Histoire de La France
Histoire de La France
Histoire de La France
Les premières années du XXe siècle ont été surnommées la « Belle Époque ». Avec raison
probablement, car ce sont des années d’insouciance et de confiance, d’inventions et de
réalisations diverses. Les problèmes existent certes, mais l’optimisme domine, la « fée
électricité » accomplit des merveilles, la « petite reine » donne l’occasion de faire les premiers
tours de France à bicyclette, la musique peut s’écouter chez soi, sur d’élégants gramophones.
Fallait-il que cet optimisme initial soit sanctionné ensuite par des événements qui font du
XXe siècle le plus violent et le plus meurtrier de l’Histoire ? Ces millions de morts, engendrés
par les machines infernales de deux guerres mondiales et de dizaines de conflits régionaux,
étaient-ils déjà inscrits dans cette gaieté imperturbable de la Belle Époque ? Pourtant, au cours
ce même siècle bouleversant, des centaines de millions d’autres hommes et de femmes ont
aussi
retrouvé leur liberté et, comme le stipule la Constitution française, le droit à disposer d’eux-
mêmes, qu’ils ont parfois arrachés avec violence des mains de leurs anciens maîtres. Serait-ce
le
signe d’un équilibre pour l’avenir ? Dans ce siècle dont les faits appartiennent plus au monde
qu’à un seul pays, la France a plongé au coeur de l’arène internationale à la mesure exacte de
ce
qu’ont été sa place et son rôle dans l’Histoire. Et cela a représenté un coût formidable : de 1939
à
1962, le pays n’a pratiquement pas cessé d’être en guerre et l’Empire de la IIIe République,
autour duquel la France avait largement construit sa puissance et son influence, a totalement
disparu.
L’Entre-Deux-Guerres (1919-1939)
La victoire de la France en 1918, ainsi que la crainte diffuse parmi la population des
« possédants » que la révolution russe (le péril bolchévique) ne s’étende en Europe, permettent
aux républicains conservateurs de revenir au pouvoir en 1919. Raymond Poincaré, ancien
président de la République, remplace son vieil ennemi, le modéré Georges Clémenceau, à la
présidence du Conseil. Le nouveau gouvernement forme le Bloc national, qui réprime durement
des grandes grèves ouvrières durant l’hiver. Poincaré exige par ailleurs que l’Allemagne paie
régulièrement ses dettes de guerre et décide en 1923 l’occupation de la Ruhr par les troupes
françaises. Cette mesure provoque une panique dans les milieux financiers européens, ainsi
qu’une intense spéculation sur le franc. Pour protéger la monnaie nationale, Poincaré augmente
alors les impôts de 20%, une décision très impopulaire qui entraîne la défaite du Bloc national
aux élections législatives de 1924, gagnées par les radicaux et leurs alliés socialistes. Le
nouveau
président du Conseil, Edouard Herriot, visant les « possédants », propose quant à lui de créer
un impôt sur le capital. Cette fois, des fortunes quittent la France massivement, provoquant une
nouvelle crise monétaire. Herriot est forcé à démissionner en 1926 et Poincaré est alors rappelé
pour former un gouvernement d’union nationale, qui embrasse les différentes tendances à
l’Assemblée. Grâce à une politique ferme d’économies et de mesures fiscales, Poincaré réussit
à
restaurer la confiance et à stabiliser le franc. Ce succès assure d’ailleurs une nouvelle victoire
politique à la droite aux élections législatives de 1928. Poincaré démissionne pour des raisons
de
santé l’année suivante, mais l’économie française, pour l’instant remise sur ses rails, connaît
une
certaine prospérité.
Les années vingt ne peuvent pas être seulement définies par une série de troubles monétaires
et
politiques. C’est aussi une période de profonds changements culturels au sein d’une nouvelle
société qui, après les horreurs de la Grande Guerre, se réjouit de la paix retrouvée. Si la
période
qui précède la première guerre mondiale a reçu le surnom de « Belle Époque », celle qui lui
succède a été nommée les « Années Folles ». Les femmes jouent un rôle important dans cette
mutation de la société. Pendant les années de guerre, elles remplaçaient les hommes dans les
industries, elles étaient devenues les « chefs de famille », elles ont acquis une indépendance
sans
précédent. Le taux de natalité a par ailleurs fortement baissé, créant les conditions d’une plus
grande liberté des femmes, qui ne sont plus seulement des mères. L’écrivain Colette, par ses
ouvrages et sa personnalité, symbolise bien ce renouveau féminin, ainsi que la styliste Coco
Chanel, qui impose ses vues révolutionnaires sur le vêtement féminin. Un roman d’un ancien
président de la Société des Lettres, Victor Margueritte, intitulé la Garçonne, qui vendu à
150.000
exemplaires dès sa parution en 1922, fait le procès de la société masculine et bourgeoise qui
opprime la moitié de la population, les femmes. Par ailleurs, le Surréalisme, que son principal
théoricien André Breton définit dans un manifeste daté de 1924, engage la création littéraire et
artistique dans une véritable révolution culturelle, où le culte radical de la liberté prend une
place
centrale.
En 1930, le gouvernement conservateur d’André Tardieu décident de mesures fiscales
importantes en faveur des moins riches : l’école secondaire gratuite et la création des
assurances
sociales, qui permettent aux employés et ouvriers qui paient une cotisation régulière de se faire
rembourser leurs dépenses de santé. Ce même gouvernement décide par ailleurs de
commencer
la construction de la ligne Maginot, une frontière fortifiée entre la France et l’Allemagne. La
France présente aussi en 1931 sa troisième Exposition coloniale à Vincennes, aux portes de
Paris, dans laquelle elle veut célébrer la gloire de son empire qui doit apporter la civilisation aux
peuples qui en sont privés. Toutes ces mesures veulent être les signes d’une économie
prospère
et d’une république éclairée et généreuse. Mais la crise économique, qui semblait ne pas avoir
encore touché la France depuis le « krach » financier de 1929, montre bientôt sa présence,
avec
en particulier l’accroissement du nombre de chômeurs.
En 1932, la récession s’installe définitivement. Capitalisant sur l’insatisfaction populaire, la
gauche radicale remporte les élections et revient au pouvoir, mais pour une période de deux
ans
seulement. Le nouveau gouvernement, qui ne bénéficie dans son exercice que d’un soutien
relatif de la part des socialistes, ne parvient pas à redresser l’économie et est forcé à
démissionner en février 1934, face à des manifestations de l’extrême-droite qui alimentent un
climat antiparlementariste. Depuis un an déjà, Adolf Hitler s’est emparé du pouvoir en
Allemagne et construit sa propagande autour d’une revanche envers la France.La menace
fasciste contribue à la création d’une stratégie d’union de la gauche pour la reconquête du
pouvoir. Le Front Populaire, qui rassemble une large coalition de radicaux, socialistes et
communistes soutenus par les syndicats de gauche voit le jour en juillet 1935 et remporte
largement les élections de 1936. Le gouvernement du socialiste Léon Blum, qui comprend pour
la première fois des femmes à des postes ministériels, fait immédiatement voter une série de
lois
sociales dont les plus fameuses sont la semaine de travail limitée à quarante heures et les
congés
payés, qui assurent à chaque travailleur deux semaines de vacances par an sans retrait de
salaire. Mais là encore, ce gouvernement de gauche populaire est de courte durée. Le déficit
budgétaire,
les disputes au sujet de l’intervention dans la guerre civile espagnole, l’opposition du Sénat aux
réformes entraînent la démission de Blum en 1937 et l’éclatement de l’alliance. Dès 1938, au
moment où Hitler annexe l’Autriche, le front populaire n’existe plus, le gouvernement est dirigé
par un radical, Edouard Daladier, qui s’appuie sur la droite et exclut les socialistes.
En septembre 1938, Daladier, avec l’Italien Mussolini et l’Anglais Chamberlain, signent
les Accords de Munich, dans lesquels sont reconnus les droits de l’Allemagne sur les Sudètes,
la partie occidentale de la Tchécoslovaquie, un pays avec qui la France est pourtant alliée. Les
Français, qui veulent la paix, approuvent en général ce traité mais Daladier est très critiqué par
les représentants de la gauche, qui considèrent la réunion de Munich comme un acte de
trahison. Le chef du gouvernement veut cependant toujours croire à la paix et veut surtout
préserver
l’entente avec l’Angleterre, qui est en faveur de « l’apaisement » d’Hitler. Le calcul échoue, les
ambitions d’Hitler sont bien plus vastes: en mars 1939, ses troupes envahissent le reste de la
Tchécoslovaquie. En août, à l’issue de négociations secrètes, Hitler signe un pacte de non
agression avec la Russie de Staline, qui veut éviter une guerre à sa porte. Le 1er septembre, la
machine infernale est de nouveau engagée, les armées d’Hitler envahissent la Pologne. Devant
une telle provocation, la France et l’Angleterre n’ont désormais plus le choix: le 3 septembre,
ces
deux pays déclarent la guerre à l’Allemagne.