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PROTECTION NATURELLE DES CULTURES

ET DES RECOLTES
de Berthold SCHRIMPF
Presbyterian Rural Training Centre MFONTA

1
Piment rouge, Togo
Table des matières
I QU’ENTEND-ON PAR “PROTECTION NATURELLE DES RÉCOLTES ET DES
CULTURES” ET POURQUOI EST-CE IMPORTANT ?................................................................... 3

II INTRODUCTION............................................................................................................................................... 3

III INSECTICIDES À BASE DE PLANTES........................................................................................... 3

1. L’huile de ricin (Ricinus comunis) ............................................................................................................. 4

2. Le faux tabac (lobelia columnaris) ............................................................................................................ 4

3. Le papayer (Carica papaya) .......................................................................................................................... 4

4. Mbou (Strychnos aculeata). ........................................................................................................................... 5

5. Le tabac (Nicotina tabacum ou rustica) .................................................................................................. 5

6. Le piment (Capsicum frutescens) ............................................................................................................... 5

7. L’herbe à Jim (Datura stramonium). .......................................................................................................... 5

8. Facteurs influençant l’efficacité. .................................................................................................................. 6

IV STOCKAGE DU MAÏS................................................................................................................................. 6

V PIÈGES POUR LES RONGEURS............................................................................................................ 7

VI LUTTE CONTRE LES CHENILLES MINEUSES........................................................................ 7

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I QU’ENTEND-ON PAR cours du paysan pour qui la prévention doit garder
la priorité, tel que :
“PROTECTION NATURELLE
DES RÉCOLTES ET DES • La rotation et l’association des cultures,
CULTURES” ET POURQUOI • l’époque et l’espacement des semis,
EST-CE IMPORTANT ? • des pratiques culturales appropriées, etc.
Les traitements ne doivent intervenir et être envi-
La protection naturelle des cultures se base sur sagés que lorsque la plante est attaquée ou si une
la connaissance pratique acquise par les paysans attaque menace alors que les mesures préventives
depuis longtemps, ainsi que sur les résultats de la ne sont plus possibles.
recherche.

Elle prend en considération des pratiques culturales Cette étude relate les expériences de fermiers du
éprouvées, des méthodes biologiques de lutte et pays ainsi que celles effectuées au centre d’en-
l’utilisation de produits naturels locaux. C’est une seignement agricole de Mfonta au Cameroun. Elle
méthode qui respecte la santé des individus, bien désire encourager les paysans et les animateurs
adaptée et inoffensive pour l’homme, les animaux à essayer les méthodes enseignées, ainsi qu’à en
et l’environnement. De plus, c’est une méthode de expérimenter des nouvelles. Grâce à ces informa-
lutte bon marché ! tions, les paysans et les animateurs devraient être
en mesure de :
Les méthodes naturelles de protection des cultures
sont particulièrement indiquées dans les pays en • Préparer des insecticides tirés de plantes,
développement, car :
• protéger des charançons le maïs stocké grâce à
• Elles sont basées sur des connaissances de la cendre et à des feuilles de plantes,
traditionnelles bien assimilées,
• fabriquer des pièges et trappes contre les
• elles ne créent pas de déséquilibre sur rongeurs.
l’environnement et l’écologie,
promouvoir les méthodes de culture appropriées
• elles réduisent les risques d’empoisonnement pour réduire les attaques parasitaires du maïs, du
des utilisateurs, bananier et du caféier.
• elles sont toujours à disposition et ne
dépendent pas du marché, III INSECTICIDES À BASE DE
• elles sont bon marché et favorisent PLANTES.
l’indépendance des paysans,
Les insecticides à base de plantes peuvent être uti-
• elles n’entament pas les réserves du pays en lisés contre les chenilles qui mangent les feuilles,
monnaie forte étrangère. contre les hannetons, les sauterelles et toute sortes
de petits insectes au jardin et dans les champs.

II INTRODUCTION Les expériences faites à Mfonta montrent qu’il y a

deux méthodes principales pour préparer l’insecti-
Les parasites provoquent de grandes pertes aux cide qui sont efficaces et qui peuvent être utilisées
cultures des paysans, tant dans les champs que facilement par les cultivateurs :
lors du stockage. Ces pertes sont souvent plus
importantes que celles causées par les maladies. Méthode 1 :
C’est pourquoi la présente étude s’intéresse avant
tout à la lutte antiparasitaire, se réservant, néan- Le matériel végétal ayant des propriétés insecti-
moins, la possibilité d’y inclure des expériences de cides est coupé et mis trempé dans de l’eau (le
lutte naturelle contre les maladies si il s’en trouve. mieux est de le laver et de le presser). On ajoute
deux cuillères à soupe de pétrole et on laisse repo-
La lutte antiparasitaire représente le dernier re- ser pendant trois heures ou même toute la nuit.
3
La solution est alors filtrée et diluée dans la quan- cuillères de pétrole. Laisser tremper au moins trois
tité d’eau requise. On ajoute une poignée de savon heures. Filtrer et utiliser tout de suite.
(50 gr) qui favorisera une meilleures adhérence de
la solution sur la plante et les insectes. Faire la Délai d’attente :
pulvérisation immédiatement.
Trois à quatre jours. Le faux-tabac est une herbe
poussant à une altitude supérieure à 1 500 mè-
Méthode 2 : tres. Il ressemble au tabac, mais présente une tige
Le matériel végétal ayant des propriétés insectici- creuse contenant un liquide jaunâtre.
des est écrasé ou pulvérisé et dilué dans deux ou
trois litres d’eau. On ajoute deux cuillères à thé de 3. Le papayer (Carica papaya)
pétrole et on chauffe pendant dix à vingt minutes,
mais sans bouillir. Filtrer à travers un tissu fin
et diluer dans la quantité d’eau recommandée en
ajoutant les 50 gr de savon. L’utilisation doit être
faite immédiatement.

La plupart des insecticides agissent par contact sur

les insectes, et doivent donc être appliqués à forte
dose pour être sûr d’atteindre tous les insectes pa-
rasites.

Comme les rayons du soleil détruisent l’effet de

ces insecticides, faites les préparations à l’abri du
soleil et les pulvérisations en début ou en fin de
journée ou par temps couvert. Voici quelques pré-
parations d’insecticides.

1. L’huile de ricin (Ricinus comunis)

Prendre 4 verres (500 gr.) de graines décortiquées
ou 5 verres (750 gr) de graines fraîches non décor-
tiquées. Ecraser ou pulvériser ces graines et les
faire tremper dans deux litres d’eau. Faire chauffer
dix minutes et ajouter deux petites cuillères de pé-
trole et du savon. Filtrer et diluer cette décoction
dans 10 litres d’eau.

Remarques : Laver, écraser et faire tremper un kilo de feuilles

fraîches dans dix litres d’eau avec la dose habituel-
Les graines de ricin sont très vénéneuses et ne le de pétrole et de savon. Laisser reposer au moins
devraient jamais être à la portée des enfants. Faire deux heures, filtrer et utiliser tout de suite.
attention en préparant et en utilisant le produit.
Délai d’attente :
Délai d’attente :
Aucun.
C’est le temps qu’il faut attendre entre le moment
de l’application de l’insecticide et la possibilité de
consommer le produit utilisé. Ce délai varie suivant
le produit utilisé. Pour le ricin, le délai d’attente est
de 4 à 5 jours.

2. Le faux tabac (lobelia columnaris)

Laver, écraser et faire tremper 1 kg de feuilles
fraîches dans 10 litres d’eau. Ajouter deux petites
4
4. Mbou (Strychnos aculeata). poivron ou l’aubergine.

Prendre deux fruits frais et utiliser l’intérieur qui La nicotine du tabac est connue pour être nocive et
sera lavé et dilué à 10 litres d’eau. Ajouter deux on prendra des précautions dans la préparation et
petites cuillères de pétrole et laisser reposer au l’utilisation du produit.
moins trois heures.
6. Le piment (Capsicum frutescens)
Filtrer et utiliser tout de suite

Le mbou est une liane qui pousse dans les basses

forêts tropicales et qui donne un fruit semblable à
l’egussi avec une enveloppe très dure.

Délai d’attente :
Trois à quatre jours.

5. Le tabac (Nicotina tabacum ou rustica)

Prendre trois à quatre poignées (300 gr.) de fruits

frais. Les écraser et faire tremper dans deux litres
d’eau additionnées de deux cuillères de pétrole.
Laisser reposer au moins six heures. Filtrer, ajouter
du savon et diluer dans dix litres d’eau. Utiliser
tout de suite.

Délai d’attente :
Aucun.

7. L’herbe à Jim (Datura stramonium).

Ecraser et faire tremper 300 à 500 grammes de

feuilles sèches dans trois litres d’eau.

Ajouter deux petites cuillères de pétrole et faire

chauffer pendant 10 à 20 minutes sans porter à
ébullition. Filtrer et ajouter du savon. Diluer dans
dix litres d’eau et utiliser tout de suite.

Délai d’attente :
Trois à quatre jours.
C’est une plante herbacée envahissante pouvant
Remarque :
atteindre un mètre de haut et même plus sous de
Ne jamais utiliser des feuilles de tabac malades bonnes conditions. Elle préfère les sols fertiles et
pour la préparation du produit, parce que la ma- se trouve souvent près des villages.
ladie (spécialement la mosaïque virale du tabac)
Il y a 2 méthodes de préparation :
pourrait être facilement transmise à des plantes de
même famille que le tabac, comme la tomate, le
5
a) Prendre 1 kg de feuilles, tiges, fleurs ou graines, priétés insecticides les plus fortes. Pour cela, il est
les écraser et les faire tremper dans 10 litres d’eau nécessaire d’essayer différentes plantes récoltées
additionnée de 2 cuillères à soupe de pétrole et en différents endroits et en utilisant différentes mé-
de savon. Laisser reposer au moins 3 heures, puis thodes de préparation à petite échelle.
filtrer et utiliser tout de suite.
Voici comment des cultivateurs de Babanki Tungo
b) Prendre 1 kg de feuilles, tiges, fleurs ou grai- ont éprouvé une nouvelle méthode d’application :
nes, les écraser et les mettre dans 5 litres d’eau
additionnée de deux petites cuillères de pétrole. Les cultivateurs traitent les plantons de choux en
Chauffer pendant 10 minutes sans porter à ébulli- pépinière avec un insecticide à base de “tabac
tion, puis filtrer et ajouter du savon. Diluer dans 10 sauvage” contre les pucerons. Mais cette méthode
litres d’eau et utiliser tout de suite. n’était pas très efficace et ils pratiquèrent de la
manière suivante : lors de la transplantation, ils
Délai d’attente : ont trempé les plantons (tiges et feuilles, mais pas
les racines), dans la solution insecticide préparée
4 à 5 jours. dans un seau. Ainsi tous les parasites sont touchés
et détruits.
8. Facteurs influençant l’efficacité.
Cet exemple montre que les cultivateurs ont dé-
L’efficacité des insecticides dépend de différents veloppé eux-mêmes des méthodes meilleures
facteurs, soit pour protéger leurs cultures. Chacun peut faire de
même, et c’est avec plaisir que nous recevrons nos
a) les plantes utilisées. expériences.
L’efficacité insecticide varie d’une plante à l’autre
suivant les conditions où elle a poussé (sol fertile IV STOCKAGE DU MAÏS
ou non, en saison sèche ou saison des pluies, en
altitude élevée ou basse). Lors du stockage du maïs, il est toujours très im-
portant de s’assurer que le maïs est bien sec pour
Elle est aussi différente en fonction de l’âge de la éviter les moisissures. Il devra aussi être protégé
plante. des rats et souris.

Les variétés locales sont aussi de qualité varia- Mais en plus de ces dégâts, les pertes les plus im-
ble : la variété de ricin avec un tronc rouge est portantes sont causées par les charançons, on peut
plus efficace que celle ayant un tronc vert, par utiliser deux méthodes naturelles :
exemple. Il en va de même pour les différentes
variétés de tabac, piment et autres. a) utilisation de feuilles répulsives.
b) cendre ou feuilles sont mélangées avec les
b) la méthode d’application graines de maïs pour tuer les charançons.
Par temps sec, les applications sont plus effica-
ces. De ce fait on ne devrait jamais faire d’appli-
Méthode (cultivateurs de Ngondzen)
cation sur des plantes mouillées ou lors de risque Les épis de maïs sont bien séchés après la récolte
d’orage. et stockés dans des cribs en bambous ou on al-
terne des couches d’épis et des couches de feuilles
c) la préparation de plantes odoriférantes telle que le “plectranthus
glandulosus” (kindzem), ou le “clausena anisata”
Il est très important que le produit ne soit pas ex-
(sejaf). L’odeur de ces feuilles repousse les cha-
posé aux rayons du soleil avant son application. Il
rançons étant déjà dans les graines, la méthode
faut surveiller les quantités préparées et la tempé-
ne serait pas efficace. Cette méhode est recom-
rature lors de l’application
mandée seulement pour les régions d’altitude, là
Les cultivateurs et les animateurs doivent tenir où les charançons ne se multiplient pas trop vite
compte de tous ces facteurs lorsqu’ils utilisent des à cause de la température plus fraîche. En région
insecticides tirés de plantes. Ils doivent découvrir plus basse (Bamenda et alentours), les charançons
dans quels endroits les variétés locales ont les pro- attaquent les graines généralement déjà dans les
champs et cette méthode n’est pas efficace.
6
 Caféier
Les mineuses des caféiers viennent d’insectes dont
les larves attaquent la base des tiges des jeunes
plantes ainsi que les racines en faisant des trous et
en dévorant l’intérieur. Si l’attaque est découverte
assez tôt, elle ne provoque pas de dégâts trop im-
portants. On voit les trous, avec des traces de sciu-
res. Les trous doivent immédiatement être bouchés
avec de la boue, de la cire d’abeille ou du coton
V PIÈGES POUR LES RONGEURS imbibé de pétrole. Il est aussi possible d’introduire
un fil de fer dans le trou pour tuer les larves, mais
Expérimentés au Centre de Formation Rural de
le trou devra toujours être refermé par la suite. Gé-
Mfonta.
néralement, il y a cinq larves par tige.
Les rongeurs et particulièrement les rats sont res-
ponsables d’énormes dégâts provoqués aux récol- Bananiers
tes au champ ou lors du stockage.
La mineuse du bananier provient aussi d’un insecte
Nous les avons combattus avec succès avec un qui provoque le jaunissement des jeunes plants et
simple “seau-trappe”. l’affaiblissement des plants plus âgés qui tombent
plus facilement par le vent.
Méthode : on peut utiliser un fût d’huile de 20
litres ou tout autre récipient similaire auquel on Pour réduire ces attaques, voici ce qu’on peut
enlève le dessus. Il est mis dans le sol, le bord faire :
supérieur étant au niveau du sol. Le récipient est
à moitié rempli d’eau et couvert d’un lit de fines
• Pour éviter la multiplication des insectes, on
coupe les tronc de bananiers dont on vient
tiges d’herbes et de feuilles sur lequel on dépose
de cueillir le régime aussi bas que possible.
un appât (maïs ou arachides).
On recouvre la souche de terre et on coupe le
Si on n’a pas de fûts ou de récipients similaires. tronc en morceaux pour qu’il sèche plus vite.
On peut creuser un trou dont on renforcera le fond
avec de l’argile ou du ciment pour retenir l’eau.
• Les rejets détachés du pied-mère devraient être
couverts et ne jamais être laissés sur place
Grâce à cette méthode, nous avons pu attraper pendant la nuit, les insectes déposant leurs
jusqu’à six rats par piège et par nuit. oeufs pendant la nuit.

Evidemment, il faut contrôler ses pièges chaque • Ils doivent être préparés avec grand soin et
jour et le recouvrir avec l’herbe et l’appât. être débarassés des vieilles racines et de
toutes parties nécrosées ou abîmées.

VI LUTTE CONTRE LES • On peut tremper les rejets dans de l’eau

chaude (55-60°C) pendant 10 à 20 minutes
CHENILLES MINEUSES avant de les planter. Cela détruira également
les nématodes. Mais attention de ne pas brûler
Les chenilles mineuses sont des parasites qui
les rejets.
vivent à l’intérieur des plantes et provoquent de
nombreux dégâts, notamment aux caféiers, aux ba- • Sarclage et fumure abondante, ainsi
naniers, maïs, sorgho, palmiers, etc. qu’élimination des rejets inutiles et des feuilles
mortes sont essentiels.
C’est très difficile de lutter contre ces parasites
qui sont bien protégés en vivant à l’intérieur des
plantes. Il est donc important de prévenir leurs
attaques par différentes méthodes culturales telles
que celles citées ci-dessous.

7
Maïs Après la récolte du maïs, les tiges sèches devront
être coupées en morceaux et enterrées assez pro-
La pyrale du maïs est une sorte de papillon dont la fondément. Suite à une forte attaque, on ne devrait
larve vit à l’intérieur de la tige de la plante. A un pas semer à nouveau du maïs sur le champ in-
stade plus avancé, on peut aussi les trouver dans festé. Respecter une bonne rotation des cultures,
les jeunes épis. Les dégâts sont particulièrement mettre du maïs seulement tous les deux ans sur un
importants après une période sèche ou l’insecte et champ, permettront de maintenir la population des
ses larves ne sont pas dérangés par les grandes parasites à un niveau bas.
pluies.

Toutes les plantes infectées devraient être enle-

vées et brûlées pour éviter une nouvelle attaque
plus tard dans l’année.

Traduction en français :
SeCaARC.P 305-1000 Lausanne 9-Suisse
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