Courbes Et Surfaces: Table Des Matières
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Courbes et surfaces
Boris Thibert
Les courbes et les surfaces interviennent naturellement dans divers domaines. À titre
d’exemple, la modélisation de voitures dans un logiciel de CAO (Conception Assistée
par Ordinateur) comme CATIA se fait avec des surfaces. De même, la trajectoire d’un
objet, le tracé d’une route et bien d’autres exemples encore se modélisent par des
courbes. Dans ce cours, nous allons présenter quelques notions de base qui concernent
les courbes et les surfaces qui sont dites paramétrées. Une courbe paramétrée est une
application γ : I → R3 (avec I un intervalle de R) et une surface paramétrée est une
application g : U ⊂ R2 → R3 . Ainsi, pour étudier les courbes et surfaces paramétrées,
nous utiliserons des fonctions d’une et de deux variables. Aussi, une connaissance sur
les fonctions d’une et de deux variables réelles, sur les développements limités sera
utile, même si nous rappellerons certaines des notions utilisées.
2 Entraînement 26
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3 Compléments 45
3.1 Courbes de Bézier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2 Theorema Egregium de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3 Surfaces développables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
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1 Cours
Dans ce cours, on se place dans un espace affine qui est de dimension soit deux, soit
trois. Un point M dans un espace de dimension d ∈ {2, 3} sera repéré par ses coordon-
nées (u1 , ..., ud ) dans un repère orthonormé (O, →
−
e1 , ..., →
−
ed ). Cet espace est naturellement
d
identifié à R . Le produit scalaire de deux vecteurs u = (u1 , ..., ud ) et v = (v1 , ..., vd )
est donné par :
d
X
u.v = ui vi .
i=1
Prenons une route allant de Grenoble à Chamrousse et modélisons la par une courbe
géométrique C ! Prenons maintenant une voiture qui part de Grenoble à un instant
t = 0 et arrive à Chamrousse à un instant t = 45 minutes. Le trajet de cette voiture
est naturellement modélisé par la courbe paramétrée γ : [0, 45] → C ⊂ R3 qui à
2
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Figure 2 – Hélice
chaque instant t, donne la position γ(t) de la voiture. Prenons maintenant un vélo qui
va parcourir ce même trajet mais en mettant bien entendu un peu plus de temps, par
exemple 180 minutes. Cela nous définit une autre paramétrisation γe : [0, 180] → C ⊂ R3
qui est différente de γ, mais qui a exactement le même support géométrique C.
De même, pour prendre un exemple "plus mathématique", considérons √ la courbe
2
paramétrée γ : [0, 1] → R donnée par γ(t) = (x(t), y(t)) = (Rt, R 1 − t ). De l’équa-
2
tion x2 (t) + y 2 (t) = R2 , on déduit que γ(t) appartient au cercle de rayon R et de centre
(0, 0). Plus précisément, le support géométrique de γ est le quart de cercle entre les
points (R, 0) et (0, R). Or ce support géométrique admet aussi une autre paramétrisa-
tion γe : [0, π2 ] → R2 donnée par γe (θ) = (R cos(θ), R sin(θ)). Ainsi, une même courbe
géométrique peut avoir plusieurs paramétrisations.
Reparamétrisation
Il est possible de reparamétrer une courbe. Pour cela, on rappelle la notion de
difféomorphisme.
Définition 2. Soient U et V deux domaines ouverts de Rd .
Une application f : U → V est un C 1 difféomorphisme si :
3
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γ(t) = γ(t0 ) + γ 0 (t0 )(t − t0 ) + (t − t0 )(t), avec lim (t) = (0, 0),
t→t0
Remarques :
— Si γ : I → Rd est régulière et si γe = γ ◦ ϕ est une reparamétrisation de γ, alors
γe est aussi régulière. En effet, comme ϕ : J → I est un C 1 -difféomorphisme, on
a
∀t ∈ J, γe 0 (t) = γ 0 (ϕ(t))ϕ0 (t) 6= 0.
4
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— Une courbe paramétrée régulière admet une tangente en tout point. La réci-
proque n’est pas vraie. Considérons la courbe paramétrée suivante :
γ(t) = (t2 , t4 ) avec t ∈ R.
La courbe géométrique associée est la parabole d’équation y = x2 qui a un
vecteur tangent horizontal au point γ(0). Pourtant γ 0 (0) est nul !
où le supremum est pris sur toutes les subdivisions a = t0 < t1 < ... < tn = b de
l’intervalle [a, b], n étant quelconque.
De plus, si l(γ) est fini, on dit que la courbe γ est rectifiable.
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En passant maintenant au supremum sur toutes les subdivisions, on obtient que γ est
rectifiable et vérifie : Z b
l(γ) ≤ kγ 0 (t)k dt.
a
Montrons maintenant l’égalité souhaitée. Pour cela, introduisons la fonction φ : [a, b] →
R qui donne la longueur de la courbe entre les paramètres a et t :
∀t ∈ [a, b], φ(t) = l γ|[a,t] .
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Les membres de droite et de gauche ont la même limite kγ 0 (t)k, ce qui implique que φ
est dérivable en t et que l’on a φ0 (t) = kγ 0 (t)k.
Exemple : La longueur de l’hélice paramétrée par γ(t) = (R cos(t), R sin(t), at) avec
γ : [0, 2π] → R3 est donnée par :
Z 2π Z 2π √ √
0
l(γ) = kγ (t)k dt = R2 + a2 dt = 2π R 2 + a2 .
0 0
l(γ|[t1 ,t2 ] ) = t2 − t1 .
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γe = γ ◦ s−1
t0 : J → R
d
Démonstration : Admise.
γe = γ ◦ s−1
a : [0, l] → R
d
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Exemple
√ : On considère la courbe paramétrée γ :]0, 1[→ R2 définie par γ(t) =
(t, 1 − t2 ). L’abscisse curviligne s0 :]0, 1[→ R est donnée par :
Z t
0
Z t
1
s0 (t) = kγ (u)kdu = √ du = arcsin(t).
0 0 1 − u2
La fonction arcsin : [0, 1[→]0, π/2[ est une bijection. La reparamétrisation γe = γ ◦ s0−1 :
]0, π/2[→ R2 est donnée par :
q
γe (s) = γ(sin s) = sin s, 1 − sin2 (s) = (sin(s), cos(s)).
det(u, v) = u1 v2 − u2 v1 .
Repère de Serret-Frenet
On définit tout d’abord le repère de Serret-Frenet. Il s’agit d’un repère orthonormé
qui varie le long d’une courbe paramétrée.
Définition 8. Soit γ : [a, b] → R2 une courbe paramétrée régulière de classe C 1 . Le
repère de Serret-Frenet de γ au point γ(t) est le repère orthonormé :
→
− →
−
(γ(t), T (t), N (t)),
→
− γ 0 (t) →
− →
−
où T (t) = kγ 0 (t)k
et ( T (t), N (t)) est une base orthonormée directe du plan affine.
→
− →
−
Le vecteur T (t) est tangent à la courbe au point γ(t) et le vecteur N (t) est un
vecteur qui est normal à la courbe en γ(t).
Remarque : La droite tangente à la courbe γ au point γ(t) ne dépend pas de la
→
−
paramétrisation. Par contre, le vecteur T (t) en dépend : si on change le sens de parcours
de la courbe, alors ce vecteur sera remplacé par son opposé. Le repère de Serret-Frenet
dépend ainsi du sens de parcours de la paramétrisation ainsi que de l’orientation du
plan affine.
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Courbure
Quelle est l’allure locale d’une courbe paramétrée γ : I → R2 régulière de classe
C 2 ? On peut supposer, sans restriction, que cette courbe est paramétrée par abscisse
curviligne. Pour connaître la forme, on va effectuer un développement limité de γ à
l’ordre 2 en s0 :
0 (s − s0 )2 00
γ(s) = γ(s0 ) + (s − s0 )γ (s0 ) + γ (s0 ) + o((s − s0 )2 ).
2
→
−
On sait que le vecteur T (s) = γ 0 (s0 ) est tangent à la courbe en γ(s0 ). Si γ 00 (s0 ) 6= 0,
le développement limité nous indique qu’à l’ordre deux, la courbe est "attirée" dans la
direction γ 00 (s0 ). Autrement dit, le vecteur γ 00 (s0 ) nous donne des informations sur la
forme de la courbe au voisinage de γ(s0 ). Intuitivement, on voit aussi que plus kγ 00 (s0 )k
est grand, plus la courbe est courbée. Effectivement, cette norme va nous permettre de
définir la courbure (Figure 5).
Figure 5 – Dérivée première et seconde d’une courbe paramétrée par abscisse curvi-
ligne
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Démonstration : Admise.
Interprétation géométrique
Si une courbe paramétrée γ : I → R2 est normale, le point γ(s) avance à la
même vitesse que son paramètre s (cela correspond au fait que la norme de la dé-
rivée est constante égale à 1). Avec cette paramétrisation, on a vu que le vecteur
→
− →
−
γ 00 (s) = κ(s) N (s) est orthogonal à T (s) et le développement limité de γ à l’ordre deux
peut se réécrire naturellement dans le repère de Serret-Frenet :
→
− (s − s0 )2 →
−
γ(s) = γ(s0 ) + (s − s0 ) T (s0 ) + κ(s) N (s0 ) + o((s − s0 )2 ).
2
En un point de paramètre s, si la courbure κ(s) est strictement positive, les vecteurs
→
− →
−
N (s) et γ 00 (s) sont égaux et le vecteur N (s) pointe vers le centre de courbure. Si la
→
−
courbure est négative, alors N (s) = 1/κ(s) γ 00 (s) pointe dans la direction opposée au
centre de courbure (Figure 6).
11
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implique
γ 0 (s−1
t0 (s))
γe 0 (s) = (γ ◦ s−1 0 0 −1 −1 0
t0 ) (s) = γ (st0 (s)) (st0 ) (s) = −1 .
kγ 0 (st0 (s))k
En dérivant une deuxième fois, on a :
γ 00 (s−1
t0 (s))
γe 00 (s) = 0 −1 + λ(s)γ 0 (s−1
t0 (s)),
kγ (st0 (s))k2
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1
où λ est la dérivée de la fonction s 7→ kγ 0 (s−1
. On a donc :
0t (s))k
Par ailleurs, on a :
→
− →
−
det(γe 0 (s), γe 00 (s)) = det( T (s), κ(s) N (s)) = κ(s),
Sur la Figure 6, on observe que les cercles osculateurs aux points γ(s1 ) et γ(s3 )
"épousent" bien la forme de la courbe. En fait, ils ont un contact d’ordre deux avec la
courbe : plus précisément on peut montrer que la courbe paramétrée par abscisse cur-
viligne et le cercle osculateur paramétré par abscisse curviligne ont un développement
limité qui coïncide à l’ordre deux au voisinage du point γ(si ) (avec i ∈ {1, 3}).
Formules de Serret-Frenet
Le repère de Serret Frenet est défini en chaque point d’une courbe paramétrée
régulière. Les formules de Serret-Frenet expriment la façon dont ce repère bouge le
long de la courbe. Plus précisément, elles donnent les dérivées de ce repère dans la base
de Serret-Frenet.
→
−
Démonstration : La première formule a déjà été montrée. Le vecteur N (s) étant
unitaire, on a :
→
− →
−
∀s ∈ I N (s). N (s) = 1.
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En dérivant, on obtient
→
−0 →
−
∀s ∈ I N (s). N (s) = 0.
→
− →
−
Le vecteur N 0 (s) est donc colinéaire à T (s). Par ailleurs, on a :
→
− →
−
∀s ∈ I T (s). N (s) = 0.
En dérivant, on obtient
→
−0 →
− →
− →
−
T (s). N (s) + T (s). N 0 (s) = 0,
→
− →
−
et donc κ(s) = − N 0 (s). T (s), ce qui permet de conclure.
γ : I → R3 .
L’étude de l’allure locale est plus compliquée que pour les courbes planes. En effet,
pour une courbe plane paramétrée régulière, il n’y a qu’une seule direction normale
en chaque point de la courbe. Pour une courbe gauche, il y a tout un plan qui est
orthogonal au vecteur tangent à la courbe en chaque point, ce qui complique un peu
son étude et introduit une nouvelle notion, celle de torsion.
κ(s) = kγ 0 (s)k.
kγ 0 (t) ∧ γ 00 (t)k
κ(t) = .
kγ 0 (t)k3
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Remarque : Comme pour les courbes planes, on peut montrer que ces définitions ne
dépendent pas de la paramétrisation de la courbe géométrique.
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kγ 00 (s)k2
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En pratique, le résultat suivant peut permettre de calculer la torsion pour une
paramétrisation générale.
Proposition 11. La torsion d’une courbe paramétrée γ : I → R3 de classe C 3 en un
point γ(t) vaut
det(γ 0 (t), γ 00 (t), γ 000 (t))
τ (t) = − .
kγ 0 (t) ∧ γ 00 (t)k2
Démonstration : Admise.
→
−
La torsion mesure comment "tourne" le vecteur B . Une interprétation géométrique
de la torsion est donnée par la proposition suivante
Proposition 12. Soit γ : I → R3 une courbe paramétrée régulière de classe C 3 dont
tous les points sont biréguliers. Alors
la courbe γ est plane ⇐⇒ ∀t ∈ I, τ (t) = 0.
Formules de Serret-Frenet
Comme pour les courbes planes, en chaque point d’une courbe gauche paramétrée
régulière, on a un repère de Serret Frenet. Ce repère bouge avec le paramètre de la
courbe. Les formules de Serret-Frenet expriment justement la dérivée de ce repère.
Proposition 13 (Formules de Serret Frenet). Soit γ : I → R3 une courbe paramétrée
normale régulière de classe C 3 et γ(s) un point birégulier. Alors on a :
→−0 →
−
→T (s) = κ(s) N 0 (s)
−0 →
− →
−
N (s) = −κ(s) T (s) − τ (s) B (s)
→−0 →
−
B (s) = τ (s) N (s)
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Reparamétrisation
Comme dans le cas des courbes, il est possible de reparamétrer les surfaces para-
métrées par des difféomorphismes. Prenons une surface paramétrée f : U ⊂ R2 → R3
de classe C 1 et ϕ : V ⊂ R2 → U un C 1 difféomorphisme. Alors
f ◦ ϕ : V → R3
est une surface paramétrée qui a exactement le même support géométrique que f . On
dit que ϕ est un changement de variable admissible et que f ◦ϕ est une reparamétrisation
de f .
Rappel sur les différentielles
Le but de cette partie n’est pas de faire un cours précis sur les différentielles, mais
de rappeler les notions utiles pour les surfaces. Pour plus de précisions, le lecteur pourra
regarder le chapitre Fonctions de plusieurs variables de Maths en L1̇gne. Prenons une
application f : U ⊂ R2 → Rn (avec n ≥ 1).
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Définition 17.
— On dira que f est une application de classe C 1 si les dérivées partielles de f
existent et sont continues.
— On appelle alors différentielle de f au point (a, b) l’application linéaire de R2
dans R, notée Df (a, b) définie par :
∂f ∂f
Df (a, b) : (hx , hy ) ∈ R2 7→ hx (a, b) + hy (a, b).
∂x ∂y
On a alors la proposition suivante :
avec hx = (x − a) et hy = (y − b).
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
hx kx (a, b) + (h k
x y + h k
y x ) (a, b) + h k
y y (a, b).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
On a alors la proposition suivante :
f ◦ γ : I → R3
est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans le support S = f (U ) (Figure
8).
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Clairement, γx0 est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans S = f (U ). Si
cette courbe est régulière en y = y0 cela signifie que le vecteur γx0 0 (y0 ) est tangent à la
courbe γx0 au point m0 = γx0 (y0 ). De même, on peut considérer la courbe coordonnées
γy0 (avec y0 ∈ I2 ) :
γy0 : x ∈ I1 7→ f (x, y0 ).
Si cette courbe est régulière en x = x0 cela signifie que le vecteur γy0 0 (x0 ) est tangent
à la courbe γy0 au point m0 = γy0 (x0 ). Or, par définition des dérivées partielles, nous
avons :
∂f ∂f
γx0 0 (y0 ) = (x0 , y0 ) et γy0 0 (x0 ) = (x0 , y0 ).
∂x ∂y
Ceci motive la définition d’espace tangent à une surface :
Définition 18. L’espace tangent à une surface paramétrée f : U → R3 au point
m0 = f (x0 , y0 ) est l’espace affine, noté Tm0 S (avec S = f (U )) passant par m0 et
engendré par les vecteurs ∂f∂x
(x0 , y0 ) et ∂f
∂y
(x0 , y0 ).
En pratique, l’espace tangent Tm0 S désigne aussi l’espace vectoriel qui dirige l’espace
affine défini ci-dessus à savoir donc l’espace vectoriel engendré par les vecteurs ∂f
∂x
(x0 , y0 )
∂f
et ∂y (x0 , y0 ).
Définition 19.
— La surface paramétrée f : U → R3 est dite régulière au point m = f (x, y) si les
deux vecteurs ∂f
∂x
(x, y) et ∂f
∂y
(x, y) sont libres.
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Longueur et aire
Prenons une surface paramétrée f : U ⊂ R2 → R3 de classe C 1 et γ : [a, b] ⊂
R → U une courbe paramétrée plane dont le support géométrique vit dans l’espace des
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paramètres U . Alors f ◦ γ est une courbe paramétrée dont le support est inclus dans
le support S = f (U ) (Figure 8). Sa longueur est donnée par :
Z b Z b
l(f ◦ γ) = k(f ◦ γ)0 (t)k dt = k(Df (γ(t)).γ 0 (t)k dt.
a a
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avec φ : U ⊂ R2 → R. (En fait, on peut montrer que l’on peut toujours se ramener
localement à une telle forme, et que cette hypothèse n’est pas restrictive.) D’autre part,
quitte à faire un changement de repère, on peut supposer que φ(0, 0) = 0 et que
Dφ(0, 0) = 0. Dans le nouveau repère, cela revient à avoir que la surface passe par le
point de coordonnées (0, 0, 0) et que le plan tangent en ce point est horizontal. Dans
ce cas là, le développement limité de φ en (0, 0) est :
1
φ(x, y) = D2 φ(0, 0)(x, y)2 + o((x2 + y 2 )),
2
avec
∂ 2φ ∂ 2φ 2
2∂ φ
D2 φ(0, 0)((x, y), (x, y)) = x2 (0, 0) + 2xy (0, 0) + y (0, 0).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
La forme bilinéaire symétrique D2 φ(0, 0)((x, y), (x, y)) donne ainsi des informations
sur l’allure de la surface au voisinage du point m = f (0, 0) = (0, 0, 0). Il s’agit de la
deuxième forme fondamentale.
Cas général
Dans le cas d’une paramétrisation régulière quelconque, la définition de la deuxième
forme fondamentale fait aussi intervenir la différentielle première. Rappelons que si
f : U → R3 est une surface paramétrée régulière de classe C 2 , alors les vecteurs
∂f
∂x
(x, y) et ∂f
∂y
(x, y) forment une base de l’espace tangent Tm S à S = f (U ) au point
m = f (x, y). Tout vecteur de Tm S s’exprime donc dans cette base :
∂f ∂f
∀v ∈ Tm S ∃(vx , vy ) ∈ R2 v = vx (x, y) + vy (x, y).
∂x ∂y
On note K(x, y) le vecteur orthogonal à l’espace tangent Tm S donné par :
∂f ∂f
∂x
(x, y) ∧ ∂y
(x, y)
K(x, y) = ∂f ∂f
.
∂x
(x, y) ∧ ∂y
(x, y)
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Proposition 17. Soient V est un espace vectoriel de dimension deux munit d’un pro-
duit scalaire et Q : V → R une forme quadratique sur V . Alors il existe une base
orthonormée (e1 , e2 ) de V telle que :
où
Q(v) Q(v)
λ1 = min et λ2 = max .
v6=0 kvk2 v6=0 kvk2
On peut montrer que si λ1 6= λ2 , alors la base orthogonale (e1 , e2 ) dans laquelle
la forme quadratique est diagonale est unique (à l’orientation près des vecteurs). En
appliquant cette proposition à la deuxième forme fondamentale IIm au point m =
f (x, y), on sait qu’il existe une base orthonormée (e1 , e2 ) de Tm S telle que :
où
Q(v) Q(v)
λ1 = min et λ2 = max .
v6=0 kvk2 v6=0 kvk2
On définit alors :
Définition 22.
— Les directions principales de S au point m sont les vecteurs e1 et e2 .
— Les courbures principales de S au point m sont les nombres λ1 et λ2 .
— La courbure de Gauss de S au point m est le produit λ1 λ2 .
Interprétation géométrique
Pour tout vecteur v ∈ Tm S, IIm (v) est la courbure de la surface au point m dans
la direction v. En particulier, λ1 est la courbure de la surface S dans la direction e1 et
λ2 est la courbure de la surface S dans la direction e2 . Le résultat d’algèbre précédent
est assez surprenant dans la mesure où il nous dit que pour tout point de toute surface
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Toute courbe paramétrée de classe C 2 est régulière.
2. Toute courbe paramétrée régulière a un espace tangent en tout point.
3. Si une courbe paramétrée admet une droite tangente en un point, alors elle
est régulière en ce point.
4. Toute paramétrisation de la courbe géométrique d’équation y = x2 est régu-
lière.
5. Il existe une paramétrisation régulière de la courbe géométrique d’équation
y = x2 .
q
6. Toute paramétrisation de la courbe géométrique d’équation y = |x| (avec
x ∈ R) est régulière.
7. Il q
existe une paramétrisation régulière de la courbe géométrique d’équation
y = |x| (avec x ∈ R).
Vrai-Faux 2. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Pour toute courbe paramétrée, il existe une paramétrisation non régulière.
2. Toute courbe normale est régulière.
3. Si une courbe une courbure nulle alors elle est plane.
4. La tangente à une courbe en un point d’inflexion traverse la courbe.
5. La tangente à une courbe en un point d’inflexion ne traverse jamais la courbe.
6. Si m est un point d’inflexion d’une courbe, alors la coubure en ce point est
nulle.
Vrai-Faux 3. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
1. Une courbe rectifiable a une longueur finie.
2. La longueur d’une courbe paramétrée sur un intervalle [a, b] de longueur finie
est forcément finie.
3. Si une courbe est rectifiable, alors elle est de classe C 1 .
4. Si une courbe paramétrée est de classe C 1 , alors elle est rectifiable.
5. Si une courbe paramétrée est rectifable, alors il existe toujours un reparamé-
trage qui soit de classe C 1 .
6. La longueur de la courbe paramétrée γ : t ∈ [0, 4π] 7→ (R cos t, R sin t, 3) vaut
2πR.
Vrai-Faux 4. Les phrases suivantes sont-elles justes ?
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y=u avec u ∈ R
z=0
4. La droite tangente à la courbe paramétrée γ : t 7→ (cos t, sin t) en t = π/4 a
pour équation ( √
x=√ − 2/2
avec u ∈ R
y = 2/2
5. La droite tangente à la courbe d’équation y = 3x3 au point (2, 24) a pour
équation (
x=2+u
avec u ∈ R
y = 24 + 36u
6. La droite tangente à la courbe d’équation y = −2x2 + 1 au point (1, −1) a
pour équation (
x=2+u
avec u ∈ R
y =4+u
27
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2. Toute courbe sur la sphère a une torsion qui est non nulle en au moins un
point.
3. Pour chaque courbe paramétrée régulière rectifiable, il existe une infinité de
reparamétrisation par abscisse curviligne.
4. Une courbe paramétrée a une courbure identiquement nulle si et seulement
si son support géométrique est un segment.
5. Une courbe paramétrée γ : I ⊂ R → R3 à courbure constante κ 6= 0 est
forcément inclus dans un cercle.
28
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2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacune des courbes paramétrées suivantes :
29
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x2 y 2
+ 2 = 1.
a2 b
1. Donner une paramétrisation de l’ellipse.
2. Calculer la longueur de l’ellipse.
3. Calculer la courbure de l’ellipse en tout point.
4. Quels sont les points les plus courbés ?
5. Que pouvez-vous dire de la torsion de l’ellipse ?
Exercice 11. Calculer la courbure et la torsion des courbes paramétrées γi : R → R3
suivantes (avec i ∈ {1, 2, 3, 4}) :
1. γ1 (t) = (t, t + 1, 1 − t2 ).
30
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Exercice 13. Soit γ : I → R2 une courbe paramétrée par abscisse curviligne, régulière
et de classe C 2 . On suppose qu’il existe une application ϕ : I → R telle que pour tout
t ∈ I γ(t) = (t, ϕ(t)).
1. Montrer que la courbure algébrique de la courbe est donnée par
ϕ00
κ= 3 .
(1 + ϕ02 ) 2
Exercice 14. Une courbe plane est souvent définie en coordonnées polaires par r = r(θ).
Autrement dit, la paramétrisation de la courbe est de la forme :
où θ appartient à un intervalle I de R.
1. Calculer la longueur d’arc en coordonnées polaires.
2. Calculer la courbure en coordonnées polaires.
31
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e0 : t 7→ 1 e1 : t 7→ t e2 : t 7→ t2 .
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Surfaces
Exercice 23. Trouver une équation du plan tangent pour chaque surface ci-dessous, au
point (x0 , y0 , z0 )
√
1. f : (x, y, z) 7→= (x, y, 21 − x2 − y 2 ) avec (x0 , y0 , z0 ) = (1, 2, 4).
2. f : (x, y) 7→ (15x − 2y, 3x + 17y + 9, 23x + 17y + 22) avec (x0 , y0 , z0 ) = f (2, 3)
34
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35
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3. Une surface de révolution est obtenue en faisant tourner une courbe autour d’un
axe (voir l’exercice précédent pour une paramétrisation). Cette surface est-elle
une surface de révolution ? Si oui, donner l’axe de révolution ainsi que l’équation
d’une courbe plane qui engendre la surface.
4. Calculer la deuxième forme fondamentale.
5. Que pouvez-vous dire du signe du produit des courbures principales ?
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1.
A La longueur de la courbe γ : t ∈ [−2π, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 1) est 2πR.
B La longueur de la courbe γ : t ∈ [−2π, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2) est 4πR.
√
C La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est 2π R2 + 2.
D La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 3[7→ (t, 2t2 ) est sh(2argsh(12))
16
+ argsh(12)
8
.
E La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (t − sin t, 1 − cos t) est 10.
γ : R → R2
t 7→ (t − sh t ch t, 2ch t)
A Une abscisse curviligne est donnée par s(t) = sh2 (t) pour tout t ∈ R
B Une abscisse curviligne est donnée par s(t) = sh2 (t) si t ≥ 0 et par s(t) =
−sh2 (t) si t < 0.
36
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γ : R → R2
t 7→ (t2 − 2t3 , 5t3 + 1)
Question 6.
D La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2[7→ (t, 2t2 ) est sh(2argsh(4))
16
+ argsh(4)
8
.
3 3
B La longueur de la courbe γ : t ∈ [0, 2[7→ (cos t, sin t) est 2π.
C La courbure de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est constante égale
R
à 4+R 2.
37
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D La torsion de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est constante égale
R
à 4+R 2.
E La développée de la courbe γ : t ∈ [0, 2π[7→ (R sin t, R cos t, 2t) est une hélice.
f : (x, y) ∈ R2 7→ (5x − 3y 2 + 3, −x + y 2 , 3x − 4y 2 )
38
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Question 9. Soit f : R×R2 ×R2 → R3 la surface paramétrée par f (x, y) = (x, y, 15x2 +
13y 3 + 7).
A Le plan tangent en f (0, 0) est horizontal.
B Le plan tangent en f (0, 0) traverse la surface.
C Les deux courbures principales en f (0, 0) sont strictement positives.
D La surface est un paraboloïde de révolution.
E Le plan tangent en f (0, 0) passe par le point (0, 0, 0).
Question 10. Soit f : R×[0, 2π] → R3 la surface paramétrée par f (t, θ) = (t cos θ, t sin θ, t).
Réponses : 1–BD 2–CE 3–BC 4–AE 5–BC 6–CE 7–AD 8–AC 9–AB 10–BE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé.
Si vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses
avec le corrigé.
Exercice 1. Montrer que les courbes planes régulières de classe C 2 à courbure constante
sont des arcs de cercle.
(On pourra considérer les paramétrisations par abscisse curviligne et montrer que le
centre de courbure est constant.)
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1. Représenter cette surface en 3D. Pourquoi, à votre avis, cette surface est-elle
dite "de révolution" ?
2. Calculer l’aire de cette surface.
3. Que représentent géométriquement les courbes C1 = {f (0, v), v ∈ [0, 2π[} et
C2 = {f (u, 0), u ∈ [0, 2π[} ?
4. Montrer que les vecteurs tangents à ces courbes au point d’intersection m =
f (0, 0) sont orthogonaux.
5. Calculer en tout point m de la surface la deuxième forme fondamentale IIm ,
ainsi que les courbures et directions principales.
6. En tout point m = f (u, v) de la surface, calculer le produit Gm des deux cour-
bures principales.
— Déterminer les points m pour lesquels Gm > 0
— Déterminer les points m pour lesquels Gm < 0
— Déterminer les points m pour lesquels Gm = 0
7. Interpréter géométriquement ces résultats.
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→
− →
−
Or les formules de Serret-Frenet indiquent que N 0 (s) = −κ(s) T (s), et donc
→
− →
−
C 0 (t) = T (s) − T (s) = 0.
Le centre de courbure C(s) est donc constant égal à C0 . Donc pour tout s ∈ I
1 →− 1
kγ(s) − C0 k = k N (s)k = .
κ κ
Le point γ(s) appartient donc au cercle de centre C0 et de rayon 1/κ. Comme l’appli-
cation γ est continue (et que I est un intervalle), le support géométrique est un arc de
cercle.
Exercice 2.
1. Le support géométrique de cette courbe est une hélice (Figure 12).
Figure 12 – Hélice
41
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→
− →
− →
−
3. Calculons le repère (γe (s), T (s), T (s), T (s)) de Serret-Frenet en tout point de
paramètre s. On a :
−R sin √ s
→
− 1 R2 +a2
T (s) = γe 0 (s) = √ 2
R cos √R2s+a2 .
R + a2
a
D’autre part, on a :
−R cos √ s
1 R2 +a2
γe 00 (s) =
−R sin √R2s+a2 .
R2 + a2
0
On en déduit que γ 00 (s) ne s’annulle jamais et que tout point est birégulier.
− cos √ s
→
− γe 00 (s) R2 +a2
N (s) = 00 = − sin √R2s+a2 .
kγe (s)k
0
√ s
a sin
→
− →
− →
− 1 R2 +a2
B (s) = T (s) ∧ N (s) = √ 2
−a cos √R2s+a2 .
R + a2
R
4. La courbure est donnée par :
R
κa (s) = kγe 00 (s)k = .
R2 + a2
On remarque que cette courbure est constante.
→
− →
−
5. La torsion est donnée par la formule τ (s) = B 0 (s). N (s). Or on a
a cos √R2s+a2
→
−0 1
a sin √ s
B (s) = 2 2
,
R +a 2
R +a2
0
ce qui donne
→
− →
− −a
τa (s) = B 0 (s). N (s) = .
R2 + a2
En passant à la limite, on a :
6.
lim κa = et lim τa = 0
a→0 a→0
On observe que la courbe γ tend vers une paramétrisation du cercle quand a
tend vers 0. On observe également que la courbure κa tend vers la courbure R1
du cercle et que la torsion τa (s) tend vers la torsion du cercle qui vaut 0.
42
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Exercice 3.
1. Cette surface est appelée surface de révolution, car elle est obtenue en faisant
tourner un cercle de rayon r paramétré par
43
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et donc on a :
− cos u cos v
K(u, v) = − cos u sin v
− sin u
On a donc :
−r cos u cos v − cos u cos v
∂ 2f
L(u, v) = 2
(u, v).K(u, v) =
−r cos u sin v − cos u sin v = r.
.
∂u
−r sin u − sin u
2 r sin u sin v − cos u cos v
∂ f
M (u, v) = (u, v).K(u, v) = −r sin u cos v . − cos u sin v = 0.
∂u∂v
0 − sin u
2 −(R + r cos u) cos v − cos u cos v
∂ f
−(R + r cos u) sin v . − cos u sin v = (R+r cos u) cos u.
N (u, v) = 2 (u, v).K(u, v) =
∂v
0 − sin u
Comme M (u, v) = 0, cela signifie que ladeuxième fondamentale II(u, v) est
diagonale dans la base ∂f ∂u
(u, v), ∂f
∂v
(u, v) . Or cette base est orthogonale car
∂f ∂f
les deux vecteurs ∂u (u, v) et ∂v (u, v) sont orthogonaux. Les deux directions
principales sont donc
∂f − sin u cos v ∂f − sin v
∂u
(u, v) ∂v
(u, v)
e1 = ∂f
= − sin u sin v
et e2 = ∂f
= cos v
.
∂u
(u, v) cos u ∂v
(u, v) 0
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On a donc
Gm > 0 ⇐⇒ cos u > 0 ⇐⇒ u ∈ [0π/2[∪[3π/2, 2π[
Gm < 0 ⇐⇒ cos u < 0 ⇐⇒ u ∈]π/2, 3π/2[
Gm > 0 ⇐⇒ cos u = 0 ⇐⇒ u ∈ {−π/2, π/2}
L’ensemble des points où la courbure s’annulle est l’union des deux cercles ho-
rizontaux de rayon R formés par les points d’altitude la plus haute z = r et la
plus basse z = −r. Cet ensemble s’écrit :
R cos v R cos v
[
, v ∈ [0, 2π[
R sin v R sin v , v ∈ [0, 2π[ .
−r
r
3 Compléments
3.1 Courbes de Bézier
Les courbes de Bézier sont des courbes paramétrées polynômiales qui ont été dé-
couvertes par l’ingénieur français Pierre Bézier (1910-1999) dans les années 60. Elles
ont joué un rôle important dans le développement des logiciels de CAO, ont donné
naissance à de nombreux objets mathématiques et sont encore utilisées dans des lo-
giciels de dessin vectoriel. Pierre Bézier (pour plus de renseignements, on peu aussi
regarder le site http://rocbo.lautre.net/bezier/pb-indus.htm) a travaillé chez
Renault toute sa carrière. Une de ses préoccupation était de créer un moyen simple de
modéliser des formes à partir de machines à commande numérique. L’idée lumineuse
qu’il a eu consiste à exprimer une courbe comme combinaison linéaire de points (ap-
pelés points de contrôles). Ceci est bien illustré sur la Figure 14 : à gauche, on a des
points (ordonnés) ; à droite, on a une courbe dont les extrémités sont deux points de
cette courbe et qui est "attirée" par les autres points.
La définition de ces courbes est assez simple et utilise les polynômes de Bernstein.
La courbe de Bézier associée à n + 1 points P0 , ..., Pn de R2 est la courbe paramétrée
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On peut remarquer que cette propriété implique que le point P (t0 ) dans la formule
ci-dessus est barycentre des points P0 ,...,Pn .
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Les courbes de Bézier forment un outil de base qui est utilisé pour définir d’autres
notions utiles en modélisation. C’est le cas par exemple des courbes B-splines, beaucoup
utilisées dans les logiciels de dessin, qui sont des courbes obtenues en mettant "bout à
bout" des courbes de Bézier.
Figure 16 – La courbure de Gauss G(p) au point p est le produit des deux courbures
principales λ1 (p) et λ2 (p) (λ1 (p) est la courbure de la courbe bleue au point p et λ2 (p)
est la courbure de la courbe rouge au même point p).
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Théorème 3. La courbure de Gauss d’une surface est invariante par isométrie locale.
Ce résultat nous indique que si on modifie une surface sans modifier ses longueurs,
alors sa courbure de Gauss est inchangée. La courbure de Gauss est donc une courbure
qui ne dépend pas de la forme de la surface, mais juste des distances mesurées sur cette
surface.
Ce résultat est un résultat important de géométrie différentielle. On peut essayer de
le comprendre au travers de l’exemple de l’hélicoïde et de la caténoïde. Une caténoïde et
une hélicoïde sont représentées sur la Figure 17. Il est possible transformer la caténoïde
en l’hélocoïde de manière continue et sans modifier les distance, comme illustré sur
la Figure 18. Le théorème de Gauss implique alors que ces deux surfaces (qui sont
isométriques) ont des courbures de Gauss identiques.
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On remarque sur les exemples de la Figure 19 un fait surprenant : pour tout point
p de la surface, il existe un segment de droite Cp qui contient p et qui est inclus dans
la surface. Une surface qui vérifie cette propriété est dite réglée. Cette constatation est
en fait générale : toute surface régulière de classe C 2 à courbure de Gauss nulle est
réglée. Mais attention, la réciproque n’est pas vraie : il existe des surfaces réglées non
développables (les exemples de la Figure 21 permettent de s’en convaincre).
On peut voir sur les Figures 22 et 23 des exemples de modélisation de surfaces
basées sur les surfaces développables. Dans ces deux cas, la surface sous-jacente n’est
pas régulière de classe C 2 . Un autre domaine où les surfaces développables sont utilisées
est l’architecture. On peut par exemple citer le célèbre architecte Frank Gehry, qui les
utilise dans la conception de ses bâtiments (Figure 24).
50
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