Entraînement Cognitif Multimodale Personnes Âgée

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 27

L'année psychologique

Effets généraux et différentiels d'un programme d'entraînement


cognitif multimodal chez la personne âgée
C. Auffray, Jacques Juhel

Citer ce document / Cite this document :

Auffray C., Juhel Jacques. Effets généraux et différentiels d'un programme d'entraînement cognitif multimodal chez la
personne âgée. In: L'année psychologique. 2001 vol. 101, n°1. pp. 65-89;

doi : https://doi.org/10.3406/psy.2001.29716

https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2001_num_101_1_29716

Fichier pdf généré le 19/04/2018


Résumé
Résumé
On évalue dans cette étude les effets de la participation à des séances d'entraînement cognitif sur la
performance de personnes âgées de 80 ans en moyenne dont le niveau cognitif est initialement
mesuré au moyen de 8 épreuves (contrôle attentionnel, efficience mnésique, capacité de
raisonnement). Les 64 sujets du groupe expérimental participent ensuite à six séances d'entraînement
cognitif multimodal (attention, mémoire, raisonnement) alors que les 18 sujets du groupe contrôle
participent à six séances de discussion. La performance des sujets aux 8 épreuves cognitives est à
nouveau mesurée immédiatement, 6 mois et 9 mois après la phase d'entraînement. Les résultats
montrent tout d'abord un effet bénéfique de l'entraînement sur la performance cognitive aux épreuves
de mémoire des sujets âgés tant lors du post-test immédiat que 9 mois après le programme.
L'existence d'un tel effet durable dans le temps semble confirmer l'hypothèse de plasticité des
performances cognitives chez des personnes âgées saines. L'analyse différentielle de ces résultats
montre toutefois que les sujets qui bénéficient le plus de l'entraînement sont ceux dont le niveau
cognitif initial est le plus élevé. Ce résultat qui contredit certains travaux (Schaie et Willis, 1986 ; Willis
et Nesselroade, 1990) relativise la notion de plasticité cognitive, celle-ci semblant être d'autant plus
pertinente que les participants sont moins âgés et plus éduqués. Il souligne également la nécessité
d'adapter le contenu du programme (exercices moins abstraits) au niveau cognitif des participants
auxquels il s'adresse.
Mots-clés : vieillissement, plasticité cognitive, entraînement cognitif, variabilité interindividuelle.

Abstract
Summary : General and differential effects of a multimodal cognitive training program for the elderly.
This study concerns the evaluation of the efficiency of a cognitive training program on 80-year-old
subjects' performance measures on 8 cognitive tasks (attentional control, memory, reasoning). The
experimental group (N = 64) attended 6 multimodal cognitive training sessions (attention, memory,
reasoning) whereas the control group (N = 18) took part in 6 discussion sessions. Elderly people's
cognitive performances before and just after the program, as well as 6 and 9 months later were
compared. The principal results show a significant gain in cognitive performance on memory tasks
even several months after the training program. The individual differences analysis shows that our
training program was primarily effective for subjects characterised by high levels of performance on
preliminary cognitive tests. Two conclusions are advanced ; cognitive plasticity may not be possible for
very aged people with low cognitive levels and limited educational background. Cognitive programs
should be adapted with regard to less abstract exercises based on participants' cognitive levels.
Key words : ageing, cognitive plasticity, cognitive training, interindividual variability.
L'Année psychologique, 2001, 101, 65-89

Groupe de recherche en psychologie différentielle


Laboratoire de psychologie expérimentale, CRPCC
Université de Rennes 2l.

EFFETS GENERAUX ET DIFFERENTIELS


D'UN PROGRAMME D'ENTRAÎNEMENT
COGNITIF MULTIMODAL
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE
par Caroline AUFFRAY2
et Jacques JUHEL

SUMMARY : General and differential effects of a multimodal cognitive


training program for the eldenly.

This study concerns the evaluation of the efficiency of a cognitive training


program on 80-year-old subjects'performance measures on 8 cognitive tasks
(attentional control, memory, reasoning) . The experimental group (N = 64)
attended 6 multimodal cognitive training sessions (attention, memory,
reasoning) whereas the control group (N = 18) took part in 6 discussion sessions.
Elderly people's cognitive performances before and just after the program, as
well as 6 and 9 months later were compared. The principal results show a
significant gain in cognitive performance on memory tasks even several months after
the training program. The individual differences analysis shows that our
training program was primarily effective for subjects characterised by high levels of
performance on preliminary cognitive tests. Two conclusions are advanced ;
cognitive plasticity may not be possible for very aged people with low cognitive
levels and limited educational background. Cognitive programs should be
adapted with regard to less abstract exercises based on participants' cognitive levels.

Key words : ageing, cognitive plasticity, cognitive training, interindi-


vidual variability.

1. 6, avenue Gaston-Berger, F 35043 Rennes Cedex.


2. E-mail : caroline.auffray@univ-angers.fr.
66 Caroline Auffray et Jacques Juhel

INTRODUCTION

Loin de se traduire par un état globalement déficitaire, le


vieillissement intellectuel chez l'adulte sain, vieillissement à la
fois multifactoriel (domaine verbal, spatial, etc.) et multidirec-
tionnel (évolution, stabilité, involution ; Baltes, 1987), semble
plutôt réfléchir l'atteinte différentielle de processus dynamiques
interdépendants. Comme l'ont clairement mis en évidence les
premières études psychométriques réalisées chez la personne
âgée, le vieillissement intellectuel est d'abord un phénomène
multidimensionnel. Schaie (1990), sur un échantillon de près de
2 000 personnes, dégage ainsi l'existence de 2 patterns de
performance : l'Orientation spatiale, la Fluence verbale ou le
Raisonnement inductif déclinent assez précocement (vers 45 ans en
moyenne) au contraire d'aptitudes comme la Compréhension
verbale ou l'Aptitude numérique. Ska, Poissant et Joanette
(1997), à propos d'études utilisant les sous-tests de la WAIS,
concluent que « de façon globale, les personnes âgées réussissent
mieux les sous-tests de l'échelle verbale et moins bien les sous-
tests de l'échelle de performance ». Les études expérimentales
récemment répertoriées par Van der Linden et Hupet (1994)
montrent aussi que les changements cognitifs liés à l'âge ne sont
pas les mêmes selon les fonctions concernées. On sait par
exemple que la mémoire épisodique ou certaines fonctions
executives associées aux lobes frontaux sont affectées par l'âge alors
que des fonctions comme la mémoire sémantique, qui
permettent l'utilisation de mécanismes de compensation, semblent
l'être beaucoup moins. Néanmoins, si ces résultats offrent une
vue d'ensemble de l'involution liée à l'âge des performances
intellectuelles après 50 ans, ils proviennent pour l'essentiel
d'études comparatives jeunes-âgés qui, comme le font
remarquer Albert, Duffy et Naeser (1987), tendent à majorer le déclin
(1 écart type après 60 ans, accroissement après 70 ans) par
rapport à celui observé dans les études longitudinales (déclin
débutant à la fin de la soixantaine seulement).
L'extrême variabilité interindividuelle des modifications
cognitives liées à l'âge (Faure et Blanc-Garin, 1995) fait aussi du
vieillissement un processus multidirectionnel. La performance à
une même épreuve « sensible » au vieillissement peut ainsi dimi-
Entraînement cognitif chez la personne âgée 67

nuer chez certains, rester stable chez d'autres. Une méta-analyse


récente (Christensen, Mackinnon, Jorm, Henderson, Scott et
Körten, 1994) montre d'ailleurs très bien l'augmentation
significative des coefficients de variation dans les études comparatives
âgés vs. jeunes (épreuves de temps de réaction, de mémoire et
d'intelligence fluide). On peut même se demander si les
contradictions parfois relevées dans la littérature portant sur les
modifications cognitives liées à l'âge (voir, par ex., les points de vue
contrastés de Salthouse, 1992, et Delbecq-Derouesné et Beau-
vois, 1989, à propos des effets de l'âge sur la performance à des
tâches d'empan et de mémoire à court terme) ne trouvent pas là
un début d'explication. Si le rôle de facteurs tenant au matériel
ou à la tâche est incontestable (Van der Linden et Hupet, 1994),
celui de certaines caractéristiques individuelles clairement
identifiées comme facteurs de protection des effets de l'âge sur le
fonctionnement cognitif (e.g., le niveau d'éducation, l'état de
santé, le niveau d'occupation après la retraite, le statut
marital, etc.) ne peut non plus être négligé (Craik, Byrd et Swanson,
1987 ; Ska, Poissant et Joanette, 1997).
L'étude de Valdois et Joanette (1991) est un des rares
exemples de recherche s'efforçant de prendre en compte la variabilité
interindividuelle des performances cognitives chez les personnes
âgées. Ces auteurs appliquent une analyse de classification
automatique aux données recueillies sur un échantillon de 81 sujets
âgés de 55 à 84 ans à divers tests neuropsychologiques (épreuves
mnésiques, verbales, visuelles). Les résultats montrent en
particulier qu'il est possible de distinguer plusieurs sous-groupes de
sujets sur la base de critères quantitatifs (le niveau d'efficience)
et fonctionnels (distinction visuel vs verbal). Des facteurs
personnels et environnementaux, autres que l'âge chronologique,
doivent donc être pris en considération dans les études sur le
vieillissement cognitif.
Baltes et ses collaborateurs (Baltes, 1987 ; Baltes, Staudinger
et Lindenberger, 1999) font ainsi l'hypothèse que la variabilité
inter- et intra-individuelle des conduites cognitives de la personne
âgée reflète l'existence de variations individuelles au plan
génétique, au plan des changements biologiques liés à l'âge et à la
santé, et de variations dans les opportunités environnementales
disponibles et dans l'utilisation qu'en fait l'individu. Selon Baltes
(1987), le développement intellectuel chez la personne âgée se
traduirait à la fois par des gains et des pertes de capacité adaptative,
68 Caroline Auffray et Jacques Juhel

l'activation de processus de compensation et d'optimisation


sélective autorisant néanmoins une certaine plasticité des
fonctions cognitives. D'autres auteurs (Fontaine et Pennequin, 1997 ;
Marquié, 1997) font également référence au rôle de l'expérience
des sujets dans la préservation de certaines de ces fonctions.
C'est sur cette idée de plasticité cognitive que reposent les
nombreux programmes d'intervention éducative conduits chez la
personne âgée saine. Un premier courant de recherches est centré
sur l'entraînement de la mémoire (pour revue, Stigsdotter, 1994).
Les recherches entreprises ont permis de montrer que la
participation de personnes âgées à un programme de remédiation
unimodal (apprentissage de stratégies d'encodage comme la
méthode des lieux) pouvait conduire à l'amélioration des
performances mnésiques des sujets à des épreuves de rappel de paires de
mots (Verhaegen et Marcoen, 1993) ou de rappel de textes (Hill,
Allen et McWorther, 1991). Des programmes multimodaux
(apprentissage de stratégies d'encodage, contrôle attentionnel,
relaxation) ont aussi été développés pour tenter de maintenir et
de généraliser les effets des programmes de remédiation unimo-
daux. Selon Stigsdotter et Bäckman (1989), qui ont comparé les
effets à court terme des deux types de programme, l'amélioration
des performances serait plus sensible chez des sujets ayant suivi
un programme multimodal que chez des sujets ayant participé à
un programme unimodal. Les performances des deux groupes se
rejoindraient toutefois à long terme (3 ans) et les acquisitions
faites ne seraient pas plus transférables dans un cas que dans l'autre
(Stigsdotter et Bäckman, 1993).
Une seconde perspective de recherche traite des effets de la
remédiation cognitive sur l'amélioration du fonctionnement
intellectuel mesuré par des épreuves dites d'intelligence fluide
(Horn et Cattell, 1966). Blieszner, Willis et Baltes (1981)
évaluent l'efficacité d'un programme de remédiation dans lequel on
entraîne les individus à la résolution d'items comme ceux, par
exemple, des Relations de figures ou des matrices de Raven. Les
résultats obtenus sur un échantillon de 69 personnes âgées de 61
à 84 ans permettent aux auteurs de conclure à un transfert
d'apprentissage aux tâches proches de celles stimulées (voir
également Hofland, Willis et Baltes, 1981 ; Willis, Blieszner et
Baltes, 1981). Dans une étude similaire réalisée sur un échantillon
de 37 personnes âgées de 63 à 80 ans, Willis et Nesselroade
(1990) notent à nouveau un gain de performance moyen supé-
Entraînement cognitif chez la personne âgée 69

rieur à celui observé dans un groupe témoin. Selon les auteurs, ce


résultat serait encore observé cinq ans après la fin du
programme. Néanmoins, les effets obtenus à la suite de tels
programmes de remédiation sont souvent d'amplitude modeste et
d'autant plus faibles qu'ils sont appréciés à l'aide d'épreuves
différentes de celles utilisées dans le programme. Ces résultats
sont tout à fait comparables à ceux observés chez l'enfant ou le
jeune adulte (Loarer, Chartier, Huteau et Lautrey, 1995).
L'existence d'une forte variabilité interindividuelle,
systématiquement signalée aussi bien au prétest qu'aux différents
posttests, amène en outre à se demander si les effets d'un même
programme de remédiation ne sont pas susceptibles de varier, tant
en direction qu'en amplitude, chez des individus différents.
Cette recherche a donc deux objectifs principaux. On veut en
premier lieu éprouver l'hypothèse d'un effet de l'entraînement
cognitif multimodal sur la performance de personnes âgées dans
les domaines directement entraînés par le programme
(attention, mémoire et raisonnement). On s'attend cependant à un
faible transfert des acquisitions à des situations distantes de
celles entraînées par le programme, par exemple les compétences
liées à la vie quotidienne des sujets (Willis, 1987). Notre second
objectif s'inscrit dans une perspective différentielle qui pose
comme principe fondamental qu'il n'y a pas a priori de raison de
penser que l'effet d'un même entraînement est le même pour
tous les individus. Contrairement à Willis et ses collègues, pour
qui les sujets relativement peu performants au pré-test sont
ceux qui bénéficient le plus des entraînements proposés (Schaie
et Willis, 1986 ; Willis et Nesselroade, 1990) mais en accord avec
les résultats issus des études d'évaluation des effets de
l'apprentissage, nous faisons plus précisément l'hypothèse que les sujets
dont le niveau cognitif initial est élevé tendent à bénéficier plus
que les autres de l'entraînement cognitif.

METHODE

PARTICIPANTS

L'échantillon expérimental est initialement composé de 116 personnes


âgées de 65 à 96 ans (âge moyen = 79,89 ; écart type = 8,90 ; 71 % sont des
femmes) non suspectées de démence (échelle de Matis). Trente-quatre parti-
70 Caroline Auffray et Jacques Juhel

cipants ayant abandonné à la fin du programme d'entraînement en raison


de la lourdeur du protocole, seules 82 personnes ont participé à l'étude dans
son intégralité. On notera que le niveau de performance cognitive des
personnes ayant abandonné est signifïcativement inférieur à celui des
participants constituant l'échantillon final (p < .05). Les caractéristiques
principales de l'échantillon sont résumées dans le tableau I. Vingt-huit pour cent
des participants vivent à domicile, tous membres de l'Université du temps
libre (UTL) de Rennes, 40 % en foyer logement et 32 % en maison de
retraite. Par ailleurs, 30 % des participants sont célibataires, 21 % sont
mariés, 46 % sont veufs et 3 % sont divorcés.

Tableau I. — Description
par groupe d'âge de l'échantillon des 82 sujets
ayant participé à l'étude dans son intégralité.
Les valeurs moyennes sont en caractères normaux
et les écarts types entre parenthèses
Descriptive statistics by age groups for the 82 people
who completed the research. Means and standard
deviations (in parentheses) are presented

65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90-96 Total


N 13 15 13 16 11 14 82
Age 66.38 72.6 77.08 82.81 86.64 92.86 79.66
(1.5) (1.4) (1.32) (1.11) (1.5) (2.07) (8.91)
Niveau 13.21 9.95 9.56 8.68 8.79 7.50 9.84
d'éducation (3.06) (3.72) (3.99) (2.92) (2.73) (1.89) (3.70)
État de santé 3.68 3.60 3.69 3.16 3.08 3.06 3.32
(0.75) (0.68) (0.95) (0.69) (1.06) (0.87) (0.89)
Note : Âge (années) ; Niveau d'éducation (nombre d'années d'étude depuis
le cours préparatoire) ; Etat de santé (estimation faite par le sujet sur une
échelle en 5 points ; de 1 = très mauvaise santé physique à 5 = très bonne santé
physique).

PLAN D'EXPÉRIENCE, PROCÉDURE ET MESURES

La recherche est construite selon un plan expérimental longitudinal de


type pré-test — administration du programme de remédiation — post-tests.
Le programme de remédiation est administré à 64 participants affectés
aléatoirement au groupe expérimental. Les 18 autres constituent le groupe
témoin. Le premier post-test a lieu immédiatement après l'administration
du programme (post-test 1). Les deux autres post-tests ont lieu 6 mois
(post-test 2) et 9 mois plus tard (post-test 3).

a) Le programme de remédiation
Le programme de remédiation auquel participent les sujets de l'étude
est de type multimodal. Sa construction est largement inspirée des travaux
Entraînement cognitif chez la personne âgée 71

d'Israël (1988, 1996) et de de Rotrou (1992, 1993, 1996, 1997) pour


l'entraînement de l'attention et de la mémoire, de ceux de Baltes et Schaie
(Baltes, Kliegl et Dittmann-Kohli, 1988 ; Baltes, Sowarka et Kliegl, 1989 ;
Schaie et Willis, 1986 ; Schaie, Willis, Hertzog et Schulenberg, 1987) pour
l'entraînement du raisonnement analogique. Ces ateliers se déroulent en
petits groupes de huit personnes maximum et ont lieu au sein même des
établissements (UTL, foyer-logement ou maison de retraite) au rythme
d'une séance d'une heure et trente minutes tous les quinze jours. Chacune
des six séances est centrée autour de trois axes : l'attention-concentration
(exercices d'attention volontaire et sélective de type « tableau de maître »
ou « texte à trous »), les aspects mnésiques atteints par l'âge (stratégies de
structuration, comme par exemple l'organisation sémantique, stratégies
d'association comme le face-name et stratégies d'élaboration langagière) et
les activités de planification et de raisonnement (exercices avec feed-back
et explication des règles). A la fin de chaque séance, l'expérimentateur
demande aux participants d'imaginer l'application à leur vie quotidienne
des différentes stratégies apprises.
Les participants inclus dans le groupe contrôle suivent pour leur part
6 séances de discussion d'une heure et trente minutes tous les quinze jours.
Ces discussions portent sur les effets négatifs et positifs du vieillissement.

b) Pré- et post- tests


Le pré-test est précédé d'un entretien individuel servant à présenter les
objectifs de l'étude, informer les sujets sur la procédure utilisée, recueillir le
consentement éclairé de chaque participant. Les personnes sont ensuite
rencontrées individuellement lors de trois séances d'une heure. Le niveau
d'éducation (nombre d'années d'étude depuis le cours préparatoire) et
l'état de santé physique (autoévaluation sur une échelle en 5 points de 1,
très mauvaise santé physique à 5, très bonne santé physique) des
participants sont évalués lors de la première rencontre. Les épreuves mesurant le
fonctionnement attentionnel (sous-test Code de la WAIS), la mémoire
(rappel immédiat, rappel différé, comptage d'étoiles), le raisonnement sur
matériel figuratif (Matrices de Raven) ou verbal et les compétences
quotidiennes sont administrées lors des deux rencontres suivantes.
Considérée dans la littérature sur le vieillissement comme une épreuve
centrale dans l'étude des relations entre âge et cognition (Salthouse, 1992),
l'épreuve de Code est présentée dans sa version chiffre-symbole, le sujet
ayant deux minutes pour compléter le plus grand nombre possible de cases
en dessinant sous chaque chiffre le symbole correspondant. Le score est le
nombre d'associations correctes.
L'efficience mnésique des participants est d'abord évaluée par la
double épreuve rappel immédiat et différé. On présente au rythme d'un
mot toutes les deux secondes une liste de 20 mots abstraits, chaque mot
étant imprimé sur une feuille. La fréquence, la taille et la valeur d'imagerie
des mots sont contrôlées (Brulex : fréquence entre 10 000 et 20 000 ; moins
de 4 syllabes ; valeur imagée inférieure à 2). Le sujet doit rappeler dans
72 Caroline Auffray et Jacques Juhel

n'importe quel ordre les mots immédiatement après la présentation de la


liste et quinze minutes plus tard. L'efficacité de la mémoire de travail est
par ailleurs mesurée au moyen de l'épreuve de Comptage d'étoiles (Daas-
Smaal, De Jong et Koopmans, 1993). On présente dans cette épreuve deux
séries de six planches sur lesquelles figurent des étoiles et des signes « + » et
« — » (fig. 1). La consigne est de compter de 1 en 1 ou de 2 en 2 vers l'avant
ou l'arrière selon le signe rencontré. Ce calcul s'effectue à partir d'une
valeur initiale (e.g., 23) en parcourant la série d'étoiles de la gauche vers la
droite et du haut vers le bas. Le score est le nombre de planches pour
lesquelles le compte est correct.

24 25 26 27 28 29
+ = +1 23 +* * * * .f. * *
- = -2 30 3132 30 28
*
26 24 22 20 18
* * * _ * *
16 17 18
* -f * *
Réponse : 18

Fig. 1. — Exemple de planche présentée


dans l'épreuve de Comptage d'étoiles
Item from the Star Counting Task

Deux épreuves sont utilisées pour évaluer le niveau de raisonnement.


Le raisonnement inductif est mesuré au moyen d'items des Matrices de
Raven (8 items, 2 par niveau de difficulté, ont été ici retenus). Trois tâches
constituent le seconde épreuve dite de Raisonnement verbal. La première
est une épreuve classique de raisonnement analogique (e.g., A : C : : F : ?)
comportant 10 items (2 items d'entraînement). Une seconde tâche
construite sur un principe semblable est constituée de 4 items utilisant les mois
de l'année (e.g., février : mars : : juin : ?). Le sujet doit compléter quatre
séries de chiffres (e.g., 3, 7, 11, ?) dans la troisième épreuve.
L'évaluation des Compétences de la vie quotidienne s'inspire des
travaux de Willis (1987, 1991, 1996 a, 6). Quatre tâches concrètes composent
la batterie (se repérer sur un plan de bus, utiliser un annuaire téléphonique,
comprendre un mode d'emploi de magnétoscope, comprendre une notice de
médicament). Le score à chaque tâche varie entre 0 (échec) et 2 (réussite
totale), la note de 1 étant attribuée lorsque la solution est partiellement
correcte.
Les trois post-tests ont lieu immédiatement, 6 mois et 9 mois après la
phase d'entraînement cognitif. Les mesures effectuées sont exactement les
mêmes qu'au pré-test (matériel identique).
Entraînement cognitif chez la personne âgée 73

ANALYSE DES RESULTATS

Les statistiques descriptives des mesures effectuées lors du


pré-test apparaissent dans le tableau IL Les épreuves
Compétences de la vie quotidienne et Raisonnement verbal étant
composées de plusieurs tâches, la dimensionnalité de celles-ci a été
vérifiée à chaque occasion de mesure à l'aide d'une analyse en
axes principaux (estimation des scores factoriels par régression).
Les résultats de ces analyses montrent que l'épreuve
Raisonnement verbal peut être considérée comme unidimension-
nelle mais que deux dimensions orthogonales sont nécessaires
pour rendre compte de manière satisfaisante de la variance
observée à l'épreuve Compétences de la vie quotidienne. La
première d'entre elles est interprétée comme « concrète » (elle
explique 68,3 % de la variance commune et sature
principalement les tâches de lecture de plan et de recherche d'information
dans l'annuaire) alors que la seconde est plutôt « abstraite » (elle
explique 11,2 % de la variance commune et sature uniquement
le problème de compréhension d'une notice de médicament).

Tableau IL — Statistiques descriptives


des variables cognitives mesurées au pré-test (N = 82)
Descriptives statistics for cognitive variables
at the pre-test (N = 82)

Code 41.4 25.24


Rappel immédiat 5.7 20 2.57
Rappel différé 3 20 2.57
Comptage d'étoiles 2.78 12 1.69
Matrices de Raven 3.2 8 2.02
Raisonnement verbal 8.87 16 3.67
Vie quotidienne concret 2.14 6 2.51
Vie quotidienne abstrait 1.80 4 1.86

RELATION ENTRE AGE


ET NIVEAU DE PERFORMANCE COGNITIVE

Nous retrouvons comme attendu la relation négative


habituellement observée entre âge chronologique et niveau de
performance cognitive (ici mesuré au pré-test). Cette baisse de per-
74 Caroline Auffray et Jacques Juhel

formance liée à l'âge n'est cependant pas indépendante du


niveau d'éducation et de l'état de santé physique des
participants de l'étude comme le montrent les estimations, obtenues au
moyen d'une série d'analyses de régression hiérarchique, de la
contribution des variables niveau d'éducation et état de santé à
la variance liée à l'âge des diverses épreuves cognitives utilisées
(tableau III).
L'examen de ces estimations, d'autant plus fortes que les
épreuves sont complexes, montre ainsi que le contrôle
statistique des variables niveau d'éducation et état de santé entraîne
une réduction moyenne de l'ordre, respectivement, de 43 %
et 25 % de la variance liée à l'âge des variables cognitives. Les

Tableau III. — Variance associée


à l'âge des variables cognitives,
avant et après contrôle du niveau d'éducation (Niv éduc)
et de la perception de l'état de santé physique
(État de santé) . La réduction du pourcentage de variance
expliquée (R2) correspond
à la contribution de la variable contrôlée à la variance liée
à l'âge de chaque mesure cognitive (N — 82)
Proportion of variance related to age for cognitive
variables, before or after Education Level or Health
were partialled. The percent of reduction of explained
variance is the contribution of partialled variables
to age-related variance
for each cognitive measure (N = 82).

Variance liée à l'âge


Avant Contrôle de niv éduc. Contrôle de l 'état de santé
contrôle
R2 réduction de R2 (%) réduction de R2 (%)
Code .377 48.28 14.59
Rappel immédiat .306 35.95 22.87
Rappel différé .311 44.70 17.68
Comptage d'étoiles .139 49.64 28.78
Matrices de Raven .231 56.71 29.87
Raisonnement verbal .186 35.48 36.56
Vie quotidienne, concret .319 30.72 30.40
Vie quotidienne, abstrait .307 45.61 20.19
Note : Toutes les valeurs de R2 sont significatives à .001 .

Note : Toutes les valeurs de R2 sont significatives à .001.


Entraînement cognitif chez la personne âgée 75

résultats obtenus sur cet échantillon de personnes âgées mettent


donc une nouvelle fois en lumière l'importance de ces
caractéristiques individuelles dans la relation entre âge et cognition.

EVALUATION DES EFFETS


DE L'ENTRAÎNEMENT COGNITIF :
COMPARAISON GROUPE EXPÉRIMENTAL
VERSUS GROUPE CONTRÔLE

Le groupe expérimental est constitué pseudo-aléatoirement


par appariement au groupe contrôle en fonction de l'âge, du
niveau d'éducation, de l'état de santé et du niveau cognitif initial
des participants. Il est composé de 48 sujets comparables du
point de vue de l'âge (moyenne de 82 ans), du niveau d'éducation
(moyenne de neuf années d'études) et de l'état de santé (3 en
moyenne) aux 18 sujets du groupe contrôle. On vérifie que les
performances cognitives des sujets du groupe expérimental ne
sont pas significativement différentes de celles des sujets du
groupe contrôle (Wilks multivarié de 0,96, p = .95). L'effet du
programme d'entraînement sur la performance aux épreuves
cognitives est testé au moyen d'une analyse multivariée de la
variance à mesures répétées (8 variables dépendantes, 1 facteur
intra-sujets « pratique » à 4 modalités (pré-test, post-test
immédiat, post-test 6 mois et post-test 9 mois), 1 facteur inter-sujets
« programme d'entraînement versus groupe de discussion »).
L'analyse révèle l'existence d'un effet multivarié significatif de la
pratique [Wilks multivarié de 0,156, p — .000] et d'un effet
— modéré — d'interaction entre la pratique et la condition
expérimentale [Wilks multivarié de 0,423, p = .009].
Les résultats des analyses univariées de la variance
permettent d'apprécier les effets de la pratique, de la participation au
programme et de leur interaction pour chacune des variables
cognitives de l'étude. On constate ainsi que le niveau de
performance à l'épreuve Code (fig. 2), s'il croît significativement avec la
pratique [F(3,192) = 32,70, p = .000, T|2 = .34 ; contrastes
significatifs à p — .000 entre le pré-test et les 3 post-tests], évolue à
l'identique chez les participants au programme d'entraînement
cognitif et chez les sujets du groupe contrôle [F(3,192) = 2 ;
p — .115]. Bien qu'en partie centré sur les fonctions attention-
nelles, l'entraînement cognitif ne semble donc pas avoir amélioré
76 Caroline Auffray et Jacques Juhel

Performance

70 —

60 — Gr. expérimental
50 -
40 — Gr. contrôle
30 —

Pré-test Post-test 1 Post-test 2 Post-test 3


immédiat 6 mois 9 mois

Fig. 2. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle)
à l'épreuve de Code au pré-test et aux 3 post-tests
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for Code at the pre-test and the 3 post-tests

la résistance à la distraction ou le contrôle attentionnel des


participants au programme.
Des résultats plus positifs sont observés pour les épreuves
Rappel immédiat (fig. 3) et Rappel différé (fig. 4), épreuves
« directement » entraînées dans le programme par divers
exercices de rappel de mots. Pour Rappel immédiat, l'analyse uni-
variée de la variance dégage un effet très important de la pratique
[F(3,192) = 53,16, p = .000, if = .45 ; contrastes significatifs à
p < .005] et un effet significatif de très faible ampleur de
l'entraînement cognitif [F(3,192) = 2,97, p - .033, T|2 = .04].
L'étude des contrastes (non significatifs entre occasions de
mesure consécutives) indique en outre que l'amélioration liée à
l'entraînement cognitif de la performance à Rappel immédiat
s'exprime progressivement au cours du temps. On note le même
type de résultat pour Rappel différé : fort effet de la pratique
[F(3,192) = 20,03, p = .000, îf = .24] et effet modéré de
l'entraînement cognitif [F(3,192) = 5,21, p = .002, if = .07]. Enfin,
la pratique a un effet positif sur la performance à l'épreuve
Comptage d'étoiles [F(3,192) = 11,98, p = .000, if = .16], l'effet
d'interaction avec la condition expérimentale étant de plus
Entraînement cognitif chez la personne âgée 77

Performance

9 —
Gr. expérimental

7 — Gr. contrôle

6 —

5 —

Pré-test Post-test 1 Post-test 2 Post-test 3


immédiat 6 mois 9 mois

Fig. 3. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle)
à l'épreuve de Rappel immédiat au pré-test et aux 3 post-tests
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for Immediate Recall at the pre-test and the 3 post-tests

Performance

6 —

5 —
Gr. expérimental
4 —
3 — Gr. contrôle

2 —

Pré-test Post-test 1 Post-test 2 Post-test 3


immédiat 6 mois 9 mois

Fig. 4. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle)
à l'épreuve de Rappel différé au pré-test et aux 3 post-tests
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for Delayed Recall at the pre-test and the 3 post-tests
78 Caroline Auffray et Jacques Juhel

Performance

6 —

5 —
^. _ Gr. expérimental

ft*»*""''"'"" " * Gr. contrôle


w
2 —

Pré-test Post-test 1 Post-test 2 Post-test 3


immédiat 6 mois 9 mois

Fig. 5. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle)
à l'épreuve de Comptage étoiles au pré-test et aux 3 post-tests
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for Star Counting at the pre-test and the 3 post-tests

relativement important [F(3,192) = 5,40, p = .001, T|2 = .08].


L'examen de la figure 5 montre cependant que l'amélioration
relative de la performance constatée chez les participants au
programme d'entraînement ne se manifeste que six mois
après l'administration de celui-ci (contraste significatif à .007).
Au total, le programme d'entraînement basé notamment sur
l'apprentissage de stratégies d'encodage a donc un effet
positif quoique modeste sur les performances mnésiques des
participants.
Les résultats concernant les épreuves de raisonnement sont
moins satisfaisants que les précédents. En effet, et bien qu'une
très légère amélioration de la performance avec la pratique
soit constatée [F(3,192) = 2,65, p = .05, T|2 = .04], aucun effet
d'interaction n'est observé pour l'épreuve des Matrices de
Raven [fig. 6 : F(3,192) < 1]. De la même manière, la
performance à l'épreuve de Raisonnement verbal, épreuve
directement entraînée dans le programme, s'améliore très sensiblement
avec la pratique [fig. 7 : F(3,192) = 19,35, p = .000, ï|2 = .23].
L'analyse de l'effet d'interaction montre en outre que cette
amélioration est significativement plus marquée dans l'une des deux
Entraînement cognitif chez la personne âgée 79

6 —
5 —
4 — -# Expérimental

3 — Témoin

2 —

Post-test 1 Post-test Post-test


immédiat 6 mois 9 mois
occasions de mesure

Fig. 6. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle) à l'épreuve de Raven
au pré-test et aux 3 post-tests
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for the Raven test at the pre-test and the 3 post-tests

Performance

6 _
5 — Gr. expérimental
4 — Gr. contrôle

3 —

Pré-test Post-test 1 Post-test 2 Post-test 3


immédiat 6 mois 9 mois

Fig. 7. — Performance moyenne des sujets des deux groupes


(entraînement cognitif versus contrôle) à l'épreuve de Raisonnement
au pré-test et aux 3 post-tests.
Mean score for each group (cognitive training versus control)
for Reasoning at the pre-test and the 3 post-tests
80 Caroline Auffray et Jacques Juhel

conditions expérimentales [F(3,192) = 3,75, p = .012, if = .05].


Mais contrairement à notre attente, l'interaction significative
(p < .05) constatée entre la condition expérimentale et la
performance (post-test immédiat versus post-test à six mois) semble
être due à une amélioration sensible de la performance des sujets
du groupe contrôle par rapport à celle du groupe expérimental.
Il paraît donc imprudent de conclure que le programme
d'entraînement a un effet positif sur la performance des participants aux
épreuves de raisonnement.
Une conclusion assez semblable peut enfin être faite à propos
de l'épreuve Compétences de la vie quotidienne dont le niveau
de performance aussi bien dans ce que nous avons appelé le
domaine concret [F(3,192) = 13,65, p = .000, T|2 = .17] que dans
le domaine abstrait [F(3,192) = 8,97, p - .000, X\2 = .13]
s'améliore significativement avec la pratique. La performance aux
items de cette épreuve, très distante du point de vue de son
contenu de celles ciblées par le programme, est néanmoins peu
sensible aux effets de l'entraînement cognitif [domaine concret :
F(3,192) < 1], à l'exception cependant de la performance à la
tâche de compréhension d'une notice de médicament [domaine
abstrait : F(3,192) = 3,90 ; p = .010, if = .06].
En résumé, l'effet le plus massif observé dans cette étude est
celui d'une amélioration de la performance au fur et à mesure
que la tâche se répète. L'effet de l'entraînement cognitif sur la
performance est plus ténu et observable essentiellement pour les
épreuves mesurant à des degrés divers l'efficience mnésique
(Rappel immédiat, Rappel différé et Comptage d'étoiles).

ÉVALUATION DES EFFETS DIFFERENTIELS


DE L'ENTRAÎNEMENT COGNITIF

Les effets généraux qui viennent d'être précédemment mis en


évidence sont-ils les mêmes pour tous les sujets ayant participé
au programme d'entraînement cognitif ? Pour répondre à cette
question, nous avons d'abord cherché à identifier des groupes de
participants relativement homogènes au regard de leurs
performances cognitives, en appliquant l'analyse en groupes à la
matrice des proximités entre les scores mesurés lors du pré-test
des 82 sujets de l'étude (scores standardisés, carré de la distance
euclidienne, méthode de Ward). Contrairement à notre hypo-
Entraînement cognitif chez la personne âgée 81

thèse d'une différenciation des sujets sous forme de profils


qualitativement différents de déclin cognitif, les résultats obtenus
montrent que la meilleure solution est celle qui résume la
variabilité interindividuelle des performances cognitives à une
distinction quantitative entre deux groupes de sujets (Auffray, Juhel,
Gallée et Gravelin, 1999). D'un niveau cognitif initial
uniformément et significativement moins élevé, les 53 sujets du premier
groupe sont plus âgés (83 ans en moyenne), moins instruits
(environ huit à neuf années d'études) et se perçoivent en moins bonne
santé que les 29 sujets de l'autre groupe (74 ans en moyenne,
12 années d'étude). La variabilité interindividuelle des
performances cognitives sera donc décrite dans cette dernière partie en
référence à une dimension générale d'efficience cognitive.
L'hypothèse d'une sensibilité différentielle des sujets aux
effets du programme d'entraînement cognitif est testée chez les

Tableau iv. — Moyenne et écart type (entre parenthèses)


des scores de gain résidualisés calculés au post-test à 6 mois.
La significativité de la différence observée entre la performance des
participants de niveau initial faible (N — 37 ) et celle
des participants de niveau initial élevé (N — 27) et la force
de l'effet (T\2) sont également indiquées
Mean and standard deviation (in parentheses) for residual
gain scores at the 6-months post-test.
Significance levels of differences between performance
of participants with a high initial level (N — 37) and
participants with a low initial level (N = 27)
and effect sizes (T|2) are presented

Variable Niveau d'efficience faible Niveau d'efficience


élevé
"Code -0,17 0,56
(0,89) (1,15)
Rappel immédiat -0,38 0,85
(0,74) (1,04)
Rappel différé -0,22 0,66
(0,93) (0,98)
Comptage d'étoiles -0,09 0,32
(0,89) (1,21)
Matrices de Raven -0,38 0,83
(0,82) (0,88)
Raisonnement verbal -0,03 0,55
(1,05) (0,74)
Vie quotidiennne-Concret 0,04 0,05
(1,29) (0,70)
Vie quotidiennne-Abstrait -0,12 0,07
(1,02) (0,93)
82 Caroline Auffray et Jacques Juhel

64 participants au programme. Les observations considérées sont


celles recueillies lors du post-test à six mois. Les analyses
effectuées portent sur les scores de gain résidualisés, c'est-à-dire sur les
scores « purgés » du gain moyen observé sur l'ensemble du
groupe contrôle entre le pré-test et le post-test (Verhaegen, 1993).
Malgré la taille réduite de l'effectif (N = 18), nous avons
effectué dans un premier temps une série d'analyses univariées de la
variance pour tester l'effet d'interaction entre pratique et niveau
cognitif initial chez les sujets du groupe contrôle. L'amélioration
de la performance avec la pratique s'avérant être indépendante
du niveau initial des sujets du groupe contrôle (niveau
d'efficience faible versus niveau d'efficience élevé ; p > .15 pour
chacune des épreuves), nous avons alors testé l'effet du programme
d'entraînement sur la performance cognitive des sujets du groupe
expérimental au moyen d'une analyse multivariée de la variance
(8 variables dépendantes, 1 facteur inter-sujets à 2 modalités
« niveau d'efficience faible versus efficience élevé »). Le premier
résultat intéressant est celui d'un effet multivarié significatif du
niveau cognitif initial en faveur du groupe ayant un niveau
d'efficience cognitive élevé [Wilks multivarié de .51, p = .000,
N — 64]. Les résultats des analyses univariées de la variance
(tableau IV) indiquent ainsi une amélioration significative de la
performance aux épreuves Code, Rappel immédiat, Rappel
différé, Matrices de Raven et Raisonnement verbal chez les
participants au programme d'entraînement dont le niveau d'efficience
initial est le plus élevé (scores de gain positifs). On remarque
néanmoins une absence d'interaction entre l'entraînement et le
niveau cognitif initial des sujets, aussi bien pour Comptage
d'étoiles (pourtant améliorée par l'entraînement) que pour les
épreuves mesurant les compétences de la Vie quotidienne
(domaines concret et abstrait), alors que les interactions calculées
sur les autres variables sont significatives.
En résumé, le programme d'entraînement cognitif tel qu'il a
été conçu dans cette étude semble globalement plus profiter aux
participants d'un niveau cognitif élevé qu'à ceux d'un niveau
plus faible et âgés de plus de 80 ans en moyenne. L'analyse
différentielle de l'évolution de la performance aux épreuves non
sensibles à l'entraînement cognitif permet aussi d'éclairer sous
un jour différent certains des résultats généraux rapportés plus
haut. En effet, et alors que la comparaison entre les
participants au programme d'entraînement et les sujets du groupe
Entraînement cognitif chez la personne âgée 83

contrôle semble montrer une absence d'effet de l'entraînement


cognitif sur la performance observée en moyenne aux épreuves
de contrôle attentionnel (Code) ou de raisonnement
(Raisonnement verbal et Matrices de Raven), la prise en compte de la
variabilité interindividuelle (ici au regard du niveau cognitif
initial) montre qu'il est possible d'observer chez certains
individus un effet positif de l'entraînement cognitif sur la
performance à certaines épreuves.

DISCUSSION

Les études sur le vieillissement cognitif font bien sûr de l'âge


chronologique le critère principal de différenciation entre
groupes d'individus ou entre individus. Le constat maintes fois
répété d'une importante variabilité interindividuelle aussi bien
quantitative que qualitative (e.g., Faure et Blanc-Garin, 1995 ;
Valdois et Joanette, 1991) amène pourtant à souhaiter que
d'autres critères de différenciation soient employés plus
systématiquement pour caractériser et éventuellement contribuer à
expliquer le fonctionnement cognitif chez la personne âgée. Les
résultats obtenus dans cette recherche, réalisée sur un
échantillon de 82 personnes âgées de 65 à 96 ans, montrent ainsi que la
relation entre âge et cognition peut difficilement être comprise
indépendamment de variables individuelles comme le niveau
d'éducation ou l'état de santé des sujets. Nous avons vu, en
particulier, que chacune de ces variables contribue de manière non
négligeable à cette relation, le contrôle statistique de l'influence
du niveau d'éducation pouvant aller jusqu'à entraîner une
diminution de près de la moitié de la variance liée à l'âge des
variables cognitives mesurées sur cet échantillon.
En suggérant que le vieillissement cognitif est un phénomène
multifactoriel et multidirectionnel non réductible à un simple
déclin cognitif, les recherches expérimentales effectuées chez la
personne âgée saine ont contribué à faire émerger une nouvelle
conception du vieillissement cognitif. Confortée ici
partiellement, l'hypothèse d'une certaine plasticité cognitive de la
performance de la personne âgée se voit en particulier accorder plus
d'intérêt qu'elle n'en suscitait par le passé.
Les résultats de cette étude montrent en effet l'existence
d'un effet positif et significatif de la pratique sur la performance
84 Caroline Auffray et Jacques Juhel

cognitive de sujets, certes tous volontaires et motivés, mais


différenciés au regard de caractéristiques personnelles comme le
niveau d'éducation ou l'état de santé. S'ajoutant à ceux
effectués par d'autres auteurs (Baltes, Kliegl et Dittmann-Kohli,
1988 ; Baltes, Sowarka et Kliegl, 1989 ; Stigsdotter, 1994), le
constat d'une amélioration, avec la pratique, de la performance
cognitive de personnes âgées incite à poursuivre les recherches
qui s'efforcent d'élucider les mécanismes psychologiques qui
sous-tendent cette amélioration. Nous avons aussi mis en
évidence, conformément à notre hypothèse, un effet globalement
positif du programme d'entraînement, sur les performances
cognitives des personnes âgées. Systématiquement proposé aux
participants, l'entraînement à l'utilisation de stratégies mné-
siques semble par exemple permettre l'amélioration de la
performance (Hill, Allen et McWorther, 1991 ; Stigsdotter, 1994 ;
Verhaegen et Marcoen, 1993). La bonne mise en place de telles
stratégies paraît donc être un mécanisme primordial dans
la compréhension des effets du programme d'entraînement. La
comparaison de l'amplitude de l'effet de l'entraînement sur la
performance à l'épreuve Comptage étoiles par rapport à celle de
l'effet de l'entraînement sur la performance à l'épreuve de
Rappel immédiat montre que cette amélioration est plus marquée
pour l'épreuve mnésique la plus complexe, il est vrai
initialement la plus échouée. A ce sujet, il est intéressant de remarquer
que, contrairement à ce qui est souvent rapporté dans la
littérature (Stigsdotter et Bäckman, 1989, 1993), l'effet de
l'entraînement observé dans l'étude est plus marqué quelque temps
après la phase d'entraînement qu'immédiatement après. Une
interprétation possible de ce résultat est que la mise en place de
stratégies compensatoires complexes, parce qu'elle nécessite du
temps, ne deviendrait réellement efficace que quelques mois
après la participation au programme.
Contrairement à ce que rapportent Schaie et Willis (1986),
aucun effet de l'entraînement sur la performance aux épreuves
de raisonnement (Matrices de Raven et Raisonnement verbal)
n'a pu être observé dans cette étude. L'explication de ce résultat
contradictoire peut d'abord tenir aux caractéristiques des deux
échantillons, les participants de notre étude étant en moyenne
plus âgés (79,66 ans versus 72,8) et d'un moindre niveau
d'éducation (9,84 années versus 13,9) que ceux de l'étude de
Schaie et Willis. Le constat d'une amélioration de la perfor-
Entraînement cognitif chez la personne âgée 85

mance aux épreuves mnésiques avec l'entraînement amène


néanmoins à s'interroger sur l'efficacité du programme sur la
performance à des épreuves mesurant la composante fluide de
l'efficience intellectuelle. L'observation d'une évolution
parallèle de la performance à l'épreuve Code interprétée comme une
mesure de contrôle attentionnel ou de vitesse de traitement de
l'information chez les sujets des deux groupes (entraînement
cognitif versus discussion) conforte selon nous ce point de vue.
Les résultats de cette étude laissent enfin sans réponse la
question de savoir si la participation au programme d'entraînement
peut s'accompagner, comme le suggère Willis (1987), d'une
amélioration de la performance dans un domaine non ciblé par le
programme, car cette amélioration n'est constatée que pour une
tâche particulière (comprendre une notice de médicament) sur
les quatre tâches administrées.
Le second objectif de cette étude était d'évaluer dans quelle
mesure un même programme d'entraînement peut avoir des
effets différents chez des sujets dont le niveau cognitif initial,
l'âge moyen et le niveau d'éducation diffèrent. Cette question,
on le sait, a conduit à des réponses contrastées selon les études.
Les travaux relatifs à l'apprentissage (Loarer et al., 1995)
concluent ainsi que la participation de jeunes adultes à un
programme d'enrichissement instrumental de type Feuerstein
bénéficie surtout aux sujets les plus « efficients » au plan cognitif.
Dans le domaine du vieillissement, Schaie et Willis (1986) ou
Willis et Nesselroade (1990) suggèrent au contraire que les
participants cognitivement les moins efficients bénéficient plus
que les autres de l'entraînement cognitif. Nos résultats, obtenus
dans des conditions expérimentales comparables à celles des
recherches de Willis et ses collègues, contredisent clairement les
conclusions de ces derniers. Dans cette étude, les sujets âgés de
niveau cognitif initial élevé bénéficient globalement plus que les
autres de leur participation aux séances d'entraînement cognitif.
Le résultat précédent amène à s'interroger sur la notion
même de plasticité cognitive ainsi que sur les objectifs et les
contenus des programmes d'entraînement cognitif proposés aux
personnes âgées. Il se peut en effet, en se référant au cadre
théorique proposé par Baltes (1987), que la nature et le résultat de
l'interaction entre gains et pertes varient selon les individus. Le
vieillissement cognitif de sujets très âgés (plus de 80 ans
environ), peu amenés au cours de leur existence à développer et exer-
86 Caroline Auffray et Jacques Juhel

cer des activités cognitives de haut niveau (scolarisation de


faible durée, profession cognitivement peu stimulante, etc.)
pourrait alors être plus irréversiblement déficitaire que celui de
sujets modérément âgés et/ou encore relativement entraînés au
plan intellectuel. Une telle hypothèse est compatible avec
l'observation dans cette étude conduite sur un échantillon
hétérogène de sujets de plus de 65 ans (milieu d'origine urbain ou
rural, niveau d'éducation allant de 1 à 21 ans de scolarité) d'une
plus grande plasticité cognitive des participants qui semblent
présenter un profil de « faible vulnérabilité cognitive ». Le
constat d'effets différentiels du programme en fonction du niveau
cognitif initial des participants peut aussi s'expliquer par le
contenu abstrait des séances, l'apprentissage de stratégies mné-
siques complexes se révélant ici plus facilement réalisable pour
les participants d'un niveau d'efficience cognitive élevé.
L'utilisation d'exercices plus en rapport avec les compétences de la vie
quotidienne — mais le concept reste à définir d'une façon moins
floue qu'il ne l'est actuellement — est donc une nécessité si l'on
veut que les ateliers d'entraînement cognitif désormais de plus
en plus souvent proposés aux personnes âgées profitent aussi à
celles qui en ont le plus besoin.
En résumé, s'il semble que la participation de personnes
âgées saines à un programme d'entraînement cognitif peut
s'accompagner d'une amélioration de la performance, celle-ci
dépend de toute évidence de la nature des tâches utilisées dans le
programme et du niveau de plasticité cognitive des participants
(lui-même dépendant de multiples facteurs individuels et
environnementaux). La prise en considération de l'interaction entre
plasticité cognitive des participants et nature des exercices
proposés est donc une nécessité à laquelle ne peuvent échapper ceux
qui utilisent — et cherchent à évaluer les effets — des programmes
de stimulation cognitive administrés aux personnes âgées.

RÉSUMÉ

On évalue dans cette étude les effets de la participation à des séances


d'entraînement cognitif sur la performance de personnes âgées de 80 ans en
moyenne dont le niveau cognitif est initialement mesuré au moyen de 8 épreuves
(contrôle attentionnel, efficience mnésique, capacité de raisonnement) . Les
64 sujets du groupe expérimental participent ensuite à six séances
d'entraînement cognitif multimodal (attention, mémoire, raisonnement) alors que les
Entraînement cognitif chez la personne âgée 87

18 sujets du groupe contrôle participent à six séances de discussion. La


performance des sujets aux 8 épreuves cognitives est à nouveau mesurée
immédiatement, 6 mois et 9 mois après la phase d'entraînement. Les résultats montrent
tout d'abord un effet bénéfique de l'entraînement sur la performance cognitive
aux épreuves de mémoire des sujets âgés tant lors du post-test immédiat que
9 mois après le programme. L'existence d'un tel effet durable dans le temps
semble confirmer l'hypothèse de plasticité des performances cognitives chez des
personnes âgées saines. L'analyse différentielle de ces résultats montre toutefois
que les sujets qui bénéficient le plus de l'entraînement sont ceux dont le niveau
cognitif initial est le plus élevé. Ce résultat qui contredit certains travaux
(Schaie et Willis, 1986 ; Willis et Nesselroade, 1990) relativise la notion de
plasticité cognitive, celle-ci semblant être d'autant plus pertinente que les
participants sont moins âgés et plus éduqués. Il souligne également la nécessité
d'adapter le contenu du programme (exercices moins abstraits) au niveau
cognitif des participants auxquels il s'adresse.
Mots-clés : vieillissement, plasticité cognitive, entraînement cognitif,
variabilité interindividuelle.

BIBLIOGRAPHIE

Albert M., Duffy F. H., Naeser M. — (1987) Nonlinear changes in cognition


with age and their neuropsychological correlates, Canadian Journal of
Psychology, 41, 141-157.
Auffray C, Juhel J., Gallée M.-C, Gravelin K. — (1999) Vieillissement cognitif
et profils de variabilité interindividuelle, in M. Huteau et J. Lautrey
(Edit.), Approches différentielles en psychologie, Rennes, PUR, 447-453.
Baltes P. B. — (1987) Theoretical propositions of life-span developmental
psychology : On the dynamics between growth and decline, Developmental
Psychology, 23, 611-626.
Baltes P. B., Kliegl R., Dittmann-Kohli F. — (1988) On the locus of training
gains in research on the plasticity of fluid intelligence in old age, Journal of
Educational Psychology, 80 (3), 392-400.
Baltes P. B., Sowarka D., Kliegl R. — (1989) Cognitive training research on
fluid intelligence in old age : What can older adults achieve by themselves,
Psychology and Aging, 4 (2), 217-221.
Baltes P. B., Staudinger U. M., Lindenberger U. — (1999) Lifespan
psychology : Theory and application to intellectual functioning, Annual Review of
Psychology, 50, 471-507.
Blieszner R., Willis S. L., Baltes P. B. — (1981) Training research in aging on
the fluid ability of inductive reasoning, Journal of Applied Developmental
Psychology, 2, 247-265.
Christensen H., Mackinnon A., Jorm A. F., Henderson L. R., Scott A., Kor-
ten A. E. — (1994) Age differences and inter individual variation in
cognition in community-dwelling elderly, Psychology and Aging, 9 (3), 381-390.
Craik F. I. M., Byrd M., Swanson J. M. — (1987) Patterns of memory loss in
three elderly samples, Psychology and Aging, 2(1), 79-86.
Das-Smaal E. A., De Jong P. F., Koopmans J. R. — (1993) Working memory,
attentional regulation and the star counting test, Personality and
Individual Differences, 14 (6), 815-824.
88 Caroline Auffray et Jacques Juhel

Delbecq-Derouesné J., Beauvois M. F. — (1989) Memory processes and aging :


A defect of automatic rather than controlled processes ? Archives of
Gerontology and Geriatrics, Suppl. 1, 121-150.
Faure S., Blanc-Garin J. — (1995) Quelques questions sur la variabilité
individuelle en neuropsychologie, Revue de neuropsychologie, 5, 179-199.
Fontaine R., Pennequin V. — (1997) De la vieillesse optimale à la vieillesse
réussie, Psychologie française, 42 (4), 345-353.
Hill R. D., Allen C, McWhorter P. — (1991) Stories as a mnemonic aid for
older learners, Psychology and Aging, 6 (3) , 484-486.
Hofland B. F., Willis S. L., Baltes P. B. — (1981) Fluid intelligence
performance in the elderly : Intraindividual variability and conditions of
assessment, Journal of Educational Psychology, 73 (4), 573-586.
Horn J. L., Cattell R. B. — (1966) Refinement of the theory of fluid and cristal-
lized intelligence, Journal of Educational Psychology, 57, 253-270.
Israel L. — (1988) Entraîner sa mémoire, Paris, CPA.
Israël L. — (1996) Vingt ans d'expérience de stimulation cognitive, in
B. Michel, J. de Rotrou et F. Verdureau (Edit.), La stimulation cognitive :
activation, rééducation, stimulations cérébrales et mesures objectives,
Monographies du groupe de recherche sur l'Alzheimer, Solal, 13-24.
Loarer E., Chartier D., Huteau M., Lautrey J. — (1995) Peut-on éduquer
l'intelligence ? Berne, Peter Lang.
Marquié J. C. — (1997) Vieillissement cognitif et expérience : l'hypothèse de la
préservation, Psychologie française, 42 (4), 333-344.
Rotrou (de) J. — (1992) La stimulation cognitive intérêts et limites,
Gérontologie et Société, 62, 91-101.
Rotrou (de) J. — (1993) La mémoire en pleine forme : comment l'entretenir, la
préserver, la développer, Paris, Robert Lafont.
Rotrou (de) J. — (1996) Le PAC-Eureka, in B. Michel, J. de Rotrou et F.
Verdureau (Edit.), La stimulation cognitive : activation, rééducation, stimulations
cérébrales et mesures objectives, Monographies du groupe de recherche sur
l'Alzheimer, Solal, 163-182.
Rotrou (de) J. — (1997) Stimulation cognitive et fonctionnement cérébral
normal, L'Année gérontologique, numéro spécial : vieillir avec succès, 107-122.
Salthouse T. A. — (1992) Why do adult age differences increase with task
complexity ? Developmental Psychology, 28 (5), 905-918.
Schaie K. W. — (1990) The optimization of cognitive functioning in old age :
Predictions based on cohort-sequential and longitudinal data, in P. B.
Baltes et M. M. Baltes (Edit.), Successful aging : Perspectives from the
behavioral sciences, Cambridge, Cambridge University Press, 94-117.
Schaie K. W., Willis S. L. — (1986) Can decline in adult intellectual functioning
be reversed ? Developmental Psychology, 22 (2), 223-232.
Schaie K. W., Willis S. L., Hertzog C, Schulenberg J. E. — (1987) Effects of
cognitive training on primary mental ability structure, Psychology and
Aging, 2 f 3^,233-242.
Ska B., Poissant A., Joanette Y. — (1997) La variabilité interindividuelle dans
les modifications cognitives liées à l'âge, L'Année gérontologique, numéro
spécial : vieillir avec succès, 97-106.
Stigsdotter N. A. — (1994) Memory training in late adulthood : Issues of
maintenance, tranfer and individual differences (doctoral dissertation), Stockholm,
Gerontology Research Center.
Stigsdotter N. A., Bäckman L. — (1989) Multifactorial memory training with
older adults : How to foster maintenance of improved performance,
Gerontology, 35, 260-267.
Entraînement cognitif chez la personne âgée 89

Stigsdotter N. A., Bäckman L. — (1993) Long-term maintenance of gains from


memory training in older adults : Two 31/2-year follow-up studies, Journal
of Gerontology : Psychological Sciences, 48 (5), 233-237.
Valdois S., Joanette Y. — (1991) Hétérogénéité du déclin cognitif associé au
vieillissement normal, in M. Habib, Y. Joanette et M. Puel (Edit.),
Démences et syndromes démentiels : approche neuropsychologique, Paris, Masson,
135-144.
Van der Linden M., Hupet M. — (1994) Le vieillissement cognitif, Paris, PUF.
Verhaegen P. — (1993) Teaching old dogs new memory tricks : Plasticity in
episodic memory performance in old age (doctoral dissertation), Leuven Katholic
University.
Verhaegen P., Marcoen A. — (1993) More or less the same ? A memorability
analysis on episodic memory tasks in young and older adults, Journal of
Gerontology : Psychological Sciences, 48 (4), 172-178.
Willis S. L. — (1987) Cognitive training and everyday competence, in K.
W. Schaie (Edit.), Annual Review of Gerontology and Geriatrics, 7, New
York, Springer, 159-188.
Willis S. L. — (1991) Cognition and everyday competence, in K. W. Schaie et
M. T. Lawton (Edit.), Annual Review of Gerontology and Geriatrics, 11, New
York, Springer, 80-109.
Willis S. L. — (1996 a) Everyday cognitive competence in elderly persons :
Conceptual issues and empirical findings, The Gerontologist, 36 (5), 595-
601.
Willis S. L. — (1996 6) Everyday problem solving, in. F. I. M. Schaie (Edit.),
Handbook of the psychology of aging, 4e éd., Londres, Academic Press, 287-
307.
Willis S. L., Blieszner R., Bakes P. B. — (1981) Training research in aging :
Modification of performance on the fluid ability of figurai relations,
Journal of Educational Psychology, 73 (1), 41-50.
Willis S. L., Nesselroade C. S. — (1990) Long-term effects of fluid ability
training in old-old age, Developmental Psychology, 26 (6), 905-910.

(Accepté le 25 avril 2000.)

Vous aimerez peut-être aussi