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Année 2022/2023
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
AMBASSA (L. C.), Droit pénal général, Yaoundé, 1ere édition, Collection
Leconnu, les éditions Saint Augustin, 2014, 251 pages.
BECCARIA (C.), Traité des délits et des peines, d’après la traduction de l’italien
par M.CHAILLON de Lisy bibliothécaire, et publiée à Paris en 1773, 137 pages.
BOULOC (B), Droit pénal général, Paris, Dalloz, 19 éd., 2004, 702 pages.
LARGUIER (J.), Droit pénal général, Paris, Dalloz, 18e édition, 2001, 314
pages.
1
MINKOA SHE (A.), Droits de l’homme et droit pénal au Cameroun, Paris,
édition Economica, collection « La vie du droit en Afrique », 1999, 321 pages.
PRADEL (J.), Droit pénal général, Paris, CUJAS, 10e édition, 1995, 911 pages.
PRADEL (J.), Droit pénal général, Paris, 18e édition, Cujas, 2010, 726 pages.
2
PLAN DU COURS
INTRODUCTION
3
INTRODUCTION
Le droit objectif est l’ensemble des règles qui régissent la vie en société et dont le
non-respect est assorti d’une sanction. Celle-ci peut être civile, administrative et
pénale. La branche du droit, qui étudie les règles permettant d’aboutir à la sanction
pénale, s’appelle « le droit pénal ».
-le droit pénal général et la procédure pénale :le droit pénal général étudie la
loi pénale dans ses composantes (infractions, responsabilité et sanction). Par
contre, la procédure pénale est une discipline, qui met en œuvre ou en application
la loi pénale.
-le droit pénal général et le droit pénitentiaire : le droit pénal général étudie la
loi pénale dans ses composantes ; alors que le droit pénitentiaire ou pénologie
s’intéresse à l’exécution de la sanction pénale.
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-le droit pénal général et le droit pénal international : le droit pénal général est
une discipline qui étudie la loi pénale en vigueur dans un Etat. Son approche de
l’infraction est révélatrice des valeurs protégées de cet Etat. Il est aussi sur la
distinction : crime, délit et contravention. A l’inverse, le droit pénal international
ou droit international pénal est une discipline qui étudie la loi pénale intéressant
plusieurs Etats. C’est pourquoi les sources de ce droit sont internationales. La
valeur protégée est l’humanité comme un bien juridique transnational.
L’infraction, ici, prend le nom de crime contre l’humanité. Il n’existe de
distinction crime, délit et contravention.
-le droit pénal général et la criminologie : le droit pénal général est une
discipline normative ; tandis que la criminologie est une discipline empirique. Elle
étudie les causes de la criminalité, le processus de passage à l’acte et les moyens
de lutte contre le phénomène criminel.
-le droit pénal général et la politique criminelle : le droit pénal général est une
discipline normative. Et la politique criminelle est une discipline théorique. Elle
analyse les procédés juridiques et sociaux par lesquels le corps social répond au
phénomène criminel.
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L’existence du droit pénal au sein de l’Etat ne relève pas de l’évidence. Il
s’observe en doctrine une controverse sur la question suivante :
Faut-il avoir ou pas un droit pénal ? Cette question a opposé les partisans de
l’inutilité à ceux de la nécessité d’un droit pénal. Cette controverse se résume
dans les écoles de pensée structurées en deux mouvements :
1) Le mouvement de la sévérité
–l’Ancien régime : En France, le Roi avait tous les pouvoirs : édicter la loi, la
dire et l’exécuter. Les sanctions étaient particulièrement sévères : le carcan, le
buchet, la roue, le pilori, la guillotine, l’écartèlement…le droit pénal de l’ancien
régime a opposé l’école de la justice absolue et les classiques.
2) Le mouvement de la modération
–l’Ecole néoclassique : ces promoteurs sont Guizot, Ortolan et Rossi. Pour cette
école, la peine doit être juste, c’est-à-dire qu’elle ne saurait être lourde et surtout
qu’elle doit être individualisée. La peine doit être utile parce qu’elle remplit
aussi une fonction perfectionnelle. Bonneville de Marsanguy et Ch. Lucas font
de la prison un cadre d’amendement et repentir. C’est l’école pénitentiaire.
–les positivistes : Ce courant rejette le libre arbitre et admet que l’homme est
déterminé. Le déterminisme peut être anthropologique (Lombroso) ou
sociologique (Lacassagne et Tarde). On doit aux positivistes, les mesures de
sûreté pour protéger la société contre l’état dangereux que présentent certains
délinquants. Le courant positiviste est modéré, parce qu’il admet des mesures
réparatrices (annulation des effets de l’acte criminel, réparation des dommages
causés par l’infraction), éliminatrices (mise à mort, internement temporaire ou
perpétuel) et répressives (emprisonnement, amende). Et le choix est fonction de
la classification des criminels : très dangereux (criminels-nés, aliénés et
délinquants d’habitude, qu’on peut éliminer) et peu dangereux (criminel
d’occasion et passionnels).
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–la défense sociale : ce courant a été initié par Gramatica en 1934. Il proposa la
suppression du droit pénal pour lui substituer les « mesures de défense sociale »
ante factum et post factum. Elles doivent s’exécuter partout sauf en prison. Ce
courant comporte deux variantes. La première est classique. C’est la défense
sociale premier souffle. Elle est défendue par Adolf Prince. Pour lui, la défense
de la société passe par l’élimination du délinquant. La seconde tendance renvoie
à la défense sociale second souffle. Elle est soutenue par Marc Ancel. Pour cet
auteur, la défense de la société passe par celle des délinquants ; qui doivent être
resocialisés.
8
infractions à la discipline, relatives à l’exécution d’une tâche acceptée : abandon
de tâche, non accomplissement du partage, désobéissance, opposition, abandon
non justifié d’un travail…). Avec l’arrivée des anglais et français, la loi pénale
a changé. La principale innovation est la disparition du droit pénal
coutumier officiellement. Cependant, il survit officieusement. La partie du
Cameroun sous le règne britannique appliquait : les lois ou ordonnances en
vigueur au Nigeria et les coutumes locales avec l’Indirect Rule ; et la France
appliquait son code pénal de 1810. Le Cameroun accède à l’indépendance en
1960. Des 1961, une loi du 04 avril 1961 est adoptée portant tribunal criminel
spécial. Mais le code pénal applicable sur toute l’étendue du territoire date
des Lois n° 65/LF/24 du 12 Nov.1965 et 67/LF/1 du 12 juin 1967 portant
institution d’un code pénal. Ce dernier a été appliqué jusqu’en 2016. A cette
date, la Loi N°2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal a été adoptée.
Il faut y ajouter les lois spéciales comme : la loi du 23 décembre 2014 portant
répression des actes terroristes, et la loi du 12 juillet 2017 portant code de justice
militaire.
Le droit pénal se fonde sur un principe essentiel : le principe de nécessité. Il
signifie que dans une société, où se commettent les actes contraires à l’ordre
établi, il faut une norme pénale. Le principe de la légalité criminelle est sa
traduction dans les sociétés démocratiques. Ce dernier pose la question des
sources du droit pénal.
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CHAPITRE PRELIMINAIRE : LES SOURCES DU DROIT PENAL
A : la signification
B : les justifications
Dans l’ancien régime, le roi détenait tous les pouvoirs. Il pouvait créer l’infraction
devant le justiciable, lorsque celle-ci n’était pas prévue. A la Révolution française,
le juge (Roi) se voit interdit, d’une façon générale, le pouvoir d’élaborer et
d’interpréter la loi.
C : la consécration
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Les bases juridiques du principe sont nationales et supranationales.
Bien que le principe soit clairement énoncé aux termes de cet article, il
convient de relever que le code pénal camerounais n’exprime pas exhaustivement
le principe de légalité. En effet, la loi n’est pas la seule source où se trouve la loi
pénale. Elle se trouve aussi dans les règlements, à l’instar des contraventions.
De son côté, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples retient
à son article 7 al. 2, « Nul ne peut être condamné pour une action ou une
omission qui ne constituait pas, au moment où elle a eu lieu, une infraction
légalement punissable. Aucune peine ne peut être infligée si elle n'a pas été
prévue au moment où l'infraction a été commise ».
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PARA 2 : LES COROLLAIRES DE LA LEGALITE CRIMINELLE
A : LES APPLICATIONS
Le législateur est tenu à un triple devoir. Il doit d’abord rédiger des textes
précis, ensuite exclure toute disposition rétroactive, enfin réduire au maximum
les délégations en faveur de l’exécutif.
S’agissant des sanctions, le législateur est tenu de les fixer de manière précise
dans le texte d’incrimination. Toutefois, le principe de légalité est sauvegardé,
même si le législateur renvoie à un autre texte. Il est question de
l’incrimination par la technique du renvoi. L’illustration est donnée par le
droit pénal des affaires OHADA.
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2–la légalité criminelle appliquée au juge
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–le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale : (voir infra)
–le principe de l’interprétation stricte de la loi pénale
La loi pénale ne se trouve pas seulement dans la loi édictée par le pouvoir
législatif. Il existe d'autres sources, où se trouve inscrit la loi pénale. Elles peuvent
être écrites (para 1) ou non écrites (para 2).
Au sein d’un Etat, les autorités édictant la loi pénale ne sont pas toujours les
représentants du pouvoir législatif stricto sensu. Au Cameroun, il s’observe une
extension à d’autres autorités. Dans ce sens, le Président de la république élabore
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les contraventions par décret. Il peut aussi prendre des ordonnances (ordonnance
du 12 mars 1962 portant répression de la subversion).
La loi pénale peut aussi être élaborée par une instance autre que le législateur
national. C’est dans ce cadre qu’il convient d’inscrire la loi pénale
conventionnelle. Elle englobe : la Convention de Merida sur la lutte contre la
corruption (art 134 bis CP), la Convention portant répression de la torture (132
bis CP), les incriminations de l’article 5 du Traité OHADA (droit pénal des
affaires) complétées au Cameroun par la loi de 2003.
B–la coutume
–la coutume secundum legem : elle sert à interpréter les textes. Si le législateur
ne définit pas l’agression sexuelle ou la pudeur, le juge va se référer à la pratique
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effective, pour apprécier le viol (art 296 CP) ou les bonnes mœurs (art 263, 264
et 295 CP).
–la coutume contra legem est exclue. En effet, une coutume contraire à la loi ne
saurait être une source du droit pénal. C’est ainsi que la coutume de l’excision ne
saurait être une source du droit pénal au Cameroun.
–la coutume praeter legem désigne une pratique valide à raison du vide de la loi.
En droit pénal, la coutume praeter legem est une source négative ; parce qu’elle
exclut la répression. C’est grâce à la coutume que les parents peuvent justifier les
violences légères en vue d’éduquer leurs enfants.
L’objet du droit pénal est la loi pénale. Celle-ci a un contenu (chap. 1) et se déploie
(chap. 2) suivant certaines règles.
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fautes civiles sont illimitées. Une approche possible des infractions peut
s’intéresser à leur classification (section 1) et les infractions de droit spécial
(section 2).
Les infractions font l’objet d’une classification sur la base de l’article 21 CP. Il
s’agit de la division tripartite (para 1). Cette division tripartite est atténuée (para
2).
A– Le contenu de la division
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si la privation de liberté est inférieure à 10 jours ou une amende inférieure à 25000
francs.
B– L’intérêt de la division
Pour ce qui est du régime de la sanction, on ne cumule pas les peines en présence
d’un crime et d’un délit. Pourtant les peines contraventionnelles se cumulent (art.
51. CP). L’intervalle pour établir la récidive est de 05 ans après exécution de la
peine prononcée ou sa prescription pour les crimes et délits. Cet intervalle est de
12 mois en matière contraventionnelle (art. 88 CP). Le délai de prescription de
la peine est de 20 ans pour les crimes, 05 ans pour les délits et 02 ans pour les
contraventions (art. 67 CP).
Une infraction hybride est celle qui ne saurait être contenue dans un seul type ;
parce qu’elle comporte les éléments d’autres types. Il en ainsi des
« contraventions-délits » et « délits-crimes ». Les contraventions-délits sont les
contraventions dont le régime répressif est proche des peines correctionnelles. Et
les délits-crimes sont les délits dont le régime répressif est proche des peines
criminelles. Ces hypothèses sont possibles en cas de circonstances atténuantes ou
aggravantes. Même si la nature de l’infraction ne change pas, le régime de la
répression rend possible ces infractions hybrides.
Les infractions spéciales sont d’une double nature. La première rubrique renvoie
aux infractions spéciales par nature (para 1). La seconde rubrique comporte les
infractions de droit commun soumis à un régime spécial (para 2).
Les infractions spéciales par nature sont celles qui échappent au droit commun et
nécessitent l’application d’un régime juridique particulier. Sont concernées les
infractions politiques et les infractions militaires.
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Une infraction est subjectivement militaire parce qu’elle est commise par un
militaire. C’est le cas des infractions de droit commun commises par un militaire.
Et une infraction est objectivement militaire en cas de violation du code de justice
militaire. C’est l’hypothèse de la désertion, du refus d’obéissance, de l’abandon
de poste…
Les crimes contre l’humanité sont définis par l’article 5 du statut de la Cour Pénale
Internationale. Ce sont les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la
communauté internationale. Ces crimes sont déterminés comme étant le génocide,
le crime contre l’humanité, le crime d’agression et les crimes de guerre. Leur
étude est approfondie dans le cadre du droit pénal international.
Les actes terroristes sont des actes criminels commis intentionnellement par une
personne physique dans le cadre d’une entreprise individuelle ou collective
destinée à troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. La
particularité des actes terroristes résident dans le contexte et la finalité. Le
contexte est la terreur ; et la finalité est une revendication de nature politique. Le
législateur camerounais a légiféré sur la question en prenant la loi N° 2014/028
du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terroristes.
22
médicale, en vue de déterminer le suivi socio-judiciaire. Quant aux victimes, une
expertise médico-psychologique permet d’évaluer leur préjudice.
La répression de ces infractions a pour but de limiter les risques de récidive d’une
part et d’améliorer le sort des victimes d’autre part. Comme exemple d’infractions
de nature sexuelle, on a : outrage public à la pudeur (art. 263CP), le viol (art. 296
CP).
Ce sont des infractions qui portent atteinte aux intérêts financiers de l’Etat. Le
souci de récupérer les fonds distraits confère à l’administration des pouvoirs
particuliers.
S’agissant des infractions fiscales, elles sont prévues par le code pénal (art. 183
CP–Le refus de l’impôt) et le code général des impôts. C’est pourquoi leur
répression comporte des sanctions pénales et fiscales. En plus des OPJ classiques,
les agents de l’administration fiscale constituent les officiers de police spéciaux.
Ils constatent les infractions et leur procès-verbaux font foi jusqu’à preuve du
contraire. Ils peuvent aussi éteindre l’action publique par la transaction.
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CHAPITRE 2 : LE DEPLOIMENT DE LA LOI PENALE
Dès lors qu’une infraction est commise, et que les autorités compétentes sont
saisies, il faut appliquer la loi pénale. On parle du déploiement de la loi pénale.
Pour ce faire, il faut au préalable effectuer certaines opérations. Elles consistent
en la qualification des faits (section 1) d’une part et l’étude des contours de
l’application de la loi pénale (section 2) d’autre part.
La qualification des faits intervient après la qualification légale. Qualifier les faits
consiste à les rattacher à une prévision du législateur. Il est question d’attribuer
au fait un nom ou une étiquette prévue par la loi. L’intérêt de cette opération est
de déterminer le régime juridique applicable. Les faits peuvent être qualifiés soit
par les parties (demandeur et défendeur) au procès pénal, soit par le juge.
Deux qualifications peuvent s’exclurent l’une de l’autre, soit parce qu’elles sont
incompatibles, soit parce qu’elles sont redondantes.
Deux qualifications peuvent être incompatibles, parce qu’il existe entre elles une
opposition essentielle. En conséquence, les qualifications sont « alternatives ».
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Le choix de l’une entraine l’abandon de l’autre. Par exemple en cas
d’homicide, il existe une opposition essentielle entre la qualification de meurtre
(art 275 CP) et celle d’homicide involontaire (art. 289 CP). Le choix du meurtre
entraine l’abandon de l’homicide involontaire.
c) incompatibilité logique
Une qualification est redondante lorsqu’elle recouvre les faits déjà inclus dans une
autre qualification. Ceci est dû par la multiplication des textes répressifs. La
question est : quelle est la qualification à retenir ? Les hypothèses sont les
suivantes :
Un même fait peut tomber sous le coup d’une qualification générale et d’une
qualification spéciale. C’est la seconde qualification qui prévaut. Dans le
même sens, l’infraction aggravée s’impose devant l’infraction simple. Dans le
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premier cas, la fraude électorale s’impose à la qualification générale de faux en
écriture publique. Dans le second cas l’assassinat (art. 276 CP) prévaut sur le
meurtre (art. 275 CP).
c) qualifications équivalentes
Les mêmes faits peuvent tomber sous le coup de qualifications qui ne sont
pas identiques, mais qui se rapprochent. Une qualification doit être éliminée
pour retenir une autre. C’est la question de l’abrogation du texte ancien par le
nouveau texte, qui est en fait posé. On peut illustrer avec le détournement de l’art.
184 CP et l’abus des biens et crédits de la société de l’article 891 AU SCGIE.
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Chambre criminelle a décidé que le fait de lancer une grenade dans un immeuble
habité constituait deux crimes parce qu’il y a atteinte de deux valeurs
protégées (les biens et la vie). Les crimes sont : destruction des biens et assassinat.
Le concours est idéal aussi par plusieurs intentions distinctes, qui animent l’auteur
d’une seule action délictueuse.
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En cas de concours entre une infraction « moyen » et une infraction « fin », le
juge doit retenir l’infraction « fin ». Par hypothèse, dans le cas du détournement
commis à l’aide de la concussion (art. 137 CP), le juge doit retenir la seule
qualification de détournement (art. 184 CP).
L’opération de qualification n’est pas une opération statique. Elle est effectuée à
un moment et peut faire l’objet d’une modification.
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A– le moment de la qualification
Lorsqu’un fait délictueux est commis, c’est au parquet (la partie civile) qu’il
revient d’apprécier la qualification pénale sous laquelle il sera déféré au juge
d’instruction ou à la juridiction de jugement. Mais le juge pénal n’est pas lié par
le choix du parquet. Il a le pouvoir d’apprécier la qualification proposée, de la
modifier si elle ne lui parait pas adaptée ; et d’appliquer la qualification adéquate.
On parle du principe de la liberté de disqualification.
Est –il possible de poursuivre à nouveau la même personne pour les mêmes faits
sous une qualification différente après le jugement ? La réponse est négative à
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raison de l’adage « non bis in idem ». Il exprime le principe de l’autorité de la
chose jugée.
Le temps peut désigner une durée limitée, une durée illimitée, une circonstance
ou un moment. Dans ce cadre, le temps renvoie à la durée et à un moment. Dans
cette optique, l’application de la loi pénale dans le temps donne l’occasion
d’analyser la durée (A), l’application dans le temps des lois d’incrimination et
pénalité (B) et les autres lois pénales (C).
La loi pénale a un début et une fin. On dit qu’elle a une durée. Entre ces deux
pôles, elle peut être neutralisée ou remplacée. Au début un texte pénal ne peut
s’appliquer que s’il a été promulgué (s’il s’agit d’une loi), puis publié et si les
conditions de son entrée en vigueur sont réunies. Une fois en vigueur, le texte peut
être neutralisé par une loi d’amnistie (loi qui retire le caractère délictueux à
certains faits commis dans le passé). Celle-ci ne fait pas disparaitre le texte pour
l’avenir, mais empêche son application pour le passé. Le texte peut aussi être
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remplacé par le mécanisme de l’abrogation (la suppression d’un texte ancien par
l’adoption d’un nouveau texte). Elle fait disparaitre le texte pour l’avenir, mais
conserve le passé. Enfin la loi pénale peut prendre fin, si son terme est arrivé. Le
temps de la loi pénale n’est pas à confondre avec l’application dans le temps de la
loi pénale, qu’elle soit une loi d’incrimination ou une autre loi pénale.
A l’inverse est plus sévère, une loi qui crée une incrimination, crée une
circonstance aggravante, supprime des causes d’irresponsabilité…quant à la
peine, est plus sévère, une peine qui ajoute une peine complémentaire ou rend plus
contraignant le régime de l’application des peines.
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2–la non-rétroactivité de la loi pénale plus sévère
a) l’exposé du principe
33
3–la rétroactivité de la loi pénale plus douce
La loi pénale plus douce est d’application immédiate et couvre les faits passés,
présents et avenir. C’est la substance de l’article 4 (1) du CP. Il dispose : « toute
disposition pénale nouvelle et moins rigoureuse s’applique aux infractions non
définitivement jugées au jour de son entrée en vigueur ». L’application rétroactive
de la loi pénale plus douce renvoie à la rétroactivité « in mitius ». La loi pénale
plus douce est rétroactive car la société n’a plus intérêt à appliquer une loi
ancienne supprimée parce que trop rigoureuse. Le juge camerounais s’est
prononcé sur la loi pénale plus douce dans une affaire : Cour suprême du
Cameroun oriental, Arrêt n°1 du 10 octobre 1967, Affaire Mbomé contre
Ministère public et Etat du Cameroun, B.A.C.S., n°17, p. 1836 : Mr Mbomé a
été condamné pour détournement des deniers publics à 20 ans par le TCS le 27
octobre 1966, alors que l’article 184 du code pénal fédéral promulgué par la loi
n° 1 du 12 juin 1967 a ramené la sanction pour détournement de 15 à 20 ans, et
en cas de circonstances atténuantes à 5 ans. Il apparait deux lois pénales, l’une
ancienne (pendant laquelle l’infraction a été commise) et l’autre nouvelle
(promulguée avant le jugement définitif), on doit appliquer la loi nouvelle, si elle
édicte une peine moins sévère.
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1–les lois relatives à l’exécution des peines
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limite au principe de la non-rétroactivité de la loi pénale. En d’autres termes, les
lois de procédures sont rétroactives. Cela veut qu’elles s’appliquent à des
infractions commises antérieurement. Au Cameroun, la loi n° 2005/007 du 27
juillet 2005 portant code de procédure pénale est une loi de procédure. Si une
infraction (un crime) est commise en 2003 et que le juge est saisi en 2008, c’est
le code de procédure pénale qui va être appliqué, en lieu et place du code
d’instruction criminelle.
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soit un national ou un étranger. Il faudrait surtout que tous les éléments constitutifs
d’une infraction soient commis sur le territoire de la République.
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République s’applique à toute infraction dont l’un des éléments constitutifs s’est
trouvé réalisé sur son territoire ». En illustration de l’infraction débutée sur le
territoire de la république : un coup de feu tiré par une personne située au
Cameroun, touche la victime située au Gabon, et elle décède dans un hôpital de
Guinée équatoriale. Comme exemple de l’infraction débuté à l’étranger : les
manœuvres d’escroquerie sont commises à l’étranger, mais l’atteinte à la fortune
a lieu au Cameroun.
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–un intérêt de la République atteint à l’étranger : il est possible que tous les
éléments constitutifs d’une infraction soient réalisés à l’étranger, mais que la loi
pénale camerounaise toujours compétente de manière exclusive. La raison est que
l’infraction entraine des conséquences graves pour la République. Elle attente aux
intérêts fondamentaux. C’est la logique de l’article 8 (b) du CP, qui dispose : « la
loi pénale de la République s’applique : aux infractions d’atteinte à la sureté de
l’Etat, de contrefaçon du sceau de l’Etat ou de monnaies nationales ayant cours,
commises même à l’étranger ». En complément, la complicité, la conspiration et
la tentative commise à l’étranger en vue de commettre une infraction sur le
territoire de la République sont soumises à la loi camerounaise (article 9 (b) CP).
–un intérêt étranger atteint dans la République : il n’est pas exclu que les faits
soient perpétrés sur le territoire de la République en vue de commettre une
infraction à l’étranger. Pour que les faits soient punissables au Cameroun, il
faudrait qu’ils soient aussi punissables à l’étranger. Il en ressort un partage du
caractère punissable des faits entre la République et l’Etranger. C’est observer un
intérêt commun des deux Etats à considérer ces faits comme contraire à l’ordre
public. L’idée est clairement posée par l’article 9 (a) du CP : « sont soumis à la
loi pénale de la République : les faits constitutifs de complicité, de conspiration
et tentatives réalisés sur le territoire de la République en vue de commettre une
infraction à l’étranger si cette infraction est également réprimée par la loi
étrangère ». Par exemple, la complicité de meurtre par fourniture des informations
et des moyens au Cameroun en vue d’éliminer la cible en France. Les deux pays
répriment le meurtre.
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Les infractions internationales absolues sont celles qui visent la protection des
valeurs partagées par toute la communauté humaine. Les actes en cause revêtent
un caractère de gravité internationale. C’est ce qui traduit la solidarité des justices
de tout pays contre ces infractions commises au préjudice de l’humanité. La
réaction contre ces actes peut susciter des logiques nationales et internationales.
Par une logique nationale, un Etat prend des dispositions pour réprimer une
infraction internationale. Le législateur camerounais a prévu les infractions
internationales dans l’article 11 CP. Sont visés : la piraterie, le trafic de
personnes, la traite des esclaves, le trafic des stupéfiants. Ces actes sont réprimés
quel que soit le lieu de commission et à la condition que la personne soit sur le
territoire de la république ou qu’elle soit extradée.
Par une logique internationale, plusieurs Etats s’accordent pour organiser la
répression des infractions internationales. L’exemple est fourni par la réaction des
Etats contre les crimes contre l’humanité. Ils peuvent s’organiser dans le cadre
d’un Accord, d’une résolution, d’un Traité. C’est dans ce sens qu’il convient de
comprendre l’Accord de Londres créant le tribunal de Nuremberg et Tokyo pour
sanctionner les criminels nazis, les Résolutions des Nations Unies créant les TPI
de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda, le Traité de Rome sur la CPI.
Les infractions internationales relatives sont celles qui visent la protection des
valeurs choisies par un groupe d’Etats. Les actes en cause revêtent un caractère
de gravité internationale relative. Il en est ainsi parce que certains Etats les
prévoient et d’autres ne les prévoient pas. C’est ce qui traduit la solidarité des
justices des pays-parties, à l’indifférence des pays non parties. Une illustration
est fournie par le droit pénal OHADA. Les Etats membres du Traité ont choisi de
protéger certaines valeurs dans la morale des affaires en incriminant certains
comportements. C’est ce qui ressort des dispositions des articles 886 à 905
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AUSCGIE relatifs aux infractions OHADA. A l’inverse, les autres Etats à l’instar
des Etats européens dépénalisent le droit des affaires.
En synthèse, la première articulation du cours porte sur l’objet du droit pénal. Elle
a permis de faire le point sur le contenu et le déploiement de la loi pénale. La
seconde articulation permettra de s’appesantir sur le sujet du droit pénal.
Le sujet du droit pénal est la personne contre qui le droit pénal est appliqué. Cela
est possible, si ce sujet commet une infraction. Sa responsabilité pénale sera
établie (chap. 1), et si possible l’application des sanctions (chap. 2).
Le fait générateur de la responsabilité pénale est une faute pénale encore appelée :
infraction. Elle comporte de façon classique trois éléments : légal, matériel et
moral. Certains ajoutent l’élément injuste. L’élément légal désigne un acte
contraire à la loi pénale. C’est la légalité criminelle. L’élément injuste
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correspond à l’absence de causes d’irresponsabilité. Ce qui est prévue dans
l’altération de la responsabilité. Ainsi, l’étude du fait générateur peut se limiter à
l’élément matériel (para 1) et moral ou intentionnel (para 2).
Les infractions peuvent être exécutées selon leur nature et selon leur durée.
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Néanmoins, il convient d’observer que certains actes ne sont ni positif, ni négatif.
En fait, ils peuvent être qualifiés de commission ou d’omission. Il s’agit des
infractions de négligence. Il en est ainsi des actes de maladresse, d’imprudence,
d’inattention ou de manquement à une obligation de sécurité ou de prudence
imposée par la loi ou le règlement. Ex : homicide et blessures involontaires (art.
289 CP).
–l’acte unique et les actes multiples : dans certaines infractions, un acte unique
suffit pour violer la loi pénale. On dit que l’infraction est constituée d’un seul
élément matériel. Et on peut parler d’infractions simples. Ex : le meurtre est
commis par un coup de poignard ou la pression sur la détente d’un pistolet.
Dans d’autres infractions, exigeant des actes multiples, il convient de distinguer
l’infraction complexe et celle d’habitude. Dans l’infraction complexe,
plusieurs actes matériels de nature différente sont agencés pour violer la loi
pénale. On dit que le mode d’exécution nécessite des actes multiples.
L’illustration est donnée par les manœuvres dans l’escroquerie (art. 318 (c) CP).
Quant à l’infraction d’habitude, plusieurs actes matériels identiques ou de
même nature sont agencés. Pris isolément, cet acte n’est pas punissable. Mais la
première réitération, l’habitude est établie et l’infraction d’habitude est constituée.
L’usurpation de fonction (art.216 CP) et l’usurpation de titre et décoration (art.
218 CP) en sont des exemples. En détail, le port illégal d’uniforme militaire ou
l’exercice illégal de la médecine constituent des infractions d’habitude.
43
2010 à 2015, la computation de la prescription de l’action publique débute en
2015.
44
B–le résultat de l’infraction
En droit pénal, le résultat renvoie au seuil à partir duquel la répression doit être
déclenchée. A partir de cette définition, il est possible de distinguer le résultat-
effet, résultat-moyen et le résultat-intention.
Parfois, le législateur n’attend plus qu’un acte produise un effet. Il considère que
les actes posés sont suffisant pour justifier la répression. Et les actes posés sont
assimilés aux « moyens ». Le législateur anticipe les effets à partir des actes.
C’est dans ce cadre, qu’on peut inscrire les infractions formelles et les infractions
obstacles.
Les infractions formelles sont celles qui sont consommées sans attendre les
effets des actes posés. L’illustration émane de l’empoisonnement (art. 276 (b)
CP) et la corruption active (art. 134 et 134 bis CP). L’empoisonnement est
constitué sans attendre que la victime meurt ou se soigne. Et la corruption active
est consommée que le destinataire des promesses les agrée ou non.
45
Les infractions obstacles sont des comportements qui n’engendrent pas en
eux-mêmes un trouble à l’ordre social, mais qui sont érigés en infraction ;
pour faire obstacle à la commission d’une seconde infraction plus grave. Il
est question d’incriminer des actes préparatifs à la commission d’infractions plus
graves. Sont visés : la conduite en état d’ivresse, le port d’arme prohibé. Ces
incriminations permettent de faire obstacle aux infractions suivantes : les
violences volontaires conséquences du port d’arme prohibé ; homicides
involontaires dérivées de la conduite en état d’ivresse.
a) La tentative interrompue
46
d’exécution, si on se positionne avec l’arme dans un coin sombre à l’entrée d’une
habitation privée.
47
de la répression sélective se matérialise par l’admission de la tentative seulement
pour les crimes et les délits, à l’exclusion des contraventions.
b) la tentative achevée
Il est question des visages de la tentative achevée. Elle prend les formes de
l’infraction manquée d’une part et l’infraction impossible d’autre part.
48
Les deux formes de la tentative achevée sont donc l’infraction manquée et
l’infraction impossible. Il reste à savoir le régime de la répression de ces
hypothèses.
–la répression de l’infraction manquée : elle est punissable, parce qu’elle est
assimilée à la tentative interrompue. C’est ce qui ressort des dispositions de
l’alinéa 2 de l’article 94 du code pénal : « la tentative est punissable alors même
que le but recherché ne pouvait pas être atteint à raison d’une circonstance de fait
ignorée de l’auteur ». L’expression « circonstance de fait ignorée par l’auteur »,
explique les termes de la définition de l’infraction manquée. L’auteur peut ignorer
que la cible va se démanger les pieds ou qu’elle a un gilet pare-balles. Il convient
de préciser que cette position du législateur s’explique par l’esprit du droit pénal.
Il protège certaines valeurs sociales sans prendre en compte les calculs internes
du délinquant. Il est question d’une objectivation de la répression et non d’une
subjectivation. Sur cette base, le comportement interdit par le législateur est
réprimée sans s’attarder sur la satisfaction ou non du délinquant. On peut
comprendre pourquoi l’auteur du coup de feu manqué est sanctionné, alors même
que le résultat a été raté.
L’intention ou l’élément moral, au sens général, est une résolution intime d’agir
dans un certain sens. la faute pénale peut être subdivisée en faute intentionnelle
(A), non intentionnelle (B) et contraventionnelle (C).
50
A–la faute intentionnelle
La faute intentionnelle consiste en un acte violant une loi pénale avec la volonté
de le commettre. On la trouve en matière criminelle et délictuelle. Pour que la
faute pénale soit intentionnelle, il faut l’acte interdit soit posée par une personne
qui le sait pénalement prohiber, mais qui décide de le commettre. C’est cette
intention criminelle ou la volonté de commettre l’infraction qu’on appelle dol (1).
Il arrive qu’il soit qualifié d’aggravé (2) ou d’éventuel (3).
1) le dol
a) le dol général
b) le dol spécial
51
Le dol spécial consiste en une volonté de violer la loi pénale dans l’intention
d’atteindre un certain résultat prohibé par cette loi. Il se dégage une évolution
dans l’intensité de l’intention criminelle. D’une volonté de violer la loi pénale
dans le dol général, le dol spécial se veut plus aigu et pointu. Ici l’intention
criminelle recherche un résultat après la violation de la loi pénale. Lorsque
cette intention-résultat n’existe pas, l’infraction n’est pas constituée. Le dol
spécial varie selon les infractions. En cas de vol, le dol spécial est l’intention de
se comporter comme le propriétaire de la chose appartenant à autrui. En matière
d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, le dol spécial est constitué par
l’intention de blesser la victime. Et dans le meurtre, le dol spécial, qualifié
d’animus necandi, est l’intention de tuer la victime. Il résulte de ce qui précède
que le dol spécial importe dans le choix des qualifications en concours. Ainsi, en
présence des qualifications aux éléments matériels identiques, mais qui diffèrent
par l’élément intellectuel, le dol spécial permet de retenir la qualification
adéquate. Ex : en cas de coups ayant provoqué la mort de la victime, on parlera
de meurtre, si l’auteur avait l’intention de tuer ; et on retiendra « les coups
mortels » si les violences ont entrainé la mort sans intention de la donner. En
matière de preuve, le dol spécial est établi par le juge à partir de la nature même
de l’infraction. Le juge n’a pas besoin de démontrer son existence. On dit que la
preuve jaillit de l’évidence des faits.
2) le dol aggravé
52
mobiles varient d’un meurtrier à un autre : vengeance, jalousie, profit, abréger les
souffrances d’un mourant.
En principe, le mobile n’est pas pris en compte par le législateur pour définir
l’infraction. C’est dans ce sens que : « le mobile est juridiquement indifférent ».
Mais il arrive que le mobile soit pris en compte par le juge et le législateur. Le
juge prend en compte le mobile pour prononcer la peine. Le délinquant animé par
des mobiles nobles bénéficiera de l’indulgence du juge. Et celui qui est animé par
des mobiles crapuleux sera puni sévèrement. Quant au législateur, il prend en
compte les mobiles soit pour formuler les causes d’irresponsabilité pénale
(légitime défense, état de nécessité), soit pour définir l’élément intellectuel d’une
infraction intentionnelle. Dans ce sillage, l’illustration peut être les actes
terroristes. Ce sont des infractions en relation avec une entreprise « ayant pour but
de troubler gravement l’ordre public par la terreur ». On observe une intention de
commettre un crime ou un délit de droit commun d’une part et une intention
terroriste d’autre part.
Il arrive aussi que le dol aggravé soit établie sans prise en compte des mobiles.
Un tel dol est constitué par la préméditation. L’aggravation est consécutive au
« dessein formé avant l’action ». C’est l’exemple du meurtre avec préméditation
appelée « assassinat ». Le juge camerounais s’est prononcée sur la préméditation
dans une affaire : Cour suprême, Arrêt n° 37 du 22 novembre 1966, Affaire
Assalé Paul contre Ondo Edjanga, B.A.C.S., n°15, p. 1455 : en l’espèce, Mr
Assalé reconnait qu’il avait décidé de se venger d’Ondo Edjanga le jour où il le
verrait dans son village, et précisé que la cinquantaine de coups de chicotte avait
de même été fixée d’avance. Or la préméditation consiste dans le dessein formé,
avant l’action, d’attenter à la personne d’un individu déterminé. Le juge a retenu
la qualification de préméditation du délit de coups et blessures.
53
Si le dol spécial est l’intention criminelle qui recherche un résultat, il est possible
que le résultat ne soit pas atteint ou que le résultat soit dépassé. Lorsque le résultat
matériel n’est pas atteint, on parle de tentative. Lorsque le résultat recherché est
dépassé, trois hypothèses peuvent être envisagées : le dol indéterminé (a), le dol
dépassé (b) et le dol éventuel (c).
b) le dol dépassé
54
particulièrement graves. Ici le législateur tient compte du résultat effectif et non
de l’intention (du résultat voulue). Ex : un individu allume un incendie ou fait
exploser une bombe avec l’intention de provoquer seulement des dégâts matériels
(il croyait la maison vide, la bombe devait exploser dans une rue déserte) ; mais
il cause la mort d’une ou plusieurs personnes. Il sera puni comme s’il avait causé
la mort avec préméditation.
Devant un acte non intentionnel, le principe est que « personne ne devrait être
puni à raison des conséquences non intentionnelles de son acte, fut-ce une
infraction, que dans la mesure où elle pouvait les prévoir ».
Entre ces deux positions, le législateur peut adopter une position intermédiaire.
Elle consiste à tenir compte à la fois de l’intention et du résultat. Il punit l’auteur
plus sévèrement que s’il était jugé uniquement sur ses seules intentions, et moins
sévèrement que s’il était jugé uniquement en fonction du résultat. On parle de
« peine intermédiaire ». C’est le cas lorsqu’un individu commet des violences sur
une personne sans aucune intention homicide, mais provoque néanmoins le décès
de la victime. Ex : une personne donne un coup de poing à une victime. Dans sa
chute, elle heurte sa tête sur un poteau et décède. La loi prévoit un
emprisonnement de 06 à 20 ans (art. 278 CP).
c) le dol éventuel
55
question d’une faute d’imprudence et de négligence (homicide et blessure
involontaire art. 289 CP).
56
règle de prudence qui s’imposait à lui ou néglige de prendre les précautions qu’il
aurait dû respecter.
b) l’appréciation concrète
58
(D). au préalable, il faut rappeler le principe général de la responsabilité
personnelle (A).
59
« Aucune peine ne peut être prononcée qu’à l’encontre de la personne
pénalement responsable ». On ne peut pas punir les membres de sa famille.
Toutefois, il existe des limites fondées sur la responsabilité pénale du fait d’autrui.
Il arrive qu’une personne commette une infraction et une autre subie la
sanction.Ainsi, le chef d’entreprise paie les amendes prononcées contre son
employé, qui commet une infraction au code de travail. Dans le code de la route,
le propriétaire de la carte grise de la voiture paie les amendes pour excès de vitesse
d’un chauffeur. En cas de décès du condamné, les amendes sont transmises aux
héritiers.
1) l’auteur de l’infraction
60
Un coauteur est celui qui participe avec autrui et en accord avec lui à la
commission d’une infraction, selon la teneur de l’article 96 CP. Il en ressort :
Par exemple, deux individus pénètrent dans une maison pour dérober divers
objets.La coaction n’est possible que dans les infractions intentionnelles, parce
que les coauteurs doivent partager l’intention criminelle. A l’inverse, il n’y a pas
de coaction dans les infractions non intentionnelles.
Des coauteurs commettent une infraction et un auteur pose un acte qui n’entrait
pas dans le projet criminel. Conformément à l’art. 99 (1) CP, si l’acte dépasse les
conséquences prévues dans l’accord criminel, il n’engage que celui qui a pris le
risque. C’est ainsi que dans une coaction de vol avec une arme, le voleur armé
profite de l’occasion pour tuer un ennemi personnel, qui n’a rien avoir avec le vol
prévu, son coauteur ou complice de vol n’est pas responsable de ce meurtre.
Le complice est la personne qui n’a pas commis l’infraction, mais qui a
participé à la commission de celle-ci. La complicité est prévue par l’article
97(1) CP. Les formes de cette participation sont déclinées par l’article 97 (1) CP :
« Est complice d’une infraction qualifiée crime ou délit :
Celui qui provoque de quelque manière que ce soit à l’infraction ou donne des
instructions pour la commettre ;
Celui qui aide ou facilite la préparation ou la consommation de l’infraction ». De
cette définition légale, il importe de dégager les conditions de la complicité (1)
et la répression de la complicité (2).
61
Il faut un acte de complicité (a). Il ne sera réprimé, que si l’infraction principale
(b) est établie.
-la complicité par instigation :c’est le fait de pousser quelqu’un à faire quelque
chose. Et on peut instiguer par provocation. Cela est possible par des : don,
promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir. L’illustration est
l’hypothèse de l’amant qui incite sa maitresse à se faire avorter en lui promettant
en lui promettant de l’argent ou de l’abandonner si elle refuse.
62
involontairement. La preuve de l’acte de complicité incombe à la partie
poursuivante, et le juge doit apprécier qu’elle existe.
Le complice est conscient de l’utilisation qui sera fait des informations. A
l’inverse, le comparse fournit les informations sans connaitre le projet criminel.
Il ne sera pas responsable.
63
–l’infraction principale doit être punissable : la répression du complice sera
impossible, si le fait principal est prescrit, effacé par amnistie ou neutralisé par un
fait justificatif. Si l’auteur de l’infraction principal a désisté volontairement, le
complice ne sera pas puni.
64
aggravantes réelles prévisibles. Ex : réunion, effraction, violence, usage d’une
arme.
Le receleur se définit comme celui, qui après la commission d’un crime ou d’un
délit, soustrait le malfaiteur ou ses complices à l’arrestation ou aux recherches ou
qui détient ou dispose des choses enlevées, détournées ou obtenues à l’aide de
l’infraction, selon les termes de l’article 100 alinéa 1. CP. Cette définition légale
donne des informations permettant de cerner le recel par rapport à la nature de
l’infraction, au moment et à l’action de l’infracteur.
S’agissant de la nature de l’infraction, le recel est établi en présence d’un crime
ou d’un délit. En d’autres termes, il n’existe pas de recel en matière
contraventionnelle. Pour ce qui est du moment, le receleur intervient après la
commission de l’infraction. Il apparait une distinction entre le complice et l’auteur
de l’infraction. Le complice agit avant ou pendant la commission de l’infraction.
L’auteur exécute l’infraction. Concernant l’action de l’infracteur, le receleur
garde les choses obtenues de l’infraction ou les personnes (auteur ou complice)
qui ont réalisé l’infraction. Sur cette base, le recel des biens se distingue du recel
de personnes. Une précision ressort sur le recel de personnes, il n’est pas retenu
par la loi entre époux. Cette exception est fondée sur le lien matrimonial et se
retrouve en cas de conspiration. Elle est exclue en cas de coaction ou de
complicité. Les autres degrés de parenté ne bénéficient pas de cette exception,
mais des circonstances atténuantes.
68
1-Une existence éparpillée de la responsabilité pénale des personnes morales
A l’échelle sous régionale, mention peut également être faite à titre illustratif, du
règlement communautaire CEMAC, n°01/031 du 4 avril 2003 portant prévention
et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme en
Afrique Centrale (article 46, « Les personnes morales autres l’Etat, pour le
compte ou au bénéfice desquelles le blanchiment des capitaux a été commis par
l’un de leurs organes ou représentants sont punis d’amende »). La loi n°2010/012
du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et la cybercriminalité au
Cameroun en son article 64.- dispose : « (1) les personnes morales sont
pénalement responsables des infractions commises, pour leur compte, par leurs
organes dirigeants ». De même, la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014
portant répression des actes de terrorisme dispose en son article 6 :
« Responsabilité pénale des personnes morales
(1) Pour l'application de la présente loi, une personne morale peut être déclarée
69
pénalement responsable.
(2) Lorsqu'une personne morale est déclarée pénalement responsable des actes de
terrorisme, la peine est une amende dont le minimum est de cinquante millions
(50. 000. 000) francs CFA ».
Apres les textes épars, le législateur a décidé de consacrer dans un texte de droit
commun, la responsabilité pénale des personnes morales. Il l’a fait en édictant
l’article 74-I titré : « Personnes morales pénalement responsables ».
Des lors que le juge établit l’existence d’un comportement incriminé par la loi
pénale et l’impute à une personne ayant agi comme auteur, coauteur ou complice ;
il doit déclarer cette personne responsable. Cependant, certaines hypothèses
70
peuvent justifier qu’on ne retienne pas la responsabilité pénale ou même si elle
est retenue, qu’elle soit atténuée. On dit qu’il y a altération de la responsabilité
pénale. En effet, l’altération de la responsabilité pénale permet de distinguer : les
causes d’irresponsabilité (para 1) et celles d’atténuation de la responsabilité
pénale (2).
72
l’obéissance raisonnée, le subordonné doit apprécier la légalité de l’ordre reçu. Le
législateur camerounais adhère à une vision intermédiaire. Elle consiste pour
l’agent à obéir sans discuter d’une part ; mais s’il trouve l’ordre illégitime, il
refuse d’obéir d’autre part. Et s’il exécute un ordre manifestement illégitime, sa
responsabilité pénale sera engagée. Cependant, une incertitude demeure sur la
capacité du subordonné à apprécier l’ordre. La solution est dans l’appréciation de
la situation in concreto par le juge. Ex : le mandat d’un juge d’amener une
personne, au besoin en lui administrant une bastonnade, peut être qualifié
par un policier d’illégal.
73
examen des conditions de la légitime défense s’impose. Elles consistent en
l’attaque, la défense.
L’attaque doit être illégitime, c’est-à-dire illégal ou injuste. C’est un acte qui
porte atteinte à soi-même ou à autrui d’une part, à ses droits ou aux droits d’autrui
d’autre part. En conséquence, il n’y a pas attaque, si l’atteinte à la personne ou à
un droit est justifiée par la loi. C’est pourquoi, on ne peut pas se défendre contre
une arrestation légitime de la police. La raison est que c’est une attaque légitime.
Cependant le cambriolage d’une maison est une attaque illégitime.
74
particularité du cas fortuit est qu’il n’existe pas à l’origine de la situation, la main
de l’homme. Ex : violer le feu rouge et excès de vitesse, pour éviter d’être
enseveli par les larves d’un volcan.
75
nature infractionnelle. C’est ainsi qu’il n’existe plus de vol, si le propriétaire
consent à la soustraction, plus de viol si la femme consent les relations sexuelles
forcées au départ.
Les faits justificatifs ont pour effet de supprimer la responsabilité pénale, parce
que l’acte accompli (une infraction) devient un acte licite ou neutralisant la loi.
Le fait justificatif devient un acte licite par la volonté de la loi. C’est ce qui
s’observe avec :l’exécution de la loi, l’obéissance à l’autorité légale, la légitime
défense et l’état de nécessité. De même, le fait justificatif neutralise la loi, lorsque
l’acte posé fait disparaitre les conditions d’application de la loi pénale.
L’illustration est fournie par le consentement de la victime.
La responsabilité pénale est exclue parce que la poursuite ne doit pas être engagée.
Si elle a été, elle doit se conclure par un non-lieu, une relaxe ou un acquittement
76
sans frais. En outre, l’auteur ayant posé un acte au service de la société, il ne
saurait se voir appliquée les mesures de sureté.
77
La responsabilité pénale peut être atténuée pour des causes propres internes à la
personne du délinquant, à l’exclusion de toute influence externe. On parle
d’atténuation subjective. Et ces raisons sont : la démence et la minorité.
La responsabilité pénale peut être atténuée pour des causes propres externes à la
personne du délinquant. Ce sont les cas où la personne se trouve obliger de
commettre une infraction, parce qu’il est exposé à une certaine influence. Il en est
ainsi de :
78
–l’intoxication : l’article 79 CP « l’intoxication qui n’est pas volontaire est
assimilée à la maladie mentale ». La personne victime d’une intoxication perd la
lucidité dans l’appréciation de ses actes. Une infraction commise dans cette
circonstance n’est pas de nature à engager sa responsabilité pénale. L’atténuation
de la responsabilité pénale est objective si la personne est involontairement
intoxiquée. Et l’intoxication peut résulter soit de l’alcool ou d’autres substances
toxiques. En assimilant l’intoxication à la maladie mentale, il importe de préciser
que la personne intoxiquée fera l’objet des mesures de sureté et ne subira pas de
peine. Elle peut être suivie dans un centre de désintoxication. Cependant une
intoxication volontaire est assimilée à une faute pénale de négligence ou
d’imprudence.
79
L’observation des causes de non-imputabilité ne permet de constater la disparition
de la responsabilité pénale comme dans les causes d’irresponsabilité pénale. La
non-imputabilité handicape la responsabilité pénale fondée sur le mauvais usage
de la liberté. C’est pourquoi l’application des peines n’est pas possible.
Cependant, il demeure une responsabilité pénale fondé sur la temibilité ou le
danger social que représente le délinquant. En conséquence, le levier de la
sanction pénale utilisée est la mesure de sureté. En guise d’illustration, la
démence, la minorité et l’intoxication portent atteinte à la liberté du délinquant.
Ce dernier constitue un danger social justifiant les mesures de sureté prises en son
encontre. Il en ainsi de l’internement dans un établissement psychiatrique, du
placement dans un centre de rééducation et l’administration d’une cure de
désintoxication. Quant à l’erreur, elle n’est pas une cause de non imputabilité
légale. C’est le juge qui en fait une appréciation, en vue d’accorder ou pas des
circonstances atténuantes.
80
En conclusion, l’étude de la responsabilité pénale commande d’abord d’établir un
fait générateur ; ensuite ce fait doit être rattaché à une personne pénalement
responsable ; enfin il convient de s’appesantir sur une possible altération de la
responsabilité pénale. En l’absence des causes d’irresponsabilité pénale, la
personne reconnue pénalement responsable subira la sanction pénale.
La sanction pénale désigne une mesure prononcée contre une personne ayant
participé à la commission d’une infraction et qui n’est pas protéger par un
fait justificatif. Elle peut consister soit en une peine, soit en une mesure de
sureté. Avec l’école classique, la sanction pénale se limitait à la peine et désignait
la souffrance que l’on infligeait à l’auteur de l’infraction pour le mauvais usage
de sa liberté. Elle ne visait que les personnes physiques. Par la suite, l’école
positiviste a démontré que l’homme n’était pas toujours libre dans la commission
d’un acte. Il peut être déterminé anthropologiquement ou sociologiquement. Sur
cette base, le délinquant est un danger pour la société, qui doit se préserver par
des mesures de sureté. Ces dernières constituent le second levier de la sanction
pénale. De nos jours, les personnes contre qui s’applique la sanction pénale sont :
la personne physique et la personne morale. Une étude de la sanction pénale peut
s’organiser autour :
-des généralités sur la sanction pénale (section 1)
-les modalités de la sanction pénale (section 2)
A-les peines
La peine est une mesure punitive ou réparatrice infligée à celui qui commet une
infraction. Les peines peuvent être principales, accessoires et complémentaires.
81
La peine principale est une condamnation pénale qui doit être expressément
prononcée par le juge en application de la loi.
La peine accessoire est une peine attachée de plein droit à une condamnation
pénale sans avoir à être expressément prononcée. La peine est accessoire parce
qu’il existe une peine principale à laquelle elle est attachée. Le juge ne saurait
prononcer la peine principale sans l’accompagner de la peine accessoire.
Une peine complémentaire est celle qui s’ajoute à la peine principale, lorsque la
loi l’a prévue et que le juge la prononce. Il est tenu de la prononcer si la peine
complémentaire est « obligatoire » ; il n’est pas tenu si la dite peine est facultative.
La peine alternative est une peine qui peut être prononcée au lieu d’une autre et
à titre de peine principale.
Se basant sur le code pénal de 2016 au Cameroun, il ressort que les peines
principales connaissent un élargissement. Elles visent désormais les personnes
physiques et morales (art. 18 CP). Les peines alternatives (art. 18-1) apparaissent
et sont : le travail d’intérêt général (art 26) et de la sanction-réparation (art 26-1).
Par conséquent, la détention de l’art 26 CP de 1967 disparait. De nouvelles peines
apparaissent pour s’appliquer à la personne morale : amende (art 25-1), la
dissolution (art 25-2) et la fermeture d’établissement (art 25-3). Les peines
accessoires connaissent aussi un éclatement selon qu’il est question de la personne
physique ou de la personne morale (art 19 CP).
82
pénal camerounais de 2016, l’article 20 distingue les mesures de sureté pour les
personnes physiques et pour les personnes morales.
A–la légalité
La légalité est le caractère de ce qui est légal. Enoncer que la sanction pénale est
légale signifie qu’elle est prévue par la loi. C’est le sens de la maxime latine
« nullum crimen nulla poena sine lege ». En droit camerounais, la légalité de la
sanction est matérialisée par l’article 17 CP intitulée « Légalité des peines et des
infractions ». Toutefois, ce principe de légalité ne doit pas être compris de manière
absolue. Les peines peuvent aussi être prévues par un décret : Décret N° 2016/316
du 12 juillet 2016 portant partie règlementaire du code pénal définissant les
contraventions.
C–la personnalité
83
La personnalité de la peine n’est pas la personnalisation de la peine. Cette dernière
renvoie à l’individualisation, qui est l’adaptation de la sanction à la personne du
délinquant. La personnalité quant à elle correspond au caractère personnel. La
personnalité de la sanction pénale veut dire que la sanction pénale ne peut
toucher que la personne qui a participé à la commission de l’infraction. C’est
le rejet de la responsabilité pénale collective, où la faute d’un membre engage
toute sa communauté. Le principe de la personnalité exclut aussi la responsabilité
pour autrui connu en droit civil. Toutefois, les effets de la personnalité de la
sanction pénale peuvent déborder la personne du délinquant pour affecter les
membres de sa famille soit moralement, soit pécuniairement.
D–la dignité
La dignité est une valeur qui porte la personne humaine en dehors de tout prix.
En de termes simples, la dignité est le respect dû à la personne humaine. Et la
sanction ne saurait porter atteinte aux droits de l’homme, à l’inviolabilité de la
personne humaine. Il en ressort une exigence d’humanisation de la peine et des
mesures de sûreté par le respect des droits de l’homme.
84
« les lois pénales les plus effectives sont celles qui ne s’appliquent pas ». Un
adage va aussi dans ce sens : « la peur du gendarme est le commencement de la
sagesse ». Il convient de situer la fonction préventive de la peine avant la
commission de l’infraction.
–la fonction réparatrice : la peine sert à réparer les dommages causés par
l’infraction. C’est une fonction qui brouille les frontières entre le droit civil et le
85
droit pénal. Mais, elle ne saurait être occultée au regard du statut grandissant de
la victime en droit pénal. Le souci de désintéresser cette dernière entraine
d’importantes transformations du droit pénal classique. On pourrait envisager : un
droit pénal de la victime fondé sur la justice restaurative. C’est dans ce sens qu’il
faut inscrire l’amende fiscale ou douanière, la restitution du corps du délit de
l’article 18 de la loi sur le TCS de 2011.
Le prononcé de la sanction pénale est une phase décisive où le juge doit fixer le
délinquant sur son sort. Une telle conclusion ne procède pas d’un acte instantané.
Au contraire, il est le produit d’une démarche progressive. Et le juge adopte une
attitude ambivalente : soit il choisit (A), soit il suspend (B) la sanction pénale.
« La peine ou la mesure prononcée dans les limites fixées ou autorisées par la loi
doit toujours être fonction des circonstances de l’infraction, du danger qu’elle
présente pour l’ordre public, de la personnalité du condamné et de ses possibilités
de reclassement et des possibilités pratiques d’exécution » art. 93 CP. Cet article
portant sur le choix de la peine, a une portée plus large, car concerne la sanction
pénale. En effet, le juge doit choisir non seulement la nature (1), mais aussi le
quantum (2) de la sanction pénale.
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1–le choix de la nature de la sanction pénale
Le juge a en conséquence une liberté de choix parmi ces mesures, pour retenir
celles qui lui paraissent le mieux adapté à la nature des faits et à la personnalité
du coupable. Les combinaisons ne sont pas exclues, à condition qu’elles soient
compatibles. Toutefois, la liberté du juge est encadrée dans certaines limites.
Comme toute liberté, la marge de manœuvre reconnue au juge est limitée dans le
choix de la nature peine. C’est reconnaitre que certaines contraintes pèsent sur le
juge dans son office. Il en ainsi :
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ordonnée. Toutefois le résultat est identique, car l’ensemble des peines cumulées
ne doit pas dépasser le maximum de l’infraction la plus grave (article 51 (2) CP).
Les peines peuvent réellement être cumulées en matière contraventionnelle. Et
dans les autres cas, on cumule les peines complémentaires et les mesures de
sureté.
Les causes d’aggravation sont des cas limitativement prévus par la loi, ayant
pour effet d’aggraver ou d’alourdir la sanction pénale. Leur particularité est de ne
pas changer la nature de l’infraction. Deux hypothèses sont précisément visées :
Les circonstances aggravantes sont les faits que le juge apprécie souverainement
pendant la qualification, et qui ont comme conséquence d’alourdir la sanction
pénale. Leur particularité est de changer la nature de l’infraction pour dériver sur
une qualification plus grave. L’aggravation de la sanction pénale procède du choix
de la qualification la plus grave. Mais le pouvoir d’appréciation des juges est
limité, puisque la qualification la plus grave est toujours prévue à l’avance par le
législateur. En guise d’illustration, le vol est aggravé du fait d’une effraction ou
d’une escalade (article 320 CP) ; la préméditation dans le meurtre en fait un
90
assassinat (article 276 CP) ; la peine de mort et l’emprisonnement à vie
sanctionnent ceux qui sont convaincus de violences sur les ascendants (art. 351
CP).
Une excuse est une circonstance que la loi prend elle-même en considération pour
soustraire plus ou moins complètement un coupable à la sanction pénale à
laquelle, il s’est exposé. On distingue l’excuse absolutoire et l’excuse atténuante.
L’excuse absolutoire entraine la suppression de la peine, mais laisse subsister la
culpabilité. C’est aussi une cause d’irresponsabilité pénale. Ex : la contrainte
matérielle (art. 77 CP), la démence totale (art. 78), l’intoxication involontaire (art.
79 CP), la minorité de 0 à 14 ans (art. 80 CP), l’obéissance légitime à l’autorité
légale (art. 83 CP), la légitime défense proportionnée (art. 84 CP) et l’état de
nécessité proportionnée (art. 87 CP). Elle n’intéresse pas l’analyse, car le juge
n’aura plus à choisir une peine impossible. Et l’excuse atténuante entraine une
substitution de la peine normale par une peine plus douce.
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(art. 77 CP) ou les menaces (art. 81 CP), la démence partielle (art. 78 al. 2 CP),
l’intoxication volontaire (art. 79 CP), l’obéissance illégitime à l’autorité légale
(art. 83 al 2 CP), l’excès de légitime défense (art. 84 CP) et l’état de nécessité
disproportionné (art. 86 CP).
Les circonstances atténuantes sont les faits que le juge apprécie souverainement
pendant la qualification, et qui ont comme conséquence de réduire le quantum de
la sanction pénale. L’appréciation du pouvoir du juge permet d’effectuer deux
constats :
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Le juge camerounais s’est prononcée sur les circonstances atténuantes en
dénonçant une incohérence. Elle consiste à retenir les circonstances atténuantes
sans tirer les conséquences sur le quantum de la peine : Cour suprême du
Cameroun Oriental, Arrêt n° 2-P du 8 octobre 1968, Affaire Palou Kiang contre
Laré Wabiang, B.A.C.S., n°19, p. 2223 : en l’espèce, la Cour criminelle de
Maroua a condamné Palou Kiang à 15 ans d’emprisonnement pour coups mortels
sur la personne de Laré Wabiang, tout en lui accordant le bénéfice des
circonstances atténuantes. Or en accordant les circonstances atténuantes, la cour
n’a pas pris en compte l’article 91 du code pénal fédéral (applicable au moment
de la commission des faits), qui prévoyait une réduction à 01 an de privation de
liberté l’infraction passible d’une peine de travaux forcés à temps. Même en
s’appuyant sur les articles 19 et 309 de l’ancien code pénal punissant les coups
mortels de 05 à 20 ans de travaux forcés, l’admission des circonstances
atténuantes devrait réduire la peine au-dessous du minimum légal. La Cour
suprême a décidé qu’en condamnant Palou Kiang à 15 ans d’emprisonnement tout
en accordant les circonstances atténuantes, l’arrêt de la Cour d’appel a violé la loi.
Dans une autre espèce, le juge suprême camerounais fait obligation au juge de
motiver la cause de la circonstance atténuante : Cour suprême, Arrêt n°2-P du 12
octobre 1978, Affaire Sine Silas et Fenkam Pierre contre Ministère Public,
B.A.C.S., n°40, p. 5897 : en l’espèce, Sine Silas et Fenkam Pierre furent
convaincus de faux en écriture de banque et condamné à des peines inférieures au
minimum légal par la Cour d’appel, sans motiver la décision. A l’inverse, le
Ministère public s’appuyant sur l’article 90 du code pénal reproche à l’arrêt
attaqué de dire : « attendu qu’il existe en la cause des circonstances atténuantes »,
sans motiver sans préciser la consistance. La Cour suprême en cassant et annulant
confirme que la cause de la circonstance atténuante doit être motivée.
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Il y a suspension de la sanction pénale, lorsque celle-ci est prononcée et n’est
pas exécutée avec la possibilité d’être réactivée à tout moment d’une part et
lorsque celle-ci est suspendue en cours d’exécution. En droit pénal, ces
hypothèses traduisent deux idées : la suspension avant l’exécution de la sanction
pénale (1) et la suspension après l’exécution de la sanction pénale (2).
94
b)le sursis avec probation
Le sursis avec probation est encore appelé sursis avec mise à l’épreuve. Il
consiste pour le juge à prononcer une condamnation, mais à ne pas ordonner son
exécution. Pendant une période d’épreuve comprise entre 03 et 05 ans, le juge va
fixer les conditions à observer. Il s’agit d’un ensemble d’obligations, qui
produisent des effets. Le législateur camerounais aménage ce mécanisme dans les
articles 55 et suivants du code pénal.
1 95
GUILLIEN (R.) et VINCENT (J.), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 5ème édition, 1971, p. 257.
L’extinction stigmatisante de la sanction pénale renvoie aux cas où la sanction
pénale prend fin, mais les marques de celle-ci sont portées au casier judiciaire et
constitue un facteur de stigmatisation. Il est ainsi en présence de la grâce (1) et de
la prescription (2).
1–La grâce
2–la prescription
La prescription est le délai légal après lequel une sanction pénale définitive ne
peut plus être exécutée. C’est reconnaitre le rôle que le temps peut jouer en droit
pénal en général et la sanction pénale en particulier. Dès lors qu’elle est
prononcée, la sanction pénale doit être exécutée. Si elle ne l’est pas au bout d’un
temps, la société n’a plus intérêt à ce qu’elle le soit. C’est la teneur de l’article 67
CP : « (1) la peine principale non subie ainsi que les peines accessoires et les
mesures de sureté qui les accompagnent ne peuvent plus être exécutées après
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l’expiration des délais ci-après déterminés à compter de la date du jugement ou
l’arrêt devenu définitif :
a) Vingt ans pour les crimes ;
b) Cinq ans pour les délits et contraventions connexes ;
c) Deux ans pour toutes autres contraventions ».
1–l’amnistie
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Le terme amnistie dérive de l’expression grecque « amnestia » ou
« amnesie », qui signifie oubli, perte de mémoire. Il s’agit d’un acte de
souveraineté visant à appliquer le principe de la tabula rasa aux infractions
antérieures, généralement commises contre l’Etat ou ayant une quelconque
dimension politique. Son objectif est de mettre un terme aux poursuites judiciaires
déjà engagées, de neutraliser celles devant l’être ou encore d’anéantir les
décisions déjà rendues. C’est dans ce sens que le Black’sDictionnary of Law
l’appréhende.L’amnistie est l’œuvre d’une loi : "la loi d’amnistie", promulguée
par le Président de la République. Sans préjudicier aux intérêts civils, l’amnistie
efface la condamnation et met fin à toute peine principale, accessoire et mesure
de sûreté, à l’exception de l’internement dans une maison de santé et de la
fermeture de l’établissement. Elle arrête non seulement les poursuites non
intentées, mais aussi les procédures pendantes devant les juridictions. L’infraction
amnistiée entraine l’extinction de l’action publique, et la Cour Suprême ne saurait
statuer sur un pourvoi y relatif. Comme on le voit, elle est donc une mesure très
efficace pour pouvoir désengorger les prisons puisqu’elle libère non seulement les
condamnés, mais aussi les détenus provisoires et ceux potentiels.
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pécuniaires, qui continuent de frapper les biens de ce dernier. Et les ayant-droit
du défunt ne sont tenus que dans la limite des biens reçus.
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