Evelyne Grossman - La Creativite de La Crise
Evelyne Grossman - La Creativite de La Crise
Evelyne Grossman - La Creativite de La Crise
LA CRÉATIVITÉ
DE LA CRISE
Crise de la créativité
L’impersonnel créateur
Créativité de la crise
Du même auteur
« Si vous voulez m’appliquer les critères
bibliographie-biographie, je vois que j’ai écrit mon
premier livre assez tôt, et puis plus rien pendant huit
ans. [...] C’est comme un trou dans ma vie, un trou
de huit ans. [...] C’est peut-être dans ces trous que se
fait le mouvement. Car la question est bien comment
faire le mouvement, comment percer le mur, pour
cesser de se cogner la tête. »
2. Alain Ehrenberg, La Fatigue d’être soi. Dépression et société, Odile Jacob, 1998, rééd.
« Poches Odile Jacob », p. 167.
3. Edgar Morin, « Pour une crisologie », Communications, no 25, La Notion de crise, sous
la direction d’André Béjin et Edgar Morin, 1976, p. 161.
6. Voir en particulier Margaret Mahler, dont les premiers travaux sur la question remontent
aux années 1950 : Psychose infantile. Symbiose humaine et individuation [1973], Payot, coll.
« Petite Bibliothèque Payot », 2001.
8. Antonin Artaud, préface au Théâtre et son double [1935], Œuvres, op. cit., 2004, p. 509.
9. D. W. Winnicott, Jeu et réalité [1971], trad. Claude Monod et J.-B. Pontalis, Gallimard,
coll. « Folio essais », 1975, p. 130-138. Voir aussi Frédérick Aubourg, « Winnicott et la
créativité », Le Coq-héron, vol. 173 no 2, 2003, p. 21-30.
10. Pierre Fédida, Des bienfaits de la dépression. Éloge de la psychothérapie, Odile Jacob,
2001, p. 10-16
12. André Gide, Paludes (traité de la contingence) [1895], Gallimard, coll. « Folio »,
1973.
13. Roland Barthes, La Préparation du roman I et II, op. cit., p. 326-327. Sur un thème
proche, le mythe de l’écrivain maudit et sa mystique de la souffrance héritée du
christianisme, voir Pascal Brissette, La Malédiction littéraire. Du poète crotté au génie
malheureux, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Socius », 2005.
14. En France, c’est le neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui a rendu célèbre la notion de
résilience, au sens d’une résistance, d’un rebond psychique permettant à certains individus de
revivre après un traumatisme.
16. Germain Roesz, Peintures, 1970-2011, L’Harmattan / Cour carrée, 2012 ; cité par J.-L.
Déotte, revue Appareil, no 13, op. cit.
17. Pierre Guyotat, Coma, Mercure de France, 2006, rééd. Gallimard, coll. « Folio »,
2007, p. 17.
18. Gilles Deleuze, Logique du sens, Les Éditions de Minuit, 1969, p. 174.
19. Ibid. Dans les Dialogues avec Claire Parnet où est reprise la citation (Flammarion,
1977 ; rééd. coll. « Champs », 1996, p. 80), il est renvoyé sans plus de détails à deux livres
de Bousquet, Traduit du silence et Les Capitales. Dans Logique du sens, Deleuze renvoie à
un article de René Nelli, ami proche de Bousquet, dans les Cahiers du Sud, no 3, 1950.
J’avoue ne trouver nulle part la phrase de Bousquet dans mes éditions et tous ceux qui la
citent se contentent de renvoyer à Deleuze. Cela ne signifie pas qu’elle soit apocryphe : elle
correspond indéniablement à certaines aspirations du poète. Surtout, ainsi répétée partout
grâce à Deleuze, elle a le mérite d’accorder à Bousquet la stature qu’il douta souvent
d’atteindre de son vivant. Comme il l’écrivait à Germaine, l’une des femmes qu’il aima :
« [...] la vie est à créer. On la trouve préfigurée sur le chemin du songe comme une forme
plus belle à substituer, au prix de toutes les souffrances, à la froide physionomie des
événements. » (Lettres à Poisson d’Or, Gallimard, 1967, rééd. coll. « L’imaginaire », 1988,
p. 31). Ajout ultérieur : Grâce à Jean-Baptiste Para et Alain Freixe, que je remercie ici, voici
sans doute la clé de l’énigme. Dans son article, René Nelli écrit : « Ma blessure, disait-il,
existait avant moi : je suis né pour l’incarner. » Ce « disait-il » est omis chez Deleuze. Le
propos serait donc rapporté, voire extrapolé de l’œuvre. Nelli n’en donne pas la référence.
20. Joë Bousquet, Traduit du silence [1941], Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1995,
p. 90.
23. Ibid., p. 110. Il ajoute : « Ma force en moi fut mon infirmité, dans mon absence de tout
lieu réel. »
24. Joë Bousquet, Le Cahier noir, Albin Michel, 1989, rééd. La musardine, 2018, p. 104,
106 et 171.
26. « Tu vis le jour le jour où le Sauveur mourut », Samuel Beckett, Compagnie, Les
Éditions de Minuit, 1980, p. 19.
27. Louis Calaferte, Septentrion, Denoël, 1984, rééd. Gallimard, coll. « Folio », 1990,
p. 415.
29. Une exégèse d’inspiration sartrienne aurait pu après tout interpréter la culpabilité de
Calaferte en termes de traître à sa classe sociale.
30. Jean-René Huguenin, Journal [1964], Le Seuil, coll. « Points », 1997, avec une
présentation de Renaud Matignon et une préface de François Mauriac, p. 294-295.
32. Je vais trop loin peut-être. Foucault se borne à écrire, ce qui n’est déjà pas si mal :
« J’imagine qu’il y a dans mon porte-plume une vieille hérédité du bistouri. Peut-être, après
tout, est-ce que je trace sur la blancheur du papier ces mêmes signes agressifs que mon père
traçait dans le corps des autres lorsqu’il opérait ? [...] J’ai transformé le bistouri en porte-
plume. », Michel Foucault, Le Beau Danger, entretien avec Claude Bonnefoy, EHESS, 2011,
p. 35-36. On notera avec curiosité cette expression de « signes agressifs », loin de toute
compassion médicale.
37. Sigmund Freud, « Les fantasmes hystériques et leur relation à la bisexualité » [1908],
trad. J. Laplanche et J.-B. Pontalis, in Névrose, psychose et perversion, P.U.F., coll.
« Bibliothèque de psychanalyse », 1973.
38. Pierre Assouline, Simenon, Julliard, 1992, rééd. Gallimard, coll. « Folio », 1996. Voir
aussi son Autodictionnaire Simenon, Omnibus, 2009, rééd. Le Livre de poche, 2011.
39. Melanie Klein, Envie et gratitude et autres essais [Envy and Gratitude. A Study of
Unconscious Sources, 1957], Gallimard, 1969, rééd. coll. « Tel », 1978, respectivement
p. 18 et 46.
42. Françoise Héritier, Michelle Perrot, Sylviane Agacinski et Nicole Bacharan, La Plus
Belle Histoire des femmes, Le Seuil, 2011, rééd. coll. « Points », 2014, p. 27.
43. Françoise Héritier, Masculin/Féminin II. Dissoudre la hiérarchie, Odile Jacob, 2002,
rééd. coll. « Poches Odile Jacob », p. 23 (l’auteur souligne).
45. Antonin Artaud, Œuvres, op. cit., p. 163. Sur tout ceci je renvoie à ce que j’ai
développé dans Artaud/Joyce. Le corps et le texte, Nathan, coll. « Le texte à l’œuvre »,
1996 (livre en accès libre à l’adresse suivante : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
01421746).
J’ouvre ici une parenthèse. Dans un sens plus radical et sans doute
étranger au surréalisme, l’impersonnel selon Blanchot exige de
s’élever à hauteur de sacrifice. On n’écrit, comme il le formule, qu’en
se dessaisissant de soi-même : « L’œuvre exige de l’écrivain qu’il
perde toute “nature”, tout caractère, et que cessant de se rapporter aux
autres et à lui-même par la décision qui le fait moi, il devienne le lieu
vide où s’annonce l’affirmation impersonnelle8. » Loin de toute
réassurance narcissique, l’écriture avance à travers un entrelacs de
forces contradictoires qui menacent toujours de la défaire. Ce
processus inlassable, Blanchot le nomme « désœuvrement » : non pas
l’inaction, l’absence d’œuvre, l’impuissance chez Calaferte ou le
cerveau arrêté de Huguenin (mouvement simplement négatif), mais
une force de destruction qui anime l’œuvre, un mouvement instable
qui la ronge et qu’il faut endurer. C’est là le mouvement même de la
création selon Blanchot et il faut persévérer dans l’étrange énergie du
désœuvrement « en supportant la détresse d’un échec irrémédiable »
jusqu’au flamboiement de la couleur, comme chez Van Gogh. Ou
jusqu’à l’éblouissement des images surréalistes, pourrait-on ajouter.
Ce que les surréalistes avaient donc découvert, c’était non pas la
promesse d’une créativité à portée de tous mais l’existence d’une
force impersonnelle à l’œuvre dans l’œuvre. Derrière ce mythe d’un
poème s’écrivant « en chacun sans personne » les surréalistes
dévoilaient une expérience tout autre, celle de « l’insécurité de
l’inaccessible9 ». Il faudra revenir sur cette formule lumineuse
(« l’insécurité de l’inaccessible »), moins pour l’accent qu’elle met
sur l’inaccessible – lequel risque toujours de virer à l’héroïsme
bravache ou au ciel des mystiques –, que pour ce mot si profond
d’insécurité. Toute création exige-t-elle l’insécurité ?
De l’écriture étrangère à moi qui pulse en moi, jusqu’à l’écriture
captée à plusieurs, l’exploration surréaliste se poursuivit. En 1961,
dernier sursaut d’un surréalisme tardif (Breton disparaît en 1966),
paraît L’Immaculée Conception, bizarre recueil écrit à quatre mains
par André Breton et Paul Éluard. Les intitulés des premiers chapitres,
en écho au titre, affichent hardiment leur programme : affronter les
mystères surnaturels de la (pro) création à deux : « L’homme. La
conception. La vie intra-utérine. La naissance. » Preuve aussi s’il en
fallait que le fantasme procréateur a la vie dure, permettant çà et là
d’irrévérents jeux phoniques (ImmaCULée CONception) moins
blasphématoires que gaillardement sexuels. Une fois encore,
l’écriture automatique y dévoile la splendeur d’images poétiques
fulgurantes et éphémères, belles comme... ce qui ne peut vivre que
dans la déchirure d’un éclat, entre « naître » (commencer) et « n’être
rien ». « N’être rien. De toutes les façons qu’a le tournesol d’aimer la
lumière, le regret est la plus belle ombre sur le cadran solaire. Os
croisés, mots croisés, des volumes et des volumes d’ignorance et de
savoir. Par où faut-il commencer10 ? »
Par où en effet faut-il commencer pour que surgissent ces
rencontres fortuites déclenchant l’écriture, ces coïncidences de faits et
de signes, événements inattendus, « cadavre exquis » ou même la
« trouvaille », ce « merveilleux précipité du désir », comme disait
Breton, présidant à la naissance d’une œuvre ?
Blanchot lui aussi, dans son livre paru après la mort de Foucault,
évoque le long silence qui suivit la publication du premier tome de
l’Histoire de la sexualité (La Volonté de savoir). Lui aussi tient
volontairement à distance toute explication trop simple ou intrusive
dans la vie d’un homme. Tout juste suggère-t-il : « des circonstances
que je ne prétends pas élucider parce qu’elles me semblent d’ordre
privé et qu’en plus il ne servirait à rien de les connaître ». Foucault
d’ailleurs s’en est expliqué dans sa préface à L’Usage des plaisirs
(1984), « sans tout à fait convaincre », ajoute-t-il. Blanchot évoque
cependant à demi-mot l’hypothèse d’une crise, d’un bouleversement
intime que sa maladie dut provoquer en lui mais là encore rien ne
peut être simplement énoncé ; une certaine insécurité d’expression
domine dans la formulation de Blanchot : « Une expérience
personnelle que je ne puis que supposer et dont je crois que lui-même
fut frappé dans l’ignorance de ce qu’elle représentait (un corps solide
qui cesse de l’être, une maladie grave dont il a à peine le
pressentiment, enfin l’approche d’une mort qui l’ouvre non pas à
l’angoisse, mais à une surprenante et nouvelle sérénité), modifient
profondément son rapport au temps et à l’écriture36. »
Relisons un instant ces « explications » que donne Foucault dans
l’introduction de L’Usage des plaisirs. Il n’évoque en effet
directement aucune crise personnelle ni a fortiori de maladie. Certes,
ce deuxième livre de l’Histoire de la sexualité paraît « plus tard »
qu’il ne l’avait prévu et « sous une tout autre forme » mais il avance
une série précisément argumentée de justifications : de longues et
patientes recherches historiques, une plongée dans les archives de
l’Antiquité grecque et latine (langues et cultures dont il n’est
nullement spécialiste) et surtout un « déplacement théorique » par
rapport à son projet initial. Il ajoute enfin ceci, dont on admirera
l’élégante duplicité : « Que vaudrait l’acharnement du savoir s’il ne
devait assurer que l’acquisition des connaissances, et non pas, d’une
certaine façon et autant que faire se peut, l’égarement de celui qui
connaît ? Il y a des moments dans la vie où la question de savoir si on
peut penser autrement qu’on ne pense et percevoir autrement qu’on
ne voit est indispensable pour continuer à regarder ou à réfléchir. On
me dira peut-être que ces jeux avec soi-même n’ont qu’à rester en
coulisses [...]. L’“essai” – qu’il faut entendre comme épreuve
modificatrice de soi-même dans le jeu de la vérité et non comme
appropriation simplificatrice d’autrui à des fins de communication –
est le corps vivant de la philosophie [...]37. » On ne commentera pas
la complexité noueuse d’une phrase qui nie toute confidence alors
même qu’elle la livre. On se bornera à remarquer trois choses :
d’abord que, fidèle à son habituelle répugnance face à toute idée
d’aveu, mais jouant aussi de ces subtiles rétractations d’écriture qu’il
admire chez Beckett38, Foucault réaffirme l’oscillation nécessaire
entre vérité et mensonge (c’est déjà ce qu’il disait au début de son
article sur Blanchot en 1966). Par ailleurs, si la connaissance doit
aussi « assurer... l’égarement de celui qui connaît », il faut entendre
« égarement » dans tous les sens du terme chez l’auteur de l’Histoire
de la folie : la fausse route mais aussi le risque de folie ou
d’effondrement. Enfin, on notera que, loin de contredire ou déjuger
par avance les hypothèses de Deleuze et Blanchot, il leur confère une
étrange résonance anticipée, mettant sous le signe de l’égarement
aussi bien le discours théorique que le corps du chercheur lui-même,
on va le voir.
Mais d’abord, qu’en fut-il justement des relations entre Blanchot et
Foucault ? Dès l’ouverture de son bref volume, Michel Foucault tel
que je l’imagine, Blanchot répond à la question en termes simples
mais complexes, selon son habitude : « Quelques mots personnels.
Précisément, je suis resté avec Michel Foucault sans relations
personnelles. Je ne l’ai jamais rencontré, sauf une fois dans la cour de
la Sorbonne pendant les événements de Mai 1968, peut-être en juin
ou juillet (mais on me dit qu’il n’était pas là), où je lui adressai
quelques mots, lui-même ignorant qui lui parlait (quoi que disent les
détracteurs de Mai, ce fut un beau moment, lorsque chacun pouvait
parler à l’autre, anonyme, impersonnel, homme parmi les hommes,
accueilli sans autre justification que d’être un autre homme39). » On
ne peut mieux indiquer l’impersonnel d’un dialogue nouant
l’essentielle proximité et l’absence irréductible, comme jouant à
l’avance la séparation définitive que marquerait la mort de Foucault
en la rendant par là même, comme toujours chez Blanchot, incertaine
et comme instable. D’où le recours volontairement romanesque (dans
cette écriture à la fois distante et voluptueuse qui constitue à mes
yeux la marque de Blanchot) à un portrait imaginaire de Foucault, un
portrait de l’écrivain-philosophe absent, semblable au vide central de
l’absence du roi dans le tableau de Vélasquez, Les Ménines, que
Foucault étudia dans le premier chapitre des Mots et les Choses. Là
encore, sans revenir sur les analyses de l’œuvre de Foucault que
propose Blanchot tout au long de ce livre, je ne veux citer que la fin,
bouleversante à mes yeux dans la révélation de ce déchirement à
distance qu’il nomme pour toujours « amitié ». « L’amitié fut peut-
être promise à Foucault comme un don posthume [...]. En témoignant
pour une œuvre qui a besoin d’être étudiée (lue sans parti pris) plutôt
que louée, je pense rester fidèle, fût-ce maladroitement, à l’amitié
intellectuelle que sa mort, pour moi très douloureuse, me permet
aujourd’hui de lui déclarer tandis que je me remémore la parole
attribuée par Diogène Laërce à Aristote : Ô mes amis, il n’y a pas
d’ami40. »
On peut se souvenir ici de la définition déchirante (ou
fastidieusement contournée, comme l’on veut) que donne Blanchot de
l’amitié, parlant après la mort de Bataille, de celle qui continue à les
lier : « le pur intervalle qui, de moi à cet autrui qu’est un ami, mesure
tout ce qu’il y a entre nous41. »
De ses rapports personnels avec Foucault, Deleuze ne dit rien non
plus ou très peu. Il évoque cette curieuse notion apparemment désuète
de « fraternité d’âme42 ». Reprenant la différence que trace Foucault
dans un entretien de 1981 entre amour et passion, Deleuze définit à
son tour la passion comme « un événement subpersonnel qui peut
durer aussi longtemps qu’une vie », « un champ d’intensités qui
individue sans sujet », au contraire de l’amour qui est un rapport entre
personnes43. La passion, disait Foucault dans cet entretien avec
Werner Schroeter, est un état toujours mobile, « une sorte d’instant
instable qui se poursuit pour des raisons obscures, peut-être par
inertie ». Dans la passion « on n’est pas soi-même. Ça n’a plus de
sens d’être soi-même44 ». On voit comment, de ces propos somme
toute banals de Foucault lors d’un entretien, Deleuze crée un quasi-
concept qui en radicalise la portée. Reprenant ailleurs cette
distinction, il déclare à propos de Foucault : « J’étais dans un certain
état de passion à son égard45. »
4. Ibid., p. 34 et 52. Voir aussi André Breton, Philippe Soupault, Les Champs magnétiques
[1918], Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1971, préface de Philippe Audoin.
5. Commentaire de Breton en 1930. Cité par Philippe Audoin dans sa préface aux Champs
magnétiques, op. cit., p. 14.
6. Maurice Blanchot, L’Espace littéraire [1955], Gallimard, coll. « Folio essais », 1988,
respectivement p. 239 et p. 56.
7. Ibid., p. 62.
8. Ibid., p. 61.
10. André Breton, Paul Éluard, L’Immaculée Conception, Seghers, 1961, p. 11 (je
souligne).
11. Julia Deck, Le Triangle d’hiver, Les Éditions de Minuit, 2014, p. 10.
12. Sur la grammaire générative, voir par exemple : Noam Chomsky, Structures
syntaxiques, Le Seuil, 1969.
15. Roland Barthes, « La mort de l’auteur » [1968], Œuvres complètes, III, Gallimard,
2002, p. 41.
16. Barthes reprend ici les théories d’Émile Benvéniste qui avait montré dans ses travaux
sur le système des pronoms et les relations de personne dans le verbe que « c’est dans et par
le langage que l’homme se constitue comme sujet ». De ce point de vue linguistique, la
« subjectivité » n’est que « l’émergence dans l’être d’une propriété fondamentale du langage.
Est “ego” qui dit “ego” ». (« De la subjectivité dans le langage », Problèmes de linguistique
générale, Gallimard, 1966, p. 259-260).
17. Deleuze écrit ceci : « D’abord la philosophie n’a jamais été réservée aux professeurs
de philosophie. Est philosophe celui qui le devient, c’est-à-dire celui qui s’intéresse à ces
créations très spéciales, dans l’ordre des concepts. Guattari est un philosophe extraordinaire,
d’abord et surtout quand il parle politique, ou musique. » (Pourparlers, 1972-1990, Les
Éditions de Minuit, 1990, p. 41).
18. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, Les Éditions de Minuit, 1980, p. 318-
319. Déjà dans Logique du sens, à propos des incorporels stoïciens, Deleuze évoquait « le on
des singularités impersonnelles et pré-individuelles, le on de l’événement pur où il meurt
comme il pleut. La splendeur du on, c’est celle de l’événement même ou de la quatrième
personne. » (Les Éditions de Minuit, 1969, p. 178).
21. A-t-on assez remarqué que Logique du sens, publié par Deleuze seul, était aussi un
hommage au « Coup de dés » de Mallarmé ? « Comme sur une surface pure, certains points
de telle figure dans une série renvoient à d’autres points de telle autre : l’ensemble des
constellations-problèmes avec les coups de dés correspondants, les histoires et les lieux, un
lieu complexe, une “histoire embrouillée” – ce livre est un essai de roman logique et
psychanalytique. » (Avant-propos de Logique du sens, op. cit., p. 7.)
22. Gilles Deleuze, Claire Parnet, Dialogues, Flammarion, 1977 ; rééd. coll. « Champs »,
1996, p. 19-20.
25. Sur l’effondement et le coup de dés, voir Gilles Deleuze, Différence et répétition,
P.U.F., 1968, p. 258-259.
26. « “Le rapport d’autrui à moi n’est pas un rapport de sujet à sujet.” J’avoue qu’en disant
et en entendant cela, j’ai éprouvé un sentiment de peur : comme si nous heurtions de front
l’inconnu [...] » (Maurice Blanchot, L’Entretien infini, Gallimard, 1969, p. 99).
27. Les deux articles sont parus initialement dans la revue Critique. Le premier, en
juin 1966, est repris dans Dits et écrits I, Gallimard, coll. « Quarto », 2001, p. 546-567. Le
second, à propos de Différence et répétition et Logique du sens de Deleuze, en
novembre 1970, dans le même recueil, p. 945-967.
30. Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? » [1969], Dits et écrits I, op. cit., p. 832-
833.
31. Michel Foucault, « Theatrum philosophicum », Dits et écrits I, op. cit., p. 944.
32. J’avais d’abord cru y lire (à tort ?) les initiales malicieuses du titre, Logique du sens.
33. Michel Foucault, « Theatrum philosophicum », Dits et écrits I, op. cit., p. 966. Notons
au passage que c’est d’abord Bouvard et Pécuchet que Foucault qualifie plus haut « d’êtres a-
catégoriques ».
36. Maurice Blanchot, Michel Foucault tel que je l’imagine, Fata Morgana, 1986, p. 48.
37. Michel Foucault, Histoire de la sexualité II. L’Usage des plaisirs [1984], Gallimard,
coll. « Tel », 1997, p. 15-16. Remarquons au passage l’énonciation performatrice de cette
phrase qui invite, en se dépliant, son lecteur à l’égarement : « Que vaudrait l’acharnement du
savoir s’il ne devait assurer que l’acquisition des connaissances... » Ce « que » peut en effet
dérouter. On pourrait s’attendre à un « que » complétif, introduisant une subordonnée du
type : « assurer que l’acquisition des connaissances... est indispensable... ». Il faut rebrousser
chemin pour y lire en fait un « que » restrictif (ne... que), équivalent à « si l’acharnement du
savoir devait assurer seulement l’acquisition des connaissances... ».
38. Voir par exemple les premières pages de L’Ordre du discours, sa leçon inaugurale au
Collège de France, où il cite sans le nommer L’Innommable de Samuel Beckett.
39. Maurice Blanchot, Michel Foucault tel que je l’imagine, op. cit., p. 9.
42. Gilles Deleuze, Pourparlers, op. cit., p. 157-158. Jeu ironique peut-être aussi avec le
stéréotype viril : « fraternité d’armes ».
44. Michel Foucault, Dits et écrits II, Gallimard, coll. « Quarto », 2001, p. 1070.
46. Sur tout ceci, voir Foucault, op. cit., p. 103-104 ; p. 120-127 ; Pourparlers, op. cit.,
p. 126-128, 148-149.
48. Par exemple ici : « L’écrivain [...] jouit d’une irrésistible petite santé qui vient de ce
qu’il a vu et entendu des choses trop grandes pour lui, irrespirables, dont le passage l’épuise
[...]. De ce qu’il a vu et entendu, l’écrivain revient les yeux rouges, les tympans percés.
Quelle santé suffirait à libérer la vie partout où elle est emprisonnée par et dans l’homme, par
et dans les organismes et les genres ? » (Critique et clinique, Les Éditions de Minuit, 1993,
p. 14.)
Cette crise qu’Artaud voyait surgir de tous côtés dans les années
trente, menaçant de contaminer le monde, c’est évidemment aussi
celle qu’il vivait au plus profond de son être, ce désastre intime, cette
coupure entre le monde et lui, entre lui et les autres. La crise est cette
séparation. Il le répète dans ses tout premiers textes : « Je peux dire,
moi, vraiment, que je ne suis pas au monde » ; ou encore : « je
m’assiste, j’assiste à Antonin Artaud ». Ma vie est devenue un
spectacle, je me vois la jouer et l’expérience est terrifiante. Pure
projection d’un schizophrène (schizein : « couper ») qui voit son mal-
être envahir le monde ? Lui, invoque la lucidité supérieure de
« l’aliéné authentique » comme il dit, ce nouveau Voyant venu après
Rimbaud et tous ces poètes hallucinés qu’il revendique comme ses
frères : Lautréamont, Edgar Poe, Nerval, Hölderlin, Nietzsche...
Alors, il le répète : nous sommes coupés de la réalité, séparés de la
source vitale de la création... Pourquoi ? Parce que nous vivons
comme si nous étions au spectacle, comme si la vie était un spectacle.
C’est un autre dispositif qu’il nous faut inventer, un Théâtre de la
Cruauté où s’effacera la coupure entre la scène et la salle, l’acteur et
le spectateur, le monde et sa représentation. Il le redit dans ses
lettres : j’ai dit cruauté comme j’aurais dit appétit de vie, énergie,
vibrations, intensité. Non plus le « théâtre digestif » et gratuit
d’aujourd’hui mais un théâtre renouant avec la matière vibratile où
tout corps est inscrit : un théâtre corporel et vivant. Ajoutons : un
théâtre qui est un acte, celui du déséquilibre tenu. Dans un texte paru
en 1935, « Le théâtre et la culture » qui servira de préface au Théâtre
et son double, il proteste à nouveau contre « l’idée séparée que l’on se
fait de la culture, comme s’il y avait la culture d’un côté et la vie de
l’autre ; et comme si la vraie culture n’était pas un moyen raffiné de
comprendre et d’exercer la vie7 ». L’inverse de la séparation ? La
brûlure. La vie ? « Cette sorte de fragile et remuant foyer auquel ne
touchent pas les formes. » Et le texte conclut : « Et s’il est encore
quelque chose d’infernal et de véritablement maudit dans ce temps,
c’est de s’attarder artistiquement sur des formes, au lieu d’être
comme des suppliciés que l’on brûle et qui font des signes sur leurs
bûchers8. »
Un peu comme chez Beckett : quel sens avait tout cela finalement,
cette attente en vain, ce somnolant va-et-vient de berceuse, cette
errance obstinée, ces amours impossibles, ce Purgatoire qui s’étire à
l’infini ? Gardons-nous de tout refermer immédiatement dans ce mot
trop simple d’« absurde ». Poursuivez la quête, continuez à rater le
sens, ratez mieux, répète Beckett. Ceci n’est pas un examen ; il n’y a
ni gagnant ni perdant, ni Salut ni damnation. Et si l’on tombe, c’est
souvent drôle : enfin un événement ! On tombe comme tombent les
dés et les mots : le ratage est une expérimentation créatrice.
Et de même, ce que Nietzsche suggère serait d’apprendre à jouer,
sans assurance aucune, avec la force déstabilisante de l’interprétation-
création, son mouvement instable qui avance à tâtons à travers le
ratage du sens (nul ne sait au juste où il va). Il faudrait ici pouvoir
citer tout le paragraphe du Gai Savoir intitulé « Les croyants et leur
besoin de croyance30 ». La foi, dit Nietzsche nous sert de soutien, de
béquille. Or, on mesure le degré de faiblesse de quelqu’un au nombre
de principes « solides » dont il a besoin pour tenir debout. Ce désir
que nous avons d’un appui, « cet impétueux désir de certitude », voilà
ce qui conserve leur puissance aux religions, aux métaphysiques, aux
dictatures. « Ce qui signifie, ajoute Nietzsche, que moins quelqu’un
sait commander, plus il aspire violemment à quelqu’un qui ordonne,
qui commande avec sévérité, à un dieu, un prince, un État, un
médecin, un confesseur, un dogme, une confiance de parti. [...] Dès
qu’un homme arrive à la conviction fondamentale qu’il faut qu’il soit
commandé, il devient “croyant”. » Que faut-il imaginer au contraire ?
Une joie, une liberté du vouloir. Et voici la fin du paragraphe : alors
« l’esprit abandonnerait toute foi, tout désir de certitude, exercé
comme il l’est à se tenir sur les cordes légères de toutes les
possibilités, à danser même au bord de l’abîme ». Apprendre à danser,
toujours. Apprendre à traverser le déséquilibre.
L’interprétation fut longtemps du domaine exclusif des théologiens,
transformant les textes en dogmes et préceptes à suivre : voici ce qu’il
faut comprendre, les règles à suivre, reposez-vous sur notre lecture,
ne vous avisez pas d’en inventer une autre. Nous, prêtres, sommes les
gardiens du sens. Imaginons plutôt une interprétation qui
expérimenterait sans cesse, cheminerait à travers des significations
possibles, sans certitude de trouver le dernier mot sur le sens. Il
s’agirait, au sens nietzschéen, de cultiver l’art de l’interprétation
comme puissance d’instabilité, d’invention, de créativité. Éloge du
déséquilibre créateur, refus des dogmes et croyances dictées.
Plaidoyer pour l’insécurité poétique et créative de ceux qui, comme
dit Deleuze, osent plonger dans le chaos. « L’art, la science, la
philosophie [...] tirent des plans sur le chaos. Ces trois disciplines ne
sont pas comme les religions qui invoquent des dynasties de dieux, ou
l’épiphanie d’un seul dieu pour peindre sur l’ombrelle un firmament
[...]. Le philosophe, le savant, l’artiste, semblent revenir du pays des
morts31. » Autant dire que tout un chacun n’est pas capable
d’affronter cette crise qu’est la création.
Sommes-nous alors définitivement exclus du cénacle, à nouveau
tenus dehors, simples spectateurs-consommateurs de la création, nous
autres « névrosés ordinaires », comme dit plaisamment le dramaturge
Valère Novarina, nous autres lecteurs, interprètes, amoureux
passionnés d’art et de création ? On pourrait évoquer à nouveau ceci
qu’a répété toute sa vie l’artiste plasticienne franco-américaine
Louise Bourgeois : « L’art est une garantie de santé. » Ajoutons : pour
l’artiste comme pour celui qui rejoue son œuvre avec lui. Ce que
Louise Bourgeois calcule sans arrêt dans ses œuvres est très
exactement ce rapport difficile à trouver entre équilibre et
déséquilibre : échelles en aplomb précaire, béquilles redressant les
chairs, poids et contrepoids (mollesse et dureté, concave et convexe,
gigantesque et minuscule, homme et femme, architecture et corps...),
personnages-totems fichés en terre, araignées dressées sur leurs pattes
graciles, personnages en lévitation horizontale, vêtements suspendus
à des cintres, à des arbres, à des squelettes verticaux. « Mes
sculptures, déclare-t-elle dans un entretien, sont des équations
infaillibles. Les équations doivent être testées. Est-ce que la tension
baisse, est-ce que la compulsion disparaît, est-ce que la douleur
cède ? Soit ça marche, soit ça ne marche pas32. » C’est ainsi qu’elle
utilise les fragments et débris des mythes psychanalytiques (Œdipe,
repas totémique, spasmes hystériques, secrets et interdits cachés dans
la chambre des parents...) qu’elle remet en scène dans ses
installations, non pas pour les illustrer comme thèmes et contenus
mais pour en user comme des objets, éléments plastiques à moduler, à
rejouer et qu’elle nous donne à rejouer. La psychanalyse est partout
présente en effet dans son œuvre puisqu’elle lui est familière. Elle a
mené une longue psychanalyse personnelle, a beaucoup lu Freud et
ses successeurs, mais on n’avance guère (voire on tourne en rond) si
l’on propose une interprétation psychanalytique des contenus de son
œuvre. La psychanalyse pour elle est un matériau comme un autre, un
élément de sa vie, au même titre que ses souvenirs, ses flacons de
parfum et bobines de fil, ses anciens vêtements ou vieilles chaises
qu’elle réutilise dans sa création.
Ce que Louise Bourgeois nous rappelle finalement, c’est ceci : la
psychanalyse n’est pas un répertoire de thèmes et contenus, elle
s’expérimente. C’est une expérience affective et vitale. Et de même
l’art moderne. La question autrefois, face à une œuvre, était :
« Qu’est-ce que cela représente ? » Puis, plus tard : « Qu’est-ce que
cela veut dire ? » L’art ne signifie rien, Beckett le disait aussi à sa
manière inimitable : « Il n’y a pas de peinture. Il n’y a que des
tableaux. Ceux-ci, n’étant pas des saucisses, ne sont ni bons ni
mauvais. Tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’ils traduisent, avec plus
ou moins de pertes, d’absurdes et mystérieuses poussées vers l’image,
qu’ils sont plus ou moins adéquats vis-à-vis d’obscures tensions
internes33. » Poussées et contrepoussées, déséquilibre en acte. Et le
spectateur ? Un acteur de sa vision, de son interprétation, de sa
déambulation : comment affronter les « Cellules » de Louise
Bourgeois qui dissimulent à demi leur contenu, comment tourner
autour, quel angle de vision construire ? Louise Bourgeois, comme la
plupart des artistes et écrivains contemporains, nous force à
expérimenter les déséquilibres qu’ils ont mis en œuvre, ce va-et-vient
instable et souvent poignant entre l’angoisse et la joie : crise créatrice
à traverser à nouveau, par chacun d’entre nous, s’il en a la force. Là
non plus, tout un chacun n’est pas capable d’affronter cette crise
qu’est l’interprétation créatrice. Question d’hypersensibilité, c’est-à-
dire de forces affectives à engager et à jouer. Nietzsche appelle cela
l’évaluation (pas la recherche des contenus de vérité) : poids et
mesure, calcul des rapports, équilibre précaire là encore. Comme
disait Zarathoustra : il n’y a pas de valeur en soi, toute valeur se crée,
s’expérimente, dans l’équilibre instable du désir et du rejet. « Évaluer,
c’est créer : écoutez donc, vous qui êtes créateurs ! C’est leur
évaluation qui fait des trésors et des joyaux de toutes choses
évaluées34. »
3. Ibid., p. 161.
4. Ibid. ; p. 510-521.
8. Ibid., p. 509.
9. Samuel Beckett, L’Innommable, Les Éditions de Minuit, 1953, p. 157-158 ; rééd. coll.
« double », 2004.
11. Autre exemple du même mouvement de désir-rejet dans Molloy : « de loin en loin un
co-détenu qu’on voudrait aborder, embrasser, traire, allaiter, et qu’on croise, les yeux
mauvais, de crainte qu’il se permette des familiarités ». (Les Éditions de Minuit, 1951,
p. 15.)
13. Gilles Deleuze, L’Épuisé, in Samuel Beckett, Quad et autres pièces pour la télévision,
Les Éditions de Minuit, 1992.
14. Guy Debord, La Société du spectacle, Buchet/Chastel, 1967, rééd. Gallimard, 1992,
p. 8.
16. Voir par exemple Jacques Le Rider, « Nietzsche et la France. Présences de Nietzsche
en France », in Friedrich Nietzsche, Œuvres, Robert Laffont, 1993, rééd. coll. « Bouquins »,
p. XI-CXII. Sur les liens entre la pensée d’Artaud et celle de Nietzsche, voir Camille
Dumoulié, Nietzsche et Artaud. Pour une éthique de la cruauté, P.U.F., 1992.
17. Georges Bataille, Acéphale, no 5, juin 1939, repris dans les Œuvres complètes, t. 1,
Gallimard, 1970, p. 545.
18. Friedrich Nietzsche, Œuvres, op. cit., p. 31. Voir aussi la traduction révisée des textes
parus dans les Œuvres complètes aux éditions Gallimard, dans l’édition de la « Bibliothèque
de la Pléiade », sous la direction de Marc de Launay, Œuvres II, Gallimard, 2019.
21. Friedrich Nietzsche, Humain, trop Humain, II. Le voyageur et son ombre, § 67, in
Œuvres I, Robert Laffont, coll. « Bouquins », sous la direction de Jean Lacoste et Jacques Le
Rider, 2011, p. 860.
22. Nietzsche souligne. Le Gai Savoir, § 351, « À l’honneur des natures sacerdotales »,
Œuvres II, op. cit., p. 216.
23. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Prologue, 5, Œuvres II, op. cit.,
p. 294.
24. Sur tout ceci, voir Éric Blondel, Nietzsche. Le corps et la culture [1986], rééd.
L’Harmattan, 2006 ; en particulier p. 31-51. Ses analyses s’inscrivent dans la filiation
revendiquée des travaux de J. Bollack et H. Wismann (Héraclite ou la séparation, Les
Éditions de Minuit, 1972). Voir aussi Patrick Wotling, La Pensée du sous-sol [1997], Allia,
2007.
25. Peter Pütz, Introduction, in Friedrich Nietzsche, Œuvres II, op. cit., p. 17.
26. Stéphane Mallarmé, « Quant au livre », Variations sur un sujet, in Œuvres complètes,
Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1945, p. 386-387.
28. Sur la question de la grammaire et de l’ordre du monde chez Nietzsche, voir Marc
Crépon, « Nietzsche et la question de la langue maternelle », Cahiers de l’Herne
« Nietzsche », 2000, p. 91-92.
31. Gilles Deleuze, Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Les Éditions de Minuit,
1991, p. 190, rééd. coll. « Reprise », 2005.
32. Louise Bourgeois, entretien avec Christiane Meyer-Thoss, cité dans le catalogue
Louise Bourgeois, 2008, sous la direction de Marie-Laure Bernadac et Jonas Storsve, éd.
Centre Pompidou, 2008, p. 271.
33. Samuel Beckett, Le Monde et le Pantalon, Les Éditions de Minuit, 1989, p. 19-20.
34. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, « Des mille et un buts », Œuvres II,
op. cit.
DU MÊME AUTEUR
ISBN 9782707346131