Comprendre Et Concevoir Le Bloc Operatoire Extraits
Comprendre Et Concevoir Le Bloc Operatoire Extraits
Comprendre Et Concevoir Le Bloc Operatoire Extraits
le bloc
o p é r ato i r e
Patr ick Br eack
| 10 | | 11 |
La vie quotidienne
au bloc opératoire
L
a notion de risque est prépondérante, elle condi-
tionne la plupart des attitudes et des organisa-
tions mises en place dans un bloc opératoire car
les risques sont effectivement nombreux. Risque anes-
thésique d’abord, risque électrique, risque d’incendie,
d’exposition aux rayonnements ionisants, risque d’er-
reur, risque de chute et ce qui vient le plus vite à l’es-
prit, le risque infectieux. Il est lié au fait qu’inciser la
peau d’un individu met ses organes internes en contact
avec l’air ambiant, ce qui explique en partie la focalisa-
tion portée sur cet aspect du risque. Mais les contamina-
tions résultent plutôt d’un contact direct avec le patient,
par les mains, par les vêtements et par les instruments.
Ces situations sont complexes et l’infection post opé-
ratoire peut également être due à l’état du patient.
Il résulte de l’ensemble de ces facteurs une série de
précautions qui concernent d’abord l’habillement.
La tenue doit être spécifique au bloc opératoire, stérile
pour toute personne en contact direct avec le patient opéré.
Centre Léon Bérard
Cette mesure suppose que soit organisé un vestiaire qui Bloc opératoire
permet de changer la tenue hospitalière ou civile pour Maquet
Marie-Laure LUCA,
une tenue de bloc. Société GETINGE
du bloc opératoire
les postes doivent être représentés, et ses avis doivent la façon de les utiliser sont autant d’éléments qui doivent
être pris en compte, même si cela prend du temps. être connus au cours de la conception fonctionnelle de
Cette phase est essentielle pour intégrer les besoins réels chaque secteur du bloc opératoire. Ces points seront
et écarter les risques d’erreur. Cette démarche doit être développés ultérieurement.
rigoureuse et faire l’objet de comptes rendu validés.
Approche et déroulement du projet Dans la mesure du possible, il est souhaitable de sé- Bien souvent, les démarches de conception et d’équi-
journer dans le bloc opératoire existant pour connaitre pement sont scindées, décalées dans le temps et le
C
oncevoir un bloc opératoire est une mission de conception du projet, elles permettront de définir le cadre actuel et les contraintes des utilisateurs afin de rapprochement entre les deux ne s’opère pas au niveau
longue et difficile qui doit s’appuyer sur des sans risque d’erreur les spécifications techniques de cha- mieux comprendre les demandes et les réticences qui décisionnel. Ce sont en effet des postes d’investisse-
bases solides. La plupart du temps, cette dé- cun des secteurs du bloc opératoire. Selon les pays, il seront exprimées. ment différents qui ne se traitent pas selon la même
marche s’intègre dans la conception globale d’un hôpi- existe des référentiels nationaux qui ne correspondent chronologie pour éviter les immobilisations financières.
tal et le bloc opératoire, qui est relié à cet établissement plus aux approches actuelles mais qui font force de loi. Les projets sont attendus depuis longtemps et tout Il revient aux utilisateurs et au concepteur de ques-
par de multiples circuits fonctionnels et techniques hé- Il peut être nécessaire dans ce cas d’organiser des le monde est pressé, en particulier le responsable d’éta- tionner l’investisseur, de le pousser à s’informer sur les
rite des contraintes du site, en particulier de sa structure échanges de point de vue avec les Autorités locales dans blissement, ce qui est assez naturel. Ce n’est pas pour solutions envisagées pour qu’au minimum, des options
lorsqu’il est situé en sous-sol. le but de simplifier les autorisations administratives, autant qu’il faille accepter des délais trop courts, incom- soient retenues avant la fin de l’étape de conception
la suppression du circuit sale étant un point d’achoppe- patibles avec une concertation approfondie. Au cours fonctionnelle du projet. A cette occasion peut apparaitre
Cette démarche est longuement préparée, encadrée par ment fréquemment rencontré. de celle-ci peuvent s’exprimer les tensions antérieures et c’est fréquent, le fait que personne ne s’est vraiment
des guides, établis sur la base de l’analyse de divers pro- et s’exercer différents pouvoirs qu’il peut être nécessaire posé la question.
jets. Ce n’est pas le cas dans un certain nombre de pays Dans un premier temps, à partir des éléments arrêtés de canaliser afin d’éviter, par exemple, que s’impose le
et rappeler des bases méthodologiques peut être utile. dans le projet médical est défini un programme prélimi- point de vue d’un leader en fin de carrière qui a peu Un projet se déroule par phases successives qui
Pour progresser efficacement et ne pas revenir à de mul- naire qui détermine les surfaces nécessaires aux différents de chances d’utiliser les installations qu’il aimerait voir correspondent à un niveau d’avancement technique.
tiples reprises sur le travail accompli, il est nécessaire de locaux, aux circulations, aux installations techniques. conçues à sa mesure. Dans un premier temps le programme préliminaire,
connaitre préalablement le projet médical dans lequel va Il établit sur cette base un schéma fonctionnel général le programme fonctionnel et technique détaillé, puis
s’inscrire le futur bloc opératoire, ainsi que son évolution qui permet de présenter une ébauche du fonctionnement Cette phase de conception fonctionnelle se précise les études d’avant-projet sommaire (APS), suivies de
prévisible dans le temps, pour anticiper techniquement futur. Ensuite est élaboré un programme technique dé- au cours de l’avancement des études et devient peu à l’avant-projet détaillé (APD) qui permettent de dépo-
sa future extension. Cette réflexion doit être en mesure taillé (PTD) qui précise les fonctionnalités en intégrant peu essentiellement technique. Au préalable, chaque ser un dossier d’autorisation de permis de construire.
de définir un niveau d’activité par spécialité, ainsi que les principales contraintes techniques identifiées à ce étape doit faire l’objet d’une validation par le groupe Interviennent ensuite les études de projet (PRO), les
les sujétions techniques des différents équipements. stade. Il permet de passer ensuite à la conception fonc- de liaison qui représente les utilisateurs. La mise au études et plans d’exécution (EXE) pour aboutir au
Leur installation peut en effet entrainer des besoins qu’il tionnelle détaillée du bloc opératoire. point d’une organisation fonctionnelle ergonomique dossier de consultation des entreprises (DCE). Les uti-
est préférable de connaitre dès le départ, charge au sol, ne devrait pas être finalisée sans avoir connaissance des lisateurs du bloc opératoire doivent intervenir jusqu’à
puissance électrique, dégagement thermique, surface né- Quand le contexte le permet, il est essentiel de mettre systèmes logistiques prévus pour être implantés au bloc la fin des études au stade APD, car elles sont censées
cessaire. Ces informations sont essentielles pour l’équipe en place un groupe de travail qui servira de courroie de opératoire, en pharmacie et en stérilisation. La réflexion intégrer les contraintes telles que les renforts à prévoir
| 68 | Les principes conceptuels du bloc opératoire Les principes conceptuels du bloc opératoire | 69 |
B
30
30
DEBARRAS
NON EQUIPEE
SOP 7 VIDE SUR
347
gaine
COUR 4 335
110
460
SAS ANGLAISE
565
595
20
425
DETENTE/ REUNION
VOILE DE
dans les cloisons pour soutenir les matériels qui y seront Les phases suivantes sont essentiellement techniques
20
SO UTENEM
550
ENT EN B.A
SOP 8 . HYDROF
VERS S-2
UGE
accrochés. Ce sont par exemple les accessoires de tables, et quand l’hôpital dispose d’ingénieurs en interne,
10
600 20 330 20 300 20 660 20 160 10 380 30 320
552
VERS RDC
120
les supports poubelle, les paniers de rangement, le roll ils doivent être associés à leur progression, car ils au-
20
628
265
SAS
203
SOP 6 ISSUE
board. Ce niveau des études détermine également les ront à gérer la maintenance et l’évolution de ce qui est
215 265 PALIER
370
370
DEBARRAS DE SECOURS
LTE
LTE 160
passages de gaine, les dimensions des locaux techniques, en train de se concevoir. La mise au point d’une orga-
480
570 307 350 ESCALIER 140 30 140
560
600
DE SECOURS
20
NIV.FINI.: -3.40m
autant d’occasions de réduire les surfaces utiles prévues nisation finale adaptée à la fois aux contraintes fonc-
240 240
342
325
VERS S-2
SAS
VERS RDC
NIV.FINI.: -3.40m
initialement. La vigilance des utilisateurs ne doit pas se tionnelles, techniques et réglementaires demande du
340
200
UTILITE SAS
10
20
C.F.
relâcher au cours de ces réunions, ni leur niveau d’exi- temps. L’économie obtenue par une pression excessive
160
SAS
730
140
20
200
1625
MENAGE
gence. La plupart du temps, il est possible de rechercher afin de réduire les délais de conception et d’étude est
LOCAL CHEF BLOC
205
SOP 5 gaine
TECHNIQUE
465
350
20
280 300 160 30
CORO gaine
20
PALIER
320
des solutions qui limitent les pertes de surface utile, inévitablement perdue au cours des travaux, tant en ce
252
320
DEBARRAS ISSUE
400
CONTROLE 3 435 DE SECOURS
565
ce ne sont pas forcément les plus faciles et réétudier une qui concerne le coût que le délai, car à ce stade toute
270
LOCAL
30
205
CFO
340
VESTIAIRES F
ENTREE
approche technique déjà mise au point ne séduit ni le imprécision est sanctionnée par des aménagements sup-
140
170 120 436 325 90 345 40 145 118 150 292 289 300 665
170
395
395
SAS 430 gaine gaine LOCAL
240
300
20
90
SALON PREPARATION
45
gaine
bureau d’études, ni l’architecte, mais il faut bien être plémentaires, hors budget.
CFA
170
PHARMACIE MEDECINS
445
450
20
80
155
150
170 120 SORTIE 436 90 95
PHARMACIE
conscient que la contrainte fonctionnelle acceptée un
140
SOP 4 ATTENTE
125
155
100
800
800
jour restera une gêne pour toujours.
VESTIAIRES H 295 300 295 240 289 110
140
785
SAS
240
ENTREE
20
20
190 340
PALIER
605
45
STOCKAGE
SECURISE
160
640
170
525
1ER SOUS-SOL
MEDICAMENTS
155
4 450
180
PATHOLOGIE
335
SERVICES
350
gaine
300
NIV.FINI.: -4.70m
85
600 260 175 185 600 440 250 401 165 95 120 ASC.
240
SAS 1 125 KG
185
165
SOP 9 CORO ANGIOPLASTIE H.S.P.= 4.50m STOCKAGE
155
15 PERS.
Evolutivité
MEDICAMENTS
LTE
90
REFRIGERE
20
20
20
gaine
20
20
SAS
20
D
COUPE
210
210
200
200
DEBARRAS
200
200
200
es règles simples devraient présider à la circuler des réseaux complémentaires, au moins 4.00 m
SOP 3 ORTHO NEURO
20
400
420
20
20
20
25
conception d’un bloc opératoire. Les tech- sous les poutres et un mode de cloisonnement aisément
110
640 SOP 10 ENDOSCOPIE 1
STOCK SAS SAS VERS 2EME SOUS-SOL
180
CONSOMMABLES LIVRAISON STERILE COUPE
STOCK NON STERILES FEU
50
630
STERILE
CENTRAL
20
380
625 180 180 260 160 185 215 295 605 115 155 667 25 613 25
135
500
1005
SAS
STOCKAGE STOCKAGE PHARMACIE VERS RDC
les pathologies et le volume des besoins également.
300
SSPI
725
730
730
25
25
TRAITEMENT
20
ENDOSCOPES
420
gaine
facilement dans le temps. Ceci doit être intégré dans son le nombre de salles d’opération devra augmenter.
SAS INDUCTION
SOP 2 ORTHO NEURO
20
380
315
CONSERVATION
700 20 345 20 250 20 380 25 610 25 780 395 395 190 280 667 20 20
625
VERS RDC STOCKAGE
approche conceptuelle. La chirurgie robotisée, l’associa- Cette extension doit pouvoir se réaliser sans interférer
275
ENDOSCOPES
20
30
tion simultanée des techniques d’imagerie de haute per- sur le fonctionnement sécurisé du bloc opératoire existant.
20
580
25
30
MORGUE
575
20
MENAGE
225
PROTHESES
1525
PHARMACIE
locaux annexes adaptés. Peu accessibles aujourd’hui pour tains projets privés ne permette pas d’envisager d’exten-
20
UTILITE
190
510
20
des raisons financières, ces techniques seront utilisées sion secondaire. Dans ce cas, il est nécessaire d’anticiper
SSPI
1205
SOP 1 CEC
SAS
10
plus largement un jour. Il faut le prévoir en proposant et de construire dans le projet initial une future exten-
210
330
MENAGE UTILITE
975
210
30
une structure du bâtiment qui ne constitue pas un obs- sion du nombre de salles qui pourront être achevées et
660
20
VIDE SUR COUR ANGLAISE tacle insurmontable en cas de modification. De même équipées sans altérer le bon fonctionnement du bloc
STOCK CEC
pour la hauteur entre dalles qui doit permettre de faire opératoire. Il faut donc prévoir lors de la conception
310
1ER SOUS-SOL
30
D
ans un bloc opératoire sont réalisés simulta- monte-charges de l’établissement, l’essentiel est de gérer
nément des actes qui nécessitent des niveaux efficacement les confinements. Il peut être envisagé de
de prise en charge différents. Il n’est pas sou- recourir à une externalisation de la stérilisation. Dans ce
Ma i n t e n a n c e Accès haitable d’apporter à ces besoins une réponse uniforme. cas, une organisation spécifique d’entrée et de sortie des
Logistique logistique Il est préférable de constituer des secteurs qui fonc- DMR (dispositifs médicaux réutilisable) doit être mise
livr aisons tionnent selon des règles différentes, adaptées aux risques en place au sein du bloc, tant à la sortie qu’à l’entrée.
S A L L E DE REVEI L et aux besoins de chacun. Cette approche conduit à pro-
C HIR U R G IE poser une organisation du bloc opératoire qui comporte Il existe plusieurs approches de l’organisation générale
CL ASSE 1 six zones différentes, combinées en fonction de la confi- du bloc opératoire. La plus intéressante développe
A ccu e i l guration des locaux. le concept d’asepsie progressive présenté en 1985
Circuits vestiaires par Thierry Hoet dans son livre « Le bloc opératoire
c o m m u n i cat i o n D’abord une zone filtre pour les accès, vestiaires, trans- contemporain ». Ce concept définit des zones béné-
PR é A NE S THE S IE TRANSFERT SAS
fert, livraisons, une zone périphérique avec l’imagerie ficiant chacune d’une surpression de 15 Pascals par
Externe Accès interventionnelle, l’endoscopie, la chirurgie en externe, rapport à la précédente, de la salle d’opération jusqu’au
patients
une salle de réveil accessible de toutes parts, une zone sas de transfert à l’entrée du bloc opératoire. Il reste
L i t pat i e n t Accès de chirurgie générale pour les classes II à IV, une zone parfaitement applicable aujourd’hui. En revanche les
personnel
protégée pour la chirurgie de classe I et par ailleurs, différents locaux reliés à la salle d’opération multiplient
Après tr ansfert
la détente, les bureaux, la zone de stérilisation et les accès et les portes gênent en pratique l’organisation
Pré anesthésie le magasin stérile, à moins qu’ils ne soient déportés dans des matériels à l’intérieur de la salle, de plus en plus en-
C HIR U R G IE C L A S S E 2 A 4 IM A G ERIE ENDO S C OPIE un autre niveau, ce qui ne présente guère de difficultés combrée d’équipements du fait du développement des
V e r s S S PI INTERVENTIONNE L L E au plan fonctionnel. Chaque zone est reliée aux autres techniques opératoires. C’est pourquoi il est préféré des
par des circulations qui doivent garantir la fonctionna- salles d’opération munies d’un seul accès, qui commu-
Personnel lité, tout en préservant la sécurité du point de vue du nique parfois directement avec le couloir, le sas d’accès
risque infectieux. Dans le cas de la stérilisation, selon étant supprimé, ce qui ne va pas sans poser de problème
Mat é r i e l la taille du bloc opératoire et les contraintes du site, en termes d’aérobiocontamination.
les liaisons peuvent être verticales ou encore, utiliser les
| 72 | Les principes conceptuels du bloc opératoire Les principes conceptuels du bloc opératoire | 73 |
Cette simplification du bloc opératoire se traduit par d’aspiration électriques individuels. L’informatique,
la suppression des différents locaux qui regroupaient aujourd’hui très présente dans les salles d’opération et
précédemment autour de la salle d’opération, le lavabo de réveil, nécessite un local pour héberger les baies de
chirurgical, le stockage du matériel stérile, le stockage raccordement.
des accessoires de table et parfois, la décontamination
des instruments. Il en résulte aujourd’hui des blocs La conception du bloc opératoire a connu dans les années
opératoires au couloir très encombré car ces espaces de 80 et 90 une phase qui débouchait sur des organisations
rangement périphériques sont fréquemment éliminés complexes avec de multiples locaux. La simplification qui
alors que la quantité de matériels et de consommables a suivi présente parfois des aspects excessifs et un équilibre
ne cesse de croitre. S’ajoute à cela le lavabo chirurgical semble à trouver aujourd’hui. S’appuyer sur les besoins
quand le sas d’accès à la salle a été supprimé. Ce qui ne pratiques et quotidiens des utilisateurs est un moyen de
constitue pas vraiment un progrès. La pénurie de stoc- proposer des réponses mieux adaptées, d’autant que la
kage est la préoccupation courante des responsables de pression exercée sur le bloc opératoire par l’extension de
bloc opératoire, confrontés à l’accroissement des besoins la chirurgie ambulatoire impose à chacun en interne un
du fait de la complexité croissante des techniques et de niveau plus élevé de performance organisationnelle.
l‘apparition des nouveaux équipements qu’elle entraine.
Aux contraintes d’hygiène et d’organisation s’ajoute
L’évolution des techniques de ventilation et de traite- la prévention du risque d’incendie qui impose des sas
ment d’air des salles d’opération intervient également coupe-feu et une enveloppe globale du bloc opératoire
dans l’organisation des locaux car elle conduit fréquem- et de chaque salle d’opération susceptibles de résister
ment à recourir aux armoires individuelles de recyclage en pendant deux heures à un incendie, ceci pour permettre
complément des centrales de traitement d’air. Ce choix d’achever une intervention en cours. Cette démarche
technique impose des locaux qui prennent de la place au peut s’accompagner de variations dans l’interprétation
sein du bloc et constituent des sources de pollution lors du des règles selon les villes, les pays et le niveau de né-
remplacement des filtres par leur manipulation et l’évacua- gociation parfois attendu des autorités locales. Il est
tion des filtres saturés. Sur le plan technique, des locaux nettement préférable d’anticiper ces exigences et d’as-
sont également nécessaires pour les armoires électriques et socier rapidement le bureau d’étude spécialisé lors de
les transformateurs d’isolement, au minimum un par salle la conception pour éviter d’avoir à gérer des aménage-
d’opération. La distribution des fluides médicaux nécessite ments complexes à la suite des demandes tardives des
Couloir de bloc
un secours qui peut passer par une ou plusieurs armoires Autorités. opératoire
assez volumineuses (UMS), qui doivent être aisément récemment réalisé
avec armoire de
accessibles au sein du bloc opératoire. Il peut également secours des fluides
médicaux UMS
s’organiser à partir d’une bouteille d’oxygène fixée sur
chaque chariot d’anesthésie et sur l’utilisation de systèmes
| 74 | Les principes conceptuels du bloc opératoire Les principes conceptuels du bloc opératoire | 75 |
Principes conceptuels
en l’absence de moyens
Priorités
J
Cet énoncé limité ne prend en compte que les aspects
usqu’à présent, l’approche du bloc opératoire s’est dé- Les hôpitaux régionaux universitaires sont éloignés et
où intervient directement la technique :
roulée dans cet ouvrage dans le cadre confortable et souvent difficiles d’accès pour les populations rurales.
opulent des projets occidentaux, même si quelques Des centres de soins équipés d’une ou deux salles d’opé-
• Avant tout, assurer la sécurité des patients. • Veiller à ce que ces installations ne génèrent pas
écarts ont parfois pris en compte la situation des PED. ration peuvent être installés localement, de façon à
de pollution potentiellement dangereuse pour
Une part majoritaire de la population mondiale ne peut déplacer régulièrement une équipe médicale plutôt que
• Assurer l’alimentation en eau la population
accéder à ces installations et ne peut même imaginer qu’elles l’ensemble des patients. Pour que cela soit envisageable,
et en énergie
existent. Selon une enquête publiée dans The Lancet en il est impératif que ces installations apportent une sécu-
• Trouver des solutions simples, efficaces, adaptées,
2010 (Volume 376 N° 9746) couvrant 190 pays, la popu- rité suffisante dans le cadre d’un budget accessible.
• Assurer durablement l’accès peu coûteuses.
lation des pays riches dispose de 14 salles d’opération pour
à des installations en bon état.
100 000 habitants contre moins de 2 et parfois moins de
• Dispositions générales
1 pour 100 000 habitants dans les pays pauvres, soit plus de
2.2 milliards d’habitants. Les moyens que les Etats concer-
nés accordent à la Santé sont très inférieurs aux besoins
Dispositions générales
vitaux de la population qui doit attendre l’intervention de
donateurs pour disposer d’un établissement de soins cor- Les objectifs
rectement équipé. Il ne suffit pas d’annoncer à grand ren- L’installation d’un bloc opératoire à minima doit avoir d’infrastructure nécessaire. Les hôpitaux de type 2
fort de communication la réalisation d’un projet, il faut des objectifs clairement définis. Il s’agit de chirurgie prennent en charge la plupart des interventions urgentes
aussi en assurer la maintenance, ce qui apparait souvent d’urgence aux suites simples ne nécessitant pas de suivi et la chirurgie qui n’implique pas de suivi lourd. Ils dis-
plus problématique compte tenu des budgets disponibles. intensif ou de réanimation. Elle concerne les hôpitaux posent de plusieurs salles d’opération mais pas toujours
Le donateur finance la réalisation ou l’équipement, très ra- de type 1, qui sont des dispensaires disposant d’un bloc de moyens financiers adaptés. Rapprocher ces deux
rement la maintenance. Reste ensuite à trouver le person- opératoire, qui prennent en charge par exemple le parage catégories permet de définir les conditions communes,
nel pour les faire fonctionner…en particulier les chirur- et pansement de plaie, les hémorragies actives, les situa- nécessaires pour garantir la sécurité des patients.
giens. Ces questions sont complexes et l’analyse conduite tions où le patient ne pourrait supporter le transport
ici se limitera aux aspects techniques, la conséquence de jusqu’à un centre régional. Dans les cas compatibles
cette situation étant qu’il est préférable de concevoir des avec les disponibilités en personnel médical, il serait pré-
installations conformes aux bonnes pratiques mais du- férable quand c’est possible, de déplacer l’équipe plutôt
rables, peu coûteuses, donc aussi simples que possible. que le patient, mais il faut disposer alors du minimum
| 104 | Principes conceptuels en l’absence de moyens Principes conceptuels en l’absence de moyens | 105 |
Présentation et analyse chirurgie de classe 1 protégé par un sas. Le programme a fait
l’objet de longues négociations avec l’équipe médicale de
Le calcul initial des besoins, eu égard au programme mé-
dical retenu, est détaillé ci-contre, il prévoyait 1 516 m2
de cas concrets
l’établissement qui souhaitait limiter les concours bancaires en intégrant la stérilisation. Le projet étudié dispose
dans la réalisation de la première phase du projet. Il fallait d’une surface utile globale de 1 420 m2, ce qui nécessite
donc aller à l’essentiel tout en préservant un objectif global une recherche d’économie de surface en maintenant les
de qualité. Limiter le nombre de salles d’opération faisait mêmes fonctionnalités.
partie de cet objectif. Mais, compte tenu de la taille finale
Cette présentation expose trois cas étudiés au cours des dernières années, de cet établissement, il n’est pas exclu qu’une extension de Synthèse du programme des surfaces utiles
la capacité du bloc opératoire soit nécessaire dans le temps.
deux projets neufs et une restructuration. Elle a pour objectif d’illustrer les propos Locaux annexes • 3339 m2
C’est pourquoi nous avons prévu une réserve de surface
développés précédemment sur la base de cas concrets qui montrent les difficultés V e s t i a i r e s H e t sa n i ta i r e s 1 30 30
sous la forme d’un local technique, en vert sur le plan.
rencontrées pour mettre en œuvre des principes rigoureux lorsque se conjuguent Il est également possible, si le développement de l’activité V e s t i a i r e s F e t sa n i ta i r e s 1 30 30
les contraintes liées au terrain, aux règles d’urbanisme, aux exigences du Maître chirurgicale le justifie, de délocaliser la stérilisation vers le Détente 1 12 12
d’ouvrage et au bâtiment existant dans le cas d’une restructuration. Des compromis sous-sol de l’extension et de récupérer sa surface pour créer B u r e au m é d e c i n 1 16 16
sont parfois nécessaires entre l’application stricte des règles et la réalité qui s’impose. des salles d’opération et agrandir la salle de réveil. Les accès S as t r a n s f e r t 1 25 25
pour les travaux pourront alors se gérer par le couloir pé- S all e d e r é v e i l 1 15 0 15 0
Toute la difficulté est alors de définir ces compromis et de les faire accepter. riphérique sans gêner le fonctionnement du bloc existant. B u r e au c h e f d e bl o c 1 12 12
Ces descriptions de projet ne constituent pas un ensemble de recettes applicables
P h a r m ac i e bl o c 1 12 12
dans tous les cas, mais montrent simplement comment, dans un contexte donné, Lors de la conception, il fallait intégrer un élément qui
L o cal m é n ag e 2 8 16
il a été possible de mettre au point une solution qui fonctionne. intervenait sensiblement dans l’organisation des locaux,
Utilité 2 6 12
à savoir que pour des raisons de financement et de recru-
tement médical, le bloc opératoire serait réalisé en deux Déchets 1 12 12
budgétaire assez contraint et en deux phases, un hôpital du projet n’est pas chose facile car son organisation résulte de risques. C’est pourquoi elle a été positionnée en bas S t o ck s t é r i l e d e p r o x i m i t é 1 10 10
privé d’une capacité prévue en fin d’opération de 240 lits pour une grande part des contraintes qui sont apparues sur du plan, en gris, afin de bénéficier d’une liaison directe S all e d ’ o p é r at i o n o r t h o p é d i q u e 1 42 42
et postes. Il comporte une maternité, un secteur chirur- l’ensemble de ce projet. De ce fait, des choix peuvent pa- avec l’extérieur. De ce fait, la salle de cardiologie inter- S as d ’acc è s 1 18 18
gical pluridisciplinaire avec chirurgie cardiovasculaire raitre discutables au niveau du bloc opératoire alors qu’ils ventionnelle se retrouve intégrée à cette zone. Dans un
S t o ck m at é r i e l C E C 1 25 25
associée à une salle de cardiologie interventionnelle, une s’imposent naturellement dans le contexte global. Le bloc autre contexte, elle serait logiquement située près du sas
S all e d ’ o p é r at i o n C E C 1 50 50
maternité, un secteur d’oncologie avec radiothérapie, as- opératoire comporte dans sa phase finale 8 salles d’opéra- de transfert, mais il faut s’adapter aux réalités d’un projet,
socié à un centre d’imagerie performant, un important tion dont une salle utilisable en endoscopie et en chirurgie, en particulier dans ce cas en recherchant les économies S as d ’acc è s 1 18 18
secteur d’hémodialyse et un laboratoire. 4 salles de chirurgie générale et un secteur de 3 salles de de surface pour obtenir des économies d’investissement. (Programme de surface complet dans la version imprimée du livre)
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293
Le bloc obstétrical, en bleu, avec 4 salles d’accouche- Les bâtiments de la clinique sont situés de part et 1036 20 380 20 583 20 150 10 411 20 254 20 160 20 287 20 411 20 234 20 249 10 180 20 163
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ment est en liaison directe avec le bloc opératoire. Celui- d’autre du bloc opératoire, à gauche et à droite
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ci occupe en sous-sol une grande partie de la surface du plan, la façade principale correspond à la base
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10
574
accordée à la première phase du projet. Au même niveau du plan. Au centre, un espace aménagé pour les 1085 20 380
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905 20 477 20 514 20 410 20 175 14 229 10 120 10 175 20 422 20 272 20 150 258
se situent les activités logistiques, cuisine, buanderie, patients sépare les bâtiments. Il constitue la dalle
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755
755
locaux techniques et stockages divers. Le cumul des be- supérieure d’une partie du bloc opératoire. De ce
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200
soins de surface de ces secteurs indispensables à la vie fait, il est apparu possible de créer des puits de
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DE VISITE
234
lumière naturelle pour éclairer les salles d’accou-
GALERIE
TECHNIQUE
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209 20 659 511 20 726 20 203 20 188
Prévoir une forme de pente
et un siphon de sol
20 418 20 450 20 422 20 272 20 549
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surfaces disponibles pour le bloc opératoire. Les alertes chement, les locaux de détente, de stérilisation, DE VISITE
GALERIE
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TECHNIQUE
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formulées sur ce point ne sont pas aisément perceptibles certains couloirs et une partie de la salle de ré-
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603 20 603 20 315 20 240 10 230 20 1556 20 408 20 380 20 267 20 422 20 272 252 30
pour des équipes médicales habituées à travailler dans veil et des vestiaires. La circulation logistique et REA BB
548
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des conditions inconfortables. La délocalisation des technique qui contourne le bloc opératoire bé- Transfert
LAVAGE
278
20
retour
activités logistiques, buanderie, cuisine, n’est pas envisa- néficie également de cette source lumineuse,
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673
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geable dans de bonnes conditions dans le contexte local ce qui permet de réduire les consommations
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391 20 279 20 927 20 315 20 478 10 1567 20 107 20 281 20 400 268 20 422 20 272 20 469
300
et elles doivent être maintenues sur place. électriques dans la journée. Ces puits de lu-
275
Induction
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ALR
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20
mière apparaissent en bleu clair sur le plan.
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Lors de la construction de la seconde phase, située en
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limite de la construction actuelle, une liaison logistique L’ensemble a été structuré par les escaliers
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et technique sera nécessaire entre les deux bâtiments. de secours qui apparaissent en rouge sur le
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13
20 603 20 603 20 242 20 565 20 285 20 139 20 583 140 10 428 10 105 10 350 20 231 20 156 92 422 20 272 311
De ce fait, un couloir contourne le bloc opératoire pour plan et la position des montes-malades en
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10
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576
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assurer cette liaison. Par ailleurs, les règles d’urbanisme vert. Des montes charges sont également 252 160
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locales permettent de construire en sous-sol jusqu’à la li- prévus dans la zone logistique. A partir de
10
389 20 341 20 901 20 350 550 20 388 20 186 348 336 15 139 10 198 10 105 10 221 10 118 20 518 422 20 271 312
280
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175
mite de propriété, le recul à respecter ne concernant que cette organisation générale du bâtiment
349
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LOCAL
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TECHNIQUE
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la partie construite en surface. Il en résulte un espace
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se sont positionnés les sas d’accès, de
10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
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140
disponible qui contourne les salles d’opération et qui transfert, la liaison avec le bloc obstétri-
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20 410 20 550 20 330 20 330 20 180 20 160 180 20 348 20 20 20 326 10 118 20 518 422 20 271 312 20
10
592 39 20 167 167 115 140
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s’avère très utile pour installer les armoires électriques, cal, les vestiaires, la salle de réveil et la
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les transformateurs de séparation et les centrales de trai- salle d’endoscopie. Cette organisation
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419 20 411 20 20 1248 20 210 20 2532 20 847
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tement d’air du bloc opératoire. La descente des charges du fonctionnement médical est com- B
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correspondant à la façade se traduit par des poteaux qui plétée par des accès logistiques situés
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se situent en périphérie des salles d’opération et déli- en partie haute du plan pour assurer
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18
208 20 140 20 226 188 1 151 150 17
2 16
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3 15
mitent l’espace accordé aux locaux techniques. Cette la livraison, le décartonnage propre
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surface apparait en jaune sur le plan. ainsi que les accès techniques à la
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DE VISITE
GA LE RIE
TECHNIQUE
stérilisation.
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Comp rendre et con ce voi r
l e b l o c o p é r ato i r e
P a t r i c k B r eac k
L’auteur a initié il y a quarante ans une démarche nouvelle en hy- Depuis longtemps, il a mis cette compétence particulière au service
giène hospitalière consistant à associer les notions d’organisation, de nombreux projets en France et dans les pays en développement,
d’ergonomie, de techniques du bâtiment, avec la connaissance de en partenariat avec des architectes et des bureaux d’études. Son
la microbiologie de l’environnement, des pratiques médicales et objectif est ici de partager son expérience avec les professionnels
soignantes et de l’hygiène hospitalière. Hygiéniste consultant pen- techniques et hospitaliers. Gérer un bloc opératoire, assurer la sé-
dant de nombreuses années au CHU de Saint Etienne, à l’hôpital curité des patients, devrait intégrer la connaissance des principes
Américain de Paris, à l’Institution Nationale des Invalides et en techniques régissant cette organisation complexe afin d’assurer une
Oncologie pédiatrique à l’Institut Curie, il a toujours mené parallè- surveillance plus efficace de paramètres fragiles. Pour les concep-
lement une activité de conseil sur de multiples projets, en particulier teurs, disposer d’informations précises sur les besoins quotidiens
de blocs opératoires en France et dans divers pays en développement. des utilisateurs du bloc opératoire, les contraintes et règles aux-
Ses dix dernières années ont été principalement orientées vers les quelles ils sont soumis, permet d’aborder différemment un pro-
pays du Maghreb et d’Afrique dans le but de transmettre ses connais- cessus conceptuel difficile. Des recommandations fonctionnelles
sances, son expérience et de prendre en charge la conception et le et techniques sont proposées, assorties de plans et schémas pour
suivi de projets complexes. Il est également l’auteur d’un livre publié apporter un éclairage documenté par une longue observation de la
en 1996 aux éditions Hermann « Hygiène et Qualité Hospitalières ». vie quotidienne de multiples structures.
Concevoir un bloc opératoire est une démarche longue et com- Par ailleurs, l’auteur a participé à diverses expérimentations et travaux
plexe qui requière de multiples connaissances techniques et la sur le contrôle de la pollution microbienne de l’environnement. Ils ont
maitrise de nombreuses normes et règles de sécurité. Les différents forgé des convictions plus proches des pratiques anglosaxonnes que de
spécialistes qui prennent en charge le projet disposent de ces com- celles qui sont admises actuellement en Europe. Une argumentation
pétences mais n’ont pas eu généralement l’occasion de séjourner documentée permet d’aborder différemment ces aspects importants et
longuement dans plusieurs blocs opératoires, n’ont pas observé le coûteux de la conception technique des blocs opératoires. Enfin, dans
détail du déroulement des interventions ni analysé les dysfonction- le souci de rendre ce travail aussi utile que possible, il présente trois
nements qui peuvent y être constatés. C’était en revanche une des analyses de cas, création et restructuration de bloc opératoire. Cela
fonctions exercées pendant 30 ans par l’auteur de cet ouvrage, au permet de mesurer concrètement les difficultés rencontrées et d’expli-
sein de multiples établissements de toute taille. citer les compromis qui ont parfois été nécessaires.
ISBN 978-2-9565164-0-8
| 22 | La vie quotidienne au bloc opéraoire