Thèse Cariat Noemie
Thèse Cariat Noemie
Thèse Cariat Noemie
T H E S E
DE MARSEILLE
Le 25 Octobre 2023
FACULTE DE MEDECINE
Doyen : Georges LEONETTI
Vice-Doyen aux Affaires Générales : Patrick DESSI
Vice-Doyen aux Professions Paramédicales : Philippe BERBIS
DOYENS HONORAIRES
M. Yvon BERLAND
M. André ALI CHERIF
M. Jean-François PELLISSIER
MM RANQUE Philippe
REBOUD Eugène
RICHAUD Christian
ROCHAT Hervé
ROHNER Jean-Jacques
ROUX Hubert
ROUX Michel
RUF Henri
RUFO Marcel
SAHEL José
SALAMON Georges
SALDUCCI Jacques
SAN MARCO Jean-Louis
SANKALE Marc
SARACCO Jacques
SARLES Henry
SARLES Jean-Claude
SCHIANO Alain
SCOTTO Jean-Claude
SEBAHOUN Gérard
SEITE Raymond
SERRATRICE Georges
SOULAYROL René
STAHL André
TAMALET Jacques
TOURNIGAND Pierre
TRIFAUD André
UNAL Daniel
VAGUE Philippe
VAGUE/JUHAN Irène
VANUXEM Paul
VERVLOET Daniel
VIGOUROUX Robert
WEILLER Pierre-Jean
MAJ 01.09.2014
EMERITAT
2008
M. le Professeur LEVY Samuel 31/08/2011
Mme le Professeur JUHAN-VAGUE Irène 31/08/2011
M. le Professeur PONCET Michel 31/08/2011
M. le Professeur KASBARIAN Michel 31/08/2011
M. le Professeur ROBERTOUX Pierre 31/08/2011
2009
M. le Professeur DJIANE Pierre 31/08/2011
M. le Professeur VERVLOET Daniel 31/08/2012
2010
M. le Professeur MAGNAN Jacques 31/12/2014
2011
M. le Professeur DI MARINO Vincent 31/08/2015
M. le Professeur MARTIN Pierre 31/08/2015
M. le Professeur METRAS Dominique 31/08/2015
2012
M. le Professeur AUBANIAC Jean-Manuel 31/08/2015
M. le Professeur BOUVENOT Gilles 31/08/2015
M. le Professeur CAMBOULIVES Jean 31/08/2015
M. le Professeur FAVRE Roger 31/08/2015
M. le Professeur MATTEI Jean-François 31/08/2015
M. le Professeur OLIVER Charles 31/08/2015
M. le Professeur VERVLOET Daniel 31/08/2015
2013
M. le Professeur BRANCHEREAU Alain 31/08/2016
M. le Professeur CARAYON Pierre 31/08/2016
M. le Professeur COZZONE Patrick 31/08/2016
M. le Professeur DELMONT Jean 31/08/2016
M. le Professeur HENRY Jean-François 31/08/2016
M. le Professeur LE GUICHAOUA Marie-Roberte 31/08/2016
M. le Professeur RUFO Marcel 31/08/2016
M. le Professeur SEBAHOUN Gérard 31/08/2016
2014
M. le Professeur FUENTES Pierre 31/08/2017
M. le Professeur GAMERRE Marc 31/08/2017
M. le Professeur MAGALON Guy 31/08/2017
M. le Professeur PERAGUT Jean-Claude 31/08/2017
M. le Professeur WEILLER Pierre-Jean 31/08/2017
MAJ 27.10.2014
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
AGOSTINI Aubert CHIARONI Jacques GRANEL/REY Brigitte
ALBANESE Jacques CHARPIN Denis GRILLO Jean-Marie
ALESSANDRINI Pierre Surnombre CHAUMOITRE Kathia GRIMAUD Jean-Charles
ALIMI Yves CHAUVEL Patrick Surnombre GROB Jean-Jacques
AMABILE Philippe CHINOT Olivier GUEDJ Eric
AMBROSI Pierre CHOSSEGROS Cyrille GUIEU Régis
ARGENSON Jean-Noël CLAVERIE Jean-Michel GUIS Sandrine
ASTOUL Philippe COLLART Frédéric GUYE Maxime
ATTARIAN Shahram CONTE-DEVOLX Bernard Surnombre GUYOT Laurent
AUDOUIN Bertrand COSTELLO Régis GUYS Jean-Michel
AUFFRAY Jean-Pierre Surnombre COULANGE Christian Surnombre HABIB Gilbert
AUQUIER Pascal COWEN Didier HARDWIGSEN Jean
AUTILLO/TOUATI Amapola CRAVELLO Ludovic HARLE Jean-Robert
AVIERINOS Jean-François CUISSET Thomas HEIM Marc
AZORIN Jean-Michel CURVALE Georges HOFFART Louis
AZULAY Jean-Philippe DA FONSECA David HOUVENAEGHEL Gilles
BAILLY Daniel DANIEL Laurent JACQUIER Alexis
BARDOT Jacques DARMON Patrice JAMMES Yves Surnombre
BARLESI Fabrice D'ERCOLE Claude JOLIVET/BADIER Monique
BARLIER-SETTI Anne D'JOURNO Xavier JOUVE Jean-Luc
BARTHET Marc DE LAGAUSIE Pascal KAPLANSKI Gilles
BARTOLI Jean-Michel DE MICCO Philippe Surnombre KARSENTY Gilles
BARTOLI Michel DEHARO Jean-Claude KERBAUL François
BARTOLIN Robert DELARQUE Alain KREITMANN Bernard
BARTOLOMEI Fabrice DELPERO Jean-Robert LAFFORGUE Pierre
BASTIDE Cyrille DENIS Danièle LANCON Christophe
BENSOUSSAN Laurent DESSEIN Alain LA SCOLA Bernard
BERBIS Philippe DESSI Patrick LAUGIER René
BERDAH Stéphane DISDIER Patrick LAUNAY Franck
BERLAND Yvon DODDOLI Christophe LAVIEILLE Jean-Pierre
BERNARD Jean-Louis DRANCOURT Michel LE CORROLLER Thomas
BERNARD Jean-Paul DUBUS Jean-Christophe LE TREUT Yves-Patrice
BEROUD Christophe DUFFAUD Florence LECHEVALLIER Eric
BERTUCCI François DUFOUR Henry LEGRE Régis
BLADOU Franck DURAND Jean-Marc LEONE Marc
BLAISE Didier DUSSOL Bertrand LEONETTI Georges
BLANC Jean-Louis Surnombre ENJALBERT Alain LEPIDI Hubert
BLIN Olivier FAUGERE Gérard LEVY Nicolas
BOLLINI Gérard Surnombre FELICIAN Olvier MACE Loïc
BONGRAND Pierre FENOLLAR Florence MAGNAN Pierre-Edouard
BONIN/GUILLAUME Sylvie FIGARELLA/BRANGER Dominique MARANINCHI Dominique
BONNET Jean-Louis FLECHER Xavier MARTIN Claude
BOTTA Alain Surnombre FONTES Michel MEGE Jean-Louis
BOTTA/FRIDLUND Danielle FOURNIER Pierre-Edouard MERROT Thierry
BOUBLI Léon FRAISSE Alain METELLUS Philippe
BRETELLE Florence FRANCES Yves MEYER/DUTOUR Anne
BROUQUI Philippe FUENTES Stéphane MICHEL Gérard
BRUDER Nicolas GABERT Jean MICHELET Pierre
BRUE Thierry GAINNIER Marc MONCLA Anne
BRUNET Christian GARCIA Stéphane MORANGE Pierre-Emmanuel
BRUNET Philippe GARIBOLDI Vlad MOULIN Guy
BURTEY Stéphane GARNIER Jean-Marc Surnombre MOUTARDIER Vincent
CASANOVA Dominique GENTILE Stéphanie MUNDLER Olivier
CAU Pierre Surnombre GERBEAUX Patrick NAUDIN Jean
CECCALDI Mathieu GEROLAMI/SANTANDREA René NAZARIAN Serge Surnombre
CHABOT Jean-Michel GILBERT/ALESSI Marie-Christine NICOLLAS Richard
CHAGNAUD Christophe GIORGI Roch NICCOLI/SIRE Patricia
CHAMBOST Hervé GIOVANNI Antoine NICOLAS DE LAMBALLERIE Xavier
CHAMPSAUR Pierre GIRARD Nadine OLIVE Daniel
CHANEZ Pascal GIRAUD/CHABROL Brigitte OREHEK Jean
CHARAFFE-JAUFFRET Emmanuelle GONCALVES Anthony OUAFIK L'Houcine
MAJ 01.11.2014
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
CHARREL Rémi GORINCOUR Guillaume PAGANELLI Franck
ADALIAN Pascal
AGHABABIAN Valérie
BELIN Pascal
CHABANNON Christian
CHABRIERE Eric
FERON François
LE COZ Pierre
LEVASSEUR Anthony
RANJEVA Jean-Philippe
SOBOL Hagay
PROFESSEUR CERTIFIE
BRANDENBURGER Chantal
PRAG
TANTI-HARDOUIN Nicolas
DUMOND-HUSSON Monique
FILIPPI Simon
ALTAVILLA Annagrazia
BURKHART Gary
MAJ 01.11.2014
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
ADNOT Sébastien
BONNET Pierre-André
CHEVALLIER Pierre-François
GENTILE Gaëtan
GUIDA Pierre
RAKOTO Jean-Claude
REVIS Joana
MAJ 01.11.2014
PROFESSEURS DES UNIVERSITES et MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
PROFESSEURS ASSOCIES, MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES mono-appartenants
BERAUD/JUVEN Evelyne (MCF) 65ème section) MEDECINE LEGALE ET DROIT DE LA SANTE 4603
BOUCAULT/GARROUSTE Françoise (MCF) 65ème section)
LEONETTI Georges (PU-PH)
PELISSIER/ALICOT Anne-Laure (PU-PH)
MALADIES INFECTIEUSES ; MALADIES TROPICALES 4503 PIERCECCHI/MARTI Marie-Dominique (PU-PH)
MAJ 01.11.2014
NUTRITION 4404 NEUROCHIRURGIE 4902
MAJ 01.11.2014
PEDIATRIE 5401 PHYSIOLOGIE 4402
MAJ 01.11.2014
Remerciements
Merci Michael pour ta confiance. Et pour m’avoir permis d’effectuer ce travail, tout en me
guidant dans ce parcours.
Professeur Michelet
Vous me faites l’honneur de présider le jury de ma thèse, je vous remercie de l’intérêt que
vous portez à ce travail.
Je souhaite aussi vous remercier pour votre investissement dans la médecine d’urgence ainsi
qu’avec ses étudiants.
Merci à Jean-Marc Henry, d’avoir soutenu mon projet de thèse et de m’avoir prodigué de bons
conseils dans le cadre d’une thèse sur les TS ! Et merci pour votre implication dans la
prévention du suicide, avec notamment la mise en place de VigilanS PACA.
Merci Seb de ton aide si précieuse pour mon extraction de données. Et merci pour la personne
que tu es pour le Samu, toujours disponible et volontaire pour résoudre des problèmes !
Au personnel du Samu 13
Merci à tous pour votre travail, votre gentillesse et pour votre implication avec les étudiants.
Merci de m’avoir permis d’utiliser les données de Centaure.
Merci à mes supers co internes réanimateurs, pour toutes ces pauses café, pour vos conseils
de thésard et pour les semaines off qui m’ont bien aidé à réaliser cette thèse !
Merci Elise pour avoir essayer toutes les activités aquatiques de l’île avec moi
Merci Arnaud d’avoir été toujours partant pour un week-end dans les loyautés
Merci à Maud pour ta folie et de nous montrer tellement d’autres façons d’exercer la médecine
(et de toutes les tester pour nous)
Merci aux urgences et Samu de Noumea pour m’avoir fait découvrir une autre façon de
travailler au bout du monde, et découvrir la Calédonie vue dans haut
Merci à mes copains urgentistes Solene, Quentin, Paco, Julie, Marion, Ines pour cet internat à
vos côtés. J’espère pouvoir continuer à travailler avec vous ! Et surtout à faire la fête ensemble
Oui Ines même si tu es devenue chirurgienne tu seras toujours ma pote urgentiste !!
Merci ma Pauline pour m’avoir aidé dans ma relecture et m’avoir soutenu lors de cette
aventure à coup de petits dej post garde !!
A la team de la fac :
A Eloïse et Léana le trio des greluches pour nos folles aventures de jeunesse, merci d’être
toujours là pour me suivre dans mes idées les plus farfelues (merci la canne à P) ! j’ai hâte
qu’on habite de nouveau à moins de 1000 Km chacune !!!
A Renaud mon binôme depuis belle lurette, des ronéos au 7eme étage de l’internat de la Titi
A Martin et Robin merci d’être de sacrés loustiques, d’être toujours là pour me faire rire et
pour kiffer
A Agathe et Emilie merci pour votre éternel chromosome surnuméraire et pour votre
gentillesse infinie
A Alexis, merci Mr le Président même si on ne sait jamais si tu peux te libérer pour le bas
peuple
A Dylan et François pour vos cerveaux et nos week end de folie !
Merci Laulau et Roux, juste merci d’être vous, le trio infernal
A ma famille, quelle chance j’ai de tous vous avoir dans ma vie ! Merci pour votre amour et
votre présence
A mes grands-parents,
Qui ont participés à me faire grandir. J’ai eu de la chance de vous avoir près de moi toute
mon enfance. Merci pour tout ce que vous m’avez appris !
Mon frère, merci d’être le chien quand je suis le chat ! J’ai eu de la chance d’avoir un grand
frère qui m’a suffisamment embêté étant petite ce qui m’a permis d’être prête à affronter la
vie !
A mes parents
Merci d’être mes supers parents, vous avez toujours été là pour moi depuis le premier jour
de la PACES (et même bien avant …) et aujourd’hui ça y est l’aventure de la médecine est
finie !!
J’ai de la chance de vous avoir comme modèle, et en plus on a la chance de profiter de
nombreux et beaux week-end ensemble
Je vous aime
Et à mon Marin, merci d’être avec moi, dans cette aventure et dans la vie. Tu m’as rejoint au
bout du monde et jusqu’au bout de cette thèse !
Merci pour tes connaissances en excel et en power point qui m’ont fait gagner un temps fou !
Table des matières
I. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 2
A. Définitions ................................................................................................................................... 2
1. Santé mentale.......................................................................................................................... 2
2. Tentative de suicide ................................................................................................................. 4
3. Covid 19 et santé mentale ....................................................................................................... 6
4. Le SAMU .................................................................................................................................. 8
B. Epidémiologie ............................................................................................................................ 10
C. Problématique ........................................................................................................................... 11
II. OBJECTIFS DE L’ETUDE................................................................................................................... 12
A. Objectif principal ....................................................................................................................... 12
B. Objectifs secondaires................................................................................................................. 12
III. MATERIELS ET METHODES ......................................................................................................... 12
A. Type d’étude .............................................................................................................................. 12
B. Population étudiée .................................................................................................................... 12
C. Mode de recueil des données ................................................................................................... 13
D. Méthode d’analyse statistique .................................................................................................. 13
IV. RESULTATS ...................................................................................................................................... 14
A. Population d’étude .................................................................................................................... 15
B. Analyse statistique ..................................................................................................................... 18
C. Analyse statistique au sein du groupe des patients décédés .................................................... 21
V. DISCUSSION ................................................................................................................................... 22
A. Critère de jugement principal .................................................................................................... 22
B. Critères de jugement secondaires ............................................................................................. 23
C. Limites de l’étude ...................................................................................................................... 25
D. Points forts de l’étude ............................................................................................................... 26
VI. CONCLUSION ............................................................................................................................. 27
VII. BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 28
VIII. ANNEXES .................................................................................................................................... 29
A. Lexique....................................................................................................................................... 29
B. Villes des Bouches-du-Rhône .................................................................................................... 30
C. Echelle RUD ............................................................................................................................... 30
D. Statistiques Samu 13 ................................................................................................................. 31
E. CRPS PACA ................................................................................................................................. 31
1
I. INTRODUCTION
En 2020, plusieurs études ont révélé une diminution du nombre de tentatives de suicide
pendant le premier confinement en France.
Cependant, dans le même temps d’après nos discussions avec nos collègues régulateurs et
psychiatres, nous avions l’impression d’observer une augmentation des appels liés à des
tentatives de suicide au sein des Bouches du Rhône. Et notamment une majoration des
tentatives de suicide parmi les plus jeunes. Cette impression était d’ailleurs partagée par nos
confrères des urgences pédiatriques.
Ces observations nous ont amené à nous pencher sur les données de la régulation du SAMU
13 en vue d’une comparaison des chiffres de tentatives de suicide avant et après la pandémie,
d’une évaluation des appels, et des profils des personnes concernées.
Cela nous permettrait de mettre en évidence les changements et les défis spécifiques liés à la
santé mentale pendant la pandémie.
A. Définitions
1. Santé mentale
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé mentale comme un état de bien-
être mental permettant à l’individu son épanouissement personnel, communautaire et socio-
économique. La santé mentale, au-delà de simplement l'absence de pathologies mentales, est
reconnue comme une composante essentielle de la santé générale de l'individu. Selon la
théorie de "stress, évaluation et adaptation" développée par Lazarus et Folkman en 1984, le
stress émerge d'une discordance entre la perception d'une menace et la capacité de gérer
cette menace. Pour gérer le stress, l'individu met en place une série de stratégies d'adaptation.
2
Une détection précoce et une intervention spécialisée peuvent permettre de surmonter le
stress. Mais si la détresse est persistante ou trop intense, cela peut conduire à l'émergence
d'un trouble mental.
La santé mentale d'un individu est considérablement déterminée par les conditions socio-
économiques et physiques de son environnement.
Les inégalités sociales sont fréquemment liées à une plus grande probabilité de troubles
mentaux. En mettant en place des mesures pour améliorer les conditions de vie à tous les
âges, on peut non seulement améliorer la santé mentale de la société, mais aussi minimiser
les risques associés aux inégalités sociales.
Les éléments déterminants de la santé mentale sont un ensemble de facteurs qui englobent
non seulement les attributs personnels d'un individu, mais aussi son cadre socio-économique,
son environnement et la communauté à laquelle il appartient. Ces déterminants sont
interdépendants et c'est leur interaction qui détermine la santé mentale d'un individu.
Ils peuvent être classifiés en trois catégories majeures : les facteurs individuels, les facteurs
socio-économiques, et les facteurs familiaux.
Les facteurs individuels, qu'ils soient psychologiques ou biologiques, sont ceux qui sont
propres à l'individu. Des éléments tels que les compétences émotionnelles, la consommation
de substances, la santé physique, le genre et la génétique, peuvent rendre certaines
personnes plus susceptibles de développer des problèmes de santé mentale.
Le contact avec des situations sociales, économiques et géopolitiques défavorables, comme
la pauvreté, la violence, les inégalités et la privation de bonnes conditions environnementales,
peut aussi augmenter le risque de problèmes de santé mentale.
Les risques peuvent se présenter à tout moment de la vie, mais ceux qui apparaissent durant
les périodes clés de développement, spécialement durant la petite enfance, sont
particulièrement nuisibles.
En revanche, des facteurs de protection apparaissent tout au long de la vie et renforcent notre
capacité de résistance. Ces facteurs incluent des compétences individuelles sociales et
3
émotionnelles, ainsi que des interactions sociales positives, une éducation de qualité, un
emploi stable, un quartier sûr et un sentiment d'appartenance communautaire.
Les facteurs de risque et de protection impactant la santé mentale se manifestent à différents
niveaux de la société.
Les menaces locales accroissent le risque pour les individus, les familles et les communautés.
Les menaces globales accroissent le risque pour la population entière, incluant les récessions
économiques, les épidémies, les crises humanitaires, les déplacements forcés ou encore
l'intensification de la crise climatique.
Chaque facteur de risque ou de protection n’a qu’une force prédictive limitée. La plupart des
gens ne développent pas de problème de santé mentale après avoir été exposés à un facteur
de risque, alors que de nombreux individus en développent en l’absence de facteur de risque
connu. Ce sont les interactions entre les déterminants de la santé mentale qui la renforcent
ou la compromettent.
L'OMS a fait de la santé mentale une priorité en adoptant le Plan d'action mondial pour la
santé mentale 2013-2030. Malgré cela, dans un rapport publié en juin 2022, l'OMS a mis en
évidence des progrès insuffisants et a appelé à une action urgente pour la prévention et le
traitement des troubles mentaux.
En 2019, un milliard de personnes dans le monde étaient touchées par des troubles mentaux
(17). En France, ces troubles constituent la première cause d'invalidité et sont à l'origine de
35% à 45% de l'absentéisme au travail. En 2020, les dépenses liées à la santé mentale
représentaient 14% du budget de l'Assurance maladie, soit 19,3 milliards d'euros, ce qui en
fait le poste de dépenses le plus important, devançant les maladies cardiovasculaires et les
cancers (16). L'anxio-dépression est le trouble de la santé mentale le plus courant, avec le
suicide comme risque majeur.
2. Tentative de suicide
4
apparition dans la classification internationale du DSM-V sous le terme de « trouble des
conduites suicidaires ».
*Au cours des 24 derniers mois, le sujet a fait une tentative de suicide. Une TS est une
séquence de comportements initiés par un individu qui, au moment de l’initiation, s’attend à
ce que cet ensemble d’actions conduise à sa propre mort.
* L'acte ne satisfait pas aux critères des lésions auto-infligées non suicidaires c’est-à-dire ne
concerne pas les blessures auto-infligées à la surface du corps, réalisées pour soulager des
émotions/états cognitifs négatifs ou pour atteindre un état émotionnel positif.
* L'acte n’a pas été initié au cours d’un état confusionnel ou d’un délirium.
* L'acte n’a pas été entrepris uniquement dans un but politique ou religieux.
Une personne est considérée comme ayant des idéations suicidaires lorsqu’elle pense à se
tuer.
L'approche scientifique actuelle du suicide, le considère comme un phénomène médical
impliquant un mélange de facteurs génétiques, environnementaux et psycho-
comportementaux. Il a été prouvé par la recherche que 85% à 95% des suicidés souffraient
d'une maladie mentale identifiable lors de leur décès (10).
La dépression se distingue comme l'un des facteurs de risque de suicide les plus courants,
significatifs et susceptibles de réparation. Une prise en charge efficace de la dépression est
perçue comme une stratégie efficiente pour diminuer le risque de suicide à grande échelle.
Parmi les autres facteurs de risque de suicide figurent les autres troubles mentaux sévères, les
antécédents de tentatives de suicide, les troubles de la personnalité, les traumatismes durant
l'enfance, l'usage de substances toxiques, les maladies sévères ou chroniques, et le stress
financier.
Des outils nous permettent d’évaluer le risque suicidaire, notamment le RUD (Risque Urgence
Dangerosité). Il s’évalue selon les facteurs de risque préalablement cités (individuels, familiaux
5
et psycho-sociaux). Il prend en compte également l’urgence, c’est-à-dire la probabilité et
l’imminence d’un passage à l’acte, et la dangerosité du scénario suicidaire (voir annexe C).
Il existe également l’échelle de Beck (BSS), qui évalue les idées suicidaires selon un
questionnaire de 21 items.
Plusieurs outils ont été mis en place au niveau national en vue de diminuer ce risque suicidaire.
Il s’agit notamment du dispositif VigilanS, qui permet de suivre et de recontacter les personnes
ayant fait une tentative de suicide. Ce dispositif utilisé dans certaines régions françaises depuis
2015 a montré une diminution jusqu’à 38% de réitération suicidaire, et 10% de décès évités.
Depuis son apparition, la COVID-19 a entraîné une crise de santé publique sans précédent en
termes de rapidité et d'ampleur, ne trouvant son équivalent que dans l'épidémie de grippe
espagnole de 1918-1919 qui avait touchée environ un tiers de la population mondiale (480
millions de cas). À ce jour, environ 770 millions de cas de COVID-19 ont été enregistrés à
l'échelle mondiale (2).
L'épidémie de COVID-19 et les mesures prises pour la combattre depuis mars 2020 ont eu des
conséquences économiques, sociales et affectives sur les individus. Les restrictions,
l'isolement social, la peur de la maladie et l'incertitude économique ont conduit à une
augmentation significative des niveaux de stress, d'anxiété et de dépression. Comme en
témoigne l'augmentation de 25% de la prévalence mondiale de l'anxiété et de la dépression
en 2020 selon l'OMS (19 & 20).
6
De plus, les systèmes de santé étant fortement sollicités par la réponse à la pandémie, l'accès
aux services de santé mentale a été entravé, laissant de nombreuses personnes sans le soutien
nécessaire notamment dans le domaine des troubles mentaux, des addictions et de la
prévention du suicide.
Il a également été noté une augmentation des troubles de l'alimentation, de l'insomnie et des
symptômes de stress post-traumatique. Les populations vulnérables, y compris les personnes
âgées, les enfants, les travailleurs de la santé et ceux ayant des antécédents de troubles de
santé mentale, ont été particulièrement touchées.
Cette crise sanitaire met en évidence l'importance cruciale de la santé mentale et la nécessité
d'intégrer des soins psychologiques de qualité dans les réponses aux urgences sanitaires.
7
4. Le SAMU
a) Histoire du SAMU
En 1955, la France a vu la création des premières équipes mobiles de réanimation.
Initialement, leur rôle était de fournir des secours médicalisés aux victimes d'accidents de la
route et d'assurer les transferts inter hospitaliers pour les patients souffrant de paralysie
respiratoire.
Ces premières initiatives se sont révélées fructueuses, entraînant leur multiplication à travers
tout le pays dès 1965. C'est cette même année qu'un décret interministériel a été promulgué
pour créer officiellement les Services Mobiles d'Urgence et de Réanimation (SMUR) rattachés
aux hôpitaux.
En 1968, les Services d'Aide Médicale Urgente (SAMU) ont été mis en place pour coordonner
l'activité des SMUR. Chaque SAMU comprend un centre de régulation médicale des appels.
À partir de 1974, des médecins généralistes indépendants se sont joints aux praticiens
hospitaliers pour contribuer à cette activité de régulation médicale.
En 1978, une décision interministérielle a conduit à la création du 15, un numéro d'appel
national gratuit pour les urgences médicales. Ce numéro est venu compléter les autres
numéros existants : le 17 pour la police et le 18 pour les pompiers.
Enfin, la loi du 6 janvier 1986 (décrets du 16 décembre 1987) a fourni le cadre réglementaire
nécessaire aux SAMU sur l'Aide Médicale Urgente et les Transports Sanitaires.
Les Services d'Aide Médicale Urgente (SAMU) sont des entités hospitalières offrant une
écoute permanente, s'efforçant d'apporter, dans les meilleurs délais, la réponse adéquate à
chaque situation d'urgence, qu'il s'agisse d'un conseil médical, d'une ambulance privée, d'un
médecin généraliste, ou d'un véhicule de secours spécialisé comme une ambulance de
réanimation (Unité Mobile Hospitalière), un véhicule d'intervention rapide ou un hélicoptère
sanitaire dans les cas les plus critiques. Ils sont également capables de gérer une situation de
crise impliquant un grand nombre de victimes.
8
Le Centre de Réception et de Régulation des Appels (CRRA) permet également d’apporter une
approche humaine : la communication avec l’appelant demande des qualités relationnelles,
d’écoute, et de prise en compte du stress.
Ce centre est en interconnexion avec les autres centres de réception d’appels de secours : 18
(pompiers ou marins pompiers à Marseille), 17 (Forces de Police).
Le devoir du SAMU est de garantir que chaque patient, qu'il s'agisse d'une personne blessée,
malade ou sur le point d'accoucher, reçoit des soins d'urgence appropriés à son état, où qu'il
se trouve.
Ces services sont chargés d'organiser le transport des patients vers l'hôpital de la manière la
plus appropriée et d'assurer leur réception dans les établissements de santé adéquats pour le
traitement de leur condition spécifique.
Ils jouent un rôle essentiel dans l'élaboration et la mise en œuvre des plans d'intervention
d'urgence, notamment lors de grands rassemblements de foule et d'accidents majeurs.
De plus, ils sont responsables de la formation à la médecine d'urgence et l'enseignement des
procédures d'urgence aux professionnels de santé.
Le concept français de régulation médicale permet d’optimiser les moyens des SAMU et de
déclencher seulement dans les cas les plus graves et pour les détresses vitales une ambulance
de réanimation (Unité Mobile Hospitalière) qui intervient avec à son bord un médecin formé
à la médecine d’urgence.
L'organisation de l'Aide Médicale Urgente en France repose sur les SAMU dont la principale
mission est de coordonner la médecine préhospitalière.
Il existe un SAMU dans chaque département français (pour une moyenne de 500 000 habitants
par département), soit une centaine au total, et environ 350 SMUR répartis sur tout le
territoire.
Ce maillage permet une bonne couverture nationale des urgences préhospitalières.
Deux SAMU exercent par ailleurs une activité de régulation médicale particulière :
Le SAMU de Paris qui régule les appels provenant des trains à grande vitesse (TGV) et
des avions d’Air France en vol
Le SAMU de Toulouse qui régule les appels des navires en mer
9
On retiendra la maxime du Dr Trunkey: « Le bon patient, au bon endroit, au bon moment ».
c) Le Samu 13
Le SAMU 13 se compose d’un centre de régulation des appels situé à la Timone à Marseille.
Ce centre a traité 748 000 appels en 2019 et 858 000 en 2022 soit une augmentation de 14%.
Il y a 8 SMUR adultes et un SMUR pédiatrique sur la ville de Marseille ainsi que 7 autres équipes
sur le reste du département.
B. Epidémiologie
a) Suicide
Environ 800 000 décès par suicide sont recensés chaque année dans le monde selon
l’Organisation Mondiale de la Santé. Il constitue la dixième cause de mortalité mondiale. Dans
les pays riches, il concerne 3 fois plus d’hommes que de femmes.
Sur le plan international, le suicide représente 50% des morts violentes chez les hommes et
71% chez les femmes. La mort violente est une mort inattendue qui se caractérise par son
caractère brutal et inopiné, on y inclut les suicides, les homicides et les accidents (17).
En France en 2017, selon les données du CépiDc il y a eu 8 500 décès par suicide, il s’agit de la
statistique nationale la plus récente (21).
Le taux de suicide abouti en population générale est estimé à 13,5 pour 100 000 habitants en
France. Le taux de suicide chez l’homme est de 22 pour 100 000 hommes.
Chez la femme le taux de suicide abouti est estimé à 6 pour 100 000 personnes (16).
10
b) Tentatives de suicides
En France, en plus de ces chiffres, environ 200 000 tentatives de suicide entrainent chaque
année un contact avec le système de soins. Parmi ces cas, 90 000 donnent lieu à une
hospitalisation. Il est à noter que ce nombre est en baisse; il dépassait les 100 000 avant 2011
(16). La France est un des pays européens les plus touchés par ce fléau.
Dans le contexte de l'enquête Escapad (22), qui a interrogé les adolescents de 17 ans, près de
3% d'entre eux ont déclaré avoir fait une tentative de suicide nécessitant une hospitalisation
au cours de leur vie. La situation des filles est particulièrement préoccupante avec une
augmentation des TS et pensées suicidaires depuis 2011.
L'analyse des hospitalisations pour TS par SpFrance confirme la situation préoccupante des
jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. C'est au sein de ce groupe que l'on observe
systématiquement le taux le plus élevé.
c) Idées suicidaires
Près de 5% des 18-75 ans de la population générale déclaraient avoir pensé à se suicider au
cours des 12 derniers mois. Les femmes étaient plus touchées que les hommes.
C. Problématique
Devant l’apparente contradiction entre les données des dernières études sur les tentatives de
suicide et nos observations en régulation, nous avons décidé d’examiner les données du SAMU
13. Dans le but d’analyser les tendances suicidaires sur les dernières années et d’évaluer
l'impact de la pandémie sur les problèmes de santé mentale, en se basant sur les tentatives
de suicide. Cela permettrait de mieux comprendre la situation et de prendre les mesures
appropriées pour soutenir les personnes en détresse psychologique.
11
II. OBJECTIFS DE L’ETUDE
A. Objectif principal
L’objectif principal de l’étude consiste à comparer le nombre d’appels relatifs à des tentatives
de suicide reçus par le SAMU 13, avant et après la pandémie de la COVID-19.
B. Objectifs secondaires
A. Type d’étude
Il s’agit d’une étude observationnelle, rétrospective, menée dans les Bouches-du-Rhône sur la
période du 01 janvier 2019 au 31 décembre 2019 et du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2022.
B. Population étudiée
12
C. Mode de recueil des données
Les données ont été extraites à partir des fiches de régulation du logiciel Centaure.
Nous avons récupéré tous les dossiers codifiés avec :
TS par arme à feu
TS par pendaison
TS par défenestration
TS par arme blanche
TS par noyade
Intoxication médicamenteuse volontaire
Tentative de suicide
Intoxication au gaz
Intoxication à la javel non accidentelle
Intoxication autre
Décès
Par la suite ont été éliminés les dossiers qui étaient en fait des intoxications accidentelles
notamment chez les enfants ou par erreur de prise médicamenteuse ou à la suite d’incendies
ainsi que les intoxications alcooliques et prises de drogues à visée récréative.
Puis nous avons ensuite extrait toutes les données des personnes décédées, pour ne retenir
que les morts suspectes de suicide.
Les analyses statistiques ont été réalisées à l'aide du logiciel IBM SPSS statistics v20.
Dans un premier temps, les données ont été encodées et rapportées dans un tableau Excel
pour permettre l’analyse statistique.
Puis une analyse descriptive de l’échantillon a été réalisée à partir de l’ensemble des
paramètres collectés.
Les résultats étaient présentés sous forme de pourcentages.
Dans un deuxième temps, deux groupes ont été constitués à partir de l’année de régulation
des dossiers, 2019 ou 2022.
13
Une analyse comparative a été réalisée entre les deux groupes. La corrélation entre les
caractéristiques des patients était évaluée à l'aide de modèle du Chi-deux et du test de
Fischer. Tous les tests statistiques avaient un seuil de significativité requis à p < 0,05.
IV. RESULTATS
Notre recherche dans la base de données Centaure nous a permis d’extraire 5774 dossiers de
régulation médicale (DRM). Ces dossiers ont été récupérés grâce aux différents codes
diagnostiques listés ci-dessus.
Suite à cela nous avons exclu les cas concernant les alcoolisations récréatives (800 dossiers),
les cas d’intoxications médicamenteuses accidentelles (185 cas) ainsi que les cas
d’intoxications à d’autres substances également de manière accidentelle, notamment les
intoxications au monoxyde de carbone suite à des incendies, les ingestions de produits
toxiques par des enfants en bas âge.
Nous avons également trié tous les cas de décès pour en extraire uniquement les décès par
suicide supposé ou attesté.
14
Figure 1 : flow chart
A. Population d’étude
Notre population est donc composée d’une majorité de femmes (54,50%), c’est une
population essentiellement d’adultes ayant entre 30 et 59 ans.
Au niveau de la temporalité des appels, on observe une majorité d’appels la journée, répartis
équitablement entre les jours de la semaine (13% par jour en semaine, 16% le week-end).
15
Il semble que l’on retrouve une répartition saisonnière avec plus de dossiers régulés pendant
l’été (mai - octobre : 54,60%), ce qui parait se confirmer au niveau de l’analyse des différents
mois avec le pic au mois de juillet (10,05%) contrairement au mois de février qui retrouve le
moins de cas (6,82%)
Parmi les habitants de Marseille nous avons souhaité extraire les patients vivants dans les
quartiers Nord et les comparer à ceux vivants dans les quartiers Sud. Nous avons mis en
parallèle les 13-14-15-16-ème arrondissements avec les 7-8-9-ème arrondissements.
On retrouve un nombre de cas à peu près équivalent, mais pour une population deux fois plus
nombreuse dans les quartiers Nord, (248 000 vs 193 000). Ce qui implique une prévalence bien
plus élevée au sein des 7,8 et 9-ème arrondissements.
En ce qui concerne la gravité des tentatives de suicide, on remarque qu’il n’y a que 4.5% de
transport médicalisé et seulement 2% qui sont orientés directement en réanimation. La
majorité des patients sont dirigés vers les urgences (97,9%).
Une minorité de patients est orientée directement vers les urgences psychiatriques (0,03%).
Sur le plan des suicides aboutis, on répertorie 189 décès à la prise en charge initiale sur les
deux années de l’étude. Ce qui nous fait un taux d’incidence de 4,8 pour 100 000 habitants.
16
Caractéristique Nombre de sujets Pourcentage
Age
Enfant <13ans 17 0,50%
Adolescent 13-17ans 258 8,20%
Jeune adulte 18-29 ans 635 20,10%
Adulte 30-59ans 1738 54,90%
Sénior >59ans 516 16,30%
Sexe
Homme 1425 45,50%
Femme 1710 54,50%
Lieu habitation
Urbain 2027 64,10%
Rural <20 000 hab 1137 35,90%
Quartier
Nord 13,14,15,16 -ème 331 52,00%
Sud 7,8,9-ème 306 48,00%
Saison
Hiver 1435 45,40%
Eté 1729 54,60%
Jour de la semaine
Semaine 2130 67,30%
Week-end 1034 32,70%
Horaire
Jour 8h-20h 1709 54%
Nuit 1455 46%
Transport
Médicalisé 146 4,70%
Non médicalisé 2667 86,20%
Propre moyens 15 0,50%
Laissé sur place 78 2,50%
Décédé 189 6,10%
Destination
Réanimation 55 1,90%
Urgences 2765 97,90%
Pédiatrie 3 0,10%
Psychiatrie 1 0,03%
Tableau 1 : Caractéristiques de la population globale
17
Mois Nombre Pourcentage
Janvier 237 7,49%
Février 216 6,82%
Mars 237 7,49%
Avril 255 8,06%
Mai 288 9,10%
Juin 293 9,20%
Juillet 318 10,05%
Août 282 8,91%
Septembre 272 8,60%
Octobre 276 8,72%
Novembre 242 7,64%
Décembre 248 7,83%
Tableau 2 : Répartition mensuelle des tentatives de suicide
B. Analyse statistique
En revanche, après analyse des résultats, on retrouve un nombre et un taux de cas féminin
significativement supérieurs en 2022 (57,60% contre 51,50% en 2019, p=0,001), et une
diminution du nombre de tentatives de suicide chez l’homme (768 en 2019, 657 en 2022).
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
2019 2022
Femmes Hommes
18
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Enfant <13ans Adolescent 13- Jeune adulte Adulte 30- Senior >=60ans
17 ans 18-29ans 59ans
2019 2022
Au niveau de nos différentes tranches d’âge, il est retrouvé une diminution significative du
nombre de patient âgés de 30 à 59 ans (905 vs 833 ; p=0,03).
Les valeurs tendent vers une augmentation des cas dans la population des adolescents (116
patients vs 142 patients ; p= 0,07). Ainsi que dans la population des jeunes adultes, de 18 à 29
ans (309 vs 326 patients ; p=0,36).
En regroupant les deux tranches d’âge : de 12 à 29 ans on tend vers une augmentation
significative des cas avec un p=0.06 (26,7% vs 29,7% des cas de TS parmi la population).
Sur le plan de la temporalité des appels à la régulation du SAMU il n’y a pas de modification
significative que ce soit sur la période de l’année, de la semaine ou de la journée.
Il n’est pas non plus retrouvé de différence de répartition des cas entre les zones urbaines et
rurales.
19
2019 2022 p
20
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
2019 2022
De plus il semble y avoir une tendance à la hausse du nombre de décès, mais qui n’est pas
significative avec un p=0,07.
Devant ces données nous décidons de réaliser une analyse spécifique dans le sous-groupe des
patients décédés.
Nous avons donc extrait les données des 189 patients décédés. Nous ne retrouvons pas de
résultats significatifs dans cette analyse en sous-groupe.
Une tendance forte à l’augmentation des décès par tentative de suicide est en revanche
retrouvée, en effet en 2022 il y à 27% de décès en plus avec un p=0,07.
21
Et également de manière non significative une majoration des suicides dans les
arrondissements Sud de Marseille (p=0,064).
2019 2022 p
Enfant 0 0
Adolescent 1 1,20% 2 1,90% 0,852
Jeune adulte 5 4,80% 12 9,40% 0,231
Adulte 37 44,60% 41 38,70% 0,593
Sénior 40 48,20% 49 46,20% 0,626
V. DISCUSSION
Dans son rapport de 2022 (19), l’Observatoire national du suicide (ONS) observe de janvier
2020 à fin mars 2021, une diminution des tentatives de suicides dans les pays à niveau de vie
22
élevé. Cette diminution s’accompagne cependant d’une tendance à une sévérité accrue des
gestes suicidaires. Ce qui est en adéquation avec les données de notre étude, où l’on retrouve
une stabilité voire une légère diminution du nombre de tentatives.
En France il y avait en 2019, 200 000 tentatives de suicides pour 67,7 millions d’habitants. Ce
qui nous donne un taux d’incidence de 295 pour 100 000 habitants. Nous avons un taux calculé
avec les données de la régulation de 77 pour 100 000 habitants au sein des Bouches-du-Rhône.
On peut par ailleurs noter que le nombre de DRM a augmenté significativement entre 2019 et
2022 (+14%), donc la proportion d’appels pour tentative de suicide a diminué.
Ce qui nous amène à dire que les données de la régulation sont insuffisantes pour une
estimation globale des TS. En revanche par extrapolation on peut en déduire que 26% des
tentatives de suicides au sein du département 13 sont régulées par le SAMU.
On peut en revanche estimer que le nombre de tentative de suicide n’a pas augmenté après
la pandémie Covid.
Ces nouveaux outils pourraient permettre dans les prochaines années une diminution franche
du nombre de tentatives de suicides grâce à une meilleure prise en charge et un meilleur suivi
des patients.
Le rapport de l’ONS 2022 retrouve une forte hausse du nombre de gestes suicidaires chez les
jeunes, en particulier les jeunes femmes, à partir du second semestre 2020. Cette tendance
est mise en évidence dans notre étude, même si nous ne retrouvons pas de significativité en
ce qui concerne ces tranches d’âges.
23
En ce qui concerne les différentes catégories sociales, dans l’étude « Association between race
and socio economic factors and suicide-related 911 call rate » parue dans Social Sciences
Medicine en 2022 (13), on retrouve un taux d’appel au 911 plus élevé chez les patients ayant
un faible niveau d’éducation, vivants dans des quartiers défavorisés et ayant une assurance
non adaptée. Et dans le rapport de l’ONS les lésions auto infligées sont plus fréquentes chez
les plus modestes (19). C’est à la suite de la lecture de ces études que nous avons voulu
comparer pour Marseille différents quartiers, et que nous avons décidé d’opposer les quartiers
Nord et Sud. En vue d’opposer différentes catégories sociales.
En effet selon une étude de l’Insee (23) le taux de pauvreté dans les quartiers Nord de Marseille
est parmi les plus élevés de France, avec une faible insertion professionnelle.
Ces deux études montrent des résultats opposés à ce que nous retrouvons à Marseille à savoir
un taux de tentatives de suicide plus élevé dans les quartiers Sud. Et surtout une inversion du
rapport des tentatives de suicides entre les quartiers Nord et Sud entre 2019 et 2022. Le taux
de tentatives de suicide réalisés dans les 7-8-9 ème arrondissements passe de 44% à 52%. Pour
une population deux fois moins nombreuse.
En plus de cela on retrouve un taux de décès par suicide qui semble augmenter dans les
quartiers Sud.
Mais en ce qui concerne l’étude américaine les patients les plus modestes sont aussi ceux
ayant le moins de suivi psychiatrique. Ces résultats sont difficilement superposables à la France
qui permet plus facilement l’accès des soins à tous.
On peut se demander quels sont les facteurs en cause pour ce changement depuis la
pandémie.
La diminution des transports médicalisés dans notre étude, ne semble pas être en lien avec la
diminution de la gravité car le nombre de décès tend à augmenter. Mais il pourrait être en
rapport avec les modifications de pratiques à la suite de la pandémie. Dans l’étude “EMS
responses and non-transports during the COVID-19 pandemic” (23), on retrouve une
diminution du transport à la suite d’interventions d’urgences de 48% en 2020 par rapport aux
moyennes des années précédentes.
24
Sur le même principe les décisions de régulations ont peut-être été modifiées après la
pandémie. En effet sur les statistiques du Samu 13 (annexe D) on retrouve une diminution de
régulation des SMUR dans la région PACA de 16% (31624 vs 26730).
Sur le plan des tentatives de suicide ces modifications de pratiques pourraient être en lien avec
l’utilisation à la régulation du Samu d’échelle d’évaluation du risque de suicide, comme le RUD
ou l’échelle de Beck.
En ce qui concerne le nombre de décès par suicide : selon l’ONS (19) le nombre global de décès
par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès ne paraissent pas avoir été affectés
par la pandémie en 2021.
En 2022 nous retrouvons une majoration du nombre de suicides. Ce qui semble en adéquation
avec leur observation sur la sévérité accrue des gestes suicidaires observés en 2021.
C. Limites de l’étude
En effet on retrouve uniquement les patients gérés par le 15. Ce qui exclut tous les patients
qui consultent directement aux urgences, qui passent par leur médecin traitant ou qui ne
consultent pas.
Nous n’avons également pas pu recouper les dossiers et chercher dans la base de données s’il
y avait des récidives ou des antécédents de TS.
Autre problème rencontré : les patients décédés, il est difficile de catégoriser la cause de la
mort avant la conclusion du médecin légiste. Le suicide dans notre étude est seulement une
supposition de la part du smuriste.
Les informations concernant les victimes ne sont pas toujours justes en régulation, notamment
l’âge et le sexe des patients qui étaient parfois manquants dans les dossiers.
25
Enfin au niveau de la gravité des tentatives de suicides. Il est difficile d’évaluer la dangerosité
de l’acte car tous les patients sont conduits aux urgences en vue d’une évaluation
psychiatriques. De plus, lors de prise en charge notamment en réanimation, nous n’avons pas
l’évolution des patients. Il y a probablement des décès dans un second temps à la suite de ces
tentatives, notamment dans les causes traumatiques.
Les forces de cette étude sont notamment le nombre de sujets inclus, plus de 3000 patients.
Les données ont été récoltées parmi une grande population, il y a en effet plus de 2 millions
d’habitants dans les Bouches-du-Rhône qui est le 3ème département le plus peuplé de France.
Notre comparaison selon les classes d’âge qui a été faite suite à des impressions de nos
médecins régulateurs nous permet d’appréhender les problèmes spécifiques de chaque
population, notamment l’augmentation des TS chez les jeunes.
Ces données récoltées sur tout un département nous permettent en plus de toucher des zones
variées, des patients différents, ayant des milieux culturels et sociaux différents, des secteurs
d’activités divers.
L’inclusion de nos patients a été faite sur une longue période, 24 mois au total.
Le fait que les données soient issues de la régulation du SAMU nous apporte une précision
quant à la temporalité de l’appel, le lieu de la prise en charge, les circonstances de l’appel, le
devenir du patient.
26
VI. CONCLUSION
Notre étude avait pour but la comparaison des données de la régulation entre deux périodes
avec pour objectif principal de déterminer s’il y avait une différence statistique du nombre
d’appels pour tentative de suicide avant et après la pandémie Covid.
En définitive cette étude démontre que le nombre d’appels pour tentative de suicides régulés
par le centre 15 dans les Bouches-du-Rhône ne varient pas entre 2019 et 2022.
En revanche sur le plan des objectifs secondaires, il a été mis en avant une augmentation de
la proportion de femmes et de jeunes qui réalisent un geste d’autolyse. On observe également
une majoration des tentatives de suicide dans les quartiers aisés de Marseille, ce qui n’était
pas le résultat escompté selon les données de la littérature.
Par ailleurs on observe une diminution de la médicalisation des patients ayant fait une
tentative de suicide, probablement à la suite de modifications d’exercice des régulateurs
depuis la pandémie Covid.
Il permettra probablement dans les prochains mois de mieux prendre en charge les patients
suicidaires, et pourrait avec la collaboration du centre 15 permettre de créer un outil
d’évaluation en régulation du risque suicidaire.
Il serait probablement utile de réaliser un suivi de cohorte permettant à moyen et long terme
de mesurer les effets de ces organisations qui ont pour objectif de lutter contre le suicide. Ce
suivi permettrait également d’étudier la corrélation entre les besoins de la population et
l’offre de soins disponible, notamment en ambulatoire.
27
VII. BIBLIOGRAPHIE
1/ Post-COVID syndrome and suicide risk, QJM: An International Journal of Medicine, 2021
2/ InfoCovidFrance, Santé publique France
3 / Telephone calls for suicide attempt to the French emergency call center SAMU/Centre 15:
a quantitative indicator of suicidal morbidity in a given health territory at a given period.
Vaiva G, Plancke L, Ducrocq F, Wiel E, Goldstein P, Presse Med. 2011
4/L’essentiel de l’actualité documentaire consacrée au suicide, ONS, 2023
5/Generalized anxiety disorder, depressive symptoms and sleep quality during COVID-19
outbreak in China: a web-based cross-sectional survey, Psychiatry Res 2020
6/Do psychiatric patients experience more psychiatric symptoms during COVID-19 pandemic
and lockdown? A case-control study with service and research implications for
immunopsychiatry. Brain Behav Immun 2020
7/British teen dies after suicide attempt due to coronavirus fears. New York Post, March 25,
2020.
8/ Suicide : mesurer l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 - Effets contrastés au sein
de la population et mal-être chez les jeunes - ONS 5e rapport, Septembre 2022
9/ Plan d'action global pour la santé mentale 2013-2030, Comprehensive mental health action
plan 2013-2030, WHO
10 /Prévention du suicide : l'état d'urgence mondial, OMS 2014
11/Suicide behaviors during the COVID-19 pandemic: A meta-analysis of 54 studies.
Dubé JP, Smith MM, Sherry SB, Hewitt PL, Stewart SH, Psychiatry Res. 2021
12/Suicide, self-harm, and suicidal ideation during COVID-19: A systematic review.Farooq S,
Tunmore J, Wajid Ali M, Ayub M, Psychiatry Res. 2021
13/Association between race and socioeconomic factors and suicide-related 911 call rate.
O'Connell KL, Jacobson SV, Ton AT, Law KC, Soc Sci Med. 2022
14/ Suicide Ideation and Attempts in a Pediatric Emergency Department Before and During
COVID-19, Pediatrics, 2021
15/ Répercussions de la COVID-19 sur l'incidence de blessures graves causées par la violence
intentionnelle, les traumas accidentels et des traumas découlant d'une tentative de suicide au
Canada., Ball CG. Can J Surg. 2021
28
16/ Suicides et tentatives de suicide, de la surveillance épidémiologique à la prévention,
Réunion EPAC 17 octobre 2017, Santé publique France
17/ Atlas de la santé mentale, WHO, 2020
18/Bulletin de santé publique suicides, Provence-Alpes-Côte d'Azur, février 2019
19/ Recueil Covid 19 et suicide, ONS, Juin 2022
20/ The impact of the COVID-19 pandemic on suicide rates, Sher L. QJM. 2020
21/ Statistique nationale des causes de décès - Inserm CépiDc
22/ ESCAPAD : Enquête sur la santé et les consommations lors de la Journée d’appel et de
préparation à la défense 2022
23/ EMS responses and non-transports during the COVID-19 pandemic, Am J Emerg
Med 2021
VIII. ANNEXES
A. Lexique
29
B. Villes des Bouches-du-Rhône
C. Echelle RUD
30
D. Statistiques Samu 13
E. CRPS PACA
31
SERMENT D'HIPPOCRATE
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront
confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des
foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans
l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle
à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.