Umeci 2024
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ANNEE : 2023-2024
Le droit peut être défini comme l’ensemble des règles juridiques qui régissent les
rapports entre les hommes dans une société donnée. Ces règles doivent être
respectées par les destinataires, sous peine d’en courir une sanction. Ainsi défini,
le droit n’est pas la seule règle de conduite sociale. C’est qu’à côté du droit,
existent d’autres normes sociales. On cite entre autres, la religion, la morale, la
justice et les règles de convenances (les règles bienséance, de courtoisie, de
politesse, de savoir-vivre…). Cependant, le droit se distingue de toutes ces règles
de conduite sociale par ces caractères spécifiques. En effet, le droit a un caractère
étatique, il est général et impersonnel, il est obligatoire. Cette singularité du droit
amène à présenter ses différentes branches. Il s’agit du droit privé et du droit
public. Le droit privé tend à protéger les intérêts privés, ceux des particuliers, alors
que le droit public vise à sauvegarder l’intérêt général, l’ordre public. Les
disciplines principales du droit privé sont le droit civil, le droit commercial, le
droit international privé. Celles du droit public se ramènent au droit
constitutionnel, droit administratif, droit financier et le droit international public.
Cela dit, il convient de définir maintenant le droit administratif. Il peut se définir
au sens organique et au sens matériel. Au sens organique, le droit administratif se
définit comme le droit applicable à l’administration. La définition organique n’est
pas satisfaisante, en ce qu’elle est large. C’est que l’on applique aussi le droit
privé à l’administration lorsque celle-ci« s’habille en civil » c’est-à-dire
lorsqu’elle se comporte comme un particulier. Au regard de cette lacune, on
préfère la définition au sens matériel. A ce niveau, on peut définir le droit
administratif comme l’ensemble des règles juridiques dérogatoires du droit
commun qui régissent l’activité administrative des personnes publique (la
définition matérielle l’emporte sur la définition organique). Ainsi défini, le droit
administratif tout comme le droit constitutionnel relève de la branche du droit
public, alors que le droit civil, le droit commercial, le droit du travail
appartiennent, quant à eux, au droit privé.
Ceci étant, le droit administratif a des caractères qui le distinguent du droit privé.
Ainsi, le droit administratif est un droit autonome, un droit fondamentalement
jurisprudentiel, un droit jeune et évolutif.
Le caractère autonome signifie que le droit administratif comme toute discipline
juridique comporte des règles et des principes qui lui sont propres. Par ailleurs,
l’autonomie implique aussi l’existence de juridiction spéciale pour juger
l’administration, c’est la juridiction administrative.
Le caractère jurisprudentiel implique l’idée que le droit administratif est l’œuvre
du juge, notamment du juge administratif ; c’est ce qui justifie le qualificatif de «
droit prétorien ». Ainsi donc, l’essentiel des règles de droit administratif est
composé de décisions de justice.
Le droit administratif est enfin, jeune et évolutif. La naissance de ce droit date de
la deuxième moitié du 19e siècle, à l’occasion de l’affaire BLANCO du Tribunal
des Conflits, en date du 8 février 1873. Bien que jeune ce droit a connu une rapide
évolution due au dynamisme du domaine auquel il s’applique(les rapports entre
l’Etat et les personnes privées).
En définitive, l’administration, objet de notre étude, est définie par Jean RIVERO
comme « l’activité par laquelle les autorités publiques pourvoient, en utilisant le
cas échéant, les prérogatives de la puissance publique à la satisfaction des besoins
d’intérêt public ».De cette définition, on constate que le terme « administration »
recouvre deux réalités. Elle est d’abord une activité d’intérêt général (ex : la
construction de routes, l’enseignement…) ; elle désigne aussi les organismes (les
services publics) qui exercent cette tache
Ces précisions faites, il convient de mener l’étude du droit administratif à travers
trois parties :
- L’organisation administrative -L’action administrative.
- Le contrôle de l’action administrative.
PREMIERE PARTIE : L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE
II s'agit ici d'étudier les principes de base de l'organisation administrative ainsi
que les structures administratives.
B- LA DECONCENTRATION
C'est un procédé technique intermédiaire entre la centralisation et la
décentralisation.
Elle est appréhendée comme la technique d'organisation administrative qui
consiste à conférer des pouvoirs de décisions plus ou moins étendus à des organes
locaux du pouvoir central. Ces organes appelés autorités déconcentrées, ne sont
que des rouages de l'autorité centrale (l'État) qu'ils représentent. Ils agissent en
son nom.
Ainsi définie, la déconcentration entretient un rapport avec la centralisation, car
la déconcentration est une modalité de la centralisation. En effet, la
déconcentration est une simple distribution du pouvoir au sein de l'appareil
administratif d'État.
L'autorité déconcentrée peut certes prendre la décision sans avoir à en référer au
pouvoir central, mais elle agit en son nom.
Pour terminer sur ce point, notons qu'on distingue deux formes de
déconcentration: la déconcentration territoriale ou horizontale et la
déconcentration technique ou verticale ou par service.
Dans la déconcentration territoriale, le pouvoir de décision est confié à une
autorité, un organe dont la compétence s'exerce dans le cadre d'une circonscription
administrative qui ne bénéficie pas de personnalité morale.
En revanche, dans la déconcentration technique, le pouvoir de décision est confié
à une autorité, à un organe spécialisé techniquement (ministre directeur de service
au sein d'un ministère-chef des services extérieurs).
Toutefois, les deux (2) formes de déconcentration peuvent coïncider ou se
superposer. C'est le cas des chefs de services départementaux des travaux publics
qui réalisent la déconcentration par service (travaux publics) dans le cadre de la
déconcentration territoriale (département).
Ces organes appelés autorités décentralisées, règlent les problèmes d'intérêt local
tandis que l'autorité centrale prend en charge ceux présentant un intérêt national.
La décentralisation appelle l'idée d'autonomie administrative qui consiste à
abandonner à des administrations autonomes la solution des problèmes qui les
concernent. En cela, la décentralisation se distingue de la déconcentration. Les
différences résident dans la signification, la technique juridique des deux (2)
notions et le contrôle exercé par l’Etat sur les structures administratives.
En effet, les deux (2) notions n'ont pas la même signification : la décentralisation
a une valeur démocratique permettant aux citoyens de la collectivité concernée de
gérer eux-mêmes leurs affaires ou par l'intermédiaire des élus locaux. Cela se
réalise par l’élection des dirigeants décentralisés et la participation aux sessions
La (réunions) des organes délibérants collectivités décentralisées.
La déconcentration n'a pas cette valeur. Elle se réduit à une technique de
commandement car ici toutes les affaires de l'État sont gérées par l'État lui-même
(pouvoir central) ou par l'intermédiaire de son représentant local.
En outre, les deux notions obéissent à deux techniques juridiques différentes :
dans la décentralisation, les collectivités locales jouissent d'une personnalité
juridique propre. C'est dire que les actes émanant de leurs organes leur sont
imputés et elles doivent répondre des conséquences dommageables de ces actes.
Par contre, dans la déconcentration, les circonscriptions territoriales n'ont pas la
personnalité juridique. Aussi, leurs actes sont imputés à l'État et qui doit répondre
de leurs conséquences dommageables.
Enfin, les deux notions s’opposent par le contrôle qu’elles impliquent. En effet,
dans la déconcentration l’Etat exerce un contrôle, appelé contrôle hiérarchique ou
pouvoir hiérarchique ; en revanche, dans la
décentralisation, c’est plutôt le contrôle de tutelle que le pouvoir central exerce.
Au-delà de leurs divergences, la décentralisation et la déconcentration
entretiennent des rapports qui se caractérisent par le dessaisissement du pouvoir
central au profit des entités décentralisées ou déconcentrées qui exercent sur place
ces pouvoirs qui échappent à l'État : cela entraîne deux(2) conséquences : la
similarité du cadre d’intervention et le dédoublement fonctionnel des organes.
Dans le premier cas, on observe la déconcentration territoriale (département,
sous-préfecture…) et la décentralisation territoriale (la commune) ; en outre, nous
avons la déconcentration technique (direction départementale de la santé à Man)
et la décentralisation technique (ENA, Université Félix Houphouët-Boigny.
S'agissant du dédoublement fonctionnel, notons qu'il consiste pour une même
autorité à exercer des compétences à deux (2) titres distincts, au nom de deux (2)
personnes juridiques. Ainsi le Maire, autorité décentralisée agit tantôt au nom de
la commune tantôt an nom de l'État.
Indiquons enfin que la décentralisation tout comme la déconcentration peut revêtir
deux (2) formes ou modalités : la décentralisation territoriale ou horizontale et la
décentralisation technique ou verticale.
La décentralisation territoriale ou horizontale repose sur une base géographique.
Elle consiste à conférer l'autonomie administrative c'est-à-dire l'autonomie dans
l'organisation administrative, à une circonscription locale en lui octroyant la
personnalité juridique.
Quant à la décentralisation par service, elle consiste à conférer l'autonomie
administrative à un service public (Université) en lui octroyant la personnalité
juridique.
Mais, à quelles conditions peut-on parler de décentralisation ?
1- Les principes
Ils sont au nombre de deux (2): la nécessité d'un texte, la reconnaissance des
moyens de défense de l'autorité décentralisée
a- La nécessité d'un texte
Le principe de base qui gouverne la tutelle c'est l'adage «pas de tutelle sans texte,
pas de tutelle au-delà du texte ». La tutelle ne s'exerce donc que si la loi l'a prévue
et dans les limites et les conditions fixées par celle-ci. Ainsi, à l'inverse du
contrôle hiérarchique, le contrôle de tutelle ne se présume pas.
b- Les moyens de défense de l'autorité décentralisée
Contrairement à l'agent subordonné, l'autorité décentralisée dispose de moyens de
défense. C’est dire que l’autorité décentralisée peut contester la décision illégale
de la tutelle devant le juge. Cela se réalise par la voie du recours pour excès de
pouvoir devant la Chambre Administrative de la Cour Suprême.
2- Les procédés de contrôle
On retrouve presque les mêmes procédés qui varient également suivant que le
contrôle s'exerce sur les organes ou sur les actes.
a- Le contrôle sur les organes
La tutelle de l'État sur les organes décentralisés vise à surmonter leur
disfonctionnement, voir leur blocage. L'État intervient pour préserver l'équilibre
délicat entre le principe de la libre administration des collectivités
territoriales et celui de la légalité nationale, tout
particulièrement le principe de la continuité du service public.
L'autorité de tutelle dispose des mêmes pouvoirs que le supérieur hiérarchique.
Ces pouvoirs qui s'exercent dans des conditions relativement plus strictes sont
principalement la suspension et la révocation. Ainsi, le Maire peut être suspendu
par le ministre chargé des collectivités territoriales, mais il ne peut être révoqué
que par décret pris en conseil des ministres. Et, dans les deux cas, il doit être
préalablement entendu. De même, le conseil municipal tout comme le conseil
régional ne peut être dissous que par décret pris en conseil des ministres. Mais, la
dissolution n'est possible qu'à deux (02) conditions : dysfonctionnement du
conseil municipal ou régional et une mise en demeure restée sans résultat.
b- Le contrôle sur les actes
L’article 44 de la loi du 5 août 2014 portant orientation de l’organisation générale
de l’administration territoriale dispose que « le contrôle de l’autorité de tutelle
est un contrôle a priori, sauf dans les cas limitativement énumérés par la loi ».
Cette disposition, on peut le dire, est de nature à limiter l'autonomie des
collectivités territoriales. Cela est d’autant vrai que l’autonomie administrative
dont jouissent les collectivités décentralisées exclut tout rapport hiérarchique
entre ces structures le pouvoir central.
Cela dit, l’article 140 de la loi de 2012 sur l’organisation des collectivités
territoriales énumère les éléments du contrôle de tutelle sur les actes. Ce sont :
L'approbation, l'autorisation préalable, l'annulation, la constatation de nullité, la
traduction devant la juridiction compétente, l'inspection. Il y a également la
substitution d'office, qui permet à l'autorité de tutelle d'agir en lieu et place de
l'autorité décentralisée. Mais, ce pouvoir ne peut être exercé en principe qu'à une
double condition :
- la défaillance de l'autorité sous tutelle ;
- une mise en demeure restée sans résultat.
Il résulte de ce qui précède que le contrôle de tutelle n'admet pas le pouvoir
d'instruction.
Ainsi, l'autorité de tutelle ne peut en principe donner d'instruction, ni d'ordre à
l'autorité décentralisée. Précisons pour terminer, ici, que le contrôle de tutelle est
un contrôle de stricte légalité ce qui met en principe fin au contrôle de
l'opportunité.
B- LA TUTELLE ASSISTANCE-CONSEIL
Cette forme de tutelle est propre à la Côte d'Ivoire, répondant à l'objectif de
développement économique qu'elle s'est fixée. Consacrée par les différents textes
sur la décentralisation, notamment la loi d’orientation du 5 août 2014 qui énonce
en son article 37 que « l’Etat apporte son concours aux collectivités territoriales
afin de leur permettre d’assurer leurs compétences » Ceci étant, la tutelle
assistance-conseil contient surtout l'idée d'une assistance à apporter aux
collectivités locales.
Cette assistance, ce soutien revêt une triple dimension :
- l'assistance en matériels et en biens ;
- l'assistance en personnel ;
- le soutien financier.
Il faut toutefois indiquer que si l'aide de l'État aux collectivités décentralisées
perdure, elle remettra, à n'en point douter, en cause l'autonomie des structures
bénéficiaires.
1- La Présidence de la République
Certes, le Président de la République est d'abord une autorité politique, l'autorité
suprême de l'État. A ce titre, il incarne "1' unité nationale", et il est le "garant de
l'indépendance nationale", (article 54 de la constitution).
Mais, le Président de la République est aussi une autorité administrative. A ce
titre, il est investi de certaines fonctions administratives et dispose pour les
assurer des services administratifs.
2- La vice-Présidence de la République
Le vice-Président de la République est désigné par le Président de la
République, en accord avec le Parlement.
Il doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au
moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de
mère ivoirien d’origine
Le vice-Président de la République agit sur délégation du Président de la
République (article 80 de la constitution). Il supplée le Président de la
République lorsque celui-ci est hors du territoire national (art.80 de la
constitution). Dans ce cas il peut présider le conseil des ministres sur un ordre
du jour précis.
3- La primature
Le poste de premier ministre a été institué pour la première fois en
Côte d'Ivoire par la loi N° 90-1525 portant modification des articles 11, 12et 24
de la constitution du 03 Novembre 1960. Le poste de premier ministre est repris
et confirmé par la constitution de la deuxième République et celle de la
troisième République. Dès lors, il importe d'identifier le premier ministre avant
de présenter les services mis à sa disposition.
a- Le premier ministre
Aux termes de l’article 70 de la constitution, « le Président de la République
nomme le Premier ministre, Chef du Gouvernement. Il met fin à ses fonctions ».
En sa qualité de Chef du gouvernement, le Premier Ministre anime et coordonne
l’action gouvernementale (article 82 de la constitution). A l'égard des autres
ministres, le Premier Ministre bénéficie de deux titres étroitement liés mais
dissociables : il est d'abord, comme son nom l'indique, le premier des ministres,
ce qui le place à la tête de la hiérarchie ministérielle. Il apparaît donc comme le
chef des ministres, le Président de la République demeure le chef suprême.
Il est ensuite chef du gouvernement, ce qui lui confère non seulement le pouvoir
de proposer au Président de la République la nomination et la révocation des
ministres mais aussi celui d'animer et de coordonner l'action gouvernementale. Il
préside également le Conseil de gouvernement, réunion préparatoire du conseil
des ministres (art. 82 alinéa 1 de la constitution). Enfin, l'article 82-2 de la
constitution lui assigne un autre rôle, celui de suppléer le Président de la
République "lorsque celui et le vice-Président de la République sont hors du
territoire national.
b- Les services du Premier Ministre
Les services du Premier Ministre se ramènent essentiellement à trois (3) : ce
sont le cabinet, le secrétariat général du gouvernement et les services rattachés (-
BNETD - le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale, le
Conseil National pour la Nutrition, l’Alimentation et Développement de la Petite
Enfance et l’Observatoire National de l’Equité et du Genre...).
4- Le département ministériel
Le département ministériel est un ensemble de services publics organisés et
hiérarchisés, placés sous l'autorité et la responsabilité d'un ministre. Le ministère
étant dépourvu de la personnalité morale, le ministre représente l'État et agit en
son nom. Son étude amène à envisager successivement son organisation et son
titulaire.
a- L'organisation
Le département ministériel se compose d'un cabinet, des services centraux et des
services rattachés.
- le cabinet : il se compose d'un petit groupe de collaborateurs
du ministre qui lui est lié personnellement si bien que son sort dépend à la fois
du ministère et du sort du ministre lui-même. Mais, pour éviter les excès du
"clientélisme", les textes réglementaires limitent le nombre des membres du
cabinet à, en principe neuf(09). Cependant, le nombre n'est pas respecté et
beaucoup de ministères vont bien au-delà.
- les services centraux, à la différence du cabinet sont des
structures permanentes qui bénéficient d'une relative stabilité, leur sort n'étant lié
à celui du ministre. Ils ont un aspect administratif contrairement au cabinet qui a
un aspect politique.
Il existe deux catégories de services centraux : les directions générales et les
directions centrales.
Les directions générales ont une compétence qui s'étend sur l'ensemble du
territoire national.
Ex : la direction centrales de la comptabilité publique et du trésor au ministère
de l'économie et des finances.
Quant aux directions centrales, elles sont des subdivisions des directions
générales. Elles sont donc sous la direction et la coordination des directions
générales.
Ces directions centrales sont constituées par les secteurs techniques et
opérationnels des activités menées par le ministère.
Ex : la direction administrative et financière (DAF).
- les services rattachés : ils comprennent des organismes consultatifs et les corps
d'inspection.
Les organismes consultatifs ont pour finalité de faire participer les spécialistes
ou les intéressés à la prise de décision.
Ex : le conseil consultatif de l'éducation nationale.
Les corps d'inspection quant à eux, exercent un contrôle interne à
l'administration.
b- Le ministre
II a une double qualité : il est à la fois une autorité politique en tant que membre
du gouvernement et une autorité administrative en tant que chef hiérarchique du
département ministériel.
b-1- Le ministre, membre du gouvernement
En cette qualité, le ministre à un statut politique ; il est nommé par le Président
de la République et est responsable devant lui. Il est révocable. Sa nomination et
sa révocation relèvent de critères politiques. Dans la répartition des tâches, le
ministre est spécialisé dans un secteur d'activités gouvernementales et
administratives données qui fonctionne sous son autorité et sa responsabilité.
Dans la hiérarchie ministérielle, précisons que ni la constitution qui réserve
pourtant une situation particulière au premier ministre, ni la loi n'instaure entre
les autres membres du gouvernement une hiérarchie politique ou juridique.
C'est dire que tous les ministres se trouvent sur un pied de stricte égalité ; et le
premier ministre n'est que le Primus inter pare, c'est-à-dire le premier entre ses
égaux, ses pairs.
Ce principe connaît deux tempéraments. Il existe en effet une hiérarchie
protocolaire et une hiérarchie de fait.
La hiérarchie protocolaire procède du décret de nomination des membres du
gouvernement qui énumère les départements ministériels selon un ordre
décroissant. Ainsi, du sommet à la base nous avons :
- le ministre d'État : ce titre consacre l'importance politique
du titulaire du poste qui peut ne pas disposer de portefeuilles ou être chargé de
missions assez spécifiques ;
- le ministre : il est chargé d’un secteur d’activités données.
- le ministre délégué : il dispose d'une autonomie moindre ;
- le secrétaire d'État : il ne participe au conseil de ministres
que si l’ordre touche à sa mission.
- le sous-secrétaire d'État.
Quant à la hiérarchie de fait, celle-ci dépend d'un certain nombre de paramètres
dont la nature et l'importance du département ministériel mais également le
poids politique du titulaire du poste.
Sous cette réserve, la hiérarchie de fait peut s'établir comme suit :
- le ministre des finances ;
- le ministre de la défense ;
- le ministre de la sécurité intérieure ;
- le ministre de la justice ;
- le ministre de la fonction publique…
4- La sous-préfecture
La sous-préfecture est créée par décret pris en conseil des ministres. C'est la
circonscription administrative intermédiaire entre le département et le village.
C'est une circonscription administrative et une division interne du département
et lui est rattachée. On dénombre actuellement 509 sous-préfectures.
La sous-préfecture est dirigée par un sous-préfet nommé par décret pris en
conseil des ministres. C'est un auxiliaire du préfet avec qui il correspond
directement. Il est assisté dans sa tâche par un conseil de sous-préfecture qui n'a
que les attributions consultatives. Les attributions du sous-préfet se ramènent à
la coordination des activités de la sous-préfecture et à la responsabilité de
l'administration générale de la sous-préfecture. Il est officier de l'état civil et
représente les intérêts de la sous-préfecture auprès du préfet. Il surveille
l'application des mesures administratives dans sa localité. Il représente l'État
dans sa localité et agit sous l'autorité du préfet, il contrôle et supervise l'action
des chefs de villages du territoire de la sous-préfecture. Il est responsable du
maintien de l'ordre public dans le périmètre sous-préfectoral ; il peut requérir
l’aide des forces de l’ordre qui y sont stationnées, en charge de rendre compte
immédiatement au préfet ; Enfin, il coordonne et contrôle les activités des agents
des services administratifs et techniques de sa circonscription.
5- Le village
C'est une circonscription administrative de base du territoire national. Il est
composé de quartiers constitués par la réunion des membres d'une ou de
plusieurs familles et éventuellement des campements qui lui sont rattachés. Le
village a fait son entrée officielle dans la législation Ivoirienne à partir de 1995
avec la loi d'orientation du 27 Octobre 1995. Il dépend étroitement de la sous-
préfecture. Les villages sont créés , modifiés ou supprimés par arrêté du ministre
chargé de l’administration du territoire.
La Côte d'Ivoire compte 8563 villages.
Le village est administré par un chef de village assisté d'un conseil de village.
L’article 3 de la loi 2014 portant statut des Rois et chefs traditionnels dispose
que « …les Chefs traditionnels sont désignés selon les us et coutumes dont ils
relèvent »
En pratique, Le chef de village est nommé par arrêté du préfet sur proposition du
sous-préfet après consultation des populations.
Il est l'intermédiaire entre la communauté villageoise et l'administration centrale
; c'est un agent d'exécution de l'administration ; il est un moteur de
développement.
PARAGRAPHE II- LES COLLECTIVITES DECENTRALISEES
La situation présente plusieurs visages selon les États. Il y a en effet des États où
la décentralisation est plus poussée qu'ailleurs ; c'est le cas de l'Italie, de la
France depuis les lois de 1982 dites lois de décentralisation prises pour donner
un nouvel élan, une pulsion nouvelle à la décentralisation. En Côte d'Ivoire, la
situation qui était embryonnaire a connu depuis quelques années une évolution
remarquable avec la loi d’orientation de 2001 qui a créé cinq types de
collectivités territoriales à savoir la région, le département, le district, la ville
(regroupement de deux ou plusieurs communes contiguës) et la commune.
Mais contre toute attente, la loi d’orientation de 2014suivant en cela la défunte
ordonnance du 28 septembre 2011 retient que deux collectivités décentralisées
(la région et la commune). Il s’agit là d’un recul de la politique de
décentralisation, en Côte d'Ivoire
A-LA REGION
Dans sa forme décentralisée la région créée par décret pris en conseil des
ministres se compose d’au moins deux départements. La création et
l’organisation De la région ne doivent porter atteinte ni à l’unité de la nation ni à
la laïcité de l’Etat ni à l’intégrité du territoire (article 38 de la loi d’orientation
du 5 août 2014). Actuellement la Côte d’Ivoire compte trente et une régions.
Les organes dirigeants de la région sont : le conseil régional, le président du
conseil régional, le bureau du conseil régional et le comité économique et social
régional (article 39 de la loi d’orientation de 2014). Les missions de la région
sont diverses. On cite entre autres, l’organisation de la vie collective dans la
collectivité territoriale, la promotion et la réalisation du développement local,
l’amélioration du cadre de vie, la gestion des terroirs et de l’environnement
(article 22 de la loi d’orientation de 2014).
B- LA COMMUNE
1- Historique
Entendue comme le regroupement de quartiers ou de villages, l'institution
communale a été introduite très tôt en Côte d'Ivoire par le législateur colonial à
travers le décret du 15 Mai 1912 qui institua des communes mixtes dont les
organes étaient nommés par l'administration coloniale. Ce sont : Grand-Bassam
= 1914 ; Abidjan = 1915 et Bouaké = 1952.
2-c- Le maire
Le maire est élu par le conseil municipal à sa première séance. L'élection a lieu
au scrutin uninominal secret, à la majorité absolue aux deux premiers tours, et à
la majorité simple ou relative au troisième tour. En cas d'égalité, c'est le plus âgé
qui est déclaré élu.
Le maire est élu pour cinq (05) ans tout comme le conseil municipal et la
municipalité.
Le maire est à la fois agent de la commune et agent de l'État.
• En sa qualité d'agent de la commune, le maire
dispose de larges attributions :
- il prépare les décisions du conseil municipal et les exécute
(la préparation et l'exécution du budget) ;
- il ordonne les dépenses, passe les contrats et représente la
commune en justice ;
- il veille à l'exécution des programmes de développement
financés par la commune et réalisé avec la participation du budget de l'État ;
II est chef de l'administration communale. A ce titre, il dirige le personnel
communal, les domaines, les biens, les dons... ; il nomme et révoque le
personnel communal après autorisation du conseil municipal.
• En sa qualité d'agent de l'État, le maire est chargé de publier
et exécuter les lois et règlements, exercer les fonctions spéciales attribuées par
les lois et règlements.
- il est officier de l'État civil (légalisation de signatures,
réception de déclaration de naissance, de décès) et officier de police judiciaire (il
assure l'exécution des mesures de sûreté générale) ;
- il est responsable de la mise en œuvre dans la commune de
la politique de développement économique, social et culturel définie par le
gouvernement.
- Enfin, le maire est responsable du maintien de l'ordre
public. Ainsi, il est chargé de l'exécution des lois et règlements de police
municipale et de l'édiction de mesures police spéciale.
1- La jurisprudence
Au sens large, la jurisprudence désigne l'ensemble des décisions des tribunaux.
Au sens restreint, elle s'entend de la solution générale donnée par les juridictions
à une question de droit.
En principe, le juge ne crée pas le droit. Il n'a pas qualité pour prendre des
décisions ayant un caractère général et impersonnel. Son rôle est celui de
serviteur de la loi et à cet effet, il statut sur les cas d'espèce qui lui sont soumis.
Et ses décisions ne s'appliquent qu'à ces cas. Mais, les décisions d'espèce
rendues par le juge de façon constante dans telle ou telle matière, dans tel ou tel
secteur ou encore relativement à tel ou tel problème de droit, finissent par
s'imposer aux autorités administratives comme source de la légalité. Ainsi, la
règle jurisprudentielle a une valeur supra-décrétale (une autorité supérieure à
celle du règlement) et infra-législative (une autorité inférieure à celle de la loi).
2- Les principes généraux du droit
Les principes généraux du droit constituent des normes qui s'appliquent même
sans texte et qui s'imposent aux autorités administratives et dans certains cas au
législateur lui-même. Autrement dit, les principes généraux du droit sont des
principes non écrits qui s'imposent à toute autorité réglementaire en l'absence de
toute disposition législative.
Ex : le principe d'égalité des administrés devant la loi, les services publics ; le
principe de la non rétroactivité des actes administratifs...
On note les principes à valeur réglementaire ; ils ont une portée supplétive en ce
qu'ils s'imposent en l'absence de réglementation administrative contraire qui peut
y déroger.
Ex : l'obligation pour les décisions juridictionnelles de mentionner les noms des
juges ; les principes à valeur législative qui s'imposent à l'administration, mais
pas au législateur qui peut y déroger.
Ex : la possibilité d'attaquer tout acte administratif par la voie du recours pour
excès de pouvoir.
Enfin les principes à valeur constitutionnelle, appelés principes fondamentaux
ou principes généraux issus des déclarations de droits ou du préambule de la
constitution.
Ils s'imposent à l'administration et au législateur.
Ex : la liberté d'association, la continuité du service public...
3- La coutume
Au contraire du droit privé ou la coutume apparaît comme une source de la
légalité, en droit administratif, la coutume occupe une place insignifiante de
sorte que l'on rencontre trop peu de règles coutumières en matière
administrative. On peut néanmoins citer l’exemple de la désignation des Rois et
Chefs traditionnels pour laquelle la loi de 2014 sur le statut des Rois et Chefs
traditionnels pose le principe qu’elle se réalise selon les us et coutumes dont ils
relèvent.
4- La doctrine
La doctrine est constituée de différentes positions exprimées par les auteurs et
notamment par les professeurs de droit.
La doctrine n'est pas une source directe du droit, mais dans la pratique, les
positions doctrinales, les analyses, les critiques, les commentaires et
observations, les suggestions présentées par les professeurs de droit influent
dans certains cas sur les décisions rendues par le juge ou même sur les textes de
loi ou règlements édictés par les autorités compétentes.
B-Effet
Dans le cadre du pouvoir discrétionnaire, l'administration n'échappe pas au
contrôle. Autrement dit, l'administration est toujours soumise au principe de la
légalité. Mais, la pression qui pèse sur l'administration connaît un relâchement
dans le cadre du pouvoir discrétionnaire. C'est dire que le pouvoir
discrétionnaire émousse, atténue le principe de légalité. Ainsi, la zone relevant
de l'appréciation discrétionnaire de l'administration échappe au contrôle du juge.
Mais, l'acte pris par l'administration n'échappe pas tout entier au contrôle du
juge. Ce dernier exerce un contrôle minimum sur les règles de compétence, sur
les règles de procédures sur le but et les motifs de l'acte.