Chapitre III
Chapitre III
Chapitre III
pour une fermentation qui constitue le réservoir de microorganismes. Les accidents de fabrication sont
minimisés par rapport au cas précédent.
03. Utilisation d’une fermentation antérieur ou d’un levain
Il s’agit de proliférer du développement de la flore souhaitée dans une fermentation pour ensemencer
la suivante. Cette technique est utilisée en fromagerie, en brasserie, en boulangerie. Le démarrage de
l’activité microbienne est favorisée. Cependant, si un trop grand nombre d’opérations se succèdent, on peut
craindre la dégénérescence du levain, qui se manifeste par une activité plus faible et par l’augmentation
des contaminants « sauvages ».
04. Ensemencement par une culture pure
Cette méthode permet l’utilisation d’une souche sélectionnée (il peut s’agir d’un mélange). Lorsque
l’aliment contient une flore naturelle, il peut y avoir compétition avec celle-ci. Cependant l’apport massif
d’un micro-organisme favorise son implantation (effet de masse). Ce type de fermentation donne un
produit de qualité en général régulière et permet de limiter les accidents de fabrication. Dans certains cas,
l’ensemencement est réalisé sur un produit stérilisé ou pasteurisé, ce qui permet une meilleure
standardisation et limite encore plus les risques, mais la qualité organoleptique est plus faible. Ces types
d’ensemencement sont actuellement les plus fréquents dans les fabrications industrielles : fromagerie,
brasserie, etc.
Orientation et contrôle des fermentations
Lorsque une fermentation met en œuvre des flores complexes, les différents micro-organismes
interviennent successivement au cours du temps, soit spontanément, soit en fonctions du processus, il y a
succession des flores. Lors d’une évolution spontanée c’est la flore la plus performante est la mieux
adaptée.qui se développe en premier, ce développement aboutissant généralement à une modification des
paramètres du milieu. Ceux-ci peuvent devenir défavorables pour cette flore et au contraire favorable
pour une autre qui prend alors le relais et ainsi de suite. Le cours d’une fermentation industrielle va être
modifiée par les traitements technologiques et par la modification des conditions physico-chimiques au
niveau du produit ou de l’environnement. Le choix des traitements et l’ajustement des conditions
permettent le contrôle du déroulement du processus microbien. Par exemple en fromagerie, différents
facteurs concourent à l’orientation des fabrications en favorisant ou non une flore donné : brassage, salage,
pressage, cuisson, anaérobiose (fromage de grand volume, enrobage, etc.). le choix d’une flore initiale
pourra conditionner l’implantation d’une flore plus tardive. Ainsi, dans les fromages « persillés », le
développement d’une flore hétéro-lactique crée les cavités, où après diffusion de l’oxygène, se
développeront les moisissures.
Ces altérations peuvent ne pas provoquer de toxicité mais rendent le produit peu appétissant ou
invendable.
Altération du goût et de l’odeur
-Odeur de moisi (moisissures, actinomycétales) ;
-Goût de rance du au 2,3 butane dione produit par Leuconostoc.
-Présence d’H2S ou d’indole (entérobactéries).
Altération des qualités nutritives
-Par l’apparition de substances toxiques ;
-Par destruction des molécules nutritives (comme par exemple les acides aminés essentiels) d’où une
diminution de la valeur nutritive de l’aliment.
III.1.3.3. Types des bactéries d’altération
Les bactéries d'altération dégradent le goût, l'odeur et l'aspect d'un produit. Parmi celles-ci on distingue:
Les bactéries protéolytiques, qui attaquent les protéines des aliments. Les aliments les plus riches
en protéines comme la viande, les œufs, les poissons et les produits laitiers, prennent en se
dégradant une odeur caractéristique « d’œuf pourri ».
Les bactéries lipolytiques, qui dégradent les matières grasses des huiles, beurres, mais aussi des
poissons et des viandes , leur conférant une odeur rance.
Les bactéries celullolytiques et glucidolytiques, qui attaquent les sucres des fruits et légumes: la
cellulose et les amidons sont hydrolysés, provoquant le ramollissement puis la pourrissement des
aliments.
L’altération de l’aliment est perceptible à des taux supérieurs à 10 7 bactéries/g et 105 levures /g.
La modification des glucides: La modification des glucides s’effectue de plusieurs façons (Tableau 7 et 8):
L’hydrolyse des polysaccharides, ce qui affecte la texture du produit ;
Les fermentations alcoolique, lactique, butyrique, gluconique, le cycle de Krebs, etc.
La formation des acides carboxyliques, d’alcools, de cétones, d’aldéhydes, des odeurs et des flaveurs.
La modification des protéines: Elles s’effectue de diverses façons (Tableau 9):
L’hydrolyse des protéines en peptides et acides aminés affectant ainsi la texture du produit ;
Les réactions de décarboxylation conduisant à la formation d’amines ;
Les réactions de désamination conduisant à la formation d’acides organiques +NH 3 ;
La fermentation putride et la putréfaction résultent de ces différentes réactions.
La modification des lipides : Elle est la résultante de deux types de réactions :
La lipolyse qui conduit à la libération des acides gras.
L’oxydation des lipides conduisent au phénomène de rancissement.
N.B :
Pour une modification donnée, il n’est pas toujours possible de déterminer son origine. Les modifications de
couleur peuvent être dues à l’oxydation, mais aussi à l’intervention de bactéries.(L’oxydation des A.G
insaturés peut être de nature purement chimiques ou l’effet de lipoxydases tissulaires ou microbiennes).
Tableau 7. Exemples de réactions indésirables catalysées par la présence d’enzymes microbiennes dans les
boissons riches en sucres et en acides aminés
Substrats Organismes responsables Produits de la réaction
Glucose, fructose, Lactobacillus spp. Acide lactique+ acide acétique+ CO2
saccharose.
Glucose Acetobacter spp Acide gluconique
Fructose Lactobacillus brevis Mannitol+ac.lac+ ac.acétique+ CO2
Maltose, Saccharose Leuconostoc mesenteroides, E. coli. Amylose+glucose+fructose
Saccharose Leuconostoc mesenteroides, Dextrane+ Fructose+ Levane+ Glucose.
Bacillus subtilis,
Streptococcus viscosum.
Ethanol Acetobacter spp Acide acétique+ H+
Acide citrique Acetobacter spp Acide lactique+acide acétique+ CO2
Acide citrique Bacterium succinum Acide succinique+ 2CO2
Acide malique Leuconostoc mesenteroides, Acide lactique+ CO2
Lactobacillus spp.
Acide tartrique Lactobacillus plantarum Acide lactique+ CO2
Tableau 8. Types de dégradations associées au métabolisme des glucides dans divers aliments et boissons.
Aliments Altération produite Agnts responsable
Jus de Acidifications, CO2, alcool, acide butyrique, Lactobacillus spp, Levures, Clostridium spp,
fruits acétification, dépôt visqueux. Acetobacter spp, Leuconostoc spp.
Vins Acétification, trouble, dépôt visqueux. Acetobacter spp, Acetomonas spp, Leuconostoc
spp.
Bières Dégagement gazeux, trouble visqueux. Saccharomyces spp.
Lait Acidification lactique, acétique, alcoolique, CO 2. Lactobacillus spp, Streptococcus spp,
Lactobacillus spp, Micrococcus spp,
Microbacterium lacticum.
Jus de Inversion, acidification et fermentation divers, Saccharomyces spp. Bacillus spp, Clostridium
canne viscosité. spp.Torulopsis spp.
Pain Surissement, goût de moisi, Rhizopus oryzae, Mucor, Aspergillus spp, Bacillus
Filage (mie visqueuse, filandreuse). mesentiricus.
Céréales Altération de couleur, Rhizopus nigricans, Asp spp, Serratia spp,
Germe brun, odeur de moisi Penicillium spp.
Fruits Inversion, acidification et fermentations diverses, Streptococcus faecalis, Penicillium spp.
divers viscosité.
Oranges, Pourriture noire, Alternaria spp,
agrumes Pourriture molle. Penicillium spp ;
Légumes Pourriture, surissement. Bacillus polymyxa.
Tableau 9. Altération liées à la dégradation d’origine microbienne des protéines contenues dans certains
aliments.
Aliments Altération produite Agnts responsable
Lait Coagulation de la caséine, Bacillus subtilis, Bacillus cereus, Proteus
Odeur, rancissement, putréfaction, vulgaricus, Pseudomonas putrefaciens,
cadavérine. Streptococcus liquefaciens, Streptococcus lactis.
Viandes et Surface visqueuse, liquéfaction, dégradation Clostridium perfringens, Clostridium welchii,
produits carnés du collagène, de l’élastine et de la kératine, Clostridium histolyticum, Clostridium sporogenes,
putréfaction et production de putrescine, de Flavobacterium elastolyticum, Aeromonas spp,
calavérine, d’indole, d’amines, de H2S, de Proteus spp, Pseudomonas spp.
NH3.
Poissons et Odeurs suspecte, triméthylamine, Achromobacter spp, Pseudomonas spp,
produits dérivés diméthylamine, indole, cadavérine, Flavobacterium spp, Micrococcus spp, Sarcina spp
putrescine, H2S, surface visqueuse, arêtes , Proteus spp, Bacillus spp
avariées
Volailles Liquéfaction, Clostridium aerofoetidum, Cl. bifermentans,
Os avariés, Cl.hystoliticum,Cl.putrifaciens, Cl. perfringens,
Rancissement. pseudomonas fluorescens, vibrio costicolus.
Micrococcus candidus, M.luteus.
Œufs Jaune gélatineux et noir ; Aeromonas liquefaciens, Clostridium sporogens,
Albumen gris, fluorescences verdâtres, Clostridium putreficum, Cladosporium herbarum,
pourriture noire, brune, jaune foncé du Proteus vulgaris, Pseudomonas fluorescens, Cloaca
jaune, consistance visqueuse ou farineuse spp, Penicillium glaucum.
du jaune et de l’albumen, infection
fongique.
Fromages Moisissures Penicillium glaucum, Penicillium expansump.
III.1.4. Micro-organismes « marqueurs » ou témoins de la qualité hygiénique
Pour mesurer la pollution microbienne d'un aliment il existe des indicateurs d'hygiène qui sont
appliqués dans les industries agro-alimentaires.
Certaines bactéries ou groupes bactériens mis en évidence par des tests spécifiques peuvent être
considérés comme témoins de contamination d’origine humaine ou fécale et indiquer la présence possible
de pathogènes d’écologie similaire. Ainsi, en est-il par exemple de Staphylococcus aureus, témoin de
contamination cutano-muqueuse ; d’Escherichia coli, du groupe des coliformes fécaux regroupant
nottament E.coli, Klebsiella, Enterobacter, des enterocoques, témoins de contamination fécale.
La FMAT (flore mésophile aérobie totale): Dans le cas des aliments, ces microorganismes totaux
sont en général dénommés « microorganismes aérobies » et parfois « germes aérobies mésophiles »,
ils doivent être recherchés et dénombrés à 30°C sauf, dans de rares exception. Le nombre de
microorganismes est exprimé en nombre de germes par g ou ml d’aliment. La non conformité de
la flore aérobie à 30°C peut avoir une origine due à une manque d’hygiène, à un traitement
thermique insuffisant ou à des conditions de conservation défectueuses. Le dénombrement de cette
39 Dr. ARIECH Mounira (2019-2020)
Cours de microorganismes dans l’industrie agro-alimentaire (MIAA) pour 3 ème Année Licence ANP.
flore ne doit pas être interprété comme donnant une indication sur la salubrité des produits : des
valeurs élevées n’indiquent pas nécessairement la présence de pathogènes ou, surtout, des valeurs
encore basses peuvent accompagner la présence de pathogènes à des niveaux dangereux
D’autres flores peuvent etres interessantes à dénombrer dans la mesure où elles fournissent une
indication sur la présence et le nombre de micro-organismes dotés de fortes activités métaboliques
et susceptibles d’influencer l’aptitude à la conservation, à certains usages ou le maintien des
propriétés organoleptiques de certains produits : flore psychrotrophe, flore thermophiles, flore
lipolytique, flore protéolytique, dénombrement des levures, des moisissures…
La recherche de staphylocoques à coagulase positive: des aliments peuvent être contaminés lors de
leur production ou de leur préparation par des souches de Staphylococcus aureus productrices
d’entérotoxines ; la consommation de tels aliments crus ou cuits va déclencher une intoxication qui
peut concerner une personne (TIA) ou un groupe de personnes dans une collectivité (TIAC). Cette
intoxication alimentaire va s’exprimer très rapidement (2 à 4 heures en moyenne) par la survenue
rapide de nausées, de douleurs abdominales, de vomissements répétés et de diarrhées qui vont
durer 24 à 48 heure.
La recherche des Enterobacteriaceae (Coliformes, Salmonella, E.coli) : D’autres groupes bactériens
témoignent d’une contamination en cours de process et plus particulièrement d’une
recontamination après traitement thermique. Tel est le cas du groupe des coliformes totaux
incluant non seulement des espèces communes dans les fèces humaines ou animales, E.coli par
exemple, mais surtout des microorganismes ubiquistes tels que Enterobacter, Klebsiella, Serratia,
Erwinia, Aeromonas. Peut aussi avoir cette signification le groupe des Enterobacteriaceae.
L’identification et le dénombrement des coliformes totaux ou des Enterobacteriaceae repose sur
l’utilisation de techniques spécifiques. Leur présence ne doit pas être corrélée à une éventuelle
contamination d’origine fécale : elle indique seulement un défaut de maitrise de l’hygiène générale.
La recherche de Clostridia sulfitoréducteurs : ils regroupent des espèces de Clostridia telles que
Clostridium perfringens, Cl.bifermens, Cl.sporogenes, Cl.novyi, Cl.fallax, Cl.septicum …, ils sont
ainsi dénombrés car ils sont capables de réduire les sulfites (sulfites de sodium, par exemple,
présents dans le milieu de culture en sulfures ; ceux-ci se combinent aves un sel de fer pour
donner du sulfure de fer noir. Les colonies noires entourées d’un halo noir sont caractéristiques de
bactéries sulfétoreductrices (ou anérobies sulfétoréducteurs), de Clostridium ou de Cl.perfringens
après confirmation selon les conditions de recherche.
Tous ces germes sont des germes indicateurs de contamination fécale : dans les eaux depuis des
décennies et dans certains aliments.
III.1.5. Micro-organismes pathogènes
Les microorganismes peuvent être les causes des maladies. L’aliment peut être porteur de quelques germes
pathogènes, qui vont se multiplier dans le corps humain et causer des maladies (fièvre typho ïdes, choléra,
dysenterie). L’aliment peut être le milieu où se multiplient une grande quantité de microorganismes qui,
après, sont consommés avec l’aliment ( intoxication alimentaire paratyphoïde). L’aliment peut être le
milieu de multiplication de micro-organismes, qui sécrètent des substances toxiques ( botulisme ;
intoxination par les staphylocoques)
III.1.5.1. Différentes catégories de maladies liées à la consommation des aliments
Les maladies infectieuses: sont dues à la prolifération du germe au détriment du tissu de l’hôte.
Les toxi-infections: Les germes (106-109) produisent des substances toxiques spécifiques dont le
pouvoir toxique dépend de la charge microbienne.
Les intoxinations : sont dues à des exotoxines produites par les micro-organismes ; dans ces cas, la
présence des germes eux-mêmes dans l’organisme de l’hôte n’est pas indispensable.
III.1. 5. 2. Principaux micro-organismes pathogènes d’origine alimentaire
Type : Maladie infectieuse
Maladie : Diarrhée dont la durée moyenne est de 2-3 jours.
Sources : aliments d’origine animale (lait, volaille, viande).
Caractéristiques :
Tmin Tmax Topt pH optimal aw
Campylobacter jejuni 30°C 45°C 42°C 5.0-8.0 Très sensibles à la
dessiccation
Valeurs de D et z : 4,5 minutes (50°C), 6-8°C.
Maladies infectieuses : Dose infectieuse>5x102 cellules vivantes.
Type : Toxi-infection.
Maladie : On distingue des différents types pathogènes :
EPEC : E.coli entéropathogène.
ETEC : E.coli entérotoxique (responsable de gastro-entérite et de la
Escherichia coli « diarrhée des voyageurs » (dose minimale> 108 cellules vivantes).
entéropathogène EIEC : E.coli entéro-invasive.
EHEC : E.coli entéro-hémorragique (notamment E.coli O157 :H7)
Sources : Elle est transmise par les aliments tels les viandes mal cuites, les
Type : Toxi-infection.
Maladie : elle provoque une gastro-entérite accompagné de nausées et de
vomissements. Les symptômes apparaissent après 72h.C’est une maladie
particulièrement grave chez les personnes atteintes de troubles hépatiques.
Sources : elle est principalement transmise par les produits de la mer
(poisson, crevettes, etc).
Vibrio parahaemolyticus Caractéristiques :
Tmin Tmax Topt pH min aw min
5°C 43°C 37°C 5 nécessite 3-9% NaCl.
tg : 12 min.
Remarque :Vibrio parahaemolyticus est une espèce halophile que l’on
trouve donc dans les produits salés.
Maladie infectueuse :≥105/g.
Type : Toxi-infection.
Maladie : Elle se manifeste par la gastro-entérite, la fièvre, la méningite, la
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Cours de microorganismes dans l’industrie agro-alimentaire (MIAA) pour 3 ème Année Licence ANP.
Type : Intoxination
Maladie : Gastro-entérite, vomissements ; les symptomes sont rapides (2-
4h) ; le rétablissement est rapide (1-2 jours).
c’est une cause majeure d’intoxination alimentaire.
Sources : Les aliments à forte teneur en sel ou en sucre (fromage, viande,
volaille et poisson séchés). S.aureus révèle une contamination après la
transformation .
Staphylococcus aureus Caractéristiques :
44 Dr. ARIECH Mounira (2019-2020)
Cours de microorganismes dans l’industrie agro-alimentaire (MIAA) pour 3 ème Année Licence ANP.
DT : est le temps nécessaire pour réduire la population d’un facteur 10 à la température T. Cette valeur
est valable pour un micro-organisme donné. Cette valeur D dépend de l’environnement du
microorganisme.
Z : facteur de réduction décimale ; il s’agit d’un paramètre complémentaire de D T ; c’est l’écart de
température exprimé en °C permettant de faire varier D T d’un facteur 10.
Les maladies diarrhéiques constituent un des problèmes de santé les plus importants dans les payés en
envoie de développement. Elles conduisent souvent à :
une issue fatale ;
une alimentation réduite ;
la perte d’éléments nutritifs ou leur mauvaise absorption ;
le déclanchement ou l’aggravation de la malnutrition.
le respect des règles d’hygiène dans chaque maillon de la chaine de fabrication, l’entretien des locaux et
du matériel dans un bon état de propreté, le respect des consignes de traitement (chauffage,
pasteurisation, stérilisation, etc.) et de conservation, sont indispensables pour sauvegarder la santé des
consommateurs.
III.2. Facteurs influençant la flore d'altération des aliments.
III.2.1. Facteurs du milieu influençant la flore d’altération des aliments (pH, Aw, pression osmotique,
température, salinité, etc.).
Les facteurs les plus importants qui influencent la croissance des micro-organismes dans les
aliments sont : le pH, la température, l’aw et le potentiel d’oxydoréduction.
Dans les aliments, les germes de contamination auront un sort différent sous l’influence de
nombreux facteurs :
Les facteurs intrinsèques tenant aux caractères physico-chimiques de la substance qui les héberge
tels que l’AW , le pH, la pression osmotique, la salinité, le potentiel redox, ou à leur nature-même,
c’est à dire leur composition biochimique et aux substances antimicrobiennes qu’ils peuvent
contenir ;
Les facteurs extrinsèques c’est à dire extérieurs à l’aliment tels que la température de conservation,
l’humidité relative et les gaz environnants ou atmosphère de conservation
III.2.1.1. Facteurs intrinsèques
2.1.1.1. Activité de l’eau
Définition
Dans un milieu (un aliment par exemple) l’eau se répartit de la façon suivante :
Eau de solvatation, qui sert à la dissolution des solutés ;
Eau d’imbibition retenue par les forces de capillarité (on la rencontre dans l’hydratation des
colloïdes) ;
Eau adsorbée à la surface de la phase solide ;
Eau de constitution ;
Eau libre .
L’activité de l’eau (Aw) représente l’eau disponible (eau libre) pour la réalisation des réactions
métaboliques, en particulier pour les réactions enzymatiques. En effet, pour être actives, les
macromolécules doivent être dans un état hydraté.
L’activité de l’eau est définie comme le rapport de la pression partielle de vapeur d’eau d’une solution
ou d’un aliment (P’) sur la pression partielle de l’eau pure (P) à la même température : Aw = P’/P.
L’activité de l’eau est inversement proportionnelle à la pression osmotique d’un composé. Ainsi, elle est
affectée par la présence plus ou moins importante de sels ou de sucres dissous dans l’eau (Tableau 10) .
Tableau 10. Valeur d’activité de l’eau en présence de NaCl et aux températures négatives.
Aw Concentration Température Aw Concentration Température
en NaCl (P/V) de l’eau en NaCl (P/V) de l’eau
0.995 0.9% 0.90 16.5%
0.99 1.75% 0.88 19.5% -15°C
0.98 3.5% 0.86 22.3% -20°C
0.96 7% 0.823 -25°C
0.952 -5°C 0.784 -30°C
0.94 10.3% 0.750 -40°C
0.92 13.5% -10°C 0.680 -50°C
La congélation entraine également une diminution de l’activité de l’eau dans la mesure où l’eau
libre est piégée sous forme de glace. Les valeurs de l’Aw sont comprises entre 0 et 1, la valeur de Aw =1
étant réservée à l’eau pure.
Action sur les microorganismes
Dans les cellules microbiennes, l’eau joue le rôle du solvant des substances nécessaires à la vie
cellulaire (sels minéraux, substances organiques, gaz), elle permet l’ionisation des substances dissoutes, elle
sert de transporteur de différentes substances chimiques. Elle participe à la polarisation des membranes et
maintient la turgescence de la cellule, elle participe à de nombreuses réactions enzymatiques (hydrolyse,
oxydoréduction) et assure l’hydratation et donc l’activité des macromolécules (protéines, acides
nucléiques). Lorsque l’activité de l’eau est trop proche de1, les microorganismes ont du mal à se développer
car ils peuvent dépenser une énergie importante pour expulser l’eau des cellules. Une activité de l’eau
faible entraine une déshydratation intracellulaire et une perturbation importante du métabolisme qui va
jusqu’à s’arrêter. Les valeurs d’activité de l’eau incompatibles avec la croissance entrainent
progressivement une destruction des populations microbiennes.
Le tableau 11 donne les valeurs d’Aw tolérées par différents microorganismes. De façon générale,
la grande majorité des bactéries (plus de 95% des espèces) ne se développent plus en dessous de 0.95.
Certains microorganismes de ce tableau sont relativement résistants. Ce sont les xérophiles que l’on
peut séparer en deux groupes : les microorganismes halophiles qui ont besoin de sel (NaCl) pour leur
croissance ; cette concentration peut varier de 1 à 6% pour les faiblement halophiles, jusque 15 à 30%
pour les bactéries halophiles extrêmes ( Halobacterium halobium) ; les halotolérantes acceptent des
concentrations modérées de sels mais non obligatoires pour leur croissance (ex : Staphilococcus aureus).
Les microorganismes osmophiles supportent des concentrations modérées de sucres mais non obligatoires
pour leur croissance.
que les fruits et les tomates, sont plus facilement pasteurisées que les denrées alimentaires plus
neutres comme le lait. Un second facteur très important de l’environnement est la matière
organique qui peut protéger les microorganismes contre la chaleur et les désinfectants chimiques.
Les biofilms sont un bon exemple. La matière organique à la surface d’un biofilm va protéger les
micro-organismes. De plus il sera difficile d’enlever le biofilm et ses organismes. Il peut être
nécessaire de nettoyer un objet avant de la désinfecter ou de la stériliser.
III.2.2.3. Utilisation de méthodes physiques dans le contrôle
On utilise ordinairement la chaleur et d’autres agents physiques pour stériliser des objets comme on peut
s’en rendre compte par l’utilisation courante de l’autoclave dans chaque laboratoire de microbiologie. Les
quatre agents les plus fréquemment employés sont :
la chaleur (humide, sèche) ;
les basses températures ;
la filtration et ;
les radiations.
- L’efficacité de la destruction thermique est souvent indiquée par la duré thermique mortelle ou le
temps de réduction décimale.
La duré thermique mortelle (DTM): c’est le temps le plus court requis pour tuer tous les
organismes d’une suspension microbienne à une température spécifique et dans des
conditions déterminées.
Le temps de réduction décimale ou valeur (D): est le temps requis pour tuer 90% des
micro-organismes ou des spores dans un échantillon à une température spécifique
- Bien que le traitement par l’eau bouillante pendant 10 minutes tue les formes végétatives, il faut
utiliser un autoclave pour détruire les endospores par chauffage à 121°C ( 1 bar de pression
pendant 20 min).
- La chaleur humide tue en dégradant les acides nucléiques, en dégradant les acides nucléiques, en
dénaturant les enzymes et les autres protéines et en détériorant les membranes cellulaires.
- On peut préserver les liquides thermosensibles par pasteurisation, en chauffant à 63°C pendant 30
minutes ou à 72°C pendant 15 secondes (flash-pasteurisation). Un chauffage à 140-150°C pour
une à 3 secondes (stérilisation à température ultra-élevée) peut être aussi utilisé.
- On stérilise la verrerie et les autres objets thermostables par la chaleur sèche entre 160 et 170°C
pendant 2 à 3 heures.
- La réfrigération et la congélation servent à contrôler la croissance et la multiplication des micro-
organismes
- On peut éliminer les micro-organismes efficacement par filtration à travers des filtres épais ou des
membranes filtrantes.
- Les hottes de sécurités biologiques munies de filtres particulaires de grandes efficacité, stérilisent
l’air par filtration
- On peut utiliser les radiations de courte longueur d’onde ou à haute énergie, les radiations
ultraviolettes et ionisantes, pour stériliser les objets.
III.2.2.4. Utilisation d’agents chimiques dans le contrôle
- Les agents chimiques agissent habituellement comme désinfectants parce qu’ils ne peuvent
détruire facilement les endospores bactériennes. L’efficacité d’un désinfectant dépend de la
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