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Un emprunt pour l'éducation

Gaël Giraud
Dans Revue Projet 2009/6 (n° 313), pages 27 à 33
Éditions C.E.R.A.S
ISSN 0033-0884
DOI 10.3917/pro.313.0027
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Question en débat
U
27

n emprunt
pour l’éducation
Gaël Giraud

L
e 26 août était officiellement mise en place la commission Rocard-
Juppé chargée d’identifier les priorités nationales qui seront financées
par l’emprunt national. Quelles priorités choisir ? S’il s’agit de prépa-
rer l’avenir des prochaines générations, toute prise de position sur l’usage
de l’emprunt est conditionnée par un diagnostic sur les turbulences sus-
ceptibles d’affecter l’économie française dans les décennies à venir. À quoi
voulons-nous préparer nos enfants ?
Le chef de l’État a cité quatre des défis à relever : l’économie de la
connaissance, notamment le développement de « ressources propres »
pour les universités, la compétitivité des entreprises, les équipements
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industriels innovants – « nanotechnologies, biotechnologies, stockage de
l’énergie électrique » – en revendiquant ouvertement la nécessité d’une
politique industrielle pilotée par l’État –, enfin, la lutte contre le déclas-
sement : « nous devons accomplir la promesse que chaque génération a
toujours faite à la suivante d’avoir un sort meilleur que le sien ».
On voudrait plaider, ici, pour un axe privilégié qui traverse en partie les
secteurs identifiés par l’Élysée : l’éducation.

. On ne reviendra pas, dans ce qui suit, sur la question cruciale du mode de financement de
l’emprunt. L’unique mode « raisonnable » me paraît consister en un emprunt obligatoire de quel-
ques dizaines de milliards d’euros, non rémunéré et prélevé sur les hauts revenus (proposition du
sénateur UMP Marini). Cf. « L’emprunt national et l’avenir de la France », Projet n° 312.

Gaël Giraud, jésuite, chercheur au Cnrs, est membre de l’Ecole d’Economie de Paris.
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- Au programme : inflation et
protectionnisme ?

L’urgence de transformer nos modes de production et de consommation


vers une économie « verte » est indiscutable. Mais les chemins pour opérer
cette mutation dépendront aussi de la manière dont l’immense problème
macro-économique auquel nous sommes confrontés sera, ou non, résolu.
Comme on l’a déjà évoqué dans cette revue, la reprise d’une inflation
forte au cours des prochaines années est très probable. Le prix du pétrole
a été multiplié par 4 de 1995 à 2005, celui des métaux précieux par 2.
La financiarisation de son mode de fixation implique que le prix du baril
n’est pas à l’abri d’une bulle spéculative. Jusqu’à présent, cette hausse du
prix de l’énergie a été pour l’essentiel compensée par la compression des
salaires, qui a permis aux entreprises de maintenir leurs profits tandis que
le crédit à la consommation soutenait la demande en dépit d’une stagna-
tion relative du pouvoir d’achat. Ces fausses « solutions » ne sont plus
praticables : le krach de 2008 a démontré que le crédit à la consommation
n’est pas la solution miracle ; en réalité, il pousse à la faillite les ménages
pauvres. Inversement, les énormes liquidités dont disposent les Banques
centrales asiatiques favorisent l’inflation et rendent illusoire l’espoir que
la compression des salaires permettra encore longtemps de la juguler. Les
Banques centrales américaines et européennes sont démunies face à la
politique monétaire des Banques asiatiques : la Fed, parce qu’elle a besoin
de voir la dette américaine rachetée par la Chine et le Japon ; la BCE, la
Banque d’Angleterre ou la Banque centrale suisse parce qu’aucune n’est
réellement en mesure de négocier avec leurs interlocutrices asiatiques.
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Le défi imposé aux économies européennes, c’est d’imaginer un sen-
tier de « croissance verte » compatible avec une inflation forte. À moins
de se résoudre à une explosion sociale, cela veut dire renouer avec une
augmentation forte des salaires. Et celle-ci n’est viable économiquement
qu’à condition de correspondre à une augmentation parallèle de la pro-
ductivité du travail en France. En clair, cela signifie un effort massif dans
l’éducation, l’enseignement et la recherche afin de favoriser des gains de
productivité.
Mais ce n’est pas tout. Les pays émergents disposent d’une montagne
d’actifs financiers (notamment grâce à leurs réserves de change) qu’ils
n’ont placés, jusqu’à présent, que sous des formes peu rémunératrices : en

. « L’emprunt national et l’avenir de la France », loc. cit.


.Cf. Proposition 9 in Gaël Giraud & Cécile Renouard (dir.), Vingt Propositions pour réformer le
capitalisme, Flammarion, 2009.
29
liquidités et en rachat de dettes publiques. L’altitude de ladite montagne

Un emprunt pour l’éducation


est difficile à évaluer mais on estime qu’elle excède les 10 000 milliards
de dollars. Une diversification « normale » d’un tel portefeuille implique-
rait qu’environ le quart soit placé en actions des entreprises de l’Ocde.
Autrement dit, quelque 2 500 milliards de dollars sont susceptibles d’être
investis dans le capital du fleuron de nos industries (10 % de la capitali-
sation boursière des États-Unis, de l’Europe et du Japon réunis). Les pays
émergents d’Asie pourraient être tentés de se livrer, tôt ou tard, à une
« Opa sur le capitalisme occidental ».
La conséquence risque d’en être la résurgence d’un « patriotisme » éco-
nomique dont la bataille financière et juridique (perdue par les Chinois)
de 2006 qui opposa le pétrolier chinois CNOOC à l’américain Unicol fut
comme un prélude. Ce « patriotisme » se traduirait par un durcissement
de toutes les barrières à l’entrée des pays de l’Ocde à l’égard des produits
et des investissements sino-indiens. Il signifierait surtout la fin de l’accord
implicite qui permet aux Chinois de soutenir le dollar en rachetant la
dette américaine. Une résurgence de formes de protectionnisme et la raré-
faction des liquidités émises par l’Asie induiraient un effondrement de la
bourse et, partant, une remontée des taux d’intérêt. Cette dernière pour-
rait-elle, conjuguée au dumping salarial des pays émergents, contrecarrer
l’inflation ? Bien difficile à dire.
C’est donc à une période de fortes turbulences économiques et sociales
qu’il faut préparer la société française où vivront nos enfants : des écono-
mies tentées par le repli, où le dollar ne sera plus la devise universelle, où
l’économie américaine ne pourra plus assurer le leadership mondial et où
les investissements publics menacent d’être faibles. Car qui dit remontée
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des taux longs, dit alourdissement considérable du poids de la dette et,
finalement, limitation des marges de manœuvre budgétaires des États.
Comment s’y préparer ? En luttant contre l’approfondissement de la
fracture sociale. On peut craindre, en effet, qu’un clivage profond entre
les « perdants » de l’actuelle mondialisation à l’américaine (qui feront aussi
nécessairement partie des « perdants » de la prochaine mondialisation à
visage chinois) coûte bien plus « cher » (socialement, économiquement,
politiquement…) à la société française qu’un investissement massif,
aujourd’hui, afin d’aider ces « perdants » à s’insérer sur le marché du tra-
vail salarié (qui demeure le vecteur de socialisation majeur).

- Et les entreprises ?
Pourquoi, dans ces conditions, la première priorité devrait-elle être l’école
plutôt, par exemple, que les entreprises ? Soutenir les investissements de

Question en débat—Que financer avec l’emprunt ?


30
ces dernières ne serait-il pas le meilleur moyen de préparer le recrutement
de nos enfants ?
Le budget 2010 prévu par l’actuel gouvernement est déjà taillé pour les
entreprises : la taxe professionnelle sera réduite de 12 milliards d’euros ;
l’impôt forfaitaire annuel progressivement réduit ; l’exonération de charges
fiscales pour les petites entreprises qui embauchent reconduite ; 2 mil-
liards de mesures de soutien sont prévus pour les Pme… Par contraste, le
sort réservé à l’université française, sommée l’an dernier de se réformer à
budget global constant, sinon décroissant, fait pâle figure. Enfin, l’alour-
dissement de la dette de l’État qu’impliquent les cadeaux d’aujourd’hui
aux entreprises se traduit déjà par une ponction sur le budget des ména-
ges et devra être financé, tôt ou tard, par des hausses d’impôt. De telles
mesures ne préparent l’avenir de nos enfants que si elles profitent in fine
aux salariés qu’ils seront. Or l’expérience des trois dernières décennies
montre, au contraire, que les facilités accordées aux entreprises françaises
n’ont eu, bien souvent, que peu d’impact sur l’embauche des chômeurs et
les conditions salariales de ceux qui ont déjà un emploi. Elles ont aidé les
entreprises à reconstituer des marges que la fin des Trente glorieuses avait
rognées. Le même phénomène se reproduit aujourd’hui avec la baisse de
la Tva sur la restauration, qui n’a presque pas profité aux consommateurs.
On pourrait en dire autant de la totalité des prétendues « réformes » éco-
nomiques et sociales menées au pas de charge durant les 18 premiers mois
de la présidence de N. Sarkozy.
Le déclassement que vivent certains ménages réputés appartenir aux
classes moyennes et constitués, en fait, de « travailleurs pauvres » n’est
pas lié d’abord aux profits des entreprises puisque ces travailleurs ont un
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emploi et un salaire (trop faible). Il est lié à l’éducation dans la mesure où
le « descenseur social » qui caractérise une partie des trajectoires sociales
françaises commence précisément à l’école. Face aux turbulences écono-
miques et sociales, privilégier la cohésion sociale en cherchant à réamorcer
l’ascenseur social par l’enseignement devrait être une priorité absolue.

- Misère de l’éducation

Aujourd’hui, 160 000 élèves quittent chaque année l’école sans aucun
diplôme du second cycle (Bep, Cap ou baccalauréat). Un tiers d’entre

. Pierre Cahuc et André Zylberberg, Les Réformes ratées du président Sarkozy, Flammarion, 2009.
.Cf. Philippe Guibert et Alain Mergier, Le Descenseur social. Enquête sur les milieux populaires,
Plon, 2006 ; Christian Baudelot, « Un âge de plus en plus difficile », Projet n°305, 2008.
31
eux (8 % d’une génération) ne peut se prévaloir d’aucune qualification.

Un emprunt pour l’éducation


Dans l’enseignement supérieur, la situation n’est guère plus réjouissante :
plus d’un étudiant sur deux quitte l’université sans aucun diplôme. 47 %
des 20-24 ans poursuivent des études mais un tiers seulement obtiendra
un diplôme égal ou supérieur à bac+2. Les autres « disparaissent » du
champ universitaire pour tenter de survivre sur le marché du travail. Or
l’absence de diplôme constitue évidemment un handicap majeur pour
accéder à un emploi, de sorte que, en 2004, 28 % de l’ensemble des actifs
de moins de 29 ans étaient au chômage. Le phénomène des « travailleurs
précaires » connaît sa traduction au niveau des diplômés de l’enseigne-
ment supérieur : le déclassement. Trois ans après leur sortie du système
d’enseignement, 36 % des jeunes diplômés occupent un poste dont la
qualification est inférieure à leur niveau de formation. Au total, 30 % des
jeunes diplômés du supérieur occupent un emploi peu qualifié en France !
Après les travailleurs peu qualifiés précaires, voici bientôt les « diplômés
précaires » !

Le scandale de cet échec de l’enseignement français est largement dû


à la négligence collective dont notre société a fait preuve depuis plusieurs
décennies. En 2002, alors que les États-Unis investissaient 20 000 dollars
par étudiant et la Suède, 15 000, la France ne mettait en jeu que 9 200 dol-
lars (en parité de pouvoir d’achat). En France, un étudiant « coûte » deux
fois moins qu’aux États-Unis et l’université Paris-IV Sorbonne, qui n’est
pas précisément le moins bien loti de nos établissements d’enseignement
supérieur, ne disposait en 2006 que de 3 500 euros à investir par étu-
diant et par an. La raison de ce gâchis collectif est à chercher : 1) dans
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l’élitisme et l’accumulation des privilèges accordés aux grandes écoles,
qui ne représentent que 4 % des étudiants (socialement très homogènes)
mais recueillent… 30 % du budget de l’enseignement supérieur ; 2) dans
le « mépris organisé » dont sont victimes depuis plusieurs années les
fonctionnaires enseignants-chercheurs ou chercheurs qui, à bac + 8, sont
recrutés à 1 500 euros par mois ; 3) dans la négligence du patronat fran-
çais qui, à quelques exceptions près, s’intéresse peu à la formation ; 4) à
la non-représentativité des syndicats qui, repliés sur des secteurs protégés,

. Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Comment nous avons ruiné nos enfants, La Découverte/
Poche, 2006, pp. 53 sq.
. Jean-François Giret, Emmanuelle Nauze-Fichet et Magda Tomasini, « Le déclassement des jeu-
nes sur le marché du travail », Données sociales, 2006.
. Contre 7 % au Danemark, 12 % en Suède et en Autriche, 16 % aux Pays-Bas.
. Elie Cohen et Philippe Aghion, « Education et croissance », www.cae.gouv.fr, 2004. Même si
l’on ne souscrit pas à la mystique de la « croissance » portée par ces deux auteurs, le diagnostic sur
la misère de l’enseignement français est sans appel.

Question en débat—Que financer avec l’emprunt ?


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ne travaillent pas, ou plus, à mettre en place un système d’intégration par
l’apprentissage, ni à développer des liens entre l’éducation et l’entreprise.
Les raisons de privilégier l’éducation dans l’usage de l’emprunt natio-
nal sont donc doubles : d’une part, la nécessité d’élaborer un régime
économique avec une inflation forte et un rattrapage des salaires (donc
des progrès de productivité substantiels), de l’autre la misère dans laquelle
les politiques publiques et privées des dernières décennies ont plongé
l’enseignement en France. La priorité de l’usage de l’emprunt devrait être
la mise en chantier de diverses opérations destinées à combler le fossé de
plus en plus profond qui sépare l’enseignement (hors grandes Ec oles)
du marché du travail. Non pas d’abord en vue de transformer l’école en
machine à produire des salariés « employables » – cette vision « utilitaire »
est de toute façon irréaliste : 50 % des métiers que pratiqueront nos
actuels adolescents n’existent pas encore. Dès 2006, six salariés sur dix
n’occupaient plus le même emploi que cinq ans plus tôt. Et l’on voudrait
que l’école « formate » des personnes « employables » pendant 40 ans dans
le contexte des bouleversements décrits supra ? Mais en vue, précisément,
de former le plus grand nombre de jeunes possibles à leurs responsabilités
d’hommes et de femmes dans une société qui va connaître de profondes
transformations.

Quelles orientations privilégier au sein de l’éducation ? On peut en


mentionner trois :
A) Les filières qui, à tout niveau, préparent à la mise en place d’une
industrie « verte ». Il s’agit ici de répondre au défi écologique non pas
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en accordant quelques cadeaux supplémentaires aux entreprises mais en
investissant sur le savoir et la recherche nécessaires à l’invention de nou-
veaux modes de production, d’urbanisation, de transport… « propres ».
Tandis que la Suisse exhibe le premier avion à énergie solaire (l’unique
énergie propre inépuisable), nous en sommes encore à la voiture électri-
que. Il s’agit aussi de répondre aux enjeux macro-économiques. En effet,
les emplois « verts » sont beaucoup plus difficilement délocalisables que
les autres. Ils constituent donc une arme efficace contre la pression que
pourrait exercer une Opa réussie sur le capitalisme français par les fonds
souverains asiatiques. Ces mêmes emplois représentent également une
« assurance » en cas de repli protectionniste. En outre, développer l’in-
dustrie verte est une réponse à la polarisation qui guette les économies de
l’Ocde, tentées, à l’image des États-Unis, de se concentrer exclusivement
sur les nouvelles technologies et sur les services à la personne. Le résultat
de cette polarisation, en effet, c’est un marché du travail américain qui,
en l’absence de la sphère financière, est incapable d’absorber l’offre de
33
travail intérieure – ce dont les Américains font à présent l’expérience dou-

Un emprunt pour l’éducation


loureuse, à l’heure où leur taux de chômage s’apprête à rejoindre le nôtre
au-dessus des 10 %.
B) Les filières d’enseignement supérieur qui, en dehors des grandes
Ecoles (déjà très privilégiées) préparent aux métiers appelés à se dévelop-
per plus particulièrement à l’avenir quelle que soit l’issue des problèmes
macro-économiques évoqués : la santé et l’action sociale, le bâtiment, les
services à la personne, l’éducation et la formation elles-mêmes, l’informa-
tique et les nouvelles technologies de l’information. Privilégier ces filières
est une manière de ne pas lier les mains de nos enfants à un segment
spécifique du marché du travail qui pourrait être soudain remis en ques-
tion par les contraintes macro-économiques nouvelles. Un investissement
massif dans ces filières n’aura de sens, toutefois, que s’il est accompagné du
pilier précédent, sans quoi il nous fera courir le risque, à notre tour, d’une
polarisation excessive.
C) Mais ces mesures ne suffiront évidemment pas à avancer sur le ter-
rain de la fracture sociale. C’est pourquoi, il convient aussi que soit mis
en place un plan de soutien et de développement des lycées professionnels
et des Iut (en direction des « jeunes » qui ne sont « pas encore » exclus du
circuit scolaire) ainsi que des « écoles de la deuxième chance » en direction
de ceux qui le sont déjà. Toute tentative pour resocialiser dans le monde
du travail les jeunes qui ont perdu trop longtemps tout contact avec ce
dernier pour espérer s’y insérer sans une aide et un accompagnement
spécifiques devrait être encouragée. Faute de quoi, à l’heure des grandes
turbulences macro-économiques, la fragile cohésion sociale que nous
connaissons encore pourrait bien voler en éclats.
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