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THESE
Présentée à l’Université Montpellier II Sciences et Techniques du Languedoc
pour obtenir le diplôme de DOCTORAT
par
Guillaume GUIMBRETIERE
3
4
Merci
Nous sommes formés à beaucoup de choses durant une thèse, mais pas à dire merci.
C’est un sujet sensible. Dire merci doit venir du coeur, je me lance alors autodidacte, dans
le désordre et sincèrement.
En premier lieu, je voudrais remercier Ian Campbell et Walter Kob, directeurs succes-
sifs respectivement du LDV et du LCVN pour m’avoir accueilli au laboratoire ainsi que
Marie Foret pour son accueil amical au sein du groupe Physique des Verres et Spectro-
scopies.
Je remercie Georges Calas et Ulrich Buchenau d’avoir accepté d’être les rapporteurs
de ce travail. Je remercie également Francois Henn d’avoir bien voulu présider mon jury
de thèse.
Je remercie tout spécialement Remy Vialla sans qui le SHR aurait peut-être marché,
mais surement pas tous les jours, la nuit, toute l’année ... Merci Remy ! Merci également
à l’équipe technique (Emmanuel Arnould, Sébastien Clément, Jérôme Delmas, Jean-Marc
Fromental et Pierre Solignac) pour son implication permanente dans la réalisation de ce
travail de thèse, pour les infos, les bricolages, les pièces, qui permettent de débloquer une
situation.
5
Merci à tous les thésards, ATER et post-docs pour leurs avis pertinents sur les sujets
d’actualité et pour leurs blagues minables (merci manu, sebastien, antoine, simon, guil-
hem, gregory, koc !).
Merci à Saint Gobain Recherche pour l’accès à leurs installations et l’aide lors de la
fabrication d’échantillons, à Alexandar Matic pour l’échantillon de v-Li2 O-2B2 O3 , à Jean-
Claude Lasjaunias pour l’échantillon de GeO2 et à l’ESRF pour son accueil et le temps
de faisceau accordé.
Finalement, un grand merci à mon fils Jules pour avoir fait ses nuits dès son deuxième
mois, à Mr Capdepont mon professeur de physique de terminale pour nous avoir enseigné
de la vraie physique, aux membres de l’institut du Christ roi souverain prêtre de Montpel-
lier qui m’ont nourri, hébergé et encouragé durant la fin de la rédaction de ce manuscrit,
à la digue de Marsillargues pour nous avoir protégé des inondations ces trois années, à
Honda pour la fiabilité de ses motos et à mes parents de m’avoir donné la possibilité
d’effectuer de longues études et d’assouvir cette soif de connaissances.
6
Préambule
7
vant l’échelle à laquelle l’observateur vient se placer. Effectivement, à très courte échelle
(quelques Angströms) il existe un ordre comparable à celui des cristaux : des entités struc-
turales identiques connectées entre elles forment une matrice vitreuse sans périodicité, et à
grande échelle une vibration acoustique propagative voit la matière comme un continuum
vitreux isotrope.
Nous éviterons alors par la suite toute allusion à la matière désordonnée ou amorphe
et utiliserons le mot verre. Notre étude porte sur des verres d’oxydes simples (v-GeO2 ,
v-B2 O3 et v-Li2 O-2B2 O3 ) obtenus par trempe du liquide. Ainsi la définition (empreinte
de la méthode de préparation) de "liquide sous-refroidi figé" conviendra à nos objets
d’étude. Nous ne perdrons pas de vue que ces verres sont une classe particulière de solides
non-cristallins, c’est à dire possédant du désordre.
8
Table des matières
Préambule 7
Introduction 13
2 Techniques instrumentales 43
2.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.2 Diffusion Brillouin de la lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3 Spectrométrie Brillouin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.1 Rappels sur les interféromètres de Fabry-Pérot . . . . . . . . . . . . 49
2.3.2 Le Spectromètre Brillouin Haute Résolution (SHR) . . . . . . . . . 51
2.4 Diffusion inélastique des rayons-x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.4.1 Diffusion des rayons-x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
9
2.4.2 La ligne ID16 de l’ESRF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3 Etude de v-B2 O3 61
3.1 La structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.2 Conditions expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.1 Présence d’eau dans v-B2 O3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.2 Synthèse des échantillons et traitement thermique . . . . . . . . . . 64
3.3 Mesures de diffusion Brillouin de la lumière . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.1 Effet du recuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.2 Etude en température . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.4 Conclusion sur l’étude de v-B2 O3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
4 Etude de v-GeO2 73
4.1 Présentation de v-GeO2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.1.1 Structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.1.2 les ions hydroxyles OH− . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.2 Conditions expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.3 Discussion sur le modèle TAR : choix de P (V ) , f (∆) et τ . . . . . 80
4.4 Ajustement des mesures de diffusion Brillouin de la lumière . . . 82
4.4.1 Mesures de Hertling et al., ajustement avec f (∆) constant et ∆C = V0 82
4.4.2 Première tentative avec f (∆) gaussien et ∆C = V0 . . . . . . . . . . 83
4.4.3 Seconde tentative en laissant δ comme paramètre libre . . . . . . . . 87
4.4.4 Discussion sur le diagramme d’Arrhénius . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.5 Effet du recuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.6 Conclusion sur l’étude de v-GeO2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
10
B La Diffusion Brillouin 127
11
12
Introduction
Le lien entre les propriétés physiques et la structure des verres est un objet d’étude
intéressant autant du point de vue des conséquences technologiques que de celui de la
recherche fondamentale. Certains processus invoqués pour expliquer le comportement de
la vitesse et de l’atténuation du son s’avèrent différents, pour les verres, de ceux qui
interviennent dans les milieux ordonnés que sont les cristaux. L’objectif de ce travail est
d’identifier ces processus pour un verre donné. En mesurant la dépendance en température
et en fréquence de ces processus nous espérons pouvoir estimer la contribution relative de
chacun à l’atténuation du son dans les verres.
Dans les cristaux, les atomes répartis suivant des régles de symétrie vibrent autour
de leur position bien définie et les modes propres sont des ondes planes. Les propriétés
thermiques des matériaux sont liées à la distribution de ces modes. Lorsque les atomes
vibrent les uns par rapport aux autres de telle sorte que le centre de masse se déplace, on
parle de modes acoustiques, ces modes collectifs sont propagatifs. Si la maille élémentaire
possède n atomes, il existe 3n modes de vibration dont 3 modes acoustiques. C’est à ces
derniers modes que nous nous intéresserons par la suite.
Dans les verres, les atomes vibrent également autour de leur position d’équilibre. Aux
petites valeurs du vecteur d’onde q (c’est à dire à grande longueur d’onde) et à très basse
fréquence, le verre est un matériau homogène et isotrope. Quelle que soit la direction, un
mode acoustique longitudinal (LA) et deux modes acoustiques transverses dégénérés (TA)
se propagent. Dans cette zone de q, les branches acoustiques de dispersion sont linéaires,
la fréquence du phonon Ω étant proportionnelle au vecteur d’onde q, Ω = vq où v est la
vitesse de propagation du son, transverse ou longitudinale.
Dans la silice densifiée d-SiO2 , les phonons acoustiques de fréquence Ω et de vecteur
d’onde q, se propagent jusqu’à des fréquences de l’ordre de 2 THz (q ≃ 2 nm−1 ). A plus
haute fréquence, ils entrent dans un régime de forte diffusion. Les ondes planes sont alors
très fortement diffusées et à partir d’une fréquence de transition Ωco elles cessent de se
propager. On ne parle plus alors d’ondes planes mais de vibrations définies seulement
par leur fréquence propre Ω, le vecteur d’onde perdant sa signification. Ce phénomène
est très difficile à observer expérimentalement et il est important pour avancer dans la
compréhension de l’origine de cette diffusion forte à grand Q (diffusion par le désordre
structural et/ou couplage avec d’autres modes présents au sein du verre) de l’observer
dans d’autres composés vitreux.
13
Notre étude nous a conduit à utiliser différents verres : v-GeO2 , v-B2 O3 et v-Li2 O-
2B2 O3 . Des processus d’intéraction entre les phonons et ce que l’on appelle des "défauts"
de matrice vitreuse, ainsi que des processus d’intéraction phonon-phonon, peuvent être
évoqués pour rendre compte des résultats expérimentaux. Selon les zones de température
et/ou de fréquence considérées et selon la nature des matériaux, les processus dominants
sont différents. Ceux-ci, bien déterminés aux fréquences ultrasonores et inférieures, de-
mandent encore des efforts d’investigation en ce qui concerne les ondes de fréquences
hypersonores ou de fréquences plus élevées. Le manuscrit est subdivisé en 5 chapîtres,
comme suit :
Nous présentons dans un premier chapître les différences de comportement de certaines
propriétés des verres par rapport au matériaux cristallins, et présentons une synthèse des
connaissances et des modèles relatifs à ces comportements singuliers.
Dans le deuxième chapître nous présentons les différentes techniques d’investigation
de la matière utilisées dans le cadre de ce travail et soulignons les difficultés expérimen-
tales limitant l’étude des milieux désordonnés. Nous rappelons également les principaux
résultats de la théorie classique de la diffusion Brillouin de la lumière dans un solide
isotrope.
Nous présentons dans le troisième chapître les résultats obtenus par diffusion Brillouin
de la lumière dans v-B2 O3 . Cette partie aborde les effets d’un recuit ou/et de la présence
d’eau dans le verre sur la propagation d’une onde sonore.
Dans le quatrième chapître nous présentons les résultats obtenus par diffusion Brillouin
de la lumière dans v-GeO2 . Une analyse des différents processus responsables de l’atté-
nuation du son est proposée, et l’effet d’un recuit abordé.
Dans le cinquième chapître nous présentons les résultats obtenus par diffusion Brillouin
de la lumière et par diffusion inélastique des rayons-x dans v-Li2 O-2B2 O3 . La présence
d’un crossover à haute fréquence est observée et son origine discutée. Une analyse des
différents processus responsables de l’atténuation des phonons acoustiques est également
proposée.
Nous résumons en conclusion les principaux résultats de notre travail et traçons
quelques perspectives possibles ou souhaitables.
Les Annexes A et B résument la théorie classique de la diffusion de la lumière pour
un solide isotrope, et plus particulièment l’effet Brillouin.
Un travail de développement d’un spectrographe Brillouin a été mené parallèlement
à l’étude de l’atténuation du son dans les verres. Pour des raisons matérielles il n’a pu
aboutir à un spectrographe fonctionnel qu’à la fin de la rédaction de ce mémoire. L’exposé
de ce travail de développement fait l’objet de l’annexe C.
14
Chapitre 1
Dans la matière cristalline le libre parcours moyen ℓ des phonons est limité principale-
ment par deux phénomènes: premièrement, la diffusion géométrique où le phonon rentre
en collision avec les bords du cristal ou les défauts cristallins; deuxièmement, les processus
anharmoniques, c’est à dire la diffusion par d’autres phonons [1]. Dans les verres, ℓ est
généralement différent de sa valeur dans le cristal de même composition et les processus
responsables de l’attenuation des vibrations acoustiques sont plus nombreux et encore
mal compris.
L’étude de ces processus est l’axe principal du travail présenté dans ce manuscrit.
Avant d’aborder les résultats de notre étude il est nécessaire, d’une part de rappeler
quelques résultats bien connus à l’origine des questions fondamentales et non résolues
auxquelles nous nous sommes attaquées, d’autre part de présenter les verres étudiés qui
nous permettront de faire avancer au mieux notre connaissance des processus responsables
de l’atténuation des phonons dans les verres.
Penchons nous quelques instants sur les propriétés générales des matériaux vitreux et
sur les modèles proposés pour en rendre compte.
15
Fig. 1.1 – En (a), chaleur spécifique basse température dans l’argon solide cristallin en
fonction de T 3 . La ligne continue est calculée à partir du modèle de Debye (équation1.2).
En (b), chaleur spécifique divisée par T 3 à basse température pour v-SiO2 [2]. Les pointillés
indiquent la valeur calculée avec le modèle de Debye.
est considérée constante pour chaque polarisation) donne un calcul de la densité d’état
gD (ω) [1]:
V 1 2
gD (ω) = ( 3 + 3 )ω 2 (1.1)
π vl vt
avec V le volume de l’échantillon, vt et vl les vitesses des ondes sonores transverses et
longitudinales.
Ce même modèle permet également de décrire le comportement de la chaleur spéci-
fique 1 , ou capacité calorifique, en fonction de la température:
12π 4 T
Cv = nkB ( )3 (1.2)
5 θD
avec n le nombre d’atomes par unité de volume, kB la constante de Boltzmann, T la
température et θD la température de Debye définie telle que si T > θD alors tous les modes
de vibration commencent à être excités.
Le modèle de Debye prévoit donc une variation en T 3 de Cv (T ). La valeur calculée
de Cv (T ) dans l’argon cristallin est tracée avec une ligne continue dans la Fig.1.1(a) et,
1. La capacité calorifique que l’on détermine avec l’expérience est à pression constante, Cp . Les calculs
donnent la capacité calorifique à volume constant Cv . La différence relative entre Cp et Cv est en général
négligeable pour les verres [1].
16
Fig. 1.2 – En (a), la densité d’état dans v-SiO2 obtenue par diffusion de neutrons (points
noirs) [4] et calculée à partir des mesures de chaleur spécifique (ligne pointillée). Les
tirets représentent le modèle de Debye (équation1.2). En (b), pic boson dans la silice. Les
cercles noir représentent le facteur de structure dynamique obtenu par diffusion inélastique
de neutrons, les cercles creux celui obtenu par diffusion hyper-Raman [9].
remarquons le, décrit parfaitement les points expérimentaux. Dans les verres la valeur et
la dépendance en fréquence de g(ω) ainsi que la valeur et la dépendance en température
de Cp (T ) sont bien différentes.
La première anomalie observée en détail en 1971 par Zeller et Pohl [3], concerne les
mesures de chaleur spécifique Cp (T ) en fonction de la température sur différents matériaux
désordonnés. La Fig.1.1(b) présente Cp /T 3 en fonction de T dans la silice. A très basse
température (≤ 1 K), Cp(T ) varie linéairement avec T alors que, comme nous venons de
le voir, dans les cristaux la variation est en T 3 . De plus, la chaleur spécifique est plus
importante dans les verres que la valeur estimée à partir du modéle de Debye [4]. Il existe
en fait deux zones de température présentant un excès de Cp (T ) par rapport au modèle
de Debye: la première se situe au dessous de 1 K dans la zone ou Cp (T ) varie en T et
l’autre vers 10 K où l’excès se présente sous la forme d’une bosse toujours au dessus de
la valeur prévue par le modèle de Debye.
En ce qui concerne la densité d’états vibrationnels, le modèle de Debye prévoit un
comportement en ω 2 de gD (ω). La valeur calulée de gD (ω) dans la silice est tracée avec
une ligne discontinue sur la Fig.1.2(a). Cette figure présente le calcul (points) de la densité
d’état à partir de la mesure de Cp (T ) dans v-SiO2 . Les cercles noirs représentent la densité
d’état obtenue à partir de mesures de diffusion inélastique de neutrons. On peut remarquer
en comparant avec la densité d’état donnée par le modèle de Debye gD (ω) (équation1.1) la
présence de modes en excès. L’intensité du pic, signature spectrale de ces modes, variant
17
avec la temperature suivant la statistique de Bose-Einstein, cet excès de modes s’est vu
attribuer le nom de pic boson.
Le pic boson est également visible en absorption infra-rouge [5, 6], diffusion de neutrons
[7, 8], en diffusion Raman [6] et, depuis peu en diffusion Hyper-Raman comme le montre
la Fig.1.2(b) dans le cas de la silice [9].
La deuxième "anomalie thermique des verres" concerne la conductibilité thermique
basse température.
1
Z X
κ(T ) = dω Cj (ω,T )vj (ω,T )ℓj (ω,T ) (1.3)
3 j
où C est la chaleur spécifique par unité de volume, v la vitesse des modes et ℓ le libre
parcours moyen. L’indice j repère la polarisation des modes transverses ou longitudinaux.
Si l’on considère que la chaleur est transportée uniquement par les phonons, alors C est
égale à la valeur CDebye .
Comme le montre la Fig.1.3(a), l’évolution à très basse température de κ(T ) dans le
cristal est dominée par le comportement en T 3 de Cv (équation 1.2) et à haute température
par le comportement en T −1 de ℓ(T ) (plus les phonons sont nombreux et plus le libre
parcours moyen diminue).
Le comportement de la conductibilité thermique de la silice est tout autre : à très
basse température elle évolue approximativement en T 2 , puis à plus haute temperature,
autour de 10 K, nous voyons apparaître un plateau. Il faut souligner le caractère universel
de ce comportement comme le montre la Fig.1.3(b) pour plusieurs verres de natures très
différentes (verres d’oxydes, polymères, chalcogénures...).
Autour de 10 K, le plateau (zone où les modes dominants ont des fréquences de
l’ordre du THz) implique l’existence d’une limite haute, Ωco , pour les fréquences des
ondes propagatives. En d’autres termes, le plateau correspond à un crossover où le libre
parcours moyen des phonons dominants diminue très rapidement.
Partant de l’expression de κ(T ) (équation 1.3), il est possible d’estimer le libre parcours
moyen du mode dominant à la température T. En 1986, Graebner et al. [11] effectuent
18
Fig. 1.3 – En (a), mesure de conductibilité thermique κ(T ) pour la silice et le quartz
[3]. On voit que κ(T ) pour le verre est nettement inférieure à κ(T ) dans le cristal. On
remarque également, pour le verre, la présence d’un plateau entre 1 et 10 K. En (b),
universalité du plateau de κ(T ) pour différents verres [11].
pour v-SiO2 et v-GeO2 , est présentée Fig.1.4. Nous voyons bien un changement de régime
dans l’atténuation des ondes acoustiques dominantes entre 1 et 10 K. Le libre parcours
moyen dominé par le processus de diffusion utilisé pour l’ajustement du plateau, ici la
diffusion Rayleigh, chute brutalement jusqu’à 10 K où ℓ est alors de l’ordre de la longueur
d’onde λ de la vibration acoustique, valeur proche du critère pour le cross-over de Ioffe-
Regel [12] (ℓ = λ2 ). Les auteurs font remarquer qu’un processus autre que la diffusion
Rayleigh entraînant une rapide décroissance de ℓ avec ω (au moins ℓ ∝ Ω−4 ) peut suffire
à décrire le plateau de κ(T ).
ℓ est directement lié à l’atténuation α de l’intensité des ondes acoustiques par: ℓ(ω,T )−1 =
α(ω,T ). Un tel comportement de κ(T ) signifie donc la non-propagation des modes domi-
nants dans cette zone de température, nous sommes alors en fin de branche de dispersion
19
Fig. 1.4 – Libre parcours moyen ℓ des phonons dominants à la température T dans SiO2
et GeO2 , calculé à partir de mesures de conductibilité thermique [11].
des modes acoustiques. Les modes de fréquence supérieure à une valeur seuil νco (fré-
quence du crossover) ne se propagent plus et ne participent donc pas à la conduction de
la chaleur, ce qui se traduit par la présence d’un plateau dans le tracé de κ(T).
Voilà maintenant présentées les "anomalies thermiques" des verres. Les mesures de
Cp (T ) montrent la présence dans les verres de modes en excès inexistants dans le cristal.
De plus, la présence d’un plateau dans κ(T ) laisse supposer l’existence d’une diffusion forte
des phonons dominants à cette température. Nous allons maintenant montrer quelques
résultats expérimentaux, antérieurs à ce travail, sur l’observation directe de l’atténuation
des phonons dans les solides.
∆νB Γ
Q−1 = = (1.4)
νB Ω
avec νB la fréquence du phonon, Γ = 2π∆νB et Ω = 2πνB .
Ce choix est particulièrement intéressant pour représenter l’évolution en température
de l’atténuation à différentes fréquences sur un même graphe. Pour les mêmes raisons
20
Fig. 1.5 – En (a), dépendance en température de l’atténuation des phonons longitudinaux
dans le quartz à différentes fréquences [13]. En (b), δv/v pour un phonon transverse de
fréquence 35 MHz, dans le Quartz [14].
graphiques, il est plus commode de représenter les faibles variations relatives de vitesse
δv/v plutôt que la vitesse elle même:
δv v(ω,T ) − v0 v(ω,T ) − v0
(ω,T ) = ≃ (1.5)
v v(ω,T ) v0
avec v0 la vitesse du son mesurée à la température la plus basse.
Détaillons maintenant les différents processus responsables de l’atténuation du son
dans les cristaux puis dans les verres.
21
Fig. 1.6 – En (a), mesure du frottement interne dans la silice à 180 KHz entre 0,01 et 100
K [15]. En (b), mesures d’absorption ultrasonore à 20 MHz dans différents verres [16].
l’atténuation est en effet négligeable et qu’en se dirigeant vers les hautes températures,
l’atténuation change de régime puis sature lorsque ωτ << 1, ω étant la fréquence du
phonon observé et τ un temps caractéristique de retour à l’équilibre de la population de
phonons. La saturation annoncée est visible et se présente sous la forme d’un plateau
de faible pente. Ces processus anharmoniques entraînent également une variation de la
vitesse linéaire avec la température après une variation quasi-nulle à basse température.
La Fig.1.5(b) montre un tel comportement dans le quartz à 35 MHz [14].
Dans le verre de même composition que le cristal, l’atténuation est très différente et
présente une dépendance en fréquence et en température bien plus complexe.
22
Fig. 1.7 – Dépendance en température de la vitesse de phonons acoustiques longitudi-
naux. En (a), dans v-As2 Se3 à 30 MHz [17]. En (b), dans différents composés vitreux
essentiellement composés d’unités structurales tétraédriques, excepté B2 O3 [16].
23
Fig. 1.8 – En (a), inverse du libre parcours moyen en fonction de la temperature ℓ−1 (T )
dans v-SiO2 entre 0,3 et 1300 K, pour une fréquence de 35 GHz [18]. On remarque
bien la complexité de la dépendance en température de l’atténuation avec quatre régimes
distincts (I, II, III et IV). En (b), mesures de vitesse hypersoniques dans v-SiO2 et v-
GeO2 [19] montrant un comportement comparable à celui observé à plus basses fréquences
(Fig.1.7(b)).
En ce qui concerne les vitesses sont représentées sur la Fig.1.8(b) [19] des mesures de
vitesses dans v-SiO2 et v-GeO2 à des fréquences hypersoniques. Nous pouvons constater
que la dépendance en température est d’aspect comparable à celle à plus basse fréquence
et que "l’anomalie tétraédrique" est toujours visible.
24
4
(b)
3
HWHM Γ [meV]
α=4.2
2
1 α=2
Γhom
0
0 2 4 6 8 10
Energy Ω [meV]
Fig. 1.9 – En (a), évolution du plateau de κ(T ) avec la densité de SiO2 [23]. En (b),
demi-largeur (HWHM) du pic Brillouin en fonction de la fréquence du phonon dans d-
SiO2 observé par diffusion des rayons-x [24]. La ligne continue est un ajustement des
points expérimentaux avec (Γ ∝ Ω4.2 ). La ligne Γhom ∝ Ω2 est l’extrapolation depuis les
mesures de diffusion Brillouin (GHz).
25
12
10 4
Γ∝ Ω
11
10
Γ/2π (Hz)
10
10
9
10
2
Γanh∝ Ω
8
10
7
10 10 11 12
10 10 10
Ω/2π (Hz)
Fig. 1.10 – Dépendance en fréquence de la largeur du phonon Γ/2π dans d-SiO2 à 573 K.
Le cercle creux est obtenu par une mesure de diffusion Brillouin de la lumière. Les carrés
noirs représentent les mesures de diffusion inélastique des rayons-x. La ligne pointillée
en Ω2 représente la contribution anharmonique à l’atténuation. L’étoile à haute fréquence
représente Ωco .
K suggère que ~Ωco ≈ 4 meV (ou Ωco /2π ≈ 1 THz), et qco ≈ 1 nm−1 pour les phonons
longitudinaux acoustiques de vitesse 5900 m/s. Ces valeurs de Ωco et qco sont trop faibles
pour être observées, c’est pourquoi les mesures ont été faites sur la silice densifiée d-SiO2 .
En effet, la Fig.1.9(a) [23] montre des mesures de κ(T ) dans un aérogel de silice (densité
d = 0,87 g/cm3 ), dans v-SiO2 (d = 2,2 g/cm3 ) et la silice densifiée d-SiO2 (d = 2,6 g/cm3 ).
On remarque que le plateau de κ(T ) dans d-SiO2 se situe aux environs de 20 K contre 10
K pour v-SiO2 . On attend alors: Ωco /2π ≈ 2 THz et qco ≈ 2 nm−1 . La zone de fréquence
importante en dessous et au niveau du crossover devient alors accessible pour ce verre.
Rufflé et al. [24] effectuent alors des mesures détaillées de diffusion de rayons-x sur
d-SiO2 en dessous de Ωco . La Fig.1.9(b) présente la demi-largeur (HWHM) du pic de dif-
fusion inélastique de rayons-x en fonction de l’énergie du phonon. Elle fait bien ressortir
la dépendence en fréquence de HWHM qui augmente très rapidement avec la fréquence.
Celle-ci est en puissance supérieure à quatre. De plus, on voit bien la largeur s’écarter
de l’extrapolation en Ω2 faite à partir des mesures de diffusion Brillouin de la lumière,
fréquences pour lesquelles l’anharmonicté domine l’atténuation. Pour une meilleure com-
préhension, une représentation sur une plus large gamme de fréquence de la dépendance
26
en fréquence de l’atténuation Γ(Ω) permet de mieux séparer les différents régimes d’atté-
nuation. La Fig.1.10 compile une mesure de diffusion Brillouin de la lumière (cercle), ainsi
que les mesures de diffusion inélastique des rayons-x. Cette figure représente la largeur
Γ/2π en fonction de la fréquence Ω/2π du phonon dans d-SiO2 à 573 K. On voit bien
que l’extrapolation en pointillés jusqu’au dessus du THz de l’effet des processus anhar-
moniques (Γanh ∝ Ω2 ), principalement responsables de l’atténuation des hypersons, ne
peut rendre compte de l’élargissement des phonons de fin de branche qui subissent une
diffusion forte (Γ ∝ Ω4 ).
Les ondes planes acoustiques, qui se propagent aux faibles valeurs de Q, subissent
donc de la diffusion forte au dessus d’un seuil. Nous avons également pu constater que
l’atténuation des vibrations acoustiques dans les verres se comporte bien différemment
de l’atténuation dans le cristal. Différentes approches théoriques tentent de décrire la
dynamique des verres et de rendre compte de leurs propriétés thermiques. Nous allons
maintenant aborder la présentation de ces modèles.
Dans la Fig.1.11 [25] par exemple, Q−1 pour une fréquence de 35 GHz dans la silice
est décomposé suivant la somme de 3 processus: Q−1 = Q−1 T LS + Qrel + Qanh . Les lignes
−1 −1
27
0,007
-1 -1 -1
0,006
Q TLS
+Q rel
+Q anh
Internal friction
0,005
0,004 -1
Q anh
0,003
-1
0,002 Q rel
-1
0,001 Q TLS
0,000
0 50 100 150 200 250 300
Temperature (K)
Fig. 1.11 – Mesures de Q−1 dans v-SiO2 à 35 GHz [27, 28]. Les lignes discontinues repré-
sentent l’estimation de chaque processus intervenant dans Q−1 . Q−1
T LS la part provenant
de l’intéraction du phonon avec les TLS, Qrel la part provenant de l’intéraction du pho-
−1
non avec les relaxations activées thermiquement, Q−1anh la part provenant des processus
anharmoniques [25].
des ondes sonores sont bien expliqués par le modèle des TLS introduit historiquement
en 1972 par Phillips [29] ainsi que Anderson, Halperin et Varma [30]. Dans un verre, les
distributions en angles et en longueurs de liaison autorisent des réorganisations atomiques.
Un certain nombre d’atomes ou groupes d’atomes peuvent prendre 2 positions d’équilibre
à peu près équivalentes. Ceci peut être représenté par une particule dans un double puits
de potentiel asymétrique séparés par une barrière d’énergie V, comme représenté Fig.1.12.
A très basse température, lorsque le passage de la barrière n’est pas possible par activation
thermique, certains atomes peuvent passer d’un puits à l’autre par effet tunnel. On appelle
∆ l’asymétrie, et ∆0 l’énergie de couplage. L’énergie totale du système est donnée par E =
∆20 + ∆2 . Les systèmes qui contribuent à la chaleur spécifique à très basse température
p
28
Fig. 1.12 – Double puits de potentiel asymétrique caractérisé par une hauteur de barrière
V et une asymétrie ∆.
29
différent et les énergies V et ∆ ont donc une distribution P (∆,V ) très large. Avec une
bonne approximation, cela conduit à un frottement interne donné par :
∞ ∞
γ2 1 ∆ ωτ
Z Z
Q−1
rel = 2 P (∆,V ) sech2 ( ) d∆dV. (1.6)
ρv −∞ 0 kB T 2kB T 1 + (ωτ )2
où γ est le potentiel de déformation (approximé par une constante).
De même, suivant une transformée de Kramers-Kronig, on peut écrire la variation
relative de vitesse associée :
∞ ∞
1 γ2 1 ∆ 1
Z Z
(δv/v)rel =− P (∆,V ) sech2 ( ) d∆dV. (1.7)
2 ρv 2 −∞ 0 kB T 2kB T 1 + (ωτ )2
∆
τ = τ0 eV /kB T sech( ) (1.8)
2kB T
avec τ0 le temps de relaxation le plus court correspondant à la vibration du défaut à
l’intérieur d’un puits de potentiel et V la barrière de potentiel.
Ce qui est réellement déterminant dans l’utilisation de ces expressions, c’est le choix
fait pour la distribution des barrières et leur asymétrie P (∆,V ). Nous reviendrons sur nos
choix en ce domaine le moment voulu.
Ce modèle des TAR ainsi que le modèle des TLS sont compris dans un modèle plus
général que nous allons maintenant aborder, le modèle des potentiels mous (SPM).
30
Le SPM décrit le modèle des TLS, les modes mous en excès et le comportement
relaxationnel basse température par un potentiel anharmonique mou avec des paramètres
variants localement (équation 1.9).
L’existence de modes localisés implique donc de prendre en compte une distribution
de potentiels mous anharmoniques locaux. Pour décrire l’ensemble des situations, un
potentiel avec des termes en x3 et x4 , en plus du terme usuel en x2 , est utilisé. Le potentiel
pour un mode s’écrit alors :
x x x
V (x) = ε[η( )2 + ξ( )3 + ( )4 ] (1.9)
a a a
31
Fig. 1.13 – Les niveaux d’énergie dans le potentiel mou pour différentes valeurs de η et
ξ, tiré de [36]. On voit bien que le potentiel peut soit prendre la forme d’un double puits
et décrire les TLS, soit prendre une forme décrivant un oscillateur quasi-harmonique et
décrire les modes du pic boson.
32
phonons thermiques qui tend à revenir à l’équilibre par suite des collisions entre pho-
nons thermiques. C’est un processus relaxationnel. Le temps caractéristique de retour à
l’équilibre τth est le temps de vie des phonons thermiques, de l’ordre de 10−12 s. Bömmel
et Dransfeld [43] ont ensuite complété cette théorie pour inclure le cas où ωτ > 1. Le
frottement interne pour un processus anharmonique est alors donné par [25]:
ωτth
Q−1
anh = A 2
(1.10)
1 + ω 2 τth
et la variation de vitesse relative:
δv A 1
=− 2
(1.11)
v 2 1 + ω 2 τth
2
avec A = C2ρvvγ T v
3 , où γ 2 est l’écart quadratique moyen des paramètres de Grüneisen
D
des modes de vibration, T la température, Cv la chaleur spécifique, ρ la masse volumique,
vD la vitesse de Debye et v la vitesse du son mesurée. Les intéractions que cette théorie
prend en compte sont les processus Umpklapp responsables de l’atténuation des ondes
sonores dans le cristal. Tant que ωτth << 1 on utilisera Q−1 anh = Aωτth et les variation
des vitesses deviennent v anh = − 2 . C’est à dire que pour des températures suffisamment
δv A
Nous venons de présenter le modèle SPM ainsi que le modèle décrivant les processus
anharmoniques. Ces différents processus physiques peuvent décrire l’atténuation du son
depuis les très basses températures jusqu’à Tg dans une gamme de fréquences allant des
basses fréquences aux centaines de GHz. Un point commun à tous ces différents processus
est qu’ils prédisent un comportement de l’atténuation en Ωα avec α compris entre 0 et 2
suivant le régime de température et fréquence concerné. En aucun cas ils ne peuvent ex-
pliquer les observations expérimentales dans le domaine du THz. Quelle est alors l’origine
physique des processus responsables de l’atténuation dans cette gamme de fréquence qui
mène à Ωco ?
33
avec les TLS, ℓ−1 rel, la part de l’atténuation provenant de la relaxation des TLS et ℓR
−1
π Cω ~ω 3
ℓ−1
res,vib = √ ( ) ∝ ω4 (1.12)
6 2 v W
avec v la vitesse, W une énergie caractéristique reliée à la température Tmin du mini-
mum de Cp (T )/T 3 (W ≈ 2kTmin ), C une constante de couplage. Le même modèle permet
également de reproduire le plateau de κ(T ) dans d’autres verres [46].
Selon cette approche, les modes acoustiques s’hybrident avec les modes mous optiques
du pic boson. Ceci provoque le crossover, auquel cas nous nous attendons à trouver ap-
proximativement Ωco ≡ ΩBP (ou un autre lien de couplage). La Fig.1.14 [47] met en
relation la fréquence ΩB du pic boson et la fréquence Ωd ≃ Ωco du crossover de Ioffe-Regel
(défini pour Γ ≡ Ωco /π [12]), calculé d’après le modèle SPM pour une série de verres. ΩB
est tiré de mesures expérimentales alors que Ωco est obtenu en utilisant l’expression issue
de la relation 1.12: ~ωco = 0,75W C −1/3 . La ligne discontinue représente un ajustement
qui montre le rapport de proportionnalité (ωB = 1,53ωco ) entre la fréquence du pic boson
et la fréquence du crossover de Ioffe-Regel.
La récente mise en relation entre les mesures d’atténuation de phonons dans la gamme
de fréquence du crossover et les modes du pic boson de la silice densifiée [24], vont éga-
lement dans le sens d’un couplage résonnant entre l’onde acoustique et les modes du pic
boson.
34
Fig. 1.14 – Position du pic boson ωB en fonction de la fréquence du crossover de Ioffe-
Regel ωd pour des verres de différente nature [47]. La ligne discontinue représente un
ajustement par une droite de pente 1,53.
35
Formateurs Modificateurs Intermédiaires
SiO2 Li2 O Al2 O3
GeO2 N a2 O P bO
B2 O3 K2 O ZnO
P2 O5 CaO CdO
As2 O3 BaO T iO2
As2 O5
V2 O5
Tab. 1.1 – Classification des oxydes d’aprés Zachariasen [52]. En gras sont représentés
les composés présents dans les verres étudiés au cours de ce travail.
une vibration acoustique propagative de notre exposé tout en émettant des réserves de
plus en plus fortes lorsque le domaine d’étude se dirigera vers les hautes valeurs de q.
Maintenant que nous avons posé les problèmes auxquels nous souhaitons apporter
une contribution, c’est à dire l’origine de l’atténuation des phonons acoustiques et celle
du crossover dans les verres, il nous faut choisir des verres susceptibles d’apporter de
nouveaux éléments de réponse.
36
L’usage consacre le terme d’oxyde formateur de réseau pour un oxyde qui fait par-
tie du réseau vitreux et d’oxyde modificateur de réseau pour un oxyde qui n’en fait pas
directement partie. Certains oxydes peuvent fonctionner suivant les compositions dans
lesquelles ils entrent soit comme formateurs, soit comme modificateurs, ils portent alors le
nom d’oxydes intermédiaires. Le tableau 1.1 donne la classification des principaux oxydes
[53]. Suivant cette classification, bien que celle-ci souffre de nombreuses exceptions, et
soucieux d’étudier des verres de composition simple autres que v-SiO2 et dont l’étude de
la structure est déjà bien avancée, notre choix s’est porté sur les verres d’oxyde de Bore
(v-B2 O3 ) et d’oxyde de Germanium (v-GeO2 ). L’étude de ces deux formateurs de réseau
d’arrangement différent, unités constitutives triangulaires pour v-B2 O3 et tétraèdriques
pour v-GeO2 , devrait nous permettre de tirer des conclusions quand au lien proprié-
tés/structure/composition. Un troisième composé, excellent pour l’étude du comporte-
ment des phonons de fin de branche acoustique a pris, par la suite, une place importante
dans notre travail : v-Li2 O-2B2 O3 , un borate enrichi d’un modificateur de réseau (Li2 O).
Tout au long de notre étude nous nous devons de connaître au mieux la structure
de l’échantillon sur lequel s’effectuent les mesures. La connaissance de la composition
stoechiométrique ne suffit pas, il est nécessaire de connaître également l’histoire thermique
des échantillons. Autrement dit de connaitre la température fictive Tf de ces derniers.
Il a été montré par le passé, sur des verres de composition complexe (composés majo-
ritairement de SiO2 , B2 O3 et BaO), l’importance de l’histoire thermique de l’échantillon
sur la vitesse et l’atténuation d’ondes hypersoniques à des températures sub-Tg. En effet,
Vacher et al. [54] ont mesuré dans ces verres stabilisés à différentes températures couvrant
l’intervalle de transition vitreuse une variation de l’atténuation de près de 50%.
37
Fig. 1.15 – Phénomène de stabilisation. La propriété du verre observée (ici le volume)
vient se placer durant le recuit à Tstab sur l’extrapolation à la température de stabilisation
de la droite du liquide surfondu en pointillés.
38
extrapolant la droite du liquide surfondu.
La transition vitreuse a été surtout étudiée du point de vue cinétique par l’intermé-
diaire d’une propriété physique, la chaleur spécifique ou l’indice de réfraction par exemple.
La description relaxationnelle de la transition vitreuse conduit à admettre une dépendance
du point de transition avec la durée de la mesure liée à un processus physique d’étude
déterminé.
ℓ(ω,T ) = (ℓ−1 −1 −1 −1 −1 −1 −1
0 + ℓres + ℓrel + ℓrel,struc + ℓanh + ℓR + ℓcross )
−1
(1.13)
avec ℓ−1
0 , ℓres , ℓrel , ℓanh et ℓR présentés précédemment,et ℓrel,struc , ℓcross , respectivement
−1 −1 −1 −1 −1 −1
le reflet des interactions avec des relaxations structurales et le reflet du processus, quelqu’il
soit, responsable du crossover.
Une évaluation de la valeur de ℓ se simplifie dès lors que l’on sait quels sont les
processus dominants dans une gamme de température ou une gamme de fréquence donnée.
Dans le cas général, la situation est beaucoup plus complexe et il est difficile d’estimer
le poids de chaque processus à une fréquence et une température donnée. Les principales
origines de l’atténuation ont récemment été identifiées dans v-SiO2 et d-SiO2 [25, 26]. Une
démarche constructive consiste maintenant à étudier d’autres composés de composition
simple et de structure connue. Une description parfaite d’une série de verres modèles de
structures diverses utilisée comme référence permettra dans le futur de pouvoir estimer la
contribution relative de chaque processus participant à l’atténuation du son dans d’autres
composés plus complexes. Pour avancer en ce sens nous avons voulu étudier la dépendance
en température et en fréquence de l’atténuation des hypersons dans les verres d’oxydes
simples que sont v-B2 O3 , v-GeO2 et v-Li2 O-2B2 O3 .
Une bonne connaissance de la composition et de la structure des verres demande
de connaître égalementl’histoire thermique de l’échantillon (lien avec la structure) et la
quantité d’eau présente dans les échantillons de verres hygroscopiques que sont v-B2 O3
et v-GeO2 . Ouvrons ici une parenthèse : nous ne possédons aucune information sur les
changement structuraux qu’entraine la présence d’eau dans nos échantillons. Bien que
celle-ci semble le plus souvent se présenter sous forme d’ions OH − , la littérature utilise
sans autre précision les termes "eau" ou "ions hydroxyles" pour désigner l’eau qui a été
absorbée par le verre. Par la suite nous parlerons d’ions hydroxyles lorsque nous aurons
39
Fig. 1.16 – En (a), position du pic boson en fonction de la teneur en Li2 O des verres
de borate [56]. En (b), Γ en fonction de Ω issue des mesures de diffusion inélastique des
rayons-x [55]. Les lignes continues repésentent Γ ∝ Ω4 et les lignes pointillées Γ ∝ Ω2 .
affaire à la signature directe d’un mode du groupement O-H et utiliserons le terme "eau"
dans les autres cas. En amont de l’étude de l’atténuation des phonons dans ces verres
nous nous sommes donc intéressés à l’effet que peut avoir la stabilisation d’un verre sur
l’atténuation des phonons, et à la teneur en eau de nos échantillons de v-GeO2 et v-B2 O3 ,
ainsi que leur incidence éventuelle sur les résultats.
40
Sa vitesse du son élevée et un pic boson à haute fréquence font de v-Li2 O-2B2 O3 un
candidat idéal pour l’observation du crossover. Composé d’atome légers, ce qui limite
l’absorption des rayons-x et permet d’avoir un échantillon épais, c’est également un très
bon candidat pour la technique instrumentale de diffusion inélastique des rayons-x.
En 2001, Matic et al. ont effectué des mesures de diffusion inélastique des rayons-x [55]
sur v-Li2 O-2B2 O3 à 700 K et pour 4 valeurs de Q (Q = 1, 2, 3 et 4 nm−1 ). La Fig.1.16(b)
présente Γ(Ω) issue de ces mesures. Les triangles représentent des mesures dans v-B2 O3 ,
les carrés des mesures dans un verre contenant moitié moins de Li2 O que notre composé
et les cercles noirs les mesures sur v-Li2 O-2B2 O3 . La ligne continue qui passe à travers
les cercles noirs est un ajustement par Γ ∝ Ω4 . Ce résultat montre qu’il est possible
d’observer le crossover dans v-Li2 O-2B2 O3 .
Une analyse conjointe des mesures de diffusion Brillouin de la lumière, de diffusion
inélastique des rayons-x, ainsi que des mesures prises dans la littérature [59] est alors
envisageable. Une telle analyse réussie nous permettrait de pouvoir observer dans une
représentation Γ(Ω) le rôle des différents processus responsables de l’atténuation du son
depuis les basses fréquences jusqu’au régime de diffusion forte dans un composé autre que
la silice.
41
42
Chapitre 2
Techniques instrumentales
2.1 Généralités
Comme nous venons de le souligner, l’étude de la dépendance en fréquence de la
propagation des phonons acoustiques fait appel à différentes techniques instrumentales.
L’observation de l’atténuation des phonons de fréquence de l’ordre du KHz ou du MHz
fait appel respectivement aux techniques de "vibrating reed" [60] et "pulse-echo" (5 à 150
MHz) [61]. Ces techniques, utilisées dans les années 60 [62] ou plus récemment [63], ont
notamment en commun l’existence d’une ou plusieurs interfaces entre l’échantillon étudié
et l’émetteur/récepteur de signal. Cette contrainte expérimentale a pour conséquence de
rendre difficile la comparaison quantitative absolue de deux jeux de mesures différents, le
résultat de la mesure dépendant non seulement de la qualité de l’échantillon mais aussi
de la nature et de la qualité des interfaces.
La partie de la branche de dispersion où interviennent les hypersons est étudiée en
utilisant des techniques optiques. La méthode de la réflexion de Bragg [64] permet l’ob-
servation de 200 MHz à 1,5 GHz. Les fréquences plus élevées sont observables par la
technique de diffusion Brillouin de la lumière et la gamme en fréquence mesurable est
principalement limitée par les bandes d’absorption de l’échantillon. Cette limite prend
tout son sens depuis que Masciovecchio et al. [65] utilisent la diffusion inélastique d’un
rayonnement ultraviolet (λ = 110 nm) pour observer les phonons compris entre 0,078 et
0,105 nm−1 (Fig.2.1). La gamme de q observable ainsi que les échantillons pour lesquels
cette technique peut apporter des informations supplémentaires sur l’atténuation des pho-
43
Fig. 2.1 – Zones de {ω,Q} accessibles par les méthodes de spectroscopie inélastiques uti-
lisant différents rayonnements. On voit bien qu’il n’est pas possible expérimentalement
d’observer continument la branche de dispersion dans une gamme allant de Q = 10−4
Å−1 à 10 Å−1 .
nons sont directement liés à la valeur du seuil d’absorption du matériaux dans l’UV. En
tout cas, même si l’on peut s’interroger sur la validité des résultats de mesures dans la
zone où l’absorption de l’échantillon augmente de manière critique, il est indéniable que
comme pour la diffusion Brillouin du rayonnement visible, la mesure de l’atténuation est
directe et se fait sans utiliser d’interface durant le protocole expérimental.
En effet, il existe également une technique optique "picoseconde" permettant l’étude
des fréquences comprises entre 50 et 450 GHz, mais celle-ci nécessite le dépôt d’un film
métallique à la surface de l’échantillon ainsi que l’utilisation d’échantillons homogènes
extrêmement minces (PMMA de 62 nm dans [66]) [67, 68]. Nous pouvons donc faire les
même remarques que pour les techniques basse fréquence quand à la comparabilité des
résultats.
Pour les fréquences plus hautes et les vecteurs d’ondes plus petits, la technique uti-
lisée usuellement pour l’étude des phonons acoustiques dans les cristaux est la diffusion
inélastique des neutrons. La gamme de longueur d’onde des neutrons est du même ordre
que celle des distances atomiques et leur énergie est comparable à celle des vibrations du
réseau. Les verres ne possédant pas de zone de Brillouin, des considérations cinématiques
limitent l’utilisation des neutrons aux verres possédant des vitesses du son très basses,
typiquement inférieures à ≃ 3000 m/s.
La longueur d’onde des rayons-x est également proche des distances interatomiques
44
ce qui leur confère la capacité d’observer la structure de la matière à ces échelles. Cette
technique, qui ne nécessite aucune interface, permet actuellement d’observer l’atténuation
des phonons de vecteur d’onde q supérieur à environ 1 nm−1 .
La liste des techniques disponibles pour qui désire étudier la branche de dispersion
acoustique dans les verres est donc limitée. Les instrumentations utilisant des technologies
diverses et variées ne permettent pas de remonter continûment la branche de dispersion
des petits q aux grands q. Nous pouvons aussi noter la difficulté que peut avoir l’expéri-
mentateur pour comparer de manière précise et quantitative les résultats obtenus par des
techniques instrumentales différentes. Celles utilisées durant notre étude de l’atténuation
des phonons sont la diffusion Brillouin de la lumière ainsi que la diffusion inélastique
des rayons-x. Elles nous permettent une mesure directe de l’atténuation du phonon et ne
posent pas de problème majeur au niveau de la comparaison des résultats.
Les mesures ont été réalisées sur le Spectromètre Haute Résolution (SHR) du LCVN
pour la partie relative à la diffusion Brillouin de la lumière , ainsi que sur le spectromètre
de la ligne ID16, à l’ESRF (grenoble) pour la partie relative à la diffusion inélastique des
rayons-x.
45
Fig. 2.2 – Cinématique de la diffusion: a) processus Stokes, b) processus Anti-Stokes.
46
Q = (ki − kd ) (2.1)
4π 4πn
Q = 2ki sin(θ/2) = sin(θ/2) = sin(θ/2) (2.3)
λi λ0
avec θ l’angle de diffusion entre ki et kd , et λ0 la longueur d’onde incidente hors
échantillon. En diffusion Brillouin de la lumière, Q est donc de l’ordre de ≈ 10−3 Å−1 .
C’est à dire que l’on étudie le début des branches de dispersion acoustique. Ce sont donc
des phonons de basse fréquence, de l’ordre du GHz, qui sont observés dans la zone où la
branche de dispersion est linéaire. La diffusion Brillouin de la lumière donne accès à deux
types d’informations sur le phonon qui est modélisé par un oscillateur harmonique amorti
Dho (pour "Damped harmonic oscillator"):
La fréquence du Dho νB (position du pic de diffusion Brillouin) donne accès au produit
de l’indice de réfraction et de la vitesse (nv) des ondes acoustiques.
2nv
νB = sin(θ/2) (2.4)
λ0
La largeur du pic Brillouin ∆νB du spectre de diffusion de la lumière donne quand à
elle accès à l’amortissement ou l’atténuation de ces ondes.
La propagation des ondes acoustiques se fait par la déformation élastique du solide.
Dans le cas de faibles déformations on relie le tenseur de déformation ǫkl au tenseur des
contraintes σij par un tenseur de rang 4:
3
X
σij = Cijkl ǫkl (2.5)
kl=1
Dans un solide isotrope tel qu’un verre, le tenseur se réduit à deux valeurs de Cijkl
indépendantes: C11 et C44 (notation de Voigt) que l’on peut exprimer à partir de K et G,
les modules de compressibilité et de cisaillement:
4G
C11 = K + (2.6)
3
47
C44 = G (2.7)
48
fait de mieux en spectroscopie Brillouin à l’heure actuelle en terme de résolution et de
stabilité. Le SHR a été conçu pour pouvoir mesurer la largeur d’une raie Brillouin avec
une précision de quelques MHz. Avant de présenter le schéma de fonctionnement du SHR,
ses spécificités développées pour atteindre le but cité plus haut et ses limites, rappelons
d’abord quelques généralités sur les étalons de Fabry-Pérot.
Imax 4R
It = 2 ou M = (2.11)
1 + M sin (ϕ/2) (1 − R)2
et
2π
ϕ= 2ne cos(i) (2.12)
λ0
avec R le pouvoir réflecteur des lames, n l’indice de la lame d’air d’épaisseur e et λ0 la
longueur d’onde dans le vide du faisceau monochromatique qui arrive sur l’interféromètre
avec un angle d’incidence i.
La transmission du FPP est donc une fonction périodique comme le montre la Fig.2.3.
On peut y voir l’intensité normalisée It /Tmax en fonction de la phase ϕ. Dans la suite, ∆ϕ
représente la période et δϕ la largeur à mi-hauteur de la fonction d’Airy. On peut alors
définir la finesse F de l’interféromètre comme le rapport ∆ϕ/δϕ.
√
∆ϕ π R
F = = (2.13)
δϕ 1−R
pour un FPP parfait (qualité de surface et taille des lames).
Pour λ0 , n et i fixés on peut réaliser une analyse en fréquence en balayant le FPP
en épaisseur. L’écart en fréquence entre deux pics de transmission successifs est appelé
intervalle spectral libre (ISL) et est égal à
c
ISL = ∆ν = (2.14)
2ne
49
Fig. 2.3 – fonction de transmission de l’interféromètre Pérot-Fabry plan (FPP).
TM ax 1+R 2
C= =( ) (2.15)
Tmin 1−R
Le contraste du FPP est faible (103 pour R = 0,93) alors que typiquement pour des
mesures de diffusion Brillouin de la lumière le rapport de l’intensité du pic élastique sur
l’intensité du pic Brillouin vaut IIBR ≈ 1010 . Pour cette raison, le FPP utilisé dans le SHR
le sera en quatre passages car le contraste évolue en puissance du nombre de passages n
aux travers de l’interféromètre [74]:
1 + R 2n
C=( ) (2.16)
1−R
Cet interféromètre possède les mêmes intervalle spectral libre, transparence, finesse,
contraste et pouvoir de résolution théorique que le FPP d’épaisseur double. Par contre,
l’étendue du faisceau utilisable est proportionnelle à la résolution au lieu de lui être in-
versement proportionnelle. Par conséquent, la luminosité du système devient supérieure
à celle du FPP pour des pouvoirs de résolution élevés [79].
50
Fig. 2.4 – Schéma de fonctionnement du Spectromètre Brillouin Haute Résolution
(Schéma de Rémy Vialla, LCVN)
51
rallélisme des lames du FPP. La séquence d’acquisition comprend donc des périodes de
réglage de l’épaisseur ou du parallélisme du FPP. Des cales piézo-électriques optimisent
l’épaisseur et le parallélisme du FPP pour une transmission maximale du signal provenant
d’une ligne de référence. Ce signal annexe est obtenu par modulation électro-optique du
faisceau laser dans un cristal non-linéaire de LiN bO3 au moyen d’un générateur hyperfré-
quence réglé préalablement sur la fréquence du signal Brillouin à étudier. Ainsi, Le FPP
permet de selectionner la bande de fréquences à étudier. Il laisse passer la raie Brillouin
en filtrant la majorité du signal élastique.
Le signal filtré passe ensuite à travers le FPS qui joue le rôle d’analyseur et permet
de mesurer avec précision la largeur et la position de la raie. Son ISL vaut ≈ 1,5 GHz et
sa finesse est de l’ordre de 70. La largeur à mi hauteur de la fonction de transmission est
d’environ 20 MHz, ce qui permet d’obtenir une haute résolution de 108 . Chaque spectre
peut être la somme de plusieurs centaines de balayages en fréquence (épaisseur) du FPS.
Afin de recaler les accumulations les unes par rapport aux autres et pour pallier les pro-
blèmes de dérive du laser et du FPS, un signal de synchronisation provenant directement
du faisceau laser (signal "trigger") est utilisé comme référence. Un spectre est donc ob-
tenu en enchaînant des séquences d’acquisition du signal et des séquences de régulation
de l’instrument.
2nv
νB = sin(θ/2) (2.17)
λ0
Ainsi, varier θ permet de choisir la fréquence du phonon observé. Cette caractéristique
de la diffusion sera utilisée pour étudier la dépendance en fréquence de l’atténuation des
hypersons dans v-Li2 O-2B2 O3 . Notons que la fréquence varie tout en restant du même
ordre de grandeur, 29,8 GHz pour θ = 90◦ et 42,5 GHz pour θ = 180◦ dans ce cas.
Le choix de la géométrie de diffusion a deux autres conséquences non négligeables. La
Fig.2.5 illustre la situation pour un angle θ = 90◦ . On voit le milieu diffusant, défini par la
focalisation du faisceau gaussien issu du laser dans l’échantillon. En fin de ligne optique le
diaphragme d’entrée du spectromètre (qui n’est pas celui représenté sur la figure) définit
le "milieu diffusant utile" (zone assombrie). C’est à dire la partie de la lumière issue du
milieu diffusant, collectée, et rentrant dans le spectromètre. Le faisceau collecté par L2
représente la lumière provenant du "milieu diffusant utile" qui va être analysée. Dans le
cas particulier de la rétrodiffusion (θ = 180◦ ), la lentille de focalisation sert également de
lentille de collection. Le milieu diffusant et le cône de collection sont alors confondus. La
configuration en rétrodiffusion est celle offrant le plus de signal collecté.
La deuxième conséquence de la dépendance en θ de νB est l’élargissement par conver-
gence. La lentille L2 collecte un cône de lumière de demi angle α issu de l’échantillon,
et non un rayon. Ainsi, un spectre Brillouin mesuré à l’angle θ est en réalité composé
52
Fig. 2.5 – Collection du signal dans le cas de la géométrie θ = 90◦ . (L1 ) focalise le faisceau
laser dans l’échantillon représenté par le rectangle vide et (L2 ) collecte la lumière diffusée
provenant de l’échantillon.
53
Fig. 2.6 – Elargissement relatif par convergence en fonction de l’angle de diffusion θ. Les
cercles représentent l’élargissement relatif pour une ouverture numérique de l’optique de
collection de 0,04 (utilisée pour la rétrodiffusion où θ = 180◦ ) et les croix une ouverture
numérique de 0,005 (utilisée pour θ ≤ 90◦ ).
On peut distinguer, en plus du spectre, la raie de modulation dont l’acquisition est faite
périodiquement au cours de l’accumulation. Le pic intense résulte de la diffusion Brillouin
et les deux pic latéraux de la diffusion élastique.
54
Fig. 2.7 – Spectre typique obtenu avec le SHR. On distingue deux pics élastiques sépa-
rés d’un ISL (l’axe des abscisse représente les fréquences), le pic Brillouin et la raie de
modulation.
la fonction d’appareil du FPS (fonction d’Airy) périodique sur 5 ordres (pour prendre en
compte le recouvrement d’ordres).
55
spectre individuel
spectres sommés (bruit de fond libre)
spectres sommés (bruit de fond fixé)
4
Bdf / 500 sc
3
80
1/2 ∆νB(MHz)
40
0
νB (GHz)
30.26
30.24
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Nombre de spectres (x 500)
56
même valeur est obtenue par l’ajustement avec bruit de fond libre d’environ seulement
2500 scans sommés (environ 2h).
L’étude de l’influence que peut avoir le fait de fixer le bruit de fond ou non, présentée
ci-dessus a été effectuée sur un échantillon de v-Li2 O-2B2 O3 , avec la configuration géo-
métrique de diffusion à 90◦ . Le nombre de scans à sommer pour pouvoir obtenir à partir
des ajustements des valeurs de paramètres ayant un sens physique dépend évidemment de
l’intensité du signal, et donc de la température, de l’échantillon étudié ou de la géométrie
de diffusion. Mais, si le nombre de scans peut changer, l’idée de fond reste la même: les
spectres seront ajustés avec le paramètre "bruit de fond" libre et lorsque les paramètres
obtenus de l’ajustement seront insensibles à l’ajout de scans dans les spectres, leur valeurs
seront alors prises comme valeurs mesurées ayant un sens physique.
57
d’environ 1,5 meV à mi-hauteur). Nous avons effectué les mesures de diffusion inélastique
de rayons-x sur la ligne ID16 de l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), la
résolution et le contraste de l’instrument bien qu’en constante amélioration ne permettent
à l’heure actuelle l’étude du crossover que dans un nombre restreint de verres.
ki 1 d2 σcoh
Scoh (Q,ω) = (2.22)
kd N b2coh dΩdω
kB T Q2
S B (Q,ω) = δ(ω ± vLA Q) (2.23)
2M ω 2
avec M la masse atomique moyenne, Ω = vLA Q la pulsation du phonon LA. Dans le
cas d’une onde plane, le vecteur d’onde q du phonon est égal au vecteur de diffusion Q.
Le signe + indique la création d’un phonon, le signe - l’annihilation.
58
Fig. 2.9 – Schéma de fonctionnement du Spectromètre Brillouin de la ligne ID16
(ESRF,Grenoble)
59
du monochromateur. La pleine largeur de la fonction d’appareil utilisée pour nos me-
sure est de ∼ 1,5 meV. Les acceptances angulaires du monochromateur et de l’analyseur
sont différentes. Il est en effet nécessaire d’augmenter au maximum l’étendue acceptée par
l’analyseur pour obtenir la meilleur luminosité possible compatible avec la résolution en Q
désirée (∆Q = ± 0.18 nm−1 ). Pour cela un analyseur sphérique focalisant a été construit
sur le même concept que celui utilisé dans les travaux de Dorner [81]. Il est constitué
d’un très grand nombre de petits cristaux de silicium parfaits indépendants, collés sur un
substrat focalisant de forme sphérique (son rayon de courbure est de 7 m). Une fente est
placée devant l’analyseur afin de contrôler l’angle solide accepté par celui-ci et donc de
faire varier la résolution en Q.
L’instrument comporte un ensemble de cinq analyseurs indépendants montés sur le
même bras et séparés par un angle constant correspondant à un écart en Q d’environ 3
nm−1 . Le bras peut tourner autour d’un axe vertical passant par l’échantillon. Cette rota-
tion permet de choisir l’angle de diffusion et donc le transfert de quantité de mouvement
Q.
L’analyse en fréquence est réalisée en faisant varier le paramètre de maille du silicium
et pour cela on effectue un balayage en température. En effet, la variation du paramètre
de maille induit une variation des distances entre les plans diffractants et donc une va-
riation de l’énergie sélectionnée par le cristal : ∆dh /dh = α∆T , où ∆T est la variation
de température et α est le coefficient linéaire de dilatation thermique du silicium égal à
2.56 10−6 K−1 à 290 K. C’est la température du monochromateur qui varie tandis que
celle des analyseurs est fixée à 290,000 K ± 0.2 mK. La variation de la température du
monochromateur est effectuée avec une précision de 0,2 mK autour de 290 K.
60
Chapitre 3
Etude de v-B2O3
v-B2 O3 est le premier verre que nous avons entrepris d’étudier. Sa structure faite,
comme nous allons le voir, de la superposition en feuillets d’unités structurales planes,
bien différente de la structure de la silice en fait un verre modèle des plus intéressants. La
dépendance en température de la vitesse des phonons acoustiques aux MHz [16] et GHz
[83] est d’ailleurs différente de celle des verres constitués de tétraèdres (cf Fig.1.7(b)), tout
comme l’atténuation (cf Fig.1.6(b)). Nous pensons, par conséquent, que l’étude du verre
de v-B2 O3 peut fournir d’importantes informations sur les processus physiques à l’origine
de l’atténuation du son dans les verres.
La présence d’eau dans v-B2 O3 , qui est fortement hygroscopique, est inévitable. C’est
pourquoi nous devons estimer la teneur en eau de nos échantillons et son effet sur les
grandeurs que nous mesurons. Cette étude est présentée à la suite d’une partie traitant
de la structure de v-B2 O3 . Nous avons ensuite regardé l’effet de l’histoire thermique sur
la propagation des phonons acoustiques. Nous montrons dans une dernière partie que
les effets dus à un recuit où à la présence d’eau sont difficilement dissociables et qu’ils
nécessitent une étude complète qui sort du cadre de ce travail.
3.1 La structure
v-B2 O3 est un composé avec un fort potentiel technologique : mélangé à de la silice et
à une faible dose d’alcalins, il donne une famille de verres appelée borosilicate et utilisée
pour son faible coefficient de dilatation (∼ 30-60 × 10−7 /◦ C) et sa forte résistance aux
attaques chimiques (récipients pour la cuisson, lampe de voiture...). v-B2 O3 pur est un
verre de composition simple et se structure en feuillets, ce qui est radicalement différent
de l’arrangement de v-SiO2 . De plus, La Tg basse température (environ 520 K) du v-B2 O3
procure plus de facilité pour les traitements thermiques et la fabrication des échantillons.
L’ordre à courte distance est bien établi. La diffraction des rayons-x montre que les
atomes de bore sont connectés chacun à trois atomes d’oxygène pour former une structure
plane sous forme de triangles liés par leurs sommets [84]. Les corrélations entre proches
61
Fig. 3.1 – Anneau boroxol dans v-B2 O3 .
voisins O-O et B-B sont bien connues grâce à la diffraction de neutrons haute résolution
[85]. La diffusion inélastique de neutrons a permis de mettre en évidence les modes de
rotation et vibration des unités triangulaires BO3 [86]. Par une simulation de la structure,
Swenson et Börjesson [87] proposent un angle moyen O-B-O de 120◦ avec une distribution
large d’environ 20◦ . Les distances B-B sont plus longues en moyenne que les distances O-O
[84, 85, 87]. Les angles B-O-B sont d’environ 130◦ avec une distribution large de 20◦ . Des
mesures de diffraction et d’autres investigations ont montré un ordre à moyenne échelle :
la présence d’anneaux boroxols plans qui sont composés de trois triangles BO3 formant
un triangle équilatéral et constituant ainsi un groupe hexagonal B3 O3 (voir Fig.3.1).
L’existence des anneaux boroxols est proposée dès 1953 [88] et fut généralisée et éten-
due aux verres de borates binaires par Krogh-Moe [89, 90]. Des mesures de résonance
magnétique nucléaire supportent ce modèle [91]. Les anneaux boroxols sont mis en évi-
dence par des mesures de diffusion Raman [88, 89, 90, 92], diffusion de neutrons [93, 94], et
résonance quadrupole nucléaire [96]. La concentration en anneaux fut durant longtemps
sujet à controverse, mais la communauté scientifique semble actuellement s’accorder sur
une valeur proche de 80% [84, 93, 94].
Connaître la structure de v-B2 O3 ne suffit pas pour relier des changements de propriété
physique à des changements structuraux. En effet v-B2 O3 est connu pour son aspect
extrêmement hygroscopique. Il est donc nécessaire de connaître la teneur en eau des
échantillons étudiés et de maîtriser également l’environnement de l’échantillon pendant
les mesures.
62
Fig. 3.2 – A gauche : teneur en ions OH− des échantillons de v-B2 O3 utilisés par Ramos
et al. [48]. A droite : bandes d’absorption des OH− mesurées par spectroscopie IR sur ces
mêmes échantillons. Les spectres sont décalés vers le haut de 25 cm−1 les uns par rapport
aux autres.
63
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Fig. 3.3 – Procédure suivie pour la synthèse des deux échantillons de v-B2 O3 : l’échantillon
H à forte teneur en eau et l’échantillon S à faible teneur en eau.
sur la surface de l’échantillon vers l’intérieur de l’échantillon ait lieu. On voit nettement
que la bande à 3200 cm−1 de W2 est moins intense que dans W1 au profit de la bande à
3600 cm−1 . Ceci tend à montrer que la teneur en ions OH− dans v-B2 O3 évolue durant le
traitement thermique.
L’étude rigoureuse de l’atténuation des phonons dans v-B2 O3 demande donc de pouvoir
comparer des mesures sur un échantillon à faible teneur en eau et des mesures sur un
échantillon à forte teneur en eau. Cette démarche permet de pouvoir dissocier le rôle de
l’eau dans l’atténuation des phonons du rôle du reste de la matrice vitreuse. Nous avons
donc synthétisé deux échantillons de v-B2 O3 par deux procédés différents. Les échantillons
ont été synthétisés par Saint Gobain Recherche (Aubervilliers).
64
Fig. 3.4 – Procédure de mesure et de stabilisation suivie pour les deux échantillons.
en température est également résumée Fig.3.3. Après une stabilisation dans un four à
une température proche de Tg afin d’éviter que les containtes internes ne fragmentent les
verres, les échantillons sont taillés puis polis à l’alcool. Comme on le verra à la fin de ce
chapitre, l’échantillon H contient en fait environ 6 mol% d’OH− alors que S seulement
environ 0.5 mol%. Le volume des échantillons est choisi de manière à assurer une bonne
homogénéité de la température pendant le traitement thermique. Typiquement, leur vo-
lume est d’environ 5 × 5 × 3 mm3 . Pour les mesures en température, les échantillons sont
placés dans un four optique dont la cavité servant de réceptacle à l’échantillon est à peu
de chose près de la taille des échantillons. L’élément chauffant, la sonde de température,
et l’échantillon sont dans un environnement confiné. Ce confinement, ainsi qu’un système
de refroidissement à eau, permet une régulation en température de l’échantillon de l’ordre
de ± 0.1 K. Un balayage d’azote gazeux est assuré dans la chambre échantillon pendant
les mesures.
65
3.3 Mesures de diffusion Brillouin de la lumière
La Fig.3.5 donne des exemples de spectres de diffusion Brillouin de la lumière obtenus
avec le SHR sur les échantillons stabilisés, HR et SR , à deux températures. On peut remar-
quer que pour une même température, la position et la largeur des pics Brillouin varient
notablement d’un échantillon à l’autre. L’ajustement des spectres de diffusion Brillouin
nous donne la fréquence Brillouin νB et la largeur du pic Brillouin ∆νB . Regardons main-
tenant l’effet d’un recuit sur la valeur de νB .
66
échantillon "HR" échantillon "HR"
1500 T = 300K (a) T = 480K
(b)
nombre de coups/canal
500
nombre de coups/canal
1000
250
500
0 0
19.6 20.0 20.4 20.8 21.2 19.6 20.0 20.4 20.8 21.2
Frequence (GHz) Frequence (GHz)
750 1000
échantillon "SR" échantillon "SR"
T = 300K T = 480K
(c) (d)
750
nombre de coups/canal
nombre de coups/canal
500
500
250
250
0 0
19.6 20.0 20.4 20.8 21.2 19.6 20.0 20.4 20.8 21.2
Frequence (GHz) Frequence (GHz)
Fig. 3.5 – Spectres mesurés dans v-B2 O3 en rétrodiffusion sur deux échantillons stabilisés
à 498 K et présentant une proportion d’OH− différente.
67
20,6
20,2
20,0
19,8
19,6
Stabilisation à 498 K
19,4
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
temps (mn)
20,4
300K
fréquence Brillouin (GHz)
20,2
20,0
19,8
19,6
19,4
19,2
490 500 510 520 530 540 550 560 570
68
20,8
20,0
19,6
19,2
18,8
S_R S_T
H_R H_T
300 350 400 450 500 550 600
Température (K)
Fig. 3.8 – Dépendance en température de la fréquence Brillouin pour les quatres échan-
tillons de v-B2 O3 .
HR alors qu’elle n’est que de 20.03 GHz pour SR . Notons que cet effet n’est pas dû au
temps de stabilisation plus long de l’échantillon SR car la Fig.3.6 montre que 90 heures
suffisent pour stabiliser v-B2 O3 à cette température. Il semble donc bien que les ions OH−
aient un effet structurant important mais uniquement lorsque le verre est stabilisé à une
température inférieure à Tg .
En comparant le résultat de nos mesures à celles effectuées par Ramos et al. pour des
recuits comparables, nous pouvons estimer que notre échantillon HR , νB = 20.82 GHz,
contient un petit peu plus d’OH− que le W2 de Ramos, νB = 20.58 GHz [97] à savoir 5.8
mol% car la fréquence Brillouin augmente lorsque la concentration en OH− augmente. De
la même façon, en comparant notre échantillon SR , νB = 20.03 GHz, avec l’échantillon
D5 de Ramos, νB = 19.79 GHz, on est en mesure de penser que notre échantillon SR ne
contient pas moins de 0.40 mol% d’OH− .
La conclusion de cette étude est qu’il semble assez difficile de pouvoir obtenir un
échantillon de v-B2 O3 avec une très faible teneur en ions OH− . La présence d’OH− dans
l’échantillon obtenu par des moyens conventionnels est inévitable et ceci semble affecter
notablement les propriétés structurales et dynamiques du verre. Ce problème est loin
d’être simple et ne semble pas élucidé. Nicholas, par exemple, voit apparaître après dé-
compression d’un échantillon de v-B2 O3 sous pression un pic dans le spectre Raman qu’il
attribue à l’eau alors que celle-ci était absente du spectre avant la compression [98]. La
forme et la position du pic boson varient également avec la teneur en eau [99].
Rau et al. [60] se sont également trouvés confrontés à ce problème dans v-B2 O3 . Ils
ont effectué des mesures d’atténuation de phonons dans la gamme du KHz pour deux
69
Fig. 3.9 – Q−1 en fonction de la température dans deux échantillon de v-B2 O3 [60] conte-
nant 130 ppm et 1.6% d’OH− .
échantillons de v-B2 O3 : un qualifié de "wet" avec 1,6% d’OH− et un "dry" avec 130 ppm
d’OH− . Les résultats sont présentés dans la Fig.3.9. On voit tout de suite que les deux
mesures sont très différentes. A moins de réussir à bien contrôler la quantité d’ions OH−
présente dans la matrice vitreuse de v-B2 O3 , il semble difficile de séparer proprement
l’effet de la présence d’OH− de celui de la stabilisation sur la propagation des phonons
acoustiques.
70
Cette approche si passionnante soit-elle demande un tel investissement en temps que
notre objectif, l’étude de l’atténuation des phonons dans des verres de composition simple
et dont la structure est connue, deviendrait l’étude exclusive de la propagation des phonons
acoustiques dans v-B2 O3 . Pour cette raison nous n’avons pas souhaité poursuivre plus
avant cette étude.
71
72
Chapitre 4
Etude de v-GeO2
4.1.1 Structure
La matrice de v-GeO2 , comme celle de v-SiO2 , se compose de tétraèdres interconnectés
par leurs sommets (cf Fig.4.1). Des expériences de diffraction de neutrons [100] nous
indiquent que la distance moyenne Ge-O (1.74 Å) est supérieure à Si-O (1.62 Å) dans la
silice. La distribution en angle entre tétraèdres (Ge-O-Ge) est moins large (environ 10◦ )
que dans la silice (environ 60◦ ) et l’angle moyen moins important (133◦ pour v-GeO2 [100]
contre 144◦ pour v-SiO2 ). La matrice de tétraèdres est donc "plus désordonnée" dans v-
SiO2 . Par contre les tétraèdres sont plus distordus dans v-GeO2 [101](angle O-Ge-O de 104
à 115◦ , pour un angle O-Si-O de 108 à 111◦ ). Les deux verres possèdent les même unités
constitutives, mais le désordre structural semble donc différent dans v-SiO2 et v-GeO2 .
Il résulte de ces considérations angulaires une différence en ce qui concerne l’ordre à
moyenne distance. La matrice de v-GeO2 semble dominée par des anneaux à 6 Ge et les
anneaux à 3 Ge doivent être moins "plans" que dans la silice. La comparaison des spectres
Raman de v-GeO2 et v-SiO2 est tout aussi riche. On retrouve les mêmes bandes que pour
73
Fig. 4.1 – Tetraèdres de v-GeO2 connectés par les sommets.
la silice avec des largeurs en rapport avec les distributions angulaires, et une bande propre
a v-GeO2 à 344 cm−1 , signature d’un mode impliquant principalement les atomes de Ge
[102]. L’absence d’oxygène non-pontant est à souligner.
74
3.0
-
OH
2.5
2.0
E (cm )
-1
1.5
1.0
0.5
0.0
2000 3000 4000 5000
-1
Nombre d'onde (cm )
1
E(cm−1 ) = cǫ = .log(1/T ) (4.1)
d
avec c la concentration, ǫ la section efficace du mode et d l’épaisseur de l’échantillon
en cm.
Il nous reste à estimer la teneur en OH− de notre échantillon utilisé pour les mesures
de diffusion Brillouin de la lumière. Pour cela, nous avons à notre disposition des spectres
de diffusion Raman et d’absorption IR que nous avons mesurés sur nos échantillons. On
peut remarquer que la bande à 760 cm−1 attribuée au mode Ge-OH [104] n’apparaît pas
sur le spectre Raman de la Fig.4.3, ni la bande à 2185 cm−1 sur le spectre d’absorption IR
de la Fig.4.2 attribuée au mode Ge-H. La bande autour de 3600 cm−1 est attribuée aux
OH− simplement liés à un Ge. Un OH− présentant une liaison hydrogène avec un oxygène
non-pontant donne une bande d’absorption autour de 2860 cm−1 et avec un tétraèdre plus
mobile une bande autour de 2220 cm−1 [105]. En tenant compte de l’attention apportée
à la synthèse du verre, de l’aspect peu hygroscopique de v-GeO2 et de l’intensité de la
bande à 3600 cm−1 relevée dans le borate D1 de [95] (cf Fig.3.2), bande dont l’intensité
E vaut ≃ 14 cm−1 , nous pouvons qualifier notre échantillon de "v-GeO2 à faible teneur
en eau".
En utilisant [106] établi pour la silice :
Log TT 12
COH [ppm] = 42.69 (4.2)
e[cm]
75
Fig. 4.3 – Influence de l’histoire thermique sur le spectre Raman de v-GeO2 .
76
θ = 180° (a) θ = 180° (b)
600 T = 286K T = 81K 500
nombre de coups / canal
400
300
200
200
100
0 0
22.4 22.8 23.2 23.6 24.0 22.4 22.8 23.2 23.6 24.0
500
θ = 180° (c) θ = 90° (d)
T = 10K T = 300K 600
nombre de coups / canal
300
400
200
200
100
0 0
22.4 22.8 23.2 23.6 24.0 16.4 16.8 17.2 17.6 18.0
Fréquence (GHz)
Fig. 4.4 – Exemples de spectres Brillouin mesurés dans v-GeO2 en rétrodiffusion à diffé-
rentes températures. Le spectre (d) est mesuré pour une géométrie de diffusion à θ = 90◦ .
77
300
24.1
24.0
FWHM (MHz)
23.9 200
νB (GHz)
23.8
17.1
100
17.0
16.9
16.8
0
0 200 400 600 800
Temperature (K)
inférieures à 20 K. Pour les mesures entre 300 K et Tg , l’échantillon est placé dans l’air,
dans un four optique. Que ce soit dans le four ou dans le cryostat, le signal provenant de
l’échantillon passe nécessairement à travers plusieurs fenêtres qui en atténuent l’intensité.
Notons que le changement d’environnement échantillon entraîne un faible décalage dans
les valeurs absolues des fréquences des pics Brillouin. Le décalage en fréquence s’explique
par la difficulté à reproduire à l’identique, d’un environnement échantillon à l’autre, la
géométrie de diffusion dont dépend le vecteur de diffusion Q.
La Fig.4.4 donne des exemples de spectres de diffusion Brillouin de la lumière obtenus
avec le SHR sur v-GeO2 . On peut remarquer que la largeur du pic Brillouin diminue
énormément de 300 à 10 K mais qu’elle est toujours facilement mesurable. Notons que
sur le spectre (b), le pic Brillouin coincide avec le pic élastique. Néanmoins, l’ajustement
donne des valeurs correctes pour νB et ∆νB . Le spectre (d) est mesuré avec la géométrie
de diffusion à θ ≈ 90◦ et à 300 K. On soulignera que le spectre (a) résulte de l’accumulation
de 100 scans alors que le spectre (d) de 1000 scans (≃ 1h30). Pour faciliter la comparaison,
(a) et (d) sont représentés avec la même échelle en ordonnée. L’utilisation d’une ouverture
numérique inférieure pour limiter l’effet de l’élargissement par convergence explique en
grande partie la différence d’intensité du pic Brillouin entre ces deux spectres.
Les paramètres libres de l’ajustement qui nous intéressent sont la pleine largeur à
mi-hauteur ∆νB et la fréquence du phonon νB . La Fig.4.5 donne la dépendance de ces 2
paramètres avec la température. Pour mémoire, l’élargissement par convergence pris en
compte en rétrodiffusion avec l’ouverture numérique de la lentille de collection de 0,04
78
0.000 0.012
-0.004
0.008
δv/v
-0.008
-1
Q
-0.012 0.004
-0.016
0.000
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.6 – Frottement interne Q−1 et vitesse relative δv/v en fonction de la température
dans v-GeO2 pour une fréquence d’environ 24 GHz.
et une fréquence de 24 GHz est d’environ 10 MHz (equation 2.18). Pour les mesures à
θ ≈ 90◦ , l’ouverture numérique est de 0,005. L’élargissement par convergence pris en
compte vaut alors environ 80 MHz.
Avec les paramètres νB et ∆νB nous pouvons calculer la variation relative de la vitesse
δv/v, ainsi que le frottement interne Q−1 en fonction de la température. Rappelons que :
∆νB vn θ
Q−1 = et νB = 2sin( ) (4.3)
νB λ0 2
Alors que les mesures de diffusion Brillouin donnent une mesure directe de Q−1 , l’ob-
tention des vitesses nécessite de connaître l’indice de réfraction de v-GeO2 à la température
à laquelle s’effectue la mesure. Par la suite nous prendrons comme valeur de n celle calcu-
lée à partir de l’indice de notre échantillon mesuré au moyen d’un réfractomètre, à 300 K
pour la longueur d’onde 514 nm, à savoir n = 1.610. La variation linéaire en température
de n prise en compte, extraite de la littérature, est de 1.4 × 10−5 K−1 pour les tempéra-
tures supérieures à 300K [107]. Cette dépendance linéaire est étendue aux températures
inférieures à 300 K comme dans [19].
La dépendance en température de Q−1 , tracée sur la Fig.4.6, est largement dominée
par un pic. En effet, en partant des basses températures, Q−1 augmente jusqu’à atteindre
un maximum autour de 300 K puis diminue jusqu’à environ 700 K. De 700 à 900 K,
autour de T g, Q−1 semble quasi-constant. Le comportement de δv/v semble quand à
lui, typique des verres constitués d’unités élémentaires tétraèdriques. δv/v chute jusqu’à
300 K, remonte jusqu’à T g, puis décroît à nouveau. Le pic observé sur Q−1 est bien
plus important que celui observé à 35 GHz dans v-SiO2 . Il est le signe que l’atténuation
79
des phonons dans v-GeO2 est principalement dominée par les relaxations thermiquement
activées. De plus, en utilisant les mesures obtenues dans la géométrie à 90◦ pour les
températures supérieures à la température ambiante, on montre que la largeur du pic
Brillouin est proportionnelle à la fréquence (Γ ∝ Ω) dans ce régime et non pas Γ ∝ Ω2 .
Ceci écarte probablement une contribution notable de l’anharmonicité dans v-GeO2 aux
fréquences Brillouin, contrairement au cas de la silice [25].
Le modèle utilisé par la suite pour décrire le comportement de Q−1 et δv/v en fonction
de la température, sera celui rendant compte de l’effet des relaxations thermiquement
activées, le modèle TAR.
∞ ∞
1 γ2 1 ∆ 1
Z Z
(δv/v)rel =− P (∆,V ) sech2 ( ) d∆dV. (4.5)
2 ρv 2 −∞ 0 kB T 2kB T 1 + (ωτ )2
avec
∆
τ = τ0 eV /kB T sech(
) (4.6)
2kB T
L’utilisation de ces expressions implique le choix d’une distribution de barrières V et
d’asymétries ∆ : P (V,∆). Le désordre implique que les énergies V et ∆ présentent une
distribution P (∆,V ) très large. N’ayant aucun argument contraire et par commodité, nous
supposons dans la suite que les deux distributions sont indépendantes :
80
1 1V2
g(V ) = Ng exp(− ) (4.8)
V0 2 V02
avec
∞
1
Z
Ng−1 = exp(− x2 )dx (4.9)
0 2
Nous choisissons également une distribution gaussienne f (∆) de l’asymétrie du poten-
tiel caractérisée par ∆C qui va jouer le rôle de cut-off, comme utilisé par Bonnet [108] et
Vacher [25] :
1 ∆2
f (∆) = Nf f0 exp(− ) (4.10)
2 ∆2C
avec
Z ∞
1 √
Nf−1 = exp(− δ 2 x2 )dx = 2π/δ (4.11)
−∞ 2
avec δ ≡ V0 /∆C le rapport entre la hauteur de barrière moyenne et la valeur limite de
l’asymétrie.
Alors, la densité totale de défauts est donnée par :
Z ∞ Z ∞
N≡ d∆ dV P (∆,V ) = f0 V0 (4.12)
−∞ 0
Nous utiliserons ensuite les expressions présentées pour τ et P (∆,V ), ainsi que la même
approximation que dans [109] et [25] : sech(∆/2kB T ) est remplacé par 1 pour | ∆ |< 2kB T ,
par 0 sinon. Ceci permet d’éliminer les fonctions sech(∆/2kB T ) et de redéfinir les bornes
d’intégration en ∆ par ±2kB T . Cette approximation permet également de définir une
constante sans dimension C ≡ γ 2 f0 Ng /ρv 2 permettant d’ajuster l’intensité de l’effet des
relaxations. Q−1 et δv/v s’écrivent alors :
√
2kB T 1 ∞ 1V2 Ωτ0 exp(V /kB T )
Z
−1
Qrel = CΦ( ) exp(− ) dV. (4.13)
∆C T 0 2 V0 1 + Ω2 τ02 exp(2V /kB T )
2
√
1 2kB T 1 ∞ 1V2 1
Z
(δv/v)rel = − CΦ( ) exp(− 2
) 2 2
dV. (4.14)
2 ∆C T 0 2 V0 1 + Ω τ0 exp(2V /kB T )
Rz
où Φ(z) est la fonction erreur : Φ(z) ≡ √2π 0 exp(−x2 )dx. Les paramètres libres de
l’ajustement sont : C, V0 , τ0 et δ. Il est parfois indispensable de rajouter C1 et C2 , pa-
ramètres permettant de modifier l’amplitude des mesures de Q−1 , et de prendre ainsi en
compte d’éventuels écarts dus à l’instrumentation entre deux jeux de données d’origine
différente.
81
Une façon d’estimer les valeurs de τ0 et V0 depuis l’expression (4.6) consiste à considérer
l’absorption maximale qui intervient pour ωτ ≈ 1. En considérant Tmax la position en
température du pic de relaxation à une fréquence donnée, il est possible de tracer le
diagramme d’Arrhénius du pic d’absorption et d’en déduire τ0 et V0 . Dans les faits, il est
difficile d’avoir une estimation précise des valeurs de τ0 et V0 par cette méthode dans v-
GeO2 : En 1964, Strakna et al. [62] à partir de mesures ultrasonores font une estimation de
τ0 ≈ 10−12 s et V0 /kB ≈ 1390 K. En 1972, Böhm [110] grâce à des mesures de conductivité
diélectrique estime τ0 ≈ 10−13 s et V0 /kB ≈ 2900 K. En 1989, Sakai et al. [64] à partir de
mesures ultrasonores et HBR ("High-Resolution Bragg Reflection") estime τ0 ≈ 5 10−13
s et V0 /kB ≈ 1510 K. En 1995, Rau et al. [60] estime à partir de mesures d’attenuation à
6.3 kHz τ0 ≈ 1.6 10−13 s et V0 /kB ≈ 2200 K. En 1998, Hertling et al. [19] compilant ces
différents résultats, auxquels ils ajoutent leur propre mesure de diffusion Brillouin de la
lumière, estiment finalement que τ0 ≈ 1.2 10−14 s et V0 /kB ≈ 2400 K.
82
Fig. 4.7 – En (a), ajustement de Q−1 mesuré par diffuson Brillouin dans v-GeO2 [19]
(cercles) avec f (∆) constant et ∆C = V0 , ainsi que l’extrapolation du modèle TAR avec les
mêmes paramètres aux basses fréquences (6.3 KHz (carrés) [60], 21.2 (triangles) [62] et 20
MHz (losanges) [16]). En (b), vitesse du son en fonction de la température dans v-GeO2
(cercles). La ligne continue représente le calcul à partir du modèle avec les paramètres
obtenus lors de l’ajustement de Q−1 .
83
températures, les relaxations activées thermiquement sont les seuls processus responsables
de l’atténuation de l’onde sonore. Une fois les paramètres permettant une bonne descrip-
tion du pic de relaxation obtenus nous utilisons ceux-ci pour tracer le pic de relaxation à
24 GHz.
La littérature fournit quelques mesures d’atténuation du son en fonction de la tempé-
rature, et cela à différentes fréquences pour v-GeO2 . Comme nous l’avons déja remarqué,
les techniques utilisées diffèrent et l’utilisation de résultats issus de sources diverses pour
une analyse quantitative reste périlleuse et impose de prendre quelques précautions. Le
jeu de mesures utilisé comprend des mesures de Q−1 à 6.3 [60] et 50 KHz [111], à 20.0
[16], 7.8 et 21.2 MHz [62] et bien entendu nos mesures à 24 GHz.
Inclure les mesures à 6.3 KHz dans la procédure d’ajustement entraîne une valeur
du paramètre τ0 autour de 10−21 s. Le pic mesuré y est visiblement trop large. Dans la
même publication, les mesures effectuées sur un échantillon de v-B2 O3 contenant beaucoup
d’eau, où l’auteur relève un pic supplémentaire autour de 150 K, nous laissent penser que
le même pic peut être présent dans ces mesures sur v-GeO2 . En effet l’échantillon de
v-GeO2 étudié dans cet article contient 1% d’eau. Ces données sont donc définitivement
écartées.
Les paramètres libres de l’ajustement des jeux de mesure de Q−1 présenté dans la
Fig.4.8 sont : l’intensité C, la coupure V0 de P(V), τ0 ainsi que C1 pour ajuster l’ampli-
tude du pic à 50 KHz et C2 pour les pics à 7.8 et 21.2 MHz (mesures obtenues avec le
même appareil). Pour le premier ajustement présenté ∆C est fixée comme souvent dans
la littérature [19] à ∆C = V0 , c’est à dire δ = 1.
L’ajustement donne C1 = 3.5 ± 0.1 et C2 = 0.612 ± 0.002. La publication d’où sont
issues les données à 50 KHz dans v-GeO2 comprend également une mesure dans la silice
dans les même conditions. En comparant l’amplitude du pic dans v-SiO2 avec l’amplitude
de Q−1 mesurée aux fréquences de 11.4 [27] et 180 KHz [15], on trouve également un
facteur d’environ 3.5 (à comparer avec C1 ). Les mesures de résonance de [111] semblent
donc bien présenter une amplitude du pic environ 3.5 fois trop grande pour pouvoir être
comparée sans correction à d’autres jeux de données. Quand à la valeur faible de C2 , les
pics à 7.8 et 21.2 MHz sont également connus pour être d’amplitude trop faible [25]. En
nous appuyant sur ces considérations nous validons ces valeurs données par l’ajustement
pour C1 et C2 .
Regardons maintenant la qualité de l’ajustement : les données expérimentales, corrigées
de ces facteurs d’amplitude, ainsi que le résultat de l’ajustement pour 50 KHz et 20 MHz
sont représentés sur la Fig.4.8. On constate que, au mieux, les lignes continues représentant
l’ajustement passent "au travers des points expérimentaux". En effet, la position des
maxima des pics, même si elle est proche, est à trop basse température. L’aspect des pics
n’est pas non plus très bien reproduit par l’ajustement. Le modèle ne peut pas tenir compte
de la forme du pied aux hautes températures. De plus, il est troublant de remarquer que le
pic expérimental à 21.2 MHz est à plus basse température que celui à 20 MHz. Ceci nous
rappelle qu’il est délicat de comparer de manière quantitative des jeux de données issus
84
0,006
50 KHz
21.2 MHz
7.8 MHz
0,004 20 MHz
-1
Q
0,002
0,000
0 100 200 300 400 500
Temperature (K)
Fig. 4.8 – Dépendance en température et en fréquence de Q−1 [111, 62, 16] dans v-GeO2 .
Les lignes représentent les ajustements pour 50 KHz et 20 MHz par le modèle TAR avec
∆C = V0 . Les données expérimentales sont corrigées des facteurs d’amplitude Ci .
d’expériences différentes. Les valeurs des autres paramètres trouvés sont C = 0.057 ±
0.004, V0 = 2400 ± 150 K et τ0 = 6.3 10−16 ± 4.7 10−16 s, une valeur qui paraît irréaliste.
En utilisant ces valeurs de paramètres, nous avons ensuite tracé Q−1 rel et (δv/v)rel à
24 GHz afin d’estimer la part due aux relaxations structurales. La Fig.4.9, qui représente
exp en fonction de la température, montre que le calcul de Qrel à cette fréquence donne
−1
Q−1
un pic centré autour de 250 K et qu’il existe alors un excès dans la valeur de Q−1 exp par
rapport au pic de relaxation calculé. La ligne discontinue représente cette différence. De
fortes similitudes existent entre les structures de v-GeO2 et de v-SiO2 . L’importance des
processus anharmoniques dans l’atténuation des hypersons est depuis longtemps soup-
çonnée dans la silice [40] et vient récemment d’être démontrée [25]. Un excés par rapport
à Q−1
rel dans v-GeO2 n’est donc a posteriori pas surprenant et pourrait être attribué à la
présence de processus anharmoniques. Quand au tracé de (δv/v)rel (Fig.4.10), il montre
une complète inadéquation avec les données expérimentales. En effet, (δv/v)exp présente
un minimum bien marqué autour de 300 K. Le calcul issu de l’ajustement présente quand
à lui une forte décroissance jusqu’à 600 K suivie d’un plateau. Remarquons que cet écart
entre les vitesses mesurées et les vitesses calculées est similaire à celui trouvé par Hertling
et al. (Fig.4.7 à droite).
85
0.012
0.010
0.008
-1
0.006
Q
0.004
0.002
0.000
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Temperature (K)
Fig. 4.9 – Mesures de Q−1 à 24 GHz. La ligne continue représente le calcul de Q−1 avec
les paramètres de fit obtenus aux plus basses fréquences. La ligne pointillée représente la
différence entre cette extrapolation et les données expérimentales.
0.00
-0.02
δv/v
-0.04
-0.06
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.10 – Mesures de δv/v à 24 GHz. La ligne continue représente le calcul de δv/v
avec les paramètres de fit obtenus aux plus basses fréquences.
86
0.012
24 GHz
21,2 MHz
50 KHz
0.008
-1
Q
0.004
Tg
0.000
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.11 – Q−1 Brillouin à 24 GHz et résultat de l’ajustement simultané de Q−1 et δv/v
par le modèle TAR incluant le cut-off δ dans la distribution d’asymétrie. Est également
repésentée l’extrapolation du modèle à plus basse fréquence.
87
0.000
-0.004
-0.008
δv/v
-0.012
-0.016
-0.020
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.12 – δv/v Brillouin à 24 GHz et résultat de l’ajustement simultané de Q−1 et δv/v
par le modèle TAR incluant le cut-off δ dans la distribution d’asymétrie.
manière à reproduire aux mieux les données expérimentales. Ces valeurs sont alors lé-
gèrement supérieures aux valeurs obtenues au paragraphe précédent. L’ajustement des
données Brillouin est de bonne qualité, Q−1 rel décrit correctement Qexp jusqu’à 700 K. Par
−1
contre l’extrapolation à 50 KHz et 21 MHz montre des pics de Q avec une largeur et
−1
une intensité trop importante. Les relaxations que nous décrivons par les paramètres de
l’ajustement des mesures de diffusion Brillouin semblent surestimées. En effet, l’ajuste-
ment décrit correctement Q−1 exp jusqu’à 700 K, et ce, sans tenir compte de la présence
(même faible) de processus anharmoniques ou d’autres processus relaxationnels présents
aux abords de Tg . Dans cette zone correspondant au passage solide-liquide, il doit forcé-
ment exister d’autres processus relaxationnels comme le couplage des ondes acoustiques
avec des mouvements de réorganisation de la matrice vitreuse. La présence de telles re-
laxations est suspectée à la vue du plateau de Q−1 pour T > 700 K et à la décroissance
de δv/v au dessus de 800 K.
Aux plus basses températures (T < 50 K), la courbe expérimentale de Q−1 à 24 GHz
présente un léger excès par rapport à la courbe calculée, ≈ 4.2 10−4 . Cet excès peut
probablement s’expliquer en grande partie par la fin du plateau de la relaxation des états
tunnels ; les TLS changent alors de régime et relaxent classiquement. La valeur du plateau
vaut en effet Q−1 ≈ π2 C ′ avec C ′ une constante de couplage estimée dans v-GeO2 à C ′ =
2.5 10−4 [60]. Le plateau vaut alors Q−1rel−T LS ≈ 3.8 10 .
−4
Dans la Fig.4.12, on peut voir que l’ajustement décrit correctement la pente à basse
température ainsi que le minimum de δv/v jusqu’à environ 500 K. Entre 500 et 800 K
l’ajustement ne décrit pas complètement la remontée de la vitesse. Là encore on peut
88
14
(b) (c) -14 -1
(a) V /k = 2300 K , = 7,9.10 s
0 B 0
(a)
12
-16 -1
(b) V /k = 2400 K , = 6,3.10 s
0 B 0
-13 -1
(c) V /k = 2200 K , = 1,3.10 s
0 B 0
10
Log( ) en Hz
2
0 2 4 6 8 10 12
-1 3 -1
T .10 / K
max
en conclure qu’un ou plusieurs autres processus doivent être pris en compte pour une
description plus complète et que probablement la contribution attribuée ici au TAR est
surestimée.
89
– (c) représente le calcul du modèle TAR avec les paramètres trouvés lors de l’ajus-
tement simultané de nos données Brillouin (vitesse et largeur) et δ = 6.3 (notre
deuxième tentative).
On voit bien que le tracé (b) sous-estime largement τ0 d’au moins un ordre de gran-
deur et passe ainsi à côté des points expérimentaux. Cela rejoint évidemment le fait que
les paramètres utilisés pour (b) donnent une position en température pour le maximum
des pics qui se trouve toujours à trop basse température (cf. Fig.4.8). Si l’on regarde
maintenant le résultat de notre deuxième analyse, représenté par la courbe (c), prenant
en compte une limite à la distribution d’asymétrie, on remarque que les données basse
fréquence sont bien décrites. Pour les fréquences inférieures à quelques dizaines de MHz
(a) et (c) se superposent. L’extrapolation à basse fréquence du modèle TAR utilisé dans
cette seconde analyse estime correctement les positions des pics d’atténuation.
Un premier résultat important de cette étude sur v-GeO2 est donc qu’il semble possible,
uniquement avec des données Brillouin de bonne qualité à une seule fréquence, d’obtenir
par un ajustement simultané de Q−1 et de δv/v une bonne estimation de τ0 et V0 .
En ce qui concerne les fréquences plus hautes, la coupure dans la distribution d’asy-
métrie entraîne une limite dans la position en température du maximum de l’atténuation.
Celui-ci doit se fixer à une valeur Tmax,sat si l’on augmente la fréquence jusqu’au THz.
Entre ces deux gammes de fréquence, on peut prévoir une dépendance moins forte de la
position du pic avec la fréquence qu’avec un simple processus relaxationnel thermique-
ment activé. Ce comportement non trivial est particulièrement important si l’on cherche
à identifier les différents processus responsables de l’atténuation des phonons acoustiques.
En effet, le blocage du pic des TAR avec l’augmentation de la fréquence suppose une
contribution relative de chaque mécanisme à l’atténuation du son à plus haute fréquence
différente de celle éventuellement attendue sans ce phénomène de saturation.
La partie suivante présente des résultats de mesure de diffusion Brillouin de la lumière
sur deux échantillons de v-GeO2 d’histoire thermique différente. Cela représente peut-être
un moyen intéressant de faire varier les contributions relatives de certains processus.
90
3840
3820
"R"
Vitesse (m/s)
3800
3780
"T"
3760
3740
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.14 – Influence de l’histoire thermique sur la vitesse des phonons LA dans v-GeO2 .
les mesures de vitesse, mais aussi de Q−1 , dépendent de la durée et de la fréquence des
aqcuisitions puisque le verre relaxe.
La Fig.4.15 montre les variations de Q−1 en fonction de la température pour ces
deux mêmes échantillons. Les changements structuraux s’opérant durant la stabilisation
entraînent un changement dans l’atténuation de l’onde sonore qui se traduit par une nette
diminution du pic de Q−1 , environ 25% à 300 K. De même que pour les mesures de vitesse,
l’atténuation redevient identique autour de Tg . Ce qui est remarquable, c’est que l’on voit
également cette différence disparaître vers environ 200 K. La principale différence se situe
donc dans l’amplitude de l’atténuation. Le relachement des contraintes internes durant le
recuit peu jouer, évidemment, sur les relaxation thermiquement activées, mais aussi sur
les processus anharmoniques présents dans cette zone de température. Comme pour la
densification de la silice, l’étude en fonction de l’histoire thermique peut être un moyen
intéressant de faire varier les contributions relatives de certains processus intervenant dans
l’atténuation du son.
91
"T"
0.012
-1
0.008 "R"
Q
0.004
0.000
0 200 400 600 800
Temperature (K)
Fig. 4.15 – Influence de l’histoire thermique sur le frottement interne dans v-GeO2 .
distribution non constante de l’asymétrie du potentiel avec une coupure ∆C . Ceci permet,
pour la première fois, de rendre compte à la fois du comportement de Q−1 et de δv/v
dans v-GeO2 . De plus, l’ajustement simultané de ces deux grandeurs mesurées par diffu-
sion Brillouin permet d’obtenir les valeurs des paramètres V0 et τ0 . Dans v-GeO2 , nous
trouvons V0 /kB = 2200 K, ∆C /kB = 350 K et τ0 = 1.2 10−13 s. Enfin, la coupure ∆C
entraîne un blocage autour de 400 K du maximum d’atténuation pour les fréquences les
plus hautes. Ceci implique une dépendance non triviale de l’atténuation avec la fréquence
dans cette gamme de température.
Il faut tout de même noter que ce modèle utilisé comme seul mécanisme surestime
probablement les relaxations structurales thermiquement activées. La présence d’autres
processus avec une faible contribution dans l’atténuation et la vitesse, comme des proces-
sus anharmoniques ou des relaxations structurales à l’approche de Tg , devraient être pris
en compte. De la même manière, la remontée à haute température de la vitesse peut être
imputée à la structure tétraèdrique de v-GeO2 commme dans le cas de la silice [25].
Dans une dernière partie, nous avons regardé l’effet de l’histoire thermique sur la
vitesse de l’onde acoustique et son atténuation. Nous avons observé une augmentation
de la vitesse avec la stabilisation en température d’environ 1.5% à 300 K et une nette
diminution du maximum d’atténuation, environ 25% à 300 K. L’histoire thermique a donc
un effet important sur les processus responsables de l’atténuation du son dans v-GeO2 .
Ce paramètre pourrait alors éventuellement contribuer à l’identification des différents
processus supplémentaires, autres que les processus thermiquement activés, responsables
de l’atténuation sonore dans v-GeO2 .
92
Chapitre 5
Etude de v-Li2O-2B2O3
Le choix d’étudier le verre de composition v-Li2 O-2B2 O3 a pour premier objectif d’ap-
profondir l’étude des vibrations acoustiques de hautes fréquences. Les mesures effectuées
en diffusion inélastique des rayons-x dans la silice densifiée d-SiO2 [24] montrent que les
ondes planes acoustiques cessent d’exister au delà d’une fréquence de "crossover". Toute-
fois, d’autres interprétations des mesures de diffusion inélastique des rayons-x se trouvent
dans la littérature [113, 21].
L’objectif principal de l’étude de l’atténuation du son dans v-Li2 O-2B2 O3 est donc
l’observation du crossover. Pour cela nous avons effectué des mesures de diffusion inélas-
tique des rayons-x. Dans un deuxième temps, l’analyse plus poussée des données nous
permettra d’avancer quelques hypothèses sur la nature des processus physiques à l’origine
du comportement des ondes acoustiques, observé dans ce domaine de fréquence. Notre
étude ne se limite pas à la fin de la branche de dispersion. Nous désirons avant tout
cerner l’ensemble des processus qui peuvent intervenir dans la propagation du son dans
v-Li2 O-2B2 O3 . Pour cela nous avons également effectué des mesures de dépendance en
température et en fréquence de l’atténuation par diffusion Brillouin de la lumière.
93
ionique dans les batteries.
L’expérience montre que lors d’addition d’oxydes de metaux alcalins dans du B2 O3
jusqu’à ∼ 35mol%, l’oxygène de l’oxyde alcalin est incorporé sous forme BO− 4 aux dépens
des Bores de coordinences 3 (BO3 ), sans formation significative d’oxygènes non-pontants
(NBO’s) [114, 115]. La structure du verre change, incluant de nouvelles entités structurales
dans lesquelles les ions métalliques ne participent pas. Une plus grande concentration en
alcalins entraîne la disparition des unités BO− 4 et la création de NBO’s. Des mesures de
RMN [116], Raman [58] et infrarouge [117] confirment bien le modèle proposé par Krogh-
Moe [89] dans lequel la matrice vitreuse de xM2 O-B2 O3 est constituée des mêmes unités
structurales que celles existant dans la phase cristalline, à savoir les anneaux boroxols, les
tetraborates et les diborates. Des mesures de diffraction des rayons-x [118] et d’EXAFS
[119] ont montré que les ions Li+ sont principalement situés aux abords des groupes BO− 4
dont ils équilibrent la charge négative. L’environnement des sites où viennent se placer les
ions lithium ainsi que les processus de diffusion sont actuellement d’actifs sujets d’étude
[120, 121].
L’échantillon étudié a été synthétisé par A. Matic (Chalmers University of Technology
- Göteborg, Suède). Le verre a été obtenu par trempe, taillé, puis stabilisé à 600 K et
finalement poli. La Tg de v-Li2 O-2B2 O3 est de 800 K.
94
(sans échantillon) dans les mêmes conditions que les spectres. Le résultat de la mesure
qui comprend le bruit électronique et le bruit provenant de l’environnement est d’environ
1 coup/mn pour chaque détecteur. Ce bruit de fond mesuré est soustrait des spectres et
des fonctions d’appareil.
Les fonctions de résolution ont été mesurées avant l’expérience sur un échantillon de
PMMA de 5 mm d’épaisseur à 20 K, au maximum du S(Q) pour augmenter l’intensité. La
résolution est peu différente selon les analyseurs et la largeur totale à mi-hauteur est au
mieux de 1.5 meV (FWHM). Les performances de l’appareil nous permettent de mesurer
uniquement les vecteurs de diffusion supérieurs à 1 nm−1 .
La Fig.5.1(a) présente en trait fin le spectre obtenu à la plus petite valeur de Q acces-
sible par l’instrument. On y voit un pic central important, et de part et d’autre, un signal
inélastique symétrique, le phonon acoustique longitudinal. Soulignons ici les difficultés ex-
périmentales qu’entraînent la faible intensité du signal inélastique, ainsi que sa proximité
avec la raie élastique. Les spectres sont ajustés par un pic central et un Dho, convolués
par la réponse instrumentale. La contribution inélastique, dépendante du vecteur d’onde,
est calculée en tenant compte de la largeur des fentes du spectromètre à l’entrée du crys-
tal analyseur. Ceci correspond à un élargissement ∆Q ≃ ±0.18 nm−1 . Les Fig.5.1(b-e)
présentent les résultats de ces ajustements à 573 K pour des valeurs croissantes de Q.
Pour une présentation plus claire de la partie inélastique, le pic central obtenu par l’ajus-
tement est soustrait des spectres ainsi que le faible bruit de fond (1 coup/canal). Cette
soustraction n’affecte en rien les barres d’erreur originales. Les ajustements donnent donc
pour chaque spectre les paramètres suivants : l’intensité du pic élastique IE , l’intensité du
Dho IDho , sa fréquence Ω/2π et sa largeur Γ/2π.
En regardant l’accord entre les points expérimentaux et l’ajustement, on constate que
celui-ci décrit très bien les pics de diffusion inélastique pour les vecteurs d’onde inférieurs
à 1.7 nm−1 . L’ajustement des pics pour Q = 2.4 nm−1 est déjà moins bon. En effet,
le maximum ne semble pas être à la bonne position et les pics expérimentaux tendent
à devenir asymétriques. De plus, l’ajustement surestime l’intensité diffusée aux basses
fréquences. Cette tendance générale devient évidente sur le spectre (e) mesuré à < Q > =
4.25 nm−1 . Ce spectre est obtenu par la somme des quatre spectres accumulés entre 4.1 et
4.4 nm−1 soit environ 24 heures de mesure. Dans ce domaine de valeur de Q, les spectres
dépendent peu de Q et une telle procédure permet d’améliorer le rapport signal sur bruit.
Néanmoins, l’ajustement tient tout de même compte de ce faible élargissement. Il apparaît
très clairement que la forme spectrale adoptée, un seul Dho, est incapable de reproduire
les spectres expérimentaux à ces valeurs de Q. Pour mieux comprendre la complexité du
signal expérimental mesuré ici, la Fig.5.1(e) présente en trait fin la contribution attendue
du pic boson à ce vecteur d’onde. Cette forme spectrale est déduite de l’ajustement du
signal élastique mesuré à plus grand Q par une log-normale comme le montre la Fig.5.1(f)
pour Q = 29.4 nm−1 . Cette fonction, bien que dépourvue de signification théorique, est
connue pour modéliser correctement la forme du pic boson dans de nombreux verres. Les
mesures à Q = 23.4, 26.4 et 29.4 nm−1 montrent que la forme spectrale est indépendante
95
200 100
a) b)
150 75
-1
Q = 1.1 nm
100 T = 573 K 50
50 25
0 0
Count in 60s per channel
-1 -1
75
c) Q = 1.7 nm d) Q = 2.4 nm
75
50 50
25 25
0 -1
0
75
e) <Q> = 4.25 nm
-1
f) Q = 29.4 nm
150
50 100
25 50
0 0
-30 -20 -10 0 10 20 -20 -10 0 10 20 30
X-ray energy loss (meV)
Fig. 5.1 – En (a), spectre mesuré dans v-Li2 O-2B2 O3 à la plus petite valeur de Q accessible
sur ID16. de (b) à (e), le pic élastique obtenu par ajustement a été soustrait des résultats
expérimentaux pour améliorer la visibilité de la partie inélastique. Le trait plein représente
le résultat de l’ajustement par un Dho. En (f ), le signal inélastique est ajusté par une log-
normale décrivant le pic boson. la ligne en trait fin dans (e) représente cette même forme
spectrale avec une intensité corrigée du facteur de forme et proportionnelle à Q2 .
96
20
700 K (Matic)
15
573 K
300 K
Ω (meV)
10
0
0 1 2 3 4
-1
Scattering Vector Q (nm )
Fig. 5.2 – Energie du Dho ~Ω en fonction du vecteur de diffusion Q pour les deux tempéra-
tures mesurées (300 et 573 K) ainsi que pour les données de Matic [55]. La ligne continue
est l’extrapolation linéaire de la dispersion depuis les mesures de diffusion Brillouin de la
lumière à 573 K.
97
10
5
4
3 Q
Ω (meV)
0,5
700 K (Matic)
0.3 573 K
300 K
0,1
1 2 3
-1
Scattering Vector Q (nm )
Fig. 5.3 – Largeur du Dho ~Γ en fonction du vecteur de diffusion Q pour les deux tem-
pératures mesurées (300 et 573 K) ainsi que pour les données de Matic [55]. La ligne
continue est un tracé en Q4 à travers les 5 premiers points à 573 K.
98
Iinel (a.u.)
0 10 20 30
-1
Scattering Vector Q (nm )
Fig. 5.4 – Intensité intégrée sur le pic de diffusion inélastique à 573 K, corrigée du facteur
de forme de l’oxygène. La ligne représente Iinl ∝ Q2 .
99
0,6
Li2O-2B2O3 Ωco
d-SiO2
0,4
1/π
Γ/Ω
0,2
0,0
0 4 8 12
Energy Ω (meV)
Fig. 5.5 – Γ/Ω en fonction de ~Ω pour d-SiO2 [24] et v-Li2 O-2B2 O3 . Les lignes pointillées
sont des ajustements linéaires pour déterminer Ωco .
La Fig.5.5 montre une illustration de cette définition Γ/Ωco ≡ 1/π. Nous pouvons y
voir les résultats expérimentaux Γ/Ω en fonction de l’énergie du phonon ~Ω, pour v-Li2 O-
2B2 O3 et d-SiO2 [24]. La ligne horizontale représente Γ/Ω = 1/π et la fréquence définie
comme Ωco se trouve à l’intersection entre cette ligne et les points expérimentaux. Les
lignes pointillées sont des ajustements linéaires qui permettent d’estimer précisemment
Ωco et son incertitude. Pour v-Li2 O-2B2 O3 , on trouve Ωco ≃ 8.8 ± 0.2 meV avec qco ≃
2.1 nm−1 . Dans le cas de d-SiO2 , la même définition donne Ωco ≃ 7.0 ± 0.2 meV et qco ≃
1.8 nm−1 . Le résultat important lié à ce graphe vient du fait que dans les deux cas, la
fréquence du crossover observée expérimentalement est trouvée très proche de la fréquence
du maximum du pic boson, 9.0 meV pour v-Li2 O-2B2 O3 et 7.0 meV pour d-SiO2 . Nous
avions déjà mentionné dans le premier chapitre que la diffusion Rayleigh n’était pas suf-
fisante dans les verres pour expliquer ce comportement. Nous avions également introduit
l’explication du crossover par une interaction résonnante entre l’onde acoustique et les
modes du pic boson. Il semble donc bien à la vue de ces nouveaux résultats que cette hy-
pothèse se confirme. En effet rappelons que cette hybridation des modes acoustiques avec
des modes optiques de basse fréquence via un couplage bilinéaire mène à un élargissement
proportionnel à la densité d’états vibrationnels de ces modes. Celle-ci est en général juste-
ment proportionelle à environ Ω4 aux basses fréquences avant d’évoluer beaucoup moins
rapidement aux environs du maximum du pic boson. Ce scénario représente donc bien les
observations expérimentales à la fois pour d-SiO2 et v-Li2 O-2B2 O3 avec un comportement
Γ ∝ Ω4 jusqu’à des fréquences proches du maximum du pic boson, Ωco ≃ ΩBP .
100
12
network glasses (1-4) LB2, LB4, d-SiO , SiO
2 2
8 2
[meV]
6 4
10
co
4 8
h
5 9
2 7 6
0
0 2 4 6 8 10 12
h [meV]
BP
Fig. 5.6 – Relation entre la fréquence Ωco où a lieu le crossover et la fréquence du pic boson
ΩBP tirée pour chaque verre de mesure de diffusion Raman, hyper Raman ou de neutrons.
La ligne continue représente Ωco = ΩBP . Les verres représentés sont (1) v-Li2 O-2B2 O3
(LB2) nos mesures et [55]. (2) Li2 O-4B2 O3 (LB4) [55]. (3) d-SiO2 [24, 122]. (4) v-SiO2
[9, 153]. (5) polybutadiène [154, 155]. (6) polycarbonate [156]. (7) Sélénium [157, 158].
(8) glycérol [159, 160]. (9) éthanol [161, ?]. (10) OTP [162, 163].
101
1
10
IXS 573 K 4
Ω
Linewidth Γ (meV) 10
0 BLS 573 K
2
Ω
-1
10
-2
10
-3
10
-1 0 1
10 10 10
Energy Ω (meV)
Nous venons d’observer la présence d’une forte diffusion des phonons acoustiques lon-
gitudinaux dans v-Li2 O-2B2 O3 aux grands Q et également d’avancer des arguments mon-
trant que l’hybridation de ces modes acoustiques avec les modes du pic boson pouvait
expliquer les faits expérimentaux. Pour une analyse plus fine de ce phénomène, il est
évidemment important de bien connaître la contribution homogène de largeur, principale-
ment d’origine relaxationnelle. Dans un premier temps, nous avons extrapolé jusqu’à Ωco
une dépendance Γ ∝ Ω2 depuis la mesure de diffusion Brillouin à 573 K. En effet, une
dépendance en Ω2 de Γ permet de décrire l’atténuation d’origine homogène dans d-SiO2 et
v-SiO2 pour cette gamme de températures. La Fig.5.7 montre cette extrapolation. On voit
nettement qu’un processus impliquant Γ ∝ Ω2 surestime largement les largeurs mesurées
sur ID16 à la même température. La dépendance en fréquence à plus petit vecteur d’onde
doit donc être nécessairement moins importante. Nous avons donc effectué des mesures
de diffusion Brillouin de la lumière en fonction de la température à différentes fréquences
pour tenter de déterminer les processus responsables de l’atténuation du son à plus petits
Q dans v-Li2 O-2B2 O3 .
102
400
200
300
200
100
100
0 0
42,0 42,4 42,8 43,2 43,6 42,0 42,4 42,8 43,2 43,6
Frequence (GHz) Frequence (GHz)
600
300 500
400
200
300
200
100
100
0 0
42,0 42,4 42,8 43,2 43,6 40,4 40,8 41,2 41,6 42,0
Frequence (GHz) Frequence (GHz)
Fig. 5.8 – Spectres Brillouin mesurés en rétrodiffusion dans v-Li2 O-2B2 O3 à différentes
températures.
103
5.3 Mesures de diffusion Brillouin de la lumière
Les mesures de diffusion Brillouin de la lumière ont été effectuées sur le même échan-
tillon que celui utilisé pour la diffusion des rayons-x. Nous avons étudié le comportement
en température de l’atténuation et de la vitesse du son pour quatre géométries de diffu-
sion différentes avec le SHR. L’environnement échantillon et la procédure d’ajustement des
spectres par un Dho sont les mêmes que ceux utilisés dans l’étude de v-GeO2 . L’utilisation
d’un cryostat et d’un four implique certaines contraintes pratiques qui nous limitent dans
le choix des angles pour les différentes géométries de diffusion. Le cryostat possède quatre
fenêtres face à face deux à deux suivant deux directions perpendiculaires. Ceci explique
pourquoi l’étude en température en dessous de 300 K ne concerne que les géométries à 180
et 90◦ . Le four optique utilisé, offre quand à lui la possibilité d’effectuer des mesures à 180,
90 et 45◦ . L’intérêt de faire varier l’angle de diffusion réside dans le fait que cela permet
faire varier la fréquence du phonon étudié et par là-même de connaître la dépendance en
fréquence de l’atténuation hypersonore. Les angles indiqués par la suite sont en réalité les
angles de diffusion à l’intérieur de l’échantillon et calculés à partir de νB (θ) et νB (180◦ ).
Des spectres obtenus durant nos mesures de diffusion brillouin en fonction de la tem-
pérature, dans v-Li2 O-2B2 O3 et en rétrodiffusion, sont présentés Fig.5.8. On peut voir
le pic Brillouin s’élargir avec l’augmentation de la température, en même temps qu’il se
déplace vers les fréquences plus basses. Les paramètres de la raie Brillouin en fonction
de la température, νB (T ) et ∆νB (T ), obtenus par l’ajustement des spectres avec un Dho
sont représentés Fig.5.9 et Fig.5.10.
Sur la Fig.5.9, on peut voir que pour chaque géométrie de diffusion le comportement
de νB (T ) est identique : νB décroît linéairement depuis environ 30 K jusqu’à la plus haute
température mesurée. Ce comportement bien visible pour θ = 180◦ , l’est difficilement
sur le graphe aux autres fréquences à cause d’un effet d’échelle mais la dépendance en
température est bien la même. Notons qu’aux plus basses températures, la fréquence
Brillouin présente un léger maximum vers 20 K.
Sur la fig.5.10 les même symboles représentent les même valeurs de θ que sur la Fig.5.9.
Quand au comportement de ∆νB (T ), nous nous bornerons ici à remarquer que la dépen-
dance en température semble être la même pour toutes les valeurs de θ. ∆νB (T ) augmente
très rapidement avec la température jusqu’à 100 K puis plus modérement ensuite. Aucun
pic marqué n’est visible contrairement à ce qui est observé pour v-GeO2 ou v-SiO2 . En
outre la dépendence en fréquence semble linéaire et non quadratique. Nous reviendrons
plus bas sur une description détaillées de ∆νB (T,ν).
104
43.0
42.5 θ = 180°
42.0
Brillouin Shift νB (GHz) 41.5
41.0
30.5
θ = 90.5°
30.0
29.5
29.0
23.0
θ = 64.7°
22.5
22.0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temperature (K)
105
θ=180.0°
200
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700
temperature (K)
l’onde sonore dans v-Li2 O-2B2 O3 . Cette hypothèse trouve sa justification dans le fait que
ces deux verres présentent de nombreuses propriétés voisines. Pour les hautes températures
où Ωτth << 1, on a
Q−1
anh = AΩτth . (5.2)
On peut donc estimer la contribution des processus anharmoniques à 300 K pour
νB = 42 GHz:
106
43 400
-1
Q = 0.038 nm
300
Ω/2π (GHz)
Γ/2π (MHz)
42
200
41
100
40 0
0 100 200 300 400 500 600
Temperature (K)
mais aussi de structures planes propres au borates (triangles BO3 ). On peut donc légi-
timement penser que la présence de différentes entités structurales entraîne l’existence
d’une très large distribution de systèmes relaxationnels.
La seconde remarque concerne évidemment la composition même de v-Li2 O-2B2 O3 . La
présence d’ions Li+ en quantité non-négligeable dans la matrice vitreuse peut intervenir
dans l’atténuation de l’onde acoustique. La Fig.5.12 tirée de [59] présente la dépendance en
température de l’atténuation du son dans la gamme de la centaine de MHz dans 2 verres
de borates enrichis en lithium. Un des deux verres est v-Li2 O-2B2 O3 . Il est intéressant
de constater que dans le verre le plus riche en ions Li+ (avec du Cl), l’atténuation du
son à haute température est nettement supérieure à celle mesurée dans v-Li2 O-2B2 O3 .
Les auteurs en concluent que l’ajout de lithium dans la structure du verre ajoute un
mécanisme supplémentaire à l’atténuation. Il y a donc dans v-Li2 O-2B2 O3 au moins deux
processus responsables de l’atténuation ultrasonore : la relaxation structurale, très large,
observée autour de 100 K et la diffusion des ions lithium dans la matrice vitreuse observée
au dessus de 200 K à ces fréquences.
107
Fig. 5.12 – Dépendance en température de l’atténuation de phonons acoustiques longitu-
dinaux à différentes fréquences dans deux verres enrichis en lithium. Les lignes sont des
guides pour les yeux [59].
[25].
– La diffusion des ions Li+ modélisée par une simple relaxation thermiquement activée.
Des mesures de conductivité [120, 151] nous donnent l’énergie d’activation E0Li /kB
= 6960 K et le temps de relaxation microscopique τ0Li = 1.27 ps du processus de
diffusion. De plus nous prenons une distribution de temps de relaxation et pas une
simple Lorentzienne avec un paramètre β = 0.5 comme mesuré par Ngai [164].
– La relaxation thermiquement activée est modélisée par le modèle TAR, identique
à celui utilisé pour ajuster les données obtenues sur v-GeO2 . Comme nous l’avons
souligné auparavant l’origine microscopique de ces relaxations peut être multiple
contrairement au cas de v-GeO2 . Ainsi, pour décrire au mieux la forme de l’at-
ténuation en fonction de la température dans v-Li2 O-2B2 O3 , nous utiliserons la
distribution de barrières g(V ) suivante :
1 V ζ 1 V
g(V ) = Ng ( ) exp(− ( )2k ) (5.4)
V0 V0 2 V0
108
0,012
42 GHz
280 MHz
-1
0,010
Internal Friction Q
160 MHz
0,008
-1
0,006 QTAR
0,004
-1
QLi +
-1
0,002 Qanh
0,000
0 100 200 300 400 500 600 700
Temperature (K)
Fig. 5.13 – Résultat de l’ajustement des mesures de Q−1 à plusieurs fréquences. Les don-
nées ultrasonores sont tirées de [59]. Les traits pleins représentent la somme des trois
contributions invoquées dans l’analyse. La décomposition de chacune des contributions est
détaillée pour 42 GHz.
avec ζ = 0.25 comme déja utilisé par Keil et al. [15] ainsi que par Vacher et al.
[25] pour décrire l’atténuation des phonons dans la silice. k est un paramètre sup-
plémentaire qui permet d’élargir la distribution de barrières. Une valeur de 0.5 est
nécessaire pour décrire correctement les données, ce qui revient à prendre une dis-
tribution exponentielle plutôt qu’une gaussienne. Une gaussienne avec ∆C = V0 est
prise comme distribution pour l’asymétrie f (∆).
Au final les paramètres laissés libres durant l’ajustement sont : CLi l’amplitude du
processus de diffusion des ions Li+ et pour les TAR, C l’amplitude, V0 l’écart type de la
distribution gaussienne de barrières centrée en 0 et τ0 le temps microscopique.
Nous ajustons simultanément les différentes mesures existant pour Q−1 : nos mesures
de diffusion Brillouin à 24 et 42 GHz ainsi celles prises dans la littérature pour 160 et 280
MHz [59]. Le résultat de l’ajustement de Q−1 (T ) est représenté Fig.5.13. Les paramètres
obtenus sont : C = 0.0075 ± 0.0001, V0 /kB = 470 ± 30 K, τ0 = 1.6 ± 0.2 ps et CLi =
0.061 ± 0.003. Les lignes continues représentent la somme des trois contributions pour les
différentes fréquences. On remarque que l’ajustement passe bien à travers les mesures de
diffusion Brillouin. Pour les fréquences 160 et 280 MHz, l’accord est plutot qualitatif. Il
décrit correctement la variation en température de Q−1 , en particulier la remontée qui se
109
0,00 0,00
-0,01 -0,01
-0,02 -0,02
δV/V
-0,03 -0,03
(dv/v)Li +
(dv/v)Li+
(dv/v)anh
(dv/v)anh
-0,05 -0,05
0 100 200 300 400 500 600 100 200 300 400 500 600 700
Fig. 5.14 – Cacul du modèle pour dv/v à deux fréquences. Les traits pleins représentent
la somme des trois contributions invoquées dans l’analyse.
110
5.3.3 La dépendance en fréquence de l’atténuation
Pour conclure cette étude nous avons tracé sur la Fig.5.17 la dépendence attendue
à 300 K avec les paramètres du modèle utilisé. Les trois contributions intervenant dans
l’atténuation sont représentées ansi que la somme décrivant les données expérimentales
ultrasonores et hypersonores. On peut remarquer que pour v-Li2 O-2B2 O3 , l’anharmonicité
ne va dominer l’atténuation que vers 1 meV ou 250 GHz. La contribution due à la diffusion
du lithium est négligable à cette température pour les énergies supérieures à ≃ 0.01 meV.
Evidemment ce modèle ne décrit absolument pas les résultats obtenus autour de Ωco . A
573 K la conclusion est la même si ce n’est que la contribution due à la diffusion du
lithium est plus importante.
111
800
θ = 180°
600
400
200
0
40,4 40,8 41,2 41,6 42,0
fréquence (GHz)
nombre de coups / canal
400
θ = 90.5°
300
200
100
0
28,4 28,8 29,2 29,6 30,0
fréquence (GHz)
500
θ = 64.7°
400
300
200
100
0
21,2 21,6 22,0 22,4
fréquence (GHz)
Fig. 5.15 – Spectres Brillouin mesurés à 573 K à différents angles de diffusion. On peut
voir la largeur du pic Brillouin diminuer avec la fréquence.
112
400
300K
573K
300
100
0
0 10 20 30 40
Ω/2π (GHz)
Fig. 5.16 – Dépendence en fréquence de la largeur de la raie brillouin ∆νB à deux tempé-
ratures.
113
1
10
IXS 4
300 K
10
0
BLS Ω
Linewidth Γ (meV) -1
US
10
Γtot
-2
10 ΓTAR
1
-3
10
ΓLi+ Ω
Γanh
-4
10
-5
10
-6
10
-3 -2 -1 0 1
10 10 10 10 10
Energy Ω (meV)
Fig. 5.17 – Dépendance en fréquence de l’atténuation à 300 K. La figure compile les don-
nées ultrasonores, hypersonores ainsi que les résultats de diffusion inélastique des rayons-x.
La courbe en trait plein représent la somme des trois contributions invoquées dans l’ana-
lyse, les autres courbes chacune des contributions.
114
Conclusion générale et perspectives
115
systématique de leurs effets réciproques, devraient s’accompagner d’une investigation des
changements structuraux engendrés par l’un ou l’autre.
Notre travail s’est ensuite dirigé vers v-GeO2 . Nous avons pu expliquer nos mesures de
diffusion Brillouin de la lumière en invoquant majoritairement des processus relaxation-
nels thermiquement activés. En invoquant une limite dans la distribution de l’asymétrie
des barrières de potentiel représentant les défauts qui relaxent dans la matrice vitreuse,
nous sommes parvenus à ajuster simultanément l’atténuation du son et les variations re-
latives de vitesse du son avec la température. Cet ajustement simultané a permis d’obtenir
l’ensemble des paramètres du modèle et ce, uniquement avec les données Brillouin. Cepen-
dant, l’extrapolation du modèle aux basses fréquences montre que la contribution de ces
processus relaxationnels thermiquement activés est probablement surestimée et que des
processus anharmoniques doivent également intervenir dans l’atténuation hypersonore. De
plus, la remontée de la vitesse du son observée au dessus de 600 K et non expliquée par le
modèle fait évidemment penser à ce qui est communément appelé l’anomalie tétraédrique.
Ce comportement devra être pris en compte dans un modèle plus complet. Finalement,
nous avons mis en évidence que la stabilisation en température diminuait de manière si-
gnificative l’amplitude de l’atténuation hypersonore dans GeO2 . Il semble donc intéressant
de poursuivre ces études sur GeO2 à différentes températures fictives. Cela permet proba-
blement de faire varier les contributions relatives des différents processus responsables de
l’atténuation hypersonore, tout comme l’application de la pression. Maintenant que sont
identifiés les mécanismes dominant l’atténuation des phonons dans SiO2 et GeO2 . Il serait
également très interessant d’étudier les verres mixtes SiO2 -GeO2 qui ont d’importantes
applications technologiques dans les fibres optiques.
En ce qui concerne v-Li2 O-2B2 O3 , notre étude de la propagation des phonons acous-
tiques longitudinaux de hautes fréquences par diffusion Brillouin des rayons-x nous a per-
mis d’observer et de confirmer l’existence d’un comportement anormal de l’atténuation
Γ ∝ Ωα , avec α ≃ 4, en dessous d’une fréquence de crossover Ωco de manière analogue
au cas de la silice densifiée. Pour ces deux verres, cette fréquence correspond approxi-
mativement à la position du pic boson. En compilant tous les résultats similaires de la
littérature, nous avons également montré que cette correspondance entre la position en
fréquence du maximum du pic boson et la fréquence du crossover était générale. Ceci
appuie fortement l’hypothèse selon laquelle l’hybridation des phonons acoustiques avec les
modes du pic boson serait responsable du comportement anormal de l’atténuation dans ce
régime de fréquence. Pour les vecteurs d’onde de diffusion Q supérieurs à qco , la forme
spectrale mesurée ne peut plus être décrite par un simple phonon acoustique modélisé par
un Dho. Le spectre est beaucoup plus complexe et doit prendre en compte explicitement
ce couplage résonnant avec les modes optiques formant le pic boson. A plus grand Q, on
observe alors, comme dans le cas de la silice densifiée, un mélange total des intensités
diffusées par les modes acoustiques et le pic boson sans qu’il soit possible de séparer les
deux contributions. Des mesures de diffusion Brillouin de la lumière ont été effectuées sur
le même échantillon dans une large gamme de températures pour différentes fréquences.
116
L’évolution de l’atténuation et de la vitesse du son nous a permis d’identifier et de quan-
tifier les différents mécanismes à l’origine de l’atténuation du son dans v-Li2 O-2B2 O3 .
Nous avons proposé un scénario possible qui explique la dépendance en température du
frottement interne et de la vitesse aux fréquences hypersoniques. Celui-ci fait intervenir
des relaxations thermiquement activées, des processus anharmoniques et des mécanismes
de diffusion des ions lithium. Une conclusion importante de ce travail a été de mettre en
évidence que la contribution relative de ces processus varie en fonction de la température
et de la fréquence où l’on se situe. Ceci entraîne un comportement non trivial de Γ(Ω),
bien différent d’une loi en Ω2 souvent utilisée pour décrire l’atténuation homogène dans les
verres. La continuation évidente de ce travail est maintenant d’observer ce comportement
anormal de l’atténuation dans un verre de nature très différente. Le Glycérol semble un
candidat parfait pour une étude associant des mesures de diffusion Brillouin de la lumière
et des rayons-x. Un autre aspect à envisager est également la mise en évidence de cette
corrélation entre pic boson et fréquence de crossover. L’évolution avec la température de la
position du pic boson est probablement trop faible pour être reliée de manière significative
à la variation associée de Ωco . La pression peut être un moyen efficace.
Le spectrographe Brillouin est maintenant quasiment opérationnel dans sa version
première, c’est à dire avec le FPP comme analyseur. Grâce à son optique corrigée des
aberrations et à sa conjugaison optique spécifique, ce montage bénéficie tout d’abord
d’un gain de luminosité important. Le spectrographe permet donc de pouvoir observer
des cinétiques rapides. Les études qui sont limitées par l’élargissement par convergence et
le manque d’intensité devraient donner de bien meilleures mesures sur le spectrographe.
Ceci concerne en premier lieu le micro-brillouin, ainsi que l’étude de l’atténuation des
phonons acoustiques en fonction de la pression. Un stade ultérieur consistera à adapter le
montage du spectrographe à la configuration du SHR où FPP et FPS sont couplés pour
atteindre une résolution élevée. Ceci permettra en particulier l’étude de la dépendance
en fréquence des modes acoustiques longitudinaux et transverses dans une décade de
fréquence.
Pour conclure nous dirons que l’essentiel à retenir de notre travail réside dans la volonté
d’identifier les processus responsables de l’atténuation des phonons dans les verres. La
dépendance en température et en fréquence de cette atténuation d’origine dynamique
peut être différente pour chaque verre à des fréquences inférieures à Ωco mais il semble
bien que l’origine du mécanisme responsable de l’atténuation anormale dans la gamme
du THz soit la même. Cette rapide augmentation de l’atténuation des ondes acoustiques
serait par la même occasion responsable de l’apparition du plateau dans la conductivité
thermique κ(T ) vers 10 K.
117
118
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124
Annexe A
Expérimentalement, nous n’avons pas accés au champ diffusé, mais à l’intensité spec-
~
trale Idi (R,ω). En effet le détecteur mesure l’intensité, un spectromètre permet de déter-
~
miner la densité spectrale de flux Φ(R,ω) qui est relié à l’intensité par :
c
Z
~
φ(R,ω) = ~
I(R,ω)d ~
S (A.1)
4π S
avec S la surface de la pupille d’entrée du spectromètre et c la vitesse de la lumière.
Comment, alors, obtenir grâce à l’intensité collectée des informations sur la physique de
notre échantillon?
Nous nous plaçons d’un point de vue macroscopique, la longueur d’onde du rayonne-
ment électromagnétique incident étant beaucoup plus grande que les distances interato-
miques, le matériau est traité comme un milieu continu [139].
Ce milieu continu est caractérisé en introduisant un tenseur de permittivité diélectrique
instantané ǫik (~r,t) qui se rapporte au champ moyen créé par les mouvements des particules.
ǫik (~r,t) = ǫ0 I¯ + δǫik (~r,t) (A.2)
Avec, δǫik (~r,t) les fluctuations spatiales et temporelles de la permittivité diélectrique par
rapport à sa valeur moyenne ǫ0 et I¯ le tenseur unité d’ordre 2. Rappelons que ǫ0 est
isotrope pour un verre et un liquide.
Si l’on considère que le faisceau incident émis par la source peut être décrit par une
onde monochromatique de polarisation linéaire ~i, de fréquence 2π ωi
, d’amplitude E0 et de
vecteur d’onde ~ki ; celle-ci peut alors se mettre sous la forme:
~ i (~r,t) = ~i.E0 .ej(~ki .~r−ωi .t)
E (A.3)
La résolution des équations de Maxwell admet alors comme solution pour l’expression du
champ diffusé Edi (~r,t) à une distance R par le volume V (avec comme condition V ≪ R3 ),
125
selon le vecteur de propagation ~kd , à la fréquence ω2πd et de polarisation d~ [137]:
E0
Z
Edi (~r,t) = .ejkd .R ~ ~kd ∧ (~kd ∧ (δǫ(~r,t).~i))))
d3 rej(~q.~r−ωi t) (d.( (A.4)
4πǫ0 R V
où, dans la situation V >> λ0 , ~q représente le vecteur d’onde de transfert donné par la
loi de la conservation de la quantité de mouvement:
~q = ~ki − ~kd (A.5)
Dans le processus de diffusion de la lumière la longueur d’onde varie peu en général, on
peut donc écrire | ~ki |≃| ~kd |, ce qui permet d’introduire une simple relation géométrique
\
(Bragg en milieu isotrope) faisant intervenir l’angle de diffusion θ = (~ki ,~kd ):
θ 4πn θ
q = 2ki sin = sin (A.6)
2 λi 2
avec λi la longueur d’onde dans le vide de l’onde incidente et n l’indice de réfraction du
milieu diffusant.
Remarque: En diffusion de la lumière, les longueurs d’ondes caractéristiques sont de
l’ordre de quelques milliers d’Angströms, ce qui conduit à des normes de vecteur d’onde
de transfert de l’ordre de 107 m−1 .
La valeur de l’intensité diffusée est obtenue à partir de la fonction d’autocorrélation
du champ électrique diffusé (A.4):
∗
Idi (~r,t) = hEdi (~r,0),Edi (~r,t)i (A.7)
En passant de l’espace réel à l’espace des vecteurs d’ondes via une transformation de
Fourier spatiale, on obtient :
−kd2 E0 j(kd R−ωi t)
E d (~q,t) = .e δǫdi (~q,t) (A.8)
4πRǫ0
avec, Z
δǫdi (~q,t) = d3 rej~q.~r δǫdi (~r,t) (A.9)
V
Nous obtenons enfin la distribution spectrale de l’intensité diffusée, par une ultime trans-
formée de Fourier, temporelle cette fois:
Z +∞
E02 kd4 1
Idi (q,ωd ) = 2 2 2
hδǫdi (q,0),δǫdi (q,t)iej(ωd −ωi )t dt (A.10)
16π R ǫ0 2π −∞
où les notations vectorielles ont été omises puisque l’on s’intéresse ici à la diffusion dans
les matériaux amorphes. Remarque: Notons que l’intensité diffusée est proportionnelle à
λ−4 et que la décroissance spatiale est en R12 (onde sphérique). S’il n’y a pas de fluctuation
de ǫ(~r,t) en fonction du temps, il n’y aura pas de décalage en fréquence de la raie (cas de
la diffusion Rayleigh).
126
Annexe B
La Diffusion Brillouin
La diffusion Brillouin à été décrite théoriquement dés 1922 [134] et observée expéri-
mentalement en 1930 [135]. Une première application, destinée à la mesure des constantes
élastiques dans les cristaux a été proposée par Krishnan en 1955 [136].
Thermodynamiquement, on peut caractériser le verre par les deux variables indé-
pendantes déformation u et entropie S, qui induisent des fluctuations de la constante
diélectrique :
∂ǫ ∂ǫ
δǫ = ( )S δuij + ( )u δS (B.1)
∂uij ∂S
La déformation à entropie constante est associée aux ondes acoustiques (phonons); en
effet, leur fréquence trop élevée entraine que l’état de déformation local évolue trop vite
pour qu’un échange de chaleur s’établisse dans le matériaux entre les volumes élémentaires
voisins que l’on peut considérer comme isolés thermiquement.
L’onde sonore se propage dans un milieu viscoélastique. La résolution de l’équation de
propagation des ondes acoustiques dans un tel milieu dissipatif admet pour solution une
onde plane de déplacement faiblement amortie dans le temps ~u(~r,t), de la forme :
~u(~r,t) = ~u0 e−Γt ej~q.~r−ωt (B.2)
qui représente une onde dont l’amplitude est la même en tout point et décroit exponen-
tiellement avec le temps, Γ caractérise l’amortissement de l’onde. Remarque: une telle
description n’a de sens que dans la mesure où l’onde n’est pas trop amortie, c’est à dire
2πΓ << ω. nous pouvons définir le tenseur des déformations par
1 ∂uk ∂ul
γkl (~r,t) = + , (B.3)
2 ∂xl ∂xk
et les fluctuations du tenseur diélectrique peuvent être reliées au tenseur local des défor-
mations via le tenseur de Pockels ou tenseur élasto-optiques pijkl [139].
X
δ(ǫ−1 )ij = pijkl γkl (B.4)
kl
127
Dans le cas d’un milieu isotrope il n’y a que deux composantes indépendantes du tenseur
des composantes photoélastiques et:
X
δǫij (~r,t) = −ǫ20 2p44 γij (~r,t) + p12 δij (B.5)
γkk (~r,t)
k
Puis:
Γ0
Idi ∝< u(~q,t) >2 δ(ω − ωB ) + δ(ω + ωB ) ∗ 2
(B.7)
− Γ
πω 2
où le signe * symbolise un produit de convolution et le dernier terme une fonction de
Lorentz.
Le spectre Brillouin correspond ainsi à des doublets aux fréquence ±ωB dont les lar-
geurs sont directement reliées à l’amortissement des fluctuations propagatives dues à l’agi-
tation thermique; la largeur à mi-hauteur est donnée par ∆ωB = ΓB , si cette largeur est
exprimé en Hertz : ∆νB = ΓB /2π
128
Annexe C
129
scan d’un spectromètre. Un des intéréts d’utilisation d’un spectrographe est ici évident.
La CCD permet l’acquisition simultanée de toute la lumière diffusée par l’échantillon et
collectée par la lentille de collection. Cette diminution des temps d’aquisition des spectres
améliore considérablement le rapport signal/bruit et permet l’étude de cinétiques plus
rapides ou de signaux plus faibles.
Mais ce n’est pas le seul avantage que l’on peut tirer de l’utilisation d’un Spectrographe
Brillouin. Le principe même d’un tel instrument, dont le montage est présenté dans la
fig.C.1 permet de dépasser certaines limites instrumentales infranchissables en utilisant le
SHR.
C.1 Objectifs
Nos objectifs étaient les suivants:
Une première étape consiste tout d’abord à vérifier le bon fonctionnement de l’appareil
avec le FPP seul comme élément résolvant.
C.2 Contraste
Un contraste de 1010 est impératif étant donné la faible intensité du signal inélastique
et sa proximité avec la raie élastique très intense. Rappelons que le contraste est fixé par
le choix de la réflectivité des lames du FPP ainsi que par le nombre de passages à travers
ce dernier. Ainsi, partant de la définition du contraste C (cf équation2.15) :
1 + R 2n
C=( ) (C.1)
1−R
avec R le coefficient de réflexion des lames (compris entre 0 et 1 avec R + T + A = 1),
et n le nombre de passages à travers le FPP. Notre choix se porte sur des lames de R =
0.91, T = 0.087, A = 0.003 en quatre passages. Une telle configuration offre un contraste
d’environ 4 1010 .
130
Fig. C.1 – Montage complet du Spectrographe Brillouin Haute Résolution. Schéma de
Rémy Vialla (LCVN).
131
C.3 Conjugaison optique
La Fig.C.2 en haut montre la conjugaison optique utilisé avec le SHR. Le montage
optique fait l’image de l’échantillon sur le capteur monocanal. L’utilisation d’un capteur
multicanaux pour le spectrographe permet, comme nous l’avons vu, de collecter plus
de signal provenant de l’échantillon. L’utilisation d’une CCD comme recepteur de flux
à un autre avantage. La Fig.C.2 en bas montre la conjugaison optique utilisée avec le
spectrographe. Elle est conçue pour que la lumière diffusée suivant un même angle αi
par tout le volume diffusant viennent frapper un pixel de la CCD. Ainsi, l’élargissement
par convergence est contrôlé dans une mesure effectuée avec le Spectrographe. Le fait
de pouvoir collecter un cône de lumière plus important devient un avantage. Alors que
l’utilisation du SHR demande de réduire au maximum l’angle de collecte, nous pouvons
avec le spectrographe fonctionner avec un large angle de collecte. Celui-ci est tout de
même limité en pratique par le problème du "Walk-off".
δ
It (p) = It (∞).[(1 − Rp )2 + 4.Rp . sin2 (p. )] (C.2)
2
où l’on voit la fonction d’Airy It (∞) du FPP plan parfait (nombre infini de réflexions)
modulée par une fonction dépendante du nombre p de rayons interférents [142] 1 . Un calcul
1. Remarque: une coquille s’est glissée dans la publication de Walton [141], qui donne p pour le nombre
132
Fig. C.2 – En haut, conjugaison optique du spectromètre : la lumière diffusée par l’échan-
tillon est collectée à travers 4 lentilles avant d’atteindre le capteur. En bas, conjugaison
optique du spectrographe : la lumière collectée passe à travers 5 lentilles avant d’atteindre
la caméra CCD à droite. Schéma de Rémy Vialla (LCVN).
133
Fig. C.3 – Parcours suivi par un rayon lumineux qui traverse le FPP. Si l’angle d’incidence
est non nul, alors le nombre de rayons P interférent est limité (P = 4 sur cette figure) et
la tache lumineuse à la sortie du FPP sera d’un diamètre supérieure à celle à l’entrée.
134
35
30 Fth = 33.3
Finesse du FPP pour R = 0.91
25
20
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Interférences à p ondes
Fig. C.4 – Finesse du FPP en fonction du nombre réel de rayons lumineux interférents.
La finesse théorique pour un coefficient R des lames de 0.91 est de 33.3.
offrant un grandissement des plus importants entre l’échantillon, source du signal diffusé,
et le FPP. Deux systèmes afocaux en série, sont alors utilisés pour obtenir un grandisse-
ment total γtot ≃ 50. Le choix du grandissement résulte de la volonté de travailler avec
le grandissement le plus important possible et des limites physiques (spatiales) imposées
par les distances focales des optiques et les dimensions de la table. Ainsi, un demi-angle
d’incidence maximal (imax ) de 6 mrad et l’utilisation d’un grandissement total (γtot ) de 50
nous permet de collecter le signal provenant de l’échantillon sur un demi-angle de collecte
de γtot × imax = 300 mrad. Une telle ouverture numérique (environ 0.3) est à comparer
aux 0.04 utilisé sur le SHR en rétrodiffusion, ou 0.005 dans la géométrie à 90◦ .
La collecte d’un demi-angle de 300 mrad soulève un nouveau problème. Un angle de
collecte de cet ordre nous place au delà des conditions de Gauss, et les aberrations ne sont
plus négligeables.
135
Fig. C.5 – Aberration de coma. Elle a lieu lorsque les rayons incidents arrivent sur
la lentille avec un angle trop important. Conséquence: des rayons avec un même angle
d’incidence ne se focalisent pas en un même point.
sont des rayons dits aberrants. Les notions "loin" et "angle important" sont, bien entendu,
estimées par rapport aux conditions de Gauss. Considérons le développement en série de
la fonction sinus :
θ3 θ5 θ7
sin θ = θ − + − + ... (C.4)
3! 5! 7!
Dans l’approximation de Gauss, seul le premier terme est retenu. Cette approxima-
tion, pour des angles inférieurs à 15◦ (262 mrad) introduit une erreur inférieure à 1%.
En conservant les deux premiers termes, l’écart entre la valeur approximative du troi-
sième ordre est inférieure à 0.3% pour des angles de l’ordre de 40◦ (698 mrad) [143].
La théorie du troisième ordre, permet de décrire de façon plus réaliste la formation des
images. Principalement deux types d’aberrations nous préoccupent : l’aberration de coma
et l’aberration sphérique, expliquées respectivement dans les figures C.5 et C.6.
L’argument pertinent à prendre en compte dans l’estimation d’une correction suffisante
des aberrations consiste à comparer la largeur angulaire d’un anneau donné par le FPP en
éclairage monochromatique et la déviation angulaire due à la coma. En effet, l’aberration
sphérique a pour effet de faire varier l’angle à la sortie du système optique par rapport
à sa valeur dans les conditions de Gauss. Quand à l’aberration de coma, elle joue sur
la conservation, à la sortie du système optique, du parallélisme des faisceaux issus de
l’échantillon, et donc sur la résolution de notre appareil. Dans le spectrographe, le FPP
est éclairé par un faisceau dont l’étendue est bien supérieure à l’étendue résolvante. En
différenciant (C.3), on obtient la relation entre la largeur angulaire de l’anneau donnée
par le FPP, δi, et l’angle d’incidence sur le FPP i :
136
Fig. C.6 – Aberration sphérique. Elle à lieu lorsque les rayons incidents sont issuent d’un
point de l’échantillon éloigné de l’axe optique. Conséquence: des rayons parallèles incidents
ne se focalisent pas en un même point.
δν
δi = (C.5)
ν0 i
où δν représente la largeur à mi-hauteur de la fonction d’Airy modulée.
Nous avons calculé les aberrations par le tracé de rayons, lequel rappelons-le, consiste
à appliquer la loi de Snell-Descartes sur chaque dioptre rencontré. Les Fig.C.7 et Fig.C.8
mettent en évidence le résultat de ces tracés. Considérons tout d’abord le système optique
composé uniquement de 4 lentilles plan-convexes (courbe A). Rappelons que les lentilles
plan-convexes corrigent mieux les aberrations que des lentilles classiques (biconvexes).
On voit clairement sur la Fig.C.7 que les aberrations sphériques importantes limitent
l’utilisation de ce système aux angles inférieurs à ≃ 0.13 rad. En effet, des valeurs supé-
rieures donnent des angles d’incidence sur le FPP plus faibles. On perd ainsi la bijectivité
donc la possibilité d’analyser correctement le signal en fréquence. De la même manière,
la Fig.C.8 montre qu’autour de cette valeur de 0.13 rad, la dispersion angulaire générée
par les aberrations de coma deviennent rapidement beaucoup plus importantes que la
largeur angulaire d’un anneau donnée par le FPP de 10 mm d’épaisseur. Autrement dit,
un faisceau de rayons parallèles issu de l’échantillon ne donne plus du tout un faisceau de
rayons parallèles à la sortie de la quatrième lentille et donc à l’entrée du FPP.
Un début de correction est apporté par le remplacement de chacune des lentilles par
deux lentilles plan-convexes identiques mais de focale double (courbe B). Comme le montre
la Fig.C.7, les aberrations sphériques sont corrigées pour des angles de collection inférieurs
à ≃ 0.22 rad. Par contre, l’aberration de coma empêche l’utilisation de cette configuration,
au demeurant peu pratique, pour les angles supérieurs à ≃ 0.17 rad. Les corrections ne
137
angle d'incidence sur le FPP (mrad)
6
5 C
4
B
3
1
A
0
0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30
Angle de collection α (rad)
Fig. C.7 – Angle d’incidence i sur le FPP en fonction de l’angle de collection α pour trois
trois configurations différentes : (A) 4 lentilles plan-convexes, (B) 4 paires de lentilles plan-
convexes de focale double et (C) 2 lentilles plan-convexes plus 2 lentilles à gradient d’indice
pour les focales courtes. Le système parfait est donné par la ligne en gras i = α/γtot .
138
0.20
0.10
A
0.05 B
C
0.00
0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30
Angle de collection α (rad)
Fig. C.8 – Dispersion angulaire provoquée par l’aberration de coma pour trois configura-
tions différentes : (A) 4 lentilles plan-convexes, (B) 4 paires de lentilles plan-convexes de
focale double et (C) 2 lentilles plan-convexes plus 2 lentilles à gradient d’indice pour les
focales courtes.
C.7 Conclusion
Des difficultés, liées au financement du projet ainsi qu’aux délais de réalisation des
éléments mécaniques et électroniques ne nous ont pas permis d’achever rapidement la
réalisation du spectrographe, comme nous l’espérions initialement. Au moment où nous
écrivons ces lignes, tout le montage présenté Fig.C.1 est en place. La ligne de modulation
servant à stabiliser la machine comme dans le cas du SHR fonctionne. Le spectrographe,
stabilisé, permet l’acquisition de spectres. La procédure d’étalonnage en fréquence et la
mise au point d’une procédure permettant le bon alignement des optiques sont en phase
de tests. Nous espérons très bientôt avoir la possibilité d’exploiter tout le potentiel du
Spectrographe Brillouin.
Dans cette configuration utilisant uniquement le FPP, le spectrographe permet de
pouvoir observer des cinétiques rapides. Un projet micro-brillouin est lui aussi en cours,
ainsi que l’étude de l’atténuation des phonons acoustiques en fonction de la pression. Ces
deux études expérimentales sont essentiellement limitées par l’élargissement par conver-
gence et le manque d’intensité provenant du milieu diffusant, elles devraient donner de
bien meilleures mesures sur le spectrographe.
139