Chapitre - 3element Fini
Chapitre - 3element Fini
Chapitre - 3element Fini
– CIV4160 –
Automne 2011
Formulation de la MEF
Problèmes unidimensionnels
3.1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est d’illustrer les étapes d’une modélisation par éléments finis en étudiant un pro-
blème unidimensionnel. Nous introduirions les notions clef de la MEF, i.e. éléments finis, noeuds, maillages,
systèmes de coordonnées, fonctions de forme, matrices élémentaires, etc. Soulignons que la formulation pré-
sentée dans ce chapitre est généralisable à d’autres types de problèmes, et qu’elle servira en effet de référence
aux chapitres subséquents du cours.
L’identification et la modélisation des charges appliquées constituent une étape importante de l’analyse par
éléments finis. Dans le cas présent, le pieu est étudié sous l’effet : (i) d’une force axiale P appliquée en tête
du pieu, (ii) des forces de frottement provenant du sol f S , et (iii) du poids propre f V . Le pieu est supposé
1. Nous entendons par brique ici un solide parallélépipèdique plein.
1
3.3. DEGRÉS DE LIBERTÉ, DÉPLACEMENTS ET FORCES AUX NOEUDS 3-2
Figure 3.1– Étapes de modélisation d’un pieu à section variable : (a) Géométrie réelle, (b) Approximation de la
géométrie, (c) Définition des forces appliquées, (d) Définition du maillage.
Notons que pour l’économie des calculs, il est souhaitable de réduire la dimension d’un problème lorsque
cela est possible. Dans le cas présent, nous faisons ainsi l’hypothèse d’un comportement unidimension-
nel bien que la géométrie réelle de la structure soit tridimensionnelle. L’étape suivante consiste à créer
un maillage en définissant les éléments et les noeuds du modèle EF. Le modèle de la figure 3.1d comprend 3
éléments barre correspondant chacun à une brique. Chaque élément possède deux noeuds. Les propriétés de
ce type d’élément seront discutées en détail plus loin. Lors de la construction du maillage de la figure 3.1d,
notons que l’on s’est assuré de créer des noeuds aux points d’application de la force concentrée, ainsi qu’aux
points de changement de section.
Un avantage fondamental de la MEF est le fait qu’elle soit programmable. D’où la nécessité d’établir un
schéma de numérotation pour identifier les éléments et les noeuds du modèle. Cette numérotation, dite glo-
bale, est illustrée sur la figure 3.1d. Sur cette figure, les numéros des éléments sont encerclés pour les
distinguer des noeuds. Cette notation est adoptée dans ce qui suit.
un seul Degré De Liberté (DDL) ui . À chaque DDL ui correspond une force nodale fi . Les DDL et les
forces nodales sont définis avec une convention de signe voulant qu’ils soient positifs lorsqu’ils agissent
selon le sens de l’axe global. On définit le vecteur des déplacements aux noeuds
[ ]T
U = u1 u2 u3 u4 (3.1)
Toujours pour les besoins d’un calcul automatique, les noeuds à l’intérieur de chaque élément doivent être
identifiés. Ceci est accompli en adoptant une numérotation locale pour chaque élément tel qu’indiqué sur
la figure 3.2a. La correspondence entre les numérotations globale et locale est établie en construisant un
tableau des connectivités tel que celui montré sur la figure 3.2b.
Système de coordonnées globales : Il sert à définir la position des noeuds et la géométrie de l’ensemble du
maillage. Les axes d’un tel système sont indiqués par X, Y sur la figure 3.3a. Les coordonnées d’un point A
de l’élément fini sont également illustrées. L’origine des axes est généralement un point fixe indépendant du
modèle.
Systèmes de coordonnées adimensionnelles : Comme on le verra plus loin, l’utilisation de ce type de co-
ordonnées permet de simplifier les calculs lors d’une analyse par éléments finis. Elles expriment la position
Figure 3.3– Systèmes de coordonnées pour un élément fini unidimensionnel : (a) Système de coordonnées globales ;
(b) Système de coordonnées locales ; (c) Système de coordonnées barycentriques ; (d) Système de coordonnées natu-
relles.
d’un point de l’élément fini indépendamment de la taille ou de la forme de celui-ci. Les figures 3.3c et 3.3d
montrent deux types de coordonnées adimensionnelles
à Les coordonnées barycentriques ξ1 et ξ2 d’un point de coordonnée globale X sont définies par
X2 − X X2 − X
ξ1 = = (3.3)
X2 − X1 L
X − X1 X − X1
ξ2 = = (3.4)
X2 − X1 L
où L est la longueur de l’élément et où X1 et X2 sont les coordonnées globales des noeuds 1 et 2,
respectivement. Les coordonnées barycentriques varient entre 0 et 1, et leur somme est égale à l’unité
en tout point
ξ1 + ξ2 = 1 (3.5)
La coordonnée globale X peut s’exprimer par
X = ξ1 X 1 + ξ2 X 2 (3.6)
Les coordonnées barycentriques aux deux noeuds de l’élément ainsi qu’à son milieu sont données sur
la figure 3.3c.
2(X − X1 ) 2(X − XC )
r= −1= (3.7)
X2 − X1 L
où XC est la coordonnée au milieu de l’élément (voir figure 3.3d). La coordonnée naturelle varie entre
−1 et 1. La coordonnée globale X s’exprime cette fois-ci par
1 1
X = (1 − r)X1 + (1 + r)X2 (3.8)
2 2
La figure 3.3d montre les coordonnées naturelles aux deux noeuds de l’élément ainsi qu’à son milieu.
La figure 3.4 montre un élément fini barre à deux noeuds. Les déplacements aux noeuds 1 et 2 ont pour
valeurs u1 et u2 , respectivement. À l’intérieur de l’élément, le déplacement u en un point de coordonnée
u = α1 + α2 X (3.9)
où α1 et α2 sont deux coefficients arbitraires, appelés coordonnées généralisées. L’équation (3.9) s’écrit
sous forme matricielle [ ]
[ ] α
1
u= 1 X (3.10)
α2
Les coordonnées généralisées α1 et α2 sont déterminées en appliquant l’équation (3.10) pour les déplace-
ments aux noeuds [ ] [ ][ ]
u1 1 X1 α1
= (3.11)
u2 1 X2 α2
d’où [ ] [ ]−1 [ ]
α1 1 X1 u1
= (3.12)
α2 1 X2 u2
soit
u 1 X2 − u 2 X1 u1 X 2 − u2 X 1
α1 = = (3.13)
X2 − X1 L
u 2 − u1 u2 − u1
α2 = = (3.14)
X2 − X1 L
L’équation (3.9) devient donc
u = N 1 u 1 + N 2 u2 (3.15)
où
X2 − X
N1 (X) =
L
(3.16)
X − X1
N2 (X) =
L
Les fonctions N1 et N2 sont dites fonctions de forme, et correspondent aux DDL 1 et 2, respectivement.
Dans ce cas, les deux fonctions sont linéaires et ont pour valeurs aux noeuds
Il est important de noter la différence entre les fonctions de forme et les fonctions d’interpolation définies au
début de la section 3.5 et dont un exemple est donné par Eq. (3.9). D’une part, une fonction d’interpolation
exprime le champs inconnu en fonction des coordonnées généralisées. D’autre part, il y a autant de fonc-
tions de forme qu’il y a de DDL. La figure 3.5 illustre les deux fonctions de forme N1 et N2 de l’élément
unidimensionnel à deux noeuds. La combinaison de ces deux fonctions permet d’obtenir le déplacement u
en tout point de l’élément. L’équation (3.15) s’écrit sous forme matricielle
u = Nu(e) (3.19)
où N est la matrice des fonctions de forme et u(e) le vecteur déplacements élémentaire donnés par
[ ] [ ]T
N = N1 N2 u(e) = u1 u2 (3.20)
En comparant l’équation (3.16) aux équations (3.3) et (3.4), on déduit l’expression des fonctions de forme
en fonction des coordonnées barycentriques
N1 (X) = ξ1
(3.21)
N2 (X) = ξ2
2(X − X1 )
r= − 1 = 2ξ2 − 1 (3.22)
L
soit
1
ξ2 = (1 + r) (3.23)
2
et d’après l’équation (3.5)
1
ξ1 = 1 − ξ2 = (1 − r) (3.24)
2
D’où l’expression des fonctions de forme en fonction des coordonnées naturelles
1
N1 (r) = (1 − r)
2 (3.25)
1
N2 (r) = (1 + r)
2
Rappelons que les déformations et les déplacements au sein de l’élément barre sont reliés par l’équation
du
ε= (3.27)
dx
qui devient en utilisant les règles de dérivation
du dr
ε= (3.28)
dr dx
Les équations (3.19), (3.34) et (3.36) relient, respectivement, les déplacements, les déformations et les
contraintes aux DDL aux noeuds de chaque élément.
L’expression générale de l’énergie potentielle d’un système structurel est donnée par
∫ ∫ ∫ ∑
1
Π= σ ε dV −
T
u f dV −
T V
uT f S dS − uTi Pi (3.37)
2 V V S i
Appliquée à un modèle unidimensionnel tel que celui de la structure de la figure 3.1, l’équation (3.37)
devient ∫ ∫ ∫ ∑
1
Π= σεA dx − uf V A dx − uf S dx − ui Pi (3.38)
2 LT LT LT
| {z } | {z } | {z } i
Π1 Π2 Π3
où LT est la longueur totale du modèle. Les termes Π1 , Π2 et Π3 résultent de la contribution de tous les
éléments du modèle, on peut donc écrire
∑m ∫
1
Π1 = σεA dx (3.39)
2 L(e)
e=1
∑m ∫
Π2 = uf V A dx (3.40)
(e)
e=1 L
∑m ∫
Π3 = uf S dx (3.41)
e=1 L(e)
En utilisant l’équation (3.31) et le fait que la matrice B(e) est constante pour un élément fini unidimensionnel
à deux noeuds, l’équation (3.43) donne
( ∫ )
1 (e) T 1 (e) (e) (e) (e) T (e) 1
U = u
(e)
E A L B B dr u(e) (3.44)
2 2 −1
∫1
En notant que −1 dr = 2 et en remplaçant la matrice B(e) par sa valeur de l’équation (3.35), l’équa-
tion (3.44) devient [ ]
1 (e) T E (e) A(e) 1 −1 (e)
U = u
(e)
u (3.45)
2 L(e) −1 1
ou encore
1 (e) T (e) (e)
U (e) = u k u (3.46)
2
où k(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e
[ ]
(e) E (e) A(e) 1 −1
k = (3.47)
L(e) −1 1
Remarquons que l’expression de l’équation (3.47) est similaire à celle obtenue par d’autre méthodes clas-
siques pour calculer l’énergie de déformation d’un ressort. La similitude entre un élément fini unidimen-
sionnel et un ressort linéaire élastique est illustrée à la figure 3.6.
La quantité E (e) A(e) /L(e) correspond à la raideur k (e) d’un ressort linéaire élastique, subissant un change-
ment de longueur δ donné par
T (e) T (e) L(e)
δ = u2 − u1 = (e) = (e) (e) (3.49)
k E A
où T (e) est l’effort interne dans l’élément
Le terme Π2 de l’équation (3.38) représente la contribution des forces de volume. D’après l’équation (3.15),
on peut écrire
m ∫
∑
Π2 = uf V A dx
e=1 L(e)
∑
m ∫
V (e)
= f A (N1 u1 + N2 u2 ) dx (3.51)
e=1 L(e)
∑m ( ∫ ∫ )
V (e)
= f A u1 N1 dx + u2 N2 dx
e=1 L(e) L(e)
Or, en remplaçant par les valeurs de N1 et N2 de l’équation (3.25), et en utilisant l’équation (3.31), on peut
écrire
∫ ∫
L(e) 1 1 − r L(e)
N1 dx = dr =
L(e) 2 −1 2 2
∫ ∫ (3.52)
L(e) 1 1 + r L(e)
N2 dx = dr =
L(e) 2 −1 2 2
Ce résultat peut également être déduit en calculant l’aire sous les droites représentant les fonctions N1 ou
N2 sur la figure 3.4. Le terme Π2 s’écrit alors
∑
m
1
Π2 = A(e) L(e) f V (u1 + u2 )
2
e=1
(3.53)
∑
m
(e) T V (e)
= u f
e=1
(e)
où f V est le vecteur forces de volume élémentaire défini par
[ ]
V (e) 1 (e) (e) V 1
f = A L f (3.54)
2 1
L’équation (3.54) signifie que la résultante A(e) L(e) f V de la force volumique appliquée sur l’élément e, est
répartie de façon égale sur les deux noeuds de l’élément.
La contribution des forces de surface est représentée par le terme Π3 de l’équation (3.38). En suivant le
même raisonnement que pour les forces de volume, on peut écrire
m ∫
∑
Π3 = uf S dx
e=1 L(e)
∑
m ∫
S
= f (N1 u1 + N2 u2 ) dx
e=1 L(e)
(3.55)
∑m
1 (e) S
= L f (u1 + u2 )
2
e=1
∑m
T (e)
= u(e) f S
e=1
(e)
où f S est le vecteur forces de surface élémentaire défini par
[ ]
S (e) 1 (e) S 1
f = L f (3.56)
2 1
De même que pour les forces de volume, l’équation (3.56) signifie que la résultante L(e) f S de la force de
surface est répartie de façon égale sur les deux noeuds de l’élément e.
Comme on le verra plus loin, l’assemblage des matrices élémentaires permet de condenser cette expression
en écrivant
1
Π = UT KU − UT F (3.59)
2
où U est le vecteur global des déplacements (ou DDL)
[ ]
UT = u1 u2 u3 u4 (3.60)
et où K et F, calculées plus loin, sont la matrice de rigidité globale et le vecteur forces global. Notons
pour l’instant que si n est le nombre de DDL du modèle EF, les dimensions des matrices U, K et F sont,
respectivement, (n × 1), (n × n) et (n × 1). Le processus d’assemblage est illustré dans ce qui suit en
l’appliquant à la structure de la figure 3.1.
Dans cette section, nous aborderons la technique d’assemblage directe. Considérons d’abord les termes de
rigidité. On peut écrire pour l’élément 1
(1) (1)
1 (1) T (1) (1) 1 (1) T k11 k12 (1)
u k u = u u
2 2 (1)
k21 k22
(1)
(3.61)
1[ ] k (1) (1)
11 k12 u1
= u1 u2
2 (1)
k21 k22
(1)
u2
Le modèle EF possède 4 DDL. La dimension de la matrice de rigidité globale est donc (4 × 4). Afin de
pouvoir effectuer la sommation des contributions des éléments, l’assemblage direct consiste à augmenter les
dimensions des matrices de rigidité k(1) de (2 × 2) à (4 × 4) en ajoutant des lignes et des colonnes de zéros.
On peut ainsi écrire
(1) (1)
k11 k12 0 0 u1
(1)
1 (1) T (1) (1) 1 [ ] k (1)
21 k22 0 0 u2
u k u = u1 u2 u3 u4 (3.62)
2 2
0 0 0 0 u3
0 0 0 0 u4
La dimension du vecteur forces est (4 × 1). Pour effectuer la sommation des contributions des 3 éléments,
les dimensions des vecteurs forces sont augmentées de (2 × 1) à (4 × 1) en ajoutant des zéros. On peut alors
écrire
(1) (1)
f V + f1S + P
1
[ ] f V (1) + f S (1)
T (1) T (1) 2 2
u(1) f V + u(1) f S + P u1 = u1 u2 u3 u4 (3.68)
0
0
De même, on trouve pour les éléments 2 et 3
0
(2)
[
] f V + f1
S (2)
T (2) T (2) 1
u(2) f V + u(2) f S = u1 u2 u3 u4 (3.69)
V (2) (2)
f2 + f2S
0
0
[ ] 0
T (3) T (3)
u(3) f V + u(3) f S = u1 u2 u3 u4 (3.70)
V (3) (3)
f1 + f1
S
(3) (3)
f2V + f2S
La sommation des contributions des trois éléments donne alors
∑3 ∑
3
(e) T V (e) T (e)
u f + u(e) f S + P u1 = UT F (3.71)
e=1 e=1
où le vecteur forces global F s’écrit
(1) (1)
f1V + f1S + P f1 (1) P
V (1) (2)
f2 + f1 f2 + f1 0
S (1) V (2) S (1) (2)
F=
+ f2 + f1 =
V (2) (3) (3) + (3.72)
+ f1 f2 + f1 0
S (2) V (3) S (2)
f2 + f2 + f1
f V (3)
+f S (3) f2 (3) 0
2 2
(e) (e)
avec fi (e) = fiV + fiS .
Comme on vient de le voir, l’assemblage direct des matrices et vecteur forces globaux implique l’augmen-
tation des tailles des matrices élémentaires en ajoutant des zéros. Pour des modèles EF avec un nombre
relativement élevé de DDL, ce processus de remplissage entraîne une augmentation importante des efforts
de calcul. L’assemblage direct est donc réservé uniquement pour les besoins de l’illustration et doit être évité
en pratique.
Le tableau des connectivités 3.2b est exprimée sous forme d’une matrice ML , dite matrice de localisation.
Éléments
z }| {
1 2 3
[ ] }
1 2 3 1
ML = DDL (3.73)
2 3 4 2
Cette matrice est utilisée pour construire la matrice de rigidité globale K élément par élément, selon les
opérations
Élément 1 Élément 2 Élément 3
(1) (2) (3)
k11 → k11 k11 → k22 k11 → k33
(1) (2) (3)
k12 → k12 k12 → k23 k12 → k34 (3.74)
(1) (2) (3)
k21 → k21 k21 → k32 k21 → k43
(1) (2) (3)
k22 → k22 k22 → k33 k22 → k44
De la même manière, le vecteur forces global F est assemblé à partir des vecteurs forces élémentaires selon
les opérations
Élément 1 Élément 2 Élément 3
(1) (2) (3)
f1 → f1 f1 → f2 f1 → f3 (3.75)
(1) (2) (4)
f2 → f2 f2 → f3 f2 → f4
Les figures 3.7 et 3.8 illustrent le processus d’assemblage par connectivité appliqué au modèle de la fi-
gure 3.1. Cette technique est utilisée dans la majorité des logiciels d’analyse par éléments finis.
Tous calculs faits, on retrouve bien entendu la matrice de rigidité globale K et le vecteur forces global F
obtenu précédemment par assemblage directe
(1) (1)
k k12 0 0
11
(1)
k (1) (2) (2)
0
21 k22 + k11 k12
K= (3.76)
(2) (2) (3) (3)
0 k21 k22 + k11 k12
(3) (3)
0 0 k21 k22
f1 (1) + P
f (1) + f (2)
2 1
F = (2) (3.77)
f2 + f1 (3)
f2 (3)
D’après les développements précédents, la fonctionnelle du problème, représentée ici par l’énergie poten-
tielle, s’écrit
1
Π = UT KU − UT F (3.79)
2
L’objectif est d’établir les équations d’équilibre permettant d’obtenir les déplacements U, inconnus du pro-
blème. Pour ce faire, nous appliquerons le théorème d’énergie potentielle minimum, équivalent à la méthode
de Rayleigh-Ritz décrite au Chapitre 2.
Les équations (3.84) ne tiennent pas compte des conditions aux frontières, et l’étape suivante consiste à les
inclure dans l’analyse. Dans le cas présent, le pieu est supposé encastré à sa base, donc
u4 = 0 (3.85)
Établissons toutefois les équations dans le cas plus général où l’on aurait
u4 = β4 (3.86)
Les matrices de l’équation (3.87) sont partitionnées en fonction des DDL inconnus u1 , u2 , u3 et connus
u4 = β4 . Notons
k11 k12 k13 k14
Kaa = k21 k22 k23 Kab = k24
k31 k32 k33 k34 (3.88)
[ ] [ ]
Kba = k41 k42 k43 Kbb = k44
u1 f1
Ua = u2 Fa = f2
u3 f3 (3.89)
[ ] [ ]
Ub = u4 Fb = f4
Ces équations ont été établies pour l’exemple de la figure 3.1. Elles sont cependant généralisables à n’im-
porte quel problème EF avec des vecteurs de DDL inconnus Ua , et connus Ub . Le vecteur des déplace-
ments U est généralement ré-ordonné pour les fins de la partition matricielle de l’équation (3.90). Cette ap-
proche d’imposition des conditions aux frontières porte le nom de technique directe ou par élimination.
La résolution de l’équation 3.91 permet d’obtenir les DDL inconnus Ua . Notons que la matrice de rigi-
dité réduite Kaa est obtenue en éliminant les lignes et colonnes correspondant aux DDL connus. Notons
également que le terme de force, représenté par le membre de droite de l’équation (3.91), est modifié de
façon à tenir compte des DDL connus Ub .
En plus des forces appliquées connues de volume FVb , de surface FSb et concentrées FC
b , le terme de force Fb
contient aussi les réactions inconnues que nous noterons R. On peut donc écrire
Fb = FVb + FSb + FC
b +R (3.93)
Exemple 3.1
Déterminer les déplacements et les contraintes au sein du pieu modélisé sur la figure 3.1. Calculer les ré-
actions d’appui. Considérer que la masse volumique du pieu est ρ = 2400 kg/m3 , et que E = 30000 MPa ;
L = 3 m ; L(1) = L(2) = L(3) = 1 m ; A0 = 0,402 m2 ; AL = 0,252 m2 ; P = 500 kN ; f S = −10 kN/m ;
g = 9.81 m/s2 .
Les différentes sections des trois éléments du modèle sont calculées en utilisant l’équation (2.3)
0,252 − 0,402
A1 = 0,402 + × 2,5 = 0,0788 m2
3
0,252 − 0,402
A2 = 0,402 + × 1,5 = 0,1113 m2
3
0,252 − 0,402
A3 = 0,402 + × 0,5 = 0,1438 m2
3
La matrice de rigidité globale est alors assemblée par connectivités pour donner
2,3640 −2,3640 0 0
−2,3640 5,7030 −3,3390 0
K= × 109 (N/m)
0 −3,3390 7,6530 −4,3140
0 0 −4,3140 4,3140
Les vecteurs forces de volume élémentaires pour les trois éléments sont donnés par Eq. (3.54)
[ ] [ ]
(1) 1 1 0,9276
fV = × 0,0788 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 0,9276
[ ] [ ]
V (2) 1 1 1,3102
f = × 0,1113 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 1,3102
[ ] [ ]
(3) 1 1 1,6928
fV = × 0,1438 × 1 × 2400 × 9,81 × = × 103 (N)
2 1 1,6928
d’où le vecteur forces de volume global par assemblage
0,9276
2,2379
FV = × 103 (N)
3,0030
1,6928
Les vecteurs forces de surface élémentaires pour les trois éléments sont donnés par Eq. (3.56)
[ ] [ ]
S (1) S (2) S (3) 1 1 −5
f =f =f = − × 1 × 10 × 10 × 3
= × 103 (N)
2 1 −5
R = −4,7786 × 105 N
Exemple 3.2
Refaire l’exemple 3.2 en modélisant l’appui du pieu par un ressort tel qu’indiquée sur la figure 3.9. Consi-
dérer que kr = 70000 kN/m.
Le déplacement u4 n’est pas nul dans ce cas, et le vecteur des forces concentrées devient
P
0
FC =
0
−kr u4
soit
(1) (1)
k11 k12 0 0 u1 f1 (1) + P
(1) (1)
k k
(1)
+ k
(2)
k
(2)
0 u f + f (2)
21 22 11 12
2 2 1
=
(2) (2) (3) (3) (2) (3)
0 k k + k k 3 2
u f + f 1
21 22 11 12
(3) (3) (3)
0 0 k21 k22 + kr u4 f2
Dans ce cas, aucun élément du vecteur des déplacements U n’est connu contrairement à l’exemple 3.1
où le DDL u4 était imposé. Le système d’équations précédent peut donc être résolu directement sans
effectuer le partitionnement des matrices. Tous calculs faits, on trouve les déplacements
7,2941
7,0843
U= × 10−3 (m)
6,9381
6,8266
b1 = u1 cos θ + v1 sin θ
u
(3.95)
b2 = u2 cos θ + v2 sin θ
u
où
[ ] [ ] u1
b1 v
u cos θ sin θ 0 0 1
b (e) =
u T(e) = u(e) = (3.97)
b2
u 0 0 cos θ sin θ u2
v2
La matrice T(e) est dite matrice de transformation. De la même manière, les composantes du vecteur des
forces nodales sont reliées par
b
f (e) = T(e) f (e) (3.98)
où
[ ] f1x
fb1 f
b 1y
f (e) = b f (e) = (3.99)
f2 f2x
f2y
Par ailleurs, les forces nodales et les DDL locaux et globaux de l’élément e sont reliés par les équations
b b(e) u
f (e) = k b (e) (3.100)
f (e) = k(e) u(e) (3.101)
b(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e dans le système d’axes locaux
où k
[ ]
b(e) = E (e) A(e)
1 −1
k (3.102)
L(e) −1 1
et où k(e) est la matrice de rigidité élémentaire de l’élément e dans le système d’axes globaux. L’énergie de
déformation de l’élément e s’écrit dans le système d’axes locaux [Eq. (3.46)]
1 (e) T b(e) (e)
U (e) = b
u k u b (3.103)
2
et dans le système d’axes globaux
1 (e) T (e) (e)
U (e) = u k u (3.104)
2
d’où en utilisant Eq. (3.96)
1 (e) T (e) (e) 1 (e) T (e) T b(e) (e) (e)
u k u = u T k T u (3.105)
2 2
soit
b T
T (e) (e)
k(e) = T(e) k (3.106)
En introduisant les équations (3.97) et (3.102), on obtient la matrice de rigidité de l’élément e exprimée dans
les axes globaux
cos2 θ cos θ sin θ − cos2 θ − cos θ sin θ
2
− − 2
(e) E A
(e) (e)
sin θ cos θ sin θ sin θ
k = (e) (3.107)
L 2
cos θ cos θ sin θ
2
SYM sin θ
La même démarche s’applique également au cas tridimensionnel. On démontre que la matrice de rigidité
élémentaire d’un élément treillis en trois dimensions a pour expression
cos2 θx cos θx cos θy cos θx cos θz − cos2 θx − cos θx cos θy − cos θx cos θz
cos2 θy cos θy cos θz − cos θx cos θy − cos2 θy − cos θy cos θz
E (e) A(e) cos2 θz − cos θx cos θz − cos θy cos θz − cos2 θz
(e)
k =
L(e) cos2 θx cos θx cos θz
cos θx cos θy
cos2 θy cos θy cos θz
SYM cos2 θz
(3.109)
où les angles θx , θy et θz définissent la position de l’élément treillis par rapport aux axes globaux x, y, et z.
Les cosinus sont donnés par
x2 − x1 y2 − y1 z2 − z1
cos θx = ; cos θy = ; cos θz = (3.110)
L(e) L(e) L(e)
avec √
L(e) = (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2 + (z2 − z1 )2 (3.111)
Rappelons que la modélisation par des éléments treillis 2D ou 3D est basée sur l’hypothèse qu’ils ne trans-
mettent que des efforts de traction et/ou de compression. Dans une structure en treillis réelle, les connections
aux noeuds ne sont pas parfaitement articulées, étant généralement réalisées par soudure ou par boulonnage.
Des moments de flexion peuvent donc se développer à ces endroits. Cependant, ces efforts sont générale-
ment négligeables lorsque les axes centraux des sections des membrures aboutissant à chaque noeud sont
concourantes en un seul point. La construction du maillage d’une structure en treillis doit donc se faire en
respectant fidèlement les dessins d’atelier et en s’assurant que les axes des éléments treillis du modèle sont
confondus avec les axes centraux des membrures réelles. Ceci permet d’annuler les excentricités des efforts
normaux dans un treillis et par le fait même de minimiser les efforts secondaires constitués des moments
fléchissants et des efforts de cisaillement. La figure 3.11 illustre une structure en treillis et sa modélisation
par des éléments finis.
Rappelons également que les charges appliquées à une structures en treillis peuvent l’être uniquement aux
noeuds. La prise en compte des charges réparties se fait en les transformant en forces équivalentes appliquées
aux noeuds. C’est le cas notamment des charges de poids propre qui sont généralement faibles par rapport
aux autres charges appliquées au treillis.
Figure 3.11– Géométrie du maillage d’une structure en treillis : (a) structure réelle ; (b) maillage à base d’éléments
finis de treillis.
Exemple 3.3
Déterminer les déplacements et les réactions pour le treillis illustré sur la figure 3.12. Considérer que E =
200 GPa, α = 20,56 ◦ et que les sections des éléments 1, 2 et 3 sont respectivement A1 = 20 × 103 mm2
et A2 = A3 = 25 × 103 mm2 .
Figure 3.12– Structure en treillis avec un appui incliné : (a) Géométrie, chargements, noeuds et éléments ; (b) Degrés
de liberté globaux.