423-PAPAROUSI-Introduction-Literary-theory - CH06 FR
423-PAPAROUSI-Introduction-Literary-theory - CH06 FR
423-PAPAROUSI-Introduction-Literary-theory - CH06 FR
Papparousi, M., & Kiosses, S. (2023). Introduction à la théorie de la littérature - Concepts, exemples et application critique [manuel de premier cycle]. Copyright © 2023, Kallipos, Open Academic
Publications. Creative Commons Attribution - Utilisation non commerciale - Distribution similaire 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0) http://dx.doi.org/10.57713/kallipos-210
CHAPITRE 6 : La narratologie classique ET post-classique
Résumé
Dans ce chapitre, la théorie narrative est étudiée, en mettant l'accent à la fois sur le "quoi" et le "comment" et
sur le "comment".
le "pourquoi" du récit. L'accent est mis, d'une part, sur le modèle classique de la narratologie à travers
l'examen des outils théoriques concernant l'histoire et le discours narratif et, d'autre part, sur le "pourquoi"
de la narration, qui place les récits dans leur contexte réel ; sur les extensions du modèle classique qui
ouvrent le territoire de la narratologie à des influences méthodologiques, thématiques et contextuelles
extérieures (par exemple, la narratologie féministe, la narratologie rhétorique). Enfin, il est fait référence à la
narratologie cognitive et à sa tentative de mettre en évidence les outils et les processus cognitifs qui nous
permettent de comprendre les récits, en soulignant l'importance de notre connaissance du monde réel, qui est
stockée dans des schémas cognitifs appelés "cadres" et "scripts".
Connaissances préalables
Familiarité avec les principes de base du structuralisme, tels qu'ils sont abordés au chapitre 3.
1 Par le terme "texte", nous entendons un ensemble distinct de signes (verbaux, visuels, sonores, cinétiques, séparés ou en
diverses combinaisons), qui a une organisation, une fonction, un objectif de communication et des limites perçues (début
et fin) spécifiques.
2 Voir Kakavoulia et Politis (2022), Kapsomenos (2003), Kiosses (2018), Tziovas (2002), Tzouma (1997), Farinou-
Malamatari (2001).
3 Voir par exemple les travaux de Greimas (1966), Todorov (1971), Bremond (1973), etc.
4 Voir typiquement les travaux de Genette (1972, 1983), Lotman (1973) et d'autres.
HISTOIRE TEXTE
MYTHE - chronologie,
- incidents durée - points
- traits de (verbal, audio, visuel...)
- sujets
caractère, - le moyen de
d'interpréta
traits de lieu transmission du
tion
- temps - relations récit
- lieu symboliques - Narrateur
, etc. des - destinatair
éléments e du récit
- se focaliser
Figure 6.1 La stratification tripartite du processus narratif selon le modèle de Bal.
Il convient de souligner que cette série de transformations effectuées aux niveaux susmentionnés ne se déroule
pas dans l'ordre chronologique (d'abord l'une, puis l'autre), mais constitue un "modèle génétique idéal"
(Schmid, 2010, p. 175) d'analyse et de description du processus narratif. Les trois niveaux ci-dessus n'existent
pas séparément les uns des autres, mais sont imbriqués de diverses manières. Leur distinction sert toutefois
des objectifs méthodologiques, car elle sert l'analyse et la description du processus narratif. Pour nous limiter
aux récits verbaux, et plus précisément à leur forme écrite, ce qui s'offre à la perception immédiate du lecteur,
c'est le texte en question. A travers la lecture du texte et les processus psycho-cognitifs qu'elle implique, le
lecteur se forge une image du mythe, et son interprétation est également influencée par son premier contact
avec le texte et la manière dont l'histoire est organisée.
5 Cf. également la distinction de Todorov (1989) entre les niveaux sémantique, syntaxique et verbal de la narration. Les
formalistes russes avaient adopté une distinction en deux parties entre histoire/mythe (fabula) et intrigue (sjuzhet) :
l'histoire fait référence aux événements dont l'auteur s'inspire et les incorpore, après les avoir organisés comme il l'entend,
dans une œuvre narrative. L'intrigue est la manière dont les événements sont organisés et présentés dans l'œuvre
narrative. S e l o n l e théoricien russe Boris Victorovitch Tomashevsky (1890-1957), le mythe est l'ensemble des
événements fictifs dans un ordre "naturel" ou logique, c'est-à-dire chronologique et causal, tandis que l'intrigue est la
manière dont les événements sont organisés et introduits dans une œuvre particulière. Comme il le fait remarquer, "le
mythe est ce qui s'est réellement passé ; l'intrigue est la manière dont le lecteur en a pris conscience" (Tomashevsky,
1995, p. 324). La fonction esthétique de l'intrigue est précisément d'attirer l'attention du lecteur sur l'ordre dans lequel les
événements du mythe sont organisés.
6.3 Le narrateur
Examinons les citations suivantes tirées de nouvelles d'Alexandros Papadiamantis. Il s'agit du début des
nouvelles (1) "Rêve sur la vague" (1900) et (2) "Eros - Eros" (1897) :
(1)
J'étais un pauvre berger dans les montagnes. J'avais dix-huit ans et je n'avais pas encore retrouvé l'alpha.
Sans le savoir, j'étais heureux. La dernière fois que j'ai été heureux, c'était au cours de l'été 187... J'étais un bel
adolescent, et je voyais mon visage matinal, brûlé par le soleil, scintiller dans les ruisseaux et les fontaines, et
je me dressais sur les rochers et les montagnes du haut de ma taille élancée.
(2)
Le bateau amarré au riv,agela péniche attachée à un rocher, près du sable de Chimadios, au-delà du Petit Murray
de Piatsas, sous la falaise rocheuse dPanomahala.
e Et le petit marin, Georges de Bourbain, étendu sur la
poupe, enveloppé de velours, silencieux, immobile, les yeux ouverts, scintillant dans l'obscurité,
ressemblait au dragon du conte de fées en ce qu'il dormait les yeux ouverts.
L'un des facteurs clés du processus narratif est celui du narrateur, de la voix narrative ou du porteur du
récit. Dans le cas de textes narratifs tels que (1), le lecteur, sur la base de l'utilisation de la première personne,
a tendance à supposer que la personne qui raconte est l'auteur du texte, en l'occurrence Papadiamantis. Mais
cette impression est-elle correcte ? Il convient de noter que, comme nous le lisons après la fin de la première
nouvelle, où la phrase stéréotypée "Diia tis copying" est ajoutée, Papadiamantis se présente comme un simple
copiste de l'histoire. Bien qu'il s'agisse d'une convention narrative courante, cette remarque peut donner lieu à une
réflexion sur la possibilité d'une "identification" entre le narrateur et l'auteur. Plus largement, puisqu'il s'agit de
littérature (et non, par exemple, d'un texte autobiographique), l'auteur n'est pas "engagé" à parler de lui-même, à
narrer des événements véridiques de sa vie, mais construit plutôt un texte fictif. Même s'il s'inspire d'incidents
réels, ceux-ci sont modifiés et transmutés littérairement au fur et à mesure qu'ils sont incorporés dans le monde
fictif. Ce monde fictif ou narré est une construction de l'auteur, tout comme la voix par laquelle les incidents
fictifs (le narrateur) sont transmis, ainsi que le destinataire du récit, le lecteur ou l'auditeur à qui la voix
s'adresse. Les éléments susmentionnés (narrateur, monde narratif, destinataire du récit) appartiennent à un
niveau ontologiquement différent de celui de l'auteur, de l'œuvre narrative et du lecteur réel, comme le montre
la figure ci-dessous, créant ainsi un processus de communication à deux niveaux (Schmid, 2010, pp. 32-33):6
6Un troisième niveau de communication est atteint lorsqu'un personnage du monde raconté parle (ou raconte) à un autre
personnage.
Par conséquent, le narrateur, ou plus exactement la voix qui assure la médiation narrative, n'est rien d'autre
qu'une construction de l'auteur, visant à la meilleure transmission possible de l'histoire. La question
fondamentale est la suivante : quelle forme de voix narrative sera la plus efficace pour transmettre l'histoire en
question ? Les formes de voix narrative dont il dispose peuvent être décrites dans le contexte d'axes tels que
les suivants :
(Je raconte, en tant que narrateur, que) j'étais un pauvre berger dans les montagnes. J'avais dix-huit ans et je ne
savais pa[...]
s
(C'est moi, le narrateur, qui raconte cela) : le bateau amarré au rivage, la péniche attachée à un rocher
[...]
Dans le premier cas, le narrateur est à la fois sujet et objet de son récit (c'est-à-dire qu'il a un statut en
tant que narrateur et un autre en tant que personnage de l'histoire), alors que dans le second cas, seul le narrateur
est sujet et objet de son récit (c'est-à-dire qu'il est sujet et objet de son récit).
7 Cependant, si nous laissons de côté les pronoms personnels comme critère de typologie du narrateur, une question se
pose quant à l'inclusion du récit à la deuxième personne. Le destinataire du récit à la deuxième personne pourrait, selon le
cas, être l'un des personnages de l'histoire ou un destinataire (conçu) du récit. Cependant, dans certains cas, l'objet de
l'adresse peut être considéré comme le propre "moi" du narrateur (en tant que "personnage" de l'histoire, c'est-à-dire en
tant que son existence passée, ou même en tant que narrateur de l'histoire) : le "vous" en tant que "je" déguisé. En général,
selon Bal, "les narrateurs à la deuxième personne sont non seulement logiquement impossibles, mais aussi ingérables
pour le lecteur. Le lecteur est la "deuxième personne" du récit" (Bal, 2017, p. 23). Selon Fludernik (2009, pp. 31-32), les
récits à la deuxième personne qui racontent l'histoire d'un (supposé) destinataire du récit sont particulièrement
intéressants. Ainsi, dans Si un voyageur par une nuit d'hiver de Calvino, le lecteur peut d'abord penser que la deuxième
personne du texte s'adresse à lui-même, mais il comprend ensuite qu'il s'agit d'un personnage fictif. De nombreux récits à
la deuxième personne (you-texts) sont écrits du point de vue subjectif du personnage identifié par ce "you", sans que la
figure d'un narrateur ou d'un destinataire du récit n'émerge nécessairement de manière proéminente du texte. Dans
certains récits similaires, l'utilisation de la deuxième personne permet de dissimuler ou d'obscurcir le genre. En outre,
selon elle, "l'utilisation du pronom "vous", qui oscille de manière ambiguë entre la référence au destinataire/lecteur du
récit et le protagoniste à la deuxième personne, favorise l'effet de focalisation intérieure et lui confère une qualité presque
hypnotique" (Fludernik, 2009, p. 50). Paparousi examine l'utilisation de la deuxième personne dans Circassian Club
comme une forme particulière de monologue interne (Paparousi, 2005, pp. 43-71).
⮚ fonctions du narrateur
Comme fonctions potentiellement exercées par le narrateur au cours d'un récit, Genette (2007, p. 331 ;
336) reconnaît ce qui suit :
Les fonctions susmentionnées sont interdépendantes et, dans différents projets ou à différents moments d'un
même projet, l'accent et l'importance de l'une d'entre elles peuvent être plus marqués.
Schmid (2010, p. 58) présente les fonctions du narrateur comme une série de processus :
α. Sélection (à partir de ce qui "se passe") des éléments qui constitueront le matériau narratif pour
la création de l'histoire (personnages, situations, intrigues, paroles, pensées des personnages, etc.)
β. Spécification et attribution de propriétés aux éléments sélectionnés ci-dessus. c.
Synthétiser le texte narratif et l'organiser dans un ordre spécifique.
8Le rôle joué par le narrateur en tant que personnage de l'histoire peut varier (simple observateur, personnage secondaire,
personnage principal, personnage central) (Lanser, 1981, p. 160).
⮚ crédibilité du narrateur
Un paramètre en rapport avec le narrateur soulevé par W. C. Booth (1983) concerne la "crédibilité"
son. Un narrateur est considéré comme fiable lorsqu'il "parle ou agit selon les règles de l'œuvre (c'est-à-dire les
règles de l'auteur prévu)", alors qu'il n'est pas fiable lorsqu'il ne le fait pas (Booth, 1983, pp. 158-159). Les
narrateurs non fiables sont généralement considérés comme ceux qui présentent des événements fictifs de
manière fausse ou trompeuse (misreporting ou misreporting), intentionnellement ou non, pour diverses raisons
liées à un certain opportunisme idéologique ou autre, à la clarté intellectuelle, à l'âge, à la maturité, aux
qualités de caractère, etc. Les types de narrateurs non fiables à la première personne comprennent, par
exemple, le picaro ("clochard", "vaurien"), le paranoïaque, le clown (un narrateur qui "joue" délibérément
avec les conventions et ridiculise les attentes du lecteur), le naïf, le menteur (Riggan, 1981). Le lecteur peut
comprendre la crédibilité du narrateur dès le début, à un moment ultérieur ou même à la fin du récit, sur la
base de divers indices et critères intrasubjectifs ou extrasubjectifs (par exemple, incohérences, comparaison
avec d'autres éléments de l'intrigue ou d'autres personnages, connaissance des conventions culturelles ou
idéologiques, etc.) (Nünning, 2013).
⮚ le niveau narratif
Selon le niveau auquel se déplace le narrateur d'une histoire, on peut distinguer les types suivants
narrateurs (Schmid, 2010, pp. 67-68) :
Le niveau auquel le narrateur se déplace n'a rien à voir avec son importance en tant que conteur. Par
exemple, un narrateur secondaire (comme Shehrazat dans Les Mille et Une Nuits) peut avoir un poids plus
important dans le récit et susciter plus fortement l'intérêt du lecteur.10
9 L'image du narrateur non évident est créée dans la perception du lecteur par l'effet des processus susmentionnés, ou de
certains d'entre eux, en fonction de l'œuvre spécifique. Les marqueurs textuels dans différents textes narratifs conduisent
à différents aspects du narrateur, selon le cas (Schmid, 2010, p. 58-59) : (a) le mode et la forme du récit (écrit ou parlé,
spontané ou soigneusement préparé, expressions du discours quotidien ou rhétorique) ; (b) la compétence narrative du
narrateur (omniscience, capacité à voir dans la conscience des personnages, présence totale ou absence de capacités
similaires), présence ou absence de capacités similaires) ; c) statut et origine sociale ; d) origine géographique (présence
ou absence d'éléments de style et de dialectes locaux) ; e) éducation et horizons intellectuels ; f) vision du monde. En
règle générale, cependant, le lecteur ne perçoit pas le narrateur comme une "fonction" textuelle, mais comme un sujet
doté de caractéristiques anthropomorphiques spécifiques en matière de pensée et de discours, parfois avec des qualités
Dans les deux cas, le lecteur est considéré comme absorbant ("écoutant") le récit par le biais d'une voix narrative plus ou
moins distincte.
10 Selon Genette, " tout événement raconté dans un récit se situe à un niveau narratif immédiatement supérieur à celui
auquel correspond l'acte narratif qui le produit " (Genette, 2007, pp. 302-303). Ainsi, par rapport à l'acte de narration, le
niveau narratif sur lequel se déplace le narrateur, il peut y avoir des narrateurs extra-narratifs, intra-narratifs et pseudo-
narratifs. Le narrateur extradiégétique est le narrateur de "premier niveau" : il raconte une histoire qui constitue le texte
du récit. Ce récit est donc par définition extradiégétique. Les événements et les personnages de cette histoire sont appelés
narratifs ou intranarratifs. Lorsque l'un de ces personnages commence à raconter une autre histoire, "oralement" ou "par
écrit", à l'intérieur de l'histoire dont il fait partie, ce narrateur est appelé narrateur final. Les événements de cette histoire
(au sein de l'histoire) sont appelés méta-narration. Ce personnage-narrateur est appelé intra-narratif et son histoire est
appelée post-narrative en termes de position de son approche par le lecteur du récit principal. En ce qui concerne l'histoire
elle-même, le personnage-narrateur est extra-diégétique et son histoire est intra-diégétique. Cependant, tant
l'extradiégétique que l'intradiégétique
1. Récit non focalisé ou récit à focalisation zéro : le narrateur n'adopte pas la perspective d'une
personne narrative. Il en sait ou, plus exactement, en transmet plus que toutes les personnes
fictives n'en savent. Cela correspond à la focalisation du "narrateur omniscient" tel qu'il est défini
traditionnellement.
2. Narration en focalisation interne : le narrateur transmet ce que sait (juge, ressent, etc.) un
personnage particulier de l'histoire. La focalisation interne peut être fixe (du début à la fin, le point
de vue de la même personne est adopté), variable (au fur et à mesure que l'histoire progresse, le
point de vue de différentes personnes est donné successivement) ou multiple (le même événement
est présenté du point de vue de différentes personnes.
3. Narration centrée sur l'extérieur : le narrateur transmet moins que (vraisemblablement) ce qu'il
sait à propos du narrateur. Il s'agit généralement d'une description externe des événements, sans
référence à des pensées, des motifs, des sentiments, etc. L'information ainsi donnée au lecteur est
limitée.
Il est courant, par exemple, dans les romans d'aventure ou les romans policiers, d'adopter une
focalisation externe au début du récit, afin de créer un sentiment de mystère, d'émerveillement, d'ignorance,
etc. En outre, des éléments individuels peuvent également être identifiés
les "violations" du mode de focalisation dominant dans un texte. Parmi les violations similaires (altérations,
selon Genette), on trouve la paralipse, lorsque l'on donne moins d'informations que ce qui est en principe
nécessaire, et la paralipse, lorsque l'on donne plus d'informations que ce qui est en principe autorisé dans le
mode de focalisation adopté dans l'ensemble de l'œuvre.
De nombreux théoriciens de la narration et/ou linguistes ont proposé diverses façons d'aborder la
focalisation dans la narration pour couvrir les cas où la distinction de Genette semble plutôt inadéquate. Bal
(2009, p. 145), par exemple, introduit, entre autres, dans la discussion sur la focalisation le paramètre
intéressant de la notion de focalisateur (focalisateur) et de focalisé (qui focalise et qui/quoi est l'objet de la
focalisation, respectivement). Si le sujet de la focalisation est un (ou plusieurs) personnage(s) du récit, on parle
de focalisation interne. Dans ce cas, le lecteur adopte ce point de vue, mais peut interpréter différemment ce
que le personnage "voit". Lorsque le sujet de la focalisation est un agent non nommé, extérieur au mythe, Bal
parle de focalisation externe, et il y a souvent un échange entre les deux modes dans le même récit.
Reconnaissant que la focalisation n'est pas limitée aux dimensions visuelles que le terme comporte, il fait la
distinction entre son point de vue perceptif, qui concerne les dimensions de l'espace et du temps de l'histoire et la
manière dont elles sont présentées à travers la focalisation, et le point de vue psychologique, qui se rapporte à
la transmission des pensées, des hypothèses, des croyances, des sentiments, etc.etc. de la personne qui se
concentre et la façon dont ils affectent la focalisation, et le point de vue idéologique (lié aux considérations et aux
jugements idéologiques qui déterminent la focalisation) (Kiosses, 2008). Ces points de vue peuvent coexister chez
un focalisateur ou différents focalisateurs peuvent être associés à des aspects spécifiques de la focalisation. Selon
elle, la focalisation, bien qu'étant un élément non verbal, est exprimée par le langage du texte : l'utilisation de
types de noms spécifiques et de divers éléments stylistiques.
En conclusion, le choix de la technique narrative et, en particulier, de la focalisation est directement lié
à l'objectif de l'auteur. L'auteur peut, par exemple, tenter de :
- pour créer l'illusion de la réalité dans le récit,
- pour montrer le développement ou la psychosynthèse d'une personnalité,
narratif et intranarratif peut ne pas avoir la forme formelle du "récit", de l'" œuvre littéraire" ou de l'"œuvre d'art".
le "récit oral" : il peut se présenter sous la forme d'un monologue intérieur, d'un rêve, d'un souvenir, etc.
11 Selon Booth (1983, pp. 73-74), l'idée que le lecteur se fait de l'auteur conceptuel "comprend non seulement les
significations qui peuvent être extraites, mais aussi le contenu moral et émotionnel de chaque partie de l'action et les
passions de tous les personnages. Il comprend, en bref, la perception intuitive d'un ensemble esthétique complet ; la
valeur principale à laquelle ce lecteur est attaché, quelle que soit la partie à laquelle appartient son auteur dans la vie
réelle, est celle qui est exprimée dans la forme totale". Par conséquent, l'auteur conçu est un concept d'une substance
différente de l'auteur réel. Comme le souligne Booth (1983, pp. 74-75), l'auteur conceptuel "choisit, consciemment ou
inconsciemment, ce que nous lisons ; nous supposons qu'il est une version idéale, littéraire, créée de l'homme réel ; il est
la somme totale de ses propres choix".
1. Le cadre "œuvre d'art" : il concerne la définition de l'"art", ses caractéristiques et sa fonction (par
exemple, l'œuvre d'art est un moyen de représentation ou d'expression, a une unité, a été créée par
un artiste avec une intentionnalité spécifique, n'a pas de but utilitaire, vise à la jouissance
esthétique, etc.) Directement lié à ce cadre, le cadre
"La littérature", c'est-à-dire ce que les lecteurs perçoivent comme étant de la littérature (ses
caractéristiques et son rôle) dans des contextes socioculturels spécifiques (Verdaasdonk, 1982).
2. Contexte idiologique : l'ensemble des conventions (de forme, de contenu, etc.) associées au
type de texte.
3. Le contexte fictionnel : lié à l'idée que le texte "représente" ou construit un monde alternatif et
possible et que la communication à travers lui est ludique.12
Dans le cas des textes narratifs, en particulier, il est souligné que les destinataires utilisent leur
connaissance du monde réel pour comprendre le monde fictif, leurs personnages, leurs pensées, leurs désirs,
leurs intentions, etc. (Zunshine, 2006). Herman, en étudiant les points d'interface entre les histoires et l'esprit
humain, utilise le concept de cosmoplasme narratif. Ce concept englobe "la dimension référentielle du récit, sa
capacité à évoquer des mondes que les interprètes peuvent, avec plus ou moins de facilité ou de difficulté,
habiter avec leur imagination" (Herman, 2012, p. 14). Dans ce contexte, ce courant particulier de la
narratologie étudie la manière dont divers narrateurs, utilisant différents systèmes sémiotiques (langage écrit
ou parlé, images statiques ou animées, etc.) incitent les interprètes à s'engager dans un processus de co-
création de mondes narratifs (fictionnels ou non). Cette création repose principalement sur les facteurs de
l'espace, du temps et des personnages agissant ou subissant des actions spécifiques. Cependant, selon Herman
(2012, p. 17), les récits ne rappellent pas seulement des mondes particuliers, mais influencent également les
circonstances dans lesquelles ils sont utilisés (par exemple, dans un tribunal, une campagne politique, un
conflit familial, etc.)
Dans cette partie, comme dans plusieurs autres, notamment au début et à la fin de l'œuvre, la narratrice
rend sa présence et l'acte narratif qu'elle entreprend particulièrement évidents (cf. pp. 17, 296, 321, etc.).
Quant à l'ébranlement de l'"autorité", que le narrateur revendique simultanément, il ne semble pas
s'opérer par des changements focaux, mais surtout par la conclusion narrative du roman. En particulier, à la fin
de la pièce, la fidélité de la restitution des événements de l'histoire et leur véracité sont remises en question,
tandis que le narrateur
13 Katerina, par exemple, ne pouvait pas connaître (et citer) le contenu des journaux intimes d'autres personnes (p. 131), ni
revendiquer explicitement la possibilité de connaître et d'interpréter valablement le comportement, les motivations, etc.
d'autres personnages. Elle devient également souvent le centre d'intérêt d'autres personnages (par exemple, l'Infante,
Marie, la Mère, Laura, etc.).
14 L'autre type de distorsion focale est l'"omission", qui consiste à omettre délibérément dans le récit des informations
c'est ainsi que les choses allaient se passer. J'ai essayé de raconter les choses dans l'ordre et de ne
pas mentir. Mais encore une fois, comment faire la différence entre ce qui se passe vraiment et ce
que l'on croit qu'il se passe ? (p. 321) [souligné par nous].
La narratrice personnelle, bien qu'elle revendique pendant une grande partie du roman des éléments de
l'omniscience qui sous-tend la narration traditionnelle à la troisième personne, à la fin du roman elle la sape,
en se retirant vers la technique de la narration à la première personne et sa perspective limitée, au premier
niveau. Cette oscillation entre la voix narrative traditionnellement "masculine", "publique" et autoritaire, et sa
manifestation subjective, personnelle et "privée" (la "voix" de l'auteur) est un signe de l'importance qu'il
convient d'accorder au rôle de l'auteur.
La combinaison de ces deux types de voix (respectivement "voix personnelle", selon Lanser [Lanser, 1992])
indique et concrétise la tentative de Lysperaki de composer un discours personnel, idiosyncrasique, qui remet
manifestement en question les catégorisations étroites concernant le mode de réalisation narrative de
l'expérience dite "féminine". La combinaison des deux permet à la fois de représenter la subjectivité de
l'héroïne et d'affirmer l'autorité de la voix de l'auteur.
Dans le contexte susmentionné, l'utilisation par Liberaki de la "paraphrase" narrative, dans une large
mesure dans cette œuvre particulière, est essentiellement un mélange d'éléments du genre de l'autobiographie
(supposée) du narrateur, qui justifie l'utilisation de la première personne du singulier, et du roman, qui permet
une construction fictive et l'utilisation d'une supervision narrative plus élevée du matériau. La violation des
conventions narratives par la "paraphrase" ne constitue donc en aucun cas une faiblesse narrative. Comme
l'affirme Stanzel (1999, p. 323), "de nombreux narrateurs à la première personne vont bien au-delà de
l'enregistrement d'une expérience en la recréant dans leur imagination. Dans ce processus, la frontière entre le
rappel de la mémoire et la métacréation affective de l'imagination est souvent annulée". La narratrice
personnelle de Lymperaki donne précisément l'impression de "remplir" les incidents dont elle se souvient et
qu'elle enregistre, avec des bribes de fiction pure et simple : des événements, des pensées, des motifs, des
sentiments, etc. auxquels la narratrice en tant que personnage n'a pas eu accès, sont remplis sur la base de ce
qu'elle considère elle-même comme "possible", "convaincant",
"plausible" et, en fin de compte, esthétiquement plaisant. À ce stade, Katerina apparaît davantage comme une
"créatrice" littéraire, grâce à son imagination et à son talent narratif, que comme une simple source.
"relayer" des incidents spécifiques vécus.
Le discours narratif devient d'ailleurs un moyen de "révélation" : l'utilisation de la focalisation de
différents personnages, au niveau du récit, compense l'incapacité projetée de l'héroïne à comprendre en
profondeur les personnes qui l'entourent, au niveau de l'histoire. Le récit
La "paraphrase", par l'accès qu'elle donne aux pensées et aux sentiments des différents personnages, agit
comme un processus de "décodage" compensatoire, guérissant une communication déjà incomplète et
problématique :
Pourquoi se cacher, mère, pourquoi se cacher toute sa vie, comme l'Infante, comme moi, comme
nous tous ? Nous nous cachons les uns des autres, et moi de David, et David de Ruth, et de Mme
Parigory, et Mme Parigory de M. Parigory, nous tous, nous nous cachons les uns derrière les
autres. (σ. 303)
L'expérience est ainsi présentée comme complétée par la créativité littéraire, l'enfermement implicite de
l'individu par la pénétration de sa psychologie, de l'héroïne par le narrateur, de la femme - dans les possibilités
et les limites de l'époque - par l'auteur, qui défie ces mêmes limites par ses choix. Les frontières entre la
mémoire et la fiction, entre la vérité et le mensonge (auquel, comme le dit la pièce, l'héroïne avait recours dès
son plus jeune âge), deviennent indistinctes, permettant une synthèse créative et illimitée des deux, qui
enrichit finalement à la fois l'expérience de la vie et la narration - le résultat de sa transposition littéraire.
Α. Langue étrangère
Abel, E., Hirsch, M., & Langland, E. (Eds.) (1983) The voyage in : fictions of female development.
N. H. - Londres : University Press of New England.
Alber, J., & Fludernik, M. (eds.) (2010) Postclassical narratology : approaches and analyses, Columbus :
Ohio State University Press.
Bal, M. (2017). narratology : introduction to the theory of narrative. university of Toronto Press.
barthes, R. (1966). introduction à l' analyse structurale des récits. communication, 8, 1-27.
Booth, W. C. (1983) The rhetoric of fiction (Chicago : University of Chicago Press)
Bremond, Cl. (1973) Logique du récit (Paris : Seuil / Poétique).
Camatsos, E. (2005) Defining the female "I" in the public domain : the narrators of Lilika Nakou's Strayed and
Margarita Liberaki's The Straw Hats. Journal of Modern Greek Studies, 23, 39-64.
Diengott, N. (1987). narratologie et féminisme. style, 22, 42-51.
Doležel, L. (1973) Narrative modes in Czech literature, Toronto : University of Toronto Press.
DuPlessis, R. B. (1985) Writing beyond the ending : Narrative strategies of twentieth-century women writers.
Bloomington : Indiana University Press.
Edmiston, W. F. (1989). focalization and the first-person narrator : a revision of the theory.Poetics Today,
10(4), 729-744.
Fludernik, M. (2009) An Introduction to narratology. New York : Routledge.
Gardiner, J. K. (1981). the (US)es of (I)dentity : a response to Abel's '(E)merging identities' Signs : Journal of
Women in Culture and Society, 6(3), 436-442.
Genette, G. (1972) Figures III, Paris : Seuil / Poétique.
Genette, G. (1983) Nouveau Discours du récit, Paris : Seuil / Poétique.
Greimas, A. J. (1966). sémantique structurale. recherche de méthode. paris : Larousse.
Herman, D. (1997). scripts, sequences, and stories : elements of a postclassical narratology. pmla/publications
of the Modern Language Association of America, 112(5), 1046-1059.
Herman, D. (1999) Narratologies : new perspectives on narrative analysis, Columbus : Ohio State University
Press.
Herman, D. (2012). Exploring the nexus of narrative and mind. In Herman, D., Phelan, J, Rabinowitz, P. J.,
Richardson, B. & Warhol, R. (Eds.), Narrative Theory : Core concepts and critical debates (pp. 14-
19). Columbus : Ohio State University Press.
Lanser, S. S. (1981). the narrative act : point of view in prose fiction. Princeton, NJ : Princeton University
Press. Lanser, S. S. (1986). towards a feminist narratology. style, 20, 341-363.
Lanser, S. S. (1992) Fictions of authority : women writers and narrative voice, Ithaca/Londres, Cornell
University Press.
Lanser, S. S. (1995). Sexing the narrative : propriety, desire, and the engendering of narratology. narrative,
3(1), 85-94.
Lanser, S. S. (2014). gender and narrative. in Peter Hühn, Jan Christoph Meister, John Pier, Wolf Schmid
(Eds.), Handbook of narratology : 1 (pp. 206-218). Berlin : de Gruyter.
Β. Langue grecque
Genette, G. (2007), Figures III. Le discours de la narration : un essai de méthodologie et d'autres textes. Un
essai et d'autres essais.
Babis Lykoudis, éd. Eratosthenes Kapsomenos. Athènes : Patakis.
Stanzel, F. K. (1999), Narrative theory. Trans. Kiriaki Chrysomalli-Henrich. University Studio Press.
Todorov, T. (1989) Poétique. Trans. A. Kastrinakis. Athènes : Gnosis.
Tomashevsky, V. (1995) Thématique. Dans T. Todorov (Ed. - par.) & R. Jacobson (Ed.), Théorie de la
littérature : Textes des formalistes russes. Ed. - prol. - note H. P. Nicoloudis (pp. 280-325). Athènes :
Odysseus.
Kakavulia, M. & Politis, P. (2022). Narrative : Une perspective multidisciplinaire. Athènes. Gutenberg. Γ.
(2003). Une narratologie : Théorie et méthodes d'analyse de la prose narrative.
Athènes : Patakis.