2021 01 French Technical Guide Building Faster Better
2021 01 French Technical Guide Building Faster Better
2021 01 French Technical Guide Building Faster Better
MIEUX ET
PLUS VITE
Guide des systèmes de paiement
instantané inclusifs
Nov. 2019
Janvier 2021 William Cook, Dylan Lennox, Souraya Sbeih
REMERCIEMENTS
Les auteurs tiennent à remercier les nombreux experts et organismes sans l’aide desquels ce guide technique
n’aurait pu voir le jour.
Les organisations partenaires qui ont formulé des observations et contribué à l’élaboration de multiples ver-
sions du guide : Harish Natarajan, Holti Banka, Nilima Ramteke (Banque mondiale); Kosta Peric, Miller
Able, Matt Bohan, Dilwonberish Aberra (Fondation Bill et Melinda Gates); Ruan Swanepoel, Bart-Jan Pors,
Anant Nautiyal (GSMA); Ghiyazuddin Mohammad, Ivan Ssettimba, Kennedy Komba (Alliance pour l’in-
clusion financière); Ahmed Dermish, Amani Itatiro (UNCDF); Shakila Kerre (FSD Africa); Victor Malu,
Juliet Mburu (FSD Kenya); Daniel Mhina (FSD Tanzania); Renita Nabisubi, Jean Bosco Iyacu (Access to
Finance Rwanda); Rashmi Pillai, Juliet Tumuzoire, Joseph Lutwama, George Muga (FSD Uganda); Betty
Wilkinson (FSD Zambia); et David Porteous (Digital Frontiers Institute).
Les experts qui ont fourni des informations techniques : John Maynard, Dick Mabbott (UK Faster Pay-
ments); Mirjam Plooij (Banque centrale européenne); Arthur Cousins (SADC Bankers Association);
Ramachandran Sundaresan (National Payments Corporation of India) ; Katrina Stuart (New Payment Plat-
form Australia); Miguel Arce, Fernando Barrios (Pagos Digitales Peruanos, Peru); Maha Bahou (Jo-PACC,
Jordan); June Ruweza (Central Bank of Kenya); Seun Owoeye (Integrated Payment Services Limited,
Kenya) ; Raymond Estioko, Bridget Romero (Bangko Sentral ng Pilipinas); Gisèle C. Keny Ndoye, Ndèye
Fatou Dieng Gueye, Kuassi Ayikué Satchivi (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest); Charles
Niehaus ; Martin Warioba ; Ariadne Plaitakis ; Paul Makin ; Alaa Abbassi ; et Anand Raman.
Photo de couverture : Nicolas Réméné, pour le CGAP par l’intermédiaire de Communication for Deve-
lopment Ltd.
D R O I T S E T A U T O R I S AT I O N S
L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence publique Attribution 4.0 International
(https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/). Conformément aux termes de cette licence, il est possible
de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales. Ces
termes sont énoncés dans la licence.
Mention de la source — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Cook, William, Dylan Lennox et
Souraya Sbeih. 2021. « Construire mieux et plus vite : guide sur les systèmes de paiement instantanés inclusifs »
Guide technique. Washington, D.C. : CGAP.
Pour tous renseignements sur les droits et licences, s’adresser à CGAP Publications, 1818 H Street, NW, MSN
F3K306, Washington, DC 20433 USA ; courriel : cgap@worldbank.org
1 3
Résumé Introduction
15 21 45 51
SUPERVISION du Le SCHÉMA Le SWITCH RÈGLEMENT
système de paie- de paiement de paiement des paiements
ment instantané instantané instantané instantanés
57 65 73
Systèmes de Développer un
paiement système de ÉTUDES DE CAS
instantané paiement sur les paiements
transfrontaliers instantané instantanés
Photo : Nicolas Réméné, pour le CGAP par l’intermédiaire de Communication for
Development Ltd.
RÉSUMÉ
L
ES TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES REPRÉSENTENT UNE PORTE D’ACCÈS VERS les
services financiers pour de nombreux résidents des pays émergents. Les paiements
numériques offrent des moyens sûrs et efficaces d’envoyer de l’argent, de recevoir ou
de rembourser un prêt dans les délais prévus ou d’acheter des biens chez un commerçant.
M-pesa au kenya, bkash au bangladesh et movii en colombie sont quelques exemples de
produits bancaires et non bancaires proposant des paiements numériques dans les pays
émergents.
Mais de nombreux services de paiement proposés aux clients à faible revenu sont des sys-
tèmes en boucle fermée, et ne sont donc pas interopérables avec les services d’autres pres-
tataires. L’intéroperabilité améliore l’offre client en permettant aux utilisateurs de faire des
transactions au-delà de leur propre réseau. Ils permettent aux clients d’envoyer de l’argent
à un ami utilisant un prestataire différent, de payer un commerçant recourant à un autre
prestataire ou de retirer des fonds auprès d’un agent d’un réseau différent. En l’absence
d’interopérabilité, les clients recourent souvent à des solutions peu pratiques et coûteuses
pour effectuer leurs transactions.
1
Les systèmes de paiement instantané efficaces se caractérisent par une supervision claire,
une gestion efficace des schémas, un fonctionnement fiable des switchs et un règlement
rapide. Ceci permet d’inciter les différents prestataires à prendre part au système et d’ac-
croître les volumes de transactions. Alors que la banque centrale assure presque toujours la
supervision du système de paiement, diverses institutions peuvent remplir les autres rôles.
INTRODUCTION
L
E PRÉSENT GUIDE A POUR VOCATION D’ÊTRE UN OUTIL PRATIQUE POUR LES
La première partie du guide examine la supervision des paiements instantanés et les com-
posantes clés d’un système de paiement instantané : schéma, switch et système de règle-
ment1. Il est important que le lecteur ait connaissance des définitions de ces composantes
utilisées aux fins du présent guide.
3
Les quatre composantes clés
Un switch est une technologie qui permet d’effectuer des transactions sûres
et efficaces. Les opérateurs de cette technologie ou « opérateurs de switch
» transmettent, effectuent la réconciliation, confirment et compensent les
transactions entre les participants (collectivement, ces fonctions constituent
SWITCH la fonction de compensation) ; ils soumettent des instructions pour le trans-
fert en temps réel ou différé des fonds définitifs (initiation du règlement) ;
et ils remplissent d’autres fonctions opérationnelles, notamment la gestion
des différends et la surveillance de la fraude.
PLANIFICATION
Vision
commune et
feuille de route
adoptées
CONCEPTION
Gouvernance Modèle opérationnel
Propriété Modèle économique
Opérations du schéma
Modèle économique
Règles Opérations du switch
Frais interparties
Membres Modèle de règlement
Modalités
du schéma
convenues
LANCEMENT
Commercialisation
Mise en œuvre Croissance Innovation
Stimuler la croissance
Intégration des participants Feuille de route de l’innovation
des transactions
Lancement du produit
Schéma adopté
par les clients et
financièrement
viable
5
Interopérabilité et valeur pour le client
L’interopérabilité fait référence à la capacité de différents systèmes à fonctionner ensemble. Dans
le contexte des paiements numériques, les services interopérables permettent aux clients d’effec-
tuer des transactions au-delà de leur propre réseau, par exemple : envoyer de l’argent à un ami
qui a un compte chez un autre prestataire, payer un commerçant utilisant un autre prestataire
ou retirer des fonds auprès d’un agent d’un autre prestataire.
En l’absence d’interopérabilité, les clients adoptent des solutions de contournement souvent peu
pratiques et coûteuses pour effectuer leurs transactions, par exemple : avoir des comptes auprès
de plusieurs prestataires, recourir à un agent servant d’intermédiaire ou utiliser de l’argent
liquide.
Les paiements instantanés offrent aux clients une disponibi- • Comptes de dépôt. Comptes détenus auprès d’une
lité continue et en temps réel. Les exemples de produits en banque ou d’une institution de dépôt agréée, comme la
boucle fermée (non interopérables) présentant ces caractéris- Grameen Bank au Bangladesh et Barclays au Royaume-
tiques comprennent de nombreuses solutions qui servent de Uni (CPMI 2016b).
passerelle vers les services financiers formels. Citons notam- • Comptes de monnaie électronique. Réserves de valeur
ment : M-PESA au Kenya, bKash au Bangladesh et Movii en prépayées, souvent émises par un émetteur de monnaie
Colombie. Cependant, nombre de ces produits fonctionnent électronique (EME) non bancaire tel que M-PESA au
de manière cloisonnée. Les systèmes de paiement instantané Kenya et Alipay en Chine, avec des fonds détenus en
considérés dans ce guide sont ceux offrant l’interopérabilité fiducie par une banque agréée (CPMI 2016b).
tout en préservant l’expérience client (disponibilité continue
et remise des fonds en temps réel), ce qui a permis à ces pro-
duits de servir efficacement les pauvres.
ENCADRÉ 1.
Photo : Temilade Adelaja, pour le CGAP par l’intermédiaire de Communication for Development Ltd.
2. Du point de vue du consommateur, les cartes de débit offrent une expérience en temps réel. Les fonds provenant de ces
cartes sont toutefois rarement disponibles « immédiatement et définitivement » au bénéficiaire/commerçant (CPMI 2020).
7
Qu’est-ce qu’un système de paiement ?
Un système de paiement est un ensemble d’instruments, de procédures et de règles qui sont
utilisés pour transférer des fonds entre comptes détenus auprès des participants au système
(BIS 2020). Il comprend toutes les activités réalisées par l’entité (ou les entités) pour faciliter
l’interopérabilité. Voir figure 2.
Un marché offre souvent plusieurs systèmes de paiement qui peuvent être utilisés pour dif-
férents types de transactions. Ces systèmes comprennent notamment les systèmes de cartes,
les systèmes par lots (chambres de compensation automatisées) et les systèmes de paiement
instantané couverts par le présent guide. Un marché peut même avoir plusieurs systèmes
permettant d’effectuer des transactions de même type. Des systèmes qui remplissent des
rôles similaires peuvent exister pour des raisons de propriété ou de participation équitable ou
simplement pour des raisons historiques liées à l’évolution du marché. Cependant, l’existence
de plusieurs systèmes ayant des rôles similaires peut entraver l’obtention d’effets de réseau et
l’interopérabilité complète au niveau du marché (CPMI 2016b).
TYPES DE TRANSACTIONS
9
Qu’est-ce qu’un switch ?
Un switch est une technologie qui connecte les pres- chiment des capitaux et le financement du terrorisme
tataires participants (« participants ») à un système et (LBC/FT).
permet la transmission des données de transaction.
Un système de paiement peut utiliser plusieurs opéra-
Les opérateurs de cette technologie sont appelés
teurs de switch. Par exemple, SCT Inst, le système de
opérateurs de switch, chambres de compensation,
paiement régional utilisé dans l’Union européenne,
opérateurs de systèmes de paiement, etc. Le terme «
permet aux participants d’acheminer des transactions
opérateur du switch » est utilisé dans le présent guide
par le biais de divers opérateurs de switch qualifiés,
pour désigner le propriétaire et l’opérateur de cette
et contribue ainsi à un environnement concurrentiel
technologie. L’opérateur du switch peut être le même
dans ce domaine3. Toutefois, il convient également
que le gestionnaire du schéma.
de noter que l’existence de plusieurs switchs sur un
Les fonctions d’un opérateur du switch consistent à marché peut réduire les volumes sur chacun d’entre
transmettre, effectuer la réconciliation, confirmer et eux, limitant ainsi les économies d’échelle et augmen-
compenser les transactions entre participants (ces opéra- tant les coûts unitaires.
tions sont collectivement désignées par le terme « com-
Un opérateur du switch peut également desservir
pensation ») et à soumettre des instructions en vue du
plusieurs systèmes de paiement, même sur des mar-
transfert des fonds définitifs (initiation du règlement).
chés différents. Par exemple, l’opérateur du switch
En règle générale, l’opérateur du switch offrira éga- BankservAfrica en Afrique du Sud fournit des services
lement un éventail d’autres services dans le cadre du nationaux dans les pays d’Afrique australe et exécute
schéma. Il peut s’agir de l’adressage des paiements, les opérations transfrontières de paiement instantané
de la gestion des différends, de la surveillance de la dans la région de la Communauté de développement
fraude, ainsi que des contrôles de lutte contre le blan- de l’Afrique australe (SADC).
SYSTÈME DE RÈGLEMENT
AGENT DE RÈGLEMENT
11
Rôles et acteurs
Singapour, Fast and Autorité monétaire de Association des Réseau pour Autorité monétaire de
Secure Transfers Singapour (régulateur) chambres de les transferts Singapour (régulateur)
(FAST) compensation de électroniques (privé,
Singapour (association à but lucratif)
à but non lucratif)
Royaume-Uni, Faster Bank of England et Pay.UK Limited (société Pay.UK Limited Bank of England
Payments Service Payment Systems à but non lucratif) (société à but non (régulateur)
(FPS) Regulator (régulateur) lucratif)
Tanzanie, mécanisme Banque centrale de Pas d’entité propriétaire Accords bilatéraux Accords bilatéraux
géré par les EME Tanzanie (régulateur) du schéma ; accord entre EME (pas entre EME (institution
multilatéral entre EME d’opérateur du financière)
switch)
13
Photo : Marco Simola, concours photo du CGAP, 2009.
SECTION 2
SUPERVISION DU SYSTÈME
DE PAIEMENT INSTANTANÉ
Fondement juridique de la Rôle du régulateur des paiements
supervision Le régulateur responsable de la supervision des systèmes de
La législation sur les paiements, telle qu’une loi sur les paie- paiement – le plus souvent la banque centrale – est généra-
ments, fournit souvent le fondement juridique de la forma- lement l’autorité intervenant le plus dans les conversations
tion et du fonctionnement des systèmes de paiement4. Par sur l’interopérabilité. La Banque mondiale et le Comité
exemple, la loi indienne de 2007 sur les paiements décrit sur les paiements et les infrastructures de marché (CPMI)
le fonctionnement des systèmes de paiement et fournit le définissent trois rôles clés pour le régulateur qui supervise
fondement juridique permettant à une entité de gérer les les paiements de détail sur un marché donné : supervision,
paiements de détail. Elle prévoit que l’entité doit être déte- promotion et exploitation.
nue majoritairement par des banques du secteur public5. En Sur les marchés où plusieurs régulateurs se partagent la
Afrique du Sud et au Kenya, la législation sur les paiements responsabilité de réglementer les établissements de paie-
autorise le régulateur à déléguer certains pouvoirs à une ment – comme les régulateurs des télécommunications
association du secteur des paiements. sur les marchés où les opérateurs mobiles émettent de la
La législation sur les paiements peut également jouer un monnaie électronique – la coopération et la collaboration
rôle plus actif dans la définition des modalités d’intero- entre les régulateurs sont essentielles (AFI 2018).
pérabilité. Dans l’Union européenne, la législation com- Les régulateurs peuvent utiliser un large éventail d’outils
prend des règles opérationnelles et des normes techniques pour influencer les acteurs du marché et promouvoir le
détaillées devant être appliquées par le gestionnaire du changement. La stratégie globale sur les paiements de
schéma, l’opérateur du switch et les participants. Cepen- détail devrait déterminer quels outils utiliser6.
dant, l’Union européenne est un environnement dyna-
mique et complexe, et l’inclusion de règles et de normes
dans la législation n’est pas la norme. S U P E R V I S I O N D U S Y S T È M E D E PA I E M E N T
I N S TA N TA N É S Y S T E M
Le rôle du régulateur en matière de supervision est de
s’assurer que le système de paiement est sûr et efficace
(CPMI 2016a). Les systèmes de paiement instantané
4. Dans le présent guide, le terme « législation » désigne un ensemble de règles contraignantes édictées par un organe législatif, un organe exécutif
ou un régulateur ; une législation, selon l’organe qui l’édicte, peut prendre la forme d’une loi, d’un arrêté, d’un règlement, d’une directive, d’une
ordonnance ou d’une circulaire.
5. Section 4 (2), 2007 National Payments Act, https://rbidocs.rbi.org.in/rdocs/Publications/PDFs/86706.pdf.
6. Pour plus d’informations sur l’élaboration d’une stratégie globale sur les paiements de détail, voir World Bank (2012).
15
Impact des paiements instantanés sur le risque, tel que défini
par le CPMI
RISQUE a EN QUOI CE RISQUE EST-IL DIFFÉRENT POUR LES PAIEMENTS INSTANTANÉS ?
RISQUE DE CRÉDIT : Risque qu’un Le risque de crédit entre participants peut survenir dans un système de paiement
participant ne soit pas en mesure instantané, en fonction du modèle de règlement. Le risque de crédit est inexistant avec
de remplir ses obligations finan- le règlement en temps réel, mais possible avec le règlement différé. Ce risque peut être
cières. (Lorsqu’il est associé au géré grâce à des mesures telles que les accords de partage des pertes et la constitution
risque de liquidité, on parle de « de garanties.
risque de règlement »)
Par rapport aux autres systèmes de paiement, les systèmes de paiement instantané
sont plus susceptibles d’être irrévocables, ce qui revient à dire que les participants sont
moins susceptibles de pouvoir bloquer/récupérer des fonds auprès du client en cas de
problème.
RISQUE DE LIQUIDITÉ : Risque Quel que soit le modèle de règlement, le risque de liquidité est lié au fait que les partici-
qu’un participant ne dispose pas de pants doivent disposer de fonds pour honorer leurs obligations de règlement lorsqu’elles
fonds suffisants pour honorer ses deviennent exigibles. Les besoins de liquidité sont continus lorsque le règlement se fait
obligations financières lorsqu’elles en temps réel.
deviennent exigibles. (Lorsqu’il
Par rapport aux autres systèmes de paiement, les systèmes de paiement instantané sont
est associé au risque de crédit, on
plus susceptibles d’exiger ces liquidités en dehors des heures normales de bureau.
parle de « risque de règlement »)
RISQUE JURIDIQUE : Risque Des cadres juridiques, des règles et des règlements clairs sont nécessaires pour répartir
d’application imprévue d’une loi ou correctement les responsabilités entre les participants et les clients concernés par une
d’un règlement, entraînant généra- transaction.
lement une perte.
Les mesures de gestion du risque juridique peuvent être semblables à celles applicables
aux autres systèmes de paiement, mais le respect des exigences peut être plus difficile
car le système fonctionne en temps réel.
RISQUE OPÉRATIONNEL : Risque Des processus doivent être en place pour gérer la cyberrésilience, la redondance et la
que les carences des systèmes/ continuité des opérations.
processus, les erreurs humaines,
Par rapport aux autres systèmes de paiement, les problèmes opérationnels sont plus
les défaillances de gestion ou les
susceptibles d’être immédiatement remarqués par les clients dans le cas des systèmes
perturbations dues à des événe-
de paiement instantané en raison de leur fonctionnement continu. Ce fonctionnement
ments extérieurs entraînent une
continu peut également imposer une charge plus lourde sur le système.
interruption de service.
RISQUE DE FRAUDE : Risque de Des mesures de prévention et de détection des fraudes sont nécessaires pour réduire le
faute délibérée qui expose les risque de pertes résultant d’une faute délibérée.
consommateurs ou les participants
Par rapport aux autres systèmes de paiement, la rapidité (et souvent le caractère irré-
à une perte.
vocable) des systèmes de paiement instantané signifie qu’il existe un risque de fraude et
que les fonds peuvent être retirés avant que la fraude ne soit détectée. Les opérations de
paiement instantané étant souvent de moindre valeur, la fixation de limites de transac-
tions peut contribuer à réduire ce risque.
RISQUE DE RÉPUTATION : Risque Les risques de réputation pour les participants ou les clients sont semblables à ceux
pour la réputation et la confiance associés aux autres systèmes de paiement. Cela dit, les attentes d’un système de
dans les produits financiers paiement instantané, à savoir la disponibilité permanente et le transfert en temps réel,
lorsque les risques susmentionnés signifient que des perturbations mineures peuvent avoir des répercussions importantes
ne sont pas bien gérés. sur la réputation.
présentent généralement moins de risques systémiques dans la National Payments Corporation of India (NPCI),
que les systèmes conçus pour des montants élevés. Le une organisation à but non lucratif nouvellement créée. Elle
CPMI attire l’attention sur un sous-ensemble de risques a également transféré au coût de revient la technologie en
liés à l’infrastructure de marché, particulièrement perti- place pour la compensation des paiements par carte, ce qui
nents pour les systèmes de paiement instantané 7. a permis à la NPCI de dégager rapidement des revenus à
partir des flux de paiement traditionnels (Cook and Raman
2019). D’autres entités publiques ont soutenu la NPCI en
RÔLE DU RÉGUL ATEUR DANS L A PROMOTION DU lui attribuant un rôle clé dans la distribution des paiements
DÉ VELOPPEMENT DES SYSTÈMES DE PAIEMENT de protection sociale (paiements « Aadhaar ») et en pro-
INSTANTANÉ mouvant l’application BHIM (paiements UPI)8.
Un régulateur peut choisir d’encourager la coordination
Toutefois, les incitations et les subventions peuvent susci-
du secteur lorsque les participants ne coordonnent pas eux-
ter des critiques s’il existe plusieurs systèmes de paiement
mêmes leurs activités. Par exemple, le régulateur peut lancer
de détail sur le marché et si le régulateur semble préférer
une discussion sur l’interopérabilité ou user de son influence
l’un d’entre eux. La banque centrale de l’Inde s’est ainsi
pour modifier les pratiques opérationnelles lorsque les sys-
attiré des critiques pour son soutien précoce à la NPCI.
tèmes existants n’innovent pas ou ne créent pas de condi-
tions de concurrence équitables pour les participants. La banque centrale n’est pas la seule entité à pouvoir exercer
une action catalytique. En 1998, le chancelier de l’Échi-
Un régulateur dispose de nombreux outils pour cata-
quier du Royaume-Uni a commandé un rapport indé-
lyser l’action à l’échelle du secteur, allant de mesures
pendant sur la concurrence et l’innovation dans le secteur
de persuasion à des mesures de coercition, formelles et/
bancaire. Ce rapport (Cruikshank 2000) a indiqué que les
ou informelles. Les banques centrales de plusieurs pays,
grandes banques limitaient la concurrence au détriment des
dont l’Australie, l’Inde et les Philippines, ont orienté les
consommateurs et des petites entreprises. Il a donné lieu à
débats sur l’interopérabilité par le biais de stratégies natio-
la création, en 2004, d’un groupe réunissant les pouvoirs
nales sur les systèmes de paiement et d’autres documents
publics et l’industrie des paiements, le Payment Systems
d’orientation.
Task Force, première étape vers la mise en place de UK
Certains marchés ont publié des orientations plus direc- Faster Payments, une initiative bancaire visant à réduire à
tives. En Ouganda, la banque centrale a fixé un délai aux quelques secondes seulement les délais de paiement entre les
EME pour assurer l’interopérabilité de leurs services. Le comptes clients détenus dans différentes banques.
secteur a réagi en se connectant dans un premier temps
L’éventail des interventions des décideurs politiques est
par l’intermédiaire d’un agrégateur, pour respecter le délai
aussi varié que les marchés qu’ils supervisent. Si les pou-
fixé par le régulateur, puis en établissant des connexions
voirs publics ont un important rôle à jouer pour catalyser
bilatérales. Toutefois, la définition de limites temporelles,
l’action à l’échelle du secteur, leurs interventions spéci-
en accélérant un processus qui nécessite du temps, risque
fiques dépendent fortement du contexte du marché. Les
aussi d’avoir des conséquences indésirables.
régulateurs qui ont eu le plus de succès dans ce domaine
En Inde, les décideurs politiques ont mis en place diverses ont généralement utilisé une approche alternant le bâton
incitations pour impulser le changement. La banque cen- et la carotte pour parvenir à un consensus plutôt que
trale a dans un premier temps chargé l’association des ban- d’appliquer des mandats prescriptifs ou d’autres orienta-
quiers indiens de recruter des banques désireuses d’investir tions plus directives.
7. Pour en savoir plus sur le rôle de supervision d’un régulateur, voir CPMI (2016a) et World Bank (2010).
8. Les paiements « Aadhaar » utilisent l’Aadhaar Payment Bridge (APB) System et l’Aadhaar Enabled Payment System (AePS) pour permettre aux tit-
ulaires de compte qui ont établi un lien avec leur identifiant Aadhaar de recevoir des paiements de protection sociale et d’effectuer des transactions
par authentification biométrique. L’application BHIM est mise à disposition par la NPCI pour ses membres en tant que marque blanche.
17
RÔLE DU RÉGUL ATEUR DANS L’E XPLOITATION DES Certaines banques centrales choisissent de contrôler le sys-
SYSTÈMES DE PAIEMENT INSTANTANÉ tème de paiement instantané en détenant la totalité ou la
majorité des actions dans une entité distincte. Au Ghana, le
En plus de catalyser l’action du marché, certaines banques
gestionnaire du schéma et opérateur du switch, GhIPSS, est
centrales ont jugé avantageux, ou nécessaire, d’intervenir
une filiale appartenant à la Banque du Ghana. En Égypte,
directement dans la propriété et l’exploitation du système
l’Egyptian Banking Corporation (EBC) est détenue majo-
de paiement instantané. Les régulateurs qui jouent un rôle
ritairement par la banque centrale d’Égypte. En Chine, le
opérationnel le font souvent en raison de contraintes ou
régulateur qui détenait et exploitait auparavant le système
d’opportunités propres au contexte local. Au Mexique, par
de paiement instantané pour les banques du pays (IBPS) a
exemple, la banque centrale a tenu compte de la capacité
pris une participation majoritaire, en 2018, dans une deu-
excédentaire du système de règlement brut en temps réel
xième entité, NetsUnion Clearing Corporation (NUCC),
(RBTR ou RTGS) lorsqu’elle a choisi d’assumer le rôle
également appelée Wanglian. Le nouveau dispositif
d’opérateur du switch (CPMI 2016a).
regroupe les banques ainsi que les deux plus grands EME
En Jordanie, le Conseil national des paiements (NPC) et du pays, Tencent et Alipay (BIS 2019).
la Banque centrale de Jordanie (CBJ) ont respectivement
L’exploitation par le régulateur de la technologie de com-
assumé les rôles de propriétaire et d’opérateur, car l’intero-
pensation est parfois justifiée en indiquant que le régulateur
pérabilité des EME, dès la délivrance de leurs agréments,
offre une meilleure supervision grâce à la surveillance des
était considérée comme une priorité stratégique pour
transactions, en particulier pour les EME non bancaires qui
le marché émergent de la monnaie électronique. Après
ne sont pas nécessairement soumis aux mêmes exigences de
l’incubation du switch Jordan Mobile Payment (JoMoPay)
supervision que les banques. Cela dit, il est possible de sur-
à la CBJ, la propriété et l’exploitation du schéma ont été
veiller les transactions sans exploiter le switch, par exemple,
transférées à une entité publique/privée, la Jordan Pay-
grâce à un accès en temps réel à son environnement. Par
ments & Clearing Company (JoPACC), appartenant aux
ailleurs, l’exploitation du switch ne doit pas être considérée
banques jordaniennes et au régulateur9.
comme remplaçant la supervision efficace des EME10.
La question de savoir quand introduire l’interopérabilité
Le régulateur se doit de décider avec prudence de son
sur un marché est souvent compliquée et controversée.
implication dans l’exploitation du schéma ou du switch. Un
D’aucuns estiment que le fait d’exiger l’interopérabilité dès
régulateur cumulant la gestion du schéma (et/ou du switch)
le début du développement du marché permet de jeter les
et la supervision du marché peut créer une perception de
bases d’une croissance solidaire. D’autres font valoir que
comportement anticoncurrentiel à l’égard des autres ser-
son imposition précoce limite l’incitation des prestataires
vices offerts sur le marché. Si la propriété et l’exploitation
à développer des modèles économiques et des réseaux de
par le régulateur peuvent accélérer le développement du
distribution durables.
9. Le NPC n’a pas le statut d’entité juridique. Il a été créé en 1998 en tant qu’organe consultatif pour la collaboration entre la CBJ et le secteur ban-
caire. La JoPACC a été constituée début 2017 par la CBJ (détenant 45 % des actions) et les 25 banques agréées (détenant 55 % des actions)) pour
succéder au NPC et gérer les systèmes de paiement de détail, dont JoMoPay. La JoPACC est un opérateur de système de paiement agréé.
10. Pour plus d’informations sur la supervision des EME, voir Dias and Staschen (2018).
système, elles peuvent également poser de nouveaux défis. Il est important d’impliquer les autorités de la concurrence
Selon la capacité du régulateur et le processus suivi, les pro- lorsque les critères d’adhésion sont restrictifs, lorsque des
jets impulsés par le régulateur peuvent rencontrer des diffi- frais interparties sont facturés ou lorsque d’autres éléments
cultés pour garantir l’engagement des participants. de tarification font l’objet de discussions. Il peut également
être nécessaire de faire appel à des autorités indépendantes
De nombreux régulateurs supervisant des systèmes de
concernant le comportement sur le marché lorsque la tari-
paiement instantané traitant un volume important de
fication ou l’expérience du client peuvent être concernées.
transactions (Inde, Australie et Philippines, entre autres)
Citons par exemple Condusef au Mexique et la Financial
se sont attachés à obtenir un consensus entre les partici-
Sector Conduct Authority en Afrique du Sud. En outre, il
pants du secteur plutôt qu’à assurer eux-mêmes l’exploita-
peut être nécessaire d’impliquer les régulateurs de la cyber-
tion du schéma ou du switch.
sécurité ou de la protection des données en fonction du
modèle opérationnel du système.
Concurrence, comportement sur Le degré d’intervention des différents régulateurs dépen-
le marché et autres interventions dra du marché et du modèle opérationnel du système
d’ordre réglementaire de paiement. Lorsque la banque centrale est fortement
impliquée, l’intervention peut se limiter à assurer la coor-
Le régulateur qui supervise le système de paiement instan- dination avec les homologues du secteur public. Lorsque
tané devrait tenir compte des possibles incidences de ces le projet est impulsé par le secteur privé, le respect de la
systèmes sur la concurrence et la protection des consom- réglementation peut nécessiter des travaux approfondis et
mateurs. Toutefois, d’autres organismes de réglementation l’avis d’un conseiller juridique.
peuvent également jouer un rôle dans ces domaines, selon
le marché.
19
Photo : Ahmed Suhal, concours photo du CGAP, 2016.
SECTION 3
LE SCHÉMA DE
PAIEMENT INSTANTANÉ
P
OUR ÊTR E EFFIC ACES, LES SCHÉM A S Cette section examine les trois composantes d’un schéma :
doivent reposer sur une gouvernance claire, un
• Gouvernance du schéma. La gouvernance comprend
modèle économique équilibré et des modèles
les relations entre les propriétaires, le conseil d’admi-
opérationnels sûrs et fiables. Si la réglementation et la
nistration (ou équivalent), la direction et les autres
supervision des paiements définissent le cadre de fonc- parties. Elle définit les modalités de prise de décision et
tionnement d’un système de paiement, les décisions de de gestion des opérations. Une gouvernance équitable
gouvernance, économiques et opérationnelles prises par et ouverte contribue à créer l’environnement nécessaire
les gestionnaires de schémas joueront un rôle déterminant pour assurer une participation efficace.
dans son éventuel succès. Voir figure 3.
• Modèle économique du schéma. Le modèle éco-
nomique définit les responsabilités et les opportunités
FIGURE 3. Composantes d’un schéma efficace
financières associées aux transactions interopérables.
Un modèle économique équilibré crée des conditions
équitables pour les participants, les incite à stimuler les
opérations de leurs clients, et garantit une innovation
continue.
Modèle
opérationnel
du schéma
21
Gouvernance du schéma au succès du système, ou au contraire d’en compromettre
les objectifs.
Si une gouvernance du schéma clairement définie est
essentielle pour assurer une interopérabilité efficace, elle Les rôles dans le schéma – et sa capacité à s’autosuperviser
est parfois négligée au profit des aspects technologiques. – dépendront des lois et réglementations locales. La gou-
Une bonne gouvernance permet de clarifier les modalités vernance du schéma peut être classée selon trois niveaux :
de prise de décision. Elle définit les relations entre les pro- la propriété et la gestion du schéma, la rédaction de règles
priétaires, le conseil d’administration (ou équivalent), la du schéma, et la participation (ou l’adhésion) au schéma.
direction du schéma, les participants directs/indirects et le Voir figure 4.
marché en général.
À l’instar de nombreuses autres entités, les actionnaires de Certains schémas sont directement gérés par la banque
ces schémas peuvent être des : centrale sans entité juridique distincte, comme ce fut le
cas pour JoMoPay en Jordanie jusqu’en janvier 2020. La
• Institutions financières qui participent au schéma (comme
gestion directe par le régulateur peut accélérer le processus
en Australie, au Royaume-Uni, en Suède, en Colombie et
de lancement d’un nouveau système. Cependant, cela peut
au Kenya).
également poser de nouveaux défis. Les participants seront
• Investisseurs particuliers ou fonds (comme en Argentine). moins enclins à promouvoir des transactions interopérables
• Associations sectorielles (comme au Danemark). s’ils estiment qu’ils n’ont pas suffisamment d’influence sur
l’élaboration des règles – en particulier sur les modèles opé-
• Régulateurs (comme en Pologne, en Égypte et au Ghana). rationnels et les modèles économiques.
La charte de l’organisation, les statuts ou d’autres docu- Enfin, certains marchés ont uniquement recours à un
ments de création définissent généralement les aspects fon- accord contractuel pour définir les droits et les engagements
damentaux de la gouvernance, notamment la représentation des participants, sans entité juridique distincte (cas des sché-
au conseil d’administration, les procédures de demande mas de monnaie électronique au Kenya, en Tanzanie, en
d’adhésion et de résiliation, et les dispositions administra- Ouganda et à Madagascar).
tives, telles que les sceaux de la société.
Un accord contractuel peut accélérer le lancement par rap-
La représentation au conseil d’administration peut être le port à une entité privée, mais il présente également de nou-
reflet de l’actionnariat ou être définie autrement. Des admi- veaux défis. Les accords contractuels deviennent rapidement
nistrateurs indépendants peuvent contribuer à ce que les lourds à mesure que le nombre de participants augmente, et
décisions soient prises dans l’intérêt public lorsque les sché- ne bénéficient pas toujours de l’engagement institutionnel
mas sont détenus par des institutions financières (comme en nécessaire pour promouvoir l’innovation.
Inde et en Australie) ou représenter les intérêts du secteur
La page suivante présente les modèles organisationnels au
lorsque le régulateur détient une participation majoritaire
regard du rôle du régulateur dans le soutien au développe-
(comme au Ghana).
ment du système.
D’autres structures de propriété sont possibles. Certains
La question de savoir si un schéma fonctionne sur une base
marchés gèrent la gouvernance du schéma par le biais d’une
lucrative ou de recouvrement des coûts dépend souvent du
association sectorielle (comme au Japon, à Singapour et
type d’entité juridique retenu. Sur de nombreux marchés,
en Afrique du Sud). Il est important de bien comprendre
divers types d’entité juridique sont assortis de restrictions
les responsabilités incombant à l’organisation qui gère
quant à l’utilisation des bénéfices (par exemple, limitation
le schéma et de s’assurer que les intérêts sont alignés. En
par garantie, enregistrement en tant qu’organisme à but
Afrique du Sud, la gouvernance du schéma est gérée par
non lucratif). Cela dit, certaines entités créées dans le
l’Association des paiements d’Afrique du Sud (PASA). Tou-
cadre de structures juridiques à but lucratif peuvent égale-
tefois, le régulateur sud-africain s’est inquiété ces dernières
ment fonctionner sur une base de recouvrement des coûts.
années du possible conflit d’intérêts lié au « double mandat
Citons par exemple les schémas public-privé en Égypte et
» de PASA, qui consiste à encourager l’adhésion et promou-
en Jordanie.
voir la coopération entre les membres tout en assurant leur
supervision (sur la base des responsabilités déléguées par le
régulateur) (SARB 2018).
23
Rôle du régulateur et mode d’organisation du schéma
SUPERVISION PROMOTION ET PROMOTION, SUPERVISION
UNIQUEMENT SUPERVISION ET EXPLOITATION
Régulateur propriétaire et Chine (PBC)b
exploitanta Jordanie (CBJ)*
Mexico (Banxico)
RÉDACTION DES RÈGLES DU SCHÉMA également d’inclure dans le processus une diversité d’opi-
nions (petites et grandes institutions, différents types
Les règles du schéma définissent les conditions requises pour
d’agrément), généralement sur une base représentative.
assurer la sécurité et l’efficacité des paiements. Bien que les
Dans un schéma pouvant avoir des centaines de partici-
décisions soient souvent prises par la direction du schéma,
pants, la prise en compte des opinions de chacun peut être
les participants au schéma peuvent participer au processus
difficile et celles des plus petits participants ne sont pas
décisionnel par le biais de comités de rédaction de règles ou
toujours entendues.
de forums similaires.
En Inde, le processus d’élaboration des règles de la NPCI est
Les règles varient souvent selon le service ou le type de tran-
un exemple de cette approche conduite par les participants.
saction. Il est donc courant que les comités en charge de les
Bien que la NPCI appartienne aux banques, les comités de
établir incluent les participants offrant ce service à leurs uti-
rédaction des règles sont composés d’un échantillon repré-
lisateurs. Par exemple, un participant bancaire qui ne gère
sentatif de participants, tels que les banques de paiement, les
pas de réseau d’agents est moins susceptible de participer à
banques de détail, les émetteurs d’instruments de paiement
l’élaboration des règles relatives aux réseaux d’agents intero-
prépayés (IPP) et une combinaison de petites et grandes
pérables.
institutions. Les décisions du comité sont prises sur une base
La plupart des schémas qui utilisent avec succès des comi- consensuelle et présentées à la direction de la NPCI pour
tés de participants pour la rédaction des règles s’efforcent approbation11. Voir figure 5.
55
45 5
123
XXXX
25
Aspects généralement couverts par les règles du schéma
Le type de règles convenues dépendra des besoins du schéma, et les dispositions spécifiques peuvent varier
considérablement d’un système à l’autre. Certaines dispositions couramment incluses dans les règles du schéma
sont décrites ci-dessous.
TOPIC DESCRIPTION
Prise de Critères d’adhésion Définit les conditions d’acceptation de nouveaux participants et de
décisions résiliation de l’adhésion.
Droits de vote et Définit quels participants peuvent participer à l’élaboration des règles
processus décisionnel pour quels types de transactions et quelle majorité (simple/absolue) est
nécessaire pour prendre des décisions sur les règles.
Modèle Frais interparties Définit les frais interparties potentiels pour compenser d’éventuels
économique déséquilibres économiques.
Responsabilité et Définit la responsabilité des participants en cas de faillite d’un partici-
répartition des pertes pant au schéma. La répartition des pertes implique des décisions sur la
manière de répartir les pertes lorsqu’elles concernent les participants.
Modèle Expérience utilisateur Définit les règles communes minimales concernant l’expérience
opérationnel utilisateur (par exemple, confirmation du nom du destinataire, divulga-
tion des frais avant le traitement de la transaction, notifications, etc.).
Peut définir des règles liées à la marque ou des règles de service à la
clientèle.
Normes techniques Définit les normes techniques à utiliser pour le schéma.
Qualité du service Définit la qualité de service requise pour protéger l’intégrité du système
et continuité des de paiement : disponibilité, continuité des opérations, procédures de
opérations reprise après sinistre, interruptions planifiées ou non et interventions
en cas d’incident.
Suivi et rapports Définit les rapports devant être fournis par le schéma (par exemple, aux
régulateurs).
LBC/FT et surveillance Définit les responsabilités des participants au regard des
de la fraude responsabilités du schéma et aux éventuels pouvoirs d’audit du
schéma pour vérifier la conformité.
Cybersécurité et Définit les responsabilités concernant la gestion efficace de la sécurité
conformité et les capacités nécessaires pour garantir que les transactions sont
sûres, fiables et que les données des utilisateurs sont protégées contre
toute divulgation, utilisation ou modification non autorisée.
Modèle de compensa- Définit le modèle d’exécution des opérations de paiement et de
tion et de règlement règlement des fonds entre les participants.
Règlement des Définit les modalités d’identification et de traitement des différends
différends ainsi que la répartition de toute perte éventuelle.
27
PARTICIPATION INDIRECTE d’investissement dans l’entité juridique explique, outre
d’éventuelles considérations financières et techniques, que
De nombreux systèmes de paiement instantané comportent
certaines banques agréées disposant d’un compte de règle-
également une forme de participation indirecte. La partici-
ment des opérations de change auprès de la RBA choisissent
pation indirecte peut avoir différents sens selon le contexte,
une participation indirecte au schéma.
mais elle fait généralement référence à un ou plusieurs des
aspects suivants (voir figure 6) : Le contexte du marché peut également influencer la propor-
tion dans laquelle la participation directe dans un domaine
• Participation au schéma : Si un participant conclut un
affecte la participation directe dans un autre domaine. Par
contrat directement avec le schéma en tant que membre,
exemple, au Mexique, où le SPEI sert à la fois de système de
ou s’il conclut un contrat avec une autre entité elle-même
paiement instantané et de RBTR (ou RTGS), les partici-
liée contractuellement au schéma.
pants directs à la compensation doivent également détenir
• Connexion au switch : Si un participant se connecte des comptes de règlement auprès de la banque centrale. En
directement ou par l’intermédiaire d’une autre entité avec Inde, les EME sont membres de la NPCI et se connectent
le switch pour exécuter des transactions. directement à l’Immediate Payments Service (IMPS), mais
• Gestion des règlements : Si un participant règle ses tran- ne se sont généralement pas connectés directement à UPI.
sactions directement ou indirectement avec l’agent de
Certains participants qui sont à d’autres égards des «
règlement.
membres à part entière » peuvent choisir de se connecter
La participation directe et/ou indirecte à la gouvernance indirectement au switch pour des raisons liées à leurs capa-
du schéma, à la connectivité du switch et au règlement cités et compétences techniques. Par exemple, Pesa-Link au
coexistent souvent. En Australie, par exemple, la New Pay- Kenya comprend plusieurs participants bancaires qui sont
ments Platform (NPP) exige que les participants directs membres à part entière du schéma et qui détiennent des
détiennent un compte de règlement des opérations de comptes de règlement auprès de la banque centrale, mais
change auprès de la Banque de réserve d’Australie (RBA). se connectent au switch indirectement par le biais d’autres
Ils doivent également devenir actionnaires de l’entité juri- prestataires de services.
dique détenant le schéma (NPPA 2019b). Cette obligation
SUPERVISION La supervision s’applique généralement de la même manière aux participants directs et indirects.
Si le règlement se fait par le biais du système RBTR de la bancaires et non bancaires peuvent détenir des comptes de
banque centrale, comme c’est souvent le cas, les règles de la règlement auprès de la banque centrale, mais les secondes
banque centrale concernant les entités habilitées à détenir doivent déposer des garanties supplémentaires.
des comptes de règlement auprès de cette dernière s’appli-
La participation indirecte dans un domaine (schéma,
queront probablement. Dans de nombreux pays, seules les
switch, règlement) n’exclut pas nécessairement la participa-
banques sont autorisées à détenir des comptes de règlement.
tion directe dans un autre domaine, bien que les exigences
Il y a toutefois des exceptions.
varient fortement d’un schéma à l’autre. Inversement,
Au Mexique, certaines institutions non bancaires sont certains systèmes de paiement instantané interdisent totale-
autorisées à détenir des comptes de règlement auprès de ment la participation indirecte, comme c’est le cas au
la banque centrale si elles répondent à de stricts critères Nigéria et en Pologne13. Voir tableau 4.
opérationnels et de sécurité12. En Namibie, les institutions
12. En janvier 2014, quelque 44 institutions non bancaires participaient directement au SPEI, dont 17 courtiers négociants, quatre sociétés de change,
sept compagnies d’assurance, 11 sociétés de microfinance et de services financiers, deux gestionnaires de fonds de pension, deux gestionnaires de
fonds d’investissement et un opérateur de télécommunications. Ensemble, ces participants représentent 1,4 % du volume du SPEI et 2,6 % de la
valeur réglée par le système (CPMI 2014).
13. Pour en savoir plus sur l’exemple de la Pologne, voir NBP (2015).
29
Modèle économique du schéma
Le modèle économique des systèmes de paiement instan- Les clients, les participants, les gestionnaires de schéma
tané n’est guère différent de celui des autres systèmes de et les opérateurs de switch ont leurs propres intérêts éco-
paiement. Les clients (ou les commerçants) paient des nomiques liés aux paiements interopérables. Un schéma
frais de transaction aux Prestataires de Services Finan- économiquement viable veille à ce que ces intérêts soient
ciers (PSF) concernés ; ces participants paient des frais de alignés de manière à générer les volumes de transactions
schéma et de switch à la ou aux organisations gérant le nécessaires pour se développer. L’alignement des intérêts
système de paiement, et des accords sur les frais interpar- nécessite une bonne compréhension des acteurs et de leurs
ties peuvent être conclus entre les participants. Les des- motivations (voir tableau 5).
criptions suivantes portent sur le modèle économique des
virements (ou paiements « push »), la forme de paiement la
plus courante prise en charge par les systèmes de paiement
instantané.
TABLEAU 5. Intérêts économiques des principaux acteurs d’un système de paiement instantané
31
2 Comment les frais interparties devraient-ils Si les descriptions et les exemples qui suivent sont spéci-
être appliqués pour équilibrer les intérêts fiques aux systèmes de paiement instantané, les principes
économiques ? sont généralement les mêmes que pour d’autres formes de
Les frais interparties sont payés entre les PSF participant paiement, comme les transactions par carte.
au mécanisme interopérable. Le gestionnaire du schéma,
While the descriptions and examples that follow are speci-
l’opérateur du switch et l’agent de règlement ne perçoivent
fic to instant payment systems, the principles generally are
pas ces frais. De plus, les frais interparties ne sont pas fac-
the same as those for other forms of payment, such as with
turés aux clients, bien qu’ils puissent avoir des incidences
card transactions.
(positives ou négatives) sur le prix payé par ce dernier.
Les modèles de facturation des frais interparties sont les
Les frais interparties sont généralement appliqués pour
suivants :
corriger un déséquilibre économique. Un prestataire ne
pouvant facturer des frais de transaction que sur le compte 1. L’expéditeur paie. Le participant expéditeur paie le par-
de leurs clients, il est possible lors d’une transaction intero- ticipant destinataire.
pérable qu’un participant tire des revenus et que l’autre en
2. Le destinataire paie. Le participant destinataire paie le
supporte les coûts. Par exemple, si un client qui détient un
participant expéditeur.
compte chez un participant retire des fonds auprès d’un
agent d’un autre participant, le premier participant facture 3. Pas de frais interparties. Les participants ne se
des frais au client alors que le second, qui possède le réseau versent aucun frais.
de distribution, supporte la majorité des coûts sans pou-
voir facturer de frais. Des frais interparties peuvent alors
être nécessaires pour équilibrer les incitations.
Client Client
PSF
expéditeur destinataire
Montant de la transaction
Frais du client
Lors d’une transaction interopérable, les fonds quittent En l’absence de mécanisme d’équilibrage, le parti-
la plateforme du participant expéditeur. Pour les par- cipant expéditeur facturera généralement un sup-
ticipants bancaires, cette opération peut entraîner une plément pour les transactions hors réseau afin de
perte de revenus liés à l’intermédiation des fonds. Pour compenser la perte de revenus futurs. Dans ce cas,
les participants de type EME, elle peut entraîner une certains schémas appliquent aux transactions des frais
perte de revenus futurs liés aux frais facturés au client. interparties payables par le participant expéditeur au
Voir figure 8. participant destinataire, considérant ces frais interpar-
ties un « partage des recettes » liées à ce supplément.
Cette pratique a toutefois pour effet d’augmenter
davantage le prix d’une transaction interopérable.
Propriétaire
du schéma
Montant de la transaction
Frais du client
Messages de Agent de
compensation règlement
Frais du schéma
Frais du switch
33
La facturation au client d’un prix plus élevé pour une parties payables par le destinataire pour équilibrer les
transaction interopérable peut permettre d’équilibrer incitations entre les participants, tout en maintenant
les intérêts économiques, mais elle peut également com- les frais du client hors réseau au même niveau que les
promettre l’objectif du schéma, à savoir optimiser l’ex- frais sur réseau, c’est-à-dire en interdisant les supplé-
périence client et accroître les volumes de transactions. ments. Les schémas gérés par les EME en Tanzanie et
Aussi, certains systèmes ont appliqué des frais inter- en Ouganda utilisent ce modèle. Voir figure 9.
FIGURE 9. Transaction P2P interopérable avec des frais interparties payables par le destinataire
Propriétaire
du schéma
Montant de la transaction
Frais du client
Messages de Agent de
compensation règlement
Frais du schéma
Frais du switch
Frais interparties
TRANSFERTS GROUPÉS
Le modèle économique des paiements groupés n’est
guère différent de celui des opérations P2P dans la
mesure où le client expéditeur paie généralement les
frais de transaction. Le choix du modèle des frais
interparties est souvent dicté par des considérations
semblables. Cependant, les frais pour les transferts
groupés sont souvent négociés avec l’entité expéditrice.
Il convient d’en tenir compte lors de l’évaluation des
intérêts économiques pour chaque participant et du
rôle éventuel des frais interparties.
FIGURE 10. Paiement interopérable par le commerçant, les frais de transaction étant payés par le
commerçant, et les frais interparties étant appliqués pour équilibrer les incitations
Propriétaire
du schéma
Montant de la transaction
Frais du commerçant
Messages de Agent de
compensation règlement
Frais du schéma
Frais du switch
Frais interparties
35
DÉPÔT ET RETRAIT D’ESPÈCES
Les dépôts et les retraits d’espèces sur les comptes qui les fonds, un déséquilibre peut se produire. En effet, le
prennent en charge les paiements instantanés peuvent participant qui supporte le coût (coût de maintien de
être effectués de diverses manières. Sur les marchés liquidités dans le réseau d’agents par exemple) n’est pas
dominés par les banques, ils ont essentiellement lieu le participant qui reçoit les frais facturés au client. Des
en succursale ou par DAB. Les modèles économiques frais interparties sont alors souvent nécessaires pour
varient peu selon les canaux d’accès ; cette section se équilibrer les intérêts économiques. Voir figure 11.
concentre sur les réseaux d’agents, qui sont souvent uti-
lisés dans les marchés en développement. Pour une opération de retrait d’espèces interopérable, les
intérêts et le mécanisme d’équilibrage nécessaires sont
Dans ces réseaux, le dépôt d’espèces est généralement exactement l’inverse. Un déséquilibre apparaît lorsque
gratuit pour les clients, tandis que le retrait est payant. le participant qui détient le compte du client perçoit des
Dans les deux cas, une commission est versée à l’agent frais de retrait d’espèces alors qu’un autre participant
par le PSF. Lorsque l’agent utilisé pour le dépôt n’ap- supporte le coût du maintien des liquidités au niveau de
partient pas au réseau du participant où le client dépose l’agent. Voir figure 12.
Propriétaire
du schéma
Montant de la transaction
Commission de l’agent
Messages de compensation Agent de
Frais du schéma règlement
Frais du switch
Frais interparties
FIGURE 12. Retrait d’espèces auprès d’un agent interopérable, avec frais interparties appliqués pour
équilibrer les incitations
Propriétaire
du schéma
Montant de la transaction
Frais du client
Commission de l’agent Agent de
Messages de compensation règlement
Frais du schéma
Frais du switch
Frais interparties
37
2
3 Comment fixer les tarifs des services de schéma un modèle à frais fixes offre cette certitude. Elles peuvent
et de switch pour les participants ? ensuite passer à un modèle de tarification variable, lorsque
Pour que les schémas et les switchs soient financièrement la nécessité de répartir les coûts entre les participants
viables, le financement doit couvrir à la fois les investisse- devient plus importante que la certitude des revenus. Une
ments en capital (initiaux et continus) et les dépenses d’ex- organisation ayant une plus grande appétence au risque
ploitation (fixes et variables). Ces coûts peuvent inclure les peut accorder plus de poids aux frais variables, qui ont
opérations de schéma ou de switch, ou les deux si les switchs un potentiel de revenu plus élevé lorsque les volumes de
et les schémas sont gérés par la même organisation. Lors- transactions augmentent, mais aussi un potentiel de perte
qu’un profit est recherché, l’obtention d’un rendement pour supérieur dans le cas contraire.
les actionnaires sera également prise en considération.
Les frais fixes et les apports en capital des propriétaires
Le financement peut provenir : i) des contributions des ont l’avantage de pouvoir être facturés aux participants à
propriétaires ; ii) des frais fixes (périodiques) facturés aux l’avance pour assurer un flux de trésorerie constant. Les frais
participants ; iii) des frais variables (par transaction) factu- variables fondés sur les volumes réels peuvent uniquement
rés aux participants ; ou iv) d’une combinaison des éléments être facturés a posteriori, c’est-à-dire que le propriétaire
précédents. devra faire preuve d’une prudence accrue lors de la budgéti-
sation des flux de trésorerie.
Si les coûts doivent être partagés à parts égales entre les par-
ticipants, l’option la plus simple consiste à fixer un montant Il convient également de considérer si les participants
fixe par participant. Si les volumes sont déjà suffisamment doivent être facturés en fonction de leurs volumes entrants
élevés pour couvrir les coûts à un prix raisonnable par et sortants. Si l’objectif est de répartir les coûts proportion-
transaction, des frais variables fondés sur le volume réel de nellement, on envisagera des frais fixes et des frais variables
chaque participant peuvent être le meilleur moyen de garan- pour les flux entrants et sortants afin de s’assurer que les
tir que les coûts sont partagés en fonction de l’utilisation. Si participants qui envoient ou reçoivent des volumes élevés
les volumes ne sont pas encore assez élevés pour permettre ne subventionnent pas injustement les opérations des autres
un coût raisonnable par transaction, ou s’ils sont difficiles à participants. Au Royaume-Uni, les flux entrants et sortants
prévoir, une combinaison de frais fixes et de frais variables de chaque participant au schéma Faster Payments sont addi-
peut être appropriée. tionnés, et le total est divisé par deux puis multiplié par les
frais de transaction variables. Le barème des frais correspon-
Les organisations à but non lucratif devront probable-
dant est reproduit au tableau 6.
ment assurer le recouvrement des coûts dès le début, et
QUELS FRAIS VARIABLES PAR TRANSACTION modèles qui fonctionnent sur la base du recouvrement des
PEUT-ON RAISONNABLEMENT FACTURER AUX coûts utilisent uniquement les frais comme un mécanisme
PARTICIPANTS POUR LES SERVICES DE SCHÉMA/ d’allocation des coûts aux participants. Dans un tel cas,
SWITCH ? il pourrait être préférable de se concentrer sur le budget
Lorsque les frais de compensation sont facturés par tran- global du schéma. Dans un modèle à but lucratif, les par-
saction, les questions suivantes peuvent se poser : Quels ticipants sont plutôt susceptibles de veiller à ce que le pro-
frais variables par transaction peut-on raisonnablement priétaire ne réalise pas un bénéfice excessif au détriment
facturer ? Quel montant est suffisamment élevé pour cou- du marché.
vrir les services de schéma et de switch, mais aussi suffi- Si les frais variables sont trop élevés, les participants
samment bas pour encourager les participants à augmenter risquent d’augmenter les frais facturés au client, avec pour
les volumes de transactions ? effet de freiner la croissance des transactions. Si l’on pré-
Malheureusement, il n’y a pas de réponses faciles. Le voit de faibles volumes de transactions interopérables au
montant à facturer pour les frais de schéma et de com- début, des frais fixes peuvent être préférables jusqu’à ce
pensation dépend souvent du modèle et du marché. Les que les volumes augmentent. Voir tableau 7.
39
Comprendre l’analyse de rentabilité du prestataire
Le point de vue d’un PSF au sujet de l’interopérabilité • Les modifications des systèmes et des canaux du
dépendra de l’impact attendu sur ses activités. Les pres- participant.
tataires sont susceptibles d’arriver à des conclusions très
• L’amélioration du service à la clientèle, de la surveil-
différentes en fonction de leur modèle économique, de leur
lance de la fraude et de la formation du personnel.
position sur le marché et de leur stratégie. Les nouvelles
transactions interopérables peuvent augmenter les Le CGAP a créé un outil pour aider les PSF de monnaie
recettes des transactions, mais peuvent aussi cannibaliser électronique à modéliser l’impact financier de l’interopé-
les recettes des autres types de transactions. rabilité sur leur analyse de rentabilité, voir le Lien vers le
modèle d’interopérabilité du CGAP pour construire une
De nouvelles dépenses administratives et opérationnelles analyse de rentabilité
peuvent également être occasionnées : personnel néces-
saire pour assumer les responsabilités opérationnelles
ANALYSE DE RENTABILITÉ DE
supplémentaires, campagnes de marketing, coûts de certi-
L’INTEROPÉRABILITÉ
fication, etc. Toutefois, certaines dépenses opérationnelles
peuvent être absorbées dans les fonctions du personnel ou + Nouvelles recettes générées
les budgets de marketing existants. +/– Substitution de produits
Les nouveaux participants devront probablement aussi +/– Avantages indirects
supporter les coûts de l’intégration au switch et des = Marge brute
modifications des systèmes de base. La plupart de ces
coûts seront engagés lors de la connexion initiale des - Nouvelles charges d’exploitation
participants, mais l’ajout de nouveaux services entraînera = Bénéfice net
également des dépenses. Parmi les coûts fréquemment / Nouvelles dépenses d’investissement
engagés, citons :
= Retour sur investissement de
• La connexion technique à l’opérateur du switch. l’interopérabilité
• La certification des interfaces pour chaque type de
transaction.
41
MARQUES E T NOMS COMMERCIAUX DES SCHÉMAS
L’une des décisions opérationnelles les plus importantes FIGURE 13. Exemples de marques et de noms
pour un schéma est de savoir s’il exercera ses activités sous commerciaux de schémas
une marque unique. Une marque unique crée une prise de
GESTIONNAIRE
conscience commune et permet aux clients de savoir où ils
DU SCHÉMA/
peuvent utiliser le service. Ce dernier point est particuliè- PAYS NOM COMMERCIAL MARQUE
rement important pour les schémas qui ne bénéficient pas IPSL/Kenya
d’une participation universelle des émetteurs ou acquéreurs
de comptes sur le marché.
Infrastructure
Règles
43
Photo : Nicolas Réméné, pour le CGAP par l’intermédiaire
de Communication for Development Ltd.
SECTION 4
SWITCH DE PAIEMENT
INSTANTANÉ
L
ES SYSTÈMES DE PA IEMENT INSTA NTA NÉ étapes sont indiquées à la figure 16 et au tableau 9 pour
efficaces reposent sur des solutions technologiques une transaction impliquant un seul prestataire.
efficaces, mais la technologie ne doit pas être au
centre du débat sur l’interopérabilité. Elle doit plutôt être Les transactions interopérables entre les participants aux
sélectionnée pour répondre aux besoins du système de systèmes de paiement nécessitent des étapes supplémen-
paiement tels que définis dans les règles du schéma. Le taires pour la compensation et le règlement des fonds
modèle opérationnel devrait être réévalué à mesure que (Le Sar and Porteous 2013). Voir figure 17.
les besoins du schéma évoluent. Selon le type de règlement (différé ou en temps réel),
Toute opération de paiement numérique comporte au l’étape 7 de la figure 17 peut être réalisée avant ou après
moins cinq étapes : initiation du paiement, authentifica- le crédit des fonds (étape 5). Voir tableau 9.
tion, autorisation, débit des fonds et crédit des fonds. Ces
1 2 3 4 5
1 2 3 4 6 5
Agent de
règlement
45
TABLEAU 9. Étapes d’une opération de paiement numérique
FIGURE 18. Transaction P2P utilisant le service UPI de la NPCI en Inde, initiée par une application tierce
2. Demande d’authentification
4. Réponse d’authentification NPCI
8. Crédit du paiement
5. Demande de paiement
10. Avis de paiement
Client 1 Client 2
(utilisateur de l’application de la Banque A ; (utilisateur de l’application banque C ;
titulaire d’un compte auprès de la Banque B) titulaire d’un compte auprès de la banque D)
utilisant les appels et les réponses de l’API, d’autres exi- Utilisation d’un alias
gent que les clients se connectent à l’interface de l’émet- Les codes d’identification des banques et les numéros de
teur de leur compte pour fournir des informations d’iden- compte peuvent être difficiles à mémoriser et il est risqué de
tification. Si ces différences peuvent paraître minimes, les partager. Pour surmonter ces difficultés, un nombre crois-
leur impact sur l’expérience client et l’adoption peut être sant de systèmes de paiement instantané permettent à leurs
important. clients d’utiliser un alias pour identifier leurs comptes. Un
alias doit être unique au compte qui reçoit les fonds ; il peut
Formes d’initiation de paiement « de type débit » s’agir d’un numéro de téléphone, d’un numéro d’entreprise,
Certains systèmes de paiement instantané développent des d’une adresse électronique ou même d’un simple nom alpha-
services qui permettent d’offrir une expérience client pour numérique.
les virements (ou paiements « push ») similaire à celle
Un alias peut être unique pour le prestataire ou le système de
des prélèvements (ou paiements « pull »). Un service de
paiement. S’il est unique pour le prestataire, comme c’est le
demande de paiement (« Request to Pay » ou RtP) permet
cas des numéros de téléphone portable au Mexique, le client
à un commerçant de demander numériquement au client
doit également identifier l’institution destinataire. Si l’alias
d’initier le paiement. Il permet ainsi de décharger le client
est unique pour le système de paiement, il est suffisant pour
d’une partie de la responsabilité de l’initiation de la tran-
adresser un paiement, mais le système de paiement doit alors
saction tout en réduisant les risques d’erreur liés à la saisie
soit adopter des normes pour les adresses, comme un IBAN
d’une adresse ou d’un montant de paiement erroné.
ou des adresses de type domaine comme en Inde, soit fournir
Au Mexique, CoDi est un exemple de service de RtP un répertoire centralisé, comme Pathfinder pour les numéros
venant s’ajouter à un système de paiement instantané de téléphone portable.
(Díaz 2018). Le commerçant présente un code QR élec-
tronique ou une demande NFC au client via CoDi, qui QR codes
est ensuite acceptée par le client expéditeur, initiant ainsi Les codes QR stockent des données d’adressage et de
un virement (ou paiement « push ») par l’intermédiaire du paiement pour permettre aux clients d’initier un paiement
système SPEI.
47
en scannant un code avec un appareil mobile (BMFG métrique au moment du retrait d’espèces. Le système
2019). Un smartphone est souvent nécessaire à cette fin. de paiement Aadhaar permet de chiffrer les données
Les codes QR peuvent être présentés par le commerçant biométriques des clients et de les transmettre à l’autorité
ou par le client ; ils sont soit statiques, soit dynamiques. d’identification aux fins d’authentification. La NPCI sert
Singapour et la Thaïlande sont deux pays ayant adopté uniquement à acheminer ces messages, et ni la NPCI ni
avec succès des normes sur les codes QR interopérables les banques ne consultent ou n’enregistrent les données
pour les paiements instantanés, mais de nombreux autres biométriques des clients. Voir figure 19.
pays définissent de telles normes au niveau des systèmes
de paiement (par exemple, Jo-PACC en Jordanie) ou au Confirmation du nom du bénéficiaire
niveau du marché (par exemple, la NPCI en association Certains systèmes ont adopté la confirmation du nom du
avec les principaux schémas de cartes en Inde).14,15,16 bénéficiaire pour réduire les erreurs et les fraudes entraînant
l’envoi de fonds sur le mauvais compte. Avant l’autorisation,
le client expéditeur est invité à confirmer le nom enregistré
AUTHENTIFICATION E T AUTORISATION DES du client destinataire avant d’exécuter la transaction. La
PAIEMENTS NPP en Australie et le service EME en Tanzanie sont des
L’authentification et l’autorisation des paiements com- exemples de dispositifs ayant adopté cette fonctionnalité.
prennent les étapes d’une transaction au cours desquelles
le client confirme qu’il est bien qui il prétend être (authen- COMPENSATION
tification) et obtient la permission d’effectuer le transfert
La principale responsabilité de l’opérateur du switch est de
(autorisation). L’autorisation fait souvent spécifiquement
partager de manière sûre et fiable les données de transaction
référence au consentement donné par l’émetteur du
entre les participants au système de paiement instantané17.
compte (CPSS 2003). Cela dit, elle peut également inclure
La compensation des transactions consiste à transmettre, à
une autorisation de transfert accordée par le client (par
effectuer la réconciliation, à confirmer et, le cas échéant, à
exemple, en confirmant les détails de la transaction).
ramener à un solde unique les transactions (CPSS 2003).
L’authentification peut nécessiter l’utilisation d’un deu-
L’opérateur du switch est chargé de fournir à l’agent de
xième facteur pour fournir un niveau d’assurance accru
règlement une comptabilité précise des fonds dus entre
lors de la confirmation de l’identité. L’authentification à
les participants à la fin de chaque cycle de règlement. Les
deux facteurs peut inclure une combinaison d’un nom
informations peuvent être communiquées pour plusieurs
d’utilisateur et d’un code PIN/mot de passe, un jeton à
transactions à la fois (ramenées à un solde unique) ou pour
usage unique et/ou la création d’une association entre un
chaque transaction (brute). Le switch détermine le montant
appareil spécifique et un compte. L’utilisation de la biomé-
à régler et met en œuvre les mesures techniques requises par
trie est également de plus en plus courante dans le cadre
les règles du schéma pour ramener le risque de règlement à
de l’authentification de l’expéditeur.
des niveaux convenus.
Utilisation de la biométrie L’opérateur du switch peut également fournir des services
Dans le cadre du système indien Aadhaar de paiements d’appui pour veiller à ce que le processus de compensation
sociaux, la NPCI a collaboré avec l’autorité indienne soit sûr et fiable. Ces services peuvent notamment com-
d’identification pour permettre l’authentification bio- prendre :
14. “Singapore Quick Response Code (SGQR),” Monetary Authority of Singapore, https://www.mas.gov.sg/development/e-payments/sgqr.
15. Bank of Thailand. n.d. “Payment Systems: Standardized QR Code in Thailand.” https://www.bot.or.th/Thai/AboutBOT/Activities/event/ Docu-
ments/ADBI_bancha.pdf
16. Pour plus d’informations sur les considérations liées aux codes QR, voir BMGF (2018).
17. Le paiement est compensé, du point de vue du payeur, lorsqu’il n’a plus accès aux fonds et, du point de vue du bénéficiaire, lorsqu’il a accès aux
fonds (BMGF 2015).
FIGURE 19. UPI remittance transaction using biometrics (Aadhaar Enabled Payment System)
2. Authentication request
4. Authentication response
5. Payment request NPCI 8. Payment credit
9. Payment notification
Customer 1 Customer 2
• La traduction entre formats de messagerie. Enfin, la compensation peut également avoir lieu sans
• La définition et le traitement des réponses aux erreurs. opérateur du switch grâce à des connexions bilatérales
• Les services supplémentaires de détection des fraudes et utilisant des API. Si les connexions bilatérales sont sou-
de contrôle des transactions de blanchiment d’argent. vent plus rapides et moins coûteuses à mettre en œuvre
pour un faible nombre de participants, elles sont com-
• Le calcul des frais de switch et des frais interparties.
plexes et coûteuses à plus grande échelle. En outre, les
• La communication et la fourniture de tableaux de bord
participants peuvent utiliser les connexions bilatérales
aux participants et, le cas échéant, au régulateur.
comme barrières à l’entrée pour les nouveaux participants
Le protocole de messagerie pour la communication entre lorsque l’intégration technique est délibérément retardée.
les participants et le switch sera déterminé par les règles Parmi les exemples de schémas multilatéraux utilisant des
du schéma ou les politiques de l’opérateur du switch. Les connexions techniques bilatérales, on peut citer les pre-
normes de messagerie les plus courantes dans les systèmes de miers dispositifs des EME en Tanzanie et en Ouganda.
paiement instantané sont ISO 20022 (pour les transactions
financières) et ISO 8583 (pour les cartes et, parfois, les sys-
tèmes de paiement instantané qui utilisent l’infrastructure
des cartes). Une fois la norme adoptée, les champs et le
format des messages devront également être déterminés.
49
Photo : Tim Chambers, concours photo du CGAP, 2016.
SECTION 5
RÈGLEMENT DES
PAIEMENTS INSTANTANÉS
U
N PA IEMENT N’EST PAS CONSIDÉR É COMME des difficultés, car les niveaux de liquidité obligatoires sont
exécuté tant que le règlement n’a pas eu lieu. Le très élevés. Le coût et la complexité du règlement augmen-
règlement, à savoir l’exécution de l’obligation tent avec le nombre de participants.
monétaire entre les participants selon les modalités conve-
Pour un résumé des modèles de règlement, voir le tableau
nues, a lieu lorsque les fonds sont effectivement transférés 1018.
entre les participants (CPSS 2003).
Les banques centrales sont généralement choisies comme
Le règlement peut avoir lieu avant la réception des fonds agent de règlement parce qu’elles fournissent un actif de
par le client (modèle de règlement en temps réel) ou après règlement à faible risque (réserves) et disposent souvent
la réception des fonds par le client (modèle de règlement déjà de mécanismes pour contrer les problèmes de liqui-
différé). Il peut également avoir lieu pour chaque transac- dité (CPMI 2016a). Le tableau 11 donne des exemples de
tion (règlement brut) ou pour la position nette de plusieurs mesures qu’une banque centrale pourrait prendre pour
transactions (règlement net). Le terme « règlement brut en faciliter le règlement des paiements instantanés. On citera
temps réel » désigne un modèle dans lequel les transactions par exemple :
sont réglées individuellement, au fur et à mesure.
• L’adoption d’une approche de maintien du statu quo,
Indépendamment du moment du règlement, ou du fait où les positions nettes sont réglées selon le modèle
que les transactions soient ramenées à un solde unique ou RBTR (ou RTGS) pendant les heures normales de
non, le risque de non-paiement du participant destinataire fonctionnement. L’IMPS (Inde) en est un exemple.
n’est totalement supprimé qu’après le règlement, c’est-à-dire
lorsqu’il n’y a plus de risque de règlement. Le règlement • L’apport d’un soutien modéré, lorsque les nouvelles
est effectué par l’agent de règlement, qui est l’institution fonctionnalités du système RBTR sont limitées en
qui détient les comptes de règlement pour chaque partici- dehors de ses heures de fonctionnement normales,
pant. L’agent de règlement débite et crédite les participants comme le blocage des fonds dédiés devant être utilisés
conformément aux instructions de l’opérateur du switch. pour le règlement instantané des paiements. Le BIR
(Suède) en est un exemple.
Il est également possible qu’il n’y ait pas d’agent de règle-
• L’ouverture du RBTR pour offrir un service de règle-
ment. Dans de tels cas, les réserves de valeur préfinancées
ment 24 heures sur 24, ou la mise en place d’un service
(appelées « comptes nostri ») détenues par la contrepartie
de règlement spécial propre au système de paiement
sont débitées lorsque chaque transaction a lieu. Ce modèle
instantané 24 heures sur 24. La NPP (Australie) en est
correspond le plus souvent à des accords techniques bila-
un exemple.
téraux pour les paiements de compensation. Il peut poser
18. Pour plus d’informations sur les modèles de règlement pour les systèmes de paiement instantané, voir CPMI (2016a).
51
TABLEAU 10. Modèles de règlement pour les systèmes de paiement instantané
MODÈLE DE
RÈGLEMENT FONCTIONS EXEMPLES
Préfinance- Les fonds sont transférés sous la forme d’un versement unique sur un EME en Tanzanie, en Ouganda et
ment bilatéral compte nostro « préfinancé » avant toute transaction. au Kenya
Les comptes nostri sont débités sur une base brute au fur et à mesure
des transactions effectuées.
Règlement en Le règlement a lieu pour chaque transaction immédiatement avant de Suède
temps réel créditer le compte du client destinataire. Mexiqueb
Les transactions sont réglées par un agent de règlement en temps réel, Australie
car elles sont compensées par le switch, soit sur une base brute, soit États-Unis (RTP)
avec un cycle de compensation très court avant le règlement. a Thaïlande (PromptPay)
Les participants doivent détenir un compte de règlement auprès de
l’agent de règlement, avec suffisamment de liquidités pour couvrir
chaque transaction en temps réel.
Règlement Le règlement a lieu après que les comptes des clients destinataires ont Réseau multilatéral : IMPS en
différé été crédités. Inde, Jiffy en Italie, EBS et CD/
Les transactions sont réglées par un agent de règlement après avoir été ATM System en Corée, FAST à
compensées par le switch, le plus souvent sur la base d’une compensa- Singapour, BKM Express en Tur-
tion multilatérale selon un calendrier régulier. quie, Pesalink au Kenya, FPS au
Royaume-Uni, etc.
Les participants doivent détenir un compte de règlement auprès de
l’agent de règlement avec suffisamment de liquidités pour couvrir les Réseau bilatéral : IBPS en Chinec
fonds nécessaires au moment de l’exécution du cycle de règlement. Brut (utilisant les liquidités
nettes) RTC en Afrique du Sudd
a. CPMI, 2016a.
b. Au Mexique, SPEI utilise le règlement en temps réel avec un cycle de compensation très court.
c. En Chine, le système IBPS utilise un système de règlement net bilatéral dans lequel les positions des participants sont réglées entre
chaque combinaison bilatérale de participants.
d. E n Afrique du Sud, les transactions sont réglées sur une base brute/différée. Les fonds sont réglés sur une base brute pour maintenir la
traçabilité et l’attribution de la responsabilité en cas de défaillance, mais sont traités en séquence selon un cycle de règlement différé
pour profiter des avantages des liquidités nettes.
TABLEAU 11. Scénarios concernant le soutien de la banque centrale pour le règlement des paiements
instantanés, tels que définis par le CPMI
SCÉNARIO 3 SCÉNARIO 4
« RBTR 24 heures sur 24 « Banque centrale en tant
SCÉNARIO 1 SCÉNARIO 2 ou services de règlement qu’opérateur de système de
« Situation inchangée » « Soutien modéré » spéciaux » paiement rapide »
Le règlement en monnaie centrale Des fonctionnalités Le règlement en temps réel en monnaie centrale est possible
n’est possible que pendant les heures limitées sont dis- 24 heures sur 24. Des liquidités supplémentaires peuvent être
d’ouverture du système RBTR. ponibles pour per- fournies à tout moment.
Avec les systèmes de paiement rapide mettre le règlement Peut prendre en charge les systèmes de paiement rapide en
à règlement différé, les cycles de règle- des paiements rapides différé ou en temps réel.
ment seront probablement limités aux en dehors des heures
normales de bureau. N’implique pas nécessaire- Nécessite une adaptation
heures ouvrables ; les paiements pour-
ment le développement importante du système RBTR
ront être refusés si les limites contrai-
d’un nouveau système, mais ainsi que le développement
gnantes de débit net sont atteintes, car
nécessite une adaptation (ou l’adaptation importante)
les participants ne pourront pas accé-
importante du système d’une infrastructure distincte
der à des liquidités supplémentaires.
RBTR ou d’un système de de compensation.
Avec les systèmes de paiement rapide règlement spécialisé. La construction d’un nouveau
à règlement en temps réel, ce scénario
La construction d’un nou- système est possible.
nécessiterait un règlement en monnaie
veau système est possible.
commerciale en dehors des
Source : CPMI, 2016a.
• L’exploitation du système de paiement instantané dans capital des participants se produisent moins souvent et
le cadre du RBTR (à la fois opérateur du switch et agent concernent le résultat net des transactions.
de règlement). Le SPEI (Mexique) en est un exemple.
Les mesures suivantes peuvent être prises pour réduire le
Un modèle de règlement différé pour les paiements ins- risque de règlement avec un modèle de règlement différé :
tantanés est possible dans tous ces scénarios. Un modèle
• Plafonnement de la position débitrice nette d’un ou
de règlement en temps réel pour les paiements instantanés,
de plusieurs participants (par exemple, Inde [CPMI
où tous les règlements se font par le système RBTR, n’est
2016a]).
possible que si ce système est disponible 24 heures sur 24.
D’autres dispositions peuvent également être prises pour • Accords de partage des pertes entre participants sur-
le règlement en dehors des heures de fonctionnement du vivants en cas d’insolvabilité d’un participant (par
RBTR, par exemple en recourant à une institution finan- exemple, Corée EBS [CPMI 2016a]).
cière comme agent de règlement supplémentaire.
• Constitution de garantie totale ou partielle des positions
Le règlement en temps réel supprime le risque de crédit Singapore FAST avec des titres ou des espèces (par
débitrices maximales
pour le participant destinataire, mais le règlement en exemple, FAST à Singapour [CPMI 2016 a]).
temps réel comporte un risque de liquidité plus important
• Fenêtres de règlement plus fréquentes, y compris l’aug-
ainsi qu’un risque d’insolvabilité si l’agent de règlement
mentation des heures de fonctionnement du système
est une autre banque. Les dispositifs de règlement différé
RBTR utilisé pour le règlement net (voir les exemples
ess Elixercomportent un risque de crédit, car le règlement défini- de la figure 20).
tif n’est effectué qu’après que les fonds ont été crédités
sur le compte du client destinataire, mais ils comportent • Limites sur la valeur des transactions des clients (voir
un risque de liquidité moindre, car les demandes de les exemples de la figure 20).
40
Singapour FAST
35
Limite de transaction (milliers de dollars)
25
États-Unis RTP
20
China10IBPS Swit
Kenya PesaLink Jordanie JomoPay
Chine IBPS Suisse Twint
5
India UPI Inde UPI
Philippines InstaPay
Pérou BIM Peru B
Turquie BKM
0
0
Philippines
6
Instapay
12 18 24 Tur
Heures entre chaque cycle de règlement (intrajournalier)
6 12
Remarque : En Jordanie, la limite maximale dépend du type de transaction. La figure ci-dessus indique la limite maximale de transaction pour 18
les retraits, les achats et le paiement de factures au niveau local. Aux Philippines, le règlement a lieu trois fois par jour, mais seulement les
Hours between each settlement cycle (intra-day)
jours ouvrables. Certains schémas n’imposent pas de limite de transaction et transfèrent cette responsabilité aux participants (par exemple,
Suède BiR, Japon Zenguin Data Telecommunication System, Italie Jiffy, Mexique SPEI, etc.)
53
MONNAIE ÉLECTRONIQUE E T RÈGLEMENT désavantagés sur le plan économique par rapport aux par-
(EFFE T DES COMPTES FIDUCIAIRES) ticipants bancaires. Toutefois, cet inconvénient peut être
atténué, par exemple, en considérant une partie des fonds
Les EME doivent généralement maintenir la parité entre le
détenus auprès de l’agent de règlement comme des soldes
montant de monnaie électronique créé sur leur plateforme
de compte fiduciaire ou en permettant que ces soldes
et celui conservé sur un compte fiduciaire détenu auprès
soient temporairement différents des montants en mon-
d’une institution de dépôt agréée, telle qu’une banque.
naie électronique, avec la garantie que le fonds fiduciaire
Cette exigence aura une incidence sur les opérations de
sera réaligné dans le cadre du processus de règlement. On
règlement.
notera que ces solutions seront soumises à la réglementa-
À l’instar des participants bancaires, les EME d’un sys- tion sur la monnaie électronique en vigueur sur le marché
tème de paiement instantané préfinancent généralement concerné.
un compte de règlement détenu auprès de l’agent de règle-
Heureusement, des transactions sortantes auront égale-
ment. La valeur de ce compte fait office de plafond débi-
ment lieu pendant ce temps. Ainsi, le montant du solde
teur net pour l’envoi de transactions sortantes. Autrement
préfinancé du compte fiduciaire doit uniquement prendre
dit, elle correspond à la valeur maximale qu’un participant
en compte les transactions entrantes nettes attendues,
du secteur de la monnaie électronique peut envoyer dans
c’est-à-dire la valeur de la monnaie électronique devant
le cadre de transactions sortantes nettes. La situation est la
arriver sur la plateforme pour compenser les différences
même dans le cas d’un participant bancaire.
entre les entrées et les sorties tout au long de la journée. La
Toutefois, les participants du secteur de la monnaie élec- valeur totale du préfinancement sert de plafond créditeur
tronique doivent également préfinancer leur propre compte net pour les transactions entrantes. Voir figure 21.
fiduciaire (et leur plateforme de monnaie électronique)
Dans les dispositifs bilatéraux de préfinancement (sans
afin d’avoir suffisamment de monnaie électronique dans
agent de règlement), les participants du secteur de la
leur système pour prendre en charge les nouvelles transac-
monnaie électronique peuvent souvent préfinancer la
tions entrantes au fur et à mesure de leur réception. Si les
plateforme de la contrepartie en déposant leurs propres
fonds peuvent être reçus sur un compte de règlement en
fonds sur le compte fiduciaire du participant destinataire.
temps réel (modèle de règlement en temps réel) ou après
Ce montant est ensuite créé en tant que monnaie élec-
un certain délai (modèle de règlement différé), l’augmen-
tronique sur la plateforme de monnaie électronique de la
tation de la monnaie électronique doit correspondre à une
contrepartie pour permettre aux fonds d’être crédités au
augmentation du solde du compte fiduciaire pour main-
bénéficiaire. Toutefois, comme nous l’avons vu à la sec-
tenir la parité entre la monnaie électronique et les fonds
tion précédente, les modèles de préfinancement bilatéraux
détenus en fiducie.
exigent de préfinancer des comptes distincts pour chaque
Cette double exigence de préfinancement signifie que contrepartie, ce qui pose des problèmes encore plus impor-
les participants à un système de paiement instantané qui tants lorsque le nombre de participants augmente et en
utilisent de la monnaie électronique sont relativement termes de coûts.
Compte 4. Compte de
bancaire règlement
fiduciaire [chez l’agent
5. de règlement]
2b. 4. 5.
1b.
Plateforme
de monnaie
électronique Switch
55
Photo : Thao Vu Xuan, concours photo du CGAP, 2016.
D
E NOMBREUX PRINCIPES ABORDÉS DANS LES Le plus souvent, les paiements de détail transfrontaliers
sections précédentes s’appliquent à la supervision, reposent sur des accords bilatéraux. Si certains de ces
la gestion du schéma, l’exploitation du switch et dispositifs peuvent fonctionner en temps réel, ils ne sont
le règlement dans le cas de systèmes de paiement instan- généralement pas dotés de règles ni de mesures de gouver-
tané transfrontaliers. Les choses se compliquent toutefois nance et de supervision caractéristiques des systèmes exa-
lorsque plusieurs systèmes juridiques/réglementaires et minés dans le présent guide. Nous nous intéresserons donc
devises sont concernés. ici aux types de dispositifs multilatéraux en place dans la
SADC et le SEPA.
La présente section attire l’attention sur certaines des
caractéristiques uniques des systèmes de paiement trans- La SADC compte les 16 États membres qui ont adopté
frontaliers. Il n’existe que quelques exemples de systèmes le traité de la SADC en 1992 pour formaliser leur coopé-
de paiement instantané entre pays, notamment ceux de ration dans le cadre d’un accord juridiquement contrai-
la Communauté de développement de l’Afrique australe gnant.19 Voir figure 22. En 2019, la SADC a lancé un sys-
(SADC) et de l’Espace unique de paiement en euros tème régional de paiement instantané pour les paiements
(SEPA). Des discussions préliminaires concernant des sys- de faible montant appelé Transfers Cleared on an Imme-
tèmes régionaux de paiement instantané sont en cours en diate Basis (TCIB).
Afrique de l’Ouest, en Afrique de l’Est, en Asie du Sud-Est
et dans d’autres régions. Le SEPA est un bloc économique comprenant 36 pays à
l’intérieur et à l’extérieur de la zone euro. Voir figure 23.
Son système de paiement instantané, appelé Instant Credit
Transfers (SCT Inst), a été mis en place en 2017.
57
FIGURE 22. Carte de la SADC
SOUDAN DU SUD
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
RÉGION
SAPP
CAMEROUN
RÉPUBLIQUE KENYA
0°
Lac
Victoria
KINSHASA
Cabinda
(ANGOLA) TANZANIE
Lac DODOMA
Tanganyika
Lac
Rukwa
Lac
Mweru
LUANDA
10°S 10°S
Lac
Bangweulu
Lac
Malawi
ANGOLA MALAWI
ZAMBIE
LILONGWE
LUSAKA
Lac Cahora Bassa
Lac
Kariba
HARARÉ
OCÉAN
ATLANTIQUE ZIMBABWE
20°S 20°S
MOZAMBIQUE que
NAMIBIE
mbi
oza
BOTSWANA
uM
WINDHOEK
al d
Can
GABORONE
PRETORIA
MAPUTO
MBABANE
ESWATINI
MASERU
30°S
LESOTHO 30°S
OCÉAN INDIEN
AFRIQUE DU SUD
Allemagne Pologne
Guernesey, R.-U. Belgique
Jersey, R.-U. Luxembourg
Rép. tchèque
Rép. slovaque
France Autriche
Hongrie
Slovénie Roumanie
Croatie
Portugal Espagne Italie Bulgarie
Gibraltar, R.-U.
Grèce
Malte Chypre
IBRD 42921 | MAY 2017
Source : “Single Euro Payments Area (SEPA),” European Central Bank, https://www.ecb.europa.eu/paym/integration/retail/sepa/html/index.en.html.
This map was produced by the Cartography Unit of the World
Bank Group. The boundaries, colors, denominations and any
other information shown on this map do not imply, on the part of
the World Bank Group, any judgment on the legal status of any
territory, or any endorsement or acceptance of such boundaries.
59
TABLEAU 12. Comparaison des rôles et des acteurs entre les systèmes TCIB et SCT Inst
61
COMPENSATION ET RÈGLEMENT DES TR ANSACTIONS en euros, et les transactions SADC en rands sud-africains24.
La SADC prévoit d’offrir progressivement le règlement
La connectivité technique est souvent l’aspect le plus
dans d’autres monnaies régionales.
simple à résoudre en matière d’interopérabilité, et cela reste
vrai pour les paiements transfrontaliers. Plusieurs options Le développement d’un système de paiement instantané
existent pour les systèmes de paiement transfrontaliers : transfrontalier repose en grande partie sur les mêmes prin-
une infrastructure régionale unique peut être développée ; cipes que ceux exposés pour les exemples nationaux, mais
plusieurs solutions nationales peuvent être connectées ; ou il est nécessairement plus complexe, et seules les initiatives
les participants peuvent choisir entre plusieurs opérateurs de la SADC et du SEPA ont vu le jour.
de switch agréés.
Le système SCT Inst constitue un modèle d’intégration
La SADC et le SEPA s’appuient sur des environnements de régionale des paiements. Il bénéficie d’une importante
compensation compétitifs et sur un cadre de gouvernance intégration politique et économique régionale. Des organes
qui leur permet d’approuver plusieurs opérateurs de switch. législatifs régionaux ont été créés et les régulateurs régio-
Dans la SADC, le comité de supervision de la banque cen- naux avaient déjà pris d’autres mesures en vue d’un cadre
trale approuve les critères d’établissement des opérateurs de juridique commun au moment du lancement du système
switch régionaux. Cela dit, BankservAfrica, qui appartient en 2017. La SADC est un exemple de processus de colla-
aux banques participant au schéma, est actuellement le seul boration entre les régulateurs et le secteur sans certaines
opérateur agréé. Dans le SEPA, les opérateurs de switch des mesures d’intégration régionale prises dans l’Union
qui souhaitent être ajoutés à la liste des mécanismes de européenne.
compensation et de règlement du SEPA doivent respecter
Les deux systèmes sont caractérisés par une collaboration
les règles du schéma et les lignes directrices du CEP. Les
efficace entre les secteurs public et privé, des régulateurs
participants à SCT Inst peuvent choisir parmi 33 opéra-
jouant le rôle de catalyseurs du changement, et un proces-
teurs de switch, qui peuvent être des banques centrales
sus décisionnel incluant les participants aux schémas. Bien
nationales ou d’autres entités23. Voir figure 24.
que la gouvernance dans chaque cas soit principalement
Dans la SADC, le règlement s’effectue par le biais de son déterminée par les participants bancaires (ce qui est symp-
système RBTR (ou RTGS), hébergé par la Banque de tomatique des marchés des paiements dans ces régions),
réserve sud-africaine. Dans le SEPA, le règlement s’effectue les deux dispositifs ont pris des mesures pour s’ouvrir à un
par le biais des services TARGET, qui sont gérés par l’Eu- plus large éventail d’acteurs par le biais d’une gouvernance
rosystème, qui regroupe la BCE et les banques centrales consultative. Ces deux exemples illustrent également un
nationales de la région. Les transactions SEPA sont réglées environnement de compensation qui est ouvert et concur-
rentiel tout en préservant la sécurité des transactions.
63
Photo : Tony Karumba, pour le CGAP par l’intermédiaire de
Communication for Development Ltd.
L
A PRÉSENTE SECTION EXAMINE LA MANIÈRE PLANIFICATION
d’assurer une interopérabilité efficace dans un
système de paiement instantané. Chaque marché Il est essentiel qu’un consensus se dégage autour du pro-
est unique, et les approches doivent être adaptées en consé- blème et de la solution proposée. Les participants, les régu-
quence. Certains projets sont des extensions de systèmes lateurs et les autres parties jouant un rôle dans le succès
de paiement existants, tandis que d’autres sont nouveaux. d’un schéma doivent adhérer au projet. Après être arrivés à
Certains projets sont des initiatives du secteur, tandis une compréhension commune du problème, l’élaboration
que d’autres sont impulsés par les régulateurs. Malgré ces d’un plan pour le résoudre – une vision et une feuille de
route partagées – peut contribuer à la prise de mesures
différences, ils ont en commun un certain nombre d’étapes,
claires et ciblées tout au long du projet.
répertoriées ci-dessous et illustrées à la figure 25 :
• Planification. Un champion identifie un problème ou
DÉFINIR LE PROBLÈME
une « défaillance du marché » susceptible d’être résolus
grâce à l’amélioration de l’interopérabilité. Une vision Définir le problème, c’est répondre aux questions : Pour-
commune est élaborée pour résoudre ce problème, et quoi rechercher l’interopérabilité ? Pourquoi maintenant ?
suscite l’adhésion nécessaire des acteurs concernés des sec- Les systèmes de paiement instantané sont élaborés pour
teurs public et privé. de nombreuses raisons, notamment l’amélioration de la
• Conception. La solution d’interopérabilité est conçue en concurrence, l’innovation et l’inclusion financière. Lorsque
collaboration avec ces acteurs. Les questions clés concer- la concurrence ou l’innovation sont des moteurs de chan-
nant la supervision, la gouvernance, les incitations écono- gement, les pouvoirs publics ou le régulateur jouent souvent
miques et le modèle opérationnel sont réglées. le rôle de catalyseur, comme au Royaume-Uni, en Australie
et aux Philippines. Dans d’autres cas, une association secto-
• Lancement. Le service est lancé et accessible aux clients. rielle ou un opérateur peuvent promouvoir les réformes.
Un processus continu est lancé pour développer les ser-
vices du schéma et continuer d’accroître les volumes et Le problème est parfois évident, mais des recherches
d’innover. peuvent également être nécessaires pour fournir des argu-
ments en faveur de l’interopérabilité. Au Royaume-Uni,
le chancelier de l’Échiquier a ainsi commandé un rapport
indépendant sur la concurrence et l’innovation dans le
secteur bancaire. Les résultats, publiés dans le rapport Crui-
ckshank (2000), ont impulsé le programme de réforme sur
les paiements instantanés. En Tanzanie, la Société financière
internationale (IFC) a réalisé une étude de marché pour
identifier la nature des défis à relever sur le marché des paie-
ments et la contribution potentielle de l’interopérabilité.
65
FIGURE 25. Processus pour réaliser l’interopérabilité des paiements instantanés
PLANIFICATION
Vision
commune et
feuille de route
adoptées
CONCEPTION
Gouvernance Modèle opérationnel
Propriété Modèle économique
Opérations de schéma
Règles Modèle économique
Opérations de switch
Adhésion Frais interparties
Modèle de règlement
Modalités
du schéma
convenues
LANCEMENT
Commercialisation
Mise en œuvre Développement Innovation
Stimuler la croissance
Intégration des participants Feuille de route de
des transactions
Lancement du produit l’innovation
Schéma adopté
par les clients et
financièrement
viable
67
comportera sans doute un calendrier global, ainsi que la
CONCEPTION
définition du rôle des parties prenantes et des objectifs
intermédiaires du projet.
La phase de conception cherche à répondre aux questions
clés sur la structure du système, y compris les décisions sur
MOBILISATIONS DES RESSOURCES NÉCESSAIRES la gouvernance et les modèles économiques et opération-
À ce stade, il est courant qu’un champion se distingue. nels. Ces décisions sont prises dans le cadre de la supervi-
Il s’agit généralement de la personne ou de l’entité qui sion juridique/réglementaire, et elles jouent un rôle impor-
a défini la vision et mobilisé les parties prenantes. Ce tant pour déterminer si le système atteindra les objectifs
champion est-il en mesure de faire collaborer des acteurs définis lors du lancement du projet.
concurrents ? Dans la négative, une intervention indé-
Le point de départ de la conception peut fortement varier
pendante peut être nécessaire. Les partenaires de déve-
d’un projet à l’autre. Par exemple, un projet d’un groupe de
loppement, comme IFC en Tanzanie, et d’autres acteurs
banques exploitant un switch monétique ou une chambre
indépendants du marché, ont agi en tant que partie
de compensation automatisée peut avoir déjà abordé les
neutre et de confiance pour faciliter les discussions entre
questions juridiques et de gouvernance, comme ce fut le
parties prenantes.
cas en Colombie, en Inde et au Ghana. Si une nouvelle
Le projet nécessite par ailleurs des compétences tech- solution proposée par un régulateur ou un groupe de par-
niques particulières. Elles peuvent être apportées par ticipants du secteur, il peut être nécessaire de créer une
un renforcement de compétences (par exemple, l’acqui- nouvelle entité juridique, comme ce fut le cas en Jordanie,
sition de nouvelles compétences internes par la NPCI au Kenya et au Pérou.
en Inde), le recrutement d’un cabinet de consultation En tout état de cause, il est important que le processus de
(par exemple, KPMG pour la NPP en Australie), ou conception mobilise les participants dans le cadre d’un
l’engagement d’experts comme consultants temporaires processus ouvert et consultatif. Les décisions prises lors de
(par exemple, des consultants engagés par la FSDU en la phase de conception auront un impact significatif sur
Ouganda). l’attachement des participants à la réussite du projet.
Les compétences recherchées doivent être adaptées
au contexte du marché et aux besoins du projet. Elles DÉFINIR DES AXES DIRECTEURS POUR LA CONCEPTION
peuvent couvrir les domaines juridique et réglementaire,
les modèles économiques, la gouvernance/rédaction de Une liste répertoriant succinctement les principes de concep-
règles, et des domaines techniques spécifiques, tels que tion peut être utile pour orienter la prise de décision. Les
le change, le règlement ou des normes d’adressage de questions peuvent par exemple porter sur les points suivants :
paiements. • Le modèle vise-t-il à réaliser un bénéfice ou uniquement à
couvrir les coûts ?
QUESTIONS CLÉS À POSER . . . • À quels critères les participants doivent-ils répondre pour
jouer un rôle dans la prise de décision ?
. . . lors de la mobilisation des ressources : • Quels types de participants devraient être directement,
➤ Qui a l’autorité morale nécessaire pour aider des indirectement ou aucunement impliqués dans le schéma ?
concurrents à collaborer ?
Le guide « Level 1 Project » (L1P) de la Fondation Bill &
➤ Avons-nous les compétences nécessaires pour Melinda Gates propose des principes de conception pour
veiller à ce que le schéma soit conçu conformé-
les projets d’interopérabilité à but d’inclusion financière
ment aux meilleures pratiques internationales ?
(BMGF 2019). Ils ne sont pas conçus comme une liste à
appliquer intégralement, mais plutôt comme un point de
départ pour établir les principes les plus importants pour
les parties prenantes d’un projet donné.
Boucle ouverte. Un schéma devrait être ouvert à tout prestataire agréé, par opposition aux schémas
en boucle fermée, où l’adhésion est limitée à certains prestataires (de grande taille, par exemple).
Régi par les participants. Le schéma est doté d’une structure de gouvernance démocratique, où les
participants ont des chances égales d’être propriétaires.
En temps réel. Un schéma qui compense les transactions en continu par opposition à un traitement
par lots.
Réglementation. Le schéma est supervisé par le régulateur financier et utilise la monnaie fiduciaire
nationale.
Paiements « push ». Lors d’un paiement « push », le payeur initie l’ordre de paiement et le bénéfi-
ciaire est crédité (paiement de salaires par chambre de compensation automatisée par exemple),
par opposition aux paiements « pull », où le bénéficiaire initie l’ordre de paiement (chèques, par
exemple), qui comportent plus de risques (rejet de la transaction, fraude, etc.).
Irrévocable. Une transaction effectuée entre le payeur et le bénéficiaire ne peut pas être annulée.
L’irrévocabilité est essentielle pour maintenir les coûts de transaction à un faible niveau.
Règlement le jour même. Les transactions sont réglées le jour même, en temps quasi réel, par
opposition au règlement différé le jour (ouvrable) suivant. Le règlement le jour même permet de
limiter les risques de crédit.
Détection partagée de la fraude. Les participants investissent dans un système partagé de gestion
de la fraude, qu’ils conçoivent et mettent en œuvre conjointement, ce qui permet de réaliser des
économies. Le partage des données entre les participants permet de détecter un plus grand
nombre de cas de fraude, et donc de réduire la fraude en général.
Transparence des frais. Pour assurer la protection des clients et leur confiance dans le schéma,
L1P préconise la transparence des frais dans un cadre élargi, notamment la transparence sur
les droits et les responsabilités des clients, et particulièrement à destination des clients peu
alphabétisés.
Comptes à plusieurs niveaux. Les comptes à plusieurs niveaux (et KYC à plusieurs niveaux)
permettent à des clients présentant des profils de risque différents d’accéder au schéma avec des
conditions différentes. Ils garantissent un accès élargi au schéma tout en limitant les risques pour
les prestataires.
Cas d’usage. Le système devrait permettre aux principaux cas d’usage par les clients d’atteindre
une plus grande échelle, en s’appuyant sur les mêmes protocoles sous-jacents de paiement et de
règlement.
Constitution de garanties. Des comptes de garantie sont utilisés pour atténuer les risques de
liquidité ou le risque qu’un participant au schéma ne puisse pas remplir ses obligations envers les
autres participants.
Source : BMGF, 2019.
69
GOU VERNANCE MODÈLE ÉCONOMIQUE
Le schéma a-t-il un statut juridique ? Dans la négative, Quels sont les coûts et les sources de financement prévus
comment ce statut juridique sera-t-il déterminé ? ? Comment un modèle de financement durable sera-t-il
élaboré ? Les frais seront-ils fixes par participant, variables
Si le schéma est en cours d’incubation au sein d’une autre
en fonction des transactions ou une combinaison des deux
organisation ou prend la forme d’un accord informel
? Comment estimer les volumes à venir, pour anticiper les
entre les participants, quel est le plan de transition vers
recettes provenant des frais ?
une domiciliation permanente avec une gouvernance de
schéma formelle ? Ce plan devrait être élaboré au début Dans la plupart des cas, la fixation des prix pour l’utili-
du processus et être clair pour toutes les parties prenantes, sateur final est laissée au marché, mais certains schémas
pour qu’elles puissent se préparer en conséquence. limitent la capacité des participants à appliquer des prix
différents pour les transactions hors réseau et les tran-
Le processus décisionnel et le rôle des membres dans
sactions sur réseau – en interdisant aux participants de
ce processus devraient être clairement documentés. Les
facturer davantage pour les transactions vers une autre
conditions d’adhésion (participation directe) devraient
plateforme.
être fixées. Dans le cas de dispositifs élaborés ou fortement
influencés par le régulateur, certains acteurs du marché Indépendamment des restrictions concernant les frais
sont-ils tenus d’en être membres ? Si les règles du schéma facturés aux clients, il convient d’examiner les incitations
permettent une participation indirecte, quels sont les économiques qui encouragent les participants à accroître
mécanismes de supervision des participants indirects ? les volumes de transactions interopérables. En l’absence
d’incitations appropriées pour promouvoir l’utilisation du
Le gestionnaire du schéma assumera la responsabilité
système, quelle pourrait être la cause de ce manque d’inté-
ultime de décider quels services devront être utilisés par
rêt, et les solutions pour y remédier. Les frais interparties
les membres et quels services seront facultatifs. Les parti-
représentent-ils par exemple une solution pour équilibrer
cipants sont-ils tenus d’utiliser le système pour les transac-
les intérêts économiques des participants ? Dans l’affirma-
tions sur réseau et hors réseau ? Est-il obligatoire d’envoyer
tive, comment devraient-ils être appliqués ?
toutes les transactions par le système ou seulement de
pouvoir les recevoir ? Quels types de transactions seront
couverts ? Les réponses à ces questions pourront fortement QUESTIONS CLÉS SUR LE MODÈLE ÉCONOMIQUE
influer sur les volumes de transactions et l’adhésion des
participants. ➤ Quel est le modèle économique du schéma ?
Comment les flux de trésorerie seront-ils géné-
rés pour financer la solution ?
QUESTIONS CLÉS SUR LA GOUVERNANCE
➤ Quel sera l’impact de l’interopérabilité sur les
frais facturés aux clients ?
➤ Quelle est la structure de propriété à long terme
➤ Des frais interparties sont-ils nécessaires pour
du schéma ? Si le schéma n’occupe pas encore son
équilibrer les incitations ?
domicile prévu à long terme, la transition vers une
telle structure est-elle clairement planifiée ?
71
LANCEMENT
La complexité et la durée de la phase de lancement peuvent intérêts ne sont pas alignés ou dans lesquels le modèle opé-
varier considérablement. Dans le cas d’un nouveau switch, rationnel n’offre pas la meilleure expérience client possible
la connexion des participants peut prendre plus d’un an. Le ? Les solutions pour remédier à un manque de croissance
switch représentera le plus grand investissement en capital seront aussi diverses que les diagnostics.
et contribuera le plus aux charges d’exploitation. Cepen-
Quelle est la prochaine étape une fois que les services fonc-
dant, les efforts et les coûts requis des participants doivent
tionnent bien ?
également être pris en compte, car d’importants investis-
sements pourraient être nécessaires pour se connecter au Les systèmes de paiement instantané les plus performants
nouveau système (Lipis Advisors 2016). favorisent l’innovation continue. L’expansion continue des
services est nécessaire pour qu’ils restent pertinents dans
Le gestionnaire du schéma devra décider s’il faut lancer
un environnement mondial en évolution rapide. L’exten-
le système uniquement lorsque tous les participants sont
sion des réseaux d’adhérents, les connexions à d’autres
prêts sur les plans technique et opérationnel, ou lorsqu’une
systèmes de paiement, l’ajout de différents types de tran-
masse critique de participants (peut-être deux seulement)
sactions ou le lancement de nouveaux produits au niveau
est prête.
du schéma sont autant de moyens pouvant contribuer au
Une fois la date de lancement estimée, qu’est-il prévu développement et à la maturité des systèmes de paiement
concernant la mise sur le marché du service ? Comment instantané.
les campagnes de marketing seront-elles gérées ? Comment
les participants seront-ils recrutés ? Après le lancement, les
QUESTIONS CLÉS SUR LE LANCEMENT
performances devraient être suivies de près. Les volumes de
transactions augmentent-ils comme prévu ? Dans la néga-
tive, pourquoi ? ➤ Le fonctionnement des services répond-il aux
attentes ? Dans la négative, quels sont les
En l’absence de croissance notable, il peut être nécessaire de changements nécessaires ?
réexaminer d’autres étapes du processus et de réévaluer les ➤ Une fois que les services initiaux fonctionnent
questions clés. L’engagement des participants ne répond-il efficacement, quelle est la prochaine étape sur
pas aux attentes ? Y a-t-il des domaines dans lesquels les la feuille de route ?
ÉTUDES DE CAS
SUR LES PAIEMENTS INSTANTANÉS
73
Finland
Sweden
L‘
INTEROPÉR A BILITÉ PEUT ÊTR E OBTENUE portent sur les systèmes de l’Australie, de l’Inde, de la Jorda-
de diverses manières. Une solution efficace sur un nie, du Mexique, du Pérou, des Philippines et de la Tanza-
marché peut ne pas l’être sur un autre. Cela dit, les nie. Ces systèmes ont été sélectionnés car ils représentent un
expériences des systèmes de paiement instantané existants large éventail de modèles et d’approches. Les études de cas
permettent d’illustrer différentes approches en matière de se répartissent en trois groupes : nouveaux systèmes de paie-
processus et de conception. ment instantané ; ajout de capacités de paiement instantané
La présente section examine diverses approches adoptées par aux systèmes existants ; et approches uniques. Voir tableaux
différents marchés ainsi que leurs résultats. Les études de cas 13 et 14.
le régulateur a participé à l’élaboration de la solution, à la les OTM. Une approche conduite par le secteur privé dans
gestion de la gouvernance du schéma et au fonctionnement laquelle les émetteurs de monnaie électronique (EME)
du switch. Le régulateur a ensuite transféré ces activités régis par les opérateurs de téléphonie mobile (OTM) ont
à une entité bancaire nouvellement créée, dans laquelle mis au point un nouveau mécanisme multilatéral. Les
il détient une participation minoritaire. Avant et après le modalités ont été fixées par un ensemble de règles pour
transfert du système, les transactions sont compensées par le schéma, sans qu’une entité juridique distincte n’ait été
le switch JoMoPay et réglées sur une base nette différée par formée.
le système RBTR géré par le régulateur. Pérou, Bim. Une approche conduite par le secteur privé
concernant un nouveau mécanisme, où un groupe de PSF
A JOUT DE CAPACITÉS DE PAIEMENT INSTANTANÉ a convenu d’investir conjointement et de partager une
AUX SYSTÈMES E XISTANTS plateforme unique de porte-monnaie mobile. Aucun méca-
nisme technique distinct n’est nécessaire pour la compen-
Inde, UPI. Un opérateur existant, détenu par l’industrie,
sation. Le règlement s’effectue sur une base nette différée
qui a développé ses capacités pour fournir des paiements par le biais du système RBTR géré par le régulateur.
75
TABLEAU 13. Modèle de gouvernance du schéma et approche du processus de projet
FIGURE 26. Volumes de transactions des systèmes de paiement instantané (transactions interopérables) entre
les pays
6
Australie (NPP)
5
Inde (UPI)
Transactions hors réseau par compte actif (Findex)
Mexique (SPEI)
4
Singapour (FAST)
R.-U. (FPS)
3
Philippines (InstaPay)
2
Tanzanie
(schéma EME)
1
Pérou (BIM)
Jordanie (JoMoPay)
Kenya (PesaLink)
0 Pakistan (1Link)
A0 T1 A1 T2 A1 T3 A1 T4 A1 T1 A2 T2 A2 T3 A2 T4 A2 T1 A3 T2 A3 T3 A3 T4 A3 T1 A4 T2 A4 T3 A4 T4 A4
Temps écoulé depuis le lancement (trimestres)
Remarque : La courbe du Mexique montre les volumes lorsque la SPEI a commencé à offrir en continu des paiements en temps quasi réel (en 2015).
Source : Population : Base de données de l’ONU. Comptes : Global Findex Database 2017 (Demirgüç-Kunt et al. 2018). Australie : “Payments Data,” RBA, https://
www.rba.gov.au/ payments-and-infrastructure/resources/payments-data.html. Inde : “UPI Product Statistics,” NPCI, https://www.npci.org.in/product-statistics/
upi-product-statistics. Jordanie : JoPACC, 2020. Kenya : “Cheques & EFTs,” Central Bank of Kenya, https://www.centralbank.go.ke/national-payments-system/au-
tomated-clearing-house/ cheques-efts/; Mexico : “SPEI Transfers by Amount Operated (CF620),” Economic Information System, https://www.banxico.org.mx/SieIn-
ternet/consultarDirectori- oInternetAction.do?accion=consultarCuadro&idCuadro=CF620&locale=en. Pakistan : “Access to Finance in Pakistan, Key Indicators,” SBP,
http://www.sbp.org.pk/ publications/acd/branchless.htm. Philippines : BSP, 2020. Singapour : Statistiques MAS sur les paiements de détail. Tanzanie : Statistiques
de la Banque de Tanzanie. Royaume-Uni : Pay.UK, 2020.
77
AUSTR ALIE
La New Payments Platform (NPP) a été lancée en 2018 dans le cadre d’un processus auquel ont participé la
Banque de réserve d’Australie (RBA) et le secteur bancaire australien. Le système est géré par NPP Australia
Ltd (NPPA), une entité à but non lucratif qui compte 13 actionnaires, dont le régulateur et 12 participants
du secteur. Le système a adopté une architecture distribuée de compensation fondée sur la messagerie SWIFT
sans switch central. Le règlement se fait en temps réel, avec la RBA en tant qu’agent de règlement.
25. Voir “PayID : Simple as” et autres vidéos publicitaires sur PayID à https://www.youtube.com/watch?v=Kh0Kq2PddE4.
79
Schéma Les institutions financières ne sont pas tenues de participer
à la NPP. Toutefois, seuls les actionnaires de la NPPA sont
GOU VERNANCE autorisés à participer directement à la compensation et au
règlement. Pour éviter un traitement inéquitable des enti-
La NPP est détenue par dix banques australiennes, deux tés non actionnaires, la constitution de la NPP exige que
prestataires non bancaires de services de paiement (qui les actionnaires « facilitent un accès équitable à la NPP en
offrent un accès à des EME et des banques non membres) tant qu’infrastructure d’utilité publique mutuelle » (NPPA
et le régulateur. Pour garantir un processus décisionnel 2019b). Il s’ensuit que le cadre d’accès prévoit différentes
équitable et ouvert, trois des 13 sièges du conseil d’admi- options de participation indirecte pour les entités non
nistration sont réservés à des administrateurs indépen- actionnaires, bancaires ou non (NPP 2018).
dants. Et l’un de ces trois sièges est réservé à la présidence
(NPP 2019a). Le régulateur a une présence permanente au
conseil (RBA et NPPA 2019). Contrairement aux autres MODÈLE ÉCONOMIQUE
organismes de paiement australiens, les droits de vote des
La NPPA couvre ses coûts en facturant aux participants
membres du conseil d’administration sont égaux et ne sont
des frais de compensation. Ces frais sont facturés à parts
pas proportionnels aux nombres d’actions détenues.
égales aux participants expéditeurs et destinataires. Ils
font l’objet d’un droit annuel fixe, qui est prélevé selon un
modèle à trois niveaux qui tient compte du nombre d’ac-
tions détenues. Le passage à des frais par transaction repo-
sant sur les volumes mensuels est prévu. Les organisations
participant indirectement– non actionnaires – se voient
imposer des frais par le participant direct qui les parraine
dans le cadre de contrats commerciaux établis de manière
concurrentielle, sans prescription de la NPPA.
Gouvernance Modèle
du schéma économique La NPPA n’applique aucune restriction sur les frais factu-
du schéma rés aux utilisateurs finaux et les frais interparties ne font
l’objet d’aucun accord entre les participants.
Service additionnel
Infrastructure de base
Passerelle de paiement
Passerelle de paiement
Réseau NPP
Institution B
Institution A
Payeur
Payer Bénéficiaire
Passerelle de paiement
RBA FSS
81
INDE
La National Payments Corporation of India (NPCI), une entité à but non lucratif détenue par des
banques, propose des paiements instantanés depuis 2010 par le biais de l’Immediate Payments Service
(IMPS). Toutefois, bon nombre des caractéristiques les plus notoires des systèmes de paiement en temps
réel existant actuellement en Inde – adressage simplifié, interopérabilité avec les entités non bancaires,
initiation de paiements par des tiers – sont liées au développement par la NPCI de l’Unified Payments
Interface (UPI). L’UPI est un système lancé en 2016 en tirant parti des technologies en place à l’époque,
mais qui a ensuite rapidement bénéficié d’investissements de la NPCI dans une nouvelle infrastructure.
Le règlement est effectué sur une base nette différée par le biais du système RBTR géré par la Banque de
réserve de l’Inde (RBI).
83
Schéma cière. En outre, la NPCI a utilisé certaines ressources des
banques participantes et a partagé des bureaux avec l’asso-
GOU VERNANCE ciation des banquiers dès le début.
L’actionnariat de la NPCI, qui regroupait à l’origine 10 Les frais interparties sont fixés par la NPCI, sous réserve
banques, en compte aujourd’hui 56. Le conseil d’adminis- des politiques de la RBI en matière de tarification des
tration comprend six sièges réservés aux banques fonda- paiements de détail. Ces dispositions ont changé plusieurs
trices et quatre sièges réservés aux autres actionnaires selon fois depuis le lancement de l’UPI. Les transactions com-
un système de rotation. portent généralement des frais interparties faibles ou nuls,
selon leur type.
Les règles du schéma sont définies par des comités d’orien-
tation au niveau des produits, composés d’institutions
participantes. Celles-ci comprennent des représentants des MODÈLE OPÉR ATIONNEL
actionnaires de la NPCI ainsi que des participants non L’UPI permet aux prestataires financiers de séparer les
actionnaires. Bien que les EME participent directement au messages d’authentification et d’autorisation, ce qui
système dans le cadre de l’IMPS, leur accès à l’UPI se fait permet l’initiation de paiements par des tiers sans que
indirectement par le biais d’accords avec les banques parti- les clients aient à s’authentifier auprès de leur institution
cipantes. Des discussions sont en cours pour permettre aux financière. L’UPI a également adopté l’adressage de paie-
EME d’accéder directement à l’UPI. ment interopérable, ce qui signifie que les utilisateurs
peuvent effectuer des transactions entre des numéros de
MODÈLE ÉCONOMIQUE compte bancaire, des numéros de téléphone portable et des
adresses de paiement virtuelles.
La NPCI couvre ses coûts grâce à des frais de compensa-
tion facturés pour chaque transaction. Le soutien du régu- Dans un premier temps, l’UPI s’est appuyée sur l’in-
lateur sous forme de capital de démarrage subventionné frastructure de base qui prenait en charge d’autres pro-
(l’infrastructure de compensation NFS transférée à prix duits de la NPCI, mais celle-ci s’est rapidement procuré
coûtant) a permis d’assurer rapidement sa viabilité finan- une technologie de compensation spécialisée pour soutenir
l’UPI. À l’instar des autres produits NPCI, les transac-
tions UPI sont réglées sur une base nette différée par le
biais du système RBTR détenu et exploité par la RBI.
Modèle opérationnel
l’approche de l’UPI en matière d’adoption (un service de sché-
ma volontaire promu par le gouvernement et des partenaires
du schéma civiques) sont uniques parmi ces exemples.
Jordan Mobile Payment (JoMoPay) is an instant payment system developed and initially operated by the
Central Bank of Jordan (CBJ). It provides wallet interoperability and serves EMIs and banks that issue
e-money wallets. All wallet providers were initially mandated to connect and pass both on-net and off-net
transactions through JoMoPay. Ownership and operation of JoMoPay were later transferred to a separate
public/private entity, the Jordan Payments and Clearing Company (JoPACC).
85
Processus Deux ans plus tard, les deux premiers produits de monnaie
électronique agréés aux termes du nouveau régime – Zain
En 2010, la CBJ a autorisé, par circulaire, l’émission de Cash et Mahfazti – entraient en service. Ils furent rapide-
monnaie électronique par les opérateurs de télécommuni- ment rejoints par plusieurs autres EME, dont des produits
cations26. Deux des principaux OTM de Jordanie, Orange de fintechs tels que Dinarak et Aya.
et Zain, ont ensuite lancé des services de monnaie électro-
nique – respectivement Orange Money et e-Mal – mais ces Mais le nouveau mécanisme a dû relever plusieurs défis
produits n’ont pas réussi à s’imposer. En 2012, le National opérationnels et de gouvernance. Le régulateur n’était par
Payments Council (NPC) et la CBJ ont reconnu que le exemple pas en mesure de fournir une assistance technique
marché des porte-monnaie ne se développait pas au rythme 24 heures sur 24. En outre, comme seul un porte-monnaie
souhaité et ont commencé à envisager des mesures politiques par carte SIM était autorisé, certaines banques ont automa-
supplémentaires. tiquement enregistré la carte SIM de leurs clients, avec pour
effet d’empêcher ces clients d’utiliser les produits des EME.
Après une période de consultation sectorielle, le NPC et la
CBJ ont élaboré un cadre plus général pour l’autorisation Bien que l’interopérabilité universelle fût techniquement
des services de monnaie électronique. Ce cadre comprenait possible, les cas d’usage étaient rares. Les réseaux de com-
de meilleures lignes directrices concernant la gestion des merçants n’étaient pas encore suffisamment développés, et
agents, des structures pour les comptes fiduciaires soutenant l’interopérabilité des agents, qui divisait les participants,
la monnaie électronique et une exigence d’interopérabilité. n’était pas appliquée. La CBJ a compris que les participants
La capacité à effectuer des transactions entre réseaux était risquaient de ne pas investir dans un réseau d’agents encore
considérée comme un élément clé de la proposition de limité s’ils percevaient l’interopérabilité forcée comme un «
valeur pour les porte-monnaie électroniques – le marché désavantage du premier entrant ».
devant se développer à partir d’un environnement holistique Le fonctionnement et l’exploitation du système ont été
et interopérable. transférés à la JoPACC en janvier 2020 conformément à
Le NPC et la CBJ ont entamé leur collaboration sur la la feuille de route du NPC et de la CBJ. La JoPACC, une
technologie de compensation en parallèle avec la révision entité publique/privée nouvellement créée pour gérer les
des orientations relatives à l’émission de monnaie électro- paiements de détail en Jordanie, était majoritairement déte-
nique. Fin 2012, le NPC a lancé une demande de propo- nue par les banques jordaniennes, avec une participation
sition en vue de l’acquisition de la technologie de compen- minoritaire de la CBJ.
sation. Le soumissionnaire retenu, Progress Soft, a fait don L’adoption des porte-monnaie est initialement restée limitée
du switch au Royaume de Jordanie. L’infrastructure a été dans le cadre de la JoPACC. Toutefois, le soutien opéra-
mise en place au cours des deux années suivantes et ache- tionnel de JoMoPay s’est rapidement amélioré, la JoPACC
vée en juin 2014. fournissant aux participants un soutien technique 24 heures
Après la publication des nouvelles instructions en 2013, sur 24 et lançant une série d’autres projets, dont la norma-
Orange et Zain ont retiré leurs produits de monnaie élec- lisation des codes QR, les services eKYC et des mécanismes
tronique du marché27. Orange a décidé de ne pas poursuivre de partage de données, afin de stimuler le développement
ses activités dans le domaine de la monnaie électronique et du marché.
d’attendre pour voir comment les nouvelles exigences d’in- En outre, la JoPACC développe une nouvelle infrastructure
teropérabilité seraient appliquées sur le marché. de compensation pour permettre des transferts instantanés
Lorsque Zain décida de relancer son produit, plusieurs entre tous les types de comptes, dont les comptes bancaires
modifications technologiques furent nécessaires pour se et les porte-monnaie mobiles.
connecter à JoMoPay.
26. Aucune donnée n’est disponible pour 2010, mais celles de Findex pour 2014 indiquent une pénétration d’environ 25 % des comptes (Demirgüç-
Kunt et al. 2018).
27. L’article 3 des instructions de 2013 prescrivait l’utilisation du switch JoMoPay pour les transactions hors et sur réseau. Voir “Mobile Payment
Instructions of 2013, amended pursuant to the Instructions of 2017 which were amended according to the Board of Directors’ Decision No.
(116/2017) dated 1st June 2017,” CBJ, http://www.cbj.gov.jo/EchoBusV3.0/SystemAssets/24ab593c-e6da-4247-9a6c-7644b996d2f2.pdf.
Schéma
Modèle opérationnel
GOU VERNANCE du schéma
Au départ, la NPC détenait JoMoPay et d’autres systèmes
de paiement de détail du pays, tandis que la CBJ jouait
le rôle de partie contractante. Bien que tous les appels
d’offres aient été lancés par la NPC et que tous les contrats
et achats aient été réalisés en son nom, tous ont été signés Après le passage à la JoPACC, les transactions sur JoMo-
et exécutés par la CBJ agissant pour le compte de la NPC. Pay sont restées gratuites, initialement subventionnées par
Après son lancement, la CBJ a publié des règles du schéma les actionnaires bancaires. Des frais étaient prévus pour le
sous forme de réglementation (en consultation avec le début de l’année 2020, mais leur entrée en vigueur a été
secteur), mais certains aspects clés, tels que la gestion des reportée en raison de la crise COVID-19. Toutefois, les
différends et la politique d’interchange, n’y étaient pas participants paient une cotisation annuelle ainsi que des
abordés. frais de connexion non renouvelables.
Le système a été principalement conçu pour répondre aux La JoPACC participe également à la fixation des frais
besoins des EME, mais les banques souhaitant offrir des des transactions de détail utilisant ses produits. La com-
porte-monnaie mobiles pouvaient également s’y connecter. mission facturée aux commerçants utilisant JoMoPay est
Les porte-monnaie bancaires sont interopérables avec les de 1 % pour tous les participants, et il n’y a pas de frais
porte-monnaie des EME selon les mêmes modalités, mais interparties. Bien que cela incite fortement l’acquisition
pas avec d’autres comptes bancaires. de marchands, les émetteurs ne tirent pas profit des tran-
sactions effectuées par les clients chez les commerçants
La JoPACC définit les règles du schéma en consultation (contrairement, par exemple, à la majorité des modèles
avec le secteur. Bien qu’elle soit majoritairement détenue d’acquisition par carte).
par les banques jordaniennes, le régulateur en est égale-
ment actionnaire (et siège à son conseil d’administration)
pour veiller au traitement équitable de tous les partici- MODÈLE OPÉR ATIONNEL
pants, dont les banques et les EME. JoMoPay utilise un répertoire centralisé utilisant les numé-
ros de téléphone comme système d’adressage. La limitation
MODÈLE ÉCONOMIQUE technique d’un compte par carte SIM a entraîné des diffi-
cultés au début, et une mise à niveau n’a pas été immédiate-
Au début, la CBJ ne facturait pas de frais de compensation ment disponible. Bien que la technologie de compensation
aux participants. Elle avait décidé de ne pas appliquer ces utilisée par JoMoPay ait été fournie gratuitement par Pro-
frais pendant au moins les deux premières années de fonc- gress Soft et que la CBJ soit propriétaire du code source, le
tionnement du service, avec pour effet de le rendre gratuit régulateur ne disposait pas en interne des capacités néces-
pour les participants, afin de stimuler une croissance pré- saires pour faire ce type de mises à niveau, ce qui signifie
coce. D’autres mécanismes économiques, tels que les frais que les évolutions technologiques devaient être négociées
interparties, n’étaient pas définis. séparément avec le fournisseur.
87
Le fait que JoMoPay soit limité aux comptes de
porte-monnaie signifie également que l’interopérabilité QUELS AUTRES SCHÉMAS SUIVENT L’APPROCHE JOMOPAY ?
totale entre les comptes bancaires et les EME ne peut pas
être réalisée immédiatement. Ces problèmes, auxquels Le modèle jordanien d’incubation d’un nouveau système de
s’ajoute le désir de passer aux normes ISO20022, ont paiement instantané au sein du régulateur reste assez unique.
incité la JoPACC à développer un nouveau système de Il a toutefois gagné en popularité grâce à de nouveaux projets
paiement instantané. menés par les régulateurs sur des marchés tels que la Tanzanie
et le Pakistan. La structure de gouvernance de la JoPACC, qui
Les transactions sont réglées sur une base nette différée a fini par détenir et exploiter JoMoPay, est comparable à celle
par le biais du système RBTR géré par la CBJ. de plusieurs autres modèles mondiaux. Les marchés australien,
égyptien et nigérian offrent d’autres exemples de systèmes de
paiement instantané détenus par le secteur et le régulateur.
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En 2004, la Banque centrale du Mexique (Banco de Mexico ou Banxico) a lancé un nouveau système RBTR
désigné SPEI. Dès le début, le SPEI a offert des services pour les transactions de détail de faible montant ainsi
que pour le règlement de transactions de montant élevé, mais les transactions de détail n’étaient pas propo-
sées immédiatement ou de manière continue. Au cours des dix années suivantes, le système allait connaître
une série de mises à niveau visant à permettre des paiements instantanés. C’est l’un des rares systèmes de
paiement instantané au monde où les transactions de détail sont effectuées directement sur un système
RBTR détenu et exploité par le régulateur.
89
Processus prêtes à investir le temps et les ressources nécessaires pour
répondre aux exigences élevées de gestion des risques.
Le SPEI était utilisé pour les transactions interbancaires
de détail depuis environ six ans lorsque Banxico a décidé Le STP est un exemple de participant non bancaire au SPEI.
d’effectuer ces paiements en temps quasi réel en 2011. Les Il joue le rôle d’agrégateur de paiements et de service de
améliorations apportées ont permis de réduire à moins de règlement pour les petites institutions financières qui désirent
60 secondes la fenêtre de compensation pour les transac- se connecter indirectement au SPEI. Les règles du SPEI défi-
tions effectuées sur le RBTR. Les transactions du SPEI nissent les mesures que les participants indirects doivent avoir
sont réglées en temps réel sur le même système, et toutes mises en place, mais c’est au participant responsable – en l’oc-
les banques du Mexique sont tenues de participer au méca- currence, le STP – de superviser leurs activités.
nisme. Alors que les services P2P via le SPEI ont continué à se
En 2016, le SPEI traitait d’importants volumes de paie- développer après la mise à niveau de 2016, la banque cen-
ments interbancaires de faible montant, compensés et réglés trale a constaté que d’autres types de transactions numé-
en temps quasi réel (Díaz 2018). Mais les services n’étaient riques, dont l’acceptation des codes QR, n’étaient pas aussi
disponibles que pendant les heures de fonctionnement du bien positionnés pour se développer. Un nouveau produit
RBTR (21/7/365). Par ailleurs, certaines banques avaient – CoDi – a été lancé en septembre 2019 pour tenter de
commencé à promouvoir des services de paiement instan- combler cette lacune.
tané en boucle fermée. Il s’ensuit que l’expérience client était CoDi est un service superposé de demande de paiement
variable, certains paiements étant crédités immédiatement dans lequel les commerçants ayant conclu un contrat avec
sur le compte du destinataire tandis que d’autres étaient des participants au SPEI ou des non-participants enregistrés
retardés en fonction des institutions expéditrices et destina- peuvent demander le paiement d’un client par le biais d’un
taires ainsi que de l’heure de la journée. code QR, d’un NFC ou d’une interface web. La transaction
Banxico a donc entrepris une nouvelle mise à niveau du est ensuite effectuée en utilisant l’infrastructure SPEI pour
SPEI, cette fois pour améliorer la cohérence de l’expérience la compensation et le règlement. Toutes les banques doivent
client en fournissant des services en continu. En novembre fournir CoDi à leurs clients, et les règles sont définies par
2016, le RBTR est ainsi devenu disponible sans interrup- la banque centrale. Les entités non bancaires qui ne parti-
tion, avec des cycles de règlement toutes les 300 transac- cipent pas au SPEI peuvent participer à CoDi grâce à un
tions ou au plus tard toutes les trois secondes (au lieu de processus de recrutement structuré qui leur permet de s’ins-
toutes les 20 secondes) (BRI 2016b). crire pour initier des demandes de paiement.
Au moment de la création du SPEI, les paiements de détail Bien que les volumes des transactions de détail utilisant
de faible montant étaient traités par le RBTR, car les vire- le SPEI continuent de croître, CoDi reste sous-utilisé.
ments (ou paiements « push ») n’étaient pas très utilisés L’interdiction de facturer des frais interparties aux clients,
et étaient donc considérés comme présentant un risque aux commerçants et aux autres parties pour l’utilisation
moindre. Cependant, les risques présentés par le traitement de CoDi contribue au manque de clarté du modèle écono-
des transactions de détail sur le RBTR ont dû être réexami- mique des participants. En outre, les exigences relatives à
nés après l’augmentation du volume des paiements mobiles la détention d’un compte bancaire et à la possession d’un
au cours de la première décennie d’activité du SPEI. smartphone ont donné lieu à une solution d’une utilité
limitée en dehors des consommateurs aisés utilisant les
Bien que certaines banques agréées et non agréées se services bancaires. Enfin, d’aucuns ont critiqué l’expé-
connectent encore directement au SPEI, elles doivent suivre rience utilisateur d’un modèle opérationnel qui exige que
des règles strictes pour gérer les risques. Les entités non les personnes qui initient des transactions soient redirigées
bancaires sont tenues de détenir des réserves auprès de la vers l’interface de leur banque aux fins d’authentification.
banque centrale et d’adopter des mesures de cybersécurité.
Hormis les défis posés par CoDi, le SPEI représente un
À un niveau comparable à celui des banques. Si la partici- modèle unique et efficace de développement des paiements
pation directe au SPEI est théoriquement possible pour un instantanés avec règlement en temps réel. Grâce à la sen-
large éventail d’entités non bancaires, elle n’est pratique- sibilité accrue aux nouveaux risques découlant de cette
ment possible que pour quelques grandes entités qui sont approche, le régulateur a réussi à ouvrir le système de paie-
91
PÉROU
Billetera Móvil (Bim) est une initiative sectorielle lancée en 2016 avec le soutien du régulateur. Ce système
a été créé, dirigé et contrôlé par le secteur bancaire par l’intermédiaire de l’Association bancaire péruvienne
(ASBANC). Bim comprend des participants issus des secteurs bancaire et non bancaire. Ce système est dif-
férent en ce qu’il repose sur une unique plateforme de monnaie électronique pour centraliser la création et la
gestion des porte-monnaie.
L’ASBANC a fait appel à Ericsson pour fournir la plate- En 2018, Bim comptait environ 600 000 clients actifs
forme de porte-monnaie. Alors que cette plateforme centra- qui utilisaient le service un peu moins d’une fois par mois
liserait la création et la gestion des porte-monnaie, chaque en moyenne. La même année, le quatrième opérateur de
EME aurait son propre agrément et ses propres comptes téléphonie mobile, Bitel, s’est connecté au système. Mais le
fiduciaires. soutien aux services USSD a rapidement été interrompu, car
le coût de l’offre était supérieur aux revenus générés par les
En 2015, une société à responsabilité limitée, Pagos Digi- porte-monnaie Bim.
tales Peruanos (PDP), a été créée en tant qu’entité à but non
93
Pendant ce temps, d’autres EME ont lancé leurs propres MODÈLE ÉCONOMIQUE
solutions en boucle fermée en dehors du système Bim.
Les nouveaux EME péruviens ont adopté des modèles Les transactions de Bim, à l’exception des retraits et des
reposant sur des cartes prépayées regroupant des marques paiements de factures, sont gratuites pour les utilisateurs
internationales. En 2020, l’institution de microfinance finaux31. Des commissions d’interchange sont fixées entre
Compartamos a acquis 51 % de PDP et d’autres change- les participants pour l’interopérabilité des agents, mais
ments semblent se profiler. Parallèlement, le Pérou envisage pas pour les autres types de transactions (Benson and
le développement d’un système de paiement instantané Vadivelalagan 2017). PDP gère la marque Bim pour les
plus traditionnel qui aborderait l’interopérabilité entre les participants et coordonne les activités commerciales et les
comptes, y compris ceux détenus auprès des banques. Voir campagnes de marketing pour le schéma ; certaines cam-
pagnes ont également été menées par les participants.
tableau 19.
Gouvernance Modèle
du schéma économique
du schéma
Modèle opérationnel
du schéma
UTILISATEURS
Pagos Digitales
Peruanos (PDP) INTERMEDIARIES: Agents, BIMERs, ATMs
Le modèle péruvien reposant sur l’exploitation d’une plate- plateforme de porte-monnaie centralisée gérée par le switch
forme de porte-monnaie centralisée a été utilisé dans quelques national. Les deux régulateurs ont toutefois rapidement
autres marchés, dont l’Équateur et le Soudan. Mais, dans ces abandonné le modèle d’un EME centralisé en raison de son
deux cas, le modèle a vu le jour à l’initiative du régulateur adoption limitée.
plutôt que du secteur privé. En 2017, les autorités équatoriennes ont ordonné que les
En 2014, la Banque centrale de l’Équateur est devenue le fonds restants dans le système de monnaie électronique soient
seul EME agréé ainsi que l’opérateur de l’unique plateforme transférés aux banques ou aux coopératives de crédit, mettant
de monnaie électronique autorisée dans le pays. Parallèlement, ainsi fin au projet. En 2020, le Soudan a progressivement
au Soudan, la monnaie électronique a été autorisée en 2017 levé l’obligation que les EME participent à la plateforme
avec l’obligation que les EME détiennent des fonds dans une centralisée.
95
PHILIPPINES
La Banque centrale des Philippines – Bangko Sentral ng Pilipinas (BSP) – a joué un rôle clé dans le lance-
ment du système de paiement instantané du pays, InstaPay, en 2018. Elle a facilité le processus, défini les
principales exigences et imposé la participation des entités supervisées, à savoir les banques et les EME. Le
processus décisionnel concernant le schéma est toutefois essentiellement géré par la Philippine Payments
Management, Inc. (PPMI), une association sectorielle créée en 2017. Celle-ci a désigné une société privée,
BancNet, en tant qu’opérateur du switch.
a. Republic of the Philippines, Republic Act No. 111271, The National Payments System Act, https://www.officialgazette.gov.ph/down- loads/
2018/10oct/20181030-RA-11127-RRD.pdf.
b. Republic of the Philippines, Republic Act No. 7653, The New Central Bank Act, http://www.bsp.gov.ph/downloads/regs/New_Central_Bank_
Act.pdf
97
supplémentaires sont réservés pour deux banques rurales, MODÈLE OPÉR ATIONNEL
un EME et deux administrateurs indépendants. La BSP ne L’adressage sur InstaPay utilise le numéro de compte au
siège pas au conseil. niveau de l’institution. Il incombe donc aux expéditeurs de
Elle continue toutefois de jouer un rôle actif dans la défini- préciser l’institution destinataire et le numéro du compte sur
tion de l’orientation du système en publiant des directives par lequel le paiement sera versé.
le biais de circulaires et de mémorandums couvrant des sujets La compensation se fait par l’intermédiaire du switch Ins-
tels que les exigences de compensation (par exemple, le délai taPay géré par BancNet, le règlement étant effectué sur une
maximum autorisé pour créditer le compte du bénéficiaire), base nette différée. Les comptes de règlement sont gérés sur
les accords de règlement (par exemple, les exigences de garan- le système PhilPaSS (le service RBTR des Philippines) et
ties) et la tarification (par exemple, l’interdiction de facturer sont uniquement détenus par les participants InstaPay auto-
des frais aux bénéficiaires des transactions InstaPay). risés à avoir un compte de dépôt à vue à la BSP. Il s’ensuit
Tous les établissements financiers supervisés sont tenus de se que seules les banques peuvent être des participants directs
connecter aux deux systèmes et de les utiliser pour recevoir au règlement sur InstaPay, alors que les entités non ban-
les transactions, et seuls ces systèmes sont autorisés pour caires, dont les EME, ont besoin d’une banque pour effec-
acheminer les transactions. Aucune connexion, bilatérale tuer le règlement même en tant que participants directs à la
ou autre, n’est autorisée pour les virements (ou paiements « compensation sur InstaPay.
push ») entre institutions.
Modèle opérationnel
du schéma
En 2015, les EME de Tanzanie se sont réunis pour créer un mécanisme d’interopérabilité conduit par le sec-
teur. Le processus, appuyé par IFC, a reposé sur la conclusion, par les EME régis par les OTM, d’un accord
multilatéral définissant les règles du schéma. Aucune entité distincte n’a été désignée pour gérer le schéma, et
les quatre EME de Tanzanie ont négocié des accords bilatéraux distincts concernant les frais interparties. Les
participants sont reliés par des connexions API bilatérales et le règlement utilise des comptes préfinancés sur les
plateformes des contreparties.
RÔLE FONCTION ACCORD SUR LES EME RÉGIS PAR LES OTM
Cadre réglementaire pour la Loi sur les systèmes de paiement nationaux (2015) ; Loi
supervision des paiements sur la Banque de Tanzanie (2006)
SUPERVISION
Organisme de supervision des Banque de Tanzanie (BOT)
paiements
Propriété/gestion du schéma Sans objet – Accord multilatéral entre les participants,
sans entité juridique distincte
SCHÉMA Élaboration des règles du Participants conduits par les EME, avec le concours d’IFC
schéma
Membres du schéma EME
Propriété/exploitation des Sans objet – Connexions API bilatérales
SWITCH switchs
99
Process En septembre 2014, les quatre principaux participants de
type EME ont convenu d’un ensemble de règles devant régir
En 2011, les EME de Tanzanie ont reconnu l’existence d’une le dispositif (Musa, Niehaus, and Warioba 2015). Plutôt que
demande de transactions de porte-monnaie à porte-monnaie d’investir dans une entité juridique distincte chargée de gérer
entre prestataires. De nombreux clients détenaient plusieurs le schéma, les participants ont approuvé un ensemble de
comptes ou utilisaient des transactions de gré à gré à base de règles communes applicables au schéma.
jetons pour effectuer des transactions entre prestataires (IFC
2015). Trois des quatre EME du pays étaient en position de Les EME Airtel, Tigo, Vodacom et Zantel ont lancé le
concurrence. Ensemble, ils détenaient 5 millions de comptes schéma en 2015. IFC a coordonné une campagne de marke-
actifs et chacun avait des atouts dans différentes zones géo- ting commune, baptisée Taifa Moja (« une nation » en swa-
graphiques qui complétaient ceux des autres. Le marché hili). Chaque EME participant a toutefois conservé sa propre
semblait prêt pour l’interopérabilité. marque et était libre de commercialiser son offre comme il le
souhaitait.
Fin 2012, IFC s’est entretenue avec les parties prenantes
pour évaluer leur volonté de collaborer à la recherche d’une Deux ans après son lancement, le service était une réussite
solution. Le secteur semblait réceptif et, après d’autres éclatante, avec 30 % des transactions P2P ayant lieu hors
échanges avec le régulateur, IFC a organisé une première réseau. Le système a toutefois rencontré quelques difficultés.
réunion. Avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Vodacom, le principal EME du marché, a décidé de ne pas
Gates (BMGF) et du Financial Sector Deepening Trust of signer l’accord multilatéral régissant le schéma, préférant
Tanzania, IFC et les parties prenantes du secteur se sont réu- conclure avec chaque EME des contrats bilatéraux auxquels
nies en septembre 2013 pour définir les objectifs proposés et étaient annexées les règles du schéma. Malgré son statut de
déterminer la voie à suivre. participant, il n’était donc pas entièrement soumis aux condi-
tions du schéma. Les connexions techniques bilatérales et
En l’absence d’un organe pour mener le processus au nom les différents accords sur les frais interparties ont par ailleurs
des EME, il a été convenu qu’IFC assumerait le rôle de faci- créé des obstacles potentiels pour les nouveaux entrants. Les
litateur neutre dans un processus volontaire, conduit par le participants désirant asseoir leur position stratégique dans le
secteur, vers la mise en œuvre de l’interopérabilité dans le schéma pouvaient ainsi retarder la signature d’accords com-
domaine de l’argent mobile. D’autres experts ont été recru- merciaux ou l’intégration technique.
tés, notamment des consultants spécialisés dans les questions
juridiques et réglementaires, les systèmes de paiement et Une gouvernance et une structure opérationnelle légères
d’autres sujets connexes. Des recherches juridiques et régle- ont permis le lancement rapide de transactions P2P intero-
mentaires, un examen de la politique de la concurrence, une pérables sur le marché. Cependant, en l’absence d’organe
analyse de l’infrastructure de paiement actuelle et une étude propriétaire officiel, le secteur n’a pu bénéficier d’un méca-
de la demande du marché ont été réalisés. Ces études ont nisme solide de mobilisation pour exploiter ses premiers
permis de tester les hypothèses sur la structure du marché et succès. Aucun nouveau produit ou type de transaction n’a
ont servi de base au modèle créé par les participants. été lancé après l’accord de 2014.
Une série d’ateliers, au cours desquels les participants sont Trois ans plus tard, le régulateur a tourné son attention
convenus que la participation au schéma serait volontaire et vers une nouvelle solution intégrant les banques et les enti-
offriraient dans un premier temps des services de personne à tés non bancaires – le Tanzania Instant Payment System
personne (P2P), a ensuite été organisée. Les accords ont été (TIPS). Ce système, en cours de développement, prévoit
en partie impulsés par Tigo, qui s’était fait le défenseur du une nouvelle infrastructure de compensation détenue et
schéma depuis le début. Si le processus d’IFC était favorable exploitée par le régulateur.
à une approche collaborative, la vision et la persévérance de Nul ne sait comment le système des EME s’intégrera
Tigo ont permis d’orienter les travaux et de se concentrer sur dans cette solution. Pour un aperçu du modèle tanzanien
les objectifs finaux. d’EME régis par les OTM, voir le tableau 21.
Modèle opérationnel
du schéma
101
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Authentification : Méthodes utilisées pour vérifier l’origine d’un message ou l’identité d’un participant
et pour s’assurer que le message n’a pas fait l’objet d’une modification ou d’une substitution en cours
d’acheminement. a
Autorisation : Approbation ou consentement donné par un participant (ou un tiers agissant pour son compte)
concernant la réalisation d’une transaction, par exemple un transfert de fonds. a
Compensation : Processus de transmission, vérification et, dans certains cas, confirmation des transactions
préalable au règlement, pouvant comporter la compensation des transactions (netting) et la détermination
des positions définitives en vue du règlement. a
Émetteur de monnaie électronique (EME) : Entité réglementée spécialisée dans l’émission de comptes de
monnaie électronique ou de réserves de valeur similaires, par opposition à une « banque » traditionnelle
autorisée à jouer un rôle d’intermédiation et à utiliser les dépôts des clients. b
Compte (bancaire) de dépôt : Compte détenu auprès de banques ou d’autres institutions financières de dépôt
agréées qui peut être utilisé pour effectuer et recevoir des paiements. Dans certains pays, ces comptes sont
désignés sous le nom de comptes courants, comptes chèques ou autres. c
Paiement numérique (également, « transfert de fonds » ou « opération de paiement ») : Transfert de fonds
du payeur au bénéficiaire par des moyens numériques. Un paiement numérique commence par l’initiation
de paiement par le payeur/bénéficiaire et est considéré comme exécuté lorsque les fonds définitifs ont été
reçus par le bénéficiaire.
Compte de monnaie électronique : Compte prépayé pouvant être proposé par les banques et autres institu-
tions financières de dépôt agréées ainsi que par des prestataires de services de paiement ne collectant pas de
dépôts, tels que les opérateurs de réseau mobile. c
Participant indirect : Entité qui n’a pas d’accès direct aux services du système de paiement et qui n’est
généralement pas directement liée par les règles du schéma, mais dont les transactions sont compensées,
réglée ou enregistrée par l’intermédiaire d’un participant direct. Un participant indirect est souvent lié à un
participant direct par un accord bilatéral. a
Paiements instantanés : Paiements pour lesquels la transmission du message de paiement et la mise à dis-
position des fonds définitifs au bénéficiaire s’effectuent en temps réel ou quasi réel, 24 heures sur 24, 365
jours par an. c
Interopérabilité : Compatibilité technique ou juridique qui permet d’utiliser un système ou un mécanisme
avec d’autres systèmes ou mécanismes. L’interopérabilité permet aux participants de différents systèmes
d’effectuer, de compenser et de régler des paiements ou des transactions financières entre systèmes sans
avoir à participer à plusieurs systèmes. a
Frais interparties (également désignés « commission d’interchange ») : Frais payés entre participants pour
équilibrer les incitations économiques associées à une transaction. Le gestionnaire du schéma, l’opérateur du
switch et l’agent de règlement ne perçoivent pas ces frais. De plus, les frais interparties ne sont pas facturés au
client, bien qu’ils puissent avoir des incidences (positives ou négatives) sur le prix payé par le client.
a. Définition adaptée du glossaire du BIS. Pour des définitions complètes de ce terme et d’autres termes de paiement, voir la page « Glossary
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b. Définition adaptée de « Payment Aspects of Financial Inclusion. » Pour des définitions complètes de ce terme et d’autres termes de
paiement, voir CPMI (2016 b).
c. Un EME peut être une entité non bancaire (qui ne reçoit pas de dépôts collectés auprès du public) ou une banque spécialisée dans
l’émission de monnaie électronique et non autorisée à accorder des prêts, comme les banques de paiement en Inde, les banques « niche
» au Mexique et les banques de services de paiement au Nigéria. Les EME ne comprennent toutefois pas les modèles où les dépôts des
clients sont détenus sur des comptes de dépôt traditionnels, même si leur accès se fait par des agents ou des canaux numériques tels que
les téléphones portables (par exemple, les prestataires de services bancaires sans succursale au Pakistan). Voir Dias and Staschen (2018).
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Transaction hors réseau : Transaction entre comptes détenus auprès de deux prestataires différents.
Transaction sur réseau : Transaction entre comptes détenus auprès d’un même prestataire.
Supervision : Fonction assurée par une banque centrale pour promouvoir les objectifs de sécurité et d’efficac-
ité en surveillant les dispositifs de paiement, de compensation et de règlement et autres existants et prévus,
en les évaluant par rapport à ces objectifs et, le cas échéant, en induisant des changements. a
Participant (également désigné « membre » ou « participant direct ») : Généralement, entité qui a un accès
direct au système de paiement et est liée par les règles du schéma, les transactions étant compensées, réglées
et enregistrées par le système de paiement. Un système de paiement peut avoir différentes catégories de
participants ayant des caractéristiques ou des obligations spécifiques. a
Système de paiement : Ensemble d’instruments, de procédures et de règles utilisés pour le transfert de fonds
entre participants. Le système comprend les participants et l’entité qui en assure la gestion (par exemple, le
gestionnaire du schéma, l’opérateur du switch). a
Schéma : Ensemble de procédures, de règles et de normes techniques qui régissent l’exécution des transactions
(CPMI 2016a). Les règles du schéma définissent les conditions permettant d’assurer l’efficacité du système
de paiement, notamment les règles relatives à la collaboration entre les participants, à l’équilibre des incita-
tions économiques et à la gestion des différends.
Gestionnaire du schéma : Acteur/entité responsable de la gouvernance du schéma – les relations entre les
propriétaires, le conseil d’administration (ou équivalent), la direction, les participants et les autres parties
prenantes. Le gestionnaire du schéma est généralement responsable des décisions sur les règles du schéma,
est assujetti à la réglementation et à la supervision, et fixe l’orientation stratégique du schéma.
Règlement : Acte par lequel s’éteint une obligation conformément aux clauses du contrat sous-jacent. a
Règlement net différé : Mécanisme de règlement sur une base nette à la fin d’un cycle de règlement prédéfini.
Les positions de règlement sont considérées comme compensées lorsque les obligations mutuelles des par-
ticipants sont ramenées à un solde unique, ce qui réduit le nombre et la valeur des paiements à régler. a
Règlement brut en temps réel : Mécanisme selon lequel le règlement d’obligations intervient au cas par cas,
transaction par transaction, pour leur valeur totale au moment où elles se produisent. a
Agent de règlement : Entité qui gère le processus de règlement, souvent la banque centrale. a
Switch: Technologie qui connecte les participants à un système et permet la transmission des données de trans-
action et, souvent, le calcul des positions de règlement.
Opérateur du switch : Propriétaire/opérateur de l’infrastructure technique destinée au traitement des trans-
actions conformément aux exigences définies dans les règles du schéma. Les fonctions d’un opérateur du
switch consistent à transmettre, effectuer la réconciliation, confirmer et compenser les transactions entre
participants (ces opérations sont collectivement désignées par le terme « compensation ») et à soumettre
des instructions en vue du transfert des fonds définitifs (initiation du règlement). L’opérateur du switch
peut également offrir d’autres services tels que la surveillance de la fraude ou des services d’annuaire.
Compte transactionnel : Compte détenu auprès d’une banque ou d’un autre prestataire de services agréé
et/ou réglementé (y compris une entité non bancaire) qui peut être utilisé pour effectuer et recevoir des
paiements. Les comptes transactionnels comprennent les comptes de dépôt et les comptes de monnaie
électronique. c