ED Portrait Pomme Terre MAPAQ
ED Portrait Pomme Terre MAPAQ
ED Portrait Pomme Terre MAPAQ
DE L’INDUSTRIE
DE LA POMME DE TERRE
AU QUÉBEC 2018-2022
AVANT-PROPOS
Ce portrait-diagnostic sectoriel consiste en une analyse de divers aspects de l’industrie québécoise de la pomme
de terre, dont l’évolution de la demande, les échanges commerciaux, la production, la transformation, la
compétitivité, la recherche et l’innovation ainsi que des enjeux liés au développement durable du secteur. Il couvre
la période 2018-2022 et s’inscrit dans le cadre de l’examen périodique des interventions des Producteurs de
pommes de terre du Québec dans la mise en marché de la pomme de terre au Québec.
Cet examen a été mené par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (Régie) conformément à
l’article 62 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche (RLRQ,
chapitre M-35.1) :
« À la demande de la Régie et au plus tard tous les cinq ans, chaque office établit devant la Régie ou
devant les personnes qu’elle désigne pour lui faire rapport, que le plan et les règlements qu’il édicte
servent les intérêts de l’ensemble des producteurs et favorisent une mise en marché efficace et
ordonnée du produit visé. »
Afin d’appuyer l’évaluation des résultats du Plan conjoint des producteurs de pommes de terre du Québec, le
ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a été mandaté pour la réalisation d’un
portrait-diagnostic du secteur de la pomme de terre au Québec. À la demande de la Régie, ce document présente
un portrait évolutif et comparatif de cette industrie tout en tenant compte de son contexte dynamique et
concurrentiel. L’analyse a été effectuée, lorsque des données étaient disponibles, en fonction des différentes
catégories de pommes de terre prévues par le Plan conjoint :
• Table : pommes de terre lavées, essorées et triées qui sont vendues à l’état frais, emballées ou en vrac;
• Semences : tubercules utilisés à des fins de reproduction et de mise en culture de pommes de terre.
• Croustille : pommes de terre produites à des fins de transformation en grignotines (ou en collations) sous
forme de chips;
• Prépelage : pommes de terre dirigées vers des usines de transformation pour être notamment pelées ou
tranchées (frites, pommes de terre rondes, cubes, lamelles, etc.) et vendues fraîches, précuites, surgelées
ou en conserve;
• La pomme de terre est le légume le plus populaire au Canada et aux États-Unis, car elle compte pour environ
le tiers de tous les légumes consommés. Depuis 2018, sa consommation par habitant augmente au Canada,
notamment dans le produit frais, alors que le produit surgelé demeure le favori de nos voisins du Sud.
• Le Canada est le cinquième plus grand exportateur mondial de pommes de terre et les expéditions se font
principalement sous forme de produit surgelé. Le Québec se distingue par la forte croissance de ses
exportations de pommes de terre de table, qui le place au 2e rang parmi les provinces canadiennes
exportatrices de ce produit. La galle verruqueuse détectée à l’Île-du-Prince-Édouard et la fermeture des
frontières aux pommes de terre présentant cette affection n’ont pas eu d’impact significatif sur les échanges
commerciaux du Canada, sauf pour les exportations de semences, qui ont connu une plus faible croissance
et même une décroissance dans les provinces maritimes.
• Contrairement aux États-Unis, les superficies et les volumes de pommes de terre au Canada sont en hausse,
notamment en Alberta et au Manitoba, où des investissements majeurs ont été réalisés pour l’agrandissement
ou la construction d’usines de transformation.
• Le Québec est la cinquième province productrice de pommes de terre en importance au Canada. Il a affiché,
pour ce légume, l’une des plus fortes croissances des volumes, des rendements et des recettes monétaires
au pays au cours des cinq années étudiées. Il se distingue en concentrant la plus grande part de sa production
sur le marché frais, alors que les autres provinces misent davantage sur le marché de la transformation.
• En 2022, au Québec, 223 entreprises spécialisées ont produit plus de 614 000 tonnes de pommes de terre
sur une superficie de 18 400 hectares (ha), générant des ventes à la ferme de 258 M$. Le marché de la table
domine toujours avec 55 % des ventes, mais la progression a été plus marquée dans les marchés du
prépelage (51 M$ ; +84 %) et de la croustille (44 M$ ; +78 %).
• La production de pommes de terre se trouve partout au Québec, notamment dans les sols sableux et légers.
La Capitale-Nationale (24 % des superficies) et Lanaudière (22 %) viennent en tête des principales régions
productrices, suivies du Saguenay–Lac-Saint-Jean (15 %). Pour répondre à la demande des consommateurs,
les superficies de variétés à chair jaune se sont particulièrement accrues au Québec. Les superficies de
pommes de terre biologiques ont, pour leur part, plus que doublé, mais représentent encore une faible
proportion des superficies totales (0,9 %).
• La rentabilité des exploitations québécoises s’est améliorée davantage au Québec que dans les autres
provinces grâce à la réduction des dépenses de cultures et aux économies d’échelle. Les entreprises de
production de pommes de terre ont obtenu une marge d’exploitation positive durant toute la période étudiée,
exception faite des producteurs de croustilles, qui ont connu un ratio moyen négatif deux années sur cinq. La
marge bénéficiaire a crû avec la taille des entreprises et le soutien de l’État a été plus important pour les
entreprises situées dans les régions périphériques que pour celles des régions centrales.
• Les investissements en recherche ont augmenté avec l’implication du Consortium de recherche sur la pomme
de terre du Québec (CRPTQ), qui est venu concerter et accélérer l’innovation dans les domaines prioritaires
du secteur en collaboration avec plusieurs autres centres et établissements de recherche. La recherche a
davantage porté sur les disciplines de l’amélioration génétique et de la phytoprotection et les efforts devraient
se poursuivre pour le développement des pratiques agroenvironnementales, la gestion des eaux de lavage et
la conservation des sols.
• Les principaux enjeux actuels et futurs du secteur sont : 1) la gestion responsable de l’eau et la résilience face
aux changements climatiques; 2) la capacité de répondre à la demande environnementale et sociétale;
3) l’amélioration de la consommation de la pomme de terre ainsi que 4) l’augmentation de la productivité et la
rentabilité des entreprises.
2 LA PRODUCTION ......................................................................................................................................... 5
2.1 La production mondiale ........................................................................................................................ 5
2.2 La production canadienne et québécoise ............................................................................................ 6
2.3 La production québécoise .................................................................................................................... 8
3 LA COMPÉTITIVITÉ .................................................................................................................................... 12
3.1 Les parts de marché de la production ................................................................................................ 12
3.2 La situation financière des entreprises ............................................................................................... 14
3.3 Les paiements de programmes gouvernementaux ............................................................................ 16
7 ANNEXES .................................................................................................................................................... 25
Tableau 1 – Tendances de la consommation des différents types de pommes de terre au Canada et aux États-
Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais) .......................................................................................... 1
Tableau 2 – Évolution du volume des ventes au détail des produits de pommes de terre et des produits substituts
au Québec, période 2018-2019 comparée à 2021-2022 ......................................................................................... 3
Tableau 3 – Part relative des pommes de terre fraîches en matière de volume des ventes au détail au Québec, de
2018 à 2022 .............................................................................................................................................................. 3
Tableau 4 – Part relative des produits de pommes de terre transformées en matière de volume des ventes au
détail au Québec, de 2018 à 2022 ........................................................................................................................... 3
Tableau 5 – Évolution du volume des exportations des plus importantes catégories de pommes de terre pour les
principaux pays exportateurs en milliers de tonnes métriques, de 2017 à 2021 ..................................................... 4
Tableau 6 – Valeur des exportations des différentes catégories de pommes de terre pour le Canada et les États-
Unis en millions de dollars canadiens et croissance annuelle, de 2018 à 2022 ...................................................... 5
Tableau 8 – Évolution des superficies ensemencées, des volumes produits et des rendements de pommes de
terre pour les principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022 ......................................................................... 7
Tableau 9 – Évolution de la taille moyenne des entreprises de pommes de terre au Canada, de 2011 à 2021..... 7
Tableau 10 – Évolution de la production commercialisée du Québec pour les différentes catégories de pommes
de terre, années-récoltes de 2018 à 2022 ............................................................................................................... 9
Tableau 11 – Évolution des superficies de pommes de terre par catégorie de variétés, de 2018 à 2022 ............ 10
Tableau 12 – Évolution de l’adoption de la gestion intégrée des ennemis de cultures dans le secteur de la pomme
de terre en fonction des différentes étapes proposées, de 2012 à 2021 ............................................................... 11
Tableau 13 – Structure des revenus, des dépenses et des marges bénéficiaires des entreprises de pommes de
terre des principales provinces canadiennes, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021 .................................... 14
Tableau 14 – Structure des marges bénéficiaires en fonction de la taille des entreprises de pommes de terre du
Québec, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021 .............................................................................................. 15
Tableau 15 – Contribution gouvernementale des quatre programmes de la FADQ offerts aux producteurs dont la
pomme de terre est la production principale .......................................................................................................... 16
Tableau 16 – Ratio de paiement des programmes gouvernementaux, par type de production et par région ....... 17
Tableau 18 – Dépenses en recherche et en innovation, selon la discipline, dans le secteur de la pomme de terre
au Québec au cours de la période2018-2022 ........................................................................................................ 22
Tableau 19 – Aide versée dans le cadre du Programme services-conseils pour les entreprises de pommes de terre
du Québec au cours de la période 2018-2022 ....................................................................................................... 23
Figure 1 – Évolution de la consommation de pommes de terre fraîches et transformées au Canada et aux États-
Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais) .......................................................................................... 1
Figure 2 – Provenance de la pomme de terre consommée au Québec en 2021 (achats québécois du commerce
de détail alimentaire et des services alimentaires du réseau HRI) .......................................................................... 2
Figure 3 – Évolution des superficies irriguées de pommes de terre au Québec, de 2010 à 2022, et anticipation
pour 2024 .................................................................................................................................................................. 8
Figure 5 – Évolution des recettes monétaires du marché (M$) tirées des pommes de terre dans les principales
provinces canadiennes, de 2018 à 2022 ................................................................................................................ 12
Figure 6 – Estimation des utilisations prévues des stocks1 de pommes de terre selon les parts de la production
entreposée en 2022-2023 ...................................................................................................................................... 12
Figure 7 – Évolution du prix moyen pondéré par quintal commercialisé de pommes de terre dans les principales
provinces productrices au Canada, de 2018 à 2022 .............................................................................................. 13
Figure 8 – Évolution des parts des recettes monétaires du marché de pommes de terre au Canada, moyennes de
2013-2017 et de 2018-2022 ................................................................................................................................... 13
Figure 9 – Nombre d’entreprises par fourchette de revenus bruts, excluant les paiements de programmes, de 2017
à 2021 ..................................................................................................................................................................... 15
Figure 10 – Évolution du ratio de marge d’exploitation (%), excluant les paiements de programmes, de 2017 à
2021 ........................................................................................................................................................................ 16
Figure 11 – Évolution du ratio de marge d’exploitation (%), incluant les paiements de programmes, de 2017 à 2021
................................................................................................................................................................................ 16
Figure 12 – Flux économiques : dynamique de la production de pommes de terre à l’état frais au Québec en 20211
................................................................................................................................................................................ 17
Figure 13 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées pour la fabrication de la croustille du
Québec en 2021 ..................................................................................................................................................... 19
Figure 14 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées dans l’industrie du prépelage au
Québec en 2021 ..................................................................................................................................................... 20
La consommation par personne de pommes de terre au Canada (65,2 kg) est supérieure à celle des États-Unis
(50,2 kg) et la différence est encore plus marquée dans le produit frais (2,5 fois supérieure). En revanche,
l’Américain consomme trois fois plus de pommes de terre surgelées que le Canadien.
Tableau 1 – Tendances de la consommation des différents types de pommes de terre au Canada et aux
États-Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais)
Canada États-Unis
2018 2022 Var. 2018-2022 2018 2022 Var. 2018-2022
Produit frais 20,3 32,4 60 % 15,0 12,9 -14 %
Croustille 12,8 13,8 8% 8,1 7,7 -5 %
Produit surgelé 7,0 7,3 4% 24,2 24,2 0%
Autres transformations 10,6 11,8 11 % 6,1 5,5 -10 %
Total 50,7 65,2 29 % 53,4 50,3 -6 %
Sources : Statistique Canada, tableau 32-10-0054-01; United States Department of Agriculture (USDA), Economic Research Service,
Vegetables and Pulses Yearbook Tables. Compilation du MAPAQ.
1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un éclairage
de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.
Croissance des ventes de pommes de terre surgelées chez les grands détaillants 1 du Québec
Les statistiques canadiennes en matière de consommation ne sont pas détaillées par province, ce qui rend difficile
la mesure des tendances dans tous les marchés, y compris le secteur HRI, fortement affecté par la pandémie de
COVID-19. Cependant, grâce aux données relatives aux ventes au détail de la firme NielsenIQ, nous pouvons
suivre les tendances chez les grands détaillants du Québec.
De 2018 à 2022, ces détaillants ont enregistré une forte croissance des ventes de pommes de terre surgelées
que ce soit sous forme de frites (+32 %) ou d’autres préparations (+19 %) (tableau 2). La fermeture de plusieurs
restaurants pendant la pandémie de COVID-19 a peut-être incité les consommateurs à acheter ces produits en
épicerie. D’autres produits, tels que les pommes de terre fraîches, les produits prêts à l’emploi en conserve ou
emballés et les grignotines, ont également connu une bonne augmentation (+6 % et +7 %). Il est important de
noter que cette croissance des ventes a dépassé celle de la population (+3,5 %). En ce qui concerne les produits
de substitution, les ventes de patates douces fraîches, de pâtes alimentaires réfrigérées, d’autres types de
grignotines et de riz régulier ont bien progressé.
1
Il s’agit du marché combiné incluant les supermarchés, les pharmacies, Walmart, les clubs-entrepôts et les magasins de marchandises générales (ex. : Tigre Géant,
Dollarama). Sont exclus les magasins spécialisés (ex. : fruiteries), les dépanneurs, les services alimentaires (HRI) et la vente directe au consommateur.
Au Québec, la pomme de terre demeure le principal produit vendu au rayon des légumes frais avec 26,7 % des
volumes, même si elle perd du terrain face aux autres légumes (tableau 3). Certaines variétés de pommes de
terre progressent plus que d’autres, notamment la Russet et les variétés à chair jaune, alors que la popularité des
variétés rouges baisse.
Tableau 3 – Part relative des pommes de terre fraîches en matière de volume des ventes au détail au
Québec, de 2018 à 2022
2018 2019 2020 2021 2022 Tendance
Total des pommes de terre fraîches 28,2 % 27,6 % 27,6 % 26,7 % 26,7 % ↘
ROUGES 17,0 % 14,7 % 13,2 % 16,2 % 11,6 % ↘
BLANCHES 31,8 % 32,8 % 32,4 % 31,8 % 29,7 % ↘
YUKON GOLD 0,7 % 1,5 % 1,1 % 1,2 % 0,7 % ≈
À CUISSON 0,0 % 0,2 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % ≈
RUSSET 28,5 % 27,2 % 27,9 % 25,5 % 30,6 % ↗
JAUNES 12,4 % 14,0 % 12,6 % 14,0 % 14,3 % ↗
AUTRES 9,5 % 9,5 % 12,6 % 11,2 % 13,0 % ↗
Patates douces 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % ≈
Autres légumes frais 71,7 % 72,3 % 72,3 % 73,2 % 73,3 % ↗
Source : NielsenIQ, ventes dans les grands magasins. Compilation du MAPAQ.
Les pommes de terre s’imposent également parmi les légumes surgelés avec 61 % des volumes des ventes et
montrent même une augmentation de leurs parts des ventes aux dépens des autres légumes surgelés (tableau 4).
Parmi les produits à grignoter, ceux à base de pommes de terre s’approprient la majorité des ventes (60 %).
Malgré une baisse pendant la pandémie de COVID-19, leurs parts de marché tendent à remonter depuis.
Tableau 4 – Part relative des produits de pommes de terre transformées en matière de volume des ventes
au détail au Québec, de 2018 à 2022
2018 2019 2020 2021 2022 Tendance
Pommes de terre surgelées 57,2 % 56,4 % nd 61,2 % 61,3 % ↗
Patates douces surgelées 1,0 % 1,1 % nd 1,4 % 1,7 % ↗
Autres légumes surgelés 41,8 % 42,5 % 39,7 % 37,4 % 37,0 % ↘
Total des légumes surgelés 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %
Grignotines de pommes de terre 60,1 % 62,0 % 57,7 % 58,4 % 59,6 % ↗
Bretzels 2,0 % 1,8 % 2,0 % 2,2 % 2,1 % ↗
Collations à base de maïs 28,9 % nd 30,2 % 30,6 % 29,5 % ↗
Mélanges à grignoter 4,8 % 5,8 % 5,9 % 4,6 % 4,6 % ↘
Autres grignotines 4,3 % nd 4,3 % 4,3 % 4,2 % ≈
Total des produits à grignoter 100 % nd 100 % 100 % 100 %
Source : NielsenIQ, ventes dans les grands magasins. Compilation du MAPAQ.
Les résultats du Baromètre 2 de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments pour
l’année 2023 révèlent que leurs quatre principales préoccupations, en ordre d’importance, sont : 1) le prix des
aliments, 2) la présence de résidus de pesticides dans les aliments, 3) l’utilisation des pesticides ainsi que 4) les
pertes et le gaspillage alimentaires.
Avec 80 % de la population québécoise qui se dit préoccupée par le prix des aliments, les Québécois mettent en
place différentes stratégies qui s’appliquent également à la pomme de terre. Ils optent davantage que par le passé
pour l’achat de produits en spécial, réduisent le nombre de leurs visites au restaurant, privilégient les enseignes
à escompte, réduisent le gaspillage alimentaire et favorisent l’achat de marques maison.
En 2021, les volumes des exportations mondiales de pommes de terre étaient estimés à 25,8 millions de tonnes
(Mt), toutes catégories confondues, ce qui représentait 6,9 % de la production mondiale. Les pommes de terre
fraîches (table et semences) sont les plus échangées sur le marché mondial avec une part de 54,8 % en 2021.
Près de la moitié du volume des échanges internationaux du secteur de la pomme de terre se déroule au sein des
pays de l’Union européenne, qui constitue le principal exportateur de ce légume avec 64 % du volume mondial
exporté en 2021. Devant les États-Unis, le Canada est le cinquième plus grand exportateur mondial de pommes
de terre.
Tableau 5 – Évolution du volume des exportations des plus importantes catégories de pommes de terre
pour les principaux pays exportateurs en milliers de tonnes métriques, de 2017 à 2021
Année Pays-Bas Belgique France Allemagne Canada États-Unis Monde
2017 1 822 976 2 038 1 996 565 547 13 815
Pommes de terre 2021 2 364 823 2 401 1 999 497 597 14 128
fraîches TCAM
6,7 % -4,2 % 4,2 % 0,0 % -3,2 % 2,2 % 0,6 %
2017-2021
2017 1 955 2 207 342 327 1 048 1 035 7 849
Pommes de terre 2021 1 859 2 856 358 370 1 196 1 066 8 814
surgelées TCAM
-1,2 % 6,7 % 1,2 % 3,1 % 3,4 % 0,7 % 2,9 %
2017-2021
Total des
exportations1
2021 4 223 3 679 2 759 2 369 1 693 1 663 22 942
Part de la
2021 63 % 95 % 31 % 21 % 27 % 9% 7%
production locale
1. Les catégories comprises sont la pomme de terre fraîche, soit pour la table et les semences, ainsi que la pomme de terre surgelée. Cela
exclut les autres pommes de terre transformées en croustilles, en farine, en granules, en fécule, en amidon, etc., qui sont comptabilisées
dans les exportations mondiales, totalisant 25,8 Mt en 2021.
TCAM : Taux de croissance annuel moyen.
Source : FAOSTAT. Compilation du MAPAQ
2
CIRANO, Baromètre de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments, 3e édition, 2023.
En 2022, le Canada a importé des pommes de terre pour une valeur de 482 M$. Les principales provinces
importatrices étaient l’Ontario (46 % de la valeur), la Colombie-Britannique (29 %) et le Manitoba (10 %). La valeur
des importations canadiennes a augmenté en moyenne de 4 % par an de 2018 à 2022. Le Canada est ainsi un
exportateur net et la croissance plus importante de ses exportations lui permet de présenter un solde commercial
excédentaire dans toutes les catégories de pommes de terre sur le marché international.
De son côté, le volume des pommes de terre biologiques importées au Canada a augmenté de 31 % par an. Il
est en effet passé de 1 396 tonnes en 2018 à 4 114 tonnes en 2022. Les volumes entraient principalement par
l’Ontario (87 % en 2022) et la Colombie-Britannique (10 %). Earthfresh Farms Inc. en Ontario et Thomas
Fresh Inc. dans l’Ouest canadien sont deux importants distributeurs de pommes de terre biologiques au Canada 3.
2 LA PRODUCTION
2.1 La production mondiale
3
Base de données sur les importateurs canadiens (BDIC). https://ised-isde.canada.ca/app/ixb/cid-bdic/productReport.html?hsCode=070190
4
FreshPlaza, Les pommes de terre égyptiennes désormais disponibles en grandes quantités pour l’exportation, 13 avril 2023.
La production tend toutefois à diminuer en Europe et aux États-Unis. L’Europe, une importante région productrice
avec 27 % de la production mondiale, a connu une baisse de 11 % durant la période étudiée. L’Allemagne, la
France et les Pays-Bas affichent les meilleurs rendements et sont aussi parmi les pays les plus présents sur les
marchés internationaux.
Les volumes sont aussi en baisse (-9 %) aux États-Unis, où 60 % de la production se situe dans les États de
l’Idaho, de Washington et du Wisconsin. Il est à noter que ces États de l’Ouest américain enregistrent les plus
forts rendements à l’hectare dans le monde (de 47 à 66 t/ha) grâce à la disponibilité de sols volcaniques riches
en nutriments, aux variétés utilisées et à l’usage de l’irrigation. Les conditions de croissance défavorables dans le
nord-ouest du Pacifique en 2021 ont fait baisser le rendement moyen aux États-Unis5. On peut observer aussi
une réduction des superficies dans les États de l’Ouest depuis 2019. La baisse a été notamment marquée en
2020 et en 2022. La diminution de 25 000 acres (plus de 10 000 ha) en 2022 en Idaho s’explique par la hausse
des coûts des intrants (culture exigeante), les prix élevés des cultures alternatives ainsi que les limites de
l’approvisionnement en eau 5.
Contrairement aux États-Unis, le Canada a accru ses volumes de production (+18 %), ce qui représente la
deuxième plus forte croissance parmi les principaux producteurs mondiaux. Il est passé du 14e rang mondial (en
2016) au 12e rang parmi les pays producteurs avec 1,7 % de la production mondiale en 2021.
5
Potato Country, How Many Potatoes Will Growers Plant in 2023?, 1er janvier 2023.
6
The Western Producer, Potato Acreage Continues Prairie Expansion, 5 août 2021.
Le Québec se situe au 5e rang parmi les provinces productrices de pommes de terre avec 12 % des superficies
et des volumes canadiens. Il affiche l’une des plus fortes croissances des volumes au pays (+27 %), ayant atteint
648 000 tonnes en 2022. L’accroissement des rendements au Québec (+18 %) a été bon et s’élevait à 35,3 t/ha
en 2022, ce qui est proche de la moyenne canadienne (35,6 t/ha). Le record est toujours détenu par l’Alberta
(41,1 t/ha) grâce à l’usage généralisé de l’irrigation et à la prédominance du cultivar Russet Burbank, très utilisé
en transformation.
Tableau 8 – Évolution des superficies ensemencées, des volumes produits et des rendements de pommes
de terre pour les principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022
Provinces Superficies (kha) Volumes (kt) Rendement moyen (t/ha)
Var. Var. Var.
2018 2022 2018- 2018 2022 2018- 2018 2022 2018-
2022 2022 2022
Île-du-Prince-Édouard 34,8 33,7 -3 % 1 025 1 261 23 % 29,5 37,4 27 %
Nouveau-Brunswick 21,0 21,1 0% 711 771 8% 33,8 36,5 8%
Québec 17,0 18,4 8% 509 648 27 % 30,0 35,3 18 %
Ontario 13,8 15,0 9% 314 370 18 % 22,8 24,6 8%
Manitoba 25,9 32,6 26 % 921 1 186 29 % 35,5 36,4 3%
Alberta 22,5 29,6 31 % 987 1 216 23 % 43,8 41,1 -6 %
Canada 141,0 155,9 11 % 4 647 5 603 21 % 33,0 35,9 9%
kha : kilohectares = 1 000 ha, kt : kilotonnes = 1 000 tonnes
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0358-01 (année-récolte). Compilation du MAPAQ.
7
Spudsmart, McCain to Double Size, Output of Coaldale, Alta. Plant, 13 mars 2023.
1 000
Sources : Statistique Canada, tableau 38-10-0241; Groupe AGÉCO, projets RADEAU 1 et RADEAU 2 (2020), et En route vers une filière
responsable de la pomme de terre du Québec (2022). Compilation du MAPAQ.
Dans les provinces de l’Ouest, qui présentent un climat sec, l’irrigation est très développée et utilisée depuis
longtemps. En effet, 85 % des superficies de pommes de terre sont irriguées en Alberta, notamment dans le sud
de la province 9. Au Manitoba, la plupart des superficies récoltées en pommes de terre sont également équipées
de systèmes d’irrigation. Dans l’Est, l’irrigation s’est peu développée, car le climat maritime offre des précipitations
plus régulières que dans l’Ouest, relativement abondantes par le passé, mais de plus en plus variables au cours
des dernières années. En outre, comme elle éprouve des problèmes de disponibilité d’eau, l’Île-du-Prince-Édouard
a décrété, en 2002, un moratoire sur la construction de nouveaux puits de grande capacité pour l’irrigation agricole,
ce qui fait en sorte que seulement 6 % des superficies de pommes de terre sont irriguées dans cette province 10.
Le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a finalement levé ce moratoire en juin 2021 pour permettre la mise
en œuvre graduelle d’une stratégie d’irrigation 11.
Au Québec, les producteurs agricoles n’ont pas à payer de redevances pour l’utilisation de l’eau comparativement
à plusieurs de leurs concurrents 12, mais ils ont l’obligation de déclarer annuellement et de tenir un registre pour
leurs prélèvements d’eau lorsque ceux-ci atteignent un volume journalier 13 supérieur à 75 m3 (jusqu’au 31
décembre 2024) et supérieur à 50 m3 (à partir du 1er janvier 2025) ou s’ils sont situés sur le territoire couvert par
l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. De plus, en
vertu du Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE), ils
devront renouveler leur autorisation de prélèvement d’eau entre 2025 et 2029 (REAFIE, articles 33, 364 et 365),
selon les volumes prélevés. Certaines inquiétudes sont exprimées par ces producteurs, qui anticipent des frais
importants à assumer pour se conformer à ces exigences et une limitation de l’utilisation de l’eau par rapport au
taux de prélèvement actuel.
En décembre 2022, 743 entreprises déclaraient au MAPAQ qu’elles exploitaient des superficies en production de
pommes de terre. Par ailleurs, 223 d’entre elles sont spécialisées dans cette culture et sont inscrites en vertu du
Plan conjoint des producteurs de pommes de terre du Québec. En 2022, les producteurs du Québec ont
commercialisé 614 000 tonnes de pommes de terre et généré un revenu total de 258 M$. Le principal marché
d’écoulement était celui de la table (55 % des ventes), suivi par le prépelage (20 %), la croustille (17 %) et les
semences (8 %).
8 Groupe AGÉCO, En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec, 2022.
9
Alberta Agriculture and Forestry, Alberta Irrigation Information, 2022. https://open.alberta.ca/publications/3295832
10
Potatoes in Canada, The Island’s Irrigation Woes, 2020.
11
Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard, Water Act Water Withdrawal Regulations – Irrigation Strategy, juin 2021.
12
Groupe AGÉCO, Rapport final – Analyse de l’environnement d’affaires et de la compétitivité actuelle et future des entreprises de fruits et légumes du Québec par
rapport aux principaux concurrents, décembre 2022, 111 p.
13
Volume prélevé au moins une journée au cours d’une année civile.
La culture de pommes de terre s’effectue dans toutes Figure 4 – Répartition régionale de la production
les régions du Québec, notamment dans les sols québécoise de pommes de terre en 2022
sableux et légers. La Capitale-Nationale (24 % des
superficies) et Lanaudière (22 %) viennent en tête pour Bas-Saint- Autres Capitale-
la production totale, suivies du Saguenay–Lac-Saint- Laurent; 5% régions; 10% Nationale;
Jean (15 %) (figure 5). La production de semences se Centre-du- 24%
réalise principalement dans les régions nordiques qui Québec; 7%
comprennent des zones de culture protégées (ZCP 14) Mauricie; 8%
encadrées par le Règlement sur la culture de pommes
de terre (RLRQ, chapitre P-42,1, r. 0.1). La production
de semences est ainsi prépondérante au Saguenay–
Lac-Saint-Jean (50 % des superficies en semences) et Montérégie;
au Bas-Saint-Laurent (29 %). La production de 10%
croustilles, quant à elle, est concentrée dans la Lanaudière;
Capitale-Nationale (44 % des surfaces en croustilles) et Saguenay- 22%
Lanaudière (37 %). Lac-Saint-
Jean; 15%
Source : MAPAQ, Fiche d’enregistrement des exploitations
agricoles, version extraite en décembre 2017.
14
Une ZCP est une partie désignée du territoire québécois en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures. Dans cette zone, des normes sont obligatoires
pour limiter l’entrée, la dissémination et le développement des maladies nuisibles à la culture de la pomme de terre. Les ZCP sont situées au Bas-Saint-Laurent, au
Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec.
Tableau 11 – Évolution des superficies de pommes de terre par catégorie de variétés, de 2018 à 2022
Principales variétés produites
2018 2020 2022
Types de variétés en 2022
ha % ha % ha % (pourcentage du type de variété)
Goldrush (62 %), Russet Burbank (9 %),
Longues et Russet 7 494 41 % 7 242 38 % 7 673 39 % Highland Russet (5 %), Montain Gem
(5 %)
Chieftain (30 %), Norland (27 %), Viking
Rouges 3 225 18 % 3 493 18 % 3 478 18 % (14 %), Dark Red Chieftain (8 %), Red
Maria (6 %)
Colomba (37 %), Vivaldi (28 %), Actrice
À chair jaune 1 207 7% 1 789 9% 2 328 12 %
(11 %), Keuka Gold (6 %)
Envol (25 %), Superior (19 %), Kalmia
Rondes blanches 2 735 15 % 2 815 15 % 2 648 14 %
(8 %), AC Chaleur (8 %), Volare (8 %)
FL (47 %), Mystère (23 %), Snowden
Croustilles 2 603 14 % 2 587 13 % 2 436 13 %
(11 %)
Non définies 1 030 6% 1 375 7% 907 5%
Total 18 292 100 % 19 301 100 % 19 470 100 %
Nombre de variétés 99 102 123
Il est à noter que la somme des pourcentages peut différer du total (100 %) en raison de l’arrondissement.
Source : Les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ). Compilation du MAPAQ.
15
Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, Rapport d’étape – Résistance aux pesticides chez le doryphore de la pomme de terre : validation
de tests génétiques pour la détection, 2024, 11 p et Rapports d’avancement du projet doryphore dans le cadre de la Grappe agroscientifique pomme de terre.
Tableau 12 – Évolution de l’adoption de la gestion intégrée des ennemis de cultures (GIEC) dans le secteur
de la pomme de terre en fonction des différentes étapes proposées, de 2012 à 2021
Étapes Score de la GIEC pour la pomme de terre Rang parmi les
huit secteurs
2012 2017
2021 en 2021
1. Connaissance 6,0 6,2 5,8 2e
2. Prévention 6,3 6,3 6,3 5e
3. Suivi des champs 8,9 8,8 8,4 2e
4. Intervention 3,5 4,8 3,4 7e
5. Évaluation-rétroaction 6,6 6,3 6,4 3e
6. Gestion des pesticides 7,2 8,0 7,7 2e
Score global 6,8 6,7 6,3
Source : MAPAQ, rapports sur l’indicateur de la Gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC), 2012, 2017 et 2021.
Depuis 2019, le Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) a mis en place des vitrines de régie à
moindres risques pour promouvoir la GIEC. À l’été 2023, 12 entreprises de pommes de terre dans 10 régions
productrices ont participé à ce projet. Ce réseau, qui se poursuivra jusqu’à la saison 2024, intègre notamment
l’utilisation de l’outil prévisionnel Miléos, qui permet une meilleure gestion du mildiou ainsi qu’un accompagnement
des producteurs et de leurs conseillers pour une réduction significative des risques associés à l’usage des
pesticides. Ce projet s’inscrit notamment dans le Plan d’agriculture durable 2020-2030.
Une relève davantage masculine et en bonne posture financière dans la production de pommes de terre
La production de pommes de terre constituait l’activité principale de moins de 1 % de la relève agricole en 2021 17.
La relève dans ce secteur est établie principalement dans les régions de la Montérégie (32 %) ainsi que de
Montréal, de Laval et de Lanaudière (29 %). Depuis 2011, la proportion de la relève féminine n’a jamais dépassé
10 %. En 2021, elle a atteint 7 %, ce qui était inférieur à la moyenne observée pour l’ensemble des secteurs
(29 %). Une large part des jeunes de la relève détiennent un diplôme d’études collégiales, soit 29 %, alors que
18 % n’ont aucun diplôme. La proportion des personnes sans diplôme atteint 6 % pour l’ensemble de la relève.
En 2021, la proportion de jeunes titulaires d’un diplôme d’études universitaires était de 11 % dans la pomme de
terre comparativement à 20 % pour l’ensemble des secteurs.
Les jeunes entrepreneurs du secteur se sont le plus souvent établis par transfert familial (75 %). Une proportion
de 44 % de la relève dans la production de pommes de terre est établie depuis moins de cinq ans, ce qui est
supérieur à ce qui est constaté dans l’ensemble des secteurs (34 %). De plus, ils sont 64 % à déclarer des revenus
bruts annuels supérieurs à 500 000 $ contre 29 % dans l’ensemble des secteurs. Enfin, une faible proportion de
jeunes entrepreneurs du secteur de la pomme de terre occupent un emploi extérieur (14 %) comparativement à
44 % dans l’ensemble des secteurs.
16
Données du CARTV tirées du Portail Bio Québec (portailbioquebec.info). Compilation du MAPAQ.
17
Recensement de la relève agricole 2021. Compilation du MAPAQ. On considère comme faisant partie de la « relève agricole établie » les personnes de moins de
40 ans qui possèdent au moins 1 % des parts d’une entreprise agricole.
Figure 5 – Évolution des recettes monétaires du marché (M$) tirées des pommes de terre dans les
principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022
400
MB: 357 M$; +9%/an
350
ÎPÉ: 331 M$; +10%/an
300 AB: 315 M$; +6%/an
Millions de dollars (M$)
Figure 6 – Estimation des utilisations prévues des stocks1 de pommes de terre selon les parts
de la production entreposée en 2022-2023
Frais Semences Transformation
Figure 7 – Évolution du prix moyen pondéré par quintal commercialisé de pommes de terre dans les
principales provinces productrices au Canada, de 2018 à 2022
17 $
QC: 16,59 $; +4%/an
16 $
15 $
MB: 14,38 $; +5%/an
$/quintal
Tableau 13 – Structure des revenus, des dépenses et des marges bénéficiaires des entreprises de
pommes de terre des principales provinces canadiennes, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021
QUÉBEC MANITOBA ALBERTA ÎPÉ N.-B.
2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018-
2017 2021 2017 2021 2017 2021 2017 2021 2017 2021
Sources de revenus :
Au titre des pommes de terre 78 % 80 % 72 % 70 % 68 % 67 % 83 % 77 % 84 % 86 %
Au titre des céréales et des oléagineux 7 % 4% 19 % 19 % 17 % 15 % 5% 4% 9% 7%
Au titre des paiements de programmes 5 % 5% 2% 2% 5% 7% 5 % 10 % 3% 3%
Autres revenus 10 % 11 % 7% 9% 10 % 11 % 7% 9% 4% 4%
Dépenses (% des revenus du marché)
Au titre des cultures 28 % 25 % 24 % 25 % 22 % 21 % 33 % 33 % 31 % 32 %
Au titre des machines 11 % 10 % 10 % 10 % 9% 10 % 10 % 10 % 10 % 11 %
Autres dépenses 50 % 48 % 48 % 47 % 48 % 48 % 45 % 45 % 38 % 41 %
Bénéfice* (% des revenus du marché) 12 % 16 % 19 % 18 % 21 % 20 % 13 % 12 % 20 % 15 %
ÎPÉ : Île-du-Prince-Édouard; N.-B. : Nouveau-Brunswick.
* Bénéfice avant amortissements : [(revenus totaux - revenus de paiements de programme) - dépenses totales] / (revenus totaux - revenus de
paiement de programme) x 100
Il est à noter que la somme des pourcentages peut différer du total (100 %) en raison de l’arrondissement.
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0136-01, Programme des données fiscales agricoles. Compilation du MAPAQ.
Hausse des marges bénéficiaires au Québec associée à la diminution des dépenses au titre des cultures
L’augmentation de la marge bénéficiaire du Québec s’explique notamment par une diminution de trois points de
pourcentage du poids relatif du coût des dépenses au titre des cultures entre les deux périodes étudiées
(tableau 13). En effet, pour chaque tranche de 1 000 $ de revenus du marché, les dépenses en engrais et en
chaux, en pesticides ainsi qu’en semences et en plants sont passées de 278 $ (2015-2017) à 253 $ (2018-2021).
La bonne progression des rendements au Québec (voir le tableau 8) a aussi permis de réduire les dépenses au
titre des cultures.
L’Alberta et le Manitoba présentent les marges bénéficiaires les plus élevées, soit respectivement 20 % et 18 %
(période 2018-2022). Le succès de ces provinces peut s’expliquer, entre autres, par la grande taille de leurs
entreprises, qui disposent d’infrastructures d’irrigation favorables aux rendements et qui permettent aux
producteurs de bénéficier d’économies d’échelle au regard des dépenses relatives aux cultures (voir le tableau 9).
De plus, une plus grande partie des revenus de ces entreprises provient de la vente de céréales et d’oléagineux
(> 15 %). À titre de comparaison, mentionnons que les ventes de ces cultures représentent 4 % des revenus du
Québec. Les provinces de l’Ouest disposent de grandes superficies permettant d’intégrer des cultures de rotation
qui offrent un bon potentiel de rémunération.
Les marges bénéficiaires des producteurs du Québec s’accroissent avec la taille des entreprises
Au Québec, les marges bénéficiaires les plus élevées sont atteintes par les entreprises de grande taille pour un
bénéfice moyen de 20 % lorsqu’elles ont des revenus supérieurs à 2 M$. Les marges progressent en fonction de
la taille des entreprises. Ainsi, les plus petites entreprises, qui ont des revenus inférieurs à 500 k$, affichent les
plus faibles marges (4 %).
Figure 9 – Nombre d’entreprises par fourchette de revenus bruts, excluant les paiements de programmes,
de 2017 à 2021
0 $-249 k$ 250 K$-499 k$ 500 k$-999 k$ 1 M$ et plus
7% 12 % 24 % 57 %
2021
8% 15 % 19 % 58 %
2020
11 % 14 % 22 % 53 %
2019
14 % 13 % 22 % 51 %
2018
14 % 14 % 26 % 46 %
2017
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Source : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023. Compilation du
MAPAQ.
20,0% 20,0%
15,0% 15,0%
10,0% 10,0%
5,0% 5,0%
0,0% 0,0%
2017 2018 2019 2020 2021 2017 2018 2019 2020 2021
-5,0% -5,0%
-10,0% -10,0%
Croustilles Semences Table-prépelage Croustilles Semences Table-prépelage
Source : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023. Compilation du
MAPAQ.
Le ratio de paiement des programmes gouvernementaux est plus élevé pour les producteurs des régions
périphériques (10,2 %) que pour ceux des régions centrales (3,9 %) (tableau 16). En 2021, les entreprises des
régions centrales montraient des revenus plus élevés de 70 % que celles des régions périphériques. Les
producteurs de semences bénéficiaient de la plus grande couverture de paiements de programmes, suivis des
producteurs de croustilles. Il est à noter que 88 % des semenciers sont situés en région périphérique, alors que
77 % des producteurs de pommes de terre de table-prépelage se trouvent dans une région centrale.
4 LA COMMERCIALISATION ET LA TRANSFORMATION
Au Québec, la pomme de terre est liée à deux principaux circuits de commercialisation, soit la vente de semences
aux autres producteurs commerciaux et la vente pour la consommation humaine. Cette dernière se divise en trois
marchés distincts : la table, la croustille et le prépelage. Selon nos estimations de 2021, près de 532 kt ont
emprunté les différents circuits de commercialisation pour une valeur d’environ 185 M$ (figure 13).
Figure 12 – Flux économiques : dynamique de la production de pommes de terre à l’état frais au Québec
en 20211
1 :. Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.
Le secteur de l’emballage s’approvisionne auprès des producteurs de pommes de terre du Québec pour une
valeur de 115 M$ (306 kt). Avec les autres coûts et les marges bénéficiaires, les ventes des emballeurs sont
évaluées à 228 M$. Elles sont écoulées sur différents segments du marché. Les emballeurs auraient expédié des
pommes de terre vers le marché québécois du commerce de détail et du réseau HRI pour une valeur de 144 M$
(196 kt), ce qui correspond à 63 % du total des ventes. Une proportion d’environ 57 M$ (74 kt) et une autre de
26 M$ (36 kt) seraient écoulées sur les marchés international et interprovincial respectivement.
Le Québec a le potentiel nécessaire pour répondre à l’ensemble de ses besoins en semences (estimés à 47 kt 21
en 2021). Du total des semences certifiées produites dans la province (estimées à 81 kt 22 en 2021), environ 28 kt
ont été expédiées chez des producteurs commerciaux en 2021 (figure 13), le restant étant utilisé pour la
recertification (autosemence) ou envoyé sur le marché de la consommation. La majorité des semences certifiées
du Québec ont été envoyées à des producteurs du Québec (environ 21 kt ou 75 % 23 des expéditions totales), des
autres provinces (environ 18 %21), notamment en Ontario (12 %21), ou des États-Unis (7 %21).
En 2021, les fabricants québécois de croustilles ont acheté 135 kt de pommes de terre, dont 67 % provenaient du
Québec pour une valeur de 27,8 M$ (84 kt) (figure 14). Les 33 % restants étaient comblés par les autres provinces
(13,9 M$ pour 50 kt). Avec les autres coûts et les marges bénéficiaires, les livraisons des transformateurs sont
18
PPTQ, Répertoire de la production de pommes de terre de semences certifiées 2022-2023.
19
En vertu de la Loi sur les semences (L.R.C. [1985], chapitre S-8) et du Règlement sur les semences (C.R.C., chapitre 1400).
20
En vertu du Règlement sur la production et la mise en marché des pommes de terre de semence (RLRQ, chapitre M-35.1, r. 270)
21
Besoin en semences du Québec = superficies totales ensemencées (17 700 ha x taux de semis moyen [2,5 t/ha]) = 46,7 kt.
22
Volume de semences certifiées = superficies acceptées par l’ACIA (3 293 ha) x rendement moyen en semences (24,6 t/ha) = 81 kt.
23
Estimé à partir des données d’expédition de semences certifiées en volumes de l’ACIA pour 2021-2022 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles).
1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
2 : Les données recueillies ne permettent pas de mesurer les pertes durant l’épluchage ou le conditionnement des pommes de terre.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.
En 2022, FritoLay dominait le marché des grignotines au Canada avec 37 % des ventes pour ses différentes
marques : Lays, Doritos, Ruffles, Miss Vickies, Tostitos, Smartfood, Fritos, Rold Gold, Stacy’s). Les Aliments
Krispy Kernel inc. occupaient moins de 1 % de ce marché 24. La fin de la pandémie a permis un retour à la normale
pour ce qui est des rassemblements sociaux et de la consommation de grignotines. La croissance des ventes de
croustilles de pommes de terre au Canada a toutefois été plus faible que celle de plusieurs autres catégories de
grignotines. En effet, selon Euromonitor, elle a connu des hausses de 1,3 % par an pour les volumes et de 5,7 %
par an pour les ventes monétaires depuis 2018, et a atteint 2,27 G$ en 2023. Pour leur part, les croustilles à base
de légumineuses, de pain ou de végétaux affichent une hausse de 10 % par an pour les volumes et de 16 % par
an pour les ventes. Selon le même rapport, on estime que la valeur des ventes de croustilles de pommes de terre
pourrait atteindre 2,76 G$ au Canada en 2028.
Les grands joueurs de cette industrie ont vite fait de diversifier leur offre pour capter ces nouveaux marchés.
FritoLay offre désormais des croustilles de pita (Stacy’s), de légumes, de légumineuses et de fruits (Bare, Off the
Eaten Path) ainsi que de maïs soufflé (Smartfood). Quant à Croustilles Yum Yum enr., elle offre, sous la marque
Viva, une gamme de produits à base de légumes (pommes de terre, carottes, brocoli, tomates, épinards) qui ne
contiennent aucun agent de conservation, aucun colorant ou arôme artificiel ni aucun gras trans. Ces joueurs
offrent également des croustilles de quinoa et des produits à base de maïs, d’oignons et de fromage.
24
Euromonitor International, Savoury Snacks in Canada, Passport, juin 2023, 10 p.
Il est à noter que deux transformateurs surgèlent la pomme de terre au Québec, soit Michel Saint-Arneault inc.
(marques de commerce Qualifreeze et MAX) et Aliments Nortera inc. (marques de commerce Artic Garden et Del
Monte). Ce dernier a acquis les actifs de Bonduelle en 2022 et offre seulement quelques produits contenant des
pommes de terre dans ses mélanges de légumes surgelés.
1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
2 : Les données recueillies ne permettent pas de mesurer les pertes durant l’épluchage ou le conditionnement des pommes de terre.
Kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.
Au Canada, McCain Foods Ltd. domine le marché de la pomme de terre congelée avec 78,9 % des parts du
marché canadien au détail en 2022 25. Irving Moncton Group (Cavendish) se trouve en deuxième position avec
6,2 % des ventes. Les autres parts de marché sont occupées par les marques privées des détaillants (11,1 %).
La popularité grandissante des aliments pouvant remplacer les pommes de terre a donné lieu à une diversification
des produits transformés offerts sur le marché. Des entreprises canadiennes telles que McCain et Cavendish
offrent désormais de la patate douce précoupée. Au Québec, La Maison Russet inc., située à Huntingdon, est le
plus important transformateur de patates douces. Elle a d’ailleurs réalisé un important investissement à son usine
québécoise en 2023 afin d’augmenter sa capacité de production. Cette entreprise possède également une usine
aux États-Unis et en ouvrira une autre éventuellement au Pérou. À moyen terme, elle projette de s’approvisionner
au Québec en patates douces, une autre espèce de légume (Ipomoea batatas), ce qui pourrait représenter une
nouvelle occasion de culture de rotation pour les producteurs de pommes de terre qui ont déjà commencé à
évaluer certains cultivars dans les conditions pédo-climatiques du Québec 26.
25
Euromonitor, Frozen Processed Potatoes in Canada, Brand Shares, 2023.
26
La Terre de chez nous, Patate douce : vers de nouvelles variétés mieux adaptées à notre climat, 21 juin 2020.
27
PotatoPro, Manufacturers of Potato Starch and Derivates in Canada.
L’un des 4 piliers de la filière responsable de la pomme de terre26 est de réduire les pertes en valorisant les résidus
de récolte et de transformation, ce qui pourrait amener le développement de nouvelles voies de valorisation au
Québec. Notons que des symbioses industrielles se développent dans plusieurs régions pour stimuler l’économie
circulaire afin que les rejets des uns puissent devenir les ressources des autres (Synergie Québec).
L’augmentation de la capacité des usines de transformation de pommes de terre dans les quartiers industriels
apporte aussi son lot de défis. Certains se voient dans l’obligation de grossir et de moderniser leur système de
traitement des eaux, car leurs rejets en eaux usées dépassent la capacité de leur municipalité à les traiter.
De plus, la Modernisation des systèmes québécois de consigne et de collecte sélective s’est amorcée
graduellement à l’automne 2022 pour atteindre son plein déploiement en 2025. Dans le cadre de cette réforme,
les entreprises assujetties, notamment les emballeurs et les transformateurs qui utilisent des emballages, seront
responsables de la gestion du coût de fonctionnement du système de recyclage, de la collecte des matières
résiduelles à la valorisation. Ces entreprises doivent être membres d’Éco Entreprises Québec, un organisme de
gestion désigné du système de collecte sélective. En conséquence, la contribution financière des emballeurs et
des transformateurs, qui vise à compenser la gestion et la récupération des emballages émis sur le marché,
pourrait alourdir davantage leur charge financière, ce qui se traduira probablement par une augmentation des prix
au détail. Pour amoindrir le tarif, le MAPAQ a mis en place le programme Écoemballage+, qui soutient
l’écoconception d’emballages et de contenants alimentaires recyclables. Par ailleurs, le gouvernement fédéral
élabore un cadre réglementaire relatif à la mise en place d’un plan de prévention de la pollution pour les
emballages primaires en plastique des aliments, qui vise, entre autres, à réduire l’usage des emballages
plastiques pour les fruits et légumes et à augmenter l’usage des contenants et des étiquettes réutilisables,
recyclables ou compostables.
28
Groupe AGÉCO, En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec, 2022.
29 CRPTQ, Priorités de recherche de l’Accélérateur pour 5e appel à projets à venir en 2023-2024, 2023.
De nouvelles priorités de recherche spécifiques ont été ajoutées en 2023, entre autres pour développer les
connaissances, les technologies et l’accompagnement liés à la gestion des eaux de lavage des pommes de terre
ainsi qu’au développement des cultures de couverture (rotations, engrais vert) dans la pomme de terre, pour une
meilleure santé et une bonne conservation des sols.
Pour accroître leur résilience face aux changements climatiques, les entreprises de pommes de terre doivent
également favoriser les pratiques qui améliorent la conservation et la santé des sols. Les sols propices à la culture
de la pomme de terre sont généralement sableux et légers, et particulièrement vulnérables à l’érosion éolienne et
hydrique ainsi qu’à la compaction par la machinerie lourde utilisée. Ainsi, les rotations, les engrais verts, les
cultures de couverture et les autres méthodes visant à améliorer la structure des sols et le niveau de matière
organique sont à considérer dans ce secteur.
Annexe 1 – Répartition des superficies irriguées dans les différentes catégories de pommes de terre en
2018
Semences =
310 ha; 5%
Prépelage =
1 240 ha; 19%
Sources : Projets RADEAU 1 et RADEAU 2 (2020); En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec (2022). Compilation
du MAPAQ.
COORDINATION ET RÉDACTION
Direction du développement des secteurs agroalimentaires
Marie-Hélène Déziel
RELECTURE
Marie-Pascale Beaudoin, Pierre Dumoulin, Yvon Forest, Félicien Hitayezu
RÉVISION LINGUISTIQUE
Des mots et des lettres
© Gouvernement du Québec
Dépôt légal : 2024
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Format : PDF
ISBN : 978-2-550-96739-2