Hedge Funds
Hedge Funds
Hedge Funds
arme de guerre
économique ?
Page 1 sur 1
© www.infoguerre.com
SOMMAIRE
1) Définition
2) Caractéristiques des hedge funds
Page 2 sur 2
© www.infoguerre.com
Introduction
Actuellement, cet aspect des hedge est réducteur car il ne prend en compte
qu’une infime partie des participants. En effet, le terme «hedge funds » a connu un
glissement de sens, passant progressivement du statut de simple fonds de
couverture à celui de fonds spéculatifs. Ils sont devenus semblables aux «mutual
funds », ou fonds commun de placement. Les deux sont des outils de placement, mis
en commun, qui reçoivent de l’argent pour l’investir généralement sur une base
collective. Cependant, les hedge funds se singularisent quelque peu puisqu’ils ne
sont pas obligatoirement enregistrés, en vertu des lois fédérales sur les valeurs
mobilières.
Les hedge funds servent donc avant tout à s’enrichir, mais ils peuvent
toutefois constituer des armes de guerre économique. Reste à savoir comment.
Page 3 sur 3
© www.infoguerre.com
Les hedge funds sont difficiles à définir. Ils sont des opérateurs financiers
utilisant des stratégies peu communes pouvant avoir des conséquences
déstabilisatrices tant pour certains marchés ciblés que pour des entreprises.
1) Définition
Le concept de hedge fund étant difficile à appréhender, deux méthodes seront
utilisées : une méthode analytique consistant à partir de la critique des données
existantes à formuler une définition de ces fonds, et une méthode comparative qui
mettra l’accent sur les différences et les points communs entre ces nouveaux
véhicules de gestion et les autres fonds de placements, tels que les « pension
funds » ou les « mutual funds ».
A - La méthode analytique
Les racines :
La complexité du terme :
© www.infoguerre.com
qui caractérise parfaitement ce type de fonds, comme a su le prouver à plusieurs
reprises M. Georges Soros (Président du Quantum Fund). Lors d’une interview
accordée au Financial Times, le 13 août 1998, il avait annoncé que le système
bancaire et financier de la Russie allait s’effondrer. Ce qui fut le cas peu de temps
après ...
Il n’en reste pas moins difficile de faire le point sur les hedge funds : les
définitions abondent. En voici quelques-unes :
« des fonds qui ne sont régulés par aucune autorité de contrôle et qui se divisent en
deux catégories : ceux qui sont enregistrés dans les paradis fiscaux et ceux qui le
sont aux Etats-Unis. Ils se caractérisent par l’utilisation de produits financiers
diversifiés, d’un effet de levier et par une structure juridique particulière. »
« Le terme de hedge fund a été utilisé […] pour désigner des fonds d’investissement
spéculatifs utilisant des techniques sophistiquées d’arbitrage et d’effet de levier sur
les marchés d’action ».
Page 5 sur 5
© www.infoguerre.com
A partir de la définition ci-dessus, il serait intéressant de comparer les hedge
funds aux autres fonds de placement, c’est-à-dire les « pension funds » et les «
mutual funds ».
A titre indicatif rappelons que les fonds de pension se définissent comme des
« fonds publics ou privés finançant les organismes de retraite complémentaire ».
Quant aux mutuals funds, ils sont assimilables à nos fameux OPCVM. M.
Néanmoins, certains observateurs précisent que la frontière entre ces différents
véhicules d’investissement devient de plus en plus floue.
B - La méthode comparative
- Les fonds de pension sont des personnes souhaitant capitaliser pour leur
retraite. Le montant affecté est établi en fonction du revenu.
- Les mutuals funds sont ouverts à toute personne disposant d’un montant
minimum de 2.500 dollars. En revanche, les hedge funds sont considérés comme un
« club privé », puisque le montant minimum pour devenir membre s’élève à un million
de dollars.
- En outre, les hedge funds ont recours à l’effet de levier. Selon M. Charles du
Granrut, chargé de mission à la COB, les mutuals funds auraient pu avoir la même
activité que les hedge funds (ces derniers ne seraient par conséquent jamais
apparus) car leur structure était adaptée. Mais ils ne s’en sont pas donnés les
moyens, car des performances moyennes satisfaisaient largement la clientèle. Par
ailleurs, ils ont été limités, tout comme les fonds de pension, par l’Investment Act et
ERISA quant à l’utilisation de l’effet de levier.
© www.infoguerre.com
- Les clients de hedge funds sont appelés « qualified investors » car ils sont
jugés comme peu sensibles face aux risques. Michel Moreau (ancien responsable du
département hegde funds de la Société Générale) estime que les adhérents des
pensions et mutual funds y tendent. Il émet l’hypothèse, en ce qui concerne les fonds
de pension, que les nouveaux retraités, notamment les papy-boomers, seront à la
recherche de placements plus lucratifs. Les fonds de pension américains ont su
anticiper ce changement d’attitude et ont pris la décision – pour augmenter leur
performance – d’investir une partie de leurs actifs dans les hedge funds. Les risques
deviennent dès lors tout aussi élevés. M. du Granrut aboutit à la même conclusion,
mais en émettant une hypothèse différente. Il part du concept d’économie
industrielle. « A la base les hedge funds sont considérés comme de nouveaux
entrants sur le marché, on imagine qu’ils seront capables d’atteindre de bons
rendements ; dès lors les intervenants classiques seront amenés à prendre plus de
risque pour améliorer leur performance. »
Au regard de cette étude, il semble que la frontière entre les différents fonds
soit de plus en plus mouvante. Ce phénomène est perceptible depuis l’ouverture des
hedge funds à une nouvelle clientèle, ainsi que de par leur implantation
internationale croissante. Un simple constat : les « pension funds » et les « mutual
funds » sont devenus les premiers clients des hegde funds…
1. Libre choix des classes de capitaux : les « hedge funds » ne sont pas par
définition limités à une classe de capitaux spécifiques.
2. Libre choix des marchés : beaucoup de fonds de couverture ne se concentrent
pas sur un marché spécifique, mais investissent en fonction des opportunités, et
dans différentes zones (USA, Europe, Japon, marchés émergents).
© www.infoguerre.com
bas, au plus haut. Quelques-unes des stratégies sont basés sur la macro ou la micro
recherche économique, d'autres sont orientées plus statistiquement ou
techniquement.
4. Libre choix des instruments : la majorité de « hedge funds » investissent dans des
produits d'argent comptant et des dérivés. Les instruments peuvent être des bourses «
over-the-counter » (OTC), sécurisé ou non-inscrit.
5. Puisque la plupart des fonds de couverture sont vendus sur une base privée et se
situent en « offshore », leur transparence est très restreinte. Même les données
élémentaires concernant les performances mensuelles, l’importance des capitaux ou
la politique d'investissement, ne sont souvent divulguées qu’aux investisseurs
existants.
10. Les « hedge funds » sont lancés sur le marché comme étant orientés vers
l'exécution absolue (exécution au-dessus de zéro), au lieu de l'exécution relative à un
certain indice de référence ou un « benchmark ». Ceci est expliqué par le manque de
références significatives résultant de la flexibilité des fonds et la possibilité d’aller «
long » et « short ».
11. La plupart des « hedge funds » montrent une corrélation basse aux marchés
traditionnels.
Page 8 sur 8
© www.infoguerre.com
II DES STRATEGIES PEU COMMUNES …
1) Une masse de capitaux importants
L’essentiel des stratégies des hedge funds parient sur le retour des prix vers
une valeur fondamentale. En simplifiant, il s’agit d’acheter à faible prix et de vendre
lorsque les prix sont élevés ... Les arbitrages de convertibles, par exemple, révèlent
l'information et concourent à une meilleure efficacité des marchés. Les hedge funds
apportent de la liquidité à ces derniers, aussi bien lorsque les entreprises émettent
des titres ou effectuent des opérations financières, que lorsqu'ils développent des
stratégies d'achat de titres délaissés.
Seule ombre à ce tableau, les stratégies de poursuite de tendances accélèrent
évidemment les mouvements. Si les prix s'écartent du prix d'équilibre, leur effet est
néfaste. Mais, du coup, les plus agressifs des hedge funds disparaissent à chaque
retournement de tendance... Ce qui, en dehors des marchés de change, arrive
fréquemment. Résultat, ce genre de fonds, qui peuvent parfois être suspectés de
favoriser des déstabilisations, ne représentent aujourd'hui que 10 % des encours. Le
capital des hedge funds représente donc une infime portion du capital des autres
investisseurs, évalué à 20 trillions de dollars pour les seuls marchés des pays
avancés. Cependant, l'une des particularités des hedge funds est l'utilisation
systématique de l'effet de levier. Ce dernier leur permet de démultiplier leurs
engagements, si bien qu’ils sont incomparablement plus importants que la part de
capital financier qu'ils réunissent.
Page 9 sur 9
© www.infoguerre.com
déstabiliser le PDG, ou encore d’empêcher de mener à bien une émission
d’obligations convertibles…
C'est une caractéristique naturelle des métiers financiers que l’exposition aux
risques. Elle est d'ailleurs heureuse et souhaitable puisqu'elle alimente des progrès
économiques. Elle s'est sans doute accentuée ces dernières années sous le double
effet de l'intensification des exigences de retour sur fonds propres et de l'atténuation
des marges sur les taux d'intérêt encaissées par les banques.
Réalisées par ordinateur, les stratégies d'achat et de vente des hedge funds
obéissent parfois à des fonctions mathématiques inspirées notamment de la
physique du désordre. Certaines de leurs formules déclenchent ainsi des prises des
positions sur la base d'une équation secrète ou de la forme absconse d'un cours de
Bourse. « Elles nous donnent raison dans 52 % des cas. La moitié des arbitrages
rapportent entre 0,1 et 0,2 % sur une dizaine de jours, mais, mis bout à bout, ces
profits font grossir un portefeuille », explique Jean-Philippe Bouchard, consultant
auprès de Capital Fund Management, et scientifique au Commissariat à l'énergie
atomique. Quelle que soit leur méthode, les gérants de hedge funds n'ont qu'un
objectif : décorréler leurs positions du risque de marché ou de celui des valeurs sur
lesquelles ils misent.
Le problème soulevé par les hedge funds provient de ce que leur nature
juridique de « partenaristes privés » les fait échapper aux contrôleurs prudentiels
spécifiques ou externes, à la différence des autres institutions financières (banques,
assurances, entreprises d’investissement, fonds d’investissement faisant appel
publiquement à l’épargne).
Page 10 sur 10
© www.infoguerre.com
Il est difficile de disposer de données sur les hedge funds puisque ils
échappent souvent aux contrôles des superviseurs. Les sources sont en la matière
des sociétés privées qui recueillent leurs informations à partir des déclarations
volontaires et non contrôlées qui sont communiquées par les hedge funds.
• Le mimétisme actif : c’est celui des traders des fonds de pension, qui ont
besoin de se coordonner entre eux par suite d’un calcul stratégique qui
pousse au mimétisme.
Un exemple de mimétisme
Il semble que les hedge funds pourraient avoir acquis le statut de « leaders de
marché ». De ce fait, ils influenceraient les marchés très au-delà de leurs poids
financiers. Cette situation est ainsi décrite dans une étude publiée par la Banque de
France. « La possibilité pour certains intervenants à fort effet de levier de prendre
des positions suffisamment importantes pour provoquer le saut vers un nouvel
équilibre (crise de change ) est une incitation supplémentaire pour beaucoup
d'opérateurs à imiter les prises de positions d'intervenants majeurs, tels que les
fonds spéculatifs : ceci est vrai, a fortiori, lorsque ces fonds mettent en place leurs
positions auprès de banques qui transmettent l'information concernant ces flux à
leurs proprietary desks, lesquels prennent à leur tour des positions semblables. »
Le rôle des phénomènes de contagion dans les crises financières exige des
mesures appropriées. Il convient d'en prévenir le développement en faisant prévaloir
une stricte séparation entre les différents départements des établissements
bancaires.
Page 11 sur 11
© www.infoguerre.com
L'influence des hedge funds sur les marchés peut enfin dériver des techniques
financières qu'ils utilisent (lesquelles sont susceptibles de servir de relais aux
phénomènes de contagion).
Les différentes stratégies employées par les hedge funds s’illustrent dans les
exemples suivants.
1
Financier américain d’origine Hongroise, patron du célèbre fonds d'investissement « Quantum Fund ».
Page 12 sur 12
© www.infoguerre.com
officiel de la monnaie unique lors du conseil européen de Bruxelles, les 1er et 2 mai
1992. Le célèbre magnat, qui a bâti toute sa fortune sur les mouvements des
devises, aurait risqué des sommes colossales dans cette aventure. Les médias
avaient alors découvert « le financier visionnaire », l'homme à succès...
Le 31 mars, la Livre Sterling avait atteint son plus haut niveau depuis huit ans
et demi, par rapport au Deutschemark et au Franc, pénalisant gravement les
exportateurs britanniques. Une surévaluation qui fut la conséquence à la fois de taux
d’intérêt élevés et du statut de monnaie refuge contre les vicissitudes du futur Euro.
Mais la détérioration des échanges extérieurs du pays et les difficultés du secteur
manufacturier rendirent cette situation presque intenable pour le gouvernement
travailliste. C'est apparemment le moment qu'avait choisi Soros pour prendre des
options de vente, afin d'avoir le droit de céder du Sterling contre des Marks à un prix
fixé à l'avance, en pariant sur la baisse de la monnaie à l'effigie de la reine.
A ses yeux, la Livre réintégrerait le SME à une parité inférieure à ses cours du
début avril (3,10 deutschemarks). L'un des critères de participation à l'UEM inscrit
dans le traité de Maastricht oblige en effet les candidats à appartenir au SME
pendant au moins deux ans. Mais, pour Londres, la stabilité de devises plutôt que
l'adhésion formelle au système de changes devait être déterminante pour respecter
les obligations de la monnaie unique. Une position de principe que le pionnier des
hedge funds jugeait intenable à terme.
2) l’affaire LTCM
L’affaire LTCM constitue un bon exemple de marasme économique évité de
justesse. Le hedge fund américain Long Term Capital Management, dirigé par le
trader américain John Meriwether, devint en quelques mois une machine spéculative
incontrôlable.
Surpris par le défaut de paiement de la Russie, le fonds a dilapidé plus de 90
% de ses fonds propres en quelques semaines pour éponger les pertes
quotidiennes. Le 20 septembre 1998, la faillite semblait inévitable, et le hedge fund
menaçait d'entraîner dans sa chute 75 banques internationales (elles auraient
possédé 100 milliards de dollars de créances irrécouvrables).
Afin d’éviter une catastrophe financière mondiale d'une ampleur inégalée
depuis les années trente, Alan Greenspan, le président de la banque centrale des
Etats-Unis, invita fermement les patrons des banques de Wall Street à régler le
problème. D’abord réticents, ils finirent par mobiliser plus de 3 milliards et demi de
dollars pour juguler la crise. Les banques licencieront néanmoins plus de 13 000
employés.
L'affaire LTCM fut un cas d’école. Le plan de sauvetage initial prévoyait trois
ans pour dénouer les positions spéculatives du hedge fund. Mais, les banques furent
Page 13 sur 13
© www.infoguerre.com
paralysées et les investisseurs n'osèrent plus prendre aucun risque. Plus
personne ne voulait accorder de prêts. Le manque de crédits menaçait
conséquemment de plonger l'économie en récession.
De nouveau, Alan Greenspan entra dans l’arène. Le 29 septembre 1998, il
baissa les taux d'intérêt de la réserve fédérale, déclenchant ainsi un assouplissement
mondial du crédit. En trois mois, 35 pays baissèrent leurs taux d'intérêt 74 fois.
Initiatives qui sauvèrent LTCM. Tous les marchés s'envolèrent et les traders
de Meriwether dénouèrent une partie de leurs paris avec profit. Fin 1998, les
banques chargées du sauvetage enregistraient ainsi 400 millions de dollars de plus
values, soit 11 % de gain en trois mois. Séduits par cette performance, les
liquidateurs se transforment en investisseurs et semblèrent prêts à poursuivre
l'expérience. Quant à John Meriwether et son groupe de traders, même s’ils ne se
sont pas totalement « refaits », ils paraissent confortablement tirés d’affaire... Ils
viennent d'entamer une tournée mondiale pour persuader une vingtaine de banques
de racheter LTCM, ou de les aider à lancer un nouveau hedge fund …
Page 14 sur 14
© www.infoguerre.com
Conclusion
Les hedge funds peuvent être une arme efficace de guerre économique. La
spéculation sur la baisse peut rapidement faire chuter le cours d’une action d’une
entreprise. Cela a pour conséquence principale de réduire la puissance financière
d’une entreprise, et de nuire ainsi à son développement.
Cependant, leur impact doit être relativisé. Il est vrai que les hedge funds ont
contribué à des chutes importantes de valeur de certaines actions. Mais l’on ne peut
mécaniquement associer les hedge funds à des déstabilisateurs du marché. Dans
certains cas, on peut même les considérer comme des acteurs régulateurs.
De plus, les returns qu’ils dégagent se sont considérablement réduits lors des
quinze dernières années.
Plus à l’encontre des idées reçues, les hedge funds peuvent devenir, sous
certaines conditions, des stabilisateurs financiers. Les mouvements de capitaux qu’ils
réalisent fournissent des liquidités aux marchés au moment où ils en ont besoin. Cela
est surtout valable pour les plus importants : les long short-equity équilibrés (ils
vendent à découvert et achètent pour le même montant). Ils vont déceler rapidement
les sur ou sous-évaluations pour en corriger les excès.
Il n’en reste pas moins qu’en ces temps d’offensives concurrentielles tous
azimuts, parfois épaulées par des autorités publiques, les hedge funds doivent faire
l’objet d’une attention soutenue … Ils s’imposent trop idéalement comme l’outil
adéquat des déstabilisations par voie boursière pour ne pas être détournés de temps
à autre de leur objectifs initiaux … A de nouvelles formes de conflictualité –
aujourd’hui économiques –correspondent désormais de nouvelles armes !
Page 15 sur 15
© www.infoguerre.com
BIBLIOGRAPHIE
Internet
www.monde-diplomatique.fr
www.lesechos.fr
www.afp.fr
www.europresse.com
www.senat.fr
www.latribune.fr
www.lexpansion.fr
www.pouzin.com
Moteurs de recherche
Logiciel Copernic
www.kartoo.com
www.google.fr
Presse écrite
« Une idée reçue les hedges funds déstabilisent les marchés », L’Expansion, 28
août 2002
© www.infoguerre.com