Cahier Histoire Geographie 2020 Terminales
Cahier Histoire Geographie 2020 Terminales
Cahier Histoire Geographie 2020 Terminales
CONCEPTION
ASSANE GUÈYE
PROFESSEUR D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
LYCÉE AHMADOU NDACK SECK DE THIÈS
Édition 2020
PROGRAMME D’HISTOIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................................................................ 51
Leçon 10 : Introduction à l’étude des civilisations : le concept de civilisation ................................................................. 51
Le bilan humain de la seconde guerre mondiale est dramatique : 60 millions de morts, 35 millions de
blessés et 3 millions de disparus. Différents éléments expliquent ce bilan humain particulièrement lourd :
- la longueur du conflit (6 ans), son caractère planétaire et l’intensité des bombardements ;
- les guerres civiles, les déportations et la sophistication des engins de morts (bombes atomiques) ;
- l’immersion totale des civiles dans le conflit et la sous alimentation qui favorise une résurgence des
maladies contagieuses.
La répartition des victimes est très inégale parmi les pays concernés. En effet, l’URSS dénombre près de 21
millions de morts alors que les États-Unis n’en comptent que 300 000.
1 Prêt-bail : loi votée par le Congrès américain en mars 1941 à l'initiative du président américain Roosevelt afin d'aider matériellement le Royaume-
Uni (et secondairement l'URSS) pendant la seconde guerre mondiale. De 1941 à 1945, les aides américaines se sont élevées à 50 milliards de dollars
et ont permis la livraison d'armes, de matières premières, de denrées alimentaires, de carburants …
2 Shoah : mot hébreu qui signifie « catastrophe ». Il désigne spécifiquement l'organisation par le régime nazi de la persécution et de l'extermination
psychologiques qui ont conduit les pays vainqueurs à ouvrir à Nuremberg3, en octobre 1945, un procès pour
juger les dirigeants nazis pour crimes contre l’humanité. L’ampleur du traumatisme moral se justifie surtout
par les révélations sur les méthodes employées par les nazis dans les camps de concentration, les
bombardements sur les populations civiles, mais aussi et surtout l’utilisation de la science à des fins
militaires.
3 Procès de Nuremberg : en novembre 1945, s’ouvre le procès de Nuremberg, au cours duquel sont jugés les principaux criminels de guerre
nazis. Les autres membres du parti nazi sont jugés par des tribunaux allemands, sous le contrôle des Alliés.
4 Loi Cash and Carry : votée par le Congrès américain, cette loi oblige tout pays en guerre de payer comptant ses achats de produits américains et
à les transporter par ses propres moyens. Elle est remplacée par la loi prêt-bail votée elle aussi par le Congrès américain qui permet aux pays en
guerre contre l’Axe d’acheter à crédit aux américains et de bénéficier si nécessaire de transport.
Pour l'Extrême-Orient, Staline exposa ses revendications (sud de Sakhaline, îles Kouriles) sans rencontrer
d'objection de la part de ses partenaires. Il accepta à Téhéran le principe d’une Organisation internationale
présentée par Roosevelt.
5Conférence de Dumbarton Oaks : elle fut tenue du 21 août au 7 octobre 1944 dans la banlieue de Washington (États-Unis) et regroupait les
experts américains, britanniques, chinois et soviétiques pour élaborer les bases de la Charte des Nations-unies.
L’Italie perd, au profit de la Yougoslavie, l’Istrie. La Roumanie perd au profit de l’URSS la Bessarabie qui
devient la République Socialiste Soviétique de Moldavie.
En Europe de l’Est, on assiste à un bouleversement total du fait de la poussée de l’URSS qui a libéré la
région. Ainsi, elle annexe une partie de la Finlande, les trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) et une
partie de la Tchécoslovaquie.
Grâce à ces modifications, les pays qui avaient perdu des territoires au profit de l’Axe retrouvent leurs
frontières de 1938.
6 Veto : (en latin « je m’oppose »), prérogative par laquelle une autorité, généralement dotée du pouvoir exécutif, peut s’opposer à un texte voté par
le pouvoir législatif. Au sein de l’ONU, chacun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité dispose d’un pouvoir de veto pour toutes les
questions décisives.
I/ LA GUERRE FROIDE
Bien que la guerre froide couvre toute la période de la confrontation Est-ouest, il est convenu de la réduire à
la partie la plus chaude de celle-ci, c'est-à-dire celle qui s’étend de 1947 à 1962.
En 1947, Truman décide d’engager son pays dans la lutte contre l’expansion du communiste. Assumer les
responsabilités mondiales que leur confèrent la possession de l’arme atomique et leur énorme supériorité
économique et financière signifiait pour les États-Unis se placer à la pointe de la défense du monde libre.
Pour ce faire, Truman définit une politique d’endiguement du communisme consistant à offrir l’aide
militaire et financière américaine aux pays qui sont décidés à lutter contre le communisme. Cette stratégie
appelée doctrine Truman est rendue publique le 12 mars 1947.
Elle est accompagnée d’un volet économique portant sur la reconstruction des économies détruites par la
guerre. C’est le plan Marshall dont le monde a pris connaissance grâce au discours fait par le Général
Georges Marshall, secrétaire d’État, le 5 juin 1947 à l’Université de Harward.
B/ La doctrine Jdanov
L’URSS réplique au plan Marshall par un discours d’Andreï Jdanov, secrétaire du PC soviétique. Il explique
que désormais le monde était divisé en deux camps : celui de la paix et de la démocratie dirigé par l’URSS et
celui de la guerre et de l’impérialisme avec à sa tête les États-Unis.
Staline refuse donc le plan Marshall et force les autres pays de l’Europe de l’Est comme la Pologne et la
Tchécoslovaquie pourtant preneurs à le rejeter. L’URSS forme en octobre 1947 avec les partis communistes
d’Europe le Kominform. C’est un organisme de liaison qui doit coordonner l’action des partis et organiser
les échanges d’expérience.
7 Pacte de Bagdad : traité de défense mutuelle signé le 24 février 1955 entre l’Irak et la Turquie, rejoints par le Royaume- Uni, le Pakistan et l’Iran,
sous l’égide des États-Unis. Il a pour objectif de contenir l’influence soviétique dans la région du Proche et du Moyen Orient.
8 Pacte de Rio : signé en 1947 par les États d’Amérique latine et qui donna naissance l’année suivante à l’Organisation des États américains (OEA).
intergouvernemental fondé à Moscou en janvier 1949 pour promouvoir et assister le développement économique de ses membres.
11 Pont aérien : lors du blocus de Berlin (31 mars 1948 - 12 mai 1949), un pont aérien est mis en place pour ravitailler la population de Berlin-
Ouest. Toutes les 45 secondes, atterrissent des avions permettant le ravitaillement des 2 millions d'habitants : 277 700 vols effectués jusqu’à la levée
du blocus, pour un fret de 2 500 000 tonnes.
12 Pan Mun Jom : nom d'un ancien village aujourd'hui disparu de la zone démilitarisée situé en Corée du Nord à moins de 500 m de la frontière
intercoréenne. Son nom est associé à la signature le 27 juillet 1953 de l'armistice mettant fin aux combats de la guerre de Corée.
13 Maccarthysme : campagne politique et judiciaire lancée aux États-Unis au début des années 1950 à l'instigation du sénateur Joseph Raymond
McCarthy contre les « activités antiaméricaines », et notamment communistes, ayant abouti à l’instauration d’un climat de suspicion généralisée.
C'est dans ce climat que se déroulent le procès et l'exécution des époux Rosenberg accusés d'espionnage au profit de l'URSS.
En 1956 Khrouchtchev dissout le Kominform et pour donner une image plus positive de l’URSS, il entame
des visites officielles en Occident. En 1956 il se rend à Londres, en 1959 aux États-Unis et en 1960 à Paris. Il
rencontre Kennedy à Vienne en 1961.
14 La révolution hongroise (Budapest 1956) : révolte populaire spontanée contre le régime communiste hongrois et ses politiques imposées
par l'URSS qui dura du 23 octobre au 10 novembre 1956.
15 Débarquement de la baie des cochons : Le 17 avril 1961, la CIA (Agence centrale de renseignement américaine) soutient une tentative de
débarquement à Cuba visant à inciter les Cubains à renverser le gouvernement de Fidel Castro.
Moscou déclare que toute attaque contre Cuba provoquerait une riposte nucléaire.
Le 14 octobre 1962, un avion espion américain photographie sur l’île de Cuba des rampes de lancement pour
missiles nucléaires à moyenne portée capables d’atteindre Washington. En même temps, la Maison Blanche
apprend que des navires soviétiques transportant des fusées font route vers Cuba (36 fusées d’une puissance
égale à 2 400 fois la bombe de Hiroshima).
L’épreuve de force s’engage. Le 22 octobre, Kennedy ordonne le blocus partiel de l’île par l’Us Navy. Le
monde au bord de l’affrontement nucléaire retient son souffle. Grâce à la médiation du Secrétaire général
de l’ONU, le Birman U-Thant16, et du Pape Jean XXIII, Khrouchtchev accepte le 28 octobre 1962 de
démanteler les rampes et de faire rebrousser chemins les navires. En contrepartie, l’Amérique s’engage à
lever le blocus, à ne pas renverser le régime cubain et à démanteler les missiles Jupiter installés en Turquie.
III/ LA DÉTENTE
Comme le dit André Fontaine, après l’épreuve de force engagée en 1962 entre Khrouchtchev et Kennedy à
propos des fusées de Cuba, « la peur, de part et d’autre, avait été telle qu’on se promit de tout faire pour
éviter désormais de se retrouver au bord du gouffre. Et c’est ainsi qu’à une phase de tension extrême,
succéda une phase d’indiscutable détente ».
Aussitôt, américains et soviétiques entament des discussions sur la réduction des armes stratégiques
(SALT : Strategic Arms Limitation Talks). Le 26 mai 1972 à Moscou, Richard Nixon et Léonid Brejnev
signent les premiers accords SALT. La même année, les États-Unis ouvrent leur marché de blé à l’URSS et
un an plus tard (27 janvier 1973), sont signés les accords de Paris sur le Vietnam.
B/ La poursuite de la compétition
La détente n’empêche pas les deux grands de sévir pour protéger leurs intérêts. Ainsi s’expliquent
l’engagement américain au Vietnam et la répression par l’URSS du « Printemps de Prague17 ». De même la
détente ne signifie pas pour eux la fin de la course aux armements. Chacun cherche aussi à élargir sa base de
sympathisants dans le tiers-monde où l’URSS bénéficie d’un a-priori favorable. Alors que l’URSS se
rapproche de l’Inde en 1971, Nixon favorise l’entrée de la Chine communiste à l’ONU et se rend à Pékin en
1972.
La réplique américaine menée par Jimmy Carter est d’abord pacifique. L’Amérique brise le front anti-
occidental dans le Proche-Orient en s’appuyant sur l’Égyptien Anouar al-Sadate qui signe la paix avec Israël
le 17 septembre 1978 (accords de Camp David). Suite à l’invasion de l’Afghanistan, Carter devient plus
ferme. Le 4 janvier 1980, il décrète l’embargo sur les livraisons de blé à l’URSS. Cette mesure est suivie par
le boycott des Jeux Olympiques de Moscou de 1980. Dans la même lignée, le Sénat américain refuse de
ratifier les accords SALT 2.
Le républicain Ronald Reagan qui arrive au pouvoir en le 20 janvier 1981 proclame le retour de l’Amérique
sur la scène internationale (« America is back »). Il fait installer des missiles en Europe de l’Ouest
(Pershing), finance les guérillas anticommunistes d’Amérique Latine (Nicaragua) et relance en 1983 la
course aux armements à travers l’Initiative de défense stratégique (IDS) plus connue sous le nom de
« Guerre des étoiles ». En même temps, Reagan arme la résistance afghane.
17 Printemps de Prague : c’est une période de l’histoire de la République socialiste tchécoslovaque durant laquelle le Parti communiste introduit
le « socialisme à visage humain » et prône une relative libéralisation. Il débute le 5 janvier 1968 avec l'arrivée au pouvoir du réformateur Alexander
Dubček et s’achève le 21 août 1968 avec l’invasion du pays par les forces du Pacte de Varsovie.
Les 11 et 12 octobre 1986, Reagan et Gorbatchev se rencontrent à Reykjavik (Island), ce qui inaugure une
nouvelle détente marquée par la reprise du dialogue interrompu depuis 1979. Pour sauver le régime,
Gorbatchev entreprend une politique de restructuration (Perestroïka18) et de transparence (Glasnost19).
Du côté américain, la situation n’est guère reluisante. Si le pays a prouvé sa supériorité technologique dans
la course aux armements, les dépenses ont creusé le déficit budgétaire. L’influence américaine au Proche-
Orient est menacée par l’islamisme radical de Khomeiny qui a renversé le Chah d’Iran allié des occidentaux
en 1979.
Gorbatchev propose des discussions sur la réduction des armements. L’ONU s’implique de plus en plus
dans la résolution des conflits. Ainsi le Cambodge, l’Angola et le Nicaragua connaissent la paix. La guerre
Iran-Irak se termine en 1988, année du début du retrait soviétique d’Afghanistan.
18 Perestroïka : mot russe signifiant « reconstruction, restructuration ». lancé par Gorbatchev en 1985, ce « tournant en profondeur et réellement
révolutionnaire » doit rénover l’URSS, « reconstruire » le système communiste en le réconciliant avec la démocratie, en associant la population au
système politique et en instaurant une « réforme radicale de l’économie » afin d’améliorer le niveau de vie des Soviétiques. Cette politique de
réformes à précipiter l’éclatement du pays.
19 Glasnost : mot russe qui signifie « transparence ». Revendiquée par les dissidents soviétiques dans les années 1970, elle est lancée par
Gorbatchev en 1985 qui la définit comme la « publication d’informations véridiques et sincères » par les médias soviétiques. Elle implique de
reconnaître l’existence des problèmes en URSS.
administratives, économiques et sociales regroupant 2 000 à 7 000 familles. Chargées de développer au maximum la vie communautaire, elles
comprennent des équipes de travail, des garderies, des blanchisseries, des ateliers de réparation, des salles de culture et de loisir, ainsi que des écoles
et des « maisons de bonheur » pour vieillards. Elles doivent gommer les différences entre la ville et la campagne.
22 Le Maréchal Peng Dehuai : auteur de ces critiques formulées en 1959 à la conférence du PCC, il sera contraint de faire des excuses à Mao
facteur dominant ». Les communes populaires changent d’esprit, les paysans retrouvent leur lopin
individuel, les unités industrielles non rentables sont supprimées et en 1962, une campagne de limitation
des naissances est lancée. En 1964, la Chine fait exploser sa première bombe atomique.
Le régime améliore certes la production agricole et industrielle, mais suscite le développement de tendances
capitalistes qui, selon le Parti, remettent en cause sa nature socialiste. En 1966, Mao lance contre lui une
violente offensive.
23 Petit livre rouge : citations du président Mao, aussi appelé Les Plus Hautes Instructions. C’est un livre de propagande communiste1 publié par
le gouvernement de la République populaire de Chine à partir de 1964, dont la distribution est organisée par Lin Biao, ministre de la défense et chef
de l’Armée populaire de libération (APL). Ce livre est un recueil de citations extraites d'anciens discours et écrits de Mao Zedong.
24 Bande des quatre : cercle informel de radicaux groupé autour de Jiang Qing, l'épouse du dirigeant chinois Mao Zedong. Le terme de « Bande
des quatre » fut forgé par les adversaires du groupe qui comprit essentiellement Yao Wenyuan, Wang Hongwen et Zhang Chunqiao. Jiang Qing est
l’instigatrice en tant que conseillère culturelle auprès de l’Armée rouge de la politique anti-intellectuelle qui caractérise la période. La mort de Mao
prive les quatre de leur principale source de légitimité. Au terme d’une campagne de violentes critiques, ils sont arrêtés et jugés pour des motifs
divers dont la trahison et la falsification des instructions de Mao.
Ce socialisme de marché, sorte de compromis « bâtard » entre socialisme et capitalisme, est un succès. La
Chine est devenue à la fin des années 90 une puissance économique.
Doc 6 : La démaoïsation
Le dogme de l'infaillibilité de Mao n'a plus cours. Les principaux responsables des gardes rouges sont sanctionnés, et nombre de
leurs victimes réhabilitées. Bien que les relations complexes entre le président Hua Kuo-jeng et M. Teng Hsiao-ping expriment en
fait un vieux conflit de tendances, les grandes orientations de la politique chinoise s'en trouvent clarifiées.
À la fois sur le plan intérieur et sur le plan international. C'est, bien entendu, dans l'ordre économique que les changements
apparaissent le plus nettement : pour atteindre des objectifs très ambitieux, la Chine, sous l'impulsion de M. Teng Hsiao-ping,
bouleverse ses structures internes de production et, désormais, mise largement sur le commerce extérieur pour stimuler son essor.
Importations de technologie, développement des secteurs tournés vers l'exportation, recours au crédit international
Jean Daubier, Le monde diplomatique, Décembre 1978
25 Nationalisme : Au XIXe siècle en Europe et au XXe siècle dans les territoires colonisés, le nationalisme est un sentiment partagé par des
hommes qui prennent conscience de former une communauté unie par l’histoire et veulent se doter d’un État souverain.
26 Panafricanisme : mouvement visant à la réhabilitation des Noirs par l'égalité des droits avec les Blancs, et l'indépendance économique et
politique. Née en 1885 en Jamaïque avec Marcus Garvey, l'idée panafricaine se concrétisa lors du Ier Congrès panafricain (Paris, 1919) avec la
revendication du droit des Noirs à disposer d'eux-mêmes, énoncée par le Noir américain William Du Bois. À l'approche des indépendances
africaines, le panafricanisme prit une forme politique plus militante avec une revendication à l'unité des futurs États, marquée par l'indépendance
du Ghana (1957) et la fondation de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Addis-Abeba (1963).
27 Conférence de Bandoeng : Du 18 au 24 avril 1955 a lieu à Bandung, sur l'île de Java, la première conférence afro-asiatique, qui réunit vingt-
neuf pays dont la plupart sont décolonisés depuis peu et appartiennent au Tiers-monde. L'initiative de ce sommet revient notamment au Premier
ministre indien Nehru, soucieux de créer sur la scène internationale un ensemble de puissances qui échapperait aux deux Grands et à la logique
de guerre froide.
- Les États-Unis, exception faite de la parenthèse des Philippines (1898-1946), ne possèdent pas de
colonies. Ils furent d’anciennes colonies de la Grande Bretagne. C’est à la suite d’une guerre d’indépendance
longue (1775-1783) et meurtrière qu’ils ont accédé à la souveraineté internationale. Le Président Roosevelt
aimait insister sur le fait que les États-Unis n’avaient pas consenti des sacrifices importants pendant la
seconde guerre mondiale pour qu’à la fin de celle-ci les européens puissent conserver leurs colonies. Leur
attitude favorable à la décolonisation n’est pas dénudée de préoccupations économiques car, par le libre-
échange, ils souhaitent prendre de la place dans les échanges avec les colonies dont ils sont exclus par le
pacte colonial28. Ils tiennent cependant compte des intérêts de leurs alliés occidentaux pour éviter le
basculement des nationalismes dans le camp socialiste, ce qui fait que leurs positions sont souvent
ambiguës.
28Pacte colonial : circuit économique fermé, formé entre une métropole et ses colonies. Celles- ci lui fournissent des matières premières qui
approvisionnent son industrie dont les colonies constituent le débouché. Les autres sont exclus du circuit.
Parmi les pays ayant connu une décolonisation violente on peut citer l’Indochine, l’Algérie et les colonies
portugaises d’Afrique. Dans d’autres, la décolonisation revêtira un caractère mixte puisque les phases
pacifiques ont été précédées par des épisodes de violence. Les indépendances de l’Indonésie, du Kenya, de la
Malaisie et de l’Inde, entre autres, se rangent dans cette catégorie.
29Commonwealth : c’est en 1931 que naît le British Commonwealth of nations. Il réunit les anciens dominions britanniques devenus
indépendants et qui acceptent librement l’allégeance à la couronne britannique. En 1949 naît le Commonwealth moderne ou Commonwealth of
nations à la suite de l’indépendance de l’Inde qui, bien qu’étant une République, demeure au sein du Commonwealth. Ainsi le souverain
britannique n’est plus forcément le chef de chaque État membre comme ce fut le cas auparavant. Il demeure cependant le chef du Commonwealth.
I/ LA DÉCOLONISATION EN INDE
1°) Le développement du nationalisme
L’Inde constitue un vaste territoire aux ressources naturelles immenses. C’est pourquoi elle est considérée
comme la « perle de l’empire colonial britannique ». L’existence d’une élite instruite justifie la précocité du
nationalisme dont le Parti du congrès (Indian national congress) fondé en 1885 est le vecteur. Ce dernier
s’inscrit dans l’histoire comme le premier mouvement anticolonialiste moderne.
En 1906, fut créée la Ligue musulmane qui se propose de défendre les intérêts de la minorité musulmane.
Plus tard la Ligue musulmane développera la « théorie des deux nations » selon laquelle Musulmans et
Hindous forment deux nations différentes auxquelles il faut deux territoires séparés.
À partir de 1915-1916, le Parti du congrès trouve un leader et une conscience nationale en la personne d’un
avocat Mohandas Karamchand surnommé Gandhi (la grande âme) qui est revenu d’Afrique du Sud où il a
vécu vingt ans. En 1920, il réorganise le parti et le lance à l’assaut de la présence britannique. Il fonde son
action sur la lutte contre les injustices sociales et utilise comme arme la résistance non violente basée sur la
non-coopération avec l’administration, la désobéissance civile et le boycott des produits britanniques.
30 Résolution de Lahore : déclaration politique formelle adopté par la Ligue musulmane à l'occasion d'une session générale de trois jours à
Lahore (ville du Pakistan située sur la rivière Ravi) du 22 au 24 mars 1940. Elle appelle à la création d'un État indépendant pour les musulmans de
l’Inde britannique.
C/ L’enlisement de la France
La première phase de la guerre débute avec le bombardement du port de Haïphong par les Français
(environ 6000 morts). Le Vietminh réplique par une attaque contre les quartiers européens d’Hanoï et le
massacre de leur population.
La deuxième phase du conflit va de 1947 à 1950 et voit celui-ci s’internationaliser. La France, rompant avec
le Vietnam, réinstalle Bao Daï et par les accords de la baie d’Along (5 juin 1948) lui accorde ce qu’elle a
refusé au Vietminh : la reconnaissance de l’indépendance du Vietnam unifié (les trois Ky) au sein de l’Union
française. Le Vietnam devient un enjeu de la guerre froide. En janvier 1950, la Chine et l’URSS
reconnaissent la République démocratique du Vietnam tandis qu’en février la Grande Bretagne et les États-
Unis reconnaissent le Vietnam de Bao Daï.
Dans la troisième phase du conflit (1951-1954), le CEFEO français est réduit à la défensive par l’armée de
libération du Vietnam. Le général Navarre qui dirige les opérations à partir de 1952 voit ses troupes
encerclées du 13 mars au 7 mai 1954 dans la cuvette de Diên Biên Phû par l’armée du Général Vô Nguyên
Giàp. Ce désastre qui coûte à la France 5 000 tués et 10 000 prisonniers et à l’Armée populaire de libération
25 000 morts met un terme à la guerre. S’ouvre alors la conférence de Genève (20-21 juillet 1954) dont les
accords divisent le pays en deux autour du 17e parallèle.
Le coût de la guerre est estimé à 2 200 milliards de francs (valeur 1953). Il a fait 40 000 morts et 75 000
blessés du côté français. Quant au Vietnam qui retourne trente ans en arrière, il perd 500 000 hommes. La
guerre provoque la rupture entre l’armée française et les politiciens, et stimule dans les colonies les
partisans de la lutte armée.
31Offensive du Têt : action militaire lancée par les troupes nord-vietnamiennes et Vietcong en janvier-février 1968 dans plusieurs grandes villes
du Sud, dont l'importance a démontré aux Américains la nécessité de trouver une solution négociée à la guerre du Vietnam.
32 Sionisme : Projet politique inventé par Théodore Herzl (1860- 1904). Il est fondé sur la vision selon laquelle les juifs qui sont dispersés depuis
des siècles, minoritaires partout et victimes de persécution antisémites, forment un peuple dont on doit corriger la situation anormale et injuste par
la création d’u État internationalement reconnu où ils pourraient se rassembler.
Sion est une colline qui surplombe Jérusalem et Sionisme signifie retour à Sion.
33 Contenu de la déclaration de Balfour adressé à Lord Rotschild du congrès sioniste : « Le gouvernement de sa Majesté envisage
favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et implora tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet
objectif, étant entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine [...] ».
34Yom Kippour : fête juive dite du Grand Pardon, en hébreu, Yom hakippurim. Cette fête est célébrée le dixième jour de tishri, le septième mois
du calendrier hébraïque et premier jour de l'année civile juive qui a lieu en septembre ou la première quinzaine d'octobre.
Toutefois, en 1978, le Président américain Jimmy Carter parvient à la signature des accords du Camp David
par le Président Anouar al-Sadate et le Premier Ministre israélien Menahem Begin. Alors, l'Égypte fume le
calumet de la paix avec Israël qui, en contrepartie, se retire du Sinaï et instaure un régime d'autonomie en
Cisjordanie et à Gaza.
Doc 7 : « Intifada »
En arabe, le mot « intifada » signifie « soulèvement ». Dans le conflit israélo-palestinien,
l'intifada fait référence à deux révoltes des Palestiniens contre ce qu'ils considèrent comme une
occupation israélienne.
La première, appelée également « guerre des pierres » en référence aux pierres lancées par les
Palestiniens, débute en 1987. Soulèvement spontané, il est d'abord sous-estimé mais prend
rapidement de l'ampleur. L'intifada a brisé le statu quo qui avait régné dans les territoires
occupés pendant vingt ans, au prix toutefois de nombreuses victimes (plus de 1100 Palestiniens,
une trentaine de soldats israéliens et une quarantaine de colons tués de décembre 1987 à
septembre 1993) ». Il faudra attendre 1993 et la signature des accords d'Oslo pour que cette guerre des pierres s'achève.
La visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem le 28 septembre 2000 déclenche ensuite la seconde intifada,
appelée aussi « Intifada Al-Aqsa », du nom de la mosquée qui se trouve sur l'Esplanade. Une visite durant laquelle il a revendiqué la
souveraineté de ce lieu hautement symbolique et qui a été considéré comme une provocation par les Palestiniens, excédés par la
stagnation du processus de paix, ainsi que par la poursuite de l’occupation israélienne et de l’expansion des colonies.
huffingtonpost.fr
35 Septembre noir : un conflit qui débuta le 12 septembre 1970 lorsque le roi Hussein de Jordanie déclencha des opérations militaires contre
les fedayins de l'OLP dirigée par Yasser Arafat, pour restaurer l'autorité de la monarchie dans le pays à la suite de plusieurs tentatives palestiniennes
de renverser Hussein, avec l'aide dans une certaine mesure de l'armée syrienne. La violence des combats fit plusieurs milliers de morts de part et
d'autre, en majorité des civils palestiniens.
La prise d'otages des Jeux olympiques de Munich a eu lieu au cours des Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich en Allemagne de l'Ouest.
Le 5 septembre, des membres de l'équipe olympique d'Israël ont été pris en otage et assassinés par des membres de l'organisation
palestinienne Septembre noir.
Doc 2 : Manifeste du peuple algérien adressé aux français par Ferhat Abbas (10 février 1943)
Le problème algérien est essentiellement racial et religieux, et l’exclusive qui frappe l’élément autochtone s’étend à toutes les classes
de la société. […] La colonie française n’admet l’égalité avec l’Algérie musulmane que sur un seul plan : les sacrifices sur les champs
de bataille. Et là encore faut-il que l’indigène se batte et meurt « à titre d’indigène », avec un solde et une pension de mercenaire,
même s’il est diplômé et spécialisé. […] Le monde civilisé assiste à ce spectacle anachronique : une colonisation s’exerçant sur une
race blanche au passé prestigieux, […] perfectible et ayant manifesté un sincère désir de progrès. […]
L’identification et la formation d’un seul peuple, « sous le même gouvernement paternel », a fait faillite. […] Le bloc européen et le
bloc musulman restent distincts, l’un de l’autre, sans âme commune. Le refus systématique ou déguisé de donner accès dans la cité
française aux algériens musulmans a découragé tous les artisans de la politique d’assimilation. Cette politique apparaît aujourd’hui
aux yeux de tous comme une chimère inaccessible, une machine dangereuse mise au service de la colonisation. […] Désormais, un
musulman algérien ne demandera pas autre chose que d’être un algérien musulman. […] La nationalité et la citoyenneté algérienne
[…] apportent une plus claire et plus logique solution au problème de son émancipation et de son évolution. […]
Fort de cette déclaration, le peuple algérien demande dès aujourd’hui, pour éviter tout malentendu de barrer la route aux visées et
aux convoitises :
a- la condamnation et l’abolition de la colonisation […] ;
b- l’application par tous les pays, petits et grands, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
c- la dotation de l’Algérie d’une Constitution propre, garantissant :
1- la liberté et l’égalité absolue de tous ses habitants sans distinction de race, ni de religion ;
2- la suppression de la propriété féodale par une réforme agraire […] ;
3- la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle au même titre que la langue française ;
4- la liberté de la presse et d’association ;
5- l’instruction gratuite et obligatoire pour tous les enfants des deux sexes ;
6- la liberté du culte pour tous les habitants et l’application à toutes les religions du principe de la séparation de l’Église
et de l’État.
d- la participation immédiate et effective des musulmans algériens au gouvernement de leur pays […] ;
e- la libération de tous les condamnés et internés politiques […].
Jean Lacouture, « Cinq hommes et la France », édition Seuil, 1961
La guerre débute par des attentats simultanés dans l’Aurès. C’est au Front de libération national (FLN)
fondé en 1954 au Caire qui regroupe les forces politiques et sociales d’exposer les objectifs du soulèvement :
« la restauration d’un État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes
islamiques ».
L’armée française fraîchement battue en Indochine s’engage à fond dans une guerre. Les autorités
françaises, soutenues par les Pieds-noirs et une partie de l’opinion métropolitaine, considèrent que l’Algérie
est une partie de la République française qui est une et indivisible.
Les gouvernements français qui apprécient mal la situation pensent jusque-là avoir affaire à des bandits et
considèrent que l’essentiel de la population était favorable à la France. De cette erreur d’appréciation,
découle la confiance en la victoire, le renforcement des effectifs de l’armée qui passent de 50 000 à 400 000
entre 1954 et 1956, et les nominations par Pierre Mendès France de Jacques Soustelle comme Gouverneur
général chargé de réformer le pays et de Robert Lacoste doté de pouvoir dictatoriaux par Guy Mollet pour
mener la politique de l’intégration qui doit accompagner la répression des rebelles.
Le FLN de son côté se renforce. Il bénéficie du soutien des pays arabes et particulièrement du Maroc et de la
Tunisie indépendants depuis 1956, mais surtout de l’Égypte nassérienne. En 1956, Belkâcem Krim prend le
commandement de l’ALN.
L’échec des pourparlers de 1956, le détournement d’un avion marocain transportant des chefs du FLN,
l’intervention de la France dans la crise de Suez, le terrorisme urbain du FLN à Alger et sa répression
impitoyable par les parachutistes du Général Massu constituent autant de tournants pour le conflit.
La situation s’aggrave en 1958 lorsque le commandement militaire d’Algérie prend sur elle l’initiative de
bombarder le village tunisien Sakiet Sidi-Youssef pour obliger la Tunisie à cesser son aide à l’ALN. La
réprobation est alors générale et l’affaire atterrit à l’ONU suite à une plainte de la Tunisie.
Au FLN, devenu depuis septembre 1958 le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA)
installé à Tunis et présidé par Fehrat Abbas, il propose la « paix des braves 37» en octobre 1958.
Le GPRA s’est renforcé grâce à l’appui de la Chine et bénéficie du soutien de l’opinion, aussi bien à l’ONU
qu’à Bandoeng où la France a été condamnée. L’image de l’armée est ternie par la pratique de la torture
tandis que le gouvernement se heurte de plus en plus aux Français d’Algérie.
En septembre 1959, De Gaulle prend l’initiative de proposer une solution fondée sur le « libre choix que les
Algériens eux-mêmes voudront faire de leur avenir ». Ce discours provoque l’ire des Français d’Algérie et de
l’armée qui crient à l’abandon. En janvier 1960, ils organisent une journée des barricades38.
Un référendum sur la politique algérienne avait permis en janvier à De Gaulle d’avoir le soutien de la
nation. Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, les généraux Challe, Zeller, Jouhaux et Salan tentent un coup
d’État (putsch des Généraux) que De Gaulle, soutenu par l’armée de la France métropolitaine, fait échouer.
Entre temps, l’Organisation armée secrète (OAS), organe de résistance des extrémistes d’Algérie, s’était
lancée dans le terrorisme, à la fois en métropole et en Algérie contre les musulmans et les gaullistes. À son
terrorisme, répond celui de l’ALN, ce qui attise la tension.
36 IVe République : régime politique de la France du 3 juin 1944 au 4 octobre 1958. Chaque République correspond à une constitution et à une
architecture institutionnelle : la Ière république (1792-1804), IIe République (1848-1852), IIIe République (1870-1940), Ve République (depuis 1958).
37 Paix des braves : proposée au FLN par le Général De Gaulle le 23 octobre 1958, elle vise à accorder un statut d’autonomie limitée à l’Algérie.
38 La semaine des barricades : journées insurrectionnelles qui se sont déroulées du 24 janvier au 1er février 1960 à Alger durant la guerre
d'Algérie (1954-1962). Contre la mutation en métropole du Général Massu le 19 janvier 1960, une partie des Français d'Algérie manifeste son
mécontentement. Des barricades sont dressées rue Michelet et rue Charles Péguy. Cette semaine qui marque une escalade des partisans de l'Algérie
française fait plusieurs morts parmi la foule et les forces de police.
Devant cette flambée de violence, De Gaulle décide la reprise des négociations ouvertes à Évian le 18 mai
1961. Le 18 mars 1962, un cessez-le-feu et des accords connus sous le nom d’accords d’Évian sont signés. Ils
sont approuvés par référendum en avril 1962 par 99,7 % de voix en faveur de l’indépendance. Le 3 juillet
1962 l’Algérie devient indépendante avec Ahmed Ben Bella comme Président.
C'est alors la fin d'un conflit au bilan très lourd : 200 000 à 500 000 morts du côté algérien et près de
25 000 tués du côté français, retour dramatique de près d'un million de « Pieds-noirs » en France et
représailles du FLN contre les Harkis (Algériens qui luttaient aux côtés des Français).
39On désigne ici les personnes qui disposent dans leur entièreté des droits des français de métropole et qui sont soumises aux juridictions qui
appliquent le code civil français.
40 Mouvement de résistance Ashanti : peuple de la région centrale de la Gold Coast, les Ashanti constituent une menace pour les forts
britanniques. Durant tout le XIXe siècle, ils opposent une résistance farouche à la colonisation britannique. Il faut quatre expéditions de 1874 à 1900
pour que la domination européenne soit assurée.
Mais, ce leader panafricaniste pense que l'indépendance de son pays n'est qu'un jalon vers l'indépendance
totale du continent qui ne sera parachevée qu'avec l'avènement des États-Unis d'Afrique.
En substance, la conférence écarta toute idée d'autonomie mais préconisa des réformes économiques,
sociales et politiques susceptibles d'améliorer les conditions de vie des colonisés. En dépit de ces
engagements, on assiste le 1er décembre 1944 au massacre des tirailleurs sénégalais du camp de Thiaroye
pour avoir revendiqué leurs primes de guerre. Ce drame enregistre un bilan officiel très contesté de 24
morts, 11 blessés, 45 arrestations et 34 condamnés.
41 Un territoire d'outre-mer (TOM) est un type de collectivité française d'outre-mer créé en 1946 en remplacement du statut de colonie. En
1958, la plupart des territoires d'outre-mer deviennent des États membres de la Communauté française avant de devenir indépendants.
42 Loi-cadre : loi qui permet la création d’Assemblées locales (dans chaque territoire) élues au suffrage universel et disposant d’assez larges
pouvoirs en matière locale. Le Conseil de gouvernement, élu par l’assemblée est présidé par le gouverneur qui représente la France.
L’objectif de sa campagne est de convaincre les Africains à voter « Oui ». Les principes qui régiront
désormais les rapports entre la France et ses colonies seront fondés sur « l’autonomie interne de chaque
territoire, la libre détermination des territoires et la création d’un vaste ensemble politique, économique et
de défense appelé Communauté ».
Ce projet entraine la scission de l’UPS. Le Parti du rassemblement africain (PRA-Sénégal) des Professeurs
Abdoulaye Ly, Assane Seck et Amadou Moctar Mbow, dissidents de l'UPS, et le PAI préconisent le vote du
« Non », alors que l'UPS propose le vote du « Oui ». Lors du référendum du 28 septembre 1958, le « Oui »
l'emporte largement au Sénégal avec 97,6 % des voix. Le 26 novembre 1958, le Sénégal devient un État de la
Communauté. Seule la Guinée de Sékou Touré avait voté contre le projet de De Gaulle. La nouvelle
Assemblée élue choisit Mamadou Dia au poste de Président du Conseil du gouvernement. Il est chargé de
nommer les ministres.
Toutefois, avec la volonté de Senghor et de Modibo Keita du Soudan d'acheminer leur territoire à
l'indépendance dans un cadre géographique plus viable, on assiste en 1959 à une étape décisive de la
marche du Sénégal vers l'indépendance.
De Gaulle finira par accorder l'indépendance au Mali qui avait émis ce vœu dès décembre 1959. Ainsi, le 4
avril 1960, les accords de transfert de pouvoir entre la France et le Mali sont signés, une nouvelle
constitution est proclamée en mai et le 20 juin l'indépendance du Mali est effective.
Cependant, la Fédération sera éphémère à cause des disparités géographiques, politiques et économiques
entre les États. Ces divergences aboutissent dans la nuit du 19 au 20 août 1960 à l’éclatement de la
Fédération. Le 20 août 1960, le gouvernement du Sénégal se retire unilatéralement de la Fédération et
renvoie les soudanais à Bamako dans un wagon blindé du Dakar-Niger. La République du Sénégal est
proclamée. Le 04 avril, date du transfert des compétences communautaires au Mali, est retenu comme jour
de l’indépendance. Le 5 septembre 1960, Senghor est élu président de la République du Sénégal.
I/ LA GUINÉE-BISSAU
La Guinée-Bissau fut la seule colonie portugaise de l’Afrique occidentale continentale. Son indépendance
acquise en 1974 a été le résultat d’une guerre de libération entamé en 1963 en réponse à l’immobilisme
colonial du Portugal. Cette guerre longue et meurtrière a été le fait du PAIGC (Parti africain pour
l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert) et de son leader Amilcar Cabral.
1Assimilés : Le statut d’assimilé dans le système colonial portugais permet d’accéder à tous les droits attachés à la citoyenneté portugaise. Pour être
assimilé, « il fallait ou bien être métis, né d’une union légitime ou bien savoir lire et écrire le portugais, exercer une profession convenable, renoncer
à la vie tribale et, en particulier à parler sa langue et à cohabiter avec ses parents ». Élikia Mbokolo, L’Afrique au XXe siècle, Seuil, 1985, p.193.
43 PIDE : la Policia Internacionale de Defesa do Estado (Police Internationale et de Défense de l’État).
enfin instauration d’un régime fondé sur le socialisme démocratique. En 1963, le PAIGC entame la lutte de
libération par une guérilla dans le Sud du pays. Il est abrité par la Guinée Conakry et le Sénégal. En 1968, il
contrôle les ¾ du pays.
Le Portugal envoie sur place le Général Antonio Spinola pour réorganiser la province. En 1969, il déploie
200 000 soldats métropolitains. Sur place, Spinola échoue dans ses tentatives de circonscrire l’avancée du
PAIGC. Le recours à l’aviation, l’africanisation des troupes, le renforcement du pouvoir des chefs
traditionnels favorables au Portugal et le montage des musulmans contre les animistes se révèlent tous
inefficaces face à la représentativité du PAIGC. Le Portugal, espérant diviser le mouvement, fit assassiner
Amilcar Cabral à Conakry le 20 janvier 1973. Le 24 septembre 1973, le PAIGC proclame l’indépendance
reconnue par l’ONU.
Le Portugal, isolé diplomatiquement sur la scène internationale, supporte de plus en plus difficilement le
poids de la mobilisation de ses troupes en Afrique. L’armée, censée maintenir les colonies dans le giron de la
métropole, ne parvient à contenir les assauts de la guérilla. Ce malaise de l’armée engagée en Afrique est à
l’origine de la Révolution des Œillets44, coup d’État militaire qui renverse le 25 avril 1974 le dictateur
Marcelo Caetano. À la tête de la junte militaire, on retrouve Spinola qui dirigea les opérations en Guinée
Bissau. Une des premières décisions du nouveau régime fut de délester le Portugal de son fardeau colonial.
Le 10 septembre 1974, il accorde l’indépendance à la Guinée-Bissau. Celle du Cap-Vert où la lutte de
libération fut moins étendue interviendra le 5 juillet 1975.
II/ L’ANGOLA
La décolonisation de l’Angola a été aussi le résultat d’une guerre de libération nationale. Elle débute en 1961
et s’achève en 1975. Contrairement à la Guinée-Bissau, l’aboutissement à l’indépendance est moins le
résultat de l’efficacité des différents mouvements de libération en opposition que des contradictions
internes du Portugal.
44 Révolution des Œillets : les conflits coloniaux en Afrique et une volonté de démocratisation du régime sont au cœur de la contestation qui
secoue le Portugal au cours des années 70. Le 25 avril 1974, des militaires réformistes, le Mouvement des forces armées (MFA), élaborent un coup
d'État qui entraîne le renversement du gouvernement dirigé par le premier ministre Marcello Caetano. Cette Révolution des œillets, qui se fait sans
effusion de sang, permet à Antonio de Spinola, un général limogé quelques mois auparavant, de prendre le pouvoir. Le général Costa Gomes lui
succédera quelques mois plus tard et un Conseil de la révolution sera formé. Au cours de ces années, le Portugal est témoin de plusieurs réformes
dont la tenue d'élections, les premières depuis un demi-siècle, qui ont lieu le 25 avril 1975.
Une vendeuse de fleurs du Rossio, la grande avenue de Lisbonne, offre aux soldats les fleurs de saison qu'elle a à vendre : des œillets rouges ! Le
lendemain, le journal parisien Le Monde sort en première page : « La Révolution des Œillets triomphe au Portugal ! »
C’est sur les exactions de la colonisation portugaise que s’érige le mouvement nationaliste qui est cependant
miné par la division.
- En 1956, est fondé le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA). D’orientation marxiste,
il recrute en ville au sein des métis et assimilés. Il est présidé à partir de 1962 par Agostinho Neto (1922-
1979), médecin de formation.
Les rivaux du MPLA sont, à son opposé, ethno-nationalistes. Ils sont plutôt implantés dans les milieux
ruraux. Il s’agit de :
- L’Union des populations de l’Angola (UPA) créé en 1957 par Roberto Holden alors en exil au Congo Belge.
Parti de l’ethnie Bakongo, il devient Front de libération nationale de l’Angola (FLNA) en 1962.
- L’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) est née d’une scission du FLNA en
1966. Son animateur est Jonas Savimbi (1934-2002). Ce mouvement s’appuie sur les ethnies Ovoumbundu,
Quioco et Ganguéla.
La guérilla nationaliste divisée ne parvient pas à trouver un point d’entente malgré la médiation de Kwame
Nkrumah et de l’OUA (Organisation de l’unité africaine). Chaque mouvement contrôle une petite partie du
pays et cherche un soutien extérieur.
En avril 1974, de jeunes officiers décident de mettre un terme au régime dictatorial de Caetano. Le pays est
fortement affecté par le poids des guerres coloniales que l’armée est la première à ressentir. C’est pourquoi
le mot d’ordre du nouveau régime sera « démocratie chez nous, décolonisation en Afrique ».
Les accords d’Alvor du 15 janvier 1975 signés entre le Portugal et les trois mouvements établissent la mise
en place d’un gouvernement de transition provisoire quadripartite reposant sur la règle de consensus dans
les décisions de l’État et de la base d’une répartition équitable des postes ministériels. En outre les accords
fixaient la date de l’indépendance dans un cadre « unique et indivisible ».
Ce fut après la signature de ces accords le règne de la confusion. 35 000 colons portugais, apeurés par la
situation d’insécurité due au refus de l’armée de combattre, fuient l’Angola. De leur coté, les mouvements de
libération s’armèrent et recherchèrent des alliés.
- Le MPLA soutenu par l’URSS contrôle le Centre-nord, le Sud et l’Est. Il fera appel à des soldats cubains
pour faire face au FLNA.
- Le FLNA appuyé par le Zaïre et armé par les occidentaux progressa du Nord vers Luanda.
- L’UNITA elle contrôle les champs de pétrole, les ports et les mines de diamants. Elle est soutenue par des
mercenaires sud-africains.
Devant cet imbroglio (confusion), le Portugal évacue ses ressortissants par un gigantesque pont aérien. Les
derniers quittent l’Angola le 10 novembre 1975. Le 11, lorsqu’Agostinho Neto proclame la République à
Luanda, Savimbi en fait de même à Huambo et Roberto Holden aussi à Humbriz. L’Angolais venait de
passer d’une guerre de libération à une guerre civile.
INTRODUCTION
I/ QU’EST-CE-QU’UNE CIVILISATION ?
Il y a eux trois acceptions du mot civilisation :
- Dans sa première acception qui du reste est la plus courante, le terme civilisation qualifie favorablement
des sociétés pour lesquelles il est employé. Il suppose l’existence de deux types de sociétés : des sociétés
civilisées et des sociétés non civilisées. Cette utilisation du mot survient dans un contexte colonialiste et
désigne la culture de l’Europe dont elle cherche à légitimer la domination sur le monde, notamment
l’Afrique et l’Asie aux cultures considérées comme inférieures.
- La deuxième acception du mot se réfère à un certain aspect de la vie sociale, c'est-à-dire des manifestations
de l’existence collective qui se concrétisent dans des institutions et des productions qu’on peut désigner
comme des « œuvres de civilisation ».
- La troisième acception s’applique à un ensemble de peuples et de société. Dans ce cas précis, ces peuples
ou ces sociétés ont acquis des caractères qui leurs confèrent une personnalité propre et qui leur assignent
une place déterminante dans l’histoire.
La première signification comporte un jugement de valeur, les deux autres sont plus conformes à la
conception que l’anthropologie donne à la civilisation. Elles permettent aujourd’hui de parler d’une pluralité
de civilisations et s’étendent sur des aires spatio-temporelles précises. C’est ainsi qu’on parle de civilisation
musulmane, de civilisations négro-africaines, de civilisations du néolithique …, pour montrer que non
seulement les civilisations s’influencent mutuellement mais qu’elles sont, comme le disait Paul
Valéry, « mortelles ».
Doc 1 : Échanges du débat qui opposa en 1885 Jules Ferry à Georges Clemenceau
Extraits :
- Ferry : « Il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des
races inférieures […]. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de
civiliser les races inférieures […] ».
- Clemenceau : « Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. […] N’essayons pas de
revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus
pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le
torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à
ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie. »
- l’organisation politique : les organisations politiques sont différentes d’une civilisation à une autre.
Elles aident à mieux définir la notion de civilisation (de la tribu à l’État) ;
- la religion : la religion n’est pas la civilisation, mais elle aide à expliquer certains de ses aspects. Chez les
primitifs tout est sacré, on parle même de la tyrannie du sacré alors que dans les sociétés plus évoluées on
assiste à une sorte de laïcisation. Mais l’empreinte de la religion transparaît même dans les sociétés athées ;
- la vie intellectuelle et artistique : elle a toujours été considérée comme l’expression la plus
significative d’une civilisation. Ici il s’agit des éléments culturels qui se sont succédés, très souvent les plus
voyants, les plus vulgarisés (littérature, art, ...).
Ce sont tous ces éléments qui déterminent une civilisation.
I/ LE MILIEU NATUREL
Doc 1 : Le relief de l’Afrique
À l’exception du Nord et de l’Est, le relief de l’Afrique est constitué
essentiellement de plateaux taillés dans un socle cristallin ou
métamorphique. Certaines parties sont constituées de roches
sédimentaires. À l’Est, la cassure du socle a laissé émerger des
volcans et des plateaux de lave entre lesquelles se sont installés des
lacs d’une profondeur variable. Dans cette partie orientale, se
rencontrent les sommets de l’Afrique : Kilimandjaro (5900 m) et
mont Kenya (5200 m). Quelques massifs de moindre importance
existent au Sud-est et à l’Ouest (Drakensberg, Fouta Djallon, mont
Cameroun). Le reste est constitué de cuvettes, de plaines et de bas
plateaux.
Les zones climatiques s’étalent en bandes plus ou moins parallèles à
l’Équateur. Du Nord à l’Équateur et du Sud à l’Équateur, on
rencontre le climat désertique, le climat tropical et le climat
équatorial. La végétation suit le même agencement que le climat.
Quant au réseau hydrographique, il est dominé par six fleuves
principaux et un réseau de lacs localisé à l’Est.
Doc 2 : L’africanité
Ceux qui connaissent superficiellement l’Afrique noire la voient comme un monolithe culturel où tous vivent, sentent ou pensent
pareillement, ceux qui la connaissent mieux insistent sur la variété des langues, des coutumes, des héritages sociaux, ceux qui la
connaissent très bien perçoivent sous cette diversité une vaste unité culturelle de même ampleur et de même type que ce que l’on
appelle l’Occident européen, la civilisation islamique ou le monde indien.
Cette unité, faite de l’ensemble des éléments dessinant une configuration commune et propre aux différentes sociétés de l’Afrique
traditionnelle est l’africanité. Un inventaire de ces éléments communs conduit à travers tous les domaines culturels : techniques de
production (ex : cultiver sur brûlis), économie (ex : travailler en équipe sur des champs collectifs), politique (ex : prendre les
décisions à l’unanimité et non à la majorité), parenté (ex : vivre dans la solidarité du lignage), famille (ex : épouser plusieurs
femmes), religion (ex : honorer les ancêtres), philosophie (ex : concevoir sous la multiplicité des existants l’unité de la force vitale),
art (ex : représenter de façon expressionniste une image mentale de l’homme). […]
Dictionnaire des Civilisations africaines, éd. Fernand Hazan, 1968, p. 10
47 Usufruitier : personne qui a un bien en usufruit (jouissance des revenus d’un bien dont la nue-propriété appartient à un autre).
Doc 1 : L’Animisme
Malgré l’absence d’une religion révélée, les hommes de l’Afrique de l’Ouest croyaient en l’existence d’un dieu suprême, source de la
création du mode visible et invisible. Les Yorubas lui donnaient le titre de maître des Cieux. Ailleurs, il était appelé Juge suprême,
maître de la Pluie. Toutefois, ce dieu était considéré comme si éloigné qu’il était difficilement accessible, même par des prières.
Dans leurs actes quotidiens, les hommes avaient recours à des sortes de dieux secondaires. En outre, le culte des ancêtres découle
d’une croyance de toutes les religions en la nature double de l’homme. À la mort, l’âme va prendre place dans la famille désincarnée
des mânes, et, de là, s’intéresse aux affaires de ses parents encore dans la vie terrestre. […]
Bathily Abdoulaye, « Afrique de l’Ouest non islamisée », In Encyclopédie Universalis, Supplément, 1980
I/ L’IMPACT DE L’ISLAM
Par les routes commerciales (commerce transsaharien, routes maritimes de l’Est) ou par les folles
chevauchées des guerriers conquérants (mouvement Almoravide, actions de Ousmane Dan Fodio, d’El Hadj
Oumar, …), l’Islam s’est imposé en Afrique au Sud du Sahara entre le X e et le XIXe siècle. Aujourd’hui, pas
moins de 400 millions d’africains s’en réclament. Divisé en confréries, l’Islam africain a un caractère
syncrétique qui a poussé certains à le qualifier d’« Islam noir ».
II/ MOHAMED
Le prophète Mohamed nous est connu du Coran et des Hadiths qui sont une compilation de ses actes et
paroles rapportés par ses contemporains. Il est né à la Mecque vers 570 : « année de l’éléphant »49. Il
appartient à un clan de la tribu des Kurayshites. Ayant perdu ses parents très tôt, il est élevé par son oncle.
Devenu caravanier, il voyage sur les pistes de Syrie auprès d’une riche veuve Khadîdja qu’il finit par
épouser. De cette union, naîtront sept enfants dont une seule fille survivra : Fatima.
En contact avec des chrétiens et des juifs lors de ses voyages, Mohamed a une inspiration vers une pureté
religieuse et une unicité de Dieu que ne peut satisfaire le polythéisme des arabes. Ainsi se retire t-il de
temps en temps dans une grotte de la colline Hira pour méditer. C’est là que, le 26e ou le 27e jour du
Ramadan de l’an 610, l’ange Gabriel lui apparut pour lui annoncer sa mission prophétique à l’âge de 40 ans.
Il effectue des voyages nocturnes (Kaaba-Jérusalem) et une ascension mystique aux cieux.
Ainsi commença t-il à prêcher à la Mecque sans que les Mecquois ne lui accordent du crédit à l’exception de
sa femme, d’une partie de sa famille et de quelques pauvres gens. Devant une hostilité croissante des
Mecquois, le prophète décide en 622 de quitter la ville pour s’installer à Yathrib (Médine) : c’est l’hégire qui
sonne le début de l’ère musulmane. Suivi alors de ses fidèles, il s’installe à Médine où devenu chef de la cité,
il révèle ses talents d’homme d’État, de diplomate et de guerrier. Il unifie à partir de 624 les croyants qui
constituent désormais une Umma ou Communauté. En effet, au 17e jour du mois de Ramadan de cette
année, les musulmans remportent à Badr une bataille décisive sur leurs ennemis. En même temps, la
direction de la prière est transférée de Jérusalem à la Kaaba (Mecque).
C’est l’amorce du djihad ou guerre sainte contre les infidèles, particulièrement les Mecquois auxquels il
s’oppose en 625, 627 et 630. Préférant la trêve à la ruine de leur commerce, les Mecquois se soumettent à
Mohamed. La ville devient le sanctuaire du monothéisme. En 632, le prophète meurt laissant derrière lui
des problèmes dont celui de la dévolution du Califat, chef de la Communauté, qui ne tarda pas à surgir. Il
avait cependant réussi à étendre l’Islam à une bonne partie de la péninsule arabique.
49« Année de l’éléphant » : année de l’expédition manquée contre la Kaaba, le temple de La Mecque, conduite par Abraha, le prince éthiopien du
Yémen, monté sur un éléphant blanc.
I/ LE CORAN
Le prophète Mohamed ne prétendit pas fonder une nouvelle religion, mais conduire les hommes vers Dieu
en revenant à la foi originelle et primordiale, celle d’Abraham. « Nous suivons la religion d’Abraham, le
modèle même de la droiture et qui ne fut point parmi les associateurs » : Coran, sourate 2, verset 135. En
tant que continuateur de cette œuvre, l’Islam reconnaît le Judaïsme et le Christianisme : « Nous croyons en
Allah et en ce qu’on a fait descendre vers Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les tribus ; et en ce qui a été
donné à Moïse et à Jésus ; et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur : nous ne
faisons aucune distinction entre eux. Et à lui nous sommes soumis » : Coran, sourate 2, verset 135.
La rédaction du Coran est postérieure à Mohamed, mais les révélations ont été faites de son vivant. En 650,
le Calife Uthman (Ousman) fit faire une compilation officielle. Il compte 114 sourates (chapitres) et 6 666
versets. C’est un code juridique exprimant les règles du droit civil (mariage, succession, droit pénal, vol,
homicide, …) et du droit public (le pouvoir n’appartient qu’à Dieu). Le Coran est également une chronique
historique retraçant le passé des peuples sémitiques, leur attitude envers les prophètes qui ont précédé
Mohamed.
Selon Garaudy, le Coran « c’est Dieu se communiquant aux hommes, allant vers eux par la parole qu’Il dicte
au prophète pour les rattacher à leur principe ».
Malgré sa clarté, l’exégèse du Coran fait naître plusieurs contradictions et des querelles d’écoles. Il existe
quatre écoles d’interprétation du Coran : les hanafites (Abū Hanifa), les malikites (Malik Ibn Abbas), les
hanbalites (Ibn Hanbal) et les chāféites (Chāfi).
50Roger Garaudy : homme politique, philosophe et écrivain français né le 17 juillet 1913 et mort le 13 juin 2012. Jusqu'en 1970, il fut une figure
importante du Parti communiste français dont il est alors exclu. Il se convertit par la suite au catholicisme puis à l'islam.
I/ L’EXPANSION DE L’ISLAM
1°) La conquête musulmane et ses limites
Doc 1 : Les conquêtes musulmanes
Pour la première fois de leur histoire,
les arabes unifiés se lancent à la
conquête de ceux qui ne partagent pas
la même foi qu’eux au cri d’Allahou
Akbar. La guerre sainte a commencé
l’année de la mort du Prophète (632).
Son beau frère Abû Bakr devient
Calife de 632 à 634. Les successeurs
de ce dernier sont Omar (634-644),
Uthman (644-656) et Ali (656-661). À
la mort de Ali, le gouverneur de Syrie
Maowiyya devient Calife et fonde la
dynastie des Omeyyades qui règne
jusqu’en 750. Rapidement, les Arabes
triomphent des Byzantins et des
Perses. Dès 641, l’empire perse s’est
écroulé et l’empire Byzantin perd ses
provinces d’Afrique et d’Asie
(Palestine, Syrie, Égypte).
En dehors de l’affaiblissement de leurs adversaires, les Musulmans bénéficient de l’acceptation par les
populations de la domination arabe dont les conditions sont assez légères. Mais surtout les Musulmans ont
des armées mieux structurées et mieux motivées. En dehors de l’appât du butin, les soldats vont au combat
sans craindre la mort car le djihad est une prescription coranique : « quiconque y meurt va au paradis ».
Dans leur expansion, les Musulmans envahissent le Sud de la France via l’Espagne. Ils sont arrêtés en 732 à
Poitiers par Charles Martel, Commandant des troupes franques. Les troupes musulmanes échouent
également devant Constantinople (en Turquie) à deux reprises (678 et 718) et à Talas où elles sont stoppées
par les Chinois en 751.
C’est grâce au commerce qu’ont été réalisée l’unification linguistique quasi-totale et la réunification des
territoires autrefois partagés entre Byzantins et Perses. Le commerce a permis d’entretenir les voies de
communication et les caravansérails. En même temps, les Califes dont la plupart vivent dans le luxe
stimulent le commerce de longue distance par le caractère précieux de leurs besoins (pierres précieuses,
ivoire, ébène). La faiblesse en hommes par rapport aux besoins a fait du monde musulman un grand
consommateur d’esclaves d’Afrique noire, d’Asie et d’Europe.
La caravane et le navire ont joué un rôle capital de sorte que l’espace commercial va au-delà des limites de la
domination politique. En effet, les marchands arabes ont atteint dès le IX e siècle Canton (Chine) et se sont
installés dans les îles de la Sonde (Indonésie). L’Afrique Orientale, la mer d’Aral (Kazakhstan) et la mer
Caspienne sont continuellement visitées par les commerçants arabes dont les monnaies ont été retrouvées
sur les côtes de la Baltique. Le centre de ce commerce est Bagdad avec le fleuve Euphrate qui débouche dans
le golfe persique. Au XIIe siècle, Bagdad est supplantée par le Caire.
Le chiisme : Le sens commun désigne par Chiite les partisans de Ali, le quatrième Calife de l’Islam
mort en 666. Cependant, le chiisme va au-delà de cette définition triviale car il représente « une certaine
manière de comprendre et de vivre l’Islam ». L’essence du chiisme part de la profession de foi selon laquelle
toute apparence littérale, extérieure, exotérique (Zahir) comporte un sens caché intérieur, ésotérique
(Bâtin). Ceci est valable pour le Coran dont un Hadith dit « qu’il a un exotérique et un ésotérique, celui-ci a
à son tour un ésotérique, ainsi de suite jusqu’à sept profondeurs ésotériques ». Partant de cela, les Chiites
considèrent que la mission de révéler l’exotérique et l’ésotérique ne peut être confiée à la même personne. Si
la première revient au Prophète, la seconde incombe à l’Imâm.
Par conséquent, la prophétologie est doublée d’une imâmologie et la figure du Prophète et de l’Imam sont
inséparables à l’image du Zahir (extérieure) et du Bâtin (intérieur). Les Chiites pensent que le vrai
musulman est celui dont la Shahada (profession de foi) comporte trois éléments : attestation de l’unité de
Dieu, attestation de la mission exotérique du Prophète et attestation de la mission ésotérique des Imâms.
Pour les Chiites, Imâm et Prophète forment une bi-unité indissociable et Ali, le premier Imâm est celui que
le prophète instruisait après chaque révélation de la forme authentique du texte et de tous ses sens cachés.
À la mort du Prophète, il était donc le seul détenteur du Coran intégral qui fut rejeté par les autres Califes.
Par conséquent, il est le seul successeur légitime de Mohamed. Les Chiites considèrent que le califat ou
l’imâmat revient de doit aux descendants directs du Prophète, à commencer par son gendre Ali.
À l’époque contemporaine, le chiisme a acquis une force réelle à partir de 1979 avec le triomphe de
Khomeyni en Iran. L’Irak est aussi un des grands pays Chiites.
Le Kharijisme : Le Kharijisme est lié aux conflits qui ont suivi la désignation des Califes. Le principe
retenu était l’élection d’un calife issu de la tribu de Mohamed, les Kurayshites. Ali, le quatrième Calife,
accusé par Maowiyya d’être trempé dans l’assassinat de son prédécesseur, accepta, après la bataille de
Siffin, le principe d’un arbitrage qui donne l’avantage à Maowiyya. Certains des partisans de Ali, tout en
refusant de s’allier à Maowiyya, reprochèrent à leur chef d’avoir accepté l’arbitrage, considérant que dans la
réalité, la désignation du Calife ainsi que l’hommage que les hommes lui rendent est la manifestation du
choix de Dieu et que par conséquent, Ali n’avait pas à soumettre cet ordre divin à l’arbitrage des hommes.
Progressivement, les Kharijites affirment l’égalité de tous les hommes devant le livre de Dieu et le droit de
se révolter devant quiconque contrevient aux commandements de Dieu, voire de le mettre à mort, fut-il un
calife. Sous le règne des Omeyyades, le Kharijisme se répandit, défendant des idées « démocratiques » selon
lesquelles « tout croyant pieux qui pratique la justice et ne fait tort à personne, fut-il un esclave noir, peut
être porté à cette charge » de calife. Celui-ci conserve sa charge aussi longtemps qu’il est fidèle. Ils affirment
que le califat n’est pas une nécessité.
Cependant, le kharijisme ne fonda d’État durable nulle part. Ce fut plutôt une doctrine de révolte qui
demeure présente dans certaines parties du monde musulman comme en Afrique du Nord, en Arabie et à
Zanzibar.
Doc 2 : Les Kharijites, partisans d’un Islam puritain, attaquent les Califes qui ont succédé à Mahomed
« Alors Ali régna, lui ne suivit pas le chemin de la vérité, il ne fut pas le fanal qui en montre la direction. Après lui, régna Maowiyya,
fils d’Abū Safyan, maudit lui-même, fils d’un père maudit par le Prophète. Brutal parmi les Bédouins, appartenant au reste des
païens envahisseurs, gagné à l’Islam par l’argent, relâché par la grâce du Prophète, il répandit le sang des innocents, il traita en
esclaves les serviteurs de Dieu, il s’appropria l’argent de Dieu, il détruisit la religion par la ruse et la perfidie, violant l’honneur sacré
des femmes, suivant l’impulsion de sa concupiscence jusqu’à la fin. Puis après lui son fils Yazid. Yazid le buveur et Yazid le chasseur,
dresseur de faucons, de panthères et de singes. Il rejeta le Coran, il consulta les devins, il poursuivit ses désirs jusqu’à sa mort, que
Dieu le maudisse et le punisse ! Après lui vint Marwan expulsé et maudit, fils d’un père maudit par le Prophète, noyé dans le vin et
la débauche : maudissez-le et maudissez ses pères.
Puis les fils de Marwan se succédèrent sur le trône, issus d’une maison maudite, expulsés par le Prophète, relâchés par sa grâce qui
n’étaient pas du nombre des Mouhadjir54, ni des Ansar55, ni des suivants dans la bonne voie. Ils mangèrent l’argent de Dieu, ils se
jouèrent de la religion de Dieu, ils emmenèrent en esclavage les serviteurs de Dieu. Et ces perversités se continuèrent sous leur
règne, car les fils héritaient de leurs pères. Ô peuple de Mahomed, que tu étais malheureux et abandonné. »
Isfhahani, « Le livre des chansons (Xe siècle) », traduction Van Vloten dans « Recherches sur la domination arabe »,
cité dans « Dossiers d’Histoire », 2e ed, J. Grell, J. P. Wytteman, Istra, 1981, p. 256
L’école chāféite : son fondateur est l’imâm Abū Abdallah Muhammad Ibn Idril al Chāfi (767-820),
auteur d’un grand livre intitulé Rissala (la lettre). Considéré comme le père fondateur du droit musulman,
il a créé une synthèse nouvelle des différents aspects de la jurisprudence musulmane. Le chāféisme est
pratiqué en Afrique de l’Est et en Indonésie principalement.
L’école hanafite : elle dépend des enseignements de l’Imâm Abū Hanifa (700-767). Le hanafisme
ajoute au Coran et aux Hadiths l’opinion personnelle dans les circonstances où l’élucidation d’un cas ne
peut être trouvée dans les sources précitées.
2°) L’islamisme
L’islamisme, terme polémique et controversé, est un mouvement politico-religieux qui revendique, au sein
du monde musulman, le retour à une société gouvernée selon les règles du droit islamique (charia). Pour les
islamistes, la religion doit englober tous les aspects de la vie quotidienne, des individus ou des institutions,
c'est-à-dire de l'État.
Cette irruption du politique dans le religieux prend des formes différentes en fonction des circonstances
géopolitiques et selon qu'elle s'exerce en milieu sunnite (Frères musulmans d'Égypte, Front islamique du
salut en Algérie) ou dans la mouvance chiite (khomeynisme en Iran, Hezbollah au Liban). En outre, l’Islam
militant, qui connaît une forte radicalisation depuis les années 1970 recouvre une grande variété de
doctrines et d’objectifs allant de la seule défense de la morale religieuse au combat politique pour la
conquête du pouvoir et l’instauration d’un État islamique, voire à la violence armée et au terrorisme.
Les principaux mouvements extrémistes sunnites actuels plongent leurs racines dans le wahhabisme57,
mouvement de contestation puritain fondé au milieu du XVIIIe siècle en Arabie par Muhammad Ibn Abd al-
Wahhab. Le wahhabisme rejette le chiisme comme hérétique et prône un retour à un Islam pur contre
l’Islam populaire ottoman. Il condamne certaines innovations qu’il considère comme blâmables. Parmi
celles-ci le culte des saints, la prière rituelle dans les mosquées et la visite des tombeaux.
À partir des années 1970, l'argent du pétrole permet à l’Arabie saoudite, gardienne des Lieux saints de
l’Islam, d’abord sous le règne de Fayçal puis sous ses successeurs, d'implanter dans plusieurs pays
musulmans d'Afrique et d'Asie cette idéologie qui récuse toute interprétation du Coran autre que littérale à
travers le financement de mosquées, d’écoles coraniques, de réseaux caritatifs, de groupes activistes, ...
56Mohamed Iqbal (1877-1938) : un des pères du modernisme musulman, il est aussi le père spirituel du Pakistan.
57Wahhabisme : mouvement fondamentaliste islamique fondé au XVIIIe siècle par le réformateur Muhammad Ibn Abd al-Wahhab. Le
wahhabisme est aujourd'hui le système sociopolitique officiel en vigueur en Arabie saoudite.
En 1928, Hassan al-Banna (1909-1949) fonde en Égypte l’association religieuse dite Société des frères
musulmans. Face aux percées de la laïcisation et à l'influence du marxisme, ce mouvement lutte pour la
réislamisation de la société. Il se heurte au colonel Nasser partisan du panarabisme qui l’interdit. Le recours
à la violence est alors légitimé par la nécessité de soumettre l’État à un pouvoir religieux.
Dans l'Iran chiite, le triomphe de la révolution islamique en 1979 catalyse les aspirations nationalistes
autour d'un projet de réappropriation culturelle par la religion. Durant les décennies 1980 et 1990, le retour
à l’Islam et la tentation du repli identitaire sont favorisés par la crise socio-économique, l’occidentalisation
des modes de vie dans la plupart des pays musulmans et la mondialisation de l’économie.
La révolution islamique en Iran offre un contre-modèle au schéma occidental dominant tandis que
l'effondrement de l'Union soviétique et d'un modèle socialiste de développement qui avait soulevé quelque
espoir contribue amplement, de son côté, à faire de l'islamisme radical une alternative crédible. La chute du
régime de Saddam Hussein en Irak suite à l’intervention américaine de mars 2003 à libéré la majorité chiite
du silence dans lequel l’avait confiné le Baasisme.
L’Afghanistan, après son invasion par les troupes soviétiques en décembre 1979, devient le lieu de la
résistance des combattants islamistes soutenus par les États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Des
milliers de volontaires de toutes origines répondent alors à l’appel du djihad antisoviétique. À l’instigation
du milliardaire Saoudien Oussama Ben Laden, l’un des principaux responsables du recrutement, de
l’acheminement et de l’entraînement des volontaires islamistes, le réseau Al-Qaïda (la Base) se met en place
en 1998, à l’issue de la guerre d’Afghanistan.
Lors de la guerre du Golfe, alors que la monarchie saoudienne autorise le déploiement des troupes
américaines en Arabie Saoudite, terre musulmane sacrée, le djihad se retourne contre les États-Unis.
L'Arabie Saoudite n'étant plus considérée par les fondamentalistes comme un pays privilégié par sa rigueur
en matière religieuse, les mouvements radicaux se déplacent vers des pays plus favorables à leur expansion
militante (Soudan, Pakistan, Afghanistan, …).
Après la guerre du Golfe, les États-Unis deviennent la cible de la guerre sainte contre l’Occident : attentats
du World Trade Center à New York en 1993, contre des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en
1998, ... Le terrorisme islamiste atteint son paroxysme lors des attentats dévastateurs du 11 septembre 2001
contre les États-Unis. Après la déclaration de guerre du président américain George W. Bush contre le
terrorisme international, le régime des Talibans en Afghanistan censé abriter Al-Qaida est renversé. Le 2
avril 2011, les forces spéciales américaines tuent le leader d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, recherché par
le département d'État et le FBI pour sa responsabilité dans plusieurs attentats, notamment ceux du 11
septembre 2001.
L’organisation islamiste ayant une structure des plus informelles, des attentats continuent d’être perpétrés
contre les intérêts occidentaux par des groupes terroristes agissant dans sa mouvance idéologique (Daech,
Boko Haram, Chebabs, Al-Mourabitoun, Ansar al-Charia, Ansar Dine, ...).
- L’OCI : Elle est née en 1969. Elle regroupe environ 57 États musulmans et son siège se trouve à Djeddah
en Arabie Saoudite. Elle s’était fixé comme objectif majeur la création d’un marché commun islamique
devant renforcer la coopération entre les États musulmans et améliorer leur position collective. Elle vise
aussi à soutenir la paix et la sécurité internationale, à soutenir la lutte du peuple palestinien pour le droit à
vivre en paix dans un territoire aux frontières reconnues, à défendre les intérêts et les droits des
Musulmans, et à créer une atmosphère propice à la coopération entre les États membres et les autres pays.
Ainsi, à l’occasion des différents sommets et conférences qui rythment son existence, elle adopte des
positions face à des problèmes ponctuels qui touchent le monde musulman.
En mars 1987, la conférence ministérielle réunie à Ryad condamne le livre de l’écrivain Salman Rushdie
« Les versets sataniques » dont le contenu est jugé blasphématoire58 pour l’Islam. En décembre 1997, le
huitième sommet réuni à Téhéran permet à l’Iran de sortir de son isolement et de progresser dans la
normalisation de ses relations avec l’Arabie Saoudite. En 2002, les ministres des affaires étrangères réunis
du 1er au 3 avril à Kuala Lumpur ont appelé à des sanctions contre Israël.
Les grandes priorités politiques de l'OCI sont la Palestine, l'Afghanistan, les minorités musulmanes et les
mouvements de libération africaine. L'un de ses objectifs économiques majeurs est la création d'un marché
commun islamique. Les objectifs sociaux englobent la construction et l'équipement de nouvelles écoles, la
création de nouvelles universités et le soutien des organismes de santé et d'aide sociale.
- La finance islamique : La création de la Banque Islamique de Développement (BID) en 1975 selon les
principes de la Charia dans le but de servir le développement des pays musulmans a permis l’avènement de
la finance islamique dans le secteur bancaire. En fait, les banques islamiques qui sont devenues nombreuses
et puissantes sont apparues pour la première fois dans les années 60. Elles se fondent sur la prohibition de
l’intérêt par le Coran et la responsabilité sociale des partenaires. La finance islamique, selon la BID, cherche
à promouvoir « une forme de partenariat où une partie apporte les fonds et l’autre l’expérience de la
gestion. Le bénéfice réalisé est partagé entre les deux partenaires sur une base convenue d’avance, mais les
pertes en capital sont assumées par le seul bailleur de fond ».
Doc 6 : Lettre ouverte au monde musulman le 13 Octobre 2014 par Abdenour Bidar
Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants
vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par
la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de
l'Occident !
Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres, sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul
de la distance ? Je te vois, toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus
sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer État islamique et auquel
certains préfèrent donner un nom de démon : Daesh. Mais le pire est que je te vois te perdre - perdre ton temps et ton honneur -
dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et
présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.
Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries : « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! » Tu refuses que les crimes de ce
monstre soient commis en ton nom .Tu t'insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est
indispensable qu'à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l'islam dénonce la barbarie. Mais c'est tout à fait insuffisant
! Car tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l'autocritique. […] Arrêtez,
vous, les Occidentaux, et vous, tous les ennemis de l'islam, de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme, ce n'est pas l'islam, le vrai
islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ! »,
NB : Abdenour Bidar est un philosophe et écrivain français.
BIOGRAPHIES D’AUTEURS
ABBAS Ferhat (1899-1985) : homme politique algérien, il publie en 1943 le « Manifeste du peuple algérien » et fonde en 1946
l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) qui préconise une Algérie fédérée à la France. De 1958 à 1961, il préside le
Gouvernement provisoire de la République algérienne (GRPRA). Exclu du FLN, il est emprisonné de juillet 1964 à juin 1965.
ABBAS Mahmoud (né en 1935) : homme politique palestinien, secrétaire général de l’OLP en 1996, premier ministre de
l’ANP en mars 2003 et président de l’OLP au lendemain du décès de Yasser Arafat en novembre 2004. Il remporte l’élection à la
présidence de l’ANP en janvier 2005. Sa demande d’adhésion de l’État palestinien déposée auprès de l’ONU en septembre 2011
n’aboutit pas, mais il a réussi à faire accepter que la Palestine soit État membre à part entière de l’Unesco en octobre 2011.
ARAFAT Yasser (1929-2004) : homme politique palestinien, fondateur du Mouvement de libération de la Palestine ou
Fatah en 1959, chef de l’OLP à partir de 1969, il est reçu à l’ONU en 1974. En 1988, il proclame la création d’un État palestinien
limité à Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem. En 1993, à la suite des accords d’Oslo, l’Autorité nationale palestinienne (ANP) est créée.
Arafat en est le président de 1996 à 2004.
ATTLEE Clement (1883-1967) : homme d’État britannique, premier ministre de 1945 à 1951, il engage son pays dans la voie
des nationalisations et de l’économie planifiée. Il est artisan de l’émancipation d’une grande partie de l’empire colonial britannique.
BEN BELLA Ahmed (1916-2012) : premier Président de l’Algérie indépendante, il engage celle-ci dans la voie du socialisme
et de l’autogestion. À l’extérieur il prône le non-alignement, soutien le peuple palestinien contre l’État hébreu et développe des
relations économiques avec l’URSS, la Chine et Cuba, sans toutefois rompre avec le bloc occidental.
BEN GOURION David (1886-1973) : homme politique israélien, premier ministre (1948-1953 et 1955-1963), fondateur de
l'État hébreu victorieux de la première guerre israélo-arabe (1948-1949). En 1956 il participe à la guerre de Suez qui conduit à
l’occupation par Israël de la Bande de Gaza et du Sinaï. Durant quinze ans, il dirige presque sans discontinuité le pays, encourageant
l'immigration juive, favorisant l'éducation et le développement économique.
BRANDT Willy (1913-1992) : homme politique allemand, membre du Parti social-démocrate (SPD), il est vice-
chancelier et ministre fédéral des Affaires étrangères de 1966 à 1969. De 1969 à 1974, il est chancelier fédéral à la tête d’une coalition
sociale-libérale. Son Ostpolitik a ouvert une nouvelle phase de relations avec la RDA et lui vaut le prix Nobel de la paix en 1971.
BREJNEV Leonid (1906-1982) : membre du PC soviétique en 1931, il remplace Khrouchtchev à la tête de l’URSS en 1964.
L’ère Brejnev (1964-1982) se traduit par l’arrêt de la déstalinisation, le ralentissement de la croissance économique et le
développement de la corruption. Il poursuit la politique de détente avec l’occident en signant l’accord SALT I avec Nixon en 1972 et
en concluant avec le Président Carter le traité SALT II signé à Vienne en 1979. Cependant cette politique de détente est compromise
par l’invasion de l’Afghanistan en décembre 1979.
BUSH George W. (né en 1946) : élu président des États-Unis en 2000, il met sur pied, au lendemain des attentats
terroristes de 2001, une coalition contre le terrorisme dirigée contre Oussama Ben Laden et le réseau terroriste Al Qaida.
En janvier 2002, lors de son discours sur l’état de l’Union, il désigne l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme un « axe du mal, armé
pour menacer la paix du monde ».
CABRAL Amilcar (1921-1973) : né dans les îles du Cap-Vert, il fonde en 1956 le PAIGC (Parti africain pour l'indépendance
de la Guinée portugaise et des îles du Cap-Vert), d'inspiration marxiste. Engagé dans une guérilla contre l'occupation portugaise, il
est assassiné à Conakry le 20 janvier 1973.
CARTER Jimmy (né en 1924) : élu 39e Président des États-Unis, il entre en fonction en janvier 1977. Au cours de sa
présidence, il assiste impuissamment à la révolution islamique en Iran et à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979. Il signe
avec Sadate et Begin les accords de Camp David en 1978 et boycotte les jeux olympiques de Moscou de 1980.
CASTRO Fidel (né en 1927) : revenu à Cuba en 1956 après un bref exil au Mexique (où il rencontre Che Guevara), il organise
une guérilla qui finit par renverser la dictature de Batista en 1959. En butte à l’hostilité des États-Unis, la révolution cubaine se
radicalise rapidement et aboutit à la proclamation de la République socialiste de Cuba en 1961.
CHURCHILL Winson (1874-1965) : premier ministre britannique de 1940 à 1945, il signe avec Roosevelt la Charte de
l’Atlantique en 1941 et participe aux grandes conférences interalliées. Dans un célèbre discours (5 mars 1946), il dénonce le « rideau
de fer ». Il redevient premier ministre de 1951 à 1955.
EISENHOWER Dwight David (1890-1969) : chef d’état-major de l’armée américaine de 1945 à 1948, il devient en 1952
Président des États-Unis. Il met fin à la guerre de Corée en 1953 et participe à la création de l’OTASE en 1954. Il s’oppose à
l’aventure franco-britannique de Suez en 1956 et crée en 1958 la NASA.
ELTSINE Boris (né en 1931) : président de la Russie de 1991 à 2000, il succède à Gorbatchev, favorise le passage de son pays
à la démocratie, tout en s’efforçant de lui conserver son statut de grande puissance, dans un contexte marqué par une crise
économique, sociale et morale révélatrice des difficultés de transition vers l’économie de marché.
GANDHI Mohandas (1869-1948) : homme politique et dirigeant nationaliste indien, il est le principal artisan de
l’indépendance de l’Inde. Par son exceptionnel charisme et sa célèbre doctrine de la « résistance passive », il acquiert une influence
intellectuelle bien au-delà des frontières de son pays. Il est assassiné par un Brahman fanatique en 1948.
GAULLE Charles de (1890-1970) : homme d’État français, auteur de l’appel du 18 juin 1940, il fut en 1958 le fondateur du
régime de la Ve République qu’il présida jusqu’en 1969. Il met fin à la guerre d’Algérie en 1962 et conduit la décolonisation en
Afrique noire.
GORBATCHEV Mikhaïl (né en 1931) : élu à la tête du parti et de l’URSS en 1985, il tente des réformes en lançant la
perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). À l’extérieur, il multiplie les appels au désarmement et met fin à la
querelle des euromissiles (1987), retire son armée d’Afghanistan (1988) et accepte même la perte des démocraties populaires
(1989). Il démissionne le 25 décembre 1991 d’un État qui n’existe plus.
GUAFENG Hua (1921-2008) : homme politique chinois, vice-premier ministre en 1975, il succède à Zhou Enlaï au poste
de Premier ministre en janvier 1976. Choisi par Mao Zedong pour lui succéder, il prend le poste de président du Parti communiste
chinois en septembre 1976. Toutefois, en raison de son insistance à suivre la ligne maoïste, il est écarté du pouvoir en décembre
1978 par Deng Xiaoping.
GUEVARA Ernesto, dit Che (1928-1967) : révolutionnaire cubain d’origine argentine, il délaisse la médecine pour
rejoindre Fidel Castro avec qui il dirige la révolution cubaine contre le dictateur Batista (1956-1959). Ministre de l’industrie à Cuba,
il quitte ses fonctions en 1965 pour organiser une guerre révolutionnaire en Amérique Latine.
HERZL Theodor (1860-1904) : journaliste et écrivain hongrois d’origine juive, auteur en 1896 de « l’État juif », il est le
fondateur du mouvement sioniste au congrès de Bâle (Suisse) en 1897. Il crée le Fonds national juif pour l’achat de terres en
Palestine et en 1898, il commence une série d'initiatives diplomatiques afin d'obtenir un soutien international pour la création d’un
État juif.
HÔCHIMINH (1890-1969) : il fonde le parti communiste indochinois en 1930, crée le Vietminh (Ligue révolutionnaire pour
l’indépendance du Vietnam) en 1941 pour s’opposer aux français et aux Japonais qui occupent son pays. Après la capitulation du
Japon, il proclame l’indépendance du Vietnam à Hanoï et devient Président de la République. De 1946 à 1954, il mène la guerre
contre la France. Il dirige aussi la lutte contre les Américains qui interviennent massivement à partir de 1964.
JDANOV Andreï Aleksandrovitch (1896-1948) : secrétaire régional du Parti communiste de l’URSS en 1922, il formule la
théorie des blocs qui est au cœur de la crispation de l’URSS en 1947-1950. Il se fait le porte-parole d’un discours radical en octobre
1947 lors de la première réunion du Kominform, en réponse au plan Marshall.
JOHNSON Lyndon Baines (1908-1973) : Président des États-Unis après l’assassinat de Kennedy, il est réélu en 1964. Il
décide l’intervention directe des États-Unis dans la guerre du Vietnam en 1964 et fait face à l’offensive du Têt en février 1968.
KEITA Modibo (1915-1977) : homme d’État malien, Vice-président du Conseil du gouvernement du Soudan français (1956),
il présida en 1959-1960 la Fédération du Mali. Après son éclatement, il devient en 1960 Président de la République du Mali. Il est
renversé par un coup d’État militaire en 1968.
KENNEDY John Fitzgerald (1917-1963) : 35e président des États-Unis (1961-1963), il se montre un homme d’État
compétent, tentant d’instituer la détente avec l’URSS. Il rencontre Khrouchtchev à Vienne en 1961, mais s’oppose avec fermeté à
l’URSS lors de la crise des fusées de Cuba (1962). Le 22 novembre, il est assassiné au cours d’une visite officielle à Dallas.
KHOMEYNI Ruhollah (1902-1989) : après la chute du Shah en Iran en février 1979, il fait proclamer la République
islamique dont il devient le « guide ». Il instaure un ordre moral rigoureux conforme au chiisme le plus intransigeant, rompant avec
tout ce qui rappelle la civilisation occidentale.
KHROUCHTCHEV Nikita (1894-1971) : fidèle de Staline, il le remplace en 1953. Il élimine politiquement tous ses rivaux et
devient en 1955 premier secrétaire du parti. À ce titre, il conduit la déstalinisation et s’efforce de mettre en place une coexistence
pacifique avec les États-Unis en 1956. Il se rend en visite officielle aux États-Unis en 1959, retire son aide à la Chine en 1960 et
rencontre Kennedy à Vienne en 1961. En octobre 1962, il recule devant les États-Unis lors de la crise de Cuba en retirant ses fusées.
MARSHALL Georges (1880-1959) : homme politique américain, général et chef d’état-major de l’armée de 1939 à 1945, il
est l’auteur du plan d’assistance économique à l’Europe (plan Marshall) en 1948.
NASSER Gamal Abdel (1918-1970) : un des organisateurs du coup d’État qui renverse le roi Farouk le 23 juillet 1952, il
devient premier ministre de l’Égypte en 1954 et président de la République en 1956. La nationalisation du canal de Suez en juillet
1956 et la crise internationale qui en découle lui assurent un prestige considérable. De 1956 à 1961, l’Égypte et la Syrie forment la
République arabe unie présidée par Nasser.
NEHRU Jawaharlal (1889-1964) : homme d’État indien, secrétaire général du parti du Congrès en 1929, il lutte pour
l’indépendance et la modernisation de l’Inde. L’Inde indépendante en avril 1947, il en devient premier ministre et le reste jusqu’à sa
mort. Avec le Yougoslave Tito et l’Égyptien Nasser, il crée le mouvement des non-alignés à la conférence de Bandoeng de 1955.
NIXON Richard (1913-1994) : élu président des États-Unis en 1968, il déploie une grande activité diplomatique, se
rapproche de la Chine en 1972, signe les accords SALT I avec l’URSS et met fin à la guerre du Vietnam (accords de Paris en 1973). Il
est réélu en 1972 mais le scandale du Watergate le contraint à démissionner en août 1974.
NKRUMAH Kwame (1909-1972) : il fonde en 1949 la Convention People’s Party (CPP). En 1952, il devient le premier
ministre de la Gold Coast qu’il mène à l’indépendance sous le nom de Ghana le 6 mars 1957. Après la proclamation de la République
le 1er juillet 1960, Kwame Nkrumah est élu Président de la République. Figure de dirigeant panafricaniste, l’adoption à Addis-Abeba
de la charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963 sera un de ses grands triomphes.
RABIN Yitzhak (1922-1995) : officier et homme politique israélien, il devient premier ministre de 1974 à 1977 puis de 1992 à
1995. Il remporte la guerre des six jours en 1967et ratifie avec Arafat les accords d’Oslo en 1993. Le soir du 4 novembre 1995, en
quittant une manifestation de soutien à la paix, il tombait sous les balles d’un extrémiste religieux juif.
REAGAN Ronald (1911-2004) : élu président des États-Unis en 1980, il s’engage dans un combat contre le camp socialiste
qui s’affirme, en mars 1983, par un programme militaire : l’Initiative de défense stratégique (IDS) plus connue sous le nom de la
« guerre des étoiles ». En octobre 1986, il participe à la Conférence de Reykjavik (Islande) sur le plan de désarmement nucléaire
partiel et signe avec Gorbatchev un accord sur l’élimination des missiles de moyenne portée en Europe en 1987.
ROOSEVELT Franklin Delano (1882-1945) : président des États-Unis en mars 1933, il entreprend de nombreuses
réformes dans le cadre du New Deal. Il engage son pays dans la deuxième guerre mondiale, décide de la fabrication de la bombe
atomique et prépare l’après-guerre en jouant un rôle essentiel aux conférences de Téhéran (1943) et de Yalta (1945).
SENGHOR Léopold Sédar (1906-2001) : homme politique et poète sénégalais. Dans ses œuvres, il s’est attaché à
réhabiliter les valeurs culturelles africaines et à célébrer la grandeur de la « négritude ». Agrégé des lettres, élu premier Président de
la République en 1960, il se retire le 1er janvier 1981 de la scène politique.
SHARON Ariel (1929-2014) : militaire et homme politique israélien, il est le responsable de la colonisation juive en
Cisjordanie et à Gaza. En septembre 2000, il effectue une visite sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem (troisième lieu saint de
l’Islam), visite qui déclenche une deuxième Intifada. Il est élu premier ministre de 2001 à 2006. Enfermé dans un coma profond de
huit ans, il est mort le 11 janvier 2014.
STALINE Joseph (1879-1953) : secrétaire général du PC soviétique en 1922, il succède à Lénine en 1924. Il participe à toutes
les grandes conférences interalliées pour reconstruire le monde d’après-guerre. Il refuse le plan Marshall et engage son pays dans la
guerre froide. Sa mort permet le « dégel » des relations internationales.
TOURE Sékou (1922-1984) : homme d’État guinéen, il appelle à voter « Non » lors du référendum de 1958 sur l’institution
de la Communauté franco-africaine. Ce qui entraine la sortie de la Guinée dans l’Union française et la rupture avec la France. Élu en
1958, il demeure chef de l’État jusqu’à sa mort en 1984.
TRUMAN Harry (1884-1972) : président des États-Unis en avril 1945, il hâta la fin de la deuxième guerre mondiale en
utilisant la bombe atomique contre le Japon. Il définit la doctrine américaine de la guerre froide par une aide économique aux pays
menacés par le communisme (plan Marshall).
XIAOPING Deng (1904-1997) : membre du PC chinois en 1924, il s’oppose à l’aventure du « Grand bond en avant » en 1958.
Après la mort de Mao, il devient en 1977 le véritable n°1 du parti. Tournant le dos à la politique maoïste, il entreprend de
moderniser et d’ouvrir la Chine sur l’extérieur. Sous sa direction, la Chine connaît une extraordinaire expansion économique qui
restaure le capitalisme, mais aussi une vive agitation des dissidents qui réclament la liberté politique.
ZEDONG Mao (1893-1976) : fondateur en 1920 du PC chinois, il proclame à Pékin la République populaire de Chine le 1 er
octobre 1949. Il lance le « Grand bond en avant » en 1958 et rompt officiellement avec l’URSS en 1961. L’échec de sa politique
entraîne sa mise à l’écart. Il reprend le pouvoir en déclenchant la « Révolution culturelle » en 1966. En 1969, il charge l’armée de
rétablir l’ordre mais les troubles perdurent jusqu’à sa mort en septembre 1976.
PROGRAMME DE GÉOGRAPHIE
INTRODUCTION ........................................................................................................................................................... 74
Leçon 1 : Le système-monde : des espaces interdépendants ............................................................................................ 74
59 Sylvie Brunel : Géographe et économiste française, professeure des universités à l’université Paul-Valéry de Montpellier et à l’IEP-Paris.
Mise en Émergence
concurrence des d’acteurs
territoires, des Décloisonnement des sociétés transnationaux
espaces fonctionnant en
productifs réseaux :
Accroissement des inégalités
CONSÉQUENCES Délocalisations sociales - FMN
- Organisations
Rôle renforcé Intégration/marginalisation internationales
des métropoles Inégal développement à (FMI, OMC)
et interfaces toutes les échelles - ONG
A/ La Triade
Trois pôles (États-Unis, Japon et Union européenne) dominent l’économie mondiale : ils constituent la
Triade qui représente 92 % des transactions financières, 65 % du PIB mondial et les 2/3 des échanges
commerciaux, pour 11 % de la population mondiale. La Triade domine économiquement d’autres espaces
qui dépendent étroitement d’elle. En termes d’échange de marchandises, on note le rôle prépondérant de
l’Europe occidentale et la montée en puissance de l’Asie, particulièrement de la Chine.
60 La mondialisation (ou globalization pour les anglo-saxons) est le processus d'ouverture de toutes les économies nationales sur un marché
devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l'interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la
délocalisation de l'activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication ...
- Globalisation, avec la mise en place de réseaux mondiaux de production et d’information, notamment les TIC (Technologies d’information et de
communication).
- L’internationalisation, c'est-à-dire le développement des flux d’exportation.
61 Avantage comparatif : concept économique visant à justifier qu'un pays améliorera sa croissance, dans un contexte de libre-échange, en produisant
À l’intérieur de cet oligopole62 mondial, il existe des centres d’impulsion. Il s’agit de villes comme New York,
Tokyo, Londres, Berlin, Paris ... Parce que ces métropoles fonctionnent entre elles en réseau et concentrent
des fonctions stratégiques, on les appelle « l’archipel métropolitain mondial ».
B/ Les périphéries
Tous les autres États du monde (3/4 de l’humanité) sont en situation de dépendance. La nature et le degré
de celle-ci expliquent la diversité des périphéries.
- La périphérie intégrée : elle est constituée des États bénéficiant d’une dynamique de développement
liée à la proximité géographique des grands pôles (Mexique) ou au transfert de technologie de l’un d’entre
eux (les tigres asiatiques). Certains ont bénéficié de la manne pétrolière (pays de l’OPEP). Leur croissance
est forte et leur niveau de développement s’apparente à celui de la Triade : on les appelle « pays
émergents ».
- La périphérie marginalisée : elle est composée par les pays pauvres avec une diversité de situations.
Qu’ils s’appellent « pays du tiers-monde », « pays en voie de développement », « pays moins avancés » ou «
pays pauvres très endettés », ils sont tous caractérisés par la faiblesse de leur PIB/hab et leur faible part
dans le commerce mondial. On les retrouve essentiellement en Afrique Subsaharienne, en Amérique Latine
et en Asie.
62Oligopole : forme de marché dans lequel un très petit nombre d’entreprises ont le monopole de l’offre d’une marchandise ou d’un service et sont
ainsi soustraites au régime de libre concurrence.
B/ Les différenciations
La mondialisation telle qu’elle se propage n’est pas acceptée de tous. C’est ce qui explique le développement
des mouvements altermondialistes, antimondialistes, nationalistes, régionalistes ...
L’altermondialisme est le plus structuré de ces mouvements. En effet, ce mouvement regroupe les victimes
du phénomène et les organisations qui dénoncent une mondialisation libérale au service exclusif des
grandes entreprises et qui met en péril l’avenir de la planète par l’ampleur des dégâts qu’elle cause à
l’environnement.
On a cependant noté ces dernières années un affaiblissement de l’altermondialisme voire sa remise en cause
du fait du succès éclatant de certains pays du Sud comme la Chine et l’Inde. Ces deniers, en s’ouvrant au
reste du monde et en utilisant les opportunités offertes par la mondialisation, connaissent un
développement fulgurant qui les rapproche à pas de géant des pays du Nord.
Doc 5 : Commerce mondial de marchandises par région et pour certaines économies en 2017 (en milliards de $)
Régions Exportations Importations
Amérique du Nord 2 377 3 285
États-Unis 1 547 2 251
Canada 421 442
Mexique 409 432
Amérique du Sud et Centrale et Caraïbes 583 579
Brésil 218 157
Europe 6 501 6 521
UE (28) 5 904 5 878
Allemagne 1 448 1 167
France 535 625
Asie 5 842 5 541
Chine 2 263 1 842
Japon 698 672
Communauté des États indépendants (CEI) 518 402
Afrique 417 534
Moyen-Orient 961 712
MONDE 17 199 17 574
- Les séismes et le volcanisme : les nombreuses montagnes jeunes sont une zone de forte séismicité en
raison de l’existence de volcans actifs. La Californie, traversée par les failles de Sans Andreas, vit sous la
menace régulière de secousses sismiques.
- Les Amérindiens : premiers occupants du continent américain (ils seraient venus d’Asie par le détroit
de Béring), ils constituent 1 % de la population des États-Unis, 2 % du Canada et 30 % du Mexique.
- Les Noirs : ils constituent environ 13 % de la population des États-Unis. Ils sont la seule communauté
venue en Amérique sans le désirer (traite négrière).
- Les Blancs : ils représentent plus de 64 % de la population des États-Unis et 78 % du Canada. Les Blancs
sont les descendants des immigrés européens qui ont débarqué en Amérique depuis 1620 (Anglais,
Écossais, Irlandais, ...).
- Les Asiatiques : ils sont présents surtout aux États-Unis où ils font 5 % de la population totale.
- Les Latinos : On désigne par ce terme les immigrés et les descendants d’immigrés américains en
provenance de l’Amérique Latine. Ils représentent 17 % de la population étasunienne, 5 % du Canada et
60 % du Mexique. Aujourd’hui, les Latinos sont la minorité montante des États-Unis grâce à l’immigration
massive et au TAN plus élevé.
63 Sous-commandant Marcos : de son vrai nom Rafael Sebastian Guillen Vicente, il est un des principaux dirigeants et le porte-parole de
l'Armée zapatiste de libération nationale (AZLN). Ce groupe révolutionnaire mexicain est composé de plusieurs milliers d'indiens du Chiapas depuis
leur soulèvement en 1994. Blanc d'origine espagnole revendiquant de combattre à l'origine pour les indigènes et la justice sociale, il s'est également
rapproché du mouvement altermondialiste.
I/ JUSTIFICATION DE L’ALENA
La création de l’ALENA résulte d’une analyse des élargissements survenus dans le contexte économique des
pays capitalistes depuis le milieu des années 1980. En effet, un peu partout, on voit se constituer des aires
d’intégration économique comme l’UE et l’Asie-Pacifique.
Parallèlement, les États-Unis ont vu leur marché national leur échapper avec l’entrée de plus en plus
massive de produits venus d’ailleurs en rapport avec la levée des barrières commerciales. Or ce vaste
marché intérieur a toujours servi de bouclier devant les aléas de la conjoncture.
Dans ce nouveau contexte marqué par un éclatement dans l’espace mondial, la création d’espaces régionaux
intégrés permettant à chaque pays de faire valoir ses avantages comparatifs et de bénéficier de ceux de ses
voisins devient une nécessité. La création de l’ALENA, suscitée par l’administration américaine, répond à
cette nouvelle donne de la mondialisation. En fait, il s’est agi pour les États-Unis et le Canada de prolonger
l’Accord de libre-échange (ALE) qu’ils avaient signé en 1988 et de l’élargir au Mexique en 1992. L’ALENA
entre en vigueur le 1er janvier 1994.
NB : Le Mexique a ratifié le mercredi 19 juin 2019 l’AEUMC, devenant ainsi le premier pays à donner son
feu vert à ce traité. Le Canada envisage la ratification avant les élections du 21 octobre 2019, alors qu’aux
États-Unis le nouvel accord est loin de faire l’unanimité.
64 AECG (Accord économique et commercial global) ou Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) : traité établi
entre le Canada et l'UE dont les négociations sont conclues le 18 octobre 2013 et qui est signé le 30 octobre 2016 par le Premier ministre canadien
Justin Trudeau et le président du Conseil européen Donald Tusk.
65 PTPGP (Accord de partenariat transpacifique global et progressiste) : accord de libre-échange entre le Canada et 10 autres pays de la
région Asie-Pacifique (Australie, Brunéi, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam). Le PTGP est entré en
vigueur le 30 décembre 2018 pour les six premiers pays ayant ratifié l’Accord (Canada, Australie, Japon, Mexique, Nouvelle-Zélande et Singapour).
Le 14 janvier 2019, le PTGP est entré en vigueur pour le Vietnam.
(p) = prévisions
66 Bons du trésor : ce sont des titres obligataires (c'est-à-dire des emprunts) émis par l'État, par l'intermédiaire du Trésor public (d'où leur
appellation). L'acheteur d'un bon du Trésor se retrouve donc créancier de l'État. L'État s'engage alors à rembourser l'acheteur à une échéance
déterminée, et avant à cette échéance, à lui verser régulièrement des intérêts. Un bon du Trésor est donc un titre d'emprunt émis par l’État et
remboursable à échéance.
67 Coupons alimentaires (food stamps) : une personne qui bénéficie des coupons alimentaires reçoit en moyenne l’équivalent de 130 $ par
mois ou environ 4,33 $ par jour, soit moins que le prix d’un café dispendieux dans le bas Manhattan.
Finistère occidental de l'Eurasie, l'Espace européen a une superficie de 10,18 millions de km2. C'est un
continent politiquement très morcelé, aux côtes découpées en plusieurs péninsules. L’Europe est aussi une
région aux milieux naturels diversifiés, un cadre de vie de populations aux caractéristiques socio-
démographiques originales.
De manière générale, les données naturelles de l'espace européen offrent des avantages assez importants
par l'abondance du bois, des cours d'eau et des mers, par l'extension du littoral, par la diversité des climats
et des sols, mais également par la présence de ressources minières et énergétiques très importantes. Ces
atouts sont mis à profit par une population aux caractéristiques socio-démographiques particulières.
68 Cordillère : chaîne de montagnes parallèles à sommet élevé et continu (la cordillère des Andes).
69 Conurbation : ensemble de plusieurs villes entre lesquelles s’est formé un « tissu » d’habitations qui les a finalement réunies.
En 1951 est née la CECA. Regroupant l’Allemagne, la France, l’Italie et les pays du Benelux (Belgique, Pays-
Bas, Luxembourg), elle vise l’établissement d’un marché commun du charbon et de l’acier. Ces deux
produits étaient à l’époque les leviers du développement économique et la lutte pour leur contrôle avait
provoqué entre nations européennes des conflits meurtriers.
70 Jean Monnet (1888-1979), économiste et homme politique français. Il conçut en 1945 un plan de modernisation de l’économie française (plan
Monnet) et joua un rôle primordial dans la création de la CECA, qu’il présida de 1952 à 1955.
71 Robert Schuman (1886-1963), homme politique français, président du Conseil (1947-1948) et ministre des Affaires étrangères (1948-1953). Il
est à l'origine, avec Jean Monnet, du plan qui a donné naissance à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), premier pas vers
l’Europe des six.
En 1955, à la Conférence de Messine (Italie), les six décident d’édifier un marché commun concernant tous
les produits industriels et agricoles.
En 1957, les pays membres de la CECA signent le traité de Rome qui crée La CEE. Les succès rapidement
enregistrés incitent d’autres pays à faire acte de candidature pour devenir membre de la CEE. Ainsi, en
1973, elle s’ouvre au Royaume-Uni, au Danemark et à l’Irlande. La Grèce est admise à la CEE en 1981. En
1986, ce fut le tour du Portugal et de l’Espagne suivis en 1990 de la partie orientale de l’Allemagne après la
réunification avec l’Ouest.
En 1995, l’Europe arrive à 15 membres avec l’adhésion de l’Autriche, de la Suède et de la Finlande. En mai
2004, dix pays dont huit anciennement communistes (Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Slovaquie,
République Tchèque, Pologne, Hongrie), Chypre et Malte en deviennent membres.
La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement intégré l’UE le 1er janvier 2007. Depuis le 1er juillet 2013, l’UE
compte 28 membres avec l’adhésion de la Croatie.
72BRICS : au début des années 2000, la banque Goldman Sachs a introduit la notion de BRIC pour désigner le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine -
devenue en avril 2011 BRICS avec l'entrée de l’Afrique du Sud. Ces cinq États se distinguent des autres pays émergents tout d'abord par leur poids
économique et démographique, et aussi par leur capacité à peser sur la scène politique internationale.
73 PAC : politique menée par l’UE dans le domaine agricole visant à assurer une stabilité des prix sur les marchés, à garantir un revenu minimum à
certains agriculteurs et à améliorer les conditions de la production agricole en agissant sur les structures de la production. Trois principes régissent
la PAC :
- unification et garantie des prix : chaque année au printemps, lors des « marathons agricoles », le conseil des ministres fixe un prix pour chaque
produit agricole : c’est le prix d’intervention.
- la préférence communautaire : principe de base de l’Europe agricole pour inciter à acheter les produits de l’UE. Elle protège l’agriculture
européenne des variations des cours mondiaux.
- prix de seuil : prix minimum pour l’entrée des produits étrangers dans l’UE. Les importations sont soumises à un prélèvement lors de leur entrée
dans l’UE (droits de douane). Donc les produits étrangers sont plus chers. Ces prélèvements permettent d’alimenter le FEOGA (système de
restitution).
- la crise de l'endettement affectant la zone euro, à travers ses maillons faibles représentés par les PIIGS, est
un épineux problème qui soulève ainsi le débat sur le retour ou non aux monnaies nationales.
- la question de prise en charge de la sécurité européenne est un défi important dans un contexte où, malgré
la fin de la guerre froide, les États-Unis exercent leur tutelle sur le continent à travers l'OTAN.
- Les Européens étalent leurs divisions sur la crise des migrants. Plusieurs pays s'opposant frontalement à la
politique prônée par Berlin pour accueillir la vague de réfugiés qui continue de grossir sur les routes
d'Europe.
- le vieillissement de la population est une grande préoccupation pour l’UE. Un phénomène aux
répercussions politiques, économiques et financières effrayantes.
74 L'article 50 du traité sur l'Union européenne (TUE) : il encadre les conditions d'une sortie d'un État membre de l'Union
européenne. L'État qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. L'Union négocie alors avec cet État un accord
fixant les modalités de son retrait, que le Conseil conclut ensuite à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.
2°) La population
La population française est comme celle de tous les pays développés : elle compte peu d’enfants (17,91 %),
beaucoup d’adultes (60,99 %) et vit au ¾ en ville (81,50 %) en 2020. Le taux d’accroissement
démographique est particulièrement faible (0,30 %) et l’espérance de vie longue (82,79 ans). La population
est très inégalement répartie. La densité absolue de 122,93 hab/km 2 n’a pas de grande signification,
tellement les différences sont grandes entre régions peuplées (200 hab/km2) et régions vides (0 hab/km2).
Cette variété des productions s’explique par des atouts naturels évidents : étendue de la surface agricole
utile (30 millions d’hectares), la diversité des sols et la variété des climats. Les progrès techniques
permettent le développement des cultures sous serres et des cultures hors-sol.
Néanmoins, la France ne cesse de perdre des parts de marché dans le commerce alimentaire mondial. En
quelques années, elle est passée de la place de 2e exportatrice agro-alimentaire au 5e rang derrière les États-
Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil. En 2018, la production française de céréales a atteint 63,5
millions de tonnes, soit une diminution de 7,3 % sur un an. Les températures très élevées et les
précipitations abondantes ont perturbé le développement des cultures.
75LVMH : Louis Vuitton Moët Hennessy est un groupe français d'entreprises fondé par Alain Chevalier et Henri Racamier devenu aujourd'hui le
chef de file mondial de l'industrie du luxe en termes de chiffre d'affaires.
I/ PRÉSENTATION DE L’ALLEMAGNE
1°) Le milieu naturel : trois Allemagnes
Frontalier avec 9 pays de l’Europe, le territoire allemand est vaste de 357 386 km2. Par sa structure
géomorphologique, il se divise en trois parties alignées du Nord vers le Sud :
- L’Allemagne du Nord : ouverte sur la mer du Nord et la Baltique, elle possède des sols riches et abrite
de grands ports (Hambourg, Rostock, Brême ...) ;
- L’Allemagne hercynienne76 : elle est constituée de massifs anciens qui ont été soulevés à l’ère
primaire.
- L’Allemagne du Sud : elle est composée d’un bassin sédimentaire, d’un vaste plateau (le plateau de
Bavière) et des Alpes dans l’extrême sud.
L’Allemagne se trouve dans la zone tempérée mais son climat connait des nuances régionales (océanique,
continentale). Elle est bien drainée avec cinq grands fleuves (Oder, Elbe, Weser, Rhin, Danube) et leurs
affluents.
76 Hercynienne : nom d’un plissement de l’ère primaire. Les massifs dits hercyniens sont donc d’anciennes montagnes plissées, arasées et à
nouveau soulevées à l’ère tertiaire, en contrecoup du plissement alpin.
77 Fédéral (de Fédéralisme) : c’est un système politique dans lequel le gouvernement central d’un État (un gouvernement dit fédéral) partage
avec les gouvernements des collectivités qui forment cet État (ici les Länder) divers compétences constitutionnelles comme la législation ou
l’administration.
78 Cogestion : c’est un système mis en place par les entreprises de plus de 100 salariés qui repose sur un partage égalitaire des décisions et des
responsabilités entre le patronat et les salariés à travers leurs organisations représentatives. Pour ce faire, deux conditions sont à remplir :
l’existence de syndicats des deux côtés et le souci de privilégier la négociation sur la confrontation ouverte.
79 Konzern : type de concentration désignant un groupe de sociétés autonomes sur le plan juridique mais gérées de manière centralisée. Cette
concentration d’entreprises est souvent centrée sur une branche industrielle unique (conglomérat en français, trust en anglais).
80 Machine-outil : équipement mécanique destiné à exécuter un usinage ou autre tâche répétitive avec une précision et une puissance adaptées.
- la cherté de la main d’œuvre : le coût de la main d’œuvre est plus élevé en Allemagne que dans les
autres pays européens. Dans un contexte de mondialisation, les délocalisations vers les pays à faible coût de
main d’œuvre constituent la première réponse des employeurs. Les pays de l’Europe de l’Est constituent le
principal pôle d’attraction des investissements. Pour y faire face, les employés allemands acceptent de plus
en plus le gel des salaires81.
81 Gel des salaires : c’est une politique consistant à maintenir les salaires sans augmentation durant une certaine période.
I/ UN PÔLE DE LA TRIADE
L’Asie-Pacifique est une aire de puissance mondiale incontestable. Elle est le troisième pôle de la triade
derrière les États-Unis et l’UE. Elle représente environ ¼ du revenu brut mondial. Le Japon et la Chine
détiennent une part importante de cette richesse.
Puissance industrielle, l’Asie-Pacifique est aussi une puissance commerciale dont le rayonnement est lié à
une présence massive dans les marchés mondiaux de produits électroniques, automobiles, textile et
d’utilisation courante fabriqués en Corée du Sud, en Chine et au Japon.
L’Asie-Pacifique attire une part importante des investissements directs émis dans le monde. Elle accueille
d’importantes unités de production délocalisées ainsi que de nombreuses installations de firmes
multinationales. La bourse de Tokyo, le Kabutocho, avec ses 4 000 milliards de dollars de capitalisation
financière par jour, est la deuxième place boursière de la planète.
82Vol d’oies sauvages : il désigne le développement en relais successif des pays asiatiques à partir du Japon par une politique de substitution des
exportations aux importations. Celle-ci comprend les importations de biens industriels suivie de l’appropriation de leur technologie et du
remplacement des importations par une production nationale vouée à l’exportation.
83Développement durable : développement qui suppose une gestion des ressources de la planète permettant de répondre aux besoins des
générations actuelles, en sauvegardant les intérêts des générations futures.
CHAPITRE II : LE JAPON
84 Tsunami : le long des côtes du Pacifique, raz de marée dû à un séisme sous-marin ou à un typhon.
85 MITI (Ministry of international trade and industries) : organisme japonais regroupant des structures de réflexion et de décision qui concernent la
politique industrielle, la recherche, le commerce extérieur et les aides financières aux entreprises.
86 Zaïbatsu : grandes entreprises (conglomérats) à capital familial nées au Japon avant la seconde guerre mondiale et qui ont été démembrées
de négoce (national et international), elles exercent la fonction d’organisation et de coordination ainsi que celle de financier pour les entreprises se
lançant sur des marchés ou dans des secteurs nouveaux.
- La fréquence des cataclysmes naturels : le séisme et le tsunami de Fukushima le 11 mars 2011 ont
causé la mort de 20 000 personnes et des dégâts matériels impressionnants. Le 21 février 2019, un violent
tremblement de terre a secoué le Sud de l’île de Hokkaïdo. Le Japon subit chaque année au moins 20 % des
séismes les plus forts recensés sur terre.
L’observation de la carte des densités en Chine montre que le chiffre de 148,44 hab/Km2 n’a pas de grande
signification. En effet, la population est très inégalement répartie sur le territoire. On pourrait même parler
d’une Chine du vide et d’une Chine du plein. La ligne de démarcation entre les deux zones est constituée par
un axe allant de la ville de Heihe au Nord-est à la ville de Tengchong au Sud-est près de la frontière avec la
Myanmar (Birmanie).
- La Chine du vide se trouve à l’Ouest de la ligne précitée. Elle couvre 56 % du territoire et ne rassemble
que 6 % de la population. Celle-ci est constituée essentiellement par les minorités ethniques.
- La Chine du plein correspond à l’Est de la ligne qui représente 44 % de la superficie du pays et où se
concentrent 94 % de la population. Celle-ci est constituée surtout par l’ethnie han majoritaire. À l’intérieur
de cette zone, les régions littorales se dégagent du reste avec des densités de plus de 200 hab/Km 2.
- Avant 1979 : C’est une période d’errements en matière de politique démographique marquée par les
tiraillements entre les réalistes et les idéologistes. Lorsque Deng Xiaoping le chef du camp réaliste affirme
que « chaque naissance est une bouche à nourrir », Mao proclame de l’autre côté que « une bouche à
nourrir c’est aussi deux bras » ou encore « plus on est nombreux, mieux l’ouvrage est fait ».
Après l’échec de la Révolution culturelle, une timide planification se fit jour, incitant à se marier et à
procréer tard, à espacer les naissances et à avoir peu d’enfants. Avec le franchissement du cap de un
milliard, un contrôle strict fut appliqué aux naissances.
- À partir de 1979 : 1979 est l’année d’application de la politique de « l’enfant unique » par couple qui
traduit une radicalisation en matière de contrôle des naissances. Pour encourager cette règle, les familles
qui respectent le principe de l’enfant unique se voient accorder des avantages sociaux (privilèges sur le plan
du logement, des soins médicaux et de l’éducation, primes alimentaires, allocations mensuelles de santé et
primes spéciales pour les stérilisations volontaires). Ceux-ci sont supprimés à la naissance d’un deuxième
enfant. À la naissance d’un troisième enfant, les familles contrevenantes subissent des pénalités pouvant
aller jusqu’à une perte de 30 % du salaire.
La conséquence de cette mesure est un accroissement des infanticides du sexe féminin ou des avortements
clandestins, surtout dans les campagnes car les couples souhaitent majoritairement une descendance mâle.
- Depuis 2013 : Contestée depuis des années en Chine, la politique de « l'enfant unique » a fait son temps.
En novembre 2013, le Parti communiste chinois a tranché en faveur d'un assouplissement généralisé de la
planification familiale : un couple dont l'un au moins est enfant unique pourra avoir deux enfants.
Depuis octobre 2015, la Chine a officiellement mis fin à la politique de « l’enfant unique » avec la
promulgation de la loi autorisant à tous les couples à avoir un deuxième enfant. Ce changement répond au
problème posé aujourd'hui par le vieillissement de la population chinoise. La Chine devrait compter près de
174,5 millions de personnes âgées de 65 ans et plus en 2020.
1°) L’agriculture
Avec une superficie totale de 9 596 961 km2, la Chine doit nourrir un cinquième de la population mondiale
avec seulement 8 % des terres arables et 6 % des ressources en eau de la planète. Le territoire chinois est
composé en majorité de zones montagneuses et de déserts. Ainsi, les terres cultivables ne représentent que
11 % de sa superficie totale (105 millions d’ha contre 400 millions d’ha pour les États-Unis). Elles sont de
plus grignotées par la désertification et l’urbanisation, 1 % d’entre elles disparaît chaque année.
Pourtant la Chine est devenue le premier producteur mondial de blé, de riz, de pomme de terre, de porcs et
de volailles. Elle est aussi de loin le leader de l’aquaculture avec les 2/3 de la production de la planète.
L’agriculture emploie 16,4 % de la population active et participe à hauteur de 7,9 % dans le PIB en 2019.
La « guerre commerciale » avec les États-Unis (2e partenaire commercial du pays après l’UE) a par ailleurs
plombé les échanges de la Chine. Le président Trump impose une surtaxe de 45 % sur les importations
chinoises.
Aujourd'hui, la Chine affiche de plus en plus ses ambitions à accroître ses échanges avec l’Afrique. Selon le
Forum sino-africain, les échanges commerciaux entre la Chine et le continent ont été décuplés en seulement
10 ans, atteignant plus de 300 milliards de dollars en 2018.
89Traité de Tordesillas : accord redéfinissant le partage de l’océan Atlantique et la délimitation des frontières africaines entre les couronnes
d’Espagne et du Portugal (7 juin 1494). Le traité décale la ligne imaginaire de marcation et l’établit 370 lieues à l’ouest des îles du Cap-Vert
(méridien 46° 35’) : toute découverte à l’Est de ladite ligne est portugaise et tout territoire situé à l’Ouest appartient à la couronne espagnole. Grâce à
cet accord, le Portugal a donc pu jouir de sa découverte du Brésil en 1500.
1°) L’agriculture
L’agriculture est un des secteurs majeurs de l’économie brésilienne. Ses ressources naturelles, sa superficie,
ses conditions climatiques et ses efforts menés en matière de modernisation font du Brésil un des tous
premiers producteurs agricoles au monde.
Le Brésil est le premier producteur mondial de café, de canne à sucre et d'oranges, l'un des premiers
producteurs de soja et le pays attire de nombreux groupes mondiaux de l'agroalimentaire et des
biocarburants. Le Brésil a le plus grand troupeau de bétail commercial du monde. Les forêts couvrent la
moitié du territoire national avec la plus grande forêt ombrophile du monde. Le Brésil est le quatrième
exportateur mondial de bois. Pour autant, la part de l'agriculture dans le PIB est relativement faible (4,6 %
en 2019), mais ce secteur assure 40 % des exportations.
L’agriculture brésilienne est duale : d’un côté l’agro-négoce exportateur qui assure l’excédent commercial,
de l’autre l’agriculture familiale qui fournit environ 2/3 de l’alimentation des Brésiliens.
2°) L’industrie
Le secteur industriel brésilien est de loin le plus important d'Amérique Latine. Il se concentre
principalement dans l'État de São Paulo. Certaines industries lourdes ont été implantées dans d'autres
États : ainsi, la pétrochimie dans le Bahia et le Rio Grande do Sul, l'exploitation minière dans le Pará ou
encore la sidérurgie au Minas Gérais.
L'ouverture économique, consécutive à la libéralisation des échanges et à l’augmentation du pouvoir
d’achat, a favorisé l'essor des industries de biens de consommation durables (automobile, électronique,
électroménager…). Toutefois, elle expose les industries traditionnelles à la concurrence internationale,
notamment asiatique. Les industries de biens de consommation non durables (textile, chaussures…)
semblent ainsi s'enliser dans la récession.
La production de biens intermédiaires (sidérurgie, pétrochimie …) constitue toujours le secteur industriel le
plus important avec le géant pétrolier PETROBRAS. Le Brésil est aussi le sixième producteur mondial
d'aluminium et le dixième producteur mondial d'acier. Le pays s’impose de plus en plus dans le secteur de
l’aéronautique avec Embraer (3e avionneur commercial mondial avec un chiffre d’affaires de 5,5 milliards de
$ en 2019 et 16 000 salariés). Dans le domaine des nouvelles technologies, le pays compte de grands noms
de l’informatique comme Stefanini ou Itautec.
Le secteur industriel a contribué à 18,5 % du PIB en 2019, mais connaît un fort ralentissement en rapport
avec le manque de main d’œuvre qualifiée, la précarité des infrastructures de transports, la corruption, la
faiblesse de la demande domestique (incitée à consommer des produits importés) et à un manque
d’investissement. Préoccupées, les autorités ont lancé le plan « Brazil major » (Brésil plus grand) dans le
but d’endiguer l’augmentation massive des produits importés.
91Réforme agraire : modification de la propriété du sol destinée à opérer une redistribution des terres en faveur des petits propriétaires et des
paysans sans terre.
2°) La pauvreté
L’extrême pauvreté a connu un recul rapide à l’échelle mondiale sauf en Afrique subsaharienne où elle
continue de progresser. En 2019, 719 421 000 personnes (54,5 % de la population totale) vivent avec moins
de 1 $ par jour. Pour le PNUD, il faudra une croissance continue de 7 % pendant 15 ans pour réduire de
moitié la pauvreté dans le continent.
Doc 2 : Classement mondial du PIB/hab en 2019 : les 20 pays les plus pauvres au monde
Rang Pays PIB/hab (en $) Rang Pays PIB/hab (en $)
1 Soudan du Sud 236 11 Togo 682
2 Burundi 310 12 Liberia 704
3 Malawi 367 13 Soudan 728
4 République centrafricaine 441 14 Burkina Faso 744
5 Madagascar 471 15 Ouganda 759
6 Niger 488 16 Gambie 778
7 Mozambique 493 17 Tadjikistan 828
8 RDC 495 18 Rwanda 830
9 Sierra-Leone 517 19 Comores 833
10 Afghanistan 548 20 Haïti 854
Source : FMI
Doc 6 : La CEDEAO
(Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest)
La CEDEAO est établi par le traité de Lagos signé le 28 Mai 1975 par
quinze pays de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Leone, Togo. Le Cap-Vert a rejoint la Communauté en
1976 mais la Mauritanie a décidé de la quitter en 2000.
Son objectif principal est de « promouvoir la coopération et
l’intégration dans la perspective d'une Union économique de l'Afrique
de l'Ouest en vue d'élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir
et d'accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre
les États membres et de contribuer au progrès et au développement du
continent africain ». Si les objectifs initiaux étaient essentiellement
économiques, la Communauté a par la suite pris en charge les
questions politiques. Ainsi, en 1990, il a été mis sur pied une force de
maintien de la paix (ECOMOG) suite aux différents conflits survenus
dans la région [...]. Le Siège de la CEDEAO est à Abuja, au Nigeria. [...]
Nations-unies, Commission économique pour l’Afrique
Doc 7 : L’UEMOA
Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l’Union économique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a pour objectif essentiel,
l’édification, en Afrique de l’Ouest, d’un espace économique
harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée une totale liberté
de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services
et des facteurs de production, ainsi que la jouissance effective du
droit d’exercice et d’établissement pour les professions libérales,
de résidence pour les citoyens sur l’ensemble du territoire
communautaire.
Huit États côtiers et sahéliens, liés par l’usage d’une monnaie
commune, le FCFA et bénéficiant de traditions culturelles
communes, composent l’UEMOA : le Bénin, le Burkina, la Côte
d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
INS/C. UEMOA : RSM
3°) L’hydrographie
Deux bassins hydrographiques importants se partagent le territoire sénégalais : le Sénégal dans son cours
inférieur et la Gambie dans son cours moyen. Alimentés par les pluies abondantes du Fouta Djallon, ils sont
marqués par une crue en août-septembre et un étiage ou décrue en février-mars. Deux autres bassins de
moindre importance couvrent le Sud du Sénégal : la Casamance, une ria (bras de mer) et la Kayanga dans le
département de Vélingara.
B/ La sécheresse
La période située entre 1968 et 1997 a été marquée par un déficit pluviométrique qui a connu ses points
culminants en 1972-1973 et 1983-1984. Il a asséché les mares, fait baisser les nappes, déstructuré les
écosystèmes et décimé le bétail, sans compter les répercussions sur les hommes. À partir de 1998, une
tendance vers la normalisation des pluies voire un excès a été enregistré.
C/ La qualité de l’eau :
Il s’agit de :
- La salinisation liée à la sécheresse : celle-ci, en provoquant la baisse du niveau des fleuves, facilite la
remontée de langues salées de l’embouchure vers l’amont. Ce phénomène touche tous les fleuves du Sénégal
et justifie la construction de barrages anti-sels. Les nappes sont aussi concernées par la salinisation qui fait
que l’eau de certains forages est devenue impropre à la consommation.
- Les facteurs pathogènes : il s’agit de la pollution par les déchets et de la présence de parasites.
- La présence de déchets humains et industriels : le fleuve Sénégal est particulièrement affecté suite
aux pesticides ou engrais utilisés pour l’agriculture. Il en est de même de la presqu’île du Cap-Vert où les
nappes superficielles ont été souillées par les fosses sceptiques, la décharge de Mbeubeuss et la station
d’épuration de Camberène.
- La présence de parasites : il s’agit des vers de Guinée présents dans les mares, de la bilharziose qui
sévit dans la moyenne et haute vallée et de la simulie qui provoque l’onchocercose ou cécité des rivières
dans les régions du Sud-est où l’écoulement est très rapide.
- Les bassins de rétention : ils sont au nombre de 138. Cependant ils souffrent d’une légèreté dans leur
conception. C’est la raison pour laquelle ils sont souvent trop exposés et ne retiennent qu’une infime partie
de l’eau qui continue de se perdre. Ce programme devrait s’accompagner d’autres types de retenues.
- Les vallées fossiles et le Canal du Cayor : leur réalisation, bien que litigieuse et coûteuse, est
cependant indispensable au règlement de la question de l’eau. Eux seuls permettraient un
approvisionnement correct, une recharge des nappes phréatiques, la revitalisation des écosystèmes et le
règlement des inondations de la ville de Saint-Louis.
- Le traitement des eaux usées : leur utilisation à des fins agricoles aiderait au développement de
l’agriculture péri-urbaine et à la création de ceintures vertes autour des centres urbains.
Depuis l’accession à l’indépendance, l’économie sénégalaise est confrontée à des difficultés structurelles qui
handicapent sa compétitivité et empêchent le décollage du pays. Ces difficultés ont pour noms :
- L’héritage colonial : le partage des tâches pour l’administration coloniale avait confié au Sénégal le rôle
de centre industriel devant approvisionner les autres territoires de l’ex AOF. Le tissu industriel a été élaboré
à ce dessin. À la survenue des indépendances, le développement d’industries nationales et la liberté de choix
des partenaires par les autres pays provoquent le rétrécissement des débouchés de l’industrie sénégalaise.
- Une industrie essentiellement liée à la transformation des produits primaires : le tissu
industriel sénégalais est peu diversifié. Il repose sur la transformation des produits primaires. C’est la raison
pour laquelle les produits alimentaires sont prépondérants dans les exportations. Ils partagent cela avec les
phosphates et leurs dérivés (engrais minéraux et acide phosphorique). Cette faiblesse perdure depuis les
années 60. Le secteur industriel a participé à hauteur de 22,6 % du PIB et emploie 20,2 % de la population
active en 2019.
- Une agriculture peu modernisée et monoculturale : l’agriculture sénégalaise est handicapée par
trois types de faiblesses : la monoculture arachidière, l’insuffisance mécanique et la faiblesse de l’irrigation.
Ces différents éléments font que la productivité est faible et l’agriculture qui a contribué à hauteur de 16 %
dans le PIB en 2019 est peu compétitive.
- Des échanges déficitaires : la balance commerciale du Sénégal est structurellement déficitaire (- 3 356
millions de $ en 2019). Cette perte de devises pose de sérieux problèmes. Il est accentué par le fait que le
pays exporte des produits primaires et que les habitudes de consommation sont très extraverties.
- La Nouvelle politique industrielle (1984) : elle a été mise en place pour remédier à l’essoufflement
du secteur industriel né de différents facteurs dont :
la stagnation de la productivité et de la compétitivité de bon nombre d’industries ;
bloquants comme la politique tarifaire excessive, les restrictions quantitatives et le contrôle des prix.
Les objectifs de la NPI sont au nombre de trois : l’amélioration de la compétitivité des industries, la
modification des structures du tissu industriel et la diversification du tissu industriel dans les régions. Le
but recherché ici est de corriger le déséquilibre dû à la concentration excessive dans la région de Dakar.
Le bilan de la NPI est négatif. La déprotection est brutale et les pertes d’emploi sont passées de 1000 en
1981 à 5000 en 1993. De même, 14 % des entreprises avaient cessé leurs activités en 1994. L’État a par la
suite décidé de corriger la NPI en mettant en place une politique de relance de l’activité industrielle au
lendemain de la dévaluation du franc CFA en 1994.
- La Nouvelle politique agricole (1986) : elle visait à responsabiliser les producteurs ruraux et à établir
un nouveau cadre de coopération rurale. Elle devait permettre la réalisation de l’autosuffisance alimentaire
par l’intensification de l’agriculture, créer des emplois et contribuer de manière considérable à l’équilibre de
la balance des paiements. Elle rompt avec l’interventionnisme étatique et prône une restructuration
(réorganisation des coopératives). Les sociétés de développement rurales sont aussi réorientées. Certaines
disparaissent alors que d’autres sont redimensionnées.
Pour les grandes orientations du Plan d’action prioritaire (PAP) 2019-2023 du PSE II, le gouvernement du
Sénégal a annoncé une enveloppe de 14 098 milliards de francs CFA. Un financement qui entre dans le
cadre d’un partenariat public-privé ciblant les domaines de l’agro-industrie, du numérique, du pétrole-gaz
et des infrastructures. Des réformes qui seront engagées en mode « fast track92 » (procédure accélérée) pour
une croissance plus forte et inclusive.
92 « Fast track » : « nous allons mettre toutes les actions de l’État en mode "Fast Track" et engager des réformes pour la rationalisation et la
formalisation du service administratif ». Macky Sall, 2 avril 2019, Prestation de serment pour le second mandat à Diamniadio.
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