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Faculté de Médecine
Module de neurologie
L’hypertension intracrânienne
Préparé par :
Pr H.Himeur
Novembre 2023
Objectifs Pédagogiques
II. Physiopathologie :
Quel que soit le mécanisme qui engendre une HIC, celle-ci résulte de l’augmentation de
volume du contenu de l’enceinte durale craniorachidienne, donc de la perte de
l’homéostasie des volumes.
1. Enceinte durale craniorachidienne :
Contenant :
Il s’agit de la boîte crânienne, rigide, inextensible chez l’adulte, et du canal
rachidien. Cette enceinte est tapissée de la dure-mère, inextensible au niveau
crânien. La dure-mère rachidienne peut modifier sa contenance car elle n’est
pas en permanence à son remplissage maximal, du moins en décubitus
horizontal. Chez l’enfant, la boîte crânienne peut rester ouverte au niveau des
fontanelles jusqu’à l’âge de 18 mois, et donc se dilater de manière importante.
Contenu
Trois secteurs sont individualisables, le névraxe, le système vasculaire et
l’enceinte ventriculo-sous-arachnoïdienne (EVSA) qui contient le liquide
cérébrospinal (LCS). Le névraxe occupe environ 70 à 80 % de l’ensemble. Le
volume sanguin est de 32 à 58 mL pour un cerveau moyen de 1 400 g . Le
volume du LCS est de 140 mL, dont 23 mL pour les ventricules, 37 mL pour les
espaces sous-arachnoïdiens (ESA) crâniens, et 80 mL dans les ESA rachidiens. Le
LCS circule en permanence des ventricules vers ses principaux sites de
résorption crâniens et rachidiens, avec un débit global moyen de 0,35 mL/min.
2. Régulation des volumes et des pressions :
Physiologie
- La PIC (pression intracrânienne) de référence est mesurée dans le LCS. C’est une
pression instantanée, relative par rapport à la pression atmosphérique, exprimée en
mmHg, mesurée en décubitus horizontal, tête dans l’axe du rachis.
- La valeur physiologique, quel que soit le site de mesure du LCS, est comprise entre 5
et 15 mmHg chez l’adulte. Chez le nourrisson, les valeurs sont comprises entre 2,4 et
4,2 mmHg.
- La loi de Monro-Kellie (volume du névraxe + volume sanguin + volume du LCS =
constante) permet de comprendre que la stabilité de la PIC nécessite que toute
variation de l’un des composants doit être compensée par l’un ou les deux autres.
Physiopathologie
- Quelle que soit l’étiologie de l’HIC, deux paramètres vont influer sur l’importance de
celle-ci : le volume et la vitesse d’installation du processus causal.
- Globalement, plus la variation volumique est lente, plus l’enceinte durale
craniorachidienne (EDCR) s’adaptera en fonction des trois tampons volumiques,
parenchyme, sang et LCS, auxquels il faut ajouter la possible expansion du fourreau
dural, et aussi du crâne chez le nourrisson :
Le parenchyme cérébral peut prêter de l’eau extracellulaire et/ou
intracellulaire, mais avec un débit très faible.
Le LCS peut prêter du volume, en fonction de ses capacités de circulation-
résorption.
Le secteur vasculaire intra- et péricérébral, veineux essentiellement car le plus
facilement compressible, peut céder très rapidement du volume ; la
vasomotricité artérielle peut aussi, dans certaines circonstances, participer à
l’adaptation volumique.
Les propriétés de ces tampons peuvent se modifier, en termes de débit et de volume, selon
l’étiologie de l’HIC et son importance. La relation pression-volume (P/V) de l’EDCR (fig 1) suit
une relation exponentielle bien connue dite « la courbe de Langfitt ». Cette courbe permet
d’illustrer la tolérance de l’EDCR aux variations volumiques : plus on se rapproche de la
portion ascendante, plus les risques de décompensation sont grands.
3. Principaux mécanismes de l’hypertension intracrânienne :
Vomissements
- Ils accompagnent fréquemment les céphalées ; ils sont classiquement décrits
comme survenant en jet, sans nausées. Ils peuvent être au premier plan de
la symptomatologie, notamment chez l’enfant, dans le cas des tumeurs de
fosse postérieure pouvant orienter à tort vers une pathologie digestive.
Troubles visuels
- Les plus fréquents sont en rapport avec une diplopie horizontale due à une
paralysie uni- ou bilatérale du VIe nerf crânien qui n’a aucune valeur
localisatrice. Plus rare est l’atteinte d’un IIIe nerf crânien, en dehors de toute
lésion compressive due à un engagement.
- Une baisse d’acuité visuelle est exceptionnelle, mais l’apparition d’éclipses
visuelles intermittentes peut traduire une menace d’ischémie du nerf
optique dans les cas d’HIC évoluant depuis plusieurs semaines ou mois.
- L’examen ophtalmoscopique révèle, assez souvent, un œdème papillaire
lorsqu’une HIC a évolué sur plusieurs jours ; celui-ci associe un flou des bords
de la papille à une surélévation de sa surface périphérique. Dans les formes
sévères s’associent des exsudats blanchâtres le long des vaisseaux
péripapillaires et des hémorragies en flammèches d’origine veineuse.
L’œdème papillaire est rarement observé chez le sujet âgé et chez le
nourrisson dont le crâne est expansible. La longue évolution d’un œdème
papillaire conduit à l’installation progressive d’une atrophie optique,
caractéristique par la pâleur de la papille qui devient blanchâtre, à bords
plus nets, et qui s’accompagne d’une baisse souvent irréversible de l’acuité
visuelle.
Autres signes
D’autres signes, moins évocateurs cependant, peuvent être observés dans
l’évolution d’une HIC. Des acouphènes, uni- ou bilatéraux, à type de
grésillements ou de bourdonnements, ainsi que des phases de vertiges ou
d’instabilité apparaissant de façon paroxystique, surviennent en dehors de
toute atteinte spécifique des voies cochléovestibulaires.
Des troubles psychiques comportant irritabilité, modification du caractère,
difficultés d’adaptation scolaire chez l’enfant, ont été observés dans les cas
où l’HIC évolue sur une période prolongée, quelquefois de façon fluctuante.
2. Signes de décompensation de l’hypertension intracrânienne
Phénomènes cliniques
Ils sont intermittents, contemporains d’ondes de pression spontanément
résolutives, se manifestant d’abord par une asthénie intense, puis un
trouble de vigilance qui s’accompagne d’une résolution du tonus
musculaire entraînant la chute, et de trémulations des quatre membres
sans mouvements cloniques. S’associent des troubles respiratoires et
quelquefois une bradycardie puis, au bout de quelques minutes, la
conscience réapparaît avec une résolution complète des symptômes ; ces
accès appelés crises anoxo- ischémiques sont à distinguer d’une
comitialité. Ils peuvent se reproduire à plusieurs reprises au cours de la
journée, quelquefois accompagnés d’une poussée hypertensive et d’un
accès de rougeur faciale.
Lésions encéphaliques
Elles peuvent, sous l’effet de gradients de pression, créer des déplacements,
généralement dans le sens rostrocaudal, décrits sous le terme
d’engagements cérébraux. Ces engagements associent, à des degrés divers,
des troubles de la vigilance, des perturbations des réactions motrices et des
troubles neurovégétatifs.
Engagement central
Il résulte du déplacement du diencéphale à travers l’incisure tentorielle
(foramen ovale de Pacchioni) sous l’effet de lésions expansives bilatérales
des loges hémisphériques.
Engagement temporal
Il résulte du déplacement de la cinquième circonvolution temporale dans la
partie latérale de l’incisure tentorielle, comprimant la partie latérale du
pédoncule cérébral homolatéral et le nerf oculomoteur qui émerge de la
face ventrale du pédoncule pour rejoindre le toit du sinus caverneux.
Engagement des amygdales cérébelleuses dans le trou occipital
Il peut se manifester par des crises toniques postérieures : ce sont des accès
de contracture axiale avec attitude en opisthotonos, spontanés ou
déclenchés par des stimuli nociceptifs chez des patients dont la conscience
est quelquefois peu altérée ; ces accès sont de durée brève, avec une
symptomatologie réversible. Un nystagmus peut être observé, mais il n’y a
pas d’anomalie des réflexes pupillaires.
1. Traitement étiologique
Il sera toujours privilégié : évacuation d’un hématome, d’un infarctus à la phase
œdémateuse, exérèse d’une tumeur, traitement d’une hydrocéphalie aiguë.
L’indication est le plus souvent portée en urgence, en présence de troubles de la
vigilance même discrets ou fluctuants, évocateurs alors d’ondes lentes de pression.
2. Traitements symptomatiques
Médicaux
Le maintien, ou le rétablissement, des fonctions vitales représente la mesure de base. Le
contrôle de facteurs généraux de lutte contre l’ischémie est recommandé pour limiter les
effets délétères de l’HIC : PA systolique 90 mmHg, PaO2 60 mmHg, hémoglobinémie
normale.
Plusieurs thérapeutiques sont proposées pour traiter l’HIC et pour limiter la souffrance
cérébrale due aux lésions initiales et secondaires.
- Mannitol : C’est le traitement de choix de première intention. Son mécanisme
d’action le plus connu est l’effet osmotique par appel d’eau du secteur
extravasculaire. Il est recommandé de l’utiliser de manière discontinue (mannitol à
25 % : 0,5 à 1,5 g/kg toutes les4à6 heures) sur une durée de 3 ou 4 jours.
- Hypocapnie modérée (PCO2 30 mmHg) : Elle diminue le volume sanguin intracérébral
par vasoconstriction, si la réactivité au CO2 est conservée.
- Positionnement en proclive à 30°, tête dans l’axe du corps : Il améliore l’HIC mais son
intérêt clinique est controversé.
- Corticoïdes : Ils n’ont d’intérêt que pour les tumeurs avec œdème cérébral en
attendant le traitement étiologique, ou dans un but palliatif.
- Diurétiques : Le furosémide (40 ou 80 mg toutes les 4-6 heures), a un effet modéré
sur l’HIC mais potentialise l’effet du mannitol.
Chirurgicaux
- Dérivations du LCS : Si le ventricule est accessible à la ponction, un drainage
ventriculaire externe doit être mis en place dans des conditions d’asepsie
chirurgicale.
- Plusieurs méthodes sont proposées pour, d’une part, augmenter le volume de
l’enceinte crânienne et/ou réduire le volume du parenchyme cérébral : crâniectomie
(bifrontale, bitemporale), duroplastie (plastie d’élargissement, scarification du feuillet
dural externe), lobectomie (frontale, temporale). Ces techniques, plus ou moins
délabrantes, peuvent traiter efficacement l’HIC, et en particulier l’engagement
cérébral. Toute la difficulté repose sur l’indication qui doit tenir compte du pronostic
fonctionnel lié aux lésions cérébrales et générales. Elles sont réservées à
l’échappement aux autres traitements, et décidées au cas par cas.