Pourquoi Ça Coûte Aussi Cher
Pourquoi Ça Coûte Aussi Cher
Pourquoi Ça Coûte Aussi Cher
Les explications souvent avancées par les responsables des banques commerciales sur
les coûts élevés des opérations et des transactions pour leurs clients en Afrique centrale sont
souvent liées au sous-développement de l'infrastructure financière. Cette précarité implique des
défis considérables en termes de connectivité, d'accès aux technologies de pointe et des coûts
de maintenance élevés des infrastructures. La faible bancarisation entraîne des coûts importants
pour le fonctionnement des succursales et les transactions en espèces, ce qui entraîne des coûts
opérationnels plus par transaction en raison du faible volume d'opérations. De plus, la volatilité
économique et les réglementations strictes augmentent les coûts de conformité et de gestion
des risques pour ces banques.
Toutefois, malgré les défis indéniables évoqués, il est important de noter que les
rapports annuels de ces banques commerciales révèlent souvent des bénéfices considérables,
même après avoir pris en compte les coûts opérationnels parmi les plus élevés. Ces profits
significatifs soulignent la rentabilité des activités bancaires dans la région. Cela se traduit
parfois par une croissance significative et rapide de leurs actifs et l'élargissement de leurs
filiales dans divers pays d'Afrique centrale, indiquant une expansion profitable des opérations.
Des mouvements de fusions et acquisitions ont été observés récemment entre ces
banques, ce qui suggère des niveaux de rentabilité et des opportunités de croissance
suffisamment attractives pour encourager de telles transactions. La rémunération élevée des
cadres supérieurs et des dirigeants de ces banques commerciales signalent également la santé
financière robuste de ces institutions, démontrant des bénéfices substantiels.
Ces indicateurs de rentabilité semblent remettre partiellement en question l'argument
selon lequel les coûts élevés des opérations et des transactions sont uniquement attribuables
aux défis structurels et réglementaires. Les bénéfices significatifs réalisés par ces banques
soulèvent des questions sur la tarification des services, la répartition des bénéfices et l'équilibre
entre les coûts opérationnels et les revenus générés. Ces questionnements concernant la juste
répartition des coûts entre les institutions et leurs clients mettent en évidence la nécessité d'une
transparence accrue en matière de tarification des services financiers pour garantir l'équité et
l'accessibilité pour les clients en Afrique subsaharienne.
En moyenne, des frais de 150 $ par an pour une carte de débit/crédit, des frais mensuels
de 15 $ pour la tenue de compte, jusqu’à 10 $ de frais par transaction pour les paiements via
les terminaux des établissements commerciaux, des commissions sur les retraits en espèces,
des taux d'intérêt dépassant 15 % sur des prêts souvent à court terme, des taux de commissions
et divers frais supplémentaires appliqués sur d'autres transactions, notamment les virements,
les paiements internationaux, ainsi que d'autres charges parfois injustifiées, malgré
l'automatisation de la plupart des opérations effectuées directement par les clients depuis leurs
propres appareils.
Toutes ces charges sur des populations n’encouragent pas l'inclusion bancaire qui revêt
une importance particulière en raison des faibles revenus, avec plus de 80% de la population
vivant dans zones rurales et éloignées ainsi que du manque d'accès aux infrastructures de base.
Elles réduisent par la même occasion les chances de succès des initiatives de gouvernements
africains dans la bancarisation et la lutte contre la corruption.
Le seul espoir pour les clients serait la mise en place des réglementations ou le
renforcement des normes en vigueur qui encourageraient cette transparence et protégeraient les
consommateurs, tout en garantissant la viabilité des activités des banques. En encourageant
une plus grande ouverture sur la tarification des services financiers, on peut espérer une
amélioration de l'accès aux services bancaires et une réduction des coûts pour les clients, ce
qui contribuerait à une économie plus inclusive et équilibrée en Afrique centrale.
Nico Minga
Novembre 2023