CR - Lire Et Écrire À L'âge Adulte - 0
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Public
- Session destinée aux formateurs et/ou coordinateurs d’ateliers d’adultes en situation
d’illettrisme ou d’analphabétisme.
Objectifs
- Identifier les modèles d’apprentissage d’une langue à l’âge adulte et situer ses
pratiques professionnelles
- Mettre en place une démarche communicative et actionnelle de la lecture-écriture à
l’âge adulte
- Définir des objectifs de formation contextualisés
- Concevoir des séquences pédagogiques
Programme
- J1 : la lecture (compréhension) : comment guider, quels supports choisir ?
- J2 : l’écriture (production) : comment construire des activités ?
- J3 : retour d’expérience, organisation progressive
12 participant·es
21 heures de formation à distance sur 3 journées
12 associations de 6 départements représentées (60, 68, 75, 93, 93, 94)
9 évaluations recueillies, 100% de satisfaction
Soutien
Présentation du formateur : Cette formation est animée par Mathias Van der Meulen. Il a
travaillé pendant 9 ans à Emmaüs en tant que coordinateur pédagogique et dans la
formation de formateurs et formatrices. Après cette période, il a continué à développer ses
activités de formateur de formateurs et d’ingénieur pédagogique. Il collabore notamment
avec le RADyA, et coordonne l’accompagnement pédagogique des acteurs et actrices de la
formation linguistique de l’OFII. Mathias est aussi auteur, et a des projets avec le RFI, une
série radio destinée aux personnes étrangères en France.
Les participant.es : Parmi les participant.es, on retrouve à la fois des bénévoles et des
salarié.es intervenant dans des associations d’accompagnement linguistique pour le public
migrant et plus généralement, les adultes en situation d’illettrisme ou d’analphabétisme.
Public visé : Les adultes apprentis lecteurs et scripteurs. C’est-à-dire un public peu ou non-
scolarisé qui entre dans l’écrit. Il s’agit de personnes qui ne lisent et n’écrivent encore dans
aucune langue (les personnes qui lisent ou écrivent déjà dans un autre alphabet sont déjà
lectrices-scriptrices et ont d’autres besoins d’apprentissage en matière de communication
écrire). Les outils diffusés dans cette formation concernent particulièrement les personnes
qui maîtrisent déjà un peu la communication orale en français (env. A1). Les apprentis
lecteurs et scripteurs qui débutent également à l’oral ont impérativement besoin de
commencer par développer les premiers acquis de la communication oral d’abord (même si
elles demandent d’apprendre à lire et écrire).
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Deux points importants :
- Le public visé par cette formation est exclusivement non-scolarisé (dans aucune
langue). C’est un public non-lecteur non-scripteur.
- Il faut parler une langue avant de l’écrire : l’oral passe toujours avant l’écrit.
L’apprentissage de la lecture
Les composantes de l’apprentissage de la lecture
À l’occasion d’un atelier dans lequel les participant.es ont expérimenté une première étape
d’apprentissage de la lecture de l’hébreu à partir d’un document authentique, cinq
composantes ont été identifiées. Apprendre à lire et écrire à l’âge adulte nécessite de les
travailler toutes les cinq en même temps :
La composante linguistique : Apprendre à reconnaître et mémoriser les mots clés des écrits
de son environnement, et à développer sa conscience des correspondances entre les sons et
les manières de les écrire pour savoir les décoder (cette composante est souvent prise
comme une base, mais ce n’est pas le cas).
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La composante psycho-affective : Apprendre à gérer ses émotions dans les tâches de
compréhension et surtout de production écrite. Les apprenant.es n’ayant jamais été
scolarisé.es ne se sentent souvent pas légitimes de s’intéresser à de l’écrit et d’en produire.
Les besoins primordiaux des apprenant.es sont d’améliorer leur compréhension et leur
expression pour interagir en français dans le cadre de tâches concrètes en situation. Il.elles
doivent en effet apprendre à parler de la manière qui est attendue (en fonction de la
situation, de la relation existante avec leur interlocuteur ou interlocutrice par exemple).
C’est toujours à partir de la finalité du travail proposé que l’on détermine si l’on « fait de
l’oral » ou si l’on « fait de l’écrit » ; et non à partir de la manière d’animer une activité « à
l’oral » ou « à l’écrit ». En d’autres termes, il ne suffit pas de faire parler les stagiaires pour
« faire de l’oral ». Si on les « fait parler » à partir d’un document écrit, comme la finalité est
la compréhension de ce document en situation, on fait en réalité de l’écrit. Et tous les
exercices qui découleront de ce support relèveront d’un travail de l’écrit, qu’on les mêmes à
l’oral (ex. jeux de répétition) ou à l’écrit (ex. jeux d’étiquettes), puisqu’ils ont vocation à
préparer in fine à la situation de compréhension écrite de référence.
Il est donc important d’utiliser des supports cohérents. Pour travailler les compétences de la
communication orale, on utilise donc un support sonore : enregistrements, vidéos. Cela
permet de s’entraîner à la saisie rapide du sens, au rythme de la langue. Ce n’est pas le type
d’activités (poser des questions, répondre à un quizz) qui définit si on fait de l’oral ou de
l’écrit mais la nature du support de compréhension. Donc si on répond à un quizz sur un
dialogue audio, on ne fait pas de l’écrit mais de la compréhension orale. Pour les
compétences de la communication écrite, on privilégie les documents authentiques
fréquents qui circulent dans l’environnement des stagiaires.
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Les paliers d’acquisition de l’écrit :
Documents Documents
Textes produits par
didactiques pour authentiques
les apprenant.es :
l'accès au code inscrits dans une
récits de vie
alphabétique situation
+ Accès à la
+ Lecture situation de
Lecture linéaire stratégique, accès communication des
au sens, à documents, répond
l'émotionnel à un besoin, permet
l'action
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L’apprentissage métacognitif
L’apprentissage de l’écriture
Pourquoi écrit-on ?
Ecrire, c’est produire du sens. Il faut donc renouer avec le sens de l’écrit en rattachant la
lecture et l’écriture aux besoins qu’ils représentent. Pourquoi a-t-on besoin d’apprendre à
lire et à écrire ? Ça peut par exemple être :
Pour formuler des objectifs de formation (ex. « à l’issue de la formation, les apprenant.es
seront capables de renseigner un formulaire d’inscription »), on part des tâches en
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situation car c’est à ce niveau là que les besoins s’expriment. Puis, on choisit le document
authentique tel qu’il existe réellement. Et c’est seulement ensuite, dans un second temps,
qu’on se préoccupe du niveau pour définir les objectifs d’apprentissage à leur portée (ex.
« pour être capables renseigner un formulaire d’inscription, ils.elles vont apprendre à lire le
lexique de l’identité, lire des consignes, s’identifier, compléter les champs d’un
imprimé »).
Apprendre à écrire
Pour apprendre à écrire le script, on peut utiliser le clavier du téléphone. C’est une manière
simple d’introduire la graphie aux apprenant.es. La fonction prédictive (le T9) est également
très utile pour apprendre à former les mots (à supprimer une fois que l’apprenant.e est plus
à l’aise).
La production écrite
Lorsqu’on lit un document produit par un.e apprenant.e débutant.e, la première réaction est
souvent émotionnelle, mais il faut s’en méfier car elle empêche de voir les acquis si infimes
soient-ils. Ensuite, même si on pense avoir compris, on est toujours dans l’interprétation. Il
faut d’abord passer par l’étape vérifier avec l’apprenant.e ce qu’il ou elle a écrit pour
repasser sur un avis objectif.
Il faut dans un premier temps corriger les erreurs liées à la communication : est-ce que ce
qu’on a voulu dire est en adéquation avec ce que l’on peut réellement dire à l’écrit dans la
situation visée. Puis, en prenant toujours comme point de référence l’intention de
communication de départ, on passe au niveau du texte : l’organisation des informations est-
elle logique, la ponctuation est-elle présente et aidante, etc. Puis, on passe aux erreurs de la
phrase (segmentation, manque ou ordre de mots, etc.). Enfin, on s’attaque aux erreurs
spécifiques de chaque mot. Mais on ne peut pas traiter toutes les erreurs d’emblées. Il faut
les hiérarchiser et en sélectionner certaines à exploiter. Pour les autres, on peut donner la
correction en faisant comparer et réfléchir.
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Souvent, l’un des freins principaux au passage à l’écriture est le sentiment d’illégitimité (« je
ne peux pas écrire parce que je ne sais pas »). C’est pourquoi il faut rassurer et encourager
les apprenant.es dans les activités de production, écrite comme orale, pour qu’ils.elles
n’aient pas peur de se tromper. Ce n’est pas grave, c’est comme cela qu’on apprend.
Par ailleurs, la médiation pédagogique est une stratégie essentielle ici. Il s’agit de proposer
une aide ou un guidage adapté aux compétences des apprenant.es pour leur faciliter
provisoirement la réalisation d’une tâche. Attention, cela ne veut pas dire faire
complètement à la place. On laisse toujours une marge de décision et d’action à la portée
des apprenant.es.
L’acquisition de l’écriture
Pour pouvoir lire et écrire dans une langue, il faut d’abord pouvoir l’entendre et la dire un
minimum. On ne retiendra jamais quelque chose que l’on recopie sans l’avoir compris. D’où
l’importance du travail de l’oral avant l’écrit.
La progression pédagogique
Pour la bonne compréhension d’un document, il convient donc de passer par les étapes
suivantes :
- Mise en route,
- Compréhension du sens,
- Compréhension de la langue,
- Mémorisation,
- Acquisition.
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Faire produire un écrit
Cette trame type fournie par le formateur est transposable pour toutes les applications
pédagogique (CO, CE, PO, PE). Ce qui change, c’est le support.
Apprendre la graphie, ce n’est donc pas apprendre à écrire. Souligner, par exemple, est un
acquis pour nous mais ce n’est pas inné pour tout le monde. Former les lettres fait
également partie du travail de graphie, mais pas écrire les mots (ici, cela requière de donner
sens à l’écrit).
En pratique, les personnes ont moins besoins d’écrire en cursive que de lire des textes en
cursives (ex. mots de la maîtresse dans le cahier de liaison). Il n’est donc pas indispensable
de s’obstiner à la faire apprendre à écrire, et en tout cas, de le faire après les deux autres
graphies qui sont plus fréquentes et plus simples.
Avec les apprentis lecteurs et scripteurs, on ne va pas encore faire de grammaire. A la place,
on va les aider à développer progressivement leur conscience des correspondances son-
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graphie. Mais ce travail s’inscrit dans une progression pédagogique et ne peut pas être
proposé d’emblée ni de manière isolée. Et c’est à force d’y revenir systématiquement avec
chaque nouveau support que cet apprentissage se développera.
Analyse :
Données chiffrées
présentes dans le
document (ex : Un
numéro de série :
N°3563)
8 à 10 mots clés du
document (= les
mots les plus fré-
quents dans ce type
de document sur ce
sujet)
Préparation :
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Dans le document, on commence toujours par traiter les informations illustrées avec
des images (les plus faciles).
On sélectionne les chiffres et les mots qui sont abordables dans un premier temps
pour simplifier le document (On pourra les fournir aux apprenant.es pour qu’il.elles
accèdent au sens général du document).
En fonction du niveau, on fixe un objectif variable (comprendre le sens général du
document / écrire un petit texte qui reprend le sujet du document, etc.)
Les activités questionnement : discussion à partir de questions pour faire réfléchir et faire
comprendre.
Les activités tâches : consignes claires pour faire faire et faire apprendre.
Remarque : pendant la compréhension écrite, on ne corrige pas l’expression car ce n’est pas
une activité d’expression orale.
- Questions spécifiques pour lesquelles on est obligé.es de passer par le texte pour
répondre : comment s’appelle le sportif qui a couru un marathon ? etc.
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La trame pédagogique
Retour d’expérience
Small talk : accueil des participant.es
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- Nous avons testé la fiche conçue pendant la formation, et voici comment ça
fonctionne.
- Nous avons expérimenté d’autres choses de la formation, et voici le résultat.
Suite aux retours des participant.es, le formateur a choisi d’éclaircir quelques points :
L’apprentissage du vocabulaire
Il ne faut pas avoir chercher à être absolument exhaustif.ve : adaptez-vous au niveau de vos
apprenant.es. Travaillez de véritables documents avec elles/eux mais n’attendez pas qu’ils
ou elles sachent le lire entièrement et immédiatement.
Dans certains cas, l’écrit aide à fixer l’oral. C’est particulièrement vrai pour les personnes
déjà lectrices et scriptrices. Et on se rend compte aussi que chez les apprentis lecteurs et
scripteurs, l’entrée dans l’écrit peut les aider à s’approprier certaines sonorités. Pour autant,
lors d’une activité de compréhension orale, écrire au tableau les mots entendus pour aider
les apprenant.es à les fixer est inutile avec les apprentis lecteurs et scripteurs. Cela rajoute
une complication à l’effort de compréhension orale déjà demandé, et cela l’annule car
ils.elles essaient de lire les mots et arrêtent d’écouter.
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Résultats du questionnaire de satisfaction
9 évaluations recueillies sur 12 participant·es à la formation
67% des participant.es se disent très satisfait.es de la formation
44%
Bénévole
Salarié.e
56%
22%
33%
Moins de 6 mois
Entre 1 et 2 ans
Entre 5 et 10 ans
45%
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3/ Combien d'adultes accompagnez-vous dans le cadre de votre engagement associatif ?
22%
45% Moins de 5
Entre 5 et 10
Plus de 10
33%
44%
Oui
Non
56%
16
5/ Voulez-vous recevoir la lettre d’information du programme AlphaB ?
Oui
100%
33% 34%
Par mon association
33%
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7/ Etes-vous satisfait(e) de cette formation ?
33%
Très satisfait.e
Satisfait.e
67%
« Structurer mes séances. Oui, cela a été très utile ! Merci Mathias !!! »
« Comprendre comment élaborer des séances pédagogiques pour faire apprendre à lire et à écrire. »
« Oui mais j'aurais souhaité qu'elle soit dispensée en présentiel. »
« Me donner des repères concrets. »
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10/ La méthodologie et les supports utilisés par l’intervenant(e) vous ont-ils semblé pertinents ?
33%
Très satisfait.e
Satisfait.e
67%
33%
Très utile
Utile
67%
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13/ Pensez-vous partager les connaissances acquises lors de cette formation ?
Oui
100%
« Bénévoles » x8
« Coordinateur.rices » x1
44%
Très satisfait(e)
Satisfait(e)
56%
20