La Psychologie Diffe Rentielle Acte 2014
La Psychologie Diffe Rentielle Acte 2014
La Psychologie Diffe Rentielle Acte 2014
Sous la direction de
Julie Collange
Even Loarer
Todd Lubart
Les différentes contributions présentées dans cet ouvrage proviennent des 21ème Journées Internationales de Psychologie Différentielle
qui ont été co-organisées par le Laboratoire Adaptations Travail – Individu de l’université Paris Descartes et l’INETOP du Table des matières
Conservatoire National des Arts et Métiers.
Ici, nous souhaitons remercier le Comité d’Organisation et le Comité Scientifique, ainsi que la Région Ile de France et l’Université
Paris Descartes pour le soutien financier apporté. Ensemble, tous ont contribué au succès de ces journées.
4 Introduction IV
6 L’explication causale et l’évolution de son statut
dans la perspective structurale de Maurice Reuchlin 81 Education et formation
Introduction temporelle dynamique, présente une contribution sur le caractère adaptatif des processus de régulation affective en fonction
du niveau d’anxiété des individus. Sarah Le Vigouroux, s’intéresse aux évolutions de la hiérarchie du répertoire des stratégies
de régulations émotionnelles au cours de l’âge adulte. Enfin, Amadou Meite présente une contribution sur l’influence d’une
Julie Collange (1), Even Loarer (2), & Todd Lubart (1) émotion particulière : l’émotion de colère dans le contexte de la conduite automobile en Côte-d’Ivoire. Les trois contributions
Les 21èmesJournées Internationales de Psychologie Différentielle se sont déroulées en 2014 à Paris du 18 au 20 juin. Ces 21èmes suivantes portent sur les adolescents. Géraldine Rouxel investigue les facteurs contextuels et personnels influençant l’adaptation
journées se devaient de refléter les évolutions de la psychologie différentielle au 21ème siècle. scolaire lors de la transition collège – lycée. Marion Botella s’intéresse à l’estime de soi et l’hyper-stimulabilité des collégiens
à « haut potentiel ». Enfin, Baptiste Barbot présente une échelle d’estime de soi multidimensionnelle adapté aux populations de
Ces journées ont également rendu un hommage à l’œuvre du pionnier de la psychologie différentielle en France : Maurice collégiens.
Reuchlin (1920-2015). Les recherches qu’il a pu conduire ont marqué non seulement la psychologie différentielle française, mais
plus largement la psychologie. Nous allons revenir brièvement sur son parcours. Le quatrième chapitre, intitulé « Education et formation » regroupe trois contributions. Éric Thiébaut s’intéresse aux fluctuations
émotionnelles lors d’apprentissage de langue en dyade. Isabelle Desit-Ricard examine l’influence de variables motivationnelles
Après une brève expérience d’instituteur, Maurice Reuchlin a commencé sa carrière de chercheur à l’Institut National sur les performances académiques d’étudiants de Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles. Enfin, Marguerite Akossi-Mvongo
d’Orientation Professionnelle (INOP, qui deviendra l’INETOP et sera rattaché au CNAM en 1939), sous la direction d’Henri cherche à savoir si, contrairement aux filles, l’estime de soi des garçons est contingente à leurs succès et échecs.
Piéron et de sa femme. Il travaillera alors à la validation des tests d’intelligence construits par le couple Piéron. Il occupa
ensuite un poste d’attaché au CNRS entre 1947 et 1950, puis devint chef du service recherche de l’INOP. Ce service fut ensuite Le dernier chapitre, intitulé « L’Homme et le travail : Evaluation, conseil et santé », est consacré à l’application de la psychologie
transformé en laboratoire de Psychologie Différentielle de l’EPHE, que Reuchlin dirigea. Grâce à l’appui de Fraisse, il devient différentielle au contexte professionnel. Ce chapitre débute par un texte de Ludovic Remy qui examine l’impact de la nature de
par la suite Professeur de Psychologie Différentielle à la Sorbonne, sans quitter ses fonctions à l’EPHE et à l’INETOP. Il maintint l’offre d’emploi sur la complétion d’une mesure de personnalité dans le cadre d’un recrutement et les différences individuelles.
ses différentes activités jusque dans les années 1980 (Reuchlin, 1992). Dominique Guédon présente ensuite une recherche des déterminants des atteintes à la santé des enseignants : le stress, le burnout
et le workaholisme. Les deux dernières contributions portent plus spécifiquement sur l’accompagnement des personnes en
Durant sa carrière, il s’intéresse notamment à la théorie des aptitudes, à la pratique de l’orientation, à l’histoire et à l’épistémologie situation de transition professionnelle. Laurent Sovet met en avant la problématique de l’évaluation du sens de la vie et du
de la psychologie, aux méthodes, mais également à l’idée que chaque individu dispose de plusieurs processus adaptifs qui peuvent sens du travail comme prémisse à l’accompagnement individuel. Enfin, Nicolas Guénolé, dans la cadre du conseil apporté aux
se substituer les uns aux autres (Reuchlin, 1992). Il dirigea plusieurs thèses de grands noms de la psychologie différentielle demandeurs d’emploi examine l’impact du conseil adaptatif sur différentes variables vocationnelles et la satisfaction vis-à-vis
notamment Jacques Lautrey, Michel Huteau, Michèle Carlier, ou encore Françoise Bacher. Autant de chercheurs, qui ont, à de ce type d’accompagnement.
leur tour, formé une nouvelle génération de chercheurs. Ainsi, Reuchlin a permis de faire émerger une école francophone de
psychologie différentielle qui articule la recherche fondamentale et la recherche appliquée (Lautrey, 2015). À travers son œuvre, L’édition 2014 des Journées Internationales de Psychologie Différentielle fut une nouvelle occasion de réaffirmer la richesse et
Maurice Reuchlin a ouvert des voies de recherche qui ont guidé l’activité des psychologues différentialistes jusqu’à nos jours. la diversité des recherches en psychologie différentielle, tout en insistant sur son profond impact sociétal. Nous espérons que le
Ces apports constituent, encore actuellement, le socle des recherches conduites en psychologie différentielle, et par la même 21ème siècle donnera à la psychologie différentielle les moyens de poursuivre et d’approfondir l’examen de la variabilité sous
l’identité de la discipline. toutes ses formes et permettra de progresser dans nos connaissances tout en offrant des perspectives d’actions sur le quotidien
des individus.
C’est cette identité qui a marqué les présentations et les débats scientifiques qui ont eu lieu durant les 21ème Journées Internationales
de Psychologie Différentielle, comme en témoignent les textes présentés dans ce volume. Cet ouvrage offre ainsi un panorama
des études actuelles des différences en psychologie.
Bibliographie
Au 21ème siècle, siècle du numérique, les modes de diffusion des connaissances scientifiques se sont diversifiées. Pour éditer
cet ouvrage, nous avons opté pour un format électronique, ou ebook. Il présente l’avantage de pouvoir être diffusé et partagé Lautrey, J. (2015). Hommage à Maurice Reuchlin (1920-2015). Bulletin de Psychologie, 6(540), 503–504.
largement au sein de la communauté de chercheurs et d’étudiants.
Reuchlin, M. (1992). Maurice Reuchlin. In F. Parot & M. Richelle (Eds.), Psychologues de Langue Française (pp. 207–220).
L’ouvrage s’ouvre sur un texte de synthèse relatif à l’œuvre de Reuchlin par Jacques Juhel intitulé « L’explication causale et Paris : Presses Universitaires de France.
l’évolution de son statut dans la perspective structurale de Maurice Reuchlin ». Ce texte permet de saisir toute la puissance
scientifique et la pertinence actuelle des travaux du pionnier de la psychologie différentielle. Les autres textes présentés ensuite
dans cet ouvrage s’organisent en cinq chapitres qui reflètent diverses orientations fondamentales et appliquées de la discipline.
Le premier chapitre, intitulé « Décrire et modéliser les différences individuelles », regroupe des contributions qui visent à étudier
la variabilité des dimensions psychologiques. Hervé Guyon s’intéresse aux modalités de l’étude de la variabilité et aux modèles
de mesure formatifs. Corentin Gonthier étudie la variabilité en mémoire de travail à l’aide de la neuro-imagerie. Les deux
contributions suivantes viennent apporter de nouvelles connaissances sur des mesures classiques en psychologie différentielle :
celle proposée par Sotta Kieng porte sur l’évaluation du fonctionnement différentiel dans les subtests de la WISC-IV ; alors que
la contribution de Christiane Kirsch explore différentes techniques d’évaluation dans un test de créativité.
Le deuxième chapitre porte sur « la cognition au quotidien ». Dans ce cadre, Maud Besançon s’intéresse à un mode de
communication devenu familier : les textos. Sa contribution porte plus précisément sur la créativité des individus lorsqu’ils
rédigent ce type de message. Ensuite, Sabrina Loquette présente une contribution sur l’évaluation des défaillances de la cognition
quotidienne plus particulièrement sur les défaillances dans les capacités attentionnelles. Enfin, toujours sur l’attention, Bruno
Kanga Bruner étudie l’influence d’un contexte de violences domestiques sur les capacités attentionnelles des enfants.
Un troisième chapitre regroupe des contributions qui portent sur les « émotions et la personnalité ». Ce chapitre comporte six
contributions dont trois s’intéressent aux adultes et trois aux adolescents. Pour les adultes, Anne Congard, via une approche
1 Université Paris Descartes, Centre Henri Piéron, UFR Institut de Psychologie, 71 avenue Edouard Vaillant, 92774 Boulogne-Billancourt
Cedex, France.
2 CNAM - Institut National d’Etude du Travail et d’Orientation Professionnelle (INETOP), 41, rue Gay Lussac, 75005, Paris.
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L’explication causale et l’évolution de son statut La notion de « complexe causal » (ibid, p. 391), qu’introduit alors Reuchlin, veut marquer l’absence de cause ultime et de niveau
ultime dans l’explication. Elle rend aussi nécessaire un remaniement de la description de la structure à chaque niveau de la
dans la perspective structurale de Maurice Reuchlin hiérarchie des niveaux d’observation. Elle préfigure en cela l’orientation structuraliste et fonctionnaliste qui sera désormais et
finalement celle de Reuchlin. Quelques trente-cinq ans plus tard, dans la présentation de l’introduction de Méthodes d’analyse
Jacques Juhel (1) factorielle à l’usage des psychologues, reproduite en 1999 dans son Evolution de la psychologie différentielle, Reuchlin fera part
de la distance qu’il prend désormais par rapport à la recherche causale, entendue au sens le plus strict, en écrivant : « J’attache
La psychologie différentielle, longtemps considérée comme une psychologie appliquée et cantonnée à une recherche technique,
encore à la recherche causale [en 1964] une importance que je nuance aujourd’hui » (Reuchlin, 1999, p. 143).
a connu un renouvellement considérable au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Le rôle joué par Reuchlin dans l’évolution
du statut scientifique de notre discipline est bien connu des membres de cet auditoire et nous savons tous ici ce que doit la Examinons maintenant plusieurs des points critiques soulevés par Reuchlin à l’égard de la recherche causale.
psychologie différentielle de langue française à ses réflexions et prises de position, nourries par une puissance intellectuelle et
une culture psychologique, méthodologique et épistémologique hors du commun. Reuchlin a su notamment attirer notre attention De l’explication causale à l’explication par un fonctionnement
sur les interactions réciproques que la psychologie différentielle est appelée à entretenir avec la psychologie générale, sur l’intérêt
d’une démarche structurale dans l’étude des conduites considérées dans les conditions habituelles de vie, sur l’importance des Il n’est bien sûr pas envisageable de rendre compte en quelques lignes du changement de perspective que semble suggérer le
hypothèses relatives aux processus vicariants ou sur les possibilités que les modèles structuraux offrent au psychologue pour titre de cette section. Je me limiterai à évoquer quelques aspects essentiels, par ailleurs abondamment discutés par Reuchlin dans
éprouver ses hypothèses de recherche. plusieurs de ses articles et ouvrages.
Malgré le risque couru à commenter une contribution scientifique d’une telle ampleur, c’est à cet exercice que je veux pourtant Il y a tout d’abord l’idée fondamentale d’une « absence de rupture épistémologique » (Reuchlin & Bacher, 1989, p. 227) entre la
me livrer en soumettant une lecture de la position de Reuchlin, et d’une certaine évolution de celle-ci, vis-à-vis de l’explication « description » et l’ « explication » des conduites considérées dans les conditions habituelles de vie. Les hypothèses explicatives
causale en psychologie différentielle. L’intention d’aborder cette question dans le présent texte est née de la mise en perspective posées à l’instant t naissent souvent en effet de l’observation à l’instant t-1 de faits auxquels ces hypothèses veulent ensuite donner
d’écrits traitant de la notion de causalité et publiés entre 1962 et 1995. Je rappellerai tout d’abord certaines considérations de sens. Reuchlin se demande donc si la description qui est le plus souvent guidée par des considérations théoriques implicites, ne
Reuchlin lorsqu’il interroge, dans son livre Méthodes quantitatives en psychologie (Reuchlin, 1962), la capacité de l’analyse peut être considérée, dans une certaine mesure, comme une explication non encore explicitée. Reuchlin s’interroge aussi sur les
factorielle à permettre l’imputation causale. J’évoquerai ensuite plusieurs de ses interrogations par rapport à l’explication causale critères de cohérence théorique et d’économie ainsi que sur « l’échelle des degrés d’intelligibilité » (Reuchlin, 1980, p. 243) qui
et l’adoption de la perspective à la fois structuraliste et fonctionnaliste qui, me semble-t-il, en a découlé. Je discuterai enfin guident classiquement l’orientation de l’explication et de l’interprétation vers plus d’articulation théorique, plus de simplicité
brièvement la notion de fonction telle qu’elle peut être mobilisée dans l’explication des conduites d’un système compris comme formelle. Ces interrogations l’amènent à critiquer l’approche élémentarisme et la vision ascendante du déterminisme de la
un ensemble de structures, de réseaux de relations entre éléments, dont le fonctionnement peut être analysé à différents niveaux conduite qui lui est le plus souvent associée. Elles le conduisent aussi, s’agissant des mécanismes de régulation de la conduite, à
d’organisation. se demander si l’hypothèse de processus vicariants (Reuchlin, 1978), éventuellement en interaction, n’est pas plus vraisemblable
que celle de singularité fonctionnelle selon laquelle le même effet a toujours la même cause.
Les difficultés de l’imputation causale en psychologie différentielle On notera ici l’influence d’une forme de fonctionnalisme dont une thèse importante, celle de la multiréalisabilité, est qu’une même
fonction peut être réalisée par des organisations différentes du système qui les porte. Cette influence est décelable très tôt chez
Lorsque Reuchlin est recruté en 1946 au service de recherches de l’INETOP, le modèle « théorique » généralement appliqué Reuchlin qui consacre, dès 1962, plusieurs pages au « fonctionnalisme probabiliste » de Brunswik. Il souligne à cette occasion
aux résultats des tests mentaux est l’analyse factorielle. On sait que ce modèle suppose que chaque test est sous la dépendance l’intérêt d’une conception qui cherche à décrire l’adaptation des individus aux caractéristiques contextuelles (Brunswik parle
d’une ou plusieurs caractéristiques latentes, ou facteurs et que l’existence (et l’organisation en structures) de ces facteurs est en 1955 du « fonctionnement vicariant » des indices discriminables par l’individu dans le milieu perçu), mais il regrette le refus
définie par l’organisation du comportement des individus que la structure des relations entre tests décrit chez ces derniers. Dans de Brunswik d’employer des variables intermédiaires et d’adopter « une attitude réservée à l’égard d’une analyse explicative »
cette conception, influente à l’époque, confirmer des classements de tests effectués a priori « permet d’admettre que tout se (Reuchlin, 1962, p. 341). Au cours des années suivantes, il affirme avoir adopté une perspective « ouvertement fonctionnaliste »
passe comme s’il existait un caractère psychologique des sujets examinés, qui soit associé à l’ensemble des tâches verbales par pour expliquer la « pensée naturelle » (Reuchlin, 1973, p. 394), met l’accent sur la signification fonctionnelle des situations
exemple, et qui rende compte du fait que les sujets favorisés dans l’une de ces tâches le soient aussi dans les autres » (Reuchlin, naturelles « dans lesquelles ont lieu plusieurs processus d’élaboration de la réponse, processus pouvant se substituer l’un à
1962, p. 157). On comprend alors que dans ce contexte, Reuchlin ait « cru trouver dans une perspective structurale, celle de l’autre » (Reuchlin, 1978, p. 134) ou suggère l’existence de certains mécanismes intégrateurs, à l’œuvre dans différents domaines,
l’analyse factorielle, une sorte de moyen terme pouvant concilier dans une certaine mesure les exigences de la pratique et qui présentent des caractéristiques fonctionnelles « se substituant aux « traits » de la conception structurale » (Reuchlin, 1980a,
celles de la recherche » (Reuchlin, 1995, p. 23-26) ou ait pu affirmer que l’analyse factorielle, en tant que permettant la mise à p. 295).
l’épreuve d’hypothèses précises, pouvait « contribuer, dans une certaine mesure, à la recherche expérimentale des causes d’un
phénomène, sans pouvoir cependant jamais établir seule l’imputation causale » (Reuchlin, 1964, p. 3). Il faut en conséquence reconnaître, allègue Reuchlin, que le statut des théories du psychologue qui étudie les conduites dans
leurs conditions habituelles, ne peut être que celui d’une « formalisation a posteriori d’une certaine situation dont les résultats
La position qu’adopte Reuchlin dans les Méthodes quantitatives en psychologie s’accompagne en effet de réserves à l’égard de ont fait l’objet d’une théorie intuitive » (Reuchlin, 1980b, p. 251) ou d’une théorie qui ne peut introduire qu’un ordre partiel et
l’explication causale, entendue comme elle pouvait l’être au 19e siècle. Il estime que les sous-structures ou variables intermédiaires relatif dans les observations effectuées. Ce point de vue conduit à considérer que « formuler une explication causale n’est plus
que sont les facteurs communs, si elles sont des causes possibles de variations, ne possèdent pas « certains caractères que l’on définir la « raison d’être » des phénomènes ». L’explication scientifique de phénomènes complexes s’apparente plutôt à « la
attribue volontiers, en première analyse, à l’explication causale [entendue au sens strict] » et que « les liens qu’elles introduisent construction d’un modèle intelligible » (ibid, p. 247), modèle par rapport auquel la notion de causalité devient alors relative. Ce
ne sont ni nécessaires, ni rigoureux » (Reuchlin, 1962, p. 362). Quels sont parmi ces caractères ceux qui manquent aux facteurs modèle peut être compris comme un outil pour expliquer un phénomène empirique donné. Il est explicatif dans la mesure où il
? Tout d’abord, la cause n’est pas antérieure à l’effet et l’effet ne disparaît pas dès lors qu’est supprimée la cause, puisque celle- rend intelligible la structure qui sous-tend le phénomène, l’organisation du réseau de relations qui détermine le phénomène que
ci est induite de l’effet. La relation n’a donc pas ici de caractère nécessaire. En outre, « l’imputation causale est en général la structure englobe.
impossible, de quelque façon que les résultats soient traités » (ibid, p. 379) puisqu’une même corrélation peut suggérer plusieurs
relations causales. Enfin, l’intervention de la cause, au niveau de description qui est celui du psychologue, étant incomplète et Etonnamment, Reuchlin marque au cours des années 70 une certaine circonspection à l’égard de l’analyse des pistes causales,
seulement traduite par un degré de relation, « les lois causales ne sont accessibles que sous la forme de lois de probabilité » (ibid, une méthode d’analyse qui, sous certains aspects, ignore pourtant le critère d’économie que la thèse de réalisabilité multiple
p. 374). L’explication causale, dans une acception plus large, resterait néanmoins envisageable dès lors que sont distingués des remet en cause. Reuchlin craint en effet qu’en privilégiant « un système dans lequel chaque variable peut être [strictement]
niveaux différents d’observation en relation les uns avec les autres, et que sont respectés certains critères de cohérence. déduite des autres » et auquel le psychologue confère « les caractères d’un système clos », « le champ d’application des méthodes
mathématiques d’analyse causale (cultivées en France et en sociologie notamment par Boudon) ne s’en trouve assez étroitement
limité » (ibid, p. 244). Il s’interroge à nouveau, quelques années plus tard, sur le « respect des conditions de récursivité et de
clôture nécessaires à l’imputation causale pour des variables décrivant le milieu habituel et les réponses du sujet à ce milieu »
1 Université Rennes 2, Centre de recherches en psychologie, cognition et communication (CRPCC). Place du recteur Henri Le Moal, CS
(Reuchlin & Bacher, 1989, p. 148).
24 307 / 35043 Rennes Cedex, France. Mel : jacques.juhel@univ-rennes2.fr
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Revenons brièvement sur les doutes qu’exprime Reuchlin, à cette époque, à l’égard des méthodes d’analyse causale. L’analyse de structure au sein de laquelle elle produit cet effet. Dans cette conception, expliquer un phénomène est identifier les fonctions,
dépendance qu’il prend comme exemple ne permet que des déductions entre des variables observées dont la cause est exactement les rôles des variables dans la structure en fonctionnement et modéliser l’organisation des fonctions du mécanisme qui génère
déterminée au sein du réseau de relations. Ce déterminisme strict semble en effet peu réaliste au niveau d’observation qui le phénomène (voir à ce sujet la notion de « fonction-rôle » développée par Cummins en 1975). Cette conception mécaniste est
est celui du psychologue. Mais cette remarque se justifie moins avec les modèles d’équations structurelles (par ex., LISREL, celle que les modèles structuraux de type LISREL appliquent à la structure d’ensemble ainsi qu’aux variables psychologiques
Jöreskog, 1970), introduits en France au début des années 80. Ces modèles offrent la possibilité de modéliser les relations considérées. Un des objectifs de la modélisation structurale est en effet de comprendre quelle est la fonction de ces variables
entre des sous-structures, les facteurs communs, qui constituent une généralisation hypothétique et peuvent avoir, à ce titre, en interprétant leur rôle en référence au fonctionnement de la structure. La détermination des fonctions des variables n’est pas
une fonction heuristique. Ils permettent également, lorsque certaines conditions d’identification sont respectées, de tester des causale (il ne s’agit pas d’un simple enchaînement de causes et d’effets) mais structurale, fonctionnelle. Ainsi, une même variable
relations non récurrentes entre facteurs communs. On sait enfin, s’agissant de la condition de clôture, que celle-ci présume que peut avoir un effet différent suivant l’état fonctionnel du système au sein duquel elle se trouve et une même fonction d’ensemble
toutes les variables non incluses dans le système n’ont pas de relation systématique avec celles incluses dans le système (par ex., peut être remplie par des structures ou des sous-structures différentes de variables.
aucune variable non incluse dans le système ne doit influencer simultanément deux variables qui y sont incluses). Il s’agit en effet
Dans la seconde conception, celle de la « fonction-but », il ne s’agit plus de tenter de comprendre la fonction d’un élément du
d’un « critère de réussite difficile à satisfaire » (Reuchlin, 1962, p. 416) quand d’autres causes possibles des variations constatées
point de vue de son effet, structuralement déterminé, sur le fonctionnement du système dont il fait partie. La fonction assumée
peuvent intervenir. Bien qu’il ne soit jamais certain que cette condition soit respectée, sa validité peut néanmoins être assurée par
par la structure en fonctionnement est de permettre à l’individu d’atteindre un objet-but. La causalité paraît alors s’inverser,
le choix du plan d’expérience et d’échantillonnage des variables en fonction des hypothèses structurales testées.
comme si l’effet sélectionné du fonctionnement (i.e., une certaine forme de réussite adaptative) pouvait expliquer la présence
de la structure qui l’exerce. C’est à la finalité adaptative des fonctionnements, à cette conception téléologique de la fonction,
Comprendre la causalité dans une approche fonctionnaliste de la structuration des conduites que Reuchlin semble attacher une importance particulière lorsqu’il écrit que « le rôle évident du fonctionnement d’une structure
est d’assurer une fonction, c’est-à-dire une contribution à une certaine forme d’adaptation (Reuchlin, 1995, p. 24) ou que « la
Dans son dernier ouvrage, intitulé Totalités, éléments, structures en psychologie, Reuchlin (1995) n’exprime plus la même
conduite a un but, un « propos », et c’est cette finalité qui va régir son organisation, lui conférer son unité » (ibid, p. 59). On
perplexité à l’égard des méthodes d’analyse causale. Les « modèles structuraux » (il faut comprendre ici les modèles d’équations
reconnaît ici un autre objectif de la modélisation structurale, en relation première et nécessaire avec les connaissances et les
structurelles comme LISREL) constituent désormais à ses yeux « une manifestation très significative de l’importance que prennent
hypothèses psychologiques sur le phénomène étudié : comprendre quelle est la fonction, dans un contexte donné, de la structure
les représentations structurales de la conduite » (ibid, p. 211). Ces « instruments de travail » offrent un cadre épistémologique
conceptuelle étudiée et à laquelle diverses structures empiriques peuvent être associées.
et méthodologique particulièrement adapté à l’étude scientifique des conduites dans des conditions habituelles de vie. Ils
permettent, écrit-il, d’éprouver « des hypothèses faisant intervenir la notion de cause », d’évaluer « la congruence entre les En conclusion, les points qui viennent d’être évoqués veulent illustrer l’intérêt porté par Reuchlin à une approche fonctionnaliste
relations observées et l’hypothèse » (ibid, p. 218). de la structuration des conduites adaptatives qui suppose leur contextualisation et dans laquelle coexistent plusieurs niveaux
d’organisation et de causalité. Il y a là matière à réflexion que nous n’avons sans doute pas fini d’épuiser…
Mais surtout, la notion même de cause évolue :
« La relation causale cesse d’être une relation bivariée reliant une variation de A à une variation ultérieure de B, de façon
invariable et inconditionnelle, lorsqu’il n’existe aucune autre cause pouvant agir concurremment sur l’observation de
B. Avec les modèles causaux, c’est seulement à l’échelle d’une structure de variables observables et/ou hypothétiques Bibliographie
que l’on peut « expliquer » la variation de B. Les actions s’exerçant sur B peuvent provenir simultanément de plusieurs Brunswik, E. (1955). Representative design and probabilistic theory in a functional psychology. Psychological Review, 62,
variables. Ces actions dépendent des relations (récursives ou non) qui s’établissent entre les variables qui les exercent 193-217.
sur B. Et B à son tour peut exercer une influence, conjointement avec d’autres (éventuellement certaines de celles qui
agissent sur B), sur d’autres variables. A la notion de variable-cause tend à se substituer la notion de structure de variables Cummins, R. (1975). Functional analysis. Journal of Philosophy, 72, 741-764.
en fonctionnement » (ibid, p. 220). Jöreskog, K.G. (1970). A general method for analysis of covariance structures. Biometrika, 57, 239-251.
Reuchlin affirme ici une conception fonctionnaliste de la structuration des conduites. A la compréhension structurale initiale Reuchlin, M. (1962). Les méthodes quantitatives en psychologie. Paris: PUF.
qui bravait « l’interdit positiviste à l’égard de la recherche des causes » (Reuchlin, 1962, p. 362) et voyait dans les facteurs
Reuchlin, M. (1964). Méthodes d’analyse factorielle à l’usage des psychologues. Paris: PUF.
communs des constructions rationnelles susceptibles de fournir un certain type d’explication causale, succède une conception
qui cherche à mieux s’appliquer à l’explication d’un fonctionnement et donne plus d’importance aux fonctions qu’aux causes. Reuchlin, M. (1973). Formalisation et réalisation dans la pensée naturelle : une hypothèse. Journal de Psychologie, 70, 309-408.
L’étude des conduites en conditions « naturelles » passe alors par l’observation systématique des propriétés d’un système de
Reuchlin, M. (1978a). Un essai d’analyse de la distinction « psychologie en laboratoire », « psychologie sur le terrain ». Le
variables choisies sur la base des connaissances et hypothèses psychologiques relatives au domaine considéré. L’examen des
Travail Humain, 41, 319-324.
propriétés du système, et de ce qu’elles impliquent du point de vue de l’organisation des relations entre variables, conduit à la
formalisation abstraite d’une structure en fonctionnement, parmi d’autres envisageables. Cette structure fonctionnelle guide Reuchlin, M. (1978b). Processus vicariants et différences individuelles. Journal de Psychologie, 2, 133-145.
l’étude du mécanisme générateur des données que l’évolution des techniques de modélisation mathématique rend aujourd’hui Reuchlin, M. (1980a). Les modèles expérimentaux et la clinique psychiatrique. Confrontations psychiatriques, 30, 283-297.
possible. Si les assertions du modèle sont compatibles avec les données, le mécanisme empirique « confirme » la structure
formelle. Si tel n’est pas le cas, il faut alors modifier certains aspects de la structure ou en envisager une autre qui guidera l’étude Reuchlin, M. (1980b). Théories en psychologie : explication et interprétation psychologiques. In M. Richelle & X. Seron (dir.),
du mécanisme de génération des données dont la compatibilité avec les données sera à nouveau évaluée. L’explication en psychologie (pp. 237-260). Paris: PUF.
Cette manière d’envisager l’explication par un fonctionnement conduit à s’interroger sur le sens donné à la notion de fonction. Reuchlin, M. (1990). Les niveaux d’observation et d’explication en psychologie : un débat épistémologique et institutionnel.
Reuchlin (1990) évoque deux façons de comprendre cette notion, chacune d’entre elles faisant référence à des niveaux d’activité In M. Reuchlin, M., F. Longeot, C. Marendaz, & T. Ohlmann (dir.), Connaître différemment (pp. 19-32). Nancy : Presses
distincts. La fonction peut d’abord renvoyer aux lois qui régissent le déroulement de l’activité, à des mécanismes. Le mécanisme Universitaires de Nancy.
peut être restreint à un enchaînement de causes et d’effets ou être envisagé en référence à un système, c’est-à-dire en termes Reuchlin, M. (1995). Totalités, éléments, structures en psychologie. Paris: PUF.
d’organisation. Mais, au-delà de l’explication d’un phénomène par « la description du fonctionnement qui suscite son apparition,
[…] on peut franchir un pas de plus et observer que ce fonctionnement paraît s’expliquer par sa fonction, par le rôle qu’il paraît Reuchlin, M. (1999). Evolution de la psychologie différentielle. Paris: PUF.
jouer dans l’adaptation » (Reuchlin, 1995, p. 277). La fonction fait alors référence à « la finalité apparente » (Reuchlin, 1990, p. Reuchlin, M., & Bacher, F. (1989). Les différences individuelles dans le développement cognitif de l’enfant. Paris: PUF.
21) de l’activité de l’individu dans une situation donnée, à son orientation vers un objet-but prioritaire. Revenons brièvement sur
chacune de ces conceptions.
La fonction, dans sa première acception, est le rôle d’une variable dans le fonctionnement du système, l’effet utile pour la
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Les modèles de mesure formatifs sont-ils nécessairement instables ? Au contraire, les mesures réflectives qui par définition sont les manifestations du construit ne dépendent que de la variation du
construit. Elles seraient donc moins sujettes à l’instabilité de leurs paramètres « loadings». Cette indépendance entre les mesures
Une discussion basée sur des simulations Monte Carlo réflectives relativement au construit –le construit existe indépendamment de ses mesures- est l’essence même de la notion de
mesure au sens de la théorie classique du test.
Hervé GUYON(1), Mouloud TENSAOUT(2)
Concrètement, dans la figure 3, les paramètres estimés des coefficients γ (les indicateurs formatifs) risquent d’être différents dans
les deux modèles du fait de l’introduction de Y3 et Y4 au lieu de Y1 et Y2 comme variables endogènes.
Introduction
Figure 3 : Un modèle de mesure formatif avec des variables endogènes différentes
Le cadre des modèles structuraux constitue pour la psychologie différentielle le standard pour la validation des mesures. Une
discussion académique existe sur la légitimité d’introduire des mesures formatives dans un modèle structurel (SEM). Contrairement
aux mesures réflectives définies comme les manifestations d’un construit (Figure 1), les indicateurs formatifs sont vues comme
les causes de la genèse du construit (Figure 2) (Bollen & Lennox, 1991; Edwards & Bagozzi, 2000; Fornell & Bookstein, 1982;
MacCallum & Browne, 1993). Depuis les articles de Diamantopoulos & Winklhofer (2001) et Jarvis, Mackenzie, Podsakoff,
Mick, & Bearden (2003), l’usage de ces mesures est maintenant courant dans les applications empiriques de nombreux champs
disciplinaires (sociologie, psychologie, marketing, management etc.).
Figure 1 : Un modèle de mesure réflectif avec une variable latente η de premier ordre.
Bollen (2007) soulève une faiblesse essentielle dans la méthodologie de Howell et al. (2007a), à savoir l’absence du modèle
théorique qui a permis de générer les matrices des variances-covariances entre les différentes mesures utilisées. Ainsi pour Bollen
d1 (2007) cette instabilité mise en évidence par Howell et al. (2007a) ne serait que la conséquence d’une mauvaise spécification du
Y1 modèle de mesure formatif.
d2 La discussion académique rapporte plusieurs autres articles illustrant ce problème d’instabilité, cependant, l’hypothèse que cette
x Y2 instabilité découlerait avant tout d’une mauvaise spécification du modèle de mesure formatif n’a pas été discutée d’une manière
plus généralisable que de simples contre-exemples. De plus, cette instabilité des estimations demande à être caractérisé d’une
façon plus précise que le simple constat de variations des paramètres estimés dans différentes configurations. L’objet de notre
Y3 d3
travail est, à partir de simulations Monte Carlo, d’enrichir ce débat dans ce sens.
R (colinéarité entre les indicateurs formatifs) : de 0 à 0,8 par pas de 0,2. interprétation confondante) pour CB-SEM dans le cas d’un SEM avec le « critère de proximité » et les paramètres estimés du
modèle structurel (λ) fiables. Nous ajoutons une colonne qui indique si, dans un tel cadre, les estimations des γ (coefficients
Au total, nous avons 700 configurations, simulées 500 fois chacune, et estimées chacune avec PLS-SEM (approche basée sur les
des indicateurs formatifs) sont stables ou potentiellement instables. Le critère essentiel étant alors de n’avoir pas une trop
moindres carrés partiels) et CB-SEM (approche basées sur les covariances).
forte corrélation (R) entre ces indicateurs (multicolinéarité). Les seuils de validité du tableau 2 permettent de considérer que
les paramètres estimés (SMC, λ, R) sont stables, ce qui autorise le praticien à pouvoir utiliser cette grille de validation de son
modèle de mesure. Nous avons vu que les estimations des l étaient fiables ; concernant la fiabilité de l’estimation du SMC, nous
Critères renvoyons le lecteur à Tensaout & Guyon (2013) ; par ailleurs, la corrélation entre des indicateurs formatifs, R, est estimée par
une procédure ad hoc et ne dépend pas du modèle SEM spécifié.
Les études empiriques sur l’instabilité potentielle des estimations des mesures formatives se fait souvent sur la simple base de
« modification » des estimations des indicateurs formatifs, γ, du modèle de mesure. Il nous parait nécessaire de poser a priori une
règle de décision plus précise fondée sur le coefficient de corrélation linéaire entre deux variables, le test de comparaisons des
Tableau 2 : Guide de validation d’un modèle de mesure formatif avec CB-SEM
paramètres ou des fits de deux modèles rivaux.
Nous poserons 4 critères différents permettant de vérifier l’hypothèse d’instabilité d’un modèle de mesure formatif : le « Critère Echantillon N SMC λ Cadre de stabilité des mesures formatives
des γ » qui repose sur la comparaison entre les estimations empiriques des paramètres des indicateurs formatifs et leurs valeurs 200 0,6 ≤ SMC ≤ 0,8 ≥ 0.8 R ≤ 0.2
théoriques. Il s’agit de s’assurer que les paramètres estimés ne divergent pas de leurs valeurs théoriques à l’aide des intervalles de
confiance contrôlés par Bonferronni ; le « Critère d’identité » qui vérifie que le score empirique de la latente formative ne diverge
0,6 ≤ SMC ≤ 0,8 ≥ 0.6 λ ≥ 0.8 et R ≤ 0.4
pas du score théorique par un test sur la corrélation posée à 1 ; le « Critère de proximité» qui considère qu’une corrélation entre 300
≥ 0.8 ≥ 0.8
le score empirique et le score théorique doit être supérieur à 0.80, par un test statistique de signification de cette corrélation (en
s’appuyant sur Chin, 2010) ; enfin le « critère des λ » qui consiste à évaluer le biais moyen relatif des λ (coefficients du modèle 0,6 ≤ SMC ≤ 0,9 ≥ 0.6 R < 0.4 ou R ϵ [0.4 ;0.6] et λ≥0.8
500
structurelle) et le comparer au seuil de signification de 5%. Il est considéré comme non significatif au-dessus de cette valeur de ≥ 0.9 ≥ 0.8 R≤ 0.6
5%. Dans le cas contraire, les estimations des liens structurels entre les construits sont biaisées et donc divergent des valeurs 0,6 ≤ SMC ≤ 0,9 ≥ 0.6
R < 0.4 Ou R ϵ [0.4 ; 0.6] et λ ≥ 0.8
théoriques. ≥ 750
≥ 0.9 ≥ 0.8 Résultats non biaisés
Lorsqu’une ou plusieurs de ces conditions n’est pas satisfaite, le modèle formatif estimé est potentiellement instable et la
signification du construit mesuré par ces indicateurs relativement à celle définie a priori par le chercheur est questionnée.
Lecture : Valeur(s) seuil(s) concernant la taille de l’échantillon N, le SMC, les liens structurels (λ) et le coefficient de
corrélation R afin d’obtenir un modèle formatif stable. Lorsque ces seuils ne sont pas satisfaits, il y a un risque d’instabilité.
Ainsi avec un modèle correctement spécifié, et un échantillon de taille N=200, il suffit d’observer un λ ≥ 0.8, et 0,6 ≤ SMC ≤
Résultats 0,8, ou alors R ≤ 0.2. Les autres lignes se lisent de la même manière.
Nous donnons des tableaux synthétiques de nos résultats.
Jarvis, C. B., Mackenzie, S. B., Podsakoff, P. M., Mick, D. G., & Bearden, W. O. (2003). A Critical Review of Construct De façon générale, l’étude systématique de ces relations peut permettre d’informer les psychologues différentialistes en apportant
Indicators and Measurement Model Misspecification in Marketing and Consumer Research. Journal of Consumer Research, un éclairage nouveau sur la variabilité. Par exemple, l’origine des différences inter-individuelles et des relations observées
30(2), 199–218. entre les construits constitue une question centrale en psychologie différentielle : mesurer des corrélations ne renseigne pas
nécessairement sur les processus cognitifs qui en sont à l’origine. Or, certaines aires cérébrales sont impliquées de façon centrale
Kim, G., Shin, B., & Grover, V. (2010). Investigating Two Contradictory Views of Formative Measurement in Information dans certains processus cognitifs. Examiner les différences d’activité cérébrale en lien avec les différences de performance
Systems Research. MIS Quarterly, 34(2), 345–A5. cognitive peut donc nous renseigner sur les processus à l’œuvre dans la génération des différences inter-individuelles. À titre
MacCallum, R. C. & Browne, M. W. (1993). The use of causal indicators in covariance structure models: Some practical issues. d’illustration, nous présenterons une expérience dans le cadre de laquelle la neuroimagerie permet de répondre à une question
Psychological Bulletin, 114(3), 533–541. posée par la psychologie différentielle.
Tensaout, M. & Guyon, H. (2013). Spécification et estimation d’un mes avec des variables latentes formatives endogènes.
Congrès SFDS, Toulouse. Quelle relation entre mémoire de travail et contrôle cognitif ?
La mémoire de travail (MDT), définie comme le maintien et le traitement simultanés de l’information, implique un rôle central
du contrôle attentionnel. On suppose notamment que les participants dotés d’une forte capacité en MDT sont avant tout ceux qui
bénéficient d’un contrôle attentionnel efficace (Engle & Kane, 2004). Toutefois, un problème récurrent est de savoir comment
opérationnaliser la notion de contrôle attentionnel (pour une revue, voir Gonthier, 2014) : comment définir, comment mesurer
cette aptitude ?
Une solution possible est de s’appuyer sur les modèles computationnels du contrôle cognitif, tels que le modèle à deux mécanismes
de contrôle (Braver, Gray, & Burgess, 2007). Ce modèle propose qu’il existe deux mécanismes de contrôle cognitif : le contrôle
proactif, qui consiste à anticiper l’apparition d’une situation ou d’un stimulus nécessitant un contrôle, et à implémenter le
contrôle de façon préparatoire ; et le contrôle réactif, qui consiste à attendre l’apparition du stimulus critique pour implémenter
un contrôle de façon réactive. On peut supposer que les participants à forte capacité en MDT ont une plus forte tendance à utiliser
le mécanisme de contrôle proactif, plus efficace dans la plupart des situations (Redick & Engle, 2011).
Tester cette hypothèse ne devrait pas poser de problème particulier : le contrôle proactif donne lieu à un pattern de résultats
caractéristique, où la performance est plus élevée lorsque la réponse à un stimulus peut être prédite sur la base d’informations
contextuelles, et plus faible lorsque les informations contextuelles conduisent à préparer une réponse erronée ; des résultats
inverses sont observés pour le contrôle réactif (Braver et al., 2007). Le problème est que les participants à forte capacité en MDT
tendent à obtenir une performance systématiquement plus élevée (voir Redick & Engle, 2011), pour des raisons qui ne sont pas
nécessairement liées au contrôle cognitif (par exemple, une plus grande vitesse de traitement de l’information ; Fry & Hale,
1 Université Rennes 2, Laboratoire CRPCC, Place du recteur Henri Le Moal, CS 24307, 35043 Rennes cedex, France. Mel : corentin.
gonthier@univ-rennes2.fr
2 Université Pierre Mendès France, Laboratoire LPNC
3 Université de Savoie, Laboratoire LPNC
18/118 19/118
2000). Ce problème limite très fortement l’interprétabilité des résultats comportementaux dans le contexte des tâches évaluant Résultats et discussion
le contrôle proactif.
La neuroimagerie offre une solution appropriée dans ce cas de figure. En effet, l’implémentation d’un contrôle proactif repose Données comportementales
sur un substrat neurologique décrit de façon précise, et représenté notamment par une activité soutenue du cortex dorsolatéral
préfrontal (DLPFC) mise en place de façon préparatoire, c’est-à-dire avant l’apparition du stimulus cible (Paxton, Barch, Racine, Les participants du groupe à forte capacité de MDT ont démontré des temps de réponse plus rapides que les participants du
& Braver, 2008). Si la MDT est effectivement associée à l’utilisation du contrôle proactif, alors les participants dotés d’une forte groupe à faible capacité de MDT sur deux des quatre types d’essais de l’AX-CPT (essais BX et BY), p < .001 pour les deux. Les
capacité en MDT devraient présenter une activité soutenue plus importante du DLPFC pendant la période précédant l’apparition différences entre groupes n’étaient pas significatives pour les deux autres types d’essais. Ces résultats, similaires à ceux observés
d’un stimulus, et ce, indépendamment de leurs performances comportementales (pour un argument similaire, voir MacDonald dans la littérature (ex. Redick & Engle, 2011), pourraient suggérer que les participants à forte capacité de MDT ont une plus forte
& Carter, 2003). tendance à utiliser un contrôle proactif, mais ne permettent pas de conclure de façon univoque.
Dans ce contexte, l’analyse de l’activité cérébrale permet donc d’accéder à un niveau de mesure supplémentaire, et de contourner
les limitations des mesures comportementales pour évaluer de façon plus directe une hypothèse de psychologie différentielle.
Activité cérébrale
Sauf mention contraire, l’activité cérébrale d’une région était considérée comme significative si elle recouvrait au moins cinq
voxels contigus statistiquement significatifs au seuil de .05 avec contrôle du False Discovery Rate (FDR).
Méthode Réseau global impliqué dans la tâche
Cette expérience a été approuvée par un Comité de Protection des Personnes (CPP Sud-Est V), sous le numéro d’approbation La première série d’analyses visait à décrire le réseau d’aires cérébrales impliqué dans la tâche d’AX-CPT. Nous avons contrasté
13-CHUG-47. La méthodologie est présentée ci-après de façon abrégée (pour plus de détails, voir Gonthier, 2014). l’activité cérébrale pendant la tâche avec l’activité cérébrale pendant les blocs de fixation à l’aide d’un test t de Student, tous
participants confondus.
Participants Les résultats ont montré qu’une grande partie du cerveau faisait preuve d’une activité plus importante pendant la tâche par rapport
aux blocs de fixation (aire totale = 12689 voxels). Les régions activées incluaient notamment le DLPFC droit (aire de Brodmann
Les participants à l’expérience étaient sélectionnés sur la base d’un pré-test permettant d’évaluer leur capacité en MDT. Un
9, 133 voxels, coordonnées MNI x = 47, y = 33, z = 27, t = 4.08) ainsi qu’une petite partie du cortex cingulaire antérieur (aire
échantillon de 106 étudiants a complété une tâche de mémoire de travail, l’empan complexe composite (Gonthier, Thomassin, &
de Brodmann 32, 12 voxels, coordonnées MNI x = -13, y = 16, z = 45, t = 3.27). Ces données suggèrent que la tâche d’AX-CPT
Roulin, 2015). Cette tâche comprend trois subtests - un empan de lecture, un empan de symétrie et un empan d’opérations - qui
présentait bien des demandes en termes de contrôle cognitif.
permettent d’extraire une mesure transversale de la capacité en mémoire de travail.
Aires cérébrales associées à l’utilisation du contrôle proactif
Les participants situés dans le premier ou le quatrième quartile de la distribution des scores de MDT étaient invités à participer
à l’expérience proprement dite. L’échantillon final comprenait 35 participants (16 participants à faible capacité en MDT et 19 La seconde série d’analyses a porté sur les régions spécifiquement associées à la mise en place du contrôle proactif. Nous avons
participants à forte capacité en MDT ; quatre hommes ; âges compris entre 18 et 26 ans). contrasté l’activité cérébrale préparatoire pendant la période précédant l’apparition de la seconde lettre d’un essai avec l’activité
cérébrale consécutive à l’apparition de la seconde lettre à l’aide d’un t de Student, tous participants confondus (voir Paxton et
Matériel et procédure al., 2008).
Les données ont mis en évidence une activité anticipatoire significative dans un certain nombre de régions du lobe frontal,
Dans un délai d’un mois suivant le pré-test de mémoire de travail, les participants sélectionnés étaient conviés à participer à
incluant notamment le gyrus frontal supérieur (aires de Brodmann 6/8, 377 voxels, coordonnées MNI x = 7, y = 21, z = 57,
l’expérience, consistant à réaliser une tâche de contrôle cognitif dans le cadre d’un examen de leur activité cérébrale grâce à
t = 4.08), le gyrus frontal inférieur (aires de Brodmann 45/47, 173 voxels, coordonnées MNI x = 52, y = 18, z = 2, t = 5.55), le
l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
gyrus cingulaire antérieur (aire de Brodmann 24, 27 voxels, coordonnées MNI x = -1, y = -25, z = 41, t = 5.32), et une petite partie
La tâche de contrôle cognitif utilisée était l’AX-CPT, un paradigme développé dans le contexte du modèle à deux mécanismes du DLPFC gauche (aire de Brodmann 9, 5 voxels, coordonnées MNI x = -3, y = 51, z = 22, t = 4.03). Là encore, les données
de contrôle pour évaluer le contrôle proactif et le contrôle réactif. Chaque essai de la tâche présente une série de deux lettres suggèrent donc une sensibilité du paradigme expérimental à la mise en place d’un contrôle proactif par les participants.
séparées par un court délai ; le participant a pour consigne de donner une réponse «cible» lorsqu’il voit apparaître la lettre X, et ce
Différences inter-individuelles d’activité cérébrale en fonction de la capacité en MDT
uniquement si la lettre précédente était un A. Le contrôle proactif se manifeste sous la forme d’une activité anticipatoire soutenue
au sein du DLPFC, pendant le délai qui sépare la première de la seconde lettre (Paxton et al., 2008). La dernière série d’analyses visait à tester notre hypothèse d’intérêt : la différence d’utilisation du contrôle proactif en fonction
des différences inter-individuelles de capacité en MDT. Nous nous attendions à ce que les participants du groupe à forte capacité
Les paramètres de la tâche étaient adaptés de l’étude princeps de Paxton et collaborateurs (2008). Chaque lettre était présentée
en MDT présentent une activité anticipatoire plus importante au niveau du DLPFC que les participants à faible capacité en MDT.
pendant 300ms, et les deux lettres étaient séparées par un délai de 4700ms. Les participants avaient pour consigne de donner
Cette hypothèse a été évaluée par l’intermédiaire d’une analyse analogue à celle de Paxton et collaborateurs (2008) : nous avons
une réponse «cible» en appuyant sur un bouton à l’aide de leur index lorsqu’ils voyaient apparaître un X, mais uniquement si la
testé le lien entre mémoire de travail (groupe à faible capacité en MDT vs. groupe à forte capacité en MDT) et utilisation du
lettre précédente était un A, et de donner une réponse «non-cible» en appuyant sur un bouton à l’aide de leur majeur dans tous
contrôle proactif (elle-même indexée par le contraste entre l’activité anticipatoire et l’activité consécutive à l’apparition de la
les autres cas. Une réponse «cible» était requise sur 70% des essais. Au total, les participants réalisaient 120 essais de l’AX-CPT,
deuxième lettre d’un essai) à l’aide d’un test t de Student.
répartis en trois blocs de 40 essais. Une croix de fixation était présentée pendant 30 secondes après chaque bloc d’essais, de façon
à permettre une estimation de la ligne de base de l’activité cérébrale. Cette analyse n’a révélé aucune région présentant une différence significative d’activité soutenue anticipatoire entre les
participants à faible capacité en MDT et les participants à forte capacité en MDT, à l’encontre de notre hypothèse. Augmenter
Les données IRMf étaient acquises à l’aide d’un imageur Philips 3.0 Tesla Achieva TX ; chaque image fonctionnelle comprenait
le seuil de significativité à .05 sans correction n’a pas non plus révélé de lien significatif entre mémoire de travail et activité
une série de 44 coupes axiales contiguës, acquises en ordre ascendant en utilisant une séquence écho planar (EPI) pondérée en
cérébrale.
T2* (TR = 2500ms, TE = 30ms). Les images étaient ensuite soumises à une série d’étapes de pré-traitement (voir Gonthier, 2014).
L’analyse statistique des données IRMf était comparable à celle de l’étude princeps de Paxton et collaborateurs (2008) : l’activité Les résultats conduisent donc à la conclusion que le contrôle attentionnel plus efficace des participants à forte capacité en MDT
cérébrale de chaque participant au cours d’un essai était estimée à l’aide d’une modélisation en finite impulse response (FIR), ne peut pas s’interpréter en termes d’une plus grande utilisation du contrôle proactif par ces participants dans le contexte du
ce qui permettait d’estimer séparément l’activité anticipatoire pendant la période précédant l’apparition de la seconde lettre, et paradigme étudié, en dépit de la sensibilité de ce paradigme à l’utilisation du contrôle proactif par les participants et du lien
l’activité réactive consécutive à l’apparition de la lettre. Le contraste entre ces deux points de mesure permettait d’estimer le observé entre capacité en MDT et performance comportementale.
degré d’utilisation du contrôle proactif par le participant.
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Conclusion Mohr, P. N. C., & Nagel, I. E. (2010). Variability in brain activity as an individual difference measure in neuroscience? The
Journal of Neuroscience, 30(23), 7755-7757. doi: 10.1523/JNEUROSCI.1560-10.2010
L’expérience présentée ci-dessus illustre de quelle façon la neuroimagerie peut permettre de répondre aux questions de recherche
Paxton, J. L., Barch, D. M., Racine, C. A., & Braver, T. S. (2008). Cognitive control, goal maintenance, and prefrontal
de la psychologie différentielle : lorsque les performances comportementales n’offrent pas d’informations univoques sur la
function in healthy aging. Cerebral Cortex, 18(5), 1010-1028. doi:10.1093/cercor/bhm135
nature de la variabilité inter-individuelle, l’étude de l’activité cérébrale peut permettre d’élucider le détail des processus cognitifs
à l’origine des différences entre participants. Redick, T. S., & Engle, R. W. (2011). Integrating working memory capacity and context-processing views of cognitive control.
The Quarterly Journal of Experimental Psychology, 64(6), 1048-1055. doi:10.1080/17470218.2011.577226
Les possibilités offertes par la neuroimagerie à la psychologie différentielle ne vont pas sans un certain nombre de contraintes.
Ces contraintes sont d’abord théoriques : la neuroimagerie ne peut éclairer les différences inter-individuelles qu’à la condition Yarkoni, T., & Braver, T. S. (2010). Cognitive neuroscience approaches to individual differences in working memory and
que le chercheur dispose d’un modèle doté d’un fondement neurologique qui permettra d’interpréter l’activité cérébrale executive control: Conceptual and methodological issues. In A. Gruszka, G. Matthews, & B. Szymura (Eds.), Handbook of
observée. Les contraintes techniques ne doivent pas non plus être négligées. L’IRMf par exemple est particulièrement adaptée individual differences in cognition: Attention, memory, and executive control. (pp. 87-107). New York, NY, US: Springer Science
à des tâches simples et pouvant être contrastées avec une condition contrôle bien identifiée. De plus, le coût important de + Business Media. doi:10.1007/978-1-4419-1210-7_6
l’imagerie fonctionnelle en temps et en ressources tend à s’opposer à la collecte de grands échantillons, ce qui pose à l’approche
différentielle des problèmes qui doivent faire l’objet d’une considération particulière (voir Yarkoni & Braver, 2010).
Bien que notre exemple s’appuie sur l’utilisation de l’IRMf, d’autres méthodes d’imagerie sont particulièrement adaptées à
l’approche différentielle. L’électro-encéphalographie (EEG), de par son excellente résolution temporelle et son faible coût par
participant, offre un excellent regard sur les processus en jeu dans les tâches de mémoire (Gonthier & Hot, 2013) tout en
autorisant la collecte d’échantillons de taille importante. En dehors des méthodes d’imagerie cérébrale proprement dites, des
travaux récents illustrent l’intérêt de l’oculométrie pour l’étude des différences inter-individuelles (ex. Jarosz & Wiley, 2011).
Pour conclure, notons que l’association possible entre neuroimagerie et approche différentielle ne se limite pas à l’utilisation de
la neuroimagerie pour répondre à des problématiques de psychologie différentielle : à l’inverse, l’approche différentielle peut
constituer un excellent outil pour le champ des neurosciences cognitives. À titre d’illustration, une tâche cognitive implique
souvent l’activation de vastes réseaux d’aires cérébrales ; il n’est pas toujours aisé de définir lesquelles de ces aires sous-
tendent directement la performance. En évaluant au sein de quelles régions le niveau d’activité corrèle avec la performance
comportementale, l’approche différentielle peut permettre de déterminer quelles aires cérébrales apportent une contribution
critique à l’efficacité d’un processus cognitif. L’évaluation des différences inter-individuelles a donc un rôle à jouer dans le
contexte des méthodes les plus récentes d’étude du fonctionnement cognitif.
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Évaluation du fonctionnement différentiel des items et de l’influence différentiel sur les items proposés par les subtests de l’IMT et d’autre part, il n’est pas possible d’ajuster un modèle de réponse à
l’item sur les données des subtests de l’IVT. Il n’y a donc que 7 subtests dont la variable latente peut être estimée avec un modèle
de diverses variables sociodémographiques dans les subtests du WISC-IV de mesure tiré des modèles de réponse à l’item. Les subtests avec des items à cotation dichotomique (Identification de concepts,
Matrices et Complètement d’images) sont modélisés par un modèle de réponse à l’item logistique à 2 paramètres (2 PL). Quant
Sotta Kieng (1,2), Philippe Golay (3,4), & Thierry Lecerf (1,2) aux subtests avec des items à cotation polytomique (Cubes, Similitudes, Vocabulaire et Compréhension), ils sont modélisés
par un modèle de réponse à l’item gradué de Samejima (Samejima, 1970, 1997). Toutes les analyses ont été réalisées avec le
programme Mplus 7.2 de Muthén & Muthén.
Introduction
Pour l’adaptation française du WISC-IV – quatrième édition de l’Échelle d’Intelligence de Wechsler pour Enfants et Adolescents Résultats
(Wechsler, 2005)–, une pré-expérimentation sur des échantillons de 220 enfants issus de régions françaises et 125 enfants belges
ont abouti à la sélection des items possédant les qualités métriques requises.
Évaluation de l’unidimensionnalité des items
Comme la validité de l’interprétation des scores est compromise par des items biaisés, les objectifs de cette étude sont d’évaluer
l’influence des variables âge, sexe et professions des parents sur les items du WISC-IV pour un large échantillon d’enfants Avant de modéliser le fonctionnement des items, on procède à l’évaluation de l’unidimensionnalité des items de chaque
Suisse-Romands. Les proportions de variance expliquée par l’âge, le sexe et le statut socio-économique des parents seront subtest. Le modèle unidimensionnel postule que chaque subtest évalue une dimension psychologique principale. La dimension
examinées, ainsi que le fonctionnement différentiel des items. psychologique évaluée par le subtest prédit à elle seule les performances sur chacun des items (voir Figure 1). Selon ce postulat,
la réussite (ou l’échec) aux différents items d’un subtest devrait uniquement dépendre du niveau du sujet sur la variable latente
évaluée par le subtest, et donc ne pas être influencée par d’autres variables. Par exemple, pour le subtest Vocabulaire, on suppose
que la dimension psychologique évaluée est principalement de la compréhension verbale ; le niveau du sujet sur le raisonnement
Méthode ou la visualisation ne devrait pas influencer la réussite (l’échec) des items de ce subtest.
Sujets
Figure 1 : Modèle unidimensionnel logistique à 2 paramètres (2 PL) ou gradué de Samejima.
L’échantillon se compose de 483 enfants (230 garçons) non consultants de 7 à 12 ans (âge moyen = 9.04 ans ; écart type
= 1.31 an). Les enfants proviennent d’une vingtaine d’établissements scolaires du canton de Genève. Choisis au hasard, les
sujets forment un échantillon relativement représentatif de la population d’enfants genevois au niveau de la variable sexe. En
comparaison avec les statistiques du département de l’instruction publique (DIP) du Canton de Genève5, il y a 50% de garçons
et 50% de filles dans les écoles publiques genevoises contre 48% de garçons et 52% de filles dans notre échantillon. Quant à
la répartition des catégories socio-professionnelles des parents, l’échantillon comporte une surreprésentation d’enfants dont
les parents appartiennent à la catégorie « Cadre supérieurs et dirigeants » (32% contre 20%) et une sous-représentation pour
la catégorie « Ouvriers, divers et sans indication » (32% contre 35%). Nos critères d’exclusion étant la langue et le parcours
scolaire, seuls les enfants francophones qui n’ont ni doublé ni sauté une ou plusieurs classes ont été retenus.
Instrument
Le WISC-IV a été standardisé sur un échantillon de 1’103 enfants âgés de 6 à 16 ans 11 mois. Cette batterie de tests se compose
de 10 subtests obligatoires et de 5 subtests optionnels. En plus de fournir un QI Total (QIT), le WISC-IV propose également un Pour évaluer l’unidimensionnalité des items d’un subtest, on spécifie donc un modèle avec 1 variable latente réflective qui
Indice de Compréhension Verbale (ICV), un Indice de Raisonnement Perceptif (IRP), un Indice de Mémoire de Travail (IMT) et explique les résultats sur chacune des variables manifestes comme illustré dans la Figure 1. En accord avec les recommandations
un Indice de Vitesse de Traitement (IVT). de plusieurs auteurs (Hooper, Coughlan, & Mullen, 2008; Hu & Bentler, 1999; Yu, 2002)6, les indices d’ajustement (ou indices
de fit) sont examinés afin d’estimer l’ajustement des données au modèle unidimensionnel Les critères retenus sont : RMSEA
Procédure < .06 et CFI > .95. Pour chaque subtest, les items de variances nulles ou faibles sont éliminés. Cette première série d’analyses
montre un ajustement satisfaisant au modèle unidimensionnel pour Similitudes, Vocabulaire, Matrices et Compréhension. Étant
Dans le cadre de notre recherche, chaque enfant est vu en passation individuelle lors de 2 séances d’environ 40 minutes durant les donné l’ajustement insuffisant au modèle unidimensionnel, les épreuves Cubes, Identification de concepts et Complètement
heures scolaires. Les locaux mis à disposition se trouvent dans l’enceinte de l’école de l’enfant. Les dix subtests principaux du d’images sont retirées des analyses suivantes.
WISC-IV (Cubes, Similitudes, Mémoire des chiffres, Identification de concepts, Code, Vocabulaire, Séquence Lettres-Chiffres,
Matrices, Compréhension et Symboles) sont administrés, ainsi que le subtest optionnel Complètement d’images. Différence de performances selon l’âge, le sexe et le statut socio-économique des parents
Un questionnaire est envoyé aux parents et permet de recueillir les diverses informations sociodémographiques. Les professions
Le modèle unidimensionnel 2 PL de base est modifié avec l’introduction de la variable âge comme co-varié (voir Figure 2). Cette
sont classées en 10 catégories, allant de la catégorie 1 « Directeurs, cadre de direction et gérants » à la catégorie 10 « Sans emploi,
modification permet d’évaluer dans quelle proportion le score latent peut être expliqué par l’âge des participants. N’oublions pas
au foyer ».
que nous travaillons sur des scores bruts avec un échantillon d’enfants âgés de 7 à 12 ans, il est donc nécessaire d’estimer l’effet
Les subtests de l’IMT et de l’IVT n’ont pas été analysés. D’une part, il est théoriquement peu justifié de supposer un fonctionnement direct de l’âge.
1 Université de Genève, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, 40 bd. du Pont d’Arve, 1205 Genève, Suisse.
2 Filière Psychologie, Formation universitaire à distance, Suisse.
6 Comme sur de grands échantillons, un test de χ2 non significatif (p > .05) est difficilement observable, nous n’avons pas tenu compte de
3 Université de Lausanne, Faculté des Sciences Sociales et Politiques, UNIL – Dorigny, Géopolis, CH-1015 Lausanne, Suisse.
ce critère.
4 Département de Psychiatrie, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), Section de Psychiatrie sociale, 18 Place Chaudron, CH-
1003 Lausanne.
5 Les statistiques sont celles de l’année scolaire 2014-2015
24/118 25/118
Figure 2 : Modèle unidimensionnel avec la variable âge en co-varié. Figure 3 : Modèle unidimensionnel avec les variables âge et sexe ou SES en co-varié.
La variable statut socio-économique des parents est construite à partir deux indicateurs : la profession du père et la profession de
la mère. La situation professionnelle de chaque parent est assignée à l’une des 10 catégories. Plus la profession est socialement
Pour tous les subtests, les résultats montrent une influence directe de la variable âge sur le score latent (voir Tableau 1). Comme
valorisée, plus la valeur du codage de la catégorie est basse. Le modèle testé est illustré par la Figure 3.
attendu, la variable âge est positivement liée à la réussite des items. En effet, un enfant plus âgé réussit un nombre plus élevé
d’items qu’un enfant plus jeune, et donc obtiendra un score brut plus élevé. La variance expliquée par l’âge varie de 28.52% Les résultats indiquent un effet direct de la variable SES sur le score latent pour tous les subtests (voir Tableau 1). L’effet direct
(MAT) à 45.56% (COM). On peut noter qu’elle est plus importante pour les subtests qui font appel au verbal. négatif de la variable SES suggère que les enfants ayant des parents avec une profession socialement valorisée ont des scores
légèrement plus élevés que les enfants ayant des parents avec une profession socialement moins valorisée. La variance expliquée
par la variable SES varie de 2.46% (MAT) à 8.07% (SIM).
Tableau 1 : Effet direct et variance expliquée par l’âge, le sexe et le statut socio-économique.
Fonctionnement differentiel des items du WISC-IV
Âge Sexe SES
La dernière étape consiste à tester un éventuel fonctionnement différentiel des items. Pour ce faire, on examine les indices de
Effet direct Variance Effet direct Variance Effet direct Variance
(β) expliquée (β) expliquée (β) expliquée modifications issus de la procédure d’estimation. Si un lien direct entre un co-varié et l’un des items d’un subtest est suggéré, cela
signifie que l’item en question fonctionne différentiellement selon la modalité de l’une ou l’autre co-varié examiné (âge, sexe ou
SIM .631** 39.82% -.023 - -.284** 8.07%
SES). En l’absence de biais, on s’attend à ce que la variable latente de la dimension évaluée par le subtest soit la seule et unique
VOC .665** 44.22% -.035 - -.264** 6.97%
source de variations dans le score à l’item.
MAT .534** 28.52% .093* 0.86% -.157** 2.46%
COM .675** 45.56 % -.077* 0.59 % -.203** 4.12 % Les résultats vont dans le sens d’une absence de biais, puisqu’ils ne révèlent aucun fonctionnement différentiel des items pour les
subtests analysés. En effet, une fois l’influence des variables âge, sexe ou statut socio-économique contrôlée, les capacités dans
la dimension psychologique évaluée par un subtest prédisent à elles seules la réussite (ou l’échec) dans les items. Il n’y a donc
Note. SES = statut socio-économique ; SIM = Similitudes ; VOC = Vocabulaire ; MAT = Matrices ; COM = Compréhension. pas d’effet indirect lié aux variables contrôlées.
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Introduction
Presently, two different sets of creativity tasks are used, divergent-exploratory thinking tests and convergent-integrative thinking
tests. The evaluation of creativity in the present research was based on a convergent-integrative measure, the Test for Creative
Thinking-Drawing Production (TCT-DP). The TCT-DP consists in incorporating six dispersed geometric forms into one single
drawing. Participants are actively invited to complete the drawing in an original way, within a restricted time frame. Drawing
form B consists in exactly the same task as drawing form A, only that it is presented in a 180° rotation. The TCT-DP refers,
according to Urban (2005), to a holistic gestalt-oriented conception of creativity and has been validated on a broad range of age,
culture and ability groups. It proved itself as culture fair.
To evaluate the drawing, three distinctive scoring methods from different authors exist. The main aspect of the present research
consists in comparing the three evaluation methods of the TCT-DP: (1) a traditional scoring system based on several sub scores
(Urban, 1991, 2005; Urban & Jellen, 1996); (2) an originality score based on statistical frequency of ideas within the sample:
statistical originality (SO) (Lubart, Pacteau, Jacquet, & Caroff, 2010); and (3) ratings given by trained judges according to
the consensual assessment technique (CAT) (Amabile, 1982). Whereas these three scoring procedures were already set into
comparison in former research done on school children (Lubart et al., 2010), the present study extends these results to the adult
population in general and to specific sub-groups. It was analysed how the relationship between the scoring systems is modulated
by the respective population: architects, social scientists and the general population. This will enable future research to fortify
and specify the model of prediction of creativity in different populations, by always choosing the most appropriate evaluation
technique of the TCT-DP.
According to Lubart et al. (2010), the ratings of both the traditional scoring system and the CAT include originality (novelty in
the drawing content), reactiveness/conformance to task constraints (use of the graphic elements provided) and complexity/quality
of the drawing (mastery of artistic techniques). Through factor analyses, the presence of an Originality factor and an Adaptation
factor in the traditional scoring system was empirically confirmed. This factor structure corresponds to the consensual creativity
definition according to which creativity can be defined as the capacity to produce novel, original work that fits within contextual
constraints (Lubart, Mouchiroud, Tordjman, & Zenasni, 2015).
Regardless of the obvious theoretical parallels existing between the traditional scoring system and the CAT, empirical findings
concerning their association are slightly ambiguous. Whereas some studies revealed more significant correlations between both
scoring techniques for drawing form A, others revealed more significant correlations for drawing form B.
With regard to drawing-form A, Dollinger, Urban and James (2004) revealed several significant correlations between the
traditional scoring method and different scores of the CAT: the overall consensual assessment ratings (r = .72, p < .001), the
overall details ratings, the overall gestalt ratings and the overall ratings made respectively by psychologist judges and artist
judges. Whereas the details rating focused on artistic competencies and on elaboration quality of the single fragments, gestalt
ratings were based on the level of integration of the isolated elements into one coherent picture. Hence, both scoring methods
were found to meaningfully relate to each other for drawing-form A. On the other hand, Lubart et al. (2010) revealed significant
to highly significant correlations between the traditional scoring method (OF/AF) and the CAT especially for drawing form B.
For drawing-form A, only the correlation between the AF and the CAT was significant.
Despite the fact that findings concerning the relationship between the traditional method and the CAT are somewhat inconsistent,
we hypothesize (1) significant correlations between the originality factor (OF)/ adaptation factor (AF) (traditional scoring
method) and the CAT for drawing-form A and B. With regard to SO, Lubart et al. (2010) found highly significant correlations
1 1University of Luxembourg, ECCS Research Unit, Campus Belval, Maison des Sciences Humaines, 11, Porte des Sciences, L-4366 Esch-
sur-Alzette, Luxembourg. E-mail: christijeanne@icloud.com
2 Université Paris Descartes, Centre Henri Piéron, UFR Institut de Psychologie, 71 avenue Edouard Vaillant, 92774 Boulogne-Billancourt
Cedex, France. Mel : todd.lubart@parisdescartes.fr
3 1University of Luxembourg, ECCS Research Unit, Campus Belval, Maison des Sciences Humaines, 11, Porte des Sciences, L-4366 Esch-
sur-Alzette, Luxembourg. E-mail: claude.houssemand@uni.lu
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with the CAT in both drawing forms. However, the correlation between SO and the OF was only significant for drawing form B. Results
Consequently, we hypothesize (2) significant correlations between SO and the CAT in both drawing forms and (3) a significant
correlation between SO and OF only in drawing form B.
Table 1 : Means and Standard Deviations for TCT-DP Variables in the Total Sample
Methods Variables M SD
TCT-DP total score 26.70 10.82
Participants Originality factor OF 15.22 8.40
Statistical Originality SO 3.13 2.23
The total sample consisted of 436 participants (269 women, 165 men, MAge = 22.79, SD = 3.37, age range: 18-52 years). Student
architects and professional architects were recruited at the Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ENSAL). The Adaptation factor AF 11.48 4.40
sample of architects consisted of 140 participants (65 women, 75 men, MAge = 21.96, SD = 4.37, age range: 18-52 years). CAT 3.74 1.45
1.4% were professional architects. The sample of social science students consisted of 121 participants from the Greater Region
of Luxembourg (95 women, 24 men, MAge = 21.94, SD = 2.22, age range: 19-32). The sample included 87.6% psychology
Note. CAT: Consensual Assessment Technique.
students, 7.4% students in education and 4.9% students from other social science disciplines. 4.13 % were PhD students. The
general sample consisted of 175 participants from the Greater Region of Luxembourg (109 women, 66 men, MAge = 24.47, SD =
3.52, age range: 19-39 years). The educational background of the general sample was as following: primary education (9th grade)
(14.4%), professional training (19.6%), Baccalaureate (43.3%), Bachelor (11.3%), Masters (10.3%) and Post Graduate (1%).
Table 2 : Means and Standard Deviations for TCT-DP Variables in Architects,
Scientists and the General population
Materials
In the present research creative potential was assessed by three different evaluation methods of the TCT-DP, which were set Architects Social scientists General population
into comparison. Since according to Lubart et al. (2010), the three scoring methods cannot be considered as redundant, a multi- Variables M SD M SD M SD
method assessment allows establishing a profile of scores for each participant. TCT-DP 28.39 9.81 30.55 11.09 22.70 10.12
The traditional scoring procedure relies on 11 sub-scores, whose total score meaningfully represents creativity according to the OF 16.44 6.75 19.62 8.66 11.19 7.57
“Gestalt” approach: continuations; completion; new elements; connections with a line; connections with a theme; boundary SO 2.23 1.92 3.92 2.02 3.31 2.37
braking, fragment-dependent; boundary braking, fragment-independent; perspective; humour and affectivity; four kinds
AF 11.94 4.58 10.93 4.06 11.50 4.46
of unconventionality; and speed (Urban, 2005). The present inter-rater reliabilities were of α = .07 in architects, α = .96 in
CAT 3.88 1.44 3.70 1.44 3.65 1.46
psychologists and α = .94 in the general population. Lubart et al. (2010) revealed two factors in the traditional scoring method,
an originality factor and an adaptation factor. Scores from these two factors were retained for further analyses. The originality
factor score (OF) includes the number of graphic elements used among the initial elements proposed, their meaningful use and Note. TCT-DP: Test for Creative Thinking-Drawing Production; OF: Originality factor; SO: Statistical Originality; AF:
the use of the element outside the frame. The adaptation factor (AF) contains the number of new items added to the composition, Adaptation factor; CAT: Consensual Assessment Technique.
contacts and thematic connections established between the initial graphic elements, use of unconventional, non-stereotyped
content or graphic forms, creation of a humoristic or emotional atmosphere and the use of three-dimensional drawing techniques.
One-tailed correlations between the different TCT-DP scoring systems are represented in Table 3 to 6.
The SO score can be assimilated to the one usually calculated in typical divergent thinking tests (Guilford; Torrance).
In the CAT (Amabile, 1982), three expert judges are asked to independently rate the creativity level of the artefacts on a 7-point
scale, without receiving a prior definition of creativity. Amabile underlined the importance of selecting suitable judges possessing Table 3 : Correlation Matrix of TCT-DP Variables in the Total Sample (N = 436)
the required experience in the respective field of endeavour. According to Kaufman, J. Lee, Baer, and Lee (2007), the CAT
directly captures creative performance and avoids by this way all the complications going along with the indirect assessment of Variables 1 2 3 4 5
various thinking skills or attributes, which are theoretically expected to be linked to creativity. Furthermore, it has been shown 1. TCT-DP 1 .93** .26** .69** .49**
to be an assessment technique with acceptable inter-rater reliabilities, ranging from .70 to .90 (Hennessey & Amabile, 1999; 2. OF 1 .23** .37** .50**
Runco, 1989). The present inter-rater reliabilities were α = .91 in architects, α = .89 in psychologists and α = .93 in the general 3. SO 1 .21** .17**
population. However, according to Kaufman et al. (2007), the drawbacks of this evaluation method are high costs, high time
4. AF 1 .26**
consumption and several methodological limitations, such as the implicit perception of creativity as a one-dimensional concept.
5. CAT 1
Procedure
Note. * p < .05 value (one-tailed); ** p < .01 value (one-tailed); TCT-DP: Test for Creative Thinking-Drawing Production;
The administration of the TCT-DP took place within the framework of a larger data collection, which included intelligence OF: Originality factor; SO: Statistical Originality; AF: Adaptation factor; CAT: Consensual Assessment Technique.
and personality tests. The whole testing procedure took approximately one and a half hour. Since for practical reasons (time
constraints) participants did not complete both forms of the TCT-DP, there has been a rotation between the two forms during
the testing. Whereas drawing form A was administered to the architects and the general population, social scientists completed
drawing form B.
30/118 31/118
Table 4 : Correlation Matrix of TCT-DP Variables in Architects (N = 140) each other in both drawing forms (see Table 5 and 6).
There is an average positive correlation between AF and CAT in both drawing forms.
Variables 1 2 3 4 5
1. TCT-DP 1 .91** .18* .80** .01
Whereas this hypothesis was confirmed in social scientists (drawing form B) and in the general population (drawing form A)
(social scientists: r = .26, p < .01; general population: r = .43, p < .01), it was not confirmed in architects (drawing form A) (see
2. OF 1 .16* .48** .09
Table 4).
3. SO 1 .16* .15*
4. AF 1 -.11 There is a significant correlation between SO and CAT in both drawing forms.
5. CAT 1 This hypothesis was consistently confirmed in architects (drawing form A), in social scientists (drawing form B) and in the
general population (drawing form A) (architects: r = .15, p < .05; social scientists: r = .37, p < .01; general population: r = .27,
Note. * p < .05 value (one-tailed); ** p < .01 value (one-tailed); TCT-DP: Test for Creative Thinking-Drawing Production; p < .01).
OF: Originality factor; SO: Statistical Originality; AF: Adaptation factor; CAT: Consensual Assessment Technique. There is a significant correlation between SO and OF in drawing form B.
This hypothesis was clearly confirmed. The correlation between both scoring methods for originality was even significant in both
drawing forms (architects (A): r = .16, p < .05; social scientists (B): r = .33, p < .01; general population (A): r = .24, p < .01).
Variables 1 2 3 4 5
Conclusion
1. TCT-DP 1 .95** .38** .72** .64** The SO and the CAT showed the best convergent validity because it was not influenced by the population. The significant
2. OF 1 .33** .45** .70** positive correlation between SO and OF remains coherent with findings of Lubart et al. (2010) who revealed a significant positive
3. SO 1 .33** .37** correlation between both scoring techniques in drawing form B. This means that even if both scoring techniques for originality
4. AF 1 .26** cannot be considered as redundant, they seem nevertheless related to some extent. The SO scoring technique seems to work
5. CAT 1 equally well in all three populations because there were no significant differences regarding the correlations of SO and the other
scoring techniques between the samples.
Note. * p < .05 value (one-tailed); ** p < .01 value (one-tailed); TCT-DP: Test for Creative Thinking-Drawing Production; One could observe that the correlation between the OF and the TCT-DP/CAT was generally much higher than the one between
OF: Originality factor; SO: Statistical Originality; AF: Adaptation factor; CAT: Consensual Assessment Technique. the AF and the TCT-DP/CAT (see Table 3 to 6). It seems that the OF better represents the traditional scoring technique and makes
the AF somehow redundant. Consequently, future research that uses the traditional method should solely consider those scoring
categories that represent the OF. This would further preserve its applicability.
Presently, the association between the traditional scoring method (OF/AF) and the CAT did not depend on the drawing forms, as
Table 6 : Correlation Matrix of TCT-DP Variables in the General Population (N = 175) it was the case in previous research (Dollinger, Urban, & James, 2004; Lubart et al., 2010), but on the considered population. In
general, the largest correlations were observed between the CAT and the OF (traditional scoring technique) (see Table 3, Table 5
Variables 1 2 3 4 5 and Table 6); except in the sample of architects, where no correlations between the CAT and the traditional method were observed
1. TCT-DP 1 .91** .30** .72** .68** (see Table 4). There was a significant difference concerning the correlation between the traditional scoring technique (TCT-DP/
OF/AF) and the CAT between architects and the other two populations. For specialized samples, one of both scoring techniques
2. OF 1 .24** .37** .79**
(traditional method or CAT) does not seem to be a good option anymore. It is difficult to judge which method of both is most
3. SO 1 .28** .27**
valuable because there is no absolute criterion against which the creativity level could be gauged “criterion problem” (Treffinger,
4. AF 1 .43**
Renzulli, & Feldhusen, 1971). For ultimately concluding to the superiority of one scoring technique above the other one, a
5. CAT 1 quantifiable criterion of real world creative achievement, to assess external prognostic validity (criterion or predictive validity),
would need to be implemented. One explanation for these inconsistent results in architects could be that drawing is part of their
Note. * p < .05 value (one-tailed); ** p < .01 value (one-tailed); TCT-DP: Test for Creative Thinking-Drawing Production; professional specialization. Their drawing productions might show some superiority related to their professional training. This
OF: Originality factor; SO: Statistical Originality; AF: Adaptation factor; CAT: Consensual Assessment Technique. seems to create highly divergent results between the scoring procedures. This would be a hint for preferably relying on domain-
specific expert judges in creative or artistic populations, where an advanced drawing technique is inherently expected.
The differences between the correlations in the separate populations were tested on statistical significance, using the z prime Taken together, the verification of the analysed hypotheses did not depend on the drawing forms but on the considered population.
formula from Fisher. There was no significant difference for the correlations (OF/SO) and (SO/CAT) in either population. For Presently, both drawing forms worked out equally well, even when tested on different populations. Indeed, results on convergent
the correlations (TCT-DP/CAT), (OF/CAT) and (AF/CAT) there was a highly significant difference between architects and social validity in social scientists (drawing form B) and in the general sample (drawing form A) were very similar (see Table 5 and 6)
scientists (z ≤ .01) and between architects and the general population (z ≤ .01). and both differed significantly from the architect sample (drawing form A) (see Table 4). Whereas for social scientists and the
general population convergent validity was largely satisfying, this was less the case in the architect population. To conclude, the
In the following section hypotheses will be examined separately. distinction between the three scoring techniques in terms of their convergent validity seems to further rely on the analysed sample
There is an average positive correlation between OF and CAT in both drawing forms. than on the drawing form.
Whereas this hypothesis was clearly confirmed in social scientists (drawing form B) and in the general sample (drawing form
A), it was not confirmed in architects (drawing form A) (see Table 4). In social scientists and in the general population a highly
significant correlation was revealed, which was similar in both samples (social scientists: r = .70, p < .01; general population: r
= .79, p < .01). The correlation size even largely exceeded the expectations. Consequently, the OF and the CAT clearly related to
32/118 33/118
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Textismes et créativité des texteurs : gestionnaire du serveur informatique communique à la fin aux chercheurs un classeur Excel contenant les SMS et permettant le
traitement des données. Cette procédure garantit l’absence de modification et l’intégrité des messages. Cette session a permis la
variabilité inter- et intra- individuelle récolte de 285 SMS provoqués (ou artificiels).
Participants
Codage des textismes
Vingt-sept étudiants (âge moyen = 21.3, SD= 1.6) inscrits en seconde année de licence de Psychologie ont fournis 581 SMS L’indice de référence concernant les modifications orthographiques dans les SMS a été utilisé. Il s’agit de la densité de textismes
naturels. Vingt-quatre étudiants (âge moyen = 21.1, SD= 1.5) en seconde année de licence de Psychologie ont participé à (Anis, 2007 ; Bernicot, Volckaert-Legrier, Goumi, & Bert-Erboul, 2012 ; Plester et al., 2009 ; Thurlow & Brown, 2003). Un
l’élaboration de 285 SMS artificiels, provoqués sous scénarios. Tous les participants ont signé un formulaire de consentement textisme correspond à un changement dans la forme orthographique d’un mot par rapport à l’écrit traditionnel. Pour chaque
garantissant un traitement anonyme des données. message la densité de textismes est égale au nombre de mots avec changement divisé par le nombre total de mots du message.
La grille de codage utilisée est celle de Bernicot et al. (2012) qui distingue deux types de textismes en fonction de leur accord ou
Matériel et procédure de leur rupture avec le code écrit traditionnel :
a) Textismes en accord avec le code traditionnel de correspondance graphème-phonème : les changements orthographiques ne
Récolte des SMS modifient pas la phonologie (prononciation) des mots et sont réalisés avec des formes graphiques qui existent à l’écrit traditionnel.
Trois sous catégories peuvent être distinguées : les simplifications (« koi » pour « quoi »), les complexifications (« t’es » pour
Lors de deux sessions séparées d’une semaine, les participants étaient invités à envoyer des SMS à partir de leur propre téléphone « tes ») et les substitutions (« sa » pour « ça »). D’un point de vue cognitif, il s’agit d’une application différente des mêmes règles.
mobile vers un numéro non-surtaxé correspondant à un serveur informatique. Lors de la première session, ils devaient sélectionner
20 messages de leur choix qu’ils avaient eux-mêmes rédigé et donc contenus dans leurs éléments envoyés. Cette première session b) Textismes en rupture avec le code traditionnel de correspondance graphème-phonème : les changements orthographiques
a permis la récolte de 581 SMS naturels. modifient la phonologie (prononciation) des mots et/ou sont réalisés avec des formes graphiques qui n’existent pas à l’écrit
traditionnel. Quatre sous catégories peuvent être distinguées : (1) les nouvelles correspondances (« T » pour « tu es »), (2) les
Lors de la seconde session, ils devaient rédiger 10 SMS aléatorisés (précédés d’un SMS exemple non pris en compte dans le agglutinations (« jsuis » pour « je suis »), (3) les prononciations modifiées (« tkt » ou « t’inquiète ») et (4) les formes récentes
traitement des résultats) à partir de scénarii provoqués par les chercheurs selon la procédure décrite par Plester, Wood et Joshi (« bisouilles » pour « bisous »). D’un point de vue cognitif, il s’agit de l’application ou de l’invention de règles différentes.
(2009). Par exemple, dire qu’on sera en retard parce qu’il y a des incidents dans le RER. Les participants ont une minute pour
rédiger chaque SMS en « imaginant qu’ils l’adressent à un proche (à quelqu’un qu’ils connaissent bien) ». L’entreprise privée Un même mot ne peut pas être codé dans deux catégories différentes.
Le codage des différents types de textismes avec les catégories pour cette étude a été effectué par quatre juges. Un accord inter-
codeur supérieur à 80% a été trouvé sur 100 messages choisis au hasard et contenant au total 440 textismes.
1 Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Paris, France
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Originalité des textismes Tableau 3 : Corrélations entre la densité de textismes et les indices du potentiel créatif,
pour les SMS Naturel et les SMS Provoqués
Nous nous sommes également intéressés à l’originalité des textismes employés. Pour cela, tous les textismes utilisés par les
participants ont d’abord été listés. Puis la fréquence d’apparition de chaque textisme a ensuite été calculée. Les recherches en
PDG PDV PIG PIV
psychologie dans le domaine de la créativité (Mouchiroud & Lubart, 2001) considèrent que pour une fréquence d’apparition
supérieure à 4%, la réponse n’est pas originale et la note de 0 est attribuée. Si la réponse apparait dans moins de 1% des cas, SMS Naturels -.14 -.24 -.21 -.38
Densité Textismes en accord
la réponse est considérée comme originale est la note de 2 est attribuée. Si la réponse apparait entre 1% et 4% la note de 1 est SMS Provoqués -.01 -.09 -.03 -.06
attribuée. Ici la réponse correspond donc au textisme. SMS Naturels -.42* -.47* -.19 -.38
Densité Textismes en rupture
SMS Provoqués -.42* -.58*** -.03 -.40*
Nous avions 978 textismes différents pour les SMS naturels, 585 textismes différents pour les SMS provoqués. Le tableau ci-
dessous met en évidence la fréquence importante des notes de 2 (textismes considérés comme originaux). SMS Naturels -.35 -.43* -.22 -.39
Densité totale Textismes
SMS Provoqués -.31 -.46* -.01 -.32
Tableau 2 : Répartition des notes d’originalité des textismes selon le type de SMS *p<.05, ***p<.001
Discussion et Conclusion
Cette recherche s’intéressait au lien entre le potentiel créatif et les textismes utilisés dans l’envoi de SMS et plus particulièrement
les textismes en rupture avec le code, les plus caractéristiques de l’écriture SMS. Il s’agit en effet des textismes pour lesquels
les texteurs créent de nouvelles formes graphiques qui n’existent pas dans l’écriture traditionnelle (Bernicot et al., 2012). Les
corrélations mettent en évidence une liaison négative entre ces deux variables et plus particulièrement en ce qui concerne les
textimes en rupture avec le code et le potentiel créatif en pensée divergente verbale.
Un faible potentiel en pensée divergente est associé à une faible flexibilité (Barbot, Besançon & Lubart, 2015 ; Wang, 2012) ; a
contrario, les personnes ayant un fort potentiel créatif doivent fournir une production originale et adaptée (Lubart et al., 2003).
Or, les textismes en rupture peuvent ne pas être compris de tous et les recherches menées par l’équipe de Drouin (Drouin,
2001 ; Drouin & Davis, 2009) mettent en évidence que les scripteurs adaptent leur textismes en fonction des récepteurs. Ainsi
les scripteurs disposant d’un niveau de créativité élevé, en employant peu de textismes en rupture par crainte de ne pas se faire
comprendre, chercheraient à s’adapter à leur interlocuteur, à l’inverse des scripteurs utilisant de nombreux textismes en rupture.
Au final, les scripteurs produisant de nombreux textismes en rupture avec de faibles compétences créatives, seraient moins
flexibles et feraient preuve d’une moindre adaptation tandis que les faibles texteurs avec de fortes compétences en créativité,
feraient preuve de plus de flexibilité et de davantage d’adaptation.
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Ces interprétations, fondées sur les résultats de précédentes recherches, nécessitent la prise en compte de nouvelles mesures (e.g. Les défaillances de la cognition quotidienne :
flexibilité et adaptation) et devront donc être évaluées lors d’une réplication de la présente étude. Cette recherche sera également
étendue à des participants plus jeunes, pour lesquels la pratique du langage SMS et des textismes en rupture est plus ancrée dans validation d’un questionnaire d’Attention
leur quotidien. Enfin, la cotation de l’originalité des textismes pourra également à l’avenir être réalisée par des juges étudiants.
Il est également possible d’envisager que l’utilisation de textismes relève de l’adoption d’un style partagé : parler en code peut Sabrina Loquette, Aurélien Le Chevanton, & Alain Vom Hofe (1)
en effet constituer un indice d’appartenance à un groupe social, et ainsi refléter au contraire d’un manque d’individualité et de
créativité.
Introduction
Bibliographie Placer indûment un objet dans un contenant (par ex. mettre une boite vide dans un réfrigérateur), être sujet à des oublis relatifs à
des activités/personnes très familières (par ex. oublier le prénom de votre voisin de palier), inverser les séquences/objets d’une
Amabile, T. M. (1983). Social psychology of creativity: A componential conceptualization. Journal of Personality and Social action pourtant bien automatisée (par ex. retirer le papier qui enveloppe un bonbon puis jeter le bonbon au panier tout en portant
Psychology, 45, 357-377. à la bouche le papier) constituent autant d’erreurs que nous commettons parfois dans nos activités quotidiennes, le plus souvent
Anis, J. (2007). Neography – unconventional spelling in French SMS text messages. In B. Danet & S. C. Herring (Eds.), The dans un contexte particulier (absorption dans nos pensées, stress émotionnel, interférence entre tâches, …). Généralement, ces
multilingual internet – language, culture and communication online (pp. 87–115). New York: Oxford University Press. erreurs sont sans risque majeur pour notre adaptation à l’environnement et, en ce cas, leur investigation psychologique répond
à un besoin de connaissances sur le fonctionnement cognitif « en situation ». Mais ces erreurs peuvent aussi avoir des effets
Barbot, B., Besançon, M., & Lubart, T. (2015). Creative Potential in Educational Settings: its Nature, Measure, and Nurture.
délétères (par ex. les problématiques d’accidentologie) et constituer, de ce fait, un objet d’étude s’inscrivant dans le champ de
Education 3–13, 43, 371-381.
la Santé.
Bernicot, J., Volckaert-Legrier, O., Goumi, A., & Bert-Erboul, A. (2012). SMS Experience and Textisms in Young Adolescents:
L’étude des défaillances cognitives sous-jacentes à ces erreurs a été inaugurée par Reason (1977) puis complétée par Norman
Presentation of a Longitudinally Collected Corpus. Linguisticae Investigationes, 35 (2), 181-198.
et ses collaborateurs (1986, 1988) qui ont d’ailleurs précisé leur nature en proposant les concepts de ratés (slips) et d’omissions
Caroff, X. & Besançon, M. (2008). Variability of creativity judgments. Learning and Individual Differences, 18, 367–371. (lapses). Depuis 1982, l’outil de référence pour l’étude de ces Défaillances Cognitives Quotidiennes (DCQ) est le Cognitive
Failures Questionnaire (Broadbent, Cooper, FitzGerald, & Parkes, 1982). L’échelle permet d’évaluer en 25 items les défaillances
De Jonge, S., & Kemp, N. (2012). Text-message abbreviations and language skills in high school and university students.
mineures de l’attention, de la mémoire et du contrôle de l’action. Cette approche a constitué une base solide pour l’étude des
Journal of Research in Reading, 25, 49–69.
DCQ pendant deux décennies et ce n’est que récemment qu’un double resserrement a été réalisé sur la mémoire et sur l’attention
Drouin, M. A. (2011). College students’ text messaging, use of textese and literacy skills. Journal of Computer Assisted Learning, avec l’élaboration de questionnaires spécifiques à chacune d’elles et intégrant des données paradigmatiques récentes. Citons
27, 67–75. par exemple l’Attention-Related Cognitive Errors Scale (ARCES), questionnaire comportant 12 items décrivant des situations
Drouin, M., & Davis, C. (2009). R u txting? Is the use of text speak hurting your literacy? Journal of Literacy Research, 41, de défaillances attentionnelles quotidiennes (Cheyne, Solman, Carriere, & Smilek, 2008). Ci-après, quelques items : « Il peut
46–67. m’arriver de ne pas être en mesure de me rappeler ce que je viens de lire après avoir lu plusieurs paragraphes. » ; « Par manque
d’attention, je peux mélanger les séquences d’une action (verser quelque chose dans le mauvais contenant). ». Bien que marquant
Jackson, L.A., Witt, E.A., Games, A.I., Fitzgerald, H.E., von Eye, A., & Zhao, Y. (2012). Information technology use and une grande avancée dans l’étude des défaillances attentionnelles au quotidien, l’ARCES demeure insatisfaisante notamment au
creativity: Findings from the Children and Technology Project. Computers in Human Behavior, 28 (2), 370-376. regard de la difficulté à affilier ses items aux différentes formes attentionnelles recensées dans la littérature, condition nécessaire
Kemp, N. (2010). Texting vs. txtng: reading and writing text messages, and links with other linguistic skills. Writing Systems à l’élaboration de questionnaires fondés sur des modélisations structurales – dont le présent article rassemble quelques-uns des
Research, 2, 53–71. pré-requis cités. Notons que l’objectif de cette étude constitue une spécification au domaine de l’Attention d’études précédentes
à champ plus large consacrées aux DCQ (cf. Carré, Vom Hofe & Boudoukhab, 2014).
Lubart, T., Besançon, M. & Barbot, B. (2011). Evaluation du Potentiel Créatif (EPoC). Paris : Hogrefe.
Le champ des théories de l’Attention susceptibles de constituer l’arrière-plan d’un questionnaire à visée diagnostique est
Lubart, T. I., Mouchiroud, C., Tordjman, S. & Zenasni, F. (2003). Psychologie de la créativité. Paris : Armand Colin. extrêmement restreint. Le modèle qui est à la fois reconnu dans la littérature et le plus utilisé dans la pratique neuropsychologique
Mouchiroud, C. & Lubart, T. (2001). Children’s original thinking : an empirical examination of alternative measures derived est celui proposé par van Zomeren & Brouwer (1994). Il s’inscrit dans le cadre de la conception multidimensionnelle de
from divergent thinking tasks. Journal of Genetic Psychology, 162(4), 382-401. l’Attention défendue dans les travaux de Posner & Boies (1971) avec les notions d’alerte, de sélectivité et de limitation des
capacités de traitement de l’information. Un faisceau d’arguments empiriques allant dans ce sens permet à van Zomeren &
Plester, B., Wood, C., & Joshi, P. (2009). Exploring the relationship between children’s knowledge of text message abbreviations
Brouwer (1994) d’élaborer leur modèle opérationnel de l’Attention. Celui-ci se décline selon deux axes : a) « Sélectivité de
and school literacy outcomes. British Journal of Developmental Psychology, 27, 145–161.
l’Attention », regroupant l’Attention Sélective et l’Attention Divisée et b) « Intensité de l’Attention », couplant la réaction
Thurlow, C., & Brown, A. (2003). Generation Txt? The sociolinguistics of young people’s text-messaging. Discourse Analysis d’’Alerte et l’Attention Soutenue. Notons que le contrôle attentionnel – qui dans ce modèle opérationnel prend la forme du
Online. Retrieved January 17st, 2014 from http://extra.shu.ac.uk/daol/articles/v1/n1/a3/thurlow2002003-paper.html Système de Supervision Attentionnel de Norman et Shallice (1986) – permet la modulation de l’activité des différentes dimensions
de l’attention postulées.
Wang, A.Y. (2012). Exploring the relationship of creative thinking to reading and writing, Thinking Skills and Creativity, 7 (1),
38-47. Au regard de la finalité de cette recherche – l’élaboration d’un outil psychométrique – et du caractère présumé audacieux de ses
affiliations théoriques, nous nous sommes inscrits dans une démarche prospective et avons eu recours à des analyses factorielles
exploratoires, tout en examinant attentivement les propriétés psychométriques des items.
1 Université de Rouen, UFR de Science de l’Homme et de la Société, département de Psychologie, 1 Rue Thomas Becket, 76821 Mont-
Saint-Aignan, France. Mel : sabrina.loquette@gmail.com
40/118 41/118
Tableau IV : Tableau des saturations des items dans les 3 facteurs du modèle hiérarchique Bibliographie
(facteurs primaires P1 et P2 et facteur secondaire S).
Braver, T. S., & Barch, D. M. (2002). A theory of cognitive control, aging cognition, and neuromodulation. Neuroscience &
Item S P1 P2 Item S P1 P2 Item S P1 P2 Biobehavioral Reviews, 26, 809-817.
1 0,25 0,01 0,29 17 0,28 -0,12 0,44 31 0,34 0,42 -0,02 Broadbent, D. E., Cooper, P. F., FitzGerald, P., & Parkes, K. R. (1982). The Cognitive Failures Questionnaire (CFQ) and its
2 0,24 0,28 0,00 18 0,27 0,07 0,25 32 0,20 0,13 0,11 correlates. British Journal of Clinical Psychology, 21, 1 – 16.
4 0,36 0,24 0,19 19 0,40 0,08 0,38 33 0,32 0,06 0,31
Carré, J., Vom Hofe, A., & Boudoukhab, A. H. (2014). Psychopathologie de la vie quotidienne : validation d’un nouveau
5 0,35 0,34 0,07 20 0,29 0,40 -0,05 34 0,20 -0,22 0,45 questionnaire de défaillances cognitives. Psychologie Française, 59, 167 – 182.
6 0,37 0,12 0,31 21 0,29 0,49 -0,15 35 0,38 0,49 -0,04
Castel, A. D., Balota, D. A., & McCabe, D. P. (2009). Memory efficiency and the strategic control of attention at encoding:
7 0,33 -0,18 0,57 22 0,40 0,19 0,28 36 0,31 0,42 -0,05
Impairments of value-directed remembering in Alzheimer’s disease. Neuropsychology, 23, 297 – 306.
8 0,10 -0,12 0,24 23 0,16 0,07 0,12 37 0,19 0,36 -0,14
9 0,43 0,32 0,18 24 0,44 0,46 0,05 38 0,27 0,39 -0,08 Cheyne, J. A., Solman, G. J. F., Carriere, J. S. A. & Smilek, D. (2008). Anatomy of an error: A bidirectional state model of
task engagement/disengagement and attention-related errors. Cognition, 111, 98 – 113.
11 0,32 0,57 -0,19 25 0,18 0,28 -0,06 39 0,34 0,31 0,10
12 0,19 0,04 0,18 26 0,04 -0,07 0,12 40 0,29 0,06 0,28 Engle, R. W., & Kane, M. J. (2004). Executive attention, working memory capacity, and a two-factor theory of cognitive
13 0,38 0,15 0,30 28 0,03 -0,03 0,07 41 0,34 -0,10 0,50 control. In B. Ross (Eds.) The psychology of learning and motivation (Vol. 44, pp. 145 – 199). New York: Elsevier.
15 0,25 0,37 -0,08 29 0,25 -0,09 0,39 α chronbach 0,79 0,68 Koriat, A., & Norman, J. (1988). Frames and images: Sequential effects in mental rotation. Journal of Experimental Psychology:
16 0,41 0,13 0,35 30 0,16 0,06 0,13 Learning Memory and Cognition, 14, 93 - 111.
Miyake, A., Friedman, N. P., Emerson, M. J., Witzki, A. H., Howerter, A., & Wager, T. D. (2000). The unity and diversity
of executive functions and their contributions to complex “frontal lobe” tasks: A latent variable analysis. Cognitive Psychology,
41, 49 – 100.
Discussion et perspectives Norman, D. A. & Shallice, T. (1986). Attention to action: willed and automatic control of behaviour. In R. J. Davidson, G. E.
Schwartz, D. Shapiro (Eds.) Consciousness and Self-Regulation. Advances in Research and Theory (pp. 1 – 18). New York:
Analyse de la pertinence des items Plenum.
Si l’on considère les indices « p » et « D », les items apparaissent satisfaisants alors même que leur caractère très contextualisé Posner, M. I., & Boies, S. J. (1971). Components of attention. Psychological Review, 78, 391 - 408.
exerce vraisemblablement une pression négative sur la valeur de l’indice de difficulté. Mais ce constat est loin d’épuiser la réflexion Reason, J. (1977). Skill and error in everyday life. London: Wiley.
sur l’intérêt d’élaborer des items contextualisés afin de contrecarrer l’effet (possible sinon probable) de biais psychosociaux
Snyder, H. R, Miyake A., & Hankin, B. L. (2015). Advancing understanding of executive function impairments and
comme la désirabilité sociale mais aussi celui de caractéristiques conatives, qui lui sont associées, comme l’estime de soi.
psychopathology: bridging the gap between clinical and cognitive approaches. Frontiers in Psychology, 6, 1 – 24.
Nous proposerons notamment, dans les développements ultérieurs de cette recherche, deux démarches complémentaires en cette
matière. La première visera à élaborer une échelle de DCQ adressant des questions d’ordre métacognitif afin de différencier les Tournois, J., Mesnil, F., & Kop, J.-L. (2000). Autoduperie et hétéroduperie: un instrument de mesure de la désirabilité sociale.
individus sur leur propension à (1) appréhender délibérément - « de façon générale ou particulière» - les défaillances de leur Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 50, 219 – 232.
cognition dans les activités quotidiennes, (2) à en estimer les conséquences, (3) à leur rechercher une issue positive. La seconde
Van Zomeren, A. H. & Brouwer, W. H. (1994). Clinical neuropsychology of attention. New York: Oxford Univ.Press.
consistera à évaluer la désirabilité sociale à partir du DS36, échelle développée par Tournois, Mesnil, et Kop (2000), tenant
compte de la dichotomie de la désirabilité sociale : l’hétéroduperie (produire consciemment une image de soi dans le but de plaire Wherry, R. J. (1984). Contributions to correlational analysis. New York: Academic Press.
aux autres) et l’autoduperie (souhait inconscient de se plaire à soi-même).
Niveau d’attention soutenue de l’enfant de 6 ans violences domestiques ont un niveau d’attention soutenue supérieur à celui de ceux exposés aux violences physiques ou verbales.
Deuxièmement, l’on stipule que les enfants de 6 ans exposés aux violences physiques ont un niveau d’attention soutenue supérieur
témoin de violences domestiques en Côte d’Ivoire à celui de ceux exposés aux violences verbales
Kouakou Bruno Kanga (1), Hassan Guy Roger Tieffi (1), Marguerite Akossi-Mvongo (1) & Noviche
Rachel Kanga(2) Méthode
Sujets
Problématique
75 enfants de 6 ans (40 filles et 35 garçons) ont participé à l’étude. 50 parmi eux sont témoins de violences domestiques
L’étude des violences domestiques est récente. La plupart des travaux ont porté leur intérêt sur les conséquences de ces violences (25 témoins de violences physiques et 25 témoins de violences verbales). Les 25 autres n’ont pas été exposés aux violences
sur la mère (Séverac, 2012). Dans ce sens, une femme est en situation de violences domestiques lorsque son partenaire intime (mari, domestiques
fiancé, concubin) essaie de contrôler ou d’exercer un pouvoir sur elle dans une relation intime. Il peut s’agir d’abus physiques
(coups et blessures, mutilations, meurtres, tirage de cheveux, bourrades, tentatives de déséquilibre), d’abus psychologiques Instruments
(chantages, humiliations, dévalorisations, menaces, jalousies excessives, bouderies), d’abus sexuels (viols ou tentatives de viols)
ou d’abus financiers (privation de ressources financières) (Kanga, Tieffi, Kanga & Achi, 2013). Les mères ont été sélectionnées par le canal d’un questionnaire et un entretien semi-directif déjà utilisés dans une recherche
précédente (Kanga & coll., 2013). Ces instruments portent sur leur identité, leur vie de couple (gestion de la famille, prise
De plus en plus de recherches s’orientent vers les conséquences de ces violences sur les enfants. Qu’ils aient été victimes (l’enfant
de décision, types de rapport et communication dans le couple) et sur les formes de violences qu’elles ont subies (violences
est lui-même l’objet de violences) ou témoins (l’enfant n’est pas directement l’objet, mais assiste à ces scènes), les violences
physiques, verbales, psychologiques et sexuelles).
domestiques ont des effets dommageables notables sur ces enfants. Ainsi, la santé physique et mentale, le fonctionnement social,
les résultats académiques, ainsi que la cognition sont touchés, et les conséquences durent jusqu’à l’âge adulte (Hornor, 2005 ; Le niveau d’attention soutenue des enfants est appréhendé à l’aide de l’épreuve de Sarid et Bretnitz (1997). Cet instrument, déjà
Jeejeebhoy, 1998). utilisé lors d’un travail antérieur (Kanga, 2012), se présente comme une excellente épreuve pour cerner l’attention soutenue des
enfants de 6 ans. Cette épreuve comporte deux parties : le jeu libre et le jeu structuré. Ici, c’est le jeu libre qui a été pris en compte,
Sur le plan cognitif spécifiquement, les enfants risquent de développer des problèmes verbaux, intellectuels et moteurs, d’observer
le jeu structuré étant beaucoup trop complexe à mettre en place.
une diminution des performances lors des tests de quotient intellectuel, ainsi que de futurs problèmes à l’école (Levert, 2011).
Par exemple, les nourrissons montrent des symptômes de traumatisme lorsque leur mère en montre et seulement s’ils ont été
exposés à des actes graves de violences conjugales. Ainsi, ils sont particulièrement vulnérables au syndrome de stress post- Procédure
traumatique en raison de leur proximité physique et de leur relation affective avec leurs parents (Bogat & coll., 2006). Cela
L’expérience a débuté par la sélection des mères. Cela a été possible grâce à la collaboration des ONG locales de prise en
se traduit, entre autres, par des difficultés à se concentrer, des difficultés à s’endormir ou à rester endormi, de l’hyperactivité,
charge des femmes victimes de violences domestiques, notamment la cellule Genre de International Rescue Committee. Cette
des symptômes d’hypervigilance tels qu’un état d’alerte constant, des sursauts exagérés et une hypervigilance aux signaux de
ONG travaille en collaboration avec les centres sociaux. Ainsi, l’on a pu interroger 222 femmes vivant à Abidjan dont 172 sont
violence (Levendosky & coll., 2002 ; Graham-Bermann & Levendosky, 1998 ; Lehmann, 1997).
victimes de violences domestiques et 50 autres femmes non victimes de violences domestiques. Parmi elles, l’on a sélectionné
En somme, on relève une relation significative entre les symptômes de traumatisme chez la mère et les symptômes de traumatisme 75 de leurs enfants âgés de 6 ans répartis équitablement entre ceux témoins de violences physiques ou verbales et ceux qui ne
chez l’enfant, car plusieurs dimensions du développement de l’enfant sont affectées, notamment son attention soutenue. En effet, l’ont pas été. Ces enfants, ayant un âge scolaire (6 ans étant l’âge officiel d’entrée à l’école primaire en Côte d’Ivoire), ont passé
l’attention soutenue est la capacité à se focaliser de façon continue sur une tâche particulière (Kanga, 2007, 2012 ; Reynaud, l’épreuve d’attention dans leur établissement scolaire respectif.
2008 ; Vallet & Cortatellas, 2009). Selon Sudermann & Jaffe (1999), l’enfant exposé aux violences domestiques éprouve souvent
La passation effective de l’épreuve s’est déroulée dans une salle aménagée contenant des jouets. Les mères ou les enseignants
de la difficulté à maintenir son attention lorsqu’il exécute une tâche ou lorsqu’il participe à une activité ludique. Souvent, il ne
peuvent être présents pour rassurer l’enfant, mais ils n’ont pas la possibilité de participer à l’expérience. Une fois dans la salle,
parvient pas à faire très attention aux détails ou commet des fautes d’inattention dans son travail scolaire. Il se montre souvent
l’enfant est laissé libre de jouer pendant 10 minutes. La durée de l’attention soutenue est le temps que l’enfant consacre aux
distrait dans ses activités quotidiennes. Son attention serait davantage atteinte lorsqu’il a été exposé à un événement marqué par
jouets pendant les 10 minutes. S’il passe d’un jouet à un autre pendant moins d’une minute, on suppose qu’il s’agit de la même
la mort d’une personne, une menace de mort ou une blessure grave, ou encore une menace pour son intégrité physique ou celle
activité, et qu’il maintient toujours son attention. Le temps d’attention soutenue est donc compris entre [0-10 mn].
d’autres personnes (American Psychiatric Association, 1994). Dès lors, il est possible que le fait que l’enfant ait été exposé aux
violences domestiques physiques ou verbales le conduise à présenter un déficit d’attention soutenue.
Traitement des données
Cependant, les auteurs ont traité les conséquences de ces violences sur l’attention soutenue de façon indifférenciée sans tenir
compte de la forme (violence physique ou violence verbale) à laquelle il a été exposé. Or, l’on pense que ces deux formes de D’une part, nous avons traité manuellement (papier crayon) le questionnaire et les entretiens, et d’autre part l’épreuve d’attention
violences étant différentes en intensité (la violence physique ayant une connotation plus menaçante pour son intégrité physique soutenue à l’aide du logiciel Spss 13.0.
que la violence verbale), leur relation avec leur développement de l’attention soutenue serait différente. C’est cet aspect
différentiel du lien entre les violences domestiques et le niveau d’attention soutenue des enfants, jusque-là inexploré par les
travaux antérieurs, nous semble-t-il, que le présent travail se propose d’examiner et cela chez des enfants de 6 ans vivant en Côte
d’Ivoire, pays francophone de l’Afrique de l’Ouest où ces formes de violences semblent prendre de l’ampleur.
Pour atteindre cet objectif, l’on postule qu’il existe une relation entre l’exposition aux violences domestiques, plus précisément
le fait que l’enfant en ait été le témoin, et le niveau d’attention soutenue des enfants de 6 ans vivant en Côte d’Ivoire. Cette
hypothèse se décline en deux hypothèses opérationnelles. Premièrement, l’on pense que les enfants de 6 ans non exposés aux
1 Université Félix Houphouët-Boigny. Centre Ivoirien d’Etude et de Recherche en Psychologie Appliquée (CIERPA). 22 BP 159 Abidjan
22 Côte d’Ivoire. Mail : kangabruner@yahoo.fr
2 International Rescue Committee (IRC)
46/118 47/118
Résultats Kanga, K. B. (2007). Activités sportives et niveau d’attention soutenue chez des athlètes à Abidjan. Thèse de Doctorat Unique
de Psychologie. Abidjan : Université de Cocody.
Analyse du niveau d’attention soutenue Kanga, K. B. (2012). Consommation de kaolin par la parturiente et développement de l’attention soutenue de leur enfant de 0-6
ans. Cahiers Ivoiriens de Psychologie, 2, 35-50.
Kanga, K. B., Tieffi, H. G-R., Kanga, N. R. & Achi, E. N. (2013). Les violences domestiques faites aux femmes au foyer
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Levert, I. (2011). Les violences sournoises dans le couple. Paris : Robert Laffont.
Moyenne d’attention
Groupes d’enfants Effectif Ecart-type
soutenue N’douba, B. F. (2002). Aspects développementaux de l’attention soutenue chez des enfants de 0-6 ans de milieux socio-
Non exposés aux violences (G1) 25 7,72 0,97 économiques différents. Thèse de 3eme cycle, université de Cocody, Abidjan.
Exposés aux violences verbales (G2) 25 5,75 1,11 Reynaud, E. (2008). Attention soutenue set vieillissement normal : adaptation du test des deux barrages de Zazzo pour les 60 à
Exposés aux violences physiques (G3) 25 5,23 1,03 90 ans. Mémoire en vue de l’obtention de Diplôme d’Etat de Psychomotricien. Université Paul Sabatier-Toulouse III. Faculté de
Médecine, Toulouse Rangueil : Institut de Formation en Psychomotricité.
Il y a une différence significative entre des groupes en présence (F (2, 72) = 22,07, p< .01, η2=0,38). Cependant, le test de Tukey, Sarid, M. & Bretznitz, Z. (1997). Developmental aspects of sustained attention among 2 to 6 years old children. International
pour la comparaison de moyennes, ne révèle aucune différence significative entre G2 et G3 (t=0,52, non significatif à P <.05). Journal of Development, 21, 303-312.
Ainsi, si la violence domestique est néfaste pour le bon développement de l’attention soutenue des enfants, la forme à laquelle ils
Suderman, M., & Jaffe, P. (1999). Les enfants exposés à la violence conjugale et familiale : Guide à l’intention des éducateurs
ont été exposés ne semble pas être un élément déterminant. L’ensemble de ces résultats fait l’objet de discussion ci-après
et des intervenants en santé et en service sociaux. Ottawa : Santé Canada, pour l’Unité de la prévention de la violence familiale.
Discussion
Ces résultats vont dans le sens des travaux antérieurs, notamment ceux de Sudermann & Jaffe (1999) et de l’American Psychiatric
Association (1994). Selon ces auteurs, d’une part, l’exposition aux violences domestiques serait dommageable pour l’efficience
de l’attention des enfants, et, d’autre part, que ces effets seraient plus marqués lorsque la violence a une connotation physique
telle que la mort de personnes, des blessures graves ou des menaces de mort. Ainsi, l’on pense que les enfants seraient plus
sensibles aux violences physiques, avec des conséquences plus traumatisantes pour eux que les violences verbales. Toutefois,
l’on n’a pu observer de différences significatives entre ces deux formes de violences domestiques. L’on pense que la difficulté à
distinguer de façon très nette ces deux formes de violences domestiques pourrait en être une explication, car la violence physique
est très souvent précédée de la violence verbale. L’orientation de travaux dans ce sens devrait aider à clarifier davantage ces
différences. Néanmoins, l’étude contribue à attirer l’attention des familles sur les conséquences des violences domestiques.
Conclusion
Les violences domestiques, notamment les formes verbale et physique, sont effectives en Côte d’Ivoire et sont néfastes pour le
bon fonctionnement de l’attention soutenue des enfants. L’attention soutenue, porte d’entrée des fonctions cognitives (N’douba,
2002), est essentiel pour l’avenir de l’enfant. Les parents devraient donc s’efforcer de mettre leurs enfants à l’abri de ces violences
afin de leur donner la chance de se développer convenablement.
Par ailleurs, lorsque ces violences surviennent, la prise en charge ne devrait pas se limiter aux victimes, mais elle devrait
s’étendre aux témoins, plus particulièrement lorsque ceux-ci sont des enfants.
Bibliographie
American Psychiatric Association (1994). DSM-IV-TR Diagnostic and statistical manual of mental disorder. Washington, DC:
Masson.
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Studies in family planning 19(3), 300-308.
48/118 49/118
III
Emotions et personnalité
50/118 51/118
Caractère adaptatif des processus de régulation affective et mettent un temps plus important à réguler leurs affects pour retrouver leur niveau d’homéostasie (Congard, Dauvier, Antoine
& Gilles, 2011). Nous souhaitons analyser la hiérarchie et la temporalité d’apparition des stratégies en fonction du niveau
en fonction de l’anxiété : d’anxiété de manière à mieux comprendre les différences individuelles au niveau du fonctionnement affectif.
Approche temporelle dynamique
Les hypothèses testées au niveau interindividuel sont que les stratégies de restructuration positive et de résolution de problème
sont jugées comme plus efficaces par rapport à l’évitement/distraction et l’expression persistance des affects négatifs. Les
Anne Congard, Cynthia Calabrese, Maud Carcaud et Bruno Dauvier (1) stratégies qui concernent l’évaluation de la situation (restructuration positive) et l’expression des affects arrivent plus souvent
dans la première étape des cycles de régulation par rapport aux stratégies orientées vers le problème. Les anxieux auraient une
évocabilité des stratégies les moins adaptatives (expression et persistance des affects négatifs et évitement) plus marquée par
rapport aux non-anxieux.
Introduction
Au niveau de la hiérarchie d’évocabilité des stratégies en fonction de l’anxiété, les personnes présentant un bas niveau en anxiété
Les événements de la vie de tous les jours provoquent différentes perturbations affectives. Pour y faire face et retrouver leur évoqueraient plus précocement, dans le cycle de régulation affective, les stratégies de restructuration positive et de résolution de
homéostasie, les personnes doivent s’ajuster en utilisant des stratégies de Régulation Affective (RA). La régulation affective est problème par rapport aux anxieux qui passeraient davantage par l’expression persistance des affects négatifs.
définie comme étant le processus par lequel les individus influencent leurs affects au moment où ils les ressentent et la manière
avec laquelle ils expérimentent et expriment ces affects (Gross, 1998). Il s’agit d’un ensemble de processus vicariants qui
conduisent la personne à s’adapter à son environnement (Reuchlin, 1978).
Méthode
Les approches classiques de l’étude de l’efficacité des stratégies de régulation affective consistent à demander à la personne, a
posteriori, de déterminer quelles stratégies elle emploie habituellement ou généralement face à une situation problématique et
si la stratégie s’est avérée efficace pour maitriser cette situation (e.g. Augustine & Hemenover, 2009, Mikolajczak, Quoidbach, Participants
Kotsou & Nélis, 2009 et Webb, Miles, & Sheeran, 2012). Le tableau 1 montre une synthèse des principaux résultats de ces études.
L’échantillon est constitué de 57 participants (9 hommes et 48 femmes) de la région de PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Ils
Le problème de ce type de protocole est qu’il se fait de manière rétrospective et que l’on ne peut percevoir qu’une partie des sont âgés en moyenne de 24 ans (de 17 à 54 ans). Tous sont volontaires pour participer à cette étude.
stratégies de régulation affective réellement employées (Stone et al., 1998). En effet, il est fort probable que les personnes
rappellent simplement la stratégie la plus efficace. Notre hypothèse repose sur l’idée que les stratégies sont imbriquées les unes Protocole
dans les autres et qu’elles s’apportent un bénéfice mutuel (e.g. : il est préférable d’avoir réévalué la situation pour faire baisser
les affects négatifs avant de passer à la résolution du problème). Le protocole s’est déroulé en deux parties. Les participants ont répondu à l’inventaire d’anxiété de Spielberger, Gorsuch, Lushene,
Vagg & Jacobs (1983), le State-Trait Anxiety Inventory (STAI) puis ont répondu chaque jour à un carnet de bord, pendant 26
jours. La consigne est de demander à la personne de choisir un événement de la journée (positif ou négatif) et d’identifier la mise
Tableau 1 : Synthèse des travaux sur l’efficacité des stratégies de régulation affective (RA) en place des stratégies pour y faire face étape par étape. Le carnet de bord se compose des questions suivantes : description de
l’événement choisi de la journée, évaluation des affects ressentis par rapport à cet événement par le biais de la MAVA (Mesure des
Affects : Valence/ Activation de Congard et al. 2011), puis la personne choisit parmi plusieurs stratégies celle qu’elle a employée
Stratégie de RA Adaptation des stratégies
en premier (menu déroulant) en identifiant le moment d’apparition de la stratégie et l’investissement dans cette stratégie puis elle
Régulation orientée vers la Très bonne efficacité globale surtout à court terme, indique son ressenti au niveau de l’efficacité de cette stratégie. Si la personne n’est pas encore revenue à son état d’équilibre, elle
résolution du problème Risque de fatigabilité à long terme
doit décrire la deuxième stratégie et son efficacité ainsi de suite pour chacune des étapes de la régulation affective (étape après
Augmentation des affects positifs étape) jusqu’au retour à l’état d’homéostasie.
Régulation orientée vers la Transformation de l’évaluation de la situation (du sentiment de menace au sentiment
restructuration positive de défi)
Mobilisation plus aisée des ressources cognitives pour faire face
1 Aix-Marseille University, Centre de Recherche PsyCLÉ (EA 3273), 29 avenue Robert Schuman, F-13621 Aix en Provence Cedex 1,
France. E-mail: anne.congard@univ-amu.fr, Bruno.dauvier@univ-amu.fr.
52/118 53/118
Evocabilité des stratégies de RA Figure 2 : Efficacité perçue des stratégies de régulation affectives et de la temporalité dans le cycle de
régulation
Des modèles multi-niveaux de type GLM binomiaux ont été mis en œuvre pour étudier la dynamique d’évocabilité des stratégies
au cours des 4 premières étapes de la régulation affective comme proposé dans l’article de Zheng & Agresti (2000). Un modèle
a été testé pour chacune des stratégies avec comme variable dépendante l’utilisation stratégique et comme variable indépendante
le moment de son apparition dans la dynamique d’enchaînement des stratégies. Les cinq modèles binomiaux testés sont résumés
dans la figure 1. Cette figure décrit l’émergence d’une stratégie en fonction du type de stratégie et de sa temporalité. Ce type de
modèle est ainsi utilisé à but descriptif et la temporalité est testée comme une variable continue.
Légende : ordonnée: % d’efficacité perçue moyenne des stratégies de régulation affective, abscisse :
temporalité dans le cycle de régulation sur 4 temps.
La restructuration positive et la résolution de problème sont jugées comme plus efficaces surtout en début de régulation tandis
que la recherche de soutien est jugée plus efficace à la fin de la session. La stratégie d’évitement/distraction, bien que jugée moins
efficace que d’autres stratégies, est jugée comme plus efficace quand elle est mise en place en début de cycle de régulation. La
stratégie d’expression et la persistance des affects négatifs est globalement jugée comme la moins efficace à chaque étape de la
régulation.
Légende : ordonnée: % d’utilisation des stratégies, abscisse : Différences individuelles dans l’évocabilité des stratégies de régulation affective en fonction de l’anxiété
temporalité dans le cycle de régulation sur 4 temps.
L’objectif de cette recherche est également de montrer des différences dans l’utilisation des stratégies en fonction du niveau
d’anxiété. On fait l’hypothèse que les anxieux ont des difficultés dans l’accessibilité de certains répertoires plus fonctionnels.
La figure 1 montre que, parmi les stratégies de régulation jugées comme les plus efficaces, les stratégies de régulation affective Un modèle a été testé pour chacune des stratégies avec comme variable dépendante l’utilisation stratégique et comme variable
orientées vers la restructuration positive arrivent plus souvent dans la première étape alors que les stratégies de résolution de indépendante le moment de son apparition dans la dynamique d’enchaînement des stratégies en interaction avec l’anxiété. La
problème arrivent plus fréquemment en dernier. Dans les stratégies de régulation jugées comme moins efficaces, ce sont les figure 3 présente les résultats des modèles binomiaux permettant de calculer la probabilité d’utilisation de chaque stratégie en
stratégies d’expression et persistance des affects négatifs qui arrivent plus souvent dans la première étape et qui déclinent au fonction de la position chronologique et du niveau d’anxiété trait. Les graphiques suivants montrent les résultats du modèle pour
cours des étapes de régulation. L’évitement et la distraction sont utilisés mais plus fortement dans les étapes secondaires du des niveaux d’anxiété situés à plus ou moins 1.5 écart-type de la moyenne donnant ainsi une représentation pour les faiblement
processus alors que la recherche de soutien arrive majoritairement en dernier. anxieux vs. les fortement anxieux.
Figure 3 : Evocabilité des stratégies de régulation affectives en fonction l’accessibilité à des stratégies plus adaptatives. Chez eux également, l’évitement est globalement plus évoqué au début du cycle
du niveau d’anxiété et de la temporalité dans le cycle de régulation mais diminue au cours du cycle de régulation.
Bibliographie
Augustine, A. A., & Hemenover, S. H. (2009). On the relative effectiveness of affect regulation strategies: A meta-analysis.
Cognition and Emotion, 23, 1181-1220. doi: 10.1080/02699930802396556.
Congard, A., Dauvier, B., Antoine, P., & Gilles, P-Y. (2011). Integrating personality, daily life events and emotion: Role of
anxiety and positive affect in emotion regulation dynamics. Journal of Research in Personality, 45(4), 372-384. doi:10.1016/j.
jrp.2011.04.004.
Gross, J. J. (1998). The emerging field of emotion: An integrative review. Review of General Psychology, 2, 271-299. doi:
10.1037/1089-2680.2.3.271.
Mikolajczak, M., Quoidbach, J., Kotsou, I., & Nelis, D. (2009). Les compétences émotionnelles. Paris : Dunod
Légende : ordonnée: % d’utilisation des stratégies, abscisse : Reuchlin, M. (1978). Processus vicariants et différences interindividuelles. Journal de Psychologie 2, 133-145.
Temporalité dans le cycle de régulation sur 4 temps. Spielberger, C. D., Gorsuch, R. L., Lushene, P. R., Vagg, P. R., & Jacobs, A. G. (1983). Manual for the State-Trait Anxiety
Inventory (Form Y). Palo Alto: Consulting Psychologists Press.
Globalement, l’évocabilité des stratégies de résolution de problème et de restructuration positive semble nettement moins Stone, A. A., Greenberg, M.A., Kennedy-Moore, E., & Newman, G. (1991). Self-report, situation-specific coping
importante chez les fortement anxieux par rapport aux faiblement anxieux alors que l’expression et la persistance des affects questionnaires: What are they measuring ? Journal of Personality and Social Psychology, 61, 4, 648-658.
négatifs, l’évitement et la recherche de soutien est plus importante chez ces derniers. Chez les faiblement anxieux, une phase de
Stone, A. A., Schwartz, J. E., Shiffman, S. S., Marco, C., Porter, L.S., & Cruise, L. J. (1998). A comparison of coping
restructuration positive précède plus souvent la mise en place de la résolution du problème alors que chez les plus anxieux, ces
assessed by ecological momentary assessment and retrospective recall. Journal of Personality and Social Psychology, 74, 6,
deux stratégies suivent un patron similaire avec des niveaux d’utilisation plus bas. Les fortement anxieux évoquent d’avantage
1670-1680.
d’expression et persistance des affects négatifs dans la première phase par rapport aux autres ce qui réduit probablement
56/118 57/118
Webb, T; Miles, E; Sheeran, P. (2012). Dealing with feeling: a meta-analysis of the effectiveness of strategies: derived from the Evolution de la hiérarchisation du répertoire
process model of emotion regulation. Psychological Bulletin, Vol. 138, No. 4, 775–808. DOI : 10.1037/a0027600
des stratégies de régulation émotionnelle au cours de l’âge adulte
Zheng, B., & Agresti, A. (2000). Summarizing the predictive power of a generalized linear model. Statistics in Medicine, 19(13),
1771-1781. 10.1002/1097-0258.
Sarah Le Vigouroux (1), Bruno Dauvier (1), Anne Congard (1), & Jean-Luc Kop (2)
Introduction
Avec l’âge les personnes ressentiraient un bien-être affectif général plus important (Carstensen et al., 2011 ; Gross et al., 1997).
Un modèle qui explique cet effet est celui de la sélectivité socioémotionnelle (SST) de Carstensen (Löckenhoff & Carstensen,
2004). Chez les jeunes, les buts convergeraient vers l’accumulation d’informations et de connaissances nouvelles, même lorsque
celles-ci sont susceptibles d’engendrer des expériences négatives. Tandis que les personnes âgées deviendraient plus motivées à
ressentir du bien-être, car elles ont une perception du temps de vie future limitée, ce qui entrainerait une plus grande allocation
de ressources dans la régulation. Une seconde théorie est également proposée pour comprendre cette meilleure efficacité de la
régulation émotionnelle chez les personnes les plus âgées : la sélection optimisation compensation en régulation émotionnelle
(SOC-ER; Urry & Gross, 2010). Le SOC-ER explique que les individus sélectionnent et optimisent certaines stratégies de
régulation, en tenant compte de leurs propres capacités (sélection), du contexte, de la pratique et des efforts à faire pour atteindre
l’objectif fixé, ici l’augmentation ou la diminution de certains affects (optimisation), et suivant les résultats obtenus, de redoubler
d’effort, de développer des solutions de contournement ou de demander de l’aide (compensation). Ainsi Urry et Gross (2010)
suggèrent que les personnes âgées favorisent et optimisent certaines stratégies de régulation, qui seraient alors plus efficaces dans
l’augmentation et le maintien des affects positifs et la diminution des affects négatifs (Röcke, Li, & Smith, 2009).
Notre première hypothèse est qu’avec l’âge le niveau d’utilisation de certaines stratégies va augmenter, illustrant un phénomène
de hiérarchisation du répertoire tel que défini par Reuchlin (1973). Un répertoire hiérarchisé est caractérisé par de très hauts
niveaux d’évocabilité des stratégies identifiées comme efficaces par les individus et par de très faibles niveaux pour les autres. De
plus il est possible de les utiliser simultanément ou bien séparément, notion renvoyant aux processus vicariants. Notre seconde
hypothèse renvoie alors à l’idée que l’expertise en régulation émotionnelle s’accompagne d’une temporalité privilégiée dans
l’ordre d’utilisation des stratégies.
Méthode
Nous avons interrogé 110 adultes tout-venants (dont 65 femmes), âgés de 14 à 74 ans (μ=34 ans et 3 mois ; σ=16 ans). Les données
sont recueillies via un sondage quotidien construit sur une période de 14 jours, avec 5 observations par jour, toutes les 3 heures,
à partir d’une heure choisie par chaque participant. Cette procédure est devenue la norme dans ce domaine (Wilt, Funkhouser, &
Revelle, 2011). Dans cette étude nous nous sommes focalisés sur 6 stratégies : la résolution de problème, la recherche de soutien
social, l’évitement ; la réévaluation cognitive, la suppression expressive ; et la rumination (Bruchon-Schweitzer & Boujut, 2014 ;
Gross & Thompson, 2007 ; Luminet, 2013). Les affects sont eux opérationnalisés à partir des 12 secteurs du modèle circomplexe
des affects de l’équipe de Russell (2011). Lors d’un entretien, chaque participant devait résumer les définitions, qui lui données
pour chaque secteur, par un adjectif qui lui semble le plus prototypique. La procédure est identique pour les stratégies. Par la suite
les participants étaient sollicités par SMS, afin d’indiquer leur degré d’accord pour chacun des items renvoyant aux 12 affects et
aux 6 stratégies. La réponse était renvoyée par SMS, sous forme d’une série de 18 chiffres, correspondant à chaque fois à leur
positionnement sur une échelle de Likert en 5 points (de 1 « pas du tout d’accord » à 5 « tout à fait d’accord »). Nous avons par la
suite réalisé une ACP sur les 12 affects, permettant de résumer les affects en trois composantes : Affectivité Positive, Affectivité
Négative et Activation.
1 Aix-Marseille Université, Centre PsyCLE, UFR de Psychologie, 29 avenue Robert Schuman, 13 100 Aix-en-Provence, France. Mel :
sarah.le-vigouroux@univ-amu.fr
2 Université de Lorraine, Interpsy, UFR de Psychologie, 23 boulevard Albert 1er, 54 015 Nancy Cedex, France
58/118 59/118
Les résultats (tableau 2) montrent que l’utilisation d’une stratégie est très liée à son niveau d’utilisation au temps précédent.
Il semble également que les stratégies qui sont privilégiées avec l’avancée en âge, car perçues comme plus étant plus efficace
dans la régulation affective, soient utilisées dans un certain ordre temporel. En effet nos résultats suggèrent que la résolution
de problème et la suppression expressive précèdent la réévaluation cognitive, qui elle-même précède la recherche de soutien
social (Figure 2). Cependant, contrairement à ce que nous attendions, cette temporalité dans l’utilisation ne semble pas être une
A partir des données reçues, nous avons calculé un indicateur de la hiérarchisation du répertoire. Il s’agit de l’écart-type intra- caractéristique de l’acquisition d’une expertise dans la régulation affective. En effet, l’ajout de l’âge dans les modèles, ne permet
individuel des 6 moyennes d’utilisation des stratégies de régulation. Plus cet écart-type est grand, plus il illustre un répertoire pas un meilleur ajustement.
hiérarchisé avec des stratégies privilégiées et d’autres ignorées (exemple Figure 1). Nos résultats (Tableau 1) font apparaître un
groupe de stratégies privilégié avec l’âge, dont la réévaluation cognitive et la résolution de problème. L’âge est également corrélé
positivement aux affects positifs. Concernant l’indicateur de hiérarchisation du répertoire, il est corrélé positivement à l’âge, aux Figure 2 : Succession temporelle dans l’utilisation des stratégies de régulation
affects positifs, ainsi qu’à l’utilisation de quatre stratégies de régulation émotionnelles : la suppression expressive, le soutien
social, la réévaluation cognitive et la résolution de problème. Ces résultats suggèrent qu’un répertoire hiérarchisé pourrait être un
indicateur d’une régulation efficace.
Tableau 1 : Matrice de corrélation entre l’âge, les stratégies et les dimensions affectives
(Affectivité Positive, Affectivité Négative, Activation)
1 Université Felix Houphouet Boigny, Département de Psychologie, Laboratoire de Psychologie Génétique et Différentielle, 22 Bp 159
Abidjan 22. Mel : meite.chronopsy@yahoo.fr
2 Université Felix Houphouet Boigny, Centre Ivoirien d’Etudes et de Recherche de Psychologie Appliquée
3 Université d’Angers. Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, LPPL EA4638,
62/118 63/118
Par ailleurs, des différences interculturelles sont souvent observées dans les recherches à propos des comportements de conduite Tableau 1 : Scores moyens et écarts-types de conducteurs ivoiriens
(Lajunen, Parker & Stradling 1998). Il paraît alors important d’explorer ces comportements inappropriés dans le système de à l’échelle de colère au volant (DAS)
circulation en Afrique, plus précisément en Côte D’Ivoire, où les études systématiques consacrées à l’analyse comportementale
font défaut, à notre connaissance. L’étude proposée s’inscrit donc dans le cadre de ces études systématiques et dans une perspective Facteurs DAS Items DAS Moyenne Ecart type
transculturelle, le but étant d’analyser la propension des conducteurs à éprouver de la colère au volant dans différentes situations 13 Quelqu’un grille un feu rouge ou un stop. 3,64 1,211
de conduite, selon l’âge, le genre, l’expérience de conduite et les antécédents d’accidents. Conduite illégale 25 Quelqu’un dépasse largement la limite de vitesse autorisée. 3,43 1,277
M = 3,294
ET= 0,927 2 Quelqu’un roule trop vite par rapport à l’état de la route. 3,06 1,435
6 Quelqu’un se faufile entre les voitures. 3,05 1,410
Méthode Gestes hostiles
27 Quelqu’un vous crie dessus à propos de votre conduite. 3,15 1,230
M = 3,040 21 Quelqu’un vous fait un geste obscène à propos de votre conduite. 3,00 1,253
ET= 0,925
Participants 24 Quelqu’un vous klaxonne à propos de votre conduite. 2,98 1,352
7 Quelqu’un vous fait une queue de poisson sur l’autoroute. 3,57 1,309
La recherche a été menée auprès de 287 conducteurs professionnels (245 hommes et 42 femmes), âgés en moyenne de 36,9 ans
14 De nuit, la voiture que vous allez croiser reste en pleins phares. 3,48 1,245
(ET = 9,39) et ayant en moyenne 10,3 ans (ET = 8,72) d’expérience professionnelle. Parmi eux 87 conducteurs (30,3 %) déclarent
12 Quelqu’un qui sort en reculant arrive sur vous sans regarder. 3,45 1,398
avoir été impliqués dans au moins un accident de la route (dont 14 blessés graves et 52 blessés légers). Ces conducteurs, sont
5 Quelqu’un colle votre pare-chocs arrière. 3,44 1,261
répartis en trois groupes d’âge : jeunes (20 à 29 ans), jeunes adultes (30 à 60 ans), âgés (plus de 60 ans).
Discourtoisie 8 Quelqu’un passe devant vous pour prendre la place de parking que vous
2,79 1,308
M = 2,860 attendiez.
Matériel et procédure ET= 0,644
17 Quelqu’un se met à accélérer alors que vous êtes en train de le doubler. 2,67 1,136
Les conducteurs étaient invités à remplir un questionnaire (fiche signalétique) comprenant des questions d’identification. La 15 De nuit, quelqu’un derrière vous roule en restant en pleins phares. 2,55 1,345
fiche signalétique donne des renseignements sur l’âge, le sexe et la profession des conducteurs, la date de l’obtention du permis, 20 Quelqu’un à votre droite se rabat juste devant vous alors qu’il n’y a
2,31 1,179
personne derrière vous.
l’expérience professionnelle, les antécédents d’accidents, l’état d’esprit des conducteurs à l’égard de la sécurité routière, la
connaissance du code de la route et des principes de sécurité ainsi que l’importance globale de la prévention des accidents de la 28 Un cycliste qui circule au milieu de la route ralentit la circulation. 1,47 ,888
route. L’état d’esprit est enregistré à l’aide d’une échelle de type Likert en quatre points et concerne : le sentiment de sécurité sur 10 Un véhicule lent qui circule sur une route de montagne refuse de se serrer
3,15 1,296
sur la droite pour laisser passer les autres.
les routes (« en complète insécurité » à « en complète sécurité ») ; le sentiment que les autres conducteurs sont bons ou mauvais
(« très bons conducteurs » à « très mauvais conducteurs ») ; la satisfaction quant à la sécurité des infrastructures (« pas satisfaits 4 Quelqu’un qui roule trop lentement sur la voie de dépassement fait ralentir
3,09 1,242
la circulation.
du tout » à « tout à fait satisfaits ») ; l’importance de la prévention des accidents ainsi que le point de vue des conducteurs Conduite lente 18 Quelqu’un qui est lent à se garer bloque la circulation. 2,91 1,331
concernant la sanction (avec plus de rigueur ou de souplesse) au code de la route. M = 2,758
ET= 0,770 9 Quelqu’un roule trop lentement par rapport à ce qui est raisonnable pour le
2,69 1,169
Par ailleurs, l’échelle de colère de Delhomme et Villieux (2005) a été utilisée. Cette adaptation française de « l’échelle de colère flux de la circulation.
éprouvée au volant » permet de mesurer la propension des participants à éprouver de la colère au volant dans les situations de 3 Au milieu de la rue et hors passage clouté, un piéton traverse lentement ce
2,45 1,245
conduite présentées dans la version longue de la DAS (Deffenbacher, Oetting & Lynch, 1994). La DAS (Driving Anger Scale) qui vous oblige à ralentir.
comprend 33 items repartis en six facteurs ou types de situations génératrices de colère : « Gestes hostiles », « Conduite illégale 1 Quelqu’un devant vous ne démarre pas alors que le feu est passé au vert. 2,25 1,107
», « Présence des forces de l’ordre », « Conduite lente », « Discourtoisie » et « Circulation entravée ». 16 Vous passez devant un radar de vitesse qui est dissimulé. 3,47 1,337
Présence des 29 Un agent de police vous fait signe de vous ranger sur le côté. 3,37 1,207
Les participants devaient s’imaginer être au volant de leur véhicule et estimer le degré de colère que provoquerait en eux chacune forces de l’ordre
des 33 situations de conduite qui leur est présentée. Les réponses à ces questions sont enregistrées à l’aide d’une échelle de type M = 2,727 11 Vous voyez, dans un endroit caché, une voiture de police qui surveille la
2,05 1,364
ET= 0,747 circulation.
Likert en cinq points allant de 1 « pas du tout » à 5 « très fortement ». La passation a duré 20 minutes.
23 Une voiture de police circule près de vous. 2,03 1,044
30 Vous roulez derrière un véhicule qui rejette des fumées épaisses ou
3,80 1,203
d’échappement de diesel.
Résultats 31 Un camion projette du sable ou des graviers sur la voiture que vous
3,13 1,296
conduisez.
Circulation
19 Vous êtes bloqué(e)s dans un embouteillage. 2,94 1,275
Analyse descriptive de la propension des conducteurs à éprouver de la colère au volant entravée
M = 2,562 26 Vous roulez derrière un camion dont les matériaux à l’arrière se balancent. 2,62 1,319
ET = 0,585
Les scores moyens des participants à chacun des facteurs et des items censés provoqués plus ou moins de colère au volant sont 33 Vous rencontrez des travaux sur la route qui vous obligent à suivre les
2,49 1,516
déviations.
indiqués dans le tableau 1. Les chiffres associés aux items correspondent à leurs emplacements dans l’échelle de colère DAS.
32 Vous roulez derrière un gros camion qui vous bloque la visibilité. 1,67 1,040
Les tests de sphéricité de Barlett et de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO) indiquent respectivement des valeurs χ²(528) = 3082,49, p
22 Sur la chaussée, vous heurtez un trou qui n’était pas signalé. 1,41 ,788
< 0,001 et de 0,84, coefficients de fidélité attestant d’une bonne cohérence interne de l’échelle. La situation censée provoquer
le plus de colère chez les conducteurs ivoiriens est la « conduite illégale » (M = 3,29) avec l’item 13 « quelqu’un grille un feu
rouge ou un stop » (M = 3.64), contrairement à leurs homologues français chez qui la « discourtoisie » constitue la situation qui
engendrerait le plus de colère (Delhomme et Villieux, op. cite). Ensuite, se trouvent respectivement les « gestes hostiles » (M =
Approche différentielle de la propension des conducteurs à éprouver de la colère au volant
3,04), la « discourtoisie (M = 2,86), la « conduite lente » (M = 2,76), la « présence des forces de l’ordre » (M = 2.73). A l’inverse, L’analyse de la variance (ANOVA) est effectuée pour mesurer l’effet de l’état d’esprit des conducteurs à l’égard de la sécurité
le facteur pour lequel les conducteurs ivoiriens se mettraient le moins en colère est la « circulation entravée » (M = 2,56) avec routière et de certaines caractéristiques des conducteurs (profession, âge, genre, niveau d’études, antécédents d’accidents) sur les
l’item 22 « Sur la chaussée, vous heurtez un trou qui n’était pas signalé » (M = 1,41). différentes situations de conduite (Tableau 2).
64/118 65/118
Tableau 2 : Caractéristiques individuelles, état d’esprit des conducteurs ivoiriens à l’égard colère sont : « Quelqu’un colle votre pare-chocs arrière » (item 5), « De nuit, quelqu’un derrière vous roule en restant en pleins
de la sécurité routière et situations de conduite présentées dans l’échelle de colère au volant (DAS) phares » (item 15) et « Quelqu’un à votre droite se rabat juste devant vous alors qu’il n’y a personne derrière vous » (item 20). En
revanche, le sentiment de sécurité sur les routes, la satisfaction quant à la sécurité des infrastructures et la sanction des infractions
Situations de conduite DAS au code de la route n’ont aucun effet sur les différentes situations de conduite.
Gestes hostiles
Conduite lente
des forces de
Discourtoisie
Circulation
Conclusion
Présence
Conduite
entravée
illégale
l’ordre
Dans le cadre de cette étude, les comportements observés chez les automobilistes ivoiriens montrent qu’ils sont également
sujets à la colère. Les situations de conduite notamment « gestes hostiles », «discourtoisie », « conduite illégale », « présence
Sentiment de sécurité sur les routes 1,442 0,369 1,015 0,736 0,603 0,603
des forces de l’ordre », « conduite lente », et « circulation entravée » présentées dans la D.A.S se révèlent toutes génératrices
Sentiment que les autres conducteurs
0,847 1,407 0,455 0,182 2,943* 0,916
de colère au volant. De plus, la « conduite illégale» est le facteur pour lequel les conducteurs ivoiriens se mettraient le plus en
sont bons ou mauvais colère, contrairement, à leurs homologues français chez qui la « discourtoisie » constitue la situation qui engendrerait le plus de
Satisfaction quant à la sécurité des colère (Delhomme et Villieux (2005). Toutefois, on peut noter quelques aspects particuliers dans les différents comportements,
0,369 0,369 0,369 0,369 0,369 0,369
infrastructures
notamment au niveau des situations spécifiques censées provoquer le plus de colère au volant. Ainsi la situation agressive
Importance de la prévention des
accidents
0,885 0,707 1,281 1,750 0,728 0,445 « gestes hostiles » semble être influencée par la profession, l’âge et le niveau d’études des conducteurs. La propension à
éprouver de la colère au volant diminue avec l’âge : les conducteurs moins âgés éprouvent davantage de colère au volant que
Avis concernant la Sanction des
0,813 2,494 1,633 0,658 0,246 0,685 les conducteurs plus âgés. Les situations « gestes hostiles » amèneraient les jeunes conducteurs à se mettre plutôt en colère. Par
infractions au code de la route
ailleurs, la profession, le niveau d’étude et le sentiment que les autres conducteurs sont bons conducteurs ou non semblent avoir
Implication dans un accident 1,471 0,71 2,606 1,237 0,621 0,655
un effet différentiel sur les différentes situations de conduite
Profession 1,451 4,011*** 0,637 1,853 3,022** 3,096**
Pour notre part, le présent travail permettra d’apporter un complément aux travaux antérieurs car il montre que les pays à faibles
Age 3,499** 1,766 0,779, ns 1,631 0,692 1,378 et moyens revenus comme la Côte d’Ivoire sont également confrontés à cette problématique qui a une part significative dans les
collisions ou accidents de la route. Du point de vue pratique, il pourrait susciter l’attention des spécialistes en la matière et les
Genre 1,787 0,956 0,349 3,676 0,320 0,243 autorités compétentes sur les politiques éducatives en matière de sécurité routière.
Niveau d’études 2,515* 1,450 2,321 1,192 4,072* 0,965
Bibliographie
*p<.05 **p<.01 ***p<.001 Seuil de significativité α = .05.
Assum, T. (1998). La sécurité routière en Afrique. Evaluation des initiatives de sécurité routière dans cinq pays africains.
Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP). Document de travail SSATP, N°33.
En ce qui concerne les caractéristiques individuelles des conducteurs, l’analyse de variance met en évidence un effet significatif
de la profession sur les situations de « conduite illégale » (F(8,278) = 4,01 ; p < 0,001), la discourtoisie (F(8,278) = 3,02 ; p Ballo, Z. (2006). Corruption et sécurité routière : le cas des transports routiers d’Afrique Subsaharienne, Région et Développement
< 0,01) et la circulation entravée (F(8,278) = 3,10 ; p < 0,01) ; indiquant que dans ces situations, la colère au volant varie en n° 24.
fonction de la profession du conducteur, selon qu’il soit agriculteur, commerçant, cadre, employé, ouvrier, retraité, chômeur, Deffenbacher, J.L., Filetti, L.B., Lynch, R.S., Dahlen, E.R, & Oetting, E.R. (2002). Cognitivebehavioral treatment of high
femme ou homme au foyer ou encore étudiant. Notamment, les cadres et les ouvriers éprouvent davantage de colère au volant anger drivers. Behaviour Research and therapy, 40, 895-910.
dans la situation de « conduite illégale », avec l’item 7 « Quelqu’un vous fait une queue de poisson sur l’autoroute » alors que
les cadres et les étudiants se mettraient le plus en colère dans la situation de discourtoisie, avec l’item 14 « De nuit, la voiture Deffenbacher, J.L., Lynch, R.S., Oetting, E.R. & Yingling, D.A. (2001). Driving anger; correlation and a test of state-trait
que vous allez croiser reste en pleins phares » et l’item 15 « De nuit, quelqu’un derrière vous roule en restant en pleins phares ». theory. Personality and Individual Differences, 31, 1321-1331.
Les femmes ou les hommes au foyer et les employés se mettraient le moins en colère dans la situation « Quelqu’un passe devant Deffenbacher, J.L., Oetting, E.R. & Lynch, R.S, (1994). Development of a driving anger scale. Psychological Reports, 74,
vous pour prendre la place de parking que vous attendiez (item 8) ». 83-91.
Par ailleurs, l’âge semble avoir un effet sur la situation de conduite agressive (F(2,284) = 3,499 ; p < 0,01), plus précisément avec Deffenbacher, J.L., Huff, M.E, Lynch, R.S., Oetting, F.R. & Salvatore (2000). Characteristics and treatment of high-anger
l’item 27 « Quelqu’un vous crie dessus à propos de votre conduite » (F(2,284) = 3,168; p < 0,05). Les jeunes conducteurs âgés de drivers. Journal of Counseling Psychology, 47, 5-17.
20 à 29 ans exprimeraient plus leur colère en agressant les autres (au moyen de gestes hostiles) que les conducteurs âgés de 30 à
Delhomme, P., & Villieux, A. (2005). Adaptation française de l’échelle de colère au volant DAS : quels liens entre colère
60 ans. Ces derniers éprouveraient davantage de colère au volant dans cette situation de conduite que ceux âgés de plus de 60 ans.
éprouvée au volant, infractions et accidents de la route déclarée par de jeunes automobilistes? Revue Européenne de Psychologie
Le niveau d’étude influence également la situation de conduite « gestes hostiles », F(3,283) = 2,52 ; p < 0,05) et la situation Appliquée, 55, 187-205.
« discourtoisie ». Plus précisément, les conducteurs ayant un niveau « d’enseignement supérieur » présentent le plus de colère au
Ellison-Potter, P, Deffenbacher, P.B., & Deffenbacher, J.L., (2001). The effects of trait driving anger, anonymity, and agressive
volant. La situation censée provoquer le plus de colère chez ces conducteurs est la « discourtoisie », avec l’item 7 « Quelqu’un
stimuli on agressive driving behavior. Journal of Applied Social Psychology, 31, 431-443.
vous fait une queue de poisson sur l’autoroute » et l’item 15 « De nuit, quelqu’un derrière vous roule en restant en pleins phares ».
Les conducteurs de niveau « Brevet » sont ceux qui ressentent le moins de colère. Toutefois le genre, l’implication du conducteur Gaymard, S. (2014). « Risques routiers : Quelques éclairages sur les facteurs psychologiques et les facteurs liés au travail. »
dans un accident n’a pas d’effet significatif sur les différents types de situations génératrices de colère. Rencontre régionale inter-ASRE (Association sécurité routière en entreprise). CCI Cointreau, Angers.
L’état d’esprit des conducteurs, plus précisément le sentiment que les autres conducteurs sont « bons » ou « mauvais conducteurs », Gaymard, S., & Tiplica, T. (Dir.). (2015). Sécurité des déplacements, protection des usagers et de l’environnement: Maîtrise des
influence la situation de conduite « discourtoisie » (F(3,283) = 2,94, p < 0,05). Dans cette situation de conduite, les conducteurs risques et prévention Tome 1/ Travel Safety, user and environment protection. Risk control and prevention. Paris: L’Harmattan.
qui ont le sentiment que les autres conducteurs sont « bons conducteurs » éprouvent davantage de colère au volant que ceux qui
Iversen, H. & Rundmo, T. (2002). Personality, risky driving and accident involvement among Norwegian drivers. Personality
ont le sentiment que les autres conducteurs sont « mauvais conducteurs ». Les situations de conduite censées provoquer plus de
and Individual Differences, 33, 1251–1263.
66/118 67/118
Jacobs G. & Aeron-Thomas A. (2000). Africa Road Safety Review, US Department of Transportation-Federal Highway Adaptation scolaire, émotionnelle et sociale au lycée :
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mediation by safety orientation in UK drivers. Transportation Research Part F 1; 107-121. Cadre théorique
Muhlrad, N. (1999). Politique de sécurité routière en Côte d’Ivoire: Réorganisation de l’OSER», Rapport de mission à Abidjan,
Alors que les travaux portant sur la transition du primaire vers le secondaire (e.g., Gilles et al. 2000) ou du secondaire vers
ISTD, Paris.
l’enseignement supérieur (e.g., Carayon & Gilles, 2005), s’avèrent relativement nombreux, les études relatives au passage
Muhlrad, N. (2002). Sécurité routière dans les pays à faibles et moyens revenus», Annales des Ponts et Chaussées, n°1010. du collège vers le lycée, pourtant souvent difficile pour les élèves, sont de façon assez surprenante plutôt rares. Le concept
Rapport OMS-Banque Mondiale (2009). Rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde : il est temps d’agir. d’adaptation dans le contexte scolaire est souvent assimilé à celui de réussite scolaire. Cependant, les résultats de l’élève ne
Genève, Organisation mondiale de la Santé. représenteraient qu’un aspect de ce type d’adaptation, plusieurs auteurs insistent en effet sur la nécessité de ne pas négliger la
mesure d’indicateurs subjectifs, en particulier conatifs (e.g., Carayon & Gilles, 2005). Trois composantes de l’adaptation sont
Sahabana, M. (2003). Le Joola, Ndiaga Ndiaye, cars rapides… : les victimes des transports en commun, l’affaire de tous ?, ainsi souvent différenciées dans la littérature: scolaire, émotionnelle et sociale (e.g., Feldt et al. 2011). Un des objectifs de cette
Transports, 419, 177-180. étude est de proposer un questionnaire permettant d’opérationnaliser au mieux ces trois composantes. Parmi elles, l’adaptation
Underwood, G., Chapman, P., Wright, S. & Crundall, D., (1999). Anger while driving. Transportation Research Part F2, scolaire est probablement la plus difficile à mesurer, si l’on ne se contente pas des notes de l’élève. En effet, si l’évaluation de
55-68. l’adaptation émotionnelle peut se faire assez facilement par des mesures de bien-être, si il peut être relativement évident de
mesurer l’adaptation sociale grâce à des indicateurs de qualité des relations sociales qu’entretient l’élève avec ses pairs et avec
Villieux, A. & Delhomme, P. (2008). Colère éprouvée au volant et différentes manières de l’exprimer : quels liens avec des les adultes qu’il côtoie dans le cadre scolaire, la mesure de l’adaptation scolaire reste plus complexe. Néanmoins, l’estime de soi
transgressions de conduite déclarées ? Le Travail Humain, 71(4), 359-384. et l’auto-efficacité scolaires, de par leurs liens avec des mesures de performance et de motivation scolaires (e.g., Bardou et al.,,
2012 ; Robbins et al., 2004) constituent des indicateurs qui pourraient s’avérer pertinents pour rendre compte de l’adaptation
scolaire. C’est cette piste qui est explorée dans ce travail.
Conjointement, nous nous poserons la question des déterminants potentiels des différences entre élèves en termes d’adaptation.
Dans la littérature, plusieurs variables personnelles sont évoquées. Parmi elles, sont souvent citées, d’une part le névrosisme
(ou anxiété), lié en particulier négativement à l’adaptation sociale et émotionnelle, et d’autre part le caractère consciencieux,
prédicteur positif plus spécifiquement de l’adaptation scolaire (e.g., Caprara et al., 2011 ; Kurtz et al., 2012). La croyance en un
lieu de contrôle interne est également un prédicteur positif de l’adaptation scolaire, bien connu (Dubois, 1990). Nous faisons
donc l’hypothèse que des élèves plutôt peu anxieux, consciencieux et caractérisés par un lieu de contrôle interne devraient mieux
s’adapter à l’entrée au lycée, tant sur les plans scolaire (résultats, auto-efficacité et estime de soi scolaires), émotionnel (bien-être
physique et psychologique) que social (relations avec les pairs et les adultes). De façon plus exploratoire, nous nous intéresserons
également à quelques variables contextuelles susceptibles d’expliquer un passage plus ou moins réussi du collège au lycée, ainsi
qu’aux différences entre filles et garçons.
Méthode
Participants
420 élèves (250 filles ; 170 garçons) inscrits en seconde générale et technologique, âgés en moyenne de 14,9 ans (ET= 1,1 an),
participent à l’enquête. Ce sont en tout les élèves de 13 classes de 4 lycées différents qui ont été interrogés.
Mesures
Adaptation au lycée. L’adaptation scolaire est mesurée grâce d’une part à 3 items tirés de l’inventaire d’estime de soi (composante
scolaire) de Coopersmith (1984) et de 5 items d’auto-efficacité scolaire construits pour l’étude. L’adaptation sociale est mesurée
1 CRPCC (EA 1285), Université Rennes 2, Département de Psychologie, place du Recteur Henri Le Moal, CS 24307, 35043 Rennes
cedex, France. Mél. : geraldine.rouxel@univ-rennes2.fr
Nous remercions C. Broquet, N. Proust et L. Thibaudault, stagiaires COP à l’Université Rennes 2 (Cefocop), pour leur participation au
recueil des données de cette étude.
68/118 69/118
à l’aide de 4 items relatifs aux relations avec les pairs et de 4 autres relatifs aux relations avec les adultes au lycée. Ces items Résultats
sont en partie adaptés du QUAEU (Carayon & Gilles, 2005). L’adaptation émotionnelle, enfin, est évaluée par 4 items mesurant
le bien-être psychique et par 4 autres mesurant le bien-être physique. Certains de ces items sont adaptés du QUAEU, d’autres
s’inspirent du questionnaire utilisé dans l’enquête HBSC publiée en 20102. Les réponses se font sur une échelle likert en 5 points Analyses factorielles des échelles d’adaptation au lycée
(0= fortement en désaccord à 4 = fortement d’accord). Les items retenus figurent dans le tableau 1. On demande aussi aux élèves Nous avons dans un premier temps étudié la structure interne de chacune des 3 échelles d’adaptation (scolaire, émotionnelle et
d’estimer leur moyenne générale. sociale), constituée a priori chacune de 2 sous-échelles (voir tableau 1), à l’aide d’analyses factorielles hiérarchiques de Schmid-
Personnalité. Le lieu de contrôle est mesuré par 8 items sélectionnés dans le QMF-6 (Forner et al, 2006). L’anxiété et le caractère Leiman3 (logiciel R, package Lavaan). Les résultats ont mis en évidence la présence d’un facteur général seulement pour les
consciencieux ont respectivement été évalués à l’aide des items des sous-échelles Anxiété (7 items) et Autodiscipline (7 items) échelles d’adaptation scolaire [χ²=14,46 ; ddl=12 ; p=.272 ; CFI=.998 ; RMSEA=.022] et d’adaptation émotionnelle [χ²=35,89 ;
du NEO-PI-R (Roland, 1998). Les réponses se font également sur une échelle likert en 5 points (0= fortement en désaccord à 4 ddl=19 ; p=.011 ; CFI=.978 ; RMSEA=.046]. Ces deux facteurs généraux entretiennent entre eux une corrélation de .46**. Une
= fortement d’accord). analyse factorielle en axes principaux (avec rotation oblique) de l’échelle d’adaptation sociale confirme la présence de deux
facteurs modérément corrélés entre eux (r=.32**) : Relations avec les pairs et Relations avec les adultes (resp.: r=.12* et r=.32**
Environnement social. Quelques questions complémentaires ont été construites pour l’étude afin d’avoir des indications sur
avec le facteur général d’adaptation scolaire ; r=.29** et r=.38** avec le facteur général d’adaptation émotionnelle). Les 4 scores
l’environnement social des élèves : activités extrascolaires, hygiène de vie, utilisation des réseaux sociaux.
factoriels calculés suite à ces analyses ont été transformés en scores T (M=50 ; ET=10), afin d’en faciliter la lecture.
scolaire*
- Je suis globalement satisfait(e) de mes résultats scolaires
- Même lorsque le travail au lycée est difficile, je me sens capable de le faire
- J’ai confiance en ma capacité à réussir cette année de seconde Tableau 2 : Comparaison des scores moyens d’adaptation au lycée des trois profils psychologiques d’élèves.
- Je pense pouvoir faire suffisamment d’efforts pour réussir cette année scolaire
Sentiment
- Je pense rencontrer des difficultés à m’organiser pour réaliser le travail demandé cette année en classe
d’efficacité
de 2nde GT Profil A Profil C
personnelle Profil B
- Je me sens capable de réussir tout ce que les enseignants me demandent de faire en cours si je (N=46) (N=216)
persévère (N=145) Effets inter-sujets
« profil le plus « profil le moins
« profil intermédiaire »
- Dernièrement j’ai du mal à me concentrer quand j’essaye d’étudier favorable » favorable »
- Je me sens stressé(e) depuis que je suis au lycée
émotionnelle**, ***
Adaptation + - --
Bien-être - Je me sens bien dans ce lycée F(2, 384)=25,35 ; p<.001
scolaire (M=54,8 ; ét=4,9) (M=51,3 ; ét=6,2) (M=48,3 ; ét=6,2)
Adaptation
les pairs sociale (adultes) (M=54,5 ; ét=7,5) (M=49,1 c; ét=7,9) (M=49, 8 c; ét=6,8)
sociale**
Note. * d’après l’échelle de Coopersmith (1984) - ** en partie, d’après le QAEU de Carayon & Gilles (2005) - *** en partie,
d’après l’enquête HBSC (2010) Les résultats vont dans le sens de notre hypothèse, ce sont en effet les élèves en moyenne les moins anxieux, les plus consciencieux
et les plus internes (profil A) qui présentent les scores moyens d’adaptation scolaire, émotionnelle et sociale les plus élevés.
Leur moyenne générale déclarée n’est cependant pas significativement différente de celle des élèves du profil B, mais est
significativement supérieure à celle des élèves du profil considéré comme étant le moins favorable psychologiquement (profil C).
A titre plus exploratoire, quelques analyses complémentaires ont été effectuées. Nous avons notamment comparé les scores
moyens d’adaptation des élèves selon le sexe de l’élève, la PCS de la mère et du père, le fait de pratiquer ou non un sport, de
passer ou non du temps sur les réseaux sociaux et d’avoir ou non une bonne hygiène de vie. Les résultats sont résumés dans le
tableau 3.
2 Godeau, E., Navarro, F., & Arnaud C. (Eds). (2010). La santé des collégiens en France / 2010. Données françaises de l’enquête
internationale Health Behaviour in School-aged Children. Saint Denis: Inpes.
3 Voir : Schmid, J., & Leiman, J.N. (1957). The development of hierarchical factor solutions. Psychometrika, 22, 53-61.
70/118 71/118
priori sans difficulté cognitive. En effet, les deux concepts étaient impliqués chez les hauts potentiels, nous souhaitons examiner Imaginaire 3,47 3,06 3,10 ,002 0,53
leurs relations. Emotionnelle 3,28 3,22 ns
Estime de soi
Générale 15,13 16,64 ns
Sociale 4,46 5,54 2,98 ,004 0,47
Familiale 5,07 5,86 2,03 ,04 0,37
Scolaire 4,74 4,55 ns
Total 29,41 32,59 2,07 ,04 0,37
1 Laboratoire Adaptations Travail – Individu, Université Paris Descartes. Mel : marion. botella@parisdescartes.fr
74/118 75/118
Corrélations entre hyperstimulabilité et estime de soi l’estime de soi scolaire si on fait l’hypothèse qu’une vie imaginaire riche pourrait améliorer la vision que les EHP ont d’eux-
mêmes à l’école et donc leur permettre de maintenir une bonne estime de soi dans ce domaine. De même pour la corrélation
L’analyse des corrélations entre l’hyperstimulabilité et l’estime de soi met en évidence une relative indépendance des deux positive entre l’hyperstimulabilité psychomotrice et l’estime de soi scolaire, on pourrait faire l’hypothèse que les collégiens ayant
concepts (voir Tableau 2). Toutefois, des corrélations plutôt modérées voire faibles apparaissent entre certaines dimensions. des scores plus élevés sur la dimension psychomotrice ont également de meilleures notes en sport, ce qui leur permettrait d’avoir
Ainsi, l’hyperstimulabilité psychomotrice est positivement corrélée à l’estime de soi totale (r = .21, p < 0,05) et scolaire (r = une bonne estime de soi scolaire. Mais nous n’avons pas eu accès aux notes des collégiens et cette interprétation reste à vérifier.
.19, p < 0,05) tandis que l’hyperstimulabilité imaginaire est positivement liée à l’estime de soi scolaire (r = .32, p < 0,001). En En revanche, les corrélations négatives entre les hyperstimulabilité intellectuelle et émotionnelle avec l’estime de soi générale
revanche, les hyperstimulabilités intellectuelle et émotionnelle corrèlent négativement à la fois avec l’estime de soi totale (r = pourraient révéler des difficultés d’adaptation à la vie de tous les jours pour les collégiens ayant des scores élevés dans ces deux
-.23, p < 0,05 ; r = -.21, p < 0,05 respectivement) et l’estime de soi générale (r = -.29, p < 0,01 ; r = -.32, p < 0,001 respectivement). dimensions.
Enfin, l’hyperstimulabilité sensorielle ne corrèle avec aucune dimension de l’échelle d’estime de soi.
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Piechowski, M. M., & Colangelo, N. (1984). Developmental potential of the gifted. Gifted Child Quarterly, 28, 80–88. même, autrement dit, au sentiment qu’il a de sa propre valeur en tant que personne. L’évaluation de soi concerne l’ensemble
Piirto, J., Beach, L., Rogers, R., & Fraas, J. (2000). Are overexcitabilities differential personality attributes in adolescents? A des manières d’être et de faire, les «propriétés» et «avoirs» du sujet, aussi bien que les sentiments ou les aspirations. Ces objets
comparison study with talented and vocational students using the OEQ. Paper presented at the 25th Annual Conference of the d’évaluation sont associés à des domaines multiples dans lesquels le sujet manifeste des compétences, des capacités scolaires,
National Association for Gifted Children, Atlanta, GA, and at the European Council for High Ability conference in Debrecen, des modalités et des attitudes relationnelles (Harter, 1999 ; Crocker, Luhtanen, Cooper & Bouvrette, 2003).
Hungary. L’Echelle Multidimensionnelle de l’Estime de Soi (EMES) est une révision et une extension de l’Echelle Toulousaine d’Estime
Piirto, J., Beach, L., Rogers, R., & Fraas, J. (2000). Are overexcitabilities differential personality attributes in adolescents? A de Soi (ETES, Oubrayrie, Safont & Tap, 1991; Oubrayrie, De Leonardis & Safont, 1994 ; Oubrayrie, 1997). Dans sa forme
comparison study with talented and vocational students using the OEQ. Paper presented at the 25th Annual Conference of the initiale, l’ETES est constituée de cinq échelles d’autoévaluation couvrant différents domaines du soi chez l’adolescent :
National Association for Gifted Children, Atlanta, GA (November), and at the European Council for High Ability conference, émotionnel, social, scolaire, physique et futur. L’échelle originale comprend 60 items (12 par domaine) dont une partie est
Debrecen, Hungary (September). formulée négativement afin d’éviter les biais d’acquiescement. Par hypothèse théorique, ces échelles se cumulent pour obtenir
un score global d’estime de soi (structure hiérarchique de l’estime de soi).
Rinn, A. N., Mendaglio, S., Rudasill, K. M., & McQueen, K. S. (2010). Examining the relationship between the overexcitabilities
and self-concepts of gifted adolescents via multivariate cluster analysis. Gifted Child Quarterly, 54(1), 3-17. Depuis sa création, cet outil a rencontré un vif succès en France, et il a été utilisé dans de nombreuses recherches portant sur
l’estime de soi de l’enfant et l’adolescent. En effet, rares sont les outils francophones évaluant l’estime de soi dans différents
Roznowski, M., Reith, J., & Hong, S. (2000). A further look at youth intellectual giftedness and its correlates : values, interests, domaines. Une actualisation et révision de cet outil étaient donc nécessaires pour plusieurs raisons. D’une part, certains domaines
performance, and behavior. Intelligence, 28 (2), 87-113. importants de l’estime de soi étaient inexplorés, tels que le soi créatif. D’autre part, certaines qualités psychométriques importantes
Siaud-Facchin, J. (2012). L’enfant surdoué: L’aider à grandir, l’aider à réussir. Editions Odile Jacob. n’avaient pas été publiées (fidélité test-retest, indépendance des échelles avec la désirabilité sociale, exploration plus avancée de
la dimensionnalité de l’outil, validité factorielle).
Tieso, C. L. (2007). Patterns of overexcitabilities in identified gifted students: A hierarchical model. Gifted Child Quarterly, 51,
11-22. Au cours de plusieurs travaux de recherche, nous avons apporté certaines modifications substantielles à l’ETES, pour développer
l’Echelle Multidimensionnelle de l’Estime de Soi (EMES). Ce chapitre présente les qualités psychométriques des scores issus
Yakmaci-Guzel, B., & Akarsu, F. (2006). Comparing overexcitabilities of gifted and non-gifted 10th grade students in Turkey.
de l’EMES.
High Ability Studies, 17, 43-56.
Remerciement : Méthode
Nous remercions Monsieur Salzemann, principal adjoint et les enseignants du Collège Charcot pour leur participation à cette Sujets
étude.
L’échantillon est composé de 3029 adolescents français (1618 filles et 1353 garçons) scolarisés en classe de troisième à terminale,
(filières générales, technologiques et professionnelles représentées) (Min = 12.6 ; Max = 19 ; M = 15,9 ans SD =1,27).
Instruments
- L’EMES - Echelle Multidimensionnelle de l’Estime de Soi - est composée de 40 items recouvrant cinq domaines d’estime
de soi sur lesquels les adolescents s’autoévaluent à l’aide d’échelles de Likert en 5 points. Le soi créatif (CREA) se réfère
aux sentiments que les individus ont vis-à-vis de leurs capacités à créer (e.g., « je me sens doué dans toutes sortes d’activités
artistiques »). Le soi émotionnel (EMO) renvoie à la représentation du contrôle des émotions, à la maîtrise de l’impulsivité (e.g.,
« j’ai une bonne opinion de moi-même »). Le soi physique (PHY) correspond aux représentations des capacités, des apparences
physiques et sportives (e.g., « je suis fier de mon corps »). Le soi scolaire (SCO) correspond aux représentations des compétences
et performances dans le cadre scolaire (e.g., « Mes professeurs sont satisfaits de moi »). Le soi social (SOC) est associé à la
représentation des interactions avec autrui et du sentiment d’être reconnu par autrui (e.g., « Je me sens bien uniquement quand
je suis seul »).
1 Pace University, Department of Psychology, 41 Park Row, New York, NY 10038, USA / Yale University, Child Study Center, 230 South
Frontage Rd, New Haven, CT 06520, USA
2 Université de Toulouse, UT2J, LPS-DT, 5 Allées Antonio Machado-31058 Cedex 9
3 Université de Toulouse, UT2J, LPS-DT, 5 Allées Antonio Machado-31058 Cedex 9
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- La RSE - Rosenberg Self-Esteem Scale (Rosenberg, 1965) – Version Française (Vallières & Vallerand, 1990) est une mesure Figure 1 : Modèle factoriel de la structure multidimensionnelle corrélée de l’EMES.
classique de d’estime de soi globale en 10 items sur lesquels les adolescents s’autoévaluent à l’aide d’échelles de Likert en 5
points.
- Le BB5 -Brief Big Five (Barbot, 2011) est une brève mesure des Big Five pour adolescents composée de 100 items sous
forme d’adjectifs sur lesquels les adolescents s’autoévaluent à l’aide d’échelles de Likert en 5 points (18 adjectifs par domaine :
agréabilité, conscience, extraversion, stabilité émotionnelle et ouverture).
- L’échelle d’hétéro-duperie est composée de 12 items issus du DS36 - Désirabilité Sociale (Tournois, Mesnil & Kop, 2000).
Procédure
Les données présentées ont été obtenues à la première occasion de mesure d’une étude longitudinale sur le développement de
l’identité et de la créativité à l’adolescence (Barbot, 2008). Après avoir complété l’EMES en session collective en contexte
scolaire, les participants ont ensuite complété la RSE, le BB5 et le DS36. Ces dernières mesures ont été utilisées comme critères
externes afin d’établir la validité convergente et divergente de l’EMES.
Résultats
Fidélité
Notes. Crea (Soi Creatif), EMO (Soi Emotionnel), PHY (Soi Physique), SCO (Soi Scolaire), SOC (Soi Social). Les valeurs
La consistance interne des échelles EMES a été estimée en calculant l’alpha de Cronbach pour chaque échelle. La fidélité test-
présentées correspondent aux saturations factorielles standardisées et corrélations latentes.
retest des scores EMES à 15 jours d’intervalle a également été estimée sur un sous-groupe de 60 participants (M = 17,2 ans SD
=1,1) impliqué dans une étude pilote. Les résultats sont présentés dans le tableau 1. Comme indiqué, les scores de l’EMES ont
montré une consistance interne adéquate (limitée pour le Soi social), et une très bonne reproductibilité.
Validité de critère
L’examen des inter-corrélations (Bravais Pearson) entre les dimensions de l’EMES et les critères externes (RSE, BB5 et DS36)
Tableau 1 : Composition et indices de fidélité de l’EMES.
permet d’établir la validité convergente et divergente des échelles incluses dans l’EMES. Le tableau 2 présente les corrélations
inter- échelles obtenues.
Nombre d’ Consistance Fidelité test-
Echelle
items interne* retest**
Créatif 8 .73 .81
Emotionnel 8 .77 .81
Tableau 2 : Intercorrélations entre les sous-dimensions de l’EMES
et les critères externes de validité
Physique 8 .85 .81
Scolaire 8 .79 .77
EMES
Social 8 .62 .88
Critère Crea Emo Phys Sco Soc
Estime globale .19 .77* .64* .34* .45*
Notes. * Consistance interne (N = 3029), Alpha de Cronbach ; ** Fidélité Test-retest (N = 60, à 15 jours d’intervalle), RSE
Agréabilité .01 .10 .00 .13 .40*
Coefficients de corrélation Intra-classe (ICC).
Conscience .06 .20 .16 .52* .23
Extraversion .07 .45* .34* .07 .44*
BB5
Stabilité émotionelle .05 .70* .43* .31* .43*
Validité factorielle
Ouverture .49* .14 .14 .01 .00
Une analyse factorielle confirmatoire conduite avec Mplus 6.11 (Muthén, & Muthén, 2007) a permis de confirmer la structure DS36 Hétéro-duperie .02 .04 -.05 .26 .21
multidimensionnelle corrélée de l’EMES (voir Figure 1) plutôt qu’une structure hiérarchique avec un facteur général de second
ordre saturant les cinq facteurs de premier ordre (un pour chaque dimension de l’EMES). En effet, le modèle de mesure de
Notes. N= Crea (Soi Creatif), EMO (Soi Emotionnel),
l’EMES utilisant une parcellisation d’items (Little, Cunningham, Shahar & Widaman, 2002)4, indique un ajustement acceptable
PHY (Soi Physique), SCO (Soi Scolaire), SOC (Soi Social). N = *p < .001
des données au modèle multidimensionnelle corrélée (X² = 952, dl = 80, p < .001, NFI = .94, CFI = .944, SRMR =.048 RMSEA
[90%-CI] = .060 [.057 - .063]), supérieur à celui du modèle hiérarchique (X² = 1064.1, dl = 85, p < .001, NFI = .93, CFI = .938,
SRMR =.057, RMSEA [90%-CI] = .062 [.058 - .065]). Le modèle de mesure et les estimations correspondantes (valeurs de Le patron de corrélations observé entre les échelles de l’EMES et les critères est en accord avec les attentes théoriques. Nous
saturation factorielle standardisées et de corrélations latentes) sont présentés dans la figure 1. constatons en effet, des coefficients modérés à élevés entre les dimensions soi émotionnel, soi physique, soi social de l’EMES
et l’estime de soi globale du RSE. Cela conforte l’hypothèse que les domaines du soi physique, du soi émotionnel et du soi
social sous-tendent fortement l’estime de soi plus générale (Bouffard, Seidah, Mc Intyre, Boivin, Vezeau & Cantin, 2002). Ces
4
1
La parcellisation d’items consiste à combiner des items de tests afin de les utiliser comme variables observées dans des modèles dimensions ont également un patron de corrélations similaire avec les critères de l’extraversion et de la stabilité émotionnelle. Le
d’équation structurale, en lieu et place des items eux-mêmes. soi créatif est plus fortement corrélé avec l’ouverture ; le soi scolaire est corrélé surtout avec la conscience et plus modérément avec
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les autres dimensions du BB5 et l’estime de soi globale. Enfin, les scores de l’EMES se sont montrés relativement indépendants
de la mesure de désirabilité sociale.
Conclusion
Outre une consistance interne satisfaisante- fidélité test-retest et validité de critère des scores dérivés de l’EMES avec la
Rosenberg Self-Esteem Scale (RSE), et le Brief Big Five (BB5) - une analyse factorielle confirmatoire a confirmé la structure
multidimensionnelle corrélée présumée de l’EMES. L’EMES concilie les exigences pratiques d’administration (passation
rapide) et psychométriques, en fournissant un profil multidimensionnel d’estime de soi des adolescents sur cinq dimensions
complémentaires et pertinentes tant pour la recherche que pour la pratique. Des normes spécifiques à l’âge et au sexe des
adolescents examinés ont été développées afin de fournir aux utilisateurs un cadre de référence nécessaire à l’interprétation des
scores.
L’EMES ainsi que les normes pour adolescents sont disponibles auprès des auteurs.
Bibliographie
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82/118 83/118
Recherche des fluctuations émotionnelles récurrentes du corpus étudié représente cinq heures dix minutes et six mille deux cents tours de parole.
lors d’interactions dyadiques dans un contexte d’apprentissage de langue L’étude est confrontée à un problème méthodologique d’accès à des processus affectifs qui ne sont que partiellement observables.
Toutefois, plusieurs études empiriques montrent que les personnes sont en général capables d’inférer correctement des états
affectifs chez autrui à partir d’échantillons vocaux (Scherer, Banse & Wallbott, 2001). Ainsi, pour l’étude, les états émotionnels
Eric Thiébaut (1), Emmanuelle Carette (2), Carlos Meléndez Quero (2), & Guillaume Nassau (2)
d’un apprenant et d’un conseiller sont inférés de leurs expressions vocales.
Chaque tour de parole fait l’objet d’une évaluation de son contenu émotionnel suivant deux systèmes. Dans un cas, il s’agit
d’un codage catégoriel et dans un autre cas d’une évaluation sur deux dimensions qui résumeraient les émotions. Avec le codage
Introduction catégoriel, un juge indique la présence ou l’absence d’une émotion donnée selon une liste préétablie. Celle-ci est adaptée des
travaux de Carney et Colvin (2010). Les émotions « universelles » en référence à Ekman (1992) (la tristesse, le bonheur, colère,
Le sens commun, tout comme la littérature scientifique, suppose que les aspects relationnels des interactions entre un enseignant
peur, dégoût, surprise) sont peu pertinentes pour le contexte considéré.
et un apprenant affectent l’apprentissage de ce dernier. En référence à Frijda (2003), les affects qui émergent aux cours
d’interactions agiraient sur la motivation et ainsi sur l’engagement et la persévérance de la personne dans son action. Cependant, L’évaluation suivant deux dimensions se fonde sur le modèle de Russel (1980) avec la valence (le caractère plaisant ou au
on sait peu de choses de la dynamique des fluctuations émotionnelles. La recherche ne dispose guère d’options méthodologiques contraire désagréable de l’émotion) et l’activation (intensité). Un juge représente pour chaque tour de parole le degré d’activation
stables et efficaces pour représenter toute la complexité supposée des expériences émotionnelles au niveau d’une dyade (Ferrer, et le degré de valence suivant l’orientation positive ou négative de l’émotion à l’aide d’une échelle en 7 degrés. En appariant
Steele & Hsieh, 2012). les évaluations catégorielle et dimensionnelle, il est possible d’estimer la convergence entre les données. Il est aussi possible de
représenter les affects selon l’un ou l’autre des systèmes.
Cette étude a pour objectif d’identifier et de décrire des séquences récurrentes de fluctuations émotionnelles intra et interindividuelles
lors d’interactions dyadiques. L’étude se distingue par l’adoption d’une démarche de description d’un phénomène à partir de La reproductibilité des évaluations a été estimée sous l’angle de la fidélité intra juge (entre les deux systèmes de codage) et inter
l’agrégation de cas élémentaires en fonction de leur similarité et le rejet d’une description fondée sur une tendance centrale. juges après représentation de l’ensemble des données dans le système dimensionnel. Les résultats des analyses montrent que la
fidélité des données est approximativement de même niveau que celle rapportée par d’autres études (Scherer, Banse & Wallbott,
Selon les conceptions théoriques proposées dans la littérature, les manifestations émotionnelles d’un enseignant affecteraient
2001). La fidélité des évaluations est représentée par un coefficient de corrélation intra classe (Shrout & Fleiss, 1979), ainsi qu’un
l’apprenant par un mécanisme de contagion émotionnelle (Hatfield, Cacioppo, et Rapson, 1994). Les émotions positives et la
coefficient de consistance interne. La corrélation intra classe, qui représente un degré de convergence moyen d’une évaluation
motivation intrinsèque manifestées par un enseignant corrèlent avec des témoignages d’émotions positives et de motivation
individuelle, est de .51 pour la valence et de .36 pour l’activation. Les corrélations intra classe sont très modestes ce qui s’explique
à apprendre chez des étudiants (Bieg, Backes & Mittag, 2011). Une étude de Ferrer, Steele & Hsieh (2012) considère que
en partie par la faible variance des expressions émotionnelles dans la situation sociale que constituent les entretiens de conseil. La
la dynamique des relations émotionnelles serait sous-tendue par l’interdépendance entre les individus dans la dyade et les
consistance interne (alpha de Cronbach) d’un score moyen est de .81 pour la valence et .71 pour l’activation. Dans des situations
influences émotionnelles pourraient se manifester par une synchronisation des oscillations. Selon Cosnier (1994), la dynamique
d’interaction avec des fluctuations contrastées des émotions comme c’est le cas pour l’étude de Carney et Colvin (2010), les
des influences émotionnelles résulterait de mécanismes de régulation visant une homéostasie individuelle et sociale. Suivant
auteurs observent une fidélité inter juges représentée par un coefficient moyen de .64 pour la valence et .71 pour l’activation.
une autre interprétation, la dynamique peut résulter d’une flexibilité adaptative, en particulier celle d’un tuteur face aux états
émotionnels d’un apprenant. Par exemple, selon Graesser (2011), si l’apprenant est frustré, le tuteur réagit par des conseils et Pour l’analyse, on retient les données sous le format catégoriel et un codage lexical des émotions : déçu, découragé, abattu ;
des manifestations d’empathie en vue de renforcer la motivation. Par contre, si l’apprenant manifeste des émotions de joie et de agacé, tendu, agressif ; craintif, inquiet ; ennuyé, gêné ; confus, perplexe ; détaché, réservé, absent ; neutre ; surpris ;
surprise qui sont éphémères, alors une réponse particulière à ces états n’est pas estimée nécessaire. On peut supposer de même empathique ; à l’aise, satisfait ; content de soi ; chaleureux ; motivé, enthousiaste ; s’amuse, rit. On applique sur la chaîne des
que si un apprenant est dans un état d’ennui, le tuteur est susceptible d’un ajustement émotionnel pour susciter la motivation. états successifs « apprenant - conseiller » un algorithme de recherche de segments répétés (Salem, 1986). L’analyse procède
par étapes successives selon une logique ascendante. Les successions récurrentes d’états émotionnels qui sont identifiées à une
Pour cette étude, on s’intéresse aux relations au sein d’une dyade dans un contexte particulier, celui d’un apprentissage autodirigé
étape fusionnent en une nouvelle unité (lexicale) et une nouvelle recherche de segments répétés est engagée en vue de repérer
de l’anglais dans un centre de langue privé. Le dispositif comporte, entre autres, des rencontres entre l’apprenant et un conseiller
des successions plus longues. L’analyse est stoppée lorsque plus aucune série récurrente n’est détectée. On recherche ainsi, au
en apprentissage de langues : les entretiens de conseil. Ces derniers sont d’une durée de trente minutes à une heure. Ils sont
sein des successions d’états émotionnels [apprenant (A), conseiller (C)] des chaînes récurrentes (2 états émotionnels ou + qui se
l’occasion pour le conseiller d’aider l’apprenant à acquérir les capacités métacognitives qui facilitent son apprentissage. La
succèdent immédiatement) qui sont pour la suite considérées comme 1 unité d’analyse.
situation d’interaction dyadique laisse transparaître des expériences émotionnelles discrètes à la fois pour l’apprenant et pour le
conseiller. Les affects pouvant être inférés à partir d’indices comportementaux expressifs, on considère que cette composante Afin d’identifier une structure des relations entre les unités qui différent par leur contenu et leur longueur, on procède ensuite
expressive des émotions est un signal qui informe sur la représentation subjective de la situation par la personne et sur ses à une analyse de classification descendante hiérarchique (Reinert, 1987) fondée en arrière-plan sur une analyse factorielle des
intentions d’agir. En référence aux théories de l’évaluation (Lazarus, 1991), les émotions sont conçues comme des réponses correspondances multiples.
adaptatives à des états cognitifs d’évaluation où le sens d’une situation est construit. Ce sens détermine, au moins en partie, les
Une fois les classes d’unités constituées ainsi que leur organisation identifiée, on reconstruit, en s’aidant des données d’origine,
dispositions motivationnelles du sujet. Les émotions seraient un système de préparation à l’action. C’est en ce sens que Frijda
les successions qui définissent des scénarios récurrents.
(2003) les conçoit comme des états motivationnels qui poussent l’individu à modifier sa relation avec un objet, ses croyances, un
état de soi, le maintien ou non d’une relation. Les relations émotionnelles contribuent à la construction du sens d’une situation,
qui doit être pour partie partagé afin de permettre la réalisation de tâches.
Résultats
On retient une solution en dix classes pour résumer les régularités qui existent dans les données. Pour chaque unité au sein d’une
Méthode classe, on précise son nombre d’occurrences dans la classe ainsi qu’un coefficient phi d’association à la classe. La structure des
scénarios est représentée par le dendrogramme ci-dessous (Figure 1).
L’étude utilise des entretiens de conseil dont le contenu a été enregistré et transcrit. Il s’agit de deux séries de cinq entretiens entre
des conseillers et des apprenants adultes : la première série se compose de trois entretiens entre une conseillère femme (C1, 30-35 Toutes les catégories ne sont pas représentées (les plus chargées en valence et offrant un faible effectif). La situation la plus
ans) et un apprenant adulte (A1, homme, 45-50 ans), et de deux entretiens entre ce même apprenant et une autre conseillère (C2, régulière lors des interactions se caractérise par une tonalité affective neutre. Au sein des chaînes neutres s’encastrent des
femme, 30-35 ans) ; la seconde série inclut cinq entretiens entre C2 et un autre apprenant (A2, homme, 35-40 ans). L’ensemble épisodes de durée brève marqués par des fluctuations de valence positive ou négative.
Un premier phénomène observé sur des chaînes assez longues consiste en des oscillations conjointes. Enchâssées dans des
épisodes de tonalité neutre, des fluctuations en valence positive légère apparaissent chez l’apprenant (expressions empathiques)
1 Université de Lorraine, INTERPSY EA 4432, 23 Bd Albert 1er 54000 Nancy, France. Mel : eric.thiebaut@univ-lorraine.fr
qui sont suivies de celles de même tonalité chez le conseiller (cas 9 et 10).
2 Université de Lorraine, CNRS, ATILF, UMR 7118, équipe Didactique des Langues et Sociolinguistique (Crapel), France.
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D’autres cas suggèrent une dissymétrie entre l’apprenant et le conseiller à propos de règles de variations de l’expression Figure 1 : Contenu et structure des expressions émotionnelles lors d’interactions dyadiques entre un
émotionnelle. On observe que les fluctuations des expressions émotionnelles sont le plus souvent à l’initiative de l’apprenant (cas apprenant (A) et un conseiller (C) en apprentissage auto-dirigé de langue
2, 4, 5, 6, 9 et 10). On suppose que ces variations sont un signal en vue de réorienter l’activité selon qu’une difficulté ou qu’une
nouvelle voie à explorer dans l’apprentissage apparaît à l’apprenant. A ces variations, on suppose une réponse adaptative et une
régulation par le conseiller qui tendrait vers une homéostasie faite d’échanges à tonalité affective neutre. Lorsque l’expression est
particulièrement positive chez l’apprenant, la suivante chez le conseiller est neutre, alors que lorsque l’expression est modérément
positive chez l’apprenant, la suivante chez le conseiller tend à l’être également, l’épisode se concluant par un retour à la neutralité
(cas 2). En revanche, on observe que lorsqu’une expression de tonalité négative émerge chez l’apprenant, elle est suivie par une
expression chez le conseiller dont la durée semble dépendre du niveau en valence positive (cas 6).
Les fluctuations chez l’apprenant semblent refléter une contagion en réponse aux expressions émotionnelles du conseiller en
raison de variations intraindividuelles chez l’apprenant (temps 1 – temps 3) de même sens que celles interindividuelles (entre
l’apprenant t1 et le conseiller t2 ; cas 1, 2, 3, 5, 6, 8).
La recherche de segments répétés mène alors à plusieurs constats :
1) on observe tout d’abord une absence de contenus émotionnels spécifiques pour approximativement un tiers de la durée des
entretiens. Les successions d’états neutres sont les plus fréquentes. On suppose que c’est au cours de ces périodes que les tâches
sont effectivement réalisées, l’émergence d’une émotion spécifique intervenant pour signaler une réorientation de l’activité.
2) Voisine des états neutres, la chaîne la plus régulière consiste ensuite en une succession d’expressions empathiques chez
l’apprenant et chez le conseiller. Ces successions apparaissent sur de courtes périodes (quelques secondes) et peuvent être
précédées et suivies d’états neutres. Ainsi dans une zone émotionnelle proche de la neutralité, on peut observer des oscillations
légères des états émotionnels qui sont conjointes pour l’apprenant et le conseiller.
3) Les régularités qui sont observées ne durent que rarement au-delà d’un échange entre apprenant et conseiller. Un seul cas de
persistance (toute relative) est observé avec une expression empathique du conseiller suivi d’une expression neutre de l’apprenant.
Ce type de fluctuation peut se maintenir sur plusieurs couples de tours de parole.
4) On observe une dissymétrie des ajustements émotionnels au sein de la dyade. Lorsqu’une variation de l’état émotionnel de
l’apprenant apparaît, une variation de l’état émotionnel chez le conseiller s’y trouve connectée. Par contre, une variation de l’état
émotionnel chez le conseiller ne s’accompagne pas de changements variables chez l’apprenant qui rejoint dans nombre de cas Conclusion
un état neutre.
Les régularités dans les états successifs chez l’apprenant et le conseiller suggèrent différents mécanismes interprétables en termes
5) Les variations émotionnelles chez le conseiller, dont on suppose qu’elles apparaissent en réponse à celles chez l’apprenant, de régulation, de synchronisation ou de contagion, et de flexibilité. Un point important tient au fait que les différents mécanismes
semblent obéir à un mécanisme d’attraction vers la neutralité. Lorsque que l’apprenant donne un signe d’agacement, l’état semblent initiés à des niveaux différents de valence et d’activation. Ainsi, une synchronisation des fluctuations émotionnelles ne
suivant chez le conseiller se caractérise par l’empathie. Il en est de même pour une manifestation de crainte chez l’apprenant. paraît observable que pour des états voisins d’une zone neutre. Une flexibilité adaptative est suggérée qui semble connectée aux
Par contre, lorsque qu’une manifestation de valence positive apparaît chez l’apprenant, l’état émotionnel chez le conseiller rôles sociaux des individus dans la dyade, le conseiller tenterait de contenir les fluctuations émotionnelles chez l’apprenant par
demeure de valence positive mais dans une moindre mesure et l’écart augmente d’autant qu’augmente la valence positive chez des expressions approximativement symétriques alors que l’apprenant y répondrait par un retour à la neutralité. Une tentative
l’apprenant. Par exemple, une manifestation d’amusement chez l’apprenant est suivie d’une expression neutre chez le conseiller. de régulation par le conseiller obéirait à une logique d’attraction vers la neutralité, alors que les variations émotionnelles chez
l’apprenant fonctionneraient comme des signaux visant à réorienter l’activité.
Bibliographie
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420-428. cadres théoriques. La théorie socio-cognitive, la théorie des buts d’accomplissement et la théorie de l’intégration organismique
ont permis de définir des concepts qui se révèlent déterminants dès lors qu’il s’agit de décrire et d’analyser les dynamiques
motivationnelles.
Le concept d’auto-efficacité, défini, à l’origine, dans le cadre de la théorie socio-cognitive reflète « la croyance de l’individu en
sa capacité d’organiser et d’exécuter la ligne de conduite requise pour produire les résultats souhaités » (Bandura, 2003, p.17).
L’expérience active de maîtrise en est l’une des quatre principales sources.
Le modèle 2x2, développé dans le cadre de la théorie des buts d’accomplissement (Elliot, 1999) a, quant à lui, permis de
conceptualiser quatre types de buts. Les buts de maîtrise et de performance se déclinent en termes d’approche ou d’évitement
suivant que le sujet cherche à réussir ou, au contraire, à éviter d’échouer. Concernant l’approche, en contexte scolaire, le but de
maîtrise est celui où le sujet cherche à « apprendre, comprendre, acquérir de nouvelles connaissances et maîtriser la tâche » alors
que, pour le but de performance, le sujet cherche à « réussir mieux qu’autrui et engendrer une évaluation positive » (Darnon
& Butera, 2005). En ce qui concerne l’évitement, le but de performance est à l’œuvre chez un élève qui cherche à cacher son
incompétence ou à éviter de moins bien réussir que les autres aux évaluations tandis que le but de la maîtrise concerne celui qui
cherche à éviter de mal apprendre ou de mal comprendre.
Enfin, le concept de motivation est étudié ici dans le cadre de la théorie de l’intégration organismique qui fait partie de la théorie
de l’autodétermination. Cette théorie étudie tout particulièrement les diverses formes de motivation extrinsèque pour lesquelles
l’engagement dans l’activité n’est pas une fin en soi mais un moyen indirect pour obtenir un bénéfice escompté (Deci & Ryan,
2008). Si ce bénéfice correspond à un choix personnel du sujet et s’il est intégré dans son soi alors la motivation extrinsèque est
dite à régulation identifiée (Rid) et elle est autodéterminée (Vallerand, Blais, Brière, & Pelletier, 1989). Si, par contre, le bénéfice
poursuivi répond à des pressions internes ou externes alors il s’agit d’une motivation extrinsèque à régulation introjectée (Rin)
ou à régulation externe (RE) et, dans ce cas, elle n’est quasiment pas (ou n’est pas du tout) autodéterminée.
Objectifs et hypothèses
L’impact de ces variables motivationnelles sur les performances académiques a été mis en évidence dans plusieurs études faisant
état d’une influence de l’auto-efficacité académique sur les performances universitaires (Bandura, 2003; Multon, Brown, &
Lent, 1991) ou de l’influence positive des buts d’approche et négative des buts d’évitement sur la performance académique
(Linnenbrink-Garcia, 2008).
En contexte scolaire, la théorie de l’intégration organismique a aussi montré que l’influence de la motivation sur la réussite
académique dépendait de son caractère plus ou moins autodéterminé (Deci & Ryan, 2008).
Les liens entre ces différents concepts ont, en revanche, fait l’objet de peu d’études. Aussi, cette recherche vise deux objectifs.
Le premier est d’étudier l’influence des facteurs motivationnels sur les performances académiques d’étudiants de Classes
Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) scientifiques. Le second est de proposer une perspective plus intégrative de l’influence
de ces différentes variables motivationnelles par l’étude des liens qu’elles entretiennent entre elles, représentés dans le modèle
M0 (figure 1) avec l’hypothèse de plusieurs médiations totales ou partielles.
Outre les effets directs des variables motivationnelles sur les performances académiques antérieures, ce modèle prévoit aussi
l’existence :
• d’un effet des performances académiques sur l’auto-efficacité, dont on rappelle que l’expérience active de maîtrise est une
1 Aix-Marseille Université, Centre Psyclé, UFR ALLSH, 29 avenue Robert Schuman, 13100 Aix en Provence, courriel :
isabelledesitricard@gmail.com
88/118 89/118
des sources (Bandura, 2003, pp.125-134) ; Pour évaluer la motivation, nous avons sélectionné et adapté 14 items de l’Échelle de Motivation en Education EME-c28
• d’un effet de l’auto-efficacité académique sur l’adoption d’un but d’accomplissement (les individus efficaces perçoivent les (Vallerand et al., 1989). La motivation intrinsèque y est mesurée par 6 items (α=0.88), l’amotivation par 2 items, et chacun des
tâches difficiles comme des défis à relever et non comme des dangers à éviter, et s’orientent vers les buts d’approche) ; trois types de motivation extrinsèque par 2 items.
• d’un effet des buts d’accomplissement sur la motivation (Rawsthorne & Elliot, 1999), les buts de maîtrise étant liés aux Pour évaluer les buts d’accomplissement, nous avons adapté (Desit-Ricard, 2015) les 12 items de l’AGQ-r - Achievement Goal
motivations intrinsèques et les buts de performance étant liés aux formes extrinsèques de motivation (Dweck, 1985); Questionnaire Revised - (Elliot, Murayama, 2008), composé de 4 sous échelles de 3 items chacune. Ce questionnaire permet
• d’un effet de l’auto-efficacité académique sur la motivation intrinsèque (Bandura, 2003, p. 332) puis d’un effet de toutes les d’évaluer l’approche de la maîtrise (α=0.88), l’approche de la performance (α=0.93), l’évitement de la maîtrise (α=0.77) et
formes de motivation sur l’auto-efficacité académique (Desit-Ricard, 2015, pp.68-69). l’évitement de performance (α=0.89).
Compte tenu de la relative stabilité du sentiment d’efficacité personnelle (Bandura, 2003) on s’attend à ce que les mesures de ce
construit effectuées à T1 et T3 soient liées. Procédure
De plus, parce que certaines connaissances évaluées à T0 sont réévaluées à T4, on envisage l’existence d’un lien entre performances Les données ont été recueillies lors de cinq sessions.
scolaires de début et de fin d’année.
Les performances académiques ont été relevées en début d’année scolaire (T0, septembre-décembre) puis en fin d’année scolaire
(T4, mai-juin). Les questionnaires ont, quant à eux, fait l’objet de passations collectives, en cours d’année. L’auto-efficacité
académique a ainsi été évaluée à T1 (décembre) et T3 (avril), la motivation et l’orientation des buts ont été évalués à T2 (février).
Figure 1 : Modèle M0
Résultats et discussion
Méthode
Participants
L’échantillon est composé de 166 étudiants (141 hommes, 25 femmes, âge moyen : 19,1 ans, écart-type: 0,8 ans), scolarisés dans
six classes préparatoires scientifiques différentes d’un lycée dépendant du ministère de la défense.
Matériel
L’auto-efficacité a été évaluée à l’aide d’une échelle de onze items (α=0.8) spécifiquement conçus pour ce public dans le cadre
d’une étude préliminaire (Desit-Ricard, 2015).
90/118 91/118
Figure 2 : Modèle M a montré que le fait de s’attendre à réussir une tâche et d’accorder de l’importance au résultat attendu contribue à développer chez
le sujet l’intérêt porté à cette tâche. Le modèle M permet de vérifier ce point mais il montre aussi que, en présence de l’approche
de la maîtrise, cette variable médiatise totalement l’effet décrit. Par ailleurs, alors que nous avons supposé que toutes les formes
de motivation influençaient positivement l’auto-efficacité, on remarque que seule la motivation extrinsèque à régulation identifiée
(Rid) exerce ce type d’influence. On notera ici que cette motivation extrinsèque est autodéterminée et se démarque des autres
formes de motivation extrinsèque par le fait que le comportement n’y est pas guidé ou déclenché par une pression extérieure au
soi mais relève bien du soi lui-même. Simultanément, et contrairement à ce qui était prévu, on n’observe aucune influence de la
motivation intrinsèque sur l’auto-efficacité académique. Notons ici que les divers scores motivationnels ont été calculés à partir
de réponses à des questionnaires auto-déclarés. Ainsi, il n’est pas à exclure que certains biais aient pu affecter les liens mesurés.
Or, du point de vue de la théorie de l’autodétermination, la supériorité qualitative des formes de motivation autodéterminée tient
essentiellement à des processus basés sur les besoins individuels et non à la vertu de déclarations appropriées à un contexte
social. Ainsi, une motivation intrinsèque qui aurait été surévaluée suite à une quête d’approbation sociale du sujet perdrait une
grande part de sa capacité d’opérationnalisation. Nous n’excluons pas qu’un tel biais ait pu opérer dans le cadre de cette étude.
Pour le vérifier, il serait intéressant de pouvoir la prolonger en testant ce modèle auprès d’un public différent.
Enfin, on insistera sur le fait que ce modèle traduit l’importance du lien entre les performances académiques antérieures obtenues
pendant le premier semestre et les performances académiques ultérieures en fin de second semestre (β=.67, p<.001). Ce résultat
est à mettre en lien avec la durée de l’étude qui se limite à un semestre universitaire. Il n’est pas à exclure que le temps
psychologique nécessaire pour qu’opèrent pleinement les effets motivationnels soit supérieur au temps expérimental. Si tel est
le cas, ces effets seraient davantage perceptibles si l’on testait ce modèle dans le cadre d’une étude de durée plus importante.
Conclusion
(*) p=.05, (**) p<.01, (***) p<.001, T0 à T4 temps de recueil des données. Le modèle intégré proposé dans le cadre de cette étude illustre l’influence déterminante du sentiment d’efficacité personnelle
MOT.INTR. Motivation Intrinsèque, MOT.EXT. Motivation Extrinsèque, académique et le rôle du but d’approche de la maîtrise dans la réussite académique des étudiants de CPGE scientifique. Analyser
Rid. Régulation identifiée, Rin. Régulation introjectée, RE. Régulation externe comment tenir compte de ces résultats pour faire évoluer la pédagogie dans ce type de formation constituerait un prolongement
APP. MAIT. but d’approche de la maîtrise, APP. PERF. but d’approche de la performance, appliqué direct de cette étude.
Social Psychology Review, 3(4), 326-344. Différences individuelles et Estime de Soi chez les jeunes ivoiriens :
Vallerand, R. J., Blais, M. R., Brière, N. M., & Pelletier, L. G. (1989). Construction et validation de l’échelle de motivation en Etude exploratoire
éducation (EME). Revue Canadienne des Sciences du Comportement, 21(3), 323-349. doi: 10.1037/h0079855
Marguerite Akossi-Mvongo (1) & Hassan Guy Roger Tieffi (1)
Problématique
L’estime de soi est évoquée comme un élément important dans les prises de décisions individuelles et dans la vie quotidienne
(André, 2006). Elle peut être définie comme « un indicateur d’acceptation de tolérance et de satisfaction personnelle à l’égard
de soi tout en excluant les sentiments de supériorité et de perfection » (Rosenberg, 1985) ou encore selon Harter (1990) l’estime
de soi indique à quel point un individu, s’aime, s’accepte et se respecte en tant que personne. Ce qui en fait un aspect important
des processus adaptatifs de l’individu. Dans la littérature, l’estime de soi est associée notamment à la dépression, aux addictions,
à la prise de risques, aux difficultés relationnelles (Alaphilippe, 2008), à une meilleure santé à la résilience au processus de
reconstruction après un traumatisme, à la réussite sous toutes ses formes. C’est un concept relativement ancien, puisqu’Adler
en faisait déjà le moteur de la vie psychique et de l’adaptation de l’individu. Cependant les résultats des études sur les relations
entre l’estime de soi et le genre semblent contradictoires :Certaines études observent un effet très significatif du genre, avec des
scores plus faibles chez les adolescentes( Chubb,Fertman,Ross,1997), et un effet moins marqué mais notable avec des scores
plus élevés chez les hommes dans une méta-analyse des études menées de 1940 à 1992 sur genre et personnalité sur la base des
inventaires de personnalité (Feingold, 1994) au contraire d’autres ne semblent pas constater de différences significatives entre
garçons et filles en terme d’évaluation de l’estime de soi (Rosenberg, 1985 ; Vallières et Vallerand, 1990).
Ceci peut paraitre surprenant à bien des égards, car dans d’autres domaines, on rapporte régulièrement que les filles semblent
avoir moins confiance en elles que les garçons et osent moins. Notamment, en matière d’orientation scolaire et de choix de
carrière professionnelle, on observe que les filles obtiennent en général de meilleurs résultats scolaires que les garçons, mais
semblent faire des choix de carrière moins porteurs. Il nous paraît alors important de nous interroger sur deux points au moins,
l’absence de différence entre garçons et filles peut-elle être mise en relation avec le contexte culturel au sens large et les valeurs
qu’il véhicule ou la nature de l’instrument utilisé ? L’estime de soi, la valeur que l’on s’attribue semble se construire assez tôt
au cours de l’enfance, et résulte au moins en partie des interactions que l’enfant entretient avec son entourage immédiat et des
expériences sociales (Coopersmith, 1967 ; L’Ecuyer, 1978,). Nous nous attendons donc à ce que dans un environnement où la
société ne semble pas accorder la même valeur aux petits garçons et aux petites filles, où les opportunités offertes aux filles sont
moins nombreuses et moins variées, et les modèles de réussite également moins nombreux, l’estime de soi chez les filles ait
tendance à être plus basse que chez les garçons. Cependant ces propos devraient être nuancés, car des études sur l’estime de soi
de population stigmatisée, semblent indiquer que la stigmatisation par les autres groupes ou encore le fait de ne pas bénéficier des
mêmes opportunités n’aboutit pas nécessairement à une estime de soi plus basse (Croker et Major, 1989).
D’autre part, l’EES (échelle d’estime de soi) de Rosenberg est une échelle de type Guttman qui mesure une dimension globale
de l’estime de soi, et finalement ne nous renseigne guère sur les éléments sur lesquels chaque individu se base pour parvenir à
cette évaluation globale. Il nous a donc paru important de nous intéresser à cet aspect de la question. Quels sont les éléments
que l’individu prend en compte pour construire son estime de soi ? Ceci ne préjuge pas du niveau de cette estime, mais permet
d’essayer de comprendre finalement pour chaque individu quels sont les déterminants de son estime de Soi. Notre problème
revient à examiner si garçons et filles utilisent les mêmes critères.
Les concepts d’estime inconditionnelle et estime conditionnelle (Deci et Ryan, 1985) peuvent rendre compte de différences.
Dans le cadre de l’estime inconditionnelle l’individu fait dépendre l’opinion qu’il a de lui-même de son statut de créature
humaine plutôt que de ses performances personnelles. On peut parler également d’estime « authentique » plus permanente. En
revanche, l’estime « contingente » est celle qui est en relation avec les évènements situationnels, échecs ou réussites. Peut-on
s’attendre à observer des différences entre filles et garçons de ce point de vue ?
Nous faisons l’hypothèse que dans notre contexte culturel l’estime de soi sera plus faible chez les filles que chez les garçons ;
nous nous attendons également à des déterminants différents de l’estime de soi chez les filles et les garçons ; les filles auraient
une estime de soi plus « authentique », c’est-à-dire moins en relation avec les aspects situationnels tandis que les garçons auraient
davantage une estime de soi contingente c’est-à-dire liée au succès et aux échecs relatifs. C’est du moins ce que nous nous
proposons de mettre à l’épreuve au cours de cette étude.
1 Université Félix Houphouët-Boigny. Centre Ivoirien d’Etude et de Recherche en Psychologie Appliquée (CIERPA) 17 BP 424 Abidjan 17,
Côte d’Ivoire. Mail : akossimarg@yahoo.fr
94/118 95/118
Méthode Figure 1 :
Participants
L’étude porte sur 38 étudiants, 26 garçons et 12 filles, inscrits en master de Conseiller-psychologue au Centre Ivoirien d’Etude
et de Recherche en Psychologie Appliquée, au cours de l’année universitaire 2012-2013. Ils ont un âge qui varie entre 25 et 35
ans. Il s’agit d’une population qui a fait le même choix d’étude, et qui est en train de s’engager dans la vie active. La formation
est de niveau BAC+5. Ce type de formation professionnalisée est relativement désirable du point de vue social et la sélectivité à
l’entrée (concours, formation payante) limite le nombre de personnes qui y sont par hasard. A ce niveau, on peut penser que les
différences éventuellement observées tiennent aux caractéristiques des personnes et moins aux circonstances.
Résultats
En outre, les garçons sont significativement plus influencés par le regard des autres et la comparaison à autrui, tandis que les filles
Les résultats obtenus ne vont pas dans le sens de nos attentes. Le niveau global d’estime de soi obtenu par évaluation chiffrée semblent davantage avoir intériorisé des normes et des valeurs auxquelles elles essaient de se conformer. De ce fait, l’estime de
est comparable à celui de l’EES de Rosenberg et ne montre pas de différences significatives entre garçon et filles. En somme soi des filles semble moins dépendre des évènements immédiats. Le jugement des autres, le regard d’autrui parait moins affecter
l’opinion globale, l’indice de satisfaction que l’on exprime par rapport à son existence n’est pas lié au genre, pour les personnes l’opinion qu’elles ont d’elles-mêmes. Elles s’orientent davantage vers une évaluation normative de sorte que leur opinion est
de notre échantillon. Ce résultat ne semble donc pas être influencé par le contexte culturel. guidée par les valeurs et les normes de la société qu’elles ont intégrées et qu’elles s’efforcent de respecter. Les garçons accordent
Par contre filles et garçons semblent différer dans ce qui constitue les éléments sur lesquels ils se basent pour construire cette plus d’importance au jugement présent et la comparaison permanente aux autres.
opinion d’eux-mêmes inclure un tableau de résultats Les domaines d’investissement sont également différents, la réussite professionnelle et matérielle semble au premier plan pour
les garçons, alors que les filles considèrent la réussite de leur vie sentimentale et familiale comme un élément important de
l’estime de soi.
Tableau 1 : déterminants de l’estime de soi par genre (en fréquence)
Conclusion
Si le niveau global d’estime de soi ne diffère pas significativement entre garçons et filles, les indices subjectifs que chacun utilise
dans la construction de cette estime de soi varient et sont mêmes susceptibles de permettre de comprendre nos comportements.
Au terme de cette première étude, il conviendrait d’analyser le phénomène en élargissant l’enquête aux attributions causales
naïves que les uns et les autres font des échecs et des réussites et des priorités.
Bibliographie
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98/118 99/118
Cependant, quelques critiques ont émergé face à l’utilisation de ces tests dans des situations de sélection professionnelle, la
principale étant la possibilité de falsifier les résultats (O’Connor, 2006). La falsification (faking) peut être définie comme la Protocole
tendance des individus à fournir délibérément des réponses inexactes aux tests de personnalité, de manière à augmenter leurs La première phase de cette recherche consistait à évaluer les participants par l’intermédiaire de l’Alter Ego en utilisant un protocole
chances d’obtenir des résultats valorisants, telle qu’une décision d’embauche favorable (Goffin et Boyd, 2009). Il est alors standard. La situation était précisée comme sans enjeu. Il s’agissait d’apporter de l’information sur le profil de personnalité. Nous
possible de rapprocher la falsification du concept de désirabilité sociale compte-tenu qu’il s’agit ici de se présenter sous la considérons les réponses obtenues par les 73 participants comme «honnêtes».
forme la plus favorable socialement (Dilchert, Ones et Viswesvaran, 2006). La désirabilité sociale, associée de longue date
à l’évaluation de la personnalité (Tournois et al., 2000), peut être définie comme la tendance des participants à répondre en La deuxième phase de cette recherche consistait à réaliser une nouvelle évaluation par l’intermédiaire de cet outil, intégrée
suggérant une caractéristique de la personnalité jugée socialement acceptable ou désirable (Pervin et John, 2004). dans un processus de recrutement fictif. Une offre d’emploi (équipier de restauration), précisant les qualités personnelles ainsi
que les compétences spécifiques à posséder, était fournie. La première condition expérimentale consistait à demander aux
Plusieurs méthodes ont été utilisées afin d’étudier l’importance avec laquelle les candidats falsifient leurs réponses. Les échelles participants de répondre au questionnaire comme s’ils étaient dans un processus sélectif de recrutement. Nous considérons que
de désirabilité sociale ont permis une première approche du problème (Griffith, Chmielowski et Yoshita, 2005). Dans ce cas, les réponses obtenues par les 49 participants de cette condition permettent une éventuelle falsification libre. La seconde condition
les corrélations entre les différentes dimensions de personnalité et la désirabilité sociale sont évaluées (Ferrando, 2008 ; Ones, expérimentale consistait à demander explicitement aux participants de répondre au questionnaire afin de rendre leur profil de
Viswesvaran et Reiss, 1996 ; Rolland, 2004). Il est également possible de jouer sur le contexte en réalisant les passations personnalité en adéquation avec le poste et ainsi d’augmenter leur chance de recrutement. Nous considérons que les réponses
dans des conditions différentes : standard (il est demandé de répondre sincèrement) ou normative (il est demandé aux sujets obtenues par les 24 participants de cette condition proviennent d’une falsification imposée.
de montrer une image positive de soi-même). Les résultats observés indiquent généralement que les dimensions Névrosisme,
Caractère Consciencieux et Extraversion sont les plus affectées par la falsification (Congard, Antoine, Ivanchak et Gilles, 2012
; Viswesvaran et Ones, 1999 ; Viswesvaran, Ones et Hough, 2001). Enfin, certaines recherches tentent de démontrer que la
falsification peut être en lien direct avec les caractéristiques du poste convoité (Furnham, 1990 ; Raymark et Taforo, 2009). Les Résultats
dimensions affectées sont alors liées aux stéréotypes que les participants ont des postes proposés.
Les résultats ainsi que les comparaisons entre condition honnête et condition de falsification libre sont présentés dans le tableau
Notre questionnement se pose en complémentarité des études présentées. Le but de cette recherche est de démontrer que le n°1. Les résultats ainsi que les comparaisons entre conditions honnête et falsification imposée sont présentés dans le tableau n°2.
contexte dans lequel les personnes se trouvent peut influencer les résultats à des tests de personnalité. Nous nous demandons
donc si les scores observés aux tests de personnalité dans le cadre d’un recrutement sont différents de ceux constatés dans une
situation sans enjeu. De plus, nous nous demandons si les informations contenues dans une offre d’emploi fournissent des indices Tableau 1 : Analyses descriptives des scores et comparaison des conditions «honnête» et «falsification libre».
pour une éventuelle falsification et dans quelle proportion. Compte-tenu de la nature du poste proposé dans cette recherche, les
dimensions Névrosisme, Agréabilité et Extraversion devraient être affectées. Honnête Falsification libre
M ET M ET p D
DS 27.63 4.47 32.14 7.24 <.01 -0,75
O 89.41 9.18 92.24 11.58 <.05 -0,27
C 83.55 10.98 87.45 11.76 <.01 -0,34
E 76.27 10.39 82.20 10.51 <.01 -0,57
A 83.92 9.75 88.45 10.62 <.01 -0,44
N 64.08 14.36 75.37 15.98 <.01 -0,74
1 Université Lille3, Laboratoire PSITEC, Avenue du pont de bois 59643 Villeneuve d’ascq Cedex
100/118 101/118
Dans le cadre d’un recrutement fictif où la falsification est libre, les résultats indiquent que les participants modifient leur Références
protocole. L’importance de cette falsification peut être considérée comme moyenne pour la désirabilité sociale ainsi que pour
les traits Névrosisme et Extraversion. Elle est à considérer comme faible pour les traits Agréabilité, Caractère Consciencieux Barrick, M.R. et Mount, M.K. (1991). The Big Five personality dimensions and job performance : A meta-analysis. Personnel
et Ouverture. Une étude individuelle permet d’indiquer que 14 participants (soit 29% des participants) n’ont pas obtenu une Psychology, 44, 1–26.
désirabilité sociale plus importante qu’en condition honnête. Ce pourcentage est respectivement de 20%, 31%, 35%, 41% et 33% Birkeland, S. A., Manson, T. M., Kisamore, J. L., Brannick, M. T. et Smith, M. A. (2006). A Meta-Analytic Investigation of
pour les traits Névrosisme, Extraversion, Agréabilité, Caractère Consciencieux et Ouverture. Job Applicant Faking on Personality Measures. International Journal of Selection and Assessment, 14(4), 317–335.
Bruchon-Schweitzer et M., Ferrieux, D. (1991). Une enquête sur le recrutement en France. Revue Européenne de Psychologie
Tableau 2 : Analyses descriptives des scores et comparaison des conditions «honnête» Appliquée, 41 (1), 9–17.
et «falsification imposée». Caprara G.V., Barbaranelli C. et Borgogni L. (1997). Alter ego : les 5 facteurs fondamentaux de la personnalité, manuel
d’utilisation. Paris : E.A.P.
Honnête Falsification imposée
Congard, A., Antoine, P., Ivanchak, S. et Gilles, P.-Y. (2012). Désirabilité sociale et mesure de la personnalité : les dimensions
M ET M ET p D
les plus affectées par ce phénomène. Psychologie Française, 57, 193-204.
DS 26.83 5.65 36.42 10.52 <.01 -1.14
Dilchert,S., Ones, D.S. et Viswesvaran, C. (2006). Response distortion in personality measurement: Born to deceive, yet
O 85.04 8.69 92.67 10.45 <.01 -0.79
capable of providing valid self-assessments.Psychology Science 48 (3), 209-225
C 83.54 9.61 92.75 10.67 <.01 -0.91
E 73.17 10.61 84.17 10.78 <.01 -1.03 Ferrando, P.J. (2008). The impact of social desirability bias on the EPQ-R item scores : an item response theory analysis.
A 79.00 8.15 90.63 12.36 <.01 -1.11 Personality and Individual Differences, 44 (8), 1784–1794.
N 62.79 16.81 84.46 18.83 <.01 -1.21 Furnham, A. (1990). Faking personality questionnaires: Fabricating different profiles for different purposes. Current Psychology:
Research and Reviews, 9, 46–55.
Dans le cadre d’un recrutement fictif où la falsification est imposée, les résultats indiquent que les participants modifient de Goffin, R. D., et Boyd, A. C. (2009). Faking and personality assessment in personnel selection: Advancing models of faking.
manière plus importante leur protocole. Cette falsification peut être considérée comme forte pour le Névrosisme et la désirabilité Canadian Psychology, 50(3), 151–160.
sociale, mais aussi pour les traits Agréabilité, Extraversion et Caractère Consciencieux. Elle est à considérer comme moyenne
Griffith, R.L., Chmielowski, T. et Yoshita, Y. (2005). Do applicants fake ? An examination of the frequency of applicant faking
pour le trait Ouverture. Une étude individuelle permet d’indiquer que 6 participants (soit 25% des participants) n’ont pas obtenu
behavior. Personal Review, 36 (3), 341-355.
une désirabilité sociale plus importante qu’en condition honnête. Ce pourcentage est de 12% pour les traits Névrosisme et
Extraversion, de 17% pour l’Agréabilité et de 21% pour les traits Caractère Consciencieux et Ouverture. Laberon, S., et Bruchon-Schweitzer, M. (2009). Les pratiques d’évaluations utilisées dans les structures de conseil en
recrutement : quelques déterminants. Psychologie du Travail et des Organisations, 15(2), 111–136.
McCrae, R. R. et Costa, P. T. (1990). Personality in adulthood. New York: The Guilford Press.
Discussion et Conclusion Ones, D.S., Viswesvaran, C. et Reiss, A.D. (1996). Role of social desirability in personality testing for personnel selection : The
Les résultats présentés indiquent que, globalement, les participants falsifient leur protocole lors d’une condition de passation red herring. Journal of Applied Psychology, 81, 660–679.
normative. Ces résultats confirment donc les résultats habituels en la matière (Birkeland et al., 2006 ; Goffin et Boyd, 2009; O’Connor, B.P. (2006). Social desirability measures and the validity of self-reports : a comprehensive search for moderated
Viswesvaran et Ones, 1999 ; Rosse, Stecher, Miller et Levin, 1998). relationships in five-factor model space. In Colombus, A., Colombus, A. (Eds), Advances in psychology research, 40. Nova
L’importance de la falsification dépend de la consigne donnée aux participants. Lorsqu’aucune consigne particulière n’est donnée, Science Publishers, Hauppauge, NY US, pp. 39-73.
seules les dimensions Névrosisme, Extraversion et la Désirabilité Sociale sont moyennement affectées. Par contre, lorsque la Pervin, L.A. et John, O.P. (2004). La personnalité : de la théorie a la recherche. Bruxelles : DeBoeck.
demande est explicite, l’ampleur de cette falsification devient importante pour la majorité des dimensions évaluées. Ces résultats
Raymark, P. H., et Tafero, T. L. (2009). Individual differences in the ability to fake on personality measures. Human
confirment partiellement les résultats observés dans la littérature (Viswesvaran et al., 2001).
Performance, 22(1), 86–103.
Les résultats indiquent également que la falsification est réalisée en lien avec les indices présentés dans l’offre d’emploi et les
Rolland, J.-P. (2004). L’évaluation de la personnalité : le modèle en cinq facteurs. Sprimont : Mardaga.
stéréotypes qui y sont liés. En effet, un pré-test a permis de montrer que les dimensions Névrosisme, Agréabilité et Extraversion
figuraient comme les trois dimensions «stéréotypes» du poste d’équipier en restauration.Nous observons systématiquement la Rosse, J.G., Stecher, M.D., Miller, J.L. et Levin, R.A. (1998). The impact of response distortion on preemployment personality
falsification la plus importante sur ces trois dimensions.Ces résultats confirment que la falsification est fonction de la perception testing and hiring decisions. Human Performance, 83, 634–644.
des dimensions estimées comme pertinentes et nécessaires pour leur futur emploi (Furnham, 1990 ; Raymark et Taforo, 2009).
Tournois, J., Mesnil, F. et Kop, J. (2000). Autoduperie et héteroduperie : un instrument de mesure de la désirabilité sociale.
Ce type de résultat mériterait d’être répliqué avec un échantillon plus large et des offres d’emploi différentes.
Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 50 (1), 219–233.
Enfin, les résultats indiquent qu’environ un tiers des participants n’obtient pas d’évolution des dimensions évaluées lors d’un
Viswesvaran, C. et Ones, D.S. (1999). Meta-analysis of fakability estimates : Implications for personality measurement.
recrutement fictif. Cette analyse différentielle indique alors que l’utilisation d’étalonnages spécifiques pour les situations de
Educational and Psychological Measurement, 59, 197–210.
recrutement ne permet pas de corriger l’ensemble des problèmes liés à la falsification.
Viswesvaran, C., Ones,D.S. et Hough, L.M. (2001). Do impression management scales inpersonality inventories predict
managerial job performance ratings? International Journal of Selection and Assessment, 9 (4), 277–289.
102/118 103/118
Déterminants personnologiques et émotionnels du stress, L’évaluation du workaholisme : nous utilisons la version en 10 items de l’échelle Dutch Work Addiction Scale (DUWAS) de
Schaufeli, Shimazu, et Taris (2009) proposée par Libano et al. (2010). Elle évalue le workaholisme à travers une échelle de Likert
du burnout et du workaholisme chez des enseignants du 1er et du 2ème degré : en 4 points portant sur la fréquence. Exemple d’item : « Je reste occupé et garde plusieurs projets sous le coude ».
quelles différences ?
L’évaluation des déterminants contextuels: le questionnaire utilisé a été partiellement conçu pour cette recherche (Guédon &
Bernaud, 2015b).
Dominique Guédon (1), Jean-Luc Bernaud (2), Laure Guilbert (3) & Marinette Maillard (1)
- L’empathie organisationnelle est évaluée à travers 29 items organisés en 4 dimensions : soutien des collègues, soutien de la
hiérarchie, reconnaissance dans le travail et reconnaissance du public. Exemple d’item de la dimension de soutien des collègues:
« Entre collègues, c’est la compétition qui règne plutôt que le soutien ».
Introduction - Les exigences émotionnelles sont évaluées à travers 20 items organisés en 4 dimensions : contact avec la souffrance, nécessité
Les risques psychosociaux (RPS) représentent un champ de recherche fécond et pluridisciplinaire depuis quelques années. de contrôler positivement ses émotions, peur au travail et tension avec le public. Exemple d’item de la dimension de peur au
Leurs déterminants contextuels, antérieurement négligés, sont maintenant pris en considération et un rééquilibrage avec les travail : « Souvent, je me sens coupable de n’avoir pas bien fait mon travail ». L’évaluation de l’empathie comme des exigences
déterminants individuels s’impose. Une majorité des études réalisées visent les salariés du secteur marchand. Plus rares sont émotionnelles est réalisée à travers une échelle de Likert en 4 points portant sur le degré d’accord.
celles qui ciblent les enseignants. Or, compte tenu des particularités relationnelles et émotionnelles de leur métier, les enseignants L’évaluation de la personnalité : le BFI-fr (Plaisant, Courtois, Reveillère, Mendelsohn, & John, 2010). Cet auto-questionnaire
sont soumis au stress (Laugaa & Bruchon-Schweitzer, 2005 ; Fotinos, 2005, 2006), au burnout (Genoud, Brodard, & Reicherts, en 45 items évalue la personnalité suivant le modèle des Big Five à travers une échelle de Likert en 5 points portant sur le degré
2009) et au workaholisme (Guédon & Bernaud, 2015a). d’approbation. Exemple d’item « Je me vois comme quelqu’un qui est bavard »
Nous considérons le stress défini par Lazarus et Folkman (1984, p.19) comme «une transaction particulière entre la personne
et l’environnement, dans laquelle la situation est évaluée par l’individu comme excédant ses ressources et pouvant menacer
son bien-être ». Nous retenons ensuite le modèle unidimensionnel de Pines et Aronson (1988, p.42) qui décrit le burnout Résultats
comme « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental causé par une longue implication dans des situations exigeantes
émotionnellement ». Enfin, pour le workaholisme, encore peu étudié chez les enseignants, nous retenons la proposition de
Libano, Llorens, Salanova, et Schaufeli (2010) qui le conceptualisent à travers le travail excessif et le travail compulsif. Du Analyses descriptives
côté des déterminants potentiels de ces RPS, nous retenons les exigences émotionnelles (Nasse & Légeron, 2008) et l’empathie Les scores observés pour les variables dépendantes (stress, burnout et workaholisme) ne révèlent aucune différence significative
organisationnelle définie par Guédon & Bernaud (2008, p.40) comme « La perception […] de l’intensité et de la diversité des liée au niveau d’enseignement.
conduites et des actions entreprises par une organisation, afin de comprendre efficacement les émotions et le fonctionnement
psychologique des salariés,… » pour l’aspect contextuel et les facteurs de personnalité du modèle des Big-Five (McCrae & Pour le stress, les scores des enseignants de notre échantillon (de 2,49 à 2,53) sont inférieurs à celui retenu (2,8) par Collange,
Costa, 1987) pour l’aspect individuel. Bellinghausen, Chappé, Saunder, et Albert (2013) pour considérer que le stress peut devenir un facteur de troubles anxio-
dépressifs.
Notre objectif est ici d’évaluer les caractéristiques de personnalité, les exigences émotionnelles et l’empathie organisationnelle
comme déterminants du stress, du burnout et du workaholisme, chez les enseignants. Nous examinerons également l’impact du Pour le burnout, selon Malach-Pines (2005), un score compris entre 2,5 et 3,5 points indique un faible degré de burnout et un
niveau d’exercice des enseignants. score entre 3,5 et 4,4 points avère la présence du burnout. Les enseignants de notre échantillon, avec des scores moyens compris
entre 3,32 et 3,48, semblent donc présenter un relativement faible degré de burnout.
Pour le workaholisme, les scores de notre échantillon d’enseignants (de 2,41 à 2,48) correspondent à ceux rapportés comme étant
Méthode des valeurs moyennes par Libano et al. (2010
Aucune différence significative relative au sexe des participants n’a été observée.
Participants
Analyses de régression
106 enseignantes et 44 enseignants de différents établissements scolaires normands ont participé à cette recherche (53 dans le 1er
degré, 97 dans le 2ème). L’âge moyen est de 43 ans (écart-type: 10,4 ; mini : 23 ans ; maxi : 62 ans). Afin d’évaluer la part d’explication apportée par nos variables contextuelles et individuelles, des régressions linéaires hiérarchiques
ont été menées pour chaque variable dépendante en introduisant successivement les variables d’empathie organisationnelle, de
Instruments d’évaluation utilisés personnalité et d’exigences émotionnelles.
L’évaluation du stress : nous utilisons l’échelle PSS-10 (Cohen & Williamson, 1988) composée de 10 items. Elle évalue le stress
à travers une échelle de Likert en 5 points portant sur la fréquence. Exemple d’item : « au cours du mois dernier, avez-vous été
confiant(e) dans votre capacité à gérer vos problèmes personnels ? »
L’évaluation du burnout : nous utilisons l’échelle BMS-10 de Malach-Pines (2005) composée de 10 items. Elle évalue le burnout
à travers une échelle de Likert en 7 points portant sur la fréquence. Exemple d’item : « En pensant à votre travail, globalement
vous êtes-vous senti(e) fatigué(e).
1 Université de Rouen, Laboratoire Psy- NCA, Rue Lavoisier, 76821 Mont Saint Aignan Cedex, France. Mel : dominique.guedon@univ-
rouen.fr
2 INETOP-CNAM, Laboratoire CRTD, 41 rue Gay Lussac, 75005 Paris, France
3 Université Paul Valléry, Montpellier, Laboratoire Epsylon, Rue du Pr. Henri Serre, 34000 Montpellier, France
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Tableau 1 : analyses de régression hiérarchique portant sur le stress. Tableau 3 : analyses de régression hiérarchique portant sur le workaholisme.
(Seules les composantes présentant des β significatifs sont mentionnées en italique). (Seules les composantes présentant des β significatifs sont mentionnées en italique).
stress Workaholisme
Enseignants 1 degré (N=53)
er
Enseignants 2 ème
degré (N=97) Enseignants 1 degré (N=53)
er
Enseignants 2ème degré (N=97)
R² Δ R² p R² Δ R² p R² Δ R² p R² Δ R² p
Empathie
Empathie organisationnelle Empathie
organisationnelle .18 .18 p<.01 reconnaissance .15 .15 p<.01 organisationnelle Empathie
.33 .33 p<.01 .03 .03 N.S.
dans le travail soutien de la organisationnelle
(-.38) hiérarchie (-.48)
Personnalité Personnalité
.38 .20 p<.01 .42 .27 p<.01 Personnalité Personnalité
névrosisme (.47) .49 .16 p<.01 .25 .22 p<.01
conscience (.34) névrosisme (.34)
Exigences
émotionnelles p<.01 Exigences émotionnelles
.54 .16 .55 .13 p<.01
confrontation à la . peur au travail (.33) Exigences émotionnelles
Exigences émotionnelles .53 .04 N.S. .33 .08 p<.05
souffrance (.74) peur au travail (.38)
L’examen du tableau 1 montre une implication équilibrée des variables prédictrices entre 1er et 2ème degré. L’empathie
organisationnelle et les exigences émotionnelles apportent une part plus importante d’explication du stress dans le 1er que dans Les variables retenues (tableau 3) expliquent une plus grande part du workaholisme chez les enseignants du 1er degré (R²=.53)
le 2ème degré et la personnalité, une part plus importante dans le 2ème degré que dans le 1er. que chez ceux du 2ème degré (R²=.33). L’empathie organisationnelle (principalement le manque de soutien de la hiérarchie)
apporte une part d’explication significative et notable du workaholisme (ΔR²=.33) seulement chez les enseignants du 1er degré.
La personnalité apporte une part d’explication complémentaire un peu plus importante dans le 2ème degré (ΔR²=.22) que dans
Tableau 2 : analyses de régression hiérarchique portant sur le burnout le 1er (ΔR²=.16) et les facteurs impliqués sont différents (névrosisme dans le 2ème degré et conscience dans le 1er). Les exigences
émotionnelles (principalement la peur au travail) apportent une part d’explication complémentaire significative seulement dans
(Seules les composantes présentant des β significatifs sont mentionnées en italique). le 2ème degré ΔR²=.08).
burnout
Enseignants 1 degré (N=53) Enseignants 2ème degré (N=97)
Discussion et conclusion
er
R² Δ R² p R² Δ R² p
Le workaholisme paraît lié en premier lieu à l’empathie organisationnelle perçue et tout particulièrement au faible soutien de la
Empathie
Empathie organisationnelle hiérarchie chez les enseignants du 1er degré. Chez les enseignants du 2ème degré en revanche, il n’apparait pas lié à l’empathie
.26 .26 p<.01 .21 .21 p<.01
organisationnelle reconnaissance organisationnelle perçue, mais plutôt au facteur névrosisme de la personnalité.
du public (-.26)
Personnalité Au regard du stress, nos prédicteurs s’organisent de manière assez proche dans les deux niveaux d’enseignement. Toutefois, la
Personnalité .46 .20 p<.01 .60 .39 p<.01
névrosisme (.51) confrontation avec la souffrance apparaît au premier plan des exigences émotionnelles dans le 1er degré alors que c’est la peur au
Exigences travail dans le 2ème degré. Sans doute peut-on voir ici l’effet d’une situation de fait : les élèves les plus en souffrance sont souvent
émotionnelles orientés vers des structures spécialisées durant leur scolarité du 1er degré. Dès lors, les enseignants du 2ème degré se trouvent
Exigences émotionnelles
confrontation à la .60 .14 p<.01 .67 .08 p<.01
peur au travail (.33) moins confrontés à cette difficulté.
souffrance (.74)
peur au travail (.25)
En revanche, pour le burnout, la personnalité (et particulièrement le névrosisme) se révèle un prédicteur plus important dans le
2ème degré que dans le 1er.
Le tableau 2 révèle que les exigences émotionnelles et l’empathie organisationnelle sont plus impliquées dans l’explication du
Ainsi, les actions de prévention du stress, du burnout et du workaholisme dans l’Education Nationale devront s’articuler de
burnout chez les enseignants du 1er degré que chez ceux du 2ème degré. A l’inverse, la personnalité est plus impliquée dans le 2ème
manière différenciée selon le niveau d’enseignement et selon le risque envisagé. Si les variables de personnalité ne peuvent pas
degré.
relever d’actions directes de l’employeur, les variables organisationnelles sont sous sa responsabilité. Pour lutter contre les RPS,
il paraît alors nécessaire dans le 1er degré d’améliorer le soutien de la hiérarchie et de diminuer la confrontation à la souffrance.
Ce dernier point suppose la mise en œuvre de formations centrées sur la gestion de situations douloureuses et/ou l’organisation
d’un accompagnement dont pourraient valablement se charger les psychologues scolaires. Dans le 2ème degré, il conviendrait
principalement d’augmenter la reconnaissance et de diminuer la peur au travail. Celle-ci étant principalement liée à une forme de
culpabilité relative à la crainte de ne pas avoir toutes les compétences pour réaliser au mieux ses missions dans un environnement
stressant, les actions préventives adaptées relèvent, là encore de la formation continue.
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1 Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD), EA 4132, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, France.
2 Observatoire des Politiques et des Pratiques pour l'Innovation en Orientation (OPPIO), Conservatoire National des Arts et Métiers,
Paris, France.
Contact : laurent.sovet@gmail.com
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Les différentes échelles de mesure du sens de la vie existantes tentent justement de prendre en compte ces multiples concepts est participative ce qui contribue à l’appropriation des résultats par le bénéficiaire (Hanson, Claiborn, & Kerr, 1997).
(Morgan & Farsides, 2009). Néanmoins, la nuance entre certaines notions mérite d’être précisée. Aussi, bien que Frankl (2009)
Après cette centration sur soi-même, la troisième séance suscite chez le bénéficiaire une prise de recul sur sa propre situation,
évoque à plusieurs reprises dans ses écrits les notions de sens de la vie et de but de la vie, il exprime tacitement une distinction
par considération d’un autrui : il s’agit de lui faire découvrir d’autres problématiques de vie et de travail parfois, et de nouvelles
entre le sens de la vie comme une réponse au « quoi » et le but de la vie comme une réponse au « pourquoi ». Plus concrètement,
stratégies pour y faire face. Cette séance alterne donc décentration et recentration. Dans cet objectif, plusieurs œuvres d’art
ce « quoi » serait la capacité chez l’individu à donner du sens et à comprendre sa vie et le monde qui l’entoure tandis que
comme un film, un livre ou une peinture suscitant une réflexion sur le sens de la vie et le sens du travail sont amenées par le
ce « pourquoi » serait la capacité chez l’individu à donner une direction à sa vie et à définir les aspirations à long terme
bénéficiaire, s’appuyant sur les principes de la bibliothérapie (Ouaknin, 1994). Plusieurs effets sont attendus comme l’apport
(Steger, 2012). Cette distinction parait essentielle pour bien comprendre les recherches actuelles qui renvoient à des implications
d’informations nouvelles, l’augmentation de la conscience de soi, le développement d’une catharsis émotionnelle ou encore une
différentes bien qu’intrinsèquement liées. Ainsi, dans l’échelle du sens de la vie élaborée aux États-Unis (Meaning in Life
réflexion sur l’existence par identification à un personnage.
Questionnaire) par Steger, Frazier, Oishi et Kaler (2006), deux dimensions sont évaluées : la présence de sens correspondant à
l’évaluation subjective du niveau de sens à l’instant présent et la recherche de sens correspondant aux efforts mis en œuvre par La quatrième séance permet d’aborder la question du travail de façon plus explicite que lors des séances précédentes. Pour ce
l’individu pour trouver un sens à sa vie. faire, le bénéficiaire prépare cette séance en réfléchissant sur plusieurs mots associés au travail, en collectant des offres d’emplois
attirantes pour lui et en faisant remplir un questionnaire de valeurs de travail par un.e proche. La séance en elle-même consiste en
Le sens de la vie peut également être influencé par différentes sources auxquelles chaque individu n’accorde pas la même
une réflexion accompagnée par le conseiller ou la conseillère sur le matériau ainsi recueilli et les points saillants pouvant en être
importance (Schnell, 2011) et qui évoluent au cours du développement (Steger Oishi, & Kashdan, 2009). Parmi ces sources de
dégagés. Les objectifs poursuivis sont d’aider la personne à repérer les valeurs qu’elle cherche prioritairement à satisfaire dans
sens, le travail peut être considéré comme un domaine de vie particulièrement influant (Rosso, Dekas, & Wrzesniewski, 2010).
son activité professionnelle (Létourneau, Chrétien, & Lécine, 2012) et à la conduire à repérer la façon dont son travail s’articule
Tout comme la mesure du sens de la vie, il semble nécessaire d’expliciter les composantes du sens du travail. En conséquence,
aux autres aspects de sa vie (Rosso et al., 2010).
Steger, Dik et Duffy (2012) ont élaboré une mesure multidimensionnelle du sens dans le contexte professionnel : Work and
Meaning Inventory (WAMI). Cet instrument psychologique permet de prendre en compte trois composantes distinctes du sens : Les séances précédentes ayant apporté de nombreux éléments susceptibles de favoriser le dessin de ce futur, c’est précisément
1) l’évaluation du niveau de sens ; 2) la contribution du travail au sens de la vie, et 3) la direction qui désigne la volonté cela qui est alors attendu en préparation de la cinquième séance. Cependant, cette projection a un caractère précis. Loin, donc,
d’apporter aux autres et à la société. du traditionnel « comment vous voyez-vous dans dix ans ? », c’est une véritable autobiographie du futur que réalisent les
participants suivant la méthodologie proposée par Rehfuss (2009) : ils indiquent, année après année, sur une durée non restreinte,
les événements personnels et professionnels de deux vies, de deux parcours possibles. Ces parcours sont généralement en
cohérence avec les valeurs du bénéficiaire, et doivent être réalistes en comportant des événements positifs et négatifs. En cours
Présentation d’un dispositif d’intervention centré sur le sens de séance, l’exploitation vise la projection des valeurs et des intérêts du bénéficiaire, l’expression de ce qui reflète une qualité de
L’évaluation du sens n’étant pas la finalité du développement humain, plusieurs travaux ont porté sur les moyens d’accroître le vie et une mise en évidence des éléments clés favorisant le changement.
niveau de sens de la vie et du travail chez des personnes qui en ressentent le besoin. Le dispositif présenté ci-dessous est appliqué Dans la suite logique de cette projection vers le futur, la sixième séance s’intéresse à l’art de vivre. Ces thèmes entretiennent
depuis quelques années au CNAM-INETOP (Bernaud, Lhotellier, Sovet, Arnoux-Nicolas, & Pelayo, 2015). Il se base, entre des liens forts avec des valeurs, peuvent se traduire en comportements concrets, semblent liés à une conception de la vie et
autres, sur plusieurs considérations qui viennent d’être évoquées précédemment. leur application est supposée permettre plus d’épanouissement. La série de thèmes proposés s’inspire de diverses recherches
psychologiques et traditions philosophiques : ainsi, par exemple, les thèmes « utiliser ses compétences et valoriser ses atouts » et
Objectifs poursuivis « développer des relations positives avec les autres », renvoient au modèle du bien-être psychologique (Ryff & Keyes, 1995). À
l’issue de cette séance, le bénéficiaire devra mettre le pied à l’étrier, en s’essayant, dans les semaines qui suivront cette séance, à
D’une façon générale, le dispositif vise, chez les personnes qui en bénéficient, à stimuler la réflexion sur les priorités de vie, en la mise en œuvre concrète de « thèmes d’art de vivre ». Il aura pour tâche de mettre en action tous les jours, même modestement,
particulier sur le plan professionnel. Il se propose aussi de les aider à articuler vie professionnelle et vie hors travail, et, le cas les thèmes qu’il aura retenus, en référence à de nombreux travaux illustrant l’influence de nos actions sur nos cognitions (Weiss
échéant, à la façon dont les relations entre ces deux aspects de leur vie pourraient être gérées. En effet, les personnes concernées, & Girandola, 2009).
souvent confrontées à une transition de carrière, sont à un carrefour de leur vie qui implique des choix importants. Il leur est
donc proposé un espace et un temps pour envisager de nouvelles perspectives, identifier et anticiper les contraintes et obstacles La dernière et septième séance permet de faire le bilan de ce début de mise en application des thèmes d’art de vivre sélectionnés
possibles, imaginer des stratégies de dépassement de ces difficultés ou encore repérer leurs propres ressources. Au-delà, l’objectif lors de la séance précédente. Elle est aussi consacrée à un bilan par le bénéficiaire du chemin parcouru au cours de l’atelier et des
du dispositif d’accompagnement est de développer une attitude réflexive et une autonomie qui puissent se maintenir, compte tenu priorités qu’il se donne dans l’avenir pour s’accomplir (Savickas et al., 2009). Le bénéficiaire est invité à préparer cette synthèse
du caractère récurrent de la réflexion sur le sens de la vie, tout au long du parcours. sous la forme qu’il choisit comme par exemple un texte écrit, un diaporama, une vidéo, ou encore un collage. La rédaction d’une
synthèse personnelle permet une appropriation des contenus (Pennebaker & Chung, 2011). Elle est censée également faciliter le
dégagement par le bénéficiaire des éléments saillants dans tout ce qui s’est dit au cours de ces semaines de travail. Chez certains,
Considérations générales sur l’organisation
il semble bien aussi que ce bilan soit en lui-même source d’une sorte de surcroît de sens, par exemple en permettant la mise en
Le dispositif se présente comme une succession de sept séances de deux heures, à raison d’une séance par semaine environ. Les évidence de nouveaux liens de ce dispositif avec l’orientation tout au long de la vie.
séances, pour la plupart, demandent une préparation de la part du bénéficiaire. L’ensemble du travail s’appuie sur un « carnet
de bord » où sont inscrites les activités de chaque séance. Des espaces vierges y permettent de prendre des notes comprenant le
contenu des travaux préparatoires et ce que le bénéficiaire retient des échanges avec le conseiller ou la conseillère.
Conclusion
Étapes Cette présentation invite à adopter plusieurs perspectives s’articulant autour d’un modèle différentiel du sens de la vie et du sens
du travail. Tout d’abord, il semble important de modéliser le sens en prenant en compte la vie personnelle et professionnelle
La première séance a pour objet la présentation générale du dispositif de sorte que l’alliance de travail entre le conseiller ou la en s’appuyant sur la variabilité interindividuelle. Ensuite, il est important d’examiner l’articulation du sens de la vie et du sens
conseillère et le bénéficiaire puisse s’engager par accord sur les buts poursuivis et sur les activités mises en œuvre (Bernaud & du travail avec d’autres caractéristiques socio-psychologiques comme la spiritualité, la culture, la structure familiale ou encore
Bideault, 2005). Cette séance est également consacrée à un premier état des lieux de la réflexion du sujet sur le sens de sa vie. le choix de carrière. De même, il semble nécessaire de s’interroger sur les modes d’intervention centrés sur le sens auprès des
La deuxième séance permet d’approfondir cette réflexion sur le sens de la vie en utilisant le Questionnaire des Valeurs Existentielles individus face à l’hétérogénéité des problématiques individuelles. Pour cela, le contenu des différentes séances composant ce
de Vie, l’adaptation française du SoMe de Schnell (2009). Ce questionnaire est complété par le bénéficiaire entre la première et dispositif pourrait être décliné sous la forme de variantes. Par exemple, dans la quatrième séance, si une réflexion sur des offres
la deuxième séance. La deuxième séance est largement consacrée à sa restitution des résultats, après auto-positionnement par le d’emploi collectées s’annonce trop difficile au regard des problématiques du bénéficiaire, il semble possible de de proposer
sujet sur les différentes dimensions mesurées. Cette séance permet l’identification des priorités de vie. La forme de la restitution un exercice alternatif consistant à rédiger directement l’offre d’emploi idéal. Cette approche différentielle, s’inscrivant dans la
théorie du conseil adaptatif, permet de proposer un accompagnement personnalisé aux bénéficiaires pour en maximiser l’efficacité
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(Guénolé, Bernaud, Desrumaux, & Di Fabio, 2015). Dans une perspective centrée sur la variabilité intra-individuelle, l’évolution Schnell, T. (2009). The Sources of Meaning and Meaning in Life Questionnaire (SoMe): Relations to demographics and well-
du sens de la vie et du sens du travail doit être explorée. Nous nous interrogeons notamment sur la manière dont un événement de being. The Journal of Positive Psychology, 4, 483–499.
vie peut affecter ces variables. Plus largement, des études longitudinales pourraient apporter des éléments de réponse à ce sujet.
Schnell, T. (2011). Individual differences in meaning-making: Considering the variety of sources of meaning, their density and
Nous cherchons également à examiner les changements intra-individuels qui se produisent au cours du dispositif d’intervention
diversity. Personality and Individual Differences, 51, 667–673.
et la façon d’adapter la posture de conseil. Cela reste un thème relativement nouveau dans les sciences psychologiques mais
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dans une version courte de l’inventaire de dépression de Beck (Beck, Ward, Mendelson, Mock, & Erbaugh, 1961). L’indécision Cette recherche offre des pistes de réflexion quant aux évolutions des dispositifs d’accompagnement. La formalisation de
vocationnelle a été évaluée à l’aide d’un outil développé par Bernaud (2005), qui vise à analyser les difficultés rencontrées lors « modèles d’intervention », fondés théoriquement et vérifiés empiriquement, a commencé à émerger, en particulier pour les
d’un choix de carrière ; et l’échelle de Rosenberg, composée de 10 items et traduite en français par Vallières et Vallerand (1990) publics les plus fragiles (Castra, 2003). Un chantier reste ouvert quant à l’élaboration de pratiques novatrices pour l’aide à
a été utilisée pour évaluer le niveau d’estime de soi. l’insertion professionnelle qui tiendraient compte des avancées scientifiques et tenteraient de répondre au mieux aux besoins des
personnes en recherche d’emploi.
Résultats
Bibliographie
Des tests t de Student pour échantillons appariés ont été appliqués au seuil p bilatéral p = .05 afin de vérifier l’hypothèse
1. Ces analyses ont permis de mettre en évidence des différences significatives entre les scores obtenus par les participants Balmary, D., Chevrier-Fatome, C., & Simonin, B. (2004). Rapport de l’instance d’évaluation de la politique d’emploi et
avant l’application du dispositif d’accompagnement et à son terme. Nous relevons une forte évolution des scores pour plusieurs recours à des opérateurs externes. Paris : La Documentation Française.
variables avec un seuil bilatéral de p < .01. Les résultats obtenus montrent un effet positif de l’ensemble du dispositif de recherche
Bernaud, J.-L. (2013). Adaptive counseling theory : a new perspective for career counseling. In A. Di Fabio (Ed.), Psychology
sur l’ensemble des caractéristiques psychologiques des participants envisagées, que ceux-ci fassent partie du groupe contrôle
of Counseling (pp. 171-183). New-York: Nova Science Publishers.
ou du groupe expérimental. On note ainsi une évolution notable de la confiance des participants en leurs capacités à rechercher
et à trouver un emploi. Le niveau de SEV augmente ainsi sur l’ensemble de ses dimensions (d de Cohen=0,94). De même, Bernaud, J.-L. (2005). Analyser la demande : l’apport d’un modèle d’indécision de carrière. Université de Rouen, Rapport de
nous relevons une diminution globale des scores relatifs au niveau de l’indécision vocationnelle à l’issue du dispositif (d de recherche.
Cohen=-0,63). Il en est de même en ce qui concerne le niveau de souffrance psychologique des participants (d de Cohen=-0,48), Beck, A.T., Ward, C. H., Mendelson, M., Mock, J., & Erbaugh, J. (1961). An inventory for measuring depression. Archives
et nous notons enfin leur plus grande implication dans leurs démarches effectives de recherche d’emploi (d de Cohen=1,12). of General Psychiatry, 4, 561-571.
Les résultats permettent de conclure à une validation globale de l’Hypothèse 2. En effet, sur les sept variables explorées, deux Betz, N. E., Klein, K., & Taylor, K. M. (1996). Evaluation of a short form of the career decision-making self-efficacy scale.
d’entre elles ne présentent pas de différences notables si l’on applique le critère de taille de l’effet ou celui du test de Wilcoxon : Journal of Career Assessment, 4, 47-57.
il s’agit de la dynamisation (qui indique des effets positifs dans les deux cas) et des ressources pour la gestion des transitions de
carrière (qui sont sans effet pour les deux groupes considérés). Les cinq autres variables montrent des effets en faveur du groupe Brown, S. D., Ryan Krane, Nancy, E., Brecheisen J., Castelino, P., Budisin, I., Miller, M., & Edens, L., (2003). Critical
d’accompagnement individualisé. La différence entre les deux groupes est particulièrement nette pour l’indécision et l’estime de ingredients of career choice interventions: More analyses and new hypotheses. Journal of Vocational Behavior, 62, 411-428.
soi et, est plus modérée pour la détresse psychologique, le sentiment d’efficacité vocationnelle et l’employabilité. Castra, D. (2003). L’insertion professionnelle des publics précaires. Paris : Presses Universitaires de France.
L’Hypothèse 3 postulait une meilleure satisfaction et une évaluation du conseiller plus favorable chez les participants ayant Fernandez, A., Fouquereau, E., & Heppner, M. (2008). The CTI, a psychometric evaluation of a French version (CTI-F).
suivi un dispositif d’accompagnement individualisé. D’un point de vue descriptif, nous observons une évaluation positive du Journal of Career Assessment, 16(3), 384-398.
conseiller, ainsi qu’un niveau de satisfaction global vis-à-vis de l’accompagnement proposé relativement élevé pour chacun
des deux groupes. Ensuite, d’après le test t de Student pour échantillons indépendants, nous n’observons pas d’écart important Guénolé, N., Bernaud, J.L., & Guilbert, L. (2012). L’accompagnement à la recherche d’un emploi : enjeux, modèles, et
entre les moyennes des deux groupes quant à l’évaluation du conseiller (t = .86 ; ns). En revanche, les participants ayant suivi un perspectives de recherche. Psychologie du Travail et des Organisations, 18(3), 193-214.
accompagnement individualisé tendent à se montrer plus satisfaits que ceux ayant suivi un dispositif standardisé (t = 2,36 ; p < Guénolé, N., Bernaud, J-L., & Boudrias, J-S. (sous presse). Problematiche professionali in beneficiari di servizi di
.05). L’Hypothèse 3 est ainsi partiellement vérifiée. accompagnamento al lavoro: Un approcio tipologico [Vocational issues among recipients of a counseling for a job search: A
typological approach]. Counseling: Giornale Italiano di Ricerca e Applicazioni, 8(1).
Guénolé, N. (2013). Conseil adaptatif et accompagnement des demandeurs d’emploi. Thèse de doctorat en psychologie,
Discussion INETOP-CNAM, Paris.
Cette recherche visait à formaliser et à évaluer les effets de la mise en œuvre d’un dispositif d’accompagnement à la recherche Howard, G. S., Nance, D. W., & Myers, P. (1986). Adaptive counseling and therapy: An integrative, eclectic model. The
d’emploi individualisé, dans la mesure où sa conception considère les attentes et les problématiques vocationnelles des Counseling Psychologist, 14, 363-442.
bénéficiaires. Iborra, M. (2013). Rapport d’information N° 1107, En ligne : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i1107.pdf
Les résultats obtenus mettent tout d’abord en évidence un effet significatif et positif du dispositif d’accompagnement à la recherche Jamme, D. (2011). Pôle Emploi et la réforme du service public de l’emploi : bilan et recommandation. En ligne : http://lecese.
d’emploi - quelle que soit la modalité choisie- sur plusieurs caractéristiques choisies comme centrales dans la perspective de fr/Brochures/2011/2011_04_pole_emploi.pdf
gérer sa carrière et d’aborder la question de l’emploi. Ces résultats confirment ainsi l’Hypothèse 1, et corroborent les effets
positifs d’un accompagnement portant sur une recherche d’emploi quant aux différentes dimensions psychologiques observées. Massoudi, K., Masdonati, J., Clot-Siegrist, E., Franz-Pousaz, S., & Rossier, J. (2008). Évaluation des effets du counseling
Ils vont également dans le sens de la littérature portant sur les effets d’un accompagnement professionnel (Massoudi, Masdonati, d’orientation: Influence de l’alliance de travail et des caractéristiques individuelles. Pratiques Psychologiques, 14, 117-136.
Clot-Siegrist, Franz-Pousaz & Rossier, 2008 ; Roques, 2008). Multon, K., Wood, R., & Heppner, M. (2007). A cluster analytic investigation of subtype of adults career counseling clients:
L’Hypothèse 2 défendait l’idée d’une meilleure efficacité de l’accompagnement individualisé, comparativement à toward a taxonomy of career problems. Journal of Career Assessment, 15, 66-86.
l’accompagnement standardisé. Il a été relevé que pour une majorité de variables étudiées, les effets étaient plus favorables pour Roques, M. (2008). Les dimensions psychologiques et psychosociales dans l’évaluation de l’efficacité des dispositifs d’insertion.
le groupe d’accompagnement individualisé, validant en cela cette hypothèse. Ces résultats ouvrent des perspectives concernant Pratiques Psychologiques, 14, 375-388.
la formalisation et l’application d’un conseil adaptatif, contribuant ainsi à combler le manque de cadres théoriques relatifs au
Vallières, E. F., & Vallerand, R. J. (1990). Traduction et validation canadienne-française de l’échelle de l’estime de soi de
renforcement de la différenciation de l’accompagnement des demandeurs d’emploi souhaité par les pouvoirs publics (Guénolé,
Rosenberg. International Journal of Psychology, 25, 305-316.
2013).
Van der Heijde, C. M., & Van der Heijden, B. I. (2006). A competence-based and multi-dimensional operationalization and
Selon l’Hypothèse 3, une évaluation plus favorable du conseiller et un niveau de satisfaction accru étaient attendus chez
measurement of employability. Human Resource Management, 45, 449–476.
les participants ayant bénéficié d’un dispositif d’accompagnement individualisé. Cette hypothèse ne se vérifie que sur ce
dernier critère et souligne l’importance de l’analyse des attentes des bénéficiaires, afin de proposer par la suite des modalités
d’accompagnement qui soient en adéquation avec ces dernières.
Contenu de l’ouvrage
La psychologie différentielle est entrée dans le 21ème siècle. Quelles en sont les principales
perspectives ? Cet ouvrage reprend une sélection de textes issus des 21ème Journées Internationales
de Psychologie Différentielle, qui témoignent de l’évolution des modélisations et des applications de
la psychologie différentielle dans les domaines de la cognition, des émotions, de la personnalité, de
l’éducation, de la formation et du travail. Les aspects différentiels pris en compte sont relatifs aux
différences interindividuelles ainsi qu’à la variabilité intra individuelle et concernent tous les âges
de la vie. Ils sont étudiés à l’aide de méthodes variées, telles que l’observation, l’expérimentation, la
psychométrie, la simulation ou encore l’imagerie cérébrale.
On y trouve également une évocation de l’œuvre scientifique de Maurice Reuchlin (1920-2015),
pionnier de la psychologie différentielle, soulignant la remarquable puissance de sa pensée et la
grande modernité de ses travaux.
Cet ouvrage témoigne de la richesse et de la diversité des recherches en psychologie différentielle,
de ses contributions au développement des connaissances fondamentales en psychologie mais
également de son impact sur les pratiques dans de nombreux domaines de la vie quotidienne des
individus.