Extrait
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Méthodologie
obtenu une moyenne de 18 sur 20 et le dernier admis sur liste principale a
obtenu la note de 12. Les moyennes des candidats admis sont stables et il est
rarissime d’intégrer l’IEP avec une moyenne inférieure à 10/20.
Le rapport du jury du concours 2018 précise ainsi :
« Le très haut niveau de sélectivité combiné à des résultats finaux très
serrés nous permet d’insister immédiatement sur deux points : en premier
lieu cette procédure d’admission doit être préparée par les candidats et il
est très rare qu’un candidat soit admis sans s’y être préparé sérieusement
(a fortiori en devant réviser les deux thèmes de l’épreuve de Questions
Contemporaines), en deuxième lieu le fait de ne pas réussir ne doit surtout
pas être considéré comme un échec définitif et humiliant mais bien plutôt
comme un test grandeur nature qu’il conviendra de réitérer l’année suivante,
en tout cas si l’on est bachelier de l’année. »
L’épreuve de questions contemporaines consiste à traiter une question
d’actualité sous la forme d’une dissertation par une approche pluridisciplinaire,
en montrant sa maîtrise de références et de concepts théoriques essentiels
par rapport au thème étudié. D’une durée de trois heures, cet exercice doit
non seulement permettre aux candidats de montrer qu’ils ont assimilé des
connaissances de base sur la question traitée et qu’ils savent en faire un usage
adéquat, mais également qu’ils disposent de capacités d’analyse, de synthèse,
d’argumentation et de rédaction, qualités nécessaires pour entreprendre des
études en sciences politiques. Il ne s’agit pas d’une épreuve de culture générale
à strictement parler. En effet, les sujets à traiter sont nécessairement circonscrits
aux deux thèmes définis annuellement pour l’épreuve et n’impliquent donc
pas une connaissance « générale ». Ces thèmes sont renouvelés chaque année
(pour le concours 2019, il s’agissait du secret et du numérique, pour 2018,
il s’agissait des radicalités et de la ville ; pour le concours 2017, il s’agissait
de la sécurité et de la mémoire ; pour le concours 2016, de l’école et de la
démocratie ; pour le concours 2015, de la mondialisation et la famille et
pour 2014 de la culture et du travail) et sont connus en même temps que les
dates des épreuves. Depuis trois ans, un thème sur deux est conservé et un
thème est modifié. Il y a donc un roulement organisé sur le rythme de deux
années. Il est fortement déconseillé aux étudiants qui préparent le concours
d’entrée aux IEP de faire l’impasse d’un des deux thèmes car il est tout à fait
possible (bien que peu fréquent) que les deux sujets au choix proposés aux
candidats ne portent que sur un seul des deux thèmes ou que l’un des deux
sujets mélange les deux thèmes. Faire l’impasse d’un des deux thèmes au
programme consisterait ainsi à jouer à la roulette russe. Cela était d’autant
plus vrai pour les étudiants qui préparaient le concours 2019 ou 2022 dans
la mesure où les deux thèmes retenus sont en interaction, le numérique
reconfigurant la question de l’intimité et de la transparence. De tels liens
sont également possible sur les thèmes retenus en 2024.
Les candidats doivent montrer qu’ils sont capables de traiter la question
posée en intégrant plusieurs aspects, par exemple historique, économique,
sociologique, philosophique afin de répondre à la question posée. Cette
épreuve spécifique n’a pas d’équivalent au lycée, il est dès lors difficile de se
raccrocher à des habitudes de travail acquises au cours de la scolarité. Il s’agit
d’une épreuve interdisciplinaire comme le précise le rapport du jury de 2018 :
« Il est important de savoir qu’il ne s’agit pas d’une épreuve de sciences
économiques et sociales, de philosophie ou d’histoire mais d’une épreuve pour
laquelle les candidats sont appelés à mobiliser des connaissances acquises
dans les diverses disciplines enseignées au Lycée. Les correcteurs sont invités
à valoriser les copies qui s’efforcent de valoriser l’interdisciplinarité. Ainsi
des connaissances tirées des programmes de SVT ou de Français peuvent
être utilement mobilisées. »
L’originalité dans les références utilisées ou les disciplines mobilisées
peut être facteur de différenciation et ainsi de réussite à cette épreuve.
Les correcteurs de l’épreuve de questions contemporaines sont invités à
valoriser les copies qui s’efforcent d’avoir « une approche véritablement
interdisciplinaire ». Mais qu’est-ce qu’une approche interdisciplinaire ? Il ne
s’agit pas de compiler des disciplines pour étaler sa culture. Il s’agit de partir
d’une problématique et d’associer les savoirs disciplinaires en vue d’apporter
une réponse ouverte ou des éléments de réponse pertinents. Depuis cette
année, chaque thème est proposé avec une liste de références recommandées.
S’il est encore trop tôt pour savoir quel usage il est attendu des références
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ne doivent pas se contenter de reprendre la question posée (si le sujet se
présente sous la forme d’une question, ce qui n’est pas nécessairement le
cas) mais ils doivent identifier un problème et dégager une problématique
à partir de cette question : c’est-à-dire une série de questions liées,
interdépendantes auxquelles il faut tenter de répondre pour avancer vers
la solution au problème. Son opinion – ou sa réponse à la question – doit
être exposée d’une manière structurée ;
• qu’ils soient en mesure d’apporter un éclairage historique sur les
questions contemporaines : le phénomène est-il nouveau ? comment se
posait-il dans le passé ? quelle contribution de l’histoire à la situation
actuelle ? L’ancrage historique est important dans cette épreuve puisqu’il
permet de relativiser la portée des maux dont on tend à affliger l’époque
contemporaine ;
• qu’ils puissent établir des comparaisons et des décentrements de
perspectives en puisant leurs exemples dans différents domaines et/
ou dans différentes cultures : le problème se pose-t-il de la même
manière ailleurs qu’en France ? en Europe ? en Occident ? L’ouverture
vers la connaissance du monde est indispensable et les références
anthropologiques peuvent être judicieusement utilisées ;
• qu’ils évitent d’étaler leurs connaissances ou d’accumuler les références
sans en montrer l’enjeu, les implications quant à la question posée. Les
correcteurs préfèrent les copies structurées à partir d’un nombre plus
restreint d’arguments ou de références mais réellement exploités afin
d’apporter une réponse à la question étudiée.
L’épreuve de questions contemporaines suppose ainsi en préalable une
maîtrise de la méthode de la dissertation dont nous présentons les attendus et
formulons quelques conseils. L’analyse des annales des années passées suggère
que les questions posées sont souvent assez « classiques » et permettent aux
candidats ayant préparé cette épreuve avec sérieux de construire une réponse
mobilisant des références diversifiées. Il ne suffit pas de retenir un certain
nombre de connaissances en rapport avec les thèmes au programme. Il faut
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Cet exercice est en effet usuel dans la classe de terminale notamment en
philosophie. La plupart des règles et des conseils qui sont ceux de la méthode
de la dissertation philosophique sont applicables à l’épreuve des questions
contemporaines. L’idée selon laquelle il y aurait des canons à respecter dans
le cadre d’une dissertation de type sciences Po est un mythe. Là encore
l’analyse des rapports de jury des concours à l’entrée à sciences Po est très
instructive. Une dissertation peut être jugée excellente qu’elle fasse deux ou
trois parties, il n’y a pas de profil type pour cette épreuve. Cela ne signifie pas
cependant qu’il soit attendu des candidats qu’ils produisent une dissertation
philosophique. Au contraire, il faut associer, combiner plusieurs points de
vue disciplinaires pour construire un raisonnement équilibré.
L’épreuve de questions contemporaines est relativement courte. Trois heures
passent très vite lorsqu’il s’agit d’écrire un texte formellement irréprochable.
Il est donc important de dérouler une méthode de travail bien rodée et de
savoir maîtriser son temps. L’entraînement est indispensable pour parvenir à
tenir cette course contre la montre. Trop de dissertations rédigées à l’occasion
d’un concours ou d’une épreuve sur table commencent honorablement mais
donnent au correcteur l’impression d’un devoir inachevé ou bâclé pour des
raisons de temps.
La première étape de la construction d’une dissertation est le travail
préparatoire d’analyse du sujet.
Analyse du sujet
Il est conseillé de commencer par recopier le sujet exactement tel qu’il est
formulé sur une feuille de brouillon en soulignant ou en encadrant les mots-
clefs qui seront l’objet d’une attention particulière. Ces mots-clefs sont non
seulement les concepts ou les notions qui doivent faire l’objet d’une définition
(pour certains mots plusieurs définitions sont possibles, il faudra alors trier la
ou les définitions que vous choisirez de retenir pour donner du sens au sujet),
mais également les mots « nuance » qui permettent de centrer la réflexion et
d’en montrer les subtilités. Par exemple, pour le sujet proposé dans l’épreuve
de Questions contemporaines en 2014, « Le travail est-il toujours un facteur
d’intégration ? », le terme « toujours » devait structurer la réflexion. En effet,
il ne suffit pas de montrer que le travail puisse créer du lien social, il va
falloir se demander s’il n’y a pas des situations ou des facteurs par lesquels
le travail peut au contraire être destructeur de ce lien, voire favoriser une
forme de désintégration de la personne (cas du burn-out par exemple). Pour
le sujet « Faut-il avoir peur de ses désirs ? », il faudrait évidemment définir le
concept de désir et celui de peur, il faudrait également définir « faut-il » qui
peut traduire l’idée d’une nécessité impérative, d’un devoir moral (il faut
respecter les usages et coutumes de son pays) ou physique (il faut se nourrir
pour vivre). Parmi les définitions possibles, il faut ensuite sélectionner la ou
les définitions qui donnent sens au sujet ou choisir explicitement de jouer
sur une tension entre les différentes définitions possibles. Il faut prêter une
grande attention aux termes de cadrage tels que « toujours », « jamais » qui
vont jouer un rôle dans l’argumentation. Le niveau de lecture du sujet se
voit souvent à la prise en compte de ces termes parfois délaissés par les
candidats, à tort.
Mais comment définir les notions clefs ? Et surtout comment utiliser les
définitions qui auront été explicitées dans le corps de la dissertation ? Il est
plus facile qu’il n’y paraît de définir une notion. Il est possible de partir par
exemple du langage courant pour essayer de retracer son contenu implicite.
Par exemple, la notion de travail est liée à l’idée de peine, d’action douloureuse
mais nécessaire comme on peut le percevoir dans l’expression « être en
travail » concernant le stade de l’accouchement où les contractions agissent
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le désir d’atteindre ce qui nous manque. Le premier à s’être défini comme
philosophe étant Pythagore pour souligner humblement qu’il était ignorant
dans bien des domaines. Les candidats ayant des notions de latin ou de grec
pourront faire un bon usage de leurs enseignements reçus au collège et au
lycée. Quant aux autres, ils ont intérêt à préparer l’épreuve en utilisant un
dictionnaire d’étymologie par exemple ou en réalisant des fiches à partir des
notions clefs liées aux thèmes du programme de l’épreuve. Il est également
possible d’approcher la définition d’une notion en établissant un réseau des
notions opposées ou au contraire proches (par exemple pour la philosophie
on partira de la science, de la littérature ; pour définir le travail on pourra
partir des notions d’emploi, de loisir, de jeu…).