Hautes Pressions: Jean-Pierre PETITET
Hautes Pressions: Jean-Pierre PETITET
Hautes Pressions: Jean-Pierre PETITET
1. Généralités................................................................................................. R 2 060 - 2
1.1 Point de vue thermodynamique................................................................. — 2
1.2 Mesure de la pression ................................................................................. — 2
1.3 Définition des domaines d’application ...................................................... — 3
1.4 Unités............................................................................................................ — 4
2. Étalons primaires ..................................................................................... — 5
2.1 Manomètres à mercure............................................................................... — 5
2.2 Balances de pression (jauges à piston libre)............................................. — 5
2.2.1 Différents types d’appareils ............................................................... — 5
2.2.2 Étalonnage .......................................................................................... — 7
2.2.3 Incertitude ........................................................................................... — 8
2.2.4 Conclusion........................................................................................... — 8
3. Points fixes ................................................................................................ — 9
4. Capteurs de pression .............................................................................. — 9
4.1 Généralités ................................................................................................... — 9
4.2 Capteurs déformables ................................................................................. — 9
4.2.1 Tubes de Bourdon............................................................................... — 9
4.2.2 Capteurs à jauges de contrainte........................................................ — 10
4.3 Capteurs sensibles....................................................................................... — 12
4.3.1 Jauges à quartz................................................................................... — 12
4.3.2 Jauges à éléments sensibles ............................................................. — 12
5. Les très hautes pressions. Mesures optiques .................................. — 13
6. Conclusions ............................................................................................... — 14
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 2 060
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 1
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
∂V
∂E
∂V
F = – ---------
S
∂E
-------- u = – ---------
∂r ∂V S
ds = Pds 1.2 Mesure de la pression
où l’on retrouve la définition de la pression qui désigne une force Des considérations précédentes, on tirera deux remarques utiles
par unité de surface. à la mesure des pressions.
Cette définition de la pression P thermodynamique n’est valable ■ Remarque 1
que si E et S sont des grandeurs additives. Cela est généralement
Surtout dans le cas des pressions élevées (P > 50 MPa), qui fait
le cas pour les gaz et les liquides. Pour les solides, où le changement
l’objet de cet article, il est préférable d’envisager des systèmes en
de forme s’effectue avec un certain travail ayant pour effet de chan-
équilibre statique. Tout système où le milieu est en mouvement
ger son énergie, la proposition n’est plus toujours exacte. Ces
entraîne une perte de précision.
considérations ont des conséquences fondamentales sur les
conditions de mesure de la pression, en particulier lors des mesures ■ Remarque 2
en dynamique.
Il est fondamental de s’assurer que la mesure est faite dans les
En réalité, on dit qu’un corps qui subit une déformation sort de conditions d’hydrostaticité, c’est-à-dire que la force par unité de sur-
son équilibre initial, et des forces de contrainte prennent alors nais- face en tout point est uniforme et dirigée suivant la normale à la
sance tendant à le ramener à son état initial. La résultante de ces surface unitaire centrée sur ce point. Cela ne veut pas dire néces-
forces agissant sur chaque élément de volume du corps peut être sairement que la pression est homogène dans tout le volume : par
écrite comme la somme des forces agissant sur chaque élément de exemple, dans une colonne à mercure, la pression est plus élevée
surface ds qui délimite un élément de volume dV. Autrement dit : en bas qu’en haut à cause de la gravité, mais en chaque point la
condition hydrostatique est respectée.
F i dV = T ik ds k
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
En principe, il est donc approprié de distinguer deux façons Ces deux relations ne tiennent pas compte d’un effet de tempé-
d’exprimer la pression dans un système : la valeur absolue de la rature sur ρa et ρf . Celui-ci n’est vraiment sensible que sur les
pression à un niveau spécifique et la pression de jauge (ou pression grandes colonnes à mercure qui n’ont, à l’heure actuelle, qu’un rôle
appliquée) au même niveau. La pression de jauge est égale à la pres- historique. Ces corrections sont également nécessaires pour la
sion absolue moins la pression extérieure due au milieu ambiant. qualité des mesures dans les baromètres de haute précision (article
En pratique, la majorité des instruments de mesure, même ceux Corrections barométriques [K 64] dans le traité Constantes physico-
conçus pour déterminer la pression absolue, indiquent des pressions chimiques).
de jauge. On peut décrire cela par les relations suivantes :
p = p1 – p2 = g ρf h 1.3 Définition des domaines d’application
P = P1 – P2 = g ( ρf – ρa ) h
Dans cet article, nous étudions plus particulièrement la mesure
avec p pression absolue, des pressions supérieures à 50 MPa. La figure 1 résume schémati-
P pression de jauge (ou pression effective), quement, à l’aide de quelques exemples, l’étendue du domaine
concerné. Nous dirons également quelques mots sur la mesure des
ρf masse volumique du fluide de travail,
pressions supérieures à 10 GPa : ce domaine relève actuellement des
ρa masse volumique du milieu ambiant, recherches de laboratoire mais laisse entrevoir, pour un avenir
1 et 2 deux niveaux repérés du milieu à étudier distants de h, proche, des procédés de synthèse industrielle de produits à forte
valeur ajoutée (électronique, optique).
g accélération due à la pesanteur, au lieu de mesure.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 3
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 5
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
rt P
2 2π π
A eff = π r p + --------- r P ′ dr + ------ r h dP ′ (2)
P rp P P0
Figure 5 – Principe de la balance différentielle
avec r rayon du piston à un niveau donné :
r p rayon au niveau de la mesure de pression,
r t rayon en dehors du liquide de compression,
P pression appliquée,
P 0 pression de référence (pression atmosphérique),
P ′ pression dans le jeu à un niveau donné,
h épaisseur de fluide dans le jeu entre piston et
cylindre :
h=R–r
où R est le rayon du cylindre.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
( rt + rp )
avec r c = ----------------------- rayon au niveau de l’interface liquide de
2
compression-atmosphère.
Une étude complète des différents paramètres par cette
méthode a été publiée par K. Nishibata et al. [21] sur une balance
construite pour mesurer des pressions de 2 GPa.
La première relation est la plus couramment utilisée. Les dif-
férentes forces et la surface sont mesurables dans les conditions
standards, et des méthodes ont été développées pour tenir
compte des corrections (1 – ρ air /ρM ), [1 + 2 (α p + α c ) (T – T 0)],
(1 + λP ), etc. La détermination précise de la variation de l’aire Figure 7 – Calcul de l’aire effective
effective de l’ensemble piston-cylindre est la plus importante.
Pour un piston de carbure de tungstène cémenté et un cylindre
en acier, avec un rapport de 3 entre les diamètres extérieur et
intérieur, λ = 2,42 × 10 –6 MPa–1 à 0,7 GPa, ce qui est relativement
important pour la mesure précise de la pression.
La petite fuite entre les faces en contact du piston et du cylindre
ne pose pas de problème réel dans les balances à jeu contrôlé
puisqu’on peut régler le jeu entre piston et cylindre à l’aide de la
contre-pression. Une revue détaillée des différentes corrections
est donnée dans la référence [15].
2.2.2 Étalonnage
L’étalonnage consiste essentiellement à déterminer la variation de
l’aire effective A eff de l’ensemble piston-cylindre. À basse pression, Figure 8 – Balance de Johnson et Newhall (vendue par la société
on utilise une jauge déjà étalonnée ou, éventuellement, un mano- Harwood) : ensemble et détail de la partie supérieure [5]
mètre à mercure. Les méthodes de mesure des coefficients de
distorsion λ (ci-dessous) sont décrites dans la référence [19]. avec A 0 aire effective à la pression atmosphérique,
Une étude comparative a été récemment publiée par l’inter- λ coefficient de distorsion.
médiaire du Laboratoire national d’essais (LNE) [18] pour la détermi-
nation de A eff d’un ensemble de balances à piston libre de divers La balance de référence fournie par le constructeur Desgranges
types réparties dans treize laboratoires nationaux. L’expérience a été et Huot est du type 5300 S avec une aire effective à la pression
menée entre 20 et 100 MPa, avec un pas de 10 MPa. La relation atmosphérique (A 0 ) de 50 mm2. Le piston est en carbure de tungs-
donnant A eff a été confirmée comme étant linéaire en P : tène et le cylindre en acier (coefficient de dilatation thermique :
14,7 × 10 –6 K–1).
A eff = A 0 (1 + λP )
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 7
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
l’aire effective d’un ensemble piston-cylindre peut être déterminée
en comparant celle-ci à l’aire effective d’un ensemble connu, fabriqué
dans le même type de matériaux, mais cette fois-ci, de dimensions
dP
--------- =
P ∑ ----P- ----------
i
1 ∂P
∂X i
- dX i
un peu différentes. où Xi désigne chaque paramètre de la relation.
■ Ces deux techniques peuvent être résumées sur la figure 9. Les En pratique, le terme prépondérant dans ce calcul est la mesure
deux ensembles sont connectés à un système de pression commun. de A 0 . En effet, la technique de mesure par interférométrie laser
Lorsque les charges de chaque balance ont été ajustées pour obtenir limite la précision à 0,1 µm sur une longueur de 10 mm, et limite
l’équilibre, le rapport des charges indique bien le rapport des aires donc les mesures de pression au mieux à 2,5 × 10 –5 de la pression
effectives. On utilise, pour ce type de mesure, un séparateur, muni nominale (par exemple, 100 MPa ± 2,5 kPa [18]). Pour les pressions
d’un indicateur de zéro ; ce dispositif est essentiel si l’on utilise dans plus élevées, l’estimation des distorsions prend une importance de
les deux balances des fluides de compression différents, en parti- plus en plus grande et les mesures sont au mieux à 2,3 × 10 – 4 de
culier des systèmes gaz /huile. Une étude récente sur un nouveau la pression nominale (1 GPa ± 0,23 MPa et 1,6 GPa ± 0,37 MPa [21]).
type de séparateur a été publiée par Tilford et Martin [22]. La
compagnie Ruska Instrument Corporation commercialise différents
modèles de séparateurs (Le Groupe Scientifique). 2.2.4 Conclusion
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 9
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
Dans le cas de gaz spéciaux, comme l’oxygène, des normes de La différence de potentiel e est proportionnelle aux variations ∆R /R
sécurité sont nécessaires. Il est généralement conseillé, dans le cas des résistances du pont formées par les jauges (figure 10) :
des mesures de pression sur des fluides dangereux, corrosifs ou
U ∆R 1 ∆R 2 ∆R 3 ∆R 4
simplement à température élevée (T > 50 oC), d’utiliser une mem-
brane séparatrice afin que le manomètre travaille dans les meilleures e = ------ ------------ – ------------ + ------------ – ------------
4 R1 R2 R3 R4
conditions de sécurité.
La précision des jauges de Bourdon peut être de 0,2 à 0,3 % de avec ∆R /R = K ∆/
la pleine échelle. où K désigne le facteur de jauge et ∆/ l’allongement de la jauge.
Ce sont des appareils robustes, mais à n’utiliser qu’entre le premier On a :
et le dernier quart de l’échelle à cause de l’hystérésis du tube (le K = 1 + 2 µ + π 1E
zéro est rattrapé au bout de 10 heures environ). De ce fait, ces appa-
reils doivent être souvent réétalonnés. avec µ coefficient de Poisson,
E module d’élasticité.
4.2.2 Capteurs à jauges de contrainte 1 + 2µ désigne la variation dimensionnelle, et π 1 E la variation de
résistivité avec les sollicitations extérieures. Ce dernier terme est
peu élevé dans le cas de jauges métalliques ; il sera prépondérant
4.2.2.1 Capteurs à jauges de contrainte métalliques
dans les jauges à semi-conducteurs (§ 4.2.2.3).
Ce terme enveloppe tout type de jauges à trame métallique dis-
posées sur un corps d’épreuve dans une configuration de pont de
Wheatstone. Au-dessous de 50 MPa, le corps d’épreuve est une Remarque : quelques montages, dits en quart de pont, per-
simple membrane. Au-delà, les trames métalliques sont collées sur mettent d’avoir des longueurs de fil importantes dont les effets
un corps d’épreuve en forme de tube. se compensent. Dans le schéma (figure 11), les effets des fils A
et C sont compensés dans les bras adjacents.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
Le tableau 3 donne quelques indications sur différents capteurs L’étanchéité est assurée, dans la majorité des cas, par contact
disponibles dans le commerce. métallique. Le couple de serrage maximal qui ne provoque pas de
Le prix moyen de ces capteurs est de l’ordre de 4 000 F. Un pont déformation parasite est de 5,5 N · m.
d’extensométrie classique (exemple : TS 205 - Sedeme), régulant sur Un inconvénient inévitable des capteurs à jauges de contrainte est
l’amplitude de la tension et pouvant ainsi présenter une légère dérive l’apparition d’un volume mort dû à la déformation du corps
en température, coûte environ 13 000 F. Un pont travaillant sur la d’épreuve pendant la mesure. L’ordre de grandeur est supérieur
phase de l’onde porteuse (exemple : Schenck HBM-Mesure), de très à 1 cm3 pour un capteur à trame métallique. L’erreur entraînée est
grande fiabilité puisqu’indépendant de la température, coûte autour minime si l’enceinte contenant le fluide est grande, mais peut devenir
de 45 000 F (tous les ordres de grandeur de prix ont été relevés importante pour de petits échantillons. La diminution du volume
en 1988). mort implique une augmentation de la rigidité du corps d’épreuve,
Les capteurs à jauges de contrainte sont en contact direct avec mais il s’ensuit une diminution de la sensibilité (de 1 à 40 mV/V).
le fluide comprimé. La tenue en température est tributaire des colles
utilisées et des déformations des corps d’épreuve. On peut utiliser 4.2.2.2 Capteurs à jauges métalliques déposées
ces capteurs en général entre 50 et 120 oC. Une adaptation est parfois
La technique des jauges déposées permet d’améliorer la sensi-
proposée pour des températures voisines de 400 oC, qui consiste en
bilité, tout en augmentant la rigidité du corps d’épreuve et ainsi en
un dispositif d’environ 15 cm de transmission hydraulique de la
diminuant le volume mort. Le dépôt se fait sur un isolant minéral
pression vers une zone plus froide (Gefran).
stable (silicium) sous vide et par pulvérisation cathodique sur la
surface polie du corps d’épreuve. On utilise un procédé d’usinage
ionique pour graver les branches du pont de Wheatstone,
connexions comprises.
La déformation apparente des jauges sous l’effet de la tempéra-
ture est calculée, pour 1 oC, par :
∆ T CR
--------- = α M – α S + -----------
K
avec αM coefficient de dilatation du matériau sur lequel est
placée la jauge,
αS coefficient de dilatation de l’isolant minéral (pour le
silicium, α S ≈ 2 × 10 –6 K–1),
Figure 10 – Montage des jauges métalliques en pont ces coefficients doivent être voisins,
TCR coefficient de température de la résistance,
K facteur de jauge, comme il a été défini précédemment.
Exemples : le constantan (45 % Ni, 55 % Cu) donne K = 2,1 à 20 oC
(augmentation de 1,3 % de 20 à 100 oC). Le Pt-W (92 % Pt, 8 % W)
donne K = 4,5 à 20 oC (augmentation de 2,7 % de 20 à 100 oC).
Les performances en pression ne dépassent pas celles des
capteurs à jauges collées, mais on gagne un ordre de grandeur sur
la sensibilité, sur le volume mort (≈ 0,9 cm3), et sur la précision
(mieux que 0,16 %). On peut citer la série des capteurs CMB de
Sedeme (prix ≈ 7 000 F).
(0)
4 jauges en pont
Nova-Swiss R = 350 Ω acier inoxydable 10 V 200
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 11
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
4.2.2.3 Capteurs à couches semi-conductrices déposées ou de carbone. Elles sont formées d’un empilement de grilles et de
rubans (rubans en cuivre avec une résistance de 0,3 Ω) encapsulé
La piézorésistance des semi-conducteurs est exploitée pour
entre de fines feuilles d’isolants liées avec de la résine époxyde. La
mesurer la pression ; en effet, la résistivité ρ varie avec la contrainte
résistance totale est de 50 Ω. On peut atteindre 5 GPa dans le cas
appliquée suivant la loi :
de jauges au carbone et 2 GPa dans le cas des jauges manga-
ρ = 1/enµ
nine-ytterbium. Le prix est voisin de 1 000 F.
avec e charge de l’électron,
n nombre de porteurs,
µ mobilité des porteurs. 4.3 Capteurs sensibles
La contrainte appliquée peut être statique ou dynamique ; elle
modifie µ et n. La grandeur et le signe de cette influence dépendent Ni les étalons primaires tels que nous les avons décrits (§ 2), ni
du semi-conducteur (concentration des porteurs et orientation les capteurs déformables ne peuvent mesurer la pression à l’inté-
cristallographique par rapport à la direction de la contrainte). La rieur de solides. À l’exception de quelques gaz rares (He : 11,5 GPa,
piézorésistivité longitudinale ou la piézorésistivité de cisaillement Ar : 1,4 GPa) il n’y a pas de milieu vraiment fluide au-delà d’une
peuvent être utilisées ; l’une et l’autre dépendent de l’organisation dizaine de gigapascals. C’est pourquoi les capteurs sensibles pré-
cristalline du milieu. sentent un intérêt original, puisqu’ils peuvent mesurer la pression
à la fois dans le milieu fluide et dans le milieu solide si le capteur
On peut ajouter des impuretés dans un semi-conducteur ; celles-ci sensible est noyé dans ce milieu solide.
vont modifier ses caractéristiques électriques. On distingue deux
types d’impuretés : On distinguera, dans ce paragraphe, les jauges à quartz et les
jauges à fils divers.
— impureté de valence 3, qui conduit à un semi-conducteur par
défaut de type P contenant des atomes « accepteurs » d’électrons ;
— impureté de valence 5, qui conduit à un semi-conducteur par
excès de type N contenant des atomes « donneurs ».
4.3.1 Jauges à quartz
Le nombre n de porteurs (encadré 5) joue un rôle dans le compor- Comme les jauges piézorésistives, les jauges à quartz trouvent
tement du facteur de jauge K : l’essentiel de leur domaine d’utilisation dans la mesure des pressions
— si n > 10 20 cm–3, K ne dépend ni de T ni de l’allongement : dynamiques.
K = ∆ρ /ρ 0 ε = Cte La société Kistler développe cependant des capteurs à quartz
entre 0 et 800 MPa pouvant fonctionner en quasi-statique. Sous la
avec ∆ρ variation de résistivité, contrainte du milieu comprimé (il s’agit ici encore d’un milieu fluide),
ρ0 résistivité à contrainte nulle, le quartz développe une charge en picocoulombs (pC) qui est trans-
formée en tension à l’aide d’un amplificateur de charge couplé à un
ε allongement ; condensateur fortement isolant (50 000 pF), ayant pour but d’aug-
— si n ≈ 1017 cm–3, il n’en est plus de même et on peut alors, en menter la constante de temps nécessaire à une mesure statique (ne
première approximation, poser : dépassant pas quelques secondes). La fréquence de résonance est
de l’ordre de 100 à 150 kHz, ce qui donne des quartz très épais
ε (≈ 5 cm) et résistants.
T0 K0 T0 2
- + C --------
K = --------------
T T Les caractéristiques essentielles de la jauge 0-800 MPa Kistler
avec K0 facteur de jauge à la température T 0 (température sont :
ambiante), — sensibilité : 1,7 pC/10 Pa ;
C constante propre, — variation thermique de la sensibilité : 0,02 % / oC ;
— gamme de température : – 50 à + 200 oC ;
ε allongement. — limite de fatigue : 5 × 106 cycles jusqu’à 200 MPa.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
___________________________________________________________________________________________________________________ HAUTES PRESSIONS
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 2 060 − 13
HAUTES PRESSIONS ____________________________________________________________________________________________________________________
--------
dP
dλ
dλ situation : les installations fonctionnant en gaz et celles fonctionnant
avec ∆λ = - ( P – P 0 ) + --------- ( T – T0 ) en vapeur. Trois recueils fixent les réglementations ; ils sont publiés
T0 dT P0
à la Division Énergie des Mines : Réf. 1498 I (recueil général),
où P0 et T0 désignent la pression atmosphérique et la température Réf. 1498 II (pression en gaz), Réf. 1498 III (pression en vapeur).
ambiante. D’autre part, les règles de calcul des installations sont fixées par un
On peut également prendre un verre dopé par Sm2+ [44]. code intitulé Code des Appareils à Pression (CODAP) dont la dernière
version est parue en 1985. Ce code est disponible au siège du
Des essais sont envisagés à partir du spectre Raman du diamant. Syndical National de la Chaudronnerie, de la Tôlerie et de la Tuyau-
terie Industrielle (SNCTTI). Toute modification à ces règles fait l’objet
de circulaires ministérielles.
Au-dessus de 50 MPa, toutes les installations sont soumises à
réglementation. Il est recommandé aux constructeurs de prendre
contact avec leur Direction Régionale de l’Industrie et de la Recherche
pour leur département, qui leur donnera toutes les instructions
nécessaires, en particulier lors de l’utilisation de fluides dangereux
sous pression.
■ Les autres pays occidentaux ont également des organismes
spécialisés ayant leur propre réglementation. Pour la République
fédérale d’Allemagne, c’est le TUV (Vereinigung der Technischen
Überwachung-Vereiner eV) dont il existe une antenne à Paris, aux
États-Unis c’est l’American Society of Mechanical Engineers (ASME),
en Suède c’est l’AB Statens. Le Royaume-Uni a une place particulière,
puisque ce sont les compagnies d’assurances qui fixent les
conditions d’homologation des installations.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 060 − 14 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
P
O
U
Hautes pressions R
E
par Jean-Pierre PETITET N
Laboratoire d’Ingénierie des Matériaux et des Hautes Pressions (LIMHP),
CNRS Université Paris-Nord
S
Références bibliographiques
[1] BETT (K.E.), HAYES (P.F.) et NEWITT (D.M.). – [16] LEWIS (S.) et PEGGS (G.N.). – The pressure [29] KLINGENBERG. – PTB Mitteilungen, 91, p. 33
A
[2]
Phil. Trans. Roy. Soc., 923, 247, p. 59-100
(1954).
BRIDGMAN (P.W.). – Proc. Am. Arts Sci., 47, [17]
balance ; a practical guide to its use. Tedding-
ton, UK : National Physical Laboratory (1979).
SHARMA (J.K.N.) et JAIN (K.K.). – Pramanà, 27
[30]
(1981).
SAMARA (G.A.) et GARDINI (A.A.). – Rev. Sci.
Instr., 35, p. 989 (1964).
V
[3]
p. 321 (1911).
WISNIEWSKI (R.). – Rev. Sci. Instruments, 53,
6, p. 920 (1982).
[18]
(3), p. 417 (1986).
LEGRAS (J.L.), LEWIS (S.L.) et MOLINAR
(G.F.). – Metrologia, 25, p. 21 (1988).
[31] ZETO (R.J.) et VANFLEET (H.B.). – J. Appl.
Phys., 40, p. 2227 (1969). O
[32] NOMURA (M.), YAMAMOTO (Y.), OCHIAI (Y.)
[4] ZHOKHOVSKII (M.K.). – Theory and calcula-
tions of apparatus with non scaled piston.
[19] DADSON (H.E.), GREIG (R.G.P.)
HORNER (A.). – Metrologia, 1, p. 55 (1965).
et et FUJIWARA (H.). – J. of Applied Phys., 18,
p. 363 (1979).
I
IKSM and IP (Moscou, URSS) (1966).
[5] JOHNSON (D.P.) et NEWHALL (D.H.). – The pis-
ton gauge as a precise measuring instrument.
[20]
[21]
WELCH (B.E.) et BEAN (V.E.). – Rev. Sci. Ins-
trum., 55, p. 1901 (1984).
NISHIBATA (K.), YAMAMOTO (S.) et
[33]
[34]
BOCK (W.J.) et WISNIEWSKI (R.). – Rev. Sci.
Instr., 48, p. 336 (1977).
BIRKS (A.W.) et LUDLOW (C.G.). – Mat. Res.
R
Trans. Am. Soc. Mech. Eng., 75, p. 301 (1953). KANEDA (R.). – Japan Journal of Appl. Phy- Soc. Symp. Proc., 22 (A84), p. 311 (Elsevier),
[6] JOHNSON (D.P.) et HEYDEMANN (P.L.M.). – sics, 19 (11), p. 2245 (1980). 24-29 juil. 1983.
Rev. Sci. Instrum., 38, p. 1294 (1967). [22] TILFORD (C.R.) et MARTIN (D.F.). – Rev. Sci. [35] DECKER (D.L.). – J. Appl. Phys., 42, p. 3239
[7] DOLINSKII (E.F.), KIRMALOV (L.A.) et
POLUKHIN (G.I.). – Izmern. Tekh., 11, p. 20
(1964).
[23]
Instr., 55, p. 95 (1984).
LLOYD (E.C.), BECKET (C.W.) et BOYD (F.R.Jr). [36]
(1971).
BIRKS (A.W.) et GALL (C.A.). – Strain, 9, p. 1
P
– Accurate characterization of the high pres- (1973).
[8] NISHIBATA (K.), YAMAMOTO (S.) et KANEDA
(R.). – Japan Journal of Appl. Physics, 19 (11),
sure environment. Ed. E.C. LLOYD (Washing-
ton DC), NBS Special Publication, no 326,
[37] WISNIEWSKI (R.) et BOCK (W.J.). – Arch.
Electrotech. (Warsaw), 25, p. 789 (1976).
L
p. 2245 (1980). p. 1-3 (1971).
[9] ZHOKOVSKII (M.K.), KONYAEV (YU.S.) et
LEVCHEVKO (U.G.). – Instr. et Exp. Tech., 1,
[24] DRICKAMER (H.G.). – Rev. Sci. Instruments,
41, p. 1667 (1970).
[38]
[39]
BARNETT (J.D.), BLOCK (S.) et PIERMARINI
(G.J.). – Rev. Sci. Instrum., 44, p. 1 (1973).
PIERMARINI (G.J.), BLOCK (S.), BARNETT
U
[10]
p. 466 (1959).
KONYAEV (YU.S.). – Prib. i Tekh. Ekop., 4,
p. 107 (1961).
[25] BEAN (V.E.), AKIMOTO (S.), BELL (P.M.),
BLOCK (S.), HOLZAPFEL (W.B.), JAMIESON
(J.C.), MANGHNANI (M.H.), NICOL (M.F.),
(J.D.) et FORMAN (R.A.). – J. Appl. Phys., 46,
p. 2774 (1975). S
[40] JAYARAMAN (A.). – Rev. Mod. Phys., 55, p. 65
[11] BAKHVALOVA (V.V.), ZOLOTYKH (E.V.) et PIERMARINI (G.J.) et STISHOV (S.M.). – High
(1983).
BOROVKOV (V.M.). – Izmern. Tekh., 11, p. 3 pressure research and industry. Ed. C.M. Bac-
kman, T. Johaniusson, L. Tegner, vol. 1 [41] MAO (H.K.), BELL (P.M.), SHANER (J.W.) et
(1973).
(Uppsala : Arkitektkopia), p. 144-151, 17-22 STEINBERG (D.J.). – J. Appl. Phys., 49, p. 3276
[12] EREMEEV (A.E.). – Izmern. Tekh., 7, p. 19 (1978).
août 1981.
(1974).
[26] BEAN (V.E.), AKIMOTO (S.), BELL (P.M.), [42] FUJISHIRO (I.), NAKAMURA (Y.), KAWASE (T.)
[13] YASUNAMI (K.). – Metrologia, 4 (4), p. 168 et OKAI (B.). – JSME, 31, no 1, p. 136 (1988).
BLOCK (S.), HOLZAPFEL (W.B.), MANGHNANI
(1968).
(M.H.), NICOL (M.F.) et STISHOV (S.M.). – [43] LETOULLEC (R.), PINCEAUX (J.P.) et
[14] KENNEDY (G.C.) et LAMORI (P.N.). – J. Geo- Physica, 139 et 140 B, p. 52 (1986). LOUBEYRE (P.). – High Pressure Research,
phys. Res., 67, p. 851 (1962). vol. 1, no 1, p. 177 (1988).
[27] LE NEINDRE (B.), SUITO (K.) et KAWAI (N.). –
[15] HEYDEMANN (P.U.M.) et WELCH (B.E.). – High Temp. High Pressures, 8, p. 1-20 (1976). [44] LACAM (A.). – 12e AIRAPT and 27e EHPRG,
4 - 1990
Normalisation
Doc. R 2 060
Association française de normalisation AFNOR Teil 3 8-83 Grundbegriffe der Messtechnik ; Begriffe für die Messun-
NF X 02-006 8-85 Le système international d’unités. Description et règles sicherheit und für die Beurteilung von Messgeräten und
d’emploi. Choix de multiples et de sous-multiples. Messeinrichtungen.
Deutsches Institut für Normung DIN Teil 4 12-85 Grundbegriffe der Messtechnik ; Behandlung von Unsi-
cherheiten bei der Auswertung von Messungen.
DIN 1319 Teil 1 6-85 Grundbegriffe der Messtechnik ; Allgemeine Grund-
begriffe.
Teil 2 1-80 Grundbegriffe der Messtechnik ; Begriffe für die
Anwendung von Messgeräten.