N 15 Belhalfaoui Melhoun
N 15 Belhalfaoui Melhoun
N 15 Belhalfaoui Melhoun
relève*
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Mohammed BELHALFAOUI
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Cet article est le premier chapitre d’une thèse inédite rédigée en 1977 sous le titre : « Le
poésie arabe algérienne d’expression dialectale du XVIè siècle à nos jours : sa langue, ses
thèmes, ses chefs d’œuvre, ses grands auteurs. Une production classique, une relève », 414
pages. Quelques modifications de pure forme ont été apportées à la version originale tel,
principalement, le rejet des références bibliographiques incluses par l’auteur dans le corps du
texte en bas de page.
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Né à Oran en 1912, mort à Bobigny en 1993, cet homme de lettres algérien s’est intéressé
d’une façon passionnée, au théâtre, dont il a traduit quelques pièces du répertoire universel en
arabe algérien (Don Juan, l’Ecole des femmes (Molière), l’Exception et la règle (Brecht), les
Tisserands(Hauptmann)), au melhoun et aux contes populaires algériens. Il est l’auteur de :
La poésie arabe maghrébine d’expression populaire, Maspéro, 1ère éd.1973, 206
pages. 3 éditions successives.
Victoire assurée (Souvenirs : Algérie 1920-1954), Sned-Publisud, 1983, 150 pages.
Sa fille, Aïcha, aujourd’hui disparue, a publié, sous le nom de Nina Hayet, une biographie
romancée de son père, intitulée « L’indigène aux semelles de vent »( 2001, éditions Tirésias,
Paris, 161 pages). Elle y écrit, à propos de cette thèse : « Tel fut d’ailleurs le sujet de ta thèse
de doctorat d’Etat que tu ne pus soutenir, ton directeur de thèse ne partageant pas ton opinion
sur la facture classique de l’arabe algérien dont tu fais pourtant la cinglante démonstration.
Tu aurais pu supprimer les pages incriminées, négocier, composer, mettre de l’eau dans ton
vin, quoi ! Et tu l’aurais eu ton titre de Docteur d’Etat ! On aura compris que tu n’étais pas
homme à te contenter de demi-mesures.C’était tout ou c’était rien ! Ce fut rien.
Car l’enjeu était de taille ! Tu bataillais depuis trop longtemps — ta vie entière ! — à
réhabiliter la langue de ton peuple pour abjurer, quitte à perdre le titre suprême auquel tu
avais aspiré toutes ces années, ce que, de toute la force de ton âme, tu tenais pour vrai.
Autant te demander d’affirmer, la main sur le cœur, que ta mère, ton père et le peuple du
Couchant tout entier, étaient sans culture, sans racines et sans âme. Autant te demander de
jurer que la terre des hommes, de tous les hommes, ne tournait pas autour d’un astre de
lumière dans sa course effrénée vers le progrès et vers la liberté. Autant, pour de bon, te
déculotter, et dire à ceux qui, longtemps, n’ont attendu que ça : « Je me suis trompé. ».
La solitude, tu ne connaissais que cela, elle était ton lot. Le reniement de tes convictions les
plus ancrées pour un titre de Docteur d’Etat ? Jamais! C’était à prendre ou à laisser et, bien
sûr, tu as choisi de laisser. Le résultat de ce travail — 400 pages denses et argumentées avec
toute la passion et le pouvoir de conviction dont tu étais capable — nous le gardons par-devers
nous pour qui voudra bien, un jour, le publier. » (pp.121-122).
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Le Melhoun : une production classique et une relève
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La poésie arabe maghrébine d'expression populaire, défense et illustration d'une poésie
classique, d'expression « dialectale », Ed. F. Maspéro, Paris 1973. Abrév. Poésie populaire.
5
Die Welt des Islams, 1-4, XV, pp.268-269, W.Hoenerbach, Bonn.
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Mohammed BELHALFAOUI
lorsque nous avions constaté que, dans notre premier travail, nous
avions en somme donné les pièces les plus précieuses de nos cahiers
familiaux personnels.
Plusieurs travaux, parus ces derniers temps, nous ont montré que
ce domaine de la poésie arabe d'expression dialectale commençait à
susciter le plus vif intérêt parmi d’éminents lettrés arabes, ainsi que
dans le grand public. Trois auteurs en particulier nous ont comblé
d'aise par leurs préoccupations qui sont les nôtres : le poète libyen
Mohammed Saïd El-Qachchât, avec ses études sur la culture
populaire en Libye, la poésie libyenne d'expression arabe dialectale,
ainsi que ses propres productions poétiques ; Monsieur Mohammed
EI-Merzouqi avec sa "Littérature populaire en Tunisie" et dont la
partie de loin la plus importante est consacrée à la poésie
d'expression dialectale, enfin Monsieur Abbas Ben Abdallah EI-
Jarrari, avec sa thèse de doctorat d'Etat soutenue au Caire et publiée à
Rabat en 1970 : "le zajal au Maroc"6. Signalons que les travaux de
ces trois auteurs sont rédigés en arabe et qu'en outre, ils furent pour
une bonne part, la cause notre décision de restreindre, en apparence
le sujet de notre présent travail.
En apparence seulement, disons-nous. Car plus nous avancions
dans nos recherches et dans nos réflexions, plus nous étions persuadé
que le domaine d’investigations était si vaste, que ce serait déjà fort
ambitieux de s'en tenir à l’Algérie, avec ses contrées immenses et
variées, et qui recèlent tant de richesse dont nous espérons bien
qu'elles finiront un jour par être à peu près toutes découvertes et
diffusées à temps. Déjà il semblerait que l'on puisse faire état d'un
bilan presque exhaustif pour la moitié ouest de l'Algérie, ainsi que
pour le sud algérien, depuis la région d'El-Bayadh (Oulad Sid
Echchikh) à Sidi Khaled et Biskra.
un jour viendra où les lettrés arabes et beaucoup de jeunes en
particulier commencent déjà à n’être plus si indifférents, ou si
méfiants, un jour viendra où ces lettrés arabes, ainsi que les
orientalistes non-arabes connaîtront davantage l'importance et la
valeur de la poésie arabe d'expression dialectale. Après
M.C.Sonneck, Alfred Bel, G.Delphin, le comte Henry de Castries,
Enno Littmann, A Socin, Hans Stumme ; après Si Mohammed
6
Sur « Muhammed Belkheir », par Boualem Bessayah, v.note, p.379.
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Le Melhoun : une production classique et une relève
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7
Conf. Infra, p.252.
8
M.Pérès, la littérature arabe et l'Islam par les textes, 19e et 20e siècles, Avant-propos, p.V.
9
Ibid. Intr. note l, p.V.
72
Le Melhoun : une production classique et une relève
10
André Miquel, La littérature arabe, coll. "Que sais-je?", Paris, 1969 pp. 85-86.
11
Ibid. p.85.
12
Ibid. p.86.
13
Ch.Pellat, Langue et littérature arabes, Armand Colin, 2è éd., Intr., p.12.
14
Voir aussi : Johann Fück, El‘Arabiyya , trad. Denizeau-Cantineau, Paris 1955,
p.192 : « ...les siècles les plus sombres pour l'histoire des Arabes, mais aussi de leur langue... ».
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15
Ibid. p.184.
16
Tr. De Slane, Les Prolégomènes, T.II, p.406 avec quelques légères retouches, en confrontant
traduction et texte arabe.
17
Ibid p.409.
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Le Melhoun : une production classique et une relève
18
Cahiers du Sud, 1947, pp.73-91.
19
Op.cit. pp.90-91.
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20
Un exemple éloquent est celui de cet ouvrage sur "EI-adab al-maghrebi", de M.Bentawit et
de M.Essadiq Afifi, (Beyrouth, 1969), dont les 514 pages ne soufflent mot de Abdelaziz El-
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Le Melhoun : une production classique et une relève
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Par contre, une simple chanson d'amour, dont l'auteur est tombé
dans l'anonymat (jusqu'à nouvel ordre) cette simple chanson d'amour
est fort connue et fort appréciée des connaisseurs, parce qu'il s'agit
d'authentique poésie:
"J'ai beau raisonner mon coeur, Il ne m'obéit pas, Et toujours il
me pousse vers les précipices dangereux"
(Nrâwed fî galbî w-lâ s’afnîch, Dîmâ yehmelnî men jrâf l-
aw’âr…). Nous y reviendrons21.
En vérité, les auteurs de melhoun sont le plus souvent au moins
des talebs. Il ne s'agit pas d'une culture bien supérieure. Mais l'on sait
au moins le Coran par cœur. Et si l'orthographe est parfois
fantaisiste, l'auteur est sûr de son vocabulaire ; il maîtrise
parfaitement sa langue. Il en est de même des transmetteurs, dont
l'importance est encore plus grande pour la survie des pièces qu'ils
consignent dans leurs précieux cahiers personnels, cahiers qui se
conservent et passent pieusement de génération en génération.
Et c'est ainsi que fut réalisé le miracle. Miracle qui fit que le
"ghetto" n'en était pas un. Que l'on s'y trouvait même tout à fait à
l'aise. Entre soi. Entre connaisseurs. Et d'abord, les troubadours eux-
mêmes. Le plus souvent, ils savent lire et écrire. Ce sont quelquefois
de grands lettrés, de temps en temps, des faqihs. Nous nous sommes
laissé dire que le regretté Cheikh Elbachir EI-Ibrahimi sacrifiait lui
aussi à la poésie en melhoun. Or il s'agit d'un fin lettré, d'un grand
savant en matière d'islamologie, et qui a succédé à ‘Abdelhamid Ben
Badis à la présidence de l'Association des Oulémas d’Algérie.
Un de nos amis, le Cheikh Nwiwet22, dit Si Moussa de Bordj-
Bou-Arreridj, professeur d'arabe et homme de lettres, est également
un poète de melhoun très apprécié. Malheureusement, il ne veut
point diffuser ses productions de son vivant parce qu'il affectionne le
genre satirique, et qu'il ne voudrait causer de peine à personne. Ce
poète en melhoun prononça un jour un discours devant une
assemblée réunie à Sétif en l'honneur de Ben Badis. Bien des
passages de cette intervention, en arabe classique, en vers, eurent
l'honneur d'être "bissés". Et l'on entendait quelqu'un, ici et là, crier
dans le silence religieux: « a ‘id! ».
21
Infra, pp.163, 253,266 à 271(« Dâ jîdî men Haira… »).
22
Alias Moussa- l' ahmâdî.
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Le Melhoun : une production classique et une relève
Non, les troubadours algériens ne sont pas tous des illettrés. Tant
s'en faut. Il peut arriver qu'un poète ne sache ni lire ni écrire. Mais il
sait le Coran ou des chapitres entiers du Coran par cœur. Il est nourri
de hadits, de légendes, de contes édifiants et profanes, de proverbes,
de sagesse populaire et possède, en somme, un bagage bien
substantiel pour n'être point considéré comme un ignorant, dans un
milieu social où le mot de "jâhel" constitue une réelle insulte.
Et il y a les transmetteurs. Ces vrais amants du melhoun. Leur
ferveur est touchante. Et elle n'est pas toujours inconditionnelle.
Souvent ils savent distinguer les chefs-d'oeuvre des pièces
médiocres, ou d'autres — il y en a bien sûr— qui ne seraient que
tissus de platitudes. Le grand chanteur et poète Cheikh Ben Hmida
d'Oran, entendit un jour deux élégies sur le Saint homme Sid EI-
Hasni qui venait de mourir. De l'un des auteurs, un poète amateur
oranais, il dit qu'il s'agissait d'un « rzâïmî». Entendez : quelqu'un
dont les vers étaient assénés à coups de "rzâma" (pilon de mortier!).
Le deuxième auteur était une femme. Une chanteuse
professionnelle qui intervenait souvent en poétesse véritable. Le
cheikh connaisseur dit d'elle que ses trouvailles étaient originales et
dignes d'un vrai troubadour. De la même poétesse-chanteuse une
maman de notre entourage a dit par contre: "ses chansons, c'est de la
parole de tous les jours, et sans charme". Ayant recueilli un assez
grand nombre des chansons de cette dame bien connue à
Mostaganem et à Oran, nous avons pu constater la trop grande
sévérité du jugement. Nous donnerons en temps opportun quelques
échantillons de feue Khaïra-SSebsajiyya23 dont sa propre fille, âgée
de plus de quatre-vingts ans, a bien voulu nous dire et nous chanter
de nombreuses pièces qu'elle nous a autorisé à utiliser. Car les
transmetteurs sont souvent en même temps des chanteurs
professionnels.
Et les fameux cahiers sont leurs instruments de travail. Témoins
les exemples que nous venons de donner. Et leur activité s'exerce —
elles s’exerçaient beaucoup jusqu'à ces dernières années — dans les
cafés maures, sur les places publiques, lors des grandes rencontres,
— à la campagne surtout —, au cours des fêtes de villages ou en
l'honneur des saints du cru, et qui connaissent les affluences des
23
Voir infra, pp.254 à 265, et 176, 345.
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grands jours. Mais la masse des transmetteurs est constituée par les
simples amateurs qui constituent eux-mêmes leurs collections, les
copiant les uns sur les autres, afin de les lire, pour soi, aux amis, dans
les veillées familiales. Des veillées dont nous avons décrit une dans
notre "Poésie Arabe Populaire"24.
Et bien entendu, il y a les masses populaires qui font fête aux
chanteurs. En particulier dans les noces. Pratique qui était très en
vogue il n'y a pas très longtemps. C'est là que l'on était régalé de
poésie et de chansons. Ces matinées et soirées, données à l'occasion
des mariages et des baptêmes, constituaient les uniques distractions
du commun des mortels. En outre, il n'y a pas bien longtemps non
plus, presque tous les cafés avaient leurs collections de disques qui
dispensaient ces chansons tant aimées, aux consommateurs et aux
passants.
Car la poésie en melhoun n'est pas inconnue.
C’est même exactement le contraire. En dépit des lettrés et faqihs
boudeurs, ou des semi-lettrés pédants.
Nous mettons à part ceux qui craignent sincèrement que cet arabe
dialectal ne fasse concurrence à la langue classique et ne retarde
l'arabisation, des jeunes surtout, devenus parfois entièrement
francophones (lorsqu'ils ne jargonnent pas le français avec
complaisance par un snobisme bizarre). Nous sommes persuadés au
contraire que la pratique du melhoun, du vrai, celui qui est digne de
ce nom, celui de Mohammed Belkhaïr et de Benguitoun et de tant
d’autres vrais grands poètes algériens, contribuerait sous la forme la
plus sympathique à cette arabisation25.
En dehors de la nécessité de sauvegarder les richesses d'un
patrimoine de premier ordre.
De premier ordre, et qui a toujours été répandu à travers tout
le pays. Autrement, comment expliquer la conservation de
quelque quarante chansons de Bna Msayeb, de plus de
cinquante pour Mestpha Ben Brahim, et d’une quarantaine
aussi de Ben Khlouf, quarante chants qui ont résisté à l’usure
de quatre siècles !
24
Paris, 1973. Op.cit, pp.25-29.
25
Conf.infra, pp.252/253.
80
Le Melhoun : une production classique et une relève
26
pp.30-31.
81
Mohammed BELHALFAOUI
27
Et William Marçais, dans la première décennie de ce siècle !.
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Le Melhoun : une production classique et une relève
lui auraient donné ses lettres de noblesse. De même que l’on se prend
à rêver aux résultats qu'auraient donnés les explications littéraires à
la française,— structuralistes, selon les "techniques de pointe" les
plus poussées, ou seulement traditionalistes — appliquées au
merveilleux chant d'amour de Benguennoun (Mascara, 19è siècle)28:
« Goul-e-lsî Mouhammed lâ ighidak hâlek,
Qâder telga ‘aïn ettaïr kîf-e-zmân… »
(Dis à Si Mouhammed: "Ne te désole point,
Peut-être rencontreras-tu la belle aux yeux de faucon comme
avant..)
Un chant qui comporte, entre autres, un vers unique, dont le seul
premier hémistiche est si chargé de tendresse, d'émotion ineffable et
d'intraduisible poésie, qu'il vaudrait tout un poème:
« Lâken moul el ‘achq hbîl, yehsen ‘awnek… »
(Mais celui qui aime, il perd la raison ; et l'on te doit de la
compréhension...).
Que l'on veuille bien nous pardonner cette traduction qui tue
le charme infini et indéfinissable de l'original.
Laissons le rêve. Revenons à notre réalité: les grands maîtres dont
nous parlions étaient surtout des linguistes et des dialectologues ; et
ceux qui parmi eux sont des historiens de la littérature, ce sont les
productions d'expression classique qui retiennent leur attention. Karl
Brockelmann l'avouait:
« Malheureusement, nous ne connaissons les dialectes vulgaires
du Moyen-Âge que par de maigres notices des grammairiens, et par
des échantillons de la vraie langue parlée, plus rares encore, comme
les quelques textes de chants bédouins donnés par l’historien Ibn
Khaldoun. Ce n'est qu'au XIXè siècle que des savants européens ont
étudié les dialectes arabes parlés aujourd'hui »29.
Or KarI Brockelman est l'auteur de cette fameuse « Geschichte
der Arabischen Litteratur »30. « Répertoire exhaustif
31
indispensable » . Et trois lignes plus loin:
28
Voir infra, pp.273 et suiv., et p.335.
29
Semitische Sprachwissenschaft, Leipzig,1906, traduit en français par William Marçais et
Marcel Cohen, Paris 1910, pp 42-43.
30
2 vol, Weimar-Berlin, 1898-1902, 3 vol. de supplément et refonte en un volume, Leyd, 1937
et suiv.
31
Ch. Pellat, Langue et littérature arabes, op. cit. p.9.
83
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32
Ibid. p.9.
33
Prolégomènes, tr. De Slane, T, III, p.405, Note 5.
84
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34
Etude sur le dialecte et la poésie populaire de l'Afrique du Nord ,en trois grands volumes in-
4, 224 pages, 340 pages, et XXIII pages + 121 pages, Paris 1904.
35
op.cit. Intr. pp.IV, V, VI, VII, et notre Poésie Ar. Pop., op.cit. pp.21-24.
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36
Conf. Nos espoirs exprimés dans nos « Recherches » (op. cit. p.VI et VIII) en 1969 déjà, et
renouvelés in « Poésie Arabe Populaire » (op.cit. p.32) en mai 1973!
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Le Melhoun : une production classique et une relève
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Johann Fück, El ‘Arabiyya, traduction Denizeau-Cantineau, Paris 1955, p.193.
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