Ingénieurs Et Techniciens Indépendants

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Bureaux d'études, ingénieurs et techniciens

indépendants

Bureaux d'études, ingénieurs et techniciens


indépendants
Chapitre 1: Présentation et organisation de la profession
d'ingénieur-conseil

Section 1 : Domaine de compétence de l'ingénieur-conseil

Sous-section 1 : Mission d'ingénierie


1Missions assumées par les ingénieurs-conseils et BET ■ La complexité croissante des
techniques et des matériaux dans le domaine de la construction a nécessité l'apparition
de spécialistes qui peuvent soit agir dans le cadre d'une seule spécialité, généralement
en qualité d'ingénieurs-conseils indépendants, soit se regrouper au sein d'organismes
pluridisciplinaires : les bureaux d'études techniques (BET) ou des sociétés d'exercice
libéral (SEL) professionnelles ou interprofessionnelles.
La branche d'activité qui regroupe bâtiment, infrastructure et industrie a pris le nom
d'ingénierie.
Habituellement, ingénieurs-conseils et BET sont consultés par le maître de l'ouvrage ou
un autre constructeur sur un aspect spécifique de la construction qui requiert une haute
technicité.
Ils sont alors chargés de livrer une étude ou une consultation sur un problème précis.
Ils peuvent exercer un rôle de maître d'oeuvre en intervenant dans la conception ou la
surveillance des travaux. Si l'architecte, en vertu de son monopole légal, demeure chargé
du projet architectural, nombre des éléments de l'ouvrage sont en effet fréquemment
conçus aujourd'hui par des techniciens et réalisés sous leur direction : voir n° 28.
Les ingénieurs-conseils et BET peuvent également être sollicités par les propriétaires
immobiliers pour diagnostiquer d'éventuelles pollutions d'origine constructive (amiante
ou plomb) ou induites par le parasitisme (termites et autres insectes xylophages).

Sous-section 2 : Consultation juridique et rédaction d'actes sous seing privé

2Conditions requises pour donner des consultations juridiques et rédiger des actes sous
seing privé ■ Les membres des professions de l'ingénierie font partie des personnes
exerçant une activité professionnelle non réglementée. A condition qu'ils justifient une
qualification reconnue par l'État ou attestée par un organisme public ou un organisme
professionnel agréé, ils sont autorisés par la loi, dans la limite de cette qualification, à
donner des consultations juridiques relevant directement de leur activité principale et à
rédiger des actes sous seing privé qui constituent l'accessoire nécessaire de cette activité
(♦ L. n° 71-1130, 31 déc. 1971, art. 60).
Ainsi, lorsqu'il accepte une mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage, le technicien
indépendant a un rôle de conseil pour la passation des marchés et peut être amené à
rédiger lui-même certains documents pour le compte de son client : appels d'offre,
CCAP, etc.
3Ingénieur-conseil bénéficiant d'un agrément ■ Les ingénieurs-conseils exerçant leur
activité dans les secteurs « ingénierie, études techniques » (code NAF 74.2 C) et
« analyse, essais et inspections techniques » (code NAF 74.3 B) sont autorisés à pratiquer
le droit à titre accessoire, sous réserve de remplir les deux conditions suivantes :
•bénéficier de la qualification délivrée par l'OPQIBI (v. nos 11 et s.), que cette
qualification leur ait été accordée personnellement ou ait été accordée à la
personne morale au sein de laquelle ils exercent leur activité ;
•être titulaire de la licence en droit, ou posséder une maîtrise ou un DEA ou un
DESS de droit ou justifier d'une expérience professionnelle d'une durée
minimum de 10 ans et avoir suivi un cycle de formation juridique d'une durée
minimum de 250 heures d'enseignement. Une expérience professionnelle de 7
ans est suffisante pour les personnes titulaires d'un BTS ou d'un DUT juridique
ou d'un DEUG de droit ou d'un DEUST juridique.
♦ Arr. 19 déc. 2000, NOR : JUSC0020790A, art. 1er, 2°, mod. par arr. 1er déc. 2003, NOR :
JUSC0320764A, art. 1 er

Section 2 : Organismes regroupant les professions de l'ingénierie


4Associations et syndicats professionnels ■ Les ingénieurs et techniciens indépendants
ont la faculté de se grouper en associations et syndicats professionnels dans le cadre du
droit commun. Ces organismes ont pour objet de défendre les membres de la profession,
d'assurer leur cohésion et de veiller à la protection de leurs intérêts.
5Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de
l'Ingénierie et du Numérique (CINOV) ■ Anciennement dénommée Chambre de
l'ingénierie et du conseil de France (CICF), la CINOV est une fédération de syndicats
réunissant, à travers des syndicats techniques et des chambres régionales, des cabinets
d'ingénierie indépendants.
Elle a pour mission de promouvoir, défendre et valoriser les intérêts communs de la
profession auprès des pouvoirs publics. Elle négocie au titre patronal la Convention
collective nationale dite « CINO-Syntec ».
Adresse : CINOV, 4, avenue du Recteur Poincaré, 75782 Paris Cedex 16. Tél. :
01.44.30.49.30. Adresse internet : http://www.cinov.fr
6Fédération des syndicats des sociétés d'études et de conseils (SYNTEC) ■ Créé le
1er janvier 1991, SYNTEC est l'organisme représentatif des BET. Il est composé de
différents groupements professionnels dont SYNTEC-ingénierie qui représente la branche
auprès des pouvoirs publics et des donneurs d'ordre et promeut les intérêts des sociétés
d'ingénierie.
Adresse : SYNTEC, 148, boulevard Haussmann, 75008 Paris. Tél. : 01.44.30.49.00.
Adresse internet : http://www.syntec.fr
7Organisme professionnel de qualification de l'ingénierie (OPQIBI) ■ L'OPQIBI a été créé
le 3 janvier 1969 par la CICF (devenu CINOV), SYNTEC-ingénierie, la fédération des
professionnels de l'ingénierie et le syndicat national des ingénieurs et techniciens en
management (SNITA). Cet organisme, dont la vocation est de fournir aux maîtres de
l'ouvrage publics ou privés et à toute autre personne intéressée les informations leur
permettant d'apprécier la compétence des ingénieurs-conseils et des BET, a reçu de l'État
une mission à caractère officiel consistant à délivrer des qualifications professionnelles :
voir nos 11 et s.
Adresse : OPQIBI, 104, rue de Réaumur, 75002 Paris. Tél. : 01.55.34.96.30. Adresse
internet : https://www.opqibi.com
8Fédération internationale des ingénieurs-conseils (FIDIC) ■ La FIDIC est une
organisation internationale regroupant les professions intéressant l'ingénierie et fédérant
des organisations nationales d'ingénieurs-conseils du monde entier.
Ses objectifs sont :
•de représenter, par l'intermédiaire des associations membres, la majorité des
firmes fournissant des prestations d'ingénierie basées sur une technologie au
service de la construction et de l'environnement naturel ;
•d'aider ses membres au moyen de publications relatives à la pratique des
affaires ;
•de définir et de promouvoir activement l'acceptation d'un code d'éthique ;
•de mettre en valeur l'image des ingénieurs-conseils comme leaders et créateurs
de biens envers la société ;
•de promouvoir l'engagement de ses membres pour un développement durable.
Adresse : FIDIC, World Trade Center II, Aéroport de Genève, 29 Route de Pré-Bois,
Cointrin, CH-1215 Genève 15, Suisse. Tél. : 41. 22.799.49.00. Adresse internet :
http://www.fidic.org
Chapitre 2: Exercice de la profession d'ingénieur-conseil
9Absence de statut réglementé ■ Il n'est pas envisagé de réglementer les conditions
d'accès à la profession d'ingénieur-conseil. Interrogé sur l'utilité d'une telle
réglementation, le secrétaire d'État à l'industrie a répondu qu'il était préférable de
favoriser la certification des professionnels, ce dispositif devant permettre une « auto-
régulation » du marché. L'adhésion des cabinets à un système de reconnaissance, de
nature volontaire, n'est pas encore généralisée et les clients, dans leur présélection des
prestataires, en font un usage limité. Ainsi est encouragé le développement des
organismes certificateurs, parmi lesquels l'OPQIBI chargé de définir et d'attribuer, dans
le domaine de l'ingénierie, des qualifications par spécialité (v. nos 11 et s.). Cette action
contribue à renforcer les prestataires de services au plan inter et extracommunautaire :
les organismes certificateurs sont incités à faire reconnaître leurs certificats au niveau
tant européen que mondial (♦ Rép. min. n° 5557 : JOAN Q, 19 janv. 1998, p. 321).
10Titre et dénomination ■ Si les bureaux d'études et ingénieurs-conseils peuvent
s'installer librement, ils ne sauraient en aucun cas se prévaloir d'un titre protégé par la
loi. Ainsi le technicien, quelle que soit sa spécialité, ne peut se qualifier « architecte », ou
faire suivre sa qualité d'ingénieur du titre réservé aux élèves d'une école dont il n'aurait
pas lui-même obtenu le diplôme. L'usage, sans droit, d'un titre attaché à une profession
réglementée par l'autorité publique ou d'un diplôme officiel ou d'une qualité dont les
conditions d'attribution sont fixées par l'autorité publique est puni d'un an
d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende (♦ C. pén., art. 433-17, al. 1er).

Section 1 : Qualification professionnelle

Sous-section 1 : Rôle de l'Organisme professionnel de qualification de l'ingénierie


(OPQIBI)
11Mission de l'OPQIBI ■ La mission de l'OPQIBI (v. n° 7) s'inscrit dans le cadre de
protocoles passés avec le ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement
Durable et de la Mer, et le ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi. Ces
documents ont pour objet de préciser les conditions dans lesquelles s'effectue la mission
de l'OPQIBI telle que définie dans ses statuts et son règlement, ainsi que ses rapports
avec les ministères. L'OPQIBI :
•centralise et contrôle les renseignements concernant les aptitudes des
professionnels de l'ingénierie et du conseil qui sollicitent leur qualification, les
missions qu'ils sont susceptibles de remplir dans des conditions satisfaisantes,
ainsi que leur apparentement éventuel à une entreprise à objet commercial ;
•décide de leur qualification en fonction de leurs domaines et de leurs niveaux
de compétence et des moyens dont ils disposent ;
•délivre à ces professionnels un certificat justifiant de leur qualification et en
informer les tiers par tous moyens appropriés tels que publications d'annuaires
et listes de références.
12Organisation de l'OPQIBI ■ Cet organisme est une association de droit privé de type
loi de 1901 qui regroupe des représentants des syndicats professionnels et des
représentants des autres participants à l'acte de construire.
Pour son fonctionnement, l'organisme dispose des instances suivantes :
•une assemblée générale ;
•un conseil d'administration et un bureau ;
•une commission supérieure, chargée d'examiner des recours déposés par des
postulants, des qualifiés ou les réclamations déposées par des tiers ;
•7 comités de qualification chargés d'attribuer les qualifications. Ces comités
sont composés d'instructeurs et de membres qui sont des professionnels
reconnus pour leur éthique et pour leur(s) compétence(s) dans les domaines
d'activités qualifiées ;
•un groupe application et développement chargé de l'évolution de la
nomenclature des qualifications.
Enfin, un secrétariat général est chargé d'assurer la continuité, la gestion courante et la
promotion de l'association.
13Caractère non obligatoire de la qualification ■ En principe, l'obtention d'une
qualification n'est pas une condition d'exercice de la profession. Toutefois, il existe une
exception dans le domaine des travaux de désamiantage où les professionnels
intervenants doivent justifier d'une qualification obligatoire : voir l'étude «Amiante».
14Rôle de la qualification dans l'attribution des marchés publics ■ Si elle intervient
comme critère de choix des entreprises candidates, la qualification ne constitue pas pour
autant un agrément administratif. L'admission d'une entreprise à une consultation ne
peut être subordonnée à la production d'un certificat de qualification. Il n'est donc pas
possible d'affirmer que, faute d'un certificat de qualification, une entreprise ne peut pas
concourir aux marchés de l'État (♦ Rép. min. n° 39946 : JOAN Q, 2 févr. 1981, p. 478).
En conséquence, si le maître d'ouvrage demande, dans l'avis d'appel public à la
concurrence, la production de certificats de qualification professionnelle, il doit
obligatoirement préciser que la preuve de la capacité de la société candidate peut être
apportée par tout moyen et notamment par des certificats d'identité professionnelle ou
des références de travaux attestant de la compétence de l'entreprise à réaliser la
prestation, objet du marché (♦ Arr. 26 févr. 2004, NOR : ECOM0420001A, art. 1er, al. 6).

Remarque : la faculté offerte aux petites entreprises de prouver leur qualification au moyen de certificats
d'identification professionnelle n'a pas pour objet d'introduire une équivalence entre ces documents et les
certificats de qualification professionnelle. Ces pièces n'ont pas le même contenu et ne sont pas délivrées
par les mêmes personnes ou organismes professionnels. Ce sont des outils mis à la disposition des
acheteurs publics par les professionnels et dont l'objet est de permettre à la personne publique de vérifier
la capacité de l'entreprise à répondre au marché (♦ Rép. min. n° 1750 : JO Sénat Q, 24 oct. 2002, p. 2474).

Sous-section 2 : Procédure de reconnaissance des qualifications professionnelles

§ 1 : Critères d'attribution des qualifications


15Informations à fournir par le professionnel ■ La qualification est accordée sur la
demande du professionnel de l'ingénierie qui souhaite que ses capacités soient vérifiées,
reconnues et portées à la connaissance des maîtres d'ouvrage et maîtres d'oeuvre.
Tout professionnel qui sollicite l'attribution d'une qualification doit fournir à l'OPQIBI un
certain nombre d'informations destinées à permettre à cet organisme de procéder à sa
qualification.
Sur le détail des critères de délivrance des qualifications : voir le Référentiel de
qualification et d'attribution des attestations d'identification disponible auprès de
l'OPQIBI (v. n° 7).
16Identification de la structure ■ La qualification suppose que la structure soit pérenne
et dispose de la capacité de contracter. Doivent être fournis les éléments attestant :
•de l'identification de la structure (forme juridique, chiffre d'affaires, effectifs,
masse salariale...) ;
•de la régularité administrative et financière (affiliation et versement des
cotisations aux organismes sociaux) ;
•de l'existence d'assurances en responsabilité civile et en décennale.
17Moyens humains de la structure ■ Ce critère permet de vérifier les compétences et
l'expérience des collaborateurs techniques du postulant, sur la base de leurs curriculum
vitae.
18Références de la structure ■ Pour chaque qualification demandée, le postulant doit
présenter 3 références de chantier de moins de 4 ans, attestées par des donneurs d'ordre
ou maîtres d'ouvrage avec lesquels il n'a pas de lien prédominant et accompagnées des
contrats correspondants.

§ 2 : Procédure d'attribution des qualifications


19Examen de la demande par un comité d'attribution ■ Après enregistrement par le
secrétaire général, le dossier constitué par le postulant est soumis à un instructeur qui
établit un rapport. La demande est ensuite examinée par un comité de qualification
composé de professionnels reconnus pour leurs compétences dans le domaine de
qualification concerné.
Pour attribuer une qualification, les comités s'appuient sur une nomenclature
répertoriant des prestations d'ingénierie dans les domaines suivants : industrie,
infrastructure, bâtiment, environnement, énergie et loisirs - culture - tourisme.
20Nomenclature des prestations d'ingénierie ■ Il s'agit d'un document de référence pour
l'attribution des qualifications par l'OPQIBI. Cette nomenclature présente 6 chapitres,
subdivisés en rubriques, elles-mêmes subdivisées en qualifications. Le document intitulé
« Nomenclature des qualifications », dont la dernière version date du 2 février 2017, est
téléchargeable sur le site de l'OPQIBI https://www.opqibi.com
21Certificats délivrés ■ La structure reconnue qualifiée reçoit un certificat de
qualification valable 4 ans sous réserve de 3 contrôles annuels (v. n° 22). Si le postulant
a les moyens et les compétences requises pour une spécialité particulière mais ne
possède pas de références suffisantes (v. n° 18), il se verra délivrer un certificat de
qualification probatoire valable 1 an et renouvelable une fois. Au bout de 2 ans,
obligation est faite au titulaire de la qualification probatoire de demander sa
transformation en qualification en satisfaisant à l'ensemble des critères de qualification.
A défaut, la qualification est retirée. Ce certificat est généralement délivré aux
professionnels de l'ingénierie nouvellement installés ou désireux d'étendre leur champ
d'activité.
En cas de refus de délivrance, un recours est possible auprès de la Commission
supérieure. Le postulant ou le qualifié dispose de 2 mois à compter de la date de
notification pour l'exercer. Il lui faudra adresser un courrier avec accusé de réception.
Pour plus de détails, voir le Manuel des procédures d'attribution, de contrôle et de
renouvellement des qualifications et attestations d'identification, disponible auprès de
l'OPQIBI (v. n° 7).
22Contrôle et renouvellement des qualifications ■ Tous les ans, un contrôle est effectué
sur la base d'un dossier de contrôle afin de s'assurer que le prestataire qualifié continue
de satisfaire aux critères d'attribution d'identification (v. n° 16) et de moyens (v. n° 17).
Par ailleurs, à l'échéance de la validité de son certificat, le qualifié est appelé à déposer
un dossier de renouvellement auprès de l'OPQIBI. La procédure de renouvellement suit le
même processus que l'attribution initiale de la qualification : (v. n° 18).
A l'occasion de ces procédures de contrôle et de renouvellement, il est possible de
demander de nouvelles qualifications. L'OPQIBI peut également déqualifier, en tout ou
partie, certains prestataires si les critères d'attribution ne sont plus satisfaits.
Pour plus de détails, voir le Manuel des procédures d'attribution, de contrôle et de
renouvellement des qualifications et attestations d'identification, disponible auprès de
l'OPQIBI (v. n° 7).

Section 2 : Modalités d'exercice de la profession d'ingénieur-conseil


23Diversité des modes d'exercice de la profession d'ingénieur-conseil ■ Les ingénieurs-
conseils peuvent exercer leur profession :
•sous une forme indépendante ;
•en regroupant divers spécialistes au sein de bureaux d'études (BET) ;
•en créant des sociétés d'exercice libéral qui ont pour objet soit l'exercice en
commun de la profession, soit l'exercice en commun de plusieurs professions
libérales : voir l'étude «Architectes - Sociétés d'architecture».
24Fiscalité - TVA ■ Les ingénieurs et techniciens indépendants sont soumis aux
obligations fiscales des activités libérales : voir l'étude «Architectes - Sociétés
d'architecture».
25Régime social ■ Pour ces professions, le non-salarié doit cotiser :
•aux allocations familiales des travailleurs indépendants ;
•à la caisse d'allocations vieillesse : CIPAV (Caisse interprofessionnelle de
prévoyance et d'assurance vieillesse des architectes, agréés en architecture,
ingénieurs, techniciens, experts, conseils et professions assimilées), 9, rue de
Vienne, 75403 Paris Cedex 08. Tél. : 01.44.95.68.20. Adresse internet :
https://www.lacipav.fr
Les dispositions concernant le régime d'assurance-vieillesse complémentaire et le régime
d'assurance invalidité-décès sont respectivement prévues par les décrets nos 79-262 et
79-263 du 21 mars 1979 modifiés : voir l'étude «Architectes - Sociétés d'architecture».
Sur le régime d'assurance-maladie et d'assurance-maternité pour les travailleurs non
salariés des professions non agricoles : voir le Dictionnaire Permanent Droit social.
26Emploi de salariés ■ Les BET sont soumis à toutes les obligations et charges salariales
ou fiscales incombant aux employeurs (assurance-licenciement facultative - médecine du
travail - participation des employeurs à l'effort de construction - assurance-chômage -
cotisations sociales diverses, taxes de formation professionnelle, etc.) : voir le
Dictionnaire Permanent Droit social.

Chapitre 3: Relations de l'ingénieur-conseil avec ses clients

Section 1 : Missions de l'ingénieur-conseil


27Mission d'étude ponctuelle ■ Ingénieurs-conseils et BET peuvent se voir confier des
études spécialisées dans le cadre d'une opération de construction. Ils mettent leur
connaissance au service d'autrui pour résoudre des problèmes techniques précis et
permettre la réalisation concrète du projet. L'intervention de ces spécialistes est souvent
recherchée par les maîtres d'ouvrage ou maîtres d'oeuvre, notamment en matière de
calcul de résistance des matériaux, de béton armé, d'isolation thermique, de
transmissions acoustiques ou lorsque la construction envisagée nécessite des études de
sol ou la mise en place d'équipements complexes.
28Mission de maîtrise d'oeuvre ■ Si leur fonction traditionnelle est de livrer des études
sur un point précis de la construction, ces professionnels de la technique concourent de
plus en plus souvent à la maîtrise d'oeuvre avec l'architecte. En effet, le monopole des
architectes étant restreint au domaine de la conception du projet architectural,
l'ingénieur-conseil peut librement assumer l'établissement des documents d'exécution et
la surveillance des travaux. Il peut, en outre, se voir confier la maîtrise d'oeuvre complète
de l'opération dans tous les cas où le recours à un architecte n'est pas obligatoire
(travaux non soumis à permis de construire, aménagements intérieurs, façades de
magasins, ouvrage de faible importance réalisé par un particulier pour lui-même) : voir
l'étude «Architectes - Sociétés d'architecture».
29Mission d'assistance au maître de l'ouvrage ■ Les maîtres d'ouvrage d'opérations
importantes ou techniquement complexes sont souvent dans l'impossibilité
d'appréhender toutes les actions nécessaires à leur organisation tant technique que
financière ou administrative. Aussi, dans nombre de cas, font-ils appellent à des
spécialistes pour les assister dans cette organisation depuis le montage de l'opération
jusqu'à la mise en exploitation des ouvrages. Tenant compte de ce nouveau mode
d'exercice de la profession, l'OPQIBI a créé en 1994 une qualification intitulée
« Assistance à maîtrise d'ouvrage » (v. n° 20).
L'assistant au maître d'ouvrage peut, notamment et simultanément :
•exercer des missions spécifiques, objet de la qualification, et en soumettre le
résultat au maître d'ouvrage (études stratégiques, financières, techniques) ;
•exercer un rôle de « conducteur d'opérations » (secteur privé) et proposer au
maître d'ouvrage, tout au long de l'opération, les actions à entreprendre pour
mener à son terme l'opération ;
•exercer un rôle de « mandataire du maître d'ouvrage » (secteur privé), c'est-à-
dire procéder à des actes juridiques en son nom, dans le même but.
Dans le cas particulier du contrat de construction de maison individuelle, le maître de
l'ouvrage peut se faire assister par un architecte ou un contrôleur technique lors de la
réception ou par tout professionnel de la construction titulaire d'un contrat d'assurance
couvrant les responsabilités pour ce type de mission (♦ CCH, art. L. 231-2, al. 1er).
Cette intervention lors de la réception, qui emporte plusieurs conséquences juridiques
importantes (v. l'étude «Maisons individuelles»), est susceptible d'être réalisée par un
BET, un ingénieur ou un technicien indépendant.

Remarque : un maître d'ouvrage peut toujours charger un ingénieur-conseil d'effectuer à sa place la


réception d'un ouvrage. Cette représentation du maître d'ouvrage ne peut se faire que sur mandat spécial
de ce dernier.
30Mission « clés en main » ■ Il s'agit d'un engagement plus large sur les coûts, les délais
et les performances qui ajoute aux prestations intellectuelles des actes commerciaux.
Cette forme d'activité se manifeste en France surtout pour les installations industrielles.
Les répercussions notamment sur les responsabilités et les assurances ne sont pas
abordées dans cette étude.

Section 2 : Conclusion du contrat


31Principe de liberté des conventions ■ Les relations avec la clientèle privée sont régies
par le droit commun des contrats privés. Les parties négocient librement le contenu du
contrat, les modalités d'exécution et son montant.
32Parties au contrat ■ Le cocontractant d'un ingénieur-conseil peut être soit le maître
d'ouvrage, soit l'un des constructeurs (architecte, entrepreneur, sous-traitant...)
notamment pour la réalisation d'une étude spécialisée. Dans le deuxième cas,
l'ingénieur-conseil n'a pas de lien contractuel direct avec le maître de l'ouvrage ce qui
entraîne des conséquences au niveau des responsabilités : voir n° 46.
33Nature juridique du contrat ■ Le contrat d'ingénieur ou de BET est un contrat de
louage d'ouvrage et d'industrie régi par les articles 1779 et suivants du code civil.
34Non-application de la faculté de rétractation au contrat d'ingénieur ou de BET ■
L'article L. 271-1 du code de la construction et de l'habitation accorde à l'acquéreur
immobilier (maître de l'ouvrage) non professionnel une faculté de rétractation
permettant à celui-ci, pendant un délai de 10 jours, de revenir discrétionnairement sur
son consentement (♦ CCH, art. L. 271-1, mod. par L. n° 2015-990, 6 août 2015, art. 20).
Cette faculté de rétractation, applicable aux seuls actes sous-seing privé qui tendent
directement à l'édification d'un ouvrage, ne peut être invoquée dans le cadre d'une
convention passée avec un ingénieur-conseil ou un BET, un tel contrat ne concernant la
construction d'un immeuble que pour sa partie intellectuelle (♦ Cass. 3e civ., 27 juin
2001, n° 00-12.043, n° 1084 FS - P + B : Bull. civ. III, n° 84 ; Defrénois, 2002, doctr. et
jurispr., p. 54 et note H. Périnet-Marquet).
35Contrat type ■ SYNTEC-Ingénierie (v. n° 6) a élaboré pour ses adhérents un cahier des
charges générales de l'ingénierie (CCAGI) concernant les ouvrages de bâtiment. Ce
document type est constitué d'un cahier des conditions administratives générales
accompagné d'un document contenant des préconisations pour l'élaboration des
conditions particulières.
Le CCAGI ne s'impose à titre de règle de droit que si les parties s'y réfèrent expressément
dans leur contrat.
36Clientèle publique ■ Lorsque le cocontractant de l'ingénieur-conseil ou du BET relève
du droit public, les modalités de passation du contrat sont fixées par la loi MOP ou le
code des marchés publics : voir l'étude «Maîtrise d'oeuvre».
Le litige né de l'exécution d'un marché de travaux publics et opposant des participants à
l'exécution de ces travaux relève de la juridiction administrative, sauf si les parties en
cause sont unies par un contrat de droit privé. Dès lors, le juge administratif est
compétent pour statuer sur les conclusions d'une commune dirigées contre un bureau
d'études avec lequel elle n'est liée par aucun contrat de droit privé (♦ CAA Lyon, 4e ch.,
11 juin 2009, n° 07LY01749).

Section 3 : Obligations de l'ingénieur-conseil


Sous-section 1 : Devoir de conseil

37Obligation de conseil vis-à-vis du client ■ Les BET et ingénieurs-conseils doivent


attirer l'attention de leurs clients sur les risques et imperfections de l'ouvrage qu'ils
peuvent être amenés à constater au cours de leur mission.
Manque à son devoir de conseil le BET qui :
•omet de mettre en garde le maître de l'ouvrage contre les risques que fait
courir à une installation l'absence de dispositif de traitement des eaux (♦ Cass.
3e civ., 25 mars 1980, n° 78-16.619 : Bull. civ. III, n° 69) ;
•établit des plans passe-partout sans se soucier de la consistance du sol (♦
Cass. 3e civ., 1er juill. 1975, n° 74-10.723 : Bull. civ. III, n° 227) ;
•n'alerte pas son client sur les risques que présente la construction conçue en
plusieurs volumes sur un terrain « pathogène » et ne fait aucune réserve sur
l'absence d'étude préalable du terrain (♦ Cass. 3e civ., 28 nov. 2001, n° 00-
14.320, n° 1638 FS - P + B).
Lorsqu'ils sont chargés d'assister le maître de l'ouvrage lors de la réception des travaux,
les BET et ingénieurs-conseils sont tenus de le conseiller sur les réserves qui s'imposent.
38Obligation de conseil vis-à-vis des tiers ■ Les BET et ingénieurs-conseils sont
également débiteurs d'une obligation de conseil dans leurs rapports avec les tiers et
notamment les autres constructeurs.
L'homme de l'art doit donner aux entrepreneurs, même s'il n'a pas de relations
contractuelles avec eux, les informations dont il dispose, notamment sur l'état du sous-
sol (♦ Cass. 3e civ., 3 oct. 1984, n° 83-13.395, n° 1135).

Sous-section 2 : Obligation d'assurance


39Assurance obligatoire de responsabilité décennale ■ La loi n° 78-12 du 4 janvier
1978, dite « loi Spinetta », impose aux personnes physiques ou morales dont la
responsabilité peut être mise en jeu sur le fondement des articles 1792 et suivants du
code civil de s'assurer en responsabilité décennale avant l'ouverture du chantier : voir les
études «Assurances-construction» et «Responsabilité décennale et autres garanties des
constructeurs».
Lorsqu'ils sont contractuellement liés au maître de l'ouvrage, les BET, ingénieurs et
techniciens indépendants sont soumis à cette obligation d'assurance dont le non-respect
est passible de sanctions pénales.
40Techniciens intervenant dans les opérations de repérage d'amiante ■ Pour pouvoir
procéder à des recherches d'amiante et constituer le dossier technique « Amiante » exigé
des propriétaires, les techniciens de la construction doivent contracter une assurance
professionnelle destinée à garantir les dommages consécutifs à une mauvaise exécution
de leur mission : voir l'étude «Amiante».
41Coexistence d'assurances ■ La responsabilité d'un bureau d'études peut, lors d'un
sinistre, être assurée par plusieurs contrats (en raison de la complexité du chantier, de
l'importance des capitaux à garantir, des capacités des assureurs...).

1°Assurances cumulatives
Il y a assurances cumulatives lorsqu'un même objet est garanti simultanément par
plusieurs assureurs contre le même risque et pour le même intérêt, au-delà de sa valeur
réelle. Dans les limites des garanties de chaque police, le bénéficiaire du contrat peut
alors obtenir indemnisation de ses dommages en s'adressant à l'assureur de son choix
(♦ C. assur., art. L. 121-4).

2°Coassurance
La coassurance est l'opération par laquelle plusieurs assureurs se partagent un même
risque, chacun d'eux prenant en charge une fraction convenue, sans solidarité. Les
inconvénients pratiques qui découleraient pour l'assuré de la multiplicité des assureurs
sont en principe évités par la rédaction d'une police unique collective et par la
désignation d'un apériteur qui se charge, pour le compte de l'ensemble des coassureurs,
de la gestion du contrat.
On parle également communément de coassurance lorsque coexistent plusieurs
assureurs intervenant en lignes successives, le premier couvrant le risque à concurrence
d'un premier montant, le deuxième prenant le relais à hauteur d'un autre montant, etc.
Dans une telle hypothèse, la Cour de cassation estime que le recours subrogatoire
exercé, après indemnisation de la victime, contre un autre constructeur bénéficie d'abord
à l'assureur de deuxième ligne, le solde revenant à l'assureur de première ligne (♦ Cass.
1re civ., 28 nov. 1995, n° 93-12.904, n° 1842 P).

Section 4 : Rémunération de l'ingénieur-conseil


42Principe de libre négociation des honoraires ■ Le montant des honoraires est
librement convenu avec le client. Ainsi, le maître de l'ouvrage est tenu de verser au BET
les honoraires qui ont été fixés à un taux forfaitaire s'élevant à 8 % du montant du
marché de travaux, dès lors qu'il a accepté sans protestation ce mode de calcul
mentionné sur les devis, états de frais, notes et plannings, qu'il a versé postérieurement
divers acomptes et qu'il a laissé engager puis terminer les travaux (♦ Cass. 3e civ.,
21 déc. 1982, n° 81-15.409).
Une cour d'appel est fondée à considérer qu'un syndicat de copropriété a accepté les
conditions de rémunération de l'ingénieur-conseil, chargé d'une mission de maîtrise
d'oeuvre relative au ravalement et à la réparation de balcons, dès lors que, informé des
exigences financières du professionnel, le conseil syndical a convié celui-ci à une
réunion pour lui demander de compléter son étude puis a avisé les copropriétaires de sa
visite afin d'exécuter la mission confiée (♦ Cass. 3e civ., 4 juin 2008, n° 07-14.665).
43Droit à rémunération en cas d'abandon de projet ■ En cas d'abandon du projet de
construction, le maître de l'ouvrage doit payer au BET les honoraires qui lui sont dus et
la faute que ce dernier a pu commettre n'y fait pas obstacle, dès lors qu'elle n'est pas à
l'origine de cet abandon et qu'elle n'a porté aucun préjudice au maître de l'ouvrage (♦
Cass. 3e civ., 20 janv. 1982, n° 80-11.401).
Les juges du fond peuvent à bon droit se référer aux usages professionnels, visés dans la
correspondance des parties, pour évaluer, en l'absence de convention précise sur ce
point, les honoraires dus à un BET en cas de non-réalisation d'un projet de construction
(♦ Cass. com., 25 juin 1973, n° 72-11.988 : Bull. civ. IV, n° 217).
Le maître de l'ouvrage qui commande des études techniques à plusieurs sociétés
d'ingénierie dans le cadre d'un concours organisé, doit rémunérer la société évincée pour
le travail qu'elle a réalisé, sauf à démontrer son intention libérale (♦ Cass. 3e civ.,
24 sept. 2003, n° 02-13.601).
44Honoraires dus par un client public ■ Les conditions de rémunération des marchés de
maîtrise d'oeuvre sont fixées par le décret n° 93-1268 du 29 novembre 1993 pris en
application de la loi MOP : voir l'étude «Maîtrise d'oeuvre».

Section 5 : Responsabilité de l'ingénieur-conseil

Sous-section 1 : Fondements de la responsabilité


§ 1 : Responsabilité à l'égard du maître de l'ouvrage

45Fondement contractuel ■ Le technicien contractuellement lié au maître de l'ouvrage


doit répondre vis-à-vis de celui-ci des dommages résultant de la mauvaise exécution ou
de la non-exécution de sa mission. Il s'agit, en principe, d'une responsabilité
contractuelle de droit commun (v. l'étude «Responsabilité contractuelle»). Toutefois, si le
préjudice entre dans le champ d'application des garanties des constructeurs, le
technicien, en sa qualité de locateur d'ouvrage, verra sa responsabilité engagée sur le
fondement des articles 1792 et suivants du code civil (v. l'étude «Responsabilité
décennale et autres garanties des constructeurs»).
Un organisme ayant contribué à la création d'une SCI et en étant devenu cogérant avait
chargé un technicien de plusieurs études de sols. Mis en cause à la suite de désordres, ce
dernier soutenait que sa responsabilité ne pouvait être recherchée sur le fondement de la
garantie décennale, l'organisme qui l'avait sollicité ayant agi en tant que maître d'oeuvre
et non comme représentant de la SCI maître de l'ouvrage. Estimant que la contestation
sur un éventuel dépassement de ses pouvoirs par le cogérant de la SCI ne concernait que
l'intervention directe de celui-ci sur le chantier en qualité de maître d'oeuvre et que les
études de sols avaient bien été confiées au nom de la SCI maître de l'ouvrage, les juges
d'appel, approuvés par la Cour de cassation, ont retenu l'application de la responsabilité
décennale (♦ Cass. 3e civ., 13 déc. 1995, n° 94-11.553).
Le Conseil d'État a précisé que si l'exécution de l'obligation du débiteur d'une prestation
d'étude prenait normalement fin avec la remise de son rapport et le règlement par
l'administration du prix convenu, sa responsabilité restait cependant engagée, en
l'absence de toute disposition ou stipulation particulière applicable à ce contrat, à raison
des erreurs ou des carences résultant d'un manquement aux diligences normales
attendues d'un professionnel pour la mission qui lui avait été confiée. Il n'en irait
autrement que dans le cas où ces insuffisances étant manifestes, l'administration aurait,
en payant la prestation, nécessairement renoncé à se prévaloir des fautes commises.
Ainsi, en écartant la responsabilité contractuelle d'un bureau d'études au motif que la
réception du rapport d'étude par la commune qui lui avait commandé mettait fin par
principe à leurs relations contractuelles, une cour administrative d'appel commet une
erreur de droit. Réglant l'affaire au fond, le Conseil d'État retient la responsabilité
contractuelle du bureau d'études. Il relève ainsi que si le rapport concluait au bon état
de la charpente d'un bâtiment que la commune entendait réhabiliter, les expertises
ordonnées postérieurement à l'apparition de désordres affectant cette charpente avaient
révélé son mauvais état général qui n'aurait pas dû échapper au professionnel dont la
mission était précisément de l'expertiser (♦ CE, 9 avr. 2010, n° 309662).
46Fondement délictuel ■ Il arrive souvent que l'architecte, chargé d'une mission de
conception par le maître de l'ouvrage, confie au BET certaines études techniques. Dans
cette hypothèse, le BET, qui n'a aucun lien contractuel avec le maître de l'ouvrage, a, vis-
à-vis de celui-ci, la qualité de sous-traitant. Sa responsabilité ne peut être recherchée
que sur le fondement délictuel lorsque les erreurs commises dans l'exécution de sa
mission ont causé un préjudice au maître de l'ouvrage : voir l'étude «Sous-traitance».
§ 2 : Responsabilité à l'égard des constructeurs

47Fondement contractuel ■ Tout manquement de l'ingénieur aux obligations qu'il a


contractées à l'égard de ses clients professionnels (architectes, entrepreneurs) entraîne la
mise en jeu de sa responsabilité contractuelle.
Le recours en garantie dirigé par un architecte contre le bureau d'études dont il s'est
assuré la collaboration échappe à la compétence de la juridiction administrative en
raison du caractère de droit privé du contrat liant l'architecte au BET (♦ CE, 19 juin
1981, n° 154).
48Fondement délictuel ■ A l'égard des constructeurs avec lesquels il n'a pas passé de
contrat, comme vis-à-vis des personnes étrangères à l'opération de construction, la
responsabilité de l'ingénieur peut être mise en cause à raison de sa propre faute
[v. l'étude «Responsabilité délictuelle et quasi délictuelle (fait personnel)»] ou des fautes
commises par ses préposés à l'occasion de leurs fonctions (v. l'étude «Responsabilité du
fait d'autrui»).
En l'absence de lien contractuel entre eux, un architecte et un ingénieur en béton sont
des tiers dans leurs rapports personnels et peuvent, l'un à l'égard de l'autre, mettre en
jeu leur responsabilité délictuelle. Ayant relevé que la faute invoquée à l'encontre de
l'ingénieur dans les calculs de béton avait pu induire en erreur l'architecte dans sa
mission de contrôle et de vérification des devis, une cour d'appel a pu, à bon droit,
déclarer recevable l'appel en garantie dirigé par l'architecte contre le technicien (♦ Cass.
3e civ., 16 févr. 1972, n° 70-12.521).
Un bureau d'études chargé de la reconnaissance des sols a vu sa responsabilité quasi-
délictuelle retenue vis-à-vis des architectes de l'opération pour des désordres liés à une
défaillance des fondations. Les juges ont estimé que le technicien avait commis une
faute à l'origine du dommage en ne conduisant pas ses interventions de manière
rationnelle et efficace, alors qu'il connaissait le contexte particulier du terrain (♦ Cass.
3e civ., 14 mars 2001, n° 97-19.657).
Engage sa responsabilité délictuelle l'ingénieur-conseil qui adopte une hypothèse de
calcul irréaliste sur la hauteur de la nappe phréatique, ayant eu pour conséquence une
sous-évaluation de la résistance du béton à obtenir, et qui ne respecte pas le
pourcentage minimal d'armatures constituant le treillis supérieur de la dalle. Au regard
du caractère prépondérant du rôle causal de l'étude béton, qu'il avait seul le soin de
réaliser, un pourcentage de responsabilité de 32 % est retenu à sa charge dans les
rapports entre constructeurs (♦ CA Rouen, 1re ch. civ., 18 janv. 2012, n° 10/01634).
Sous-section 2 : Mise en oeuvre de la responsabilité

49Responsabilité limitée à la mission reçue ■ Pour que la responsabilité des bureaux


d'études et ingénieurs-conseils soit engagée, il faut que les désordres trouvent leur
origine au moins partiellement dans la mission qui leur a été confiée par contrat.
Ainsi, la responsabilité d'un bureau d'études a pu être retenue :
•pour des dommages causés par le mauvais dosage du béton dont il lui
incombait de contrôler la mise en oeuvre en vertu du contrat. Le BET avait, en
effet, été chargé d'une mission générale de surveillance consistant notamment à
s'assurer que les travaux étaient exécutés conformément aux plans, devis et
cahiers des charges (♦ CE, 11 juill. 1986, n° 55815) ;
•pour des désordres dus à un vice dans la conception du projet et à une
mauvaise exécution des travaux par l'entreprise, alors que la conception de
l'ouvrage et la surveillance des travaux entraient dans la mission du BET (♦ CE,
3 juin 1987, n° 52798 : REC. CE, p. 193 ♦ Cass. 3e civ., 25 janv. 1989, n° 86-
11.806, n° 158 P : Bull. civ. III, n° 20).
De même a été retenue la responsabilité d'un ingénieur-conseil chargé de la maîtrise
d'oeuvre spécialisée des installations de chauffage, en cas d'insuffisance du chauffage
dans les immeubles (♦ Cass. 3e civ., 14 févr. 1990, n° 88-18.692).
En revanche, un architecte ne peut demander la garantie d'un bureau d'études pour des
désordres dus à un défaut de conformité, dès lors que celui-ci n'était pas chargé de la
conception du projet (♦ Cass. 3e civ., 2 juill. 2003, n° 02-11.719). De même, un cabinet
de maîtrise d'oeuvre, condamné pour une erreur de diagnostic, n'est pas fondé à
appeler en garantie le bureau d'étude de sol, dès lors qu'il lui appartenait de solliciter de
ce dernier des investigations complémentaires (♦ Cass. 3e civ., 24 oct. 2006, n° 05-
17.271).
50Responsabilité du BET intervenu dans le cadre d'un groupement de maîtrise d'oeuvre
■ Les tâches assignées aux différents membres du groupement doivent être définies dans
la convention. A défaut, chaque intervenant est réputé avoir participé à tous les stades
de la maîtrise d'oeuvre. Ainsi, en l'absence d'une répartition claire et précise des tâches
entre un BET et un architecte, une cour administrative d'appel a pu, à bon droit,
condamner chacun des co-intervenants à verser au maître de l'ouvrage la moitié des
indemnités dues au titre des travaux supplémentaires que celui-ci avait été amené à
supporter (♦ CE, 30 juill. 2003, n° 233172).
51Responsabilité in solidum ■ Lorsqu'un désordre est dû au fait de plusieurs
constructeurs qui ont concouru par leurs fautes individuelles à réaliser l'entier dommage,
chacun des responsables peut être condamné à réparer le préjudice dans sa totalité. Le
constructeur qui a indemnisé intégralement la victime dispose d'un recours contre les
autres débiteurs [v. l'étude «Responsabilité (règles générales)»].
Ainsi, a été retenue la responsabilité in solidum vis-à-vis du maître de l'ouvrage :
•de l'architecte pour diverses fautes de conception, en particulier le défaut de
précisions sur les spécifications propres à assurer l'étanchéité de murs-rideaux
et pour une faute de surveillance (défaut de contrôle de la technique et de la
fabrication des menuiseries métalliques) ;
•de l'ingénieur-conseil qui n'a pas rempli sa mission en ne vérifiant pas la
compétence technique de l'entreprise choisie après appel d'offres ;
•de l'entrepreneur au titre de la garantie décennale, pour les désordres
occasionnés par l'utilisation d'un matériau impropre à rendre l'immeuble
conforme à sa destination (♦ CE, 21 mai 1976, n° 94146 : REC. CE, p. 272).
Un BET commet une faute contractuelle en ne mettant pas en garde le maître de
l'ouvrage contre les risques que fait courir à une installation l'absence de dispositif de
traitement des eaux. Sa faute ayant concouru à réaliser l'entier dommage, la réparation a
été mise à sa charge in solidum avec l'architecte et l'entrepreneur (♦ Cass. 3e civ.,
25 mars 1980, n° 78-16.619 : Bull. civ. III, n° 69).

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