Entretien Demande Asile

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Entretien demande asile.

Exemple de questionnaire commenté


1 – Qui êtes-vous ? Indiquer vos nom, prénom, date, lieu de naissance,
nationalité et, le cas échéant, votre appartenance à une ethnie ou un
autre groupe social.

C’est le préalable à tout entretien. Le demandeur doit d’abord s’identifier.


De ces seules informations découleront souvent déjà la compréhension des
motifs de la demande.

2 - Décrivez votre vie dans votre pays : famille, études, service


militaire, activité professionnelle, activité politique, convictions
religieuses, le cas échéant autres centres d’intérêt, etc.

Ces informations permettront de situer le demandeur dans son


environnement d’origine et constitueront une première indication sur son
parcours. Certains éléments de son parcours pourront ainsi déjà expliquer
la situation qu’il invoque à l’appui de sa demande d’asile.

3 - Indiquez pour quel(s) motif(s) vous demandez l’asile ?

La réponse à cette question donnera une indication sur la nature des


craintes de persécutions ou de menaces graves et donc d’avoir une
première idée sur le type de protection que le demandeur est susceptible
de se voir octroyer, à savoir le statut conventionnel ou constitutionnel ou, à
défaut, la protection subsidiaire. Voir les Formes de la protection. La
réponse doit être simple.
Exemples : « parce-que je crains d’être persécuté(e) dans mon pays car
j’appartiens à l’ethnie X », «parce-que je crains d’être persécuté(e) car je
milite dans le parti Y », « parce-que je crains pour ma vie et pour ma liberté
car j’ai déserté », « parce-que je crains d’être persécuté(s) car je suis
homosexuel(le) » etc.
Pour mémoire, sa demande doit répondre :
- soit à la définition de réfugié de la Convention de Genève, si les
persécutions sont liées à la nationalité, la race, la religion, l’appartenance à
un groupe social ou aux opinions politiques du demandeur et, par extension,
un motif de conscience.
- soit à la définition de l’asile constitutionnel, s’il a été persécuté pour son
action en faveur de a liberté,
- soit aux conditions d’octroi de la protection subsidiaire si, en cas de retour,
il risque d’être exposé à la peine de mort, à la torture ou à des traitements
inhumains ou dégradants ou, si c’est un civil, à une menace grave, directe
et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison d’une violence
généralisée résultant d’un conflit armé interne ou international.

4 – Précisez les motifs pour lesquelles vous avez subi ou craignez de


subir des persécutions ou des menaces graves ?
Les motifs de persécutions ou de menaces graves peuvent être liés à des
activités politiques, syndicales ou religieuses par exemple. Ils peuvent être
également liés, non pas à des activités proprement dites, mais à une
situation de fait ou autres circonstances : nationalité, appartenance à une
ethnie ou à un clan, une orientation sexuelle, un état d’insoumission, etc.
Il s’agira de décrire en détail ces activités, les situations de fait et autres
circonstances qui expliquent pourquoi le demandeur a subi des
persécutions, ou craint d’en subir, ou des menaces graves. Il datera tout
évènement lié à ces activités, situations ou autres circonstances.
L’accompagnant sera nécessairement conduit à poser un certain nombre
de questions complémentaires en fonction des explications données par le
demandeur.

5 – Avez-vous subi ou craignez vous de subir des persécutions ou


des menaces graves ? Décrivez en détail et datez les circonstances de
ces persécutions ou ces menaces graves. Quels en étaient les
auteurs ? Donner le maximum de détail.
C’est l’une des questions à laquelle l’accompagnant devra apporter le plus
d’attention car c’est le cœur du récit. C’est aussi le moment où le
demandeur devra livrer des choses parfois douloureuses. C’est en fonction
des réponses à ces questions que l’officier de protection appréciera si les
persécutions ou les craintes de persécutions ou de menaces graves sont
bien personnelles, actuelles et suffisamment graves pour justifier la
protection.
Pour pouvoir prétendre à la protection conventionnelle (statut de réfugié), le
demandeur doit lui-même avoir été persécuté ou craindre de l’être. Pour
pouvoir prétendre à la protection subsidiaire, le demandeur doit lui-même
être exposé à des menaces graves de torture, de traitements inhumains ou
dégradants ou une menace grave contre sa vie ou sa personne du fait
d’une situation de conflit armé.
L’expression de ces persécutions, de ces craintes de persécution ou de
menaces graves doit donc être précise, détaillée, circonstanciée et se
rapporter directement et personnellement au demandeur.

6 – Avez-vous tenté d’obtenir une protection ? Auprès de qui ? Des


autorités locales, des ONG ? Si oui, comment ? Sinon pourquoi ?
Le demandeur ne peut prétendre à une protection que s’il ne pouvait pas
l’obtenir auprès de son Etat ou d’organisations régionales ou
internationales. Si cette possibilité de protection existait et qu’il ne l’a pas
demandée, sa demande n’est pas justifiée. Toutefois, le plus souvent, il
n’aura pas pu demander la protection des autorités de son pays parce
qu’elles sont elles-mêmes les agents de persécution, parce qu’elles sont
liées aux agents de persécution (par ex. milices pro-gouvernementales) ou
parce qu’elles n’étaient pas en mesure de lui apporter cette protection (par
ex. zone occupée par des rebelles), etc.

7 - Vous êtes-vous installé(e) ou avez-vous tenté de vous installer


dans une autre partie de votre pays afin d’éviter de nouvelles
persécutions ? Sinon pourquoi ?
C’est la question de l’asile interne. La protection n’est pas justifiée si le
demandeur pouvait trouver refuge dans une autre partie du territoire de son
pays, étant entendu qu’il est tenu compte des conditions générales
d’existence dans cette partie du territoire (les habitants y sont-ils en
sécurité ?), de la situation personnelle du demandeur (p. ex : célibataire ou
chargé(e) de famille) et de l’auteur de la persécution (contrôle-t-il ou non
tout le territoire ou la majorité de celui-ci).
Si l’agent de persécution est l’Etat, il était, par définition, impossible pour le
demandeur de trouver protection dans une autre partie de cet Etat. En
revanche, lorsque des groupes rebelles, auteurs des persécutions,
n’occupent qu’une partie de l’Etat du demandeur, peut-être pouvait-il se
réfugier dans une autre partie de cet Etat en toute sécurité.

8 –Des proches ont-ils été confrontés aux mêmes évènements que


vous ? Si oui, précisez.
La réponse à cette question ne pourra que donner une idée de la gravité
des persécutions ou des menaces de persécutions qui pèsent sur le
demandeur. Si c’est le cas, il indiquera quelles ont été les circonstances
dans lesquelles ses proches ont subi des persécutions ou des craintes de
persécutions et quel a été leur sort. Où ont-elles trouvé refuge ? Dans le
pays même ou à l’étranger ?
9 – Décrivez les derniers événements qui ont provoqué votre départ ?
Il s’agit là d’expliquer pourquoi le demandeur a finalement décidé de quitter
son pays et quel a été l’élément déclencheur de sa fuite.

10 - Comment avez-vous quitté votre pays ? Décrivez votre itinéraire


jusqu’en France.
Il s’agit de déterminer les conditions de la fuite du pays d’origine : par quels
moyens, avec qui, quels pays a-t-il traversés, comment a-t-il trouvé le
passeur, combien l’a-t-il payé, avec quel argent l‘a-t-il payé, quels pays a-t-
il traversés, dans quelles conditions, etc.
La réponse à la question de savoir quels pays ont été traversés peut être
déterminante au regard de la suite de la procédure. En effet, si le
demandeur a pénétré sur le territoire d’un autre Etat de l’espace Dublin
avant de rejoindre la France, l’Opfra suspendra l’instruction et se dessaisira
au profit de la préfecture compétente qui elle-même enclenchera la
procédure Dublin. Dans ce cas, aucune APS ne lui sera délivrée et la
procédure sera interrompue.

11 – Quelles sont vos craintes en cas de retour dans votre pays ?


Souvent négligée, cette question est pourtant fondamentale et structurante.
Elle sert à déterminer si les craintes sont toujours actuelles. Si elles ne sont
plus actuelles, le demandeur ne peut prétendre à la protection. L'Ofpra
comme la Cnda évaluent les risques de persécutions au moment où ils
prennent leur décision et non au moment où le demandeur a fui.
La réponse à cette question sera parfois évidente et découlera des
réponses aux questions précédentes : cas où le demandeur a été
persécuté par un gouvernement toujours en place au moment où il dépose
sa demande d’asile. En revanche, si son gouvernement a, depuis son
départ, été renversé, il devra expliquer en quoi il conserve malgré tout des
craintes en cas de retour dans son pays.
Dans la plupart des cas, il ne pourra se contenter d’affirmer par une formule
générale qu’il craint pour sa vie, sa personne ou sa liberté. Il devra préciser
quelles sont ses craintes, le contexte et les circonstances dans lesquelles
elles pourraient se réaliser.
Tout aussi important que l’actualité des craintes elle-même, le demandeur
devra aussi convaincre par sa réponse de la gravité des atteintes qu’il
risque de subir en cas de retour dans son pays. Il faut qu’il ait des craintes
actuelles d’atteintes suffisamment graves pour justifier sa demande de
protection.
Les compléments au récit

En droit, la preuve incombe au demandeur.

Si l’appréciation du bien fondé d’une demande d’asile repose beaucoup sur


l’intime conviction des autorités de l’asile qui se forgera à travers le récit,
les éléments de preuve que le demandeur peut apporter à l’appui de son
récit peuvent s’avérer déterminants s’ils en renforcent la crédibilité.

Il pourra s’agir de témoignages de personnes ayant subi des persécutions


similaires ou qui ont été témoins des persécutions de l’intéressé, de
certificats médicaux (un certificat médical attestant de blessures par
exemple ne permet pas le plus souvent d'établir le lien entre les
constatations relevées et l'origine invoquées des blessures),
d’hospitalisation, de l’acte de décès d’un proche, de la carte d’un parti ou
d’une coupure de presse et, plus généralement, de tout élément qui pourra
venir étayer les éléments du récit du demandeur même si souvent l'Ofpra
s'avère souvent sévère dans l'appréciation de leur valeur probante. Ces
éléments de preuve devront être traduits, dé préférence par un traducteur
assermenté.

La plupart du temps, le demandeur ne détient pas ces éléments de preuve


lors de son entretien avec l’accompagnant. Il a quitté son pays sans aucun
document. Il lui faudra donc souvent les obtenir auprès de proches restés
au pays. Ils pourront être adressés ultérieurement l’Opfra ou à la Cnda à
titre de compléments d’information.

Qu’il s’agisse de compléter le récit par des éléments nouveaux intervenus


après qu’il ait été rédigé, de préciser certains aspects importants du récit,
de la traduction d’une pièce, etc., il est toujours possible d’apporter tout
complément au récit jusqu’à l’entretien avec l’Officier de protection et 3
jours avant l’audience de la Cnda.

Exemple de questionnaire de l’entretien en 20 langues ici :

http://www.espoirdasile.org/artc/Questionnaire_en_20_langues/147/fr/articl
e/

Vous aimerez peut-être aussi