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Note préliminaire : Ce travail retranscrit l’expérience tirée de mes propres activités en tant que chef de l’état-major à la
direction en charge de la numérisation d’une autorité fédérale supérieure, l’Office fédéral pour la gestion du personnel
de la Bundeswehr de 2018 à 2022 – comparable au Secrétariat général pour l’administration (SGA) – et développe des
solutions concrètes et universelles pour des États démocratiques dotés de systèmes budgétaires planifiés et d’une adminis-
tration centrale.
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Neil ARMSTRONG
C
rise climatique, pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, pénurie de main-
d’œuvre qualifiée, crise démographique, les crises sont partout, mais nous
n’avons aucune vue d’ensemble de son ampleur. Si nous voulons que cela
change pour affronter les prochaines, nous devons rapidement modifier la mentalité de
nos administrations et veiller à davantage de mises en réseau et d’échanges. Nous
sommes au cœur d’une situation d’urgence et nous devons développer des idées pour
agir. Nous devons, dès à présent, permettre une transition numérique significative de
nos administrations publiques ou nous serons rapidement dépassés par le changement.
Nous avons, par conséquent, besoin de structures et de technologies fonctionnelles et
économes en ressources dans l’administration.
Nous ne disposons pas d’une image complète de la situation actuelle qui serait
basée sur des données. Nous n’utilisons pas les énormes quantités de données dispo-
nibles, nos moyens de communication sont saturés et souvent interrompus. Nos trans-
ferts de données se bloquent régulièrement en raison de l’absence d’interfaces. Et nous
ne savons pas vraiment qui en est responsable, et encore moins qui doit en assurer la
maintenance.
Le plus grand défi à relever est de changer la manière dont les administrations
construisent leurs réseaux et leurs systèmes numérisés. La loi dite de Conway (1)
(1)
« Toute organisation qui conçoit un système (défini plus largement ici que le simple système d’information) produira
inévitablement une conception dont la structure est une copie de la structure de communication de l’organisation. »
CONWAY Melvin E., Comment les comités inventent-ils ?, 1968 (http://www.melconway.com/research/committees.html).
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Transformation numérique
de l’administration : la recherche d’efficacité et d’agilité
explique que les systèmes de communication qui n’utilisent pas de structures arbores-
centes hiérarchiques sont sujettes aux dysfonctionnements, et qu’elles vont à contre
sens de la transformation numérique. Actuellement la transformation numérique des
administrations n’est souvent réalisée que dans leur intérêt propre. Initialement, ces
administrations ne conçoivent pas une mise en réseau vers des tiers ni un import-
export de données, avec pour conséquence majeure que leurs systèmes informatiques
ne sont en général ni accessibles ni utilisables par des personnes extérieures. C’est
encore plus vrai pour les systèmes manipulant des données sensibles ou classifiées.
Dans un contexte de numérisation de la fonction publique et de transparence qui en
découle, il apparaît que les membres de l’administration craignent souvent pour la
survie de leur propre structure et des processus qu’ils ont péniblement mis en place. Ils
craignent aussi pour leurs effectifs, souvent gravés dans le marbre et qui sont un signe
de l’étendue de leur pouvoir ou de leur importance, ainsi que pour la remise en cause
d’une hiérarchie interne bien établie.
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Contexte de l’administration publique
Le niveau politique, qui comprend les secrétaires d’État et les ministres ainsi
que les hauts fonctionnaires et hauts gradés du ministère de la Défense, se voit attribuer
le rôle de « responsables des ressources » du niveau politico-stratégique. Contraints par
les faibles ressources allouées, ils prennent le plus souvent, selon des processus
complexes, des décisions qui visent à réduire les moyens nécessaires alors que les tâches
à réaliser ne cessent d’augmenter (figure 1).
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Transformation numérique
de l’administration : la recherche d’efficacité et d’agilité
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Le besoin de numérisation de l’administration générale n’est donc pas jugé
prioritaire. Depuis des années, voire des décennies, on investit trop peu et trop tard
dans la numérisation de l’administration en raison de l’absence de priorisation pour
une matière jugée « inerte » ou insuffisamment opérationnelle (2). À tous les égards,
ceci est incompréhensible alors que l’on se trouve aujourd’hui dans un contexte
d’interpénétration des processus administratifs entre l’ensemble des directions, services
et armées, jusqu’au niveau individuel.
A contrario, nous sommes envahis dans notre vie privée par des applications
numériques et des possibilités de traitement administratif de données qui sont en déca-
lage croissant avec ce que l’on trouve dans nos environnements de travail (écart tech-
nologique). Ainsi, les employeurs publics ne peuvent pas répondre au souhait de
simplifier les environnements de travail et de les débureaucratiser, ni au souhait des
candidats, réservistes, collaborateurs, clients, demandeurs, etc., d’être mieux et plus
vite pris en compte. Le ministère ne doit pas perdre le contact avec la technologie
actuelle pour ne pas perdre en attractivité et en motivation pour ses employés et sa
« clientèle ».
D’un point de vue systémique et stratégique (outre les effets néfastes sur le
recrutement et la fidélisation), il s’agit d’un domaine traité avec la plus grande négli-
gence, y compris dans l’optique d’éventuelles économies en personnel obtenues par la
mise en place de tels systèmes de numérisation.
(2) TORO Aurélie, « Où en est-on de la digitalisation en Europe ? Statistiques, chiffres, comparaisons » [en allemand],
Sherpany (https://www.sherpany.com/de/ressourcen/digitale-transformation/digitalisierung/digitalisierung-statistik/).
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Transformation numérique
de l’administration : la recherche d’efficacité et d’agilité
Sachant que les économies en personnel sont le plus souvent compensées par
d’autres besoins dans les domaines où le personnel fait défaut. La requalification de
personnel administratif, obtenue par la numérisation, permettrait alors d’améliorer
sensiblement l’efficacité de l’administration. Cette requalification réduit, en outre, la
pression sur le recrutement. Des besoins moindres entraînent, pour un nombre de
candidats inchangé, une amélioration de la sélection.
La numérisation de l’administration apparaît comme un levier significatif
d’économies en termes de personnel et de coûts de fonctionnement, et permettrait un
transfert de ressources pour augmenter, si nécessaire, la part d’investissement de l’État
dans le secteur de la défense, tout en réduisant la pression sur le recrutement en
personnel.
L’intérêt de l’échelon politique est avant tout d’agir au niveau tactique et dans
l’immédiateté ; les succès visibles, le dynamisme, l’esprit de décision et la rapidité de
mise en œuvre ont une grande valeur pour l’homme politique. Toutefois, l’efficacité
des réformes dans une perspective de long terme est souvent limitée par les événements
de l’actualité (figure 2). Dans l’espace politique, on constate un phénomène perma-
nent de « tempête dans un verre d’eau » (presse, friction, besoin et exigence élevés de
communication). Il en résulte que les directives politico-stratégiques, si urgentes,
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manquent cruellement de planification clairvoyante et de long terme. Le fait d’agir
seulement après une impulsion de la hiérarchie, phénomène particulièrement marqué
dans l’administration, mais aussi le contexte souvent mal compris de la « primauté de
la politique », explique, en partie, la si lente numérisation de l’administration.
Compte tenu de la nécessité de planifier à long terme et d’établir des processus
budgétaires bien ficelés, la trop faible durée de mandat de nos décideurs, comprise
entre 3 et 5 ans, se trouve en complète contradiction avec la rapidité et la visibilité
exigées par l’action politique. En raison de leur complexité et de leur durée, les processus
de planification et de conduite stratégique de tels projets sont fondamentalement
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inadaptés aux ambitions personnelles des hommes politiques ou des hauts fonction-
naires. Un dilemme classique mais qui, selon l’auteur, peut être résolu.
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concrètes.
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Technologie et disruption
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et les assurances communiquent désormais via des applications sur nos smartphones et
accordent l’accès à vos comptes au moyen de procédures d’authentification simples.
Grâce à ces procédures, les modifications des données personnelles peuvent être immé-
diatement introduites dans les systèmes de traitement des données basés sur le Cloud.
Il existe des procédures de signature numérique pour la conclusion de contrats et des
boîtes aux lettres électroniques spécifiques qui permettent de transmettre en toute
sécurité des dossiers utilisables par les tribunaux. Les demandes administratives sont
soumises via des formulaires en ligne et sont traitées et validées exclusivement par
une communication électronique. Des chat-bots auto-apprenants répondent automati-
quement aux « Frequently Asked Questions (FAQ) » et des algorithmes de recherche
dotés d’une IA déterminent vos préférences à partir de données connues puis vous
transmettent de manière proactive des offres sur mesure (gestion du personnel, publi-
cité, assurance, banques, etc.) Les offres numériques énumérées ici sont aujourd’hui
quasi absentes de l’administration des forces armées. Nous devons utiliser ce potentiel
technique émergent, tout en sachant que la tâche à accomplir sera gigantesque.
Il est particulièrement frappant – mais c’est aussi dans la nature des choses –
que dans le domaine de l’administration, il y ait proportionnellement nettement
moins de scientifiques, d’informaticiens et de spécialistes de la logistique, et beaucoup
plus de juristes et de spécialistes des sciences humaines. De par leur formation et leur
appétence, ces derniers sont plutôt à l’aise dans des domaines non techniques où l’on
communique à l’oral et par écrit. Ils évoluent dans des espaces analytiques, basés sur
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dans son service, mettre en œuvre la numérisation et suivre les innovations, se doit en
tant que cadre responsable – indépendamment de sa filière de formation – de pouvoir
agir dans les quatre champs de la numérisation (voir figure 2) et vouloir acquérir des
connaissances transverses, y compris dans le domaine technique. Néanmoins, ce type
de cadres ayant la volonté d’agir et de créer est rare. Les identifier, les encourager et les
accompagner s’avère être un autre facteur déterminant de la réussite de la numérisation.
(3)
TORO Aurélie, op. cit.
(4) PORCHET Maurice, Les jeunes et les études scientifiques : les raisons de la désaffection, un plan d’action (Rapport), minis-
tère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, 2002, 92 pages (www.education.gouv.fr/).
(5) BEIL Julia, « Das Bild vom männlichen Computer-Nerd hält viele Frauen davon ab, Informatik zu studieren – sagt
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Transformation numérique
de l’administration : la recherche d’efficacité et d’agilité
données ont besoin d’interfaces et d’accès plus ouverts vers l’extérieur afin de pouvoir
utiliser pleinement les avantages et les potentialités de la numérisation.
Pour cela, le modèle de données tel que nous le connaissons aujourd’hui doit
être fondamentalement repensé. Aujourd’hui, l’existence d’un seul champ de données
particulièrement sensible (par exemple l’appartenance à une communauté religieuse ou
des chiffres à garder secrets) au sein d’un ensemble de données par ailleurs simple
entraîne une protection extrême de cet ensemble. L’objectif serait donc de créer les
conditions préalables à une transmission numérique interne au sein de l’administration,
par exemple par le biais de filigranes de sécurité sur les données individuelles et une
conservation dupliquée des données simples. Cela permettrait une manipulation
nettement simplifiée des données. Elle serait comparable à celle que nous connaissons
dans notre environnement privé, comme dans le domaine des banques, des assurances
et des plateformes commerciales.
1. Avec des budgets fixés à long terme qui, par principe, ne tiennent jamais
compte de ce qui est souhaitable pour toutes les parties prenantes, la lutte pour obtenir
ce qui est juste nécessaire dans son propre domaine de responsabilité est une lutte
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d’influence et de positionnement.
2. Les cadres réglementaires et législatifs pour la mise en œuvre de projets
d’armement ou pour le traitement de grandes quantités de données sont, pour la
plupart, inadaptés à la numérisation rapide et à l’utilisation de technologies disruptives
et innovantes. La violation des règles ou l’action dans les zones grises du droit et des
règles fait partie des approches innovantes de la numérisation. La numérisation
engendre la mise en place de règles de sécurité informatique et de protection des
données, mais aussi l’émergence d’une dimension éthique de l’utilisation des données.
La différence entre un comportement conforme aux règles et la violation de ces règles
directes ou indirectes est souvent minime ou diversement interprétée. La numérisation
innovante de l’administration nécessite un accompagnement juridique placé au plus
près des innovateurs, afin qu’ils gardent à l’esprit ce qui est faisable et responsable.
3. Parmi les collaborateurs et collaboratrices, il existe un premier groupe qui
veut travailler exclusivement dans le respect des règles, selon ses propres compétences
et dans un cadre juridiquement inattaquable. C’est la majorité. Il y a un 2e groupe, qui
est prêt à travailler dans des zones grises de la numérisation et enfin un 3e groupe qui
ne craint pas de violer les règles. L’identification du 2e et du 3e groupe, leur guidage
ciblé vers des espaces décisionnels d’innovation et de développement sont des éléments
essentiels d’une numérisation réussie.
4. Ceux qui travaillent avec des produits logiciels et matériels sur la gestion
administrative des usagers (utilisateurs back-end) sont éloignés de ceux qui se servent
uniquement de la « surface » du logiciel (utilisateurs front-end) et au contact des
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usagers. Ces deux ensembles sont trop éloignés des producteurs de matériel et de
logiciel (programmeur back-end). Pour réussir une innovation numérique rapide, le
partage des connaissances est un élément essentiel de la solution. Il est important
d’intégrer les trois niveaux de réflexion suivants : a) Comment la solution connue
règle-t-elle le problème connu (communication) ? b) Comment la solution inconnue
règle-t-elle le problème connu (innovation) ? c) Comment la solution connue règle-t-
elle le problème inconnu (développement) ? La forme la plus simple de partage des
connaissances est l’échange institutionnalisé de tous ceux qui travaillent sur le front-end
et le back-end.
5. La participation et l’intégration des compétences des utilisateurs du front-
end de l’administration (collaborateurs, utilisateurs, demandeurs) et en dehors de
l’administration (clients, candidats, réservistes, anciens, demandeurs) est un élément
essentiel d’une numérisation rapide et performante.
6. L’identification des promoteurs du projet de numérisation (environ 5 %)
et des sceptiques (environ 40 %) (6), dans tous les processus de planification et de
conduite, y compris au niveau politique revêt une importance décisive. Les identifier,
les impliquer, les informer, les convaincre par de petites démonstrations rapides et en
faire des « ambassadeurs » du projet font parties intégrantes de la numérisation de
l’administration. Ce n’est que lorsque l’administration sera perçue comme une unité
d’innovation systémique et sociale, et que les premiers projets informatiques d’avant-
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garde seront visibles, que des ressources seront transférées pour la modernisation de
l’administration.
7. La révolution numérique revêt une importance sociale et donc hautement
politique. Les agences d’innovation de l’administration qui réussissent doivent donc
être étroitement liées aux plus hautes directions de l’État et à leurs autorités afin d’agir
dans le cycle temporel politique (visibilité de la capacité d’innovation des cadres supé-
rieurs dans la révolution numérique).
8. Il est impératif de comprendre que la numérisation est innovante, disrup-
tive et que son avenir est tellement incertain que les règles et les normes existantes ne
peuvent pas encore appréhender son développement. La numérisation, ou du moins
son expérimentation, doit être vue comme initialement et possiblement en échec ou
en erreur ainsi que contrevenant à certaines règles. Il faut donc une « culture de
l’erreur » appropriée, qui accepte également la perte sèche de ressources sans l’identifier
à du gaspillage de temps ou ressources.
(6) « Les opposants (environ 15 %) et les personnes qui freinent (environ 40 %) sont entraînés par les succès et ne néces-
sitent pas d’action directe dans un premier temps. » MOHR Niko, WOEHE Jens Marcus et DIEBOLD, Widerstand erfolgreich
managen: Professionelle Kommunikation in Veränderungsprojekten, Campus Verlag, 1998.
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Transformation numérique
de l’administration : la recherche d’efficacité et d’agilité
evolution ») au sein de plans globaux. Dans certains cas, les administrations parvien-
nent à autoriser des démonstrateurs au sein de leurs structures (figure 3 : « dans la
boîte–pionniers »). Il est toutefois nécessaire de disposer d’entités qui sont capables
d’agir à l’intérieur et à l’extérieur de ces structures. (Figure 3 : « à l’intérieur comme à
l’extérieur de la boîte-pionniers et avant-garde »), afin de forcer l’utilisation du projet,
en montrant ce qui est faisable et en adaptant ce qui existe déjà.
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Les idées pour faire avancer un projet de numérisation sont multiples : labora-
toires informatiques, hubs d’innovation, forges informatiques, formats de réunion
concertés, projets de gestion du changement, projets pilotes pilotés de haut en bas,
création de responsables de la numérisation et des données.
Certes, des progrès ont déjà été réalisés. Par exemple, le Centre interministériel
de services informatiques relatifs au ressources humaines (CISIRH) s’est doté d’un
laboratoire d’innovation (Lab InnovRH). La Bundeswehr a fait une approche compa-
rable avec le Cyber Innovation Hub der Bundeswehr (CIHBw). La prise de conscience
de la nécessité d’agir a évolué. Néanmoins, le grand chambardement – la résolution du
nœud gordien – se fait toujours attendre, en particulier dans l’administration. Elle se
contente d’une adaptation incrémentale des systèmes informatiques existants dans le
cadre de processus établis de longue date, au sein d’un environnement désespérément
sous-financé et hostile à l’innovation.
La complexité et l’ampleur de la tâche rebutent la plupart des responsables
hiérarchiques de l’administration qui ne considèrent pas la numérisation comme une
tâche essentielle. Cela provient du fait que toutes les tâches informatiques sont le plus
souvent centralisées en dehors de leur domaine de responsabilité, mais aussi du fait que
les administrés ne sont perçus que comme des demandeurs de services et non comme
des clients qui auraient un pouvoir de création. Les processus de mise en œuvre des
projets de numérisation sont aussi parfois incompréhensibles aux utilisateurs en front-
end et en back-end, séparés physiquement qui ne partagent pas leurs expériences, et qui
travaillent dans des structures complexes aux responsabilités diffuses.
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processus interdépendants et sensibles, l’adjonction de nouveaux composants informa-
tiques (logiciels et matériels) dans les équipements hors d’âge ne sont pas autorisés. Le
risque de dysfonctionnement et les mécanismes de protection existants empêchent ces
modernisations.
(7) Source protégée. Étude menée par l’auteur en fonction. Une étude de rentabilité récente réalisée au sein de l’Office
fédéral pour la gestion du personnel de la Bundeswehr estime que les besoins financiers s’élèvent entre 5 et 10 M d’euros
par an pour une administration d’environ 10 000 personnes.
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lois déclenchent de longs processus de mise à jour qui aujourd’hui ne peuvent être
réglés que par un nombre limité de programmateurs. Or, ceux-ci sont souvent accapa-
rés à des tâches plus complexes. Les administrateurs doivent pouvoir assurer ces modi-
fications.
L’intégration des clients, des utilisateurs et des demandeurs par le biais
d’interfaces « utilisateur » offre également un potentiel important dans le domaine de
la gestion des stocks de données. Celle-ci souffre aujourd’hui d’une certaine négligence
qui impose un investissement élevé en temps et en personnel.
La visibilité immédiate des données personnelles disponibles dans le système
administratif et la possibilité de les modifier ou de les compléter immédiatement (télé-
chargement des attestations de formation, modification des données personnelles, etc.)
entraînent, d’un côté, une plus grande confiance et, de l’autre, une réduction du besoin
en personnel, en raison d’un contrôle et d’une saisie directe par l’utilisateur. De surcroît,
les données sont de meilleure qualité et en plus grande quantité.
Le renversement de la perception éthique des demandeurs et des fournisseurs
de données s’avère aussi très important. Dans l’administration actuelle, la méfiance
prévaut. Le meilleur exemple est l’exigence récurrente d’une signature originale, au
mieux dans une couleur différente de celle de l’imprimé, afin de pouvoir prouver, en
cas de fraude, que la demande a bien été déposée par le fraudeur. La consommation de
ressources nécessaires au maintien de cette culture de la méfiance doit prendre fin,
pour une culture de la confiance complétée de contrôles de routine automatisés. Les
unités d’innovation peuvent mettre en place de tels projets sans remettre fondamenta-
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Le talon d’Achille des unités d’innovation est leur proactivité et leur agilité
marquée pour l’innovation autonome. L’accumulation d’innovations transitoires au fil
du temps risque, à moyen terme, de maintenir certains projets au stade d’expérimentation
et de bloquer la phase expérimentale générale, donc tout le processus d’innovation.
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accord avec l’ensemble des parties prenantes pour que la responsabilité sur les innovations
réussies soient transférées vers le système principal de numérisation de l’administration
après un certain délai, dégageant les innovateurs de leur gestion.
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