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Cheb Hasni, Oran D'idole

Le document parle de Cheb Hasni, une légende de la musique raï assassinée en 1994 à Oran en Algérie. Il décrit sa carrière musicale précoce et prolifique, ainsi que sa popularité qui perdure, en particulier parmi les jeunes générations. Le label Outre National a réédité 18 de ses titres.

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Cheb Hasni, Oran D'idole

Le document parle de Cheb Hasni, une légende de la musique raï assassinée en 1994 à Oran en Algérie. Il décrit sa carrière musicale précoce et prolifique, ainsi que sa popularité qui perdure, en particulier parmi les jeunes générations. Le label Outre National a réédité 18 de ses titres.

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15/04/2023 17:19 Cheb Hasni, Oran d’idole

Cheb Hasni, Oran d’idole


En pleine mode d’Acid Arab, le label Outre Natio­nal a remas­té­risé 18 titres
du «ros­si­gnol du raï» assas­siné en 1994. L’occa­sion de redé­cou­vrir les
textes doux-amers d’une légende tou­jours vibrante en Algé­rie.

Libération · 26 juil. 2022 · JACQUES DENIS

On ne saura jamais. Les deux balles qui fau­chèrent au seuil de chez ses parents Cheb Hasni,
le 29 sep­tembre 1994, ont laissé un trou béant dans l’his­toire du raï, et une page blanche
dans la bio­gra­phie de celui qui était alors à l’aube d’une car­rière inter­na­tio­nale. Offi­ciel­le­-
ment le GIA reven­di­qua l’assas­si­nat du gamin ­de Gam­betta, le fau­bourg popu­laire d’Oran
où était né le 1er février 1968 Hasni Cha­kroun. Le même qui après avoir rêvé de deve­nir
foot­bal­leur choi­sit une tout autre voie : la musique, dans un pays long­temps plombé par le
parti unique et bien­tôt miné par l’irrup­tion du Front isla­mique du salut (FIS), laquelle per­-
mit à beau­coup de s’échap­per, mal­gré tout. Au milieu des années 80, le futur «ros­si­gnol du
raï» apprend le métier dans les mariages et caba­rets qui allument sa ville natale. Il ne va
pas tar­der à se révé­ler, quand il s’embarque dans El Baraka, un duo avec son aînée Chaba
Zahoua­nia qui suinte le sexe et la sueur. Une telle odeur de soufre saura séduire la jeu­nesse
qui veut encore croire à l’insou­ciance, alors que les isla­mistes radi­caux ne l’entendent pas
de cette oreille et que le Front de libé­ra­tion natio­nale (FLN) reste sourd à ses attentes.

Plé­tho­rique. Cette his­toire d’amour sera le tube de l’été 1987, célé­brant l’entrée en piste
d’Hasni. Le chantre du raï love ne va plus lâcher le micro, enre­gis­trant selon Michel Lévy
pas moins de 450 chan­sons en tout juste sept ans de car­rière. Celui qui gère désor­mais ce
cata­logue, comme celui d’autres icônes du raï, aime à citer cette blague qui tour­nait à Bar­-
bès dans des mul­tiples échoppes qui dif­fu­saient à cette époque du raï : «Quand on deman­-
dait la der­nière cas­sette d’Hasni, le ven­deur répon­dait : “Laquelle ? Celle du matin ou celle
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15/04/2023 17:19 Cheb Hasni, Oran d’idole

de l’après-midi ?” Du coup on avait l’impres­sion qu’il avait tou­jours un suc­cès qui tour­-
nait.» Même si le pro­duc­teur de la mai­son Saâda Hafsi Sid-Ahmed le lança et publia un bon
nombre de ses cas­settes six titres, Hasni n’avait aucun contrat d’exclu­si­vité. «On tapait
dans les mains et on citait le nom de la pro­duc­tion au début de la chan­son, pour scel­ler
l’enga­ge­ment», reprend Michel Lévy. Ce qui per­met­tait d’essai­mer à tout va. C’est dans
cette aussi plé­tho­rique que chao­tique pro­duc­tion qu’a puisé Cheb Gero – nom de DJ du
Français Fabrice Géry par ailleurs fon­da­teur et tête cher­cheuse du label Aku­phone – pour
com­po­ser trois disques au for­mat vinyle, sous éti­quette Outre Natio­nal. Il raconte :
«L’objec­tif est de per­mettre à la musique d’Hasni d’atteindre d’autres publics. Il y a un vrai
déca­lage entre sa popu­la­rité en Algé­rie et sa noto­riété dans le reste du monde, un fossé que
l’on essaie de com­bler. C’est aussi pour­quoi on a choisi de réa­li­ser des cou­ver­tures ori­gi­-
nales qui attirent l’oeil.» Et de citer le mar­ché amé­ri­cain où le sémi­nal apôtre du raï sen­ti­-
men­tal demeure trop méconnu. Et pour­tant. «Cheb Hasni reste le numéro 1 en strea­ming,
sur­tout sur You­Tube, notam­ment au Magh­reb», reprend Michel Lévy, expert en la matière.
Au Maroc comme en Algé­rie, ou sein de la dia­spora, la popu­la­rité de Chab Hasni a sur­vécu,
le his­sant audes­sus de tous les autres, Kha­led et Mami com­pris. Il est une légende tou­jours
aussi vibrante pour les jeunes géné­ra­tions qui se recon­naissent dans ses paroles, des mots
simples, des phrases à double sens aussi, ancrés dans le quo­ti­dien, avec son lot de galères.
«J’allais par­tir voir ma ché­rie/Et vous me pri­vez du visa /Vous vou­lez me tuer ! /Je vais
boire à tout cas­ser.» A l’image de la bien nom­mée El Visa, une chan­son qui s’écou­lera fissa
à plu­sieurs cen­taines de mil­liers d’exem­plaires, une thé­ma­tique qui trente ans plus tard
reste d’actua­lité, le char­mant chan­teur pou­vait sous les mots doux avoir le verbe amer.
Alors que la décen­nie noire a débuté, pous­sant au départ artistes comme intel­lec­tuels,
Hasni va ­néan­moins demeu­rer auprès des siens. «Il n’a jamais voulu s’exi­ler, il venait en
Europe juste pour les concerts. Il res­tait très atta­ché à son quar­tier», se sou­vient le jour­na­-
liste Rabah Mezouane, éru­dit spé­cia­liste du raï qui lui-même le pro­gramma au New Raï,
une dis­co­thèque du VIe arron­dis­se­ment, et l’accom­pa­gna notam­ment en Nor­vège. «Il
n’avait pas encore fran­chi le cap des fes­ti­vals, il n’a pas eu le temps de faire une car­rière
inter­na­tio­nale comme cer­tains de ses aînés», ana­lyse Michel Lévy.
Tour­noyantes. Un peu avant sa mort, un pro­jet de disque avec une major de ce côté de la
Médi­ter­ra­née avait été évo­qué, ce qui aurait sans doute consti­tué le pre­mier pas vers un
cros­so­ver, pour celui dont la pro­duc­tion fut jusqu’au bout garan­tie sans aucun addi­tif
made in France sus­cep­tible de le rendre admis­sible aux ondes hexa­go­nales.
Para­doxa­le­ment, c’est cette sophis­ti­ca­tion tout sauf poli­cée qui trente ans plus tard devrait
lui per­mettre d’atteindre enfin d’autres rivages, alors que la vague Acid Arab inonde les
pistes de danse. Les dix-huit titres sélec­tion­nés, et dûment remas­te­ri­sés, sonnent comme
tels, comme s’ils sur­faient sur cette ten­dance de fond qui cherche à mixer l’esprit DIY et
l’âme pro­fonde du bled. Aujourd’hui peut-être encore plus qu’hier, la musique d’Hasni,
aussi impa­rable qu’incom­pa­rable, a tout pour plaire : une voix envoû­tante, des bal­lades
sédui­santes, des sons de syn­thé entê­tants, des ryth­miques tour­noyantes, et ainsi de suite.
«Il ne fait aucun doute que sa musique était super moderne, nour­rie de nom­breuses
influences et en même temps très typique de la musique locale. De par sa manière d’enre­-
gis­trer, où tout allait très vite, Hasni favo­rise l’expé­ri­men­ta­tion, dans un registre pop bien

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entendu», ana­lyse Cheb Gero. Sa mort bru­tale va en déci­der autre­ment, sus­pen­dant le


temps, rédui­sant aux conjec­tures le futur de cette idole éter­nel­le­ment jeune.
HASNI 1, 2, 3 DE CHEB HASNI (Outre Natio­nal).

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