Amal Ben Attou Livre20191022-119046-1pl9y70
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Résumé
Introduction
1
Rappelons que les changements sociaux et politiques des années 80 et 92 ainsi que
le printemps arabe n’ont pas infléchi l’action de l’Etat à l’égard du capital
international comme en Tunisie ou en Egypte.
2
D’après la DTFE, la dette publique marocaine en 2017 constitue l’encours des
emprunts extérieurs des établissements et entreprises publics se chiffre à 172.3
milliards de DH tandis que celui du Trésor relevant du Ministère de l’Economie et
des Finances a atteint 143.6 milliards de DH.
d’échelle qui nécessite au niveau d’un territoire : prospective,
reconversion, construction, innovation, valorisation, redécouverte.
La notion du développement territoriale durable au-delà c’est
donc le rapprochement de l’Etat et du territoire. Certaine l’on qualifiée
de la revanche du territoire (Bourron, 2011), L’Etat développe un
territoire porteur de projet d’urbanisme (Alami, 2008), d’acteur et du
développement. D’autre parlent de l’éveil du local, lorsque ce dernier
choisi de s’afficher à travers la démarche territoriale et participative
qui consiste à mobiliser les acteurs sous une logique de coopération-
coordination concrétisée par un système de gouvernance variés :
défirent des modes de régulation traditionnel, panoplie de modes de
régulation qui sont mobilisés par les acteurs pour faire émerger leur
espace en tant que territoire dynamique, la valorisation des ressources
latentes, gestion de l’environnement, conscientisation des citoyens.
En prenant le tourisme comme entrée du développement, le
marketing territorial est alors une formalisation pratique de moyens,
méthodes et instruments susceptibles de mettre en relief la ressource
territoriale mobilisée, revalorisée, gouvernée, patrimonialisée et mise
en benchmarking horizontal, compétitif et fonctionnel. Le but étant
d’augmenter la performance de l’entreprise pour l’insérée dans le
système monde. Celui régulé par l’Etat entrepreneurial. La durabilité
en matière de tourisme est à la fois un objectif à atteindre, une marque
d’attraction commerciale et une innovation territoriale à inventer sous
une démarche de ressource patrimoniale.
Le tourisme durable est donc, une affaire de pilotage au niveau
des acteurs dans leur diversité comme dans leur approche participative
par le biais de l’animation professionnelle dans le temps et par le biais
de l’adaptation collective des outils d’évaluation en fonction de
l’évolution des enjeux territoriaux. C‘est aussi une affaire de pilotage
au niveau du diagnostic touristique, des axes stratégiques (constat,
interprétation, objectifs prioritaires retenus pour le territoire), du plan
d’action (ciblage des moyens humains, financiers, partenaires, coûts,
délais d’exécution) et au niveau d’évaluation-capitalisation. En fin de
compte c’est d’une économie territoriale qu’il s’agit.
1-2- Portée théorique d’une communication architecturale
support d’un tourisme durable
L’architecture est une science vivante depuis des millénaires.
Nœud d’interférence entre l’acte savant d’entreprendre et la
symbolique de l’œuvre, l’architecture est à la fois une production
physique et une idéologie théorique et conceptuelle et la symbolique
élargie. A cheval sur la connaissance (des mathématiques à la
philosophie). L’interprétation d’un dessin devienne une forme
monumentale fortement appréciée sur le plan touristique. Déjà en
1956, lorsque (Valery, 1956 : 17) parlait de l’avenir monumental des
œuvres architecturaux, il faisait référence au tourisme. Selon lui, une
œuvre théoriquement analysée, suscite déjà en elle-même un acte
scientifique qui reflète toute une idéologie et une raison d’être
accompagnée d’un besoin de produire pour l’autre : le touriste. En ce
sens, tout acte architectural, est un dialogue conscient sur le vécu et le
savoir-faire humain. L’architecture enchâsse les sciences humaines,
les sciences dures et les expressions empruntées à la géométrie, à la
littérature, à l’histoire, à la philosophie et à la politique. Bien avant
Valery, (Vitruvius 1847 : 47) nous rappelle que l’architecture est une
science qui embrasse une grande variété d’études et de
connaissances ». C’est principalement cette caractéristique de
pluridisciplinarité qui met l’architecture en étroitesse avec les sciences
de l’information et de la communication. C’est souvent au niveau de
l’interprétation théorique que l’œuvre architecturale perd sa
symbolique touristique et sa durabilité en faveur de la banalité et de
l’ignorance touristique.
L’architecture et la communication sont des sciences miroirs,
pour la simple preuve que les deux utilisent un langage expressif
véhiculant un certain message pour une certaine audience. Le tourisme
culturel n’est accessible que pour une classe particulière de la société.
Tout l’enjeu territorial consiste dans la vulgarisation du contenu
architectural et de sa symbolique à différentes échelles et d’une
manière régulière aussi bien devant les monuments que dans les lieux
touristiques de masse (transports publics, espaces publics, ports-
aéroport, jardins publics et lieux de détente. Ainsi que dans les
espaces d’accueil touristique. L’Espagne andalouse a réussi à
promouvoir sa communication architecturale au sein du tourisme de
masse durable par la vulgarisation de la symbolique à différentes
échelles et par différentes moyens audio-visuels ; photographique et
cartographique. De la calligraphie à l’œuvre de Serda, un seul mot
d’ordre et une seul interprétation par monument. La durabilité
touristique n’existe pas dans le Charlatanisme, le mensonge et la
fausse interprétation quotidienne de faux guides (Agadir, Marrakech,
Fez, Tanger, Casablanca).
Une telle réflexion, nous achemine directement vers la théorie
d’Umberto Eco (1972) qui considère l’architecture comme un
langage à code syntaxique transmettant un message persuasif,
comportant des traits heuristiques et inventifs. D’après cette théorie,
l’architecture n’est pas seulement un langage codique mais au-delà,
c’est un récit social, historique et politique. Nous sommes ainsi dans
une dialectique architecturale qui, à travers ses formes visuelles et ses
codes syntaxiques, se projette dans un acte communicationnel par
excellence. Ces derniers, ne sont autres qu’un reflet des aspects
socioculturels et sociopolitiques désignant cette architecture entant
que paramètre et modèle de référence communicationnel. Le tourisme
aussi bien national qu’international reste, par excellence, le carrefour
d’une interprétation profonde des territoires d’accueil touristique. La
régulation touristique de l’Etat en termes de logistiques, de marketing
et d’idéologie doit épouser l’affichage territorial touristique selon son
image de marque et l’interprétation de son histoire via le monument
architectural selon un cahier de charges conforme avec la démarche
d’un Etat entrepreneurial. Un consensus est donc incontournable entre
l’Etat et le territoire. L’Etat régule, planifie le développement
touristique, attire les investissements ; le territoire affiche ses valeurs,
requiert les marchés et chaque entité bénéficie légalement d’une
ristourne touristique. En dehors, d’une pareille organisation entre
l’Etat et la région avancée, le tourisme restera l’aubaine du secteur
privé sans ristourne, ni équitabilité, sauf la loi du lobbying, du
balnéaire et le tourisme de dégradation.
L’architecture est plus qu’un langage c’est un fait de présence
(Portzamoarc, 2005 : 297). Ceci figure l’architecture en tant que
communication, par le fait que l’architecture est présente dans un
espace-temps précis ; elle communique donc des idéologies et des
images au monde. Nous sommes dès lors, face à une science de
communication vivante, qui parle et qui s’exprime. Une science qui
façonne l’imagerie mentale du monde de jadis, d’aujourd’hui voire
même de demain. Elle brise les frontières de philologie,
d’architectonie pour raconter l’histoire de l’humanité à l’humanité.
Dans un univers touristique d’aujourd’hui marquée par l’effacement
identitaire de la globalisation, l’architecture en elle-même est un label
touristique de durabilité.
1-2-1 Une théorie de la communication : L’approche
triangulaire de la sémiotique de Peirce et son
instrumentalisation dans le tourisme durable
Les trois pôles d’analyse sémiotique selon Peirce (2009) sont :
l’interprétant, l’objet et la représentation. Nous avons choisi de les
présenter sous forme triangulaire vu la relation à la fois hiérarchique,
interdépendante et interactive entre les trois éléments. La
représentation des signes fournis par un objet est différente selon
l’interprétant. Une création architecturale par exemple peut énoncer
ou diffuser des signes relatifs à son contexte spacio-culturel, ce qui
place cette interprétation dans une situation polysémique. La
compétence culturelle étant une force déterminante de l’interprétation
ou scientifiquement appelé de la sémiotique.
Autrement dit, pour lire un objet architectural, il est
indispensable de faire preuve d’une connaissance culturelle
importante en impliquant l’objet lui-même ; mais en introduisant
également d’autres paramètres sociaux qui produisent l’image de
l’objet en question. L’interprétation s’établit à travers la culture à la
fois individuelle et collective, le vécu social et la technicité employée.
Nous pouvons donc lire sémiotiquement un objet architectural
comme un mécanisme qui produit une signification à partir de la
sémiotique visuelle, qui de nos jours devient une signification
universelle, et/ou une interprétation globalisée, empruntée d’une
culture de masse. La revanche du territoire ici c’est l’affichage
symbolique localement interprétée et communiquée dans le cadre d’un
tourisme solidaire-durable. C’est ce que nous appelons communément
marketing territorial, mettant en relation le système monde avec le
système local en passant par la régulation d’un Etat entrepreneurial.
Le Portugal a enfin réussi à faire la jonction entre les deux systèmes. Il
ne s’agit donc pas uniquement d’une opération banale de vente d’un
produit touristique pour la création de richesse.
En effet, les signes transmis par l’architecture, sont des
déclencheurs de l’image représentative. Cette organisation
perceptuelle graduelle (interprétant, objet, représentation) d’un
monument architectural, délivre une profusion d’images ; chose qui
engendre une interprétation voire représentation cossue d’indices
matériaux, d’imagerie mentale et d’idées. La lecture sémiotique d’une
architecture aussi riche que celle du Maroc, un pays de brassage
civilisationnel, diffère selon les séquences perceptives de l’objet et
l’activité qui l’accompagne. Les séquences perceptives, nous donne
l’impression d’une métaphore des effets cinématographiques car elles
sont liées à la position visuelle par rapport à l’objet comme est le cas
en cinématographie (Champs-contre champs/Plongée-contre
plongée...), sans oublier aussi le jeu de lumières dans l’objet lui-
même. Des composantes qui nous rapproche à la fois esthétiquement
et techniquement d’une lecture sémiotique à la fois éternelle et
changeante, puisque l’être humain, la vie ou l’interprète selon son
traçage historique et l’exploitation qu’il en fait. Les jeux de la lumière
comme symbolique dans l’architecture de la reconstruction d’Agadir
sont fondamentaux.
Plus nous nous rapprochant de l’objet architectural, plus il
s’élargit, plus les détails sont visibles ; jusqu’à l’instant où nous
embarquons profondément dans ses signes, à ce moment là cette
création architecturale commence sont récit sémiotique en racontant
l’histoire de ses précurseurs et transmet les racines à sa relève. Une
histoire racontée par les images mentales transmis par l’outil de l’objet
et ses composantes géométriques fixées par le regard symétrique du
représentent, Ceci peut signifier le passé, le présent mais aussi
l’avenir. La polysémie de la lecture sémiotique d’un objet
architectural est enrichie par son audience multiculturelle. Que ça soit
par un contact direct avec l’objet où par une communication
mondialisée, cette lecture sémiotique se transpose en interactivité qui
dépasse l’espace-temps. Cette dimension universaliste de la lecture
sémiotique de l’architecture, en fait d’elle un pivot des débats sociaux,
politiques, économiques, idéologiques ... etc. Nous constatons donc
que l’architecture englobe une panoplie de signes qui à travers leurs
iconicités, communiquent toute une histoire de l’existence humaine.
C’est ainsi que le modèle touristique espagnole a pu se projeter dans le
temps. Par l’intensité de cette présence universelle, l’architecture
demeure en perpétuelle mutation selon le lien socioculturel et
historique de l’homme avec le lieu de l’objet architectural lui-même.
Ce qui veut dire que l’interprétation de l’image architecturale, met en
jeu le pluralisme de l’Homme, la polysémie de l’objet et les
spécificités du contexte spatio-temporel. Nonobstant, que cette
relation entre l’architecture et son interprétation (sa sémiotique) ne se
limite pas aux objets et aux signes ; elle implique également l’esprit
des personnes. Bougnoux (2001) disait que :
« L’agir communicationnel ne met pas en relation le sujet
et l’objet (couple technique), mais le sujet avec le sujet
(couple pragmatique). C’est l’homme agissant sur les
représentations de l’homme par le détour des signes ».
L’objet architectural conçu par l’homme à la fois marque le
territoire et communique des idéologies et images propres au créateur.
La lecture de cette représentation architecturale est complexifiée par
l’influence de l’individu sur le groupe et vice ver ça. C’est pourquoi
cette complexité en elle-même représente une richesse
communicationnelle pour l’interprétation architecturale. À partir du
schéma communicationnel triangulaire de la lecture sémiotique à
savoir : Interprétant, objet, représentation ; nous transmutant avec
l’architecture à un schéma plus élargie où l’individu et le groupe entre
en relation pour construire une approche sémiotique de l’objet
architectural comme support d’un tourisme durable.
Figure : 1 Modèle théorique de la trilogie de la sémiotique de Pierce
3
A titre indicatif, on peut citer les travaux de Samson, 2004, de Perqueur 2006, de
Gigou 1997, de Carrado, 2007, de Brunet Rerras, 1992, de Philippe Aydalot, 1982, de
Camagui et Maillot, 2006, de Tabaries, 2005, Lipetz, 1995, Greff, 1984, Khan, 2007 et
de Peyrache, 1999.
naître et/ou redécouverte. C’est pourquoi, on affirme souvent que la
ressource et comme le territoire, un produit social. Autrement dit, il
s’agit d’une notion incluant une dimension de construction sociale à
l’intérieur d’un projet de développement qui tout en mobilisant la
ressource, la valorise territorialement. Cette valorisation passe
nécessairement par la coordination-coopération des acteurs non
résolument économiques qui mettent en place des systèmes de
gouvernance variés différents du mode de régulation du marché pour
aboutir à une dynamique territoriale. Il est important que le territoire
repose sur la valorisation des ressources latentes, de préférence
spécifiques, non transférables, identifiées et activées par la
mobilisation des acteurs. La ressource touristique via la
communication architecturale, s’apprête bien à cet enjeu territorial.
Dans la démarche territoriale, le retour au local est une
condition préalable à tout projet de territoire. Le découpage
administratif sécuritaire et même le système de la régionalisation
avancée ne peuvent contribuer à la mise en place d’une région
fonctionnelle sans le retour au local, le droit à la ville et à la
citoyenneté. La mobilité, le besoin de sédentarité, la perte de l’identité
nationale face à la montée du régionalisme et la mondialisation des
marchés qui redonne une valeur aux produits locaux bio, tout cela
interpelle le retour du local. Ce retour est important mais, il ne faut
pas croire qu’on va créer un système territorial totalement opposé au
fordisme pour prévaloir l’ancrage spatial. Car, le système
d’investissement, la régulation politique et commerciale, en dépit de la
régionalisation avancée, reste un dispositif extraverti. La redécouverte
du local, de la science régionale, de l’économie territoriale et même
d’une certaine législation régionale ne sont pas suffisantes. Le
territoire est ainsi un autoproduit par une régulation locale instituée
par les acteurs (Greffe, 1984 : 24). Cependant, les espaces ne sont pas
homogènes ce qui affaiblit la position du territoire comme pouvoir
régulateur de l’espace à l’échelle nationale et mondiale. C’est alors
que l’innovation prend toute son ampleur. Le territoire doit créer ses
milieux d’innovation que certaines chercheurs en action sur le terrain
appellent « Zones ateliers de développement durable ». C’est-à-dire
des zones de développement territorial qui prennent en considération
l’interférence des écosystèmes, des géo-systèmes et des socio-
systèmes. Des zones capables de réconcilier développement local,
demande mondiale et système de régulation politique (Etat et ses
prolongements). Dans ce sens, Khan (2007) affirmait que : « Le
territoire s’impose à la fois comme un concept économique avec une
organisation de plus en plus territorialisée des processus productifs,
épistémologiques avec l’accroissement des travaux et des
conceptualisations théoriques sous-jacentes à ce nouveau paradigme
et comme un cadre pertinent pour la mise en place des politiques de
développement ». La ressource touristique est donc une ressource
territoriale qui peut être redécouverte dans le sens d’un
développement durable. Car, elle est parfaitement inscrite dans le
système d’innovation territoriale.
2- Le modèle architectural interprété et ou communiqué : Cas
de Tétouan
Le langage architectural est un langage conflictuel entre un
classicisme devenu à travers le temps doctrinant et un modernisme qui
refuse l’idolâtrie classique considérée comme un dogme sclérosant
fortement gardé par les tabous culturels et les inerties qui entravent la
compréhension des messages contemporains4 via le langage de
l’énumération et de la réintégration. Ce débat houleux argumenté de
part et d’autre ne cache cependant pas la seule vérité qui est la qualité
architecturale et les mutations en perspectives des paysages urbains
que cela relève du classicisme, de la modernité ou de la temporalité de
l’espace. La qualité architecturale s’insère bien dans une démarche de
réflexion collective organisé autour de la recherche des formes
d’action les plus appropriées et les plus réalistes en faveur de la
qualité constructive urbaine et paysagère inspirée des héritages
matériels et culturels et orientée dans une perspective de
développement touristique durable, pluriel et participatif.
4 Le premier courant classique est représenté par les bâtisseurs du paléolithique, les
maîtres de l’antiquité tardive et du moyen âge et les maniéristes ; le second est
représenté par les architectes –urbanistes de la révolution architecturale comme Michel-
Ange, Borromini, les protagonistes de Art and Crafts, de l’art nouveau, Wright, Loos,
Le Corbusier, Gropius, Miess, Aalto, Scharoun et les théoriciens comme Summerson,
Pevsne et Tafuri qui ont jugé la politique par une lecture urbanistique et
architectonique. Pour plus de précisions voire : Bruno Zevi, 1979 : Il fascismo in
architettura, In Dixhtomy, Vol.3, n° 1, Venise pp.144-147.
2-1- Pourquoi le modèle architectural de Tétouan et comment
interpréter l’architecture en faveur du tourisme ?
A vrai dire, l’architecture de cette ville s’inscrit dans une
approche patrimoniale de la qualité architecturale. C’est ce que Zevi
(2016) qualifie de dernier langage de l’architecture : la réintégration :
édifice-ville-territoire. En effet, l’architecture de cette ville léguée par
une colonisation, elle-même ayant accepté l’orientalisme architectural
a produit (dans le même style orientaliste) des édifices, un Ensanche et
des monuments, que le plan d’architecture de l’Indépendance a intégré
dans la ville et dans le territoire par l’appropriation et l’usage
populaire. La ville et l’architecture constituent plus un objet de
sensibilité qu’un champ d’intérêt économique, social, culturel ou
professionnel. En effet, leurs héritages et leurs significations
symboliques appellent une mobilisation valorisante de divers points de
vue. C’est sur la qualité architecturale et la symbolique de cette ville
que le tourisme culturel et de citadinité, notamment autour de l’art
collinaire et de l’évènementiel, commence à nicher dans aussi bien
dans la médina et dans l’Enchanche.
Photo 6. L’éclectisme
classicisme dans
l’architecture républicaine espagnole à Tétouan (Source : Tetuán: Guía de
Arquitectura del Ensanche 1913-1956 : 107et 131).
5
Il s’agit de Shaw, De la Torre, Bostendoui, Zalzido et d’autres.
Source : Tetuán : Guía de Arquitectura del Ensanche 1913-1956 : 120 et 130.
Conclusion
En 1956, les espagnols ont légué un ensanche qui semble
présenter la particularité d’une extraordinaire richesse des patrimoines
architecturaux, urbanistiques et paysagers qui attirent une foule de
touristes sans pour autant réussir à mettre en œuvre une
communication architecturale authentique capable de s’inscrire dans
le tourisme de masse sur lequel la vision 2020 établie tout un
pronostic. La communication architecturale est désormais une
composante essentielle dans le projet touristique en amont au cours et
en aval pour les touristes étrangers comme pour les migrations de
loisirs marocaines. Si l’histoire relève du passé, pour une ville,
l’histoire se fait tous les jours d’après ses édifices, le déroulement de
la vie quotidienne dans ses quartiers et à travers ses monuments.
La coopération touristique avec le gouvernement de
l’Andalousie pour la valorisation du patrimoine est un grand pas mais,
à elle seule, elle n’est pas suffisante pour prétendre s’inscrire dans une
durabilité touristique. Le Ministère de la culture, non plus, elle n’est
pas en mesure d’assurer la durabilité touristique dans le temps. Le
projet touristique est avant tout, un projet de territoire qui doit être
approprié par la société qui est une composante essentielle du
territoire et du projet touristique. Si cette société élargie aux élus, aux
académiciens et aux professionnels-investisseurs-dirigeants ou
exploitants n’est pas imprégner de son projet touristique car elle ne
dispose pas d’un plan de communication architecturale, entre autres,
sur sa ressource territoriale (ici le tourisme) ; il est difficile de
raisonner ni en durabilité ni en marketing territorial. Nombreuses sont
les villes marocaines où le plan d’urbanisme et l’architecture sont
considérés comme des luxes superflus ou des réalisations verticales où
le citoyen ne trouve pas son compte et la seule fois qu’il s’identifie par
rapport au plan et à l’architecture, il le fait par besoin, souvent
psychologique, de promotion sociale apparente. C’est pourquoi dans
ce cas tout se traduit sur le paysage urbain par l’absence de toute
cohérence ou unité.
Selon l’expression d’Akalay (2013), « Tétouan est une ville
exportée ». En effet, elle symbolise la vague la plus importante de la
présence espagnole dans le nord marocain. L’Ensanche est une
diversité architecturale espagnole, européenne, arabo-musulmane et
spécialement andalouse. L’ensemble architectural de la ville
symbolise l’équilibre entre les différentes expressions architecturales
regroupant le courant arabisant (l’orientalisme), l’art déco, l’élément
local et le courant moderne. Ces expressions ont été utilisées dans les
mosquées, les marchés, les écoles, les gares routière et du chemin de
fer, les édifices administratifs, résidentiels, militaires, les places
publics, les cinémas et les bibliothèques et le théâtre. Il est rare qu’on
trouve une telle richesse réunie dans une ville de manière ordonnée,
homogène et fonctionnelle sur une période aussi longue.
Le langage architectural tétouanai est un double langage
traditionnel et moderne. Il constitue un patrimoine universel il y a
longtemps déjà que la Médina et l’Ensanche devaient, gracieusement,
être inscrit patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Aujourd’hui, plus
que jamais, la communication et l’interprétation architecturales à
propos de ce bijou civilisationnel à l’échelle humaine, se doit d’être
considérée comme une composante incontournable du projet
touristique. De l’apprentissage à l’école à la pratique de la
gouvernance territoriale, l’héritage comme message de paix d’abord à
travers la coexistence civilisationnelle du tracé architectural se doit
d’être communiquer, partager, perçue, assimiler et approprier. La
construction territoriale c’est la valorisation de la ressource
territoriale. Comment valoriser alors une ressource telle que l’héritage
architectural, dans la promotion d’un territoire si on ignore (et/ou en
boude) totalement ou partiellement l’existence de cette ressource
banalisée par la vue quotidienne (de l’individu au groupe passant par
les élus). Si le langage architectural est un langage de communication
et d’interprétation par excellence, il est temps qu’on repense le projet
touristique et le marketing territorial à juste valeur.
Bibliographie