Ernesto de La Torre Chauvin
Ernesto de La Torre Chauvin
Ernesto de La Torre Chauvin
Janvier 2015
ii
Dédicace
Je dédie ce travail à mon père, "Papa Ernestito"
qui, par son grand amour et son exemple m´a formé
en tant que chercheur avec un esprit ouvert pour
respirer le parfum des fleurs qui ne sont pas encore
nées et qui était convaincu que "e scientia hominis
salus".
iii
iv
Remerciements
Je tiens tout d´abord à remercier mes promoteurs de thèse, les
professeurs Éric Gaigneaux et Christian Lucion pour leur confiance, le
temps qu'ils m´ont consacré et les nombreux conseils scientifiques
qu'ils mon prodigués tout au long de ce travail.
Je souhaite ensuite remercier les professeurs Sophie Hermans (UCL)
et Vincent Dubois (Institut Meurice, Belgique) qui m´ont fait
l´honneur de faire partie du jury d´encadrement, pour leurs précieuses
recommandations et les échanges scientifiques. Je tiens également à
remercier chaleureusement les professeurs Philippe Ancia (Université
de Mons), Juan Manuel Diez Tascón (Instituto del Carbón, Oviedo)
pour s´être joints au jury de cette thèse ainsi que le professeur Jacques
Devaux (UCL) pour l´avoir présidé.
Je tiens à exprimer ma gratitude éternelle au professeur honoraire de
la Escuela Politécnica Nacional de Quito, Christian Lucion qui a été
mon mentor, un exemple et mon guide et à le remercier pour être une
grande lumière dans ma vie.
Plus particulièrement, je voudrais communiquer au professeur
Éric Gaigneaux ma gratitude pour l'accueil dans son laboratoire, pour
avoir pu profiter de ses connaissances et de son expertise ainsi que
pour son grand esprit de collaboration avec les étudiants équatoriens.
La réalisation de cette thèse a demandé l´aide de nombreux collègues
des laboratoires et des secrétariats de l’UCL ; merci à Françoise
Somers, Chantal Manga, L. Bertrand, Nathalie, Benjamin, Pauline,
Joséphine, Maryna, Victor ainsi qu’aux professeurs Paul Grange, trop
vite décédé, Philippe Sonnet, Pierre Delmele et Sophie Opfergelt.
Mes remerciements s´adressent également à mes collègues et
collaborateurs des laboratoires de la Escuela Politécnica Nacional de
Quito : Alicia Guevara, Evelyn Criollo, Diana Endara, Verónica Díaz,
Kleber Collantes, Andrés León, Ramiro Romero, Petre Ignatov,
Carlos Salvador, Carlos Valencia, Daniel Pesántez, Yadira Pilco,
Andrés Miño, Michelle Flores, Luis Vásconez, Francisco Quiroz,
Patricio Castillo, Florinella Muñoz, Neyda Espín, Omar Bonilla,
Eliana Manangón, Diana Celi, Carlos Aragón, Gabriela Ruiz, Isaac
Meza, et des laboratoires de la Pontificia Universidad Católica del
Ecuador : Lorena Meneses, Pablo Pozo, Miguel Parreño.
v
J´aimerais exprimer mon amour et ma gratitude à ma famille pour son
soutien indéfectible ; merci à mon épouse bien-aimée Susy et mes
enfants Nathalie et Ernesto ainsi qu'à ma sœur Anita et à mon neveu
Ahmed.
Je tiens à exprimer mon amour et ma gratitude à Ernesto et
Luz América, mes parents exceptionnels.
J´adresse ensuite mes sincères remerciements à ma sœur Norita, mon
beau-frère Miguel et ma nièce Stephanie, à mes oncles et tantes Papá
Carlitos, Mamá Michita, Enrique, Jaime, Marco, Elsa et à mes cousins
et cousines Pepín, Marco Antonio, Patricio, Diego, Jaime, Gloria,
Margarita, à ma belle-mère María Teresa ainsi qu'à Maguita, Ider,
Martha, Ider Jr., Andrés, Santiago, Rodrigo, Lili, Juanito, Doris,
Carlos, Gloria, Alejandro et Fernando pour leurs encouragements au
cours de ces dernières années. Merci aussi à tous mes amis.
Je remercie l´Escuela Politécnica Nacional (EPN), aux recteurs
Alfonso Espinosa et Jaime Calderón pour la permission qu´ils m'ont
accordée pour réaliser la thèse dans les laboratoires du Département
de Métallurgie Extractive (DEMEX) ainsi qu'à la Société Agrigacesa
et à ses directeurs Alberto Andrade, Carlos López et Sandra Ruiz pour
avoir donné l'autorisation d'utiliser leurs installations industrielles et
de publier des résultats.
Mes plus vifs remerciements sont adressés au Docteur Rafael Correa
Delgado, Président de l´Équateur et au Secretaría de Educación
Superior, Ciencia y Tecnología e Innovación de l´Équateur
(SENESCYT) pour l´octroi de ma bourse de doctorat.
vi
Table des matières
vii
2.6.2. Cinétique d'activation avec CO2 et H2O
vapeur ................................................................. 66
2.6.3. Activation de coques de noix de coco et de
palmier à huile carbonisés .................................. 71
2.6.4. Résumé ............................................................... 77
2.7. La carbonisation de matériaux cellulosiques
modifiée par l'activation chimique ................................ 77
2.7.1. Mécanisme d'activation avec l'acide
phosphorique ...................................................... 83
2.7.2. Influence de l’imprégnation par des sels
minéraux ............................................................. 86
2.7.3. Résumé ............................................................... 91
2.8. Modification des propriétés de surface de charbons
actifs .............................................................................. 91
2.8.1. Groupes fonctionnels de surface ;
composites résines - charbon actif ; charbon
actif imprégné par Cu et Ag ............................... 93
2.8.2. Résumé ............................................................... 99
2.9. Récupération d´Au par le charbon actif après
lixiviation par des solutions alcalines de cyanure ......... 99
2.9.1. La cyanuration des minerais d´Au.................... 100
2.9.2. Récupération par le charbon actif d´Au
dans des solutions cyanurées ............................ 114
2.9.3. Résumé ............................................................. 121
2.10. Traitement d’effluents cyanurés ................................. 123
2.10.1. Récupération du cyanure : procédé AVR ou
Cyanisorb.......................................................... 123
2.10.2. Destruction du cyanure ..................................... 124
2.10.3. Traitement d’effluents cyanurés avec le
charbon actif ..................................................... 128
viii
2.10.4. Résumé ............................................................. 131
Chapitre 3. Objectifs de la recherche et stratégie ........................... 133
Chapitre 4. Méthodes et techniques expérimentales ...................... 139
4.1. Introduction ................................................................. 139
4.2. Caractérisation des coques de noix de palmier ........... 139
4.3. Carbonisation des coques de noix de palmier ............. 140
4.3.1. Essais en lit fixe à l'échelle laboratoire ............ 140
4.3.2. Essais pilotes dans un four Nichols
mono-chambre .................................................. 141
4.3.3. Essais industriels dans un four rotatif
continu .............................................................. 144
4.3.4. Caractérisation de la matière carbonisée .......... 147
4.4. Activation physique des coques de noix de palmier
par du CO2 et H2O vapeur ........................................... 147
4.4.1. Essais pilotes dans un four Nichols mono-
chambre ............................................................ 147
4.4.2. Essais industriels dans un four rotatif
continu .............................................................. 148
4.4.3. Caractérisation du charbon activé
physiquement.................................................... 149
4.5. Carbonisation des coques de noix de palmier
modifiées par imprégnation avec de l'acide
phosphorique (activation chimique) ........................... 152
4.5.1. Essais pilotes dans un four Nichols
mono-chambre .................................................. 152
4.5.2. Caractérisation du charbon activé
chimiquement ................................................... 153
4.6. Modification des propriétés de charbon actif
obtenu par activation physique de coques de noix
de palmier.................................................................... 153
ix
4.6.1. Attrition du charbon actif ................................. 153
4.6.2. Préparation du composite charbon actif -
résine phénolique (CRPC) ................................ 154
4.6.3. Préparation du composite charbon actif -
polyacide acrylique (CAIC) ............................. 154
4.6.4. Préparation du charbon actif imprégné par
divers métaux ................................................... 155
4.7. Cyanuration par la technique du charbon en pulpe ..... 157
4.7.1. Caractérisation du minerai Agua Dulce ........... 157
4.7.2. Essais de cyanuration par la technique du
charbon en pulpe .............................................. 157
4.7.3. Essais de résistance à l´abrasion en pulpe ........ 158
4.8. Traitement d´effluents cyanurés ................................. 158
4.8.1. Solutions synthétiques de cyanure de
sodium .............................................................. 158
4.8.2. Effluents de cyanuration par la technique
de charbon en pulpe du minerai Agua
Dulce ................................................................ 159
Chapitre 5. Carbonisation des coques de noix de palmier à
huile ............................................................................. 161
5.1. Introduction ................................................................. 161
5.2. Caractérisation des coques de noix de palmier à
huile............................................................................. 162
5.3. Essais en lit fixe à l'échelle laboratoire ....................... 166
5.3.1. Thermobalance ................................................. 166
5.3.2. Essais dans un four tubulaire ............................ 167
5.4. Essais pilotes dans un four Nichols mono-chambre ... 168
5.5. Essais industriels dans un four rotatif continu ............ 192
x
5.6. Caractérisation de la matière carbonisée produite
dans le four rotatif continu industriel avec
releveurs ...................................................................... 197
5.7. Résumé et conclusions ................................................ 198
Chapitre 6. Activation des coques de noix de palmier à huile ....... 203
6.1. Introduction ................................................................. 203
6.2. Activation physique avec CO2 et H2O vapeur, de
charbon produit à partir de coques de noix de
palmier à huile............................................................. 203
6.2.1. Essais pilotes dans un four Nichols mono-
chambre (deux étapes) ...................................... 204
6.2.2. Essais industriels dans un four rotatif
continu .............................................................. 215
6.2.3. Caractérisation du charbon activé
physiquement.................................................... 224
6.3. Carbonisation des coques de noix de palmier à
huile modifiée par imprégnation avec de l'acide
phosphorique (activation chimique) ........................... 233
6.3.1. Essais pilotes dans un four Nichols
mono-chambre .................................................. 233
6.3.2. Caractérisation du charbon activé
chimiquement ................................................... 239
6.4. Résumé et conclusions ................................................ 244
Chapitre 7. Modification des propriétés du charbon actif obtenu
par activation physique à partir des coques de noix
de palmier à huile ........................................................ 249
7.1. Introduction ................................................................. 249
7.2. Attrition du charbon actif ............................................ 249
7.3. Composite charbon actif - résine phénolique
(CRPC) ........................................................................ 250
xi
7.4. Composite charbon actif - polyacide acrylique
(CAIC) ........................................................................ 252
7.5. Charbon actif imprégné avec divers métaux ............... 255
7.6. Résumé et conclusions ................................................ 257
Chapitre 8. Récupération de l´Au par des charbons actifs
produits à partir de coques de noix de palmier et
des composites CRPC et CAIC ................................... 261
8.1. Introduction ................................................................. 261
8.2. Essais d´adsorption du complexe cyanuré d´Au ......... 261
8.3. Essais de cyanuration CIP pour la récupération
d´Au ............................................................................ 269
8.3.1. Caractérisation du minéral................................ 269
8.3.2. Essais de cyanuration ....................................... 271
8.3.3. Essais de cyanuration CIP avec charbon
activé physiquement et attritionné .................... 274
8.3.4. Essais de cyanuration CIP avec composites
CRPC et CAIC ................................................. 279
8.4. Résumé et conclusions ................................................ 281
Chapitre 9. Traitement d´effluents cyanurés .................................. 285
9.1. Introduction ................................................................. 285
9.2. Solutions synthétiques de cyanure de sodium ............ 285
9.3. Effluents de cyanuration CIP du minerai Agua
Dulce ........................................................................... 297
9.4. Résumé et conclusions ................................................ 300
Chapitre 10.Conclusions générales et perspectives ........................ 303
Références ..................................................................................... 307
Annexe 1. Modèle du "noyau n´ayant pas réagi" pour la
carbonisation de coques de noix de palmier à huile .... 317
xii
Annexe 2. Modèle de la "conversion continue" pour
l´activation physique du charbon produit à partir de
coques de noix de palmier ........................................... 329
Annexe 3. Modèle pour le calcul de la "diffusion dans une
couche de charbon" dans le four rotatif sans
releveur pour l´activation physique du charbon
produit à partir de coques de noix de palmier ............. 335
Annexe 4. Modèle de "diffusion dans les pores du charbon
actif" pour l´adsorption du complexe cyanuré d´Au
et l´oxydation du NaCN par de l´air. ........................... 337
Publications .................................................................................... 347
xiii
xiv
Abréviations
1
HPC : hydroxypropylène cellulose
MEB : microscope électronique à balayage
TGA : analyse thermogravimétrique
TULAS : Texto Unificado de Legislación Ambiental Secundaria de
l´Équateur
TPH : hydrocarbures pétroliers totaux solubles dans l´eau
PVA : alcool polyvinylique
WAD : cyanures à acide faible dissociable
2
Résumé
Les nouvelles usines de traitement des minerais aurifères dans le
monde utilisent le procédé de cyanuration et d'adsorption d´Au sur
charbon actif, étant donné son efficacité et son coût globalement
faible. La grande disponibilité des coques de noix de palmier africain
en Équateur et leurs caractéristiques physico-chimiques permettent de
considérer ce déchet agro-industriel comme une matière première
potentielle pour la production de charbon actif.
Les résultats obtenus dans cette recherche ont démontré la faisabilité de
produire à partir de coques de noix de palmier africain, du charbon actif
et des composites (charbon actif - résines, charbon actif – Cu) ayant les
caractéristiques nécessaires pour être utilisés dans le traitement des
minerais d´Au par cyanuration et des effluents cyanurés. Les procédés
étudiés permettent de valoriser un déchet par la production de charbons
actifs et de composites, produits ayant une valeur ajoutée élevée et qui
ont des applications industrielles importantes.
Une revue complète de la littérature reflétant l´état de l´art concernant
les coques de noix de palmier africain, le charbon actif, la
carbonisation, l´activation physique par CO2 + H2O vapeur et
chimique par H3PO4 des matériaux ligno-cellulosiques ainsi que la
modification des propriétés de surface des charbons actifs, la
récupération d´Au par cyanuration - charbon actif et le traitement
d´effluents cyanurés a été réalisée.
La caractérisation des coques de noix de palmier africain de la variété
tenera a été effectuée. Le développement des procédés de fabrication
de charbon actif a été réalisé à l'échelle laboratoire (réacteurs de type
thermobalance, four tubulaire) et à l'échelle pilote (four Nichols à lit
mélangé) et en continu (four rotatif industriel). Les résultats des essais
de carbonisation sont présentés, en reliant l´influence de la
température, du temps de carbonisation et de la vitesse de chauffe sur
la dureté et la structure des produits carbonisés. Dans le but
d'interpréter les données industrielles, un modèle cinétique a été
adapté pour la carbonisation, l´application de ce modèle étant discutée
; il considère les phénomènes de transport de chaleur et de masse ainsi
que la réduction de la taille des particules.
Les résultats des essais d’activation physique par CO2 + H2O vapeur
et d’activation chimique par H3PO4, des coques de noix de palmier
africain réalisés à l'échelle pilote et industrielle et de la caractérisation
3
des charbons actifs obtenus, sont montrés. L´application du modèle de
conversion continue aux essais d'activation physique est discutée. Un
procédé plus simple (carbonisation - activation physique en une étape)
et à une température plus basse (850 °C) pour la production de
charbon actif à partir de coques de noix de palmier a été mis au point
et a été appliqué avec succès au niveau industriel.
La modification des propriétés des charbons actifs obtenus par
activation physique, par attrition ainsi que par le développement de
composites "charbon actif - résines phénoliques ou polyacide
acrylique" et par imprégnation de divers métaux est également
présentée.
Les résultats de cyanuration en utilisant le procédé du charbon en
pulpe, d´un minerai sulfuré polymétallique aurifère de la veine Agua
Dulce du gisement hydrothermal de Portovelo (Équateur) ainsi que des
essais d´adsorption du complexe cyanuré d´Au par les différents
charbons actifs et composites produits sont présentés. Les traitements
de solutions synthétiques de cyanure de sodium et d´effluents
cyanurés avec de l'air et des charbons actifs imprégnés avec du Cu
sont discutés.
4
Chapitre 1.
Introduction
Le palmier à huile d'Afrique (Elæis guineens) produit des fruits riches
en huile rouge de palme (ou de la pulpe), en huile de palmiste (ou de
la noix), en pâte à gâteau de la palme et des coques qui sont des
résidus. Les différents types d'huiles sont employés dans l'industrie
alimentaire, dans la fabrication de cosmétiques, de savons et de
détergents ainsi que dans la production de biocarburants. En Équateur,
l'industrie extractive de l'huile de palme génère environ
200 000 tonnes de coques par an. Leur utilisation est assez limitée,
principalement comme combustible de substitution (chaudières et
fours de cimenterie) et pour réparer les routes, mais la majorité est
mise dans des décharges sauvages.
L'Équateur exporte actuellement vers l'Europe et l'Amérique des
coques de noix de palmier à huile au prix de 8 à 15 € par tonne, mais
ce résidu pourrait avoir un potentiel d'utilisation élevé, pour la
production de charbon actif de bonne qualité (de l'ordre de 2 000 € par
tonne), produit à valeur ajoutée intéressante, très demandé sur le
marché mondial pour ses applications industrielles comme le
traitement des minerais aurifères.
L´exploitation des minerais métalliques est une activité stratégique
très importante en Équateur qui produit annuellement de l´ordre de
12 tonnes d´Au et 5 tonnes d´Ag. La production artisanale représente
75 % de la production totale d'Au. Il s´agit d´installations
rudimentaires (broyage, concentration gravimétrique et amalgamation)
qui ne récupèrent que partiellement l´Au, les rejets de ces installations
alimentant généralement des usines de cyanuration. Ces technologies
engendrent des problèmes de contamination de l'environnement en
particulier par le mercure et par le cyanure si ce dernier n´est pas
correctement détruit.
L'exploitation des minerais aurifères a été fortement dynamisée ces
dernières années en Équateur par l'augmentation très importante du
prix de l´Au (35 €.g-1) et par l'utilisation avec succès de technologies
développées dans d´autres pays miniers, comme la cyanuration
"charbon en pulpe" (CIP) et la "cyanuration "charbon en lixiviation"
(CIL) ; ces techniques ont simplifié les procédés de séparation
5
solide / liquide en réduisant à la fois les volumes des cuves d'agitation
et des décanteurs.
Aujourd'hui, ces technologies sont utilisées, en Équateur, dans des
usines qui traitent jusqu´à 300 tonnes par jour de rejets et qui parfois
récupèrent, en plus de l'Au et de l'Ag encore présents, un concentré
sulfuré Cu – Pb - Zn contenant également les métaux précieux
réfractaires à la cyanuration, ces concentrés étant exportés en Chine.
Le charbon actif, même s´il est bien connu depuis 1880 pour sa
propriété d'adsorber Au à partir d'une solution cyanurée, n'a été utilisé
industriellement à grande échelle qu'à partir des années 1970 quand la
technique de désorption a permis leur réutilisation. À l'heure actuelle,
environ 70 % de toutes les nouvelles usines de traitement des minerais
aurifères dans le monde utilisent le procédé de cyanuration et
d'adsorption d´Au sur charbon actif, étant donné son efficacité et
l´investissement globalement plus faible qu´il demande.
La technique de récupération d´Au avec du charbon actif comporte les
étapes suivantes : la dissolution d´Au des minerais aurifères broyés
(-150 +74 µm) par une solution cyanurée alcaline (cyanuration) dans
des réacteurs agités ; l'adsorption d´Au dissous par du charbon actif
granulaire (-4 +2 mm) après la cyanuration CIP ou pendant la
cyanuration CIL dans le même réacteur agité ; la séparation
mécanique par criblage du charbon actif granulaire chargé d´Au et de
la pulpe du minerai (effluent cyanuré) ; la désorption d´Au (élution) ;
l'électroextraction d´Au et la régénération du charbon actif avant
recirculation.
Les charbons actifs utilisés dans les procédés de cyanuration CIP ou
CIL doivent avoir une grande capacité d'adsorption d´Au avec une
cinétique élevée, mais la dureté ou "résistance à l´abrasion", est la
propriété physique la plus importante, étant donné que les particules
fines de charbon (chargées d´Au) produites par abrasion, sont perdues
dans les rejets et que ces pertes peuvent parfois représenter plus de 10
% du charbon actif utilisé.
Commercialement, le charbon actif fabriqué à partir de coques de noix
de coco est utilisé préférentiellement pour les procédés de cyanuration
CIP et CIL, car il a une dureté élevée (par exemple, le
Calgon GCR-20) ; néanmoins, il serait intéressant de trouver d'autres
matières premières ligno-cellulosiques pour produire du charbon actif
ayant de meilleures propriétés, en particulier par une réduction des
pertes de charbon par abrasion.
6
La cyanuration des minerais aurifères produit des effluents toxiques
pour l'environnement ; ils sont traités industriellement par différentes
techniques qui permettent la récupération du cyanure ou sa
stabilisation par formation de complexes de fer ou sa destruction par
oxydation.
Étant donné les coûts élevés de la destruction du cyanure par
oxydation, il serait intéressant de profiter des propriétés catalytiques
du charbon actif en combinaison avec de l'air pour oxyder le cyanure.
Il est donc nécessaire d'évaluer le comportement des différents types
de charbon actif produits avec les coques de noix de palmier africain,
lors de l'oxydation de l'ion cyanure en solution alcaline avec de l'air.
Cette alternative pour le traitement des effluents cyanurés peut avoir
des perspectives de développement et d'applications industrielles.
À l´heure actuelle, les études fondamentales visant à bien comprendre
les mécanismes de production du charbon actif et leurs
caractéristiques physico-chimiques et structurales pour avoir une
dureté élevée, sont très rares.
Dans ce contexte, il est donc important d'étudier les procédés de
production de charbon actif à partir des coques de noix de palmier à
huile. Ce résidu pourrait avoir un potentiel d'utilisation élevé vu leur
grande disponibilité mais il est indispensable d'effectuer des
recherches et de favoriser le développement de nouvelles technologies
pour le valoriser.
Cette étude d'importance scientifique et technologique a comme
objectif principal d'évaluer le comportement des coques de noix de
palmier à huile lors des opérations de carbonisation et d'activation
ainsi que d'analyser et d'ajuster les propriétés des charbons actifs
obtenus pour les rendre utilisables dans le traitement des minerais
aurifères et des effluents cyanurés industriels.
7
que la modification des propriétés de surface des charbons actifs, la
récupération d'Au par le charbon actif en cyanuration et le traitement
d´effluents cyanurés.
Le Chapitre 3 présente les objectifs de la recherche et la stratégie.
Le Chapitre 4 expose les méthodes et les techniques expérimentales
employées pour la caractérisation des coques de noix de palmier
africain et des charbons actifs ainsi que pour la réalisation des essais
de carbonisation et d'activation à l'échelle laboratoire, pilote et
industrielle de même que les méthodologies utilisées pour la
cyanuration, le traitement des effluents cyanurés et pour modifier les
propriétés des charbons actifs.
Le Chapitre 5 présente les résultats de la caractérisation des coques
de noix de palmier africain de la variété tenera. Les résultats des
essais de carbonisation à l'échelle laboratoire, pilote et industrielle,
établissant l´influence de la température, du temps de carbonisation et
de la vitesse de chauffe sur la dureté et la structure des produits
carbonisés, sont discutés. Dans le but d'interpréter les données
industrielles, un modèle cinétique a été adapté pour la carbonisation et
les résultats de l´application de ce modèle sont présentés ; il prend en
compte les phénomènes de transport de chaleur et de masse ainsi que
la réduction de la taille des particules.
Le Chapitre 6 montre les résultats des essais d’activation physique
par CO2 + H2O vapeur et d’activation chimique par H3PO4, des coques
de noix de palmier africain réalisés à l'échelle pilote et industrielle et
la caractérisation des charbons actifs obtenus. Les résultats de
l´application du modèle de conversion continue aux essais d'activation
physique sont discutés.
Le Chapitre 7 présente les résultats de la modification des propriétés
des charbons actifs obtenus par activation physique, par attrition et par
le développement de composites "charbon actif - résines phénoliques
ou polyacide acrylique" ainsi que par imprégnation de divers métaux.
Le Chapitre 8 montre les résultats de cyanuration d´un minerai sulfuré
polymétallique aurifère de la veine Agua Dulce du gisement
hydrothermal de Portovelo (Équateur) ainsi que les résultats des essais
d´adsorption du complexe cyanuré d´Au par les différents charbons
actifs et par les composites produits en utilisant le procédé du charbon
en pulpe.
Le Chapitre 9 expose les résultats des traitements des solutions
8
synthétiques de cyanure de sodium et d´effluents cyanurés avec de
l'air et des charbons actifs imprégnés ou non par des métaux.
Le Chapitre 10 est un résumé des résultats et présente les principales
conclusions de la thèse.
Les Annexes 1, 2, 3, 4 fournissent des informations concernant les
modèles développés pour l'interprétation des résultats obtenus lors des
essais.
9
10
Chapitre 2.
État de l'art
2.1. Introduction
Afin de connaître le contexte scientifique et technologique de cette
thèse, il est nécessaire d'effectuer une revue de la littérature
concernant la caractérisation des coques de noix de palmier africain, la
carbonisation des matériaux ligno-cellulosiques, la fabrication de
charbon actif par activation physique et chimique ainsi que la
modification des propriétés de surface des charbons actifs, la
récupération de l´Au par le charbon actif lors de la cyanuration et le
traitement d´effluents cyanurés.
11
(A) (B)
(A) (B)
12
L'huile rouge de palme qui représente 18 à 26 % du poids du fruit, a
un point de fusion de 36 °C. Elle est très riche en vitamine A et E et
contient 44 % d'acide palmitique, 40 % d'acide oléique, 10 % d'acide
linoléique et 4 % d'acide stéarique. Elle est largement utilisée dans
l'industrie alimentaire pour la production de la margarine et d'huiles de
cuisson ainsi que dans la fabrication de savons et de biocarburants.
L'huile de palmiste qui représente 3 à 6 % en poids des fruits, a un
point de fusion de 28 °C. Elle contient 48 % d'acide laurique, 16 %
d'acide myristique, 15 % d'acide oléique, 8 % d'acide palmitique,
3 % d'acide linoléique et 3 % d'acide stéarique. Elle est utilisée dans la
production de savons de toilette de haute gamme, en raison de sa
teneur élevée en acide laurique ; elle est également utilisée dans la
fabrication de cosmétiques, de crèmes pour la peau, de chocolat, de
vernis et de biocarburants.
La pâte à gâteau de la palme, résidu des presses d'extraction d'huile
contient 10 % d'huile de palmiste et est utilisée pour l'alimentation
animale.
Les coques qui sont des résidus, représentent de 1 à 50 % du poids
des fruits ; ils sont utilisés comme une source alternative d'énergie
mais de manière assez limitée.
Il existe trois variétés de palmier africain :
dura est caractérisé par des coques épaisses,
pisifera n'ayant pas de coques,
tenera est un hybride obtenu à partir des deux autres variétés.
En 2010, 40,0 millions de tonnes (Mt) d'huile de palme ont été
produites, réparties de la manière suivante : 18,30 Mt en Indonésie,
16,60 Mt en Malaisie, 0,95 Mt en Thaïlande, 0,45 Mt en Colombie,
0,42 Mt au Nigeria, 0,42 Mt en Équateur et, en plus petite quantité,
dans différents autres pays comme la Papouasie Nouvelle-Guinée, la
Côte-d'Ivoire, le Honduras, le Ghana, le Cameroun, le Costa Rica et le
Pérou (au total, 2,86 Mt).
En Indonésie et en Malaisie, l'huile de palme est principalement
destinée à l'exportation pour son utilisation dans l'industrie alimentaire
et la production de biocarburants. Le premier importateur mondial
d'huile de palme est la Chine, avec 7,2 Mt ; vient ensuite : l'Union
européenne (5,7 Mt), l'Inde (5,1 Mt) et le Pakistan (2,7 Mt). [5, 6].
En 2011, dans le cas de l'Équateur, la production d'huile de palme
13
brute était d'environ 0,42 Mt, 0,02 Mt de ceux-ci sont consommées par
l'industrie nationale et 0,40 Mt ont été exportées. Il y a environ
5 300 agriculteurs qui ont des plantations de palmiers à huile, avec
une moyenne de 207 285 hectares, principalement dans les régions de
Quinindé, San Lorenzo, Santo Domingo de los Colorados, La
Concordia et Quevedo. Chaque hectare a un rendement moyen de
14 tonnes de fruits et de chaque tonne, il est extrait en moyenne
200 kg d'huile de palme ; il est à noter que la variété de palmier tenera
est la plus répandue dans les plantations équatoriennes [5, 6].
En Équateur, l'industrie extractive de l'huile de palme génère environ
200 000 tonnes de coques par an. Leur utilisation est assez limitée (de
l'ordre de 20 %), principalement comme combustible de substitution
dans les chaudières pour l'extraction d'huile et les fours de cimenterie.
Les prix élevés du pétrole depuis 2010, ont conduit diverses industries
à utiliser la biomasse comme source d'énergie. Cela explique la raison
pour laquelle l'Équateur exporte actuellement vers l'Espagne, l'Italie,
le Mexique et les États-Unis des coques de noix de palmier à huile au
prix de 8 à 15 € par tonne et du charbon produit à partir de cette
matière première au prix d'environ 160 € par tonne. En raison de la
grande difficulté de se décomposer naturellement dans le sol, les
coques de noix de palmier à huile sont utilisées pour réparer les
routes, mais la majorité est mise dans des décharges sauvages.
14
Tableau 2.1. Proportion de pulpe, coque et noix.
Variété Épaisseur Pulpe Coque Noix
coque
(mm) Teneur (% sur sec)
Dura 2-8 35 - 55 25 - 55 7 - 20
Tenera 0,5 - 3 60 - 95 1 - 32 3 - 15
Pisifera néant 95 - 98 0 2-5
15
Tableau 2.5. Pouvoir calorifique supérieur sur base sèche des
produits obtenus par pyrolyse des coques de de noix de
palmier à huile.
Constituant Teneur Pouvoir
calorifique
supérieur
(%) (MJ.kg-1)
Charbon de pyrolyse 33 33,1
Gaz condensables (goudrons) 25 23,6
Gaz non condensables 17 6,8
H2 O 25 -
Coque de noix de palmier à huile 100 22,2
16
exothermique. En fonction de la nature des forces responsables de la
formation d'une couche interfaciale, l'adsorption peut être de type
physique ou chimique. Dans le cas du charbon actif, ces deux
mécanismes d'adsorption s'effectuent en même temps [11, 12].
L'adsorption physique n'est pas spécifique mais réversible. Les
forces qui attirent l'adsorbat à la surface de l'adsorbant sont de type
van der Waals, de dispersion ou moment dipolaire, avec de faibles
énergies de liaison (entre 40 et 80 kJ.mol-1), l'adsorbat pouvant former
des multicouches. L'adsorption physique est proportionnelle à la
surface de l'adsorbant et elle diminue lorsque la température
augmente.
L'adsorption chimique est spécifique et irréversible ; elle se fait par
une liaison chimique entre adsorbat et adsorbant dans des positions
définies appelées "sites actifs" (groupes fonctionnels ou atomes de
carbone avec électrons non appariés qui peuvent établir des liaisons
covalentes), avec de fortes énergies de liaison (entre 100 et
400 kJ.mol-1) et forme une monocouche d'adsorbat.
Tout composé contenant du carbone peut produire du charbon actif
mais il est courant d'utiliser le bois, les coques de noix de coco, les
coquilles de noix, les graines de fruits, le charbon lignite et
bitumineux ainsi que l'anthracite. Le type de matières premières et les
procédés d'activation utilisés, donnent certaines caractéristiques
physiques et chimiques au produit obtenu, telles que la dureté, la
résistance à l'abrasion, la taille des particules, la taille et la forme des
pores, les groupes fonctionnels de surface, etc.
Par exemple, le bois de pin est utilisé pour la production de charbon
actif en poudre avec des propriétés de blanchiment, par activation
physique (avec H2O vapeur) et chimique (par exemple avec H3PO4).
Le charbon actif granulaire obtenu à partir de coques de noix de coco,
a une grande résistance à l'abrasion ; il est utilisé pour l'adsorption du
complexe cyanuré d´Au et de gaz.
À titre d'exemple, la production de charbon actif à partir de coques de
noix de coco, est effectuée en deux étapes [7, 15, 16, 17] :
La carbonisation des coques de noix de coco, s'effectue
généralement à 600 °C, dans une atmosphère pauvre en oxygène.
Dans ce procédé, la structure polymère de la cellulose, de
l'hémicellulose et de la lignine (Figure 2.3) est transformée en gaz
condensables (goudron, lévoglucosane), gaz non condensables
17
(CO2, CO, H2, CH4, C2H4, C2H6) et en une structure "lambris"
formée d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sur base
du benzène groupés en feuillets de façon aléatoire (Figure 2.4)
avec des groupes fonctionnels de surface (Figure 2.5) de type
acide carboxylique, quinone, etc. mais avec une surface spécifique
très faible (< 4 m2.g-1).
18
Figure 2.3. Structure de la cellulose, l'hémicellulose et la lignine [16,
17, 40, 44].
19
Figure 2.5. Groupes fonctionnels de surface: acide carboxylique,
phénol et hydroxyle, quinone, lactone, éther, carbonyle,
chromène, pyrone, amide, pyridine [16, 17].
20
adsorbées sont éliminées, mais la résistance mécanique du charbon
actif est réduite et la taille des pores peut être augmentée.
Dans certains cas, tels que le procédé de cyanuration CIP, il est
effectuée une régénération chimique, par lavage avec des acides
minéraux qui sont destinés à dissoudre les oxydes (tels que CaO)
précipités dans les pores du charbon actif.
21
Presque tous les matériaux de carbone et les charbons actifs utilisés
industriellement ont des formes allotropiques de graphite. Les
charbons graphitiques sont des charbons où les feuillets de graphène
(plans basals hexagonaux) sont regroupés parallèlement avec un ordre
cristallographique, indépendamment de la présence de défauts
structurels. Les charbons non graphitiques sont des charbons dans
lesquels la structure a des feuillets de graphène à deux dimensions,
mais aucun ordre cristallographique dans la troisième dimension. Ces
charbons ont une plus grande capacité à développer de la porosité lors
des procédés d'activation.
22
2.4.1.1. Structure du charbon actif
23
(A)
(B)
24
(A)
(B) (C)
25
Il est très important de noter que la structure des pores du charbon
actif développée et modifiée lors de l'activation, varie largement d'un
charbon à l'autre et que des pores de différentes formes (cylindriques,
coniques ou en forme de bouteille) peuvent être obtenus. Par exemple,
dans le cas de l'activation chimique du bois de pin par H3PO4, des
pores en forme de bouteille sont obtenus, générés par une
accumulation de produits gazeux de pyrolyse, comme cela est
schématisé à la Figure 2.10A. Pour l'activation avec H2O vapeur, les
pores ont une forme conique en raison de la différence de
concentration en H2O dans le grain de charbon et la différence de
réactivité des atomes de carbone. Ce modèle est schématisé à la
Figure 2.10B [19, 22].
(A) (B)
26
La réactivité de surface élevée est associée aux sites actifs du charbon
actif (Figure 2.8), aux groupes fonctionnels oxygénés et à l'attraction
par les forces de van der Waals qui sont générées par des électrons
délocalisés des liaisons pi des atomes de carbone de la structure en
treillis sur base du benzène [14, 15, 17, 20].
Les macropores ont une faible surface spécifique, mais ils servent de
passage vers l'intérieur où se trouvent des mésopores et des
micropores qui sont les endroits où se produit l'adsorption, de sorte
qu'un charbon actif de bonne qualité doit présenter une microporosité
importante mais aussi une méso et une macroporosité suffisante pour
permettre la diffusion rapide à l'intérieur des particules de charbon
actif. La taille et la forme de la molécule qui doit être adsorbée,
doivent permettre d'atteindre les micropores [15, 16, 17, 23].
Ainsi, par exemple, un charbon actif avec une taille homogène de
micropores est utilisé pour la séparation des gaz tandis que pour le
traitement des eaux où il faut adsorber des substances avec différentes
dimensions moléculaires, du charbon actif ayant une distribution de
taille de micropores plus large est utilisé [17, 23].
27
les pores à une pression de 200 MPa ce qui permet d'obtenir la
distribution de la taille des pores compris entre 15 μm (taille qui
correspond à la pression atmosphérique) et 7,5 nm.
Le charbon actif est également caractérisé par le volume d'une
substance adsorbée, présumée liquide, nécessaire pour saturer chaque
pore ouvert ou accessible ; par conséquent, le volume des pores tient
compte uniquement de la porosité ouverte et est généralement exprimé
en cm3.g-1 [23, 24].
Essais d'adsorption. Pour les relations commerciales entre les
producteurs et les utilisateurs de charbons actifs, il existe des essais
d'adsorption de certaines molécules, essais qui sont largement utilisés
pour leur caractérisation. La meilleure façon de connaître le type de
porosité d'un charbon actif est de déterminer les indices d'iode, de bleu
de méthylène et de décoloration de la mélasse (ou du sucre) ce qui
permet de déterminer leurs propriétés d'adsorption des micro et des
macromolécules qui sont liées à la taille des pores.
Indice d'iode. C'est un essai rapide qui donne une indication de l'aire
de la surface du charbon. En effet, dans la plupart des cas, la valeur
obtenue est comparable à la surface spécifique BET et aux
micropores. L'indice d'iode est exprimé en mg I2.g CA-1. Cette
détermination est basée sur les normes AWWA B 600-78 et ASTM
D4607-86 [31,32].
Indice de bleu de méthylène (B.Met). L'essai consiste en une
décoloration indiquant la faisabilité de l'adsorption d'une molécule qui
ne peut pas, par sa taille, accéder à tous les micropores. L'indice de
bleu de méthylène est exprimé en g B.Met.100g CA-1. Ce dosage est
basé sur les normes du CEFIC [33].
Indice de décoloration du sucre. C'est un essai de décoloration,
d'une solution à 60 % de sucre par du charbon actif en poudre ; il
indique l'efficacité d´adsorption des macromolécules et des colloïdes
qui donnent la couleur brune à la solution de sucre. Cet essai est basé
sur la pratique industrielle (par exemple, par Coca-Cola) et le résultat
est exprimé en UBR (Unité Basique de Référence). Si le charbon actif
permet d'obtenir une solution inférieure à 35 UBR, il est acceptable
pour la décoloration du sucre [34].
La Figure 2.11 décrit la signification de ces indices.
28
Figure 2.11. Propriétés d'adsorption, en corrélation avec les indices
et le diamètre des pores du charbon actif [27, 28].
29
Figure 2.12. Isothermes d'adsorption d´Au avec du charbon actif
produit à partir de coques de noix de coco et activé par
H2O vapeur (1 200 m2.g-1 et 30 mg Au.g CA-1 de
K value) [27].
30
2.4.1.3. Propriétés chimiques de surface
31
Figure 2.14. Adsorption des acides et des bases sur un charbon actif
extrudé d'origine minérale (Norit 2020) et valeur du
potentiel zêta en fonction du pH [14].
Lorsque les conditions sont telles que le charbon actif a une charge
nette négative, il préfère adsorber les cations tandis que lorsqu'il
présente une charge nette positive, il adsorbe les anions. La
Figure 2.15 montre un schéma du comportement des groupes
fonctionnels oxygénés en milieu acide et basique [20].
32
Figure 2.15. Représentation schématique du caractère acide des
groupes oxygénés (carboxyliques, hydroxyles), des
lactones et du caractère basique des électrons
délocalisés du plan de base des groupes oxygénés tels
que : pyrone, chromène et quinone [20].
33
2.4.1.4. Propriétés physiques liées aux applications
industrielles
34
pourcentage de particules de charbon actif qui n'a pas été détruit
par l'impact de billes en céramique ou en acier ; le résultat est
exprimé en % de dureté. L'essai de résistance à l'abrasion est
effectué en lit agité en mettant en contact du charbon actif avec
des suspensions de quartz et d'andésite. Ces essais sont basés sur
la norme ASTM D 3802-79 [31].
Température d'inflammation : ce paramètre est nécessaire pour
le stockage et l'expédition par voie maritime du charbon actif. Cet
essai est basé sur la norme ASTM D 3466-76 [31].
2.4.2. Résumé
Le charbon actif est un adsorbant industriel très facile d'emploi, utilisé
dans les procédés de purification de liquides et de gaz, dans la
récupération des solvants et des métaux comme Au et Ag et dans des
procédés catalytiques.
La porosité et la structure du charbon actif sont étroitement liées ; sa
structure poreuse engendre une surface spécifique élevée avec un haut
degré de réactivité, une taille de pores qui permet à des molécules de
pénétrer à l'intérieur des particules et une grande capacité d'adsorption
qui le distingue d'autres matériaux. Une compréhension correcte de la
structure, de l'origine du charbon actif et de sa méthodologie
d'activation permet de l'utiliser correctement.
Pour la caractérisation de la structure poreuse, les analyses de la
surface spécifique (BET) et de la taille des pores (HR, DR, BJH)
peuvent être complétées par des essais d'adsorption spécifiques
comme les indices d'iode, de bleu de méthylène, de décoloration du
sucre et de butane.
L'analyse des propriétés physiques des charbons actifs comme
l'humidité, la masse volumique, la dureté, la résistance à l'abrasion et
la taille des particules est essentielle pour les utiliser dans des filtres et
des réacteurs à lit agité.
35
processus de dégradation thermique qui est effectué dans un four à
atmosphère contrôlée pauvre en O2 afin d'éliminer les matières
volatiles et laisser un squelette de charbon et les substances minérales
[7,15].
Les résidus agro-industriels utilisés comme matières premières pour la
production de charbon et de charbon actif sont d'origines très
diverses ; afin d'illustrer leurs caractéristiques, le Tableau 2.6, le
Tableau 2.7 et le Tableau 2.8 présentent des valeurs de référence des
propriétés physiques et de l'analyse immédiate et élémentaire de
coques de noix de palmier à huile et de coco ainsi que de bois de pin.
Les coques de noix de palmier à huile ont un contenu plus élevé en
cendres, en carbone fixe et en carbone total mais la masse volumique
apparente est inférieure à celle des coques de noix de coco. Le bois de
pin a une masse volumique apparente nettement plus basse et une
teneur plus faible en carbone total. Les trois résidus analysés ont un
pouvoir calorifique supérieur élevé [7, 8, 37, 38, 39, 42, 43].
36
Tableau 2.8. Analyse élémentaire de résidus agro-industriels.
Résidu C H N O Formule
Teneur (% sur sec)
Coque de palmier 53 5,7 0,5 40 CH1,61O0,51
Coque de coco 50 5,7 < 0,1 43 CH1,69O0,54
Bois de pin 40 5,3 0,5 54 -
37
Tableau 2.10. Analyse des biopolymères des résidus agro-
industriels.
Résidu Résines, Cellulose Hémicellulose Lignine Cendres
cires
Teneur (% sur sec)
Coque 4,9 29,7 11,8 50,4 4,0
palmier
Coque 8,3 36,3 25,1 28,7 1,0
coco
Bois de 9,7 39,8 24,0 25,6 0,9
pin
38
de l'hémicellulose est appelé holocellulose [17, 44].
La lignine de formule [C10H12O3]n est formée par l'assemblage de
différents acides et d'alcools phenylpropyliques (cumarylique,
coniférylique et sinapylique) qui, de façon aléatoire, sont couplés et
donnent lieu à une structure très complexe qui tend à être hélicoïdale ;
pour cette raison, la lignine est un polymère amorphe ayant un poids
moléculaire entre 1 000 et 12 000. Plusieurs modèles ont été proposés
dans la littérature pour représenter la structure de la lignine ; la
Figure 2.16 présente celui proposé par Alder [17, 44].
39
2.5.1. Carbonisation de la cellulose, de
l'hémicellulose et de la lignine
La carbonisation ou pyrolyse de la cellulose, de l'hémicellulose et de
la lignine est un processus qui a été largement étudié par analyse
thermogravimétrique. Yang H. et al. [43] travaillent avec des
échantillons analytiques en poudre de cellulose, de xylane (substance
ayant une composition similaire à celle de l'hémicellulose) et de
lignine, en atmosphère de N2. Les résultats de la perte de poids (TGA)
et de la vitesse à laquelle elle se déroule (DTGA) en fonction de la
température sont représentés graphiquement à la Figure 2.17
Ces graphiques montrent que la carbonisation de la cellulose se
produit entre 300 et 340 °C à une vitesse de 2,5 %.°C-1. À 350 °C, le
poids résiduel est de 5 % et à 400 °C, il est proche de 0 % [43].
Le xylane (hémicellulose) a la plus grande perte de poids entre 220 et
300 °C et à des températures supérieures à 300 °C, la vitesse de perte
de poids est proche de 0. À 300 °C le poids résiduel est de 35 % et le
matériau carbonisé est constitué essentiellement de charbon ; à
800 °C, le poids résiduel est encore de 10 % [43].
La lignine a une vitesse de perte de poids de 0,15 %.oC-1 à 700 °C et
n'a perdu que 40 % de son poids initial ; la matière résiduelle
carbonisée (60 %) est constituée de charbon. À des températures
supérieures à 750 °C, une augmentation de la vitesse de perte de poids
de 0,5 %.oC-1 est observée et le poids résiduel à 850 °C est de 35 %.
En conséquence, la lignine est le composant de la biomasse qui
produit le plus de charbon mais à une vitesse plus lente que celle de la
carbonisation de la cellulose et de l'hémicellulose [43].
40
(A)
(B)
41
La cellulose et l'hémicellulose peuvent avoir les mêmes mécanismes
de décomposition thermique. La Figure 2.18 représente, sous forme
schématique, les mécanismes proposés par Brodio-Shafizadeh et
modifiés par Llao Y. [41] pour la pyrolyse de la cellulose,
mécanismes qui considèrent des réactions de déshydratation et de
dépolymérisation avec rupture des liaisons glycosidiques et des
liaisons cycliques qui produisent du goudron, du lévoglucosane, du
furfural et des composés hétérocycliques ainsi que du CO, CO2, CH4,
CnHm et H2. Le charbon est produit par des réactions de
déshydratation à basse température et des réactions secondaires de
repolymérisation (reforming). Gómez A. et al. [7] indiquent que les
réactions de déshydratation qui produisent le charbon sont
exothermiques tandis que les réactions qui génèrent du goudron et des
gaz sont fortement endothermiques.
42
Figure 2.19. Mécanisme de la dégradation thermique de la cellulose
proposé par Christner L., Walker P. [40].
43
Figure 2.20. Carbonisation de la cellulose [échantillons analytiques
en poudre (25 mg) ; 40 - 120 mL N2.min-1]. Prise de
Yang H. et al. [43].
44
Figure 2.21. Carbonisation de coques de noix de palmier dans une
thermobalance [échantillon en poudre (25 mg) ; (-75
µm), 40 - 120 mL N2.min-1 ; 10 °C.min-1]. Prise de
Yang H. et al. [43].
Yang H. et al. [43] et A. Gomez et al. [7] ont évalué, par TGA,
l'influence de la taille des particules lors de la pyrolyse de coques de
noix de palmier. La Figure 2.22 montre les résultats de la perte de
poids et de la vitesse de perte de poids en fonction de la température
pour des échantillons de différentes granulométries (maximum 5 mm).
Ces figures montrent que la taille des particules n'a pas d'influence
significative sur la décomposition thermique des coques de noix de
palmier car la faible quantité d'échantillon utilisée dans ces essais
permet une vitesse élevée de transfert de chaleur et de masse à
l'intérieur des particules. Par contre, pour les échantillons de 5 mm,
une réduction des vitesses de réaction de carbonisation est observée.
45
Figure 2.22. Carbonisation de coques de noix de palmier dans une
thermobalance. Prise de Yang H. et al. [43] et modifiée.
[25 mg ; 120 mL N2.min-1 ; 10 °C.min-1] ;
Gomez A. et al. [7] ont évalué, au moyen d'un microscope équipé d'un
système de chauffe et d'un appareil photographique, le retrait
volumique d'un échantillon cubique de coque de noix de palmier et
ont, de plus, par condensation avec un système de refroidissement
couplé à la thermobalance, déterminé la quantité de gaz condensables
et non condensables. Les résultats sont présentés à la Figure 2.23 et
montrent une réduction du volume pouvant atteindre jusqu'à 50 % du
volume initial de la particule à 665 °C avec une génération de 50 % de
gaz condensables, 20 % de gaz non condensables et 30 % de produit
solide carbonisé.
46
Figure 2.23. Carbonisation de coques de noix de palmier dans une
thermobalance avec système de condensation des gaz
[10 g ; 500 µm, 1 500 mL N2.min-1 ; 3 °C.min-1] et
retrait volumique évalué à l'aide d'un microscope
équipé d'un système de chauffe. Prise de Gómez A. et
al. [7] et modifiée.
47
Figure 2.24. Mécanisme de réaction de la carbonisation de la
cellulose, déterminé par DRX in situ. Prise de Zickler
G. et al. [51].
48
2.5.2. Cinétique de la carbonisation de la cellulose
et de la biomasse
Afin d'évaluer la vitesse de décomposition de la biomasse dans le cas
d'une analyse thermogravimétrique, de nombreux modèles basés sur la
variation de poids de l'échantillon en fonction de la température et du
temps ont été proposés en considérant des réactions simples se
succédant et / ou simultanées [7, 43, 47, 48, 49, 50].
Pour l'évaluation de la vitesse de la carbonisation de la cellulose,
Shafizadeh F. [50] propose un mécanisme qui est régi par les réactions
suivantes :
Cellulose(s) ⇌ Cellulose Active(s) (Rx. 2.3)
La cellulose active se décompose suivant deux réactions
indépendantes se déroulant en parallèle :
Cellulose Active(s) ⟶ Gaz 1(g) (Rx. 2.4)
- dWc
= ki[Wc ] (Éq. 2.1)
dt
dWca
= ki[Wc ]- (kv+kc)[Wca ] (Éq. 2.2)
dt
dWcar
= 0,35kc[Wca ] (Éq. 2.3)
dt
49
Les méthodes proposées par Yang H. et al. [43], Shen D. et al. [47],
Yao F. et al. [48] et Gasparovic L. et al. [49] sont présentées ci-après.
La décomposition thermique de la biomasse est régie par la réaction :
A(s) ⟶ B(s) + C(g) (Rx. 2.6)
50
x dx T A E
G(x) = ∫0 = ∫To ( ) exp (- )dT (Éq. 2.7)
f(x) β RT
-ln(1-x) AR 2RT E
ln [ 2 ] = ln [ (1- )] - (Éq. 2.8)
T βE E RT
2RT
Si E est négligé comme étant très petit, l'équation (Éq. 2.8) peut être
simplifiée :
-ln(1-x) AR E
ln [ 2 ] = ln [ ]- (Éq. 2.9)
T βE RT
-ln(1-x) 1
En représentant graphiquement ln [ ] en fonction de , une
T2 T
E
ligne droite avec une pente égale à R est obtenue.
Yang H. et al. [43], sur base des données présentées à la Figure 2.17 et
la Figure 2.22 et de l'équation (Éq. 2.6), ont calculé les valeurs de E et
A pour la carbonisation de la cellulose, du xylane (hémicellulose), de
la lignine et de coques de noix de palmier en poudre ; les résultats sont
présentés au Tableau 2.11 et au Tableau 2.12.
51
Tableau 2.12. Paramètres cinétiques - Carbonisation de coques de de
noix de palmier de différentes granulométries [43].
Taille Température E A Perte de
poids
(µm) (°C) (kJ.mol-1) (s-1) (%)
(-425 +250) 220 - 300 48,1 4,8.100 29,5
300 - 340 91,3 6,5.104 21,6
(–1 000 +850) 220 - 300 47,7 5,0.100 27,8
300 - 340 93,4 1,2.105 17,1
(+2 000) 220 - 300 46,0 3,3.100 26,3
300 - 340 91,0 6,3.104 18,4
52
E1 E2
dW
y1.k1.w.exp - (RT) + y2.k2.w.exp - (RT)
= -[ E3
] (Éq. 2.10)
dt
+ y3.k3.w.exp - (RT)
53
Tableau 2.13. Paramètres cinétiques - Carbonisation de coques de
noix de palmier [7].
Paramètre Taille des particules (µm)
5 000 500 50
y1 (%) 18 35 27
y2 (%) 24 33 31
y3 (%) 43 26 35
-1
E1 (kJ.mol ) 422 138 176
-1
E2 (kJ.mol ) 406 222 236
-1
E3 (kJ.mol ) 25 57 35
ln k1 (s-1) 39,6 10,9 14,6
-1
ln k2 (s ) 32,9 16,6 17,9
-1
ln k3 (s ) 0,4 1,4 0,4
54
Figure 2.25. Carbonisation de coques de noix de palmier en
atmosphères de N2 et de H2O vapeur. Volume adsorbé
de N2 dans la matière carbonisée. Prise de Gómez A. et
al. [7].
55
Shen D. et al. [47] ont constaté que la différence des températures de
décomposition par rapport à celles obtenues avec des faibles vitesses
de chauffe, est due à l'influence du transfert de chaleur à l'intérieur des
particules de l'échantillon, provoqué par le fort gradient thermique.
Basé sur l'équation (Éq. 2.9), l'énergie d'activation est calculée pour les
deux étapes de décomposition thermique du bois de pin dans une
atmosphère oxydante. Les résultats sont présentés à la Figure 2.27.
Oudenne P. [15] indique que la température de carbonisation
industrielle se situe entre 450 et 750 ° C et que la valeur supérieure de
cette fourchette n'est pas un paramètre critique, étant donné que les
températures d'activation sont généralement plus élevées. Par ailleurs,
il signale que la vitesse de chauffe détermine la texture du produit
carbonisé et que l'humidité du produit de départ affecte sensiblement
l'équilibre thermique du four industriel car une quantité importante
d'énergie est utilisée pour évaporer l'eau ; à titre d'exemple, un four à
sole de sept étages traitant du bois de pin avec une humidité de 10 %
produit 900 kg.h-1 de charbon alors que celle-ci est limitée à 500 kg.h-1
pour une humidité de 30 %.
56
Figure 2.27. Énergie d'activation de la décomposition thermique du
bois de pin en atmosphère d'air. Prise de Shen D. et al.
[47] et modifiée.
2.5.5. Résumé
La carbonisation des matériaux ligno-cellulosiques élimine les
matières volatiles et laisse un matériau carbonisé comportant un
squelette de charbon et des substances minérales. La décomposition
thermique de la cellulose et de la lignine suit des mécanismes
similaires qui font entrer en jeu des réactions de déshydratation et de
dépolymérisation avec rupture des liaisons glycosidiques et cycliques
qui produisent du goudron, du lévoglucosane, du furfural, des
composés hétérocycliques ainsi que du CO, CO2, CH4, CnHm et H2. Le
carbone, sous forme de couches de graphène, est produit par des
réactions de déshydratation à basse température et des réactions
secondaires de repolymérisation et d'aromatisation des goudrons et du
lévoglucosane. Les sels inorganiques constituant les cendres
permettent toutefois d'éviter la formation des goudrons
La température de carbonisation industrielle se situe entre 450 et
750 °C, la température maximale de carbonisation n'étant pas un
paramètre critique. Par contre, la vitesse de chauffe détermine la
texture du produit pyrolysé et l'humidité du produit de départ affecte
sensiblement le bilan thermique des fours.
58
matière carbonisée dans des fours à atmosphère contrôlée
(H2O vapeur et / ou CO2) à des températures comprises entre 800 et
1 000 oC. Ce processus thermique décompose le matériau carbonisé
par gazéification du charbon sous forme de CO et de CO2 et par
libération des composés volatils riches en oxygène et en hydrogène.
Le produit de ce processus est un solide à haute teneur en carbone,
avec une structure poreuse très développée [23].
Les réactions Rx. 2.1 et Rx. 2.2 (avec T en K) sont la base de la
gazéification du carbone des matériaux carbonisés qui sont les
précurseurs du charbon actif [13, 17].
C (s) + CO2 (g) ⇌ 2 CO (g) (Rx. 2.1)
ΔHoRx. 2.1 -1
= + 172 kJ.mol et ΔGoRx. 2.1 = + 172 – 0,176 T kJ.mol-1
C (s) + H2O (g) ⇌ CO (g) + H2 (g) (Rx. 2.2)
ΔHoRx. 2.2 -1
= + 131 kJ.mol et ΔGoRx. 2.2 = + 131 – 0,133 T kJ.mol-1
Étant donné que les températures d'activation sont élevées et que les
réactions Rx. 2.1 et Rx. 2.2 sont endothermiques, l'énergie nécessaire
aux fours industriels est fournie par la combustion avec de l'air, de gaz
naturel, de gaz de pétrole liquéfié (gpl) et de diesel ou mazout. Étant
donné ces conditions d'exploitation et l'entrée dans les fours d'air
parasite introduit avec l'alimentation du matériau carbonisé et
provenant du manque d'étanchéité entre partie fixe et mobile, il y a
toujours une présence d´O2 dans l'atmosphère des fours d'activation.
La gazéification du carbone par O2 se produit selon les réactions
Rx. 2.13 et Rx. 2.14 (avec T en K).
C (s) + O2 (g) ⇌ CO2 (g) (Rx. 2.13)
ΔHoRx. 2.13 -1
= – 393 kJ.mol et ΔGoRx. 2.13 = – 393 – 0,003 T kJ.mol-1
C (s) + 0,5 O2 (g) ⇌CO (g) (Rx. 2.14)
60
H2 réagit avec CO et le carbone selon les réactions Rx. 2.17 et
Rx. 2.18 (avec T en K) qui sont exothermiques et qui, à 1 atm, se
produisent spontanément à partir de 680 oC mais elles ont une vitesse
très lente. Pour augmenter la vitesse de réaction, il faut des pressions
élevées (entre 15 et 30 atm) et la présence de catalyseurs.
CO (g) + 3 H2 (g) ⇌ CH4 (g) + H2O(g) (Rx. 2.17)
ΔHoRx. 2.17 = – 206 kJ.mol-1 et ΔGoRx. 2.17 = – 206 + 0,21 T kJ.mol-1
C (s) + 2 H2 (g) ⇌ CH4 (g) (Rx. 2.18)
ΔHoRx. 2.18 = – 75 kJ.mol-1 et ΔGoRx. 2.18 = – 75 + 0,08 T kJ.mol-1
61
Cf + O2 ⇌ C(O) + C(O) (Rx. 2.22)
C(O) ⇌ CO (Rx. 2.23)
2 C(O) + O2 ⇌ 2 CO2 (Rx. 2.24)
62
Taux de gazéification du carbone
10 % 50 % 70 %
Figure 2.28. Développement de la porosité et variation de la
structure de la matière carbonée en fonction du % de
gazéification du carbone. Prise de Strand G. et modifiée
[65].
(B)
64
(A) (B)
Figure 2.30. Photographies au MEB. Prise de Manocha S. [67].
(A) Porosité de bois de pin activé à 750 oC par H2O
vapeur ;
(B) Rupture des parois des pores [67].
65
(A) (B)
66
ordre tandis qu’elles sont considérés d'ordre zéro à des pressions
élevées. Les modèles proposés par Langmuir-Hinshelwood
considèrent la réaction chimique, l'adsorption des réactifs et la
désorption du produit.
67
réaction et peut même les empêcher complètement. Un comportement
similaire se passe avec la désorption de C(O) et de C(H).
Les facteurs qui influencent les réactions de gazéification du charbon
et leurs vitesses sont les suivants : température, pression partielle de
CO2 et de H2O, CO et H adsorbés, composés inorganiques agissant
comme catalyseur, structure des matières carbonées ainsi que
transport de chaleur et de masse à l'intérieur des particules de la
matière carbonée ; étant donné que les réactions Rx. 2.1 et Rx. 2.2
sont endothermiques et que les réactifs (CO2 et H2O vapeur) et les
produits de la réaction (CO et H2) sont gazeux, ils doivent diffuser à
l'intérieur des particules.
Les résultats présentés par Marsh H. [17] et McDougall G. [66]
suggèrent que les réactions d'activation avec CO2 et H2O peuvent être
du type contrôle de la réaction chimique considérant la relation
linéaire observée entre le taux de gazéification du carbone et le temps
d'activation.
Hui Sun et al. [69] ont testé, dans une thermobalance, l'activation de
charbon minéral (4,9 % matières volatiles et 70,5 % carbone fixe) et
de copeaux de bois (60,1 % matières volatiles et 3,9 % carbone fixe) à
des températures comprises entre 700 et 850 °C sous atmosphère de
N2 et de H2O (pression partielle de H2O entre 0,3 et 0,9 atm). Pour
évaluer les résultats, basés sur le modèle de réaction volumétrique, il
est proposé qu'au cours du processus de gazéification avec
H2O vapeur, la conversion du carbone (Z) est définie de la manière
suivante :
Wo-W
z= (Éq. 2.13)
Wo-Wash
68
La vitesse de réaction spécifique k(Z) peut être exprimée comme la
vitesse de gazéification par unité de masse de carbone fixe :
1 dZ
k(Z)= (Éq. 2.16)
1-Z dt
69
Pour le charbon minéral :
dZ 89,1 0,58
=(12,94 .108 exp(- )(PH2O ) (1-Z) (Éq. 2.19)
dt RT
dZ 171,4 0,30
=(15,93 .103 exp(- )(PH2O ) (1-Z) (Éq. 2.20)
dt RT
dW Ea A
= - Ko [exp - ( )] (CH O )n ρw ( ) (Éq. 2.21)
dt RT 2 Ao
Gomez A. et al. [97] ont effectué, dans une thermobalance à 850 °C,
des essais d'activation d'échantillons de charbon obtenu à partir de
coques de noix de palmier de taille inférieure à 0,5 mm, en utilisant
une atmosphère composée de N2 et de H2O vapeur (70 % en volume).
Les résultats obtenus par le modèle cinétique en considérant que la
surface spécifique ne change pas (A = Ao) sont résumés au
Tableau 2.15. L'énergie d'activation calculée pour les coques de noix
de palmier est plus élevée que pour les copeaux de bois et le charbon
minéral (Tableau 2.14) et donc l´activation des coques de noix de
palmier pourrait être plus difficile.
70
Tableau 2.15. Paramètres cinétiques de l'activation physique de
charbon obtenu à partir de coques de noix de palmier
(PH2O = 0,7 atm ; 850 °C) [97].
n E Ko
(kJ.mol-1) (min-1)
0,47 188 1,0.107
Les modèles cinétiques proposés par Hui Sun et al. [69] et Gomez A.
et al. [97] pour l'activation physique avec H2O vapeur sont très
similaires mais les résultats obtenus pour les vitesses spécifiques de la
réaction et pour l'énergie d'activation de la gazéification du carbone
sont contradictoires.
71
(A) (B)
Figure 2.33. Coques de noix de coco carbonisées et activées par
H2O vapeur. Prise de McDougall G. et modifiée [66].
(A) Effet de la température sur la vitesse de
l'activation (pH2O = 0,2 atm) ;
(B) Effet de la pression partielle de H2O vapeur sur la
vitesse de l'activation à 850 °C.
Cagnon B. et al. [70] ont effectué, dans un four horizontal à lit fixe, la
carbonisation et l'activation d'échantillons de granulométrie inférieure
à 200 μm de coques de noix de coco. La pyrolyse est effectuée à
800 °C sous atmosphère de N2. L'activation a été réalisée à 800 °C
avec un débit de N2 + H2O. Un bilan massique des opérations de
carbonisation et d'activation des coques de noix de coco et des
mélanges artificiels de cellulose, d'hémicellulose et de lignine
effectuées dans les conditions expérimentales mentionnées ci-avant,
est présenté à la Figure 2.34.
72
Figure 2.34. Bilan massique de la carbonisation et de l'activation de
coques de noix de coco (-200 μm) dans un four à lit
fixe horizontal à 800 oC pendant 2 heures avec une
vitesse de chauffe de 5 oC.min-1 et un débit de N2 + H20
de 1 L.min-1. Prise de Cagnon B. et al. et modifiée [70].
73
Tableau 2.16. Caractéristiques des coques de noix de coco et de
palmier [37].
Coques de noix de coco palmier
Paramètre Teneur (%)
Humidité 8,2 7,9
Matières volatiles 73,1 72,5
Carbone fixe 18,6 18,7
Cendres 0,1 1,1
Cellulose 19,8 29,7
Hémicellulose 48,9 18,0
Lignine 30,1 53,4
C 48,6 50,0
H 6,5 6,8
N 0,1 1,9
S 0,08 < 0,01
O 44,6 41,1
La Figure 2.35 met en évidence, pour les deux types de coques testés,
une corrélation linéaire entre le taux de gazéification du carbone et le
temps d'activation ainsi que le fait que les coques de noix de coco ont
une vitesse d'activation 5 fois supérieure à celle des coques des noix
de palmier. Il faut toutefois signaler que, dans ces essais, la surface
spécifique du charbon provenant des coques de noix de palmier était
plus élevée (260 m2.g-1) que celle de coco (183 m2.g-1) pour un taux de
gazéification du carbone de 50 %, mais la surface spécifique est très
faible par rapport à celle rapportée dans d'autres études [17, 37, 66].
Cette différence significative de vitesse d'activation pourrait être liée à
la matrice fibreuse des coques de noix de coco et à sa teneur plus
élevée en hémicellulose, ce qui produit un charbon avec une structure
fibreuse importante. Les charbons obtenus à partir des coques de noix
de palmier n'ont pas une structure fibreuse aussi développée en raison
de leur teneur plus élevée en lignine.
74
Figure 2.35. Variation du taux de gazéification du carbone de
charbons produits à partir de coques de noix de coco et
de palmier en fonction du temps d'activation dans un
four à lit fluidisé à 850 °C sous une atmosphère de
CO2. Prise de Wan Mohd A. W. D. et modifiée [37].
75
Il existe une relation quasi linéaire entre le taux de gazéification et la
création de surface, la surface spécifique maximale des échantillons
activés (1 400 m2.g-1) étant obtenue avec un taux de gazéification de
charbon de 93 %.
76
2.6.4. Résumé
L'activation physique des matériaux carbonisés par CO2 et
H2O vapeur, effectuée à des températures comprises entre 800 et
1 000 °C, supprime les goudrons condensés dans la porosité existante
et développe, dans les particules, une porosité interne élevée par
gazéification sélective et préférentielle des atomes de carbone les plus
réactifs. Des essais effectués avec du charbon minéral montrent que la
surface des sites actifs correspond à environ 10 % de la surface totale.
Le développement de la porosité dans le matériau carbonisé obtenue
dans des fours d'activation, est directement lié au temps de traitement
et au % de gazéification du carbone (burn-off).
Les réactions du carbone avec l'oxygène moléculaire ont des vitesses
de réaction élevées et sont très difficiles à contrôler. À la pression
atmosphérique, O2 réagit avec les matières carbonées provoquant
l'allumage, la combustion et l'inflammation ; ces réactions se
produisant à la surface des particules, ne se déroulent donc pas à
l'intérieur de celles-ci et, par conséquent, il n'y a pas de
développement de la porosité lors de ces réactions de combustion.
Rodríguez-Reinoso F. et al. [17, 68] ont montré l'existence d'une
relation linéaire entre le taux de gazéification du carbone et le temps
d'activation et également que les vitesses de gazéification sont
identiques pour CO2 et H2O vapeur pour du charbon produit à partir
de noyaux d'olives. Ces résultats sont toutefois, en contradiction avec
ceux rapportés par Kunni D. [94] qui a montré que pour l'activation du
charbon minéral à 854 oC, la réaction de H2O vapeur avec le carbone
est dix fois plus rapide que celle avec le CO2.
78
Figure 2.38. Production de charbon actif et développement de micro
et mésoporosité à partir de noyaux de pêches imprégnés
par H3PO4 et pyrolysés à 450 °C. Prise de Marsh H.,
Rodríguez-Reinoso F. et modifiée [17].
79
(1 260 cm-1), des carboxylates (1 380 cm-1), des aldéhydes ou des
acides carboxyliques (1 700 cm-1). Des bandes intenses sont observées
à 1 585 cm-1, en raison de la présence du squelette carboné et à
985 cm-1 pour le lien P-O.
80
relation d'imprégnation Xp = 0,5 g phosphore.(g précurseur)-1 se situe
autour de 450 °C. Dans ces conditions, le charbon actif obtenu à partir
de cellulose a une surface spécifique de 2 000 m2.g-1 avec un
rendement de matériau carbonisé de 40 %, pour le xylane :
1 300 m2.g-1 avec 20 % de rendement et pour la lignine 1 500 m2.g-1
avec 70 % de rendement. La teneur résiduelle en phosphore dans les
charbons actifs varie entre 2 et 25 mg.g-1 si la température de
carbonisation s'élève de 170 à 500 °C. La variation de la production de
charbon est due à la différence de réactivité avec H3PO4.
La carbonisation des trois précurseurs (de cellulose, de xylane et de
lignine) commence à 170 °C et leur rendement de production ne
diminue que de 6 % lorsque la température de carbonisation augmente
de 170 à 500 °C.
81
Chaque précurseur a un comportement différent dans les processus
d'imprégnation, de carbonisation et de développement de porosité.
Cela dépend de sa nature chimique, de son degré de cristallinité, de sa
structure et de sa réactivité en conditions acides. Par ailleurs, il faut
noter que la structure moléculaire de la lignine varie en fonction de
chaque espèce de plante.
L'influence de Xp sur la surface spécifique du charbon actif est
présentée à la Figure 2.41. Ces résultats démontrent qu'au plus de
H3PO4 est introduit dans la structure du précurseur, au plus la porosité
du charbon actif produit augmente et au plus la réactivité du
précurseur avec H3PO4 est élevée, au plus des mésopores sont formés.
82
développent des groupes fonctionnels de surface similaires du type
acides carboxyliques mais avec des concentrations différentes. La
cellulose et la lignine contiennent 2,8 mmol H+.g-1 de groupes acides
faibles à une température de 250 °C tandis qu'à 450 °C, la teneur est
de 1,5 mmol H+.g-1.
Les bandes caractéristiques sont observées dans le spectre infrarouge
des groupes hydroxyle (3 200 – 3 600 cm-1), -CH2- (2 800 – 2 900 et
1 400 – 1 500 cm-1), C=O en cétone, aldéhyde, lactone et carbonyle
(1 700 cm-1), anneau aromatique (1 600 cm-1) et phosphate ester P=O,
P-O-C, P=OOH (1 220 – 1 180 cm-1).
83
(A) (B)
Figure 2.42. Photographies MEB de bois de pin. Prise de Peichoto
C. et modifiée [61].
(A) Coupe longitudinale ;
(B) Coupe transversale.
84
poly-aromatiques qui servent "d'embryons" pour les couches de
graphène ; il est à noter que dans cet intervalle de température, le
charbon est stable.
Il existe une liaison directe entre le développement de la porosité et le
processus d'expansion provoqué par un état structurel plastique des
composants de bas point de fusion tels que le D-glucose, qui forment
de sacs de gaz produits par la pyrolyse et qui, lors de la libération,
forment des pores en forme de bouteille (Figure 2.10A).
(A)
(B)
85
Réactions à des températures élevées (supérieures à 450 °C)
86
Figure 2.44. Influence de l'imprégnation par ZnCl2 lors de la
pyrolyse de la lignine. Prise de González-Serrano E. et
al. [56].
87
Figure 2.45. Influence de la température sur la surface spécifique du
charbon actif produit à partir de noyaux de pêches
imprégnés par une solution de ZnCl2 avec
XZn = 0,48 g Zn.(g de biomasse)-1. Prise de
Molina-Sabio M. et al. et modifiée [57].
88
L'analyse MEB montre que les canaux de transport d'eau dans la
plante vivante, qui sont d'ailleurs encore présents dans les échantillons
obtenus par carbonisation sans ajout de réactif, sont complètement
remplis dans le cas des échantillons carbonisés en présence de H3PO4
ou de ZnCl2.
89
Figure 2.47. Distribution de la taille des pores mesurée à l'aide d'un
porosimètre à mercure. Échantillons carbonisés de
coques de noix de coco, sans ajout de réactif (850 °C) ;
avec H3PO4 (Xp = 0,3 à 450 °C) et avec ZnCl2
(XZn = 0,5 à 500 °C). Prise de Prauchner M.,
Rodriguez-Reinoso F. et modifiée [62].
90
graphène. Le chauffage progressif provoque un élargissement de la
structure permettant l'activation du charbon. ZnCl2 et H3PO4 présents
à l'intérieur des particules produisent, lors du chauffage, la
déshydratation de la cellulose, de l'hémicellulose et de la lignine, tout
en sachant que KOH n'affecte pas la carbonisation [17].
2.7.3. Résumé
L'imprégnation par H3PO4 ou ZnCl2 dans les matériaux ligno-
cellulosiques modifie le mécanisme de décomposition thermique de la
biomasse par estérification, volatilisation et fusion, ce qui réduit la
formation de lévoglucosane. Le volume des micropores développés au
cours du processus de pyrolyse - activation est comparable à celui
obtenu lors de l'imprégnation de la biomasse par H3PO4 ou ZnCl2.
Ceux-ci sont efficaces à des températures inférieures, respectivement
450 et 500 °C.
Prauchner M., Rodriguez-Reinoso F. [62] concluent que, lors de
l'activation physique, il y a une détérioration progressive de la matrice
du charbon, due à la gazéification du carbone, ce qui réduit la dureté
des grains de charbon actif. De plus, les espaces vides présents dans le
matériau de départ et également après carbonisation, contribuent à
réduire encore la résistance mécanique du charbon activé
physiquement. Au contraire, les charbons activés chimiquement
sont plus durs et ont une meilleure résistance mécanique.
91
Tableau 2.18. Applications des charbons actifs imprégnés [17, 24].
Agent Poids Exemple d'application
d'imprégnation (%)
H2SO4 2 - 25 NH3, amines, Hg
H3PO4 10 - 30 NH3, amines
K2CO3 10 - 30 Gaz acides, HCl, HF,
SO2, H2S, NO2, CS2
Fe2O3, Fe3O4 10 H2S, HS-R, mercaptans
IK 1–5 H2S, PH3, Hg, AsH3, gaz
radioactifs
S 10 – 20 Hg
K2MnO4 5 H2S
MnO2 1 Aldéhydes
Ag 0,1 - 3 AsH3, PH3, purification
de l'eau
ZnO 10 HCN
Sels de Cu, Ag, 10 – 20 Défense civile et
Cr militaire gaz : Cl2, AsH3,
phosgène, sarin,
cloropicrene
HgCl2 10 – 15 Chlorure de vinyle
Métaux 1–5 Catalyse
précieux (Pt, d'hydrogénation,
Pd) synthèse organique
Acétate de Zn 15 - 25 Acétate de vinyle
Triéthylène di- 2-5 Gaz radioactifs
amine
92
2.8.1. Groupes fonctionnels de surface ; composites
résines - charbon actif ; charbon actif
imprégné par Cu et Ag
Bastidas M. et al. [72] ont quantifié les teneurs en groupes
fonctionnels de surface des charbons activés par CO2 et H2O à partir
de coques de noix de palmier et de coco à l'aide de la méthode de
Boehm [29] ; les résultats présentés au Tableau 2.19 montrent une
plus grande concentration en groupes fonctionnels basiques pour le
charbon actif de coques de noix de palmier activées par H2O, ce qui se
traduit par un pH supérieur à 10 quand il est en suspension dans l'eau.
acides basiques
Teneur (meq.g-1)
palmier H2O vapeur 0,008 0,206
CO2 0,055 0,161
coco CO2 0,043 0,138
93
Figure 2.48. Effet de l'oxydation sur la charge de surface du charbon
produit à partir de coques de noix de coco. Prise de
Vasu A. E. et modifiée [73].
94
Tableau 2.21. Groupes fonctionnels de surface de charbons (titration
Boehm) [73].
Groupe Lactone Phénolique Carboxylique
Produit Teneur (meq.g-1)
Charbon 0,023 1,021 0,280
Ch. - H2O2 0,023 0,882 0,558
Ch. - (NH4)2S2O8 0,095 1,021 0,764
Ch. - HNO3 0,162 1,160 0,697
Rie N. et al. [77] ont travaillé avec des charbons actifs en poudre
produits à partir de coques de noix de coco AC-C (1 660 m2.g-1) et de
bois de bambou AC-B (520 m2.g-1), charbons actifs qu'ils ont
imprégnés, par différentes résines thermoplastiques [alcool
polyvinylique (PVA), hydroxypropyle cellulose (HPC), fluorure de
polyimide (FPI)] et par de l'acide citrique (CIA). Le mélange est traité
à 900 °C sous atmosphère d'Ar. Les résultats, présentés à la
Figure 2.49 et à la Figure 2.50, montrent que ces réactifs chimiques
95
réduisent la surface spécifique des charbons actifs entre 10 et 30 % en
bloquant la structure poreuse. Une exception est le FPI qui, dans le cas
du bambou augmente la surface de 30 % par la formation d'ultra-
micropores.
(A) (B)
Figure 2.49. Surface spécifique BET des composites "charbon actif -
résine ". Prise de Rie N. et al. et modifiée [77].
(A) Charbon actif de coques de noix de coco ;
(B) Charbon actif de bois de bambou [77].
Deveci H. et al. [78] ont traité un charbon actif (546 m2.g-1) obtenu à
partir de coques de noix de coco avec une solution aqueuse de CuCl2,
le charbon actif imprégné contient 0,43 % Cu. De même avec une
solution aqueuse d'AgNO3, un charbon actif imprégné avec 5,07 % Ag
est obtenu. La présence de sels de Cu et d'Ag sur la surface du
charbon actif augmente de manière significative la capacité
d'adsorption de l'ion CN- comme le montre la Figure 2.51 ; cela est dû
à la formation du complexe de cyanure [Me(CN)n-(n-1)] qui est ensuite
adsorbé sur la surface du charbon actif.
96
(A) (B)
(C) (D)
Figure 2.50. Photographies MEB de composites "charbon actif -
résine". Prises de Rie N. et al. et modifiées [77].
(A) Charbon actif de bois de bambou ;
(B) Addition de 30 % de PVA ;
(C) Addition de 30 % de HPC ;
(D) Addition de 30 % de FPI.
97
Sur base des équations (Éq. 2.22) (isotherme de Langmuir) et
(Éq. 2.23) (isotherme de Freundlich) et des données présentées à la
Figure 2.51, les constantes d'adsorption du cyanure libre sur le
charbon actif et le charbon actif imprégné par Cu ou Ag ont été
calculées ; les résultats en sont présentés au Tableau 2.22.
QbCeq
qe = (Éq. 2.22)
1+bCeq
98
2.8.2. Résumé
La présence de sels de Cu ou d'Ag à la surface du charbon actif
augmente de manière significative la capacité d'adsorption de l'ion
CN- (cyanure libre), via la formation du complexe de cyanure
[Me(CN)n-(n-1)] qui est ensuite adsorbé sur la surface du charbon actif.
Un traitement oxydant des charbons actifs par HNO3, peut produire
une diminution de la texture poreuse en réduisant le volume des pores.
L'imprégnation par différentes résines ou des réactifs organiques
réduit la surface spécifique en bloquant la structure poreuse,
principalement des micropores.
99
2.9.1. La cyanuration des minerais d´Au
2.9.1.1. Stabilité du cyanure dans H2O
100
significative, l'hydrolyse est négligeable alors qu'en l'absence de
ceux-ci, c'est l'inverse qui se passe. L'addition de CaO dans la pulpe
cyanurée est toujours utilisée, non seulement pour éviter les pertes de
cyanure par hydrolyse mais également pour neutraliser certains
constituants acides du minerai qui pourraient provoquer la libération
de HCN.
101
2 CN- ⇌ (CN)2(g) + 2e- (Eº = - 0,18 V) (Rx. 2.28)
Par ailleurs, il est connu que l'ion cyanate se décompose lentement par
l'action de l'eau formant du carbonate d'ammonium et de l'urée, selon
les réactions Rx. 2.33 et Rx. 2.34 :
102
Figure 2.53. Équilibre entre HCN - CN- - CNO- en fonction du pH.
Prise de Mardesen J., House I. et modifiée [14].
103
Cyanures à acide faible dissociable (WAD) : espèces de cyanures
-
libérées à des niveaux de pH modérés (pH = 4,5) tels que le CN et le
HCN aqueux, la majorité des complexes Cu, Cd, Ni, Zn, Ag et les
autres espèces possédant des constantes de dissociation faible
similaires.
Cyanures totaux : mesure de la concentration en CN- qui comprend
tous les cyanures libres, tous les complexes de cyanure à acide faible
dissociable (WAD) et tous les cyanures métalliques lourds,
notamment le ferrocyanure, Fe(CN)64-, le ferricyanure, Fe(CN)63-, des
éléments d’hexacyanocobaltate Co(CN)63- et ceux contenant Au et Pt ;
seuls les composés apparentés ou dérivés du cyanate (CNO-) et du
thiocyanate (SCN-) sont exclus de la définition des cyanures totaux.
Cyanate (CNO-) : dérivée de l’oxydation chimique ou naturelle du
cyanure.
104
Au ⇌ Au+ + e- (Rx. 2.36)
Au+ + CN- ⇌ AuCN (Rx. 2.37)
AuCN + CN- ⇌ Au(CN)2- (Rx. 2.38)
O2 + 2 H2O + 2e- ⇌ H2O2 + 2 OH- (Rx. 2.39)
H2O2 + 2e- ⇌ 2 OH- (Rx. 2.40)
Cette réaction est une réaction hétérogène qui fait intervenir trois
phases différentes : solide (Au métallique), liquide (eau, sels dissous
de cyanure) et gaz (O2). La cyanuration est contrôlée par la diffusion
du CN- et d´O2 à la surface d´Au comme cela est représenté à la
Figure 2.55.
105
L'autre réactif indispensable à la lixiviation d´Au est O2 mais la teneur
en O2 dissous est limitée par sa solubilité qui est, au niveau de la mer
et à 25 °C, de 8,32 g.L-1. Il est à noter que les minéraux d'arsenic et
d'antimoine sont des consommateurs d´O2 ce qui ralentit la
solubilisation d´Au.
Les réactions cathodiques et anodiques mentionnées à la Figure 2.55
pour la dissolution d´Au sont fortement influencées par la diffusion
d´O2 dissous et de CN- à travers la couche de Nernst d'épaisseur δ,
selon la loi de Fick [82]:
d(O2 ) DO2
= A1 ([O2 ]o -[O2 ]i ) (Éq. 2.26)
dt δ
d(CN- ) D
CN-
= A2 ([CN- ] - [CN- ] ) (Éq. 2.27)
dt δ o i
d(O2 )
avec : vitesse de diffusion d´O2 (mol.seg-1)
dt
DO2 : coefficient de diffusion d´O2 (2,76. 10-5 cm2.s-1)
δ : épaisseur de la couche de Nernst (cm)
A1 : surface où les réactions cathodiques ont lieu (cm2)
[O2]o : concentration en O2 dissous dans la solution
(mol.(cm3)-1)
[O2]i : concentration en O2 dissous dans l'interphase
solide/liquide (mol.(cm3)-1)
d(CN- )
: vitesse de diffusion de CN- (mol.seg-1)
dt
DCN- : coefficient de diffusion du CN- (1,83. 10-5 cm2.s-1)
A2 : surface où les réactions anodiques ont lieu (cm2)
[CN-]o : concentration en CN- dissous dans la solution
(mol.(cm3)-1)
[CN-]i : concentration en CN- dissous dans l'interphase
solide / liquide (mol.(cm3)-1).
Selon la stœchiométrie des réactions cathodiques et anodiques, la
vitesse de dissolution d´Au est deux fois celle de la consommation
d´O2 dissous et la moitié de celle de la consommation de CN-.
106
Si [O2]i et [CN-]i sont supposées égales à 0 et que A1 = A2, la vitesse
de dissolution d´Au serait :
1 DCN- DO
Vitesse dissolution Au = A2 ([CN- ]o ) = 2 2 A1 ([O2 ]o )
2 δ δ
(Éq. 2.28)
Donc:
2
[CN- ] DO2
-1
2,76 . 10-5 (cm .seg )
[O2 ]
=4 =4 2 = 6,03 (Éq. 2.29)
D 1,83 .10-5 (cm .seg )
-1
CN-
107
Figure 2.56. Diagramme de Pourbaix – Équilibre Au-O-CN à 25 °C.
Concentration [Au] = 10-4 M ; [CN-] = 10-3 M. Prise de
Mardesen J., House I. [14].
108
2 S2- + 2 CN- + O2 + 2 H2O ⇌ 2 SCN- + 4 OH- (Rx. 2.41)
S2O32- + CN- ⇌ SCN- + SO32- (Rx. 2.42)
109
(Figure 2.52). La valeur optimale de pH est fonction du minerai à
traiter. Les meilleurs résultats de cyanuration d´Au et d'Ag sont
généralement atteints à un pH de 10,5 obtenu par ajout de chaux [CaO
ou Ca(OH)2].
Dans certains cas, la vitesse de dissolution d´Au peut diminuer avec
une augmentation du pH (à partir de 11,0) car celle-ci entraîne une
augmentation de la vitesse des réactions parasites, ce phénomène étant
significatif pour des pH supérieurs à 12,2. Cette diminution est
probablement due à la réaction, à la surface d´Au, entre la chaux
(CaO) et le peroxyde d'hydrogène (H2O2) formé lors de la cyanuration
qui donne du peroxyde de calcium (CaO2) et/ou Au(OH)3.
Dans la mesure où la viscosité de la pulpe n'est pas trop importante
pour permettre sa bonne aération, le % de solides n'est pas un facteur
prépondérant pour la cyanuration. L'intérêt est donc de travailler à une
concentration en solides élevée (de l'ordre de 50 %) car cela permet de
traiter une plus grande quantité de minerai dans une installation
donnée.
En augmentant la température de la solution cyanurée, cela pourrait
augmenter la vitesse de dissolution d´Au mais il ne faut pas oublier
que la solubilité d´O2 diminue avec la température ce qui n'est pas
favorable pour la réaction.
Au plus les particules sont fines, au plus la libération est importante de
même que la surface accessible à la solution, ce qui entraîne
évidemment un accroissement du rendement de dissolution. Il ne faut
toutefois pas oublier qu'un broyage fin est favorable pour la
cyanuration d´Au mais entraîne inévitablement une augmentation de
la vitesse de réaction des autres éléments présents dans le minerai. Un
compromis doit donc être trouvé entre le rendement et la
consommation de CN- et de CaO.
Dans la mesure où des argiles sont présentes ou que le broyage produit
énormément de fines, il est parfois utile d'effectuer, avant la
cyanuration, un deschlammage (élimination du -15 μm) dans la
mesure du moins où ces schlamms ne contiennent qu'une faible
quantité d´Au présent dans le minerai. La dissolution d´Au, étant
généralement contrôlée par le transport de masse, dépend de
l'épaisseur de la couche de diffusion. C'est pour cette raison qu'une
augmentation de l'agitation est favorable à la vitesse de dissolution du
moins jusqu'à un certain niveau où elle n'améliore plus les résultats.
110
Certains constituants du minerai ou des réactifs provenant d'opérations
préalables, peuvent avoir un effet positif ou négatif sur la cyanuration.
Par exemple, certains réactifs de flottation peuvent inhiber la
dissolution d´Au car recouvrant la surface de celui-ci. Les matières
carbonées absorbent l'Au dissous (preg-robbing), diminuant donc le
rendement de récupération. La présence d'argile pose également des
problèmes si l´Au est de même granulométrie et qu'il leur est associé.
Il y a des complexes dissociables dans les acides faibles, qui sont
stables en solution jusqu'à des pH de 4,5 ; en dessous de cette valeur,
ils se décomposent en HCN et en l'hydroxyde du métal. D'autres sont
stables jusqu'à des pH très bas et ne se dissocient qu'à partir de pH 2 ;
ce sont les complexes forts. Le Tableau 2.24 reprend les différents
complexes qui peuvent être présents lors de la cyanuration d'un
minerai aurifère.
111
a. Cyanuration statique
112
b. Cyanuration dynamique
113
2.9.2. Récupération par le charbon actif d´Au dans
des solutions cyanurées
Contrairement aux procédés de cémentation sur Zn et
d'électroextraction, le traitement au charbon actif n'est qu'une étape de
concentration de la solution. Le procédé complet comporte quatre
étapes : l'adsorption sélective d´Au sur le charbon actif, la désorption
appelée également élution, l'électroextraction d´Au et la régénération
du carbone actif avant recyclage [14, 16, 17, 21, 27].
Le charbon actif a une plus grande affinité pour les complexes
cyanurés d´Au et d'Ag que pour les autres complexes cyanurés
présents comme ceux de Cu, Zn, Ni et Fe. Ce procédé est
généralement préféré pour les solutions pauvres (< 1 g Au.L-1) pour
lesquelles la cémentation sur Zn est peu efficace.
Malgré l'utilisation industrielle importante de charbon actif dans le
traitement des minerais aurifères, les mécanismes d'adsorption des
complexes cyanurés des métaux ne sont pas complètement compris.
Jai Poinern G.E. et al. [88] précisent que la vitesse d'adsorption du
complexe cyanuré Au(CN)2- dans la structure poreuse du charbon actif
dépend principalement des phénomènes de transport de masse qui se
produisent par diffusion dans le film de la solution proche des
particules de charbon actif (couche limite ou couche de Nernst) et par
diffusion à travers les pores ainsi qu'à la surface de celui-ci.
Jai Y., Thomas M. K. [89] indiquent que le complexe cyanuré d´Au
s'adsorbe sur le charbon actif comme une molécule neutre car il
s'associe préalablement à un cation, préférentiellement Ca2+
(Rx. 2.43) :
114
de la température et/ou augmentation de la concentration en CN-).
L'adsorption d´Au(CN)2- est plus grande que celle de Ag(CN)2- ;
[Ag(CN)3]2- ; [Ag(CN)4]3- dans des solutions de concentration et de
force ionique similaires, en raison de la plus grande taille des ions du
complexes cyanurés d'Ag [21].
Ce mécanisme d'adsorption par “paire d'ions" est le plus important
dans les solutions ayant une force ionique élevée ce qui est le cas des
installations industrielles de cyanuration des minerais aurifères. Dans
des conditions de faible force ionique, une quantité significative d´Au
est adsorbée par interaction électrostatique avec les sites d'échange
d'ions formés par les groupes fonctionnels développées par l'oxydation
de la surface du charbon actif [21, 85, 86, 88].
Adams M.D. [84,85] et McDougall et al. [86] sont d'accord sur le fait
que le complexe cyanuré d´Au est adsorbé dans les micropores du
charbon actif par le mécanisme de la paire d'ions. Bansal R.,
Goyal M. [21] ont suggéré, suite à des études faites par analyse XPS,
que l'anion linéaire Au(CN)2- est adsorbé parallèlement sur les plans
graphitiques du carbone. Les électrons π du graphite prennent part à
des liens donateurs avec l'atome central d´Au. Jai Poinern G.E. et al.
[88] ont effectué des essais à l'aide d'un complexe cyanuré d´Au
marqué avec du carbone 14C, graphite hautement orienté (HOPG) ; la
microscopie à force atomique montre que l'adsorption d´Au a lieu de
préférence au niveau des bords des plans graphitiques.
La vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Au est très rapide
(transfert de masse à la surface du charbon actif) quand l'adsorption
s'effectue sur les sites les plus accessibles (macro et mésopores) puis
elle diminue quand l'équilibre est proche (Figure 2.57). Il est à noter
que, quand ces pores sont utilisés, il s'établit un pseudo-équilibre et
l'adsorption s'effectue sur les micropores, ce qui nécessite la diffusion
du complexe cyanuré dans la longueur et le caractère tortueux des
pores, ce qui est un processus nettement plus lent. L'énergie
d'activation pour l'adsorption d´Au(CN)-1 sur le charbon actif a été
estimé à 11 kJ.mol-1, ce qui est dans le domaine normal dans le cas
d'un transfert de masse [14, 88].
Mardesen J., House I. [78] ont établi que les matières carbonées non
poreuses absorbent aussi l'Au dissous (preg-robbing) mais la capacité
d´adsorption est nettement inférieure.
115
Figure 2.57. Adsorption du Au(CN)2- par le charbon actif de coques
de noix de coco (1 200 m2.g-1), en fonction du temps.
Prise de Mardesen J., House I. et modifiée [14].
d[Au(CN)2 - ]
- = m [Au(CN)2 - ] (Éq. 2.30)
dt
116
La granulométrie habituelle du charbon actif se situe généralement
entre 1,2 x 2,4 mm et 1,7 x 3,4 mm. Il n'est pas conseillé de travailler
avec des granulométries plus fines car, suite à son abrasion, sa
dimension diminuera et il ne sera plus récupéré, engendrant des pertes
importantes de charbon actif et donc d´Au.
Bien que la caractérisation des charbons actifs est effectuée en
déterminant la surface spécifique et la taille des pores (adsorption de
l'iode ou du tétrachlorure de carbone, ...), ces paramètres n'ont qu'une
faible corrélation avec la capacité d'adsorption du complexe cyanuré
d´Au ou d'Ag sur le charbon actif.
117
Les différents facteurs qui influencent l'adsorption sont mentionnés
ci-après [14, 27].
Température : l'adsorption étant un procédé exothermique, la
capacité d'adsorption diminue avec la température.
Teneur en Au en solution : une concentration plus élevée en Au en
solution augmente la vitesse de l'adsorption et la capacité de
chargement du charbon actif. Les valeurs industrielles habituelles ont
une vitesse d'adsorption de 10 à 100 g Au.t-1 CA.h-1 et une charge de
5 à 10 kg Au.t-1 CA.
Concentration en cyanure libre : une concentration en CN- élevée
entraîne une diminution de la vitesse d'adsorption et de la capacité de
chargement du charbon actif car des complexes cyanurés différents de
ceux d´Au entrent en compétition. Les conditions opératoires
habituelles se situent entre 0,1 et 2,0 g NaCN.L-1.
pH : l'adsorption d´Au est favorisée par une diminution du pH mais
pour des raisons évidentes de sécurité, il ne faut pas descendre en
dessous de pH 10.
Présence d'autres ions : la présence de certains ions influence
positivement ou négativement la capacité de charge du charbon actif ;
par ordre décroissant, il faut citer les ions favorables qui sont : Ca2+,
Mg2+, H+, Li+, Na+, K+ car ils forment des paires d´ions avec le
complexe cyanuré d´Au et les ions défavorables : CN-, S2-, SCN-,
S2O32-, OH-, Cl-, NO3- étant donné qu´ils re-dissolvent l'Au adsorbé.
Oxygène dissous : la présence d´O2 dissous en solution, provoque
l'oxydation du CN- et donc la diminution de sa concentration, ce qui
est favorable.
Empoisonnement du charbon actif : des substances organiques et
minérales peuvent être adsorbées ou précipitées sur ou dans le charbon
actif ce qui bloque les pores et diminue donc l'efficacité de
l'adsorption d´Au.
Les principaux composés inorganiques qui posent problème sont : les
sels de calcium et de magnésium, les carbonates, les silicates, les
aluminates, les particules fines de Fe, les précipités des métaux de
base (Fe, Cu, Pb, Zn) ; parmi les poisons organiques, il faut citer : le
diesel, les huiles lubrifiantes, l'antigel, les acides humiques et les
autres produits provenant des sols telle que la végétation en
décomposition, les réactifs de flottation , les floculants, …
118
Adsorption d'autres complexes cyanurés : l'adsorption d´Au sur le
charbon actif est relativement sélective, néanmoins d'autres espèces
cyanurées peuvent s'adsorber, phénomène dépendant principalement
de sa concentration en solution et du pH. L'ordre de préférence dans le
procédé d'adsorption est fonction du nombre atomique de l'élément ; il
est par exemple le suivant : Au(CN)2-, Hg(CN)2-, Ag(CN)2-,
Cu(CN)32-, Zn(CN)42-, Ni(CN)42- et Fe(CN)64-. Il faut noter que
l'adsorption d'Ag est favorable alors que celle d'Hg pose des
problèmes en particulier à l'étape de raffinage.
Les principales caractéristiques d'un bon charbon actif pour adsorber
le complexe cyanuré d'Au sont les suivantes :
dureté : de 95,0 à 99,5 % ;
résistance à l'abrasion en pulpe : > 99 % ;
haute capacité d'adsorption (K value) : 20 à 24 kg Au.t-1 CA ;
haute vitesse d'adsorption (R) : 70 % d´Au en solution adsorbé en
60 minutes, ce qui correspond à 0,06 à 0,08 mg Au.min.g-1 CA ;
surface spécifique élevée : 700 à 1 200 m2.g-1 CA ;
dimension des particules : uniforme et grossière, généralement
entre 1,2 x 2,4 mm et 1,7 x 3,4 mm.
Indépendamment des caractéristiques idéales du charbon actif, il faut
évidemment tenir compte de sa disponibilité sur le marché et de son
coût.
L'adsorption d´Au sur le charbon actif peut se faire par une des trois
méthodes qui se différencient fondamentalement par le type de contact
entre le charbon actif et le complexe cyanuré d´Au [27].
119
habituellement compris entre 12 et 24 heures et, en cas de présence
d´Au grossier, de 48 heures.
Dès que la durée de cyanuration souhaitée est atteinte, la pulpe passe
dans des cuves contenant du charbon actif (15 à 30 g.L-1) dont
l'agitation est, de préférence pneumatique (Pachuca), pour éviter
l'abrasion par le mobile d'agitation mécanique.
Le système fonctionne à contre-courant, c'est-à-dire que le charbon
frais est alimenté dans la dernière cuve dans laquelle la teneur en Au
est la plus faible de façon à s'assurer que tout l'Au dissous est absorbé
et que la pulpe résiduelle contienne moins de 0,01 mg Au.L-1. Le
charbon actif est épisodiquement remonté d'une cuve à l'autre jusqu'à
la première dans laquelle la solution est la plus riche, ce qui permet
d'achever le chargement du charbon actif.
Après 5 à 8 heures de temps de séjour, la pulpe résiduelle séparée du
charbon actif par tamisage, est envoyée vers le système de traitement
des résidus et la mise en décharge. Quand le charbon actif titre 3 à
5 kg Au.t-1, il est retiré du système et passe à l'étape d'élution.
Un avantage de ce procédé par rapport aux autres est qu'il n'est pas
nécessaire d'effectuer une séparation solide / liquide (décantation,
filtration) pour extraire Au de la solution. Il suffit simplement d'une
opération de tamisage pour séparer le charbon actif de la pulpe. Par
contre, il faut constater des pertes importantes (5…30 %) de charbon
actif par abrasion si sa dureté n'est pas suffisante.
Dans le procédé de cyanuration CIP, il faut noter une consommation
de CN- suite à sa réaction avec les métaux de base et les sulfures au
cours de la lixiviation, mais aussi une perte due aux réactions
d'hydrolyse, d'oxydation et d'adsorption avec le charbon actif. Le
temps de séjour dans un réacteur d'adsorption est d'environ 1 heure, et
donc dans un circuit à 6 étapes, le CN- reste en contact avec du
charbon actif pendant environ 6 heures. Pour une concentration de
charbon actif de 25 g.L-1, la perte de CN- est d'environ 20 % durant
cette opération. Un tiers du CN- peut être perdu si la concentration en
charbon actif augmente à 40 g.L-1.
120
directement absorbé par le charbon actif. Cette méthode est très
avantageuse et est à conseiller dans les cas où des minéraux
carbonacés où des argiles où des matières organiques sont présents
dans le minerai car ceux-ci sont en compétition avec le charbon actif
pour adsorber Au. Les différentes étapes du procédé de cyanuration
CIL sont les suivantes : ajout de charbon actif à la lixiviation avec un
temps de séjour "cyanuration - absorption" de 24 heures et séparation
du charbon actif chargé par tamisage et élution de ce dernier.
Cette méthode permet de diminuer le coût des investissements puisque
la cyanuration et l'absorption sont faites en même temps dans les
mêmes cuves. L'inconvénient majeur réside dans le fait que le charbon
actif est soumis à l'attrition due à l'agitation pour des durées nettement
plus longues ce qui entraîne des pertes plus importantes en charbon
actif et donc en Au.
(iii) Charbon en colonne (CIC)
Ce procédé consiste à faire passer, de manière ascendante ou
descendante, des solutions cyanurées clarifiées ou éventuellement
partiellement clarifiées à travers une série de colonnes contenant du
charbon actif. Le principal avantage de cette méthode est que ce
dernier ne subit pas d'abrasion et n'est pas en contact avec les solides
de la pulpe.
Il est généralement utilisé pour des solutions provenant d'une
lixiviation en tas ou en fosse ainsi que pour des effluents d'un
décanteur avant élimination ou recirculation. L'utilisation du procédé
de cyanuration CIC pour le traitement des solutions pauvres au lieu de
la cémentation sur Zn, permet évidemment de ne pas augmenter la
teneur en Zn des effluents, Zn qui, sinon, empoisonne la solution et
rend sa recirculation problématique sans traitement.
2.9.3. Résumé
La cyanuration est un procédé électrochimique de dissolution d´Au,
d'Ag et d'autres composants qui peuvent se trouver dans les minerais
aurifères, moyennant l'utilisation d'une solution alcaline de cyanure
qui forme des complexes anioniques d´Au, stables en solution
aqueuse. La dissolution par le cyanure de sodium est essentiellement
un phénomène électrochimique par lequel le métal précieux est oxydé
121
pour former le complexe stable [Au (CN)2]-. La réactivité du cyanure
pour les métaux précieux est par ordre décroissant : Au, Ag, Pd et Rh
[81, 82].
La concentration habituelle des solutions de cyanuration se situe entre
0,3 et 2,0 g.L-1 de cyanure libre (CN-). Ces valeurs peuvent être plus
élevées si le minerai contient des consommateurs de cyanure comme
des minéraux riches en Cu, Fe et Zn. L'autre réactif indispensable à la
lixiviation d´Au est O2 mais la teneur en O2 dissous est limitée par sa
solubilité qui est au niveau de la mer et à 25 °C de 8,32 g.L-1. Il est à
noter que les minéraux de As et de Sb sont des consommateurs d´O2
ce qui ralentit la solubilisation d´Au. La cyanuration des minerais
aurifères peut s'effectuer de deux méthodes différentes : statique (en
tas ou en fosse) ou dynamique (cuves agitées ou autoclave) [27].
La vitesse de dissolution d´Au est maximale avec un rapport [CN-] sur
[O2] de l'ordre de 6 ; dans ces conditions, celle-ci est de 3,4 μm/h pour
une particule sphérique. Le temps nécessaire pour dissoudre une
particule d´Au de 2 mm est donc de 588 heures mais n'est plus que de
13 heures pour une particule de 45 μm.
L'hydrolyse du CN- en HCN volatile se produit à un pH inférieur à
10,5 et est critique à un pH inférieur au pKa du CN- (9,39). Le cyanure
est facilement converti en cyanate ou cyanogène par des réactions
d'oxydation.
Jai Y., Thomas M. K. [89] indiquent que le complexe cyanuré d´Au
s'adsorbant sur le charbon actif comme une molécule neutre, il
s'associe préalablement à un cation (préférentiellement Ca2+). La
réaction d'adsorption est réversible ce qui permet de ré-extraire Au
(étape d'élution) en modifiant les conditions d'équilibre (augmentation
de la température et / ou augmentation de la concentration en CN-).
La vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Au est très rapide
(transfert de masse à la surface du charbon actif) quand l'adsorption
s'effectue sur les macro et les mésopores, puis elle diminue en
s'approchant de l'équilibre. Il est à noter que, quand ces pores sont
utilisés, il s'établit un pseudo-équilibre et l'adsorption s'effectue sur les
micropores, ce qui nécessite la diffusion du complexe cyanuré dans la
longueur et le caractère tortueux des pores, ce qui est un processus
nettement plus lent mais utile [14].
Adams M.D. [84,85] et McDougall et al. [86] sont d'accord sur le fait
que le complexe cyanuré d´Au est adsorbé dans les micropores du
122
charbon actif par le mécanisme de la paire d'ions. Bansal R.,
M. Goyal [84, 85] ont rapporté des études faites par analyse XPS qui
ont montré que l'anion linéaire Au(CN)2- est adsorbé parallèlement sur
les plans graphitiques du carbone. Les électrons π du graphite
prennent part à des "liens donateurs" avec l'atome central d´Au.
Jai Poinern G.E. et al. [88] avec des essais effectués à l'aide d'un
complexe cyanuré d´Au marqué avec du carbone 14C, graphite
hautement orienté (HOPG), ont montré par microscopie à force
atomique que l'adsorption d´Au a lieu de préférence au niveau des
bords des plans graphitiques.
Le procédé charbon en pulpe (CIP) consiste à mettre en contact le
charbon actif avec la pulpe après la lixiviation ; cette opération
s'effectue dans des cuves agitées en série avec une circulation à
contre-courant du charbon actif. Le procédé charbon en lixiviation
(CIL) est en réalité une variante du procédé de cyanuration CIP. Dans
ce cas, le charbon actif est introduit en même temps que le cyanure
dans les cuves de cyanuration de manière à ce que l'Au dissous soit
directement absorbé par le charbon actif. Le procédé charbon en
colonne (CIC) consiste à faire passer, de manière ascendante ou
descendante, des solutions cyanurées clarifiées ou éventuellement
partiellement clarifiées à travers une série de colonnes contenant du
charbon actif.
123
Après acidification, l'effluent est re-neutralisé à un pH de ≈ 9,5,
formant à ce pH des carbonates - hydroxydes stables permettant leur
mise en décharge. Quant au cyanure récupéré, il est recyclé.
124
(ii) Précipitation par le sulfate ferreux
À pH 8…12
FeSO4 + 2 OH- ⇌ Fe(OH)2 + SO42- (Rx. 2.49)
À pH 6,5…8
CNCl(g) + 2 OH- ⇌ CNO- + Cl- + H2O (si pH > 10,5) (Rx. 2.54)
125
(iv) Oxydation au peroxyde d´hydrogène (H2O2)
L'oxydation du cyanure est catalysée par Cu2+ mais cet ion décompose
aussi le peroxyde d'hydrogène. Une consommation de 3 kg de H2O2
par kg de CN- permet d'obtenir un effluent titrant de l'ordre de
1 mg.L-1 de cyanure libre [14, 27].
126
(vii) Comparaison entre les méthodes d'oxydation chimique
directe
127
2.10.3. Traitement d’effluents cyanurés avec le
charbon actif
2.10.3.1. Recirculation des effluents cyanurés
129
Tableau 2.25. Effet du charbon actif et de la concentration en O2 sur
la destruction du cyanure dans une solution aqueuse à
20 ºC. [500 mL ; concentration initiale :
0,01 M NaCN ; pH = 10,2] [84].
130
2.10.4. Résumé
Les méthodes de traitement d´effluents cyanurés convertissent le CN-
en CNO- qui s'hydrolyse en l'ion ammonium et bicarbonate ; les
complexes cyanurés métalliques dissociables par des acides faibles
comme Cu et Zn, sont également oxydés et le cation métallique en
résultant est hydrolysé et précipite sous forme d'hydroxyde ; aucun de
ces procédés ne parvient à oxyder les complexes cyanurés métalliques
forts (comme le Fe).
L'acide de Caro [H2SO4 + H2O2] est la méthode la plus rapide mais la
plus chère. Les propriétés catalytiques du charbon actif en
combinaison avec de l'air comme oxydant du CN-, est une alternative
au traitement des effluents cyanurés qui peut avoir des perspectives
d'application industrielle intéressante.
131
132
Chapitre 3.
133
Objectif spécifique Stratégie
Interprétation des Connaître les propriétés physico-
phénomènes mis chimiques et morphologiques des
en jeu lors de la coques de noix de palmier afin de
carbonisation et comprendre les phénomènes qui
modélisation seront rencontrés lors de la
carbonisation et de l'activation
134
Objectif spécifique Stratégie
Interprétation Étudier l'activation physique des
des phénomènes coques par [CO2 + H2O vapeur]
mis en jeu lors (carbonisation / activation en 1 ou
de l'activation et 2 étapes)
modélisation
Examiner l'influence des phénomènes
de transport de masse et de chaleur
lors de l'activation physique et
modéliser
135
Évaluer la récupération de l'Au de solutions alcalines de cyanure et de
pulpes provenant de la cyanuration de minerais aurifères avec les
différents types de charbon actif produits et des composites, est une
étude que permettra d'envisager leur utilisation dans les procédés de
traitement des minerais aurifères.
136
Objectif spécifique Stratégie
Validation de Évaluer la vitesse d'oxydation du
l'efficacité des cyanure par les charbons actifs
charbons actifs produits
obtenus lors du
traitement des - Solutions synthétiques
effluents de la
cyanuration d'un - Effluents de cyanuration d'un
minerai équatorien
minerai sulfuré aurifère
Augmentation polymétallique équatorien
de la vitesse
d'oxydation du Élaborer des composites
cyanure [charbon actif – Cu] pour accélérer
l'oxydation du cyanure en solution
137
138
Chapitre 4.
4.1. Introduction
Ce chapitre expose les méthodes et les techniques expérimentales
employées pour la caractérisation des coques de noix de palmier
africain, des charbons actifs et la réalisation des essais de
carbonisation et d'activation à l'échelle laboratoire, pilote et
industrielle ainsi que les méthodologies utilisées pour la cyanuration,
le traitement des effluents cyanurés et pour modifier les propriétés des
charbons actifs.
139
L'analyse élémentaire a été réalisée à l'aide d'un analyseur CHN
(Perkin Elmer 2400) et complétée à l'aide d'un microscope
électronique à balayage (MEB - Tescan Vega) et un microanalyseur à
rayons X à dispersion d'énergie (EDS - Bruker). La détermination des
teneurs en constituants minéraux a été réalisée par spectrophotométrie
d'absorption atomique (Perkin Elmer AAnalyst 300) sur des
échantillons pulvérisés et calcinés à 650 °C pendant 2 heures puis
attaqués à l'acide (HF, HNO3 et HCl) dans un four à micro-ondes. La
structure morphologique des échantillons a été établie à l'aide
d'images prises au microscope électronique à balayage (MEB) de type
Tescan Vega et d'un microscope optique Leica.
Pour ces essais, la méthodologie proposée par Gómez A. et al. [7] a été
prise comme référence. Les échantillons de coques ont été broyés et
pulvérisés afin d'obtenir un d100 de 38 µm. Les essais ont été effectués,
entre 10 et 950 °C, avec une thermobalance de type Shimadzu TGA-50
sur 25 mg d'échantillon et une vitesse de chauffe de 10 °C.min-1 sous
un débit d'azote de 50 mL.min-1. La perte de poids a été mesurée en
fonction de la température et la dérivée de la perte de poids en fonction
du temps et de la température a été calculée.
140
à pointeau et un débitmètre. Les essais ont été effectués sur 5 g
d'échantillon pulvérisé (d100 de 38 µm) en lit fixe de 4 mm d'épaisseur,
pendant 2 heures à une température variant de 400 à 700 °C. Pour
chaque essai, le four a été chauffé en présence de N2 et la nacelle
contenant l'échantillon chargée à la température souhaitée. À la fin de
l´essai, l'échantillon est refroidi dans la même atmosphère et ensuite
pesé afin de déterminer la perte de poids. Les teneurs en matières
volatiles et en cendres de l'échantillon carbonisé ont été déterminées. La
teneur en carbone fixe et le rendement d'élimination des matières
volatiles sont finalement calculés.
141
Figure 4.1. Schéma du four Nichols. Vue de l'intérieur de la chambre
de réaction.
142
Figure 4.3. Composition (% volumique) des gaz de combustion du
propane (C3H8) à 900 °C et 0,72 atm en fonction du
facteur lambda ().
Les débits d'air et de gaz sont contrôlés par des vannes à membrane et
ils sont mesurés à l'aide de manomètres qui quantifient la perte de
charge dans des plaques à orifice installées dans les conduites. La
pression à l'intérieur du four est réglée par un clapet dans la cheminée.
Le four est équipé d`un thermocouple situé sur l'agitateur, d'un
enregistreur de température et d'une interface pour digitaliser les
données. Le four Nichols est équipé d'un système de contrôle
automatique visant la sécurité de fonctionnement ; celui-ci coupe le
débit de gaz en cas d'absence de la flamme dans le brûleur. La
Figure 4.4 montre les photographies des équipements de commande
du four.
143
Les essais de carbonisation à l'échelle pilote ont été réalisés sur des
échantillons n'ayant pas subi de prétraitement (dimension comprise
entre 5 à 20 mm). Pour chaque essai, le four Nichols a été chauffé à la
température souhaitée (vitesse de chauffe de 0,7 - 1,5 et 10 °C.min-1)
avec une atmosphère réductrice = 0,76 (analyse des gaz sur sec à la
cheminée : 10 % CO2, 4 % CO, 11 % H2, 0,01 % O2 et 9 % H2O). Les
échantillons ont été chargés au démarrage du four, soit en lit fixe avec
12 kg d'échantillon, soit en lit mélangé avec 3 ou 4 kg. Des essais ont
également été effectués en introduisant l'échantillon dans le four
préchauffé à la température souhaitée. À la fin de l'essai, le matériau
est déchargé, refroidi dans un récipient métallique fermé et pesé. Afin
de disposer de résultats de référence, des essais ont également été
effectués sur des coques de noix de coco.
144
vapeur d'eau à une pression de 5,4 atm et un générateur de courant de
250 kVA.
(A)
(B) (C)
145
Figure 4.6. Photographie du four rotatif industriel.
146
4.3.4. Caractérisation de la matière carbonisée
Les échantillons, produits lors des différents essais de carbonisation,
ont été analysés en déterminant les paramètres indiqués à la
section 4.2. ; les techniques analytiques qui y sont mentionnées ont été
utilisées. Pour les échantillons provenant des essais à l'échelle pilote et
industrielle, la dureté a également été déterminée selon la norme
ASTM D3802-79 [31].
147
Pour chaque essai, le four est préchauffé à la température souhaitée et
les échantillons introduits lorsque le four a atteint cette température. À
la fin de l'essai, la matière est déchargée, refroidie dans un récipient
métallique fermé et pesée ce qui permet de calculer le pourcentage de
gazéification. Chaque échantillon est enfin caractérisé en déterminant
les paramètres indiqués à la section 4.4.3.
Au cours de certains essais, des échantillons ont été prélevés toutes les
heures et leur indice d´iode a été déterminé afin d'établir la cinétique
de l'activation.
Les essais d'activation à l'échelle industrielle ont été réalisés avec des
échantillons de coques carbonisés tels quels (4 à 7 mm) par la
méthode décrite à la section 4.2.
Le four rotatif est chauffé pendant 7 jours à une température
maintenue constante de 850 °C avec une atmosphère oxydante du
brûleur ( = 1,2) ; la consommation de fuel-oil est de 2 650 L.jour-1.
La vitesse de rotation du four est de 0,3 tour par minute et
l'alimentation est de 600 kg.h-1. Le four a fonctionné 7 jours lors des
essais sans releveur et 35 jours avec releveurs.
L'atmosphère d'activation est obtenue par injection dans la chambre de
combustion, de vapeur d´eau à 1,4 atm, vapeur provenant d'une
chaudière de 1 471 KW (ou 150 BHP) qui en produit 2 400 kg.h-1
avec une consommation de fuel-oil de 1 135 L.jour-1. Lors de ces
essais, la composition des gaz dans le four est de 29 % H2O,
10 % CO2 et 5 % O2 (mesurée à l'entrée de la chambre du four rotatif).
Le débit de charbon actif sortant du four est mesuré ainsi que son
indice d'iode. Plusieurs échantillons de chaque essai ont été
caractérisés en déterminant les paramètres indiqués à la section 4.4.3.
148
constante au cours des essais qui ont été effectués avec le four muni
de releveurs. La consommation de fuel-oil est de 2 650 L.jour-1 (ce qui
correspond à 1,47 L de fuel-oil par kg de produit). La vitesse de
rotation du four est de 0,3 à 0,6 tour par minute et l'alimentation
comprise entre 350 et 700 kg.h-1. Le four a fonctionné 25 jours.
De même que pour les essais précédents, l'atmosphère d'activation a
été obtenue par l'injection, dans la chambre de combustion, de vapeur
d'eau à 1,4 atm. Lors de ces essais, la composition des gaz du four est
de 25 % H2O, 10 % CO2 et 5 % O2. Le débit de charbon actif sortant
du four est mesuré ainsi que son indice d'iode. Plusieurs échantillons
ont été caractérisés en déterminant les paramètres indiqués à la section
suivante.
Indice d'iode
Le charbon actif pulvérisé est ajouté à une solution d'iode (I2),
mélangé pendant 30 secondes puis filtré ; la valeur d'adsorption d'iode
est déterminée par titrage de l'iode résiduel en solution, avec du
thiosulfate de sodium et de l'amidon. L'indice d'iode est exprimé
en mg I2.(g CA)-1. Cette détermination est basée sur les normes
AWWA B 600-78 et ASTM D4607-86 [31,32].
149
Indice de bleu de méthylène (B.Met)
Le charbon actif pulvérisé est ajouté à une solution de bleu de
méthylène (1,2 g.L-1) mélangé pendant 30 minutes puis filtré ; la
valeur d'adsorption B.Met est déterminée par spectrophotométrie
visible (Corning 252) à 620 nm. L'indice de bleu de méthylène est
exprimé en g B.Met.(100 g CA)-1. Ce dosage est basé sur les normes
du CEFIC [33].
Indice de décoloration du sucre
Le charbon actif pulvérisé est ajouté à une solution à 60 % de sucre
[0,6 g CA.(100 g solution de sucre)-1], mélangé pendant 45 minutes à
80 °C puis filtré ; la valeur d'adsorption des macromolécules et des
colloïdes qui donnent une couleur brune à la solution de sucre est
déterminée par spectrophotométrie visible (Corning 252) à 430 nm et
à 710 nm selon l'équation (Éq. 4.1 ) suivante :
Pour cet essai la solution initiale de sucre doit être de 200 UBR ; si le
charbon actif testé fournit une solution avec moins de 35 UBR, il est
acceptable pour la décoloration du sucre [34].
Les essais ont été effectués, à température ambiante (20 °C), avec
100 cm3 de solution à 10 mg Au.L-1 préparée en utilisant un standard
d´Au sous forme de HAuCl4 et une solution à 1 g NaCN.L-1 à pH 11
(ajusté avec du NaOH), pendant 0,5 heures et avec diverses quantités
(0,01 à 0,8 g) de charbon actif pulvérisé (d100 de 38 µm) maintenu en
suspension par agitation. Après filtration, la teneur en Au résiduel de
la solution est déterminée par spectrométrie d'absorption atomique
(Perkin Elmer AAnalyst 300). La procédure est répétée en faisant
varier le temps de contact (1 - 2 - 4 - 8 et 24 heures).
Sur base des résultats, les isothermes d'adsorption d'Au et les taux
d'adsorption du complexe cyanuré d'Au en fonction du temps sont
calculés. Avec ces données sont obtenus la "K value" qui est la
150
capacité d'adsorption du complexe cyanuré d'Au (en mg Au.g-1)
lorsque la concentration d'équilibre est 1 mg Au.L-1 et le "R value"
qui est la quantité d'Au (en %) adsorbée après 60 minutes. Cet essai
est basé sur les normes AARL Mintek [31, 35, 36].
151
aliquote de 50 mL avec une solution de HCl 0,1 N en utilisant la
phénolphtaléine comme indicateur.
Spectrophotométrie infrarouge (FTIR)
Sur base de la méthodologie utilisée par Guo Y., Rockstraw D.A. [96],
des perles de 100 mg d'un mélange de 0,5 % de charbon actif
pulvérisé (d100 de 38 µm) et KBr solide 99,5%, sont préparées. Les
échantillons sont ensuite analysés à l'aide d'un spectrophotomètre
infrarouge à transformée de Fourier (Perkin-Elmer Spectrum One
FTIR) entre 400 et 4 000 cm-1. L'interprétation des résultats est
effectuée en utilisant le programme Spectre-FTIR.
152
Le processus de carbonisation est effectué, en lit mélangé, dans le four
Nichols contenant 3 kg d'échantillon. Pour chaque essai, la matière est
introduite, sous atmosphère réductrice ( = 0,76 soit 10 % CO2,
4 % CO, 11 % H2, 0,01 % O2 et 9 % H2O), dans le four préchauffé à la
température souhaitée. À la fin de l'essai, la matière est déchargée et
refroidie dans un récipient métallique fermé. Les échantillons sont
ensuite lavés avec de l'eau distillée jusqu'à obtention d'un pH 6 dans
les eaux de lavage puis séchés à 110 °C pendant 2 heures. Sur base du
poids alimenté et du poids sec après carbonisation, le rendement de
production de charbon actif est calculé.
153
suspensions sont tamisées à 1,4 mm et le refus à cette dimension séché
pendant 24 heures à 40 °C puis refroidi et pesé ce qui permet de
déterminer la perte de poids due à l'attrition. La dureté des
échantillons avant et après attrition est déterminée selon la norme
ASTM D3802 -79 [31].
154
de façon à obtenir les fractions granulométriques (-3,4 +1,4 mm) et
(-1,4 +0,6 mm) ayant différentes surfaces spécifiques (760, 860 et
1 020 m2.g-1).
Les réactifs utilisés sont de qualité analytique : l'acide acrylique
(monomère), le divinylbenzène (monomère), le peroxyde de méthyle
éthyle cétone (initiateur) et le polyacide acrylique commercial en
poudre de poids moléculaire 3.106 g.gmol-1, comme référence.
La procédure de synthèse commence par la préparation du mélange
de monomère. L'acide acrylique commercial est distillé sous vide
pour éliminer l'inhibiteur de polymérisation qui est l'éther méthylique
de l'hydroquinone ; 10 % de divinylbenzène et 11 % de peroxyde de
méthyle éthyle cétone sont ajoutés au distillat en agitant
manuellement. Il est à noter que différents mélanges de monomères
ont été préparés en faisant varier la teneur en initiateur.
20 g d´échantillon de charbon actif sont imprégnés avec 40 mL de
mélange de monomères par immersion pendant 1 minute. Le charbon
est récupéré par tamisage et l'excès du mélange de monomères est
éliminé avec un papier absorbant. L'échantillon de charbon imprégné
est polymérisé à 90 °C pendant 20 heures, puis refroidi et pesé.
La régénération du composite est réalisé par immersion de
l'échantillon épuisé (en ce qui concerne sa fonction d'échange d'ions),
dans des solutions séparées d'acides chlorhydrique et sulfurique à des
concentrations de 1 - 2,5 - 5 et 8 % en poids, pendant 18 heures. Après
régénération, la capacité d'échange cationique est à nouveau mesurée
conformément à la méthode indiquée à la section 4.4.3.4.
Les échantillons des composites CAIC ont été caractérisés en
déterminant les propriétés mentionnées aux sections 4.3.4. et 4.4.3. ;
les techniques analytiques qui y sont mentionnées, ont été utilisées.
155
la préparation des charbons actifs imprégnés par des métaux, les
procédures reprises ci-après ont été utilisées.
Charbon actif imprégné par des métaux (CA - métal)
Du charbon actif [(-2,3 +0,8 mm) ; 879 m2.g-1] obtenu par activation
physique lors des essais industriels a été maintenu en suspension,
pendant 4 heures, dans différentes solutions aqueuses à pH 4
contenant 1g.L-1 de différents sels métalliques [AgNO3, CdCl2,
Cr(NO3)3, Cu(NO3)2, FeCl3, NiCl2, ZnSO4] ; la suspension est ensuite
filtrée et les solides lavés avec de l'eau distillée, séchés à 120 °C et
pesés.
Charbon actif imprégné par des sels de cuivre (CAI)
75 à 150 g de charbon actif [(-2,3 +0,8 mm) ; 550 m2.g-1] ont été mis
en contact, pendant 1 heure, avec agitation mécanique, avec des
solutions aqueuses à pH 4 contenant 3 g Cu.L-1 provenant de
différents sels [CuSO4, CuCl2 et Cu(NO3)2] ; la solution est ensuite
évaporée et les solides lavés avec de l'eau déminéralisée, séchés à
120 °C et pesés.
156
4.6.4.3. Caractérisation des charbons actifs imprégnés
157
technique du charbon en pulpe ont été effectués suivant les procédures
mentionnées ci-après.
Le minerai d´Agua Dulce a été broyé en voie humide (62,5 % de
solides) dans un broyeur à boulets (Denver 12 x 5 pouces) à un d80 de
100 m. La cyanuration a été réalisée en pulpe mélangée à 40 % de
solides pendant 24 heures en présence d'une solution à
1 g cyanure libre.L-1 et un pH de 10,5 ajusté avec CaO.
Des contrôles périodiques du cyanure libre et du pH sont effectués et
les valeurs souhaitées, maintenues par addition de cyanure et
d'hydroxyde de sodium ou d´oxyde de calcium.
Pour l'adsorption du complexe cyanuré aurifère, du charbon actif (ou
un composite) de granulométrie (-1,7 +0,6 mm) est ajouté à raison de
25 g.L-1 de solution et l'agitation est poursuivie pendant 24 heures. La
pulpe est ensuite tamisée à 0,6 mm et le passant filtré ; la solution est
récupérée et son volume mesuré tandis que le rejet est séché et pesé.
Des échantillons ont été prélevés en cours d'essai afin de déterminer la
cinétique du procédé. Les concentrations en Au et en Ag dans les
solutions, les rejets et le charbon actif (ou le composite) ont été
déterminées par spectroscopie d'absorption atomique et
fusion - coupellation.
158
Capacité d'extraction du CN- en solution
La capacité d'extraction du CN- en solution aqueuse à 20 °C, est
évaluée en utilisant du NaCN analytique à une concentration de
1 100 mg NaCN.L-1 à un pH de 12 et 15 g.L-1 de charbon actif ou de
charbons actifs imprégnés par des métaux (CA – métal). Les charbons
sont maintenus en suspension pendant 2 heures. La teneur résiduelle
en CN- est déterminée par titrage avec une solution d'AgNO3 et du KI
comme indicateur.
159
160
Chapitre 5.
5.1. Introduction
Ce chapitre présente les résultats de la caractérisation des coques de
noix de palmier africain de la variété tenera. Les résultats des essais
de carbonisation à l'échelle laboratoire, pilote et industrielle,
établissant l´influence de la température, du temps de carbonisation et
de la vitesse de chauffe sur la dureté et la structure des produits
carbonisés, sont présentés et discutés. Dans le but d'interpréter les
données industrielles, un modèle cinétique a été adapté pour la
carbonisation et les résultats de l´application de ce modèle sont
présentés ; il considère les phénomènes de transport de chaleur et de
masse ainsi que la réduction de la taille des particules.
La carbonisation des matériaux ligno-cellulosiques élimine les
matières volatiles et laisse un matériau carbonisé comportant un
squelette de charbon et des substances minérales. L'objectif spécifique
de cette partie de la thèse est l'interprétation des phénomènes mis en
jeu lors de la carbonisation des coques de noix de palmier et
d'effectuer une modélisation de la vitesse de carbonisation dans le but
d'interpréter les données industrielles.
Les stratégies employées visant à atteindre cet objectif sont les
suivantes : connaître les propriétés physico-chimiques et
morphologiques des coques de noix de palmier afin de comprendre les
phénomènes qui seront rencontrés lors de la carbonisation, rechercher
les conditions opératoires de carbonisation à différentes échelles,
examiner l'influence des phénomènes de transport de masse et de
chaleur lors de la carbonisation, mettre en évidence l'influence de la
granulométrie du produit et la taille des réacteurs, évaluer les modèles
trouvés dans la littérature et vérifier leur adéquation dans le cas de ces
coques et, le cas échéant, établir un nouveau modèle de cinétique du
procédé sur base des résultats expérimentaux obtenus.
161
5.2. Caractérisation des coques de noix de palmier à
huile
Les échantillons de coques de noix de palmier de la variété tenera ont
été analysés ; les valeurs moyennes et leur écart-type sont données du
Tableau 5.1 au Tableau 5.3.
Les coques ont une teneur élevée en matières volatiles qui sont
composées d'huiles essentielles, de goudron et de gaz non
condensables [7, 8]. Elles contiennent également une quantité élevée
de carbone fixe ; les cendres dont la teneur est importante, ont un
162
caractère silicique significatif tout en contenant également Ca, Al et K
(Tableau 5.4).
Les analyses des biopolymères (Tableau 5.5) montrent que les coques
sont principalement constituées de lignine (46 %), de cellulose (30 %)
et d'hémicellulose (12 %) ce qui représente 88 % de leur masse. Il est
à noter que des quantités faibles de résines, de cires, de graisses (5 %)
et de cendres (9 %) y sont présentes. Ces résultats sont en
concordance avec les teneurs en C (53 %), en O (41 %) et en H (6 %).
Le teneur en azote (0,5 %) pourrait être due à la présence de petites
quantités d'amides et de pyridine ; la teneur en soufre est très faible.
Al Ca Mg Fe Na K Si
Teneur (% sur sec)
163
et que la coque de noix de coco a une structure beaucoup plus
compacte sans avoir des phloèmes et des méta-xylèmes.
164
(A) variétés tenera
165
5.3. Essais en lit fixe à l'échelle laboratoire
5.3.1. Thermobalance
Afin d’avoir une référence du comportement des coques de noix de
palmier lors d'un traitement thermique, des échantillons de la variété
tenera ont été étudiés par thermobalance. Les résultats obtenus sont
présentés à la Figure 5.4 ; ils sont en concordance avec ceux
mentionnés par plusieurs auteurs [7, 43].
166
Sur la base du modèle proposé par Yang H. et al. [43] et résumé à
l'équation (Éq. 2.6), et des résultats expérimentaux obtenus avec la
thermobalance, différentes variables ont été calculées, à savoir :
le facteur pré-exponentiel : A = 1,3 100 s-1 ;
l'énergie d'activation : E = 65 kJ.mol-1 ;
la constante spécifique de vitesse de réaction : k = 5,24 10-5 s-1.
L'énergie d'activation et le facteur pré-exponentiel calculés, sont en
concordance avec les résultats de Yang H. et al. [43] pour les coques
de noix de palmier (Tableau 2.12), mais ils ne sont pas comparables à
ceux présentés par Gomez A. et al. [7] dans le Tableau 2.13, car ce
modèle détermine l'énergie d'activation de chaque composant des
coques (cellulose, hémicellulose et lignine).
167
Ces résultats montrent que la quantité de produit carbonisé obtenu
diminue en fonction de la température, 40 % à 400 °C par rapport à
20 % à 700 °C, ce qui est logique car, d'après Yang H. et al. [43], la
cellulose se décompose à des températures inférieures à 400 °C tandis
que la lignine a besoin d'une température plus élevée ; il est à noter
que l’élimination des matières volatiles est plus élevée quand la
température augmente. Dans la mesure où les échantillons utilisés
pour ces essais étaient sous forme de poudre, il n'a pas été possible
d'évaluer la dureté des produits obtenus.
168
Figure 5.5. Carbonisation de coques de noix de palmier tenera dans
un four Nichols en lit fixe [12 kg d'échantillon à un d80
de 12 mm ; = 0,76 ; 0,7 °C.min-1].
169
Figure 5.6. Carbonisation de coques tenera dans un four Nichols en
lit mélangé [3 kg d'échantillon à un d80 = 12 mm ;
4 tours.min-1 ; = 0,76 , 1,5 °C.min-1].
170
Les durées de carbonisation dans le four Nichols en lit fixe et mélangé
sont similaires ; ces résultats suggèrent que, selon le mécanisme de
réaction de la carbonisation de la cellulose proposé par Zickler G.
et al. [51], la température joue un rôle plus important dans la vitesse
de carbonisation des coques que les phénomènes de transfert de
chaleur et de diffusion des gaz.
Afin d'établir l'influence de la température de carbonisation sur la
dureté du produit obtenu, des essais dans le four Nichols en lit
mélangé ont été effectués avec 3 kg de coques de noix de palmier
tenera (d80 = 12 mm) chargés à la température choisie pour l'essai et
maintenus 3 heures. Les résultats sont présentés au Tableau 5.7 et à la
Figure 5.7. La teneur en carbone fixe augmente avec la température de
carbonisation mais la quantité de produit carbonisé et sa dureté
diminuent. La variation de la dureté avec la température n´a pas de
différences significatives.
Il faut remarquer que l'essai pour déterminer la dureté, consiste à
déterminer le pourcentage de particules de charbon actif qui n'a pas
été détruit par l'impact de billes en acier (le résultat est exprimé en
% de dureté) ; l'essai de résistance à l'abrasion est effectué en lit
agité en mettant en contact du charbon actif avec des suspensions de
quartz et d'andésite. Ces deux paramètres sont étroitement liés.
171
Figure 5.7. Influence de la température de carbonisation des coques
de noix de palmier tenera sur la dureté du produit
carbonisé dans un four Nichols en lit mélangé [3 kg
d'échantillon à un d80 = 12 mm ; 4 tours.min-1 ; = 0,76 ;
3 heures].
Des essais comparables ont été effectués sur des coques de noix de
palmier dura et sur des coques de noix de coco. Comme le montrent
les résultats repris à la Figure 5.8, les deux variétés de coques de noix
de palmier ont le même comportement (dureté supérieure à 90 %)
avec néanmoins une plus grande dureté pour les coques de noix de
palmier dura ; ceci est dû au fait que sa coque est d'une plus grande
épaisseur (2 à 8 mm). En ce qui concerne les coques de noix de coco,
les produits carbonisés à partir de cette matière première présentent, à
toutes les températures, une dureté plus élevée que celle des coques de
noix de palmier.
172
Figure 5.8. Influence de la température de carbonisation des coques
de noix de palmier et de coco sur la dureté du produit
carbonisé dans un four Nichols en lit mélangé [3 kg
d'échantillon à un d80 = 12 mm ; 4 tours.min-1 ; = 0,76 ;
3 heures].
Oudenne P. [15], après des essais effectués dans un four Nichols avec
divers échantillons de biomasse, conclut que la température maximale
de carbonisation n'est pas un paramètre critique mais que la vitesse de
chauffe pourrait déterminer la texture du produit obtenu.
Afin d'évaluer l'influence de la vitesse de chauffe sur la dureté du
produit carbonisé, des essais de carbonisation de coques de noix de
palmier tenera ont été effectués à différentes vitesses (0,7 - 1,5 et 10
°
C.min-1). Les résultats, présentés à la Figure 5.9 montrent que
l'augmentation de la vitesse de chauffe entraîne une diminution de la
dureté (87 % à 10 °C.min-1 au lieu de 91 % à 0,7 °C.min-1 ; ceci est dû
au fait qu'à vitesse de chauffe plus élevée, les matières volatiles sont
éliminées en grande quantité et très rapidement créant une pression
élevée qui détruit la structure des coques.
La dureté est la propriété physique la plus importante pour les
charbons actifs utilisés pour la récupération de l’Au par le procédé de
cyanuration CIP et CIL, étant donné que les particules fines de
173
carbone produites par abrasion sont perdues dans les rejets. C'est
pourquoi, il est parfois préférable d'utiliser un charbon actif ayant une
surface spécifique plus faible mais une dureté plus élevée (entre 95,0
et 99,5 %).
De nombreux auteurs [16, 17, 21, 62] recommandent l'utilisation de
coques de noix de coco pour obtenir un charbon actif ayant une dureté
élevée mais malgré l'importance de cette propriété, il y a peu d'études
fondamentales qui aident à comprendre les mécanismes de production
de charbon actif à dureté très élevée.
174
carbonisation, une structure moins dense, légère et flexible ; quand ils
sont carbonisés, ils perdent leur flexibilité et deviennent rigides
entraînant une perte de dureté du matériau. Il est à noter que les
caractéristiques anatomiques des fibres des coques de noix de palmier
qui comportent des phloèmes et des méta-xylèmes qui représentent
plus du 50 % de leur volume, les rendent plus fragiles que les fibres
des coques de noix de coco.
La dureté des charbons produits à partir de matières
ligno-cellulosiques dépend de leur composition (teneur en cellulose,
en hémicellulose, en lignine, en sels minéraux constituants les
cendres) et de leur distribution dans la structure cellulaire. Selon
Abdul K. et al. [101], la silice dans les coques de noix de palmier se
trouve dans des cellules spécifiques appelées "stigmates" et la lignine
dans les parois cellulaires des fibres ce qui permet d'avoir une
structure plus résistante.
Yang H. et al. [43] et Fierro V. et al. [95] suggèrent, qu’étant donné la
nature chimique de la lignine et sa structure, les produits carbonisés
ont une résistance mécanique plus élevée que celle obtenue par
carbonisation de la cellulose ou de l'hémicellulose. Par ailleurs, les
mécanismes de décomposition thermique de la cellulose et de la
lignine étant similaires, la porosité développée lors de la carbonisation
et la dureté du produit carbonisé, dépendront de la quantité de
matières volatiles et de la vitesse à laquelle elles sont éliminées.
Afin d'évaluer l'influence d'une haute température de carbonisation et
d'une vitesse élevée de chauffe, des essais de carbonisation de coques
de noix de palmier tenera ont été effectués dans le four Nichols
préchauffé à 850 °C en alimentant les coques à cette température dans
la chambre de réaction. Les résultats expérimentaux sont présentés à
la Figure 5.11 ; dans ces conditions, le temps de carbonisation est
réduit à 30 minutes au lieu de 180 minutes à 500 °C mais, suite à la
vitesse de chauffe élevée la dureté du produit carbonisé n'est que de
85 %.
175
(A) variété tenera
176
Figure 5.11. Carbonisation de coques de noix de palmier tenera
introduites dans un four Nichols en lit mélangé à
850 °C [3 kg d'échantillon à un d80 = 12 mm ;
4 tours.min-1 ; = 0,76].
177
De nombreux modèles de cinétique de décomposition des coques de
noix de palmier, ont été proposés sur la base de la variation de poids
de l'échantillon en fonction de la température et du temps, variation
observée par analyse thermogravimétrique ou dans des petits
réacteurs.
D'après Yan H. et al. [43], la réaction Rx. 2.6 représente la
décomposition thermique de la biomasse.
E
W=Wo - {(Wo - W∞) [1- exp [-Aexp (- RT)]] t} (Éq. 5.1)
178
Figure 5.12. Comparaison entre les résultats expérimentaux de la
carbonisation des coques de noix de palmier tenera
dans le four Nichols à 500 ºC et le modèle de Yang H.
et al. [43].
La comparaison des résultats expérimentaux de la carbonisation des
coques dans le four Nichols à 500 ºC et ceux obtenus par le modèle de
Yang H. et al. [43] en utilisant l´équation (Éq. 5.1) et les facteurs
calculés à partir des résultats de l'essai réalisé à la thermobalance soit
A = 1,3 100 s-1 et E = 65 kJ.mol-1 (Figure 5.4), est présentée à la
Figure 5.12. La concordance n'est pas bonne probablement à cause du
fait que le modèle, développé pour des petits échantillons, ne
considère pas les phénomènes de transport de chaleur et de masse ni la
réduction des tailles des particules pendant la pyrolyse.
Comme le montrent la Figure 2.18 et la Figure 2.19, le mécanisme de
la dégradation thermique de la cellulose est très complexe ; la coque
de noix de palmier étant constituée d'hémicellulose, de cellulose et de
lignine, les mécanismes de carbonisation devraient être similaires.
Sur base des résultats des analyses élémentaires des coques de noix de
palmier et du charbon produit, leur formule empirique a été calculée :
C42H55O24 pour les coques et C25H9O2 pour le charbon.
179
Les analyses de gaz de carbonisation reportées par Gómez et al. [7],
Oudenne P. [15], Yang H. et al. [43] et Snehalatha K. et al. [102],
considèrent que le goudron, a priori constitué de lévoglucosane,
l´acide acétique, le méthanol et l´eau sont des gaz condensables tandis
que le dioxyde et le monoxyde de carbone ainsi que l'hydrogène sont
considérés comme des gaz non condensables aux températures
habituellement employées lors de la carbonisation de la biomasse.
En utilisant les résultats obtenus lors des essais de carbonisation des
coques de noix de palmier au four Nichols, les formules empiriques
des coques et de charbon et les gaz de carbonisation mentionnées ci-
avant, la réaction Rx. 5.1 peut être proposée pour représenter la
carbonisation des coques de noix de palmier, avec le bilan matière
présenté au Tableau 5.8.
Solides
Coque C42H55O24 - 100,0
Charbon C25H9O2 - 36,1
Gaz condensables
Goudron (lévoglucosane) C6H10O5 384 25,7
Acide acétique CH3COOH 118 6,4
Méthanol CH3OH 65 1,7
Eau H2 O 100 7,6
Gaz non condensables
Dioxyde de carbone CO2 - 11,7
Oxyde de carbone CO - 8,9
Hydrogène H2 - 1,9
180
Sur base des résultats des analyses de pouvoir calorifique inférieur des
coques (Cq) de formule C42H55O24 et du charbon produit par sa
carbonisation (Ch) de formule C25H9O24, les enthalpies standards de
formation ont été calculées (les détails des calculs sont présentés à
l´Annexe 1) :
L’énergie libre de Gibbs pour la réaction Rx. 5.1 avec T (K) est :
Ces résultats sont en accord avec ceux rapportés par Rath J. et al.
[104] ; selon les mécanismes de réaction proposés par ces auteurs, la
réaction Rx. 5.1 de la carbonisation des coques de noix de palmier
peut être simplifiée comme suit :
181
Figure 5.13. Photographies au MEB de coques de noix de palmier
carbonisées : noyau n'ayant pas réagi de fibres (noire)
dans une matrice de charbon.
183
roc = ri + 0,5 (ro - ri) (Éq. 5.6)
Q k T -T
ngCh = = 4π ( h ) ( 1 0 1i ) (Éq. 5.7)
ΔHRx ΔH Rx -
ri roc
184
Le nombre de moles de gaz qui sortent de la particule par diffusion à
travers la couche de charbon poreux (ngDf) peut être calculé par
l’équation (Éq. 5.9) :
𝑝 −𝑝0
𝑛𝑔𝐷𝑓 = 4𝜋 𝐷𝑒𝑓 ( 1 𝑖 1 ) (Éq. 5.9)
−
𝑟𝑖 𝑟𝑜𝑐
p* + αp0
pi = (Éq. 5.11)
1+ α
p* - p0
Ti = T0 + (Éq. 5.12)
φ(1+ α)
avec
Def roc
α= [sans dimension] (Éq. 5.13)
kr ri(roc-ri)
kh
φ= [atm. K-1 ] (Éq. 5.14)
Def ΔHRx
185
Afin d’estimer la constante de vitesse spécifique de réaction (kr) et de
diffusion effective des gaz (Def), une approche géométrique est
proposée sur la base du modèle phénoménologique (Rx. 5.2 ;
Figure 5.14) et du calcul du nombre de moles de gaz produit par la
réaction chimique (ngRx) obtenu par l’équation (Éq. 5.15) :
dri
ngRx = 4πri2 (- ) ρcq = kr (4π ri2 )(p* - pi ) (Éq. 5.15)
dt
ri t
∫ro dri = -B ∫0 dt (Éq. 5.17)
186
χ = % élimination des matières volatiles (Éq. 5.22)
1
ro [1-(1-χ) ] =Bt3
(Éq. 5.23)
3B 3B2 2 B3
χ= t- t + t3 (Éq. 5.24)
ro ro2 ro3
187
Lorsque la température de carbonisation passe de 500 à 850 ºC, kr est
quasi doublé et Def est environ dix fois plus élevée. Comme le montre
la Figure 5.15, ce modèle s'ajuste relativement bien avec les résultats
expérimentaux d'élimination des matières volatiles lors de la
carbonisation des coques de noix de palmier dans le four Nichols.
À l'aide des équations (Éq. 5.11) et (Éq. 5.12), les profils de
température et de la pression à l'interface en fonction du rayon de
celui-ci, ont été calculés pour une particule de coque.
Les résultats, présentés à la Figure 5.16, montrent que la température
de l'interface atteint une valeur maximale à 0,6 cm avec, pour les
essais à 500 °C, un ΔT par rapport à la température extérieure, de
0,5 K et de 6 K à 850 °C. Il est à noter que les ΔT sont petits car le
charbon produit par la carbonisation est un bon conducteur de chaleur
(kh = 1,6 à 2,5 J.s-1.m-1.K-1). En ce qui concerne la pression à
l'interface, elle atteint une valeur minimale à 0,6 cm avec, pour les
essais à 500 °C, un ΔP par rapport à la pression extérieure, de 1 atm et
de 3 atm à 850 °C.
La réaction de carbonisation Rx. 5.1 étant fortement endothermique, il
faut un flux thermique élevé à l'interface (Figure 5.17). En considérant
la température d'interface (Ti), la quantité de chaleur transportée vers
celui-ci n'est pas suffisante pour pallier les besoins énergétiques de la
réaction ; par contre, en considérant un ΔT de 50 ºC, le flux de chaleur
répond aux exigences. Ces résultats suggèrent que la carbonisation
des coques est limitée par le transport de chaleur vers l'interface
de réaction. Il sera possible de prouver cette hypothèse par des essais
industriels dans un four rotatif continu où le contact gaz / solide est
différent par rapport à celui du four Nichols et par conséquence, peut
aussi changer la vitesse du transport de chaleur vers l’interface
Cq / Ch et la diffusion des gaz produits de la carbonisation.
188
Figure 5.15. Comparaison des rendements d'élimination des
matières volatiles (χ) calculés par l'application du
modèle "noyau n'ayant pas réagi" et obtenus
expérimentalement lors de la carbonisation des coques
dans le four Nichols (500 et 850 ºC).
189
Figure 5.16. Température d'interface (Ti) et pression d'interface (pi)
calculés en fonction du rayon d'interface (ri) lors de la
carbonisation des coques (ro = 1,2 cm ; four Nichols ;
500 et 850 ºC).
190
Calculée avec ΔT = 850 °C - Ti
Calculée avec ΔT = 50 ºC
Figure 5.17. Chaleur nécessaire pour la réaction et le transport de
chaleur vers l'interface calculée en fonction du rayon
d'interface (ri) lors de la carbonisation des coques
(ro = 1,2 cm ; four Nichols ; 850 ºC).
191
5.5. Essais industriels dans un four rotatif continu
Les essais industriels ont été réalisés avec des coques de noix de
palmier de la variété tenera (900 kg.h-1) sans prétraitement (humidité :
5 à 15 % ; matières volatiles sur sec : 62 à 76 % ; d80 = 12 mm,
granulométrie : 5 – 20 mm), dans un four rotatif préchauffé pendant
7 jours à 850 °C avec un brûleur travaillant en atmosphère oxydante
( = 1,2 ; gaz à l'entrée de la chambre rotative du four contenant
10 % CO2, 5 % O2 et 15 % H2O). Le temps de séjour moyen est
respectivement pour le four sans et avec releveurs de 17,4 et
34,8 minutes. En effet, la disposition des releveurs à l´intérieur du four
rotatif, ralentit l´avancement de la matière.
Le fonctionnement et le contrôle d'un four rotatif industriel sont
complexes. La température du four est contrôlée par une boucle de
commande automatique qui régule l’alimentation en combustible. La
qualité du produit sortant peut être adaptée en modifiant le débit
d'alimentation des coques et la vitesse de rotation du four, paramètres
qui modifient le temps de séjour de la matière dans le four.
Les résultats de ces essais sont représentés graphiquement à la
Figure 5.18 et à la Figure 5.19.
192
Figure 5.18. Carbonisation des coques tenera dans un four rotatif
industriel (d80 = 12 mm ; 900 kg.h-1 ; 850 ºC).
193
En ce qui concerne le rendement d'élimination des matières
volatiles (χ), la Figure 5.19 confirme l'intérêt d'utiliser des releveurs
puisque les valeurs moyennes sont, respectivement pour le four sans et
avec releveurs, de 60 et 80 %. Il est clair que l'utilisation de ceux-ci
est donc bénéfique tant du point de vue masse de produit carbonisé
obtenu que d'élimination des matières volatiles.
Ces résultats prouvent que la carbonisation des coques est limitée par
le transport de chaleur vers l'interface de réaction et par la diffusion
des gaz produits par la carbonisation car les releveurs du four
améliorent sensiblement le contact gaz / solide, et donc augmentent la
vitesse de carbonisation.
Kunni D., Chisaki T., Perry R. et al. [94] [103] ont proposé différentes
méthodes pour calculer le temps de séjour dans un four tournant,
paramètre très important pour le contrôle de la qualité du produit
carbonisé. L'équation (Éq. 5.25), qui est une relation empirique, est la
plus utilisée pour l'estimation du temps de séjour d'une matière solide
dans un four rotatif en fonction de sa vitesse de rotation.
194
1,77 L √θ F
tsj = (Éq. 5.25)
PDn
avec tsj : temps de séjour (min)
L : longueur de four (14 m)
θ : angle de repos des coques de noix de palmier (34,7 °)
F : facteur caractéristique de l´intérieur de four rotatif
1 pour four sans releveur ; 2 pour four avec releveurs
P : pente de four (2 °)
D : diamètre intérieur du four (1,5 m)
n : vitesse de rotation du four (tour par min).
195
Grâce à l'équation (Éq. 5.25) (relation entre le temps de séjour et la
longueur du four), à l'équation (Éq. 5.24) (modèle "noyau n'ayant pas
réagi") et aux valeurs de Kr, Def et Kh, (Tableau 5.9) obtenus à
l'échelle pilote, le rendement d’élimination des matières volatiles (χ)
peut être calculé et comparé avec la valeur expérimentale obtenue
avec le four rotatif industriel (Figure 5.21).
197
Tableau 5.11. Analyse immédiate des produits carbonisés.
C H N O Formule
Teneur (% sur sec)
Al Ca Mg Fe Na K Si
Teneur (% sur sec)
199
correspondent pas aux modèles car ceux-ci, développés pour des
essais sur des petits échantillons, ne prennent pas en considération les
phénomènes de transport de chaleur et de masse ni la réduction de la
taille des particules pendant le processus de carbonisation.
La réaction Rx. 5.1 est proposée pour représenter la carbonisation des
coques de noix de palmier :
200
sensiblement le contact gaz / solide, et donc augmentent la vitesse de
carbonisation.
Les résultats de conversion (χ) calculés par le modèle "noyau n'ayant
pas réagi" correspondent bien à ceux obtenus expérimentalement pour
la carbonisation des coques dans le four rotatif industriel avec
releveurs ; ces résultats confirment les paramètres kr et Def, proposés
pour la carbonisation.
Le charbon produit à l'échelle industrielle présente les caractéristiques
suivantes : d80 de 7 mm, masse volumique apparente de 420 kg.m-3,
dureté de 85 %, 80 % de carbone fixe, 15 % de matières volatiles,
5 % de cendres et un pouvoir calorifique inférieur de 33 MJ.kg-1.
La porosité du charbon développée lors de la carbonisation est très
petite et la surface spécifique n´atteint que 4 m2.g-1 ; afin de
développer une porosité, des essais ont été effectués en présence de
CO2 et H2O vapeur (activation physique) et après imprégnation des
coques par H3PO4 (activation chimique). Les résultats de ces essais
sont présentés au chapitre suivant.
201
202
Chapitre 6.
6.1. Introduction
Ce chapitre montre les résultats des essais d’activation physique par
CO2 + H2O vapeur et d’activation chimique par H3PO4 de coques de
noix de palmier réalisés à l'échelle pilote et industrielle ainsi que la
caractérisation des charbons actifs obtenus. Les résultats de
l´application du modèle de conversion continue aux essais d'activation
physique sont discutés.
Les réactions du charbon avec du CO2 ou H2O vapeur produisent une
grande porosité interne (activation physique). La présence de sels
minéraux (présents ou ajoutés par imprégnation) dans les matériaux
ligno-cellulosiques a une influence dans le processus de carbonisation.
H3PO4 réduit la production de goudrons et développe la porosité dans
le produit carbonisé (activation chimique). L'objectif spécifique de
cette partie de la recherche est l´interprétation des phénomènes mis en
jeu lors de l'activation, et, dans le but d'interpréter les données
industrielles, la modélisation de la cinétique de l’activation physique.
Les stratégies employées visant à atteindre cet objectif sont les
suivantes : étudier l'activation physique des coques par
CO2 + H2O vapeur (carbonisation / activation en deux ou une étape) ;
examiner l'influence des phénomènes de transport de masse et de
chaleur lors de l'activation physique et les modéliser ; étudier
l'activation chimique des coques après imprégnation par de faibles
concentrations en H3PO4 (carbonisation et activation en une étape).
203
proposés par Oudenne P. [15], Prauchner M., Rodriguez-Reinoso F.
[62] et Kuni D., Chisaki T. [94]. À titre de comparaison, du charbon
actif a été produit à l'échelle pilote à partir de coques de noix de coco.
204
Figure 6.1. Influence de la composition de l´atmosphère du four
Nichols avec lit mélangé sur la vitesse de gazéification
du carbone des coques de noix de palmier et de coco
carbonisées [4 kg d'échantillon (-7 +4 mm) ;
4 tours.min-1 ; = 0,76 ; 960 °C].
205
Figure 6.2. Influence, en fonction du temps, de la composition de
l´atmosphère du four Nichols avec lit mélangé sur
l'indice d'iode des coques de noix de palmier et de coco
carbonisées [4 kg d'échantillon (-7 +4 mm) ;
4 tours.min-1 ; = 0,76 ; 960 °C].
206
Figure 6.3. Influence de la composition de l´atmosphère du four
Nichols avec lit mélangé sur l´indice d´iode en fonction
du taux de gazéification du carbone des coques de noix
de palmier et de coco carbonisées [4 kg d'échantillon
(-7 + 4 mm) ; 4 tours.min-1 ; = 0,76 ; 960 °C].
207
carbone plus réactifs en raison de leur emplacement dans les feuillets
de graphène ou du fait d´une valence non équilibrée, et donc les
propriétés chimiques et structurales des précurseurs conditionnent les
caractéristiques du charbon actif obtenu.
Ces résultats sont en concordance avec ceux présentés pour
l'activation par H2O vapeur (0,5 atm) de charbon de soja par
Kunni D., Chisaki T. [94] et de coques de noix de coco (Figure 2.29
et Figure 2.33) par Mc Dougall G. [66] ; ils sont toutefois en
contradiction avec ceux reportés par Rodríguez-Reinoso F. et al. [17,
68] pour l´activation par CO2 + H2O de noyaux d´olive, auteurs qui
ont trouvé des vitesses de gazéification du carbone identiques pour les
deux gaz.
208
Figure 6.5. Influence de la température et de l´atmosphère
d'activation physique du four Nichols avec lit mélangé de
coques de noix de palmier carbonisées
[4 kg d'échantillon (-7 +4 mm) ; 4 tours.min ; = 0,76].
-1
209
Figure 6.6. Influence de la taille des coques de noix de palmier
carbonisées lors de l'activation physique au four Nichols
avec lit mélangé en présence de 10 % CO2 - 26 % H2O
[4 kg d'échantillon ; 4 tours.min-1 ; = 0,76 ; 850 °C].
210
6.2.1.1. Cinétique de l´activation physique du charbon
produit à partir des coques de noix de palmier à
huile au niveau pilote
211
χB = 1- exp(-kr CA t) (Éq. 6.1)
212
Lorsque la température d´activation augmente de 850 à 960 ºC, la
constante de vitesse spécifique de réaction du CO2 (krCO2) double et
celle du H2O (krH2O) est 1,3 fois plus élevée ; par ailleurs, krH2O est de
l'ordre de 5 fois celle de krCO2 à 850 ºC mais seulement de 3 fois à
960 ºC.
213
Étant donné la cohérence des valeurs, le modèle de la conversion
continue appliqué à l´activation des coques de noix de palmier
carbonisées dans le four Nichols au niveau pilote et les constantes de
vitesse spécifique de réaction du CO2 (krCO2) et du H2O (krH2O),
pourrait donc être utilisé pour calculer la variation de l´indice d´iode
en fonction de la longueur du four rotatif industriel avec releveurs, car
dans ce cas, il n´y a pas de limitation des phénomènes de transport de
masse et de chaleur, et donc le temps de séjour au niveau pilote
pour une conversion déterminée devrait être le même qu'à
l'échelle industrielle. Ces données, très difficiles à obtenir
expérimentalement, sont utiles pour le dimensionnement et la conduite
des fours rotatifs industriels, afin d´optimiser leur géométrie ainsi que
la répartition et le positionnement des releveurs.
Par contre, dans le cas du four rotatif industriel sans releveur, la
couche de matériel carbonisé (Figure 4.5B) reste toujours dans la
partie inférieure du four et donc, la vitesse de gazéification du carbone
va être sérieusement limitée par la diffusion du CO2 et de H2O vapeur
à l´intérieur de la couche de charbon.
214
Figure 6.8. Comparaison des résultats du taux de gazéification du
carbone calculés par l'application du modèle "conversion
continue" et expérimentaux lors de l'activation physique
à 960 °C des coques carbonisées [4 kg d'échantillon
(-7 +4 mm) ; 4 tours.min-1 ; = 0,76].
215
développé de porosité et sa surface spécifique restant inférieure à
4 m2.g-1.
Ces résultats laissent penser qu’une partie du charbon a été brulée par
l´oxygène de l´atmosphère du four et que le contact entre les solides et
les gaz a été très mauvais malgré la turbulence dans le four,
probablement suite au fait que les solides restent toujours dans la
partie inférieure du four sous forme d'une couche de charbon
d´environ 15 cm de hauteur. Il faut également considérer que la
diffusion du CO2 et de H2O vapeur vers l´intérieur de la couche de
charbon est très lente.
Kunni D., Chisaki T. [94] considèrent que, pour la réaction de
gazéification du carbone lors de l´activation physique, la diffusion du
CO2 et de H2O vapeur vers l´intérieur de la couche de charbon qui
existe dans un four rotatif industriel sans releveurs (Figure 4.5) peut
être calculée par l´équation (Éq. 6.5) et (Éq. 6.6) :
216
d2 CA
DAe ( ) =(1-εv )Kr CA (Éq. 6.5)
dx2
CAm Ω
= (Éq. 6.6)
CAb (Ω+1)ωLp
0,5
(1-εv )Kr
ω= [ ] (Éq. 6.8)
DAe
217
CAb : concentration en CO2 et H2O vapeur dans
l´atmosphère du four (mol.cm-3)
tsind : temps de séjour au niveau industriel
tspil : temps de séjour au niveau pilote.
218
Dans le four Nichols à 850 °C et 10 % CO2 - 26 % H2O, un taux de
gazéification du carbone de 45 % correspond à un indice d´iode de
800 mg.g-1 et un temps de séjour de 9 heures qui est similaire à celui
obtenu dans le four rotatif industriel avec releveurs qui avec la vitesse
de rotation réglée à 0,2 - 0,3 tour.min-1, donne respectivement, un
temps de séjour de 8 et 5 heures.
Il est à noter une dispersion élevée des valeurs d'indice d'iode et du
débit de produit sortant. Cela peut être dû à la variation de la teneur en
matières volatiles qui sont encore présentes dans les coques
carbonisées alimentées (ce qui modifie l'atmosphère du four) et à la
présence d'oxygène qui brule le charbon et ne produit pas de porosité.
Il faut remarquer que les valeurs présentées sont des moyennes d´un
jour d´opération du four (analyse de trois échantillons constitués
chacun de huit prises élémentaires).
Le temps de séjour en fonction de la longueur du four a été calculé à
l'aide des équations (Éq. 5.25) et (Éq. 6.2), du modèle de "conversion
continue" et des valeurs de krCO2 et krH2O présentées au Tableau 6.1,
ce qui permet d'obtenir les valeurs de l'indice d'iode (Figure 6.11). Les
résultats calculés correspondant aux résultats expérimentaux, ils
peuvent donc être utilisés pour la conception des fours rotatifs
industriels.
219
Figure 6.10. Activation physique du charbon des coques de noix de
palmier tenera (-7 +4 mm) dans un four rotatif
industriel avec releveurs, alimentation moyenne :
600 kg.h-1, température : 850 ºC, vitesse de rotation du
four : 0,3 tour.min-1, temps de séjour moyen : 5,4 h.
220
Figure 6.11. Comparaison des valeurs d´indice d´iode calculées par
l´application du modèle "conversion continue" et les
valeurs expérimentales de l´activation physique des
coques carbonisées dans le four rotatif industriel avec
releveurs [600 kg.h-1 coques carbonisées (-7 +4 mm) ;
850 ºC ; 0,3 tour.min-1 ; = 1,2 ; temps de séjour
moyen de 8,1 h ; χ = 0,38 %].
221
du charbon actif produit. Les résultats de ces essais sont présentés à la
Figure 6.12.
Après un démarrage avec une alimentation de coques de 700 kg.h-1
qui ne permettait pas d'obtenir un charbon actif de qualité suffisante
(indice d´iode inférieur à 230 mg.g-1), l´alimentation a été réduite à
350 kg.h-1, la vitesse de rotation du four variant entre 0,3 et
0,4 tour.min-1, ce qui correspond à un temps de séjour de,
respectivement, 5,4 et 4,1 heures. Après 10 jours de fonctionnement,
le four a finalement atteint un régime stationnaire. Avec une
alimentation des coques de 565 ± 83 kg.h-1, 75 ± 13 kg.h-1 de charbon
actif sont produits en moyenne (14 % de la masse alimentée) avec un
indice d´iode de 595 ± 77 mg.g-1.
222
Figure 6.12. Carbonisation et activation en une seule étape des
coques de noix de palmier dans un four rotatif industriel
avec releveurs [565 kg.h-1 coques (-20 +5 mm) ;
850 ºC ; 0,3 à 0,4 tour.min-1 ; temps de séjour de 4,1 à
5,4 h].
223
Figure 6.13. Évolution de la teneur en matières volatiles et de
l´indice d´iode en fonction de la longueur du four
rotatif (avec releveurs) pour les essais de carbonisation
et d'activation physique des coques [565 kg.h-1 coques
(-20 +5 mm) ; 850 ºC ; 0,3 à 0,4 tour.min-1 ; = 1,2 ;
temps de séjour moyen de 5,4 h ; 75 kg charbon actif
produit ; indice d´iode de 595 mg.g-1 ; χB = 27 %].
224
charbonneuse due à la gazéification du carbone, ce qui réduit la dureté
des grains de charbon actif.
Les charbons actifs ont une teneur élevée en carbone fixe (85 à 87 %)
et contiennent encore des matières volatiles (4 à 7 %). Ces résultats
sont en concordance avec les teneurs analysées en carbone (81,8 à
82,0 %), oxygène (5,8 à 6,1 %) et hydrogène (3,1 à 3,7 %). Les
cendres, dont leur teneur est importante (8,2 à 8,3 %), sont
principalement composées de Al, Fe, Na et Si.
225
Tableau 6.4. Analyse élémentaire des charbons actifs produits à
partir des coques de noix de palmier et activation
physique avec CO2 + H2O vapeur.
Charbon C H N O
actif
Teneur (% sur sec)
50H 81,5 3,2 0,4 0,4
70H 82,0 3,7 0,4 0,4
90G 81,8 3,1 0,3 0,3
Sur les échantillons de charbon actif 90G et 70H ont également été
déterminés l'aire de la surface ainsi que le volume des pores et leur
distribution. À cette fin, les isothermes d'adsorption et de désorption
de l'azote à -196 °C et les corrélations des modèles BET, HR et BJH
ont été utilisées.
226
Comme le montre la Figure 6.15, les isothermes d'adsorption et de
désorption de l'azote à -196 °C du charbon actif 90G et 70H
présentent une boucle d´hystérésis de type H4 ce qui est souvent
observé avec des adsorbants microporeux ayant des feuillets liés entre
eux de façon plus ou moins rigide et entre lesquels peut se produire
une condensation capillaire.
(A) (B)
(C) (D)
227
Figure 6.15. Isothermes d'adsorption et de désorption de l'azote
à -196 °C. Échantillon du charbon actif 90G. Activation
physique du charbon produit à partir des coques de noix
de palmier dans un four rotatif industriel ; 850 ºC.
Les caractéristiques des charbons actifs 30H, 50H et 70H ainsi que
90G et 100G, obtenus à l'échelle industrielle, sont fournies en détail au
Tableau 6.6. Dans les conditions expérimentales utilisées, le charbon
actif 90G obtenu par activation physique après carbonisation (deux
étapes), a une surface spécifique de 879 m2.g-1, 82 % correspondant à
la contribution des micropores. Quant au charbon actif 70H obtenu par
carbonisation – activation en 1 étape, la surface spécifique est de
624 m2.g-1, 88 % correspondant à la contribution des micropores. Des
résultats similaires ont été obtenus pour les autres échantillons.
Les résultats sont donc en accord avec Prauchner M., Rodriguez-
Reinoso F. [62] qui mentionnent que l'activation physique permet
d'obtenir une plus grande proportion de micropores.
228
(A)
(B)
Figure 6.16. Diamètre des pores calculés avec les modèles HK (A)
et BJH (B) et les isothermes d'adsorption et de
désorption de l'azote à -196 °C du charbon actif 90G et
70H (four rotatif industriel avec releveurs ; 850 ºC).
229
Le diamètre moyen des pores pour le charbon actif 90G est de 3,0 à
4,4 nm avec un volume total des pores inférieurs à 137 nm, de
0,70 cm3.g-1 ; ces résultats sont en accord avec les valeurs des indices
d´iode (893 mg.g-1), de bleu de méthylène (0,9 g.100 g-1) et de
décoloration du sucre (189 UBR) obtenues pour cet échantillon,
résultats qui démontrent que ce charbon actif 90G a beaucoup plus de
micropores que des mésopores. Pour le charbon actif 70H, le diamètre
moyen des pores est de 2,8 à 3,9 nm avec un volume total de pores
inférieurs à 137 nm, de 0,61 cm3.g-1.
Une analyse par DRX réalisée sur l'échantillon de charbon actif 90G
met fort logiquement en évidence une structure amorphe comme
constituant majeur de ce charbon actif.
230
Tableau 6.6. Caractéristiques des charbons activés physiquement
(four rotatif industriel avec releveurs ; 850 ºC).
Propriété Valeur
30H 50H 70H
-1
Indice d´iode (mg I2.g ) 320 550 689
Indice de bleu de méthylène (g.100g-1) 0,6 0,7 0,8
Indice de décoloration du sucre (UBR) 198 196 194
Surface spécifique BET (m2.g-1) 339 580 624
Surface des micropores (m2.g-1) 176 362 549
Surface non microporeuse (m2.g-1) 163 217 75
Volume des micropores (maximum) 0,09 0,31 0,36
HK (cm3.g-1)
Volume total des pores inférieurs à 0,26 0,53 0,61
137 nm (cm3.g-1)
Volume des pores BJH adsorption 0,13 0,26 0,30
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Volume des pores BJH désorption 0,19 0,52 0,60
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Diamètre moyen micropores HK (nm) 0,57 0,61 0,60
Diamètre moyen des pores (nm) 2,74 2,75 2,78
Diamètre moyen des pores BJH (nm) 3,08 3,80 3,91
Propriété Valeur
90G 100G
Indice d´iode (mg I2.g-1) 893 1 070
Indice de bleu de méthylène (g.100g-1) 0,9 0,9
Indice de décoloration du sucre (UBR) 189 181
Surface spécifique BET (m2.g-1) 879 1 025
Surface des micropores (m2.g-1) 724 844
Surface non microporeuse (m2.g-1) 154 180
Volume des micropores (maximum) 0,44 0,47
HK (cm3.g-1)
Volume total des pores inférieurs à 0,70 0,80
137 nm (cm3.g-1)
Volume des pores BJH adsorption 0,35 0,39
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Volume des pores BJH désorption 0,68 0,79
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Diamètre moyen micropores HK (nm) 0,65 0,65
Diamètre moyen des pores (nm) 2,98 2,90
Diamètre moyen des pores BJH (nm) 4,36 4,38
231
Tableau 6.7. Analyse du pH, du pHPZC et des groupes fonctionnels
des charbons actifs 90G et 70H (four rotatif industriel
avec releveurs ; 850 ºC).
Propriété Valeur
90G 70H
pH 8,5 8,5
pHPZC 5,4 5,4
Capacité d´échange cationique (meq.g-1) 0,1 0,1
Lactone (meq.g-1) 0,02 0,02
Phénolique (meq.g-1) 0,7 0,7
Carboxylique (meq.g-1) 0,05 0,05
Groupes acides (meq.g-1) 0,77 0,77
Groupes basiques (meq.g-1) 0,18 0,19
Total (meq.g-1) 0,95 0,96
232
6.3. Carbonisation des coques de noix de palmier à
huile modifiée par imprégnation avec de l'acide
phosphorique (activation chimique)
233
Figure 6.17. Influence de la température sur la porosité dans le
processus d’activation chimique de coques dans un four
Nichols en lit mélangé [3 kg d'échantillon à un
d80 de 12 mm ; Xp = 0,08 g P.(g coque)-1 ; 4 tours.min-1
; = 0,76 ; 4 heures].
234
Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par Prauchner M.,
Rodriguez-Reinoso F. [62], Gou Y., Rockstraw D. [96] et Salvador C.
[108] pour la cellulose, la lignine et les coques de noix de palmier et
de coco imprégnées par H3PO4.
Certains caractéristiques structurales et chimiques du produit
carbonisé après imprégnation avec H3PO4 ont été étudiées au MEB et
par EDS des rayons X ; les résultats sont présentés respectivement à la
Figure 6.18 et à la Figure 6.19.
235
76% C, 17% O, 6% P 75% C, 18% O, 6% P
236
l'acide phosphorique se transforme en oxydes de phosphore (POx) ;
étant donné que le P4O6 se volatilise à 423 °C et que le P2O5 fond et
s'évapore à 580 °C, il est logique de constater que l'indice d'iode
diminue au-dessus de 500 °C.
La Figure 6.21 met en évidence qu'à 500 °C, la porosité augmente
avec Xp. Les conditions les plus favorables parmi les essais effectués
à 500 °C sont donc une fraction granulométrique (-212 +75 µm) et un
Xp de 0,11 g P.(g coque)-1, mais avec un Xp de 0,08, une porosité
élevée est déjà obtenue (Figure 6.17) ; cela correspond à 0,21 cm3 de
H3PO4 par gramme de coque de noix de palmier. Il est à noter que la
valeur de Xp retenue suite à ces essais est nettement inférieure à celles
utilisées par Prauchner M., Rodriguez-Reinoso F. [62] et Gou Y.,
Rockstraw [96], lesquels préconisent un Xp de 0,5. Selon Marsh H.,
Rodriguez-Reinoso F. [17] : le volume des micropores développés au
cours du processus de carbonisation - activation est similaire au
volume de H3PO4 utilisé pour l'imprégnation de la biomasse. Dans le
cadre de cette étude, le souhait était, pour des raisons économiques,
d'utiliser la plus petite quantité possible de H3PO4 tout en obtenant la
porosité recherchée.
237
Figure 6.21. Influence de la granulométrie et de Xp sur la porosité
dans le processus d’activation chimique de coques de
noix de palmier dans un four Nichols en lit mélangé
[3 kg d'échantillon ; 4 tours.min-1 ; 500 °C ; = 0,76 ;
4 heures].
La cinétique du processus d’activation chimique des coques de noix
de palmier par imprégnation avec H3PO4 a été étudiée dans un four
Nichols en lit mélangé sur des coques non prétraitées avec un Xp fixé
à 0,08 g P (g coque)-1. Les résultats en sont donnés à la Figure 6.22.
238
Figure 6.22. Vitesse du développement de la porosité dans le
processus d’activation chimique de coques de noix de
palmier dans un four Nichols en lit mélangé
[3 kg d'échantillon à un d80 de 12 mm ;
Xp = 0,08 g P.(g coque)-1 ; 4 tours.min-1 ; 500 °C ;
= 0,76].
239
ou sans imprégnation mais que la masse volumique apparente à l´eau
est nettement plus faible après imprégnation.
Les coques carbonisées ont une teneur élevée en carbone fixe (83,4 %)
et contiennent encore des matières volatiles (8,6 %). Ces résultats sont
en concordance avec les teneurs analysées en C (80,0 %), O (14,0 %)
et H (3,7 %).
Les cendres, dont la teneur n'est pas négligeable (4,4 %), ont un
caractère silicique ; la teneur résiduelle en phosphore (2,0 %) pourrait
être liée aux difficultés de dissolution des POx lors du lavage à l’eau.
C H N O Formule
Teneur (% sur sec)
240
Tableau 6.12. Analyse élémentaire des constituants minéraux des
échantillons 50QP.
Al Ca Mg Fe Na K Si P
Teneur (% sur sec)
241
(A) (B)
Figure 6.24. Diamètres des pores calculés avec les modèles HR (A)
et BJH (B) à partir des isothermes d'adsorption et de
désorption de l'azote à -196 °C de l´échantillon 50QP
[Xp = 0,08 g P.(g coque)-1 ; 4 h à 500 ºC].
Tableau 6.13. Analyses des indices d´iode, de bleu de méthylène et
de décoloration du sucre, de l'aire de surface, du
volume et du diamètre des pores calculés avec les
modèles BET, HK, BJH de l´échantillon 50QP.
Propriété Valeur
50QP
Indice d´iode (mg I2.g-1) 503
Indice de bleu de méthylène (g.100g-1) 6,9
Indice de décoloration du sucre (UBR) 30
Surface spécifique BET (m2.g-1) 692
Surface des micropores (m2.g-1) 187
Surface non microporeuse (m2.g-1) 508
Volume des micropores (maximum) HK (cm3.g-1) 0,31
Volume total des pores inférieurs à 137 nm (cm3.g-1) 0,50
Volume des pores BJH adsorption 0,26
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Volume des pores BJH désorption 0,40
[pores 1,7 – 300 nm] (cm3.g-1)
Diamètre moyen des micropores HK (nm) 0,76
Diamètre moyen des pores BJH (nm) 3,38
Diamètre moyen des pores (nm) 2,87
242
Dans les conditions expérimentales utilisées, un charbon actif qui a
une surface spécifique BET de 692 m2.g-1 a été produit par activation
chimique par H3PO4 de coques de noix de palmier. De cette surface
30 % correspondent aux micropores.
Le diamètre moyen des micropores selon HK est 0,76 nm avec un
volume de 0,31 cm3.g-1 ; le diamètre moyen des pores est de 2,8 à
3,3 nm avec un volume total des pores inférieurs à 137 nm, de
0,50 cm3.g-1. Ces résultats sont en accord avec les indices d´iode
(500 mg.g-1), de bleu de méthylène (7 g.100g-1) et de décoloration du
sucre (30 UBR) obtenus pour cet échantillon.
Prauchner M., Rodriguez-Reinoso F. [62] suggèrent que l'activation
chimique construit plus de mésopores, cette considération étant en
accord avec les résultats obtenus dans cette étude.
Les propriétés chimiques de surface du charbon actif, sont étroitement
liées aux groupes fonctionnels attachés aux plans de graphite, qui pour
ces échantillons, ont été analysés par titrage potentiométrique
acide - base, titrage Boehm et mesure du pH ; les résultats sont
présentés au Tableau 6.14.
243
Des essais d’adsorption du complexe cyanuré d´Au, selon la
méthodologie indiquée à la section 4.4.3.3 sur l´échantillon 50QP
pulvérisé, ont été effectués et l'isotherme d'adsorption d´Au et le taux
d'adsorption du complexe cyanuré d´Au en fonction du temps ont été
mesurés ; cela a permis de calculer la K value et la R value
(Tableau 6.15). Les coques carbonisées après imprégnation par H3PO4
ont une très mauvaise capacité d’adsorption du complexe cyanuré
d´Au étant donné le caractère fortement acide de leur surface qui
pourrait décomposer le CN- selon la réaction Rx. 2.25. Cependant il
faut remarquer que l´échantillon 50QP a une K value dix fois plus
élevée que le charbon non activé.
244
Pour l´activation physique par CO2 et H2O vapeur du charbon obtenu
à partir de coques de noix de palmier, une relation linéaire a été établie
entre le temps d´activation, le taux de gazéification du carbone et
l´indice d´iode. Ces résultats suggèrent que la vitesse des réactions
d'activation physique est contrôlée par la réaction chimique.
Lors des essais réalisés à l'échelle pilote, il a été montré que la vitesse
de gazéification du carbone en atmosphère de CO2, est beaucoup plus
lente par rapport à celle du carbone en atmosphère de CO2 +
H2O vapeur. La présence de H2O vapeur dans l´atmosphère du four
favorise la cinétique de développement de la porosité et
l'augmentation de l´indice d´iode. Après 14 heures d´activation, 90 %
de gazéification du carbone sont atteints et le charbon actif obtenu a
un indice d´iode de 1 400 mg.g-1. Sachant que la réaction du carbone
avec CO2 consomme 41 kJ.mol-1 de plus que celle avec H2O, et que la
molécule de H2O est plus petite que celle de CO2 et donc que H2O
diffuse plus vite dans les pores du charbon, il est logique de constater
que la vitesse de gazéification du carbone est plus élevée en présence
de H2O. Il est à noter qu'en présence de 10 % CO2, peu de différence a
été observée pour une teneur dans l'atmosphère de 26 ou 29 % H2O.
Les essais d'activation physique réalisés dans le four rotatif industriel
sans releveur n´ont pas donné de bons résultats. Le charbon traité n´a
en effet pas développé de porosité et sa surface spécifique reste
inférieure à 4 m2.g-1, ceci est dû au fait que le contact entre les solides
et les gaz a été très mauvais. Il faut aussi considérer que la diffusion
du CO2 et de H2O vapeur à l´intérieur de la couche de charbon est très
lente.
Des essais d'activation physique à 850 °C ont été réalisés en continu
dans un four rotatif industriel muni de releveurs avec une alimentation
moyenne de coques carbonisées de 600 kg.h-1. Le charbon actif,
obtenu après un temps de séjour moyen de 5,4 heures, représente de
l'ordre de 52 % de la masse alimentée et a un indice d´iode moyen de
800 mg.g-1 et un taux de gazéification (conversion) du carbone de
50 %.
Dans le cas des essais effectués à 850 °C dans le même four rotatif
industriel à un débit d'alimentation de 565 kg.h-1 de coques, essais de
carbonisation et d'activation en une seule étape au lieu de deux comme
dans le cas précédent, le charbon actif obtenu après un temps de séjour
d'environ 4,5 heures, représente 14 % de la masse alimentée et a un
indice d'iode de l'ordre de 595 mg.g-1. La carbonisation - activation
245
physique est possible en une étape pour les coques de noix de palmier
au lieu de deux étapes indispensables pour les coques de noix de coco.
La présence des releveurs, qui augmentent le contact entre solides et
gaz, est totalement bénéfique. Dans ce cas, n´ayant pas de limitation
liée aux phénomènes de transport de masse et de chaleur, la vitesse de
gazéification du carbone est contrôlée par la vitesse de réaction
chimique entre le charbon et le CO2 + H2O vapeur.
Une température plus élevée favorise la cinétique d´activation par le
CO2 et le mélange CO2 + H2O, ; la vitesse de la réaction de
gazéification du carbone étant fonction de la température, elle suit
l´équation d´Arrhenius. Il est à noter que la dimension des particules,
du moins dans le domaine granulométrique étudié (1,7 - 7 mm), n'a
pas beaucoup d´influence sur la cinétique d´activation et le
développement de la porosité.
Parmi les divers facteurs qui influencent les réactions de gazéification
du carbone, la température, la pression partielle en CO2 et H2O, la
structure des matières carbonées et le transport de chaleur et de masse
à l'intérieur des particules sont très importants. Kunni D., Chisaki T.
[94] considèrent que la gazéification du carbone dans le processus
d'activation physique avec CO2 et H2O suit le modèle de la conversion
continue. Avec les résultats obtenus à l'échelle pilote et l'application
de ce modèle, les constantes de la vitesse de réaction pour CO2 (krCO2)
et pour H2O (krH2O) ont été calculées à 850 °C : elles sont
respectivement de 0,75 et 8,91 (mol.cm-3.s)-1.
Les valeurs de l´indice d´iode calculées par le modèle de la conversion
continue correspondent bien aux résultats expérimentaux obtenus pour
l´activation du charbon dans le four rotatif continu industriel équipé de
releveurs. Ces résultats valident les constantes krCO2 et krH2O proposées
pour l´activation.
Le charbon produit par activation physique en une étape (70H) ou en
deux étapes (90G) ne présente pas de différence significative quant
aux caractéristiques suivantes : d80 (7 mm), masse volumique
apparente à l´air (450 à 480 kg.m-3), dureté (80 à 84 %), teneur en
carbone fixe (85 à 87 %), en matières volatiles (4 à 6 %) et en cendres
(8 %), diamètre moyen des micropores de 0,6 à 0,7 nm avec un
volume total correspondant de 0,36 à 0,44 cm3.g-1, diamètre moyen
des pores de 2,98 nm avec un volume total des pores inférieurs à
137 nm, de 0,61 à 0,70 cm3.g-1. Par contre ce n'est pas le cas pour la
porosité : le charbon actif 90G a une surface spécifique de 879 m2.g-1,
246
82 % correspondant à des micropores. Le charbon actif 70H a lui une
surface spécifique de 624 m2.g-1, 88 % correspondant à des
micropores. Ces résultats sont en accord avec les indices d´iode (893
et 689 mg.g-1), de bleu de méthylène (0,9 et 0,8 g.100 g-1) et de
décoloration du sucre (181 et 194 UBR). Les groupes fonctionnels de
la surface du charbon actif produit par activation physique sont de
type, phénolique, quinone, carboxylate, groupes qui donnent à la
surface un caractère basique et un pouvoir d’échange ionique très
faible.
Sachant que l'imprégnation par H3PO4 de matériaux
ligno-cellulosiques modifie le mécanisme de décomposition thermique
de la biomasse par estérification, volatilisation et fusion, ce qui réduit
la formation de lévoglucosane, cette voie a été testée.
Dans le cas des coques de noix de palmier, l'imprégnation par H3PO4
lors de la carbonisation produit à la surface des oxydes de phosphore
(PO5,8) qui fondent à la température utilisée et qui protègent les
particules de l'atmosphère du four. L'acide phosphorique imprégné se
transforme en oxydes de phosphore (POx). Sachant que P4O6 se
volatilise à 423 °C et P2O5 fond et s'évapore à 580 °C, il est logique de
constater qu'une température de carbonisation supérieure à 500 °C
donne un indice d´iode plus faible. Le temps de carbonisation des
coques imprégnées par H3PO4 est similaire à celui nécessaire à la
carbonisation directe.
À 500 °C dans le four pilote Nichols, les coques carbonisées, ayant
une taille de particules de (-212 +75 μm) et un Xp de
0,11 g phosphore.(g coques)-1, ont un indice d´iode de 680 mg.g-1. Le
charbon produit à 500 °C, par activation chimique avec un Xp de
0,08 g phosphore.(g coque)-1 et un d80 de 6 mm a une masse
volumique apparente à l´air de 380 kg.m-3, une dureté de 75 %
(inférieure à celle obtenue par la carbonisation directe des coques),
une teneur en carbone fixe de 83 %, en matières volatiles de 9 % et en
cendres de 4 %. La surface spécifique est de 692 m2.g-1, 30 %
correspondant à la contribution des micropores. Le diamètre moyen
des micropores est de 0,8 nm avec un volume correspondant de
0,31 cm3.g-1 ; le diamètre moyen des pores est de 2,8 - 3,3 nm avec un
volume total de pores de dimension inférieure à 137 nm de
0,50 cm3.g-1. Ces résultats sont en accord avec les indices d´iode
(500 mg.g-1), de bleu de méthylène (7 g.100 g-1) et de décoloration du
sucre (40 UBR). Les groupes fonctionnels de la surface du charbon
247
actif produit par activation chimique avec H3PO4 sont de type, P=O,
P-O-P, groupes qui donnent à la surface un caractère acide et un faible
pouvoir d’échange ionique. Ces résultats ont démontré la possibilité
d'obtenir du charbon actif commercial à faible concentration en H3PO4
lors de l'imprégnation.
Les charbons activés physiquement à partir des coques de noix de
palmier ont une surface spécifique élevée (plus grande en deux
étapes), une microporosité importante et un pH alcalin qui favorisent
l´adsorption du complexe cyanuré d´Au ; la dureté est élevée mais
insuffisante ce qui entraîne des pertes de charbon actif chargé en Au.
Les charbons activés chimiquement à partir des coques de noix de
palmier ont une surface spécifique équivalente à celle obtenue en une
étape par activation physique. Il est observé la présence de méso et de
macropores, un pH acide qui ne favorise pas l´adsorption du complexe
cyanuré d´Au et une dureté très faible.
Il devrait être possible d'améliorer la dureté du charbon activé
physiquement par attrition ou par l'introduction dans la porosité du
charbon, de polymères ou de divers métaux. Les résultats de ces essais
sont présentés au chapitre suivant.
248
Chapitre 7.
7.1. Introduction
Ce chapitre présente les résultats de la modification des propriétés des
charbons actifs obtenus par activation physique et modifiés par
attrition, par synthèse de composites "charbon actif - résines
phénolique ou polyacide acrylique" et par imprégnation par divers
métaux.
249
de la forme des grains dans le cas du charbon actif 70H. L´attrition
permet d'obtenir un charbon actif dont la dureté atteint 90 à 91 % au
lieu de 80 à 84 % ; cette amélioration est due à l'arrondissement des
grains mais elle se traduit par une production de fines qui correspond à
une perte en charbon actif de 14 à 15 % [109].
(A) (B)
250
La résine phénol - formaldéhyde du type résol, produite dans un
milieu basique, est un liquide soluble dans l´eau, de faible viscosité et
de 1,2 de densité, liquide qui diffuse donc facilement dans la porosité
du charbon actif. La résine polymérisée est, par sa structure
(Figure 7.2), un matériau très dur ayant une résistance à l'impact
élevée (25 kg.mm-2) ; à titre d'exemple, elle est utilisée pour
l´élaboration des boules de billard.
251
7.4. Composite charbon actif - polyacide acrylique
(CAIC)
Les polyacides acryliques et méthacryliques sont des matières
premières pour l’obtention de différentes résines échangeuses d'ions
du type acide faible ; elles sont produites par polymérisation de l’acide
acrylique et du divinylbenzène qui sont des polymères ayant des
groupes carboxyles dans leur structure (Figure 7.3), qui leur donnent
des propriétés d´échange cationique.
252
Avec respectivement, 49 et 40 % de monomères contenus
(imprégnation de 10 minutes), la dureté des composites CAIC-100G et
CAIC-70H atteint 91 % mais cette amélioration se traduit
malheureusement par une forte diminution de l´indice d´iode
(respectivement pour CAIC-100G et CAIC-70H, de 1 070 à
233 mg.g-1 et de 625 à 180 mg.g-1) [79, 110, 111].
253
Tableau 7.5. Comparaison des caractéristiques du charbon actif
100G et du composite CAIC-100G (1 minute
d´imprégnation, 20 heures de polymérisation à 90 ºC).
Matériau Charbon Composite
actif CAIC -
100G 100G
Propriété Valeur
Granulométrie (mm) 0,6 – 1,4 0,6 – 1,4
Masse volumique réelle (kg.m-3) 1 490 1 560
Dureté (%) 80 90
Humidité (%) 3,8 3,5
Matières volatiles (% sur sec) 4,1 26,4
Charbon fixe (% sur sec) 87,9 65,7
Cendres (% sur sec) 8,0 7,9
Indice d´iode (mg I2.g-1) 1 070 876
Indice bleu méthylène (g.100g-1) 0,9 0,9
Surface spécifique BET (m2.g-1) 1 025 903
Diamètre moyen des pores (nm) 2,9 2,9
Volume total des pores (cm3.g-1) 0,8 0,7
pH 10,8 8,5
Capacité d´échange cationique (meq.g-1) 0,1 4,2
(A) (B)
Figure 7.4. Photographie au microscope électronique du composite
CAIC-90G ;
(A) surface extérieure après métallisation (Au) ;
(B) vue d'un macropore avec la résine de polyacide
acrylique - divinylbenzène (section polie).
254
7.5. Charbon actif imprégné avec divers métaux
Sur des échantillons de charbon actif produit par activation physique à
l'échelle industrielle 90G [(-2,3 +0,8 mm) ; 879 m2.g-1], des essais
d´imprégnation avec différents sels (1 g.L-1 Ag, Cu, Zn, Cd, Ni, Fe ou
Cr) ont été réalisés, en laboratoire, à pH 4. La caractérisation des
charbons actifs imprégnés est fournie au Tableau 7.6.
La teneur en métaux imprégnés dans le charbon actif est faible (0,2 à
0,5 %), étant donné le pH et la concentration en sels utilisés pour ces
essais [112, 113, 114]. Dans ce cas, le mécanisme d´imprégnation des
métaux fait intervenir des phénomènes d’adsorption, de piégeage des
solutions dans les pores et de précipitation chimique des sels [16, 17].
255
Tableau 7.7. Caractérisation des charbons actifs 50H
2 -1 -1
[(-2,3 +0,8 mm) ; 580 m .g ] imprégnés par 3 g.L Cu
sur forme de Cu(NO3)2, CuSO4 ou CuCl2 ; pH = 4 ;
évaporation à sec de la solution.
Charbon actif Teneur Cu
imprégné par (%)
CA-Cu(NO3)2 2,2
CA-CuSO4 1,6
CA-CuCl2 2,0
256
Tableau 7.8. Analyse par DRX et AA des charbons actifs imprégnés
par Cu(NO3)2 (CAI), imprégné et réduit (CAM) et
après électrolyse Cu (CMEW).
Charbon actif CAI CAM CMEW
imprégné imprégné Cu
Cu(NO3)2 Cu(NO3)2 électrolysé
et réduit
Constituant Formule Teneur (%)
Charbon C 87 89 72
Cuprite Cu2O - 3 -
Cuivre Cu - 1 23
Gerhardtite Cu2(OH)3NO3 8 - -
Quartz SiO2 5 7 5
(A) (B)
Figure 7.5. Analyse MEB-EDS de la surface du CAM (charbon actif
imprégné par Cu(NO3)2 et réduit) ;
(A) distribution du Cu (coloré en rouge) ;
(B) distribution du Cu (coloré en rouge) et d´O (coloré
en vert).
257
Le fait d'effectuer une attrition en voie humide (50 % de solides) sur
les charbons actifs produits par activation physique en une ou deux
étapes, permet d'augmenter la dureté à environ 90 % en brisant les
arêtes des grains qui prennent une forme arrondie, mais entraîne
malheureusement une perte de charbon actif d'environ 15 %.
Le composite charbon actif - résine phénolique (CRPC-70H) avec
32 % de résine, a une dureté élevée (91 %) mais cela se traduit par une
forte réduction de l´indice d´iode (352 mg.g-1) [109].
La composite résine charbon actif - polyacide acrylique (CAIC)
conserve les propriétés d´adsorption du charbon actif initial et les
propriétés d'échange cationique qu'ont les groupes carboxyles ; avec
33 % de résine, le CAIC-100G augmente sa dureté à 90 % et a une
capacité d'échange cationique de 4,2 meq.g-1 mais l´indice d´iode est
réduit à 876 mg.g-1.
L´imprégnation du charbon actif 90G [(-2,3 +0,8 mm) ; 879 m2.g-1]
par différents sels de métaux (1 g.L-1 Ag, Cu, Zn, Cd, Ni, Fe ou Cr) à
pH 4, a permis d'obtenir des charbons actifs ayant des teneurs en ces
métaux compris entre 0,2 et 0,5 %, ce qui est faible ; ceci peut
s'expliquer par la valeur du pH et la faible concentration des sels en
solution. Le mécanisme d´imprégnation des métaux fait intervenir des
phénomènes d’adsorption, de piégeage des solutions dans les pores et
de précipitation chimique des sels. Lorsque le Cu est utilisé à une
concentration plus élevée et que la solution est évaporée à sec, sa
teneur dans le charbon actif augmente à 2 %. Il est à noter que la
teneur en Cu dans le charbon actif ne varie pas beaucoup en fonction
du sel utilisé [(Cu(NO3)2, CuSO4 ou CuCl2].
Pour disposer de Cu dans les pores du charbon actif sous forme
métallique, le charbon imprégné par Cu(NO3)2 a été traité, d'une part,
dans le four Nichols pilote en atmosphère réductrice et d'autre part, du
Cu métallique a été déposé par électrolyse d'une solution de sulfate de
cuivre (160 g H2SO4.L-1 ; 60 g CuSO4.L-1). Les charbons actifs
imprégnés par Cu(NO3)2 (CAI) contiennent 8 % de Cu2(OH)3NO3
tandis que les charbons actifs imprégnés et réduits (CAM) titrent
3 % Cu2O et 1 % Cu métallique. Quant au charbon actif ayant subi
une électrolyse Cu (CMEW), il possède une teneur très élevée en Cu
métallique (23 %), les bons résultats obtenus à l’électrolyse Cu étant
dus à la bonne conduction électrique du charbon actif.
Les charbons activés physiquement et attritionnés n´ont pas une
surface spécifique différente de celle du charbon actif initial et sa
258
dureté est comparable au charbon actif commercial de référence
(Calgon CGR20).
Le composite CRPC (résine phénolique) se caractérise par une
diminution importante de la surface spécifique mais aussi par une
augmentation de la dureté.
Le composite CAIC (polyacide acrylique) a une surface spécifique
plus faible mais une capacité d'échange cationique (meilleure
sélectivité pour l'Au) a été développée et la dureté a été augmentée.
L´adsorption par les différents charbons actifs et les composites
produits, du complexe cyanuré d´Au lors du procédé de charbon en
pulpe, est une application importante. Les résultats de cette étude sont
présentés au chapitre suivant.
259
260
Chapitre 8.
8.1. Introduction
Ce chapitre présente, tout d'abord, les résultats de l´adsorption du
complexe cyanuré d´Au par les différents charbons actifs et les
composites (CRPC, CAIC) produits, en utilisant des solutions
synthétiques alcalines de cyanure et ensuite, les résultats de
cyanuration d´un minerai sulfuré aurifère polymétallique de la veine
Agua Dulce du gisement hydrothermal de Portovelo (Équateur) ainsi
que ceux des essais d´adsorption du complexe cyanuré d´Au dans le
cas du procédé de cyanuration CIP.
261
10 mg Au.L-1 et 1 g NaCN.L-1 à pH 10,5 pendant 24 heures. La
capacité d'adsorption du complexe cyanuré d'Au à température
ambiante (18 ºC) est présentée à la Figure 8.1. Avec ces résultats et
l´équation (Éq. 2.23), l´isotherme de Freundlich et les constantes kf et
n ont été calculées Tableau 8.1.
La structure poreuse développée par l’activation physique qui permet
d'obtenir, respectivement pour les échantillons 90G et 70H, 82 et 88 %
de micropores (Tableau 6.6), présente beaucoup plus d´affinité pour le
complexe cyanuré d´Au que celle du charbon activé chimiquement par
H3PO4 qui n'en a que 27 % (Tableau 6.13).
262
spécifique allant de 460 à 879 m2.g-1). La manière dont le charbon a
été activé physiquement (une ou deux étapes) ne semble pas
influencer les résultats. Les valeurs obtenues pour l´échantillon 90G
sont comparables à celles du Calgon GRC 20.
263
Figure 8.2. Vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Au par des
charbons actifs pulvérisés (1 g CA.L-1 ;
d100 = 38 µm ; 10 mg Au.L-1, 1 g NaCN.L-1 ; pH 10,5 ;
18 ºC).
264
l´équation (Éq. 2.31), mais les valeurs calculées de la constante de
vitesse spécifique d´adsorption (m) (Tableau 8.2) sont très petites par
rapport à celles présentés par ces auteurs (Figure 2.58) ; cela est
peut-être dû au fait que leurs essais ont été effectués avec du charbon
actif produit à partir de coques de noix de coco dont la surface
spécifique est plus élevée (1 200 m2.g-1) et qu'ils ne considèrent, dans
leurs calculs, que les 30 premières minutes au lieu de 60.
L'influence de la granulométrie du charbon actif 90G sur la vitesse
d'adsorption du complexe cyanuré d'Au, a été examinée avec des
solutions synthétiques contenant 10 mg Au.L-1 et 1 g NaCN.L-1 à
pH 10,5 ; les résultats sont présentés à la Figure 8.3.
265
pseudo-équilibre et l’adsorption s’effectue sur les micropores, ce qui
nécessite la diffusion du complexe cyanuré d'Au dans la longueur et la
tortuosité des pores, ce qui est un processus nettement plus lent [14,
16, 84, 85, 89].
d2 CA 2ksa
2 - CA = 0 (Éq. 8.1)
dx DfAu
cosh(mt (L-x))
CA = CAb [ ] (Éq. 8.2)
cosh(mt L)
266
Vads avec diffusion
E= (Éq. 8.5)
Vads sans diffusion
Avec les résultats présentés à la Figure 8.3, les équations (Éq. 8.3),
(Éq. 8.4) et (Éq. 8.5) ainsi qu´avec la valeur de la surface projetée du
Na[Au(CN)2], ont été calculés, pour les trois granulométries de
charbon actif 90G, la surface réactive couverte par le complexe
cyanuré adsorbé, la vitesse d'adsorption, le facteur d´efficacité, le
module de Thiele, les constantes de Freundlich (vitesse
267
d´adsorption (ksa) et de diffusivité (DfAu) du complexe cyanuré d´Au
dans la porosité du charbon actif). Pour le charbon actif en poudre, il a
été considéré que la diffusion poreuse n´a pas d´importance et que la
surface réactive est maximale. Il est à noter que la diffusion dans la
couche de Nernst n'a pas été prise en considération. Les résultats sont
donnés au Tableau 8.3 et les détails des calculs à l´Annexe 4.
268
deux charbons actifs granulaires sont très proches 4,7.10-8 m2.s-1 et
1,8.10-8 m2.s-1, ce qui valide le modèle de calcul utilisé.
La valeur de la diffusivité mentionnée par Van Deventer J. [121] pour
la pseudo-surface des macropores du charbon actif Le Carbone G 210
(1 200 m2.g-1), produit à partir de coques de noix de coco, est de
4,25.10-12 m2.s-1, valeur qui est mille fois plus petite que celle calculée
pour le charbon actif 90G obtenu à partir de coques de noix de
palmier ; cette différence est due au fait que notre modèle de calcul
(équations (Éq. 8.3), (Éq. 8.4), (Éq. 8.5) et (Éq. 8.6)) n'a pas considéré
toute la surface du charbon actif mais seulement la surface réactive.
269
sont inclus dans la pyrite, la chalcopyrite, le quartz et la chlorite, en
inclusions individuelles ou en amas, dans les fissures ou encapsulées
et collées sur les faces extérieures des sulfures (Figure 8.5). La masse
volumique de ce minerai est de 2,7 g.cm-3 et son pH de 6,9.
Après concassage du minerai a -2 mm, une analyse granulochimique a
été effectuée ; celle-ci a montré que 31,4 % de l'Au se trouve dans la
fraction granulométrique inférieure à 106 m.
Figure 8.5. Section polie du minerai Agua Dulce ; l´Au est dans les
fissures entre la chalcopyrite (Cpi) et la pyrite (Pi) [116].
270
8.3.2. Essais de cyanuration
L'influence de la concentration en cyanure sur le rendement de
lixiviation de l´Au de ce minerai est donnée à la Figure 8.6 ; dans la
même figure, la consommation de cyanure en fonction de sa
concentration y est reprise.
Les meilleurs rendements sont obtenus pour des concentrations
d'environ 1 g NaCN.L-1. L'effet néfaste d'une augmentation de la
concentration en cyanure sur ce minerai est dû à la présence de
cyanicides.
L'influence de la concentration en cyanure sur la dissolution du Zn, du
Fe et du Cu est clairement montrée à la Figure 8.7. Dans l'exemple
repris à la Figure 8.8, une concentration en NaCN de 1,0 g.L-1 permet
d'obtenir, déjà après 8 heures, le rendement quasi maximal alors que pour
une concentration en cyanure de 0,5 g.L-1, celui-ci n'est pas encore atteint
après 24 heures.
271
Figure 8.7. Teneur en éléments cyanicides dissous en fonction de la
concentration en cyanure (d80 = 100 μm ; 40 % solides ;
pH = 10,5 ; 24 h). Prise de Guevara A., de la Torre E.
[117].
272
Figure 8.8. Rendement Au en fonction de la concentration en
cyanure et du temps (d80 = 100 μm ; 40 % solides ;
pH = 10,5). Prise de Guevara A., de la Torre E. [117].
273
8.3.3. Essais de cyanuration CIP avec charbon
activé physiquement et attritionné
La capacité d'adsorption du complexe cyanuré d'Au présent dans une
pulpe provenant d'un essai de cyanuration CIP réalisé sur le minerai
de Agua Dulce a été comparée avec celle obtenue sur des solutions
synthétiques de Na[Au(CN)2] (Figure 8.9).
Dans le cas du minerai, la présence d'autres complexes de cyanure de
métaux (Ag, Cu, Zn, Fe) qui sont en concurrence pour occuper les
sites actifs et la surface réactive disponible, entraîne une réduction
drastique (plus de vingt fois) de la capacité d'adsorption du complexe
cyanuré d'Au dans le charbon actif par rapport à la valeur obtenue
avec une solution synthétique.
Mardesen J., House I. [14] et Jones W., Linge H. [124] ont démontré
que, dans le procédé de cyanuration CIP, il y a un blocage des pores
extérieurs du charbon actif par des fines particules de minerai, des sels
de calcium et de magnésium, des carbonates, des silicates, des
aluminates et des précipités des métaux de base (Cu, Pb, Zn, Fe),
blocage qui diminue la vitesse d´adsorption et réduit la capacité
d´adsorption du charbon actif. Sur base de ces résultats et de
l´équation (Éq. 2.23) les constantes de Freundlich (kf et n) ont été
calculées. Les valeurs obtenues sont données au Tableau 8.7 [123] ;
elles confirment évidemment les remarques précédentes.
274
Figure 8.9. Comparaison entre les isothermes d'adsorption du
complexe cyanuré d´Au d'une solution synthétique de
[Au(CN)2]Na (10 mg.L-1 Au) et d'une pulpe de
cyanuration CIP du minerai Agua Dulce
-1
(4,8 mg.L Au) avec charbon actif et 70H granulaire
(-1,7 +0,6 mm) ; 18 ºC ; 24 h [123].
275
Tableau 8.7. Influence du type de solution sur la valeur des
constantes de Freundlich pour l´adsorption du
complexe cyanuré d´Au par du charbon actif granulaire
90G et 70H (-1,7 + 0,6 mm) ; 18 ºC ; 24 h
Charbon actif kf n
(mg.g-1)
90G
Solutions synthétiques [Au(CN)2)]Na 31,74 1,24
CIP minerai Agua Dulce 1,64 1,23
70H
Solutions synthétiques [Au(CN)2)]Na 29,26 0,78
CIP minerai Agua Dulce 0,98 1,15
276
[122] ont, par contre, déterminé, au moyen d'études
cristallographiques par DRX, que les complexes cyanurés d´Au et
d´Ag ont des tailles très similaires. Les capacités d'adsorption des
complexes cyanurés de Cu et de Zn sont élevées, étant donné leur
affinité pour la surface du charbon actif et leur concentration élevée en
solution ; par contre, le complexe cyanuré de Fe est faiblement
adsorbé car sa concentration est faible.
Complexe cyanuré kf n
(mg.g-1)
Au 1,64 1,23
Ag 0,66 1,18
Zn 0,19 0,76
Cu 0,16 1,23
Fe 0,03 1,56
Jia et al. [122] ont indiqué que le complexe Ag(CN)2-, qui a une
structure linéaire, peut réagir avec les ions cyanures selon les réactions
Rx. 8.1 et Rx. 8.2 suivantes :
277
Figure 8.11. Vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Au et
pertes par abrasion des charbons actifs 90G, 70H et
Calgon GRC 20 granulaires (-1,7 +0,6 mm) ;
cyanuration CIP du minerai Agua Dulce ; 25 g CA.L-1;
18 ºC.
278
importante pour la cyanuration CIP, car les particules fines de charbon
actif produites par abrasion se retrouvent dans les rejets et sont
perdues alors qu'elles sont chargée d'Au.
L'attrition préalable du charbon actif 70H est une opération très
intéressante car la vitesse d´adsorption du complexe cyanuré d´Au est
toujours très élevée et similaire à celle avant attrition, mais les pertes
en charbon actif après 24 heures sont inférieures à 1 %, par contre
celui du 70H est de 12 %. Pour rappel, l´attrition préalable avait
augmenté la dureté du charbon actif à 90 % en brisant les arêtes des
grains qui prennent une forme arrondie mais avait engendré une
production de fines de 14 % (Figure 8.12).
279
Figure 8.12. Vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Au et
pertes par abrasion du charbon actif 70H, 70H
attritionné et des composites CRPC-70H et
CAIC-100G granulaires (-1,7 +0,6 mm) ; cyanuration
CIP du minerai Agua Dulce ; 25 g CA.L-1; 18 ºC [109,
110, 111].
280
Figure 8.13. Vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d´Ag sur le
charbon actif 70H et le composite CAIC-100G
granulaires (-1,7 +0,6 mm) ; cyanuration CIP du
minerai Agua Dulce ; 25 g CA.L-1; 18 ºC [79, 110,
111].
281
la capacité d´adsorption augmente avec l'accroissement de la surface
spécifique.
La vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d'Au est élevée pour tous
les charbons actifs en poudre testés ; après 30 minutes, le point
d´inflexion de la courbe d´adsorption de l'Au en fonction du temps est
atteint mais avec des pourcentages d'Au adsorbé variant en fonction de
la nature du charbon actif et de sa surface spécifique. Avec un modèle
cinétique de premier ordre, la constante de vitesse spécifique (m) ;
d´adsorption du complexe cyanuré d´Au a été calculée selon l'équation
(Éq. 2.31) ; les valeurs obtenues pour les charbons actifs 90G, 50H et
70H sont respectivement de 10,6 - 3,6 et 10,5 h-1.
La vitesse d´adsorption du complexe cyanuré d'Au est très rapide
(transfert de masse à la surface du charbon actif) quand l’adsorption
s’effectue sur les sites les plus accessibles (macro et mésopores). Il est
à noter que, quand ces pores sont utilisés, il s’établit un
pseudo-équilibre et l’adsorption s’effectue sur les micropores, ce qui
nécessite la diffusion du complexe cyanuré dans la longueur et la
tortuosité des pores, ce qui est un processus nettement plus lent.
La vitesse d'adsorption du complexe cyanuré d'Au par du charbon
actif 90G de différentes granulométries [(-38 µm) ; (-2,3 +0,8 mm) et
(-4,0 +2,3 mm)] a été évaluée avec des solutions synthétiques à
pH 10,5 titrant 10 mg Au.L-1 et 1 g NaCN.L-1. En se basant sur le
modèle de diffusion poreuse et en considérant que le complexe
Na[Au(CN)2]2 est cylindrique, la diffusivité (DfAu) du complexe
cyanuré d´Au dans la porosité du charbon actif a été calculée de même
que la constante de la vitesse d´adsorption (ksa) ; les valeurs obtenues,
par exemple, pour le charbon actif 90G de granulométrie
(-2,3 +0,8 mm) sont respectivement, de 4,7.10-8 m2.s-1 et
5,7.10-9 m.s-1. En utilisant ce modèle de diffusion poreuse, la surface
réactive calculée pour cet échantillon est de 10,9 m2.g-1 ce qui ne
représente que seulement 1,5 % de la surface spécifique totale du
charbon actif. Ces résultats confirment que le complexe cyanuré d´Au
est adsorbé dans les micropores du charbon actif et parallèlement sur
les plans graphitiques du carbone avec le mécanisme d'adsorption
comme paire d'ions, qui est le plus important dans des solutions ayant
une force ionique élevée (cyanuration industrielle des minerais
aurifères) [21, 84, 85, 86, 119, 120, 121, 122].
Pour l'utilisation du charbon actif dans le cadre de la récupération de
l´Au de solutions cyanurées, il faut donc, qu´en plus d'avoir une
282
surface spécifique élevée, le diamètre et la distribution des pores
permettent l´accès du complexe cyanuré d´Au, et il faut aussi tenir
compte des bords des plans graphitiques qui pourraient être
disponibles pour l'adsorption.
Lorsque les charbons actifs produits à partir des coques de noix de
palmier sont utilisés dans le procédé de cyanuration CIP du minerai
"Agua Dulce", une dramatique réduction (plus de vingt fois) de la
capacité d'adsorption du complexe cyanuré d'Au est observée ; la
vitesse d'adsorption reste élevée mais elle est moins rapide que pour
des solutions synthétiques de [Au(CN)2]-. Ces moins bons résultats
sont dus, d'une part, à la présence des complexes cyanurés d´Ag, de
Cu, de Zn et de Fe qui sont en concurrence pour s'adsorber sur les
sites actifs et sur la surface réactive disponible, et d'autre part, au
blocage des pores extérieurs du charbon actif par des fines particules
de minerai, des sels de calcium et de magnésium, des carbonates, des
silicates, des aluminates et des précipités des métaux de base (Cu, Pb,
Zn et Fe). Les résultats obtenus pour les échantillons 90G et 70H sont
comparables à ceux du charbon actif commercial Calgon GRC 20.
Des études cristallographiques par DRX ont montré que le complexe
Ag(CN)2- a une structure linéaire qui est de taille très similaire à celui
du complexe cyanuré d´Au. Étant donné que le complexe [Ag(CN)4]3-
a une structure tétraédrique beaucoup plus grande, il ne peut pas
accéder à tous les pores du charbon actif ; de plus, il peut se
transformer, par hydratation, en le complexe [Ag(CN)3(H2O)]2-. C´est
pour ces raisons que l'adsorption d´Au(CN)2- est plus grande que celle
de Ag(CN)2- ; [Ag(CN)3]2- ; [Ag(CN)4]3- dans des solutions de
concentration et de force ionique similaire [21].
La résistance à l´abrasion en pulpe agitée d'un charbon actif est la
propriété physique la plus importante pour le procédé de cyanuration
CIP car les particules fines de charbon produites par abrasion sont
perdues dans les rejets. Pour les charbons actifs 90G et 70H (dureté de
80 et 84 %) obtenus par activation physique en deux ou une étape, les
pertes par abrasion sont très élevées et augmentent avec le temps de
contact avec la pulpe ; après 24 heures, celles-ci sont respectivement
de 15 et 12 %, conséquence de la structure et de la dureté des
charbons actifs employés. Les résultats d'adsorption d´Au obtenus
pour les échantillons 90G et 70H sont similaires à ceux du charbon
actif commercial Calgon GRC 20 qui a une perte par abrasion de
seulement 1,2 % étant donné sa dureté très élevée (98 %).
283
Afin d'améliorer cette caractéristique, une attrition préalable des
charbons actifs 90G et 70H s'est avérée très efficace puisque les pertes
par abrasion lors de la cyanuration sont inférieures à 1 % et que la
vitesse d´adsorption du complexe cyanuré d´Au n´a pas varié. Il faut
toutefois mentionner que les pertes en charbon actif lors de l'attrition
préalable sont de l'ordre de 15 %. Les charbons activés physiquement
attritionnés ne présentent pas de modification significative de la
surface spécifique et la dureté est comparable au charbon actif Calgon
GCR 20 de référence.
Le composite charbon actif - résine phénolique (CRPC 70H)
enregistre des pertes par abrasion limitées à 2 % mais la vitesse et la
capacité d´adsorption du complexe cyanuré d´Au n'est que de 60 %
parce qu´il y a un blocage permanent des pores du charbon actif. Le
composite CRPC-70H présente une diminution importante de la
surface spécifique et une augmentation de la dureté qui réduit les
pertes par abrasion.
Le composite charbon actif - polyacide acrylique (CAIC 100G)
présente également des pertes par abrasion très faibles (3 %) car sa
dureté est plus elevée. La capacité d´adsorption du complexe cyanuré
d´Au est identique à celle du charbon actif 70H attritionné mais la
vitesse est réduite de six fois. Ces résultats montrent qu'il y a, pour ce
composite, une coexistence entre le charbon actif et le polyacide
acrylique ; ce dernier entraîne une diminution de la surface spécifique
mais ne bloque pas totalement les pores et fournit une capacité
d'échange cationique (meilleure sélectivité pour l´Au) qui a été mise
en évidence par la réduction de la vitesse et de la capacité
d´adsorption du complexe cyanuré d´Ag [Ag(CN)4]3- ; celui-ci ayant
une charge négative élevée, il est repoussé par les groupes
carboxyliques du polyacide acrylique. Des résultats similaires ont été
observés pour les complexes cyanurés [Cu(CN)3]2- et [Zn(CN)4]2-.
Les résultats d´adsorption du complexe cyanuré d´Au sont
comparables au Calgon GCR 20 (capacité d´adsorption, vitesse et
pertes) pour le charbon activé physiquement en une étape et attritionné
et légèrement moins bons pour le composite CAIC (polyacide
acrylique).
284
Chapitre 9.
9.1. Introduction
Dans ce chapitre, sont présentés les résultats des essais réalisés au
niveau laboratoire avec différents types de charbon actif, obtenus avec
les coques de noix de palmier et modifiés par l’introduction de métaux
dans leur structure. Ces essais visent, à oxyder l’ion cyanure en
solution alcaline par de l´air, ion contenu dans des solutions de NaCN
et des effluents provenant du procédé de cyanuration CIP du minerai
Agua Dulce.
Il est intéressant de développer des technologies permettant de
diminuer l'impact environnemental des effluents de la cyanuration et
en particulier, les méthodes de destruction du cyanure. Les propriétés
catalytiques du charbon actif en combinaison avec de l'air pour oxyder
le cyanure, sont une alternative pour le traitement des effluents
cyanurés, qui peut avoir une application industrielle, surtout si le
charbon actif peut être recyclé.
Évaluer le comportement des différents types de charbon actif
produits avec les coques de noix de palmier, lors de l´oxydation de
l’ion cyanure en solution alcaline avec de l´air et ajuster ses propriétés
par l’introduction de métaux dans sa structure pour améliorer la
vitesse de réaction, est l'objectif spécifique de cette partie de la
recherche.
Les stratégies employées visant à atteindre cet objectif sont les
suivantes : évaluer la vitesse d'oxydation du cyanure par les charbons
actifs produits dans des solutions synthétiques et des effluents de
cyanuration CIP d'un minerai sulfuré aurifère polymétallique
équatorien (Agua Dulce) et élaborer des composites
[charbon actif - Cu] pour accélérer l'oxydation du cyanure en solution.
285
et de l'Ag, les autres métaux testés présentant des résultats nettement
moins bons.
286
3 heures. Dans ce cas, la concentration finale en cyanure libre est de
0,1 mg.L-1, valeur qui est stipulée dans les normes environnementales
utilisées en Équateur pour les déversements des eaux usées
industrielles (TULAS) [93].
Pour les charbons actifs produits par activation physique à partir des
coques de noix de palmier, la capacité d'oxydation de l´ion CN-
augmente avec la surface spécifique du charbon. Après 30 minutes, la
courbe "concentration en CN- en fonction du temps" atteint un quasi
plateau.
287
Tableau 9.2. Constante de vitesse spécifique d'oxydation de l´ion
CN- (k10) pour des charbons pulvérisés après activation
physique ou chimique.
288
Figure 9.2. Influence de la concentration en charbon actif pulvérisé
50H sur l´oxydation du CN- avec de l´air après
4 heures de traitement [115, 118].
Marsh H., Rodriguez-Reinoso F. [17] indiquent que dans
l'environnement structurel du charbon, la réactivité des atomes de
carbone varie considérablement entre eux ; ils ont proposé la réaction
suivante pour l´adsorption chimique de l´O2 à la surface du charbon
actif :
Cred + 0,5 O2 (aq) + H2O (aq) ⇌ H2O2 (aq) + Coxy (Rx. 9.4)
289
avec Cred : groupe fonctionnel du type quinone ou chromène
Coxy : groupe fonctionnel qui a un potentiel électrochimique
supérieur à -0,2 V.
290
Figure 9.3. Vitesse de l´oxydation du CN- par de l'air, en présence de
300 g.L-1 de charbon activé physiquement 50H
(580 m2.g-1) de différentes granulométries [115, 118].
291
D'après le calcul basé sur le module de Thiele, la vitesse d´adsorption
d´O dans les pores du charbon actif granulaire 50H a été réduite d'un
facteur 1,3 par rapport à celle du charbon actif en poudre. La valeur de
DfO est mille fois plus élevée que celle du complexe cyanuré d´Au
(DfAu).
Afin d´évaluer, en présence d'une injection d´air, l'influence du Cu sur
la diminution de la concentration de CN- en solution, après des essais
de référence en présence de charbon actif 50H granulaire
(-2,3 +0,8 mm), des essais ont été effectués en présence de Cu
métallique seul et ensuite de charbon actif avec ajout d'un sel soluble
de Cu, de charbon actif imprégné par Cu(NO3)2 (CAI) ou par
Cu(NO3)2 et réduit (CAM) et de charbon actif contenant du Cu
électrolysé (CMEW).
D'après la littérature, la concentration de CN- en solution diminue
principalement suite à son oxydation selon la réaction Rx. 2.32 qui est
catalysée par l'ion Cu2+ soluble. Beattle J.K., Polyblank G.A. [127] ont
proposé le mécanisme suivant :
292
concentrations. Mardesen J., House I. [14] et Botz M. [128] ont
indiqué que l'ion Cu2+ est habituellement ajouté sous forme de sulfate
de cuivre (CuSO4.5H2O) en solution pour obtenir une concentration en
Cu d'environ 10 à 20 % de celle en cyanure WAD.
Les résultats des essais effectués à l'échelle laboratoire sont présentés
à la Figure 9.4. Alors que la présence de 80 g.L-1 de charbon actif 50H
granulaire n'a que peu d'effet sur l'élimination du CN- en solution,
300 g.L-1 permettent déjà d'obtenir des résultats encourageants. Le fait
d'ajouter à cette concentration en charbon actif, 75 g.L-1 d'un sel de Cu
soluble [Cu(NO3)2] améliore encore les résultats sans toutefois
atteindre l'objectif recherché. L'effet de l'ajout de 80 g.L-1 de Cu
métallique à la solution de départ fournit des résultats meilleurs que
ceux mentionnés ci-avant. Par contre la présence de 80 g.L-1 que ce
soit de CAI, de CAM ou de CMEW, permet d'obtenir une vitesse très
élevée.
Avec les charbons actifs imprégnés (CAI) qui contiennent 8 % de
Cu2(OH)3NO3, les sels de Cu sont tout d´abord dissous. Le Cu+2 passe
en solution et ensuite selon la Rx. 9.5, il est réduit en Cu+1 et forme
des complexes [Cu(CN)3]2- et [Cu(CN)4]3- selon les réactions Rx. 9.7
et Rx. 9.9. Les complexes de Cu sont enfin adsorbés dans la porosité
du charbon actif. Dans ce cas, la vitesse d´adsorption est plus élevée
qu'en absence d'imprégnation car il n'y a pas de diffusion des
complexes de Cu à l´intérieur des pores. Deveci H. et al. [78] et
Adams M. [84] ont proposé qu'à la surface du charbon actif imprégné,
il y a aussi des réactions catalytiques redox Cu+ / Cu2+ (Rx. 9.5,
Rx. 9.6 et Rx. 9.7) qui facilitent l´oxydation de l´ion CN-. Par ailleurs,
Yeddou A.R. et al. [93] ont aussi montré que la vitesse d'oxydation du
CN- par H2O2 augmente suite à la présence de charbon actif imprégné
par du Cu.
Le traitement des solutions alcalines de NaCN en présence d'air et de
charbon actif CAM (10 % Cu2O et 3 % Cu métallique) ou CMEW
(23 % Cu métallique) est le plus efficace car il y a une synergie entre
les réactions d´oxydation de l´ion CN- par l´O2 à la surface du charbon
actif et les ions Cu1+ produits par dissolution du Cu2O et du Cu°, qui
forment des complexes de Cu qui sont adsorbés dans la porosité du
charbon actif. Dans ce cas, les réactions de dissolution du Cu2O et du
Cu métallique avec l´ion CN-, sont similaires à celles de l´Au
(Rx. 2.35). Les résultats avec le CMEW sont meilleurs que ceux
obtenus en présence de Cu métallique dont les particules ont une
293
dimension de (-0,8 +0,6 mm) car la surface de contact est beaucoup
plus élevée dans le cas du Cu déposé sur le charbon actif par
électrolyse.
Les charbons actifs CAM et CMEW ont une vitesse de réduction du
CN- plus élevée que pour le CAI, étant donné qu´ils ont une meilleure
dispersion du Cu métallique à la surface du charbon actif (Figure 7.5).
D´un autre côté, le Cu métallique a une masse volumique (8 g.cm-3)
plus élevée que celle du Cu2(OH)3NO3 (3,4 g.cm-3) et donc celui-ci
peut produire un blocage plus important des pores du charbon par
précipitation, étant donné son volume plus grand.
Dans le cas du CAM et du CMEW, le mécanisme de formation des
complexes de Cu est plus direct et plus rapide car l´ion Cu+1 est
produit par dissolution du Cu2O et du Cu° ; par contre, dans le cas du
CAI, pour former les complexes de Cu, les sels de Cu doivent d´abord
être dissous, le Cu+2 passant en solution, et sont ensuite réduits en
Cu+1 selon la Rx. 9.5
294
Afin de quantifier la vitesse de diminution de la concentration en CN-
dans les différents cas étudiés, les constantes de vitesse spécifique
d'oxydation (ou d'élimination) ont été calculées à partir de l’équation
(Éq. 2.25) et des données de la Figure 9.4 ; les résultats, présentés au
Tableau 9.4, confirment l´influence positive du Cu dans l´élimination
de l´ion CN-.
295
Figure 9.5. Influence du temps de contact de 80 g.L-1 de Cu
métallique granulaire (–0,8 +0,6 mm) sur l´oxydation du
CN- de solutions synthétiques de NaCN, avec injection
d´air ; pH 10,5.
296
Figure 9.6. Influence de la recirculation de 80 g.L-1 de CAM
(–2,3 +0,8 mm) sur l´oxydation du CN- de solutions
granulaire synthétiques de NaCN, avec injection d´air
[114, 115].
297
du minerai Agua Dulce. La composition chimique de la solution est
présentée au Tableau 9.6.
Dans la solution des effluents de cyanuration CIP, les concentrations
en Zn et en Fe ainsi qu'en cyanure libre (CN-), CN WAD et CN total
sont élevées. Il est à noter que les concentrations en Au, Ag et Cu en
solution sont basses car les complexes cyanurés de ces métaux ont été
adsorbés par le charbon actif.
L´étude de l´oxydation avec de l´air, de l’ion cyanure présent dans
l'effluent de cyanuration CIP (pulpe à 33 % de solides), a été réalisée
en utilisant du charbon actif granulaire (-2,3 +0,8 mm) 50H
(300 g.L-1) et CAM (80 g.L-1). Les conditions opératoires ont été les
suivantes : solution de départ contenant 370 mg CN-.L-1 ; 180 NL.h-1
d´air (soit 8,1 mg O2 en solution.L-1) ; pH = 10,5 et 18 ºC.
Après un premier essai, les charbons actifs ont été remis en contact
avec la solution fraîche afin de voir les éventuelles modifications de
leurs performances lors de leur recirculation ; au total, cette opération
a été effectuée trois fois. Les résultats de ces essais sont donnés au
Tableau 9.7. Les valeurs obtenues confirment l'efficacité du traitement
avec du charbon actif 50H conjuguée à une injection d´air, pour
diminuer la concentration en CN- des effluents de cyanuration CIP,
jusqu’à des valeurs inférieures à 30 mg.L-1 et cela même après trois
recirculations ; de plus, une importante réduction de la concentration
en CN WAD et en CN total est observée suite au fait que le charbon
actif 50H est présent en grande quantité (300 g.L-1) et qu'il peut donc
adsorber et oxyder les complexes de cyanure de Cu, de Zn et de Fe et
les précipiter sous forme d'oxydes [128]. Il est à noter que la
concentration en charbon actif de 300 g.L-1 a été délibérément choisie
298
différente de celle du CAM, car avec 80 g.L-1 l'élimination du CN- n'est
pas suffisante.
Le traitement des effluents de cyanuration CIP avec du CAM et
injection d´air est encore plus efficace malgré une concentration plus
faible en charbon actif (80 g.L-1), puisque la teneur finale en CN- est
d'environ 1 mg.L-1 et que la concentration en CN WAD et en CN total,
est de l'ordre de 160 mg.L-1. Dans ce cas, le mécanisme d´action du
charbon actif consiste en une réaction d´oxydation de l´ion CN-
catalysée par l´ion Cu2+, et par la dissolution de Cu2O et du Cu
métallique qui forment des complexes de Cu qui sont adsorbés dans la
porosité du charbon actif de la même manière que les complexes de
cyanure de Zn et de Fe lesquels sont ensuite adsorbés et leurs oxydes
précipités, ce qui réduit la concentration en CN WAD et en CN total.
299
Figure 9.7. Influence, en présence d'une injection d'air, de la
recirculation du charbon actif 50H granulaire (300 g.L-1)
et du CAM granulaire (80 g.L-1) sur l'élimination du CN-
présent dans les effluents de cyanuration CIP [118].
300
La vitesse d'oxydation du CN- avec de l´air en présence de charbon
actif 50H en poudre et granulaire (-2,3 +0,8 mm), a été évaluée avec le
modèle de diffusion poreuse en considérant que l´oxygène a un rayon
atomique de 0,06 nm ; la diffusivité d´O (DfO) dans la porosité du
charbon actif de granulométrie (-2,3 +0,8 mm) est de 1,6.10-5 m2.s-1 et
la constante de vitesse d´adsorption (kads) de 3,1.10-8 m.s-1. Dans ce
cas, la surface réactive considérée est de 0,2128 m2.g-1 ce qui
représente moins de 1 % de la surface spécifique totale du charbon
actif.
La présence de Cu à la surface du charbon actif augmente de manière
significative la capacité d'élimination du CN- (cyanure libre) ; l'ion
Cu1+ soluble peut former des complexes [Cu(CN)3]2-et [Cu(CN)4]3-
stables à pH 10,5 qui sont adsorbés à la surface du charbon actif. Des
résultats comparables ont été obtenus avec différents sels solubles de
Cu [Cu(NO3)2, CuSO4 ou CuCl2] utilisés à différentes concentrations.
Avec les charbons actifs imprégnés (CAI) qui contiennent 8 % de
Cu2(OH)3NO3, la concentration en CN- en solution diminue plus vite
que lorsque les sels de Cu et le charbon actif sont employés
séparément. Les sels de Cu imprégnés sont tout d´abord dissous, le
Cu+2 passant en solution et ensuite réduit en Cu+1, puis forment des
complexes [Cu(CN)3]2- et [Cu(CN)4]3-. Les complexes de Cu sont
adsorbés dans la porosité du charbon actif. Dans ce cas, la vitesse
d´adsorption est plus élevée qu'en absence d'imprégnation car il n'y a
pas de diffusion des complexes de Cu à l´intérieur des pores. Dans la
surface du charbon actif imprégné, il y a aussi des réactions
catalytiques redox Cu+ / Cu2+ qui facilitent l´oxydation de l´ion CN-.
Le traitement des solutions alcalines de NaCN en présence d'air et de
charbon actif CAM (10 % Cu2O et 3 % Cu métallique) ou CMEW
(23 % Cu métallique) est le plus efficace car il y a une synergie entre
les réactions d´oxydation de l´ion CN- par l´oxygène à la surface du
charbon actif et les ions Cu1+ produits par dissolution du Cu2O et du
Cu° qui, formant des complexes de Cu, sont adsorbés dans la porosité
du charbon actif.
Les charbons actifs CAM et CMEW ont une vitesse de réduction du
CN- plus élevée que celle du CAI étant donné qu´ils ont une meilleure
dispersion du Cu métallique à leur surface (Figure 7.5) et que le
mécanisme de formation des complexes de Cu est plus direct et plus
rapide car l´ion Cu+1 est produit par dissolution du Cu2O et Cu°. Par
contre, le CAI doit d'abord dissoudre ses sels de Cu, le Cu+2 passant
301
en solution et réduit ensuite en Cu+1, pour former les complexes de
Cu.
Avec des effluents du procédé de cyanuration CIP du minerai Agua
Dulce, l'efficacité du traitement a été confirmée pour le charbon actif
granulaire 50H avec une injection d´air, la concentration en CN- en
solution étant abaissée jusqu’à des valeurs inférieures à 30 mg.L-1.
Toutefois, une importante réduction de la concentration en CN WAD
et en CN total est observée car le charbon actif 50H en grande quantité
(300 g.L-1) peut adsorber et oxyder les complexes cyanurés de Cu, de
Zn et de Fe sous forme de précipités d'oxydes de ces métaux. Ceci est
très avantageux pour le traitement des effluents industriels.
Le traitement des effluents de cyanuration CIP avec du charbon actif
CAM avec injection d´air est encore plus efficace puisqu'une
concentration en CN- en solution inférieure à 1 mg.L-1 est obtenue
avec une concentration en CN WAD et en CN total, d´environ
200 mg.L-1. De la même manière que les complexes cyanurés de Cu
ceux de Zn et de Fe sont adsorbés et oxydés, ce qui réduit la
concentration en CN WAD et en CN total.
Une triple recirculation du charbon actif 50H après une première
utilisation a montré que, pour des effluents de cyanuration CIP, la
vitesse d´oxydation du CN- soluble est très similaire à celle du
charbon actif frais. Ces résultats confirment le mécanisme catalytique
d´oxydation du CN- par du charbon actif en présence d´air. La
recirculation des charbons actifs modifiés avec du Cu (CAI et CAM)
montre une réduction de la vitesse de diminution de la concentration
en CN- soluble due à la dissolution du Cu de la surface du charbon
actif au fur et à mesure des recirculations. Malgré cet inconvénient,
leur utilisation pour le traitement des effluents industriels pourrait être
avantageuse.
302
Chapitre 10.
303
continue proposés pour la carbonisation et l'activation physique des
coques de noix de palmier, permet d'appliquer ces modèles pour le
dimensionnement et le choix des conditions opératoires des fours
rotatifs industriels, afin d´optimiser leur géométrie ainsi que la
répartition et la position des releveurs. Ces modèles proposés pour la
carbonisation et l'activation physique des coques de noix de palmier
peuvent être généralisés à la carbonisation d'autres matériaux
ligno-cellulosiques.
Un procédé plus simple (carbonisation - activation physique en une
étape) et à une température plus basse (850 °C) pour la production de
charbon actif à partir de coques de noix de palmier a été mis au point.
Il a été appliqué avec succès au niveau industriel, la Société
Agrigacesa ayant produit plus de 3 000 tonnes de charbon actif par ce
procédé.
Les charbons activés physiquement à partir des coques de noix de
palmier ont une surface spécifique élevée (plus grande en deux
étapes), une microporosité importante et un pH alcalin qui favorisent
l´adsorption du complexe cyanuré d´Au ; la dureté est élevée mais
insuffisante ce qui entraîne des pertes de charbon actif chargé en Au.
Les charbons activés physiquement et attritionnés n´ont pas une
surface spécifique différente de celle du charbon actif initial et sa
dureté est comparable au charbon actif commercial de référence
(Calgon CGR20).
Le composite CRPC (résine phénolique) se caractérise par une
diminution importante de la surface spécifique mais aussi par une
augmentation de la dureté. Le composite CAIC (polyacide acrylique)
a une surface spécifique plus faible mais une capacité d'échange
cationique (meilleure sélectivité pour l'Au) a été développée et la
dureté a été augmentée.
Les charbons activés chimiquement à partir des coques de noix de
palmier ont une surface spécifique équivalente à celle obtenue en une
étape par activation physique. Il est observé la présence de méso et de
macropores, un pH acide qui ne favorise pas l´adsorption du complexe
cyanuré d´Au et une dureté très faible.
Les charbons actifs obtenus avec les procédés qui ont été développés
au stade actuel de l'étude, peuvent être utilisés pour la récupération de
l'Au et le traitement des effluents cyanurés avec des avantages
techniques et économiques certains.
304
Les charbons actifs obtenus à partir des coques de noix de palmier par
activation physique ont des propriétés comparables à celles des
produits commerciaux mais sont moins chers. Ils possèdent également
des perspectives intéressantes d´être utilisés pour l'épuration de l´eau
potable et pour le traitement des eaux résiduelles ; il sera, néanmoins,
nécessaire d'évaluer leur capacité d'éliminer le chlore libre, les
pesticides, le xylène, le phénol, les hydrocarbures pétroliers totaux
solubles dans l´eau (TPH) etc., et leur performance après leur
régénération, avant de les utiliser dans ces nouvelles applications
industrielles.
Ces charbons actifs ont aussi des perspectives d’emploi, dans le cadre
de procédés catalytiques, pour, par exemple, le traitement de liquides
et de gaz visant à éliminer le soufre du gazole ou de l'essence ou à
réduire les NOx.
Le processus d'adsorption qui a lieu dans la porosité du charbon actif
étant réversible, il sera indispensable d´effectuer des études de
régénération et de réactivation des charbons actifs granulaires activés
physiquement pour évaluer leur durabilité dans des filtres industriels
et leur réutilisation.
Les charbons activés chiquement pourraient être employés pour la
purification du sucre mais il est nécessaire de vérifier leur
comportement dans les conditions d'utilisation de l'industrie des
boissons gazeuses.
Le développement de composites charbon actif - verre de plus grande
dureté que celles obtenues dans cette recherche, est aussi une sujet
intéressant qui a de bonnes perspectives d´application dans les
procédés de cyanuration CIP, étant donné que le verre peut supporter
une température plus élevée lors de la régénération ou la réactivation
du composite que les composites obtenus à base de polymères (CRPC
et CAIC).
Pour finir, des recherches plus fondamentales pourraient examiner
l´influence des groupes fonctionnels de la surface des charbons actifs
sur l´adsorption du complexe cyanuré d´Au et sur l'oxydation du
cyanure libre.
305
306
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316
Annexe 1.
5,8 5,80
H 5,8 1 = 5,80 = 2,28 54,8
1 2,54
40,7 2,54
O 40,7 16 = 2,54 = 1,00 24,0
16 2,54
317
Formule empirique du charbon produit à partir coques de
noix de palmier
Analyse élémentaire : 87,1 % C ; 2,7 % H ; 9,8 % O
2,7 2,70
H 2,7 1 = 2,70 = 4,43 9,3
1 0,61
9,8 0,61
O 9,8 16 = 0,61 = 1,00 2,1
16 0,61
318
Calcul de l´énergie libre de Gibbs de Rx. 5.1 pour la
carbonisation des coques de noix de palmier
Solides
Coque de palmier C42H55O24 - 5,18 - 17,97
Charbon C25H9O2 11,66 - 22,57
Gaz condensables
Goudron (lévoglucosane) C6H10O5 7,90 - 11,47
Acide acétique CH3COOH - 0,44 -
Méthanol CH3OH - 0,20 -
Eau H2 O - 0,24 -
Gaz non condensables
Dioxyde de carbone CO2 - 0,39 -
Oxyde de carbone CO - 0,11 -
Hydrogène H2 - -
319
L´équation (Éq. A1.1) peut être réécrite en introduisant les valeurs
correspondantes :
Pour Rx. 5.1, l´enthalpie de réaction peut être calculée par l´équation
suivante :
ΔH° Rx. 5.1 = [(ΔH° C25H9O2) + 1,5 (ΔH° C6H10O5) + (ΔH° CH3COOH)
+ 0,5 (ΔH° CH3OH) + 4 (ΔH° H2O) + 2,5 (ΔH° CO2) + 3 (ΔH° CO) + 8,5
(ΔH° H2)] – [(ΔH° C42H55O24)] (Éq. A1.2)
En introduisant les valeurs correspondantes :
ΔH° Rx. 51 = [(11,66) + 1,5 (7,9) + (- 0,44) + 0,5 (- 0,20) + 4 (- 0,24)
+ 2,5 (- 0,39) + 3 (- 0,11)] – [(- 5,18)]
ΔH°Rx.51 25,87
ΔS°Rx. 5.1= = (Éq. A1.3)
T 608
et donc,
320
Calcul de la vitesse spécifique de réaction (kr) pour l´essai
pilote de carbonisation des coques de noix de palmier dans
le four Nichols à 850 °C
Avec les équations (Éq. 5.5) et (Éq. 5.16) et les données suivantes :
ρcp = 1,3 g.cm-3 ; R = 0,00827 kJ.K-1mol-1 ; 850 °C ; 1 123 K et en
considérant l'hypothèse simplificatrice pi = po (car le contrôle de la
vitesse de réaction est chimique) avec po = p atmosphérique à Quito
(0,72 atm).
25,87-0,042T 25,87-0,042(1123)
p*gaz =exp ( ) =exp ( ) =10,6 atm (Éq. A1.4)
- RT - 0,00827(1123)
321
Figure A.1.1. Représentation graphique de l´équation (Éq. 5.23) en
utilisant les résultats de la carbonisation des coques de
noix de palmier dans le four Nichols à 850 °C.
B ρcq 1,0679*1,3
kr= = (Éq. A1.5)
(p* -pi) (10,6 -0,72)
kr = 5,28.10-5 m.s-1
322
Calcul de la diffusion effective (Def) pour l´essai pilote de
carbonisation des coques de noix de palmier dans le four
Nichols à 850 °C
323
La diffusion effective initiale moyenne est donc de
4,80 ± 1,91 10-3 [mol. (h.cm.atm)-1] ; avec la constante de transport de
chaleur par conduction pour du charbon amorphe (kh) reprise de
Perry R. et al. [103] et l´équation (Éq. 5.14), la constante φ peut être
calculée :
kh 2,5*3600
φ= = =0,7241 [atm. K-1] (Éq. 5.14)
Def ΔHRx 4,8.10- 3 *25,87*100*1000
Avec les équations (Éq. 5.12), (Éq. 5.13), (Éq. A1.4) et (Éq. 5.11) et la
méthode de trial-erreur, il est possible de calculer Ti et pi. Pour
chaque valeur de ri, α, est calculé et une valeur de Ti est choisie ;
ensuite p*gaz est calculé et Ti est déterminé par l´équation (Éq. 5.12).
Si Ti calculé est différent du Ti choisi, il faut donner une autre valeur
à Ti et recommencer les calculs. Lorsque la valeur de Ti a convergé,
pi est calculé par l´équation (Éq. 5.11). Les résultats des valeurs de Ti
et de pi, qui ont convergé sont présentés au Tableau A.1.6.
p*gaz - p0
Ti = T0 + (Éq. 5.12)
φ(1+ α)
Def roc
α= (Éq. 5.13)
kr ri(roc-ri)
25,87-0,042Ti
p*gaz = exp ( ) (Éq. A1.4)
- RTi
p*gaz + αp0
pi = (Éq.5.11)
1+ α
324
Tableau A.1.6. Résultats des valeurs de Ti et de pi qui ont convergé.
ri roc Ti pi
α (atm)
(cm) (cm) (K)
1,2
1,1 1,15 1,5339 1118,91 4,6071
1,0 1,10 2,7889 1119,44 3,2913
0,9 1,05 3,7650 1120,17 2,7675
0,8 1,00 4,4623 1120,53 2,5096
0,7 0,95 4,8806 1120,70 2,3839
0,6 0,90 5,0201 1120,75 2,3301
0,5 0,85 4,8806 1120,70 2,3849
0,4 0,80 4,4623 1120,53 2,5122
0,3 0,75 3,7650 1120,17 2,7735
0,2 0,70 2,7889 1119,44 3,3000
0,1 0,65 1,5339 1117,71 5,5052
325
La diffusion effective moyenne est donc, à 850 °C, de
1,97.10-4 ± 1,12 10-4 [mol. (h.cm.atm)-1] et la correction de RT, de
5,03.10-7 m2.s-1.
Combinant les équations (Éq. 5.7) et (Éq. 5.10) avec les données de
ngRX recalculées et Ti, il est possible de calculer la chaleur nécessaire
pour la réaction de carbonisation et la chaleur transférée pour
ΔT = To – Ti. Les résultats sont présentés au Tableau A.1.8.
Q k T -T
ngRX =ng = = 4π ( h ) ( 1 0 1i ) (Éq. 5.7)
Ch ΔHRx ΔH Rx -
ri roc
326
1,77 L √θ F 1,77*L*√34,7*2
tsj = = (Éq. 5.25)
PDn 2*1,5*2,9
3B 3B2 2 B3
χ= t- t + t3 (Éq. 5.24)
ro ro2 ro3
χ = 10,26 %
327
328
Annexe 2.
χH O = (χ10 % CO - 26 % H O) - (χ10 % CO - 9 % H O)
2 2 2 2 2 (Éq. A2.1)
avec χH O
2 : conversion du charbon - gazéification du carbone par
H2O (%)
krCO2 : constante de vitesse spécifique de réaction pour CO2
(mol.cm-3.s)-1
CACO2 : concentration du CO2 (mol.cm-3)
t : temps (s)
krH2O : constante de vitesse spécifique de réaction pour H2O
(mol.cm-3.s)-1
CAH2O : concentration en H2O (mol.cm-3).
329
L´équation (Éq. A2.2) peut-être approximée par l´équation (Éq. A2.3)
qui est une ligne droite ; avec la valeur de sa pente, il est possible de
calculer krH2O :
330
Figure A.2.1. Représentation graphique de l´équation (Éq. A2.3)
avec les résultats de l´activation physique des coques
de noix de palmier carbonisés dans le four Nichols à
960 °C.
mol PVH2 O
CA26%H2 O - CA9%H2 O = =
Vt RTVt
0,72 atm*(26-9)10 L
-3
= L atm
0,082 (960+273)K*100 cm3
K mol
331
3
0,0547 cm
krH2O = -6
1,2106*10 *3600 mol.s
mol PVCO2
CA10%CO2 = =
Vt RTVt
-3
0,72 atm*10.10 L
= L atm
0,082 (960+273)K*100 cm3
K mol
333
334
Annexe 3.
kr = 7,8485 cm3.mol-1.s-1
ρB (1-χB )
Kr = kr (Éq. A3.1)
b
335
0,0791(1-0,3)
Kr = 7,8485=0,43 s-1
1
Avec les données de Kunni D. et Chisaki T. [94] pour l´activation
physique à 850 °C de charbon de coques de coco avec H2O vapeur,
(DAe = 1,4 cm2.s-1 ; εv = 0,5 ; Kd = 4 cm.s-1 ) et Kr obtenue ci-avant,
Ω et ω peuvent être calculés :
Kd 4
Ω= 0,5 = 0,5 =7,2908
[(1-εv )DAe Kr ] [(1-0,5)*1,4*0,43]
0,5 0,5
(1-εv )Kr (1-0,5)*0,43
ω= [ ] =[ ] =0,3940 cm-1
DAe 1,4
CAm Ω 7,2908
( ) pilote = = = 0,8928
CAb (Ω+1)ωLp (7,2908+1)*0,3940*2,5
CAm 7,2908
( ) industriel = = 0,1488
CAb (7,2908+1)*0,3940*15
C
( Am ) pilote 0,8928
CAb
tsind = tspil =5h = 30 h
C 0,1488
( CAm ) industriel
Ab
Donc, le temps de séjour du four rotatif industriel sans releveur est six
fois le temps de séjour du four Nichols pilote.
336
Annexe 4.
Na+ – N- = 0,22459 nm
N- – C = 0,12592 nm
C – Au = 0,20025 nm
Au – C = 0,20257 nm
C–N = 0,12574 nm
337
Calcul de la surface réactive couverte par le complexe
cyanuré d´Au
-5 6,022.1023 molécules
5,4272.10 mol Na[CN]2 Au
mol
0,40467nm2 10-18 m2
Surface réactive=3,2683. 1019 molécule
1 molécule nm2
Surface réactive = 13,22 m2.g CA-1
338
Sur base de 1 g de charbon actif 90G granulaire (-2,3 +0,8 mm), la
quantité d´Au adsorbé en 180 min est la suivante :
6,022.1023 molécules
4,4778.10-5 mol Na[CN]2 Au
mol
19 0,40467nm2 10-18 m2
Surface réactive=2,6965. 10 molécules
1 molécule nm2
Surface réactive = 10,91 m2.g CA-1
-5 6,022.1023 molécules
2,00.10 mol Na[CN]2 Au
mol
19 0,40467nm2 10-18 m2
Surface réactive=1,2044. 10 molécules
1 molécule nm2
Surface réactive = 4,87 m2.g CA-1
339
Calcul de la diffusion du complexe cyanuré d´Au dans les
pores des charbons actifs granulaires
mg Au
10,94
Vads-38 μm= L *0,9771*1L =6,7382.10-4 mg Au
60s m2 m2 . s
20 min min 13,22 gCA 1gCA
-4 mg Au
Vads-38 μm 6,7382.10 m2 . s m
ksa-38 μm= = 3 =6,1592.10-8
CAb mg Au 10 L s
10,94 L 3
m
Sur base de 1 g de charbon actif 90G granulaire (-2,3 +0,8 mm), en
considérant la surface réactive du charbon actif en poudre (-38 μm), la
vitesse d´adsorption du complexe cyanuré d´Au en 180 minutes est la
suivante :
mg Au
10,94
Vads 2,3-0,8 mm = L *0,8062*1L
60s m2
180 min min 13,22 gCA 1gCA
mg Au
= 6,1774.10-5
m2 . s
-5 mg Au
Vads 2,3-0,8 mm 6,1914.10 m2 . s
ksa2,3-0,8 mm = =
CAb mg Au 103 L
10,94 L
m3
m
= 5,6466.10-9
s
340
Sur base de 1 g de charbon actif 90G granulaire (-4,0 +2,3 mm), en
considérant la surface réactive du charbon actif en poudre
(d100 = 38 μm), la vitesse d´adsorption du complexe cyanuré d´Au en
180 min est la suivante :
mg Au
10,94
Vads 4-2,3 mm = L *0,3601*1L
60s m2
180 min min 13,22 gCA 1gCA
mg Au
= 2,7592.10-5
m2 . s
-5 mg Au
Vads 4-2,3 mm 2,7655.10 m2 . s
ksa 4-2,3 mm = =
CAb mg Au 103 L
10,94 L
m3
m
= 2,5221.10-9
s
mg Au
6,1774.10-5
E2,3-0,8 mm = m2 . s =0,0917
mg Au
6,7382.10-4 2
m .s
mg Au
2,7592.10-5
E4-2,3 mm = m2 . s =0,0409
mg Au
6,7382.10-4 2
m .s
Étant donné que les facteurs d'efficacité sont petits, la diffusion est
très importante ; Levenspiel O. et Scott Fogler F. [119, 120] indiquent
que, dans leur cas, le facteur d´efficacité est l´inverse du Module de
Thiele (E = φ-1). Avec les équations (Éq. 8.3) et (Éq. 8.4) et en
considérant la longueur du pore (L) de 8,03.10-4 m pour le charbon
(-2,3 +0,8 mm) et de 1,78.10-3 m pour le charbon (-4,0 +2,3 mm), m a
été calculé.
341
1 1
m2,3-0,8 mm = =
E2,3-0,8 mm *L 0,0971*8,03.10-4 m
1
= 1,2825.104
m
1 1
m4-2,3 mm = =
E4-2,3 mm *L 0,0409*1,78.10-3 m
1
= 1,3736.104
m
2ksa2,3-0,8 mm
DfAu 2,3-0,8 mm = 2 (Éq. A4.1)
(m2,3-0,8 mm) r
m
2(5,6466.10-9 ) s
DfAu 2,3-0,8 mm = 2 1
(1,2825.104 ) 2 1,45.10-9 m
m
m2
DfAu 2,3-0,8 mm = 4,7352.10-8
s
2ksa4-2,3 mm
DfAu 4-2,3 mm = 2 (Éq. A4.2)
(m4-2,3 mm ) r
m
2(2,5221.10-9 ) s
DfAu 4-2,3 mm = 2 1
(1,3736.104 ) 2 1,45.10-9 m
m
m2
DfAu 4-2,3 mm = 1,8438.10-8
s
342
Calcul de la surface réactive pour l´oxydation du NaCN
par de l´air
16 g O mol O
243,7. 10-3 g CN-
26 g CN- 16 g O
6,022.1023 molécules
0,00937 mol O
mol
343
Le rayon de l´O étant de 0,06 nm, cela correspond à une surface de
0,01131 nm2
21 0,01131.nm2 10-18 m2 1
5,64447. 10 molécule 2
1 molécule nm 300 gCA
16 g O mol O
188,8. 10-3 g CN-
26 g CN- 16 g O
6,022.1023 molécules
0,0073 mol O
mol
Le rayon de l´O étant de 0,06 nm, cela correspond à une surface de
0,01131 nm2
0,01131.nm2 10-18 m2 1
4,3729. 1021 molécule 2
1 molécule nm 300 gCA
344
Calcul de la diffusion de l´O dans les pores des charbons
actifs granulaires
Sur base de 300 g.L-1 de charbon actif 50H en poudre (-38 μm), en
considérant la surface réactive, la vitesse d´adsorption d´O en 4 heures
est de :
mg CN- 16 mg O
(251,8-8,1)
L 26 mg CN- *1L
Vads-38 μm =
3600s m2 gCA
4 h h 0,2128 gCA 300 L *1L
mg O
= 1,6260.10-4
m2 . s
Avec l´équation (Éq. 8.5) :
-4 mg O
Vads-38 μm 1,6260.10 m2 . s m
ksa-38 μm= = 3 =4,0650.10-8
CAb mg O 10 L s
4
L m 3
mg CN- 16 mg O
(251,8-63)
L 26 mg CN- *1L
Vads 2,3-0,8mm =
3600s m2 gCA
4 h h 0,2128 gCA 300 L *1L
mg O
= 1,2638.10−4
m2 . s
Avec l´équation (Éq. 8.5) :
-4 mg O
Vads-38 μm 1,2638.10 m2 . s m
ksa 2,3-0,8mm = = 3 =3,1596.10-8
CAb mg O 10 L s
4 L 3
m
345
Avec l´équation (Éq. 8.6), le facteur d'efficacité pour le charbon actif
50H (-2,3 +0,8 mm) a été calculé :
mg O
1,2638.10-4
E2,3-0,8 mm = m2 . s =0,7772
mg O
1,6260.10-4 2
m .s
Le facteur d'efficacité est environ E = φ-1 ; avec les équations (Éq. 8.3)
et (Éq. 8.4), m a été calculé en considérant la longueur du pore (L) de
8,03.10-4 m pour le charbon (-2,3 +0,8 mm).
1 1
m2,3-0,8 mm = =
E2,3-0,8 mm *L 0,7772*8,03.10-4 m
1
= 1,6022.103 m
2ksa2,3-0,8 mm
DfO2,3-0,8 mm = 2 (Éq. A4.3)
(m2,3-0,8 mm ) r
m
2(3,1596.10-8 ) s
DfO2,3-0,8 mm = 2 1
(1,6022.103 ) 2 1,45.10-9 m
m
m2
DfO2,3-0,8 mm = 1,6977.10-5
s
346
Publications
1. Livres
E. de la Torre Chauvin, X. Díaz Reinoso Manual de auditoría
ambiental para las actividades de beneficio de minerales
auríferos, Editor Corporación OIKOS, Ecuador, 2000,
ISBN : 9978.41-360-X.
El libro de la Minería del oro en Iberoamérica, Colaboración en
Capítulo Las Tecnologías específicas de la recuperación
metalúrgica del oro. Editado Red XII-B, CYTED, Editor, José
Antonio Espi, España, 2001, ISBN : 84-931538-8-5.
E. de la Torre, A. Guevara, Desarrollo de nuevos procesos de
tratamiento de minerales en la pequeña minería aurífera
ecuatoriana que han logrado reducir la contaminación
ambiental, Revista Politécnica, 27-2, Editor EPN, Ecuador,
2007, ISSN : 1390-0129.
2. Brevets
347
Suplemento de la Revista Latinoamericana de Metalurgia y
Materiales S1-4 (2009), p. 871.
Influencia del ion cúprico y del cobre metálico en la oxidación
del cianuro libre con aire y carbón activado, D. Pesántez, E.
de la Torre, A. Guevara, Revista Politécnica, EPN, 29-1,
(2011), p.1.
Desarrollo y caracterización de caolines modificados para
aplicaciones industriales, E. de la Torre, M. Cando, A.
Guevara, Revista Politécnica, EPN, 29-1, (2011), p. 8.
Los teléfonos celulares una nueva mina de metales preciosos,
factible de valorizar mediante tostación, y lixiviación con
cianuro, E. de la Torre, A. Guevara, S. Espinoza, Revista
Politécnica, EPN, 30-1, (2012), p. 21.
Recuperación de níquel y vanadio de residuos de la
combustión de fueloil, mediante lixiviación con ácido sulfúrico
y carbonato de sodio, E. de la Torre, A. Guevara, P. Ibujés,
Revista Politécnica, EPN, 30-1, (2012), p. 29.
Influencia de sales de cloro y flúor en el reciclaje de aluminio
por fusión, E. de la Torre, A. Guevara, S. Yépez, Revista
Politécnica, EPN, 30-1, (2012), p. 27.
Valorización de residuos metálicos de la industria de grifería,
A. Guevara, E. de la Torre, M. Lozada, C. Llumiquinga,
Revista Politécnica, EPN, 30-1, (2012), p. 46.
Recovery of Gold, Silver, Copper and Niobium from Printed
Circuit Boards Using Leaching Column, R. Montero, A.
Guevara, E. de la Torre, Journal of Earth Science and
Engineering, 2-10, (2012), p. 590.
Valorización de polvos de acería, mediante recuperación de
zinc por lixiviación y electrólisis, E. de La Torre E., A.
Guevara, C. Espinoza, Revista Politécnica, EPN, 32-1, (2013),
p. 197.
Estudio comparativo de la recuperación Zn de polvo de acería
por lixiviación con H2SO4 y HCl, electrodeposición
electrolítica y bielectrolítica, J. Ricaurte, E. de La Torre, C.
Espinoza, A. Guevara, Revista Politécnica, EPN, 33-2, (2014),
p. 73.
348
4. Articles publiés dans des congrès scientifiques
(cinq dernières années)
349
Leaching of sulfide gold ores using dithiooxamide, a non-
cyanide solvent of low-toxicity, J. P. Serrano, E. de la Torre,
Procedings Hydroprocess 2013, GECAMINE, Santiago de
Chile, Chile, Julio 2013.
Conversion of waste tires into activated carbon through
pyrolysis and physical activation with CO2, I. Meza, A.
Guevara, E. de la Torre, Procedings Enviromine 2013,
GECAMINE, Santiago de Chile, Chile, December 2013.
Remediation of mining soils contaminated with heavy metals
using electrokinetic treatment, A. Guevara, C. Aragón, E. de la
Torre, Procedings Enviromine 2013, GECAMINE, Santiago
de Chile, Chile, December 2013.
Steel dust leaching with organic acids for zinc´s recovery using a
bioelectrolitic cell, B. Quiroga, E. de la Torre, Procedings
Hydroprocess 2014, GECAMINE, Viña del Mar, Chile, July
2014.
Application of unconventional methods to the treatment of
leachates contaminated with heavy metals, M. Ruiz, A. Guevara,
E. de la Torre, Procedings Hydroprocess 2014, GECAMINE,
Viña del Mar, Chile, July 2014.
350