il est également un témoi-
exactement la foule et en commentant ce qui se passe
gnage de la présence française dans ces contrées,
autour de lui, tout en parlant de sa personne et en se
ou du moins de ce qu’il en reste à cette époque-là :
plaçant dans l’Histoire. C’est bien dans cette ambi-
il prouve que cette présence peut se manifester
valence que se développe la problématique de tous
parfois de façon fort inattendue.
les Mémoires : le monde et moi, moi et le monde.
13. Le personnage représenté par l’image est un L’extrait ici étudié prend également une nette valeur
Indien de la tribu des Algonquins, qui vivait à l’est argumentative : l’auteur explique ses choix, indique
du Canada et de États-Unis. Ce dessin correspond la portée de ses actes. De plus, les Mémoires de
assez bien à la description que l’auteur fait des guerre ont été publiés en 1956, époque où le général
Indiens : « tous barbouillés comme des sorciers » de Gaulle effectuait sa « traversée du désert » poli-
(l. 11), « des plumes de corbeau sur la tête et des tique, et ce rappel, à ce moment-là, de son rôle
anneaux passés dans les narines » (l. 12-13). historique était en lui-même un acte politique. Ce
L’image fait ressortir les particularités des Indiens texte est, bien sûr, en lien direct avec le programme
d’Amérique du Nord et montre leurs grandes diffé- d’histoire de la classe de troisième ; on demandera
rences avec les Européens. C’est bien l’essentiel du préalablement aux élèves les principaux événements
texte de Chateaubriand qui est ici illustré : l’oppo- et les principales dates de la période concernée.
6. Pour le général de Gaulle, l’intérêt de rapporter quelques arbres qui bordent l’avenue. L’angle de
une telle scène est d’abord littéraire. Dans ses vue permet de voir le général de Gaulle en entier et
Mémoires de guerre, il ne pouvait pas ne pas rappor- de profil, les personnages qui l’accompagnent
ter le moment symbolique de la Libération de la apparaissent également de plain-pied et de profil.
France, ce défilé sur les Champs-Élysées. C’est un L’effet produit est la mise en valeur du personnage
récit indispensable dans une œuvre qui est de principal et de l’action : on voit le mouvement des
grande envergure. Il rappelle ainsi l’enthousiasme jambes, le cliché est pris au cours du défilé.
du peuple et donc le bon choix qu’il a fait en
lançant l’appel du 18 juin et en prenant la tête de la 9. Cette photographie est elle-même un
Résistance. Dans ce sens, le rappel d’une telle scène témoignage car elle montre le général de Gaulle en
a certainement un intérêt politique : en 1956, date train de défiler lors de la Libération de Paris. C’est
de publication de ses Mémoires de guerre, le donc un témoignage sur un événement historique
général de Gaulle a intérêt à rappeler qui il est, ce majeur. C’est également un témoignage sur le lieu
qu’il a fait, et la « fonction » qu’il a remplie, pour et l’époque : on voit le pavé de l’avenue, les arbres
peut-être encore « servir d’instrument au destin ». qui la bordent ; on distingue au fond à droite un
personnage perché sur un char blindé. On
7. Pour nous, ce texte est intéressant car c’est un
remarque les vêtements qui étaient portés par les
témoignage sur un grand moment de l’histoire de
personnages à cette époque, le costume du
France, et un témoignage de première main, c’est-
général. On voit surtout que ce défilé n’était pas
à-dire effectué par le principal personnage. Ce
texte permet aussi de mieux comprendre la sans solennité, et que la foule était nombreuse.
personnalité du général de Gaulle, sa façon de voir 10. Modalités. L’exercice peut être effectué aussi
l’événement, ses motivations. On constate aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Dans un tel récit, la préci-
que le général de Gaulle, homme militaire et sion des circonstances (lieu, moment, accompa-
politique, avait les qualités d’un écrivain, un style gnement, etc.) est primordiale pour que le lecteur
personnel. comprenne la situation et l’action. Un tel récit
8. Le cadrage et l’angle de vue privilégient les nécessite également des descriptions : décor,
personnages et l’action, et notamment le général personnages… Enfin, même si la scène est à
de Gaulle. Le cadrage montre les personnages en rapporter avec exactitude, la subjectivité n’est pas
tête du défilé, avec le général de Gaulle au premier exclue, on valorisera les textes qui feront une
rang, et au premier plan. Avec ce choix de cadrage, bonne part à l’expression des sentiments, des
l’arrière-plan laisse voir la foule sur le trottoir et émotions, des jugements personnels.
la rue ainsi que le sentiment de tristesse qui se apportées par les chemises blanches et bleues, les
dégage de la scène. Pour le tableau de Vernet, teintes en sont cependant délavées. Ainsi, le rouge
l’horizontalité permet de montrer la place et les du sang, sur le fond plus clair de la chemise, ainsi
bâtiments qui la bordent, et avec une vue plus que celui du pantalon de l’un des personnages,
large, le peintre a pu faire figurer davantage de se détachent bien et sont immédiatement percep-
personnages, et a pu montrer leurs diverses actions tibles par l’observateur du tableau. La quasi-
et positions. absence de couleurs vives contribue à l’impression
de tristesse et d’abattement que donne la scène
4. Dans le tableau de Meissonier, la barricade a représentée. La tache de sang ne peut qu’évoquer
été détruite ; on voit qu’elle était constituée de la mort. Les teintes sont plus claires dans la moitié
pavés. Derrière les corps on distingue la ligne qui inférieure du tableau qui correspond au premier
montre que les pavés ont été arrachés sur toute plan de la composition ; la rue qui se ferme au fond
une partie de la chaussée. est nettement plus sombre, elle symbolise la mort.
Dans le tableau de Vernet, la barricade est elle
aussi faite de pavés – on les voit entassés sur la 9. Quelques exemples de la volonté d’exactitude
droite et sur la gauche – mais pas exclusivement : du peintre : les vêtements déchirés et les corps sont
derrière les gros pavés formant comme un mur précisément dessinés, les postures des victimes
face aux assaillants, on distingue les roues en bois sont toutes différentes, la position des corps est
d’une charrette, qui montrent qu’elle a été renver- telle que certains semblent désarticulés… Tout ceci
sée et qu’elle est devenue partie intégrante de la permet d’imaginer la violence des combats.
barricade. Le peintre désire montrer la réalité sans qu’aucun
détail pittoresque ou surprenant ne détourne
5. Le lieu est une rue de Paris, qui a l’air banale.
l’attention de l’observateur ; l’artiste donne à voir
L’affrontement s’est déroulé dans cette rue très
ce qu’il a lui-même observé, sans en atténuer les
étroite. La perspective fait nettement apparaître
aspects les plus insoutenables, sans rien cacher de
cette étroitesse car les deux côtés de la rue sem-
l’horreur de la mort.
blent se rejoindre à l’arrière-plan. Seul les sépare un
mince filet de lumière. Les trottoirs gris, bien 10. La présence du Panthéon à l’arrière-plan
visibles d’abord au premier plan à gauche puis donne de l’importance à la scène représentée. La
à droite du tableau, soulignent l’étroitesse de proximité d’un lieu consacré aux grands hommes
cette rue. du passé magnifie le combat, souligne son impor-
Le lieu donne de l’importance à la scène représen- tance, l’inscrit dans l’Histoire. La coupole du
tée. Cette rue longue, sombre, est sans vie ; elle Panthéon est dans l’alignement du drapeau rouge
était sûrement commerçante, si l’on en juge au et du révolté brandissant une pierre : le décor est
nombre des volets clos donnant sur la rue. Ainsi le en plein accord avec l’action représentée.
regard de l’observateur se porte tout de suite sur
les pavés et les personnages étendus à terre. 11. La lumière vient du ciel, dans la partie
supérieure du tableau, face à nous. La scène est
6. Au premier plan on voit les pavés, essentiels
donc représentée avec un contre-jour : une partie
puisqu’ils ont servi d’armes et de matériau pour la
du sol est éclairée et l’on distingue les ombres des
barricade. Au second plan et au centre du tableau
personnages au premier plan. La lumière met en
se trouvent des corps étendus, une douzaine
valeur la coupole du Panthéon ainsi que les fumées
environ. Ils sont mêlés, il est difficile de les compter.
qui soulignent la violence du combat. Elle met
À l’arrière-plan, on voit la rue qui se prolonge, vide.
également en valeur les épaules et les visages de
Son étroitesse donne l’impression que ces person-
nombreux combattants. L’éclairage accentue les
nages n’avaient pas d’échappatoire possible, qu’ils
contrastes entre masses sombres et taches claires,
étaient pris au piège. comme par exemple les chemises des combat-
7. Il n’y a rien de vivant. Aucun des personnages tants. Cependant, l’ensemble de la scène est
du tableau n’est vivant. Les visages sont gris, les visible, et l’on distingue sans peine la présence des
yeux paraissent fermés mais on les distingue à soldats qui tirent sur les insurgés.
peine. On ne voit personne aux fenêtres, les volets
sont clos. Il n’y a aucun élément végétal ou animal 12. Par exemple : Un homme se distingue de
présent. L’ensemble produit une impression de tous les autres car il est juché sur la charrette, les
bras levés, il brandit un pavé qu’il s’apprête à lancer
désolation, de tristesse et d’échec.
sur les soldats. Sur la gauche, un homme tient un
8. L’artiste a choisi une palette sombre. Le marron fusil à la main et semble viser des adversaires, deux
et le gris dominent, même dans la représentation autres sont assis, armés de fusils, à l’abri sous la
du ciel. Si l’on peut noter des touches plus claires charrette renversée qui constitue une partie de la
barricade. Venant de la gauche et de la droite, des vers la lumière : son tableau est optimiste, il montre
officiers à cheval commandent les soldats, l’un de la grandeur du combat.
ceux-ci, presque au centre du tableau, semble tom-
15. On laisse un moment de réflexion aux élèves,
ber à la renverse, en levant un bras ; de façon
puis on interroge plusieurs d’entre eux. La question
presque symétrique l’un des insurgés tombe, les
peut être discutée. À vrai dire, les deux peintres
bras en croix, abattu par le soldat qui lui fait face, le
n’ont pas représenté les mêmes moments de la
fusil pointé vers lui : cet insurgé est au centre, au
révolte : il y a le cœur du combat, le triomphe de
premier plan. À droite du tableau, un homme
l’action (Vernet), il y a l’après, montré par Meisso-
debout, en chemise blanche, tend le bras horizon-
nier. Globalement, c’est Meissonier qui est ici plus
talement, il tient un pistolet, peut-être tente-t-il
réaliste, car il représente les victimes sans les
d’abattre celui qui a tiré sur son camarade… magnifier : voir les exemples présentés dans la
Plusieurs personnages sont donc mis en valeur, par réponse à la question 9.
différents moyens : ils sont bien visibles grâce à
leur place, leur position, leur attitude, leur vête- 16. Dans le tableau de Meissonier, c’est le plus
ment. Ainsi, entre autres, les hommes portant une triste aspect de la révolte qui est mis en valeur ;
chemise blanche, au premier plan à droite, et sur l’amas sordide des victimes montre que la révolte
la gauche. Et bien sûr celui qui se dresse sur la aboutit à la mort. Chez Vernet, les plus beaux
charrette, une pierre au bout des bras. aspects de la révolte sont mis en valeur, on ne voit
La révolte est présentée comme une action collec- pas de morts, tout juste peut-être un mourant (au
tive : les insurgés combattent ensemble, ils sont premier plan, à gauche) : les attitudes conqué-
unis par l’action commune et par une couleur rantes sont placées en pleine lumière, l’action
commune : la chemise blanche, chez la plupart courageuse est valorisée. Mais les tableaux mettent
d’entre eux. Aucun personnage ne semble à tous les deux la violence des combats en évidence :
l’écart, on voit même au premier plan à gauche un gestes, corps tendus et fumées chez Vernet, amas
homme qui se penche sur un autre qui est à terre, de cadavres délaissés chez Meissonier.
blessé ou mort. Même si certains combattants se 17. Meissonier semble avoir été frappé par l’issue
détachent par rapport aux autres, tel celui qui se du combat, sans illusion, et l’impression visuelle
dresse sur la charrette, leur action s’intègre à celle laissée par une rue jonchée de cadavres. Les soldats
des autres. sont partis, ne restent qu’une barricade détruite et
13. Dans le tableau de Meissonier, on voit une les corps des insurgés. Tous sont morts, leur défaite
large tache de sang et un pantalon rouge. Dans le est visible. Leur lutte se solde par un échec. L’hori-
tableau de Vernet, c’est un drapeau levé, il ne flotte zon fermé accentue l’impression de pessimisme. En
pas au vent mais il est tout de même bien visible, peignant cette œuvre, le peintre s’interroge peut-
car il est vertical et presque au centre du tableau. Le être sur le bilan des révoltes, leur utilité. Vernet,
rouge peut être le symbole de l’action, de la révolte : quant à lui, est intéressé par l’intensité du combat
le rouge du vêtement (le pantalon) et du drapeau. en cours, l’énergie déployée dans une situation qui
Quant au sang, il fait penser aussi bien à la mort ne peut cependant tourner à l’avantage des insur-
gés. Il met bien en évidence l’affrontement en se
qu’à la vie…
plaçant du côté des insurgés, il montre ceux qui
14. Le tableau de Vernet montre un horizon tirent sur eux, nombreux, venant de droite et de
ouvert, celui de Meissonier un horizon fermé. Ce gauche. Il semble vouloir montrer l’héroïsme des
choix est à mettre en relation avec le sujet de combattants qui affrontent courageusement la
chaque tableau et l’état d’esprit du peintre. Meis- troupe alors qu’ils ont peu d’armes et sont moins
sonier semble représenter la révolte comme un nombreux. La scène prend ainsi un caractère
échec, son tableau est pessimiste : l’horizon est épique. L’intention de l’artiste est peut-être de
bouché, ce n’est pas avec la révolte qu’on peut montrer que tout combat vaut la peine d’être
obtenir un avenir meilleur. Vernet au contraire tenté, que les hommes se grandissent par la lutte et
représente la révolte comme une aventure tournée le courage.
S’exprimer à l’écrit
RELATER UN ÉVÉNEMENT p. 240 narrateur témoin décrit aussi le véhicule dans
lequel se trouvent la femme et l’enfant (l. 11-13),
Réponses aux questions cette description renforce l’opposition entre pau-
vreté et richesse. L’anecdote est sûrement vraie, et
1. C’est l’auteur du texte, Victor Hugo, qui
la scène est d’autant plus saisissante que ces trois
témoigne. Le titre de l’ouvrage « Choses vues »
personnages pourraient, d’une certaine façon,
implique l’idée de témoignage ; la première
former une famille…
personne est employée par le narrateur qui indique
Cet exemple prouve que la description est impor-
« j’allais à la Chambre des Pairs » et précisément
tante dans un témoignage : elle permet au lecteur
Hugo était Pair de France. Le témoin se trouve rue
de se représenter ce que voit le narrateur témoin :
de Tournon, sur le chemin de la Chambre des objets, lieux, personnages. Elle donne les détails
Pairs : « Je vis venir rue de Tournon ». La scène se nécessaires pour permettre au lecteur de croire et
passe à Paris. de voir.
2. La lumière et le soleil ont d’abord un rôle dans 4/a. La première partie du texte est consacrée au
l’histoire : ils illuminent, ils « mettent en lumière » récit des événements, c’est-à-dire les paragraphes 1
la scène, mettent en évidence les différents acteurs et 2. L’auteur témoin exprime sa réaction dans la
de la scène. L’événement peut donc être relaté dernière partie, le dernier paragraphe.
avec précision. Ils ont ensuite une signification b. Comme phrase assurant la transition entre ces
symbolique : la lumière représente la prise de deux parties, on accepte « Cette femme ne voyait
conscience ; c’est la connaissance par opposition pas l’homme terrible qui la regardait. » (l. 18) ou
aux ténèbres (l. 21-22). On notera que l’auteur « Je demeurai pensif. » (l. 19). Ces phrases sont
insiste sur le froid : le soleil n’est pas ici source de mises en valeur par leur mise en page : elles sont
chaleur et de réconfort ; le soleil à son zénith (il est seules sur leur ligne.
midi) est une puissance qui dévoile, qui dénonce, c. La réaction du témoin consiste ici en réflexions.
et qui le fait de manière unilatérale car il n’éclaire Victor Hugo se livre à un ensemble de réflexions
que pour l’homme et pour le témoin. sur la société et sur les situations qui peuvent
3. Les passages descriptifs portent essentielle- engendrer des révolutions. Les pauvres se rendent
ment sur les personnages. compte de la richesse mais les riches ne se rendent
pas compte de la pauvreté : la scène racontée
l’homme blond, pâle, maigre, hagard, trente prouve que non seulement il y a une immense
ans à peu près, pantalon de grosse différence entre pauvres et riches, mais que cette
toile, pieds nus et écorchés, linges différence est ignorée par les riches. Il y a là les
sanglants autour des chevilles, blouse conditions d’un inévitable affrontement social.
courte, souillée de boue derrière le
dos, tête nue et hérissée, sous le bras 5. Le témoin relate cet événement parce qu’il a
un pain été choqué, parce qu’il s’intéresse aux questions
sociales et parce que l’événement lui semble
la femme chapeau rose, robe de velours noir, important, significatif, symbolique, pour ce qu’il
fraîche, blanche, belle, éblouissante, dévoile et annonce. Il lui paraît important d’appor-
qui riait et jouait ter ce témoignage : il désire faire connaître cet
l’enfant événement à ceux qui n’y ont pas assisté, les
charmant, petit, seize mois, enfoui
lecteurs. Pour cela Hugo construit son récit de
sous les rubans, les dentelles et les
manière plutôt objective, ce qui rend l’injustice
fourrures
encore plus insupportable.
On remarque d’abord la différence quantitative
des détails donnés pour décrire chaque person- Corrigé des exercices
nage, ensuite l’opposition entre d’une part 1/ a. Ce sont surtout les mots eux-mêmes qui
l’homme et d’autre part le couple formé par la prouvent que ce témoignage est rapporté par un
femme et l’enfant. Hugo montre de façon quasi scientifique, le vocabulaire est en effet souvent
antithétique ces deux univers qui se croisent ; il précis et spécialisé : « réfraction », « tabulaire »,
insiste sur la misère du premier personnage, mais « horizontalement », « rectangle supérieur »,
ne donne aucun élément négatif sur les deux « pentagone », « fragment de disque ». Ces quatre
autres : la description suffit à faire saisir l’idée au derniers termes montrent que, pour décrire,
lecteur. Remarquons qu’outre les personnages, le l’auteur utilise des éléments géométriques, donc
précis et objectifs. Dans cette description, on coupables d’abord, puis cette colère se généralise
trouve également des données numériques : et s’exprime contre tous les « grands » qui
« quatre fois sa hauteur », « diviser en deux ». humilient les « petits ».
b. M. de Gerlache rapporte cet événement pour c. Modalités. Les situations qui pourront être trai-
donner son témoignage, ce faisant il illustre ce tées ne manquent pas : moqueries envers un(e)
qu’est le phénomène de réfraction et les particula- camarade, envers quelqu’un de différent, une
rités de ce phénomène dans l’Antarctique. scène où se manifeste le racisme, la volonté
c. Modalités. On accepte de la part des élèves un d’exclusion, le spectacle de la faim, de la misère,
texte où description et explication se mêlent, sans de la guerre, etc. Le témoignage est d’autant plus
partie réservée précisément aux réactions et fort qu’il colle à la réalité, cet effet de fidélité à la
impressions personnelles. réalité sera obtenu par la précision dans la relation
Évaluation. Voir critères page 241 du manuel. des faits et l’exactitude des descriptions.
Évaluation. Voir critères page 241 du manuel.
2/ a. Le narrateur a été témoin d’une scène qui
s’est passée, dans une auberge, entre le personnel 3. Modalités. Le récit témoignage cherchera à
de cet établissement et une famille de pauvres mettre en valeur le personnage et ses qualités
voyageurs. Cette famille a été victime de quolibets morales. On ne cherchera pas à placer des noms de
de la part des gens de l’auberge, alors que cet éta- qualités dans le texte (courage, gentillesse, intelli-
blissement, quoique cher, est présenté comme gence, etc.) mais tout simplement à raconter avec
médiocre. précision et exactitude, les faits devraient parler
b. Face à ce qu’il a vu, le narrateur a éprouvé de d’eux-mêmes.
l’indignation, de la révolte, de la colère contre les Évaluation. Voir critères page 241 du manuel.
S’exprimer à l’oral
APPORTER émane d’une personne qui a passé beaucoup de
UN TÉMOIGNAGE p. 242 temps dans le désert en compagnie des nomades.
Le savant a pu les observer longtemps, et il les
Réponses aux questions connaît bien pour avoir voyagé avec eux. Le
chapeau précise que Théodore Monod est un
1. Théodore Monod apporte un témoignage « grand spécialiste de l’étude des déserts » ; on
lorsqu’il répond à la deuxième question de son pourra aussi se reporter au texte de l’exercice 3,
interlocuteur, donc dans sa deuxième réplique. Il extrait d’un livre majeur de Monod, Méharées, et
lui dit notamment qu’il a été impressionné, chez les qui montre le savant dans le désert au cours de
Bédouins, par leur « sens de l’orientation et [leur] l’un de ses premiers voyages dans les années
sens de l’appréciation des formes et des couleurs » 1930. Monod a donc une grande expérience des
(l. 8-10). nomades du désert et on peut croire à ce qu’il
en dit.
2/a. C’est lui-même que Théodore Monod com-
pare aux nomades : « Les nomades sont en perma- 3. Théodore Monod donne des appréciations,
nence orientés dans l’espace. À Paris, je ne sais pas où par exemple : « C’est très remarquable. » (l. 12-13),
se trouve le nord et le sud. » (l. 13-14). L’exemple ou : « Ces gens-là possèdent un sens de l’orientation
précis qu’il choisit est le suivant : « Eux à table, ils ne et un sens de l’appréciation des formes et des couleurs
vous diront pas, par exemple, passez-moi le sel qui est du terrain véritablement prodigieux. » (l. 8-10).
à droite mais passez-moi le sel qui est au nord-est. » 4/a. Ce témoignage nous fait réfléchir à d’autres
(l. 15-16). habitudes que les nôtres, d’autres qualités
b. Le témoignage de Théodore Monod est humaines. Il est intéressant car celui qui témoigne
crédible. En effet, il prend soin de justifier son pro- connaît bien ce dont il parle, le désert et les capa-
pos en indiquant qu’il est vital pour des nomades cités des nomades. Il s’agit d’une personne parti-
de savoir où ils se trouvent : « Pour eux, savoir où se culièrement observatrice et aussi de quelqu’un qui
trouvent les points cardinaux est une question de vie sait communiquer son expérience de manière
ou de mort. » (l. 16-17). Surtout, ce témoignage vivante et simple, grâce à des exemples précis.
Lorsqu’on lui demande son avis, Théodore Monod b. Bonne vision : identifier, repérer, reconnaître,
répond vite, avec clarté : sa longue expérience sur discerner.
le terrain lui a permis de se forger une opinion et Mauvaise vision : être ébloui, mêler, confondre, avoir
donne du poids à ses idées. une illusion.
b. Quelqu’un peut être amené à apporter son
2. Modalités. Le texte est extrait d’un récit de
témoignage dans différentes circonstances, par
voyage ; les faits racontés sont donc réels, ou
exemple :
donnés comme réels. Il est donc souhaitable que
– un journaliste voudra témoigner de ce qu’il a vu
les élèves racontent une scène dont ils ont effecti-
pour informer ses concitoyens, pour leur faire
vement un jour été témoins. On appréciera la
prendre conscience de certains phénomènes ou
précision, l’exactitude des faits racontés, mais aussi
même pour les alerter ;
l’expression de la subjectivité de chacun. On
– un voyageur peut avoir envie de témoigner de
rappelle aux élèves la durée attendue de leur
son expérience pour la faire partager, pour expri-
prestation orale, en général n’excédant pas trois
mer ses impressions, ses sentiments personnels,
minutes : c’est la durée demandée pour les exer-
ses découvertes. C’est la subjectivité du témoi-
cices oraux de cette page, et la plupart des autres.
gnage qui est intéressante : nous voyons un pays,
Évaluation. Voir critères page 243 du manuel.
une région à travers le regard de celui qui les a
parcourus ; 3/a. Le savant n’ose pas dire à certains de ses col-
– il existe aussi le témoignage qui constitue un laborateurs que leurs trouvailles sont sans intérêt. Il
acte civique : une personne qui a assisté à un agit ainsi par délicatesse, il ne veut pas « froisser
accident ou à une agression devra apporter son l’amour-propre des donateurs » (l. 12-13). De plus il
témoignage pour aider la police ainsi que la ou les ne souhaite pas les décourager car certaines de
victimes. leurs trouvailles pourraient se révéler intéressantes.
Dans tous ces cas, une personne qui témoigne a Le savant et ses collaborateurs ont de bonnes
plaisir à apporter des informations, à faire avancer relations que l’on pourrait qualifier d’amicales,
la connaissance, la vérité. puisqu’ils se montrent attentifs les uns envers les
c. Une personne qui apporte son témoignage autres. Le savant apprécie ses collaborateurs, il sait
peut faire bénéficier son auditoire d’informations les encourager et ses collaborateurs sont de bonne
utiles : si quelqu’un souhaite voyager dans un pays volonté.
qu’il n’a jamais visité, le témoignage d’une per- b. Modalités. On prend le temps d’expliciter la
sonne qui y a séjourné l’informera utilement. De consigne : ce n’est pas l’élève narrateur qui est
plus, nous pouvons être amusés, touchés, émus l’auteur de la ruse, il n’en est que témoin, tout au
par le témoignage de quelqu’un qui nous invite à plus a-t-il pu prendre une petite part à l’opération.
partager ses sentiments, ses réactions. À l’oral, l’in- Le récit sera plus intéressant s’il est enrichi notam-
tonation, les modulations de la voix rendront ment de dialogues et de descriptions, ainsi que de
encore plus sensibles les émotions de celui qui jugements.
raconte. Par ailleurs, grâce à des témoignages, Évaluation. Voir critères page 243 du manuel.
nous pouvons comparer notre expérience, notre
4/a. Nicolas Bouvier oppose les paysages du sud
vie, avec celles des autres. Enfin, certains témoi-
iranien et ceux de Tabriz. À Tabriz le noir et le blanc
gnages peuvent nous inciter à agir, par exemple
dominent. Dans le sud iranien les couleurs sont
s’engager au service d’une cause, ou donner envie
belles et provoquent « l’émerveillement » (l. 1).
d’imiter celui qui raconte : une personne qui
b. Nicolas Bouvier est surtout sensible aux harmo-
raconte de manière attrayante sa participation à
nies de couleurs (l. 10-11), à « la douceur de la
une activité ou à un voyage peut influencer favora-
lumière » (l. 11-12).
blement son auditoire.
c. Modalités. On peut enrichir les prestations en
mettant l’accent sur le vocabulaire de la descrip-
tion, ou de l’esthétique, par exemple, si l’on s’en
Corrigé des exercices tient aux adjectifs et participes : agréable, harmo-
1/a. Les techniciens ont décelé une anomalie dans le nieux, gracieux, inhabituel, ensoleillé, clair, doux, élé-
moteur de la fusée. ⵑ Champollion a découvert le gant, raffiné, bien proportionné, lumineux, souple,
sens des hiéroglyphes. ⵑ Pour dépister ce criminel la fin, équilibré, etc.
police a enquêté longtemps. ⵑ Cet appareil sert à Évaluation. Voir critères page 243 du manuel. On
détecter la radioactivité. ⵑ Dans la brume on devine peut valoriser les prestations qui font preuve de
la masse sombre d’un navire. précision, avec le sens du détail et de l’exactitude.
En outre, les lieux choisis pour le voyage ne sont « chaleur atroce » (l. 27), « température torride »
pas les plus aisés à atteindre, ainsi le narrateur pré- (l. 28). En dominant cette chaleur, il fait acte de
sente-t-il l’arrivée à Alhama : « Nous y arrivâmes bravoure et emploie précisément l’adverbe brave-
vers deux heures du matin, altérés, affamés, moulus ment : « je jetai bravement ma veste sur le coin de
de fatigue » (l. 12-13). Le voyage est difficile à mon épaule, et j’allai faire un tour dans les rues
cause de la chaleur, de la soif et de la faim, et de la d’Alhama » (l. 28-29). (1 pt)
fatigue. De plus, la nourriture laisse à désirer –
12. Dans l’ensemble du récit, le narrateur donne
l’omelette en Espagne se mange souvent avec des
une image méliorative de lui-même. Ainsi se pré-
plumes (l. 14) – et l’hébergement aussi : le matelas
sente-t-il avec son ami comme deux jeunes voya-
n’est pas confortable mais « passablement pierreux
geurs ayant soif d’aventures, même dangereuses,
et ressemblant à un sac de noix » (l. 15). (1 pt)
étant prêts à renoncer à toutes leurs possessions
b. Ce qui rend ce voyage agréable, c’est entre
pour la vivre : « auraient volontiers payé une aven-
autres la dégustation d’une pastèque quand il fait ture au prix de leurs bagages ! » (l. 8). Le narrateur
très chaud. Tout réjouit le narrateur dans ce fruit : semble rechercher l’aventure, le risque, et surtout
sa beauté, son goût, la manière de le consommer ; les bons côtés de l’existence : par exemple le plaisir
ainsi confie-t-il : « La pastèque nous fit grand bien ; des sens, comme le prouve le délice de la pastèque.
cette pulpe rose dans cette écorce verte a quelque Il donne de lui-même une image d’aventurier et
chose de frais et de désaltérant qui fait plaisir à voir. d’amateur de belles et bonnes choses.
À peine y a-t-on mordu qu’on est inondé jusqu’au Remarquons qu’il valorise aussi avec beaucoup
coude d’une eau légèrement sucrée d’un goût très d’humour sa résistance face aux obstacles : la
agréable […]. Nous avions besoin de ces tranches nourriture trop épicée ou médiocre (les plumes
rafraîchissantes […] » (l. 22-25). (1 pt) fréquentes dans les omelettes espagnoles), la
c. L’ensemble du voyage semble intéressant pour literie lamentable : « Un matelas passablement
le narrateur mais il a l’air d’être surtout attiré par la pierreux et ressemblant à un sac de noix » (l. 15). Il
nouveauté, par ce qui surprend, ainsi confie-t-il se montre courageux face à l’enfer d’Alhama, qu’il
lors de l’apparition des grands gaillards dans la affronte : « Cependant, malgré cette température
nuit : « L’aventure poursuivie depuis si longtemps torride, je jetai bravement ma veste sur le coin de
se produisait avec tout le romantisme possible. » mon épaule… » (l. 28-29). Par ce récit donc le
(l. 4-5). Il est aussi intéressé par ce que le pays a de narrateur cherche à montrer qu’il est un voyageur
particulier, le pittoresque. Ainsi apprécie-t-il la de bonne composition, endurant, curieux
route vers Alhama : « Rien n’est pittoresque comme d’expériences nouvelles. (1 pt)
les angles brusques qu’est obligée de faire, pour se
plier aux anfractuosités du terrain, la route qui
conduit à cette aire de faucons » (l. 10-12). Il se Réécriture (4 pts)
montre intéressé aussi par les effets de la canicule
sur la petite ville d’Alhama qu’il parcourt malgré la Nous sommes descendus à la cuisine pour implorer
chaleur et qu’il décrit longuement : « les cailloux quelque nourriture, et, grâce à mon éloquence, nous
du pavé luisaient comme s’ils eussent été cirés et frot- avons obtenu des côtelettes.
tés ; les murailles blanchies à la chaux avaient des Nous avons jeté bravement nos vestes sur le coin de
scintillements micacés […] les branches de vigne se notre épaule, et nous sommes allés faire un tour dans
tordaient comme du bois vert dans la flamme » les rues d’Alhama.
(l. 30-34). (1 pt)
10. Avant la rencontre inattendue, le narrateur Dictée proposée (6 pts)
était surtout possédé par le désir de vivre une aven-
Le narrateur voyage dans une région montagneuse
ture ; il évoque une « aventure poursuivie depuis si
de l’Espagne, au XIXe siècle.
longtemps » (l. 4). Il aime avoir peur et valorise le
Nous avions atteint la région des aigles. De loin en
plaisir d’avoir peur par une forte antithèse : « une
loin, nous apercevions un de ces nobles oiseaux
belle frayeur » (l. 1). Mais après avoir réalisé que les
perché sur une roche solitaire, l’œil tourné vers le
bandits étaient des gendarmes, c’est une grande
soleil, et dans cet état d’extase contemplative qui
déception qui l’envahit : « Ô déception amère »
remplace la pensée chez les animaux. L’un d’eux
(l. 7). (1 pt)
planait à une grande hauteur et semblait immo-
11. Dans le dernier paragraphe, le narrateur bile au milieu d’un océan de lumière. Romero ne
montre son courage en utilisant notamment deux put résister au plaisir de lui envoyer une balle en
connecteurs logiques prouvant qu’il affronte la guise de carte de visite. Le plomb emporta une
chaleur. Il qualifie la chaleur par des adjectifs des grandes plumes de l’aile, et l’aigle, avec une
extrêmes, ce qui fait mieux ressortir son courage : majesté indicible, continua sa route comme s’il ne
lui était rien arrivé. La plume tournoya longtemps – l’énonciation : le récit est à la première
avant d’arriver à terre, où elle fut recueillie par personne, avec comme temps de base soit le
Romero, qui en orna son feutre. présent (d’énonciation ou de narration), soit le
Théophile GAUTIER, Voyage en Espagne, 1843. passé simple ;
– l’organisation du récit : le récit alterne les pas-
Remarque : on écrit au tableau « une extase » : un
sages de narration, de description et d’argumen-
émerveillement très fort ; « Romero » : nom du
tation (des jugements personnels) ;
guide ; « son feutre » : son chapeau en feutre.
– la qualité de la langue : la construction des
phrases et l’orthographe sont correctes ; le registre
Rédaction (15 pts) de langue est courant et le vocabulaire précis et
Pour évaluer les textes écrits par les élèves, on peut adéquat ;
s’appuyer sur les critères suivants : – l’effet produit : le lecteur croit aux faits racontés.
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION
Les phrases (2) : Braconnage, ÉCRITE ÉCRITE
juxtaposition, p. 223 ex. 17, p. 225 : Suite de la
coordination, préparation, séance 3 :
Semaine 1
subordination, début du amélioration
leçon 21, p. 338 brouillon du brouillon,
mise au propre,
ramassage
des copies
5 6 7 8 9
LANGUE LECTURE EXPRESSION LANGUE LECTURE
L’organisation Quelque chose ÉCRITE Les effets dans L’épreuve, p. 230
Semaine 2 des textes (2) : de grandiose Compte rendu le texte :
mots de liaison, et de misérable, et correction mise en relief,
mots de reprise, p. 226 de l’ex. 17, figures de style,
leçon 31, p. 372 p. 225 leçon 35, p. 380
10 11 12 13
LANGUE Bilan de la Bilan de la Compte rendu
Révision des séquence : séquence : et correction
leçons 21, 31 Vers le brevet Vers le brevet (fin) de l’ex. 13,
Semaine 3 et 35 (début) et suite de la p. 131
ex. 13, p. 131 : séance 11 :
brouillon, mise au propre,
ramassage ramassage
des brouillons des copies
EXEMPLE 2
1 2 3 4
Les effets dans Récit de Relater un Apporter un
le texte : mise formation : événement, témoignage,
en relief, figures Ma cinéphilie, p. 240 p. 242,
de style, p. 228 ex. 2 ou 3, préparation : ex.
Semaine 1 leçon 35, p. 380 p. 241, 3 ou 4, p. 243,
préparation, distribution
brouillon à finir des dates
pour séance 7 des prestations
aux élèves
5 6 7 8 9
L’organisation Journal intime : Suite de la Suite de la Suite des séances
des textes (1) : Des choses séance 3 : séance 4 : 4 et 8 :
progressions affreuses, p. 232 amélioration 6 prestations 6 autres élèves
Semaine 2
thématiques, du brouillon, d’élèves
leçon 30, p. 370 mise au propre, + suite de la
ramassage leçon 30
des copies
10 11 12 13
L’organisation Mémoires : Suite des séances Suite des
des textes (2) : Introduction 3 et 7 : compte séances 4, 8, 9 :
Semaine 3 mots de liaison, à la vie sauvage, rendu et 6 autres élèves
mots de reprise, p. 234 correction de
leçon 31, p. 372 l’ex. 2 ou 3, + suite de la
p. 241 leçon 31
14 15 16 17 18
Bilan de la Bilan de la Étude d’images : Suite des séances Compte rendu
séquence : séquence : Peintres témoins 4, 8, 9, 13 : et correction
Semaine 4 Vers le brevet, Vers le brevet, de leur temps, 6 derniers élèves du bilan
p. 244, questions, p. 244, suite : Barricades,
réécriture rédaction p. 238
SÉQUENCE 10
La poésie : lyrisme et engagement
Objectifs et contenus
Pour ce qui concerne le domaine de la poésie, le difficile de tabler sur de la création pure, il faut un
programme de la classe de troisième permet de minimum d’intention et de savoir-faire. Ces
croiser une approche générique (l’accent est mis supports sont de nature diverse (image, textes,
sur la poésie en tant que telle), une approche champ lexical) afin d’offrir un choix de possibilités
chronologique (priorité est donnée aux poèmes pour entrer dans l’univers de l’écriture poétique.
des XIXe et XXe siècles), et une approche théma- La partie « S’exprimer à l’oral » propose divers
tique voire problématique (le lyrisme et l’engage- exercices de lecture orale, qui visent tous à faire
ment) : « Poésie : on met l’accent notamment sur la acquérir une bonne diction poétique, et qui
poésie lyrique et la poésie engagée y compris la chan- peuvent tous aisément déboucher sur des
son ». Dans ce cadre, et afin de faire connaître aux exercices de récitation (dans ce cas, au travail de
collégiens des textes porteurs de références diction s’ajoute l’effort préalable consistant à
culturelles, on sélectionne « un ensemble de textes mémoriser le texte). Les poèmes proposés ne sont
poétiques du XIXe ou du XXe siècle ». La présente pas longs et peuvent être mémorisés en deux
séquence tient compte de l’ensemble de ces étapes chacun.
prescriptions. Signalons que l’on trouvera au Ajoutons que les poèmes contenus dans
besoin d’autres poèmes dans le manuel, à l’ensemble de la séquence se prêtent fort bien à
l’extérieur de cette séquence, notamment des des exercices de lecture orale et à plus forte raison
poèmes dont la visée est nettement argumenta- de récitation ; ils sont de difficulté variée et on
tive : des fables de La Fontaine (p. 138, 164, 290), choisira à bon escient ceux que l’on réservera à
et une ode de Ronsard (p. 146). des élèves motivés ou, pour le moins, doués d’une
mémoire bien exercée.
– Dans la leçon 35, « Les effets dans le texte », comptes rendus de séquences qui s’appuient
c’est surtout l’étude des figures de style qui est surtout la poésie moderne. La dernière partie,
pertinente pour cette séquence. Les figures de concernant des activités poétiques en classe à
style ne sont pas l’apanage des textes poétiques, partir d’outils multimédia (texte, son, image) est
mais elles s’y rencontrent plus fréquemment particulièrement intéressante.
qu’ailleurs. – D. MONCOND’HUY, Le Sonnet, collection « Folio
plus classiques », Gallimard, 2005. L’exemple
même d’une anthologie réussie : présentation soi-
Références bibliographiques gnée, large choix de poèmes montrant l’évolution
du genre, riche dossier conclusif.
– M. AQUIEN, La Versification appliquée aux textes, – R. TOMASSONE et alii, Une Langue, le français,
Armand Colin, 2007. Réédition bienvenue d’un collection « Grands repères culturels », Hachette
ouvrage paru en 1993, clair et pratique. Le propos
éducation, 2001. Pour ce qui concerne cette
est éclairé par de nombreux exemples.
séquence, on s’attachera surtout aux chapitres
– P. ARON, D. SAINT-JACQUES, A. VIALA, Le
« L’intonation » (p. 44) et « Dire un texte »
Dictionnaire du littéraire, Presses Universitaires de
(p. 254).
France, 2002. On consultera les articles « calli-
– A. VAILLANT, La Poésie, collection « 128 »,
gramme », « formes fixes », « lyrisme », « poème
Nathan Université, 1992. L’auteur s’attache sur-
en prose », « poésie », « poète », « Résistance »,
tout à donner des outils pour analyser les textes
« sonnet », « vers », « versification ». Ils offrent
pour chaque notion une définition, un historique, poétiques. En ce sens le chapitre IV (« Phonétique
une problématique, bref un ensemble fort et poétique »), précis et concret, constitue une
éclairant et enrichissant. aide précieuse. Bonne bibliographie commentée.
– B. BERCOFF, La Poésie, collection « Contours – M. WIÉNER, La Poésie à travers les âges, collec-
littéraires », Hachette, 1999. Ouvrage complet, tion « Castor doc », Flammarion, 2006. Très belle
traitant aussi bien de la métrique que du rôle de la réédition, en couleurs, d’un ouvrage clair et
poésie, de sa portée. Les analyses sont étayées par succinct, destiné aux élèves.
de nombreux exemples précis. Riche bibliographie – La Chanson française, Textes et documents pour la
commentée. classe, n° 894, 15-30 avril 2005, SCEREN/CNDP,
– L. CHABANON et alii, Jalons pour la poésie, 2005. On trouvera entre autres un article sur la
de Ronsard au multimédia, SCEREN-CNDP/ chanson engagée et un choix de chansons concer-
Weblettres, 2007. Un ensemble d’articles et de nant la Révolution et la Première Guerre mondiale.
Ce tableau de Klimt a été retenu pour introduire la sion du visage de la femme. Il a été intéressé par les
notion de lyrisme, il offre en effet une figuration moyens pour rendre la force et la beauté de ce
éclatante de l’amour. On peut parler dans ce cas de sentiment : le choix des couleurs et des motifs
peinture lyrique comme on parlera de poésie lyrique (souvent floraux), la place centrale des person-
au cours de la séquence. nages dans le tableau.
3. Un poète aurait été entre autres intéressé par le
Réponses aux questions
choix des mots pour exprimer ce sentiment
1/ a. La couleur jaune fait apparaître l’unité du d’amour, le choix des comparaisons et des
couple. Le fond sur lequel les personnages sont métaphores, le choix des rythmes pour donner de
représentés est jaune, les vêtements de l’homme la force au texte. Et face à ce tableau, un poète
et de la femme ont cette couleur pour dominante aurait aimé trouver les meilleurs mots, rythmes et
et l’on passe ainsi de l’un à l’autre des personnages métaphores pour évoquer avec autant de force et
de façon harmonieuse. de finesse le décor, les personnages et leurs
b. Le sentiment ainsi mis en valeur est l’amour : sentiments.
ce sentiment est si fort que les personnages se
4. Le questionnement est conçu pour que les
fondent en une unité plus forte qu’eux, le couple.
élèves s’interrogent sur ce qu’il y a à dire (ici princi-
2. Le peintre a été intéressé par le sentiment qui palement la force des sentiments) et les moyens de
réunit les deux personnages et qui se manifeste par le dire (de la peinture à la poésie). Il permet aussi
leur attitude, leur position, leurs gestes, l’expres- d’effectuer une mise en évidence des représenta-
tions que les élèves se font de la poésie, souvent 3/a. Les pronoms personnels les plus utilisés sont
guidées par des caractéristiques formelles. Il « tu » (v. 2, 3) et « je » (v. 7, 8).
convient de présenter la poésie comme moyen b. Il n’y a pas à vrai dire de dialogue entre les deux
d’expression et de communication tout à fait puis- personnages. Le premier vers rapporte une parole
sant et privilégié, ce qui sera mis à jour progressive- de l’ami, mais elle est présentée comme un souve-
ment au fil de la séquence. nir à partir duquel le poète construit sa réflexion et
par là même son poème. Le poète ne répond donc
Sonnet p. 252
pas à ce qu’a dit l’ami ce jour-là ; il se parle à lui-
même, « dans le fond du cœur » (v. 8), il procède
à un monologue intérieur (rapporté dans les deux
Ce sonnet a été composé pendant un des séjours
tercets) pour partager entièrement l’avis de son
qu’Alfred de Musset effectuait chez son ami Alfred
ami.
Tattet. La propriété de Bury, où habitait celui-ci, se
trouvait près de la forêt de Montmorency (à une 4. Ce sonnet est composé selon les règles habi-
dizaine de kilomètres au nord de Paris) ; c’est cette tuelles : il comporte deux quatrains suivis de deux
forêt que le poète désigne au vers 4 : « ta forêt chérie ». tercets. Les vers sont réguliers, de même type : ce
Le poème résonne du bonheur de vivre et des sont tous des alexandrins. De plus le poème se ter-
moments d’amitié vécus alors ; mais l’emploi de mine par un vers qui constitue une chute : il sur-
l’imparfait teinte ce poème d’une nostalgie discrète. prend par l‘opposition inattendue entre « jeunes »
C’est un sonnet classique, sauf pour ce qui concerne et « vieux ». On peut ajouter que Musset prend
la disposition des rimes ; il prouve que le lyrisme cependant des libertés par rapport à la disposition
ne se restreint pas à l’expression des sentiments la plus fréquente des rimes pour un sonnet ; ici, la
amoureux. disposition est : A/B/B/A, A/B/A/B/, C/A/C, C/A/A.
5/a. L’adjectif « doux » est répété trois fois. Ici, on
pourrait le replacer par plaisant, agréable : il ne
Réponses aux questions s’agit pas d’un sens concret (ce n’est pas le
contraire de dur, amer, rugueux, bruyant…).
1/a. b. L’allitération au vers 5 porte sur les sons [f] et [l]
dans un site enchanté ⵑ qui se mélangent : soleil, foulaient, l’herbe, fleurie.
sur le plus vert coteau ⵑ Cette allitération produit un effet de légèreté, de
Indications de lieu de ta forêt chérie ⵑ fluidité, qui confirme cette qualité de douceur.
l’herbe fleurie ⵑ courant On remarquera que le rythme du vers renforce lui
à ton côté aussi cette douceur :
Nos chevaux,//au soleil,//foulaient l’herbe fleurie
ce soir ⵑ un beau jour Le rythme ternaire évoque un galop régulier, léger,
Indications de temps
d’été ⵑ au soleil aérien.
b. Le moment évoqué est présenté à la fois 6. La première phrase est de type exclamatif. Elle
comme ordinaire et exceptionnel. Il ressemble à exprime l’enthousiasme du poète, qui est heureux
beaucoup d’autres : un soir, pendant une prome- de vivre, conscient de la valeur de la vie. L’effet pro-
nade à cheval. Mais il est aussi particulièrement duit est très net : le poème commence par l’expres-
réussi : le mot « enchanté » (v. 3) nous le signale sion directe, spontanée, d’un sentiment fort, ce qui
dès le premier quatrain. La promenade a entraîné accroche l’attention du lecteur ; le poète est telle-
ce soir-là les jeunes gens dans un monde hors du ment heureux qu’il le dit tout de suite.
commun, quasi magique, une forêt qui semble
même n’appartenir qu’à eux : « ta forêt chérie »
7. L’antithèse, dans la dernière strophe, porte sur
deux mots, « jeunes » et « vieux » : « si jeunes encore,
(v. 4). C’est un moment tellement parfait qu’il a
suscité chez le poète une réflexion sur le bonheur, d’être de vieux amis » (v. 14). Ces deux adjectifs
la jeunesse et l’amitié, réflexion dont on a la s’opposent par leur sens et aussi par leur place dans
teneur dans les deux tercets. le vers : l’un est au début, l’autre à la fin. Le dernier
mot du poème est amis : l’effet produit est ici la
2. Dans les deux tercets, le poète s’adresse à lui- mise en valeur du sentiment dominant dans ce
même, c’est un monologue intérieur : « je me suis poème, l’amitié. Il ne faut pas se méprendre sur le
répété » (v. 8). Le poète développe pour lui-même sens de l’adjectif « vieux » ici ; il qualifie une amitié
ce que disait son ami au début : le vers 1 « Qu’il est de longue date, il n’est pas question d’une amitié
doux d’être au monde » (v. 1) est développé par le entre deux vieillards. Ainsi le poète s’étonne que,
poète : « Il est doux d’en user […] ; Il est doux d’en malgré leur jeune âge, il y ait déjà une longue ami-
fêter […] » (v. 10, 11). tié entre son ami et lui. Ainsi il met en valeur le
caractère inhabituel de cette amitié, qui prouve l’organe du corps humain, mais du lieu où l’on
que l’intensité d’une amitié n’a rien à voir avec place les sentiments, en particulier l’amour.
l’âge de ceux qui la vivent.
4. Cette scène se déroule un matin, comme en
8. Dans les deux tercets (strophes 3 et 4), Musset témoignent les indices suivants : la « rosée » (v. 5),
préconise une façon de vivre : selon, lui, il faut le « vent du matin » (v. 6). Cette précision est
profiter de la vie : « Il est doux d’en user sans crainte importante car elle montre la force et la sincérité du
et sans soucis ». Il accorde de l’importance à la sentiment : le poète s’est levé de bonne heure pour
jeunesse, aux plaisirs des sens, parmi lesquels la aller chercher un bouquet qui fasse plaisir à la jeune
boisson et l’amour : « couronner de fleurs son verre fille qu’il aime, et le lui offrir à son réveil.
et sa maîtresse ». Remarquons que cette façon de
5. Les verbes au mode impératif sont : « déchirez »
vivre a souvent été préconisée : le philosophe grec
(v. 3), « souffrez » (v. 7), « laissez » (v. 9), « laissez-la »
Épicure en a fait une philosophie, l’épicurisme ;
(v. 11). Ils expriment une prière, c’est-à-dire une
puis les Latins l’ont résumée par l’expression Carpe
demande d’un inférieur à un supérieur, et non un
diem, qui signifie « cueillez le jour », et qui incite à
ordre (une demande d’un supérieur à un inférieur).
bien profiter de l’instant présent ; cette philosophie
de la vie a été reprise plus tard par des poètes de la 6. La femme aimée est évoquée par des éléments
Renaissance, comme Ronsard. physiques : « vos deux mains blanches » (v. 3), « vos
yeux si beaux » (v. 4), « vos pieds » (v. 7), « votre
9. En plus de l’amitié, le poète célèbre dans ce
jeune sein » (v. 9), « vos derniers baisers » (v. 10). Les
poème la joie de vivre, le bonheur d’exister : « Qu’il
principales qualités de cette femme aimée sont la
est doux d’être au monde » (v. 1). Il exprime sa
beauté, la jeunesse, la tendresse. Sur le poète, ces
gratitude envers le Créateur : « avoir vécu trente ans
qualités produisent un effet de séduction, le poète
comme Dieu l’a permis » (v. 13). Il montre son
est impressionné par cette jeune femme, il est
amour de la nature : « le plus vert coteau ta forêt
amoureux, mais inquiet, car il ne sait pas comment
chérie » (v. 4). Notons aussi l’exclamation initiale
elle va réagir à l’offrande qu’il lui apporte.
(vers 1) et, dans le dernier vers, une sorte d’étonne-
ment face à la vie et à ce qu’elle propose. 7/a. Le mètre utilisé par le poète est l’alexandrin :
Voi/ci/des/fruits,/des/fleurs, des/feuil/les/et/des/branches
Green p. 253
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Les vers sont réguliers, ils sont tous du même
12
mètre.
Ce poème est le premier dans la dernière partie de
b. La première strophe contient deux phrases,
Romances sans paroles, partie intitulée « Aquarelles
ainsi que la deuxième. La troisième strophe
» et dont tous les poèmes portent un titre anglais. On
contient deux demi-phrases (ou une phrase).
note que le premier vers évoque une œuvre picturale,
c. Le premier vers contient une allitération en f :
et qu’il a précisément la légèreté d’une aquarelle. La
des fruits, des fleurs, des feuilles.
qualité des sonorités et la recherche de rythmes
d. Ces choix produisent un bel effet sonore. En
notamment apparaissent ici primordiales pour l’élan
effet la qualité des sons est particulièrement
lyrique.
soignée : répétition de sonorités (allitérations),
On trouvera un autre poème de Verlaine à la
régularité des strophes avec deux phrases ou
page 274 du manuel.
demi-phrases par strophes, régularité des vers…
Ces régularités créent un rythme harmonieux,
Réponses aux questions agréable.
1. Le poème est à la première personne et c’est
8. Le mot anglais « green » signifie « vert ». Le
un homme qui parle, certainement le poète :
poète offre à la jeune femme des présents
« J’arrive » (v. 5), « mon front » (v. 6). Il s’adresse à
provenant de la nature, au printemps ou en été. Il
une femme, celle qu’il aime : « vos deux mains
a parcouru la campagne tôt le matin pour les
blanches » (v. 3), « votre jeune sein » (v. 9).
trouver, les rassembler ; ils sont encore empreints
2. Le poète offre « des fruits, des fleurs, des feuilles de fraîcheur. L’adjectif vert est précisément connoté
et des branches » (v. 1). Il offre aussi son cœur : « Et à la nature et à la fraîcheur.
puis voici mon cœur » (v. 2), c’est-à-dire son amour.
9. Le poète désire plaire à la jeune femme, il
C’est un présent « humble » car il se trouve partout,
désire être aimé par elle. Il souhaite dormir contre
dans la nature, et il ne coûte rien. Ce n’est pas un
elle (v. 9) pour se reposer, rêver et se délasser
cadeau comme un bijou.
(v. 7-8) ; il souhaite « s’apaiser » (v. 11). Il redoute
3. Le mot « cœur » (v. 2) n’est pas employé ici au d’être rejeté par la jeune femme, d’être repoussé et
sens propre, mais au sens figuré. Il ne s’agit pas de souffrir : « Ne le déchirez pas » (v. 3), « Souffrez que
ma fatigue » (v. 7). Il donne ainsi de la femme – Répétition de strophe : « Vienne le jour, sonne
aimée une image belle, mais peu sûre. Elle paraît l’heure/Les jours s’en vont je demeure » (v. 5-6,
exigeante. répétés trois fois).
10. C’est surtout le thème de l’amour qui est 6. Ce poème ressemble à une chanson parce qu’il
développé dans ce poème ; le poète se souvient est composé avec des strophes qui sont des
encore des « derniers baisers » (v. 10) que la jeune refrains, les autres strophes correspondant à des
femme lui a donnés. On note aussi le thème de la couplets. Ce poème donne une grande importance
nature, moins présent, mais important, car c’est au rythme, aux reprises de certains mots : « comme/
par les éléments qu’elle offre que la nature permet comme » (v. 15, 16), « Ni/ni » (v. 20, 21), etc.
au poète de faire la cour à la jeune femme.
7. Plusieurs expressions montrent que le temps
passe, par exemple : « les jours s’en vont » (v. 6, 12,
18, 24), « Passent les jours et passent les semaines »
Le pont Mirabeau p. 254 (v. 19).
8/a. Premier cas : si l’on considère qu’on pourrait
Ce poème reprend un des thèmes lyriques les plus
mettre un point après « Seine » dans le vers 2, le
classiques, et les plus poignants : la fuite du temps.
groupe nominal « Et nos amours » exercerait la
Mais il le fait d’une manière nouvelle, avec l’absence
fonction d’apposition à « en ».
de ponctuation, le jeu sur le deuxième décasyllabe de
Second cas : Si l’on considère qu’on ne peut pas
chaque strophe, le refrain qui donne une allure de
mettre de point après « coule la Seine » (fin du
chanson. Le texte écho traite le même thème avec la
v. 1), le groupe nominal « Et nos amours » peut
même métaphore de l’eau qui coule et qui court.
exercer la fonction de sujet inversé du verbe
« coule ».
Réponses aux questions b. Dans le premier cas, le souvenir porte sur
1. Ce poème se compose de huit strophes. On l’amour. Dans le second cas, le souvenir est celui
peut accepter les réponses des élèves selon de la joie après la peine.
lesquelles les strophes 2, 4, 6, 8 sont un refrain et
9. Dans le vers 10, l’ordre habituel des mots serait
les strophes véritables ne sont qu’au nombre
L’onde si lasse des éternels regards : le regard est une
de quatre.
onde toujours la même. L’expression « des éternels
2. Le premier vers est repris à la fin de la dernière regards » désigne les regards que les amoureux
strophe. L’effet produit est une sorte d’écho, de échangent, qui sont les mêmes depuis toujours, et
retour, de recommencement presque ; on a d’un couple à l’autre au fil des temps. Le mot
l’impression qu’une boucle se referme. « onde » désigne ici tout ce qui passe par le regard.
3/a. Nombre de syllabes dans chaque vers : vers 1 : 10/a. La figure de style – « le pont de nos bras »
10 syllabes ; vers 2 : 4 syllabes ; vers 3 : 6 syllabes ; (v. 9) – employée ici est la métaphore. Cette
vers 4 : 10 syllabes. expression rappelle « le pont Mirabeau » (v. 1).
b. Les vers 2 et 3 sont plus courts que les vers 1 et b. Le pont est ici le symbole de l’union entre deux
4, mais ils contiennent 10 syllabes à eux deux : rêves, entre un homme et une femme.
l’unité de 10 syllabes réapparaît.
11. Dans la cinquième strophe, l’amour est
c. Toutes les strophes sont composées ainsi
comparé à de l’« eau courante » (v. 13). Le poète
produisant une grande régularité sur l’ensemble
effectue cette comparaison parce que l’amour ne
du texte. Dans cette régularité, il y a un change-
dure pas, il passe comme l’eau qui n’est jamais la
ment : le décasyllabe central est réparti sur deux
même, qui change toujours, et qui ne reste pas, qui
vers. Ce procédé met les mots en relief, crée un
va ailleurs.
effet de balancement.
12/a. Dans la strophe répétée, qui est le refrain,
4. Dans les deux premières strophes, la réparti-
les mots « nuit » (v. 5) et « jours » (v. 6) s’opposent,
tion des rimes est la suivante : A/B/A/A, C/D/C/C,
ainsi que les mots « s’en vont » et « demeure » (v. 6).
de même que dans les deux strophes suivantes
Ainsi le poète reste lui-même, alors que le temps,
(E/F/E/E, G/H/G/G).
lui, passe et s’enfuit.
5. – Répétition de mots : « sous » (v. 1, 8), b. Le poème s’achève avec le mot « demeure »
« pont » (v. 1, 9), « comme » (v. 13, 15, 16), « passe » (c’est ici une forme verbale). L’impression
(v. 9, 19), « amour (s) » (v. 2, 13, 14, 21). produite, c’est la mise en valeur du poète, de sa
– Répétition de vers : « Sous le pont Mirabeau coule fidélité, de sa ténacité à durer dans le temps et de
la Seine » (v. 1, 22). sa solitude, aussi.
13. Le poète se souvient d’une liaison amou- d’un fleuve. Le poète a donc pu associer ces trois
reuse, du bonheur éprouvé à ce moment-là, et il thèmes grâce à leurs caractéristiques communes,
exprime ce souvenir dans la première strophe. et non pour les opposer.
14/a. « coule » (v. 1), « s’en vont » (v. 6), « passe » 19. Le photographe a mis en valeur la grandeur
(v. 9). du pont. Il a choisi une contre-plongée, ce qui
b. Dans la troisième strophe, le verbe « restons » permet de voir le fleuve et le dessous du pont, et ce
(v. 3) s’oppose au mouvement. qui, surtout, cache les bâtiments à l’arrière-plan et
c. Le poète exprime ici le désir d’arrêter le temps magnifie le pont en faisant de lui le seul objet de la
sur un moment de bonheur. photographie. De cette manière sont surtout mis
15/a. Le nom « Espérance » (v. 16) a une majus- en valeur la structure métallique du pont et le fait
cule car il exprime un sentiment très important qu’il n’est constitué que d’une seule arche, large,
et fort. solide. Est aussi mise en valeur, par la contre-
b. À la fin du vers 16, on pourrait placer un point plongée et la situation au premier plan, la statue en
d’exclamation. Ce vers signifie que l’espérance est bronze de l’ondine (déesse des eaux), vue de
un sentiment très fort dans la vie ; le poète profil, qui orne chaque pile du pont.
voudrait que restent présents, vivants, les instants 20. Modalités. L’exercice repose sur une imitation :
heureux qu’il a pu vivre et notamment les l’expression de la monotonie, du temps qui passe.
moments d’amour. Il espère pour le moins pouvoir On peut attendre une imitation précise de l’avant-
revivre des moments ou des sentiments aussi dernière strophe, ou par exemple une strophe de
intenses que ceux qu’il a vécus. dix décasyllabes. On peut aussi, bien sûr, deman-
16/a. Le poète éprouve plusieurs sentiments : il der un plus grand nombre de strophes pour que la
exprime d’abord de la nostalgie en pensant aux monotonie soit encore davantage ressentie.
moments heureux qu’il a vécus, et il éprouve
même de l’impuissance et du regret à ne pas
pouvoir arrêter le temps. Il ressent de la mélancolie,
et de la tristesse (v. 10) et une grande amertume
car le temps passe mais lui, il reste, et avec ses
insatisfactions. Il éprouve une sorte d’ennui :
Aube p. 256
« Comme la vie est lente » (v. 15), avec cependant
De manière à équilibrer sentiments agréables et
une espérance toujours intense : « comme
l’espérance est violente » (v. 16). sentiments plutôt désagréables (tel l’amour qui
b. Pour exprimer ces sentiments, il a employé des passe, p. 254), nous avons choisi de faire figurer
noms : « l’amour » (v. 13) et « l’espérance » (v. 16) dans cette partie consacrée à l’élan lyrique un
sont nommés en tant que tels. Il a associé les poème qui exprime l’émerveillement, la joie d’être
thèmes de l’amour, de l’eau qui coule et du temps au monde.
qui passe, tout au long du poème. Il a employé, Cette attention admirative devant la nature est
mais rarement, des comparaisons (v. 9). Il a bien éloignée de celle de nombreux jeunes aujour-
évoqué des lieux qui lui sont chers (v. 1) et des d’hui. Après une première lecture de ce texte, on
moments heureux (v. 7). Il n’a pas employé de pourra leur demander si cette attitude émerveillée
ponctuation pour rendre le texte plus uni, plus devant des phénomènes naturels, ou des moments
lent, plus fluide, presque monotone. Il a choisi un privilégiés, les surprend, les intéresse ou les indiffère.
rythme régulier tout au long du poème pour faire On étudiera alors le texte avec l’optique de montrer
ressortir la mélancolie, avec des répétitions de que la poésie, c’est aussi savoir regarder le monde et
mots, de groupes, de vers, et de sonorités (rimes, en percevoir les plus simples beautés. Ce poème
allitérations). évoque avec simplicité et sincérité la naissance
d’un jour d’été.
17. D’après le poète, l’amour et le temps ont en
commun cette caractéristique : ils passent, ils ne Réponses aux questions
durent pas.
1. La poétesse peut s’adresser à une personne qui
18. Le poète a associé l’amour et le temps à l’eau se trouve avec elle, ou à chaque lecteur du poème.
car celle-ci aussi passe ; il s’agit bien sûr de l’eau qui
coule, celle par exemple des rivières, ou comme ici 2. La poétesse évoque le début d’une journée : le
l’eau d’un fleuve vue d’un pont. On voit certes une ciel qu’elle regarde est un « ciel d’aube » (v. 2). Elle
rivière, mais l’eau de la rivière qu’on voit au même désigne elle-même, ensuite, le moment évoqué :
endroit n’est jamais la même. L’amour et le temps « C’est l’aurore » (v. 7), « c’est un beau matin »
passent sans qu’on puisse les arrêter, comme l’eau (v. 10).
3. La poétesse a été éveillée par le chant d’un immédiatement les réponses, ce qui confère au
oiseau (v. 1). Cet événement a déclenché l’écriture texte une vivacité tout à fait en accord avec le
du poème car il est indiqué dans le premier vers. moment vécu, où l’on sent la nature impatiente à
vivre une belle journée d’été.
4. Ce poème est composé de cinq distiques, en
alexandrins. Par exemple : 11. L’image choisie pour illustrer ce poème repré-
Et/c’est/un/beau/ma/tin/de/l’é/ter/nel/é/té sente un oiseau sur un rameau fleuri. À la présence
1 2 3 4 5 6 7 8 9 1011 12 de l’oiseau dans l’illustration répond le chant de
l’oiseau dans le poème. Les couleurs sont vives,
5. La poétesse a choisi les rimes suivies (ou plates) :
rose clair et vert foncé, le rameau est bien garni
AA, BB, CC, DD, EE.
de fleurs et de feuilles : l’ensemble dégage une
Par exemple : chanté A/velouté A
impression de beauté et de fraîcheur en accord
6. Dans l’avant-dernier vers, les phrases sont avec le poème.
courtes. Ce vers est composé de trois phrases. La
première est de type interrogatif, la deuxième de
12. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
de genre (un poème en distiques), de thème et
type exclamatif, la troisième de type déclaratif. Le
vers est fragmenté, le rythme est ici discontinu, d’effet : l’expression d’un émerveillement. On
avec trois pauses importantes de la voix en l’espace envisage surtout un élan d’admiration devant un
de dix syllabes. Les types de phrases sont très divers : objet remarquable ou un paysage, une curiosité
l’intonation est donc très variée dans la diction de naturelle ; on peut élargir le champ et accepter un
ce vers. Ces choix créent un effet d’attente au cours tel élan devant, entre autres, un personnage
du vers et mettent en valeur le dernier mot : « On a particulier, un spectacle. On aura au préalable
chanté » (v. 9). procédé à des exercices de versification sur des
décasyllabes ou des alexandrins (types de vers
7. La comparaison qui se rapporte au ciel est conseillés pour composer les deux distiques afin
« comme un abricot mûr » (v. 8). Elle met en valeur que l’ensemble ne soit pas trop étriqué).
la couleur particulière du ciel à ce moment-là.
8. Les qualités de ce que voit la poétesse sont la
beauté, surtout celle des couleurs, et l’impatience
de vivre : v. 2, v. 4 et v. 8. Les qualités de ce À un orme desséché p. 257
qu’entend la poétesse sont la pureté et la joie :
v. 1 et v. 6. La dernière strophe, conçue quelque peu comme un
9. Dans ce poème dominent les sensations de appendice, confirme la portée lyrique du poème. On
pureté (v. 1), de douceur : « suave et velouté » (v. 2). pourra commencer l’étude du texte par cette dernière
Les sensations auditives agréables sont nombreuses strophe et demander aux élèves pourquoi le poète a
car le poème accorde une grande place aux chants choisi le vieil orme comme exemple de confiance en
d’oiseaux : v. 1, 3, 4, 5, 7, 8. Les sensations visuelles « un nouveau miracle du printemps » (v. 30).
sont surtout liées aux couleurs : v. 2, 8. L’ensemble Entre autres intérêts, l’étude de ce poème fera
dégage une impression de beauté : « c’est un beau connaître aux élèves des symboles classiques
matin » (v. 10). (l’arbre, les saisons) et leur offrira une ouverture
Les sentiments qui dominent sont l’admiration judicieuse sur la littérature européenne.
devant la nature, l’émerveillement devant la nais-
sance du jour : v. 4 et v. 10. On peut dire qu’à ce Réponses aux questions
moment-là la poétesse éprouve un réel bonheur
1. Le spectacle qui déclenche la réflexion du
d’exister.
poète et l’écriture du poème est celui d’un vieil
10. Pour exprimer ces sentiments, la poétesse a orme en mauvais état sur lequel « ont poussé
employé aussi bien des noms précis (« un pépie- quelques feuilles vertes » (v. 4).
ment », v. 6), que des noms désignant des réalités
2. Le poète compare les peupliers et l’orme parce
très vastes (« un immortel été », v. 10), ceci pour
que dans les peupliers nichent des beaux oiseaux,
donner de l’importance au moment intensément
les « rossignols gris » (v. 11), alors que sur l’orme il
vécu. Elle emploie des adjectifs dans l’intention
n’y a que des fourmis et des araignées (v. 12-14).
d’évoquer, de décrire avec exactitude, par exemple
Le poète montre ainsi la malchance, la misère de
« suave et velouté » (v. 2). Elle insiste sur les sensa-
l’orme.
tions dominantes : « a chanté » (v. 2), « un pépie-
ment éperdu » (v. 6), « le ciel pâli se dore » (v. 8). Elle 3/a. La quatrième strophe est construite à partir
répète délibérément le verbe « chanter ». Elle varie de l’anaphore « avant que » (v. 15, 19, 22, 24).
les types de phrases, pose des questions et apporte L’effet produit est l’insistance mise par le poète à
évoquer tous les malheurs qui attendent le vieil Réponses aux questions
orme. Ces malheurs sont nombreux, le vieil orme
1. Les indications concernant les enfants sont
semble être une victime universelle, avoir le monde
précises car elles renforcent la visée argumentative
contre lui. Ce procédé donne au lecteur l’impres-
du texte : « Ces filles de huit ans » (v. 3), cette
sion que le temps presse, qu’il faut agir vite si l’on
expression montre l’extrême jeunesse de ces
veut protéger l’orme ou du moins noter sur un
travailleurs. Leur aspect est « doux, pensif » (v. 2).
carnet « la grâce de [sa] branche reverdie » (v. 27). Le
Leur santé n’est pas bonne : ils sont maigres (v. 2),
vieil orme est condamné à disparaître, il faut vite
pâles (v. 12) et fatigués (v. 13). On remarque que le
écrire le poème afin de conserver le souvenir de
poète insiste sur les filles mais ne fait pas de
l’exemple que cet arbre a été pour les hommes.
référence directe aux garçons ; il cherche peut-être,
b. Le poète s’adresse directement au vieil arbre
ainsi, à provoquer encore plus vivement l’émotion
parce qu’il le considère comme un être vivant, il le
du lecteur. Il suscite la pitié pour mieux défendre
personnifie et de cette façon la compassion qu’il
la cause, il cherche la persuasion.
éprouve face à ce vieil arbre apparaît plus nette-
ment. Le poète est ému par l’élan vital dont fait 2. Le poète insiste sur le caractère dur et pénible
preuve le vieil arbre et il le sauve du néant en des conditions de travail. Les enfants « vont tra-
faisant de lui le sujet de son poème. Dans ce vailler quinze heures » (v. 4). Leur travail est d’une
poème, le vert symbolise la vie : c’est la couleur grande monotonie : « faire éternellement/Dans la
des feuilles qui poussent, de la branche qui même prison le même mouvement » (v. 6). Ce travail
revit : « quelques feuilles vertes » (v. 4), « ta branche monotone est de plus permanent, incessant :
reverdie » (v. 27). « Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue » (v. 11).
Quant à l’inconfort, il est à son comble : les enfants
4. Le vieil orme renaît au printemps contre toute
travaillent « sous des meules » (v. 4), ils sont
attente, il prouve que la vie est plus forte que la
« Accroupis sous les dents d’une machine sombre »
vieillesse. Même sur des arbres mal en point la vie
(v. 7).
peut se manifester. Le poète espère être lui-même
bénéficiaire un jour d’un tel phénomène. Lui aussi 3. Pour faire sentir la monotonie du travail, le
est vieux, lui aussi aimerait retrouver les forces de la poète répète l’adjectif « même » (v. 6). Il insiste sur
jeunesse. Le vieil orme comme le poète sont des la durée de ce travail, la monotonie semble se
victimes du temps qui passe, qui fait vieillir. À prolonger à l’infini : « éternellement » (v. 5), « Jamais
l’époque où il écrit le poème, Antonio Machado on ne s’arrête et jamais on ne joue » (v. 11). La
n’a que quarante-sept ans mais il ressent peut-être répétition de l’adverbe « jamais » renforce la
déjà le vieillissement et aimerait retrouver des élans monotonie.
de cette jeunesse symbolisée par le printemps. Un
être humain, comme un arbre, peut vivre plusieurs
4. Le « monstre » est une machine, qui représente
toutes les machines des usines. La machine est un
printemps, mais n’a qu’une jeunesse.
monstre car elle dévore les forces des enfants, qui
s’épuisent pour qu’elle fonctionne. C’est un ogre.
La figure de style ici employée est la métaphore : la
machine n’est pas seulement comparée à un
monstre, elle est identifiée à un monstre.
Ils travaillent p. 258
5. Si le poète commence par trois vers correspon-
dant chacun à une phrase interrogative, c’est pour
Cet extrait de Melancholia est d’abord intéres-
mieux attirer l’attention du lecteur, qui attend des
sant par son thème, le travail des enfants, qui
réponses. Le poète cherche à impliquer le lecteur, il
conduit à poser les questions de la pauvreté, de la
le place d’emblée devant une sorte de mystère, et
justice. Il présente en outre l’avantage d’être d’un
l’oblige à voir ce qu’il veut lui montrer. Le question-
apport culturel certain, puisqu’il permet aux jeunes
nement est progressif : d’abord le lieu, le but, puis
élèves d’avoir un premier contact avec l’univers et les
les personnages et leur aspect, enfin l’identité des
procédés hugoliens. Le texte a par ailleurs une visée
enfants les plus misérables.
argumentative très forte ; il cherche à dénoncer un
état de fait inacceptable. On pourra sur ce point 6/a. On rappellera au préalable les lois qui règlent
mener une étude comparative entre le texte de Hugo le compte des syllabes (manuel, p. 250). Tous les
et le sonnet de Rimbaud qui figure sur la page à côté. vers comptent douze syllabes, on peut donc dire
On peut également associer le présent poème avec que le poète utilise uniquement des alexandrins.
l’ode de Ronsard qui se trouve à la page 146 du b. « Ils travaillent » (v. 10). Ces deux mots forment
manuel, pour former un groupement de textes ayant un rejet, celui-ci étant défini comme la courte
pour objectif la poésie argumentative. partie finale d’une phrase qui a été commencée
dans le vers précédent. Après trois vers constitués tives, les rejets, les antithèses, etc. Le texte peut
d’appositions au sujet « ils » (v. 10), vers descriptifs être assimilé à un plaidoyer en faveur des enfants,
donc, le poète place un verbe d’action, seul, avec ou à un réquisitoire contre le travail des enfants :
son sujet, en début de vers. Après les trois vers l’élève qui lit peut être placé face à ses camarades
évoquant la machine tel un monstre, et présentant qui figurent le public à convaincre.
les enfants comme des anges, on ne s’attend pas
au verbe « travailler ». Le mot mis en valeur est ce
verbe ; il surprend, ici.
c. On peut relever deux antithèses au vers 9 :
« Innocents dans un bagne, anges dans un enfer ».
« innocent » s’oppose à « bagne », puis « anges »
s’oppose à « enfer ». « bagnes » et « enfer » sont
Le dormeur du val p. 259
péjoratifs ; ils désignent des lieux de souffrance.
« innocents » et « anges » sont mélioratifs. L’effet Pour étudier ce poème, on peut partir de sa date de
produit est celui d’une très forte opposition, composition (octobre 1870) et le situer par rapport à
puisqu’elle est doublée, renforcée. la guerre de 1870. Mais, aux élèves qui demandent
Dans un premier temps, cette forte opposition souvent si Rimbaud a réellement vu un soldat mort,
met en valeur l’injustice qui frappe ces enfants. Ce on ne peut répondre que prudemment : nous n’en
sont des innocents (ils n’ont commis aucun mal, avons aucune preuve. Le poète aurait plutôt traité un
aucun crime), ce sont même des anges ; ils sont thème littéraire de l’époque : la description d’un mort
comparés à ces créatures qui sont intermédiaires dans un cadre naturel. Quoi qu’il en soit, ce qui
entre les hommes et Dieu, et qui sont douées de importe ici, c’est bien plus la dénonciation subtile de
grandes qualités. Les enfants sont pourtant la guerre et de la mort injuste d’un soldat jeune, que
envoyés dans le dernier endroit où on devrait les l’habileté du poète à traiter ce thème littéraire.
trouver. Le poème peut être donné sans conteste comme
Ensuite, il y a l’horreur de leur situation, évoquée exemple d’un sonnet de facture classique : deux qua-
avec une gradation subtile : du bagne (enfer trains suivis de deux tercets, l’ensemble étant com-
humain) à l’enfer lui-même (lieu de supplice des posé d’alexandrins, avec des rimes d’abord croisées
damnés, dans la religion chrétienne, d’où une (ou alternées), puis deux rimes suivies (ou plates)
dimension religieuse). et enfin quatre rimes embrassées. De plus le poème
se termine avec une chute. Ici, l’art de la chute est
7. Le poète éprouve un sentiment de révolte porté à son comble puisque le dernier vers est une
quand il voit la situation de ces enfants. Son révélation qui change complètement le sens auquel
indignation est profonde, il n’accepte pas que des aboutissait la première lecture.
enfants mènent une vie de travail et de souffrance.
Il exprime sa colère en prenant à témoin les Réponses aux questions
lecteurs. Pour les enfants eux-mêmes, Victor Hugo
éprouve de la pitié, de la compassion : « Ils ne 1. Il ne s’agit pas d’un véritable dormeur mais
comprennent rien à leur destin, hélas ! » (v. 14). d’un soldat mort, comme le révèle le tout dernier
vers : « Il a deux trous rouges au côté droit » (v. 14).
8. Dans ce texte, Victor Hugo dénonce le travail Il s’agit de deux blessures qui résultent d’impacts
des enfants. Au XIXe siècle, on pouvait faire travailler de balles et qui saignent.
des enfants comme des adultes. Le poète insiste sur
le fait qu’il n’existe aucune limite ; on impose aux 2. Le mot « jeune » (v. 5) est placé en apposition,
enfants des conditions qui ne correspondent pas à ce qui lui donne de l’importance. Le fait que
leur âge, et que l’on peut qualifier d’inhumaines. Et le soldat soit jeune est en harmonie avec le décor,
le poète critique très fermement : le jeune âge des où tout est fraîcheur et lumière. Enfin cet adjectif
enfants, la mauvaise position qu’ils ont au travail, la rend la chute encore plus émouvante, injuste,
durée et le type du travail imposé. Plus générale- révoltante. La mort est encore plus douloureuse et
ment, Hugo s’insurge contre le travail des enfants, scandaleuse quand elle concerne une personne
alors qu’à leur âge ils devraient se développer de jeune.
manière heureuse et joyeuse : le texte commence
3/ a. Rimbaud utilise ici l’alexandrin. On peut
en effet par une allusion au rire des enfants (v. 1).
prendre comme exemple le premier vers et le
9. Modalités. Ce texte se prête fort bien à une lec- dernier :
ture orale, car la plupart des procédés de l’auteur « C’est/un/trou/de/ver/du/re où/chan/te u/ne/ri/vière »
sont oratoires : les questions initiales, les répétitions 12 syllabes
(par exemple s’en vont/vont : v. 4-5), les anaphores « Tran/quil/le. Il/a/deux/trous/rou/ges/au/cô/té/droit »
(Ils… ils… : v. 4-5, v. 13-15), les phrases exclama- 12 syllabes
b. Comme exemple de rejets, on peut citer 7. Le poète a été révolté de voir un jeune soldat
« D’argent » (v. 3), « Luit » (v. 4), « Dort » (v. 7), mort, transpercé de balles, et ceci dans un décor
« Tranquille » (v. 14). L’effet produit est une mise magnifique. Il dénonce la mort injuste, la guerre
en valeur : à chaque fois un mot est mis en relief, qui tue sans se soucier de l’âge de la victime : ce
provoque une légère surprise ; c’est surtout le cas soldat est jeune et il est situé dans un cadre
de « Dort » et « Tranquille ». Si l’on adopte une vue qui invitait à la vie. La Nature est belle, douce,
plus globale, on s’aperçoit que l’effet produit par hospitalière, c’est du côté des hommes (absents du
ces rejets se fait sentir sur l’ensemble du texte, plus poème, sauf la victime), qu’il faut chercher la
précisément sur la perception visuelle et auditive source du mal. Par ce poème, et de façon implicite,
qu’on peut en avoir. Rimbaud crée en effet, par Rimbaud dénonce le Mal dont les humains sont
ces rejets, un déséquilibre dans la lecture. On capables.
pourrait se laisser bercer par la régularité de 8. L’image reproduit un pastel, les couleurs sont
l’alexandrin, les nombreux rejets nous en empê- donc assez douces. Ce tableau représente un coin
chent. Le lecteur est sans cesse obligé de faire cou- de nature assez semblable à celui évoqué par
rir le regard (recherche d’une continuité visuelle) ; Rimbaud dans le poème : un bord de rivière, une
il est sans cesse troublé à l’oreille par le décalage herbe bien verte, des arbres, de la lumière. Sans
entre la métrique, les rimes d’une part, et le sens être identique à celui du poème, le décor dégage la
d’autre part. Ainsi les lecteurs-auditeurs sont même atmosphère, et la même impression de
irrésistiblement entraînés vers la chute. Les rejets calme, de tranquillité, de nature heureuse.
sont ici un procédé nettement au service du sens.
4. La proposition subordonnée de comparaison
est « comme/Sourirait un enfant malade » (v. 9-10).
Elle ne donne pas d’information réjouissante sur le
soldat, bien au contraire. Le mot « souriant »
apportait un renseignement favorable, de bon Barbara p. 260
augure, mais la reprise par un verbe au condition-
nel, « sourirait » vient ternir cette impression. Puis Ce célèbre texte de Prévert assure une transition
l’adjectif « malade » gomme définitivement tout ce habile entre les poèmes à dominante lyrique et ceux
que l’on a cru positif, voire joyeux, dans le sourire à dominante engagée : le poète exprime ses
du soldat. L’intérêt de cette proposition est de nous sentiments (tristesse, nostalgie, mais aussi amitié et
faire voir le sourire du soldat, et de nous inquiéter. bonheur d’aimer) pour mieux dénoncer la guerre. Il
5. L’expression « La lumière pleut » (v. 8) est une se révolte contre ce qui détruit les relations humaines
métaphore. Elle indique que, filtrée à travers les aussi définitivement que les villes : on pourra en ce
arbres, la lumière tombe sur l’herbe en rayons qui sens commenter le choix des derniers mots du poème :
ressemblent à de la pluie. L’effet produit est « il ne reste rien ».
d’abord la surprise car cette alliance de mots – On n’oublie pas que le poème a toutes les caracté-
lumière et pluie – est inattendue ; l’effet produit est ristiques d’une chanson, et qu’il a précisément été
également très visuel, car on s’imagine voir la mis en musique par Joseph Kosma, puis interprété
lumière tomber en rayons comme des traînées par différents artistes. Une version ancienne de cette
de pluie. Cette métaphore a une forte portée chanson, par les Frères Jacques, a été récemment
descriptive. rééditée (collection The intense music, éditeur TIM,
The International Music Company).
6. Le mot repris dans le premier et le dernier vers
est « trou ». Les couleurs ont cependant changé. Réponses aux questions
Dans le premier vers, le mot « trou » désigne un
coin de nature (un endroit de petites dimensions), 1. Le premier verbe employé par le poète est
il est précisé par le complément de nom « de « se rappeler » ; il apparaît sept fois dans le poème :
vers 1, 6, 11, 14, 15, 23, 29.
verdure ». Dans le dernier vers, le mot est passé au
pluriel, il désigne des blessures ; il est employé sans 2. Le retour sur le passé s’étend du vers 1 au
ménagements, au sens propre, sans métaphore ni vers 36 (les sept verbes « rappelle-toi » sont entre les
comparaison, ce qui accentue la cruauté. Le poète vers 1 et 29).
ne ménage pas son lecteur mais cherche précisé-
3. La scène évoquée se déroule à Brest, très
ment à le choquer par cette indication très sèche
exactement rue de Siam (v. 8).
et clairement réaliste. Le passage du « trou de ver-
dure » aux « trous rouges » est saisissant et résume à 4. Le poète s’adresse à une jeune fille prénommée
lui seul la progression et l’effet du poème. Barbara. Le lien entre ce personnage et le poète est
dû au hasard : le poète ne connaît pas cette jeune (v. 48-49). La pluie tombe sur les ravages de la
fille, il n’a fait que de la voir, un jour : « Et je t’ai guerre, c’est maintenant une pluie noire, un sym-
croisée rue de Siam » (v. 8), « Toi que je ne connaissais bole de la mort. C’est en effectuant une comparai-
pas/Toi qui ne me connaissais pas » (v. 12-13). son qui porte sur la pluie que le poète peut faire
comprendre combien le monde a changé à cause
5/ a. Dans le passage qui traite du retour sur le
de la guerre.
passé (v. 1 à 36), le champ lexical de l’eau est
constitué des mots suivants : « pleuvait » (v. 2), 11. Ces métaphores (v. 40-41, v. 50-51)
« ruisselante » (v. 4), « pluie » (v. 5), « pleuvait » désignent les bombes qui sont tombées sur la ville
(v. 7), « pluie » (v. 20), « ruisselante » (v. 21), de Brest (fer, acier), les incendies qu’elles ont
« pluie » (v. 30), « pluie » (v. 34), « mer » (v. 34). provoqués (feu) et les victimes qu’elles ont causées
b. Dans le moment évoqué, la pluie n’était pas liée (sang). Elles permettent de reprendre le thème de
à la tristesse, mais à la vision de Barbara, donc à un la pluie ; la « pluie sage et heureuse » (v. 31) a laissé
souvenir heureux. place à la « pluie de fer/De feu d’acier de sang »
6. Dans ce retour sur le passé, c’est un sentiment (v. 40-41). Elles évoquent en peu de mots la chute
de bonheur qui domine. La pluie était heureuse destructrice des bombes et mettent ainsi en
(v. 31), la ville était heureuse (v. 33), et le poète a évidence l’intensité et la violence des bombarde-
été heureux d’assister à la rencontre heureuse entre ments. Ajoutons qu’on peut voir dans cette
Barbara et l’homme qui l’attendait. insistance de l’image de la pluie sous toutes ses
formes une allusion au climat typique de Brest.
7. C’est au vers 39 que poète revient au présent,
au moment où il écrit : « Qu’es-tu devenue mainte- 12. Le poème n’est pas composé en vers réguliers ;
nant ». Le vers 38 opère une transition. on trouve des vers de plusieurs types qui se suivent
sans régularité, de manière libre, par exemple :
8. Le vocabulaire de la guerre apparaît au vers 35 « Rap/pel/le-/toi/Bar/ba/ra (7 syllabes)
avec le mot « arsenal ». Le champ lexical de la Il/pleu/vait/sans/ces/se/sur/Brest/ce/jour-/là
guerre est composé des mots et groupes « guerre » (11 syllabes)
(v. 38), « pluie de fer/de feu d’acier de sang » Et/tu/mar/chais/sou/ri/ante (7 syllabes)
(v. 40-41), « mort » (v. 44) « disparu » (v. 44), « deuil » É/pa/nou/ie/ra/vie/ruis/se/lante (9 syllabes)
(v. 49), « orage/de fer d’acier de sang » (v. 50-51), Sous/la/pluie » (3 syllabes)
« crèvent » (v. 53). On accepte aussi « disparaissent » Il n’y a pas non plus de rimes disposées de
(v. 54), « pourrir » (v. 56). manière régulière. Mais il y a de nombreuses asso-
9/ a. Le poète éprouve un sentiment de révolte nances qui forment des échos, qui créent une
contre la guerre : « Quelle connerie la guerre » musique : « Et tu marchais souriante/Épanouie ravie
(v. 38). ruisselante » Ici, le son a est répété, il est repris (de
b. Pour exprimer cette révolte avec beaucoup de manière nasalisée) dans le son « an ».
force, le poète emploie d’abord un mot familier 13. Le poème comporte de nombreuses formes de
voire vulgaire : « connerie » (v. 38). Il use de répétitions. Elles ne portent parfois que sur un mot :
métaphores faisant ressortir la violence de la « heureuse/heureux/heureuse » (v. 31-33). Les répéti-
guerre : « cette pluie de fer/De feu d’acier de sang » tions de vers font comme des refrains : « Rappelle-toi
(v. 40-41), « pluie de deuil terrible » (v. 49). Il Barbara » (v. 1, 6, 11, 23, etc.), de même « Oh Bar-
emploie des comparaisons de niveau familier, elles bara » (v. 37, 45). Certaines expressions sont reprises
sont réalistes, choquantes : « Tout simplement des avec des modifications d’ordre : « Épanouie ravie ruis-
nuages/Qui crèvent comme des chiens/Des chiens selante » (v. 4), « Ruisselante ravie épanouie » (v. 21),
qui disparaissent/Au fil de l’eau sur Brest/Et vont ou « De feu d’acier de sang » (v. 41) et « De fer d’acier
pourrir au loin » (v. 53-56).
de sang » (v. 51). On remarque également des ana-
Et il termine le poème sur le mot « rien » (v. 58),
phores : « Toi que je ne connaissais pas/Toi qui ne me
qui dit la destruction totale de la ville, que la
connaissais pas » (v. 12-13). De nombreux procédés
guerre peut conduire au néant.
créent donc du rythme, frappent l’attention et aident
10. La proposition subordonnée qui exerce la la mémoire. Or ces procédés sont parmi ceux qui
fonction de complément de comparaison est : caractérisent le mieux les paroles de chanson. De
« comme il pleuvait avant » (v. 47). Les éléments plus, ils sont soutenus par d’autres, qui enrichissent
comparés sont la pluie d’avant la guerre (v. 5, etc.) l’aspect sonore : les allitérations et les assonances
et la pluie qui tombe au moment où le poète (voir question précédente). C’est sans doute pour-
s’exprime. Le fait qu’il pleuve n’a pas changé, quoi ce poème a été mis en musique pour être
il y a toujours cette eau qui s’abat du ciel. Mais chanté, en plus, évidemment, de la qualité de son
maintenant la pluie s’abat sur une ville en ruine inspiration.
14/a. On peut dire que ce poème est lyrique car il cette soirée d’été où nous avons dansé sur la
exprime les sentiments personnels du poète : peut- terrasse.
être l’amour, et le bonheur passé, mais surtout la c. Un souvenir porte en général sur un moment
mélancolie du souvenir et la tristesse : « N’oublie bien défini, bien net ; une réminiscence est un
pas/Cette pluie sage et heureuse/Sur ton visage souvenir vague, imprécis.
heureux/Sur cette ville heureuse » (v. 30-33).
b. On peut aussi considérer ce poème comme
engagé car le poète donne son avis sur la guerre.
Prévert y crie sans ambages la révolte que lui ins-
pire la guerre : « Quelle connerie la guerre » (v. 38).
Il s’engage clairement comme pacifiste.
Couplets de la rue
15. L’auteur de l’image a choisi la plongée. La
composition place les personnages au premier Saint-Martin p. 262
plan, l’arrière-plan étant formé par une surface
quadrillée évoquant un sol. Des effets d’eau La poésie de la Résistance est une des réussites les
complètent cette composition afin de donner l’im- plus emblématiques de la poésie engagée. Nous
pression d’un mouvement tournant. C’est une n’avons donc pas hésité à placer dans cette séquence
image créée à partir de photographies et d’effets quatre poèmes écrits sous l’Occupation, entre 1941
spéciaux. L’utilisation du noir (ou marron foncé) et et 1944 : les deux présents poèmes de Robert Desnos,
du blanc permet de jouer sur les contrastes : l’effet La Rose et le réséda de Louis Aragon, et Liberté de
est saisissant entre la luminosité du fond et Paul Éluard.
l’ensemble sombre formé par les personnages, Ces poèmes de Desnos peuvent être étudiés
leurs parapluies et leurs ombres. séparément, mais leur comparaison pourra se révéler
Cette photographie inspire de la curiosité : qui profitable, montrant l’alternance de moments
sont ces personnages ? Que peuvent-ils regarder ? d’espoir et de désespoir en temps de guerre. Ils ont été
Qu’attendent-ils ? Ils forment une unité en écrits la même année mais diffèrent par leur compo-
apparence stable : un couple formé d’un homme sition. Le premier, proche de la chanson populaire,
et d’une femme de taille semblable, vêtus de joue sur les répétitions, les sonorités ; le second est de
manière semblable, tenant des parapluies facture plus classique avec la force des alexandrins.
quasiment identiques, regardant dans la même Ces deux poèmes sont à la fois lyriques et engagés.
direction. Et cependant les effets (reflets, assem- Écrits pour participer au combat de la Résistance, ils
blage de plusieurs éléments) créent de l’instabilité : disent aussi l’amitié, le plaisir de vivre et la beauté
mouvements tournants de l’eau, du vent peut- du monde.
être, ombres incomplètes, pieds de la femme
coupés par rapport à ses jambes, etc. Réponses aux questions
L’observateur ressent donc une certaine inquié-
1. Ce poème a été composé en 1942. À cette
tude, un certain malaise, renforcé par l’absence de
époque la France était occupée par les Allemands,
décor ou d’objet identifiable.
après la défaite de 1940.
16. Modalités. L’exercice repose à la fois sur une
imitation de forme (vers libres) et d’inspiration
2. André Platard devait certainement habiter dans
la rue Saint-Martin, ou y travailler, et il a sans doute
(évocation d’un souvenir directement adressée à
une personne) par rapport au texte étudié. Les été arrêté dans cette rue.
élèves peuvent s’appuyer sur la structure du poème 3. Le pronom « ils » (v. 12) renvoie aux personnes
au moins pour commencer : une apostrophe à qui ont arrêté André Platard, certainement des
l’impératif, le nom du destinataire, l’évocation membres de la Gestapo. Le pronom « on » (v. 12,
d’une journée précise avec indications sur l’atmo- 13) renvoie à ceux qui connaissaient André Platard :
sphère. On sera attentif à l’emploi des moyens de ses amis, sa famille, les habitants de la rue.
comparaison : on rappelle que le choix s’effectue
essentiellement entre des figures de style (méta- 4. André Platard a certainement dû être arrêté par
phore, comparaison) ou un moyen grammatical (la la Gestapo ou par une organisation paramilitaire
proposition subordonnée conjonctive complément française précédant la Milice (qui sera créée peu
de comparaison). après 1942).
5/a. Le poème est composé de quatre strophes.
LA VIE DES MOTS Les strophes 1 et 3 comportent quatre vers et les
a. Avant de commencer mon exercice, je me remé- strophes 2 et 4 en comptent cinq. Les vers sont
more les théorèmes appris récemment. ⵑ Je revois dans l’ensemble irréguliers : la première strophe est
composée de vers de neuf syllabes ; dans la geant une remarque générale, par exemple en
deuxième strophe les vers ont aussi neuf syllabes soulignant la nécessité qu’éprouve la mémoire à se
sauf le vers 7 ; dans les troisième et quatrième rattacher à des éléments concrets (objets,
strophes, les vers comptent 7, 8 ou 9 ou 10 syl- paysages, sensations…), à valoriser les souvenirs
labes. Plus le poème progresse, plus il perd de sa liés à des états affectifs intenses (peurs, amours,
régularité, comme si la douleur venait petit à petit deuils, joies partagées, etc.).
décomposer le poème.
Les rimes sont assez régulières puisque le son [ε̃]
revient toujours sauf à trois reprises (v. 2, 6 et 16).
Considéré dans son ensemble, le poème n’est
donc pas en vers réguliers.
Demain p. 263
b. Les nombreuses répétitions font ressembler
ce poème à une chanson. Les vers répétés jouent Voir présentation du poème précédent.
le rôle d’un refrain : le vers « Je n’aime plus la
rue Saint-Martin » revient à quatre reprises (v. 1, 3, Réponses aux questions
5, 9). Le groupe nominal « la rue Saint-Martin » 1/ a. Le poème Demain a été écrit en 1942. La
est répété encore deux fois (v. 13 et 18). Le vers France était alors occupée par les Allemands, à la
« C’est mon ami, c’est mon copain » est aussi répété suite de la défaite de juin 1940.
deux fois (v. 7 et 10). Ces échos, ces reprises, b. Compte tenu de cette situation, « la nuit » (v. 9)
donnent son rythme au texte, qui s’apparente à désigne ici l’occupation nazie, avec l’absence de
une complainte. Cette ressemblance est confirmée liberté, et entre autres l’application des lois
par le mot « couplets » figurant dans le titre. raciales. « Le jour » (v. 10), c’est au contraire un
6. Pour exprimer son désespoir, le poète répète le monde libre, où la démocratie sera possible, et
nom de son ami, « André Platard » (v. 1, 6, 18). Il une vie normale, heureuse. « L’aurore » (v. 11),
insiste sur son dégoût, la perte de sa joie de vivre : c’est la naissance du jour, c’est-à-dire, ici, le début
« Je n’aime plus la rue Saint-Martin » (v. 1, 3, 5, 9), de la victoire contre l’occupant, la libération du
« Je n’aime rien, pas même le vin » (v. 4). Les pays.
nombreuses répétitions résonnent comme des 2. « La lumière » et « le feu » (v. 6) représentent
lamentations, le poème semble une complainte. Le l’espoir de jours meilleurs, la solidarité, la fraternité,
poète exprime son angoisse par la répétition de le goût de la liberté. Ces mots sont employés au
cette constatation désabusée : « on ne sait plus sens figuré, ils désignent des symboles.
rien » (v. 12), « on ne sait rien » (v. 17).
3/a. La personnification qui concerne le temps est
7. Oui, on peut dire que ce poème est à la fois « vieillard souffrant de multiples entorses » (v. 3). Elle
lyrique et engagé. Son lyrisme tient à l’expression insiste sur des infirmités ; elle est donc péjorative.
de l’amitié, du désespoir : « C’est mon ami, c’est b. L’espoir est plus fort que le temps : « Âgé de cent
mon copain » (v. 7, 10), « Le temps passe, on ne sait mille ans, j’aurais encore la force/De t’attendre,
rien » (v. 17). L’engagement du poète tient à sa ô demain pressenti par l’espoir » (v. 1-2).
dénonciation des façons d’agir de l’occupant nazi,
la dénonciation des arrestations arbitraires : « Ils 4/ a. Le poète a choisi des rimes croisées (ou
l’ont emmené, on ne sait plus rien » (v. 12). alternées) : ABAB, CDCD, EFEF. Par exemple :
Comme ce poème a été écrit en 1942, il constitue force/espoir/entorses/soir (strophe 1).
aussi un témoignage sur ce qui se passe dans les b. Le poème est composé de trois strophes de
rues de Paris, et d’autres villes de France. Par l’écri- quatre vers chacune (ces strophes sont des
ture de ce poème, le poète s’engage pour son quatrains). Les vers comptent tous douze syllabes
ami, pour qu’on ne l’oublie pas, pour que l’on (ce sont des alexandrins). Quant aux rimes, elles
pense à lui ; par là même le poème apparaît sont croisées, et suffisantes (voir réponse à la
comme un moyen de lutter pour tous ceux qui question 4). Le poème est donc composé en vers
connaissent le même sort. C’est un appel implicite réguliers : strophes, vers, rimes, suivent stricte-
à la résistance contre l’occupant. ment les règles de composition habituelles.
8. Modalités. Cet exercice permet de prolonger le 5/ a. Au vers 10, le mot « présent » signifie
poème par une réflexion, en l’occurrence sur le lien cadeaux. Le poète désigne ainsi tout ce que le jour
entre les lieux et les souvenirs. Il peut être effectué (la liberté, la vie heureuse) offre de beau et de bon :
à l’écrit ou à l’oral. Dans ce dernier cas, on laisse un les réunions familiales ou amicales, les moments
temps de réflexion aux élèves, leur permettant par heureux dans le travail ou le loisir, etc. Au vers 12,
exemple de prendre des notes, puis on interroge le mot « présent » signifie le temps actuel, ce qui est
plusieurs d’entre eux. On peut terminer en déga- aujourd’hui, maintenant.
b. Le fait que le poème s’achève sur le mot présent a donc une grande différence entre, d’une part, la
donne réalité à l’espoir, à l’avenir rêvé : un jour ce perception visuelle du poème, qui privilégie
sera la victoire et ce qui a été souhaité, rêvé, l’ensemble et l’unité des vers, et qui fait de cet
deviendra réalité. ensemble de vers un texte d’un seul élan, et d’autre
part la perception auditive du poème, qui en fait
6. Le poème de composition régulière (Demain)
une succession régulière de blocs sonores rythmés
correspond à un moment d’espoir.
par un refrain.
7. Ces deux poèmes nous aident à comprendre
2/A. v. 1 et 2 : Ce/lui/qui/cro/yait/au/ciel
les Résistants de 1942. Grâce au premier poème,
(7 syllabes)/Ce/lui/qui/n’y/cro/yait/pas (7 syllabes)
Couplets de la rue Saint-Martin, nous comprenons
v. 63 et 64 : L’a/lou/et/te et/l’hi/ron/delle
les dangers courus, la peine et l’angoisse dues aux
(7 syllabes)/La/ro/se et/le/ré/sé/da (7 syllabes)
arrestations, les malheurs provoqués par l’absence
Ces vers comptent sept syllabes.
de liberté. Avec le second poème, Demain, nous
b. Les vers sont réguliers puisqu’ils comptent tous
comprenons la volonté d’être fidèle aux valeurs, de
sept syllabes.
toujours garder l’espoir d’un monde libre, de lutter
c. Les rimes ne sont pas variées. Le poème, qui
pour une vie meilleure.
compte 64 vers, est entièrement fondé sur deux
8. Pour légender la peinture, on peut choisir les rimes : [a] et [l]. Ces rimes sont alternées, ce qui
deux vers suivants : « Or, du fond de la nuit, nous renforce la communion de « Celui qui croyait au
témoignons encore/De la splendeur du jour et de tous ciel » et de « Celui qui n’y croyait pas ».
ses présents » (v. 9-10). Ou simplement l’expression 3/a. L’amoureux (v. 3), le prisonnier ou la prison-
« Splendeur du jour ». nière (v. 4), ou le prince qui grimpe au secours de la
princesse (on le devine au vers 5) sont des person-
nages que l’on retrouve souvent dans des chansons
anciennes. Les lieux que l’on y remarque aussi sont
La Rose et le réséda p. 264 le château (que l’on devine dans les vers 4 à 6), la
citadelle (v. 27), la prison (v. 33). Quant aux
Nombreux sont les poèmes en langue française moments de l’année souvent cités dans des chan-
évoquant la Seconde Guerre mondiale et la sons et que l’on retrouve ici, ce sont l’hiver (v. 35)
Résistance. On en trouvera un excellent choix par et le printemps (v. 53).
exemple dans ces deux petits classiques : Anne b. Le refrain fait ressembler ce poème à une chan-
Bervas-Leroux, Au nom de la Liberté, poèmes de son. Celui-ci est formé de deux vers qui reviennent
la Résistance, collection « Étonnants classiques », à dix reprises de manière strictement identique :
GF Flammarion et Christine Chollet, Bruno Doucey, « Celui qui croyait au ciel/Celui qui n’y croyait pas ».
La Poésie engagée, collection « La Bibliothèque 4. Dans les vers 15-16, les mots sont employés
Gallimard ». au sens figuré. En effet « la belle/Prisonnière des
Le poème La Rose et le réséda a été publié en soldats » (v. 3-4) représente la France occupée par
1944, mais il a paru pour la première fois le 11 mars les Allemands ; les hommes combattent pour elle,
1943. Aragon avait été frappé par le fait que le pour la délivrer, par la parole (serments, poèmes,
même jour on pouvait lire une affiche annonçant etc.), par amour (engagement, patriotisme, etc.),
l’exécution d’Estienne d’Orves (qui était catholique) et par la force physique (maniement des armes,
et un avis informant de l’exécution de cinq militants lutte, etc.).
communistes. Le poète a décidé de célébrer cette
réunion dans un même idéal et un même destin de
5. La dédicace cite deux personnages, Gabriel
Péri et d’Estienne d’Orves, or les personnages indi-
personnes portées par des convictions différentes. Ce
qués au début du poème par le pronom « celui »
poème fut distribué pendant la guerre sur des tracts
(2 fois) sont au nombre de deux : les personnages
anonymes : il est un signe concret d’engagement.
indiqués dans les premiers vers sont Gabriel Péri et
d’Estienne d’Orves. La notice biographique nous
Réponses aux questions
aide à faire correspondre chaque nom propre avec
1. Visuellement, on ne perçoit pas de strophes chaque périphrase : d’Estienne d’Orves est « Celui
dans ce poème. Oralement, le retour régulier du qui croyait au ciel » et Gabriel Péri « Celui qui n’y
couple de vers « Celui qui croyait au ciel/Celui qui n’y croyait pas ». La dédicace permet de mettre des
croyait pas » permet de découper des unités noms propres, des personnes, sous les deux
sonores qui évoquent des strophes. Ces unités se pronoms « celui ». Les noms propres ne figurent
composent de six vers chacune, les vers qui revien- pas dans le poème car le poète désire généraliser le
nent comme un refrain étant les deux premiers. Il y cas, en faire un symbole.
6. Dans les vers 3 et 4, la métaphore est la sui- apparaissent secondaires face à un grand péril
vante : « la belle/Prisonnière des soldats ». Le poème commun. Pour se défendre contre l’oppression,
a été publié en 1944. À cette époque, la France l’injustice, des gens qui par ailleurs ne sont pas
était en guerre et elle était occupée par les Alle- d’accord peuvent cependant s’unir sans trop
mands. Dans le vers 3, « la belle », c’est la France, le discuter : « Quand les blés sont sous la grêle/Fou qui
mot « prisonnière » rappelle que la France est occu- fait le délicat » (v. 21-22). Il est des cas où ce qui
pée par des ennemis qui lui enlèvent toute liberté, rapproche doit être privilégié par rapport à ce qui
et le groupe « les soldats » désigne les occupants sépare.
allemands. La métaphore consiste ici à parler de la
11. Aragon a écrit ce poème pour faire
France comme s’il s’agissait d’une jeune fille
comprendre aux Français la nécessité de s’unir
prisonnière.
dans la situation où ils se trouvent : un pays occupé
Remarque : on peut aussi parler en ce cas de par une armée étrangère. Ce poème a été écrit dès
personnification, voire d’allégorie (suite de méta- 1943 et il a circulé clandestinement : Aragon en
phores permettant de représenter de manière appelle à l’union de toutes les forces pour donner
concrète – ici une jeune fille – un élément abstrait toutes ses chances à la libération du pays. À cette
– ici un pays). époque, en effet, la Résistance est de mieux en
7. Les deux hommes sont très différents par leurs mieux organisée et le Débarquement est proche (il
idées. L’un est communiste, et les communistes aura lieu le 6 juin 1944). Dans le sacrifice commun,
sont réputés athées. L’autre est catholique, il croit ce ne sont pas les particularités qui comptent : « Et
donc en un Dieu, ici représenté par le « ciel ». Ils ont leur sang rouge ruisselle/Même couleur même éclat »
cependant un idéal en commun, l’amour de la (v. 47-48). Le poète s’appuie sur l’exemple de deux
France, et un objectif commun, tout faire pour hommes qui avaient des idées opposées, mais qui
sauver la France. ont connu le même sort (la mort par exécution)
parce qu’ils avaient tous deux le même idéal : la
8. Les vers 21-22 reposent sur une métaphore en libération de la France. C’est bien l’idéal commun
rapport avec la civilisation rurale, encore domi- qui doit être privilégié par rapport aux différences
nante à l’époque du poème. Lorsqu’un orage idéologiques ou religieuses : « Qu’importe comment
menaçait (par la grêle) les récoltes (le blé), tous les s’appelle/Cette clarté sur leurs pas/Que l’un fût de la
cultivateurs s’entraidaient pour mettre ces récoltes chapelle/Et l’autre s’y dérobât » (v. 9-12), « Tous les
à l’abri, ils oubliaient à ce moment-là les mésen- deux étaient fidèles/Des lèvres du cœur et des bras/Et
tentes qui pouvaient les diviser. Si l’un hésitait tous les deux disaient qu’elle/Vive et qui vivra verra »
(faisait le délicat), il mettait sa récolte en danger et (v. 15-18).
jouait donc contre lui, ce qui était une folie.
12. Modalités. Le poème, qui présente les carac-
9. À la fin du poème surtout, le poète présente téristiques d’une chanson, se prête aisément à un
des éléments par deux : Bretagne et Jura, framboise exercice de lecture orale. L’exercice propose une
ou mirabelle, flûte ou violoncelle, alouette et hiron- mise en voix engageant trois élèves : l’un joue le
delle, rose et réséda. Ces éléments sont choisis rôle d’un narrateur qui commente, les deux autres
parmi divers domaines : régions, fruits, objets (ins- rappellent chacun les deux personnes aux idées
truments de musique), oiseaux et fleurs. Le poète opposées, mais dont l’idéal et le destin furent com-
réunit dans un seul vers deux objets souvent perçus muns. On mènera de préférence la lecture sur un
comme contraires, par exemple : « Dites flûte ou tempo moyen. On n’hésitera pas à adopter un ton
violoncelle », c’est une alliance de contraires. De de conviction, par exemple en insistant sur des
plus la répétition du procédé, et le cumul de anaphores : « Fou » (v. 22 et 23), « Lequel » (v. 33,
tous ces contraires pris dans divers domaines, 35, 36), « même » (v. 48), etc.
accentuent cet effet de réunion. Pays de mer ou de
montagne, instrument à cordes ou à vent, unissent
13. Modalités. L’exercice repose sur une imitation
de structure. Les couples de vers proposés (ce ne
leurs efforts pour se libérer de l’ennemi. Les
sont que des exemples) servent à la fois de cellule
contraires deviennent alors complémentaires, et ils
génératrice et de refrain, comme dans le poème
sont davantage signes de réconciliation que de
d’Aragon. Les poèmes peuvent éventuellement
dispersion.
être rédigés dans une intention parodique : par
10. La principale raison qui pousse les hommes à exemple « Celle qui espérait encore » et « Celle qui
s’unir, c’est la recherche d’une force supérieure, n’espérait plus » peuvent être deux joueuses de
d’une plus grande efficacité : « L’union fait la force ». tennis avant un match décisif, « Celui qui parlait
Pour y parvenir, on oublie des divergences qui toujours » et « Celui qui ne disait rien » peuvent être
certes peuvent être importantes (par exemple la deux amis placés côte à côte dans une attraction
religion, qui est affaire privée) ; les divergences qui procure des sensations fortes. Selon l’habileté
des élèves, on peut attendre un poème compre- qui ont marqué l’histoire de la chanson, des
nant entre dix et trente vers. « classiques » afin de faire connaître des textes de
Remarque : si l’on veut s’en tenir à des octosyllabes qualité, pour construire dans ce domaine aussi une
dans le second couple de vers proposé, on peut culture commune. Les thèmes ici retenus sont de
par exemple modifier en ce sens : « Celui qui se toujours : la place de la nature, l’amitié entre
plaignait toujours/Et celui qui ne disait rien ». peuples, la révolte et le pacifisme.
14. La photographie montre un aspect de la
résistance parisienne peu avant la Libération de la
Réponses aux questions
capitale (août 1944). Le photographe a choisi un 1/a. Dans L’hymne de nos campagnes, le thème de
angle de vue privilégiant les personnages et il les a la nature est abordé : son importance pour
placés bien au centre du cliché. Cet angle de vue l’homme, le respect dû à la nature. Dans Göttingen,
permet de les montrer groupés, accroupis et serrés, la chanteuse traite de l’amitié entre les peuples, de
ce qui met en valeur l’union, la solidarité entre eux. la paix. Soufflée dans le vent aborde la guerre, la
Certains portent une casquette, d’autres sont tête dictature.
nue, signe qu’ils sont réunis ici bien que venant de b. L’hymne de nos campagnes prend position pour
milieux sociaux différents. L’engagement est mis le retour à la nature. Göttingen s’élève contre la
en valeur par leur attitude : ils regardent, guettent, guerre (surtout dans les deux dernières strophes),
se préparent. Certains braquent leurs armes, prêts donc pour la paix. Dans Soufflée dans le vent,
à tirer. Ils ont le regard tendu vers la rue qui leur fait l’auteur prend position contre les guerres et les
face et qui est hors champ. dictatures.
d’Éluard reproduit dans la question 9). Ce poème quotidien et l’insolite. Ce procédé prouve que sa
s’impose donc dans une telle séquence, d’autant plus démarche s’intéresse à l’universel : tout compte, les
que, devenu emblématique, il constitue une référence éléments du monde sont tous concernés, qu’ils
culturelle majeure du XXe siècle. soient présentés comme réels ou imaginaires. Tout
est support possible quand il s’agit de chanter la
Réponses aux questions liberté : du réel concret (« cahier d’écolier ») à
l’imaginaire abstrait (« chiffons d’azur »). Quand il
1. Le poème comporte vingt et une strophes,
est question de liberté, il y a aussi bien ce qui va de
suivies d’un mot isolé.
soi que ce qui fait appel à l’imagination. C’est peut-
2. Les strophes sont des quatrains car elles sont être précisément grâce à la liberté de l’esprit, de la
toutes composées de quatre vers. Les trois premiers création, qu’un tel poème peut se développer.
vers comptent sept syllabes et le dernier quatre.
6. Le vers qui est répété dans chaque strophe est
3/a. Chaque strophe est construite à partir de la le dernier, il vient après l’énumération des lieux :
préposition sur ; celle-ci est répétée au début des « J’écris ton nom ».
trois premiers vers de chaque strophe. Ce procédé a. C’est le poète qui s’exprime ; le pronom « je »
est effectivement une anaphore. La préposition sur renvoie au poète qui parle. Le geste accompli est
introduit à chaque fois un groupe nominal qui a la un geste d’écriture, il est indiqué par le verbe
fonction de complément circonstanciel de lieu. d’action écrire. Tout au long du poème, on ne sait
b. L’effet produit est un effet d’attente : on connaît pas à qui s’adresse le poète. On s’attend à un
l’action, écrire, on connaît les lieux de prénom féminin car le texte a les allures et le ton
l’action (ils sont indiqués par les compléments de d’un poème d’amour : il écrit ce nom « sur les
lieu, incroyablement nombreux et divers), mais on arbres » (v. 2). C’est seulement grâce au dernier
ne sait pas à qui s’adresse le poète : il y a un déter- mot que l’on comprend : Éluard s’adresse à la
minant qui suppose un destinataire (« ton ») mais liberté, c’est-à-dire à une idée, une valeur. Par sa
celui-ci n’est jamais nommé. Il faut arriver au démarche (le fait de s’adresser directement à une
dernier mot du poème pour le découvrir. Le grand idée, une valeur), le poète a réussi à personnifier
nombre de strophes, la structure très répétitive de cette idée abstraite.
ces strophes, font que l’information ne semble pas b. Ce vers est une preuve de volonté, de persévé-
avancer. Le poème devient une sorte de mélopée rance, au service de l’espoir. La longueur du
(chant monotone), un chant envoûtant qui fait poème et sa structure répétitive prouvent que le
attendre le mot que l’on chante. poète accomplit un effort universel pour faire
connaître la liberté, pour imposer partout sa
4. – « le pain blanc des journées » (v. 18) : par
présence. En l’écrivant, il impose « le pouvoir d’un
rapport aux nuits qui viennent d’être nommées
mot » (v. 81), celui du mot « liberté ». L’écriture
(v. 17), les journées sont claires (blanc) ; de plus
d’un mot est un acte de grande importance ;
c’est pendant la journée que l’on travaille pour
l’écriture d’un nom, en particulier, est un acte
gagner sa vie (le pain : symbole de la nourriture, de
hautement symbolique dans certaines civilisations.
la subsistance). Le pain blanc est donc symbole du
Nommer, c’est faire exister ; quand l’objet est
bonheur, de la chance. La strophe est d’ailleurs
nommé, il prend sa place dans la langue, et dans
consacrée à des signes de chance, à des marques
le monde.
de bonheur.
– « lit coquille vide » (v. 51) : quand on sort du lit, 7. Les strophes 18 et 19 constatent des pertes,
on voit encore l’empreinte du corps qui fait des destructions ; elles expriment la désillusion, la
comme un léger creux (forme de coquille renver- tristesse, l’amertume, l’échec, la solitude, le dénue-
sée), de plus le lit est un lieu où l’on se referme sur ment, jusqu’à l’abattement et au désespoir qui
soi, il fait penser à une coquille. Enfin quand on est annoncent la mort : « mes refuges détruits » (v. 69),
seul, qu’on s’est levé, le lit est vide ; c’est un « les marches de la mort » (v. 75).
symbole de départ, d’absence, de manque de vie. Les deux dernières strophes constatent au
contraire de nouveaux départs, des améliorations,
5. Dans les strophes 1, 2, 7, 11, le poète nomme
des réussites. Les sentiments ainsi exprimés sont
des objets et des lieux appartenant au monde
alors l’assurance, l’optimisme, la foi en l’avenir,
quotidien, familier, et ce qui est nommé garde son
et le principal sentiment (d’ailleurs nommé au
aspect habituel : « Sur toutes les pages blanches »
vers 79) est l’espoir (et son retour).
(v. 6), « sur les routes déployées » (v. 42). Dans les
strophes 6, 9, 10 au contraire, les éléments du 8. Le dernier mot du poème est mis en valeur par
quotidien sont davantage transformés par des sa position finale, et par son détachement par
métaphores et deviennent insolites. Selon les rapport au reste du poème. Il est isolé, mais centré
strophes donc, le poète associe à divers degrés le par rapport à la strophe précédente. Il est ensuite
mis en valeur par sa majuscule : le mot forme un Les autres mots qui figurent dans le dessin sont le
vers à lui seul. Enfin il a été mis en valeur par l’inter- nom de l’auteur du poème, Paul Éluard, qu’on dis-
minable attente créée par la longueur même du tingue sur la gauche, et le nom du peintre qui a
poème ; il arrive comme une solution qu’on n’es- réalisé l’illustration, Fernand Léger, en bas à droite.
pérait plus, tellement les strophes se répétaient b. Le visage du poète est représenté car il est
avec monotonie. Ce dernier mot est mis en valeur l’auteur du texte et le peintre reconnaît cette
car le poète veut présenter la liberté comme une primauté. Fernand Léger (1881-1955) était pour-
idée de grande importance, une valeur suprême. tant plus âgé que Paul Éluard, mais il a choisi de
montrer la prééminence de la poésie sur son
9. Ce poème est un texte engagé, car il chante la
propre travail. On remarque entre autres que le
puissance de la liberté, et son caractère universel, à
peintre a placé les mots « J’écris » dans un des
un moment où la France n’était pas libre mais
occupée par les Allemands. Éluard prend parti en doigts du poète, l’écriture est assimilée ici à un
faveur des forces qui veulent libérer la France, et véritable acte créateur et rappelle que le mot
dans ce but il rappelle à tous l’importance et la poésie vient du mot grec poiêsis signifiant création.
puissance de la liberté. Ce texte vise un objectif de c. Tous ces choix produisent différents effets. Il y a
libération, même si la guerre n’est pas nommée, bien prééminence de la poésie mais le texte du
même s’il n’est pas fait allusion à une situation poème lui-même n’apparaît pas pour lui-même, il
historique précise, ni par exemple à un combat n’est qu’un élément sur la page, entouré par des
précis. Il n’y a que dans les strophes 18 et 19 que éléments du dessin. Le poème occupe la place
l’on peut trouver un écho des ravages de la guerre centrale mais il n’est pas l’élément le plus visible.
dans l’esprit du poète, qui évoque alors destruction L’illustrateur a surtout donné de l’importance au
et mort. mot « liberté » et à la phrase « J’écris ton nom »,
qu’il a reproduits deux fois, avec une liberté de
10. Le poème ne fait pas allusion à une situation graphisme, de taille et de couleur. Le dessin
historique précise, si bien qu’il prend d’emblée une lui-même donne l’idée de liberté, la composition
portée universelle. Il rappelle la valeur de la liberté n’est pas stricte : on ne retrouve pas à droite les
partout où il en est besoin, et à toute époque, et figures en aplat vertical qui sont nombreuses à
avec des mots simples. Cette universalité du pro- gauche ; les figures de couleur forment comme
pos et cette simplicité du style ont permis au des taches irrégulières et aléatoires. Le document
poème d’acquérir une célébrité, c’est-à-dire être présente un équilibre, mais la composition
connu et reconnu par un très large public, dans de n’exclut pas une marge de liberté.
nombreux pays. Grâce à sa structure anaphorique
poussée très loin (vingt strophes construites de 12. Les couleurs utilisées ici par le peintre ne sont
manière strictement identique), on le remarque et pas très variées : il s’en est tenu au jaune, au bleu,
on s’en souvient. De plus cette structure inhabi- au rose et au vert. La nuance est obtenue par la
tuelle est au service de la liberté, c’est-à-dire d’une différence entre le clair et le foncé, par exemple,
notion que tout le monde désire ou privilégie, une pour ce qui concerne le bleu, le clair et le foncé
notion qui a du sens pour tout le monde, du soldat dans « ton nom » en haut à droite.
qui combat pour une libération à l’écolier qui aime- On rappellera aux élèves que les couleurs complé-
rait s’affranchir de bien des contraintes. Remar- mentaires s’organisent de la sorte : jaune/violet ;
quons aussi que ce poème ne combat pas de orange/bleu ; rouge/vert. On s’aperçoit alors que
manière agressive l’absence de liberté, il ne fait que le peintre a souvent utilisé ces caractéristiques :
chanter sa présence, son existence, son importance ; par exemple l’orange voisine avec le bleu sur la
il n’y a donc pas de violence dans ce poème, mais droite de l’illustration, le rouge (rose) voisine avec
une obstination douce qui séduit et convainc ; le vert sur la gauche. Le peintre ne recherche donc
cette qualité est certainement aussi à l’origine de la pas de subtiles et nouvelles harmonies, mais il
célébrité du poème. reprend des rapports de couleurs fondamentaux.
Le principal effet produit par ces choix, c’est une
11/a. Les mots « liberté » et la phrase « J’écris ton netteté, une franchise dans la répartition des
nom » sont placés de façon symétrique, de manière
figures et des couleurs qui est un écho de l’enga-
à obtenir un équilibre dans l’ensemble du docu-
gement net et sans nuances du poète.
ment : à gauche, en haut, le mot « liberté » que l’on
retrouve en bas à droite ; en bas à gauche la phrase 13. Modalités. L’exercice consiste en l’imitation
« J’écris ton nom », que l’on retrouve en haut à d’une forme, ici le quatrain avec les trois premiers
droite. On remarque que les caractères employés vers structurés par une anaphore et le vers final for-
pour ce mot et cette phrase sont à chaque fois mant refrain. On laissera l’élève libre de choisir le
différents, témoignant précisément d’une liberté type de vers : six, sept ou huit syllabes. Les mots
de l’écriture. proposés pour être mis en valeur ne sont qu’indicatifs.
treille/s’étire d’un geste engourdi » (v. 7-8). Le bruit espoir, etc.) Une variante consiste à écrire autour
de la pluie surtout est lié à un sentiment de renais- du mot central les mots qui s’y relient par simples
sance, la nature semble réagir, bouger, revivre : associations d’idées.
« le gravier tiède/Crépite » (v. 9-10), « on croirait Évaluation. On peut retenir les critères suivants :
[…]/Entendre sur le sable et l’herbe/Comme – la mise en page : disposition du poème, soin,
d’imperceptibles pas » (v. 10-12). lisibilité de l’écriture ;
Dans La pluie, c’est aussi un sentiment de plaisir, – la qualité du texte : choix d’une forme poétique
de bien-être qui domine. Il est dû à une sensation (composition, vers réguliers ou non, comparaisons
de pureté : la pluie a lavé, a fait briller, a fait revivre : et métaphores, entre autres) ;
« ce lézard doré qui s’étire et cligne des paupières » – la qualité de la langue : vocabulaire varié, ortho-
(v. 8). Ce plaisir est dû aux sensations olfactives : graphe correcte ;
« Les branches […] ont un parfum qui m’étourdit » – l’effet produit : le poème exploite habilement les
(v. 3) ou visuelles : « On voit briller au soleil la peau champs lexicaux, les idées et l’expression donnent
délicate des écorces » (v. 4). une impression de nouveauté.
3. Modalités. Avant cet exercice, on aura renvoyé
Corrigé des exercices
les élèves à la page 382 du manuel, qui présente les
1. Modalités. L’exercice s’appuie sur un support – principales figures de style.
une image – qui n’a pas d’autre ambition que a. La figure de style ici employée est l’anaphore.
d’être un tremplin pour l’imagination (celle-ci Elle produit un effet d’insistance. La répétition et le
étant comprise comme la faculté que nous avons cumul des accusations donnent plus de force à la
de créer nos propres images dans notre esprit). Si dénonciation.
les élèves éprouvent quelques difficultés devant b. Modalités. Les élèves peuvent reprendre l’ana-
une telle liberté, on peut chercher des idées phore du poème, en tout ou en partie. Ils peuvent
ensemble en classe et proposer des éléments à par- aussi faire porter leur anaphore sur d’autres termes
tir desquels ils mettront au point leurs propres que ceux choisis par Louis Calaferte. On peut
phrases, leurs propres vers. Par exemple : attendre la rédaction d’un poème d’une quinzaine
L’oiseau nuage vole vers la fenêtre de vers.
Trois œufs, un ciel tout bleu, où sont mes yeux ? Évaluation. Aux critères figurant à la page 271 du
Le soir est bleu, où va l’oiseau ?… manuel, on peut ajouter :
On précise aux élèves si l’on attend des vers – la mise en page : disposition du poème, soin,
réguliers ou non. On rappelle l’importance du lisibilité de l’écriture ;
choix des mots et des figures de style, surtout les – l’effet produit : le poème exploite habilement le
comparaisons et les métaphores. procédé de l’anaphore, les idées et l’expression
Évaluation. Si l’on souhaite évaluer les textes donnent une impression de nouveauté, la dénon-
composés par les élèves, on peut prendre en ciation est bien perceptible.
compte les critères suivants :
4. Le pastiche est un exercice très formateur car il
– la mise en page : disposition du poème, soin,
repose sur la compréhension fine du style de
lisibilité de l’écriture ;
l’auteur pastiché.
– la qualité du texte : composition (vers réguliers
a. Henry Bellaunay a conservé la forme du poème :
ou non, comparaisons et métaphores, entre
trois strophes de trois vers, en alexandrins. La
autres) ;
structure des phrases est également conservée
– la qualité de la langue : vocabulaire varié, ortho-
dans les deux premiers vers de chaque strophe.
graphe correcte ;
Henry Bellaunay a joué sur des analogies (des res-
– l’effet produit : le poème est en accord avec
semblances, des glissements de sens) : des
l’image donnée, idées et expression donnent une
roses/des poires, des ceintures/des foulards, ont
impression de nouveauté.
éclaté/a craqué, dans le vent, à la mer/sur le pavé
2. Modalités. L’exercice repose sur une recherche vieilli (l’analogie portant à la fois sur la nature et
de mots, et d’alliances de mots, afin de favoriser les la fonction : groupes nominaux compléments de
idées et leur originalité. On peut procéder à une lieu).
recherche collective en classe : on place l’un des Bellaunay a changé la structure et le contenu du
mots proposés au centre du tableau, puis on écrit dernier vers de chaque strophe : par exemple
tout autour les mots qui forment un champ lexical. « Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir »
On pense aux verbes, et aux adjectifs (notamment (vers 3, une proposition de conséquence) est
de couleur). On peut associer deux thèmes, deux devenu « Belles comme le sont les femmes qui sont
champs lexicaux ; on peut aussi lier un champ mûres » (vers 3, un adjectif complété par une
lexical à un sentiment (joie, tristesse, mélancolie, proposition de comparaison). L’humour provient
S’exprimer à l’oral
DIRE UN POÈME p. 272 Pour obtenir le même nombre de syllabes que dans
les autres vers (cinq ou sept syllabes), il est néces-
Réponses aux questions saire de prononcer en deux parties les syllabes
« rieux » dans « mystérieux » et « rien » dans
1. On peut rencontrer des difficultés de plusieurs
ordres. Il y a d’abord la composition du poème, « orientale ». Ce procédé s’appelle la diérèse :
privilégiant les vers courts et impairs : vers de cinq « Si/mys/té/ri/eux », « La/splen/deur/o/ri/en/tale ».
et de sept syllabes. Si l’on marque une pause à la fin 4. Dans chaque strophe, la disposition des rimes
de chaque vers, la lecture peut paraître hésitante, est la suivante : A/A/B/C/C/B/D/D/E/F/F/E. Il y a
hachée, voire décousue. Il y a ensuite des difficultés donc d’abord deux rimes suivies (ou plates), puis
d’articulation, de prononciation : « brouillés » (v. 8), quatre rimes embrassées, enfin deux rimes suivies
« traîtres » (v. 11), « luxe » (v. 14, 28, 42), « décore- et quatre rimes embrassées. Le refrain est organisé
raient » (v. 17), « hyacinthe » (v. 38). Enfin, certains avec deux rimes suivies.
mots posent un problème pour le compte des Il est important d’effectuer la liaison entre les deux
syllabes : le vers 10 ne compte apparemment que derniers mots du vers 16 afin d’obtenir une rime
quatre syllabes alors qu’il devrait en compter cinq bien nette : luisants/les ans. Cette liaison doit donc
pour être en adéquation avec la régularité des
être faite d’une manière très claire, voire avec un
autres.
peu d’insistance.
2. Les deux premiers vers comptent cinq syllabes,
5. Les deux premières phrases sont exclamatives
le troisième en comporte sept :
car le poète s’adresse à son destinataire directe-
« Mon/en/fant,/ ma/sœur, (5 syllabes)
ment, tout de suite, et avec beaucoup de sincérité,
Son/ge à/la/dou/ceur (5 syllabes)
de conviction. Les six premiers vers sont comme
D’al/ler/là-/bas/vi/vre en/semble » (7 syllabes)
des cris du cœur. L’invitation se veut une incitation
Le poète a uniquement choisi des vers de cinq et
immédiate, une offre de tentation ; dès les pre-
sept syllabes (heptasyllabes). Les strophes sont
toutes composées de la même manière : la cellule miers vers le poète désire manifester avec force le
formée par deux vers de cinq syllabes suivis d’un plaisir anticipé qui les attend, lui et la compagne à
vers de sept syllabes est reprise quatre fois. Il y a laquelle il s’adresse. Le poème offre un bel exemple
trois strophes, chacune étant suivie du même de lyrisme : le principal sentiment exprimé est le
refrain formé de deux vers (un distique) de sept désir d’un ailleurs, d’un monde harmonieux et
syllabes chacun. L’effet produit est celui d’une heureux. Ce désir est la conséquence d’un senti-
rigoureuse régularité, qui dégage un rythme égal, ment d’insatisfaction, d’un malaise de vivre dans le
comme celui d’une berceuse. Le poème se pré- monde tel qu’il est. Le poète exprime notamment
sente comme un objet visuel et sonore particuliè- l’amour, et le désir d’un amour total et sans
rement structuré, ordonné, équilibré. Le refrain, le contraintes.
rythme régulier, le choix des sonorités produisent 6. Les refrains entretiennent la régularité du
un effet très agréable à l’oreille ; ce poème est
rythme : ces deux vers reviennent au même
d’une grande musicalité.
moment et à l’identique. Ils contiennent une énu-
3. Le vers 10 compte apparemment quatre mération de cinq mots qui produit un effet de
syllabes et le vers 23 en compte apparemment six. calme, d’équilibre entre les strophes.
EXEMPLE 1
1 2 3 4
LANGUE LECTURE EXPRESSION EXPRESSION
Repères, p. 250, Couplets de la rue ÉCRITE ÉCRITE
Le sens des mots, Saint-Martin, Écrire un poème, Suite de la
Semaine 1 leçon 4, p. 292 : p. 262, Demain, p. 270 ; ex. 3, séance 3 :
sens propre, p. 263 p. 271, fin brouillon,
sens figuré préparation mise au propre,
et début ramassage
du brouillon des copies
5 6 7 8 9
EXPRESSION LANGUE LECTURE EXPRESSION LANGUE
ORALE Les effets dans La Rose ORALE Les sensations
Dire un poème, le texte : et le réséda, Suite de la et l’affectivité,
ex. 2, p. 273 ; les figures p. 264 séance 6 : leçon 5, p. 294
lecture orale, de style : récitation,
récitation : leçon 35, p. 382 7 élèves + lecture
Semaine 2
poème au choix cursive de
à apprendre : poèmes
la moitié pour
séance 9,
en entier pour
les séances 12,
13, 14
10 11 12 13
Bilan de EXPRESSION EXPRESSION Compte rendu
la séquence : ORALE ORALE et correction
Vers le brevet, suite des Suite des du bilan
p. 275 séances 6 et 9 : séances 6, 9, 12 : EXPRESSION
Semaine 3 récitation, récitation, ORALE
7 autres élèves + 7 autres élèves + Suite des séances
lecture cursive : lecture cursive 6, 9, 12, 13,
Liberté, p. 258 de poèmes les 4 élèves
restants plus
quelques autres
EXEMPLE 2
1 2 3 4 5
Repères, p. 250 Sonnet, p. 252 Écrire un poème, Dire un poème, LANGUE :
Les effets dans + lecture cursive : p. 270, ex. 1, p. 272, ex. 3 suite de la
le texte : les Green, p. 253 p. 271, ou 4, p. 273-274, leçon 35 +
figures de style, préparation, préparation, lecture cursive
leçon 35, p. 382 début du lecture orale, de poèmes
brouillon, récitation :
Semaine 1 brouillon à finir poème
pour la séance 8 à apprendre :
la moitié
pour la séance 9,
en entier pour
les séances 13,
14, 17, 18
6 7 8 9
L’expression de Le dormeur du val, Suite de la Suite de la
la comparaison, p. 259 séance 3 : séance 4 :
leçon 29, p. 366 amélioration récitation :
Semaine 2 brouillon 6 élèves + suite
mise au propre de la leçon 29
ramassage copies
+ lecture cursive
de poèmes
10 11 12 13 14
Les champs Barbara, p. 260 Suite des Suite des EXPRESSION
lexicaux, leçon 7, séances 3 et 8 : séances 4 et 9 : ORALE
p. 298 compte rendu récitation, Suite des
Semaine 3 et correction 6 autres élèves + séances 4, 9, 13 :
de l’ex. 1, p. 271 suite de la leçon 7 récitation :
6 autres élèves +
lecture cursive
de poèmes
15 16 17 18
Bilan de la Liberté, p. 268 EXPRESSION Compte rendu
séquence : ORALE et correction
Vers le brevet, Suite des séances du bilan + suite
Semaine 4 p. 275 4, 9, 13, 14 : des séances 4, 9,
récitation : 13, 14, 17 :
6 autres élèves + les 2 élèves
lecture cursive restants et
de poèmes quelques autres
d. Dans le chapitre 1, le retour en arrière permet à s’enrichir par n’importe quel moyen, qu’il est
de faire connaître au lecteur le passé et la person- peu scrupuleux.
nalité de Nantas. Ce retour en arrière a une portée
10. Nantas veut expliquer à Flavie pourquoi
explicative : on comprend mieux le désir de réus-
il a accepté ce singulier contrat. Il désire lui confier
site qui anime le personnage principal.
ses ambitions, lui parler de cette force de réussite
4/a. Nantas se sent du « génie », alors il veut trou- qu’il sent en lui. Mais Nantas ne réussit pas à
ver « une situation digne de lui ». Il envisage donc convaincre Flavie, qui reste impassible.
de se lancer dans une profession qui lui procure de
11. Nantas a su, par Mlle Chuin, que Flavie avait
la richesse et de la considération. Il est venu à Paris
été séduite par M. des Fondettes, le mari d’une de
parce qu’il estime que dans cette ville l’ascension
ses amies.
sociale est possible, il pourra parvenir à un haut
poste et faire fortune. 12. Entre Nantas et Flavie, les relations sont tout
b. L’obstacle qu’il rencontre, c’est qu’il ne trouve à fait inhabituelles. Ils seront mari et femme offi-
aucun travail. Il prend alors la décision de se suici- ciellement seulement. En réalité, leurs vies seront
der. Il n’exécute pas cette décision tout de suite distinctes, bien séparées. Ils n’auront aucun droit
parce qu’il est attiré par le soleil couchant : « Et il l’un sur l’autre.
s’assit de nouveau, en jurant qu’il se précipiterait de 13. À la fin du chapitre 2, Nantas est le mari de
la fenêtre, lorsqu’il ferait nuit noire. » Juste avant le Flavie, donc le gendre du baron Danvilliers. Il dis-
moment fatidique, il reçoit une visite imprévue. pose d’une fortune : les deux cent mille francs que
5. C’est une femme, Mlle Chuin, qui fait une pro- lui a attribués le baron. Nantas a des relations et
position inattendue à Nantas. Elle lui propose de l’argent qui peuvent lui permettre de réussir
d’épouser « une jeune fille très belle, très riche, dans la vie, mais il n’a ni l’estime du baron
magnifiquement apparentée », mais enceinte, et de Danvilliers, ni l’amour de sa femme. On peut donc
se faire passer pour le père de l’enfant qu’elle considérer que si sa situation est bien meilleure
porte. Nantas accepte pour enfin avoir une situa- financièrement, elle est bien triste affectivement.
tion : « Il donnait son nom, on lui donnait une situa- 14. Nantas risque de rencontrer des difficultés
tion ». C’est une revanche sur « ses deux mois de de plusieurs ordres. Professionnellement, il pourra
recherches et d’humiliations ». se heurter à des hommes d’affaires qui le méprise-
6. Le chapitre 2 n’est pas la suite directe du cha- ront en raison de ses origines. En privé, il pourra
pitre 1. Le procédé narratif qui ici permet d’accélé- souffrir de la froideur de son beau-père et de l’in-
rer le récit est l’ellipse. Cette ellipse entre les deux différence de sa femme.
chapitres évite de raconter plusieurs jours pendant
lesquels le baron Danvilliers, père de la jeune fille,
a été mis au courant, et pendant lesquels Nantas
Séance 2
s’est préparé à le rencontrer.
Un amour imprévu
7. Le baron Danvilliers est très franc vis-à-vis de
Nantas. Il lui adresse directement ses reproches. 1/a. Dix ans se sont écoulés entre les faits racon-
Ensuite, pour parler des dispositions financières du tés au chapitre 3 et ceux rapportés au chapitre 2.
mariage, le baron se montre très déterminé, mais b. Cette ellipse narrative a pour intérêt de passer
très correct. Il pense que son futur gendre a séduit sous silence des faits peu importants pour com-
sa fille pour avoir la dot, c’est-à-dire l’ensemble prendre l’histoire, et d’accélérer ainsi le récit. Le
des biens qu’une femme apporte à l’occasion de lecteur a envie de savoir ce que donne finalement,
au bout de quelques années, cette situation
son mariage : « C’est une dot gagnée aisément, c’est
inhabituelle entre un mari et sa femme.
un guet-apens où vous étiez certain de prendre la fille
Pendant ces dix ans, Nantas est parvenu à une
et le père […] ».
« des plus hautes situations financières et indus-
8. La beauté de Flavie est décrite au moment où le trielles ». Il est en possession d’une « immense
baron laisse Nantas et Flavie ensemble. Nantas fortune ». Cette réussite financière s’est doublée
voit Flavie : la description est faite à travers le d’une réussite politique : il est député et bientôt
regard du jeune homme : « Elle lui parut très belle, ministre. Quant au baron Danvilliers, il s’est retiré
avec son visage pâle et hautain, dont les grands yeux des affaires. Flavie est une femme du monde très
gris ne se baissaient pas ». élégante.
9. Flavie éprouve surtout du mépris pour Nantas : 2/a. Si l’on considère les entrées et les sorties des
« Nantas sentit, à sa voix, tout le mépris dont elle personnages, le chapitre 3 comporte six scènes.
l’accablait ». Flavie pense que Nantas cherche b. scène 1 : Nantas et l’huissier Germain. Accablé
de travail, Nantas est préoccupé des allées et qu’elle le cache dans la chambre de la jeune
venues de sa femme. Scène 2 : Nantas, le prési- femme. Elle prévient Nantas de la présence d’un
dent du Corps législatif, la femme de chambre homme dans la chambre de sa femme. Mlle Chuin
de Flavie. Le président du Corps législatif vient veut ainsi prouver à Nantas que sa femme le
proposer à Nantas le poste de ministre des trompe et ainsi toucher dix mille francs de lui,
Finances. Nantas abandonne cet entretien pour qui s’ajouteront aux dix mille francs de M. des
interroger la femme de chambre au sujet de Fondettes. Elle pourra ainsi acheter la maison de
Flavie. Scène 3 : Nantas, un ingénieur, un diplo- campagne qu’elle convoite. Elle n’agit que pour
mate, des députés, etc. Nantas est à l’apogée de son intérêt.
sa réussite financière et politique. Mais il est en Nantas, ayant eu la preuve de l’infidélité de Flavie,
proie à la jalousie, persuadé que Flavie le trompe. décide de se suicider après avoir fini de rédiger le
Scène 4 : Nantas et Flavie. Nantas accuse Flavie projet de budget pour l’empereur.
d’avoir un amant, puis il lui avoue son amour.
10. Au début des chapitres 1 et 5, le lieu de l’ac-
Exaspéré par la froideur de sa femme, il lui saisit
tion est le même. Les scènes se passent les deux
les poignets. Scène 5 : Nantas, Flavie, le baron
fois dans la mansarde de Nantas, dans la maison
Danvilliers. Accusée d’avoir un amant, Flavie révèle
rue de Lille, à côté de l’hôtel du baron Danvilliers.
à son père la vérité sur son mariage avec Nantas.
Au début de l’histoire (chap. 1), Nantas avait failli
Scène 6 : Nantas et Germain. Nantas reçoit sa
s’y suicider parce qu’il ne trouvait pas de travail et
nomination au poste de ministre des Finances,
qu’il était dans une profonde misère. À la fin de
mais réalise qu’il n’est pas heureux.
l’histoire (chap. 5), il décide de s’y suicider parce
3/a. Nantas a fait fortune dans le domaine finan- que sa femme le méprise et le trompe : « Aussi,
cier (et industriel) en participant aux « grandes devant la nécessité du suicide, était-ce dans cette
entreprises de chemin de fer » et grâce à « des spécu- mansarde qu’il avait résolu de mourir » (chap. 5,
lations sur les terrains ». début). Il avait toujours conservé cette mansarde :
b. Nantas va être nommé ministre des Finances « Lorsqu’un obstacle se présentait, il aimait aussi à y
parce qu’il est député, qu’il a des connaissances en réfléchir, à y prendre les grandes déterminations de
matière de finances, et qu’il exprime des théories sa vie » (chap. 5, début).
personnelles qui intéressent l’empereur. Le lecteur
11. Au moment où Nantas appuie le canon sur
est informé grâce à un retour en arrière effectué
sa tempe, Flavie entre dans la mansarde et par-
par le narrateur dans le premier paragraphe du
vient à détourner le coup. Puis elle lui dit le seul
chapitre 3.
mot qui puisse le décider à vivre : « Je t’aime ! ».
4. Nantas n’est pas comblé par sa réussite. Dans Cette intervention de Flavie était prévisible : déjà
une scène rapportée à la fin du chapitre 3, il Flavie avait été sensible au fait que Nantas rem-
répète deux fois « Je ne suis pas heureux ». Il lui plisse ses fonctions avec ardeur et intelligence :
manque le bonheur d’être aimé. « Pensant qu’il répondait au baron, Nantas, à plu-
sieurs reprises crut surprendre les yeux de sa femme
5. Flavie continue à être indifférente vis-à-vis de
fixés sur les siens. Souvent, maintenant, elle le regar-
Nantas. Son attitude n’a pas évolué depuis le
dait ainsi. Son regard ne s’attendrissait pas, elle
début de l’histoire.
l’écoutait simplement et semblait chercher à lire au-
6. Entre les faits racontés au chapitre 3 et ceux delà de son visage » (chap. 4). Et aussi : « Flavie le
rapportés au début du chapitre 4, il s’est écoulé regardait toujours ; et une mollesse à peine sensible
dix-huit mois. avait un instant passé sur sa face. »
La nuit où Nantas a découvert M. des Fondettes
7. Nantas a surtout voulu réussir socialement pour
dans la chambre de Flavie, celle-ci, après avoir
mériter Flavie, obtenir son estime. Il n’a pas atteint
chassé M. des Fondettes, est descendue voir ce
ce but, Flavie ne s’intéresse toujours pas à lui.
que faisait son mari et l’a aperçu à travers le trou
8. Le sentiment que Nantas éprouve maintenant de la serrure en train de travailler, un revolver près
pour Flavie, c’est la jalousie : « La jalousie le dévo- de lui. Flavie n’était donc pas aussi indifférente à
rait maintenant. Ne pas réussir à se faire aimer de Nantas que celui-ci le pensait.
Flavie était un supplice ; mais une rage l’affolait,
12. Le dernier mot de l’histoire est « fort ». C’est
lorsqu’il songeait qu’elle pouvait se donner à un
Flavie qui le prononce en s’adressant à Nantas,
autre » (chap. 4). Cette jalousie pousse Nantas à
pour qualifier celui-ci. Il s’agit de force morale, de
payer Mlle Chuin pour surveiller Flavie et lui
force de caractère, non de force physique. Cet
rapporter tous les faits et gestes de sa femme.
adjectif signifie énergique, travailleur, fidèle,
9. Mlle Chuin a reçu dix mille francs de M. des passionné. Il met au premier plan la persévérance
Fondettes, toujours amoureux de Flavie, pour de Nantas, qui a su vaincre toutes sortes de
difficultés, dans la solitude, car il n’avait l’appui ni 3. L’histoire racontée a duré près de douze ans.
de sa famille ni de sa femme. Nantas venait préci- En effet il s’est écoulé dix années entre le mariage
sément de remettre en question cette force sur de Nantas et sa nomination comme ministre
laquelle il s’appuyait mais qui ne lui donnait pas des Finances (chap. 3), puis dix-huit mois entre
l’amour en échange, or c’est précisément l’amour cette nomination et la dénonciation de Mlle Chuin
que Flavie lui apporte. (chap. 4).
4. Nantas est le fils d’un maçon, il est donc issu
d’une classe sociale modeste. Mais grâce à sa mère
Séance 3 qui avait de l’ambition pour lui, il a suivi des
études au lycée de Marseille et obtenu son bacca-
Faire le point : une nouvelle, lauréat, ce qui était à la fin du XIXe siècle le privi-
lège de la bourgeoisie. Le baron Danvilliers et sa
une époque fille appartiennent à la haute bourgeoisie finan-
1. Les ellipses narratives permettent de passer cière, à la haute société parisienne.
sous silence des périodes plus ou moins longues 5/a. Au début de l’histoire, Nantas est dans une
où les événements qui se produisent n’ont pas situation sociale modeste, puis difficile. Il a travaillé
d’intérêt pour l’histoire racontée. Or dans cette chez un négociant de Marseille. À Paris, il ne
histoire, l’important est de savoir la situation dans trouve pas de travail et tombe dans la misère. À la
laquelle se trouvait Nantas à son arrivée à Paris, la fin de l’histoire, Nantas est arrivé au sommet de la
situation à laquelle il est arrivé, et sa réussite finale. réussite sociale : financièrement, il est à la tête de
Les ellipses permettent de ne conserver que les plusieurs sociétés et possède une grande fortune,
étapes, les périodes utiles pour nous faire com- et politiquement, il est très proche de l’empereur
prendre l’évolution de Nantas, ses succès et ses en étant ministre des Finances.
échecs. b. La réussite sociale de Nantas tient d’abord à ses
Dans cette nouvelle, les retours en arrière appor- qualités personnelles : il est travailleur, inventif et
tent des informations sur le passé des personnages : persévérant. Sa réussite tient aussi à l’époque : le
au chapitre 2 pour Nantas, au chapitre 2 pour Second Empire est une période d’essor industriel
Flavie. Ils ont donc une portée explicative, permet- et d’enrichissement. Enfin Nantas a obtenu de
tent au lecteur de mieux comprendre l’évolution l’argent en acceptant de passer pour le père de
des personnages principaux. Certains retours en l’enfant d’un homme marié. Dans la société
arrière servent à résumer les événements qui ont d’alors, sans un pareil arrangement, une jeune fille
eu lieu pendant des périodes passées sous silence, enceinte était déshonorée. Il a su vaincre ses
dans les ellipses narratives. scrupules et accepter une situation qui lui offrait
relations et argent.
2. Dans cette nouvelle, certains moments sont
racontés longuement. c’est le cas de la soirée où 6. Au début de l’histoire, Nantas privilégiait la
Nantas rentre sans manger après plus d’un mois réussite matérielle, sociale. Il voulait être riche, être
de recherche pour un travail (chap. 1). Le récit quelqu’un d’important. Puis il découvre peu à peu
détaillé de cette soirée fait apparaître le désespoir que la réussite sociale n’apporte pas nécessaire-
profond de Nantas, qui explique que celui-ci ment le bonheur si on n’est pas aimé : l’amour ne
puisse accepter un marché odieux, se marier pour s’achète pas. Il faut aussi être heureux affective-
de l’argent. ment pour que la vie soit réussie.
Les deux rencontres sont rapportées au chapitre 2. 7. La nouvelle a pour titre le nom du personnage
Le récit détaillé de la première de ces rencontres principal. C’est souvent le cas pour des romans et
permet de connaître les relations entre les deux nouvelles du XIXe siècle : Le Père Goriot (Balzac),
hommes et tous les arrangements financiers pré- Carmen (Mérimée), Thérèse Raquin (Zola), etc.
vus pour le mariage, qui seront à l’origine de la L’intérêt essentiel pour le lecteur est de suivre
fortune de Nantas. Le récit détaillé de la rencontre l’ascension sociale et l’évolution psychologique de
entre Nantas et Flavie permet de préciser la nature Nantas. Il est donné comme exemple typique de
de leur mariage et de nous faire réfléchir aux rela- son époque, mais il apparaît aussi comme un indi-
tions qu’ils pourront entretenir par la suite. vidu qui a connu une situation tout à fait singu-
Un autre moment est raconté longuement, c’est celui lière. On admire sa patience, son ardeur au travail,
où Nantas veut pénétrer dans la chambre de Flavie et surtout sa rigueur morale qui finalement lui
(chap. 4). Le récit précis de cet épisode, qui se passe apporte la réussite totale, matérielle et sentimen-
la nuit, montre au lecteur la passion que Nantas tale. La nouvelle est un condensé de la vie de
éprouve pour Flavie, et sa jalousie proche de la folie. Nantas, d’où le choix de son titre.
ressant d’imiter ce personnage dont la démarche 2. Entre les événements racontés à la fin du cha-
caractéristique est très amusante : il marche rapi- pitre 10 et ceux rapportés au début du chapitre
dement, en se dandinant, les pieds tournés vers 11, il s’est écoulé une dizaine d’années : « Plus de
l’extérieur. dix ans s’étaient écoulés » (chap. 11, début). Une
b. L’enfant s’appelle Omar-Jo. Il aimerait aussi ellipse narrative aussi longue permet d’accélérer le
porter le prénom de Charlot parce qu’il admire récit, en passant sous silence une période sans faits
énormément ce personnage. marquants. Le narrateur n’a pas jugé utile, pour
faire comprendre l’histoire, d’évoquer les événe-
9/a. Le passé de l’enfant est raconté dans les ments qui se sont déroulés pendant ce laps de
chapitres 3, 4 et 10.
temps. Pendant ces dix ans, Omar, Annette et le
b. Omar-Jo est né dans un pays éloigné de la France,
petit Omar-Jo ont quitté le village de Joseph pour
au moment où ce pays commençait à être en guerre : vivre en ville. Ils ont été heureux en famille.
« L’enfant vit le jour tandis qu’éclataient les premières
hostilités » (chap. 10, fin). Il a vécu dans une grande 3/a. Dans le chapitre 11, le narrateur raconte
ville avec son père, Omar, et sa mère, Annette, jus- l’arrivée de Joseph sur les lieux de l’attentat qui a
qu’au moment de leur décès dans un attentat coûté la vie aux parents d’Omar-Jo (voir séance 1,
(chap. 4). Il a ensuite été recueilli par son grand- question 9). C’est Joseph lui-même qui voit l’état
père, Joseph, qui l’a envoyé vivre en France chez des des lieux après l’explosion.
parents, Antoine et Rosie (chap. 3). b. Des métaphores, des détails réalistes rendent la
scène impressionnante. L’automobile qui conte-
10. Omar-Jo est venu à Paris chez des parents, nait les explosifs est évoquée par la métaphore
oncle Antoine et tante Rosie, pour vivre dans un suivante : « une hydre prête à renaître, à bondir, à
pays en paix. Il est arrivé à Paris en 1987, à la fin tout faucher ». Les détails portent souvent sur les
du mois de mai (chap. 3). Il a onze ans (chap. 3). restes de vêtements, de bijoux : « un lambeau de la
11/a. Dans le chapitre 10, le narrateur présente robe à fleurettes orange », « la singulière bague
Joseph, le grand-père d’Omar-Jo. Il possède des d’Omar, surmontée du scarabée couleur sable »,
talents de danseur et de conteur très appréciés « cette lanière-ci, plus épaisse et grossièrement
dans son pays. recousue ». « Émergeant d’un morceau de tee-shirt
b. La description de Joseph a d’abord un intérêt bleuâtre, qu’il lui avait lui-même offert, il venait de
documentaire : elle nous fait connaître des pen- reconnaître le bras de son petit-fils » (chap. 11,
sées, des coutumes, des manières de vivre d’un milieu), est le détail le plus impressionnant.
pays différent de la France. Ensuite, elle nous c. Omar-Jo a perdu un bras dans l’attentat qui a
prouve que Joseph est un bel homme, doué d’une coûté la vie à ses parents. Il a été recueilli par son
forte personnalité. grand-père.
12. Le mariage d’Annette et Omar a été critiqué 4. Pour faire le deuil de ses parents, Omar-Jo se
parce que les deux jeunes mariés ne sont pas de la rend sur leur tombe, au cimetière. Annette et
même religion. Joseph a approuvé ce mariage car Omar sont décédés en 1987 (chap. 16).
il a apprécié les qualités de son futur gendre Omar : 5. Joseph a voulu qu’Omar-Jo parte de son pays
« Celui-ci était à la fois robuste et doux. Il rendrait sa pour qu’il connaisse autre chose que la guerre,
fille heureuse » (chap. 10). qu’il apprenne à vivre dans un pays en paix : « Tu
13. Omar-Jo a réussi à amadouer Maxime en es né avec la guerre, tu ne dois pas vivre avec la
guerre. Il faut voir le monde, connaître la paix »
astiquant son manège et en mimant Charlot
(chap. 19). Une autre raison pousse Joseph à vou-
(chap. 7 et 8). Antoine et Rosie, les cousins, ont
loir le départ d’Omar-Jo : il se sent vieillir : « Joseph
fait la connaissance de Maxime et accepté
se disait qu’un enfant ne doit pas partager trop long-
qu’Omar-Jo le fréquente.
temps la vie d’un vieil homme » (chap. 19).
D’après ces relations, Omar-Jo va peut-être redon-
La ville d’Omar-Jo est située au bord de la mer :
ner du courage à Maxime et contribuer par ses
« De là, il contempla la ville. Sa ville, bordée de mer,
talents de mime à attirer les clients autour du
entourée de riantes collines ». Ce renseignement est
manège.
donné dans le chapitre 19.
6. Le manège a de nouveau du succès parce
Séance 2 qu’Omar-Jo attire les clients par ses spectacles
variés : imitations de Charlot, mimes divers.
Une association pour réussir 7. Omar-Jo est capable d’imiter Charlot, de mon-
1. Les chapitres 11, 16, 19 et 22 évoquent la vie ter différents numéros de clown, et d’évoquer
d’Omar-Jo avant son arrivée à Paris. dans un spectacle particulier la douleur des
habitants de son pays en guerre. Ces spectacles b. Les événements rapportés au chapitre 28 ont
révèlent les qualités de l’enfant : il est vif, imagina- eu lieu avant la naissance d’Omar-Jo. Ceux racon-
tif, intelligent, sensible. tés dans le chapitre 34 se sont passés après cette
naissance.
8/a. Maxime et Omar-Jo font la connaissance de
Cheranne, « la femme-coquelicot », et de Thérèse, 2. Dans le pays d’Omar-Jo, la guerre a éclaté en
une fillette qu’elle surveille. Cette rencontre est 1973. On l’apprend au chapitre 28.
racontée dans le chapitre 17.
3. Lysia est une dame plutôt âgée, d’origine
b. La jeune femme et Omar-Jo sont tous les deux
égyptienne, qui emploie Annette comme ser-
des exilés, issus d’une double culture : Cheranne
vante. Lysia a déjà été présentée dans le chapitre
a une mère américaine, un père français ; Omar-Jo
20. Cette femme est originaire de la ville du Caire,
a un père égyptien et musulman, et une mère
capitale de l’Égypte. Elle a émigré à Beyrouth, au
libanaise (vraisemblablement) et chrétienne.
Liban, en 1962. Ceci suite à la révolution de 1952
9/a. Dans le chapitre 18, le narrateur a reproduit en Égypte, car les biens de sa famille ont été
la lettre d’Omar-Jo à son grand-père. Ce procédé confisqués.
présente divers intérêts, notamment pour la b. Lysia se rend à nouveau au Caire, en Égypte,
conduite du récit. En effet la présence de cette parce que son avocat lui a écrit qu’elle avait de
lettre rompt la monotonie du récit et permet de bonnes chances de récupérer une partie de ses
mieux connaître le caractère d’Omar-Jo : il est à la biens.
fois affectueux avec son grand-père et heureux de
4. En Égypte, Lysia et Annette font la connais-
vivre à Paris. Cette lettre montre aussi qu’Omar-Jo
sance d’un jeune Égyptien chauffeur de taxi. Lysia
sait écrire, et qu’il le fait bien.
a une très bonne opinion de ce jeune homme : « Je
b. L’auteur de la lettre est Omar-Jo et le destina-
peux lui faire confiance, murmura-t-elle, penchée
taire son grand-père, Joseph.
vers Annette. Au premier coup d’œil je sais juger un
10/a. La lettre-réponse figure dans le chapitre 23. individu » (chap. 26).
b. Cette lettre du grand-père donne des nouvelles
5. Le pays d’Omar, c’est l’Égypte, celui d’Annette,
du pays d’origine d’Omar-Jo : enfin il connaît la
le Liban : on peut le deviner en rapprochant la
paix. Cette lettre montre aussi que le grand-père
situation géographique (pays montagneux au
ne sait pas écrire, mais qu’il s’exprime bien, avec
bord de la mer) et la situation politique (pays entré
intelligence et sensibilité. Par l’échange de lettres,
en guerre en 1973). Les pays d’origine d’Omar et
on comprend donc qu’il y a une profonde entente
d’Annette ne se ressemblent ni par le relief ni par
entre le petit-fils et son grand-père.
la végétation : « Elle [Annette] ne trouvait aucune
11. Omar-Jo se sent bien à Paris. Il a un compa- similitude entre ses collines à elle, ses radieuses mon-
gnon adulte, Maxime. Sa vie a un sens : il se rend tagnes, sa mer si bleue visible de presque partout ;
utile en montant des spectacles, ce qui correspond et ce fleuve large et lent, ces terrains d’un vert vif
à sa vocation. Il pourrait bien sûr retourner dans rapidement enserrés par des falaises de sable », « Les
son pays d’origine, puisque la guerre est finie. banians séculaires couvant de solides racines
n’avaient aucune parenté avec les grands pins mari-
12. Omar-Jo a su surmonter ses difficultés grâce
times ornés d’audacieuses branches » (chap. 28).
à son assurance, sa confiance en lui, sa débrouil-
lardise, son ardeur au travail et ses talents de 6/a. La rencontre d’Omar et Annette est racontée
comédien. au chapitre 26, leur mariage et la naissance
d’Omar-Jo au chapitre 28.
13. Les relations entre Maxime et Omar-Jo ont
b. Le mariage d’Annette et Omar coïncide avec le
bien évolué depuis leur première rencontre. Au
début de la guerre : « C’était en 1973, à la veille de
début, Maxime chassait Omar-Jo avec colère ;
l’éclatement » (chap. 28).
maintenant l’enfant est devenu son compagnon
de travail. Maxime accepte qu’Omar-Jo nettoie le 7/a. Maxime et Omar-Jo retrouvent Cheranne
manège et y monte des spectacles. Il accepte travaillant à la brasserie des Trois portes dans le
même qu’Omar-Jo l’appelle « Oncle Maxime ». quartier de la place Saint-Jacques.
b. L’histoire de Cheranne est racontée dans trois
Séance 3 chapitres : 25, 27 et 29. Cheranne a déjà expliqué
son prénom précédemment (chapitre 17) : Cher
parce que sa mère est américaine, et Anne parce
D’un pays à l’autre que son père est français. Cheranne est née d’une
1/a. Les pays du père et de la mère d’Omar-Jo mère américaine, Harriet, venue faire des études
sont évoqués dans les chapitres 28 et 34. en France, et d’un père français, Jacques. Mais le
couple ne s’est jamais entendu (chap. 27). Après récit les portraits d’Omar (chap. 12 et 26),
le divorce, Harriet est repartie aux États-Unis, Cheranne (chap. 17), Lysia et Annette (chap. 20),
emmenant Cheranne qui avait alors douze ans. La et Zekié (chap. 24).
mère et la fille ont alors vécu dans une petite ville Le premier portrait de Maxime (chap. 1) est mélio-
du Middle-West, Arosville, face au golfe du ratif, le second est dépréciatif, lorsque le manège
Mexique. Cheranne rêvait de revenir à Paris mais n’a plus de clients : « sa silhouette était pesante, ses
elle s’est mariée avec un jeune Américain, Steve, épaules se voûtaient, son pull noir et mité ne dissi-
dont elle a divorcé au bout de deux ans. Elle est mulait plus son ventre rebondi et flasque […] »
venue vivre à Paris ensuite (chap. 25). Malgré la (chap. 1, fin). Les portraits d’Omar-Jo, Joseph,
séparation, elle reste en relation avec Steve qui Omar, Cheranne et Zékié sont mélioratifs. Ceux de
a abandonné sa carrière de sportif, afin de se Lysia et Annette sont dépréciatifs.
reconvertir dans les affaires (chap. 29). Dans le roman, l’intérêt de tels portraits est de par-
8. Cheranne compose des chansons et les ticiper à l’effet de réel : les portraits remplacent
interprète. des photos. Grâce aux détails moraux et physiques
donnés par le narrateur, le lecteur peut imaginer
9. Sugar est un jeune saxophoniste de vingt- les personnages. De plus, en étant mélioratifs
deux ans, ami de Cheranne, dont il met les chan- ou dépréciatifs, les portraits orientent l’histoire, le
sons en musique. Sugar vient des États-Unis, de La lecteur peut déjà se faire une interprétation du
Nouvelle-Orléans, ville du sud du pays où il est né. personnage, mieux comprendre le rôle qu’il joue
Le narrateur parle de lui dans le chapitre 30. dans l’histoire.
10. Omar-Jo refuse de porter une prothèse parce 2/a. Les dialogues sont très nombreux dans ce
qu’il a encore en lui l’image de son vrai bras, et roman et ils sont le plus souvent rapportés directe-
que l’absence de ce vrai bras est « un rappel de ment. Ce choix donne au lecteur l’impression qu’il
toutes les absences, de toutes les morts, de toutes les est témoin de la scène racontée, comme s’il enten-
meurtrissures » (chap. 32). dait les personnages parler. Les paroles rapportées
11. Maxime, Cheranne, Omar-Jo et Sugar déci- directement participent à l’effet de réel, elles
dent de construire un chapiteau pour donner des rendent les personnages plus présents. Le lecteur
spectacles où chacun aura sa place : Cheranne entend comment les personnages parlent, com-
chantera, accompagnée par Sugar, Omar-Jo fera prend mieux leurs réactions et leurs sentiments.
ses numéros de mime, et Maxime accueillera les b. Plusieurs dialogues sont importants pour l’his-
spectateurs. toire. Au chapitre 2, c’est par un dialogue que
se fait la première rencontre entre Maxime et
12/a. Omar-Jo reste en relation avec Antoine et l’enfant ; on voit que Maxime chasse violemment
Rosie, qui sont émerveillés et soutiennent son l’enfant, et que celui-ci ne se laisse pas faire. Dans
projet. Il est surtout en lien avec son grand-père les chapitres 5, 7 et 8, c’est au cours de dialogues
qui construit dans son pays un manège semblable qu’Omar-Jo propose ses services à Maxime, qui ne
à celui de la place Saint-Jacques. les repousse plus. Au chapitre 15, on voit que
b. Omar-Jo a une relation privilégiée avec son Maxime questionne Omar-Jo sur sa blessure, et
grand-père, ils correspondent. Joseph prend le que celui-ci ne répond plus : ce silence est signifi-
manège de Maxime comme modèle pour catif. Au chapitre 17, c’est au cours d’un dialogue
construire le sien. Omar-Jo est si lié à son grand- que Cheranne explique l’origine de son nom : le
père qu’il a ressenti sa mort au moment même où fait que le personnage explique lui-même son pré-
elle se produisait. nom est plus émouvant. Au chapitre 19, Joseph
13. Le secret de Maxime, c’est qu’il a fait des explique à Omar-Jo pourquoi il doit partir : bel
démarches pour adopter Omar-Jo. Désormais exemple de dialogue explicatif, argumentatif
l’enfant s’appellera Omar-Jo Chaplin-Lineau, ce même, qui fait apparaître deux avis opposés. Au
dernier nom étant celui de Maxime. chapitre 30, on lit un dialogue narratif, puisque
Sugar raconte longuement son histoire à Omar-Jo.
Enfin au chapitre 37, c’est également dans un dia-
Séance 4 logue que Maxime annonce à Omar-Jo qu’il l’a
adopté. Les dialogues sont donc importants pour
Faire le point : un roman engagé l’histoire parce qu’ils donnent toutes sortes d’in-
formations qui la font avancer, et aident à mieux
1. Le narrateur fait le portrait de nombreux
caractériser les personnages.
personnages. Il fait d’abord celui de Maxime
(chap. 1), puis celui d’Omar-Jo (chap. 3), puis 3. Les deux lettres sont reproduites intégrale-
celui de Joseph (chap. 10 et 33). Il intègre aussi au ment pour renforcer l’effet de réel : le lecteur a
quasiment les lettres telles quelles devant les yeux. la famille et le passé d’Omar-Jo. Mais cette
L’histoire gagne en authenticité. Les lettres per- connaissance se fait par petites touches et l’effet
mettent de mieux connaître les personnages d’attente est ainsi renforcé : le lecteur attend la
d’Omar-Jo et de Joseph, leurs désirs, leurs senti- suite de l’histoire et se pose des questions. Par
ments, leurs espoirs, leurs talents. Elles concréti- exemple la question du handicap de l’enfant : on
sent le dialogue, l’entente entre Omar-Jo et son apprend à la fin du chapitre 2 que l’enfant n’a plus
grand-père ; il est donc intéressant de les voir de bras gauche (découverte faite à Paris, par
entières, notamment avec les formules de poli- Maxime), et on attend le chapitre 11 pour
tesse. De plus, les deux lettres rompent la mono- apprendre que ce bras a été arraché lors d’un
tonie du récit en coupant la parole du narrateur attentat dans le pays d’origine du personnage.
afin de laisser une large place à celle des princi- Cette alternance d’épisodes qui se passent dans
paux personnages. des lieux différents et à des époques différentes
4. En bouleversant l’ordre chronologique, le nar- montre que tout se tient : ce qui se passe à un
rateur évite la monotonie et instaure progressive- endroit peut expliquer ce qu’on voit à un autre.
ment un effet d’attente (ou suspense). Le narra- 9. Par exemple, dans le chapitre 1, le narrateur
teur ne dévoile pas d’un seul coup le passé des rappelle l’histoire de la place Saint-Jacques, l’em-
personnages mais le révèle par petites touches. placement du manège ; il insiste sur le fait qu’un
5. C’est essentiellement pour donner une portée alchimiste français du XVe siècle, Nicolas Flamel,
plus large au récit que le narrateur ne nomme pas correspondait avec d’autres alchimistes, surtout
le pays en guerre d’où vient Omar-Jo. Ainsi Omar- des Arabes de Séville et des Juifs d’Orient : « Ces
Jo représente tous les enfants des pays en guerre liens mystérieux et privilégiés entre Occidentaux,
au Moyen-Orient, en Extrême-Orient, et même du Arabes et Juifs faisaient depuis des siècles, de cette
monde entier. place, un tremplin entre différentes civilisations ». Il y
a donc toujours eu des relations entre Orient et
6. Dans ce roman, de nombreux lieux sont évo- Occident et on comprend que le lieu de l’histoire à
qués : d’abord Paris, avec le quartier de la tour Paris (la place Saint-Jacques) n’a pas été choisi par
Saint-Jacques où se trouve le Manège. Le pays de hasard mais pour sa portée symbolique.
Joseph est également largement présent car c’est
le pays d’origine d’Omar-Jo : ainsi est évoquée la 10. Dans ce roman apparaissent quelques
ville où ont vécu Annette, Omar et leur fils, et aussi aspects de la civilisation du Moyen-Orient. Grâce à
l’Égypte, d’où est originaire Lysia, ainsi que le Rosie, la tante d’Omar-Jo, qui a gardé ses recettes,
Liban et Beyrouth où vit Lysia. on connaît quelques spécialités de la cuisine du
Moyen-Orient : « Rosie avait préparé des feuilles de
7. On trouve des descriptions de lieux dans plu- vigne avec des pieds de mouton, du fromage blanc
sieurs chapitres. Au chapitre 23, on peut lire une assaisonné d’huile d’olive, pour ne pas dépayser
description du quartier de la tour Saint-Jacques, à l’enfant. Elle lui avait également confectionné des
Paris ; elle est effectuée au moment où Maxime et gâteaux fourrés de pistaches et saupoudrés de sucre »
Omar-Jo flânent pour rejoindre leur domicile : « À (chap. 3). Pour Maxime, Rosie prépare un plat de
proximité du Manège, l’enfant chercha à savoir ce fête : « Elle fabriqua un gâteau de viande mélangée
que représentaient les quatre statues sur la façade du à du blé concassé, qu’elle fourra de hachis de bœuf,
théâtre du Châtelet. d’oignons frits, de pignons ; et l’accompagna
Maxime dut consulter son guide. d’une purée de pois chiches, arrosée d’huile d’olive »
– Ce sont : le Drame, la Comédie, la Danse, et (chap. 14).
la Musique » (chap. 23, milieu). Une tradition vivace au Moyen-Orient, celle des
L’Égypte et le pays d’Annette sont décrits au conteurs, est évoquée au chapitre 10 : « […] le
chapitre 28.
vieux Joseph était le meilleur conteur de la région.
Ces descriptions participent à l’effet de réel : on
Durant les veillées d’hiver, ceux du voisinage se ras-
a l’impression de voir les éléments décrits. Elles
semblaient autour de lui. Pendant les longues soirées
permettent au lecteur d’imaginer ce qu’il ne
d’été, d’autres villageois traversaient les collines pour
connaît certainement pas et facilitent donc la
venir l’entendre. » De même le narrateur évoque
compréhension de l’histoire. Elles ont aussi une
les cérémonies accompagnées de chants et de
portée documentaire, car elles font connaître des
danses, quand il fait le portrait de Joseph ; ces
lieux souvent lointains.
cérémonies sont pour Joseph des occasions de
8. Alterner des épisodes qui se passent à Paris montrer tout son talent : « Pour les baptêmes, les
avec d’autres qui se déroulent au Moyen-Orient mariages, les enterrements, on avait chaque fois
permet au lecteur de connaître peu à peu recours à lui. Entièrement vêtu de blanc ou de noir,
selon les circonstances, c’est lui qui précédait ou fortune au Liban mais sont morts massacrés
conduisait le cortège » (chap. 10), « À la tête pendant la guerre civile qui a ravagé ce pays.
des cortèges, Joseph remuait, en balancements
15/a. En entendant le mot « manège », on pense
circulaires, un grand sabre recourbé à pommeau
à des fêtes, des lumières, de la joie, des mouve-
d’argent » (chap. 10).
ments circulaires et même des tourbillons…
Le Moyen-Orient est une terre qui a donné
b. Dans cette histoire, il y a deux manèges. Le
naissance à de nombreuses religions et où il s’en
manège de Maxime et d’Omar-Jo se trouve à
pratique encore de nombreuses. Le pays du Moyen-
Paris, au centre de la ville, place Saint-Jacques. Le
Orient où habite Joseph, et dont Omar-Jo est
manège de Joseph, lui, se trouve dans son pays, au
originaire, est multiculturel et ses habitants sont de
Moyen-Orient.
religions très diverses : « Selon la religion, et même
Le symbole est celui de la vie qui reprend : Omar-
selon les rites – ce petit pays en offrait près d’une
Jo a trouvé un moyen de se rendre utile, de déve-
quinzaine, différant à quelques nuances près – les cime-
tières demeuraient strictement séparés » (chap. 13). lopper ses talents grâce au manège de Maxime à
Paris. Et dans son pays enfin en paix, Joseph veut
11. Omar-Jo a un père musulman et une mère construire quelque chose pour les enfants, qui rap-
chrétienne. Cheranne a un père français et une mère pelle son petit-fils : « L’idée du Manège se fixa dans
américaine. Sugar est né à La Nouvelle-Orléans, ville l’esprit de Joseph comme un signe, celui d’un obs-
du sud des États-Unis, et vit en France. Tous ces per- tacle aux cercles de la destruction. Cette plate-forme
sonnages viennent de cultures différentes et vivent tournante représenterait l’existence avec ses tours de
chacun avec des cultures différentes. piste plus ou moins longs. Les joueurs se cédaient la
12. Le prénom Omar-Jo représente une alliance place, en une suite naturelle, tandis que se perpétuait
entre les cultures chrétienne et musulmane : Omar l’éternelle chevauchée sous une coupole protectrice »
est un prénom arabe musulman et Joseph un pré- (chap. 34).
nom issu de la Bible, donc juif et chrétien. Qu’il y ait un manège dans deux pays aussi diffé-
rents montre aussi qu’il y a des valeurs communes
13/a. Pour Omar-Jo, les conséquences de la à tous les pays. Le manège est aussi symbole
guerre ont été nombreuses et tragiques. Il s’est d’unité du monde par-delà les différences.
retrouvé orphelin, puisque ses parents sont morts c. Le manège est donc le symbole de la vie : après
dans un attentat. Lui-même s’est retrouvé handi- un événement en vient un autre, la paix succède à
capé puisque, dans cet attentat, il a perdu son la guerre, la joie vient après la peine. Le monde
bras gauche. Il s’est exilé de son pays sur les tourne, jour après jour, comme un manège.
conseils de son grand-père, et a été confié à des
membres de sa famille qu’il ne connaissait pas, à 16. Cet ouvrage est dédicacé à Charlot pour plu-
Paris. La guerre a complètement transformé sa vie. sieurs raisons. D’abord parce que le personnage
mais il a voulu être autonome, aussi actif et habile principal de l’histoire, Omar-Jo, l’admire. Il sait
que s’il avait disposé de ses deux mains, et aussi l’imiter et c’est pour lui un modèle de mime.
bon conteur, chanteur et danseur que son grand- Ensuite Charlot, comme Omar-Jo, connaît, dans
père. ses histoires, des moments difficiles et cherche à
b. C’est surtout son grand-père qui a aidé Omar- les surmonter. Il est un exemple d’optimisme, de
Jo à surmonter ses souffrances. Il l’a mené sur la confiance en l’homme, en ses ressources. Enfin
tombe de ses parents pour qu’il fasse son deuil, l’acteur qui a joué ce personnage, Charlie Chaplin,
puis il l’a envoyé en France pour qu’il connaisse a été pauvre avant de réussir, de devenir un grand
un pays en paix. Maxime aussi a aidé Omar-Jo artiste mondialement renommé. Il est lui aussi un
dans la vie, en acceptant que l’enfant s’occupe exemple d’ardeur et de volonté, et prouve que le
du manège et monte ses spectacles. courage permet de triompher de bien des diffi-
c. Face aux personnes qu’il rencontre, Omar-Jo est cultés dans la vie.
franc, direct et confiant. Face à la vie, il fait preuve
17. L’expression « L’enfant multiple » peut être
de volonté et de confiance.
comprise de diverses manières, qui sont complé-
14/a. D’autres personnages qu’Omar-Jo sont mentaires. D’abord en fonction des origines : cette
victimes de troubles politiques agitant leur pays. expression convient tout à fait à Omar-Jo car il est
C’est le cas de Lysia et ses amis, dont Élise et Émile. né de parents ayant des cultures différentes, il a
b. Lysia, Élise et Émile ont dû quitter l’Égypte après vécu dans deux pays. Ensuite en fonction des
la révolution de 1952, leurs biens ayant été confis- talents : Omar-Jo est capable de monter des spec-
qués. Ils se sont installés au Liban. Lysia a retrouvé tacles très variés, comiques ou émouvants. Il peut
ensuite une partie de ses biens et a vécu de façon faire rire ou pleurer. Il représente toutes les facettes
modeste et paisible au Liban. Élise et Émile ont fait de la vie à lui seul.
Moyen-Orient :
3 Antoine, Rosie (oncle et tante de son père, avant de l’envoyer en
le pays de Joseph Fin mai 1987. Plein midi
« Le vieux Joseph… » du gamin) France, à Paris où Antoine et Rosie
Paris gare de Lyon
Omar-Jo l’accueillent.
Omar-Jo et ses parents vivent heureux
4 Moyen-Orient : Omar-Jo ; Omar, son père
31/07/08
Maxime
7 Paris Omar-Jo
Il était sept heures du matin Omar-Jo astique le Manège.
« – Alors, demanda Omar-Jo… » Place Saint-Jacques la femme aux pigeons
un jeune homme
Maxime
8 Paris Omar-Jo Omar-Jo fait une démonstration
« – À quelle question… » Place Saint-Jacques Antoine de ses talents d’imitateur.
Rosie
9 France : Chaque année au début Antoine Antoine et Rosie évoquent le mariage
« Chaque année… » Port-Miou du mois d’août Rosie des parents d’Omar-Jo.
Joseph
13 Joseph enterre les restes d’Omar
idem Édouard
« Joseph retrouva… » et Annette.
la gardienne du cimetière
Omar-Jo
« Cinq jours que (donc cinq jours après depuis cinq jours. Omar-Jo
Place Saint-Jacques Omar-Jo
la femme-coquelicot… » les événements rapportés a douze ans.
au chapitre 7)
« Annette avait souffert… » Beyrouth dans ce chapitre ont lieu En 1977, Élise et son mari
Émile
en 1972) sont assassinés.
Zekié, leur servante
Paris
Maxime Maxime et Omar-Jo retrouvent
25 La brasserie des Trois
Omar-Jo Cheranne qui travaille dans
« L’enfant et le forain… » Portes, près de la
Cheranne un restaurant.
place Saint-Jacques
Lysia retourne au Caire pour tenter
26 Lysia
Moyen-Orient : de récupérer ses biens. Annette
« Peu de temps après 1972 Annette
Le Caire, en Égypte et elle font la connaissance d’Omar,
le déjeuner… » Omar
un chauffeur de taxi.
29 Maxime
La brasserie des Trois (août) associent Cheranne à leur nouveau
« Au bout du fil, … » Cheranne
Portes projet : un spectacle réunissant tout
Steve (au téléphone)
le monde sous un chapiteau.
30 Maxime
Antoine
17:16
Rosie
31
Paris Maxime Antoine et Rosie sont témoins
« Interrompant pour (août)
Place Saint-Jacques Omar-Jo de la réussite du manège.
trois jours… »
Cheranne
Sugar
Page 274
32 Paris Maxime
Omar-Jo refuse de porter une
« Maxime avait obtenu Le cabinet (août) Omar-Jo
prothèse.
les renseignements… » d’un chiropracteur le chiropracteur
5/a. Les animaux réunis appartiennent aux races 8. Sage l’Ancien s’adresse à ses auditeurs en les
les plus diverses : chiens et chiennes, poules, appelant « camarades ». Ce terme établit d’emblée
pigeons, cochons, vaches, moutons, chevaux, un lien d’égalité entre celui qui parle et ceux qui
chatte, chèvre, âne, canetons. l’écoutent. Il évoque également la solidarité qui
b. Certains de ces animaux ont un nom : Filou unit tous les animaux de la ferme, et révèle le sen-
pour le chien, Fleur et Constance pour les deux timent d’amitié qu’éprouve Sage l’Ancien pour les
chiennes, Malabar, Douce et Lubie pour les trois autres animaux. Bien sûr ce mot de « camarade »
chevaux, Edmée pour la chèvre et Benjamin pour évoque pour le lecteur averti le terme employé par
l’âne. Nous apprenons également l’existence de les communistes pour s’adresser aux auditeurs
Moïse, un corbeau apprivoisé, qui ne participe pas dans leurs discours, ou pour s’adresser plus géné-
à la réunion. Ces animaux ont un nom car ils sont ralement les uns aux autres.
des personnages à part entière.
9/a. Le but du discours de Sage l’Ancien est de
c. Seuls certains animaux, dans ce chapitre, sont
pousser les animaux à la révolte. Pour cela le
décrits physiquement et psychologiquement :
cochon organise son discours en trois étapes :
Sage l’Ancien, bien sûr (voir question 4, a), mais
d’abord le message, qui est le fruit de ses longues
également les chevaux, l’âne Benjamin et la
méditations, puis le récit de son rêve, enfin son
chatte.
chant. Les deux dernières parties illustrent en
Les chevaux semblent être des personnages cen-
quelque sorte le propos de la première, qui est une
traux : le narrateur s’arrête assez longuement sur
exhortation à l’insurrection. Sage l’Ancien veut
chacun d’eux. Douce porte bien son nom : elle
convaincre ses camarades de se révolter contre les
protège les canetons perdus pendant le discours,
hommes qui les exploitent et les tuent. Ils doivent
et leur sert de mère. Il s’agit d’« une superbe
désormais « travailler de jour et de nuit, corps et
matrone entre deux âges ». L’autre jument est
âme, à renverser la race des hommes. »
Lubie, une « jolie follette blanche que Mr. Jones
b. La progression des arguments, dans le discours
attelle à son cabriolet ». Elle est d’emblée décrite
de Sage l’Ancien, est la suivante : les animaux ne
comme coquette et gourmande.
connaissent que le labeur, la misère ; on leur
Quant à Malabar, l’accent est mis sur son extraor-
donne juste de quoi « survivre » ; on les égorge
dinaire force physique : « une énorme bête, forte
cruellement quand ils ne sont plus aptes au travail ;
comme n’importe lequel des deux chevaux », « cha-
l’animal n’est jamais libre ; la ferme permettrait
cun le respectait parce qu’on pouvait compter sur lui
aux animaux d’avoir une vie décente et pourrait
et qu’il abattait une besogne fantastique ». On
accueillir de nombreux autres « camarades » ;
signale cependant son intelligence limitée : il a
l’homme vole le produit du travail des animaux
« un air un peu bêta », bref, « Malabar n’était
car il est « la seule créature qui consomme sans pro-
pas génial ».
duire » ; non seulement l’homme s’empare de ce
Plusieurs lignes sont consacrées à l’âne Benjamin
que produisent les animaux, mais il sépare ceux-ci
« le plus vieil animal de la ferme ». Il est décrit
de leurs enfants ; en se débarrassant de l’homme,
comme « acariâtre ». Sombre, il ne rit jamais, et il
les animaux pourraient être libres et riches.
se plaît à philosopher avec force « boutades
cyniques ». On note dès ces premières pages l’ami- 10/a. Pour captiver son auditoire, le cochon uti-
tié tacite mais profonde qui unit Malabar le sim- lise plusieurs moyens rhétoriques (ou procédés
plet à Benjamin le tourmenté. oratoires) :
– les fausses interrogations (ou questions rhéto-
6/a. Le discours de Sage l’Ancien occupe la
riques, oratoires), qui sont des questions aux-
majeure partie du chapitre 1.
quelles l’orateur fournit tout de suite la réponse :
b. Sage l’ancien s’adresse aux animaux réunis
« Et toi, Douce, où sont les quatre poulains que tu as
dans la grange (voir question 5, a).
portés, qui auraient été la consolation de tes vieux
7. Le discours de Sage l’Ancien est interrompu jours ? Chacun d’eux fut vendu à l’âge d’un an, et
lorsque l’assistance perçoit « quatre rats imposants plus jamais tu ne les reverras ! » ;
[…] se tenant assis, à l’écoute. » Ces rats sont aussitôt – les interrogations laissées sans réponses : « Et
pris en chasse par les chiens et regagnent leur vous les poules, combien d’œufs n’avez-vous pas
tanière. Cette interruption permet à Sage l’Ancien pondus cette année-ci ? Et combien de ces œufs
de poser la question de l’égalité des animaux : « Les avez-vous couvés ? » Ces interrogations permettent
rats sont-ils nos camarades ? » ; elle permet aussi à à l’auditeur de participer en quelque sorte au dis-
l’assemblée de voter, pour la première fois. Ainsi cours. Il a l’impression d’être interpellé personnel-
cette interruption montre que l’atmosphère et les lement, et d’élaborer le raisonnement en même
relations ont commencé à changer à la ferme : on se temps que l’orateur. Dans ces conditions les
pose des questions, on délibère, on vote. propos tenus s’imposent comme vrais ;
– l’usage de l’apostrophe, procédé par lequel nourrir. Les bêtes s’emparent de la nourriture en
l’orateur interpelle tout à coup un personnage : enfonçant la porte de la resserre. Voyant cela, les
« Camarades, vous avez déjà entendu parler […] », humains interviennent pour les rouer de coups.
« Camarades, là se trouve la réponse à nos pro- Or « c’était plus que n’en pouvaient souffrir des
blèmes », « Et vous les poules […] », « Et toi, Douce affamés. […] les meurt-la-faim se jetèrent sur leurs
[…] », « Toi, Malabar […], Jones te vendra à l’équar- bourreaux. » C’est donc la faim chez les animaux,
risseur ». Sage l’Ancien répète fréquemment et la brutalité des hommes, qui déclenchent le
l’apostrophe « camarades » afin que l’auditoire soit soulèvement. Ce soulèvement des animaux a lieu
uni et que chacun se sente concerné. Cette au mois de juin, la mort de Sage l’Ancien ayant eu
volonté est encore accentuée par les adresses lieu au début du mois de mars.
personnelles : « Et toi, Malabar ». Le cochon sait
2. Les propriétaires sont expulsés de la ferme. Les
captiver l’ensemble de son public tout en donnant
animaux claquent derrière eux « la clôture aux cinq
une place particulière à chacun ;
barreaux ». Cette fermeture est un symbole fort :
– l’usage de l’impératif est une véritable exhorta-
les animaux se sont entièrement approprié ce qui
tion à la rébellion : « Soulevons-nous », « Et souve-
autrefois appartenait à Mr. Jones : « la Ferme du
nez-vous-en », « Ne perdez pas de vue […] », etc. Manoir était à eux. »
b. Les phrases suivantes définissent l’homme :
« Car l’homme est notre seul véritable ennemi », 3/a. Les animaux brûlent les « rênes », « licous »,
« L’Homme est la seule créature qui consomme sans « œillères », « muselières humiliantes », ainsi que les
produire », « Tous les hommes sont des ennemis », « fouets ». Il s’agit ainsi d’« effacer les derniers
« Toutes les mœurs de l’homme sont de mauvaises vestiges d’un régime haï », c’est-à-dire de suppri-
mœurs ». Ces phrases ont des allures de proverbes mer les instruments qui ont servi à soumettre
car elles sont brèves et constituées par la même l’animal, à imposer la tutelle de l’homme. Les ani-
structure simple : un sujet, le verbe être, un attri- maux brûlent aussi les « rubans » qui servent de
but du sujet. On note également l’emploi de la parure aux chevaux, ainsi que le petit chapeau de
majuscule au mot « Homme » et l’usage du pluriel : paille de Malabar. En effet rubans et chapeaux
« tous les hommes », « toutes les mœurs ». Ceci « montrent la marque de l’homme » et « tous les
donne un caractère d’universalité à ces sentences, animaux doivent aller nus. » Ainsi, le jour du
elles ont valeur de vérité générale. Soulèvement, brûle-t-on tout ce qui peut rappeler
Mr. Jones.
11/a. Dans la chanson enseignée par le cochon, le b. Les animaux débaptisent la « Ferme du Manoir »
champ lexical de l’espoir est constitué par les mots et et lui donnent le nom de « Ferme des animaux ». Le
groupes de mots « espérance », « âge d’or », « promis terme « manoir » évoque une habitation, donc
», « le jour vient ». Le champ lexical de la liberté est l’homme et, qui plus est, l’homme qui vit dans le
pour sa part composé des mots et groupes de mots luxe et exploite les animaux. Le nouveau nom de
suivants : « délivrance », « affranchi », « libre ». la ferme marque clairement que l’exploitation
b. Ces deux champs lexicaux s’opposent à celui agricole appartient aux animaux, car « tout cela
de la soumission et de la domination : « tyran », était leur propriété. » Le changement de nom est le
« anneaux », « harnais », « fouets cruels », « éperons symbole de l’appropriation.
et mors ».
c. Ces relevés font apparaître que la chanson 4. Dans le chapitre 4, les réactions émanant des
oppose d’une part la situation présente, caractéri- êtres humains vivant aux alentours sont évoquées.
sée par l’esclavage et la souffrance, et d’autre part Au début, les autres fermiers, en particulier
la situation souhaitée, un rêve de liberté et de bon- Mr. Pilkington et Mr. Frederick, qui sont les voisins,
heur. Il s’agit donc bien d’un hymne, c’est-à-dire rient de l’extravagance de la situation. Mais on
d’un chant lyrique qui évoque le bonheur et qui, comprend vite que cette attitude cache une
par là, exprime ou fait naître l’enthousiasme et la véritable épouvante : et si leurs propres bêtes
joie : « d’avoir chanté un chant pareil suscita chez étaient gagnées par le mouvement ? Comme nul
les animaux l’émotion, la fièvre et la frénésie ». Ce homme ne pénètre à la Ferme des animaux, des
chant sera d’ailleurs désigné par le mot « hymne » rumeurs circulent : certains prétendent que les
au chapitre 2. animaux se livrent au cannibalisme, à la torture et
à la dépravation sexuelle. Mais la rumeur la plus
persistante est celle « d’une ferme magnifique »,
Séance 2 « dont les humains avaient été éjectés. » Peu à
peu l’hymne révolutionnaire se répand aux
L’Animalisme alentours, et « les humains à son écoute, en leur for
1. La faim pousse les animaux à la révolte : intérieur, tremblaient comme à l’annonce d’une
Mr. Jones les délaisse, les ouvriers oublient de les prophétie funeste. »
5/a. « la bataille de l’Étable » est racontée dans le Tel qu’il est formé, ce terme met bien en valeur la
chapitre 5. Elle se déroule début octobre. place de l’animal dans la doctrine. C’est un terme
b. Elle oppose les animaux de la ferme à Mr. Jones, appartenant à un registre soutenu.
ses ouvriers et « une demi-douzaine d’hommes de
7/a. Ce sont les trois cochons Boule de Neige,
main de Foxwood et de Pinchfield ».
Napoléon et Brille-Babil qui ont élaboré l’Ani-
c. Le champ lexical du combat est très développé :
malisme ; eux seuls pouvaient le faire, ayant appris
« les opérations défensives », « ses ordres », « son
à lire et écrire pendant les trois mois qui ont
poste », « sa première attaque », « assaillants »,
précédé le Soulèvement.
« l’ennemi », « l’embuscade », « escarmouches »,
b. Boule de Neige est la tête pensante de la ferme.
« diversions », « seconde attaque », « il conduit ses
Il prend de nombreuses initiatives. Il est le plus doué
troupes à l’assaut », « se ruent », « les harcelant »,
pour écrire et c’est « un esprit délié et inventif ». C’est
« prennent le dessus », « signal de la retraite »,
également le plus brave des cochons comme on le
« tourner casaque », « des clameurs de triomphe »,
constate lors de la bataille de l’Étable. Napoléon
« l’ennemi en déroute », « surgissent de l’arrière »,
est « un grand et imposant Berkshire, le seul de
« demeurés en embuscade », « pris à revers », « le
la ferme ». « Avare de paroles », il est doté d’une
signal de la charge », « prévenant l’attaque », « lève
très forte personnalité. Brille-Babil est « un causeur
son arme et tire », « la panique chez l’ennemi », « le
éblouissant », capable de « vous faire prendre des
prennent en chasse, le traquent », « l’assaillent »,
vessies pour des lanternes ». On remarquera que
« l’invasion », « ils battaient en retraite ».
cette expression avait été employée dans le
Le combat, long et acharné, révèle le courage
discours de Sage l’Ancien rapporté au chapitre 1 :
exceptionnel de Boule de Neige et ses capacités
« Nul argument ne vous fera prendre des vessies pour
de stratège. C’est lui qui a conçu le plan de
des lanternes ».
défense et qui maintenant mène les troupes à la
c. Malabar et Douce aident les trois cochons à trans-
victoire : « Boule de Neige avait étudié les cam-
mettre l’Animalisme. Ce sont les plus fidèles disciples
pagnes de Jules César dans un vieux bouquin décou-
des cochons ; ils assimilent tout leur enseignement
vert dans le corps de logis. »
et le transmettent aux autres animaux « avec des
6/a. L’Animalisme est une doctrine politique, elle arguments d’une honnête simplicité ».
est désignée comme un « système philosophique d. La tâche de Malabar et Douce est ardue. En
sans faille » ; cette expression figure dans le cha- effet beaucoup d’animaux ne parviennent pas à
pitre 2. L’idéal proposé par ce système est défini lire et bon nombre d’entre eux, comme les mou-
par le « prophète » Sage l’Ancien : les animaux, tons, ne comprennent pas grand-chose à la théo-
débarrassés des humains, vivront libres et heu- rie élaborée par les cochons. D’ailleurs Boule de
reux, dans l’égalité. Ils mangeront à leur faim, Neige doit ramener les Sept Commandements à
travailleront sans excès. « une maxime unique » : « Quatre pattes, oui ! Deux
b. Les grandes lignes de l’Animalisme se trouvent pattes, non ! ». Il doit le faire afin que ces animaux,
réduites à « Sept Commandements » qui sont ins- dépourvus d’intelligence, puissent retenir quelque
crits sur le mur de la grange : « 1. Tout deux pattes chose de l’Animalisme.
est un ennemi. 2. Tout quatre pattes, ou tout volatile,
8. Les changements apportés dans la ferme par
un ami. 3. Nul animal ne portera de vêtements.
l’application de l’Animalisme sont nombreux. Tout
4. Nul animal ne dormira dans un lit. 5. Nul animal
d’abord les animaux assurent seuls tout le travail
ne boira d’alcool. 6. Nul animal ne tuera un autre
de la ferme, et en particulier la récolte. Ils
animal. 7. Tous les animaux sont égaux. » Ces com-
travaillent avec entrain et on constate qu’il n’y a
mandements sont lus par Boule de Neige afin de
plus de gaspillage ni de chapardage. Leur ration
permettre même aux animaux qui ne savent pas
alimentaire est plus copieuse. Ils bénéficient de
lire de les connaître et de les apprendre par cœur.
davantage de loisirs. Ils prennent tous part aux
Pour que cette doctrine puisse être appliquée,
décisions grâce à l’assemblée générale du
Boule de Neige ne cesse de réunir les animaux en
dimanche matin.
« Commissions » et, chaque dimanche, se tient une
assemblée générale : « On y établissait le plan de 9/a. Ce sont les cochons qui répartissent les
travail de la semaine et on y débattait et adoptait tâches de chacun, sans y prendre part (épisode
différentes résolutions. » rapporté au chap. 3) : « Les cochons, à vrai dire, ne
c. Les animaux ont créé ce terme d’« Animalisme » travaillaient pas : ils distribuaient le travail et
car leur doctrine est nouvelle, c’est un néologisme veillaient à sa bonne exécution. »
nécessaire. Le terme est formé à partir du nom b. Les animaux justifient ce rôle par leur savoir : ce
« animal », auquel on a ajouté le suffixe -isme. Les sont « leurs connaissances supérieures » qui condui-
noms terminés par le suffixe -isme désignent sou- sent les cochons à prendre le commandement. Ils
vent des mouvements de pensée, des doctrines. sont, selon Brille-Babil, « des travailleurs intellectuels ».
10/a. Le lait et les pommes disparaissent. Ces 4/a. Mr. Whymper est l’avoué de Wellington.
faits sont signalés au chapitre 3. b. Son rôle est de servir d’intermédiaire entre la
b. Les cochons détournent ces deux productions à Ferme des animaux et les hommes. Tous les lundis
leur profit. matin, il vient à la ferme prendre les ordres.
c. Brille-Babil justifie cet acte ; il démontre que ce c. Il y a bien en effet un changement dans la façon
détournement est nécessaire à l’intérêt général. dont les humains considèrent la Ferme des ani-
d. Son argument récurrent est que la santé et la maux. Les humains sont plus que jamais haineux
force des cochons doivent être préservées pour évi- mais « ils en étaient venus, à leur corps défendant,
ter le retour de Jones : « Savez-vous ce qu’il advien- à un certain respect pour l’attitude de ces animaux
drait si nous, les cochons, devions faillir à notre devoir à gérer leurs propres affaires ». Les hommes ont
? Jones reviendrait ! Oui, Jones ! » (fin du chap. 3). adopté le nom de « Ferme des animaux » et nul ne
C’est donc un argument qui joue sur la peur. songe dorénavant à soutenir la cause de Jones qui
« s’en était allé vivre ailleurs ».
11/a. Dans le chapitre 3, nous pouvons lire une
description du drapeau. 5/a. Depuis les événements racontés au chapitre 5,
b. Le drapeau représente un fond vert sur lequel se il s’est écoulé une année complète.
détachent une corne et un sabot peints en blanc. b. Les animaux ont gagné leur indépendance (en
c. Boule de Neige explique les symboles contenus chassant les hommes de la ferme) depuis une
dans ce drapeau (c’est d’ailleurs lui qui en avait eu année et six mois.
l’idée). Le vert représente les verts pâturages 6/a. À cette période, les animaux souffrent sur-
d’Angleterre, la corne et le sabot symbolisent la tout de la faim : « Ils semblaient menacés de mort
future République, « laquelle serait proclamée au lente » (chap. 7).
renversement définitif de la race humaine ».
b. Deux solutions sont proposées par Napoléon : il
12/a. Une maxime est une règle de conduite, déclare que les poules doivent donner leurs œufs ;
une règle de morale. en contrepartie, grâce à Mr. Whymper, on se pro-
b. La maxime de la Ferme des animaux est : curera de la farine et du grain. Le cochon envisage
« Quatre pattes, oui ! Deux pattes, non ! » également de vendre la réserve de bois de la ferme
c. Cette maxime est une simplification des Sept à l’un ou à l’autre des deux voisins.
Commandements, simplification rendue néces-
7/a. Boule de Neige et Napoléon s’opposent sans
saire par l’impossibilité où se trouvent certains
cesse.
animaux – tels les moutons – d’apprendre à lire,
b. La construction du moulin à vent est le principal
et de retenir sept phrases. Elle est donc utile
sujet de controverse.
pour transmettre et imposer l’Animalisme, pour
c. Benjamin, le vieil âne, n’a pas changé depuis
le faire adopter par tous les animaux, même les
la révolution. Il ne prend pas parti pour l’un ou
plus bêtes.
l’autre des cochons. Son pessimisme fondamental
et sa lucidité l’empêchent d’être aveuglé par les
discours des cochons.
8/a. La terreur permet à l’un des deux cochons,
Séance 3 Napoléon, de triompher. Il a élevé des chiots deve-
nus de terribles molosses, ceux-ci lui sont entière-
La dictature ment dévoués. Ils « se jettent sur Boule de Neige, qui
1. Les événements rapportés au chapitre 5 com- de justesse échappe à leurs crocs […] ».
mencent en hiver. Le Soulèvement a eu lieu à la b. Les chiens obéissent à Napoléon comme autre-
Saint-Jean d’été, environ sept mois plus tôt. fois à Mr. Jones : « Ces molosses se tenaient aux
côtés de Napoléon, et l’on remarqua qu’ils frétillaient
2. Lubie a disparu. Elle a déserté la Ferme des de la queue à son intention, comme ils avaient
animaux pour rejoindre le clan ennemi : elle l’habitude de le faire avec Jones. »
conduit la charrette d’un cabaretier.
9/a. Une fois débarrassé de son rival, Napoléon
3/a. Les faits rapportés au chapitre 6 se déroulent s’installe à la tête de la ferme pour exercer un pou-
sur une période de trois saisons : le printemps, voir sans partage. Il va d’ailleurs se servir de Boule
l’été et l’automne. de Neige pour mieux asseoir son pouvoir : le
b. La construction du moulin à vent exige toute « traître » aurait dérobé les plans du moulin, qui
l’énergie des animaux. Il faut en effet extraire serait en fait l’œuvre de Napoléon. Ce dernier
d’énormes blocs de pierre d’une carrière, les exploite donc la disparition de son rival par les
briser, les charrier, les traîner. moyens de la ruse, du mensonge.
b. L’expression « un bouc émissaire » appartient à herbes avaient envahi les blés » et l’ivraie se mêle au
la religion des Hébreux. Elle désigne un bouc que bon grain. À ces difficultés quotidiennes s’ajoute
le prêtre chargeait de tous les péchés (les fautes) l’attaque de la ferme par Frederick et ses hommes :
d’Israël, les jours de la fête des Expiations. Au sens des animaux sont tués, presque tous sont blessés,
figuré, cette expression désigne une « personne sur et le moulin qui a demandé deux ans de travail est
laquelle on fait retomber tous les torts des autres » détruit.
(Petit Robert). Ici, le cochon Boule de Neige est le b. Pour masquer ces difficultés, les cochons falsi-
bouc émissaire. L’expression prend tout son sens : fient la vérité. Brille-Babil lit des statistiques fausses
on l’accuse d’avoir détruit le moulin, de hanter, la que les animaux ne comprennent pas : « Malgré
nuit, la ferme pour y « commettre cent méfaits », de tout, il y avait des moments où moins de chiffres et
pousser les hommes à attaquer la ferme et on plus à manger leur serait mieux allé ». Ils accusent
prend l’habitude de lui imputer toutes les diffi- Boule de Neige d’avoir « semé l’ivraie dans le bon
cultés rencontrées. grain ». Les cochons cachent la vérité sur les trac-
10. L’avènement de Napoléon entraîne plusieurs tations avec les humains, enfin ils persuadent les
changements politiques. Napoléon annonce qu’il autres animaux que l’attaque de la ferme est une
a « arrêté une ligne politique nouvelle » (chap. 6). victoire et non une défaite. Au fur et à mesure que
Elle consiste à établir des relations commerciales les cochons bafouent l’idéal révolutionnaire, ils
avec les fermes voisines. À la même époque, les modifient les inscriptions sur les murs de la grange.
cochons emménagent dans la maison d’habita- Ainsi « Nul animal ne tuera un autre animal » devient
tion, contrairement à la résolution votée après le « Nul animal ne tuera un autre animal sans raison
Soulèvement. Napoléon est désormais appelé « le valable » (début du chap. 8).
chef » et Brille-Babil explique qu’« il est […] plus 2/a. Moïse, le corbeau, fait sa réapparition au
conforme à la dignité du chef […] de vivre dans une chapitre 9 : « Au cœur de l’été, le corbeau Moïse refit
maison que dans une porcherie. » soudain apparition après des années d’absence ». Tel
11. La terreur a été instaurée pour renforcer le un prêtre, il prêche le paradis : la montagne de
régime dictatorial dont Napoléon est le maître Sucrecandi où tous les animaux iront après leur mort.
absolu, et redouté de tous. C’est Napoléon qui a b. Le corbeau est écouté : « Bien des animaux l’en
instauré lui-même ce régime de terreur : il prive les croyaient ». Il obtient une certaine audience car il
poules de nourriture lorsqu’elles tentent de faire apporte une consolation, un espoir à ceux qui ont
échec à la commercialisation de leurs œufs, et les une vie si rude.
fait céder moyennant neuf morts. Il fait massacrer c. Alors que les cochons avaient chassé Moïse en
les quatre gorets qui avaient protesté à l’abolition même temps que Jones, ils le laissent maintenant
de l’assemblée du dimanche ; il fait aussi massa- prêcher. Ils vont même jusqu’à lui allouer « un
crer les trois poulets qui avaient poussé les poules bock de bière quotidien ». Les cochons ont compris
à la révolte, ainsi qu’une oie et trois moutons. que croire en un monde meilleur après la mort
empêche les animaux de trop se plaindre de leur
12/a. Brille-Babil donne la raison de cette inter- vie présente et les encourage même à l’accepter
diction de l’hymne révolutionnaire (fin du chap. 7).
comme inévitable.
« Dans Bêtes d’Angleterre étaient exprimées nos
aspirations à la société meilleure des temps à venir. 3/a. Lors de son agonie, Malabar, le fidèle mili-
Or cette société est maintenant instaurée. Il est clair tant, est conduit chez l’équarrisseur pour être
que ce chant n’a plus aucune raison d’être. » abattu. Après sa mort, il sera transformé en nourri-
b. Ce chant est un danger puisqu’il rappelle en ture pour chenil (chap. 9).
permanence l’idéal révolutionnaire bafoué et b. C’est son ami Benjamin qui découvre la vérité et
même anéanti par Napoléon et ses partisans. prévient les autres.
4/a. Entre les événements racontés au chapitre 9
et ceux racontés au chapitre 10, il s’écoule une
Séance 4 durée non précisée. On sait seulement qu’elle se
compte en années : « Les années passaient ».
Du cochon à l’homme b. Non, les animaux de la ferme ne sont plus vrai-
1/a. De nombreux événements rendent la vie des ment les mêmes. Beaucoup d’animaux sont morts :
animaux encore plus difficile. Les animaux sont les chiens Fleur, Constance et Filou, en particulier,
écrasés sous un travail excessif : « achever le moulin ainsi que la chèvre Edmée. De nouveaux animaux
en temps voulu […], tout en menant de pair les sont nés : « Seuls la jument Douce, le vieil âne
travaux coutumiers » et la nourriture n’est pas atrabilaire Benjamin, le corbeau apprivoisé Moïse et
abondante. Vers la fin de l’été « les mauvaises certains cochons se souvenaient encore ».
5/a. « La ferme était plus prospère maintenant et D’ailleurs Napoléon organise « un banquet commé-
mieux tenue ». moratif en l’honneur du défunt ». Le lecteur com-
b. Cela ne produit pas les mêmes effets sur tous les prend aisément que l’argent dépensé pour ache-
animaux. Seuls les cochons et les chiens profitent ter une caisse de whisky provient de la vente de la
de cette prospérité. Quant aux autres, ils ont tou- dépouille de Malabar (événement raconté à la fin
jours froid, faim, et travaillent très durement. du chap. 9) : « Il n’avait pas été possible […] de
6/a. Napoléon, arrivé à la tête du pouvoir après ramener ses restes afin de les inhumer à la ferme
l’éviction musclée de Boule de Neige, ne sort plus […], le bruit courut que les cochons s’étaient pro-
que rarement en public. Il confie à ses subalternes curé, on ne savait où ni comment, l’argent d’une
le soin de transmettre ses décisions, et vit autre caisse de whisky. »
constamment sous la garde de ses chiens dans ses 8/a. Les moutons sont endoctrinés par Brille-Babil
appartements privés, faisant même goûter sa (faits racontés au chap. 10).
nourriture. Chaque apparition publique de b. La raison d’être de cet endoctrinement, c’est
Napoléon fait l’objet d’un cérémonial renforcé ; le d’inculquer une nouvelle maxime : « Quatrepattes,
jour anniversaire de sa naissance est salué par une
bon ! Deuxpattes, mieux ! »
salve de carabine, au même titre que le jour du
c. On découvre et comprend les raisons de ce
Soulèvement et la victoire de la bataille de l’Étable.
« lavage de cerveaux » quand on apprend la nou-
Plus jamais il n’est désigné par son seul patronyme :
velle manie des cochons : marcher sur deux
« Toujours on se référait à lui en langage de protocole :
pattes. Ce phénomène se produit plusieurs années
« Notre chef, le camarade Napoléon ». Les autres
après la mort de Malabar, alors que peu d’ani-
cochons lui attribuent des « titres tels que Père de
maux ont encore en mémoire le Soulèvement.
tous les animaux, Terreur du Genre humain, protec-
teur de la Bergerie, Ami des Canetons, ainsi de suite. » 9/a. La fin de l’Animalisme survient avec cette
Brille-Babil est devenu son porte-parole et ne ultime métamorphose : les cochons ne se distin-
cesse d’exalter ses vertus. Minimus devient poète guent plus des humains.
officiel : il compose un poème à la gloire de b. « Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon
Napoléon, que ce dernier fait inscrire sur le mur de à l’homme ; mais déjà il était impossible de distin-
la grange, en face des Sept commandements et guer l’un de l’autre ». Il s’agit là de la dernière
« en frontispice son effigie de profil fut peinte par phrase du roman, qui marque l’ultime renverse-
Brille-Babil à la peinture blanche. » ment de la situation initiale.
b. Ce culte de la personnalité permet à Napoléon Cette phrase trouve tout son sens quand on tient
d’apparaître comme une sorte d’« intouchable » compte de la situation : les cochons et les hommes
et de créer chez les autres animaux un sentiment sont réunis dans la même pièce (il s’agit d’une
d’admiration et de respect mêlés de peur. Il s’agit
sorte de fête de la réconciliation) et les animaux,
là d’un élément essentiel du vaste plan d’endoctri-
qui se tiennent à l’extérieur de cette pièce, obser-
nement monté par les cochons : « C’était devenu
vent cette fête. Ce faisant, les animaux se rendent
l’habitude de rendre honneur à Napoléon de tout
compte de la métamorphose : les hommes res-
accomplissement heureux et hasard propice. » Cet
semblent aux cochons aussi bien que les cochons
endoctrinement va trouver son aboutissement
ressemblent aux hommes.
dans la candidature de Napoléon à la présidence
de la République (événement raconté au chap. 9), 10/a. Dans son discours (qu’on peut lire au
puisque Napoléon devient le seul candidat à cette chap. 1), Sage l’Ancien met en garde ses cama-
élection : « Il n’y eut qu’un candidat, Napoléon, qui rades : « Nul argument ne vous fera prendre des
fut unanimement plébiscité. » vessies pour des lanternes ». Or, c’est ce que ne cesse
7/a. La version officielle de la mort de Malabar, de faire Brille-Babil à partir de la fuite de Boule de
propagée par les cochons, est la suivante : il a été Neige. Plus loin le prophète dit : « Ne perdez pas
transporté à l’hôpital où il est mort. Avant de mou- de vue non plus que la lutte elle-même ne doit pas
rir, il a prononcé : « Vive le camarade Napoléon ! nous changer à la ressemblance de l’ennemi. Même
Napoléon qui ne se trompe jamais ! » C’est Brille- après l’avoir vaincu, gardons-nous de ses vices. » Or,
Babil qui se charge de raconter ces mensonges après la victoire, les cochons habitent les maisons
aux animaux. de l’homme, dorment dans des lits, portent des
b. Il y a grand intérêt pour les dirigeants à cacher vêtements, boivent, et s’intéressent à l’argent.
la vérité et à transmettre cette version : présentée b. Au chapitre 10, on constate que tout ce que
ainsi, la mort de Malabar est exemplaire et sert redoutait Sage l’Ancien s’est réalisé et même au-
la gloire de Napoléon. Malabar aura donc été delà de ce que le prophète imaginait : le cochon
utile jusqu’au bout aux dirigeants de la ferme. est devenu un être humain.
célébré comme une fête nationale ; dans le 8. Le fait que les défauts humains soient incarnés
roman, c’est Napoléon qui est glorifié : Brille-Babil par des animaux produit un effet comique : le
peint son effigie sur la porte de la grange et lecteur reconnaît tout de suite les comportements
Minimus compose un poème à sa gloire. Tous ces et les défauts humains dans ceux des animaux.
rapprochements conduisent le lecteur à voir dans L’œuvre agit comme une sorte de miroir défor-
le terme « Animalisme » un écho aux mots « socia- mant où chacun peut reconnaître, grossies et cari-
lisme », « communisme » et « stalinisme ». caturées, les grandes caractéristiques des compor-
tements et des caractères humains. Ce choix de
6/a. Si le rapprochement de l’univers de La Ferme
l’auteur dévalorise d’emblée les humains, sur
des animaux avec l’URSS de Staline est une évi-
lesquels Orwell porte un regard pessimiste : les
dence, le régime politique évoqué par Orwell dans
hommes ne sont que des animaux.
son ouvrage peut évoquer tous les régimes totali-
taires, toutes les dictatures où les droits de 9. En choisissant le cochon comme animal domi-
l’homme sont bafoués. nant, Orwell affiche son intention satirique. Même
b. Cette œuvre écrite en 1945 est d’une éton- s’il est présenté dans cette œuvre comme ingé-
nante modernité puisqu’elle dénonce des pra- nieux et intelligent, le cochon est cependant asso-
tiques politiques toujours d’actualité. Elle montre cié dans l’esprit de chacun à un certain nombre de
avec précision les mécanismes qui empêchent traits peu flatteurs : il est sale, voire répugnant ; il
l’homme d’être réellement libre (notamment les vit dans la boue, voire les immondices ; il manque
processus d’endoctrinement) et qui le conduisent de noblesse, contrairement au cheval. Le mot
à s’aveugler sur sa propre destinée. On peut parler « cochon » est d’ailleurs associé à des expressions
ici d’une universalité et d’une intemporalité de peu flatteuses : « un caractère de cochon », « sale
l’œuvre. comme un cochon », « gras comme un cochon »,
etc. L’auteur identifie pleinement l’être humain à
7/a. Cette œuvre peut être classée dans le genre
cet animal souvent dévalorisé : on en déduit facile-
littéraire de la fable ; elle est en effet un récit des-
ment que l’homme ne vaut pas mieux que cet ani-
tiné à illustrer un précepte, une vérité, un récit qui
mal. Dans ces conditions il y a bien peu de raisons
sert d’exemple. Ici, les animaux, même s’ils
de se sentir fier d’être humain !
conservent leur aspect habituel, possèdent des
aptitudes humaines et sont doués de sentiments : 10. Ce qui rend pour une grande part cet ouvrage
ils lisent, écrivent, parlent, sont capables de se ser- si efficace, c’est le rire, ou du moins les sourires qu’il
vir de fusils et de s’atteler tout seuls. Ils ont des fait naître. Ce rire provient de l’ironie, procédé qui
remords, des joies, des déceptions et peuvent consiste à dire quelque chose pour signifier le
éprouver le désespoir. C’est donc bien d’êtres contraire. L’ironie est dans cette œuvre une arme
humains dont l’auteur nous entretient en vérité, redoutable. Elle permet de présenter par exemple les
pour nous faire comprendre qui ils sont, et de quoi mensonges énormes proférés par les cochons comme
ils peuvent être capables. une réalité objective. De ce décalage entre le contenu
b. Au plan politique, cette œuvre constitue une des déclarations (mensonger, condamnable) et le ton
mise en garde : il y a des contradictions flagrantes sur lequel elles sont faites (sérieux, apparemment
entre d’un côté les promesses et les discours des respectable), naît une ironie terriblement efficace.
premiers temps de la Révolution, et de l’autre la Les exemples de cette ironie sont nombreux. Par
réalité présentée par la suite. Au plan humain, le exemple, au chapitre 9, le narrateur rapporte un
roman constitue une sorte de leçon : l’homme épisode dans lequel les animaux analysent leur
n’est pas bon et en aucun cas ne saurait s’amen- condition : « Ils savaient bien la rudesse de leur vie à
der. Certains ne songent qu’à dominer et cette soif présent, et que souvent ils avaient faim et souvent
de pouvoir les conduit aux pires extrémités ; froid […] mais maintenant ils étaient libres, ce qui
d’autres sont d’une faiblesse aveugle et leur changeait tout ». Un peu plus loin, au chapitre 10,
manque de lucidité les mène à revendiquer et res- dans un autre épisode, les animaux procèdent de
pecter ce qui cause leur souffrance : « Et pourtant même : « S’il fallait souffrir bien des épreuves, on en
les animaux ne renoncèrent jamais à l’espérance était en partie dédommagé car on vivait bien plus
[…]. Leur vie pouvait être pénible, et sans doute tous dignement qu’autrefois. Et il y avait plus de chants,
leurs espoirs n’avaient pas été comblés, mais ils se plus de discours, plus de défilés. Napoléon avait
savaient différents de tous les autres animaux » ordonné une Manifestation Spontanée hebdoma-
(chap. 10). Ainsi, d’après cette œuvre, aucune daire ». Ainsi la dénonciation passe-t-elle par le rire
Révolution, aucun Soulèvement n’est capable de et celui-ci, loin de l’affaiblir, la renforce.
changer les êtres humains, le même schéma se Remarque : pour un travail et une réflexion sur
reproduit sans cesse : l’humanité se divise entre l’ironie, on pourra se reporter aux pages 144, 145
oppresseurs et opprimés. et 147 du manuel.
11. Les trois documents choisis pour illustrer pas métamorphose de l’homme en animal ou de
cette étude nous incitent à réfléchir sur les rela- l’animal en homme, mais une sorte de face-à-face,
tions entre hommes et animaux. Le tableau de d’affrontement peut-être entre les deux : occasion
René Magritte, La Bonne fortune (p. 157), repré- de penser qu’il y a peut-être une part animale en
sente le cochon tel un homme : sa stature est ver- l’homme, et quelque chose d’humain dans les
ticale et il porte une veste. On se rappelle que, animaux. Quant à la troisième œuvre proposée,
dans La Ferme des animaux, le cochon est précisé- Cheval bleu II, de Franz Marc (p. 159), elle magni-
ment l’animal qui va imposer sa dictature, et qu’il fie le cheval, mais dans un décor peu identifiable ;
n’y aura plus de différence, à la fin, entre l’homme c’est en quelque sorte un cheval imaginaire, et qui
et le cochon, le cochon et l’homme. Dans l’œuvre tourne franchement le dos aux humains lecteurs
de Marc Chagall, Moi et le village (p. 158), il n’y a que nous sommes et nous invite ainsi à la modestie.
Présentation Séance 1
Plusieurs éléments conduisent à retenir cet
ouvrage de Philippe Grimbert pour une lecture Un enfant solitaire et imaginatif
d’œuvre intégrale ayant trait à l’autobiographie.
– C’est une œuvre tout à fait récente, qui 1. Ce roman s’organise en 5 parties, plus un
montre la vivacité à l’heure actuelle du genre épilogue.
autobiographique. Elle prouve aussi l’intérêt que 2. Un prologue est un texte introductif, une pre-
notre époque porte aux événements liés à la mière partie présentant des événements antérieurs
Seconde Guerre mondiale. à l’action proprement dite. Un épilogue est un
– L’ouvrage permet de tisser un lien interdiscipli- chapitre, une scène exposant des faits postérieurs
naire direct avec le cours d’histoire puisque l’ac- à l’action et destiné à en compléter le sens, la por-
tion se déroule avant, pendant et après la Seconde tée. Ce roman ne comporte pas de prologue mais
Guerre mondiale, période inscrite au programme un épilogue.
de la classe de troisième.
– L’œuvre permet d’engager une réflexion sur 3. Dans la première partie, on trouve 9 chapitres ;
les récits autobiographiques. Réflexion d’abord sur dans la deuxième, 6 ; dans la troisième, 9 ; dans la
leur nature : avec Un Secret, nous sommes aux quatrième, 17 ; dans la cinquième, 5. Ces parties
confins de l’autobiographie et du roman autobio- sont suivies d’un épilogue comportant deux cha-
graphique ; l’auteur explique lui-même ce qu’il a pitres.
pris de sa propre vie, et ce qu’il a ajouté ou trans- 4. Le narrateur s’est inventé un frère. L’incipit est
formé, pour écrire cet ouvrage (voir réponse à la consacré à ce frère imaginaire, le narrateur souli-
question 10, séance 5). Remarquons toutefois que gnant dans les deux premières phrases la situation
cet ouvrage est sans conteste autobiographique, paradoxale dans laquelle il vivait enfant : « Fils
les éléments correspondants entre la vie du narra- unique, j’ai longtemps eu un frère. Il fallait me croire
teur et la vie de l’auteur sont nettement majori- sur parole quand je servais cette fable à mes relations
taires au fil du récit. Réflexion ensuite sur la portée de vacances, à mes amis de passage » (I, 1). On
d’un œuvre autobiographique : l’ouvrage montre peut supposer que ce frère imaginaire est né du
que l’auteur d’un récit autobiographique est sou- sentiment de solitude du narrateur, mais, comme
vent à la recherche de ses origines, de la vérité sur il apparaît au moment de la découverte du chien
lui-même. L’autobiographie apparaît plus que en peluche, on peut aussi voir à l’œuvre un méca-
jamais comme une réflexion sur la vie, les hasards nisme inconscient : la présence de la peluche a
et les nécessités qui font qu’une vie ne ressemble à commencé à révéler l’existence du frère mort,
aucune autre.
Simon : « Il venait de faire son entrée dans ma vie, je
– L’ouvrage est bref, accessible, et intéressant du
n’allais plus le quitter. De ce jour, j’ai marché dans
fait même de sa concision, de sa densité : les
son ombre » (I, 2).
élèves, y compris les moins prompts à la lecture,
seront encouragés par le fait d’avoir beaucoup à 5. Le narrateur fait souvent l’inventaire, sur le
dire sur peu de pages. plan physique, de ses « imperfections : genoux
– L’histoire racontée, peu banale, particulière- saillants, bassin pointant sous la peau, bras arach-
ment émouvante, est celle d’une famille prise dans néens. Et je m’effarais, écrit-il, de ce trou sous le
la tourmente de l’Histoire : les élèves seront sen- plexus dans lequel aurait tenu un poing, creusant ma
sibles à la souffrance de l’enfant victime d’un poitrine comme l’empreinte jamais effacée d’un coup »
secret de famille particulièrement douloureux. Ils (I, 5). Il souffre d’être maigre, pâle, « d’aspect
comprendront la puissance de la littérature, qui souffreteux » (I, 7). Il est fasciné par le corps des
permet d’exprimer et de communiquer de telles autres, qu’il observe dans la cour de récréation ou
expériences qui sont de l’ordre de l’indicible, de au stade, et il répète qu’il déteste le sien : « je haïs-
l’incommunicable. sais mon corps » (I, 7).
– Enfin la lecture de cet ouvrage pourra s’ac- Sur le plan affectif, le narrateur se sait entouré
compagner ou se prolonger par la vision du film d’amour et d’affection, néanmoins il se sent mal-
qui en a été tiré : Un secret, de Claude Miller heureux, seul, d’autant plus que cette souffrance
(2007), disponible en DVD. Une comparaison reste inexplicable, ce qui accentue son désespoir :
entre les deux œuvres se révélera particulièrement « Unique objet d’amour, tendre souci de mes
fructueuse. parents, je dormais pourtant mal […]. Je pleurais
L’ouvrage est actuellement disponible, entre sitôt ma lampe éteinte, j’ignorais à qui s’adressaient
autres, aux éditions du Livre de Poche. ces larmes qui traversaient mon oreiller et se per-
daient dans la nuit. Honteux sans en connaître la point car le contraste entre son corps et celui de
cause, souvent coupable sans raison, je retardais le ses parents accentue à la fois son désespoir et sa
moment de sombrer dans le sommeil. Ma vie d’en- fascination pour les corps harmonieux des sportifs.
fant me fournissait chaque jour des tristesses et des Cette réaction apparaît clairement par exemple
craintes que j’entretenais dans ma solitude » (I, 1). Il quand le médecin scolaire, effrayé par la maigreur
souffre donc de solitude, et d’une sorte de malaise de l’enfant, convoque ses parents pour s’assurer
apparemment sans cause précise. qu’ils le nourrissent correctement : « […] à mes
yeux leur prestige s’en est trouvé renforcé : je haïssais
6. D’abord le narrateur attribue un rôle protec- mon corps et mon admiration pour le leur ne
teur et bienveillant à son frère imaginaire, à
connaissait plus de limites » (I, 7).
l’image d’un ange gardien : « Longtemps mon frère
m’a aidé à surmonter mes peurs, une pression de sa 8. Sim est un petit chien en peluche, aux yeux de
main […] et je trouvais la force de franchir les obs- bakélite, que le narrateur trouve dans la chambre
tacles » (I, 4). Il l’accompagne partout, le rassure, de service et pour qui il éprouve une attirance irré-
l’aide. Sur le plan physique, il imagine ce frère sistible. Il ne peut le prendre quand il le découvre,
doté de tous les talents dont il se sait dépourvu : « sensible au malaise » (I, 2) de sa mère, mais elle
« Je m’étais choisi un frère triomphant. Insurpas- cédera ensuite face à son insistance.
sable, il l’emportait dans toutes les disciplines […] » Les réactions de ses parents sont négatives sans
(I, 4). Mais avec les années, cette image se trans- qu’on sache pourquoi, sa mère exprime son
forme : « De protecteur il était devenu tyrannique, malaise par ses silences, son père par sa tristesse,
moqueur, parfois méprisant » (I, 6). Il lutte contre cependant le narrateur s’obstine à exhiber son
lui la nuit, tente même de le chasser : « Frère nouveau compagnon qu’il baptise Sim sans savoir
ennemi, faux frère, frère d’ombre, retourne à ta pourquoi : « Où étais-je allé lui chercher ce nom ?
nuit ! » (I, 6). Ses relations avec son frère imagi- Dans l’odeur poussiéreuse de sa peluche ? Au détour
naire deviennent de plus en tendues, voire écra- des silences de ma mère, dans la tristesse de mon
santes ; cette évolution était annoncée dès le père ? Sim, Sim ! Je promenais mon chien dans
deuxième chapitre par le narrateur : « Je m’étais l’appartement et je ne voulais rien savoir du trouble
créé un frère derrière lequel j’allais m’effacer, un frère de mes parents, lorsqu’ils m’entendaient l’appeler »
qui allait peser sur moi, de tout son poids » (I, 2). (I, 6).
Remarque : plus loin, dans la troisième partie de 9. Louise est une infirmière âgée d’une soixan-
l’ouvrage, on verra d’autres manifestations de ce taine d’années. Marquée par l’alcool, le tabac, elle
frère qui semble faire fonction d’être de compensa- souffre de rhumatismes, elle est aussi handicapée
tion : tous les dimanches, le narrateur accompagne par un pied-bot : « Je la sentais proche de moi, sans
ses parents à l’Alsacienne (un complexe sportif), sur doute en raison de sa difformité […] elle détestait son
les bords de Marne ; si lui reste seul, son frère imagi- apparence » (I, 8). Son cabinet de soins à domicile,
naire participe aux jeux : « Je ne me mêlais jamais pour piqûres, massages, jouxte le magasin des
aux jeux des autres enfants qui déjà suivaient les parents du narrateur. Auprès de lui, elle joue le rôle
traces de leurs parents, je laissais mon frère les d’une infirmière, d’une confidente, d’une amie.
rejoindre et leur disputer le ballon, triompher sur les Louise est l’être auprès duquel le narrateur se sent le
pistes et les courts libérés par les adultes » (III, 1). mieux, avec qui il parle le plus et surtout avec qui
7/a. Les parents du narrateur sont commerçants, il ose être lui-même. Plus loin dans l’ouvrage, le
ils tiennent un magasin d’articles de sport à Paris, narrateur confiera : « Louise restait ma préférée, elle
rue du Bourg-l’Abbé, au rez-de-chaussée d’un qui ne faisait pas partie de notre famille. Peut-être
immeuble vétuste. Un vieil appartement à l’étage avais-je senti que notre complicité était plus profonde
est utilisé pour entreposer les marchandises (voir qu’avec ceux de mon sang » (III, 2).
plan du quartier p. 219 du manuel). Ils vivent dans 10. Le narrateur pressent un secret, il sait que ses
un « appartement de ce quartier tranquille » (II, 4), parents lui mentent. De multiples signes l’alertent :
où le narrateur va naître, ce qui sera rappelé plus les souvenirs de son baptême curieusement tardif,
loin (IV, 17) : « Je vais naître dans ce quartier, habi- sa circoncision attribuée à une intervention néces-
ter cette rue calme. » saire, les questions sur l’origine et l’orthographe
b. Les deux parents du narrateur sont beaux, ont de son nom, Grimbert, quelques plats, quelques
des corps d’athlètes : « Mes parents, mes bien- objets. Il pressent qu’on lui cache des vérités sur
aimés, dont chaque muscle avait été poli […]. son origine, son nom de famille. Mais s’il souligne
Plongeon de haut vol, gymnastique sportive pour ma que « la vérité affleurait, accrochée à des détails », il
mère, lutte, agrès pour mon père, tennis, volley tous ne veut pas chercher à en savoir plus, par amour
deux : deux corps faits pour se rencontrer, s’épouser, pour ses parents : « Butant sans cesse contre le mur
se reproduire » (I, 5). Le narrateur insiste sur ce douloureux dont s’étaient entourés mes parents,
je les aimais trop pour tenter d’en franchir les limites, narrateur indique plus loin : « Ils comparaient ce
pour écarter les lèvres de cette plaie. J’étais décidé à séjour à une période de grandes vacances » (II, 6).
ne rien savoir » (I, 3). c. Compte tenu de l’époque, une telle évocation
n’est pas réaliste. D’ailleurs le narrateur dévoile
11. Le narrateur imagine la vie de ses parents
l’aspect irréel de cette évocation alors même qu’il
avant sa naissance en se fondant sur quelques élé-
la développe : « J’imaginais qu’un aiguilleur bien-
ments : de « rares images », « quelques mots »,
veillant avait détourné de Saint-Gaultier le long
« des bribes d’informations », « autant de parcelles »
convoi de deuils, de souffrances, d’abominations
à partir desquels il brode : « j’ai fabriqué de toutes
[…] » (II, 6).
pièces la rencontre des deux corps dont j’étais né,
comme j’aurais écrit un roman » (II, 1). 14/a. Le narrateur n’est pas né juste après la
Pour ce qui concerne son père, Maxime : celui-ci a guerre, mais quand la période d’après-guerre la
perdu sa mère très jeune, il a dû travailler tôt dans plus difficile a été terminée : « Quelques années
la bonneterie familiale, alors qu’il rêvait d’étudier. plus tard, les blessures du pays paraissent cicatrisées »
Il a pris sa revanche en se sculptant un corps d’ath- (II, 6). Et cela correspond à l’année de naissance
lète, en l’emportant sur tous ses adversaires, il de l’auteur, 1948.
multiplie les conquêtes et parcourt Paris au volant b. Le narrateur est « bien différent de celui dont ses
d’une décapotable. Quant à sa mère, Tania, le nar- parents ont rêvé » car « c’est un enfant fragile qu’il
rateur célèbre sa beauté et ses dons : « Elle défile faut arracher à la mort » (II, 6). Ainsi, offre-t-il un
pour des couturiers et le reste du temps croque des trop fort contraste avec ses parents athlétiques.
silhouettes qu’un journal de mode lui achète ». Le narrateur attribue sa survie « aux bons soins
Ses origines sont modestes aussi, sa propre mère des médecins et à l’amour de [sa] mère ». Il est
d’origine lituanienne l’a élevée seule, son père malingre, souffreteux et doit consulter de nom-
violoniste ayant disparu ; mais Tania porte son breux médecins.
nom « à consonance anglaise » (II, 2). 15. Si le narrateur se sent « adoré » (I, 3) par sa
Son père et sa mère se seraient rencontrés dans un mère, il n’est pas aussi certain des sentiments de
stade au bord de la Marne, l’Alsacienne, où ils pas- son père à son égard. Il ressent une certaine ambi-
sent encore tous leurs dimanches en compagnie valence qu’il lit parfois dans le regard paternel, et
du narrateur. Tout destinait Maxime et Tania l’un à qu’il ne saura interpréter qu’après les révélations
l’autre : leur passion commune pour le sport, leurs de Louise. On peut remarquer l’emploi d’un pro-
dons, et leur beauté. Maxime domine ses adver- cédé de modalisation pour exprimer l’incertitude
saires au gymnase et à la lutte, Tania est « éblouis- du narrateur, qui est soulignée par le groupe ver-
sante » dans l’équipe féminine de plongeon. Le bal « vouloir croire » utilisé à deux reprises : « J’avais
narrateur les imagine s’installer ensemble, se beau souffrir de ma maigreur, de ma pâleur mala-
marier, travailler de concert, sa mère désirant un dive, je voulais me croire la fierté de mon père »
enfant, son père résistant à cette demande, trop (I, 3). Ce désir de croire en l’amour de son père est
amoureux de sa femme et puis : « la menace de exprimé avec la même réserve, le même modalisa-
guerre qui se précise lui fournit un argument de plus » teur, plus loin dans le texte : « Mon père m’a aimé
(II, 4). Il les voit optimistes, même à la déclaration aussi, je veux le croire, surmontant sa déception,
de la guerre, « éprouvant un sentiment d’irréalité », trouvant dans les soins, l’inquiétude, la protection,
confiants dans « l’invulnérabilité » de la ligne de quoi nourrir ses sentiments. Mais son premier
Maginot (II, 4). regard a laissé sur moi sa trace et régulièrement j’en
12. L’image de la page 217 rappelle la rencontre ai retrouvé l’éclair d’amertume » (II, 6). En effet, le
de Tania et Maxime à l’Alsacienne, épisode rap- narrateur peut aisément imaginer la déception de
son père, athlète accompli, face à ce nouveau-né
porté au chapitre 3 de la seconde partie : l’archi-
si fragile. Par ailleurs, il sait que sa naissance n’était
tecture du lieu, le style des maillots de bain de ces
désirée que par sa mère, non par son père : « […]
deux jeunes filles correspondent à l’époque des
il ne veut pas partager sa femme. Plus tard il dira en
faits racontés.
souriant, parlant de ma conception, que cet enfant
13/a. Ses parents, poussés par « la pénurie et les lui a échappé » (II, 6).
menaces de réquisition » (II, 5), franchissent la ligne Son désir de croire peut laisser place au désir
de démarcation et se réfugient à Saint-Gaultier. d’ignorer, autre manière de souligner combien il a
b. Saint-Gaultier est décrit comme un lieu paradi- parfois conscience de décevoir son père. La méta-
siaque : le nom de ce village fut toujours prononcé phore de l’éclair se trouve ici associée à la décep-
par ses parents « avec exaltation. Ils l’associaient à tion : « je promenais ma fragilité sous le regard
deux années exceptionnelles, souvenir de pur bonheur, de mon père, ignorant l’éclair de déception qui le
parenthèse de sérénité dans la tourmente » (II, 5). Et le traversait » (I, 4 ).
16. L’imagination joue un rôle crucial dans l’en- gymnase pour échapper au film : « les bruits de sa
fance du narrateur. Elle lui permet de combler tous respiration ont couvert les ordres aboyés dans une
les vides, tous les silences dont il est entouré. Son langue qu’il ne pouvait plus entendre » (III, 3). Sa
imagination apparaît à travers l’invention de son mère réagit par le silence au malaise et à la souf-
frère imaginaire, la présence des fantômes, des france, le narrateur non plus ne dit rien : « Plus
ombres qui l’accompagnent, surtout la nuit, à tra- muette que jamais à qui pensait-elle ? Sans un mot
vers l’histoire familiale idéalisée qu’il se raconte. nous avons assisté à cette fiction […] » (III, 3). Il voit
Plus loin dans l’ouvrage, on verra que l’imagina- le second film au collège le lendemain de ses
tion se révèle aussi à travers les récits qu’il écrit : quinze ans. Il s’agit d’un documentaire sur les
« Les cahiers s’accumulaient dans les tiroirs de mon camps. Le narrateur souligne l’impact des images,
bureau, je ne les relisais jamais. La vigueur qui me plus fortes que les mots : « pour la première fois je
faisait défaut lors des activités physiques se portait à vis les montagnes. Ces terribles montagnes dont je
incandescence lorsque, un stylo à la main, je remplis- n’avais lu que des descriptions […]. Je serais bien allé
sais des pages entières de récits de mon invention. m’enfermer pour échapper à ces images » (III, 5). Au
Parfois ils me concernaient de près, sagas familiales, lieu de cela, il rit aux plaisanteries de son voisin,
chroniques parentales, parfois ils s’égaraient en capitaine de l’équipe de football, sur le corps
contes abominables semés de tortures, de morts et désarticulé d’une femme, il rit « pour lui plaire », rit
de retrouvailles, jeux du cirque, récits trempés de de plus en plus fort en l’entendant dire « Ach !
larmes » (III, 1). Chiens de juifs ! » (III, 5). Puis il se jette sur ce voisin
« sans prendre le temps de réfléchir […] ». Il conti-
17. Le principal indice qui permet de rapprocher nue : « je n’étais plus moi-même, pour la première
la vie de Philippe Grimbert de celle du narrateur se fois je n’éprouvais aucune crainte ». Il assimile ce
trouve dans le long développement sur son nom voisin spectateur à son frère imaginaire qu’il com-
de famille, identique au nom de l’auteur : « Et tou- bat chaque nuit : « mais, contrairement à mon frère,
jours ces questions : régulièrement on m’interrogeait mon adversaire n’allait pas prendre l’avantage. Je
sur les origines du nom Grimbert, on s’inquiétait de savais que j’allais le tuer » (III, 5). Comme il ne dit
son orthographe exacte, exhumant le “n” qu’un pas la vérité à ses parents, son père se réjouit :
“m” était venu remplacer, débusquant le “g” qu’un « son fils serait donc capable de se battre ? » (III, 6).
“t” devait faire oublier […] » (I, 3). Ce rapproche-
ment s’effectue aussi au vu des époques, qui cor- 3. Le narrateur dit la vérité à Louise dès le lende-
respondent : le narrateur indique par exemple main ; « à elle seule je pouvais la dire ». Celui-ci
qu’il est né quelques années après la guerre, or avoue : « submergé par l’émotion, j’ai pleuré devant
Philippe Grimbert est né en 1948. L’enfance pari- Louise comme je ne l’avais jamais fait » (IV, 6). Face
sienne de l’auteur s’est déroulée dans les mêmes aux pleurs et au désespoir du narrateur, Louise
quartiers que celle du narrateur (voir plan p. 219). réagit : « Elle m’a écarté d’elle pour me regarder,
Enfin, dans tous les entretiens accordés, l’auteur comme si elle s’interrogeait sur une décision à
souligne qu’il s’agit de sa propre histoire (voir p. prendre, puis elle a souri et m’a parlé » (IV, 6).
217 du manuel). 4. Louise apprend au narrateur que lui aussi
aurait porté l’étoile jaune, que tous ses proches
étaient également d’origine juive : « marqué par
cet adjectif si encombrant, si coupable » (III, 6). Il
Séance 2 apprend aussi tous les interdits, toutes les humilia-
tions, toutes les persécutions qui accompagnaient
Le secret dévoilé le port de l’étoile jaune. Des questions l’assaillent
1. Arrivé au collège, le narrateur a grandi mais et il sait que Louise va dévoiler la vérité, comme un
l’image qu’il a de son corps est toujours aussi devoir à accomplir par amour pour lui : « Elle me
négative : « je cachais mes jambes et mon torse devait la vérité. Elle allait se défaire de son serment,
étroit dans des vêtements amples » (III, 5). trahir pour la première fois la confiance de mes
Physiquement, il a donc changé mais psychologi- parents. Elle m’aimait assez pour cela, elle qui
quement, il conserve ses complexes. n’avait jamais eu d’enfant ni, à l’en croire, de véri-
table amour dans sa vie. La vieille demoiselle allait se
2. Les deux films qui vont marquer le narrateur
faire un devoir de rompre le silence » (III, 6).
portent sur les camps de concentration ou d’exter-
mination pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 5/a. « Les morts qui surgissent de l’ombre » sont
premier, un film de fiction, paraît annonciateur du Robert, Hannah et Simon : Robert, le mari de
second, un documentaire. Tania ; Simon, le fils de Maxime et d’Hannah.
Un soir, il regarde un film sur les camps à la télévi- b. D’abord à l’évocation de l’existence de son
sion, avec sa mère ; son père s’est réfugié dans son frère, Simon, le narrateur semble s’interdire de
ressentir quoi que ce soit, comme s’il avait tou- belle, à l’allure sportive, aurait tout de la femme
jours attendu la confirmation de son existence : idéale pour lui, mais il la rencontre trop tard.
« J’ai regardé loin devant moi, l’œil fixé sur la fin de
9/a. Simon est né peu après le mariage de ses
son récit […]. Il faisait sa première apparition offi-
parents.
cielle, après s’être glissé dans toutes ces images, lut-
b. Il y a plusieurs points communs entre Simon et
teurs anonymes, garçons brutaux, tyrans de cours de
le narrateur : Simon, comme le narrateur l’a fait
récréation. Le frère que je m’étais inventé, celui qui
des années plus tard, accompagne ses parents le
avait rompu ma solitude, ce grand frère fantôme
dimanche à l’Alsacienne, et il joue dans le même
avait donc existé » (III, 7). Peu à peu Louise fait res-
magasin de la rue du Bourg-l’Abbé, avec Louise,
surgir la vérité : « Mon amie ouvrait un à un de nou-
« assis devant le même chocolat, il a raconté ses sou-
veaux chapitres » (III, 8). Le narrateur réalise alors
cis et ses rêves » (IV, 3). Et lui aussi, on a cherché à
combien Simon correspond à l’image du frère
séducteur et dominateur qu’il s’était forgé, et son le protéger : « L’ombre de la guerre se rapproche »
hostilité à son égard s’accroît : il ne parvient pas à mais « on tient Simon à l’écart de ces discussions, on
s’apitoyer sur son horrible destin, colère et « jalou- éloigne les ombres de lui » (IV, 3).
sie féroce » s’emparent de lui, mais il se sent cou- En revanche Simon, enfant désiré par son père, ce
pable de tels sentiments : « Et je ne l’aimais pas. qui ne sera pas le cas du narrateur, naît seulement
Louise m’avait brossé le portrait d’un enfant séduc- quelques mois après le mariage de ses parents, et
teur, sûr de sa force, semblable en tous points à celui il est « vigoureux, hurlant à pleins poumons » (IV, 3).
qui m’écrasait chaque jour. Et cette image, conscient « Contrairement à moi, il ne souffrait pas d’un
de l’horreur de mon désir, j’aurais voulu la livrer aux corps qui le trahirait sans cesse, il ne se leurrait pas
flammes » (III, 8). lorsqu’il lisait l’admiration dans les yeux de son
père » (IV, 3).
6/a. Le narrateur ne dit pas à ses parents qu’il sait
la vérité sur eux. Par ce silence, il désire les proté- 10. Les dédicataires du livre sont Tania, Maxime,
ger, comme eux-mêmes s’étaient tus pour le pré- et Simon. Le narrateur-auteur a donc dédicacé son
server : « Je les ai observés, ils n’avaient pas changé. livre à sa mère, à son père et à son frère. En fait, le
Le silence allait persister et je n’imaginais pas ce qui secret est en partie levé dès la dédicace, mais le
pourrait me décider à le rompre. À mon tour je cher- lecteur ne s’en apercevra qu’au cours de sa lec-
chais à les protéger » (III, 8). ture, quand le secret sera dévoilé par Louise.
b. Le silence de ses proches, qui lui avaient caché 11. Le narrateur vient d’avoir quinze ans quand
l’existence de Simon, poursuivait, sans qu’ils en sa vie a connu un « tournant » : « Les jours défi-
aient conscience, l’œuvre des nazis : « À leur tour, laient, tous semblables, les nuits se succédaient, j’y
sans le vouloir, ils l’avaient rayé de la liste des morts déployais mon théâtre d’ombres. Une existence par-
comme de celle des vivants, répétant par amour le faitement réglée, jusqu’à l’événement qui allait en
geste de ses assassins » (III, 9). Il ne parvient pas à marquer le tournant » (III, 4). Le tournant est repré-
évoquer la guerre avec ses proches, mais seule- senté par l’épisode du film documentaire au col-
ment avec Louise : « Sans ma vieille amie, peut-être lège, quand il est blessé après son combat contre
n’aurais-je jamais su » (III, 9). le capitaine de l’équipe de football pour ne pas
7. D’après le narrateur, Maxime épouse Hannah avoir supporté les insultes anti-juives, après avoir
pour de multiples raisons : « Il atteint la trentaine, eu honte d’en rire. « Mais cette blessure m’apporta
son mariage, espère-t-il, marquera la fin de sa quête bien davantage qu’une gloire éphémère, elle fut le
éperdue de rencontres […]. La grâce et la fragilité signe que Louise attendait » (III, 5). Cette blessure a
d’Hannah l’ont séduit, la situation prospère de sa décidé Louise, il lui fallait révéler au narrateur tout
belle-famille n’a pas été pour rien dans sa décision. Il ce qu’elle savait. Louise a donc permis au narra-
a épuisé ses plaisirs de célibataire et ressent pour la teur de prendre ce tournant, de connaître sa véri-
première fois le désir d’être père » (IV, 1). Ces motifs table histoire, et ainsi d’échapper aux ombres qui
évoqués sont à l’origine de nombreux mariages, l’écrasaient.
surtout à cette époque-là, mais on peut noter que
13. Le narrateur se sent plus fort, « curieusement
l’amour n’est pas mentionné.
plus fort » depuis le nouveau récit sur ses origines,
8. Maxime est comme foudroyé par un éclair transformé : « J’avais quinze ans et cette nouvelle
d’été le jour de son mariage en voyant pour la pre- donne changeait le fil de mon récit. Qu’allais-je faire
mière fois Tania : « Sa poitrine se déchire, une telle de cet adjectif, collé à ma silhouette décharnée […].
beauté lui est douloureuse, loin d’éclairer la fête elle Un qualificatif venait s’ajouter à ma liste : je n’étais
vient l’assombrir : l’éclat de cette femme lui brise plus seulement faible, incapable ou inapte. À peine,
le cœur. C’est le jour de son mariage, celui où il unit la nouvelle venait-elle de tomber des lèvres de Louise
son destin à Hannah […] » ( IV, 2). Cette femme, si que déjà cette identité me transformait. Toujours le
même j’étais devenu un autre, curieusement plus On remarquera que, chaque fois que les persécu-
fort » (IV, 6). La place de ce passage dans le récit tions s’intensifient, chaque fois que la menace se
est significative, il apparaît en effet juste après que précise, les discussions sont vives dans la famille et
le narrateur a souligné les conséquences du port les décisions différentes. Dans une époque si trou-
de l’étoile jaune qui « les désignait au regard des blée, chacun ne sait comment agir et les actes sont
autres mais leur permettait aussi de se reconnaître, moins le résultat d’une réflexion, d’un calcul, que
soudant une communauté qui, à force de se dissimu- l’expression de la personnalité de chacun : Maxime
ler, s’était parfois ignorée » (IV, 6). On peut avancer a toujours voulu passer pour non juif, il lui est
que la levée du secret a permis au narrateur de se impossible d’obtempérer quand on lui demande de
connaître lui-même, le rendant ainsi plus fort ; déclarer qu’il est juif. Joseph, qui pourtant sait ce
cette révélation lui a permis de mettre des noms, que sont des persécutions antisémites, refuse
des visages, des mots sur ses souffrances. de passer en zone libre : « franchir de nouveau une
frontière lui paraît insurmontable » (IV, 8).
2/a. Hannah s’estime « vaincue » (IV, 5) après
avoir vu comment Maxime a regardé Tania lors-
Séance 3 qu’elle est apparue, en maillot de bain noir, et
qu’elle a plongé : « Elle connaît suffisamment son
Le poids de l’histoire mari pour y lire un désir fou, une fascination qu’il ne
1. Au moment où commencent les premières songe même pas à dissimuler. Jamais il ne l’a regar-
arrestations, en particulier celle de l’employé you- dée ainsi » (IV, 5).
goslave Timo, Joseph, le père de Maxime, pressent b. Hannah reçoit une lettre de Maxime après son
que les persécutions vont se généraliser. Il se sou- passage en zone libre. Il lui annonce que « tout est
vient de ce qu’il a vécu en Roumanie, il s’inquiète, prêt pour les accueillir » (IV, 10). Mais dans la même
fait part de son inquiétude mais on ne l’écoute pas lettre il lui apprend que Tania est venue « rejoindre
(IV, 4). Maxime se veut rassurant, il croit que seuls ses beaux-frères ». Cette information confirme ses
les étrangers seront inquiétés et seront expulsés craintes et provoque chez elle un effondrement
(IV, 4). Ensuite Maxime ne veut pas se faire recen- complet : « Elle croit perdre la raison […]. Tout
ser comme juif : il « a refusé de se rendre au com- bascule, la vie lui devient insupportable » (IV, 10).
missariat pour faire apposer sur ses papiers le tam- 3. Tania vient à Paris car plus rien ne la retient à
pon rouge infamant » (IV, 5). Esther et Georges y Lyon : son mari est mobilisé, la succursale est fer-
sont allés mais pas Edith, ni Marcel, ni Joseph. mée. Elle a voulu se rapprocher de sa mère et de la
Maxime intensifie sa pratique sportive à laquelle il famille de son mari (IV, 5) ; on apprend peu après
associe son fils (IV, 5). Robert a été mobilisé et qu’en fait elle n’a jamais souhaité vivre à Lyon, et
Tania, après avoir tenté de s’occuper de la succur- que sa mère lui manquait (IV, 7). En outre, selon le
sale de Lyon, a fermé boutique et est retournée narrateur, elle est secrètement attirée par Maxime,
vivre à Paris, chez sa mère. Lorsque le port de elle pense à lui souvent : « Elle ne peut se défendre
l’étoile jaune devient obligatoire, Maxime déso- d’une attirance pour Maxime » (IV, 7), « Maxime
béit encore, il ne portera pas cette étoile, ni sa occupe ses pensées plus qu’elle ne le voudrait » (IV, 7).
femme ni son enfant, tandis que Georges et Esther Le narrateur nous livre, à la fin du chapitre 7, les
de nouveau ont l’attitude inverse : ils veulent por- réflexions de Tania, ses interrogations, et les rai-
ter l’étoile par fierté, pour ne pas renier leurs ori- sons qui la conduisent à se rendre à Saint-Gaultier.
gines (IV, 6). Joseph n’ose plus rien dire à son fils. Elle ira à Lyon vendre le magasin, se fera établir de
Louise porte l’étoile. Maxime ne lui reproche rien, nouveaux papiers en reprenant son nom de jeune
mais discute avec elle de la situation. Finalement fille et viendra ensuite se réfugier dans l’Indre :
Maxime comprend que ni lui, ni sa famille ne peu- « Elle vivrait cette période difficile près de ceux qu’elle
vent rester à Paris : il faut franchir la ligne de aime, elle partagerait la vie d’Hannah et de Simon,
démarcation (IV, 6). Grâce à Louise, une solution elle se rapprocherait d’Esther. Elle verrait Maxime
est trouvée : ils se réfugieront à Saint-Gaultier où tous les jours » (IV, 7). La dernière raison évoquée
travaille l’une de ses cousines (IV, 6). Après un est bien sûr la plus forte mais aussi la seule
conseil de famille, la décision est prise : Maxime, inavouable.
sa femme et son fils ainsi que Georges et Esther 4. Les hommes, Georges et Maxime, sont les
iront à Saint-Gaultier. Élise et Marcel souhaitent premiers à passer la ligne de démarcation (IV, 8).
rester à Paris et participer à l’organisation d’un Lors du conseil de famille, il en a été décidé ainsi :
réseau de résistance. Un peu plus loin (IV, 8) on les hommes « qui sont les plus menacés » (IV, 6)
apprend que Joseph ira vivre avec eux tandis que constituent « l’avant-garde ». On craignait en effet
Louise franchira la ligne. à ce moment-là que les hommes ne soient arrêtés
en priorité, plutôt que les femmes et les enfants, métaphore qu’au chapitre précédent. Il nous
mais comme on le sait, et comme le montre la décrit une femme qui ne réagit plus : « ses yeux
suite de l’histoire, personne n’a été épargné. s’égarent, elle délire presque » (IV, 10). Hannah a
agi en femme désespérée. Elle s’est condamnée à
5. Hannah est bouleversée car une rafle s’est pro-
partir en captivité avec son fils.
duite dans le onzième arrondissement de Paris et
ses parents ont été emmenés : « Des scellés ont été 7. Maxime souffre de savoir sa femme et son fils
apposés sur les portes, des voisins lui confirment le en captivité, il souffre de ne pas savoir où ils sont,
départ de ses parents […] » (IV, 9). Pour rendre plus ce qui leur est arrivé ; des images terribles l’as-
sensible le délabrement intérieur d’Hannah, l’au- saillent : « Son fils et sa femme aux mains de l’en-
teur emploie la métaphore du mur qui tombe : nemi, sans doute parqués avec des milliers d’autres
« Le premier mur vient de tomber » (IV, 9). Hannah dans l’une de ces enceintes où la haine s’exprime
alors « réclame Maxime, comme une petite fille per- sans retenue » (IV, 13). Il cherche à avoir de leurs
due » (IV, 9). Elle veut le rejoindre à Saint-Gaultier nouvelles, en vain : « Tous les jours il passe à la
parce qu’elle n’a plus que lui pour la soutenir : poste pour téléphoner à Paris, à son retour personne
« Jusqu’à l’arrivée de la seconde lettre elle a pu ne se hasarde à lui poser des questions » (IV, 13).
croire que son départ pour cette autre France allait lui Parfois, ne sachant ce qui s’est réellement passé,
permettre de retrouver son bonheur » (IV, 9). « il maudit l’inconscience de sa femme » (IV, 14) ; on
peut penser que son ressentiment contre elle favo-
6/a. Le passage en zone libre des femmes avec rise son détachement et le conduit à céder à son
Simon est raconté longuement parce que ce attirance pour Tania. Cependant Tania apparaît
moment est déterminant pour tous les person- comme une consolatrice autant que comme une
nages de cette histoire, y compris pour le narra- séductrice : il pleure en voyant le plongeon de
teur ; il cherche à faire comprendre l’état d’esprit Tania, « il ne cherche pas à se cacher de Tania,
de chacun des personnages, l’angoisse qui les lorsqu’elle se hisse sur la berge il lui offre sa douleur,
étreint, la tension liée au danger et à l’indifférence les yeux nus […]. Elle tend sa main mouillée, il s’en
d’Hannah, dont la vie a basculé quand elle a saisit et y enfouit son visage » (IV, 14).
appris que Tania était à Saint-Gaultier. Le récit de Maxime a dû choisir comment vivre, alors qu’il est
ce moment est aussi un dévoilement : le narrateur sans nouvelles de sa femme et de son fils : il s’est
nous donne à connaître ce qui a toujours été tu, d’abord replié sur lui-même, puis a rompu son iso-
le cœur même du secret, celui que Louise a lement. Il a ensuite cédé à sa passion pour Tania,
finalement dévoilé au narrateur, « cédant à [son] mais il a dû supporter le poids de la culpabilité et
insistance » (IV, 10). aussi le jugement réprobateur de leur entourage :
b. Lors du contrôle dans le café, Hannah a donné « Esther se contient avec peine » (IV, 16), « Georges
ses vrais papiers à l’officier allemand (IV, 11) : et le colonel jugent sévèrement le comportement des
« Louise et Esther retiennent leur souffle, elles la deux amants mais considèrent cette union comme
voient fouiller dans son sac, contempler ses papiers, inévitable » (IV, 16).
les poser en évidence sur la table avant d’en sortir
d’autres qu’elle tend à l‘homme, sans lâcher son 8. La fin de la guerre et le retour de Maxime à
regard » (IV, 11). Ensuite, lorsque Simon, revenant Paris sont évoqués à partir du chapitre 17.
des toilettes, se précipite vers elle, elle sort du Maxime s’est installé au-dessus du magasin et,
mutisme dans lequel elle s’était réfugiée aussitôt comme tant d’autres, il attend le retour des
après avoir lu la seconde lettre : « C’est mon fils », déportés.
dit-elle (IV, 11). 9/a. Encore à Saint-Gaultier, « au hasard des
c. Le terme d’« imprudence » ne peut convenir conversations », les réfugiés entendent parler des
pour désigner l’attitude d’Hannah, mais c’est celui camps de la mort. Maxime « n’a plus la ressource
que Louise et Esther emploient pour ménager de les croire prisonniers de l’autre côté de la ligne de
Maxime : elles « avaient choisi de parler d’une démarcation, il doit maintenant envisager le pire »
imprudence, d’un oubli » (IV, 13). En réalité, il s’agit (IV, 16). Il doit commencer à imaginer que sa
d’un « acte suicidaire » (IV, 13). Lors d’une antici- femme et son fils sont morts dans un camp.
pation, à la fin du chapitre 10, le narrateur déve- b. Les parents d’Hannah ont été déportés. Robert
loppe cette interprétation : « la fragile jeune femme est mort du typhus dans un stalag. Hannah et
est soudain devenue une Médée, sacrifiant son Simon ont été déportés à Auschwitz. Ce lieu n’est
enfant et sa propre vie sur l’autel de son amour pas nommé à la dernière page du chapitre 16, il
blessé ». Dès qu’elle a su que Tania était à Saint- est seulement évoqué par l’expression « l’ombre
Gaultier, Hannah a compris qu’elle ne pourrait d’un porche qui se découpe sur le blanc du ciel, les
lutter : « le deuxième mur s’effondre avec fracas » rails noirs qui filent vers l’abîme », et cette expres-
(IV, 10), écrit le narrateur, reprenant la même sion rappelle les images montrées dans les docu-
mentaires sur Auschwitz. Dans la partie V, au cha- plus une souffrance, je m’étoffais, mes creux se
pitre 5, le narrateur révèle à son père « le numéro comblaient. Grâce à Louise ma poitrine s’était élar-
du convoi, la date du départ de sa femme et de son gie, le vide sous mon plexus s’était atténué, comme
fils pour Auschwitz ». si la vérité y avait été jusque-là inscrite en creux »
(V, 1).
10. L’enfant de Tania et Maxime ne peut naître
que si ses parents choisissent de vivre en rejetant 3. Joseph, son grand-père, meurt peu avant le dix-
dans l’oubli l’enfant précédent, le couple précé- huitième anniversaire du narrateur. Il est enterré
dent. Ils ne parleront plus du passé pour tenter de dans le carré juif du cimetière du Père-Lachaise, que
mieux l’oublier, ils garderont leur secret. Selon le le narrateur découvre à cette occasion.
narrateur, si Maxime et Tania n’avaient pas agi
ainsi, s’ils avaient vécu dans le souvenir, leur vie de
4. Le narrateur se rend au Mémorial du Marais
couple aurait été impossible, ainsi que la naissance pour obtenir des informations (V, 4). En effet on y
de leur enfant. Mais si le silence laisse le passé dans trouve « un recensement complet de toutes les vic-
l’ombre, il ne fait pas disparaître le sentiment de times du nazisme. En consultant les registres il était
culpabilité, comme le révèle la dernière partie de possible de retrouver le nom de chaque déporté, le
l’ouvrage. numéro et la destination du convoi dans lequel il
avait pris place, la date de son arrivée au camp et,
11. La naissance du narrateur marque le début s’il n’avait pas survécu, la date de sa mort » (V, 4).
d’une nouvelle période dans la vie de Maxime et Le narrateur découvre ainsi ce qui est arrivé à
Tania. Presque en même temps, Maxime fait Hannah et à Simon : « après avoir transité par le
d’ailleurs modifier son nom de famille, comme camp de Pithiviers, [ils] avaient été expédiés en
pour éloigner à tout jamais les souvenirs liés à ce Pologne, direction Auschwitz. Ils avaient été gazés
nom. Une nouvelle vie commence pour le couple, au lendemain de leur arrivée » (V, 4).
sous un nouveau nom ; la vie semble l’emporter « Les événements […] prennent un extraordinaire
sur la mort : l’enfant vivant se substitue à l’enfant poids de réalité » car le narrateur qui avait dû
mort. Pourtant, en réalité, le mensonge de ses reconstituer en imagination la vie, les sentiments
parents pèsera longtemps sur l’existence du narra- de ces êtres, et surtout le sort qu’ils avaient pu
teur, et il s’est inventé le frère dont on lui avait connaître après leur arrestation, voit pour la pre-
caché l’existence. mière fois des documents, des preuves tangibles
de leur déportation. Ce n’est plus à travers le récit
de Louise qu’il connaît la vérité, mais grâce à « des
faits bruts, des chiffres » (V, 4). Il est bouleversé,
comme l’indiquent les mots « terrible voyage »,
Séance 4 « l’obscurité d’un wagon plombé », « l’horreur de la
promiscuité » et la mention des noms d’enfants
L’apaisement déportés « au nom du rassemblement familial »
1. Dans le chapitre 1, le narrateur a quinze ans ; (V, 4) ; mais le narrateur est aussi soulagé : « Cette
quand le chapitre 3 commence il va bientôt fêter date mettait un terme à toutes mes suppositions.
son dix-huitième anniversaire : on peut donc Je n’aurais pas à convoquer les images de leurs
dire que presque trois années sont résumées du années de déportation, leur calvaire, leurs nuits. »
chapitre 1 au chapitre 3. 5. Le narrateur s’inscrit à la faculté pour devenir
2/a. Dans le chapitre 1 le narrateur évoque par psychanalyste, tout comme l’auteur, Philippe
anticipation ce qui va arriver à sa mère : « Quelques Grimbert. Il a découvert la psychanalyse dans les
années plus tard ma mère perdrait l’usage de la cours de philosophie et, grâce à Louise, qui a su
parole et de la marche, à la suite d’une hémorragie l’écouter et aussi lui révéler ce qu’il devait
cérébrale […]. Cette douleur, mon père la ressentirait connaître, il a compris l’utilité d’une telle pratique :
plus violemment encore que moi » (V, 1). Il annonce « Louise, qui savait si bien m’écouter, m’avait ouvert
aussi de façon voilée la mort de ses parents : le les portes, elle m’avait permis de dissiper les ombres,
père « blessé plus cruellement qu’un autre par cette m’avait restitué mon histoire […]. Délivré du fardeau
vision, […] déciderait d’y mettre fin » (V, 1). Les qui pesait sur mes épaules j’en avais fait une force,
circonstances de celle-ci seront révélées à la fin j’en ferais de même avec ceux qui viendraient à moi »
du chapitre 1 de l’épilogue : il s’agit d’un suicide. (V, 4). Il peut désormais aider ceux qui veulent
b. Tandis que les parents du narrateur luttent retrouver la vérité de leurs origines, tous ceux qui
contre « les premières atteintes de l’âge » (V, 1), le en général sont mal à l’aise avec eux-mêmes. Le
narrateur n’est plus maigre et souffreteux, comme narrateur commence par aider son père, le jour où
dans son enfance : « Mon apparence ne m’était meurt le chien Écho (V, 5).
6. Le jour où le chien Écho est mort écrasé par […]. J’ai revu les mains de Louise, ces doigts si puis-
une voiture, le père du narrateur s’effondre : il se sants qui soulageaient mes parents, celles d’Esther,
sent responsable de la mort du chien qu’il n’a pas oiseaux qui voletaient autour de son visage […].
tenu en laisse. De plus, cet événement ravive le Enfin je me suis souvenu de la main de ma mère, les
sentiment de culpabilité qui l’accompagne chaque mois qui avaient suivi son attaque, crispée sur un
jour depuis des années. Le narrateur trouve enfin rouleau de mousse pour éviter que ses ongles ne vien-
l’occasion qu’il attendait pour parler à son père, et nent s’incruster dans ses paumes » (Épilogue, 1).
en particulier lui dire ce que lui savait et que son
11. À la fin de la première partie de l’épilogue, le
père ignorait : « le numéro du convoi, la date du
narrateur révèle comment sont morts ses parents :
départ de sa femme et de son fils pour Auschwitz,
« Prenant sa femme par la taille, il l’avait aidée à se
celle de leur mort » (V, 5). Laissant « dans l’ombre
lever pour la conduire tout doucement vers le balcon
l’acte suicidaire d’Hannah », il tente d’atténuer le
du salon, pour un ultime plongeon » (Épilogue, 1).
sentiment de culpabilité de son père en lui disant
Leur suicide contient encore sa part de mystère
que « seule la haine des persécuteurs était respon-
puisque le narrateur se demande : « Qu’avait-il
sable de la mort d’Hannah et de Simon » (V, 5). Il murmuré à son oreille avant de l’enlacer et de bas-
conclut ce chapitre en insistant sur l’importance culer avec elle ? » (Épilogue, 1).
de ce moment : « la mort de notre chien avait été
l’occasion d’un nouveau retournement : je venais de 12. Le narrateur donne une sépulture à Simon
délivrer mon père de son secret » (V, 5). grâce à l’ouvrage des Klarsfeld consacré aux
enfants de France morts en déportation. La photo
7. Les faits racontés dans l’épilogue se situent de Simon, confiée par le narrateur, y figure : « Des
plusieurs années après la mort des parents du nar- années après que mon frère avait déserté ma
rateur, alors qu’il est lui-même père d’une fille, chambre, après avoir mis en terre tous ceux qui
assez grande pour rentrer seule chez elle, comme m’étaient chers, j’offrais enfin à Simon la sépulture à
le lui propose son père qui reste encore un instant laquelle il n’avait jamais eu droit […]. Ce livre serait
dans le cimetière des chiens. Le narrateur a vieilli, sa tombe » (Épilogue, 2). « Ce livre » désigne l’ou-
en observant ses mains, il remarque qu’elles res- vrage des Klarsfeld mais aussi celui de Philippe
semblent à celles de son père, dans les dernières Grimbert. Dans l’entretien qu’il a accordé à Olivier
années de sa vie. On peut donc situer l’épilogue Brunet, ceci apparaît sans ambiguïté : « Ma pre-
à une période proche de celle de la publication mière idée était de donner un tombeau » écrit-il
du livre. (p. 54 de l’entretien). Ce point sera développé
Le lieu est précisé : il s’agit d’un cimetière de dans la question 11 de la séance 5.
chiens, se trouvant dans un petit bois entourant
un château, à proximité de la maison du narrateur.
Le nom du lieu n’est pas indiqué mais on sait
qui en est le propriétaire, c’est le comte de
Séance 5
Chambrun, « époux de la fille de Laval, fervent Faire le point :
défenseur de son beau-père, auteur d’ouvrages
visant à réhabiliter sa mémoire » (Épilogue, 1). un roman autobiographique
8. Près de sa maison, le narrateur a découvert un 1. Le chien en peluche est nommé Sim par le
cimetière de chiens où la fille de Laval enterrait ses narrateur ; son frère disparu s’appelait Simon. On
animaux. Il est d’abord accompagné de sa fille, peut déduire que le nom du chien a un rapport
avec le nom du frère disparu, il en est le diminutif.
puis demeure seul.
On a l’impression que l’enfant porte en lui la vérité
9. En observant les tombes, qui « faisaient penser qu’on lui cache.
à des tombes d’enfants » (Épilogue, 1), en pensant Dans son entretien avec Olivier Brunet, l’auteur
à Laval qui « avait encouragé […] la déportation des aborde ce sujet et révèle que dans la réalité il n’a
enfants de moins de seize ans », le narrateur a l’idée pas employé le diminutif Sim : « Dès que j’ai eu le
d’écrire Un secret : « Dans ses pages reposerait la chien dans les mains, je l’ai appelé Simon. Ce frère
blessure dont je n’avais jamais pu faire le deuil » disparu était donc déjà là en moi. Je connaissais son
(Épilogue, 1). existence tout en sachant qu’il ne fallait pas savoir
[…]. Je me suis dit qu’il ne fallait pas appeler le chien
10. En regardant les signes de l’âge sur sa main,
Simon, car c’était trop gros. C’est pour cette raison
il se souvient de son père, à qui il ressemble « enfin »
que j’ai choisi le diminutif » (p. 59 de l’entretien).
(Épilogue, 1). Puis il se souvient de ceux qu’il
aimait et qui ont disparu : « J’ai regardé mes mains 2/a. Le narrateur replace le chien en peluche
[…] les sillons qui peu à peu y étaient apparus, les dans la chambre de service : ce geste est relaté au
fêlures. Elles m’ont fait penser à celles de mon père chapitre 2 de la partie V.
b. Le chien en peluche est le premier chien qui la cause, souvent coupable sans raison » (I, 1). Il a
apparaisse dans le roman ; il a été la peluche du aussi souffert de son aspect physique, avec sa
narrateur pendant toute son enfance, et bien plus « maigreur » et sa « pâleur maladive ». Mais il
encore, un ami fidèle, un soutien : « Quand il m’ar- souffre surtout du secret dont il soupçonne l’exis-
rivait de me brouiller avec mon frère je me réfugiais tence et qu’il renonce pourtant à connaître, et
auprès de mon nouveau compagnon, Sim » (I, 6). pendant longtemps, pour ne pas peiner ses
Quand l’enfance a pris fin, que le secret a été parents : « je les aimais trop pour tenter d’en fran-
découvert, ce symbole du passé peut reprendre sa chir les limites, pour écarter les lèvres de cette plaie »
place parmi les autres souvenirs dans la chambre (I, 3).
de service.
La photographie montre l’enfant que Simon fut
6. Hannah se tait « vaincue » après avoir compris
combien Maxime est séduit, fasciné, par Tania
dans la réalité. En prenant la photographie et en la
(IV, 5). Puis, elle « se réfugie dans un mutisme total »
gardant avec lui, le narrateur, qui ne souffre plus
de sa rivalité avec un fantôme, un « frère d’ombre » (IV, 10) une fois qu’elle sait que Tania est auprès de
(I, 6) parfois « tyrannique », pourra se familiariser Maxime, à Saint-Gaultier. Elle se tait parce qu’elle
avec ce frère inconnu, dont le visage pourtant lui est désespérée, indifférente à tout désormais.
paraît « étrangement familier » (V, 2). Il pourra aussi Maxime a tenu secrète son attirance pour Tania.
trouver un certain apaisement en donnant cette Une fois qu’il a appris l’arrestation de Simon et
photographie aux Klarsfeld pour qu’elle figure d’Hannah, il se réfugie dans le silence, comme
dans leur ouvrage. Hannah, et se replie sur lui-même : « Maxime,
Ainsi l’histoire s’achève-t-elle, alors qu’a ressurgi enfermé dans sa chambre la plus grande partie de la
l’image de l’enfant disparu et que subsistera son journée, trace autour de lui un cercle de silence »
souvenir, dans le livre des Klarsfeld et dans celui de (IV, 13). Par la suite, jamais il n’évoquera de lui-
Philippe Grimbert. même avec son fils ce qu’il a vécu avant la nais-
sance de ce dernier. Il est incapable d’évoquer ce
3. La mort du chien Écho est extrêmement dou- qui le fait souffrir. Il veut oublier pour pouvoir
loureuse pour le père du narrateur. Certes, il était continuer à vivre.
très attaché à cet animal (V, 2) mais surtout la Tania ne dit rien de son attirance pour Maxime, ce
mort de son chien lui rappelle la disparition de son qui est la raison principale qui la pousse à venir à
fils et son sentiment de culpabilité n’en est que Saint-Gaultier. Puis, malgré son malaise, elle ne
plus vif. Ce chagrin a cependant un effet positif : à révèle rien de ses sentiments quand son fils trouve
cette occasion le narrateur peut « délivrer [son] le petit chien en peluche de Simon. Quand le
père de son secret » (V, 5) : voir question 6, séance 4. narrateur a quinze ans, elle regarde avec lui sans
4. Le narrateur a eu l’idée d’écrire Un Secret dans mot dire un film sur les camps : « Plus muette que
le cimetière des chiens. Les stèles indiquent les jamais à qui pensait-elle ? » (III, 3). Dans la partie III,
noms des chiens, leurs années de naissance et de le narrateur propose une explication au silence de
mort, ainsi que quelques formules qui témoignent ses parents en évoquant Simon dont il a appris
de l’affection qu’on leur portait. En outre, la per- l’existence : « Blessés à jamais de l’avoir abandonné
sonne qui aimait tant ses animaux, au point de à son sort, coupables d’avoir construit leur bonheur
leur faire dresser de véritables tombes, est la fille sur sa disparition, mes parents l’avaient maintenu
de Pierre Laval, responsable de la déportation des dans l’ombre » (III, 9).
enfants avec leurs parents, en France, pendant la Louise a gardé le secret des parents du narrateur
Seconde Guerre mondiale. En voyant que des par respect pour eux (III, 3) mais, dépositaire du
chiens avaient bénéficié d’une si grande attention secret, elle saura rompre le silence pour mettre un
alors que tant d’enfants avaient péri et étaient terme à la souffrance du narrateur.
restés sans sépulture, donc moins bien traités que 7. Louise a joué un rôle déterminant dans la
des animaux, le narrateur est révolté, il éprouve de
recherche de la vérité par le narrateur. Elle a com-
la colère : « Qu’allais-je faire de ma colère ? »
pris qu’il avait besoin de connaître la vérité et,
(Épilogue, 1). Ensuite, il pense à tous ceux qu’il a
malgré la difficulté qu’un tel aveu représentait,
aimés et qui sont morts, son père, Louise, Esther,
malgré son chagrin, elle lui a parlé : « Elle allait se
sa mère. Il écrira son livre pour y faire reposer « la
défaire de son serment, trahir pour la première fois la
blessure dont [il] n’avait jamais pu faire le deuil »
confiance de mes parents. Elle m’aimait assez
(Épilogue, 1), pour donner un tombeau à ceux qui
pour cela […]. La vieille demoiselle allait se faire
en ont été privés.
un devoir de rompre le silence pour celui qui lui
5. Le narrateur enfant a souffert de solitude. De ressemblait » (III, 6). À l’égard du narrateur, ce
plus, il dormait mal, il pleurait, triste, craintif, sans personnage fait preuve d’honnêteté, de courage.
savoir pourquoi. Il était « honteux sans en connaître Elle l’aime et le comprend. Elle sait qu’il souffre
trop de ce qu’on lui cache et préfère lui révéler la « Un secret » a une portée universelle. Elle sou-
vérité, même douloureuse, plutôt que de le laisser ligne davantage le poids de tout secret, de n’im-
dans sa souffrance. Elle sait aussi attendre le bon porte quel secret. Il faut révéler, dévoiler pour que
moment, le « signe » (III, 5) qui lui indiquera que le la vie continue et, grâce à la compréhension, la
moment est venu pour lui dire la vérité. Louise révélation permet l’apaisement. « Un » insiste
libère le narrateur des forces maléfiques qui l’écra- donc sur la transmission. Le lecteur peut établir
saient, elle lui permet de renaître, libre désormais. des liens avec son histoire personnelle, transposer
l’histoire de ce secret pour se l’approprier. « Avec
8. L’existence des fantômes révèle la présence “un“, le lecteur peut se dire : “Ah oui ! moi aussi, j’ai
des disparus auprès des vivants ; c’est en fait la
un secret !“ » L’article indéfini sollicite donc davan-
façon dont les vivants essaient de représenter cette
tage le lecteur : il ne s’agit plus seulement du
présence permanente des disparus. Parmi toutes
secret de Philippe Grimbert, mais des répercus-
les ombres qui semblent assaillir le narrateur, son
sions d’un secret sur la vie de toute personne
frère est le fantôme qui l’a le plus hanté. Son appa- tenue à l’écart d’une vérité, d’« un événement du
rition est liée à celle de Sim : « Ma découverte du passé maintenu caché, comme nous pouvons tous en
petit chien en peluche l’avait arraché à sa nuit et avoir dans toutes les familles » (Ibid., p. 52).
était venue hanter mon enfance » (III, 9). Il était
essentiel pour le narrateur d’identifier ce frère 10. On peut dire de ce roman qu’il est auto-
imaginaire puis de le nommer : « ce grand frère biographique car il y a identité entre l’auteur, le
fantôme avait donc existé » (II, 7). Et les confi- narrateur et le personnage principal. On a relevé
dences de Louise permettront au narrateur de se au fil de l’étude des coïncidences entre la vie du
libérer de l’emprise de ce fantôme : « Il fallait bien narrateur et celle de Philippe Grimbert : le nom
qu’un jour ou l’autre son fantôme apparût dans cette Grimbert, la profession de psychanalyste, etc. De
brèche, qu’il surgît de ces confidences […]. Je ne pou- nombreux indices vont aussi dans le sens d’une
vais pas savoir qu’on ne gagne jamais contre un histoire authentique et il convient d’étudier, avec
mort » (III, 9). Quand il écoute les révélations de les élèves, les documents fournis (p. 216 et 217
Louise, le narrateur parle de lui-même comme du manuel) : le plan de Paris, la photo de Saint
d’un aveugle qui retrouve peu à peu la vue, car ces Gaultier, celle du passage de la ligne de démarca-
fantômes identifiés, nommés, s’humanisent, revi- tion, l’extrait de l’entretien de Philippe Grimbert
vent et perdent ainsi de leur pouvoir destructeur. avec Olivier Brunet. Il est possible également dans
Par Louise, il se sent conduit « vers des visages un travail interdisciplinaire d’amener les élèves à
inconnus. Le long d’une route peuplée de murmures, faire des recherches sur tous les sujets qui mon-
je distinguais maintenant des corps, allongés sur le trent l’ancrage de ce livre dans la réalité historique :
bas-côté » (III, 7). Bien que ceux qui surgissent les rafles, l’hôtel Lutetia, le mémorial, les Klarsfeld,
soient morts, leur existence retrouvée va lui per- l’existence de ce livre, l’exposition réalisée à partir
mettre de comprendre, va l’aider à éloigner les de toutes ces photos d’enfants.
ombres qui l’assaillaient, à découvrir ses parents et Mais le mot « roman » signale aussi que l’auteur
à pouvoir devenir lui-même. Philippe Grimbert n’a pas désiré écrire une autobiographie au sens
explique l’importance de ce thème dans son strict et que cette œuvre comporte des aspects fic-
œuvre : « Au fond, les revenants, ce sont toujours tifs. Dans l’entretien déjà cité, il indique les points
des gens qui réclament leur dû, soit parce qu’ils n’ont sur lesquels une distance a été prise avec la réalité
pas eu de sépulture, soit parce qu’ils ont été victimes de son histoire. Ainsi n’a-t-il pas osé appeler le
d’une injustice terrible. » Et plus loin : « Je crois aux chien Simon, comme dans la réalité, préférant
fantômes ! Nous sommes tous hantés par des gens Sim. Ainsi, également, a-t-il inventé le creux dans
de notre histoire, à qui nous devons rendre les der- la poitrine dont souffre tellement le narrateur :
niers honneurs pour pouvoir être en paix et continuer « Mais c’était une façon métaphorique d’incarner le
creux du secret dans le corps. Une vérité non sue qui
à vivre » (entretien avec Olivier Brunet, p. 59).
s’inscrit en creux et qui va se combler au fil des révé-
Il est important de remarquer que si les fantômes
lations. Ceci dit, c’est un phénomène que j’ai pu
desserrent leur étreinte, donc permettent de se
observer en clinique. Le silence marque le corps »
libérer, ils ne disparaissent pas, ils sont toujours là,
(Ibid. p. 54).
mais n’empêchent plus de vivre.
De même, il a exagéré le caractère sportif de ses
9. Ce roman s’intitule Un Secret et non Le Secret. parents. Ceux-ci prêtaient attention à leur corps
Philippe Grimbert explique dans son entretien mais n’étaient pas des athlètes accomplis tels qu’il
avec Olivier Brunet qu’après avoir retravaillé lon- les représente dans son ouvrage. Il justifie ce chan-
guement son premier texte, l’avoir épuré, le titre gement par un désir de contester les images sté-
lui est « alors apparu comme une évidence » réotypées et ainsi d’y échapper : « J’en avais assez
(entretien avec Olivier Brunet, p. 53). L’expression de ces personnages de Juifs courbés sur leurs études,
aux épaules étroites. J’avais envie de montrer des Juifs étape qui s’impose à lui et il confirme cette néces-
glorieux physiquement et de sortir des stéréotypes » sité d’écrire sur son histoire familiale dans l’entre-
(Ibid., p. 55). Autre invention essentielle revendi- tien accordé à Olivier Brunet : « J’ai longtemps été
quée par l’auteur, car il s’agit de l’un des aspects les dupe ou victime de cette histoire. Grâce à ce livre, j’ai
plus marquants du livre qui risque de hanter le lec- pu en devenir l’auteur et lui redonner ses articula-
teur, la transformation de Hannah en héroïne de tions. Maintenant cette histoire a un sens pour moi »
tragédie grecque qui semble sacrifier son fils : « J’ai (voir entretien avec Olivier Brunet, p. 217 du
voulu la faire sortir du personnage effacé qui vit dans manuel).
l’ombre de ses parents et de son mari. J’en ai fait une Certains passages de ce roman autobiographique
héroïne de tragédie grecque, qui périt et entraîne son invitent à une autre lecture du livre : on peut
fils avec elle dans un acte terrible de sacrifice. Ça c’est considérer aussi qu’il s’agit d’une œuvre engagée,
mon invention » (Ibid., p. 56). En fait, il ignore ce conçue pour mettre un terme à « l’œuvre de des-
qui s’est vraiment passé. Dans toutes ses explica- truction » des bourreaux. Il est dit d’une manière
tions, on peut voir que l’auteur a le sentiment, en explicite que le choix du secret et du silence par
s’éloignant de la réalité, de parvenir à la vérité : « Le les membres de sa famille a répété « par amour, le
roman ne dit pas la réalité. Il dit la vérité » (Ibid., geste de ses assassins » (III, 9) : « L’œuvre de destruc-
p. 55). Par exemple, dans le cas d’Hannah qui tion entreprise par les bourreaux quelques années
aurait oublié ses papiers : « Même si c’est vrai, cet avant ma naissance se poursuivait ainsi, souterraine,
oubli ne peut provenir que du désir profond d’être déversant ses tombereaux de secrets, de silences, cul-
arrêté. On n’oublie pas ses papiers le jour où l’on tivant la honte, mutilant les patronymes, générant le
passe la ligne de démarcation. Elle était dans le déses- mensonge. Défait, le persécuteur triomphait encore »
poir absolu c’est sûr » (Ibid., p. 56). (I, 3). Si Philippe Grimbert a écrit ce livre, c’est
Sans doute, l’auteur a-t-il tenu aussi à utiliser le donc aussi pour montrer que l’on peut mettre un
mot roman pour insister sur le caractère fictif de terme au processus mortifère engendré par le
toute entreprise autobiographique : « On ne peut secret. C’est aussi pour que demeure le souvenir
connaître son histoire qu’à travers une fiction. La de ceux qui ont disparu, Hannah, Simon et tant
mémoire elle-même étant toujours une fiction. d’autres. Enfin, il a voulu transmettre l’histoire de
Quand je raconte ça aux lycéens, ils sont surpris. ses parents et de Louise, leur rendre hommage. Il
Mais le souvenir est toujours une reconstruction. Les confie à Olivier Brunet : « […] ma première idée
deux témoins d’une même scène n’ont pas vu la était de donner un tombeau. Ce mot signifie à la fois
même chose » (Ibid., p. 57). sépulture et hommage. Je voulais que le nom de ceux
qui ont disparu soit écrit quelque part » (Ibid. p. 54).
11. Dans l’épilogue, Philippe Grimbert présente
l’écriture de son roman comme une nouvelle
pont Alexandre, le Grand Palais, la gare d’Orsay, Il y a même l’annonce de la nuit : « Tout à l’heure/les
etc. flics de la Nuit/à grands coups de pèlerine/vont venir le
Dans le poème 54, Paris est désigné par l’habi- chasser ». Entre ces deux moments, il y a toute la
tuelle périphrase la ville Lumière. Le poème 57, vie foisonnante de la grande ville, de multiples
quant à lui, est composé à partir de noms de activités, de multiples personnages, de multiples
boulevards parisiens : boulevard de la Chapelle, aspects de la vie (joie, insouciance, injustice,
boulevard Richard-Lenoir, boulevard des Italiens, misère, etc.).
boulevard de Vaugirard.
9/a. D’après le poème 54, Embrasse-moi, c’est
4. En désignant Paris par la périphrase la ville l’hiver qui est le symbole de la misère : « Et l’hiver
Lumière, le poète crée un contraste : le vers 2 s’op- comme l’été là c’est toujours l’hiver » remarque
pose au vers 1. Le quartier où vivent les person- le poète en évoquant « un quartier […] où il fait
nages évoqués est perpétuellement sombre : « un toujours noir ».
quartier […]/Où il fait toujours noir ». Sous l’appa- b. D’après ce poème, il vaut mieux profiter du pré-
rence d’une ville brillante, il y a une ville pauvre où sent : « Embrasse-moi/Plus tard il sera trop tard »,
« on crèv’ de tout/De chaud et de froid ». « Notre vie c’est maintenant/Embrasse-moi ! ».
L’amour est une force qui permet de lutter contre
5. C’est également une grande ville qui est évo-
la misère, la malchance, le malheur.
quée dans le poème 7, Vieille chanson : Londres.
On le comprend grâce aux notations concernant 10/a. Le champ lexical de l’industrie est consti-
le brouillard (le brouillard londonien était jadis tué par les mots et groupes suivants : l’exposition
célèbre) et la Tamise (c’est le fleuve qui traverse […] universelle, machines, sidérurgie. Le champ
Londres). On peut tout au moins avoir reconnu le lexical de la circulation en ville est, lui, constitué
pays, l’Angleterre, grâce aux noms propres (Cosy par ces expressions : sergents de ville, dirigent la
Corner), aux sandwiches, au roi, à la reine, et au circulation, forêt de bâtons blancs.
nom Angleterre lui-même, qui revient à plusieurs Remarque : On aura auparavant expliqué aux
reprises. élèves qu’à l’époque de l’écriture du poème, les
agents qui dirigeaient la circulation utilisaient
6. Dans tous ces poèmes la ville est le symbole à
des bâtons blancs afin que leurs gestes soient vus
la fois de la richesse et de la misère, de leur drama-
de loin.
tique coexistence, de leur affrontement :
b. Non, d’après le poète la civilisation technolo-
« Voyez cette enfant de quinze ans
gique n’a pas favorisé la liberté ; il achève en effet
Voyez ces genoux maigres ces tristes petits seins ces
le poème en précisant : « Au pavillon de la sidérur-
pauvres cheveux roux
gie/Une attraction sans précédent/La liberté perdue
ces engelures aux pieds et ces crevasses aux mains
dans une forêt de bâtons blancs. » Le pouvoir qui
Voyez comme la douleur a ravagé ce visage enfantin »
dirige tout (les bâtons blancs) s’est allié à la
(Encore une fois sur le fleuve).
science et à l’industrie (au pavillon de la sidérur-
« Mangez vos sandwiches hommes riches buvez
gie) pour dominer le monde (la liberté perdue).
votre bière
c. Ce problème du pouvoir, et des relations entre
Mangez vos sandwiches hommes riches et payez vos
l’industrie et le pouvoir à notre époque (le titre du
verres » (Vieille chanson).
poème est précisément Les temps modernes), ne
La ville concentre les contradictions sociales.
concerne pas que certaines villes : « l’exposition »
7. À la fin de la première partie du poème 23, est en effet « universelle ». C’est un problème de
Soyez polis, le poète nous invite à être polis « avec civilisation en général et la disparition de la liberté
le monde vivant ». Cet intérêt porté au monde de l’homme est due à « des sergents de ville […] de
entier se confirme dans la seconde partie du toutes les autres villes/Et de tous les autres pays ».
poème : « Il faut aussi être très poli avec la terre/Et
11. Dans le poème Soyez polis, il est question du
avec le soleil ». Notre attention doit se porter sur
respect envers les êtres humains, envers « le monde
toutes choses, notre respect doit être universel, et
vivant » en général, envers la nature et finalement
nous devons savoir tenir notre place, pas plus : «
envers la Terre dans son ensemble, comme vien-
Le reste ne nous regarde pas. »
dra le confirmer la seconde partie du poème. Le
8. Le poème 1, Encore une fois sur le fleuve, thème est donc toujours d’actualité. Dans Les
raconte « l’histoire » d’une journée entière. En temps modernes, il est également question de la
effet, le début du poème correspond au commen- civilisation contemporaine, de la collusion du
cement du jour : « Et encore une fois/le soleil pouvoir politique avec le pouvoir scientifique et
se lève ». La fin du poème, quant à elle, coïncide industriel qui prive l’être humain de sa liberté.
avec la fin du jour : « Ce grand lion rouge/C’est le Les deux poèmes se rejoignent donc sur le thème
soleil/qui traîne encore un peu avant de s’en aller ». du monde civilisé qui dénature l’être humain.
Modalités. Pour la diction, on conseille aux élèves leillée, exempte de soucis. Au sens figuré, elle signifie
de s’arrêter à la fin des vers malgré l’absence de un matin où il va se passer quelque chose d’inat-
toute ponctuation, les variations de rythme ne tendu. Les deux sens coexistent ici. Il y a une ironie
pouvant précisément être données que par le fait certaine à qualifier de « beau » matin une matinée
que les vers sont de longueur irrégulière. Il est où l’individu va faire la cruelle expérience de sa
inutile de rechercher des effets de voix, les deux solitude radicale d’être humain, voire du néant de sa
poèmes s’accommodent fort bien d’une diction condition. On aurait attendu par exemple, comme
naturelle, soutenue par une articulation nette. On titre, « Un triste matin », « Un terrible matin ».
peut cependant insister sur le dernier vers du
3/a. Dans le poème 10, Le cours de la vie, les
poème Les temps modernes, et sur les deux
déterminants qui s’opposent sont « douze »
derniers de Soyez polis : on les prononce plus len-
(employé à quatre reprises) et « un/une »
tement, plus posément.
(employé trois fois).
Évaluation. Si l’on désire évaluer les prestations
b. L’expression « pour une bouchée de pain » est à
orales des élèves lors de l’activité de récitation, on
prendre à la fois au sens propre et au sens figuré. Il
peut s’appuyer sur les critères suivants, qui auront
y a douze châteaux acquis, il y a donc « douze bou-
été préalablement communiqués et expliqués :
chées de pain » : l’expression varie ici en fonction
– la restitution du texte. Le texte récité est fidèle
du nombre et cette adaptation de l’expression au
au texte de l’auteur : pas (trop) de mots oubliés,
contexte prouve qu’elle est employée de prime
transformés, ajoutés, enlevés, déplacés. La pro-
abord au sens propre. Mais il est aussi question de
nonciation des mots est adéquate ;
l’exploitation des pauvres (ici l’indigène debout
– la diction. Le rythme d’élocution reflète l’irrégu-
dans sa rizière, représentant la pauvreté du tiers-
larité des vers, l’élève marque une courte pause à
monde) par les riches (les douze hommes proprié-
la fin de chaque vers. Le débit est moyen, ni lent ni
taires des châteaux). Ces riches n’ont pas beau-
rapide. La puissance de la voix est suffisante pour
coup déboursé pour acquérir leurs demeures car
que le texte soit entendu de tous, mais il ne s‘agit
ils paient très mal les gens qu’ils exploitent, ils
pas de déclamer ;
s’enrichissent à bon compte, et l’expression « pour
– l’effet produit. Les poèmes sont dits avec convic-
une bouchée de pain » est alors à prendre au sens
tion : ce sont des poèmes engagés, qui expriment
figuré : pour trois fois rien, pour pas cher.
clairement l’avis de l’auteur.
c. La région du monde qui représente ici la pau-
vreté est l’Asie, et plus particulièrement les pays
d’Asie en voie de développement. En effet c’est le
Séance 2 planteur de riz qui est pris comme symbole, et il
est représentatif de ces pays-là. Il est pauvre et
Solitude et société mène souvent une vie misérable : on le représente
1/a. Dans le poème 39, On frappe, le pronom habituellement comme une personne maigre,
« Personne » indique la solitude du poète. Ce pro- vêtue de haillons, les pieds dans l’eau.
nom est la réponse à la question initiale posée par
4. D’après le poème 29, Chanson des cireurs de
le poète, qui cherche à communiquer et à ne pas
souliers, la richesse matérielle est du côté de
être seul.
l’homme blanc, et la pauvreté est le lot de
b. La solitude est ici présentée comme un
l’homme noir. Richesse et pauvreté se répartissent
manque. Elle renvoie le poète à lui-même : « C’est
ici d’une manière très simple, sans nuances, en
simplement mon cœur qui bat ». Mais le poète
complète opposition, car la poésie s’appuie sur des
recherche une autre présence que la sienne et si
généralisations, des symboles. Le pauvre est joyeux
possible une relation, un contact. La solitude est
car son métier de cireur de chaussures est une
présentée comme une absence de mouvement,
manière de rendre le monde plus beau, il prend la
de contact, de vie : « La petite main […] Ne bouge
vie du bon côté et il entrevoit la vraie valeur des
pas/Ne remue pas/Ne remue pas seulement le petit
choses : « La fugitive petite lumière/Que l’enfant noir
bout du doigt. »
aux dents de neige/A doucement apprivoisée ».
2/a. Le poème 56, Un beau matin, confirme ce L’enfant noir est une métaphore du poète qui, par
qu’exprime le poème 39, On frappe. La solitude ses poèmes, « fait briller » le monde, lui donne de
fait peur : « Il n’y avait personne/Mais soudain il eut la valeur. C’est l’homme blanc qui est pauvre car il
peur/Et il comprit qu’il était seul. » La solitude est ne vit que dans le monde de la réalité, des satis-
une image du vide, elle mène au néant : « Et c’est factions matérielles et immédiates : « Tout ce qu’il
alors qu’il vit/Rien en personne devant lui. » entend/C’est le bruit dans sa main/Le misérable bruit
b. Au sens propre, l’expression « un beau matin » d’une pièce de monnaie/Qui saute sans rien dire/Qui
désigne une matinée agréable, qu’on imagine enso- saute sans briller/Tristement sur un pied. »
4/a. La première strophe est rédigée au présent « Un homme est là par terre et baigne dans son sang »
de vérité générale. Elle ne rapporte donc pas une (Prévert),
histoire particulière mais elle présente des idées « Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »
générales, toujours valables. Dans la deuxième (Rimbaud).
strophe, nous rencontrons des verbes à l’imparfait Dans les deux cas le personnage est une victime,
de l’indicatif (première moitié de la strophe) et sa blessure est sanglante, et cette victime est en
dans la troisième, en plus, des verbes au passé contraste complet avec le décor. Enfin cette vic-
simple. Ces temps spécifiques du récit au passé time est jeune, dans les deux poèmes, et Prévert
prouvent que le poème est un récit, c’est-à-dire un comme Rimbaud présentent la mort comme un
texte qui raconte une histoire. Il y a une situation sommeil :
initiale aisément repérable (dans la deuxième « Un homme est là par terre comme un enfant
strophe), puis une succession de péripéties (indi- dormant » (Prévert),
quées précisément par des verbes au passé simple) « Un soldat […] dort » (Rimbaud).
et une situation finale, exprimée par les deux Pour les deux poètes, il s’agit de dénoncer la
derniers vers. Il y a donc une histoire à partir guerre en décrivant une victime jeune située dans
du vers 9, l’histoire d’un homme riche qui achète un cadre qui, doux et agréable, fait apparaître la
de nombreuses choses mais qui finalement se mort comme encore plus cruelle et plus injuste.
retrouve seul.
b. L’homme a acheté un chien, ainsi que le maître 8. Dans le poème 8, l’enfance est présentée
du chien, puis des moutons. Ces divers achats ne comme un malheur ; l’expression « Elle est triste
l’ont pas rendu heureux ; il s’est finalement l’enfance » revient à plusieurs reprises au fil du
retrouvé seul, et énervé. La richesse ne peut offrir poème. L’enfance est en effet étouffée par la
un remède contre l’ennui : « du matin au soir/je ne vieillesse car le monde est aux mains de personnes
faisais rien », « Du matin au soir/du soir au matin/je mûres voire âgées : « Nous étouffons dans le
faisais la même chose », « je n’avais envie de rien ». brouillard/Dans le brouillard des vieux vieillards ».
Elle ne peut rien, non plus, contre la monotonie de Le poème 42, La plage des sables blancs, apporte
l’existence : « il faut passer le temps/c’est un travail sur l’enfance un éclairage plus nuancé. L’enfance
de titan ». Enfin il n’est pas indiqué expressément peut être douloureuse, ou plus précisément les
que la richesse reste impuissante contre le fait de souvenirs qu’on en garde peuvent être doulou-
vieillir. reux : « Déchirants souvenirs de l’enfance ». Les sou-
venirs sont douloureux parce qu’ils amènent à
5. Dans le poème 16, les symboles de la vie sont comparer des situations actuelles, souvent diffi-
les arbres, les oiseaux, les enfants ; à chaque fois ciles à vivre, avec des moments d’autrefois, tou-
ces termes sont repris et précisés par l’adjectif jours imaginés comme plus heureux, plus insou-
vivants. Ce qui révolte le poète, c’est d’abord le ciants, plus riches en plaisirs : « Merveilleux
fait de donner aux rues des noms de morts. Le souvenir de l’enfance/Éblouie par le plaisir. » Il y a
poète est révolté par la mort, la présence de la donc, au total, à la fois douleur et plaisir dans l’en-
mort ; il aimerait qu’on parle de la vie aux vivants. fance et dans les souvenirs d’enfance.
6. Dans le poème 15, on relève les antithèses 9. Le poème 42 est construit sur de nombreuses
suivantes : tendre/dangereux, soir/jour, archer, arc/ reprises de mots ou groupes de mots. Il y a
musicien, harpe, flèche/chanson, blessure/amour. quelques répétitions à l’identique : tout/tout,
C’est plutôt le caractère dangereux de l’amour qui toujours/toujours. Mais ces répétitions pures et
est mis en valeur dans ce poème. Le champ lexical simples sont rares. Les reprises sont essentielle-
de la douleur est en effet dominant : dangereux, ment effectuées de manière partielle et il y a à
archer, arc, blessée, flèche, blessée, blessée, brûlante, chaque fois un changement qui permet au poème
brûlante blessure. de progresser, par exemple :
7. Prévert dans le poème Le Fusillé et Rimbaud « Tu étais nue dans le soleil/Tu étais nue tu te
dans le poème Le Dormeur du val ont employé baignais »,
quelques procédés semblables. Ils commencent « Déchirant refrain des vacances/Déchirants souve-
tous deux par mettre en place un décor agréable, nirs de l’enfance ».
dans les deux cas un décor naturel : Ce procédé donne au poème un rythme régulier.
« Les fleurs les jardins les jets d’eau les sourires » Ce rythme est renforcé par le fait que les vers
(Prévert), n’ont pas un mètre très différent : les vers compor-
« C’est un trou de verdure où chante une rivière » tent tous entre 6 et 10 syllabes, la plupart en
(Rimbaud). comptent 8 ou 9. De plus, il y a des rimes, ce
Ce n’est qu’après une telle évocation qu’ils men- qui crée une régularité sonore ; il y a des rimes
tionnent le personnage : extérieures (pareil/soleil), des rimes intérieures
(oubliettes/fenêtre, etc.) ou de simples assonances se compose des mots et expressions coq, Voilà
(toujours/tout, v. 3 et 4, entre autres). Il y a aussi le soleil, ergots, picore, Voilà le soleil ! L’entrecroi-
des échos qui créent des régularités auditives : sement de ces trois champs lexicaux révèle le sens
oubliettes/oubli. du poème : les militaires représentent l’ordre, la
discipline, l’autorité, mais ils apportent la mort, et
10. Si l’on désire des conseils de diction et des le poète les rend ridicules en les assimilant à des
propositions de critères d’évaluation concernant
personnages de basse-cour, ils font et sont comme
les prestations des élèves, on se reportera ci-avant des coqs.
(séance 1, question 11). b. L’adjectif mordoré signifie d’une couleur brune avec
11. Pour la diction du poème Le ruisseau, on des reflets dorés. Le poète décompose le mot pour
conseille de marquer une courte pause avant le faire un jeu de mots : les galons des militaires sont
dernier vers, afin de mettre celui-ci en valeur. C’est dorés mais les militaires vont à la guerre et donnent
en effet le seul vers qui fasse référence à un ou reçoivent la mort, le mot mort-dorés est donc un
personnage et ce faisant donne une clé pour raccourci saisissant du monde militaire.
comprendre. c. Le poète se moque ainsi des militaires parce
Pour dire le poème La plage des sables blancs d’une qu’ils font davantage penser à la mort qu’à la vie,
façon convaincante, on accorde la plus grande parfois même ils apportent la mort. De plus, ils
importance au mètre et à la structure des vers. On symbolisent l’ordre brutal : « Garde à vous ! »
soigne également tous les jeux de sonorités : 3/a. Dans le poème La nouvelle saison, le poète
échos, rimes intérieures, rimes extérieures. La mise Prévert évoque un monde heureux sans Dieu.
en valeur de toutes ces caractéristiques donnera En effet, peu après avoir mentionné « Dieu chassé
au poème un rythme adéquat. du paradis terrestre », le poète décrit un univers
Pour le poème Le Fusillé encore plus que pour tout heureux : « Une terre fertile/Une lune bonne
autre, plusieurs manières de dire sont possibles et enfant/Une mer hospitalière/Un soleil souriant ». Ces
donc acceptables. On peut par exemple forcer sur vers reviennent ici comme un refrain car ce sont
les contrastes et dire doucement les vers 1, 2, 4, 5, les mêmes qui ouvraient le poème.
7, 8, et plus brutalement les vers 3, 6. On peut b. D’après ce poème, on comprend que le poète
créer un effet opportun en disant ainsi le dernier porte un jugement défavorable, voire fort négatif,
vers : la première moitié de manière brutale puis la sur les religions. Le poème s’achève d’ailleurs sur
seconde moitié, constituée par la comparaison, de une image très dévalorisante de Dieu : « Et Dieu
manière douce. Le dernier vers résumerait ainsi le avec son reptile/Reste là/Gros Jean comme
contenu contrasté de l’ensemble du poème. devant/Dépassé par les événements ».
4. Le poème 6, Voyage en Perse, prend naissance
à partir d’un jeu de mots dû à une homophonie :
Séance 4 « j’avais autre chose à faire que de l’écouter/d’autres
chats à fouetter/Et tout particulièrement le Shah de
La liberté Perse ». Le mot Perse désignait autrefois le pays qui
s’appelle maintenant l’Iran. La Perse était dirigée
1. Dans le poème 25, Jour de fête, un enfant dia- par un souverain qui portait le titre de shah.
logue avec sa famille, notamment son père et sa C’était un souverain particulièrement riche et puis-
mère. Il s’exclame en effet « Oh ! mon père ! Oh ! sant. Les vers suivants donnent un exemple de
ma mère ! Oh ! grand oncle Sébastien ! ». Les revanche contre les puissants de la part de per-
parents font preuve d’autorité (ou essaient de faire sonnes faibles et dominées : « Et tout particulière-
preuve) : « Décidément si nous n’y mettons bon ment le Shah de Perse/que j’avais capturé/avec un
ordre/Cet enfant deviendra un vaurien ». Le poète superbe morceau de viande verte ». De même ces
donne raison à l’enfant car c’est à lui qu’il accorde vers qui apparaissent à la fin du poème : « Tu vas te
le dernier mot ; la dernière strophe, qui est une rendre utile/lui répondit le chat/Et pour commen-
des plus longues, rapporte les paroles de l’enfant. cer/tu nettoieras mon plat « : on assiste à un renver-
2/a. Dans le poème 36, Le Réveil en fanfare, le sement de la situation : c’est le faible qui asservit
champ lexical de la mort est constitué des mots le puissant.
suivants : ensanglantée, morts, mort-dorés, blême, 5. Dans le poème 33, La Fête à Neuilly, le récit du
charnier, sang, morts. Le champ lexical du monde rêve va du vers 4 au vers 25. Il apparaît très nette-
militaire est composé des mots, groupes et expres- ment sur la page car il est séparé du début et de la
sions képi étoilé, galons, Garde à vous ! claque ses fin du poème par des blancs. Le rêve est une sorte
ergots, Garde à vous ! Et debout tout l’ monde là n’ de fête car rien n’y est habituel ou ordinaire. Dans
dedans. Quant au champ lexical de la basse-cour, il la fête à Neuilly, telle qu’elle est rêvée par les
« enfants endormis », c’est le monde à l’envers : un pondant aux blancs situés après les trois premiers
ménage de dompteurs se dispute et les lions vers et avant les sept derniers. On met en valeur
regardent ce spectacle en s’amusant, un pélican les rythmes et les sonorités : « des scènes de
venu d’on ne sait où passe et s’en va on ne sait où, ménage – pause – des maîtres de la ménagerie ».
un singe « triste et seul » regarde mélancolique- Les trois derniers vers peuvent être dits plus rapi-
ment la lune alors que les singes sont habituelle- dement pour mimer la brutale fin de la fête, la
ment joyeux et en groupes. Dans un rêve comme fuite du rêve ;
dans une fête, on oublie la réalité. – pour le poème Le réveil en fanfare : On n’hésite
pas à mettre en valeur la couleur sonore du
6. En plaçant le poème En sortant de l’école en
poème, ses allures de fanfare, en expliquant au
dernière place du recueil, le poète lui confère une
besoin ce qu’est une fanfare… Pour cela on
place privilégiée, il en fait, en quelque sorte, la
prononce très distinctement les mots « écrasés »
conclusion. Il laisse la parole à des enfants : « En
(v. 4), « effroyable » (v. 7), « abominable et blême »
sortant de l’école/nous avons rencontré/un grand
(v. 11), « claque » (v. 19), et les mots qui forment
chemin de fer » ; ces enfants partent pour un
un vers à eux seuls, notamment « exténués »
voyage imaginaire et en toutes directions. Ce
(v. 13), « frénétiquement » (v. 22). Enfin, bien sûr,
voyage est une fête de la liberté, après l’école qui
on crie les vers « Garde à vous ! voilà le soleil ! ». On
est ressentie comme une sorte de prison. La liberté
n’hésite pas à exagérer (prononciation, ralentis-
se réalise notamment par des déplacements
variés et spontanés, par des rencontres diverses et sements de rythme) pour parvenir à un ton de
inattendues. dérision tournant en ridicule le monde militaire.
On remarquera le cas particulier que constitue le intitulés Chanson…, seul Chanson du vitrier a été
texte L’addition, qui est une saynète, et dans lequel mis en musique (par Vladimir Kosma). D’autres
la ponctuation est employée d’une manière tout à poèmes de ce recueil ont été mis en musique, ainsi
fait habituelle. que le sommaire l’atteste : Cœur de docker, Quand
tu dors, Adrien, Les animaux ont des ennuis. Ils l’ont
3. On peut relever, dans le poème 58, Les
tous été par la musicienne Christiane Verger. Les
animaux ont des ennuis, l’anaphore suivante qui
textes de Prévert deviennent donc aisément des
revient à plusieurs reprises : « Laissez/laissez/
paroles de chansons : leur rythme, leurs caractéris-
laissez ». Elle constitue bien évidemment un pro-
tiques qui les rapprochent de l’oral (voir entre
cédé d’insistance. On relève également dans ce
autres la question 4) les en prédisposent tout
poème des jeux de mots, par exemple « le poisson
particulièrement.
scie/a des soucis/le poisson sole/ça le désole » ou
« laissez passer le café si ça lui fait plaisir ». Quant 8. Le poème Le chat et l’oiseau peut être qualifié
aux jeux de lettres, on les rencontre au début du de fable : il se compose en effet d’un récit suivi
poème : « on a mouillé les L de la pauvre grenouille » d’une morale (le dernier vers, détaché, se présente
ou « même la grenouille verte/elle a deux L avant comme un proverbe). Le texte L’addition est une
l’E ». Dans ce type de poésie, le poète joue avec les saynète : il n’y a pas de narrateur, deux person-
mots, avec la langue ; la langue s’intéresse à elle- nages échangent des répliques, dans une situation
même, elle est elle-même propice à la fantaisie et précise, le texte comporte même des didascalies.
devient sujet de poésie. Les formes poétiques utilisées par Prévert dans ce
recueil sont donc diverses, mais le poème
4. Le niveau de langue du gardien de phare est
de forme entièrement libre reste largement prédo-
très familier ; pour sauver les oiseaux, il éteint son
minant.
phare et dit « je m’en fous ». Prévert n’hésite pas
à faire entrer en poésie des expressions très 9. Pour composer le poème 3, Chanson pour
familières. chanter à tue-tête et à cloche-pied, Prévert a utilisé
le procédé de l’énumération : des objets se succè-
5. On peut qualifier le langage poétique de
dent, se posent l’un après l’autre, l’un à côté de
Prévert par exemple avec les adjectifs suivants :
l’autre. Souvent ces objets sont mis bout à bout,
courant, familier, spontané, simple, quotidien,
selon le principe qui consiste à reprendre le der-
divers, varié, imaginatif, etc. L’adjectif qui semble
nier élément, le système marabout/bout de
caractériser ce langage poétique d’une manière
ficelle/selle de cheval… Ici, ce sont des mots entiers
générale est libre. En effet, comme l’ont montré les
qui sont repris, pas des syllabes : « Une église dans
précédentes réponses, ce langage s’affranchit des
une malle/la malle dans un grenier ». Les effets pro-
contraintes de versification, de ponctuation, de
duits par ces procédés sont divers : d’une part on a
registre de langue ; le poète cherche une sponta-
l’impression d’une composition spontanée,
néité et un naturel qui se rapprochent de la sincé-
débouchant sur un monde hétéroclite, où règne
rité de l’oral.
l’arbitraire, ainsi que le poème lui-même l’indique :
6. Dans ce recueil, les poèmes sont de longueur « les mots sans queue ni tête « ; d’autre part la fidé-
très variée. On trouve des poèmes très courts, par lité du poète à ce procédé, tout au long du
exemple Le lunch (cinq vers) ou La sagesse des poème, induit bien, aussi, une sorte de logique,
nations (trois vers) ou Accalmie (quatre vers, eux- du moins de régularité. Il s’en dégage un effet à la
mêmes très brefs). À l’inverse, certains poèmes fois de prévisiblité et d’imprévisibilité. C’est plutôt
s’étendent parfois sur plusieurs pages, par l’effet de prévisibilité qui l’emporte, d’ailleurs la fin
exemple Soyez polis (quatre pages), Voyage en du poème le confirme : le poème lui-même
Perse (six pages), le cas extrême étant constitué recommence, se retourne sur lui-même : « Et on
par Encore une fois sur le fleuve (vingt et une recommence/Un immense brin d’herbe/Une toute
pages). Sur ce point aussi Prévert manifeste son petite forêt… […] etc., etc., etc. » L’emploi des
goût de la liberté ; il ne saurait s’imposer une points de suspension à la fin du poème, l’emploi et
norme, même pour un recueil déterminé. la répétition du mot etc., témoignent de la régula-
rité de cette mécanique.
7. Six poèmes portent le titre de « chanson » :
Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied, 10. Dans le poème 34, Des choses et des gens
Chanson du mois de mai, Vieille chanson, Chanson qu’on rencontre en se promenant de loin, le poète
des cireurs de souliers, Chanson du vitrier, Chanson tourne les humains en dérision en les présentant
pour les enfants l’hiver. Un poème porte le titre de dans des situations défavorables, voire dégra-
Les chansons les plus courtes : il ne se présente pas dantes, humiliantes. On remarque qu’au début du
comme une chanson, mais fait allusion à ce genre poème Prévert se moque plus particulièrement
de texte qu’est la chanson. Dans les poèmes des gens puissants, et notamment des religieux et
de la religion : c’est contre le mur d’un cimetière 14. Certains élèves verront surtout en ce recueil
qu’« un enfant pisse », et plus loin le poète évoque une œuvre lyrique, d’autres se montreront davan-
« Dans la cave d’un presbytère/Un prélat enfermé tage sensibles aux engagements, voire aux partis
dans une lessiveuse/Par sa gouvernante jalouse et pris de l’auteur. Lyrisme et engagement ne s’op-
très sévère ». Le moyen de parvenir à une telle déri- posent d’ailleurs pas : exprimer ses sentiments
sion, c’est de montrer des situations triviales ou n’empêche pas, bien au contraire, de dire ce
saugrenues, pour enlever toute solennité, tout qu’on pense. Les principaux sentiments exprimés
aspect sacré. L’irrespect est ici une méthode, qui par Prévert dans ce recueil sont l’amour (Le ruis-
pousse loin les audaces du poète, puisqu’il ose seau, Embrasse-moi, etc.), la tristesse (À la belle
même se moquer des infirmes : « Un boiteux étoile, etc.), la nostalgie de l’enfance (La plage des
chauve et nu tristement fait le beau/Et six petits sables blancs, etc.). L’engagement se fait principa-
chats gris au cœur gros/Tournent en rond autour de lement contre la misère, les riches et les puissants,
lui/Miaulant un désolant refrain/Les chats désespérés les formes d’autorité, la religion et le monde mili-
sont les chats du pied-bot ». Le dernier vers du taire, la mort ; on le constate dans de nombreux
poème atteint un sommet dans la dérision, poèmes tels que Le cours de la vie, Les clefs de la
puisque la poésie de Prévert consiste à se moquer ville, Voyage en Perse.
de la poésie traditionnelle (le vers parodié est un
vers d’Alfred de Musset, poète du XIXe siècle). 15. Au cours des différentes séances, l’activité de
récitation a porté sur plusieurs poèmes (dix ont
11. Le poème Le chat et l’oiseau est un bon été proposés). Il est judicieux de terminer l’étude
exemple d’humour noir, puisqu’on y traite avec de cette œuvre poétique par un exercice qui réca-
dérision le désarroi d’une fillette et la mort en pitule tout ce qui a été fait et qui place ces poèmes
général. On peut aussi citer, comme exemples en écho les uns les autres, ce que permet un mon-
d’humour noir, le poème 12 (Ma petite lionne), le tage. Pour cela on cherche des correspondances
poème 41 (Les chansons les plus courtes), le poème entre les poèmes appris, et on les récite en les
46 (Les petits plats dans les grands), le poème 49 alternant de façon agréable (poèmes longs/
(Le gardien du phare aimait trop les oiseaux). poèmes courts…). La présentation des poèmes
12. Le poème 14, Le météore, met en valeur peut chercher à les rattacher à un thème domi-
l’orange, présentée comme un symbole d’espoir nant, elle peut s’appuyer sur un vers extrait de tel
et de liberté : elle apporte de la joie au prisonnier. ou tel poème. L’activité proposée permet de faire
Dans le poème 47, Comme par miracle, l’orange réciter de nombreux élèves ; on peut par exemple
est également signe d’espoir puisqu’elle fait naître diviser la classe en trois ou quatre groupes de
la lumière. Elle est relayée dans le même sens par manière à obtenir trois ou quatre montages por-
l’oiseau, toujours en mouvement, symbole tant chacun sur six ou sept poèmes (tout dépend,
d’espace et de liberté. Le poème 38, Les prodiges bien sûr, du nombre d’élèves dans la classe). Il
de la liberté, montre « du sang sur la neige », la n’est pas inintéressant d’entendre plusieurs fois le
cruauté (représentée ici par la couleur rouge, asso- même poème, même dans deux prestations qui se
ciée à l’idée de vie et de chaleur) est en complète suivent immédiatement ; le même poème peut
opposition avec le blanc (ici représentant la également être dit par deux élèves qui se seront
pureté, et associé à l’idée de froid et de mort). Le réparti les strophes ou les passages.
sang est symbole de violence. 16. Les poèmes qui, par leur technique, se rap-
13. De très nombreux poèmes, dans ce recueil, prochent le plus des collages reproduits (p. 277,
se présentent sous la forme d’anecdotes, par 279) sont ceux qui reposent sur le procédé de
exemple le poème 37, Quelqu’un : « Un homme l’énumération. Dans ce genre de poème en effet,
sort de chez lui/C’est très tôt le matin ». Le poète les vers semblent parfois être collés l’un à l’autre,
rapporte souvent des faits ; ceux-ci forment par- l’un après l’autre. C’est par exemple le cas des
fois une histoire complète comme, par exemple, poèmes 3 (Chanson pour chanter à tue-tête et à
dans Le chat et l’oiseau. Le premier poème du cloche-pied), 20 (La nouvelle saison, début et fin) et
recueil, lui, Encore une fois sur le fleuve, raconte même 61 (En sortant de l’école). Dans ces poèmes,
l’histoire d’une journée à Paris, du lever du soleil à le sens surgit de la simple juxtaposition d’éléments
son coucher. De diverses manières, ces poèmes d’origine diverse, comme dans des collages. Dans
racontent des histoires, et c’est ce que Prévert a ce genre de poème comme dans des collages,
voulu souligner en donnant à son recueil le titre c’est à chaque fois un univers qui se crée de lui-
d’Histoires, où le pluriel a tout son sens. même.
OUTILS DE LANGUE
Leçon 1 p. 282 4. 1. La Révolution française est un événement
bien postérieur à la découverte de l’Amérique.
Réponses aux questions 2. Les bébés nés un mois avant terme sont considé-
1. Les verbes qui correspondent à ces noms sont rés comme prématurés. 3. Le congé prénatal peut
mugir, siffler, hululer. Pour passer des verbes aux commencer six semaines avant l’accouchement.
noms, on a ajouté des groupes de lettres à la fin 4. Il sera bien suivi après l’intervention chirurgicale
des mots, ce sont des suffixes. qu’il a subie afin d’éviter toute complication post-
opératoire. 5. Ce crime a été préparé longtemps
2. Pour obtenir un adjectif qualificatif à partir du
à l’avance, il a été prémédité. 6. La veille du crime,
nom silence, il faudrait enlever le e final et ajouter
c’est-à-dire le jour précédent, on avait remarqué
un ensemble de lettres, -ieux, à la fin du mot :
chez le suspect un comportement inhabituel.
silencieux.
7. Pour le moment, il n’y a pas de preuve rete-
3. Ce mot est un nom, composé de deux mots : nue contre elle, elle doit donc être présumée
le nom oiseau, l’adjectif moqueur. Ces deux mots innocente. 8. C’est un roman posthume : il a été
sont reliés par un trait d’union. Un mot formé de publié un an après la mort de l’auteur.
la même façon : glou-glou. Le préfixe post – signifie qui est après. Le préfixe
pré – signifie qui est avant.
Corrigé des exercices
1. 1. en/cercle/ment : en : préfixe, cercle : radical, 5. vieillard lourdaud finaud fadasse
faiblard douceâtre blondasse verdâtre
ment : suffixe 2. r/af/fin/ement : r : préfixe, af :
préfixe, fin : radical, ement : suffixe (On accepte : noirâtre rougeâtre et rougeaud vantard.
fine : radical, ment : suffixe) 3. é/larg/ir : Les suffixes -ard, -âtre, -asse, -aud ont un sens
é : préfixe, larg : radical, ir : suffixe péjoratif, dépréciatif, c’est-à-dire qu’ils servent à
4. in/avou/able : in : préfixe, avou : radical, able : présenter une caractéristique comme défavorable,
suffixe 5. sur/ven/ir : sur : préfixe, ven : radical, un défaut.
ir : suffixe 6. ag/grav/ant : ag : préfixe, grav : 6. 1. naturel 2. confortable 3. horrible
radical, ant : suffixe 7. im/poli/ment : im : 4. rancunier 5. accidentel 6. fantaisiste
préfixe, poli : radical, ment : suffixe 7. accessible 8. solaire 9. respectable,
8. re/structur/er : re : préfixe, structur : radical, respectueux 10. héroïque 11. communal
er : suffixe 9. simpl/ifier : simpl : radical, ifier : 12. régional 13. réaliste 14. princier
suffixe 10. trans/form/ation : trans : préfixe, 15. majestueux 16. paisible, pacifique
form : radical, ation : suffixe 11. dé/sensib/ 17. bancaire 18. médiatique 19. talentueux
ilis/ation : dé : préfixe, sensib : radical, ilis : suffixe, 20. parisien 21. lyonnais 22. marseillais
ation : suffixe 12. anti/constitu/tion/nelle/ 23. niçois 24. toulousain 25. strasbourgeois.
ment : anti : préfixe, constitu : radical, tion : suffixe,
nelle : suffixe, ment : suffixe. (On accepte : nell : 7. 1. gourmandise 2. lourdeur 3. injustice
suffixe, ement : suffixe). 4. chaleur 5. gentillesse 6. solidité 7. sou-
plesse 8. rareté 9. avarice 10. sveltesse
2. in- in- 11. dignité 12. parallélisme 13. modernisme,
a un sens négatif signifie à l’intérieur de modernité 14. coquetterie 15. loyalisme,
loyauté 16. niaiserie 17. bizarrerie 18. van-
Impatience Infiltration dalisme 19. immobilité 20. splendeur.
incertitude inondation Les suffixes utilisés sont -ise, -eur, -ice, -esse, -ité
immangeable immerger inclure ou -té, -isme, -erie.
inadmissible incorporer
incivilité immigrant incarner 8. 1. simplifier 2. solidifier 3. uniformiser
incompétence 4. diversifier 5. humaniser 6. bonifier
impartial inachevé 7. pactiser 8. festoyer 9. flamboyer 10. cris-
talliser 11. foudroyer 12. côtoyer.
3. 1. désagréable 2. irrégulier 3. impopu- 9. 1. clairement 2. activement 3. douillette-
laire 4. malsain 5. illogique 6. immortel ment 4. gentiment 5. agressivement
7. inintéressant 8. malhonnête 9. irrespec- 6. obscurément 7. chèrement 8. violem-
tueux 10. anormal 11. amoral, immoral ment 9. différemment 10. pesamment
12. asymétrique, dissymétrique. 11. apparemment 12. bruyamment
13. patiemment 14. mollement 15. douce- locutions prépositives locutions conjonctives
ment 16. respectueusement. autour de parce que
10/a. chantier (n’appartient pas à la famille du grâce à à mesure que
mot chant). b. ouvrir (n’appartient pas à la famille en dessous de au cas où
du mot œuvre). c. équitation (le préfixe vient du de peur de de peur que
mot latin equus, le cheval ; dans les autres mots, le
préfixe vient du mot latin aequus, signifiant égal). 15. rester sur sa faim, 1 avoir les pieds sur
terre, 5 dépasser les bornes, 8 prendre le tau-
11. 1. anthropologie, anthropophage 2. bio- reau par les cornes, 10 peser de tout son poids
diversité, biologie, biographie, biotechnologie
dans la balance, 9 se faire du mauvais sang, 2
3. anthropologue, archéologue, psychologue,
garder son sang-froid, 7 avoir de l’aplomb, 6
généalogie, géologie, météorologie, sociologie,
avoir le cœur sur la main, 3 avoir les dents
biologiste, zoologiste 4. pathologie, patholo-
longues, 4.
gique 5. anthropophage, phagocyte 6. phy-
tophage, phytothérapie, 7. psychologie, psy- 16/a. Mon frère est toujours le même ; il rejette tout
chique, psychiatre, psychopathe 8. technicien, ce qui lui pose problème et n’hésite pas, par exemple,
technologie, polytechnique 9. chimiothérapie, à répondre n’importe quoi pour dégager en touche.
kinésithérapeute, psychothérapie 10. zoologie, Expression prise dans le domaine du sport.
zoophyte, zootechnie, zootechnicien. b. Ce jeune chanteur passe souvent à la télévision,
On qualifie de phytophage un être qui se nourrit de son dernier disque est un succès, tout le monde parle
matières végétales ; le terme est plus général que de lui : il a vraiment le vent en poupe en ce moment.
herbivore. La zootechnie est l’étude scientifique Expression prise dans le domaine de la marine.
de l’élevage des animaux domestiques. c. Quand elle proféra une énorme bêtise, ses cama-
rades se mirent à rire ; elle aussi se mit à rire pour ne
12. cinéphile : qui aime et connaît le cinéma
pas perdre la face, mais elle riait jaune, on sentait
philatéliste : qui collectionne les timbres
bien que ce rire était forcé, et qu’elle était vexée.
philanthrope : qui aime les humains hydro-
phobe : qui n’aime pas l’eau bibliophile : qui 17. Depuis qu’il a vaincu sa terrible maladie, mon
aime les livres xénophobe : qui n’aime pas cousin mord la vie à pleines dents : il travaille beau-
les étrangers misanthrope : qui n’aime pas coup, il voyage souvent, il fait partie d’un club de
les gens claustrophobe : qui ne supporte pas sport et participe pleinement à une association
d’être enfermé philosophe : qui aime la caritative ! Maintenant que j’ai rangé ma
sagesse, les débats d’idées philologue : qui chambre, terminé mes devoirs et pris ma douche, je
aime étudier les langues et la grammaire. peux dormir sur mes deux oreilles.
L’élément phil signifie qui aime. L’élément phob
signifie qui n’aime pas, qui craint.
18. 1. coupable passage dépassement
surprendre apprendre comprendre.
13/a. polycopie : reproduction d’un document 2. L’adverbe composé là-bas est formé d’un
par report, encrage et tirage. polyglotte : qui adverbe simple (là) et d’un adjectif qualificatif
parle plusieurs langues. polygone : figure plane (bas) reliés par un trait d’union.
formée par des segments de ligne droite. poly-
clinique : clinique (établissement dispensant des 3/a. Pour composer son poème, Jean Tardieu a
soins médicaux) où l’on traite divers problèmes de utilisé huit expressions toutes faites : aller voir
santé. polytechnique : qui concerne plusieurs là-bas si on y est, trouver à qui parler, à prendre ou à
sciences et techniques. laisser, pour qui me prenez-vous ?, faire le coup,
b. polychrome : qui a plusieurs couleurs. poly- prendre au mot, sentir passer, en voilà assez.
culture : culture de plusieurs produits différents au Trouver à qui parler signifie s’affronter à quelqu’un
même endroit au même moment. polythéiste : qui ne se laissera pas faire.
qui croit en plusieurs dieux. b. L’effet produit est l’humour. En utilisant simple-
monochrome : qui n’a qu’une seule couleur. ment des expressions toutes faites (mais cepen-
monoculture : culture d’un seul produit au même dant bien choisies), on peut construire un petit
endroit au même moment. monothéiste : qui poème. Ici, le poème exprime l’énervement de
croit en un dieu unique. quelqu’un injustement mis en cause.
(ne pas mâcher ses mots, ne pas faire de cadeau, nière réplique de Madame Duru). Remarquons
tourner la page, toucher le fond, etc.) ou sur des qu’il se prononçait tout de même comme aujour-
groupes nominaux (la cerise sur le gâteau, la fine d’hui, et non pas comme, par exemple, le mot une
fleur, un coup de balai, etc.). Il peut être amusant oie. En effet, l’observation des rimes nous le fait
d’utiliser des expressions familières : passer un comprendre : « connoître » rime avec « maître ».
savon, piquer une tête, poser un lapin, etc. Dans le
2/a. 1. verbe, verbal 2. œil, oculaire, oculiste
texte de l’élève, on peut attendre pour le moins
3. ville, village 4. navire, navigation 5. horti-
l’emploi de six expressions toutes faites.
cole, horticulture 6. domaine, dominer, domi-
nation 7. équidé, équitation, équestre
8. école, écolier, scolaire 9. fable, affabuler
10. étoile, stellaire, constellation 11. avicole,
Leçon 2 p. 286 avion, aviation.
b. En général, le mot latin perd sa voyelle finale
Réponses aux questions (oculus © œil) ou elle se transforme profondément
1. Le texte original a été écrit au Moyen Âge : (verbum © verbe). Il y a très peu de changements
Guillaume de Machaut a en effet vécu de 1300 à orthographiques concernant le début des mots,
1377 (dates incertaines). celui-ci restant même souvent identique : schola ©
école, hortus © horticole.
2. À cette époque-là, le mot « heure » s’écrivait
sans h initial. Pour les verbes des deuxième et 3. 1. Le suspect a assuré qu’au moment du
troisième groupes, la terminaison de la première cambriolage il se trouvait au stade avec des amis ;
personne du singulier ne prenait pas de s : son alibi sera vérifié par les enquêteurs. 2. La
« je maudi », « je vi ». Et aussi : on n’utilisait pas secrétaire du dentiste a eu un accident ; c’est un
d’accents. jeune homme qui assure l’intérim. 3. N’oubliez
pas de signaler le début d’un paragraphe par un
3. « dolent » peut signifier qui souffre. alinéa. 4. Le professeur, pressé, a dit que le tra-
4/a. Le manuscrit représenté par l’image date du vail donné était pour dimanche ! Ce lapsus nous a
XIVe siècle : c’est la date attribuée à cette enlumi-
bien amusés. 5. Quentin a interpellé un homme
nure par la légende accompagnant l’image. qu’il a pris de loin pour son père, il était confus de
b. À cette époque-là, la lettre s n’était pas écrite ce quiproquo. 6. Ils ne sont pas d’accord sur
comme de nos jours mais de façon plus allongée, ce projet, il faudra pourtant qu’ils trouvent un
ressemblant presque à un f, comme on le voit au modus vivendi. 7. Quand vous présenterez
début de la troisième ligne avec le mot Ensamble votre candidature à ce poste, vous devrez fournir
(ensemble). un curriculum vitæ très précis. 8. Mon ami
pense comme moi, fait comme moi, c’est
c. D’après ce manuscrit, on peut déduire que tous
vraiment mon alter ego.
les mots en usage à cette époque ne le sont plus
forcément aujourd’hui. Certains sont encore 4. 1. Il a fallu des questions supplémentaires
employés : la, fin, dame, vie. Certains ont changé pour départager les candidats qui étaient arrivés
d’orthographe : ensamble, veoir, perdi. D’autres ex æquo. 2. Elle a vite couru sur le quai et elle
ont disparu ou presque : acoler. a pu monter dans le train in extremis. 3. Il a mis
la lampe à la place du vase et vice versa. 4. Elle
Corrigé des exercices a lu in extenso ce long roman de cinq cents pages,
quel courage ! 5. Il n’est pas prudent de faire
1/a. Grâce à ce document, nous pouvons voir
du vélo sur les routes fréquentées, a fortiori
l’état de la langue française à la fin du XVIIIe siècle.
les jours de grand départ. 6. S’entraîner quoti-
La légende accompagnant l’illustration précise
diennement est la condition sine qua non de la
que ce texte est extrait d’une édition de 1782.
réussite, quand on est un sportif de haut niveau.
b. Pour la lettre s, on utilisait un signe allongé en
7. Les deux personnes très agitées ont été expul-
hauteur, ressemblant à la lettre f. On le voit entre
sées manu militari de la salle. 8. Nos amis sont
autres grâce au mot assomme (au bout de la ligne 7).
arrivés sans prévenir, nous leur avons servi un
c. Non, d’après ce document, l’usage des traits
repas impromptu. 9. A priori, le projet que vous
d’union n’était pas le même que de nos jours. On
présentez paraît réalisable. 10. N’expliquez pas
s’aperçoit par exemple que le trait d’union sépare
ce projet en détail, dites-nous grosso modo de
l’adverbe aussitôt en deux mots : « aussi-tôt » (au
quoi il s’agit.
milieu de la longue réplique du marquis).
d. On écrivait le verbe connaître avec un o à la 5/a. C’est le mot étroit qui provient du latin
place du a : « connoître » (voir le début de la der- savant, ou classique ; il vient du mot strictus. Le
mot scolaire, lui, provient du latin populaire ou qui est différent de celui que l’on trouve de nos
« bas latin », plus précisément du mot scholaris. jours sur ce mot.
b. Le mot algèbre vient de l’arabe aljabr. Le mot e. Le mot est dolours (v. 7). Ce mot est plus proche
banque vient de l’italien (banca). Le mot cédille du mot latin (dolor) que du mot français actuel
vient de l’espagnol (cedilla). Les mots sandwich et (douleur). Seule une voyelle s’est modifiée alors
stretching viennent de l’anglais et le mot vasistas que dans le mot actuel, ce sont les deux voyelles
de l’allemand. qui ont évolué.
c. C’est le nom sandwich qui provient d’un nom f. Avoir la gorge serrée, c’est être pris par une telle
propre, celui du comte de Sandwich, personnage émotion qu’on ne peut plus parler. Les sentiments
du XVIIIe siècle. qui peuvent provoquer cette émotion sont, par
exemple, la peur, l’angoisse, l’appréhension. Dans
6. 1. partenaire 2. boussole 3. bouledogue
le texte, c’est le nom angousses qui rappelle ce
4. chiffre 5. perruque 6. moustique
sentiment ; il est traduit ici par le mot tourment
7. trinquer 8. ouragan 9. cortège 10. adju-
(qui est plutôt vieilli).
dant 11. choucroute 12. toubib.
7. potionem, poison, potion integrum, entier,
intègre legalem, loyal, légal designare, dessi-
ner, désigner hospitalem, hôtel, hôpital libe-
rationem, livraison, libération simulare, sembler, Leçon 3 p. 290
simuler mobilem, meuble, mobile ministe-
Réponses aux questions
rium, métier, ministère implicare, employer,
impliquer securitatem, sûreté, sécurité 1. analogue a le même sens que semblable ; sup-
directum, droit, direct primer a le même sens que ôter.
8/ a. à diluvien, déluge fluvial, fleuve 2. Dans les quatre premiers vers : perd/gagner.
pédestre, pied vocal, voix séculaire, siècle. Dans les quatre derniers : pauvres/riches.
b. Des pluies diluviennes se sont abattues sur notre
3. Le nom défaut ou le nom vice peuvent dési-
région pendant toute la semaine dernière. Le trafic
gner à la fois l’avarice, l’impatience, la malhonnê-
fluvial est très important sur les grands cours d’eau
teté, l’imprudence et la paresse.
d’Europe du Nord. Au cours d’une randonnée
pédestre en montagne, nous avons aperçu deux
Corrigé des exercices
chamois. À trop forcer sur les cordes vocales, vous
allez devenir aphone. Cette forêt magnifique 1/a. invention, trouvaille, découverte b. habileté,
est composée d’arbres séculaires, d’une hauteur adresse, dextérité c. succès, aboutissement, réus-
impressionnante. site d. déception, désillusion, désenchantement
e. peine, tristesse, chagrin
9/a. Grâce à ce document, nous pouvons voir
l’état de la langue au Moyen Âge. En effet, d’après 2/a. craintif, peureux, timide b. complaisant,
l’indication qui suit l’extrait, le texte a été rédigé obligeant, serviable c. sombre, obscur, ténébreux
en 1178. d. énervé, déchaîné, excité e. fatigué, fourbu, las
b. – Un mot qui n’existe plus de nos jours : s’atro-
3/a. abattre, renverser, démolir b. murmurer,
pelerent ou pucheles.
susurrer, chuchoter c. mimer, imiter, copier
– Un mot qui existe encore mais dont l’ortho-
d. accomplir, réaliser, exécuter e. blesser, froisser,
graphe a changé : mengier ou sales ou apelerent.
offenser
c. Oui, les marques du pluriel étaient en général
les mêmes que de nos jours. On remarque en effet 4. 1. Mes amis m’ont offert un cadeau auquel je ne
l’emploi du s dans les noms au pluriel (les sales, li m’attendais pas du tout. 2. Le jardinier a allumé
autres, des doulours) et de la terminaison -ent dans un feu pour brûler quelques branches sèches.
les verbes au pluriel (s’atropelerent, apelerent, 3. Mon petit frère a manigancé (effectué, réalisé)
recontoient, parloient). On remarque cependant une farce pour faire peur à ses camarades. 4. Pour
que le mot chevalier (v. 2), qui est traduit par un le moment, vous n’avez commis (effectué) aucune
mot au pluriel, n’a pas ce s qui est ordinairement faute sur ce parcours organisé par la Prévention
la marque du pluriel. routière. 5. Heureuse de son succès au baccalau-
d. Non, l’usage des accents n’était pas le même réat, ma grande sœur a organisé une fête où elle
que de nos jours. D’après ce texte, il n’y a pas a invité tous ses amis. 6. Pour répondre au souhait
d’accents au Moyen Âge, notamment sur les ter- des riverains de l’autoroute, on construira bientôt un
minaisons verbales (par exemple apelerent). On mur antibruit. 7. Éric voudrait construire un dis-
remarque seulement un accent sur aprés, accent pensaire médical dans plusieurs villages africains, il
3. Le mot le plus polysémique est main. 2. C’est le mot appréhension qui désigne le senti-
Exemples : Mes parents ont fait repeindre la cuisine ment éprouvé ici par Olivier.
en vert clair. Ma sœur aime faire la cuisine et
3. Apercevoir indique que l’acte de vision, de per-
réussit particulièrement bien les petits gâteaux.
ception visuelle, est rapide, de durée brève. Voir a
4. 1. une baraque 2. un type 3. un cabotin un sens plus général et indique le fait de recevoir
4. une rosse 5. un barbouilleur. des images par le sens de la vue, par les yeux.
5. 1. dérober 2. excéder 3. récriminer
Corrigé des exercices
4. tumulte 5. onde 6. parfois 7. il a été pris
de démence 8. il est surexcité. 1/a. les cymbales : les deux disques en cuivre ou
en bronze qui forment un instrument de musique
6. 1. soleil : astre, chaleur, jaune, briller, été
à percussion : on les frappe d’un coup l’une contre
2. ciel : bleu, gris, nuage, avion, rêver
l’autre. la lassitude : la sensation éprouvée par
3. vacances : repos, liberté, dormir, camarades,
une personne fatiguée, l’état d’une personne lasse.
voyage 4. avenir : profession, loin, difficile,
b. Mots ou groupes indiquant une sensation : la
mariage, richesse 5. Noël : hiver, cadeau, père,
tête retentissante des cymbales du soleil et des cou-
sapin, vacances 6. Chine : loin, jaune, riz,
leurs, fraîche bienvenue, salle pleine d’ombre, verre
Pékin 7. pôle Nord : loin, glace, froid, neige,
de menthe verte et glacée, route ardente de pous-
ours 8. liberté : bonheur, joie, risque, vacances,
sière, l’éblouissement multicolore du ciel blanc de
camarades.
chaleur, le visage mouillé de sueur, le corps frais dans
7/a. Par exemple, un mot employé au sens la légère toile, l’heureuse lassitude.
propre dans le vers 4 : « chaude ». En effet le mot c. Le mot noce désigne un mariage et les réjouis-
est employé ici avec son sens commun, courant, sances qui accompagnent ce mariage. En préci-
général, qui est le contraire de froid. Par exemple, sant que la journée qu’il est en train de vivre est
pour un mot employé au sens figuré : « pèse ». En comme une noce avec le monde, le narrateur
effet, il ne s’agit pas ici véritablement d’une ques- nous fait comprendre qu’il se sent en accord avec
tion de poids, mais d’une impression : l’air semble le monde, parfaitement à l’aise avec la chaleur et
lourd, le mot est employé ici par métaphore (l’air la fraîcheur, avec le soleil, tout ce qui fait le bon-
ressemble à quelque chose qui pèse). heur de cette journée. Cette journée est comme
b. Compte tenu du contexte, le mot ciguë désigne une fête, il s’y sent bien, tout est agréable.
une plante, puisqu’on précise qu’un insecte s’y
2. Plusieurs sensations se succèdent dans ce
déplace. Et le verbe propager, lui, a le sens de
poème. En commençant par « J’ai embrassé l’aube
répandre, étaler, étendre, diffuser, car il indique une d’été », le poète exprime une sensation de
action large et générale effectuée par le vent sur bien-être, et même de puissance puisqu’il semble
les prés. enserrer dans ses bras tout un horizon, tout le soleil
c. eau : fraîcheur, rivière. air : légèreté, ciel. du matin. Puis dans les trois phrases qui suivent, ce
terre : marron, plantes. vent : mouvement, sont des sensations visuelles qui dominent et
souffler. velours : douceur, richesse. donnent une impression de calme : palais immo-
d. Modalités. Pour assurer une véritable suite au biles, eau morte, ombres sur la route. Avec la qua-
poème, il serait souhaitable que les deux vers trième phrase surgissent les sensations olfactives
soient des alexandrins et qu’ils forment une unité (haleines vives et tièdes), accompagnant une sensa-
grâce à leur rime identique. Pour trouver des mots tion visuelle (les pierreries) et une sensation auditive
ayant un sens figuré intéressant, les élèves peuvent (le silence des ailes qui se lèvent). La dernière phrase
s’aider d’un dictionnaire. met aussi en avant une sensation visuelle : le sentier
déjà empli de frais et blêmes éclats.
3. 1. fureur, rage, emportement, irritation,
colère, courroux. 2. frayeur, horreur, peur, anxiété,
angoisse, effroi, épouvante, crainte. 3. stupeur,
Leçon 5 p. 294 étonnement, ahurissement, ébahissement, sur-
prise, stupéfaction.
Réponses aux questions 4. 1. le bonheur, le ravissement, l’euphorie
1. Plusieurs manifestations physiques montrent 2. l’appréhension, l’inquiétude 3. la peur,
qu’Olivier n’est pas à l’aise : « son cœur battait plus l’angoisse 4. l’insatisfaction, la déception, la
fort », « il […] se crispait », « Il avala difficilement désillusion 5. l’optimisme 6. la tristesse, la
sa salive ». mélancolie 7. la haine, l’antipathie, l’hostilité.
5/a. Sentiments éprouvés par Bernard : joie, inti- Corrigé des exercices
midé, humilié, domine, méprisée, orgueil, sentiment
1. 1. Croire que passer sous une échelle porte
de cette grandeur. On accepte : modération, gran-
malheur est une superstition. 2. Il pense qu’il
deur d’âme.
trouverait de meilleurs arguments s’il avait plus de
b. Synonymes de grandeur d’âme : magnanimité,
temps, mais c’est une simple supposition de sa
noblesse.
part. 3. Elle croyait convaincre ses amis avec un
6/a. Le comportement du docteur est indiqué seul argument, c’était une illusion. 4. Elle veut
par les mots, groupes et expressions « je me suis expliquer son choix mais la justification qu’elle
oublié », « il montrait la fiole ». On accepte aussi donne n’est pas convaincante. 5. Ce petit
« sans rien perdre de son allégresse ». garçon défend ses idées avec une conviction
b. Les sentiments du docteur sont désignés par les étonnante. 6. Il s’est lancé dans une longue
mots « enthousiasme », « allégresse ». Le narrateur démonstration pour prouver qu’il avait raison.
fait également comprendre ces sentiments en 7. Il quitte son manteau en disant qu’il a froid : il y
qualifiant le docteur de « rayonnant », ce mot a une totale contradiction entre ce qu’il dit et
signifie que le bonheur se lit sur le visage du per- ce qu’il fait. 8. À chaque fois qu’il n’est pas
sonnage. Le narrateur fait en outre comprendre d’accord il émet une vive contestation.
ces sentiments en cumulant les verbes d’action
concernant le docteur (« entra », « montrait », 2.
l’accord le désaccord
« aperçut », « reprit ») et en rapportant directe-
ment les paroles de ce personnage, où abondent convenir une querelle
les phrases interrogatives et surtout exclamatives. une connivence une zizanie
c. Les mots, groupes et expressions suivants décri- la concorde se brouiller
vent le comportement de Clotilde : « droite et se concerter un différend
muette », « l’air sérieux », « restait immobile », transiger un litige
« comme refroidie et écartée de lui », « nous boudons unanime une rivalité
encore » (le « nous » signifie ici tu). favorable un malentendu
d. Les sentiments de la jeune fille sont désignés un allié rejeter
par les noms « dépit », « hostilité ». C’est le mot
hostilité qui est le plus fort, il vient du mot latin
hostis signifiant l’ennemi. Il désigne donc un senti- 3. 1. Un simple malentendu entre eux a mis le
ment très net de rejet, alors que le mot dépit est un feu aux poudres ; les voilà maintenant obligés de
synonyme de déception. transiger pour trouver un arrangement favorable
aux deux familles. 2. Un litige (ou un différend
ou une rivalité) a surgi entre ces deux voisins
qui ont fini par se brouiller définitivement.
3. Il convient qu’il s’est trompé ; c’est une preuve
d’intelligence. 4. Dans le différend qui l’oppose
Leçon 6 p. 296 au maire, le commerçant a trouvé un allié
précieux : la population de tout le village. 5. Les
Réponses aux questions juges sont unanimes : cette affaire doit être réglée
dans les plus brefs délais. 6. Que de querelles
1. Le sujet de cet article est la relation entre la
ancestrales pour de simples malentendus qu’un
publicité et les enfants. Le nom commun qui
peu de bon sens aurait pu dissiper ! 7. La propo-
signale qu’il y a sur ce sujet un vif échange d’avis
sition du délégué de classe a été rejetée par ses
différents est le mot « débat » (l. 2).
camarades ; espérons que cette décision ne
2. L’adjectif indiquant le jugement porté sur la sèmera pas la zizanie !
publicité par l’Académie américaine de pédiatrie
est « trompeuse ». On pourrait remplacer cet 4. Adjectifs se rapportant au bien ou au mal :
adjectif par les mots mensongère, fallacieuse, hypo- bénéfique, généreux, nuisible, profitable, avanta-
crite, perfide. geux, salutaire, néfaste, dommageable. Adjectifs
se rapportant à la beauté ou à la laideur : sédui-
3. Démontrer, c’est se livrer à un raisonnement sant, affreux, superbe, admirable, déplaisant, disgra-
précis et rigoureux pour prouver la vérité de cieux, horrible. Adjectifs se rapportant à la vérité
quelque chose. Dénoncer, c’est faire connaître ou à la fausseté : véridique, mensonger, erroné,
quelque chose de mauvais (un fait, une action, exact, trompeur, illusoire, douteux.
une personne), révéler un défaut ou le nom d’un
coupable. 5. 1a 2e 3d 4a 5g 6f 7h 8c
b. Le poète craint que le temps qui passe efface les complètement. Le temps de base est le présent
sentiments. Il souhaite connaître encore l’amour d’énonciation et les temps verbaux sont employés
avant de vieillir et de mourir. en conséquence ;
c. Le rythme est créé par plusieurs procédés : – la maîtrise de la description. La progression de la
notamment les vers (qui sont tous égaux, des description est claire. La description est détaillée.
octosyllabes), les rimes (croisées), l’anaphore Les expansions nominales sont suffisamment
(répétition de Avant, strophe 2), les répétitions nombreuses et pertinentes ;
(v. 9, 16). – la maîtrise de la langue. Les phrases et l’ortho-
d. Le champ lexical formé par ces trois mots peut graphe sont correctes. Le vocabulaire est précis,
aussi être nommé champ lexical du temps, mais ici adéquat, varié. Les champs lexicaux de la lumière
il s’agit du temps météorologique, le temps qu’il et des bâtiments sont développés. Le registre de
fait, et non le temps qui passe. langue est courant ;
– l’effet produit. Le texte est fidèle à la photographie :
4. Modalités. On rappelle aux élèves qu’un
une personne qui ignore cette image pourrait se la
champ lexical n’est pas uniquement constitué de
représenter avec exactitude en lisant le texte.
noms communs, loin de là. Ils auront soin de trou-
ver un bon nombre d’adjectifs et de verbes, ce qui
les aidera grandement à former des phrases pour
composer le poème. Celui-ci peut se développer à Leçon 8 p. 300
partir d’un champ lexical ou de la combinaison
entre deux ou trois champs lexicaux. Réponses aux questions
Évaluation. Pour évaluer les textes composés par
les élèves, on peut par exemple prendre en
1. Par exemple » deviner » (l. 5), « rectifier » (l. 9).
compte les points suivants : 2. Non, dans cette expression, le pronom « il »
– la pertinence des champs lexicaux. Le ou les ne renvoie pas à une personne précise. Il ne sert
champs lexicaux choisis offrent des combinaisons qu’à conjuguer le verbe.
de mots et d’idées particulièrement originales et
intéressantes. Ces champs lexicaux sont suffisam-
3. « se tournant » : mode : participe, temps : pré-
sent. « ai dit » : mode : indicatif, temps : passé
ment exploités pour faire apparaître clairement les
composé. « tâchez » : mode : impératif, temps :
thèmes dominants du poème ;
présent.
– l’habileté poétique. La prose ou les vers sont
rythmés. Les figures de style sont variées : 4. « Tâchez de rectifier », « Montrez-moi » : le but
métaphores, comparaisons, personnifications, de ces paroles, c’est de faire agir le destinataire,
anaphores ; qu’il rectifie ses mauvaises pensées et qu’il montre
– la qualité de la langue. Les phrases et l’orthographe ses papiers.
sont correctes. Le vocabulaire est précis et varié. Le
registre de langue est courant, voire soutenu. Corrigé des exercices
5/a et b. Modalités. On rappelle les caractéris- 1. 1. fallait (verbe toujours impersonnel)
tiques d’une description et pour cela on peut ren- 2. apparaît (verbe occasionnellement imper-
voyer les élèves aux pages 396-397 du manuel sonnel) 3. semble (verbe occasionnellement
(leçon 38). On insiste plus particulièrement sur la impersonnel) 4. a neigé (verbe toujours imper-
progression dans une description, l’ordre des sonnel) 5. arrive (verbe occasionnellement
éléments : l’image a été choisie pour ses couleurs, impersonnel) 6. pleut (verbe toujours imperson-
et aussi pour sa composition, très claire, en trois nel) 7. passe (verbe occasionnellement imper-
plans. Dans le cas de cette photographie, on peut sonnel) 8. pas de verbe à relever, le verbe passe
partir d’une indication générale, puis décrire en est ici employé à une forme personnelle.
détail les différents éléments selon le premier, le
2. 1. Il semble inutile de réparer cette vieille voi-
deuxième plan, l’arrière-plan, et enfin terminer par
ture. 2. Il suffit souvent d’un peu de patience
une impression d’ensemble. On peut demander
pour réussir. 3. Il est agréable de se promener
aux élèves de souligner dans leur texte les mots et
avec toi. 4. Il a enfin été conclu un accord entre
expressions qui constituent les champs lexicaux de
les deux pays en guerre. 5. La porte est entrou-
la lumière et des bâtiments.
verte, il est certainement venu quelqu’un. 6. Il
Évaluation. Pour évaluer les textes rédigés par les
importe peu que la réponse soit donnée par lui ou
élèves, on peut s’appuyer sur les critères suivants :
par toi.
– l’énonciation. Le texte est soit à la première
personne (Je remarque, nous observons…), soit 3. 1. ai réussi : indicatif, passé composé, pre-
à la troisième personne si l’énonciateur s’efface mière personne du singulier ; déplacer : infinitif,
présent, impersonnel 2. voudrait : conditionnel, appartements : ici le verbe signifie passer son temps
présent, troisième personne du singulier ; avoir à, avoir comme principale activité.
compris : infinitif, passé, impersonnel 3. aurait
2. L’action présentée comme terminée est :
fallu : conditionnel, passé, troisième personne du
porter (les jambes du personnage ne le portent
singulier ; être : infinitif, présent, impersonnel
plus). Le verbe qui l’indique est « avaient cessé ».
4. arrive : impératif, présent, deuxième personne
L’action présentée comme étant à son début est
du singulier 6. aimerions : conditionnel, présent,
desserrer (leur étreinte). Le verbe qui l’indique est
première personne du pluriel ; arrives : subjonctif,
« commençaient à ».
présent, deuxième personne du singulier 7. est :
indicatif, présent, troisième personne du singulier ; 3. De ces deux actions, celle qui est présentée
ayez pu : subjonctif, passé, deuxième personne du comme limitée dans le temps est « il réussit », celle
pluriel ; rencontrer : infinitif, présent, impersonnel ; qui semble sans limites précises est « il sentait ».
partent : subjonctif, présent, troisième personne
du pluriel 8. ayant reconnu : participe, passé, Corrigé des exercices
impersonnel ; se mit : indicatif, passé simple, troi-
1. 1. ont exposé : voix active 2. sont exposées :
sième personne du singulier ; sourire : infinitif, pré-
voix passive 3. s’exposent : voix pronominale
sent, impersonnel 9. soufflant : participe, pré-
4. se sont rencontrés : voix pronominale
sent, impersonnel ; s’éclaircit : indicatif, présent,
5. auront envisagé : voix active 6. avaient été
troisième personne du singulier ou indicatif, passé
envisagées : voix passive 7. (nous) nous étions
simple, troisième personne du singulier 10. eurent
vus : voix pronominale.
nettoyé : indicatif, passé antérieur, troisième per-
sonne du pluriel 11. eût fallu : subjonctif, plus- 2. 1. se maquille : sens réfléchi 2. nous nous
que-parfait, troisième personne du singulier. rendons : sens réciproque 3. se sont élancés :
verbe essentiellement pronominal 4. se captent :
4/a. et b. 1. Attends-moi, j’arrive : ordre
sens passif 5. me baignerai : sens réfléchi
2. Essaie (ou Essaye) de faire mieux : conseil
6. s’étaient acharnés : verbe essentiellement pro-
3. Ne continue pas ainsi : interdiction 4. N’aie
nominal 7. s’emploie : sens passif.
pas peur : conseil 5. Sois à l’heure cette fois :
ordre ou conseil (selon le ton de la voix) 3/a. Par exemple : 1. La route est recouverte par
6. Admets que j’ai raison : ordre 7. Sache que une épaisse couche de neige. 2. La vaccination
je ne reviendrai pas sur ma décision : conseil sera réalisée par l’infirmière elle-même. 3. La pièce
8. Dépêche-toi : ordre. était depuis longtemps encombrée par un amoncel-
lement d’objets divers. 4. Les affiches collées sur
5/a. Le principal événement indiqué par le
les panneaux ont-elles été lues par les passants ?
narrateur, c’est l’inauguration du tronçon de
5. Les joueurs furent encouragés tout au long du
voie entre La-Rivière-de-Mansac et Saint-Libéral-
match. 6. La nouvelle salle polyvalente serait inau-
sur-Diamond, avec l’arrivée du premier train.
gurée par le député en personne. 7. Des poteries
b. Le deuxième paragraphe rapporte ce qui s’est
gauloises auraient été découvertes par des archéo-
passé avant cet événement. Dans ce paragraphe,
logues dans des grottes non loin d’ici.
les verbes sont conjugués au plus-que-parfait de
b. C’est la phrase 5 qui ne contient pas de com-
l’indicatif. Ce temps est employé ici pour exprimer
plément d’agent. En effet au sujet de la phrase
l’antériorité : les verbes au plus-que-parfait rappor-
active (on) devrait correspondre un complément
tent des actions qui se sont passées avant l’inaugu-
d’agent par on. Or on n’accepte pas un tel groupe
ration (racontée, elle, à l’imparfait et au passé
dans une phrase : ce n’est pas une question de
simple). Ce deuxième paragraphe effectue un
grammaticalité (ce groupe peut exister) mais une
retour en arrière.
question d’acceptabilité : on n’emploie pas un tel
c. « il avait fallu » (l. 10) est un verbe impersonnel.
d. L’infinitif de ce verbe est falloir. Ce verbe est groupe dans une phrase française habituelle. La
toujours impersonnel. phrase passive 5 n’a donc pas de complément
d’agent. Si l’on tient à faire apparaître un tel com-
plément, on peut utiliser des groupes comme
« par les supporters », « par tous les gens », « par
Leçon 9 p. 302 plusieurs personnes », etc.
4. 1. en train de prendre : aspect duratif 2. ont
Réponses aux questions fini de peindre : aspect terminatif 3. vient de
1. Mon cousin occupe un emploi intéressant. Dans partir : passé proche 4. commence à comprendre :
cette phrase, le verbe signifie tenir une place. aspect inchoatif 5. va changer : futur proche
Mon cousin s’occupe de vendre des maisons et des 6. aura été rangée : aspect accompli ; sentirai :
aspect non accompli 7. il s’endormait : aspect actions non limitées dans le temps (aspect non
non borné ; il entendit : aspect borné 8. reprit : borné).
aspect itératif et aspect borné.
6/a. Jetant mon fusil sur mon épaule, je descen-
5. 1. J’ai débarrassé la table. 2. À huit heures, elle dis dans le vallon. Bientôt je m’aperçus que
avait rangé ses affaires. 3. Il a relu son texte. j’entrais dans un défrichement tout récent ; des
4. Sébastien eut vite compris le problème. 5. À cette arbres immenses non encore débarrassés de leurs
heure-là, mes parents seront rentrés 6. En moins branches couvraient la terre. Je parvins en sautant
d’une minute nous eûmes rangé toute l’installation. de l’un à l’autre à arriver rapidement jusqu’auprès
des maisons, mais le même ruisseau que nous
avions déjà rencontré m’en séparait. Heureu-
sement son cours se trouvait embarrassé dans cet
endroit par de grands chênes que la hache du
Leçon 10 p. 304 pionnier y avait sans doute précipités. Je réussis
à me glisser le long de ces arbres et j’arrivai enfin
Corrigé des exercices à l’autre bord. J’approchai avec précaution des
1. je pouvais : imparfait je pourrai : futur deux maisons, craignant que ce ne fussent des
simple je criais : imparfait je criai : passé wigwams indiens ; elles n’étaient point encore
simple nous crions : présent nous criions : finies, j’en trouvai les portes ouvertes et aucune
imparfait tu commences : présent nous voix n’y répondit à la mienne. Je revins sur les
aurons fini : futur antérieur elle eut su : passé bords du ruisseau où je ne pus m’empêcher
antérieur. d’admirer pendant quelques minutes la sublime
horreur du lieu. Cette vallée semblait former une
2. 1. avions gagné : voix active, plus-que-parfait arène immense, qu’environnait de toutes parts
2. eus été surpris : voix passive, passé antérieur comme une noire draperie le feuillage du bois et
3. vous tromperez : voix pronominale, futur au centre de laquelle les rayons de la lune, en se
simple 4. aura manqué : voix active, futur anté- heurtant, venaient créer mille êtres fantastiques
rieur 5. se sont parlé : voix pronominale, passé qui semblaient se jouer en silence au milieu des
composé 6. suis ému : voix passive, présent débris de la forêt.
7. s’étaient rencontrés : voix pronominale, plus- Alexis de TOCQUEVILLE,
que-parfait 8. ont été démasqués : voix passive, Quinze jours dans le désert américain, 1860.
passé composé 9. sera arrivée : voix active, futur b. « Je descendis dans le vallon » : on pourrait
antérieur 10. fûmes soulagés : voix passive, conjuguer ici le verbe descendre à l’imparfait de
passé simple 11. eûmes compris : voix active, l’indicatif pour indiquer une action non limitée
passé antérieur 12. comprirent : voix active, dans le temps (je descendais… sans limitation de
passé simple ; avaient été repérés : voix passive, durée). Mais le groupe mis en apposition au sujet,
plus-que-parfait. « jetant mon fusil sur mon épaule », fait com-
prendre que l’action a été brève ; par cohérence il
3. 1. assure : présent d’énonciation 2. est : vaut mieux conjuguer le verbe descendre à un
présent de vérité générale 3. aime : présent temps indiquant une action limitée dans le temps
d’habitude 4. réfléchis : présent d’énonciation (aspect borné) et insistant sur sa brièveté.
5. se met : présent de narration 6. va, perd : « j’approchai avec précaution des deux maisons » :
présent de vérité générale 7. participons : l’auteur a choisi le passé simple, indiquant par là
présent d’habitude. que l’action est unique, ponctuelle, et limitée dans
4. 1. reviendrons : action qui est à venir le temps. On aurait pu conjuguer le verbe à l’im-
2. prendrez : ordre 3. resterez, m’attendrez : parfait de l’indicatif (j’approchais) si on avait voulu
montrer que l’action s’était répétée, ou qu’elle
ordres 4. viendrez : action à venir 5. rangeras :
n’était pas limitée dans le temps. « aucune voix
ordre, consigne 6. rangerons : action à venir.
n’y répondit » : l’auteur a ici aussi choisi le passé
5. 1. prenais : narration au passé, actions habi- simple, indiquant par là une action unique, ponc-
tuelles (aspect non borné) 2. était, se couvrait : tuelle, limitée dans le temps. On aurait pu ici aussi
description au passé, actions non limitées dans conjuguer le verbe à l’imparfait de l’indicatif
le temps (aspect non borné) 3. regardaient : (aucune voix n’y répondait) si l’on avait voulu mon-
narration au passé, action non limitée dans le trer une action répétée, ou non limitée dans le
temps (aspect non borné) 4. aviez : condition temps.
5. arrivait, partait : narration au passé, action c. Le seul verbe à un mode personnel qui n’est pas
habituelle, répétée (aspect non borné) 6. se conjugué au mode indicatif est le verbe être qui
dressaient, étaient ornées : description au passé, figure à la ligne 13 dans le texte du manuel. Dans
ce texte, ce verbe être est conjugué au présent du 4. 1. Si elle avait voulu venir avec nous, nous
mode subjonctif, et dans le texte même de l’au- aurions été très heureux. 2. Elle aurait préféré
teur, ce verbe est conjugué à l’imparfait du mode une autre solution. 3. J’aurais cru le contraire.
subjonctif : « fussent ». 4. Vous auriez dû y penser. 5. Si tu avais été seul,
tu te serais perdu. 6. Si tu avais vu ce film
7. s’élevaient : imparfait ; description au passé,
d’horreur, tu serais mort de peur. 7. En partant
action non limitée dans le temps (aspect non
plus tôt, nous serions arrivés à l’heure. 8. À leur
borné). avions franchi : plus-que-parfait, action
place, nous aurions résolu le problème.
antérieure à la suivante (s’en présentait) et aspect
accompli. s’en présentait : imparfait ; narration 5. 1. En cas de pluie, le spectacle serait reporté.
au passé, action non limitée dans le temps (aspect 2. Sans ces grands arbres, nous serions exposé(e)s
non borné). avions vue : plus-que-parfait ; au soleil. 3. Si tu voyais la Sibérie, tu serais
action dans le passé, antérieure à la précédente étonné(e) par ses immenses forêts. 4. Si vous
(s’en présentait). devinrent : passé simple ; action disiez tout ce que vous savez, vous seriez considé-
unique, ponctuelle, qui fait avancer l’histoire, rés comme des traîtres. 5. S’ils venaient avec
action limitée dans le temps (aspect borné). nous, ils seraient surpris. 6. Je serais enchanté(e)
fallut : idem. permit : idem. étais enivré : de faire votre connaissance.
imparfait (voix passive) ; narration au passé, action
6. 1. Si nous avions déposé notre candidature à
non limitée dans le temps (aspect non borné). On
temps, nous aurions été sélectionnés. 2. Ce
accepte : description au passé. me sentais :
tableau de Van Gogh aurait été vendu plusieurs
imparfait ; narration au passé, action non limitée
millions. 3. Si vous aviez vu ce paysage, vous
dans le temps (aspect non borné). On accepte :
auriez été émerveillé (-e, -s, -es) comme nous.
description au passé. poussais : imparfait ; narra-
4. L’Amérique aurait été découverte bien avant
tion au passé, actions répétées, actions par consé-
1492. 5. Si Mélanie s’était présentée, elle aurait
quent non limitées dans le temps (aspect non
été élue à coup sûr. 6. S’ils s’étaient mieux
borné). faisais : idem.
entraînés, les athlètes auraient été qualifiés.
7. Si elle l’avait voulu, ses dessins auraient été
exposés. 8. Un jeune homme aurait été sollicité
Leçon 11 p. 308 pour occuper ce poste. 9. Nous aurions été
déçu(e)s de ne pas être avec vous.
Corrigé des exercices 7. 1. Je savais qu’elle réussirait. 2. Il affirmait
1. il verrait : présent elles auraient dit : passé qu’il aurait tout fini avant Noël. 3. Elle ne
on se reverrait : présent nous aurions terminé : viendrait plus avec nous, prétendait-elle. 4. Les
passé tu courrais : présent vous seriez venues : gens pensaient que la vue serait plus agréable
passé on se serait cru : passé elles auraient une fois que le vieux mur aurait été démoli.
dû : passé. 5. Nous espérions que, quand la nuit tomberait,
vous seriez déjà rentrés chez vous depuis
2. 1. comprendrait : voix active, présent
longtemps.
2. aurait compris : voix active, passé 3. voudriez :
voix active, présent 4. serions arrivés : voix 8. 1. pourrions : action qui dépend d’une condi-
active, passé 5. serions déçus : voix passive, pré- tion 2. voudrais : atténuation, demande expri-
sent 6. auriez été surpris : voix passive, passé mée avec politesse 3. serait construit : fait pro-
7. présenterais : voix active, présent ; serais choisi : bable 4. aurait triché : fait présenté comme
voix passive, présent 8. aurait été encouragé : difficile à croire, surprise 5. reviendrait : futur du
voix passive, passé 9. serions qualifiés : voix passé 6. devriez : atténuation, conseil exprimé
passive, présent. avec politesse 7. aurions su : action dépendant
d’une condition 8. se serait échouée : fait
3. 1. Ce spectacle, paraît-il, durerait deux heures.
probable, incertain.
2. Au cas où tu hésiterais sur un mot, tu ferais bien
de consulter un dictionnaire. 3. Si j’étais ingé- 9. 1. L’année prochaine, j’apprendrai à jouer de
nieur, je créerais des voitures silencieuses. la guitare. 2. Si j’osais, j’apprendrais à jouer de
4. Sans cette douleur au pied, elle courrait plus la trompette. 3. À ta place, je commencerais
vite. 5. Avec quelques idées et un peu d’argent, tout de suite. 4. Si le temps le permet, je partirai
nous pourrions organiser une petite fête entre explorer cette grotte. 5. J’aimerais partir avec
nous. 6. Nous nous réjouirions de votre pré- toi. 6. Au cas où je ne pourrais pas venir, tu me
sence. 7. En prenant ce raccourci, vous rejoin- remplaceras. 7. Vous verrez, c’est moi qui
driez rapidement vos amis qui sont déjà partis. créerai la surprise.
passe pour avoir été réalisée par un sculpteur entends. 3. pas de proposition subordonnée infi-
célèbre au début du XXe siècle. 4. Elle affirme nitive 4. une voiture franchir la ligne continue :
avoir été enthousiasmée par le dernier film qu’elle complément d’objet direct du verbe voir. 5. pas
a vu. de proposition subordonnée infinitive 6. les …
évoluer : complément d’objet direct du verbe
4. 1. présent, voix active 2. passé, voix active
regardaient.
3. présent, voix pronominale 4. passé, voix
active 5. présent, voix passive 6. passé, voix
pronominale 7. passé, voix active 8. présent,
voix passive 9. passé, voix pronominale
10. passé, voix passive 11. présent, voix passive
passé, voix active.
Leçon 14 p. 318
5. 1. rêver : présent, voix active 2. se laver :
présent, voix pronominale ; aller : présent, voix Corrigé des exercices
active ; se coucher : présent, voix pronominale
1. parlant (voix active) défendant (voix
3. assister : présent, voix active 4. être libérée :
active) bondissant (voix active) se deman-
présent, voix passive 5. avoir sauvé : passé,
dant (voix pronominale) présidant (voix
voix active 6. s’être excusé : passé, voix prono-
active) oubliant (voix active) insistant (voix
minale ; sourire : présent, voix active 7. remar-
active) étant connu (voix passive) se présen-
quer : présent, voix active 8. avoir été marqué :
tant (voix pronominale) volant (voix active)
passé, voix passive.
concourant (voix active) s’énervant (voix
6. 1. comme verbe 2. comme nom 3. comme pronominale).
nom 4. comme nom 5. apprendre : comme
2. 1. Il ne tient pas sur ses skis et tombe sans
nom ; danser : comme nom 6. comme verbe
arrêt : on voit que c’est un débutant (nom com-
7. comme verbe comme nom.
mun). Débutant depuis peu de temps, il ne
7. 1. gagner : complément d’objet direct du s’aventure pas sur les pistes les plus difficiles (parti-
verbe espère. 2. avoir réussi : complément d’ob- cipe présent). 2. Je me sens maintenant plus à
jet direct du verbe pense. 3. plonger : sujet du l’aise (adverbe de temps). La petite fille, mainte-
verbe peut. 4. être assis : sujet du verbe est. nant fermement sa main dans celle de sa mère,
5. entrer : complément de temps du verbe avançait contre la pluie et le vent (participe pré-
frappez. 6. partir : complément du nom heure. sent). 3. Mon frère est étudiant depuis deux ans
7. connaître : complément de l’adjectif impa- (nom commun). Étudiant de près votre cas, je me
tients. 8. souffler : sujet du verbe est ; jouer : suis rendu compte de plusieurs irrégularités (parti-
attribut du sujet souffler. 9. parler : complément cipe présent). 4. Elles sont restées fâchées
d’objet indirect du verbe abstenez ; dire : complé- durant des années (préposition). L’examen durant
ment de l’adjectif intéressant. trois heures, vous pouvez apporter une bouteille
8. 1. Elle pense partir demain. 2. Il se souve- d’eau avec vous (participe présent). 5. Elle
nait parfaitement avoir laissé ce document sur son connaît tous les habitants du quartier (nom com-
bureau. 3. J’ai dit à Martine de venir ce soir. mun). Habitant depuis peu dans ce quartier, je ne
4. Tu penses avoir le temps de terminer ? connais encore personne (participe présent).
5. Pour avoir le temps de préparer nos bagages, 6. Nous sommes très actifs, même pendant les
nous retarderons d’un jour la date de notre vacances (préposition). Il avait peur que cet
départ. 6. Après avoir rendu sa copie, il s’aper- énorme lustre ancien pendant du plafond se
çut qu’il avait fait un hors sujet. 7. Ne crois pas décroche et tombe sur sa tête (participe présent).
nous avoir convaincus par ton histoire ! 8. Vous 7. La façade de cette maison est exposée au
vous êtes rappelé, mais bien trop tard, avoir un couchant, c’est-à-dire vers l’endroit où le soleil se
rendez-vous chez le dentiste ce jour-là. couche (nom commun). Couchant son bébé, elle
9. 1. Je regarde le soleil se coucher. 2. Je vois la s’aperçut qu’il lui souriait (participe présent).
mer scintiller au soleil. 3. Nous entendons les 8. Il y a un surveillant dans la cour et un autre
vagues déferler et les goélands crier. 4. Nous près de l’entrée (nom commun). Les policiers,
voyons de loin les bateaux rentrer au port. 6. Le surveillant de près le quartier, remarquèrent le
soir nous sentons un léger vent venir du large. comportement louche de deux individus (parti-
cipe présent).
10. 1. mes amis venir à ma rencontre : complé-
ment d’objet direct du verbe vois. 2. quelqu’un 3. 1. Un accord ayant été conclu, les deux adver-
chanter : complément d’objet direct du verbe saires se séparèrent en se serrant la main. 2. La
voiture ayant été réparée, les deux amis purent l’emploi du gérondif évite une proposition subor-
reprendre leur route. 3. Ayant été averti(e)s donnée conjonctive, la phrase est donc simple au
trop tard, nous ne pûmes assister à cette réunion lieu d’être complexe.
décisive. 4. Un suspect ayant été arrêté, la
9/a. en se penchant (l. 6) : complément circons-
population se crut soulagée.
tanciel de condition du verbe pouvait (apercevoir).
4. 1. voix active, présent 2. voix active, passé b. taillée : participe passé, épithète du nom
3. voix pronominale, présent 4. voix active, pré- fenêtre. cherchant : participe présent, apposi-
sent 5. voix active, passé 6. voix passive, tion au (ou épithète détachée du) pronom il.
passé 7. voix passive, passé 8. voix pronomi- décidé : participe passé, apposition au (ou
nale, passé 9. voix passive, présent 10. voix épithète détachée du) pronom il.
active, passé.
5. 1. étonnés : participe passé, épithète du nom
spectateurs ; s’élançant : participe présent, épi-
thète du nom trapézistes. 2. inaugurée : parti-
cipe passé, apposé au (ou épithète détachée du)
nom salle ; prévues : participe passé, épithète du
nom réunions. 3. ouvrant : participe présent, Leçon 15 p. 324
apposé au nom (ou épithète détachée du nom)
enfants. 4. ayant servi : participe passé, épithète
Corrigé des exercices
du nom boîtes. 5. s’étant retrouvé : participe 1. Liste A : 1. nom commun 2. nom propre
passé, apposition au (ou épithète détachée du) 3. nom commun 4. adjectif qualificatif
pronom il. 5. adverbe 6. conjonction de subordination
7. conjonction de coordination 8. conjonction
6. 1. le soir venu : complément circonstanciel de
de subordination 9. nom commun
temps (rattaché au verbe s’éclairent) 2. le bou-
10. adverbe 11. adjectif qualificatif 12. pro-
chon étant trop gros : complément circonstanciel
nom démonstratif 13. adverbe 14. inter-
de cause (rattaché au verbe était impossible)
jection 15. préposition.
3. le train parti : complément circonstanciel de
Liste B : 1. pronom relatif, pronom interrogatif
temps et de cause (rattaché au verbe avait) 4. le
2. déterminant (article défini), pronom personnel
spectacle finissant très tard : complément circons-
3. adverbe, nom commun 4. déterminant
tanciel de cause (rattaché au verbe arrivâmes)
(article défini), pronom personnel, nom commun
5. une fois les invités partis : complément circons-
5. déterminant (article indéfini), déterminant
tanciel de temps (rattaché au verbe se mit) 6. la
numéral 6. pronom relatif, conjonction de
rivière étant à sec : complément circonstanciel de
subordination 7. pronom indéfini, nom com-
condition (rattaché au verbe pourriez).
mun 8. nom commun, déterminant possessif
7. 1. en continuant : voix active 2. en étant 9. pronom relatif, pronom interrogatif 10. pro-
soutenue : voix passive 3. en s’approchant : voix nom personnel, préposition 11. verbe (au parti-
pronominale 4. en voulant : voix active 5. en cipe présent), préposition 12. préposition, nom
vous arrêtant : voix pronominale. commun.
8. 1. En rentrant chez moi, j’ai aperçu Mélanie. 2. 1. cette : déterminant démonstratif ; la
en rentrant : complément circonstanciel de temps mienne : pronom possessif 2. on : pronom per-
du verbe ai aperçu. 2. En parlant doucement, sonnel ; ta : déterminant possessif 3. quel :
elle se fait bien comprendre. en parlant : complé- adjectif interrogatif ; toutes : déterminant indéfini ;
ment circonstanciel de cause du verbe se fait les : déterminant (article défini) ; se : pronom per-
(comprendre). 3. En écoutant de la musique, à sonnel ; elles : pronom personnel ; onze : détermi-
quoi pensez-vous ? en écoutant : complément nant numéral 4. chaque : déterminant indéfini ;
circonstanciel de temps du verbe pensez. 4. En un : déterminant (article indéfini) 5. chacun :
tendant l’oreille, vous entendriez un léger bruit. en pronom indéfini 6. ils : pronom personnel ; se :
tendant : complément circonstanciel de condition pronom personnel ; un : déterminant (article indé-
du verbe entendriez. 5. Vous arriveriez plus vite fini) ; où : pronom relatif ; ils : pronom personnel ;
au centre du village en prenant ce chemin en l’ : déterminant (article défini élidé) 7. que : pro-
prenant : complément circonstanciel de condition nom interrogatif ; vous : pronom personnel
du verbe arriveriez. 8. plusieurs : déterminant indéfini ; se : pronom
À chaque fois la phrase construite avec un géron- personnel 9. plusieurs : pronom indéfini
dif est plus courte. Elle est aussi plus simple car 10. quelle : déterminant exclamatif.
5. 1. des bois (fraises), nom commun ; en plas- enquêtes. 3. où se déroule l’action : complé-
tique (bouteilles), nom commun 2. en hauteur ment du nom (ou de l’antécédent) lieux. 4. dans
(saut), nom commun ; aux Jeux Olympiques (saut lesquels on n’ose à peine pénétrer : complément
en hauteur), nom propre ; d’or (médaille), nom des noms (ou des antécédents) lieux, bâtiments.
commun ; d’Europe (champion), nom propre 5. qui vole un œuf : sujet du second verbe vole.
3. de celui-ci (joie), pronom démonstratif 4. de 6. qui a disparu depuis huit jours, dont on n’a plus
ma chambre (superficie), nom commun ; de la aucune trace : compléments du nom (ou de l’anté-
tienne (organisation), pronom possessif 5. de cédent) homme. 7. qui ne risque rien : sujet du
continuer (nécessité), verbe à l’infinitif ; du len- verbe a.
demain (travail), adverbe 6. d’aujourd’hui
4. 1. qui ont entendu les premiers grondements
(jeunes), adverbe 7. du collège (propreté), nom
du tonnerre : proposition subordonnée relative
commun ; de tous (affaire), pronom indéfini.
explicative 2. qu’il déteste : proposition subor-
donnée relative déterminative 3. que vous avez
choisie : proposition subordonnée relative déter-
minative 4. dont l’odeur emplissait la maison :
Leçon 17 p. 328
proposition subordonnée relative explicative
Réponses aux questions 5. dont la couverture est gaie : proposition subor-
donnée relative déterminative 6. que j’ai
1. La première proposition en gras complète un regardé hier à la télévision : proposition subordon-
nom (quartier) ; la deuxième complète un verbe née relative déterminative 7. qui devait partir en
(a dit). Chine le lendemain : proposition subordonnée
2/a. La proposition en italique apporte une infor- relative explicative 8. qui partaient en Chine :
mation sur le mot l’, qui renvoie à Louki. proposition subordonnée relative déterminative
b. La classe grammaticale du mot qui introduit 9. dont je ne connais pas l’origine : proposition
cette proposition est pronom relatif (qui). subordonnée relative explicative 10. où je vis :
proposition subordonnée relative déterminative.
Corrigé des exercices 5/a. qui sont d’énormes pierres plates très lourdes
1/ a. 1. qui : sujet du verbe répondent. dont les murs étaient arc-boutés comme ceux des
2. auquel : complément d’objet indirect du verbe églises ou des fortins
avez assisté. 3. que : complément d’objet direct Les pronoms relatifs que les élèves ont dû entourer
du verbe avons effectués. 4. que : complément sont ici soulignés.
d’objet direct du verbe avons traversés ; où : com- b. La première proposition exerce la fonction de
plément de lieu du verbe sommes arrêtés. complément du nom (ou de l’antécédent) lauze ;
5. sous lequel : complément de lieu du verbe la seconde proposition est complément du nom
avons garé. 6. par laquelle : complément de lieu (ou de l’antécédent) bergerie.
du verbe étions arrivés (on accepte complément de c. Ces propositions subordonnées relatives sont
moyen). 7. dont : complément d’objet indirect explicatives, elles ne sont pas indispensables pour
du verbe souvenons. 8. dont : complément du qu’on comprenne le groupe nominal, elles appor-
nom tour. tent une explication.
b. Dans la phrase 4, le pronom relatif a un pronom d. La première phrase est narrative. La deuxième
pour antécédent : celui. Dans la phrase 6, le pro- est descriptive (au début) et explicative (à la fin).
nom relatif a un pronom pour antécédent : celle. La troisième est narrative. La quatrième est expli-
cative. La cinquième est descriptive (« la bergerie
2. 1. que j’attendais : proposition subordonnée n’avait pas de fenêtres ») et explicative (« dont les
relative 2. que cette histoire l’ennuyait : proposi- murs… fortins », « comme elle tournait… plus de
tion subordonnée conjonctive 3. qu’il peut rem- porte »).
porter cette course difficile : proposition subordon-
née conjonctive 4. qu’il a réalisée la semaine
dernière : proposition subordonnée relative
5. qu’elle a invitées : proposition subordonnée rela-
tive 6. qu’elle a rencontré l’abominable homme Leçon 18 p. 330
des neiges : proposition subordonnée conjonctive.
Réponses aux questions
3. 1. que j’ai lus ces dernières années : complé-
ment du nom (ou de l’antécédent) romans. 1. Le groupe « le prince des terres du sel » apporte
2. auxquelles j’aurais bien aimé prendre part : une information sur le mot « Kouame ». Le groupe
complément du nom (ou de l’antécédent) « escorté de ses deux plus proches compagnons »
apporte une information sur le mot « il ». La pro- Dans ce texte, les appositions apportent des infor-
position « qui commandait aux troupes du prince » mations sur les personnages pour mieux les oppo-
apporte une information sur le mot « Tolorus ». ser : force physique pour Charles, faiblesse pour
le narrateur.
2. Le signe de ponctuation qui précède ces
groupes et cette proposition est la virgule. 6. 1. Le couple de patineurs, magnifique,
s’élança sur la piste. 2. M. Martin est chargé
Corrigé des exercices d’une nouvelle mission : surveiller. 3. Les musi-
ciens, passionnés, rejouèrent le dernier morceau.
1. « lente », se rapporte au mot elle ; « balancée
4. Elle, elle sera championne de tennis, c’est sûr.
mollement comme une grosse perle », se rapporte au
5. Au musée du Louvre, les visiteurs se pressent
mot elle ; « lourde de chocolat crémeux », se rapporte
devant La Joconde, œuvre de Léonard de Vinci.
au mot elle ; « couverte encore d’un manteau de
voyage », se rapporte au mot je ; lasse, se rapporte 7. Par exemple : La jeune fille s’approcha de la
au mot je ; enchantée, se rapporte au mot je ; plage. Toute bleue, la mer s’étendait face à elle.
reconquise, se rapporte au mot je. Elle pouvait distinguer toutes sortes de bateaux,
Remarque : dans le chapeau, on peut relever le ceux des pêcheurs, ceux des plaisanciers. Les
groupe « revenant d’un voyage », qui se rapporte voiles, blanches ou multicolores, étaient gonflées
au mot « narratrice ». par le vent, qui soufflait fort. Deux avions, gra-
cieux et silencieux, tels des oiseaux, traversaient le
2. 1. de Touraine : complément du nom 2. de
ciel clair.
Touraine : apposition 3. de décembre : complé-
ment du nom 4. de décembre : apposition 8. Par exemple : Quelle déception ! Pourtant ce
5. de Marguerite : apposition 5. de ma cousine : défilé de carnaval, préparé depuis longtemps,
complément du nom 7. de Pise : apposition promettait d’être amusant. Mais le jeune homme,
8. de Pise : complément du nom. placé derrière un pilier, ne pouvait rien voir. De
plus, gêné par la circulation, il était arrivé très en
3. 1. facile : adjectif qualificatif 2. Pierre : nom
retard. Et la pluie, tombant à flots, n’arrangeait
propre 3. emblème du Canada : groupe nomi- Le
rien.
nal ; vaste comme vingt fois la France : groupe
adjectival 4. lui : pronom personnel 5. rester
chez elle : groupe verbal (à l’infinitif) 6. contes
de Grimm : groupe nominal 7. célèbre auteur
de comédies : groupe nominal 8. Philippe :
nom propre 9. Doué d’une grande résistance :
Leçon 19 p. 332
groupe verbal (au participe passé). Réponses aux questions
4. 1. La virgule détache un groupe qui a la fonc- 1. La marche est qualifiée par l’adjectif « lente »
tion complément circonstanciel (de temps). et le voyage par l’adjectif « pénible ». Ils sont cha-
2. Les virgules signalent un groupe mis en apposi- cun précédés par l’adverbe « plus ». Dans les deux
tion (au nom piscines). 3. Les virgules séparent cas, ce mot sert à comparer : la marche a mainte-
des mots dans une énumération. 4. La virgule nant davantage de lenteur qu’avant, le caractère
signale un groupe (« l’équitation ») mis en apposi- pénible du voyage a aussi augmenté par rapport à
tion (au nom loisir). 5. Les virgules détachent un ce qu’il était avant.
groupe qui a la fonction de complément circons-
tanciel (de lieu). 6. Les virgules signalent un mot 2. Pour faire comprendre que les peines n’étaient
et un groupe tous les deux mis en apposition pas ordinaires, l’auteur a employé les mots « les
(au nom footballeur), on peut aussi considérer plus grandes ».
qu’elles séparent ce mot et ce groupe dans une 3. L’adjectif « sûr » (l. 3) est complété par le
énumération. groupe » pour nos barques ».
5. « De cinq ans plus âgé que moi » : apposition au
sujet Charles ; « bel homme » : attribut du sujet il ;
Corrigé des exercices
« le privilégié de mon père » : attribut du sujet il ; 1. 1. heureux comme un poisson dans l’eau
« de ma famille » : complément du nom espoir ; 2. réalisables par des amateurs 3. satisfaites
« bien fait et robuste » : apposition au sujet il ; des nouveaux modèles 4. particulièrement
« chétif et malingre » : apposition au pronom moi ; reconnaissants pour les services que nous leur
« comme externe » : attribut du sujet je ; « de la avons rendus 5. bien aménagé pour accueillir
ville » : complément du nom pension. la foule.
2. 1. vastes : épithète du nom panneaux ; couverts : 7/a. petit, large, léger, blanches, carrée, garnie,
épithète du nom panneaux ; publicitaires : épithète verts, pareille, rayée, grand, sombre, mouillés,
du nom affiches 2. accueillants : attribut du sujet éclatants.
commerçants ; compétents : attribut du sujet com- b. de rochers : complément du nom plaque ; de son
merçants 3. pratique, cher, léger : apposés au église : complément du nom tour ; de volets verts :
sujet appareil 4. étroites : épithète du nom rues ; complément du participe garnies ; des algues :
accessibles : attribut du sujet rues ; autorisés : épi- complément du nom verdure ; des roches :
thète des noms piétons et véhicules 5. meilleure : complément du nom tons.
épithète du nom amie ; enthousiaste : apposé au
8. 1. construction : nom commun, complément
nom amie ; nouveau : épithète du nom magasin ;
de l’adjectif favorable 2. toi : pronom personnel,
séduisant : attribut du complément d’objet direct
complément de l’adjectif aimable 3. apprendre :
magasin 6. inutiles : épithète du nom produits ;
infinitif, complément de l’adjectif heureux
indispensables : attribut du sujet produits
4. mathématiques : nom commun, complément
7. jeunes : épithète du nom enfants ; nerveux : attri-
de l’adjectif fort 5. ceux : pronom démonstratif,
but du complément d’objet direct enfants.
complément de l’adjectif généreuse 6. en :
3. 1. Si les conducteurs étaient plus prudents, il y pronom personnel, complément de l’adjectif
aurait moins d’accidents. 2. De nouveaux fière 7. dont : pronom relatif, complément de
lampadaires ont été installés dans le quartier, l’adjectif sûrs.
les rues sont moins sombres et les gens plus
9. 1/a. « un beau vert » (l. 20).
rassurés. 3. Il a fallu des questions supplé-
b. « Ils ne deviennent pas subitement écarlates, bleus
mentaires pour départager les concurrents qui
ou verts d’un instant à l’autre ».
étaient aussi forts l’un que l’autre. 4. J’aimerais
2. arrangée : participe passé (employé comme
acheter un sac au moins aussi solide que celui que
adjectif), apposé au sujet cour. énormes : adjec-
j’avais. 5. Depuis que Mathilde s’entraîne régu-
tif qualificatif, apposé au nom yeux. écarlates :
lièrement, ses résultats sont bien meilleurs et elle
adjectif qualificatif, attribut du sujet ils. bleue :
pourra gagner.
adjectif qualificatif, épithète du nom étoffe.
4. 1. L’océan Pacifique est le plus vaste de tous. 3/a. plus bizarrement hideux : comparatif de
2. Il fait tellement froid aujourd’hui que même supériorité
les gens les moins frileux restent chez eux. aussi longue que le corps : comparatif d’égalité
3. Mexico est l’une des villes les plus étendues du les plus rapprochés d’eux : superlatif relatif de
monde. 4. Pas de chance ! vous êtes arrivés supériorité
au pire moment (ou au plus mauvais moment). b. le corps (l. 8) : complément de l’adjectif longue
5. N’hésitez pas à nous téléphoner s’il y a le (ou du comparatif aussi longue).
moindre problème (ou le plus petit problème). d’eux (l. 19) : complément du participe rapprochés
(ou du superlatif les plus rapprochés).
5/a. très extraordinaire : intensité forte, superlatif
absolu de supériorité parfaitement immobiles : 10. Modalités. L’exercice peut être réalisé orale-
intensité forte, superlatif absolu de supériorité le ment ou par écrit. On rappelle la nécessité d’orga-
moindre : superlatif relatif de supériorité. niser la description et on renvoie, sur ce point, à la
b. comme du sel : complément de l’adjectif leçon 38, § 2, p. 397. Une description organisée
blancs. au lit de la rivière : complément de l’ad- est plus agréable à lire et surtout plus compréhen-
jectif semblable. de galets de sel : complément sible par les lecteurs. De nombreux éléments du
du participe couvert (ce participe étant employé tableau proposé peuvent être mis en parallèle afin
comme adjectif). d’obtenir des comparatifs et des superlatifs : le
bleu du ciel et celui du fleuve, la couleur des chairs
6. compléments compléments et celle des bâtiments au fond, la hauteur des
du nom de l’adjectif arbres à gauche et à droite, les personnages sur la
de la bande dessinée pour ses monuments rive et ceux sur la barque, etc.
(personnage) antiques (célèbre)
de ta sœur (veste) de bonheur (rouge)
de mon cousin par timidité
(caractère) (silencieux)
Leçon 20 p. 336
de la jeune joueuse de sa bonne volonté Réponses aux questions
(difficultés) (certaine)
on peut accepter on peut accepter 1. Dans la première réplique de Cosette, on
aussi : aussi : voit d’abord un point d’exclamation. Il permet
en elle (confiance) dans sa classe (isolé) d’exprimer la réaction de Cosette voyant qu’il n’y
a plus de fauteuils, elle prononce la phrase avec 6. 1. donner un conseil ou supplier 2. donner
étonnement. un ordre 3. donner un ordre ou formuler une
invitation 4. donner un conseil 5. interdire
2. Trois adverbes de négation : « n’… pas » (l. 1),
6. donner un conseil ou formuler une invitation
« n’…plus » (l. 4), « ne… que » (l. 9).
(on invite la personne à relire sa copie) 7. sup-
3. Dans sa deuxième réplique, Jean Valjean plier 8. donner un ordre ou un conseil (en fonc-
insiste sur sa propre personne en disant « C’est moi tion du ton de la voix).
qui » au lieu de je, tout simplement. Il emploie
7. 1b 2c 3d 4g 5f 6a 7e.
cette formule pour insister sur le fait qu’il est
responsable de l’absence des fauteuils. 8. 1c 2a 3e 4b 5f 6d.
4. 1. type interrogatif 2. type déclaratif 2. 1. On peut lui confier des secrets,/elle ne les
3. type exclamatif 4. type impératif 5. type répète jamais. 2. La phrase n’est pas complexe.
3. On dit parfois/que les relations entre médecins
impératif 6. type déclaratif 7. type interro-
et malades ne sont pas excellentes ;/elles dépen-
gatif 8. type impératif 9. type déclaratif
dent beaucoup d’une confiance réciproque.
10. type exclamatif 11. type impératif et type
4. Le détective se recula,/se dissimula derrière un
exclamatif.
arbre,/épia tous les gestes du suspect. 5. Les
5. 1. demander quelque chose 2. faire une personnes/qui préparent les parfums/doivent
supposition 3. affirmer de manière implicite bien sûr être douées d’un excellent odorat.
4. demander quelque chose 5. faire une suppo- 6. La phrase n’est pas complexe. 7. Tu pourrais
sition 6. faire une supposition 7. affirmer de regarder un film/qui te plaît, à condition d’avoir
manière implicite (je ne me laisserai pas faire). fini ton travail.
3. 1. elle hésite encore : proposition juxtaposée sera très long/, nous emporterons quelques boissons
à la précédente. 2. car elle nous permet de 3
connaître l’histoire de notre famille : proposition et quelques pains au chocolat.
coordonnée à la précédente. 3. dépasse ses La proposition 1 est subordonnée à la proposition
adversaires : proposition juxtaposée à la précé- 3 (qui est la proposition principale) grâce à la
dente et à la suivante. 4. les empreintes relevées conjonction de subordination comme. La proposi-
permirent de remonter jusqu’au coupable : proposi- tion 2 est également subordonnée à la proposition
tion juxtaposée à la précédente. 5. et soudain 3, grâce à la conjonction que remplaçant la
jaillit la réponse juste : proposition juxtaposée et conjonction comme. De plus cette proposition 2
coordonnée à la précédente. 6. ce jour-là un est coordonnée à la proposition 1 grâce à la
homme marcha pour la première fois sur la Lune : conjonction de coordination et.
proposition juxtaposée à la précédente. 7. or il 6. Ce paquet ne me gêne pas/parce qu’il est gros/,
disait vrai : proposition juxtaposée et coordonnée 1 2
à la précédente. 8. il ne faut donc pas le déranger : mais parce qu’il est lourd.
proposition juxtaposée et coordonnée à la précé- 3
dente (à cause de donc). La proposition 2 est subordonnée à la proposition
1 (qui est la proposition principale) grâce à la
4/a. lorsque leur père était mort : proposition
conjonction de subordination parce que. La propo-
subordonnée conjonctive. qui avait pris leur
sition 3 est également subordonnée à la proposi-
mère : proposition subordonnée relative. qu’ il
tion 1 grâce à la conjonction de subordination
y aurait toujours chez lui une place pour elle […] :
parce que. De plus la proposition 3 est coordonnée
proposition subordonnée conjonctive. où elle
à la proposition 2 grâce à la conjonction de coor-
voudrait tenter la fortune à Paris : proposition
dination mais.
subordonnée relative. depuis qu’ il en était
c. Dans les phrases 5 et 6, il y a deux liens qui se
parti tout jeune : proposition subordonnée
cumulent. Dans la phrase 5, la proposition 2 est à
conjonctive. dont il avait fini par épouser la
la fois subordonnée à la proposition 3 et coordon-
fille : proposition subordonnée relative.
née à la proposition 1 ; ainsi trouve-t-on deux
5/a. et b. conjonctions qui se suivent : et que. Dans la phrase
1. Regarde cet ordinateur/: est-ce qu’il te plaît ? 6, la proposition 3 est à la fois subordonnée à la
1 2 proposition 1 et coordonnée à la proposition 2 ;
La proposition 2 est juxtaposée à la proposition 1 ainsi trouve-t-on deux conjonctions qui se suivent :
(grâce à un signe de ponctuation, les deux mais parce que.
points).
2. Ils se rencontrèrent/, ils ne se quittèrent plus/, p. 341 (suite)
1 2
un mois plus tard ils étaient mariés. 1. 1. qui introduit une proposition subordonnée
3 relative. 2. qui introduit une proposition subor-
La proposition 2 est juxtaposée à la proposition 1 donnée relative. 3. qui introduit une proposition
(par un signe de ponctuation : une virgule), la pro- subordonnée interrogative indirecte. 4. qui
position 3 est juxtaposée à la proposition 2 (par un introduit une proposition subordonnée relative.
signe de ponctuation : une virgule). 5. qui introduit une proposition subordonnée
3. La pluie surprit les randonneurs en pleine campagne/ interrogative indirecte. 6. qui introduit une pro-
1 position subordonnée interrogative indirecte. qui
mais ils avaient prévu des vêtements adaptés et des introduit une proposition subordonnée relative.
boissons chaudes.
2. 1. que : pronom relatif 2. que : conjonction
2
de subordination 3. que : présentatif (Voici
La proposition 2 est coordonnée à la proposition 1
que) 4. qu’ : pronom relatif 5. qu’ : conjonc-
grâce à une conjonction de coordination (mais).
tion de subordination 6. que : pronom interro-
4. Notre équipe marqua un but/au moment
gatif 7. que : adverbe de négation (ne… que)
1
8. que : adverbe exclamatif 9. que : pronom
où elle s’y attendait le moins.
interrogatif 10. qu’ : conjonction de subordi-
2
nation ; qu’ : pronom relatif.
La proposition 2 est subordonnée à la proposition
1 (qui est la proposition principale) grâce à la 3. 1. que vous défendez : proposition subordon-
conjonction de subordination au moment où. née relative 2. que votre opinion m’intéresse :
5. Comme nous partirons très tôt/et que le trajet proposition subordonnée conjonctive 3. que
1 2 rien ne put réfréner : proposition subordonnée
relative 4. Que Benjamin soit parvenu aussi faci- donnée relative, complément du nom (ou de l’an-
lement en finale : proposition subordonnée rela- técédent) château ; et elle a eu très peur : proposi-
tive 5. que vous étiez au courant : proposition tion indépendante. On peut aussi considérer cette
subordonnée conjonctive 6. que vous avez don- proposition comme une deuxième proposition
née, pendant ce repas : proposition subordonnée principale, si l’on maintient qu’une conjonction de
relative 7. que j’ai terminé mon travail : proposi- coordination (ici, et) ne peut coordonner que
tion subordonnée conjonctive 8. (telle) que deux propositions de même nature ; car un cou-
vous la souhaitiez : proposition subordonnée rant d’air a fait claquer une porte derrière elle : pro-
conjonctive 9. que rien n’étonne : proposition position indépendante. On peut aussi considérer
subordonnée relative ; que j’aie agi volontaire- cette proposition comme une troisième proposi-
ment : proposition subordonnée conjonctive. tion principale pour les raisons précisées ci-avant.
b. C’est dans la phrase 4 que l’on trouve une pro-
4/a. 1. si : adverbe de quantité (ou d’intensité)
position à l’intérieur d’une autre : la proposition
2. adverbe d’interrogation 3. conjonction de
subordination 4. adverbe de quantité (ou subordonnée où l’on puisse se promener tranquille-
d’intensité) 5. conjonction de subordination ment est enchâssée dans la proposition principale
6. adverbe d’interrogation 7. adverbe de quan- Un parc sera bientôt aménagé au bord de la rivière.
tité (ou d’intensité). c. La phrase la plus complexe, c’est-à-dire com-
b. Les phrases 2 et 6 contiennent chacune une portant le plus grand nombre de propositions, est
proposition subordonnée interrogative indirecte. la dernière : elle est en effet formée de quatre pro-
positions alors que les autres en ont deux ou trois.
5/a. 1. Fatigué d’attendre, j’allais partir : proposi-
tion principale (c’est à la fois sa nature et sa fonc-
tion) ; lorsque le train entra en gare : proposition
subordonnée conjonctive (circonstancielle), com-
plément circonstanciel de temps du verbe princi- Leçon 22 p. 342
pal allais. 2. Il y a de nombreux points intéressants
dans cette leçon : proposition principale ; qui est Réponses aux questions
particulièrement longue : proposition subordonnée 1. Si le premier mot était remplacé par le groupe
relative, complément du nom (ou de l’antécédent) » Élodie et Estelle », le début de la première phrase
leçon. 3. Je vous assure : proposition principale ; deviendrait Élodie et Estelle restaient songeuses
que c’est une personne : proposition subordonnée [suite inchangée]. Le verbe serait donc modifié : il
conjonctive, complément d’objet direct du verbe changerait de personne, de la troisième du singu-
principal assure ; dont on entendra parler dans les lier il passerait à la troisième du pluriel. Le mot
années à venir : proposition subordonnée relative, « songeuse » passerait au pluriel : songeuses.
complément du nom (ou de l’antécédent) per-
sonne. 4. Un parc […] sera bientôt aménagé au 2. Ce sont les vents de la mer qui ont tordu les
bord de la rivière : proposition principale, où l’on pins : « par les vents de la mer ».
puisse se promener tranquillement : proposition
subordonnée relative, complément du nom (ou Corrigé des exercices
de l’antécédent) parc. 5. Bien que vous en ayez 1/a. J’ai commencé à chaparder dans les maga-
envie : proposition subordonnée conjonctive sins, une tomate ou un melon à l’étalage.
(circonstancielle), complément circonstanciel J’attendais toujours/que quelqu’un regarde/pour
d’opposition (ou de concession) du verbe sortez ;
que ça se voie. Lorsque le patron sortait/et me
ne sortez pas en mer : proposition principale ; car le
donnait une claque/je me mettais à hurler,/mais
vent est beaucoup trop fort : proposition indépen-
il y avait quand même quelqu’un/qui s’intéressait
dante (c’est à la fois une nature et une fonction).
à moi. (il : sujet grammatical, quelqu’un : sujet
On peut aussi considérer cette proposition comme
logique).
une deuxième proposition principale si l’on main-
b. Le sujet n’est pas exprimé dans la deuxième
tient qu’une conjonction de coordination (ici, car)
proposition de la phrase 3 : et me donnait une
ne peut coordonner que deux propositions de
claque. Ce n’est pas la peine de l’exprimer car c’est
même nature. 6. Pouvez-vous nous dire : propo-
le même que celui du verbe précédent : le patron.
sition principale ; si vous avez l’intention de vous
inscrire à cette sortie : proposition subordonnée 2. 1. certains : déterminant indéfini 2. L’imposant
interrogative indirecte, complément d’objet direct toit d’ardoise du château : groupe nominal (ou
du verbe dire. 7. Elle a visité un château : propo- toit : nom commun) 3. Prendre le train de
sition principale ; dans lequel de nombreux films 10 h 40 : groupe verbal à l’infinitif (ou prendre :
fantastiques ont été tournés : proposition subor- infinitif) 4. Que tu passes autant de temps
devant l’ordinateur : proposition subordonnée thique : adjectif qualificatif (au superlatif relatif de
conjonctive 5. Travailler seulement à la veille de supériorité), attribut du sujet il ; par sa chevelure
l’examen : groupe verbal à l’infinitif (ou travailler : rousse : groupe nominal, complément d’agent du
infinitif) 6. Beaucoup : adverbe (employé verbe avais été impressionné ; elle : pronom person-
comme pronom indéfini) ; peu : adverbe nel, sujet du verbe flamboyait : un rayon de soleil :
(employé comme pronom indéfini) 7. Ce que tu groupe nominal, sujet du verbe accrochait ; un
penses de ce sujet : proposition subordonnée incendie : groupe nominal (ou nom commun),
conjonctive 8. Lire ou écrire en étant mal sujet logique du verbe était ; qui : pronom relatif,
éclairé : groupe verbal à l’infinitif (ou lire, écrire : sujet du verbe s’allumait.
infinitifs) 9. Lequel d’entre vous : groupe prono-
minal (ou lequel : pronom interrogatif) ; qui :
pronom interrogatif 10. qui veut voyager loin :
proposition subordonnée relative.
Leçon 23 p. 344
3. 2. Il pousse d’étranges champignons dans ce
sous-bois. 3. Il reste des raisins et des poires Réponses aux questions
pour le dessert. 6. Il ne manque que quelques
centimes pour acheter un pain au chocolat.
1. « la porte » : nom commun ; « l’odeur familière
des vieux livres » : groupe nominal ; « que » :
7. Il existe des espèces de papillons extrêmement
pronom relatif.
rares. 10. Il arrive que des sangliers traversent
« qu’il tenait en main une vieille édition allemande
cette route.
des tragiques grecs » : proposition subordonnée
4. 1. Benoît : nom propre 2. joyeux : adjectif conjonctive ; « ce que je cherchais » : proposition
qualificatif 3. championne de France de gym- subordonnée interrogative indirecte.
nastique : groupe nominal 4. de voyager encore Tous ces mots, groupes ou propositions complè-
longtemps : groupe verbal (à l’infinitif) 5. par- tent des verbes : « poussai » (l. 1), « reconnus »
tants pour ce projet : groupe adjectival (le mot (l. 1), « avais rencontrée » (l. 5), « vis » (l. 7),
partants étant adjectif verbal) ; le : pronom per- « demander » (l. 10).
sonnel 6. celui-ci : pronom démonstratif
2. Ces mots, groupes ou propositions ne sont
7. indemne : adjectif qualificatif 8. qu’il soit sain
pas déplaçables dans la phrase, par exemple : La
est sauf : proposition subordonnée conjonctive.
porte je poussai et je reconnus […] n’est pas accep-
5. 1. Dans notre enfance, nous étions toujours table ; la jeune fille vint ce que je cherchais me
effrayés par la foudre. 2. Le vainqueur de la demander, non plus.
course en solitaire fut acclamé par tout le monde.
3. Ce documentaire sur la faune africaine sera Corrigé des exercices
certainement regardé avec intérêt par les élèves.
1. 1. les camions : complément d’objet (direct)
4. Dans cette exposition, des tableaux de Matisse
2. trente kilos : complément de poids 3. rien à
et de Picasso ont été présentés côte à côte.
relever 4. une maison neuve aux volets vert
5. Des plans de l’exposition avaient été distribués
amande : complément d’objet (direct) 5. rien à
à tous les visiteurs par de charmantes hôtesses.
relever 6. un paysage réaliste ou fantastique :
6. Deux tableaux de Gauguin auraient été récem-
complément d’objet (direct) 7. mille euros :
ment découverts au fond d’un grenier.
complément de prix 10. notre appartement :
6/a. 1. par la documentaliste 2. par des collec- complément d’objet (direct) ; bien des efforts :
tionneurs 3. par des musiciens andalous 4. de complément d’objet (direct).
fruits confits de toutes les couleurs.
2. 1. les chansons bien rythmées : complément
b. 1. La documentaliste présente actuellement de
d’objet direct, groupe nominal (ou chansons :
nouveaux livres. 2. Des collectionneurs ont
nom commun) 2. de musique : complément
organisé une grande exposition d’affiches.
d’objet indirect, groupe nominal (ou musique :
3. Des musiciens andalous donneront un concert
nom commun) 3. à Stéphanie : complément
de guitare dimanche prochain. 4. Des fruits
d’objet second, groupe nominal (ou Stéphanie :
confits de toutes les couleurs entouraient le gâteau
nom propre) ; le dernier CD de son chanteur favori :
qu’elle apporta.
complément d’objet direct, groupe nominal (ou
La fonction des mots et groupes relevés est main-
CD : nom commun) 4. le : complément d’objet
tenant sujet du verbe.
direct, pronom personnel ; lui : complément
7. le meilleur élève de notre classe : groupe nomi- d’objet second, pronom personnel 5. à partir
nal, attribut du sujet Victor Diavolo ; le plus sympa- chez sa tante : complément d’objet indirect,
groupe verbal à l’infinitif (ou partir : verbe à l’infi- d’objet direct, groupe nominal 5. Tarzan : attri-
nitif) 6. « Si tu vas au lycée à moto, je te demande but du complément d’objet direct (l’), nom
de faire très attention » : complément d’objet propre 6. bien content de la lettre qu’il a reçue :
direct, phrase ; lui : complément d’objet second, attribut du sujet, groupe adjectival (ou content :
pronom personnel ; de faire très attention : com- adjectif qualificatif) 7. qu’il attendait cette lettre
plément d’objet indirect, groupe verbal à l’infinitif depuis longtemps : attribut du sujet, proposition
(ou faire : verbe à l’infinitif) ; te : complément subordonnée conjonctive 8. plus âgée que
d’objet second, pronom personnel 7. à quoi : Marie : attribut du sujet, groupe adjectival (ou
complément d’objet indirect, pronom interro- âgée : adjectif qualificatif) ; le : attribut du sujet,
gatif 8. passer voir une amie : complément d’ob- pronom personnel 9. crier : attribut du sujet
jet direct, groupe verbal à l’infinitif (ou passer : chanter, verbe à l’infinitif 10. particulièrement
verbe à l’infinitif) ; une amie : complément d’objet agréable à regarder : attribut du complément
direct, groupe nominal (ou amie : nom commun) ; d’objet direct, groupe adjectival (ou agréable :
y : complément d’objet indirect, pronom person- adjectif qualificatif).
nel 9. que tu lui donnes des conseils : complé-
ment d’objet direct, proposition subordonnée
conjonctive ; lui : complément d’objet second,
pronom personnel ; des conseils : complément Leçon 24 p. 346
d’objet direct, groupe nominal (ou conseils : nom
commun). Réponses aux questions
3. 1. que Laurent avait gagné : proposition subor- 1. « ce soir-là » : groupe nominal ; « d’ordinaire » :
donnée conjonctive 2. Laurent monter sur le groupe nominal (employé comme adverbe) ;
podium : proposition subordonnée infinitive « rarement » : adverbe ; « avec attention » : groupe
3. s’il souhaite continuer : proposition subordonnée nominal ; « lorsqu’elle entrait dans une maison
interrogative indirecte 4. plusieurs personnes étrangère » : proposition subordonnée conjonctive ;
raconter la même histoire : proposition subordon- « où » : pronom relatif.
née infinitive 5. ce que tu penses faire : proposi-
2. « ce soir-là », « lorsqu’elle entrait dans une mai-
tion subordonnée interrogative indirecte 6. ce
son étrangère » indiquent un moment ; « où »
que tu penses : proposition subordonnée conjonc-
indique un lieu ; « d’ordinaire », « rarement »,
tive 7. que tu lui avais dit la vérité : proposition
« avec attention » indiquent une façon de faire.
subordonnée conjonctive.
3. Le premier groupe en gras peut se déplacer
4. 1. la nuit : complément d’objet direct du
dans la phrase ; on obtient par exemple : Antoinette,
verbe aime 2. la nuit : complément circonstan-
que l’Anglaise emmenait se coucher d’ordinaire sur le
ciel de temps du verbe promène 3. les étoiles :
coup de neuf heures, resta ce soir-là au salon avec ses
complément d’objet direct du verbe contemple
parents. Ce qui est tout à fait acceptable.
4. les étoiles : sujet (inversé) du verbe apparaissent
5. une hôtesse de l’air : complément d’objet direct
Corrigé des exercices
du verbe a rencontré 6. hôtesse de l’air : attribut
du sujet elle 7. demain : complément circons- 1/a. et b. 1. au bout de la rue : groupe nominal,
tanciel de temps du verbe reverrons 8. demain : complément circonstanciel de lieu 2. bientôt :
sujet du verbe sera. adverbe, complément circonstanciel de temps ;
couramment : adverbe, complément circonstanciel
5. 1. qu’une pharmacie s’installe dans notre
de manière 3. avec un stylo-plume : groupe
quartier : complément d’objet direct du verbe sou-
nominal (ou stylo : nom commun) ; complément
haitent 2. que la galerie marchande soit ouverte
circonstanciel de moyen 4. avec davantage
tard le soir : sujet du verbe arrange 3. que nous
d’application : groupe nominal (ou application :
allions faire nos courses vendredi : attribut du sujet
nom commun) ; complément circonstanciel de
la meilleure solution 4. qu’il fasse du vent : sujet
manière 5. de plus près : groupe adverbial, com-
du verbe est 5. qu’une meilleure organisation
plément circonstanciel de manière ; pour être sûrs
des différents rayons est nécessaire : complément
de ne pas nous tromper de route : groupe verbal
d’objet direct du verbe estime.
à l’infinitif, complément circonstanciel de but
6. 1. dangereuse : attribut du sujet, adjectif qua- 6. malgré sa minceur : groupe nominal (ou
lificatif 2. dangereuses : attribut du complément minceur : nom commun), complément circons-
d’objet direct, adjectif qualificatif. 3. tout ensom- tanciel d’opposition 7. comme je n’avais pas de
meillé : attribut du sujet tu, participe passé nouvelles : proposition subordonnée conjonctive,
4. délégués de la classe : attribut du complément complément circonstanciel de cause ; hier :
mot signifie première lueur du jour qui apparaît à 3. 3. Le départ n’avait pas été fixé à l’aube.
l’horizon. Le groupe » premières clartés » (l. 1) le 4. Mais les concurrents partaient cependant de
confirme. bonne heure. 7. Au dernier tour, un groupe de
coureurs s’échappa (le groupe au dernier tour peut
4. C’est le mot » puis » (l. 10) qui indique la suc-
être considéré à la fois comme un complément de
cession de ces deux événements : « des récifs noirs
pointèrent », « une ligne se dessina ». Le récit suit ici temps et un complément de lieu). 8. La brume
l’ordre chronologique puisque l’événement qui du matin avait alors entièrement disparu. 9. Du
s’est passé en premier est rapporté en premier, et matin au soir les spectateurs furent nombreux.
celui qui s’est passé en second est rapporté après. 10. Mais, à l’arrivée du dernier coureur, il ne restait
plus personne.
8. 1. La passerelle ayant été franchie, le chemin largement la narration ; le narrateur raconte une
montait à travers bois. 2. Une fois arrivés à habitude et tient à donner des indications de date,
l’aéroport, les voyageurs vérifièrent l’heure du de durée, de fréquence, afin que le lecteur com-
départ. 3. Ayant passé son permis de conduire, prenne bien comment se passaient les moments
Amélie dut choisir une voiture. 4. Ma cousine évoqués.
fut incommodée par l’odeur de la fumée à peine
13/a. « après le déjeuner » : groupe nominal,
entrée dans la salle. 5. Nos devoirs faits, nos
donne une indication de date (moment) ; « un
leçons apprises, nous pouvons faire du sport ou
jeudi sur trois » : groupe nominal, donne une indi-
téléphoner aux amis avec l’esprit tranquille.
cation de fréquence ; « par moments » : groupe
Les phrases obtenues ont une construction moins
nominal, donne une indication de fréquence ;
lourde car il n’y a plus de proposition subordon-
« tout l’après-midi » : groupe nominal, donne une
née conjonctive. Elles sont plus courtes.
indication de durée ; « parfois » : adverbe, donne
9/a et b. 1. Mes parents commencèrent les ran- une indication de fréquence ; « à dix-sept heures
gements aussitôt que le dernier invité fut parti trente » : groupe nominal, donne une indication
(indicatif) 2. Au fur et à mesure que nous avan- de date (moment, heure).
cions (indicatif) dans cette vaste forêt, le chemin b. Les deux premiers groupes en italique exercent
se rétrécissait. 3. Avant que notre équipe soit la fonction de complément circonstanciel de
(subjonctif) au point, il faudra plusieurs semaines temps ; le premier complète le verbe étaient, le
d’entraînement. 4. Toutes les fois que mon petit second complète le verbe emmenait.
frère m’agace (indicatif), j’entre dans une colère c. « instant » (l. 12), « nuit » (l. 15), « temps »
furieuse. 5. J’ai regardé une cassette en atten- (l. 18), ou » fin » (l. 20).
dant que la pluie s’arrête (subjonctif). 6. Cet d. C’est l’imparfait de l’indicatif qui est dans ce
après-midi-là, je dessinais un paysage de mon- texte le temps le plus utilisé. Il est employé pour
tagne tandis que ma sœur sculptait (indicatif) un indiquer des actions qui se répètent (habitudes)
bateau dans un morceau de bois. dans le passé : le narrateur rapporte ce que Julien
et sa mère ont l’habitude de faire un jeudi sur trois
10. 1. N’oublie pas de rendre ce roman policier (premier paragraphe) ou tous les autres jeudis
quand tu iras à la bibliothèque. 2. rien à relever (paragraphes suivants).
3. rien à relever 4. Comme minuit sonnait, on e. « Quand ils restaient à la maison » (l. 8),
entendit une voiture freiner brusquement dans « quand le maître d’hôtel montait le thé » (l. 19).
la rue. 5. rien à relever 6. rien à relever f. Julien et sa mère passent parfois l’après-midi ou
7. Alors qu’il s’approchait du rivage, il aperçut une le soir ensemble. Il arrive que sa mère s’endorme ;
bouteille contenant un message. 8. Lorsque c’est alors comme si elle était dans la nuit pendant
l’aube pointa et que, derrière la chaîne des un petit moment, elle effectue ainsi des petites
Ombres, le ciel se délaya de lueurs d’aquarelle, périodes de sommeil, des « bouts de nuit » d’au-
ils avaient parcouru près de trois cent cinquante tant plus que les rideaux sont tirés et que la
kilomètres. lumière du jour est ainsi arrêtée. Julien et sa mère
11. 1. Nous resterons dehors tant qu’il fera sont ensemble pendant ces moments-là, ils parti-
jour. 2. Le photographe guette les oiseaux en cipent tous les deux à ces moments intimes, ils y
attendant qu’ils prennent leur envol. 3. Je lui prennent part, ils les « partagent ».
expliquerai jusqu’à ce qu’il puisse comprendre. g. Les indications de temps sont nombreuses dans
4. Elle vient nous rendre visite chaque fois qu’elle ce texte car celui-ci est essentiellement narratif : le
le peut. 5. Avant que le coureur franchisse la narrateur n’explique rien, ne décrit pas des objets
ligne d’arrivée, ses supporters l’encouragent sans ou des personnages, mais il rapporte des événe-
faiblir. 6. Après que le vainqueur a franchi la ments, il lui faut donc les placer dans le temps
(jour, moments de la journée) d’autant plus qu’il
ligne d’arrivée, de charmantes jeunes filles lui
veut montrer que ces événements sont des habi-
offrent un bouquet.
tudes. On peut d’ailleurs repérer la chronologie :
12/a. « jusqu’à une heure du matin » (l. 2), « après le déjeuner », « tout l’après-midi », « à dix-
« jamais » (l. 3), « toujours » (l. 6), « chaque fois » sept heures trente » ; grâce aux indications de
(l. 6-7), « quand ils achetaient des cartes postales ou temps, nous voyons que le narrateur suit l’ordre
un bloc de papier à lettres » (l. 7-9), « à l’heure où je chronologique. Grâce à des indications de temps,
venais » (l. 9), « parfois » (l. 10), « le plus souvent » nous comprenons aussi qu’il y a deux sortes de
(l. 11). jeudis : ceux où le narrateur va au cinéma, « un
b. Les compléments de temps sont nombreux jeudi sur trois », et ceux où il n’y va pas, « quand ils
dans ce texte car c’est un récit où domine très restaient à la maison ».
14 et 15. Modalités. Ces deux exercices visent à mots, groupes, si […] que les paysages
faire écrire des récits où les passages narratifs propositions ne paraissent plus pouvoir
seront dominants : le narrateur rapportera avec exprimant la se passer d’eux assez […]
précision les événements qui se produisent, et ne conséquence pour être salué
décrira ou n’expliquera que très peu. Ainsi les
élèves seront conduits à employer plusieurs indica-
tions de temps (date, durée, fréquence, etc.). 3. 1. à cause d’une pièce défectueuse : groupe
Pour la mise au point du récit, on conseillera nominal (ou pièce : nom commun) 2. en raison
éventuellement aux élèves de se reporter aux de la pluie : groupe nominal (ou pluie : nom
leçons 37, p. 390 et 41, p. 408 sur le manuel : commun) 3. comme il n’aime pas les romans de
choix du narrateur, du point de vue narratif, du science-fiction : proposition subordonnée
traitement de la chronologie, de la combinaison conjonctive 4. grâce à elles : groupe pronomi-
des formes de discours. nal (ou elles : pronom personnel) 5. sous pré-
Remarque : le critère spécifiant l’emploi des trois texte qu’il est plutôt maladroit : proposition subor-
moyens grammaticaux peut être plus restreint et donnée conjonctive 6. à force de crier : groupe
plus précis ; on peut demander par exemple un verbal à l’infinitif (ou crier : verbe à l’infinitif)
adverbe de temps, un groupe nominal et une pro- 7. non que l’endroit fût désagréable : proposition
position subordonnée conjonctive exerçant la subordonnée conjonctive ; mais le terrain semblait
fonction de complément circonstanciel de temps. inondable : proposition indépendante coordon-
née 8. soit qu’ils se soient montrés trop ambi-
tieux : proposition subordonnée conjonctive ; soit
qu’ils aient manqué de chance : proposition
Leçon 26 p. 354 subordonnée conjonctive 9. le professeur étant
absent : proposition subordonnée participiale
Réponses aux questions pour avoir sauvé quelqu’un qui se noyait : groupe
1. Le groupe « grâce à elle » (l. 13-14) pourrait verbal à l’infinitif (ou avoir sauvé : verbe à
être remplacé par la proposition Parce qu’il dispo- l’infinitif).
sait de cette boîte… 4. 1. si […] qu’il n’ose pas dire bonjour aux
2. Pour relier les deux phrases en gras, il faudrait invités : proposition subordonnée conjonctive
employer si bien que : Et Wernher était faible en 2. de manière à arriver bien à l’heure : groupe
maths, si bien qu’il décida de redoubler sa classe de verbal à l’infinitif (ou arriver : verbe à l’infinitif)
troisième. 3. au point d’éventrer les poubelles : groupe
verbal à l’infinitif (ou éventrer : verbe à l’infinitif)
Corrigé des exercices (p. 356-357) 4. de telle sorte que tout le monde puisse venir :
proposition subordonnée conjonctive 5. tant
1. 1. grâce à tes conseils : cause 2. comme le […] qu’elle a pris froid : proposition subordonnée
ciel s’assombrit : cause 3. que je n’en vois pas le conjonctive 6. trop […] pour être visibles à l’œil
sommet : conséquence 4. au point d’énerver nu : groupe verbal à l’infinitif (ou être : verbe à
tout le monde : conséquence 5. en tombant : l’infinitif) 7. de façon que tout le monde puisse
cause 6. par crainte des moqueries : cause y participer : proposition subordonnée conjonc-
7. puisque tu veux la parole : cause 8. qui puisse tive 8. trop […] pour être vrai : groupe verbal à
lui tenir compagnie : conséquence 9. tellement l’infinitif (ou être : verbe à l’infinitif).
ils avaient eu peur : cause 10. qu’elles rentrèrent
plus tôt que prévu : conséquence 11. faute de 5. 1. La température est si basse qu’une épaisse
temps : cause 12. pas pris : conséquence. couche de glace s’est formée sur le lac. 2. Léa
aime tellement la tarte à l’orange qu’elle en a
2. repris trois fois. 3. Les explications données
mots, groupes, en raison du rapprochement étaient très claires, si bien que j’ai tout compris.
propositions des troncs à gauche 4. Les moniteurs ont eu très peur que quelqu’un
exprimant et à droite de la chaussée se noie, au point qu’ils n’autorisèrent plus les
la cause du fait de l’abattage enfants à jouer près du ruisseau.
systématique des arbres 6. 1. Il n’avait pas assez de temps, si bien qu’il
au nom de la sacro-sainte n’a pas voulu recommencer. 2. Le ciel est telle-
sécurité routière car on peut ment clair que nous apercevons des milliers
sauver et les arbres d’étoiles. 3. La tempête ne se calme pas, si bien
et les vies humaines
que les bateaux resteront au port ce matin.
4. La porte n’était pas fermée, de sorte que nous originales, qu’elle fait sensation partout où elle
avons entendu tout ce qu’ils disaient. 5. L’hiver passe. 5. Ce que vous avez fait pour nous aider
approche, au point que les oiseaux migrateurs est tellement merveilleux que nous ne savons
quittent nos régions froides. 6. Elle n’avait pas le comment vous remercier.
temps, en sorte qu’elle n’est pas venue voir notre
13/a. Propositions subordonnées conjonctives
spectacle.
exprimant la conséquence : « si […] et si […]
7. 1. Beaucoup de jeunes passent trop de temps qu’elles semblent invisibles » (l. 4-5), « si […] qu’on
devant la télévision ou l’ordinateur, de sorte qu’ils croirait marcher sur du cristal » (l. 6-7), « telle qu’on
ne pratiquent pas assez de sports. 2. Le choix pourrait, à regarder les draps, avoir peur d’attraper
d’une orientation en fin de troisième est une déci- froid » (l. 8-9), « tant ils sont immaculés, plus blancs
sion importante si bien que vous devez y réfléchir que la neige » (l. 9), « si […] qu’on croirait pour
plusieurs mois auparavant. 3. Plusieurs villes toujours s’envelopper dans le bonheur » (l. 12-13).
européennes sont reliées par des trains à grande b. Mais dès qu’on s’endort, on croirait pour toujours
vitesse au point que les longues distances sem- s’envelopper dans le bonheur parce que des odeurs
blent abolies. d’amarante émanent de l’oreiller et nous plongent
8. 1. Les grands glaciers fondent parce que la dans la chaleur d’un sommeil fécond.
Terre se réchauffe. 2. Comme la lumière est très 14. Modalités. On attend de l’élève non pas un
forte, je ne peux pas ouvrir les yeux. 3. Vos pro- récit, mais un court texte explicatif (huit à dix
grès sont sensibles parce que vous avez fourni de lignes semblent un volume envisageable pour un
grands efforts. 4. Les jumeaux parlent très bien élève de compétence convenable). Par exemple :
l’anglais puisqu’ils ont vécu trois ans à Londres. L’image montre une centrale nucléaire. Celle-ci est
5. Comme ma sœur a un grand sens des couleurs, photographiée du ciel, si bien qu’on voit très bien ce
elle est excellente en arts plastiques. 6. Du qu’elle rejette. Ce que rejettent ses deux grandes
moment qu’il ne voulait vexer personne, il n’a cheminées, c’est de la vapeur d’eau, car il faut de
rien dit. l’eau pour refroidir les centrales nucléaires. Et ces
9. 1. Certains s’opposent à la construction d’auto- centrales produisent beaucoup d’énergie, il faut
routes parce qu’elles détruisent les paysages. donc beaucoup d’eau. C’est pourquoi on voit ces
2. De nombreuses personnes regardent les grands nuages qui s’élèvent dans le ciel. À cause de
retransmissions sportives à la télévision en raison ce phénomène, on peut craindre un excès de vapeur
de leur goût pour le sport et les exploits. d’eau sur toute la région. Les agriculteurs sont
3. Nous désirons plus ou moins consciemment peut-être mécontents parce qu’ils pensent à leurs
correspondre à l’image idéale de l’homme ou productions.
de la femme que les médias diffusent car nous (Ce que l’élève aurait souligné en rouge est ici souli-
souhaitons vivre en accord avec notre époque. gné, ce qu’il aurait souligné en bleu figure en gras.)
évaluation. On peut s’appuyer sur les critères
10. 1. On ne voit plus rien car le brouillard est suivants :
très épais. 2. Il vous faudra repasser demain car – l’énonciation : le texte est soit à la première soit
nous ne pouvons vous recevoir aujourd’hui. à la troisième personne, soit au présent soit au
3. Le vent doit être très violent en ce moment car passé ;
je vois les grands arbres se pencher. 4. Je – l’aptitude à expliquer : les liens de cause et de
regarde ce film à chaque fois qu’il passe à la télévi- conséquence sont très présents et bien repérés, le
sion car je l’adore. vocabulaire est précis ;
11. 1. Je ne m’attendais pas à un tel résultat, je – la qualité de la langue : les phrases et l’ortho-
suis donc très surpris. 2. Les joueurs de l’équipe graphe sont correctes, le niveau de langue courant ;
portaient tous la même casquette, nous les avons – l’effet produit : le lecteur comprend bien le
donc facilement reconnus. 3. Les deux derniers phénomène présenté.
mois ont été très secs, les agriculteurs attendent
donc la pluie avec impatience. 4. C’était le bala- Réponses aux questions (p. 358)
deur jaune qu’elle préférait, elle n’a donc pas
1. Les groupes et propositions qui indiquent des
hésité à l’acheter.
causes sont : « du moment qu’”il” ne peut s’enfuir
12. 1. Ce tunnel est tellement long qu’on n’en par la porte du pavillon », « parce qu’elle donne sur
voit pas la fin. 2. L’orage est tellement violent la campagne », « pour la même raison », « puisque
qu’il serait imprudent de sortir. 3. La musique l’assassin s’est enfui ». En effet ce groupe nominal
est tellement forte qu’on ne s’entend plus et ces trois propositions indiquent des faits qui
parler. 4. Ses idées sont tellement inattendues, sont à l’origine d’autres faits.
2. La proposition « pour qu’il passe » indique une passé, les temps verbaux sont employés en
intention de l’assassin. Celui-ci a eu l’intention, conséquence ;
l’idée de passer par la fenêtre pour effectuer sa – l’aptitude à raconter et expliquer : les circons-
fuite. tances sont précisées, les liens de cause et de
conséquence sont très présents et bien repérés ;
Corrigé des exercices (p. 359) – la qualité de la langue : les phrases et l’ortho-
graphe sont correctes, le vocabulaire varié, précis,
1. 1. pour la Fête de la Musique : groupe nomi-
et le niveau de langue courant ;
nal (ou Fête : nom propre) 2. pour améliorer
– l’effet produit : le lecteur apprécie la précision, la
mon accent : groupe verbal à l’infinitif (ou amélio-
fidélité du texte à l’image.
rer : verbe à l’infinitif) 3. de peur que le Ciel ne
leur tombe sur la tête : proposition subordonnée 6/a. Une proposition subordonnée conjonctive
conjonctive 4. afin que la marche à suivre dont la fonction est complément de cause :
soit bien comprise : proposition subordonnée « parce qu’il s’était épris de la chanteuse Virginie
conjonctive 5. en vue des élections : groupe Kubly » (l. 5).
nominal (ou élections : nom commun) 6. pour b. Une proposition subordonnée conjonctive dont
être sélectionné à ce jeu : groupe verbal à l’infinitif la fonction est complément de conséquence : « si
(ou être sélectionné : verbe à l’infinitif) 7. de […] que son professeur le congédia » (l. 7-8), ou
crainte d’une attaque soudaine de l’ennemi : « tellement […] que les lettres […] devaient être
groupe nominal (ou attaque : nom commun). corrigées à la signature » (l. 12-14).
c. « pour plaire à la douce Virginie » : groupe verbal
2. 1. Ce jour-là les habitants ne sortirent pas, de
à l’infinitif, complément circonstanciel de but du
crainte d’une soudaine tempête de neige. 2. Ils
verbe prit ; « grâce à son cousin » : groupe nominal,
préparèrent des pelles afin de dégager les
complément circonstanciel de cause (du verbe
portes. 3. Jeunes et moins jeunes sortirent les
nommé sous-entendu).
jeux de société en vue de ne pas s’ennuyer.
d. Devant le groupe « préparer l’École poly-
4. Les plus grands firent un feu de cheminée pour
technique », on pourrait placer les prépositions
maintenir une douce chaleur. 5. Certains com-
pour ou afin de, indiquant clairement le lien
mencèrent à faire le compte des provisions en vue
logique de but.
de faire face à la situation.
3. 1. Les spots publicitaires à la télévision sont
rapides et souvent amusants pour attirer constam- Leçon 27 p. 360
ment l’attention des téléspectateurs. 2. Beaucoup
de carrefours ont été remplacés par des ronds-
Réponses aux questions
points afin que des feux tricolores soient suppri- 1. Bien que je sois homme de la terre, j’aime la mer.
més et que les automobilistes ralentissent.
2. Ce qui s’oppose dans la deuxième phrase,
3. Il est nécessaire d’entretenir les monuments
c’est d’une part ce que la mer a laissé au narrateur
historiques de peur qu’ils ne se détériorent.
(goût du sel, amertume, souvenirs difficiles) et
4. 1. pour que les loups soient protégés : but d’autre part ce qu’elle ne lui a pas laissé, pas
2. trop […] pour être appréciés des bergers : donné (des ressentiments). Le mot qui signale ce
conséquence 3. pour avoir triché : cause lien logique d’opposition est la conjonction de
4. pour sortir : but 5. trop […] pour sortir : coordination « mais ».
conséquence 6. pour une amélioration sensible
3. « quels que soient les charmes », « quelle que
de la peau : but 7. pour des raisons de santé :
soit la poésie » : dans la locution conjonctive quel
cause 8. pour sa drôlerie et sa gentillesse : cause
que, l’adjectif quel varie en fonction du mot auquel
9. assez […] pour me faire rire : conséquence
il se rapporte.
10. pour être à la mode : but.
5. Modalités. On attend un récit avec des pas- Corrigé des exercices
sages explicatifs. Il n’est pas exclu d’imaginer des
1. 1. une opposition 2. une concession
péripéties surprenantes : vol d’un tableau dans la
3. une concession 4. une opposition 5. une
salle voisine, secret dissimulé au dos d’un tableau,
opposition 6. une concession.
jalousie entre deux peintres, etc.
Évaluation. On peut prendre en compte les critères 2. 1. mais nous n’avons pas tout compris : pro-
suivants : position indépendante coordonnée avec la
– l’énonciation : le texte est soit à la première soit conjonction mais (on accepte aussi : mais, conjonc-
à la troisième personne, soit au présent soit au tion de coordination) 2. malgré la distance :
groupe nominal (ou distance : nom commun) passionnants que soient ces romans d’aventures,
3. Au lieu de rêver : groupe verbal à l’infinitif (ou ils comportent néanmoins des descriptions un peu
rêver : verbe à l’infinitif) 4. et tu restes devant la longues. 4. Quelques erreurs qu’il commette,
télévision : proposition indépendante coordonnée on lui pardonne. 5. Quelque adroites qu’elles
avec la conjonction et (ou et : conjonction de fussent, elles n’ont pas réussi à monter ce meuble
coordination) 5. bien que je n’y croie pas : pro- sans notice. Quelques raisons qu’il donne, ne le
position subordonnée conjonctive 6. en dépit croyez pas.
de l’avis des jaloux : groupe nominal (ou avis :
nom commun) 7. alors que tu n’en as fait qu’un :
proposition subordonnée conjonctive 8. sans
même le vouloir : groupe verbal à l’infinitif (ou Leçon 28 p. 362
vouloir : verbe à l’infinitif) 9. quelque résultat
qu’il obtienne : proposition subordonnée conjonc- Réponses aux questions
tive 10. néanmoins cela ne suffit pas : proposi-
1. si (l. 2) : conjonction de subordination, en
tion indépendante coordonnée par l’adverbe
association avec comme.
néanmoins (ou néanmoins : adverbe). On remar-
si (l. 7) : adverbe de quantité (ou d’intensité).
quera que l’opposition est ici renforcée du fait
si (l. 11) : conjonction de subordination.
de l’emploi simultané de deux adverbes :
certes/néanmoins. 11. où qu’elle se trouve : 2/a. La phrase en gras comporte deux propo-
proposition subordonnée conjonctive. sitions : Si seulement […] encore ; et elle l’aurait
3. 1. Bien qu’elle soit partie en retard, elle est chargé […] le faire s’expliquer.
arrivée en avance. 2. Bien que je sois en retard, b. Le verbe qui indique qu’une action dépend
mes parents ne s’inquiéteront pas. 3. Alors d’une autre est « eût été là » (l. 12) : si Sylvestre
qu’il a souvent très mal, il ne se plaint pas. était là, elle le chargerait d’aller voir Yann ; s’il n’est
4. Quoique Jonathan ait glissé sur le verglas, il n’a pas là, elle ne peut pas le charger de cette mission.
pas eu mal. 5. Elle rit sans arrêt, bien qu’elle soit c. Le verbe « aurait chargé » est conjugué au passé
triste. (temps) du conditionnel (mode).
4. 1. Bien que ce téléviseur soit très beau, je n’ai Corrigé des exercices
pas envie de l’acheter. 2. Alors que l’explorateur
a passé trois ans sur l’île aux mouettes, aucun 1. 1. moins chère : groupe adjectival mis en
oiseau ne s’est montré. 3. Quelque excellentes apposition 2. en tendant l’oreille : groupe au
que soient les conditions météorologiques, gérondif (ou en tendant : gérondif) 3. pliée en
Brigitte ne part jamais seule en mer. 4. Bien que deux : groupe participial mis en apposition (ou
mon frère n’apprécie pas la chaleur, il a passé tout pliée : participe passé mis en apposition) 4. le
l’après-midi au soleil pour jouer au tennis avec ciel étant dégagé : proposition subordonnée parti-
moi. 5. Alors que Sébastien adore la lecture, sa cipiale 5. deux phrases dont la première est
femme est passionnée de football. interrogative 6. seule : adjectif qualificatif mis en
apposition 7. Napoléon verrait la France de
5. 1. Je t’accompagnerai au cinéma quoique j’aie maintenant : proposition indépendante au condi-
plutôt envie de rester à la maison. 2. Quoi tionnel (= Si Napoléon voyait la France de mainte-
qu’on lui propose, il refuse. 3. Quoi qu’il dise, nant) 8. Qu’il goûte ma mousse au chocolat :
quoi qu’il fasse, on le sent toujours indécis. proposition au subjonctif (= Si vous goûtiez)
4. Quoiqu’elle fût timide, elle accepta d’être délé- 9. Essayez : proposition à l’impératif (= Si vous
guée de la classe. 5. Quoique très peureux, il a essayez).
su affronter le danger. J’ai raison, quoi que tu
puisses penser. 2. 1. sans équipement spécial : groupe nominal
(ou équipement : nom commun) 2. sans l’es-
6. 1. Quelle que soit la solution, vous serez satis- sayer : groupe verbal à l’infinitif (ou essayer : verbe
fait. 2. Il faut prendre le temps de la réflexion
à l’infinitif) 3. à supposer qu’il vienne dîner avec
quels que soient vos projets. 3. Quelles que
nous : proposition subordonnée conjonctive
soient les décisions prises, vous devrez les accep-
4. en cas de panne : groupe nominal (ou panne :
ter. 4. Quelle que soit votre opinion, il est bon
nom commun) 5. au cas où vous auriez un pro-
d’écouter l’avis des autres.
blème : proposition subordonnée conjonctive
7. 1. Quelque courageux qu’il soit, il doit se 6. à le croire : groupe verbal à l’infinitif (ou croire :
montrer prudent. 2. Quelque courageux qu’ils verbe à l’infinitif) 7. sous réserve de progrès :
soient, ils doivent faire attention. 3. Quelque groupe nominal (ou réserve : nom commun).
3. Les phrases contenant un lien logique de commencer l’escalade vers quatre heures du
condition ou d’hypothèse sont les phrases 1 (si la matin. 3. Au cas où leur équipe accéderait en
mer est très agitée), 5 (s’il est trop audacieux), 8 (si finale, les supporters ont fait provision de fanions,
vous voulez conserver longtemps cet appareil). chapeaux et sifflets. (Remarque : la phrase de
départ, celle figurant dans le manuel, peut être
4. Propositions subordonnées conjonctives de
conservée, vu qu’elle contient déjà une propo-
condition : « dans le cas où cette terre serait une
sition subordonnée conjonctive de condition.)
île » (l. 2) ; « s’ il était impossible de renflouer le
4. Les élèves réussiront s’ils sont sérieux dans leurs
schooner » (l. 3-4), « si cette île était déserte »
révisions. 5. Utilise ton téléphone portable au
(l. 6).
cas où tu aurais un problème sur la route.
5. 1. Si la pluie s’arrête, nous irons nous prome-
10. Il aurait fallu t’entraîner
ner. 2. Si un ami me confie un secret, je ne dis
– si tu avais voulu réussir cette épreuve.
rien à personne. 3. À supposer que l’équipe
Des efforts seront nécessaires
gagne, les supporters laisseront éclater leur joie.
– si tu veux réussir cette épreuve.
4. Au cas où vous voudriez être dépaysé, allez en
Des efforts seraient indispensables
Chine. 5. Pour peu que vous ne puissiez pas
– si tu voulais réussir cette épreuve.
venir, prévenez-nous.
Il faut reprendre l’entraînement tout de suite
6. 1. Qu’il travaille ou qu’il s’amuse, il est tou- – si tu veux réussir cette épreuve.
jours joyeux. 2. Qu’elle prenne l’avion ou Reprends l’entraînement sans attendre
qu’elle choisisse le train, elle est toujours malade. – si tu veux réussir cette épreuve.
3. Il exercera son métier consciencieusement,
11/a. Dans la première phrase, le verbe dépendra
soit qu’il fasse des études longues, soit qu’il
exprime une idée de condition.
préfère des études courtes. 4. Qu’elle lise ou
b. « s’il y en a » (l. 5), « si je vends quelques tableaux »
qu’elle rêve, elle ne s’ennuie jamais.
(l. 7-8), « si les affaires reprennent » (l. 12). Et aussi
7. « que mon talent aille en croissant tout en étant
propositions si l’existence n’était que
rétribué » (l. 12-13).
indiquant la succession de ces moments
c. « en ce cas » (l. 5) : groupe nominal ; « selon mes
une simples et sereins s’il y avait
moyens » (l. 7) : groupe nominal.
condition toujours la belle lumière
d. Au cas où je vendrais quelques tableaux, j’irais
de septembre sur les falaises
l’été prochain me mettre à l’auberge.
de Cape Cod
12. 1. On t’écouterait si tu disais toujours la
propositions comme si on avait encore l’été
vérité. 2. Si les véhicules consommaient moins
indiquant (comparaison + condition)
de carburant, l’air serait plus propre. 3. Si j’avais
une comme si ce dimanche
su, je serais venu plus tôt. 4. L’équipe aurait
condition de septembre essayait,
gagné si les joueurs s’étaient mieux organisés.
cumulée d’une ultime tentative,
avec un de retenir l’été qui s’en va 13. Propositions introduites par si et exprimant
autre lien (comparaison + condition) une condition : « Si je fais bien attention » (v. 3),
logique « si j’arrêtais en moi le tumulte du temps » (v. 9), « si
je me faisais lisse et vide » (v. 10). Les autres propo-
sitions avec si expriment l’idée (ou lien logique)
8. 1. Au cas où tu voudrais me contacter, voici
de conséquence : « si […] que presque du silence »
mon adresse. 2. Tu ne seras pas en retard, à
(v. 5), « si […] qu’en se frottant les mains le criquet
condition que tu partes à l’instant même.
remplit tout l’espace » (l. 6-7).
3. Pour peu que l’équipe veuille bien s’en donner
la peine, elle réussira. 4. À supposer qu’on me
propose ce poste, je ne l’accepterais qu’à certaines
conditions. 5. En admettant qu’il soit présent,
il ne pourra rien faire. 6. Vous ne verrez rien du
spectacle, à moins que vous ne soyez au premier Leçon 29 p. 366
rang. 7. Pour peu que le train ait une minute de
retard, elle s’affole. 8. Quand bien même tu Réponses aux questions
serais libre, tu n’irais pas à cette réunion.
1. Les nymphéas sont comparés à des personnes :
9. 1. Au cas où vous perdriez vos papiers, faites « comme les belles personnes » (l. 3). La comparai-
très vite une déclaration à la police. 2. À condi- son porte sur ce que les nymphéas font : l’action
tion que tu t’équipes chaudement, tu pourras de se lever tard.
phrase 2, progression à thème constant : elle © c’ personnage (ici, l’âne) qu’à ce qu’il fait : suivre
(= une petite brunette, = elle) de la phrase 2 à la la route, avancer. Quant à la reprise par le mot
phrase 3, apparition d’un nouveau thème (il) qui « homme », elle ajoute au mystère car celui qui
ne correspond à rien dans la phrase précédente était désigné de façon anonyme (« son cavalier »)
de la phrase 3 à la phrase 4, progression linéaire : reste mystérieux. On ne sait toujours pas son nom,
une partie du propos de la phrase 3 devient le son prénom.
thème de la phrase 4 : elle -> elle de la phrase 4
2. Le lien entre les phrases 3 et 4 est assuré par la
à la phrase 5, progression à thème constant : elle
conjonction de coordination et. Ce mot sert à
© elle.
ajouter.
C’est donc la troisième phrase qui effectue une
rupture thématique. L’effet produit est un rappel :
le lecteur avait quelque peu oublié le personnage
Corrigé des exercices
apparu au début (« Comme il habitait les 1.
connecteurs alors enfin désormais
Batignolles »), le voici qui ressurgit au milieu d’un
temporels avant d’ soudain
paragraphe entièrement consacré à la jeune fille.
connecteurs cependant pour
5. 1. Plusieurs moyens sont utilisés pour rendre
plus sûres les autoroutes. Ces voies très fréquen-
logiques d’ailleurs pour
tées sont parfois surveillées par des hélicoptères.
2. Certaines personnes passent, chaque jour, plu- 2/a. donc : conséquence pour : but en
sieurs heures à jouer sur l’ordinateur. De tels excès revanche : opposition ni, ni : alternative
ont été condamnés par les médecins. 3. Tout le mais : opposition en cas de : condition
monde apprécie le cinéma. Cette invention est b. Les mots pour, ni, ni, mais assurent la cohérence
surtout due à des Français, les frères Lumière. des phrases car ils ont un rôle à l’intérieur des
phrases, ils relient des mots ou des groupes. Les
6. Modalités. On conseille aux élèves d’organiser mots et locutions donc, en revanche, en cas de
leur description et, dans ce but, on les renvoie à la assurent la cohérence du texte parce qu’ils per-
leçon 38, § 2, p. 397 du manuel, où ils trouveront mettent de relier la phrase à la précédente en indi-
notamment une liste de connecteurs spatiaux. On quant un lien logique.
peut demander aux élèves un texte d’une
vingtaine de lignes. Ils penseront à souligner le 3. 1. Cet homme vit une situation difficile mais il
passage qui, selon eux, suit une progression à fait tout pour s’en sortir. 2. Tout le monde a tel-
thème éclaté. lement besoin de toi ici qu’il faut que tu restes
Évaluation. On peut s’appuyer sur les critères près de nous. 3. Le téléphone portable est une
suivants : belle invention car il permet parfois de sauver des
– l’énonciation. Le texte est soit à la première per- vies, par exemple dernièrement une passagère pri-
sonne (Je distingue…) soit à la troisième, soit au sonnière de sa voiture a pu prévenir les secours.
présent (de préférence) soit au passé ; 4. Tu n’es pas très à l’aise en natation mais tu es
– la maîtrise de la description. La description est remarquable en athlétisme ! 5. Je lui aurais
organisée, on y repère effectivement un passage donné des conseils si elle me l’avait demandé.
suivant une progression à thème éclaté ; Remarque : on accepte les phrases qui conservent
– la qualité de la langue. La construction des la virgule sous réserve que le lien logique soit
phrases est correcte, l’orthographe convenable ; le cependant rendu bien explicite. Par exemple :
niveau de langue est courant ; Tout le monde a besoin de toi ici, il faut donc que
– l’effet produit : la description rend compte fidè- tu restes près de nous. Tu n’es pas très à l’aise
lement de l’image proposée. en natation, cependant tu es remarquable en
athlétisme !
4. 1. il (un pont) 2. quelques-uns (nos amis)
3. ceux-ci (plusieurs coureurs) 4. les, toutes
Leçon 31 p. 372 (trois revues de sport) 5. c, du béton coulé
autour d’une armature métallique (le béton armé) ;
Réponses aux questions ce procédé (le béton armé ou du béton coulé
autour d’une armature métallique).
1. Le mot « âne » est repris par le mot « il » (l. 1, 2).
Le mot « cavalier » est repris par le mot « homme » 5. 1. Mon cousin veut être pompier depuis qu’il
(l. 4). Ces reprises évitent bien sûr la répétition est tout petit, il a déjà sauvé deux vies. Une telle
pure et simple du premier mot. De plus, la reprise vocation suscite l’admiration de tous. 2. Elle a
par le pronom il donne moins d’importance au assuré haut et fort qu’elle se présenterait à l’élec-
tion des délégués. Cette déclaration a valeur qui est ce « monsieur » ? à quel jour précis l’ad-
d’engagement. 3. Le suspect a affirmé qu’il verbe « hier » fait-il allusion ? C’est précisément
avait laissé sécher son parapluie ; or, ce jour-là, il l’adverbe « hier » qui est utilisé, et non « la veille ».
faisait très beau. Une telle contradiction a tout de Il faudrait connaître la situation d’énonciation
suite intrigué les enquêteurs. 4. Les habitants du dans laquelle se trouve le personnage locuteur
quartier se sont révoltés contre la fermeture de pour comprendre exactement ce qu’il dit et à quoi
la bibliothèque. Cette protestation a fait grand il fait allusion. Le temps de base est le présent qui
bruit. 5. Il s’est mis à chanter à tue-tête pendant correspond au moment où le personnage parle, le
le récital de guitare. Cette provocation n’est pas présent d’énonciation : « je vous attends », « vous
passée inaperçue. 6. Elle avait deviné que le me semblez ».
contrôle d’histoire porterait sur la Seconde Guerre c. Énoncé coupé de la situation d’énonciation. Il y
mondiale. Une telle intuition n’est pas surprenante a quelques informations qui aident à comprendre
de sa part. 7. Nous avons soumis à l’assemblée l’énoncé : le personnage locuteur semble seul, il se
un projet qui permettrait d’économiser du papier. trouve sur une colline face à la mer. Et surtout : le
Cette proposition a été acceptée. temps de base est le passé simple.
2. 1. ce livre : renvoie à un mot du texte (« L’Ami
retrouvé »). 2. ce livre : renvoie à un élément
participant à la situation d’énonciation des interlo-
cuteurs 3. ce garçon-là : renvoie à un élément
Leçon 32 p. 374 participant à la situation d’énonciation des interlo-
Réponses aux questions cuteurs 4. cette époque : renvoie à un élément
du texte (« la Seconde Guerre mondiale ») 5. à
1. On ne connaît pas le mois exact où Gauguin a cette époque : renvoie à un élément participant
écrit sa lettre. Pour un tel type de renseignement, à la situation d’énonciation des interlocuteurs
l’indication « ce mois-ci » est insuffisante. On ne 6. celle-ci : renvoie à un élément participant à la
sait pas non plus où le peintre se trouve exacte- situation d’énonciation des interlocuteurs 7. cet
ment au moment où il rédige cette lettre : pour événement : renvoie à une indication du texte
cela, l’indication « ici » est insuffisante. On com- (« l’assassinat de l’archiduc d’Autriche François
prend seulement qu’il ne se trouve pas en France. Ferdinand ») 8. ces gens : renvoie à un élément
2/a. Pour ce qui se passe au moment même où participant à la situation d’énonciation des
il écrit, le peintre, qui apparaît ici en tant que interlocuteurs.
narrateur, emploie le présent, par exemple : « tu 3. Le texte combine deux systèmes d’énonciation :
n’aimes pas » : présent de l’indicatif, voix active ; – Il y a d’abord un énoncé ancré dans la situation
« je suis cloué » : présent de l’indicatif, voix passive ; d’énonciation (l. 1 à 5) : le temps de base est le
etc. présent qui correspond au moment où le narra-
Pour ce qui s’est passé avant, le narrateur emploie teur s’exprime (présent d’énonciation). L’énoncé
plusieurs temps : l’imparfait de l’indicatif : « je est directement rattaché au narrateur, au moment
comptais ». Pour ce qui va se passer après, il où il s’exprime.
emploie le futur simple de l’indicatif : « rentrerai ». – Il y a ensuite un énoncé coupé de la situation
3. Non, il n’y a aucun verbe au passé simple dans d’énonciation (l. 6 à 14) : le temps de base est
ce texte. alors le passé simple. L’histoire racontée est
comme détachée du reste.
Corrigé des exercices 4. Le texte combine deux systèmes d’énonciation :
1/a. Énoncé coupé de la situation d’énonciation. – Il y a un énoncé coupé de la situation d’énon-
Les informations données sont suffisantes pour que ciation, qui correspond ici à ce que raconte le
nous comprenions l’énoncé, l’histoire « Octave », narrateur. Celui-ci s’exprime certes à la première
« le lendemain, qui était un dimanche » ; c’est personne, mais le temps de base qu’il emploie est
l’adverbe « le lendemain » qui est utilisé, et non le passé simple : « je trouvai ». Ici, la situation
« demain ». Nous n’avons pas besoin de connaître d’énonciation est celle d’un narrateur qui raconte
la situation d’énonciation dans laquelle se trouve une histoire aux lecteurs.
le narrateur pour comprendre l’histoire qu’il – Il y a ensuite un énoncé ancré dans la situation
raconte. Le temps de base est le passé simple. d’énonciation des personnages, qui correspond au
b. Énoncé ancré dans la situation d’énonciation. passage dialogué. Dans ce dialogue, le temps de
Les informations données sont insuffisantes pour base est le présent d’énonciation, qui correspond
que nous comprenions la situation d’énonciation : au moment où les personnages se parlent.
D’ailleurs les pronoms de la première personne ne MME VIOLETTE. Il est revenu. Et c’est un véritable
renvoient pas exactement au même personnage monsieur, aujourd’hui. Il a des dents en or.
dans les deux systèmes d’énonciation : Montrez vos dents en or à Madame Victorine,
– dans l’énoncé coupé de la situation d’énoncia- mon cher enfant.
tion, le « je » renvoie au personnage qui est aussi le MME VICTORINE. Mais qui aurait pu croire à un tel
narrateur : « je trouvai », « je crus », etc. changement, quand ce petit garçon descendait la
– dans l’énoncé ancré dans la situation d’énoncia- boîte à ordures dans notre escalier ? Et il était tou-
tion, c’est-à-dire ici le dialogue, le « je » renvoie jours très poli. Voilà vraiment un événement qui
uniquement au personnage masculin qui s’adresse me dépasse.
au personnage féminin (« mademoiselle ») : « pardon,
2/a. C’est dans le second texte que le narrateur
lui dis-je ».
s’exprime de façon péjorative, ces indices, entre
autres, le prouvent : « singeait » (l. 3), « grossière-
ment » (l. 3), « grotesques » (l. 10), « ces gros corps
roses » (l. 11), « trop vertes » (l. 12).
Leçon 33 p. 376 b. Le narrateur s’exprime de façon méliorative
dans le premier texte. Ces indices, entre autres, le
Réponses aux questions prouvent : « une vraie gaieté » (l. 1), « de grands
arbres » (l. 5), « ombrages magnifiques » (l. 6), « un
1. Pour dire qu’il est obligé de rester là où il est,
coin de nature plus adorable » (l. 7-8), « une mer de
Gauguin emploie le verbe clouer : « je suis cloué
verdure » (l. 10), « une fertilité merveilleuse » (l. 11).
ici » (l. 4). Ce verbe n’est pas employé ici dans son
sens premier, son sens habituel : fixer quelque 3. Modalités. On conseille éventuellement aux
chose avec un clou. Il est employé au sens de élèves de se reporter aux leçons 40 et 41, pages
immobiliser. 406 et 408 du manuel, qui traitent des principaux
choix à effectuer pour élaborer un récit (entre
2. L’effet produit est une mise en valeur du mot,
autres les questions du point de vue narratif, des
d’habitude on met une majuscule au premier mot
temps verbaux). L’image est suffisamment riche
d’une phrase ou à un nom propre, ce n’est pas le
en informations (lieu, époque, moment, type et
cas ici. Cette mise en valeur par la majuscule est
relation des personnages, etc.) pour permettre un
un signe de respect.
récit développé, intégrant des dialogues et une
description de qualité.
Corrigé des exercices
1/a. Le registre de langue est ici familier. Plusieurs
indices le prouvent. La structure habituelle des
phrases n’est pas toujours respectée : « Qui qu’au- Leçon 34 p. 378
rait dit ça » (le qu’est inutile). Certains mots n’appar-
tiennent pas au vocabulaire commun : « dépousse » Réponses aux questions
est employé à la place de « dépasse ». Les mots ne 1. La personne interrogée n’est pas très sûre qu’il
sont pas souvent prononcés en entier : « vot’ grand n’existe pas d’autre forme de vie intelligente, dans
fils », « v’la », etc. sa réponse elle emploie l’adverbe « probablement »
b. Quand le registre de langue des personnages (l. 2).
est conservé dans un dialogue de roman ou dans
une pièce de théâtre, on peut deviner l’apparte-
2. Le verbe signifiant que celui qui s’exprime est
sûr de ce qu’il dit est « affirmer » (l. 4-5).
nance de ces personnages à telle ou telle classe
sociale, on peut se rendre compte de la richesse ou
de la pauvreté de leur vocabulaire, on peut juger
Corrigé des exercices
des régionalismes ou particularités de prononcia- 1.
tion liées à une famille, un groupe, une région. On
peut également se rendre compte de défauts de mots et expressions affirment il n’est pas
prononciation. Les registres de langue participent exprimant douteux réellement
à la caractérisation des personnages, c’est-à-dire la certitude
qu’ils mettent en relief ce que tel ou tel personnage
a de particulier, ce qui le rend reconnaissable. En mots et expressions il paraît on pourrait
cela, le registre de langue peut être une ressource indiquant éventuellement il n’est
comique, créer un effet humoristique. l’incertitude pas du tout sûr d’après
c. MME VICTORINE. Ce garçon-là est votre grand les derniers sondages,
fils ? Je le croyais parti ! arriverait
2. 1. doit : incertitude, probabilité 2. devez : plus précisément, il n’insiste pas sur le biologiste
sens habituel (avoir l’obligation de) 3. peuvent : russe Oparine.
sens habituel (ont la possibilité de) 4. peuvent : b. C’est en 1924 que le biologiste russe Oparine
probabilité 5. peut : sens habituel (avoir la apporta les premiers éléments de réponse.
possibilité de, être capable de) 6. pourront :
2/a. Le groupe nominal placé au début de la der-
probabilité (= seront peut-être) 7. doit : incerti-
nière phrase exerce la fonction de complément
tude, probabilité 8. doivent : sens habituel (ont
circonstanciel de temps (du verbe montra).
l’obligation de).
b. Ce groupe aurait pu être placé ailleurs dans la
3. mots et expressions il est juste comme c’est phrase, par exemple : Le biochimiste anglais
indiquant amusant il est tout Haldane montra en effet, cinq ans plus tard, com-
des jugements à fait normal j’estime ment les « briques » de la vie […] avaient pu survivre
en l’absence d’oxygène dans les océans primitifs.
mots et expressions il est scandaleux L’effet produit par la place en tête de phrase de ce
exprimant je n’aurais jamais cru groupe nominal complément de temps est sa mise
des sentiments vraiment splendide en valeur ; le narrateur accorde la plus grande
il est doux importance à cette information concernant la date
de l’événement.
4/a. La principale information donnée dans le
dialogue est la suivante : il y a un rôdeur sur la Corrigé des exercices (p. 381)
colline. C’est David qui la donne.
1. 1. présentatif (c’est… qui) ; le mot ami est mis
b. Cette information est présentée comme non
en relief 2. détachement du complément d’ob-
sûre, seulement probable. Les mots et expressions
jet direct, avec rappel par un pronom (l’) ; c’est le
qui expriment cette incertitude sont « il paraît »,
mot mot qui est mis en relief 3. présentatif (il y
« d’après ce qu’on dit », « peut-être », « allez donc
a… que) ; le groupe nominal plusieurs questions est
vous y fier ».
mis en relief 4. présentatif (c’est… que) ; le
c. L’effet produit par cette information sur les
spectateurs de cette scène de théâtre, c’est un groupe nominal ce vieux dictionnaire est mis en
effet d’attente (communément appelé suspense). relief 5. détachement renforcé par la formule
Ce rôdeur existe-t-il ? Va-t-il se manifester ? quant à ; le groupe nominal cet ouvrage nouveau
L’incertitude installe le spectateur dans l’expecta- est mis en relief 6. déplacement en tête de
tive et la crainte. phrase du groupe qui exerce la fonction de
complément de temps ; c’est le groupe nominal
5. 1. Le collège organisera peut-être un voyage tous les soirs qui est mis en relief 7. détachement
en Italie (adverbe peut-être). 2. Il y aurait de la du sujet avec rappel par un pronom (elle) ; c’est le
vie sur d’autres planètes que la Terre (mode condi- groupe cette candidate qui est mis en relief
tionnel : il y aurait). 3. Je passerai sans doute 8. déplacement d’un mot (l’attribut du sujet est
vous voir ce soir (sans doute : expression toute placé en tête de phrase) ; c’est le mot rares qui est
faite). 4. Il est possible que ma sœur participe mis en relief 9. détachement renforcé par la
bientôt à un casting (verbe impersonnel : il est pos- formule en ce qui concerne ; c’est le groupe les
sible). 5. D’après ce qu’on dit, un mur d’esca- questions posées qui est mis en relief 10. dépla-
lade sera construit dans notre quartier au début de cement en tête de phrase du groupe qui exerce la
l’année prochaine (une expression toute faite : fonction de complément de but ; c’est le groupe
d’après ce qu’on dit). 6. Le livre que je viens pour ce jeu qui est mis en relief.
d’emprunter à la bibliothèque est certainement
trop difficile pour moi (adverbe certainement). 2. 1. C’est l’été qu’elle préfère (formule présen-
7. Vu ses résultats, il est probable que notre équipe tative c’est… que). 2. Sa montre, il l’a perdue
soit championne du monde (une expression toute en courant (détachement, avec rappel par un pro-
faite : vu ses résultats). nom). 3. C’est en courant qu’il a perdu sa
montre (formule présentative c’est… que). 4. Ce
film, je l’ai déjà vu trois fois (détachement avec
Leçon 35 p. 380 rappel par un pronom). 5. Quant à moi, j’ai déjà
vu ce film trois fois (détachement, renforcé avec la
Réponses aux questions formule quant à). 6. Il s’est jeté à l’eau pour sau-
1/a. Le biologiste russe Oparine apporta, en 1924, ver quelqu’un de la noyade, sans hésitation
les premiers éléments de réponse : L’effet produit est (déplacement d’un groupe). 7. C’est pour
que le narrateur n’accorde aucune importance sauver quelqu’un de la noyade qu’il s’est jeté à
particulière à un des éléments de la phrase, et, l’eau sans hésitation (formule présentative c’est…
que). 8. Mon frère admire beaucoup ce coureur Dans ce passage, le sentiment dominant est le
automobile, c’est à lui qu’il aimerait ressembler bonheur. En effet les deux personnages s’avouent
(formule présentative c’est… que). 9. Ma sœur eux-mêmes « heureux ». Ce sentiment est surtout
apprécie énormément cette jeune actrice, c’est à dû au plaisir profond d’être dans la nature, où
elle qu’elle aimerait ressembler (formule présen- « tout est admirable ». Il est dû aussi au fait de se
tative c’est… que). sentir bien sur les bicyclettes, bien en accord avec
elles : « Elles ne font que prolonger nos membres et
3. 1. Elle est très joyeuse quand arrive le soir.
qu’épanouir notre force ».
2. Jérémie a déjà des idées pour son orientation
en fin de 3e ; quant à sa sœur, elle hésite encore.
3. Venez à mon anniversaire samedi dans quinze Réponses aux questions (p. 382)
jours, quant à l’heure, je vous la préciserai plus
1. Le soleil est comparé à un poids : « comme un
tard. 4. Elle s’apprêtait à partir quand, à huit
poids sombre » (v. 4).
heures, quelqu’un frappa à la porte. 5. Il est
tombé dans une flaque de boue ! Le pantalon est 2. Dans le vers 4, les mots « sombre » et « soleil »
sale, quant au tee-shirt, il est irrécupérable. s’opposent ; le premier signifie absence de
6. J’aime quand, au coucher du soleil, il ne reste lumière, et le second renvoie à une forte lumière.
qu’une petite lueur rouge. 7. Je lis actuellement
3. Les verbes « écoutent » (v. 5) et « respirent »
des poèmes, quant aux romans, je les garde pour
(v. 6) font croire que les déserts sont des per-
les vacances.
sonnes. L’intérêt de ce procédé est de présenter la
4. Dans ce texte, le procédé de mise en relief est nature comme un être vivant.
l’emploi d’un présentatif : voilà… qui. Sans présen-
4. L’expression « ce promeneur démesuré » désigne
tatif, la fin de la dernière phrase serait est la
le lion. Elle met en valeur la tranquillité de l’animal
manière de vivre le plus de mon goût.
(il semble se promener quand il se déplace) et sa
On peut facilement imiter ces phrases, par
puissance tellement plus grande que celle des
exemple : J’aime me retrouver avec mes amis, et
autres animaux (« démesuré »).
quand j’en ai envie. La vie qui accorde une grande
place à l’amitié est celle que je préfère. Faire des pro-
menades avec mes amis, aller chez eux, les inviter Corrigé des exercices (p. 383)
chez moi, rire ensemble, voilà de toutes les manières 1/a. Une tranchée : long fossé creusé non loin
de vivre celle qui est le plus à mon goût. des lignes ennemies où les soldats se tenaient à
5/a. « c’est la nôtre qui tourne » (l. 17-18) : couvert (pendant la Première Guerre mondiale
formule présentative c’est… qui. « Je les aime, surtout) lunatique : qui change souvent d’hu-
ces machines » (l. 23) : détachement, annoncé par meur, capricieux.
un pronom. b. une comparaison : « on eût dit une ménagère
b. Mots et expressions indiquant de la certitude : lunatique » (l. 5) ; une gradation : « s’éveilla, gros-
« c’est vrai » (l. 3), « je ne crois pas qu’il y ait » sit, roula » (l. 8) ; deux personnifications : « la nuit
(l. 17) Mots et expressions indiquant de l’incer- aux aguets écoutait la tranchée » (l. 1), « une
titude : « il semble » (l. 3), « je devais déjà » (l. 10), mitrailleuse tirait […] sans colère » (l. 4-5).
« quelque autre route » (l. 15), « on ne sait pas »
2. 1. comme un poisson dans l’eau : comparai-
(l. 29), « certainement » (l. 30).
son 2. de plomb : métaphore 3. la capitale de
c. Les mots et expressions qui indiquent que les
l’Italie : périphrase 4. tout Victor Hugo : méto-
personnages expriment des jugements sont : « ça
nymie 5. des jeunes, des vieux, un monde fou,
ressemble au bruit » (l. 7-8), « bêtement » (l. 24),
toute la ville : gradation (on accepte accumulation
« je nous trouve puissants » (l. 28), « elles sont
ou énumération) 6. le ballon ovale, le ballon
certainement très loin » (l. 29-30).
rond : métonymies 7. Paris s’est fait belle : per-
Et ceux qui indiquent que les personnages expri-
sonnification 8. Paris, Moscou : métonymies
ment des sentiments : « on est mieux » (l. 2), « je
(Paris = le gouvernement de la France, Moscou =
suis heureux » (l. 21), « tout est admirable » (l. 21),
le gouvernement de la Russie).
« je les aime, ces machines » (l. 23), « moi aussi je
suis heureux » (l. 28). 3/a. l’île d’Amour, l’île de Beauté : périphrases
L’expression « Quel drôle de bruit ! » (l. 11) exprime b. la Bouteille : personnification
à la fois un jugement (le bruit est jugé « drôle ») et ce fragile verre : périphrase
un sentiment (l’étonnement, grâce à l’exclama- c. Comment font-ils/Comment font-ils/Comment
tion). De même l’expression « Si haut perché ! » font-ils : anaphore
(l. 11). Est-ce qu’ils/Est-ce qu’il : anaphore
leurs livres, leurs cahiers, leurs gommes, leurs sur ce fleuve (« solitude aquatique ») et dans ces
buvards, leurs affaires : accumulation forêts (« profondeur sylvestre »). Il y a en effet de
bien coiffés, bien propres, bien habillés : anaphore et nombreux éléments de tout genre qui dégagent
accumulation une impression de vie foisonnante, luxuriante. Ces
d. s’est levé/comme un taureau fouetté d’herbes/son accumulations illustrent l’adjectif « monstrueux »
dos musculeux/il a sauté/il s’est mis en marche : qui apparaît au début du texte, elles montrent que
métaphore filée l’univers des forêts vierges est monstrueux, c’est-à-
dire que tout y prend des proportions inhabituelles.
4. le voyage fut une fête : métaphore
Remarque : on aura au préalable procédé à des
comparé outil de comparant point éclaircissements de vocabulaire, entre autres les
comparaison commun
le voyage – une fête la joie mots ci-après. sylvestre : qui se rapporte aux
forêts, aux bois. une chaloupe : une petite
flamboyant : métaphore embarcation. des fourrés : des endroits touffus,
comparé outil de comparant point épais, dans un bois. les frondaisons : les
comparaison commun feuillages des arbres. une nymphe : ici,
le soleil – des flammes la couleur deuxième état larvaire des insectes qui se méta-
rouge
morphosent. l’étoupe : la partie la plus gros-
s’embrasaient : métaphore sière de la filasse (ce qu’on file) de chanvre ou de
comparé outil de comparant point
lin. arborescent : qui ressemble à un arbre.
comparaison commun glauque : de couleur vert bleuâtre.
les flots – des braises la couleur
chaudes rouge
3/a. 1. Après son tête-à-queue, le pilote a avoué n’était rien. Sa mère s’exclama alors qu’il se moquait
que, cette fois, il avait vraiment eu chaud. d’elle, que tout ce qu’elle voyait n’était pas une illu-
2. Tout le monde se demande s’il sera possible sion d’optique. Elle ajouta que parfois elle se disait
d’aller un jour sur la planète Mars. 3. Le pauvre que son fils ne vivait pas là mais qu’il y campait, que
homme s’exclama qu’il ne savait pas ce qu’il allait c’était bien là ce qu’il faisait : il campait.
devenir. 4. Julie répéta plusieurs fois aux 4/a. On laissera les élèves exprimer leur avis, qu’ils
garçons que ce n’était pas drôle d’être avec eux. justifieront par un argument au moins. On peut
5. Julie confia à ses amies qu’elle aurait bien aimé remarquer que la longueur de ce dialogue favorise
se promener avec elles la veille au soir. l’effet de réel, la vraisemblance ; cette longueur
6. L’explorateur annonce qu’il repartira dès évoque la longueur des disputes véritables.
demain en Amazonie. 7. L’explorateur précisa b. Les paroles rapportées directement permettent
qu’il serait déjà dans l’avion le lendemain matin. toujours au lecteur, et c’est particulièrement le cas
8. impossible. ici, de se représenter les personnages, elles partici-
b. Les changements portent sur : pent à la caractérisation des personnages. Les
– la structure de la phrase, qui devient complexe, paroles rapportées directement font entendre les
avec proposition subordonnée ; personnages : longueur ou brièveté des répliques,
– la ponctuation : les signes de ponctuation qui hésitations, questions (phrases interrogatives) ou
délimitaient les paroles rapportées directement réactions vives (phrases exclamatives). On peut
(deux points, guillemets) disparaissent ; deviner les relations entre personnages, leur âge et
– les temps des verbes, qui changent en fonction leur appartenance sociale grâce au ton, à la pro-
du verbe (temps, mode) de la proposition principale ; nonciation, au registre de langue, au vocabulaire
– les mots qui se rapportent aux personnes, au lieu restreint ou développé, etc. Les paroles rapportées
et au temps : ils changent en fonction de la situa- directement donnent ici au lecteur l’impression
tion d’énonciation ; d’assister sur le vif à la dispute.
– les marques d’oralité, qui disparaissent.
c. La phrase 3 est très difficile à transposer (on 6/a. Paroles rapportées directement : « Hélène, tu
peut le faire en ajoutant par exemple un verbe) car as l’air d’une gitane ! » (l. 4), « Estrellita, petite
elle comporte des marques d’oralité. La phrase 8 étoile » (l. 5-6). Paroles rapportées indirectement :
est impossible à transformer car les paroles se « qu’il y avait des loups dans la forêt en hiver, et que
réduisent à un seul mot, qui est un nom commun ; si on écoutait la nuit, on pouvait les entendre hurler,
on ne peut donc, en l’état, obtenir de proposition très loin » (l. 11-13)
subordonnée. b. Modalités. Pour l’écriture d’une suite de récit,
on conseille aux élèves de se reporter aux conseils
4/a. et b. Par exemple : Franck Esposito s’exclame figurant à la page 52 du manuel.
qu’un nageur voit tout et entend tout dans le bassin Évaluation. On prendra surtout en compte les
quand il nage en brasse, en crawl ou en papillon, sur- critères suivants :
tout s’il se trouve au milieu des lignes. Il précise qu’il – l’énonciation : le récit conserve le même narra-
ne voit pas les gens au bord du bassin mais qu’il les teur (extérieur à l’histoire) et le même temps de
entend crier. Roxana Maracineanu répond qu’elle, base (passé) ;
nageant de dos, ne voit presque rien. Et elle ajoute – la cohérence du récit : la suite tient compte des
qu’elle n’entend guère plus. Elle fait remarquer informations contenues dans le texte de départ
qu’elle ne se rend pas compte de ce qui se passe (cadre spatio-temporel, personnages, action) ;
autour du bassin, surtout qu’elle n’a pas encore – la qualité de la langue : la construction des
déclenché le délire des spectateurs en battant des phrases, la ponctuation (surtout dans les paroles
records comme Franck a pu le faire. rapportées directement) et l’orthographe sont
correctes, les verbes de parole variés, le registre de
5/1. « c’est quoi ? » (l. 1), « tout ce bazar » (l. 3), langue est courant ;
« sans frapper, style “Ouragan sur ma chambre“ » – l’effet produit : le récit est vivant grâce aux
(l. 12-13). paroles rapportées à bon escient, directement et
2. « c’est rien … » (l. 2) : les points de suspension indirectement.
indiquent une “ suspension “ de la voix, un court
silence ; « baoum » (l. 13) : emploi d’une onoma- 7. Modalités. Pour l’écriture du récit, on conseille
topée ; « t’es pas obligée, tu sais » (l. 25) : suppres- aux élèves de se reporter aux leçons 40 (p. 406)
sion d’une voyelle finale (le u de tu), et oubli de la et 41 (p. 408) : on y traite la question des diffé-
première partie de la négation (ne). rents choix nécessaires (narrateur, point de vue,
3. Par exemple : Sa mère voulait savoir ce qu’étaient combinaison des formes de discours, temps). Pour
ces taches, sur la moquette. Fabrice répondit que ce ce qui concerne précisément les formes de dis-
cours, on préconise un équilibre entre la narration Corrigé des exercices (p. 389)
et la description, auxquelles viendront s’ajouter les
1. 1. pas de style indirect libre 2. pas de style
passages rapportant les paroles des personnages.
indirect libre 3. Le jeune homme annonça ses
Ces passages ne devraient pas occuper plus de la bonnes résolutions. Il allait désormais conduire
moitié du texte faute d’induire une lecture fasti- moins vite. Il ferait attention. 4. pas de style
dieuse. La scène représentée par l’image peut se indirect libre 5. pas de style indirect libre
situer au début de l’histoire (situation initiale), à la 6. Cette jeune championne a vu ses résultats
fin de l’histoire (situation finale), ou au cours de baisser cette saison. Elle est consciente du pro-
l’histoire (en tant que péripétie). blème. Elle va mieux s’entraîner. On entendra
Évaluation. On prend particulièrement en compte parler d’elle.
les points suivants :
– l’énonciation. Le texte est soit à la première soit
2/1/a. La phrase en italique (« Il leur dit […] pour
Mars ») contient effectivement trois propositions
à la troisième personne. Le temps de base est soit
subordonnées conjonctives dont la fonction est
le présent (d’énonciation, de narration), soit le
complément d’objet du verbe principal. Quant
passé simple, et les temps verbaux sont employés
au passage en gras (« N’était-il pas né […] pour
en conséquence ;
Mars »), il n’en contient pas.
– l’organisation du récit. Le cadre spatio-temporel b. Dans la phrase en italique, les paroles sont rap-
est repérable au fil du récit (lieux, moments). Les portées indirectement : les paroles figurent à la
personnages sont caractérisés, typiques et recon- troisième personne, dans des propositions subor-
naissables. La narration et la description sont déve- données (conjonctives). Dans le passage en gras,
loppées. Les paroles sont rapportées directement les paroles sont rapportées au style (ou discours)
et indirectement ; elles aident à caractériser les indirect libre : les paroles ne sont pas rapportées
personnages et à faire avancer l’histoire (absence dans des propositions subordonnées mais dans
de banalités) ; des phrases interrogatives ; cependant ce n’est pas
– la qualité de la langue. La construction des le personnage lui-même qui les prononce, il y a un
phrases est correcte, la ponctuation adéquate (sur- narrateur qui les écrit à la troisième personne.
tout dans les passages dialogués). L’orthographe 2/a. Il leur dit : « Je suis contribuable, je m’appelle
est convenable. Le registre de langue est courant Pritchard et j’ai le droit de partir pour Mars ».
(celui du narrateur et aussi celui des personnages) ; « D’ici deux ans, une vaste guerre atomique se
quelques familiarités sont permises si elles partici- déclenchera et je ne veux pas être là quand elle
pent à la caractérisation des personnages (expres- éclatera. »
sion de la colère, par exemple) ; b. Les changements effectués sont :
– l’effet produit. Le lecteur a réellement l’impression – les propositions subordonnées ont disparu,
de lire un roman d’aventures ou d’espionnage. – les temps des verbes s’organisent autour du pré-
sent (de l’indicatif, du conditionnel),
Réponses aux questions (p. 388) – les pronoms personnels sont ceux de la première
personne,
1. Une parole rapportée directement : « Vous – les signes de ponctuation indiquant les paroles
n’en vendrez pas une dans ce pays d’arriérés. Vous sont apparus : deux points, guillemets.
perdez votre temps. » Une parole rapportée indi- 3/a. Par exemple : « et leur dit qu’il voulait quitter
rectement : « Le garagiste […] déclara qu’à son avis la Terre » (l. 9-10).
on n’avait pas besoin de bicyclette pour faire le tour b. Par exemple : « D’ici deux ans une vaste guerre
de six pâtés de maisons. » atomique se déclencherait […] quand elle éclaterait »
(l. 11-13).
2. Dans le passage en gras, les verbes sont à 4. Rapporter dans un même texte les paroles d’un
l’imparfait (« désirait », « avait ») et au présent du personnage par des moyens grammaticaux diffé-
conditionnel (« rapporterait ») ici employé avec sa rents donne de la variété au style. Tout rapporter
valeur de futur du passé. de manière directe ou indirecte ennuierait le lec-
3. Non, dans ce passage le narrateur n’emploie teur. De plus, cet usage de moyens divers permet
pas de proposition subordonnée pour rapporter de ne pas placer toutes les paroles sur le même
des paroles. plan, de donner plus d’importance ou de relief à
certaines. Les paroles rapportées directement per-
4. « Je désire louer une bicyclette pour la journée – mettent au lecteur de se représenter le person-
une bonne bicyclette. Je la rapporterai dès quatre nage locuteur, sa façon de parler ; en revanche
heures de l’après-midi, avant le départ du vapeur, car elles ne sont pas exemptes de banalités, d’hésita-
je n’ai pas l’intention de rester jusqu’à vendredi ». tions, de longueurs et leur lecture peut devenir
fastidieuse. Les paroles rapportées indirectement 4. Le but principal de ce texte est de raconter : le
sont intégrées au reste de la phrase, elles rappor- narrateur rapporte des événements, surtout ici les
tent l’essentiel des propos du personnage et actions faites par le personnage principal. Il y a
aident à la compréhension de l’histoire ; la phrase dans ce texte quelques notations descriptives,
s’en trouve plus courte et le rythme du récit est mais elles sont peu nombreuses.
accéléré. Les paroles rapportées au style indirect
libre permettent au lecteur de participer davan-
tage à la vie intérieure du personnage, car elles Corrigé des exercices (p. 392)
nous communiquent ses pensées, ses interroga-
1. 1.
tions, elles favorisent le point de vue interne.
sera revenu prendra ira
5. Dans la dernière phrase, pour rapporter des
paroles, le narrateur emploie le style (ou discours) 2.
indirect. En effet les paroles ne figurent pas dans ont téléphoné annonce
une proposition subordonnée complément du était
verbe dire, et elles sont à la troisième personne.
6/a. Les personnages qui prennent la parole sont
2.
était serait parti rentrerait
madame Bovary et M. Lheureux, un marchand. Le
disait
narrateur a surtout rapporté directement les
paroles de madame Bovary : ce sont les paroles de 3. Le passage qui effectue un retour en arrière dans
ce personnage qui occupent le plus de place dans ce récit est celui qui va de la ligne 17 (« Il me revint
le texte. C’est madame Bovary qui domine dans ce subitement en mémoire ») à la ligne 23 (« lui deman-
passage : elle fait les demandes, donne des ordres dant humblement le passage sur son royaume »).
et passe des commandes.
b. Le marchand se mit à crier : « Vous avez tort ; 4/a. Ce texte est un récit car un narrateur rap-
nous nous connaissons : est-ce que je doute de porte une histoire : une suite d’événements.
vous ? Quel enfantillage ! » Pour rapporter ici les b. Le narrateur est l’un des personnages : c’est
paroles du marchand, le narrateur a d’abord lui l’élève qui a gagné une bourse d’études aux
employé le discours (ou style) indirect, puis le dis- États-Unis. Le récit est effectué par lui, à la pre-
cours (ou style) indirect libre. mière personne.
c. Pour imiter un véritable dialogue oral, le narra- c. Entre le moment où s’est passée cette scène et
teur a rapporté des phrases de longueurs diverses : le moment où le narrateur la raconte, il s’est
courtes, moyennes, longues. Il a reproduit des écoulé trente ans ; c’est l’expression « trente ans
structures de phrases hachées, disloquées : « Non ! plus tard » (l. 10-11) qui le signale.
mais… n’importe, je compte sur vous, n’est-ce pas ? d. L’expression qui signale une ellipse est « long-
et vivement ! » Il a conservé des marques d’oralité, temps après » (l. 23). Il y a une ellipse à ce
telles les hésitations : « Il me faudrait encore, reprit- moment-là du récit car il ne s’est rien passé d’inté-
elle, une caisse…, pas trop lourde…, commode. » ressant pour l’histoire entre le moment où le
narrateur, dans sa classe, a levé la main pour avoir
la bourse d’études aux États-Unis, et le moment
où, chez lui, est arrivée une enveloppe contenant
Leçon 37 p. 390 la réponse.
e. Le passage qui effectue une anticipation va de la
Réponses aux questions ligne 4 à la ligne 36. L’expression « quelques mois
1/a. Arsène met la main sur un serpent, Arsène plus tard » indique qu’il y a ici une anticipation.
aperçoit une vipère, Arsène sent son cœur se Cette anticipation crée un effet d’attente (commu-
serrer, Arsène bondit. nément appelé suspense) : le lecteur aimerait
b. Le récit ne suit pas l’ordre chronologique : c’est savoir ce qui va se passer après, le voyage sur le
quand il était enfant qu’Arsène a mis la main sur paquebot et les aventures du narrateur en
un serpent, bien avant le jour où il a aperçu une Amérique. Le lecteur est informé qu’il y a une
vipère alors qu’il fauchait. Or cette action qui s’est suite, mais on ne lui donne aucun détail sur cette
passée bien avant les autres n’est pas rapportée suite, il reste sur sa faim.
avant les autres. f. La description qui effectue une pause dans le
récit est celle de l’enveloppe reçue (l. 23-30).
2. « Vers huit heures du matin » (l. 1).
Cette pause rend encore plus intense l’effet d’at-
3. C’est la conjonction de subordination lorsque tente (elle accroît le suspense). De plus, elle
qui est utilisée trois fois (l. 1-2, 4, 12) pour intro- accorde de l’importance à l’objet qui va changer la
duire une proposition subordonnée de temps. vie du narrateur.
5/a. et b. Les connecteurs qui ont dû être entou- 3. Le temps qui n’est employé que dans le pre-
rés par les élèves sont ici en gras. Le connecteur mier texte d’observation est le passé simple :
qui a dû être surligné figure ici en gras souligné. « aperçut », « se serra », « fit », etc.
« tant qu’» (l. 1) : conjonction de subordination
« Une nouvelle fois » (l. 2-3) : groupe nominal Corrigé des exercices (p. 395)
« pendant » (l. 4) : « puis » (l. 4) : adverbe
1. Monsieur Sumard continua sans plus attendre
« avant de (l. 6) : locution prépositive (on accepte
les travaux qu’il effectuait pour mes parents. Ils lui
préposition) « en » (l. 8) : préposition
avaient demandé de repeindre le hall et la cuisine.
« Lorsqu’ » (l. 9) : conjonction de subordination
Une fois qu’il eut bien préparé son matériel, il se
« puis » (l. 16) : adverbe « après » (l. 19) :
mit au travail en sifflotant. Il nous assura qu’il
préposition. aurait terminé en fin de matinée. Si vraiment il
6. 1. J’ai l’impression qu’en ce moment quel- n’avait pas fini, il reviendrait dès le début de
qu’un me regarde. 2. Le lundi, mon petit frère l’après-midi.
annonça qu’il ne mangerait plus de chewing-gum, Les temps utilisés sont :
mais quelques jours plus tard, il n’y pensait plus. – l’imparfait (« effectuait », « avait »). Ce temps
3. Boris partit étudier aux États-Unis en 2000 et sert ici à indiquer des actions passées d’aspect non
l’année suivante il fut admis dans une grande borné, c’est-à-dire non limitées dans le temps ;
université. 4. Nous avons appris son succès il y – le plus-que-parfait (« avaient demandé », « avait
a huit jours (on accepte une semaine auparavant, fini »). Il indique une action antérieure à une autre
cela dépend du contexte). action passée, avec l’aspect accompli (surtout
Énoncés ancrés dans la situation d’énonciation : pour « avait fini ») ;
phrases 1, 4. – le passé antérieur (« eut préparé »). Il indique une
Énoncés coupés de la situation d’énonciation : action antérieure à une autre action passée, et
phrases 2, 3. l’aspect accompli ;
– le passé du conditionnel (« aurait terminé »). Il
7/a. est employé ici avec valeur de futur antérieur du
était venu secoua allait sortir aperçut passé et avec l’aspect accompli ;
b. Phrase indiquant un retour en arrière : « Deux – le présent du conditionnel (« reviendrait »). Il est
jours auparavant, il avait déjà vu ces livres, mais il employé ici avec valeur de futur du passé.
n’avait pas approché » (l. 4-5). Remarque : les verbes de la phrase soulignée peu-
c. Deux conjonctions de subordination servant de vent être au plus-que-parfait et à l’imparfait si l’on
connecteurs temporels : « lorsqu’ » (l. 6), « quand » veut indiquer que l’action se répète : Une fois qu’il
(l. 9). avait bien préparé son matériel, il se mettait au
8. Modalités. Il s’agit de raconter une histoire en travail en sifflotant.
donnant de l’importance aux faits et événements, 2/a. Je comprends assez vite qu’il ne reviendra
donc de privilégier l’action, ce qui entraînera l’em- jamais.
ploi fréquent de connecteurs temporels. On peut Dans la phrase de l’auteur, les temps des verbes
demander aux élèves d’entourer ou souligner ces sont le passé simple (« compris ») et le présent
connecteurs dans leur texte. du conditionnel avec valeur de futur du passé
Évaluation. Aux critères figurant en bas de la page (« reviendrait »).
393, on peut en ajouter un portant sur l’effet pro- b. Dans le premier cas, « allai » est au passé simple
duit : le récit est clair et agréable à lire, et ceci sur- car l’action est ici unique, le narrateur raconte la
tout grâce à l’emploi judicieux de connecteurs première fois où il a lancé son boomerang. De plus
temporels variés. l’aspect est borné : il s’agit d’un jour déterminé,
l’action est peut-être longue ou brève, mais elle
est limitée dans le temps (on aurait pu dire quand
Réponses aux questions (p. 394) elle a commencé, et quand elle a fini).
À la ligne 3, « j’allais » est à l’imparfait. Il ne s’agit
1. Le verbe qui correspond au moment même
plus d’une action unique (le premier jour, le pre-
où l’auteur rédige sa lettre est « je reviens [vous
mier lancement), mais de toutes celles qui ont
écrire] ». Il est au présent de l’indicatif.
suivi ; le narrateur évoque les quelques fois où il a
2. Les actions qui ont précédé le moment où lancé son boomerang. Cet imparfait exprime la
l’auteur écrit sont revoir la mer (l. 1), la mer appa- répétition d’actions.
raître, courir (l. 5), se baigner (l. 6). Les verbes qui c. Les trois verbes conjugués dans cette phrase
indiquent ces actions sont au passé composé de sont « j’étais retourné », « tomba », « se retrouva ».
l’indicatif. C’est l’action de retourner qui est antérieure aux
f. L’impression générale produite par cette des- 5. Modalités. Pour toutes les questions qui
cription est celle de la force de l’eau et d’une vie concernent le récit dans son ensemble, et pas seu-
naturelle grouillante. La pluie, l’abondance d’hu- lement les passages descriptifs, on conseille aux
midité redonnent vie aux animaux, qui se sentent élèves de se reporter aux leçons 40, p. 406 et 41,
à l’aise dans de telles conditions météorologiques : p. 408. On y traite notamment les questions du
« d’innombrables petites bêtes » (l. 8), « une choix du narrateur, du choix du point de vue, de
couleuvre se frottait contre une pierre luisante » la combinaison des formes de discours. Le récit
(l. 9-10), « de grosses grenouilles jaunes […] l’espoir demandé accordera une grande importance aux
de trouver l’âme sœur » (l. 10-12), « une mangouste passages descriptifs, décor et personnage. Ces
trempée traversa comme une flèche » (l. 12-13). passages descriptifs, courts ou longs, peuvent être
g. Par exemple : Le soleil brillait le jour où Rahel le fait du narrateur, ils peuvent également figurer
revint à Ayemenem. Les rayons ardents du soleil frap- dans les paroles d’un personnage.
paient la terre, qui se craquelait comme une vieille Évaluation. On peut prendre en compte les points
carapace. La maison portait son toit pentu enfoncé suivants :
jusqu’aux yeux. La sécheresse faisait se fissurer les – l’énonciation. Le récit est rédigé soit à la pre-
murs où se projetait l’ombre des arbres. Le jardin mière soit à la troisième personne. Le temps de
brûlé restait silencieux. Les couleuvres se cachaient base est soit le présent (d’énonciation ou de narra-
dans les fourrés pour chercher un peu de fraîcheur tion), soit le passé simple, et les temps verbaux
sinon d’humidité. Les grosses grenouilles jaunes se sont employés en conséquence ;
réfugiaient dans les rares trous d’eau au fond de la – la maîtrise du récit. La situation est bien prise en
mare et ne pensaient plus à trouver l’âme sœur. On compte dans l’histoire racontée : le cadre spatio-
apercevait une mangouste immobile, au fond de temporel est en accord avec ce que l’image repré-
l’allée, sous un tas de feuilles sèches. sente. La description est développée au fil du récit :
notations descriptives, passages descriptifs courts
3/a. C’est le troisième paragraphe qui est consa- ou longs. D’autres personnages peuvent inter-
cré à la description physique du personnage : venir, en cohérence avec l’histoire ;
« son mètre soixante-quatorze » (l. 13), « son nez – la maîtrise de la langue. La construction des
légèrement busqué, ses lèvres pleines » (l. 14), etc. phrases est correcte ainsi que l’orthographe. Le
L’impression d’ensemble est placée à la fin de registre de langue est courant. Les mots (noms et
ce troisième paragraphe : « […] donnaient à sa adjectifs surtout) sont précis et adéquats. Les
physionomie noblesse et générosité » (l. 15-16). moyens pour décrire sont variés : attributs, appo-
b. Les deux autres paragraphes tracent le portrait sitions, expansions du nom, figures de style ;
moral du personnage : ses dons, ses aptitudes, ses – l’effet produit. L’atmosphère du récit est fidèle à
habitudes : « le vieux Joseph était le meilleur conteur celle que dégage l’image. Les champs lexicaux de la
de la région » (l. 2-3), « il excellait aussi dans le lumière et des objets sont exploités à bon escient.
chant, dans la danse » (l. 7), « c’est lui qui précédait
et conduisait le cortège » (l. 10-11). 6/a. Le portrait est organisé du détail à l’en-
semble : la tête et les éléments qui s’y rapportent,
4. Modalités. On peut travailler ensemble, en puis l’allure physique, puis l’aspect moral (qualités,
classe, les couleurs et leurs nuances. Le tableau habitudes).
présente en effet peu de couleurs mais une vaste b. Modalités. L’exercice peut déboucher sur un
gamme de nuances : vert, verdâtre, vert éme- texte plus développé que le texte d’appui. On
raude, gris-bleu, etc. On peut attendre un texte peut laisser aux élèves le choix du personnage ou
d’une quinzaine de lignes. limiter ce choix : un personnage rencontré au
Évaluation. Si l’on souhaite évaluer, on peut cours d’une lecture, ou dans un film, par exemple.
s’appuyer sur les critères suivants : Évaluation. On peut prendre en compte les points
– l’énonciation : Le texte est rédigé soit à la pre- suivants :
mière soit à la troisième personne. Le temps de – l’énonciation : Le texte est rédigé soit à la pre-
base est soit le présent (d’énonciation), soit l’im- mière soit à la troisième personne. Le temps de base
parfait, et les temps verbaux sont employés en est soit le présent (d’énonciation), soit le passé, et
conséquence ; les temps verbaux sont employés en conséquence ;
– la maîtrise de la description : ordre de la descrip- – la maîtrise de la description : ordre de la descrip-
tion, usage des connecteurs spatiaux, variété des tion, variété des moyens pour décrire (attributs,
moyens pour décrire ; appositions, expansions du nom, figures de style) ;
– la qualité de la langue : construction des phrases – La qualité de la langue : construction des phrases
correcte, orthographe convenable, niveau de correcte, orthographe convenable, niveau de
langue courant. langue courant.
7/a. La description des enfants va de l’ensemble auparavant. La première phrase énonce un avis :
au détail : d’abord le visage, l’expression du les films et téléfilms américains sont les plus vio-
visage, les traits (l. 7-11) ; puis les cheveux, les lents. Les phrases 2, 3 et 4 précisent le nombre de
membres, le costume et les détails du costume, meurtres que l’on peut voir dans les productions
culotte, chemisette (l. 12-16). américaines, en donnant des chiffres, des statis-
b. Le portrait des enfants met nettement l’accent tiques, des pourcentages.
sur leurs ressemblances : « Leurs trois visages hâlés,
2/a. Le choix de programmation des respon-
plus foncés que les cheveux, se ressemblent » (l. 7-8),
sables français consiste à diffuser beaucoup de
« le costume est tout à fait le même » (l. 14-15). Les
films et téléfilms américains contenant des scènes
rares différences sont minimisées par de nom-
violentes.
breux adverbes : « Les cheveux de la fille sont seule-
b. Les expressions « d’une part » et « d’autre part »
ment un peu plus longs, un peu plus bouclés, et ses
permettent de bien distinguer les arguments.
membres à peine un peu plus graciles » (l. 12-14).
c. Les connecteurs spatiaux (ou compléments de 3. Il y a deux paragraphes car l’auteur ne traite
lieu jouant ce rôle) permettant de placer les pas du même sujet tout au long du texte. Le pre-
enfants dans le décor sont : « sur leur droite » (l. 3), mier paragraphe traite de la violence dans les pro-
« à l’extrême droite » (l. 17), « du côté de la mer » ductions américaines, le second expose les raisons
(l. 17-18), « Devant eux » (l. 21), « sur leur gauche » pour lesquelles ces productions véhiculant de la
(l. 22), « sur leur droite » (l. 23-24). « côte à côte » violence sont diffusées à la télévision. Le change-
(l. 5), « à sa gauche » (l. 18) nous aident à situer les ment de paragraphe correspond à un change-
enfants les uns par rapport aux autres. ment d’étape dans la réflexion.
d. Quelques noms communs précis qui, entre
autres, permettent au lecteur de se représenter Corrigé des exercices (p. 402)
le décor : « sable » (l. 2), « falaise » (l. 20), « paroi »
1/a. On pourrait remplacer la conjonction dans la
(l. 22).
mesure où par parce que. Le lien logique exprimé
e. Dans ce texte, la description du décor est placée
par cette conjonction est la cause.
en second lieu, après la description des enfants ;
b. Connecteurs logiques exprimant la cause :
elle apparaît ici à la fin de l’extrait. C’est donc la
« dans la mesure où » (l. 2), « parce qu’ » (l. 7), « en
description des personnages qui est primordiale,
effet » (l. 9).
essentielle, et la description du décor ne vient
c. Ce texte répond à la question : Pourquoi est-il
qu’ensuite pour replacer les personnages dans un
difficile d’estimer la taille de la Lune par rapport
ensemble. La progression dans cette description
à celle du Soleil ?
produit un effet de recul, d’élargissement.
f. La réalisation du dessin montrera si les élèves 2/a. Le thème traité est les vacances.
ont bien compris la description. On portera sur- b. La thèse de l’auteur est : « être en vacances »,
tout une grande attention au quatrième para- ce n’est pas forcément partir. La thèse adverse est
graphe où le narrateur situe les éléments en par- donc : pour être en vacances, il faut partir.
tant des personnages ; comme ceux-ci marchent c. En faveur de cette thèse adverse, il y a l’argu-
face à l’observateur, ce qui est la gauche pour les ment « nombreux sont ceux qui voudraient partir
personnages est la droite pour l’observateur et mais ne le peuvent pas », expression introduite par
inversement. Ainsi doit-on obtenir : au centre du il est vrai que.
dessin, trois enfants qui se tiennent par la main et d. Connecteurs exprimant la conséquence : « si…
avancent de face. À gauche sur le dessin, la petite que » (l. 1-2), « c’est pourquoi » (l. 6), « par voie de
fille, au centre le petit garçon, et à droite le garçon conséquence » (l. 7).
un peu plus grand. À droite sur le dessin, une Connecteurs exprimant la concession ou l’opposi-
grande paroi, la falaise. À gauche sur le dessin, la tion : « pourtant » (l. 3), « toutefois » (l. 8), « mais »
mer, avec un horizon bien plat. (l. 11).
3/a. Deux arguments favorables :
– « Le jeu électronique permet de vivre – seul la
plupart du temps – des aventures extraordinaires »
Leçon 39 p. 400 (l. 1-2),
– « il développe réflexes et esprit logique » (l. 2-3).
Réponses aux questions
Deux arguments défavorables :
1. Les phrases 2, 3, 4 servent à justifier ce qui – « [il] encourage une forme d’isolement » (l. 3-4),
est dit dans la première ; pour cela elles donnent – « Il est parfois difficile de “décrocher” et de
des exemples venant confirmer les propos tenus reprendre pied dans la vie réelle » (l. 4-5).
b. C’est dans la deuxième phrase que l’on trouve à Contre : le rêve permet de s’échapper de la réalité
la fois un argument favorable et un argument surtout quand elle est trop dure, il est un facteur
défavorable. Le mot mais signale l’opposition d’équilibre ; le rêve est parfois productif, quand on
entre les deux. laisse aller son esprit et son imagination, des idées
c. L’auteur est plutôt favorable aux jeux électro- surgissent.
niques car il commence par des arguments favo-
6.
rables et termine par une évocation des adeptes
des jeux électroniques avec des termes particuliè- arguments commencer une nouvelle façon
rement mélioratifs : certains sont des « aventuriers en faveur de vivre découvrir un autre
de l’électronique » (l. 9), et tous sont « en quête de du déména- lieu se faire de nouveaux
frissons numériques » (l. 12). gement amis rencontrer de nouvelles
personnes faire peau neuve
4. Pour les trois exemples demandés, on peut
commencer une nouvelle activité
proposer :
– « On l’utilise par exemple pour réaliser des arguments se fatiguer en préparant le
maquettes de bâtiments » (l. 5-6) ; en défaveur déménagement s’éloigner
– « Il est ainsi possible de se promener dans une de ses amis risquer d’oublier le
usine avant qu’elle soit construite » (l. 6-8) ; passé changer ses habitudes
– « La RV a également des applications médicales : quitter un univers familier
pour traiter certaines phobies comme la claustropho-
bie […] leurs angoisses » (l. 8-12) ; Les arguments soulignés peuvent être utilisés dans
– « Ainsi un homme d’affaires dialoguant avec les deux sens car ils dépendent des personnes et
d’autres par visiophone pourra apparaître peigné et des situations :
cravaté alors qu’il sera en réalité en pyjama… » – commencer une nouvelle activité, changer ses
habitudes : ces arguments sont en faveur du
(l. 16-19).
déménagement si on envisage chaque commen-
b. D’après ce texte, on utilise la réalité virtuelle
cement ou chaque nouveauté comme des plaisirs,
dans les domaines de la construction de bâti-
et le début d’une nouvelle activité comme une
ments, de la médecine, et bientôt des affaires
chance (de découvrir, d’apprendre, de faire autre-
(commerce, industrie).
ment, etc.). Ces arguments sont en défaveur du
5/a. Pour : chercher à connaître la vie privée ou déménagement pour les personnes qui envisagent
intime d’une personne est choquant ; nous ferions seulement les aspects pénibles pouvant accompa-
mieux de nous intéresser à nous-mêmes plutôt gner un changement.
que de chercher à voir ou savoir ce qui ne nous – quitter un univers familier : l’argument est en
regarde pas. faveur du déménagement pour quelqu’un qui
Contre : si on ne cherchait pas à savoir, et à savoir n’aime pas la routine ; il est en défaveur du démé-
toujours plus, on serait mal informé ; les progrès nagement pour une personne qui, au contraire,
de la science sont dus à des gens curieux, qui est fidèle à ses attaches et à ses attachements, et
cherchent à savoir. privilégie les relations affectives.
b. Pour : l’ambition stimule et donne des buts dans
la vie ; l’ambition permet de se dépasser, de ne pas
7. a 1 b 5 c 4, 5
se satisfaire pour toujours de ce qui est acquis. 8/a. s’élever contre : intervenir pour combattre
Contre : l’ambition n’est pas un sentiment sain, il quelque chose. prendre son parti : se détermi-
peut se traduire par du mépris pour les autres ; ner. des vicissitudes : des événements heureux,
l’ambition peut facilement devenir un but au lieu et surtout malheureux, qui se suivent dans la
de rester un moyen, et l’ambitieux peut perdre le vie. un idéal : un modèle parfait. le prochain :
sens de la mesure. les êtres humains, les personnes comme nous.
c. Pour : les courses automobiles coûtent très cher anéantir : détruire complètement. équivaloir :
et l’argent serait mieux dépensé ailleurs ; elles avoir la même fonction, le même résultat.
favorisent l’idolâtrie de l’automobile, objet qui est b. Le thème du texte est la guerre.
un substitut de puissance. c. La thèse de l’auteur est que la guerre est
Contre : les courses automobiles fournissent de néfaste. La phrase qui rappelle la thèse de ceux qui
fabuleux spectacles, elles font progresser les ne pensent pas comme lui est : « Elle semble pour-
recherches dans le domaine de l’automobile et tant conforme à la nature, biologiquement très fon-
tout le monde en profite. dée, et pratiquement, presque inévitable » (l. 4-6).
d. Pour : au lieu de rêver, on pourrait se livrer à des d. Quatre arguments en faveur de la thèse de
activités utiles (bricolage, lecture, etc.) ; le rêve l’auteur, entre autres :
coupe de la réalité et ne sert à rien. – « tout homme a un droit sur sa propre vie » (l. 7-8),
– « la guerre détruit des vies humaines chargées de Connecteurs logiques : « parce que » (l. 6), « parce
promesses » (l. 8-9), que » (l. 7), « donc » (l. 10), « parce que » (l. 10),
– « place l’individu dans des situations qui le désho- « d’autant plus que » (l. 14), « mais » (l. 15),
norent » (l. 9-10), « pourtant » (l. 18).
– « ne donne plus aucune occasion de manifester
3. Modalités. L’exercice vise à faire réemployer
l’antique idéal de l’héroïsme » (l. 14-15).
judicieusement par les élèves des arguments qui
e. Un exemple précis pour le deuxième argument :
ont été préalablement bien identifiés.
la Première Guerre mondiale a fait 8 500 000 morts
Évaluation. Si l’on désire évaluer les textes écrits
dans les armées dont 1 350 000 en France, et
par les élèves, on peut privilégier les critères
un grand nombre de ces soldats étaient jeunes,
suivants :
comme on peut s’en apercevoir en lisant les listes
– l’énonciation. Le récit est soit à la première soit à
sur les monuments aux morts.
la troisième personne. Le texte est soit ancré dans
9/a. La colombe est le symbole de la paix. Elle la situation d’énonciation (présent d’énonciation
représente aussi la pureté, la simplicité, le bonheur comme temps de base), soit coupé de celle-ci
retrouvé (d’après Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, (passé simple comme temps de base) ;
Dictionnaire des symboles, éditions Robert Laffont/ – l’organisation du récit. Les passages narratifs,
Jupiter). descriptifs, explicatifs permettent de bien com-
b. Modalités. La liste des symboles proposés n’est prendre l’histoire et leur alternance rend le récit
bien sûr pas limitative. On peut attendre des agréable à lire ;
textes d’une dizaine de lignes. – l’argumentation. Le dialogue occupe une bonne
Évaluation. Malgré la relative brièveté des textes part du récit et il est essentiellement argumentatif.
produits, on peut évaluer, par exemple à partir des Les arguments étudiés (exercice 6, p. 403) sont
critères suivants : judicieusement employés et d’autres arguments
– l’énonciation : Le texte est à la première per- pertinents ont été trouvés. Les connecteurs
sonne, avec le présent d’énonciation comme logiques rendent l’argumentation très claire, sans
temps de base ; ambiguïté.
– la qualité de l’argumentation : les arguments et – la qualité de la langue. La syntaxe et l’ortho-
les exemples sont pertinents (bien en accord avec graphe sont correctes. La ponctuation est adé-
le symbole choisi) ; quate, surtout dans les passages dialogués. Le
– la maîtrise de la langue : la construction des registre de langue est courant ;
phrases et l’orthographe sont correctes.
4/a. Le thème de ce texte est la préparation des
Réponses aux questions (p. 404) voyages. La thèse de l’auteur est la suivante : la
préparation des voyages est nécessaire.
1. Le mot « d’abord » (l. 1) annonce d’autres b. Les destinataires de ce texte sont tous les gens
arguments. On attend en effet le mot ensuite ou qui envisagent un voyage. Plus précisément,
puis à la suite du mot d’abord. l’auteur s’adresse aux personnes qui, vers 1900,
2. La proposition indiquant pourquoi « il faut une envisageaient un voyage à bicyclette sur les routes
bonne âme bien sage » est « comme c’est un fardeau de France. Le titre de l’ouvrage est en effet Les
d’élever trois enfants » (l. 3-4). C’est le mot comme Pyrénées et l’Auvergne à bicyclette, et cet ouvrage
qui l’introduit. est paru en 1895. Le terme « vélocipédiste »
employé par l’auteur, confirme l’identité des desti-
Corrigés des exercices (p. 405) nataires visés et l’époque du texte.
c. « Quelques vélocipédistes ne sont peut-être pas de
1/a. Connecteurs d’organisation : « d’abord »
cet avis, et ils prétendent que c’est enlever un des
(l. 3), « ensuite » (l. 4), « et » (l. 7), « et » (l. 11).
charmes du voyage que de fixer à l’avance les routes
b. Connecteurs logiques : « si » (l. 1, condition,
à parcourir ; ils affirment qu’on éprouve infiniment
hypothèse), « pour » (l. 5, but), « si » (l. 7, condi-
plus de plaisir à visiter une contrée sans en connaître
tion, hypothèse), « si » (l. 10, condition, hypo-
la topographie, et que les surprises, les imprévus don-
thèse), « si » (l. 11, condition, hypothèse).
nent beaucoup d’intérêt aux excursions. C’est un peu
c. Modalités. On précise aux élèves qu’il ne s’agit
vrai […] ». Ce passage est une concession de
pas de garnir le texte avec le plus grand nombre
l’auteur à la thèse adverse, c’est-à-dire : il est
de connecteurs, mais d’employer à bon escient
mieux de ne pas préparer les voyages.
des connecteurs variés et bien adaptés.
d. « en effet » (l. 4, lien de cause), « sans »
2. Le connecteur que les élèves doivent entourer (l. 13, lien d’opposition) ou « mais » (l. 15, lien
figure ici en gras ; celui que les élèves doivent sur- d’opposition), « c’est pourquoi » (l. 20, lien de
ligner est ici en gras souligné. conséquence).
Remarque : on peut faire relever d’autres connec- particulièrement éloigné de ce qui se passe et ne
teurs logiques : « aussi… que » (l. 2-3, lien de s’en cache pas.
comparaison), « si » (l. 3, lien de condition,
2/a. Les personnages se trouvent dans une salle à
d’hypothèse).
manger, près d’une fenêtre qui donne sur un parc
e. Pour illustrer l’argument (abstrait) « on peut
et un terrain de tennis.
s’exposer à bien des déboires », l’auteur donne
b. Le narrateur ne semble pas connaître les noms
effectivement des exemples (ou arguments
des personnages ; en tout cas, il ne les précise pas.
concrets) : « hôtels introuvables ou très chers, perte
c. Le narrateur ne sait pas quand la femme a
de temps à demander des renseignements, routes
commencé à lire son livre : « Commencé depuis son
pavées, impraticables, pays monotones ».
arrivée à lui ? ou encore avant ? » (l. 7-8).
f. Modalités. On peut attendre ici un texte d’une
d. L’homme ne voit pas le parc : « Du côté de la
dizaine de lignes. Les arguments peuvent être
salle à manger où il se trouve, on ne peut pas voir le
abstraits ou concrets (exemples) ; ce qui importe
parc. »
surtout c’est leur pertinence (leur adaptation à la
e. Le point de vue du narrateur est externe. Il ne
thèse soutenue).
dit que ce qu’il voit, précise ce qu’il ne voit pas :
Évaluation. Malgré la relative brièveté des textes
« On ne sait pas la couleur des yeux » (l. 15). Il ne
produits, on peut évaluer, par exemple à partir des
sait pas tout : « Commencé depuis son arrivée à lui ?
critères suivants :
ou encore avant ? » (l. 7-8).
– l’énonciation : le texte est à la première per-
f. Le point de vue externe permet de rapporter
sonne, avec le présent d’énonciation comme
essentiellement ce qui se voit, s’entend, d’une
temps de base ;
manière générale ce qui est capté par les cinq sens.
– la qualité de l’argumentation : les arguments et
Ainsi permet-il de rendre compte aisément du phy-
les exemples sont pertinents (bien en accord avec
sique des personnages, mais pas de leur caractère :
l’avis défendu) ;
« Autour des yeux, lorsqu’elle sourit, la chair est déjà
– la maîtrise de la langue : la construction des
délicatement laminée » (l. 17-19). Comme le narra-
phrases et l’orthographe sont correctes.
teur ne perçoit pas tout, ne sait pas tout, le récit
en point de vue externe favorise l’effet d’attente
(communément appelé suspense).
Leçon 40 p. 406 3/a. L’histoire se passe dans une forêt vierge, non
loin d’une plage le long d’un fleuve. Des expres-
Réponses aux questions
sions le prouvent, comme « dans l’enchevêtrement
1. Non, dans ces récits, le narrateur n’est pas de cette forêt vierge » (l. 7-8), « la plage était là… »
l’un des personnages ; ces trois extraits sont à la (l. 14).
troisième personne. b. Le personnage est certainement un explorateur,
voire un jeune aventurier : « La plage était là… Oui,
2. Dans le récit 3, le narrateur connaît le passé
mais plus d’embarcation » (l. 14-15).
des personnages : « Il y avait vingt ans » (texte 3,
c. Le point de vue est interne : dans ce passage le
l. 1). Dans le récit 2, le narrateur raconte comme
narrateur privilégie le personnage de l’aventurier ;
s’il était à la place du commandant Salvatore
on assiste même au déroulement de ses pensées :
Piracci ; le narrateur indique ce que le personnage
« la plage était là… oui, mais plus d’embarcation !…
voit, ce qu’il pense et il ne le fait pas pour d’autres
Il allait être pris au piège… »
personnages. Dans le récit 1, le narrateur ne dit
d. Modalités. L’exercice consiste à écrire la suite
que ce qu’il voit : les personnages, leurs positions,
immédiate du récit, ce qui se passe pendant les
l’expression du visage.
dix minutes. Cette contrainte temporelle favori-
sera la réflexion des élèves (Qu’est-ce qui a bien
Corrigé des exercices
pu se passer ?) et les conduira à raconter avec pré-
1/a. Le point de vue est omniscient : le narrateur cision (finesse des descriptions, compréhension de
connaît le passé du personnage et de sa famille. textes et d’images, etc.). Pour que les élèves béné-
b. Le point de vue est interne : le narrateur privilé- ficient de conseils portant sur l’élaboration d’une
gie un personnage (Pauline), rapporte ce que suite de texte, on les renverra à la page 52 du
le personnage voit comme s’il était à sa place, manuel.
rapporte aussi les pensées de ce personnage. Évaluation. On peut utiliser les critères suivants :
c. Le point de vue est externe : le narrateur ne dit – l’énonciation : le récit est à la troisième per-
que ce qu’il entend, que ce qu’il voit. Encore n’en- sonne, au passé ;
tend-il pas exactement ce que disent les person- – la maîtrise du récit : narration, description et
nages, il assiste à la scène de l’extérieur, il est ici explication sont employées à bon escient. Le point
de vue interne est judicieusement adopté, ne circonstanciels qui pourraient préciser les lieux, les
serait-ce que pour un moment. moments. Ce n’est pas le détail des aventures qui
– La qualité de la langue : la construction des compte.
phrases et l’orthographe sont correctes, le niveau
2/a. La première phrase du récit encadré est
de langue courant.
« J’avais douze ans » (l. 2). la dernière phrase de
ce récit encadré est « Dans les branches des
grands arbres du parc […] et d’océan de verdure »
Leçon 41 p. 408 (l. 10-13).
b. On repère ce récit encadré grâce à plusieurs
Réponses aux questions (p. 408) indices. Le récit encadré est effectué au passé
(il correspond à un souvenir d’enfance) ; le récit
1. Le premier narrateur est quelqu’un d’ano-
cadre est au présent de l’indicatif, qui correspond
nyme, qui est extérieur à la scène et y a peut-être
au moment de l’écriture et aussi à des considé-
assisté. Le second narrateur est un des person-
rations générales sur la mer (présent de vérité
nages qui participe à la scène, le général G. « Le
générale).
général G… prononça » (l. 8).
c. Le narrateur effectue ce récit encadré pour justi-
2. Un court passage qui rapporte des événe- fier son avis, exprimé dans la première phrase.
ments : « Les hommes […] fumaient, devant la porte » L’auteur explique le paradoxe selon lequel son
(l. 2-3), ou « Nous nous retirions vers Pont-Audemer, plus beau voyage en mer est celui qu’il a effectué
après avoir traversé Rouen » (l. 14-15). Un court chez lui, en imagination, pendant l’été de ses
passage qui caractérise un lieu : « dans l’ombre douze ans. Le récit encadré a ici une visée explica-
épaissie de minute en minute » (l. 5) ou « La terre tive, voire argumentative.
était couverte de neige » (l. 17).
3/a. Un passage de narration : « Un jour, avant
3. Le deuxième narrateur va raconter deux l’été, son père l’avait emmenée jusqu’à l’entrée de la
exemples d’événements horribles pour faire com- vallée » (l. 8-9), un passage de description : « De
prendre à l’assistance la différence entre ce qui est chaque côté de la vallée, les montagnes étaient
simplement émouvant et ce qui est réellement dressées » (10-11), et un passage d’explication :
horrible. Il va raconter deux histoires qui seront « peut-être à cause du bruit de l’eau qui courait sans
des exemples justifiant son opinion : il ne faut pas cesse » (l. 5-6).
confondre émouvant et horrible. b. Par exemple, des paroles rapportées directe-
ment : « Par là, c’est l’Italie » (l. 14), et des paroles
Corrigé des exercices (p. 409) rapportées indirectement : « qu’il y avait des loups
dans la forêt en hiver » (l. 1-2).
1/a. Le récit cadre se termine à la ligne 8, car
l’expression qui suit fait remonter à un souvenir 4. Modalités. On peut mener en classe,
lointain : « J’avais trente ans, alors » (l. 9). Le mot ensemble, une lecture succincte de l’image : le lieu
qui annonce le début du récit encadré est « alors » (un café), l’époque (de nos jours), les personnages
(l. 9). (jeunes, par exemple amis, ou membres d’une
b. Il y a un changement de narrateur entre les famille), l’action (une conversation). Tout est en
deux récits. Le narrateur qui emploie la première place pour permettre un récit intégrant utilement
personne à la ligne 9 n’est pas le même que celui narration, description (lieu, personnages, etc.),
qui raconte la scène dès la ligne 1. explication (par le narrateur ou par un des person-
c. Le personnage propose un résumé de son nages), et paroles, voire dialogues. Pour la mise
histoire : « je traversai des contrées invraisembla- au point d’un tel récit, on peut renvoyer les élèves
blement magnifiques » (l. 17-18). On ne connaît à la page 52 (la question du point de vue), et à la
pas le nom de ces contrées, ni les péripéties de ces page 78 (emploi de la description et des dialogues
voyages. Le personnage propose ici un résumé de dans un récit).
ses aventures, il ne les raconte pas en détail. Ainsi Évaluation. On peut retenir principalement les
utilise-t-il des termes génériques qui, par nature, critères suivants :
n’apportent pas de précisions : « tous les moyens – l’énonciation : le récit est effectué par un narra-
nécessaires » (l. 12). Il emploie souvent le pluriel, teur extérieur et un point de vue narratif domine :
pour simplifier : « des contrées » (l. 17), « des le temps de base est soit le présent (d’énonciation,
princes » (l. 18). Les aventures, les événements de narration) soit le passé (simple) ;
eux-mêmes ne sont signalés que par un verbe : – la maîtrise du récit : narration, description et dia-
« je traversai » (l. 17), « je fus reçu » (l. 18) et ce logues sont employés à bon escient ;
verbe n’est pas accompagné des compléments – la qualité de la langue : la construction des
phrases et la ponctuation (surtout dans les pas- coupé de la situation d’énonciation, comme le
sages dialogués) sont correctes, l’orthographe est prouve l’emploi du passé simple « je le lui expliquai »
convenable, le niveau de langue courant ; (l. 20). Le narrateur fait maintenant le récit d’une
– l’effet produit : l’ensemble donne un effet de expérience qu’il a vécue bien avant le moment où
réel. il écrit. Ce récit encadré s’achève à la ligne 28, si
l’on inclut les commentaires sur l’expérience
Réponses aux questions (p. 410) racontée. Ce qui le prouve, en plus du change-
ment de temps de base (présent, puis passé, puis
1. 1. Le temps dominant dans la narration est
présent), c’est l’organisation des paragraphes : les
le passé simple : « voulus » (l. 1), « adressai » (l. 2),
« demandai » (l. 7), « regarda » (l. 12), « compris » premier et troisième paragraphes forment le texte
(l. 13), etc. Le verbe qui introduit la description est cadre, le deuxième contient le récit encadré. Le
à l’imparfait de l’indicatif : « avait » (l. 3). récit encadré est le récit d’un souvenir, bien déli-
mité dans le texte. Il y a des verbes au présent
2. Dans l’échange de paroles, le temps dominant dans ce récit encadré pour exprimer des vérités
est le présent (de l’impératif, de l’indicatif) : générales.
« Prenez », « suivez » (l. 9), « est » (l. 11), « est » b. Dans le premier paragraphe, l’auteur traite de
(l. 15). l’eau, sa présence, sa couleur, l’habitude que nous
en avons. Il raconte ensuite un de ses souvenirs
Corrigé des exercices (p. 411) pour montrer que la relation des hommes à cet
1/a. roulais : imparfait de l’indicatif, action élément naturel qu’est l’eau n’est pas la même
passée non limitée dans le temps (aspect non partout et pour tous les peuples. Le but du narra-
borné). était : imparfait de l’indicatif, descrip- teur est de donner ainsi des informations au
tion au passé. lève : présent de l’indicatif, valeur lecteur et de justifier par un exemple précis
de présent de narration. avait : imparfait de l’in- l’avis général qu’il émettait dans le premier para-
dicatif, description au passé. se détachaient : graphe : « ce spectacle reste totalement irréel dans
imparfait de l’indicatif, description au passé. d’autres régions du monde » (l. 6-8). Le récit enca-
b. Le récit est coupé de la situation d’énonciation. dré a une valeur illustrative, une visée explicative.
En effet, si le narrateur n’avait pas cherché à pro- De plus, l’auteur tire des « enseignements » (l. 30)
duire un effet (de surprise, de mise en valeur) en de l’expérience qu’il vient de raconter : son récit a
employant le présent de narration, c’est le passé une valeur didactique et morale ; en faisant ce
simple qu’il aurait normalement utilisé : tout à récit, l’auteur veut aussi nous monter que « nous
coup je levai ou plutôt je baissai les yeux. Il y avait avons beaucoup à apprendre » (l. 30-31) des autres
devant nous, etc. Le passé simple signale un récit peuples.
coupé de la situation d’énonciation. 3. permettez : présent de l’impératif, il correspond
au moment où l’auteur s’exprime, au moment de
2/a. Le temps de base de cet texte est le présent l’écriture. devisais : imparfait de l’indicatif,
de narration car les verbes au présent rapportent
action passée non limitée dans le temps (aspect
des événements qui sont en réalité passés : « En
non borné), de second plan. j’avais dû : plus-
1903 les frères Wright accomplissent le premier vol
que-parfait de l’indicatif, action passée antérieure
contrôlé ».
à une autre. expliquai : passé simple, action pas-
b. La forme verbale « réussit » peut être identifiée
sée limitée dans le temps (aspect borné), de pre-
comme un présent de l’indicatif ou un passé
mier plan. représente : présent de l’indicatif,
simple de l’indicatif. Il est préférable de choisir ici
valeur de présent de vérité générale (on accepte
un présent de l’indicatif car le texte a pour temps
présent d’habitude). Toute la fin du deuxième
de base le présent de narration.
paragraphe (l. 20-28) est au présent de vérité
c. Aux lignes 4, 7, 10, c’est le futur simple qui est
générale.
utilisé. Il indique des actions postérieures à elles
qui sont au présent.
3/1. Le récit est écrit à la première personne :
« j’ai souvenir » (l. 1), « permettez-moi » (l. 8), « je Leçon 42 p. 412
devisais » (l. 11), etc.
Réponses aux questions
2. a. Le récit encadré commence à la ligne 10 :
« Lors d’un raid dans le Hoggar ». Le narrateur reste 1. C’est le premier de ces mots (« quant », l. 5 et
le même que celui du texte cadre, mais le système 10) qui introduit un groupe nominal, et c’est
des temps a changé : d’un énoncé ancré dans la le second (« quand », l. 13) qui introduit une
situation d’énonciation, on passe à un énoncé proposition.
2. Oui, les mots en gras se prononcent tous de la confiance. 2. Nous saurons bientôt quand le
même façon, malgré leur différence d’ortho- château sera fermé pour travaux. Quant aux
graphe. Le premier de ces mots n’est pas écrit jardins, ils resteront toujours ouverts au public.
comme les autres, car ce n’est pas le même mot 3. Il fait très froid mais nous irons quand même
que les autres : le mot lieue désigne une ancienne vous voir. 4. Quant à vous, vous pouvez venir
mesure de distance (valant à peu près quatre kilo- chez nous n’importe quand. 5. Quand à leur
mètres). L’expression avoir lieu de, employée dans retour les parents trouvèrent un monceau de
ce texte à la ligne 4, signifie avoir une occasion de, mégots dans la chambre de leur fils, ils se mirent
une raison de. en colère ; quant aux conséquences sur le princi-
3. Le mot plutôt (l. 9) est écrit ainsi à cet endroit pal intéressé, vous pouvez aisément les deviner.
du texte car c’est un adverbe signifiant précisément, 5. 1. Le plus grand volcan d’Europe est entré en
à cet instant même. On peut aussi considérer qu’il éruption le mois dernier. Le professeur parlait des
s’agit là d’une ancienne orthographe de plus tôt. volcans lorsqu’un élève de 6e, complètement
perdu, a fait irruption dans la salle. 2. Elle me fait
Corrigé des exercices des signes pour m’induire en erreur. Il faut enduire
1. 1. Quand on la photographie, elle prend tou- le papier peint avec de la colle puis attendre
jours une pose avantageuse. Après cette longue quelques instants. 3. Cette région est infestée de
séance de photos, les artistes s’accordèrent une moustiques. Brigitte s’est coupée et la plaie, mal soi-
petite pause. 2. Trace un repère au crayon sur le gnée, s’est vite infectée. 4. En passant au feu
bois pour réussir ton assemblage. Cette grotte rouge, il a commis une grave infraction au code de
perdue dans la forêt a jadis servi de repaire à des la route. Il est entré par effraction dans le bureau
brigands de grand chemin. 3. La route devint pour subtiliser des documents. 5. Nous atten-
mauvaise et les cahots de la voiture nous surpri- dons patiemment la réfection de la rue en face de
rent. Nous entrâmes dans le château en ruines et chez nous, promise depuis longtemps. Une
le chaos d’énormes pierres rendit notre avancée réflexion s’est engagée pour savoir comment amé-
très difficile. 4. Elle a depuis longtemps le des- nager ce dangereux carrefour. 6. En disant qu’on
sein d’aller travailler aux États-Unis. Son dessin pouvait être doué aussi bien en maths qu’en EPS, le
témoigne de beaucoup d’imagination. 5. Dans professeur a fait clairement allusion aux derniers
ce long couloir, le moindre bruit résonne. Mon résultats de Jérémie. Les autres élèves sont sans
petit frère raisonne déjà comme un grand. 6. Je illusion : ils n’arriveront jamais à de telles perfor-
m’attendais à un résultat différent. Il n’y a pas le mances. 7. Une collision vient de se produire
moindre différend entre eux. entre une voiture et une moto. Pour qu’une telle
affaire puisse réussir, il y a certainement eu collusion
2. 1. La plupart des hommes politiques adhèrent entre de très nombreuses personnes.
à un parti. 2. Discuter avec un tel homme, ce
n’est pas une partie de plaisir ! 3. Les électeurs 6. Par exemple : 1. Par un signe discret, il fit
ont pris parti pour le plus dévoué. 4. Ils font comprendre à son voisin qu’il ne comprenait rien
partie d’une circonscription très étendue, très dans ce contrôle de maths. D’un élève distrait, on
importante. 5. Les manifestants ont pris à partie dit parfois qu’il est « dans la lune ». 2. Le joueur
l’homme politique qui parlait. 6. La partie n’est a simulé une blessure afin d’obtenir un arrêt
pas gagnée ! 7. Il faudrait savoir tirer parti de momentané du match. Les bons résultats de notre
chaque situation, en tout ou en partie. équipe ont stimulé les ardeurs de tout le monde,
nous ferons encore mieux. 3. Il y a affluence
3. 1. Acheter les cadeaux de Noël à l’avance pré- dans les hypermarchés le samedi ou les veilles de
sente beaucoup d’avantages. 2. Il faudrait que fêtes. La publicité a-t-elle une grande influence sur
tu réfléchisses davantage avant de prendre ta déci- le comportement des consommateurs ? 4. Un
sion. 3. Il m’a accordé une heure pour me déci- pays en pleine expansion économique importe
der, pas davantage. 4. Je ne vois pas tellement souvent beaucoup de produits. On gonfle un
d’avantages à la solution qu’il propose. 5. Si muscle par des mouvements d’extension et de
vous prenez une carte, vous bénéficierez d’avan- flexion. Ses derniers résultats en sport montrent
tages particuliers. 6. Je l’admire comme une
surtout sa grande aptitude aux courses d’endu-
idole, et même davantage. 7. Le vendeur a bien
rance. Elle est à la fois discrète et généreuse, cette
davantage parlé d’avantages que d’inconvénients
attitude fait l’admiration de tous. 6. Ces conseils
en me présentant ce nouvel appareil.
de santé ne m’ont pas été donnés par n’importe
4. 1. Élodie se prépare pour être tout à fait prête qui mais par un éminent professeur de médecine.
quand on fera appel à elle au cours du match ; Bonne nouvelle pour ses admirateurs : le retour sur
quant à ses coéquipières, elles lui font entièrement scène du groupe Splash est paraît-il imminent.
un objet. Ici, le sens est figuré : le vent soumet l’île avaient fusé dans l’obscurité. Un cauchemar
de sa forte pression, il serre l’île dans ses rafales. éveillé s’était répété sans cesse. Encore et encore,
un hululement : un cri, c’est le cri des oiseaux le flotteur était au-dessus d’elle, tel un bateau qui
de nuit. soulève sa poupe et coule. Le gouvernail descen-
2. a. et b. s’efforcer : forcer, la force, un forçat, ren- dait, menaçant de déchirer son gilet de sauvetage
forcer, un effort. professeur : professer, le profes- et de l’entraîner avec lui.
sorat, une profession, professionnel, le profession- D’après David MATHIESON, L’Oiseau de mer,
nalisme. s’intéresser : un intérêt, intéressant, traduit par Smahann Joliet, © Flammarion, 1991.
inintéressant, un désintérêt, le désintéressement.
2. 1. Placée comme elle l’était, elle voyait tout.
c. Les mots effort et s’efforcer s’écrivent avec
2. Placés comme nous l’étions, nous ne pouvions
deux f. Tous les mots de la famille de professer ne
rien voir. 3. Les jeunes enfants semblaient plutôt
prennent qu’un seul f. Les mots de la famille de
intéressés par la visite du musée. 4. Le petit gar-
intérêt s’écrivent avec un seul r.
çon frottait ses joues rougies par le froid. 5. Une
3. tirant : participe présent, invariable. roulants :
foule compacte se précipitait dans les magasins,
adjectif verbal, épithète du nom volets, s’accorde
attirée par les soldes. 6. Dans ces contrées éloi-
avec ce nom. courbant, jetant : participes
gnées de tout, les habitants paraissaient mysté-
présents, invariables.
rieusement atteints par la maladie du sommeil.
7. Des opposants très déterminés protestaient
violemment du fond de la salle, convaincus que le
projet de distribution d’eau, présenté par le maire,
Leçon 46 p. 420 était particulièrement inadapté. 8. Rejoints par
Réponses aux questions le groupe des poursuivants, les coureurs échappés
du peloton terminèrent la course très déçus.
1. Dans la phrase « Vous l’avez vue ? » (l. 8), le
pronom l’ renvoie au nom « Mme Michoux » qui 3. 1. Hélène et Nathalie sont, depuis leur plus
figure dans la phrase précédente. Dans la proposi- tendre enfance, absolument passionnées de danse
tion « qui l’a reçue » (l. 16), le pronom l’ renvoie au africaine. 2. Les randonneurs, après une éprou-
nom « Mme Michoux » qui figure également dans vante ascension, sont finalement parvenus au
la phrase précédente. refuge. 3. Vous êtes des clientes fidèles et vous
La fonction de ce pronom l’ est complément d’ob- serez toujours servies avec gentillesse. 4. « Nous
jet direct, du verbe avez vue (dans le premier cas) avions été prévenues depuis longtemps que le
et du verbe a reçue (dans le second cas). chef de la tribu était cannibale », déclarèrent les
deux exploratrices à leur retour. 5. Elles n’ont
2. « s’est étonnée » : l’auxiliaire est est (être), le pas été déçues de leur voyage ! 6. « Tu as été
participe passé est étonnée. Le verbe est à la voix reçue au concours ? » demanda Paul à Virginie.
pronominale.
« est venue » : l’auxiliaire est est (être), le participe 4. 1. Mon frère a planté deux arbustes et les a
passé est venue. Le verbe est à la voix active. entretenus régulièrement. 2. Les fleurs que tu as
« a invitée » : l’auxiliaire est a (avoir), le participe vues là-bas ne sont pas les plus belles. 3. Émilie
est invitée. Le verbe est à la voix active. a cueilli quelques tulipes puis les a admirées.
4. Elle en a donné à sa sœur. 5. Les roses que
3. Mon père a demandé au voisin de faire moins de Benjamin a offertes à Jasmine ont duré une
bruit. Le voisin n’a pas hésité à demander ma semaine. 6. Ces roses, Jasmine les a-t-elle
sœur en mariage. appréciées ?
réunies pour leur parler. 4. Voilà mon petit frère toute neuve qui au départ domine de très haut la
sans ses lunettes ; il les aura encore oubliées ! mer nous sommes descendus sur Shima, au bord
5. Tu as trouvé des cartes postales que nous aurions du Pacifique. Nous y sommes arrivés de nuit et ç’a
préférées à celles que nous avons achetées si nous été une surprise, le matin, de découvrir le paysage.
les avions vues à temps. 6. Les acteurs que j’ai Simone de BEAUVOIR, Tout compte fait,
vus jouer étaient remarquables. 7. La pièce que © Éditions Gallimard, 1972.
j’ai vu jouer était très amusante. 8. Des boas, j’en b. Si la narratrice voyageait avec une amie, ces
ai souvent vu en Afrique, déclara l’explorateur. participes changeraient : installées, descendues,
arrivées. Le premier s’accorde en effet avec le com-
7. 1. Elle s’est longuement regardée dans le plément d’objet direct car celui-ci est placé avant.
miroir. 2. Pendant l’entraînement, les coureurs
Les deux autres s’accordent car ils sont employés
se sont mutuellement encouragés. 3. Après le
avec l’auxiliaire être. En effet en ce cas on accorde
spectacle, la salle s’est vidée en un instant.
le participe passé avec le sujet.
4. Les skieurs surpris par une tempête de neige se
sont réfugiés dans une grotte et se sont blottis les 11/1. a. Les noms correspondant à ces verbes
uns contre les autres. 5. Le mois dernier, avec ce sont : tourbillon, frisson, horreur.
même couteau, elle s’était déjà coupée. 6. Ce b. Les verbes tourbillonner, frissonner, horrifier com-
jour-là, elle s’était sans hésitation coupé une belle portent des consonnes doubles. Elles font partie
tranche de gâteau. 7. « Nous nous étions déjà du radical du verbe – comme dans horrifier – ou
retrouvées ensemble à la même époque l’année elles proviennent du fait que la consonne finale
dernière », rappela Julie à toutes ses amies. 8. Je du nom est redoublée : tourbillon © tourbillonner,
leur parlerai quand ils se seront un peu calmés. frisson © frissonner.
9. J’ai vu, dans un film de science-fiction, des 2. J’ai trouvé un brin d’herbe dans la chaussure.
acteurs qui s’étaient teint les cheveux en vert et Les cheveux de mon voisin sont d’un brun profond.
or. 10. Les journées se sont succédé sans 3. « semblaient » (l. 8), « donnaient » (l. 9) : ces
problème particulier. formes verbales semblaient et donnaient prennent
la marque du pluriel car le sujet qui a pour antécé-
8. 1. Ils rentrèrent dès la fin de leur match et, dent sifflements.
après s’être bien nettoyés, vinrent s’asseoir à côté
4. Le premier mot en italique « détacher » est un
de nous. 2. Ne jugez pas ces livres avant de les
verbe à l’infinitif ; le second mot, « détachées » est
avoir lus ! 3. Ayant été avertis par un coup de
un participe passé. L’infinitif est invariable et le
téléphone provenant d’une personne habitant le
participe passé est ici employé avec l’auxiliaire
quartier, les pompiers ont pu intervenir à temps.
être, il s’accorde donc avec le sujet (leurs têtes).
4. Paul et Pauline ont réussi à grimper jusqu’au
5. entendue : participe passé employé avec
sommet du mur d’escalade sans avoir été aidés.
l’auxiliaire avoir, l’accord se fait avec le complé-
5. L’ayant déjà vue plusieurs fois, il l’a facilement
ment d’objet direct qui est placé avant (le pronom
reconnue. 6. Après s’être séparées avec la pro-
relatif qu’, féminin, car son antécédent est le mot
messe de se revoir, les deux amies partirent retrou-
musique). arrivée : participe passé employé
ver leur famille. 7. M’ayant reconnue, Sylvain
avec l’auxiliaire être ; il s’accorde avec le sujet du
me cria : « Bonjour Sylvie ! »
verbe (ici, le nom Esther). frissonné : participe
9. 1. À peine arrivés au bord du lac, les garçons et passé employé avec l’auxiliaire avoir, ne s’accorde
les filles ont plongé avec plaisir dans l’eau transpa- pas avec le sujet, et il n’y a pas de complément
rente. 2. Tous les oiseaux recueillis ont été net- d’objet placé avant (d’ailleurs ce verbe est
toyés de la boue noire qui les avait salis. intransitif). horrifiée : participe passé employé
3. Les histoires que ton ami nous a racontées sont seul, apposé au sujet, s’accorde avec le mot
vraiment incroyables. 4. Beaucoup de mystères auquel il se rapporte (le sujet Esther). soudées :
n’ont toujours pas été résolus. 5. Les personnes participe passé employé seul, attribut du sujet,
qui ont été accueillies par monsieur le maire se sont s’accorde avec le mot auquel il se rapporte (le
montrées fort sympathiques. 6. Pour la soirée cos- sujet vipères).
tumée, elles se sont abondamment maquillées.
7. Amélie s’est verni les ongles en violet. 8. À vous Exercice complémentaire
voir toutes les deux, vous êtes apparemment reve-
12. Dictée.
nues émerveillées de votre long voyage !
Préparation.
10/a. Notre guide nous a installés dans une des – On procède entre autres aux exercices 2 et 7.
salles du temple, abrité mais ouvert sur un jardin – On explique et écrit au tableau les mots taillis,
et nous y avons mangé le repas froid que nous feutrage, fûts, lambeaux, macérer.
avions apporté. Puis par une route de montagne – On signale que l’adverbe à demi est invariable.
amis que j’ai connus en vacances n’a donné de ses 2. La lettre de mon fils est bien gentille aussi […].
nouvelles. 5. Pas un des candidats convoqués Ce remplacement n’entraîne aucun changement
pour l’examen n’a manqué à l’appel. 6. La dans la proposition. Les groupes « de ma Didine »
plupart ont tenu à être présents très tôt. ou « de mon fils », qui ont la fonction de complé-
ment du nom, n’ont pas d’influence orthogra-
6. 1. Vous qui d’habitude savez tout, vous ne phique sur le nom qu’ils complètent (« lettre ») ou
dites pas un mot : c’est étonnant ! 2. Toi et moi
sur quelque autre mot de la phrase.
partons en vacances en même temps. Pourquoi ne
te joins-tu pas à mon groupe ? 3. Le livre que Corrigé des exercices (p. 427)
vous cherchiez, c’est moi qui l’ai. 4. Toi qui
apprends si facilement les textes, tu joues le 1. 1. Ce bâtiment est réussi : le bois, la pierre,
personnage principal, et moi qui ne retiens rien, je l’ardoise forment un ensemble harmonieux.
te regarde. 5. Toi qui es souvent seul, tu dois 2. Clément, Julien et Antoine prévoient d’inviter
t’inscrire à un club. Si chacun d’entre nous une vingtaine d’amis à leur soirée. 3. Dès
demeure dans son coin, comment faire de nou- aujourd’hui les trois frères, chacun à sa manière,
velles rencontres ? décorent le salon. 4. Elle et toi, vous les connais-
sez bien. 5. Lui, comme son frère, espère
7. 1. Elle qui jouait de la flûte, va maintenant organiser une expédition lointaine. 6. Lui, ainsi
apprendre le violoncelle. 2. J’ai été bien sur- que son frère, espèrent rencontrer des peuples
prise, moi qui doutais de notre réussite. 3. Les inconnus. 7. Pas un problème, pas une hésita-
amies… Te souviens-tu de celles qui, quand tu tion ne les décourage.
étais malade, venaient te voir tous les jours ?
4. Vous qui pratiquiez des activités intéressantes 2. 1. Ce matin-là, pas une feuille, pas une fleur,
pas un brin d’herbe ne tremblait. 2. Tout le
l’année dernière, que faites-vous maintenant ?
monde reconnaissait que Lucie, ainsi que sa sœur,
5. C’est à eux, qui pratiquaient si bien les arts mar-
réussissaient des exploits impossibles. 3. Les
tiaux dans leur jeunesse, que tu devrais demander
bagues, les bracelets, les colliers, tout tentait ma
des conseils. 6. Souvent Karine et moi, qui ado-
sœur. 4. Ce jour-là, toi et moi devions jouer
rions la lecture, nous nous prêtions des livres et en
ensemble une scène de Molière. 5. Elle et toi
discutions longuement. Claire et toi pouviez en
deviez passer me chercher. 6. Chacun des deux
faire autant.
frères habitant au bout de la rue atteignait les
8. 1. Moi qui ai pensé ne jamais te revoir ! deux mètres ; l’un ou l’autre pouvait facilement
2. Cette place en finale doit réjouir Stéphane, lui jouer au basket mais ni l’un ni l’autre n’en avaient
qui a pensé ne jamais être sélectionné ! 3. Vous envie.
qui avez tout réussi au collège, quel est mainte-
3. 1. La profession de comédien est sans nul
nant votre métier ? 4. Je ne vois plus Denise doute intéressante. 2. Interpréter une pièce, se
et Dorothée, elles qui sont passées me voir si transformer au gré des rôles paraît fascinant.
souvent ! 5. Ce n’est pas à toi, qui as tout lu sur 3. Cependant, la comédie se révèle vite décevante
les sous-marins, que je vais apprendre quelque si l’on ne travaille pas assez. 4. Beaucoup de
chose sur ce sujet. 6. Lui qui s’est entraîné comédiens et de comédiennes deviennent aigris
depuis un mois, il est en bien meilleure forme que car la gloire et l’argent ne viennent pas assez
nous. 7. Toi, l’heureux homme, qui t’es toujours vite. 5. Les plus talentueux, dans ce monde,
plaint, es-tu désormais plus raisonnable ? restent modestes. 6. La plupart d’entre eux sont
devenus célèbres après de longues années.
Réponses aux questions (p. 426) 7. Parfois des actrices qui passent au début inaper-
1. Je viens, mon Adèle, de relire tes lettres du 14 et çues se révèlent très douées. 8. Reste toi-même,
du 15, bien heureux de les trouver si bonnes, et bien n’écoute pas ceux qui semblent trop avides de
triste de les trouver seules. victoires faciles.
la : complément d’objet direct du verbe trouve ; 4. 1. Moi je considère les filles du groupe de
bonne : attribut du complément d’objet direct la ; gymnastique comme particulièrement douées ; et
la : complément d’objet direct du verbe trouve ; toi, les penses-tu capables de gagner la prochaine
seule : attribut du complément d’objet direct la. compétition ? 2. Les entraîneurs, eux, semblent
L’attribut du complément d’objet direct prend le voir ces jeunes filles comme de futures cham-
genre et le nombre du complément d’objet direct, pionnes. 3. Je crois mes camarades de collège
il s’accorde avec lui. Si le complément d’objet tout à fait innocents des bêtises dont on les
direct change (en genre, en nombre), son attribut accuse. Certes, je les trouve parfois un peu agités
change aussi, de la même façon. mais plutôt sympathiques. 4. Espérons que le
mauvais temps ne rendra pas les routes de notre châtains que blonds, le charme naturel de sa
région impraticables. 5. Les sauveteurs revinrent personne, tout concordait à en faire le type
indemnes de leur mission ; on les devinait impa- accompli du Lowlander, c’est-à-dire un superbe
tients de retrouver leur ville où ils seraient accueillis spécimen de l’Écossais de la plaine […].
triomphalement. 6. Savez-vous que les journaux La pluie tombait alors avec moins de violence.
les sacrèrent rois du courage et que la ville les Les larges gouttes se pulvérisaient avant d’at-
jugea héroïques ? teindre le sol. C’étaient plutôt des rafales humides,
qui couraient dans l’air, soulevées par une fraîche
5. 1. Les visiteurs de l’exposition semblent très
brise.
intéressés par les objets présentés. 2. Les succès,
au cinéma, ou dans la chanson, rendent parfois les Harry Ford et James Starr – le jeune homme por-
artistes un peu trop sûrs d’eux-mêmes. 3. Les tant le léger bagage de l’ingénieur – suivirent la
fous rires que nous avons pris le jour de ton anni- rive gauche du fleuve pendant un mille environ.
versaire restent inoubliables. 4. Ces comédiens, Après avoir longé sa plage sinueuse, ils prirent une
Julie les trouve très doués et très drôles. 5. Je route qui s’enfonçait dans les terres sous les
tiens cette histoire pour vraie. 6. Les apparte- grands arbres ruisselants. De vastes pâturages se
ments de l’immeuble qui vient d’être achevé développaient d’un côté et de l’autre, autour de
paraissent très vastes et suffisamment fonctionnels. fermes isolées. Quelques troupeaux paissaient
tranquillement l’herbe toujours verte de ces
6/a. tapis : cachés en se blottissant, se ramassant prairies de basse Écosse. C’étaient des vaches sans
sur eux-mêmes. vivotaient : vivaient avec de cornes, ou de petits moutons à laine soyeuse, qui
petits moyens (peu de nourriture…). les vivres : ressemblaient aux moutons des bergeries d’en-
les aliments, la nourriture. fants. Aucun berger ne se laissait voir, abrité qu’il
b. tapis : attribut du sujet hommes. partisans : était sans doute dans quelque creux d’arbre.
attribut du complément d’objet direct les. Jules VERNE, Les Indes noires.
verts : attribut du complément d’objet les. Remarque : l’arrêté du 28 décembre 1976, qui
difficiles : attribut du sujet vivres. impossibles : porte sur les tolérances grammaticales et ortho-
attribut du sujet vivres. seuls : attribut du sujet graphiques aux examens et concours du ministère
verts. de l’Éducation, admet aussi bien « c’était » que
c. Le participe « dissimulées » est accordé au fémi- « c’étaient » quand le présentatif est suivi d’un
nin pluriel parce qu’il se rapporte au nom nom au pluriel : C’étaient ceux que nous attendions.
cachettes. L’adjectif « pareils » est accordé au C’était ceux que nous attendions.
masculin pluriel parce qu’il qualifie le sujet ils.
2. L’énoncé peut être dit par des garçons, ou des femme assiste à la scène avec des hommes est le
filles, ou un ensemble de garçons et de filles : il est participe passé « saisis » (l. 3), qui fait partie de la
impossible de le savoir. En effet l’accord au pluriel forme verbale sommes saisis. Employé avec l’auxi-
de l’adjectif sensibles indique seulement qu’il y a liaire être, ce participe s’accorde avec le sujet,
plusieurs personnes, mais comme ce mot a tou- « nous ». Comme l’accord est fait au masculin,
jours un e final, même au masculin, on ne peut c’est que le pronom « nous » renvoie à un
deviner le sexe de ces personnes. 3. L’énoncé ensemble d’hommes et de femmes (ou au moins
peut être prononcé par des garçons, ou un une femme, la narratrice).
ensemble de garçons et de filles ; c’est l’accord du 3. L’adjectif « surnaturelles » (l. 5) exerce la fonc-
participe rencontrés qui l’indique. tion d’attribut du complément d’objet direct
« que ». Cet adjectif est au pluriel parce que l’anté-
2. Nous étions ensemble, là-bas, remontant les
cédent de ce pronom relatif est au pluriel, c’est le
glaciers, franchissant les corniches enneigées,
mot « merveilles » (l. 4).
escaladant les parois, à bout de souffle malgré les
Le verbe « excite » (l. 7) a pour sujet le nom
masques à oxygène. C’est épuisées et transies de
Polynice et s’accorde donc au singulier. Le mot les
froid que nous avons finalement atteint le toit du
qui précède directement le verbe a la fonction de
monde. À la fin du générique, nous sommes
complément d’objet direct : de ce fait il n’in-
restées assises plusieurs minutes sans rien dire,
fluence en rien l’accord du verbe.
éblouies jusqu’au plus profond de nous-mêmes.
Le verbe « procurent » (l. 12) est au pluriel car il a
D’après Jean-Marie DEFOSSEZ, L’Étoile de Sagarmatha,
deux sujets ; ceux-ci sont placés après lui, ce sont
© Nathan, 2007.
les noms perfection et beauté.
3. Je lus, dans les petites annonces d’un journal, 4. a. Les spectateurs assistent terrifiés à cet admi-
que deux jeunes filles sachant coudre, broder, coif- rable combat.
fer, cherchaient une place, et qu’elles fourniraient b. Les spectateurs le savent sans doute mais s’aban-
les meilleurs renseignements. Elles parlaient en donnent tout entiers au plaisir que leur procurent la
outre l’anglais. perfection des chevaux affrontés et la beauté sau-
J’écrivis à l’adresse indiquée, et, le lendemain, vage du combat.
les personnes en question se présentèrent. Elles
étaient assez grandes, minces, un peu pâles, avec
l’air très timide. Elles avaient de beaux yeux noirs, Point méthode 2 p. 434
un teint charmant, elles me plurent tout de
suite. Je leur demandai leurs certificats : elles m’en
Réponses aux questions (p. 434)
donnèrent un en anglais, car elles sortaient, 1. Zola a surtout écrit des mots et des groupes
disaient-elles, de la maison de lady Rymwell, où de mots : « godailler », « avoir un poil dans la
elles étaient restées dix ans. main », etc. Il a aussi écrit deux phrases, dont
D’après Guy de MAUPASSANT, « Rose », une en haut à droite : « elle regarde dans le porte-
dans Contes et nouvelles. monnaie quand elle flaire quelque chose ».
4. Le grand lion a roulé sur le dos, a étendu une 2. Pour mettre en valeur ce qu’il a relevé, Zola
patte et a ouvert sa gueule sombre […]. La patte utilise le soulignement (ou soulignage). Il a disposé
formidable, au lieu de s’abattre sur Patricia et de la les mots et expressions sur la page de manière
mettre en pièces, s’est approchée d’elle tout dou- aérée.
cement, les griffes rentrées, a cueilli la petite fille et
l’a couchée par terre avec gentillesse. Patricia a 3. D’après ces notes, le mot boîte, pour les
chargé de nouveau et King a riposté comme il ouvriers de cette époque, signifie l’atelier.
venait de le faire. Mais il avait pris goût au jeu. Il ne 4. Zola a pris des notes pour avoir à sa disposi-
s’est plus contenté d’envelopper de sa patte la tion des mots, des expressions, le jour où il en aura
taille de Patricia et de la déposer sur le sol. Il l’a besoin pour écrire son roman. Il a pris des notes
renvoyée comme une balle. pour préparer son travail. Ces notes ne sont pas
D’après Joseph KESSEL, Le Lion, © Éditions Gallimard, 1958. tassées dans la page, elles se lisent aisément, mais
elles ne sont pas organisées (triées, classées…).
5/1. L’indice orthographique prouvant que le
personnage narrateur est une femme est le parti- 5. Dans la vie courante, il est nécessaire de
cipe « terrifiée » (l. 1), qui est employé ici seul, en prendre des notes quand on veut effectuer des
fonction d’attribut du sujet. Puisque ce mot est au révisions en vue d’un examen ou d’un concours,
féminin, c’est que le sujet « je » est féminin, et quand on veut faire un discours, quand on assiste
donc que ce pronom « je » renvoie à une femme. à une réunion, quand on veut faire des courses de
2. L’indice orthographique prouvant que cette manière réfléchie, etc.
Corrigé des exercices pour être concises, réorganisées selon un plan, cla-
rifiées à l’aide d’explications, de définitions. Il peut
1.
s’aider d’un plan, de notes, mais ne pas lire face à
1840 naissance Paris ses camarades un texte préétabli, qui générerait
1862-1866 employé Librairie Hachette l’ennui. Il est préférable d’improviser des phrases,
1867 roman : Thérèse Raquin même au prix de quelques répétitions, de
1869 conçoit série Rougon-Macquart quelques silences qui sont le naturel de toute com-
1871 La Fortune des Rougon munication orale authentique. La durée impartie à
1875 La Faute de l’abbé Mouret l’exercice sera d’environ trois minutes.
1877 L’Assommoir Évaluation. On prendra surtout en compte les
1880 Nana critères suivants :
1882 Pot-Bouille – la prise en compte de l’auditoire : allure correcte,
1883 Au Bonheur des dames regard en direction du public (les camarades),
1885 Germinal niveau de langue courant, ton de conviction ;
1886 L’Œuvre – l’aptitude à communiquer oralement : puissance
1887 La Terre suffisante de la voix, débit convenable, netteté de
1890 La Bête humaine la prononciation ;
1892 La Débâcle – l’intérêt de l’exposé : sujet traité, qualité de la
1893 Le Docteur Pascal documentation, clarté des explications ;
1894-1897 Trois villes (Lourdes, Rome, Paris) – la maîtrise de la langue : construction des
13 janvier 1898 article J’accuse phrases correcte (pas trop de phrases inachevées),
1898-1899 réfugié Angleterre variété et précision du vocabulaire ;
1899-1903 Les Quatre Évangiles – l’effet produit : le public a accru ses connais-
1902 mort Paris sances sur le sujet, et de manière agréable.
2. Oui, le résumé tient compte de l’organisation du 6/a. et b. Par exemple : À l’aube, Angelo prépara
roman. Comme le roman, il est composé de deux son cheval et descendit dans le vallon. Il faisait
parties. Le résumé suit la chronologie du roman. chaud même à l’ombre, mais malgré cela Angelo
avait envie de boire quelque chose de chaud. Il vit
3. Il n’y a pas de dialogues, ni de passages alors une métairie et une femme dans un pré qui
descriptifs dans ce résumé. On ne relève que
ramassait du linge. Il s’approcha d’elle et
quelques notations descriptives, courtes : « Fasciné »
demanda du café. La femme, grande et forte,
(l. 5), « une bête superbe » (l. 7-8), « un jeune guer-
accepta et dirigea Angelo vers la porte. Dans la
rier masaï » (l. 8-9).
cuisine il vit un vieillard, des mouches. La pièce
4. Quelques mots ou groupes apposés : « direc- était noire de suie mais Angelo la trouva char-
teur du parc et père de Patricia » (l. 2-3), « Fasciné » mante grâce à la bonne odeur du café.