Chapitre 2
Chapitre 2
Chapitre 2
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
L’agitation thermique a créé un déficit d’électrons dans la bande de valence. En réalité, cette
absence d’électrons va permettre un mécanisme de conduction au niveau de la bande de valence.
En effet, un électron de cette bande va pouvoir se déplacer vers un emplacement libéré par un
électron voisin qui est parti vers la bande de conduction. Nous pouvons aussi dire que l’électron
qui est parti vers la bande de conduction a laissé une vacance ou lacune d’électron derrière lui, cette
lacune pouvant être occupée par un électron de valence voisin, situé donc dans la même bande
d’énergie. Cet électron de la bande de valence venant occupé la lacune a lui-même laissé derrière
lui une lacune en faisant disparaître la première. Un nouvel électron de valence peut venir occuper
cette nouvelle lacune et ainsi de suite. La figure 2.1 donne une idée du mécanisme mis en jeu. On
retrouve un mécanisme similaire à celui des pièces d’un jeu de taquin ou « pousse-pousse ». On
peut noter que si les électrons se déplacent de la droite vers la gauche, les lacunes se déplacent de
la gauche vers la droite, c’est-à-dire dans le sens inverse.
En faisant le bilan, cela revient à avoir déplacé la lacune d’électron. L’absence d’électron
dans la bande de valence va s’appeler un trou et le phénomène s’appeler conduction par trous. En
effet, sous l’action d’un champ électrique extérieur, l’électron va se déplacer dans le sens inverse
du champ électrique. Ainsi, dans la bande de conduction, les électrons « remontent » le champ
électrique. Dans la bande de valence, le matériau étant globalement neutre, l’absence d’un électron
confère à la zone de départ (environnement de la lacune) une charge équivalente positive qui
provient de la non-compensation de la charge du noyau due aux protons.
18
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Sous l’action du champ électrique, les électrons liés vont avoir tendance à se déplacer
dans le sens de la remontée du champ électrique, en laissant derrière eux une charge positive
correspondant à la lacune. Ainsi, les lacunes vont se déplacer dans le sens du champ et
correspondent donc au déplacement d’une charge positive dans le même sens que le champ
électrique.
En conclusion, la conduction par champ électrique dans le matériau pourra se faire à deux
niveaux :
- par les trous de la bande de valence qui se déplacent dans le même sens que le champ
électrique.
Notons que du fait que les charges équivalentes sont de signe opposé, les courants
équivalents résultants seront dans le même sens en s’ajoutant. La figure 2.2 décrit très
simplement ce phénomène.
Les électrons ou les trous qui participent à la conduction doivent se déplacer dans le
matériau. Intuitivement, le déplacement dans le matériau ne pourra se faire de la même façon
que dans le vide en raison de l’interaction des porteurs avec les différents atomes constituant
le réseau cristallin. Il apparaît aussi intuitif que suivant les directions de déplacement à
l’intérieur du cristal les interactions seront différentes (pas la même périodicité des atomes par
exemple) et donc que le comportement électrique sera différent. Si nous analysons le
diagramme d’énergie dans l’espace des phases (vecteurs d’onde ou réseau réciproque). De
façon habituelle, à partir de la résolution de l’équation de Schrödinger, les variables relatives
aux vecteurs d’onde s’expriment par :
19
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
$=Y → 3=
,F ħ6 H 6
ħ6 ,
(2-1)
=
\6 F ħ6
\H 6 ,
En considérant m constante la masse m peut s’exprimer par :
.=
ħ6
]6 A
(2-2)
]D6
Si nous analysons le bas de la bande de conduction, la concavité est orientée vers le haut,
\6 F
\H 6
c’est-à-dire que le terme est positif. Ainsi, m est positif et dépend du rayon de courbure
négatif et la masse effective calculée de l’électron est alors négative. En réalité, il faut corriger
ce propos en se rappelant le principe fondamental de la dynamique : Fext=qζ=mγ. Changer le
signe de m revient tout simplement à changer le signe de la charge électrique ; autrement dit,
le déplacement d’un électron au sommet de la bande de valence, correspond au déplacement
d’une charge positive.
Figure 2.3 : représentation schématique du diagramme des phases pour le silicium. Nous
pouvons remarquer que suivant les orientations cristallographiques, les concavités sont
différentes et donc les masses effectives. Dans le cas du silicium, le gap, Eg est indirect, c’est-à-
dire que le bas de la bande de conduction et le sommet de la bande de valence ne coïncident pas
(d’après Chelikowski and Cohen).
20
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Dans le silicium, pour un déplacement des charges électrons et trous dans la direction
<111>, la masse de l’électron au repos étant me, les masses effectives sont les suivantes :
1 2.W∗
/
! _W (3) = R S (3 − 3W ) /
2 ħ
(2-3)
1 2.X∗ /
_X (3) = R S (3X − 3) /
2 ħ
(2-4)
⁄
_= P (3 − 3W )Q
7 ,b∗
( ()a ħ6
Pour les électrons (2-5)
⁄
_=( P (3X − 3)Q
7 ,d
∗
()a ħ6
et pour les trous (2-6)
en se rappelant que nous avons fait un changement d’origine pour les énergies, E pour
C
disponibles pour les électrons dans les bandes tient compte du fait que sur un même niveau
d’énergie on peut placer deux électrons de spin différents.
21
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
1 2.W∗ 1
f /
=e R S (3 − 3W ) /
^3
Fg 2 ħ 3 − 3j
1 + hi P Q
$
Comme dans l’intégration, E>EC et qu’en général EV<EF<EC, on peut simplifier f(E) sous
la forme :
1 1 3 − 3j
<(3) = ≈ ≈ hi R− S
3 − 3j 3 − 3j $
1 + hi P Q hi P Q
$ $
3 − 3W 3W − 3j
<(3) = hi R− S . hi R− S
$ $
/
= P Q hi P− Q lF (3 − 3W ) exp(−
,g
∗
Fb GFk f / FGFg
(6 ħ6 HI g HI
).dE
/
= P Q hi P− Q lF (3 − 3W ) exp(−
,g
∗
Fb GFk f / FGFg
(6 ħ6 HI g HI
).d(E-Ec)
Remarque : sans la simplification de f(E), la résolution aboutit sur des fonctions elliptiques de Fermi qui
ne sont pas intégrables analytiquement et qui sont tabulées. La démonstration est alors beaucoup plus complexe.
C’est ce qui se passera quand les simplifications ne seront plus acceptables, par exemple lorsque E devient égal
F
ou supérieur à E .
C
1 2.W∗ 3 − 3j
/ f
= R S hi R− S . ($ ) /
e h /
exp(−h) ^h
2 ħ $ p
On peut remarquer que cette dernière intégrale est aussi le résultat de l’intégration par partie de :
f
√
q = e exp(−o ). ^o =
p 2
22
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
$ .W∗ /
3W − 3j
= 2R 2S
exp(− )
2 ħ $
= _W . exp(−
Fg GFk
HI
) (2-7)
Avec N correspondant au nombre total de place par unité de volume effectivement occupées
C
par les électrons au niveau d’énergie équivalent E . N est appelé densité d’états électroniques dans
C C
$ .W∗ /
_W = 2 R S
2 ħ2
(2-8)
Nous allons nous intéresser au nombre de trous dans cette bande d’énergie, puisque nous
avons vu que les porteurs de charges utiles pour la conduction étaient les trous dans cette bande.
Or les trous correspondent, comme nous l’avons vu, à une absence d’électrons. Nous allons
donc considérer la probabilité de non-occupation d’un état énergétique par un électron pour
déterminer la probabilité de présence d’un trou.
1 2.X∗
Fd /
1
i=e R S (3X − 3) /
v1 − w ^3
Gf 2 ħ 3 − 3j
1 + exp( )
$
23
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Comme dans l’intégration, E < E et qu’en général E < E < E , on peut simplifier f(E)
V V F C
sous la forme :
1 3 − 3j
<(3) = ≈ 1 − exp( )
3 − 3j $
1 + exp( )
$
et donc
En remplaçant 1-f(E) par son expression ainsi que NV(E) nous obtenons :
3/
1 2.∗ 2 3u − 3 3 3 −3
i= exp R− S e (3 − 3) /2 exp R− S . ^3
1
s 2 t
2 ħ $ −∞ $
3/
1 2.∗ 2 3u − 3 ∞
exp R− S ($ ) e h /2 exp(−h) . ^3
3/
i=
1
s 2 t 2
2 ħ $ 0
Nous retrouvons ainsi exactement la même intégrale que précédemment, et donc nous
arrivons au résultat suivant :
3/
1 2.∗ 2 3u − 3 3 √
i= s 2 t exp R− S ($ ) /2
2 ħ $ 2
$ .X∗ /
3j − 3X
i = 2R S exp(− )
2 ħ2 $
i = _X . exp(−
Fk GFd
HI
) (2-9)
24
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
occupées par les trous au niveau d’énergie équivalent EV. NV est appelé densité d’états
$ .X∗ /
_X = 2 R 2S
2 ħ
(2-10)
Nous pouvons remarquer que les densités d’états électroniques dans les bandes ne
dépendent que de la température et de la masse effective des porteurs électrons ou trous.
Comme ces masses effectives ont toujours le même ordre de grandeur, cela signifie que N et
C
NV seront toujours du même ordre de grandeur à une température donnée quel que soit le
matériau semi-conducteur. En pratique, ces densités d’états ont une valeur de quelques 1019
cm-3 à 300K.
Remarque : il ne faut pas confondre densités d’états énergétiques et densités d’états électroniques, ces
dernières en tenant compte de l’occupation des niveaux d’énergie par les électrons.
qui peut donc se produire dans les deux sens, c’est-à-dire création d’une paire électron-trou
ou disparition d’une telle paire.
Comme pour toute réaction chimique, on peut associer à cette réaction, une constante
d’équilibre, K, mettant en jeu les concentrations des espèces, en l’occurrence, n et p :
$ = .i (2-11)
3W − 3j 3j − 3X
" = _W _X exp R− S . exp(− )
$ $
(2-12)
Soit encore
3W − 3X
" = _W _X exp R− S
$
(2-13)
Comme EC - EV est égal au gap du matériau, Eg, nous pouvons aussi exprimer K par :
25
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
3V
" = _W _X exp R− S
$
(2-14)
E correspond dans ce cas à l’énergie de création d’un électron et d’un trou (c’est-à-dire
g
i= = z
(2-15)
3V
" = .i = = _W _X hi R− S ^n
z
$ (2-16)
i. = z
Notons que cette relation reste toujours valable dans le matériau semi-conducteur tant
que celui-ci est à l’équilibre thermodynamique ; cette relation sera utilisée en permanence dans
la suite. Nous pouvons donc exprimer la concentration intrinsèque par :
3V
= {_ _X . exp(− )
z
$ (2-17)
Dans cette relation nous constatons que la concentration intrinsèque dépend très
fortement de la température. C’est la loi exponentielle qui l’emporte largement sachant que les
densités d’états ne dépendent de la température qu’avec une puissance 3/2. Pour avoir des
ordres de grandeur, dans le cas du silicium, à T = 0K, ni= 0 cm-3, à T = 300K, ni = 1,6.1010 cm-
3
et à T = 1300K, ni = 2,5.1017 cm-3. Les variations sont donc très importantes ce qui explique
le très grand changement de comportement électrique de ces matériaux en fonction de la
température. En pratique, dans les calculs, on utilise plus souvent le carré de la concentration
intrinsèque, relation qu’il vaut mieux savoir en permanence et qui est la suivante :
26
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
3V
= _W _X . hi(− )
z
$ (2-18)
= _W . exp(− i = _X . exp(−
Fg GFk Fk GFd
HI HI
) )
_W . exp(− )= _X . exp(−
Fg GFk Fk GFd
HI HI
)
_W 1 1
% R S= (−3j + 3X + 3W − 3j ) = (3X + 3W − 23j )
_X $ $
3j = + $ % P|dQ
Fd =Fg |
g
(2-19)
3X + 3W 3 .X∗
3j = + $ % s ∗t
2 4 .W
Il peut être noté que le niveau de fermi se trouve dans la bande interdite, c’est-à-dire à
un niveau énergétique non accessible aux électrons. Le niveau de fermi traduit un niveau
statistique et non pas un niveau effectivement occupé.
27
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Selon la nature des atomes introduits, soit le nombre d’électrons devient très supérieur
au nombre de trous et le semi-conducteur est appelé de type n, soit le nombre de trous devient
très supérieur à celui des électrons et le semi-conducteur est appelé de type p. Cette différence
sera exploitée judicieusement dans la suite. Dans l’immédiat, nous allons expliquer le
phénomène de dopage et ses conséquences sur le nombre d’électrons et de trous ainsi que sur
la position du niveau de Fermi (niveau statistique moyen) dans le semi-conducteur.
A. Notion de dopage
28
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Prenons le cas d’un atome de la colonne V, par exemple du phosphore. La couche externe
de cet atome comporte, a priori, 5 électrons, comme représenté sur la figure 2.5. Inclus dans
le réseau cristallin, cet atome va se retrouver avec 9 électrons sur sa couche externe. Dès que
l’énergie thermique sera suffisante, cet électron va quitter son orbite pour circuler dans le
cristal. Il rejoint dans ce cas la bande de conduction du cristal. Le noyau de l’atome de
phosphore ayant une charge (due à ses protons) qui n’est plus compensée, cet atome va
s’ioniser positivement. Cet atome a ainsi un comportement dopant et puisqu’il a fourni un
électron au cristal (dans sa bande de conduction), Nous l’appelons atome donneur. Notons que
la charge totale du cristal reste nulle, le cristal étant globalement neutre.
29
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
valence du cristal, c’est-à-dire qu’il crée un trou. Le noyau de l’atome de bore ayant une charge
due à ses protons insuffisante, cet atome va s’ioniser négativement. Cet atome a ainsi un
comportement dopant et puisqu’il a fourni un trou au cristal (dans sa bande de valence), on
l’appelle atome accepteur, puisqu’il accepte un électron. Notons que la charge totale du cristal
reste toujours nulle, le cristal étant globalement neutre.
Figure 2.6 : dopage d’un monocristal de silicium par un atome de bore. L’électron
déficitaire autour de l’atome de bore, vis-à-vis de la situation la plus stable qu’est l’octet,
sera apporté par le réseau qui créera simultanément un trou. Nous constituons un dopage
accepteur de type p.
Dans le cas d’un atome donneur, à condition que la température soit « suffisamment »
élevée comme nous le verrons dans la suite, nous pouvons écrire la relation de dissociation
suivante :
} ↔ }= + G
30
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
d’autres termes, l’écart énergétique entre un électron lié à l’atome donneur et ce même électron
quasi-libre dans le cristal, c’est-à-dire situé dans le bas de la bande de conduction, sera
relativement faible. On peut alors exprimer le nombre d’atomes ionisés ou plus exactement
leur concentration, en fonction du nombre total d’atomes ou de leur concentration, N ,
D
introduits dans le cristal. Cette concentration tient compte de la statistique d’occupation d’un
niveau d’énergie par un fermion et des échanges possibles entre le niveau de l’électron lié et
+
celui de la bande de conduction. Cette concentration d’atomes donneurs ionisés, ND s’exprime
par :
1
_~= = _~
3 − 3~
1 + 2 hi P j Q
$
(2-20)
trouve l’électron lié à l’atome dopant. Le facteur pré-exponentiel, 2, est appelé facteur de
dégénérescence et provient du choix possible ou non de spins différents dans l’échange
énergétique : dans le cas d’un départ de l’atome, le spin de l’électron peut être quelconque,
alors que pour le retour, le spin est imposé par le nuage électronique existant.
Dans le cas d’un atome accepteur, nous pouvons mener un raisonnement analogue, et
nous pouvons écrire la relation d’ionisation suivante :
+ G
↔ G
31
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
1
_•G = _~
3 − 3j
1 + 2 hi P • Q
$
(2-21)
se trouve l’électron lié à l’atome dopant. Le facteur pré-exponentiel, 2, est toujours le facteur
de dégénérescence et provient du choix possible ou non de spins différents dans l’échange
énergétique.
Le semi-conducteur est globalement neutre : la somme des charges positives est égale à
celle des charges négatives. En faisant le bilan des charges présentes, il n’y a que des électrons,
des trous et des ions donneurs.
_~= + i1 = 1 (2-22)
i1 . 1 = z
_~ + =
z
1
1
Charge+ charge-
D’où : 1 − _~ . 1 − z =0
32
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
_~ + Y_~ + 4 z
=
1
2
(2-23)
Ainsi, si _~ ≫ = _~ et i1 =
1€6
z alors : 1 |• (2-24)
Pour donner un exemple classique à 300K, nous supposons une concentration de dopant
de 1017cm-3, la concentration intrinsèque étant de 1,6 1010 cm-3 et la concentration totale
d’atomes de silicium étant de 5. 1022 cm-3, ce dernier calcul se fait à partir du nombre
d’Avogadro, de la masse molaire et de la densité du silicium (2,7g/cm3). La concentration en
électrons est alors de 1017 cm-3 et la concentration en trous de 1,6.103 cm-3. Nous voyons bien
dans ce cas que le décalage des concentrations est énorme puisque les électrons sont cent
trillions de fois plus nombreux que les trous alors qu’ils étaient en quantité identique au départ.
_•G + 8 = i8 (2-25)
i8 . 8 = z
33
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
_• + = i8
z
i8
Charge+ charge-
D’où : i8 − _• . i8 − z =0
_• + Y_• + 4 z
i8 =
2
(2-26)
Ainsi, si _• ≫ i8 = _• = |€
16
z 8
‚
alors : et (2-27)
Dans le cas général, les deux types de dopants peuvent exister simultanément dans le
matériau. C’est en fait ce qui se passe en pratique pour des raisons purement technologiques.
Le semi-conducteur est toujours globalement neutre et la somme des charges positives est égale
à celle des charges négatives. En faisant le bilan des charges présentes, il y a des électrons, des
trous et des ions accepteurs et donneurs.
Charge- charge+
Le semi-conducteur sera de type n ou de type p, si à la température considérée, la
concentration en donneurs ionisés ou en accepteurs ionisés respectivement est la plus grande
(le plus nombreux l’emporte).
34
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Nous pouvons remarquer que si les concentrations des donneurs et accepteurs sont
identiques, le matériau à un comportement intrinsèque. Si mathématiquement ce résultat est
facilement accessible, physiquement il est quasi impossible puisqu’il faudrait des précisions
énormes sur les concentrations des atomes dopants pour espérer avoir un comportement
22
intrinsèque. Puisque la concentration d’atomes de silicium est de 5.10 cm-3, pour avoir un
comportement intrinsèque il faut que la différence des concentrations soit inférieure à ni, c’est-
à-dire à 1010cm-3. Il faut donc une précision ou une pureté chimique du silicium supérieure à
mille milliardièmes pour espérer contrôler le procédé, ce qui n’est jamais atteint !
C. Position du niveau de Fermi – Diagrammes d’énergie
3W − 3j i = _X . exp(−
Fk GFd
= _W . exp(− ) (2-7)
$
HI
et ) (2-9)
Dans le cas d’un matériau de type n affirmé, à température ambiante, n ≈ ND, et l’équation
(2-7) devient :
3W − 3j
_~ = _W exp(− )
$
_W
3W − 3j = $ %
_~ (2-31)
En appelant Ei, la position du niveau de Fermi dans le cas où le matériau serait intrinsèque,
nous aurions la relation suivante :
= _W . exp(− ) et 3W − 3z = $ %
Fg GF€ |g
z HI |€
_W _W
3W − 3z + 3z − 3j = $ % =$ % + 3z − 3j
_~ z
_~
3j − 3z = $ %
z
35
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
3j − 3X
_• = _X exp(− )
$
_X
3j − 3X = $ %
_•
(2-32)
Ainsi, dans le cas d’un semi-conducteur dopé de type p, le niveau de Fermi se trouvera
d’autant plus près du sommet de la bande de valence, que le matériau sera plus dopé (Figure
2.8).
Il peut être noté que dans ce cours, nous nous limiterons au cas où le niveau de Fermi
reste dans la bande interdite, c’est-à-dire que le dopage reste inférieur à la densité d’états
36
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
électroniques dans les bandes (N et N ) ; dans le cas contraire, on dit que le semi-conducteur
C V
est dégénéré.
3W − 3j
= _W . exp(− )
$
3j − 3X
i = _X . exp(− )
$
1
_~= = _~
3 − 3~
1 + 2exp( j )
$
37
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
1
_•G = _•
3 − 3j
1 + 2exp( • )
$
logarithmique pour aller rapidement, sachant qu’un calcul analytique est toujours possible.
3j − 3X
ln(i) = % _X −
$
3W − 3j
ln( ) = % _W −
$
3j − 3~
ln(_~= ) = ln(_~ ) − ln(1 + 2 hi )
$
3• − 3j
ln(_•G ) = ln(_• ) − ln(1 + 2 hi )
$
38
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Nous pouvons noter que si le dopage de type N est prépondérant, c’est le cas de la figure
2.9, le niveau de Fermi se trouve proche de la bande de conduction. Le niveau de Fermi se
retrouvera au niveau ED lorsque la température sera égale à la température de Fermi, TF, située
autour de 100K. Pour des températures élevées, plusieurs centaines de degrés Celsius (autour
de 1000K), les pentes diminuant, le niveau de Fermi se déplace vers le milieu de la bande
interdite. Lorsque n et p atteignent la valeur supérieure de ND et NA, le matériau retrouve un
comportement intrinsèque (température Ti). Cet aspect sera très important dans la fabrication
des circuits intégrés mais aussi dans les dispositifs fonctionnant à très haute température.
39
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Sur la figure 2.10, nous présentons les différentes situations obtenues lorsque le matériau
est intrinsèque ou dopé de type n puis de type p. Pour les besoins de la figure, les
représentations des concentrations dans les bandes d’énergie ne sont absolument pas à
l’échelle, les variations pouvant être de 10 ordre de grandeurs. Le niveau de Fermi se déplace
vers la bande de valence lorsque le matériau est de type p, vers la bande de conduction lorsqu’il
est de type n.
De façon générale, lorsque nous appliquons un champ électrique, nous avons tendance à
déplacer les porteurs de charge, électrons et trous. En réalité, le mécanisme physique
d’entraînement par un champ électrique se produit sur des porteurs qui se déplacent de façon
aléatoire, dans toutes les directions de l’espace, dans le matériau, en raison de l’agitation
thermique (aux températures normales de fonctionnement) et qui effectuent un libre parcourt
moyen sans choc. L’ordre de grandeur de ce libre parcourt moyen est de 200 Å, soit environ
une centaine de distances atomiques. Au niveau du choc, un échange d’électrons peut se
produire, comme dans le cas d’un relais. Le champ électrique va agir entre ces chocs. La vitesse
thermique est très grande (107 cm.s-1 à 300K). Les porteurs ont ainsi une vitesse thermique
moyenne, orientée dans toutes les directions de l’espace qui est légèrement modifiée en
imposant une direction statistique préférentielle par la présence du champ électrique.
La figure 2.11 montre de façon très schématique ces phénomènes. Nous ne rentrerons
pas dans les détails au niveau phénoménologique et microscopique et nous n’allons considérer
dans la suite que l’aspect de moyenne statistique.
40
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
1 = (−L). . ††††‡
…†††‡ m1
m
††††‡
1 vitesse moyenne des électrons,
…†††‡
1 densité de courant exprimée en général en Ampères par cm .
2
Si, dans un semi-conducteur, nous traçons la vitesse des électrons en fonction du champ
électrique, nous obtenons alors la courbe présentée sur la figure 2.12. Pour les forts champs
électriques, la vitesse sature et tend en pratique vers la vitesse thermique. L’explication
simplifiée de cette limite est que les trajectoires entre chocs sont suffisamment incurvées pour
prendre la direction du champ mais que l’énergie apportée entre ces chocs (et donc sur le libre
parcourt moyen) est négligeable par rapport à l’énergie thermique. Pour les très forts champs
électriques, nous verrons que d’autres phénomènes interviennent.
Pour les faibles champs électriques, la courbe réelle est linéarisée et la pente définit la
mobilité des électrons, µ .
n
…1 = L ˆ1 3†‡
Ainsi,
†††‡ (2-34)
41
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
De façon tout à fait analogue, il est possible de définir la mobilité des trous (déplacement
des électrons liés). L’expression de la densité de courant de trous est alors la suivante en se
rappelant que les trous se déplacent dans le même sens que le champ électrique :
Ces deux densités de courant sont en fait des courants de dérive dans le champ électrique.
Dans certains ouvrages, ces densités de courant sont appelées courant de conduction, ce qui
est un pléonasme et une terminologie non appropriée pour traduire le phénomène. Nous verrons
dans ce chapitre que d’autres phénomènes permettent la conduction.
Il peut être noté que nous retrouvons la loi d’Ohm, …‡ = ‰3†‡ pour chacun des deux types
de porteur. Avec σ est la conductivité.
On peut donc définir une conductivité pour les électrons, σn, et une conductivité pour les
trous, σp, comme suit :
‰1 = L ˆ1 ‰8 = Liˆ8
Puisque la mobilité est liée au libre parcourt sans choc, il est évident que toute
perturbation du réseau cristallin va entraîner une modification de la mobilité. Tout
particulièrement, l’ajout d’atomes dopants crée des distorsions dans le cristal et affecte la
mobilité qui diminue lorsque le niveau de dopage augmente. La figure 2.13 montre la variation
des mobilités des électrons et des trous en fonction du niveau de concentration d’impureté ou
de dopage, dans le silicium. Notons que c’est la quantité totale d’atomes dopants qui intervient
et non pas le dopage effectif (après compensation éventuelle). Dans un cristal de silicium quasi-
pur, à 300K, la mobilité des électrons est de 1350 cm2/Vs et la mobilité des trous de 480
cm2/Vs.
42
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
1
•=
L( ˆ1 + iˆ8 )
(2-37)
Exemples numériques :
Pour du silicium dopé, nno = ND = 1018 cm-3, pno = 2,2.102 cm-3, µn = 280 cm2/V.s, µp = 90
cm2/V.s, alors σ = 48 Ω-1.cm-1 et ρ = 2,2.10-2 Ω.cm (avec nno et pno sont les concentrations des
Il peut être noté, que même pour des très forts dopages, la résistivité du semi-conducteur,
bien qu’ayant fortement diminué, reste très supérieure à celle d’un métal dont l’ordre de
grandeur est le µΩ.cm.
43
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
u = −} Š‘
ŠW
La loi de Fick (2-38)
C, la concentration de l’espèce,
44
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Cette loi est très générale et s’applique aussi bien aux électrons et trous qu’aux atomes
ou aux ions (cf. cours de technologie microélectronique intégrée)
B. Densités de courant de diffusion
1
u=− ’
L
^
’1 = +L}1
^h
(2-39)
45
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
D est le coefficient de diffusion des électrons. Ce coefficient est positif. Par convention,
n
Les électrons se déplaçant vers les x positifs, la charge étant négative, et le gradient de
concentration étant négatif, la densité de courant est négative.
La figure 2.17 met en évidence le déplacement des trous par diffusion. La densité de
courant s’exprime par :
^i
’8 = −L}8
^h
(2-40)
Dp est le coefficient de diffusion des trous. Ce coefficient est positif. Par convention, la
densité de courant est de même sens que celui du déplacement des trous. Les trous se déplaçant
vers les x positifs, le gradient de concentration étant négatif, et la charge étant positive, la
densité de courant résultante est positive.
Figure 2.17 :
mouvement des trous
par mécanisme de
diffusion. La densité
de courant de trous est
dans le même sens que
celui du déplacement
des trous.
2
Les coefficients de diffusion, Dn et Dp, s’expriment en général en cm /s. Dans ces unités,
elles sont de l’ordre de grandeur de l’unité, Dn étant toujours un peu supérieur à Dp. Densités
Nous avons vu que dans un semi-conducteur nous pouvions avoir des courants de dérive
d’électrons et de trous et que la diffusion concernait aussi ces deux types de porteurs. Nous pouvons
ainsi exprimer, dans un modèle unidimensionnel, la densité de courant totale d’électrons, la densité
de courant totale de trous et la densité de courant totale (incluant les deux types de porteurs de
charge).
46
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
^
’1 = +L}1 + L ˆ1 . 3
^h
(2-41)
^i
’8 = −L}8 + Liˆ8 . 3
^h
(2-42)
’ = ’1 + ’8 (2-43)
Remarques : ces équations restent valables tant que le matériau semi-conducteur reste
homogène, et la température constante à travers la structure. Elles sont modifiées quand le
dopage, le gap ou la température varient. Le modèle est ici unidimensionnel ; il permet des
calculs analytiques pas trop complexes. Il est bien évidemment possible de créer un gradient
vectoriel.
2.4.2. Génération-lumineuse
En envoyant des photons d’énergie suffisante, au moins égale à celle du gap, on peut
créer une paire électron-trou. Nous pouvons alors définir un terme de génération lumineuse par
GL, qui est une concentration de porteurs créés par unité de volume et unité de temps (cm-3.s-
1
). Nous allons ainsi imposer un excès de porteurs dans le cristal par rapport à l’équilibre
thermodynamique tant que cette génération se produira. En stoppant l’envoi de photons, le
matériau aura tendance à retourner progressivement à l’équilibre thermodynamique. Dans un
élément de volume donné, si ce phénomène est seul à intervenir, nous pouvons écrire :
47
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
= +”• = +”•
\1 \8
\“ \“
(2-44) (2-45)
La figure 2.19 montre de façon détaillée les différents mécanismes possibles. Un piège
peut capturer un électron de la bande de conduction ou émettre un électron vers cette bande.
Un piège peut capturer un trou en envoyant un électron vers la bande de valence ou émettre un
trou en récupérant un électron de valence qui laisse un trou derrière lui. Ces échanges se font
en obéissant à la statistique de Fermi-Dirac. Le processus complet de génération met en jeu
une émission d’un trou et une émission d’un électron (transit de la bande de valence vers la
bande de conduction) alors que la recombinaison met en jeu la capture d’un électron puis d’un
trou (transit de la bande de conduction vers la bande de valence).
48
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
49
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Ainsi, en ne considérant que les pièges situés en milieu de bande interdite, qui seront les
plus efficaces, on peut déterminer le taux de recombinaison-génération résultant, U, qui traduit
la variation de la concentration de porteurs (électrons ou trous) par unité de temps ; il faut pour
cela exprimer les quatre processus présentés, émissions et captures des trous et électrons. Nous
ne donnons ici que les résultats de ce calcul relativement long qui suppose des simplifications
supplémentaires et qui aboutit à :
1 i. − z
–=
—p i + + 2 z
(2-46)
Nous allons analyser dans ce qui suit les différentes situations rencontrées dans le semi-
conducteur qui aboutissent à des comportements différents.
A. Cas d’un semi-conducteur à l’équilibre thermodynamique
U=0
Cela signifie que la génération thermique est compensée par la recombinaison et donc
que le bilan de la recombinaison-génération est nul.
B. Cas d’un excès d’électrons et de trous dans le matériau
Nous allons analyser le cas d’un matériau de type n, à température ambiante. En utilisant les
1 i1 . _~ − z
–=
—p i1 + _~ + 2 z
50
Chapitre 2 : Semi-conducteurs
Comme _~ ≫ i1 _~ ≫ z
1 i1 − i1p
–= si − t no n' – =
z
—p 1 _~ —p
(2-47)
Ceci signifie que la disparition des porteurs en excès est proportionnelle à l’écart des
concentrations par rapport à l’équilibre thermodynamique. Nous pouvons donner un exemple
pratique :
ND = 1017 cm-3, τo = 10-7 s, ni2 = 2.1020 cm-6, pno = 2.103 cm-3, pn = 1010 cm-3,
17 -3 -1
alors U = 10 cm .s
C. Déficit d’électrons et de trous dans le matériau
Dans certaines conditions que nous verrons plus loin, le semi-conducteur peut être
déserté par les électrons et les trous. En supposant, pour simplifier que : n << ni et p << ni :
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