ED Portrait Pomme Terre MAPAQ

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PORTRAIT-DIAGNOSTIC SECTORIEL

DE L’INDUSTRIE
DE LA POMME DE TERRE
AU QUÉBEC 2018-2022
AVANT-PROPOS
Ce portrait-diagnostic sectoriel consiste en une analyse de divers aspects de l’industrie québécoise de la pomme
de terre, dont l’évolution de la demande, les échanges commerciaux, la production, la transformation, la
compétitivité, la recherche et l’innovation ainsi que des enjeux liés au développement durable du secteur. Il couvre
la période 2018-2022 et s’inscrit dans le cadre de l’examen périodique des interventions des Producteurs de
pommes de terre du Québec dans la mise en marché de la pomme de terre au Québec.

Cet examen a été mené par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (Régie) conformément à
l’article 62 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche (RLRQ,
chapitre M-35.1) :

« À la demande de la Régie et au plus tard tous les cinq ans, chaque office établit devant la Régie ou
devant les personnes qu’elle désigne pour lui faire rapport, que le plan et les règlements qu’il édicte
servent les intérêts de l’ensemble des producteurs et favorisent une mise en marché efficace et
ordonnée du produit visé. »

Afin d’appuyer l’évaluation des résultats du Plan conjoint des producteurs de pommes de terre du Québec, le
ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a été mandaté pour la réalisation d’un
portrait-diagnostic du secteur de la pomme de terre au Québec. À la demande de la Régie, ce document présente
un portrait évolutif et comparatif de cette industrie tout en tenant compte de son contexte dynamique et
concurrentiel. L’analyse a été effectuée, lorsque des données étaient disponibles, en fonction des différentes
catégories de pommes de terre prévues par le Plan conjoint :

• Table : pommes de terre lavées, essorées et triées qui sont vendues à l’état frais, emballées ou en vrac;
• Semences : tubercules utilisés à des fins de reproduction et de mise en culture de pommes de terre.
• Croustille : pommes de terre produites à des fins de transformation en grignotines (ou en collations) sous
forme de chips;
• Prépelage : pommes de terre dirigées vers des usines de transformation pour être notamment pelées ou
tranchées (frites, pommes de terre rondes, cubes, lamelles, etc.) et vendues fraîches, précuites, surgelées
ou en conserve;

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 i


FAITS SAILLANTS

• La pomme de terre est le légume le plus populaire au Canada et aux États-Unis, car elle compte pour environ
le tiers de tous les légumes consommés. Depuis 2018, sa consommation par habitant augmente au Canada,
notamment dans le produit frais, alors que le produit surgelé demeure le favori de nos voisins du Sud.

• Le Canada est le cinquième plus grand exportateur mondial de pommes de terre et les expéditions se font
principalement sous forme de produit surgelé. Le Québec se distingue par la forte croissance de ses
exportations de pommes de terre de table, qui le place au 2e rang parmi les provinces canadiennes
exportatrices de ce produit. La galle verruqueuse détectée à l’Île-du-Prince-Édouard et la fermeture des
frontières aux pommes de terre présentant cette affection n’ont pas eu d’impact significatif sur les échanges
commerciaux du Canada, sauf pour les exportations de semences, qui ont connu une plus faible croissance
et même une décroissance dans les provinces maritimes.

• Contrairement aux États-Unis, les superficies et les volumes de pommes de terre au Canada sont en hausse,
notamment en Alberta et au Manitoba, où des investissements majeurs ont été réalisés pour l’agrandissement
ou la construction d’usines de transformation.

• Le Québec est la cinquième province productrice de pommes de terre en importance au Canada. Il a affiché,
pour ce légume, l’une des plus fortes croissances des volumes, des rendements et des recettes monétaires
au pays au cours des cinq années étudiées. Il se distingue en concentrant la plus grande part de sa production
sur le marché frais, alors que les autres provinces misent davantage sur le marché de la transformation.

• En 2022, au Québec, 223 entreprises spécialisées ont produit plus de 614 000 tonnes de pommes de terre
sur une superficie de 18 400 hectares (ha), générant des ventes à la ferme de 258 M$. Le marché de la table
domine toujours avec 55 % des ventes, mais la progression a été plus marquée dans les marchés du
prépelage (51 M$ ; +84 %) et de la croustille (44 M$ ; +78 %).

• La production de pommes de terre se trouve partout au Québec, notamment dans les sols sableux et légers.
La Capitale-Nationale (24 % des superficies) et Lanaudière (22 %) viennent en tête des principales régions
productrices, suivies du Saguenay–Lac-Saint-Jean (15 %). Pour répondre à la demande des consommateurs,
les superficies de variétés à chair jaune se sont particulièrement accrues au Québec. Les superficies de
pommes de terre biologiques ont, pour leur part, plus que doublé, mais représentent encore une faible
proportion des superficies totales (0,9 %).

• La rentabilité des exploitations québécoises s’est améliorée davantage au Québec que dans les autres
provinces grâce à la réduction des dépenses de cultures et aux économies d’échelle. Les entreprises de
production de pommes de terre ont obtenu une marge d’exploitation positive durant toute la période étudiée,
exception faite des producteurs de croustilles, qui ont connu un ratio moyen négatif deux années sur cinq. La
marge bénéficiaire a crû avec la taille des entreprises et le soutien de l’État a été plus important pour les
entreprises situées dans les régions périphériques que pour celles des régions centrales.

• Les investissements en recherche ont augmenté avec l’implication du Consortium de recherche sur la pomme
de terre du Québec (CRPTQ), qui est venu concerter et accélérer l’innovation dans les domaines prioritaires
du secteur en collaboration avec plusieurs autres centres et établissements de recherche. La recherche a
davantage porté sur les disciplines de l’amélioration génétique et de la phytoprotection et les efforts devraient
se poursuivre pour le développement des pratiques agroenvironnementales, la gestion des eaux de lavage et
la conservation des sols.

• Les principaux enjeux actuels et futurs du secteur sont : 1) la gestion responsable de l’eau et la résilience face
aux changements climatiques; 2) la capacité de répondre à la demande environnementale et sociétale;
3) l’amélioration de la consommation de la pomme de terre ainsi que 4) l’augmentation de la productivité et la
rentabilité des entreprises.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 ii


TABLE DES MATIÈRES
1 LA DEMANDE ET LES MARCHÉS .............................................................................................................. 1
1.1 L’évolution de la consommation ........................................................................................................... 1
1.1.1 La consommation au Canada et aux États-Unis .............................................................................. 1
1.1.2 Le marché québécois ....................................................................................................................... 2
1.1.3 Les tendances de consommation et d’achat .................................................................................... 4
1.2 Les échanges commerciaux................................................................................................................. 4
1.2.1 Le commerce mondial ...................................................................................................................... 4
1.2.2 Les échanges commerciaux au Canada et aux États-Unis.............................................................. 4
1.2.3 Les échanges commerciaux au Québec .......................................................................................... 5

2 LA PRODUCTION ......................................................................................................................................... 5
2.1 La production mondiale ........................................................................................................................ 5
2.2 La production canadienne et québécoise ............................................................................................ 6
2.3 La production québécoise .................................................................................................................... 8

3 LA COMPÉTITIVITÉ .................................................................................................................................... 12
3.1 Les parts de marché de la production ................................................................................................ 12
3.2 La situation financière des entreprises ............................................................................................... 14
3.3 Les paiements de programmes gouvernementaux ............................................................................ 16

4 LA COMMERCIALISATION ET LA TRANSFORMATION ......................................................................... 17


4.1 Le secteur de la table ......................................................................................................................... 18
4.2 Le secteur des semences .................................................................................................................. 18
4.3 Le secteur de la croustille................................................................................................................... 18
4.4 Le secteur du prépelage..................................................................................................................... 19
4.5 Les autres marchés de transformation alimentaire et bioindustrielle ................................................. 20
4.6 La main-d’œuvre et la productivité ..................................................................................................... 21
4.7 Les nouvelles exigences réglementaires ........................................................................................... 21

5 LA RECHERCHE ET L’INNOVATION ........................................................................................................ 22


5.1 Les investissements en recherche ..................................................................................................... 22
5.2 Les principales innovations au Québec ............................................................................................. 22
5.3 Les futures priorités de recherche et d’innovation ............................................................................. 22
5.4 Les services-conseils et le transfert technologique ........................................................................... 23

6 LES ENJEUX ............................................................................................................................................... 24

7 ANNEXES .................................................................................................................................................... 25

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 iii


LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 – Tendances de la consommation des différents types de pommes de terre au Canada et aux États-
Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais) .......................................................................................... 1

Tableau 2 – Évolution du volume des ventes au détail des produits de pommes de terre et des produits substituts
au Québec, période 2018-2019 comparée à 2021-2022 ......................................................................................... 3

Tableau 3 – Part relative des pommes de terre fraîches en matière de volume des ventes au détail au Québec, de
2018 à 2022 .............................................................................................................................................................. 3

Tableau 4 – Part relative des produits de pommes de terre transformées en matière de volume des ventes au
détail au Québec, de 2018 à 2022 ........................................................................................................................... 3

Tableau 5 – Évolution du volume des exportations des plus importantes catégories de pommes de terre pour les
principaux pays exportateurs en milliers de tonnes métriques, de 2017 à 2021 ..................................................... 4

Tableau 6 – Valeur des exportations des différentes catégories de pommes de terre pour le Canada et les États-
Unis en millions de dollars canadiens et croissance annuelle, de 2018 à 2022 ...................................................... 5

Tableau 7 – Les principaux pays producteurs de pommes de terre et le Canada en 2021..................................... 6

Tableau 8 – Évolution des superficies ensemencées, des volumes produits et des rendements de pommes de
terre pour les principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022 ......................................................................... 7

Tableau 9 – Évolution de la taille moyenne des entreprises de pommes de terre au Canada, de 2011 à 2021..... 7

Tableau 10 – Évolution de la production commercialisée du Québec pour les différentes catégories de pommes
de terre, années-récoltes de 2018 à 2022 ............................................................................................................... 9

Tableau 11 – Évolution des superficies de pommes de terre par catégorie de variétés, de 2018 à 2022 ............ 10

Tableau 12 – Évolution de l’adoption de la gestion intégrée des ennemis de cultures dans le secteur de la pomme
de terre en fonction des différentes étapes proposées, de 2012 à 2021 ............................................................... 11

Tableau 13 – Structure des revenus, des dépenses et des marges bénéficiaires des entreprises de pommes de
terre des principales provinces canadiennes, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021 .................................... 14

Tableau 14 – Structure des marges bénéficiaires en fonction de la taille des entreprises de pommes de terre du
Québec, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021 .............................................................................................. 15

Tableau 15 – Contribution gouvernementale des quatre programmes de la FADQ offerts aux producteurs dont la
pomme de terre est la production principale .......................................................................................................... 16

Tableau 16 – Ratio de paiement des programmes gouvernementaux, par type de production et par région ....... 17

Tableau 17 – Liste des entreprises de transformation de pommes de terre en croustilles.................................... 18

Tableau 18 – Dépenses en recherche et en innovation, selon la discipline, dans le secteur de la pomme de terre
au Québec au cours de la période2018-2022 ........................................................................................................ 22

Tableau 19 – Aide versée dans le cadre du Programme services-conseils pour les entreprises de pommes de terre
du Québec au cours de la période 2018-2022 ....................................................................................................... 23

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 iv


LISTE DES FIGURES

Figure 1 – Évolution de la consommation de pommes de terre fraîches et transformées au Canada et aux États-
Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais) .......................................................................................... 1

Figure 2 – Provenance de la pomme de terre consommée au Québec en 2021 (achats québécois du commerce
de détail alimentaire et des services alimentaires du réseau HRI) .......................................................................... 2

Figure 3 – Évolution des superficies irriguées de pommes de terre au Québec, de 2010 à 2022, et anticipation
pour 2024 .................................................................................................................................................................. 8

Figure 4 – Répartition régionale de la production québécoise de pommes de terre en 2022 ................................. 9

Figure 5 – Évolution des recettes monétaires du marché (M$) tirées des pommes de terre dans les principales
provinces canadiennes, de 2018 à 2022 ................................................................................................................ 12

Figure 6 – Estimation des utilisations prévues des stocks1 de pommes de terre selon les parts de la production
entreposée en 2022-2023 ...................................................................................................................................... 12

Figure 7 – Évolution du prix moyen pondéré par quintal commercialisé de pommes de terre dans les principales
provinces productrices au Canada, de 2018 à 2022 .............................................................................................. 13

Figure 8 – Évolution des parts des recettes monétaires du marché de pommes de terre au Canada, moyennes de
2013-2017 et de 2018-2022 ................................................................................................................................... 13

Figure 9 – Nombre d’entreprises par fourchette de revenus bruts, excluant les paiements de programmes, de 2017
à 2021 ..................................................................................................................................................................... 15

Figure 10 – Évolution du ratio de marge d’exploitation (%), excluant les paiements de programmes, de 2017 à
2021 ........................................................................................................................................................................ 16

Figure 11 – Évolution du ratio de marge d’exploitation (%), incluant les paiements de programmes, de 2017 à 2021
................................................................................................................................................................................ 16

Figure 12 – Flux économiques : dynamique de la production de pommes de terre à l’état frais au Québec en 20211
................................................................................................................................................................................ 17

Figure 13 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées pour la fabrication de la croustille du
Québec en 2021 ..................................................................................................................................................... 19

Figure 14 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées dans l’industrie du prépelage au
Québec en 2021 ..................................................................................................................................................... 20

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 v


1 LA DEMANDE ET LES MARCHÉS
1.1 L’évolution de la consommation
1.1.1 La consommation au Canada et aux États-Unis
La pomme de terre est le légume le plus consommé par habitant
En 2022, la pomme de terre représentait 40 % de la consommation de légumes au Canada avec
65,2 kg/personne. Elle se situait donc au 1er rang parmi tous les légumes consommés, loin devant la tomate qui
est bonne deuxième avec 26,2 kg/personne (16 %). Aux États-Unis, la pomme de terre occupe aussi le 1er rang,
puisqu’elle compte pour 31 % de tous les légumes consommés par l’Américain.

La consommation par personne de pommes de terre au Canada (65,2 kg) est supérieure à celle des États-Unis
(50,2 kg) et la différence est encore plus marquée dans le produit frais (2,5 fois supérieure). En revanche,
l’Américain consomme trois fois plus de pommes de terre surgelées que le Canadien.

Tableau 1 – Tendances de la consommation des différents types de pommes de terre au Canada et aux
États-Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais)
Canada États-Unis
2018 2022 Var. 2018-2022 2018 2022 Var. 2018-2022
Produit frais 20,3 32,4 60 % 15,0 12,9 -14 %
Croustille 12,8 13,8 8% 8,1 7,7 -5 %
Produit surgelé 7,0 7,3 4% 24,2 24,2 0%
Autres transformations 10,6 11,8 11 % 6,1 5,5 -10 %
Total 50,7 65,2 29 % 53,4 50,3 -6 %
Sources : Statistique Canada, tableau 32-10-0054-01; United States Department of Agriculture (USDA), Economic Research Service,
Vegetables and Pulses Yearbook Tables. Compilation du MAPAQ.

Bonne croissance de la consommation par habitant au Canada et baisse aux États-Unis


De 2018 à 2022, la consommation par habitant a montré une excellente reprise. En effet, elle a progressé de 29 %
au Canada, particulièrement dans le produit frais (+60 %) et, dans une moindre mesure, dans le produit transformé
(+7 %). La croissance a toutefois été plus faible dans le surgelé (+4 %). Les tendances sont plutôt inverses aux
États-Unis, soit une consommation plutôt stable dans le surgelé, qui demeure le favori des Américains, et une
baisse dans toutes les autres catégories, pour une diminution moyenne de -6 % au cours de la même période. Le
produit frais affiche la plus forte baisse (-14 %) chez nos voisins du Sud.

Figure 1 – Évolution de la consommation de pommes de terre fraîches et transformées au Canada et aux


États-Unis, de 2018 à 2022 (kg/personne en équivalent frais)
kg/personne
42,0 38,3 38,5 38,3
37,4 37,3
37,0
32,9
36,9
32,0 34,2
33,7 32,4
27,0 30,4 30,6
27,3
22,0 20,3 23,2
17,0 15,0
13,6 13,7 13,0 12,9
12,0
2018 2019 2020 2021 2022
Canada frais Canada transfo É.-U. frais É.-U. transfo
É.-U. : États-Unis; transfo : produits transformés.
Sources : Statistique Canada, tableau 32-10-0054-01; USDA, Economic Research Service, Vegetables and Pulses Yearbook Tables.
Compilation du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 1


1.1.2 Le marché québécois
En 2021, les détaillants et les services alimentaires du réseau HRI (hôtellerie, restauration et institutions) du
Québec ont acheté des pommes de terre pour une valeur estimée à 666 M$. De ce montant, 72 % provenait de
fournisseurs québécois, soit des emballeurs du Québec (144 M$) et des transformateurs québécois (337 M$).
Plus précisément, 69 % des achats de pommes de terre de table, 86 % de ceux des croustilles et 59 % de ceux
des produits de prépelage provenaient de fournisseurs québécois. Il est à noter que presque toutes les croustilles
sont achetées par des détaillants, tandis que la majorité des produits de prépelage (93 %) le sont par les services
alimentaires HRI.
En plus de ces achats, d’autres dépenses, notamment celles liées à la main-d’œuvre et à la marge bénéficiaire
des détaillants et des services alimentaires, s’élèvent à 542 M$. Ainsi, la valeur totale de la demande finale est
estimée à 1 208 M$.

Figure 2 – Provenance de la pomme de terre consommée au Québec en 2021 (achats québécois du


commerce de détail alimentaire et des services alimentaires du réseau HRI)1

1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un éclairage
de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.

Croissance des ventes de pommes de terre surgelées chez les grands détaillants 1 du Québec
Les statistiques canadiennes en matière de consommation ne sont pas détaillées par province, ce qui rend difficile
la mesure des tendances dans tous les marchés, y compris le secteur HRI, fortement affecté par la pandémie de
COVID-19. Cependant, grâce aux données relatives aux ventes au détail de la firme NielsenIQ, nous pouvons
suivre les tendances chez les grands détaillants du Québec.

De 2018 à 2022, ces détaillants ont enregistré une forte croissance des ventes de pommes de terre surgelées
que ce soit sous forme de frites (+32 %) ou d’autres préparations (+19 %) (tableau 2). La fermeture de plusieurs
restaurants pendant la pandémie de COVID-19 a peut-être incité les consommateurs à acheter ces produits en
épicerie. D’autres produits, tels que les pommes de terre fraîches, les produits prêts à l’emploi en conserve ou
emballés et les grignotines, ont également connu une bonne augmentation (+6 % et +7 %). Il est important de
noter que cette croissance des ventes a dépassé celle de la population (+3,5 %). En ce qui concerne les produits
de substitution, les ventes de patates douces fraîches, de pâtes alimentaires réfrigérées, d’autres types de
grignotines et de riz régulier ont bien progressé.

1
Il s’agit du marché combiné incluant les supermarchés, les pharmacies, Walmart, les clubs-entrepôts et les magasins de marchandises générales (ex. : Tigre Géant,
Dollarama). Sont exclus les magasins spécialisés (ex. : fruiteries), les dépanneurs, les services alimentaires (HRI) et la vente directe au consommateur.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 2


Tableau 2 – Évolution du volume des ventes au détail des produits de pommes de terre et des produits
substituts au Québec, période 2018-2019 comparée à 2021-2022
Moyenne 2018-2019 Moyenne 2021-2022 Variation entre
Produits de pommes de terre (PDT) Kilogrammes (équivalent poids détail) les deux périodes
PDT fraîches 105 643 121 112 376 499 6%
Grignotines à base de PDT 23 135 550 24 748 532 7%
PDT frites surgelées 15 252 466 20 164 243 32 %
PDT surgelées (sauf les frites) 3 836 380 4 578 749 19 %
PDT transformées en conserve ou emballées 1 202 885 1 289 116 7%
Produits substituts
Patates douces et ignames fraîches 309 116 339 564 10 %
Autres types de grignotines 14 732 951 17 202 705 17 %
Pâtes alimentaires sèches 38 011 843 38 898 342 2%
Pâtes alimentaires réfrigérées 3 692 988 5 162 083 40 %
Riz régulier 21 022 090 22 810 615 9%
Riz de spécialité 2 962 871 2 424 792 -18 %
Couscous 1 105 704 603 643 -45 %
Source : NielsenIQ, ventes dans les grands magasins. Compilation du MAPAQ.

Au Québec, la pomme de terre demeure le principal produit vendu au rayon des légumes frais avec 26,7 % des
volumes, même si elle perd du terrain face aux autres légumes (tableau 3). Certaines variétés de pommes de
terre progressent plus que d’autres, notamment la Russet et les variétés à chair jaune, alors que la popularité des
variétés rouges baisse.

Tableau 3 – Part relative des pommes de terre fraîches en matière de volume des ventes au détail au
Québec, de 2018 à 2022
2018 2019 2020 2021 2022 Tendance
Total des pommes de terre fraîches 28,2 % 27,6 % 27,6 % 26,7 % 26,7 % ↘
ROUGES 17,0 % 14,7 % 13,2 % 16,2 % 11,6 % ↘
BLANCHES 31,8 % 32,8 % 32,4 % 31,8 % 29,7 % ↘
YUKON GOLD 0,7 % 1,5 % 1,1 % 1,2 % 0,7 % ≈
À CUISSON 0,0 % 0,2 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % ≈
RUSSET 28,5 % 27,2 % 27,9 % 25,5 % 30,6 % ↗
JAUNES 12,4 % 14,0 % 12,6 % 14,0 % 14,3 % ↗
AUTRES 9,5 % 9,5 % 12,6 % 11,2 % 13,0 % ↗
Patates douces 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % ≈
Autres légumes frais 71,7 % 72,3 % 72,3 % 73,2 % 73,3 % ↗
Source : NielsenIQ, ventes dans les grands magasins. Compilation du MAPAQ.

Les pommes de terre s’imposent également parmi les légumes surgelés avec 61 % des volumes des ventes et
montrent même une augmentation de leurs parts des ventes aux dépens des autres légumes surgelés (tableau 4).
Parmi les produits à grignoter, ceux à base de pommes de terre s’approprient la majorité des ventes (60 %).
Malgré une baisse pendant la pandémie de COVID-19, leurs parts de marché tendent à remonter depuis.

Tableau 4 – Part relative des produits de pommes de terre transformées en matière de volume des ventes
au détail au Québec, de 2018 à 2022
2018 2019 2020 2021 2022 Tendance
Pommes de terre surgelées 57,2 % 56,4 % nd 61,2 % 61,3 % ↗
Patates douces surgelées 1,0 % 1,1 % nd 1,4 % 1,7 % ↗
Autres légumes surgelés 41,8 % 42,5 % 39,7 % 37,4 % 37,0 % ↘
Total des légumes surgelés 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %
Grignotines de pommes de terre 60,1 % 62,0 % 57,7 % 58,4 % 59,6 % ↗
Bretzels 2,0 % 1,8 % 2,0 % 2,2 % 2,1 % ↗
Collations à base de maïs 28,9 % nd 30,2 % 30,6 % 29,5 % ↗
Mélanges à grignoter 4,8 % 5,8 % 5,9 % 4,6 % 4,6 % ↘
Autres grignotines 4,3 % nd 4,3 % 4,3 % 4,2 % ≈
Total des produits à grignoter 100 % nd 100 % 100 % 100 %
Source : NielsenIQ, ventes dans les grands magasins. Compilation du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 3


1.1.3 Les tendances de consommation et d’achat

Les résultats du Baromètre 2 de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments pour
l’année 2023 révèlent que leurs quatre principales préoccupations, en ordre d’importance, sont : 1) le prix des
aliments, 2) la présence de résidus de pesticides dans les aliments, 3) l’utilisation des pesticides ainsi que 4) les
pertes et le gaspillage alimentaires.

Avec 80 % de la population québécoise qui se dit préoccupée par le prix des aliments, les Québécois mettent en
place différentes stratégies qui s’appliquent également à la pomme de terre. Ils optent davantage que par le passé
pour l’achat de produits en spécial, réduisent le nombre de leurs visites au restaurant, privilégient les enseignes
à escompte, réduisent le gaspillage alimentaire et favorisent l’achat de marques maison.

1.2 Les échanges commerciaux


1.2.1 Le commerce mondial

En 2021, les volumes des exportations mondiales de pommes de terre étaient estimés à 25,8 millions de tonnes
(Mt), toutes catégories confondues, ce qui représentait 6,9 % de la production mondiale. Les pommes de terre
fraîches (table et semences) sont les plus échangées sur le marché mondial avec une part de 54,8 % en 2021.
Près de la moitié du volume des échanges internationaux du secteur de la pomme de terre se déroule au sein des
pays de l’Union européenne, qui constitue le principal exportateur de ce légume avec 64 % du volume mondial
exporté en 2021. Devant les États-Unis, le Canada est le cinquième plus grand exportateur mondial de pommes
de terre.

Tableau 5 – Évolution du volume des exportations des plus importantes catégories de pommes de terre
pour les principaux pays exportateurs en milliers de tonnes métriques, de 2017 à 2021
Année Pays-Bas Belgique France Allemagne Canada États-Unis Monde
2017 1 822 976 2 038 1 996 565 547 13 815
Pommes de terre 2021 2 364 823 2 401 1 999 497 597 14 128
fraîches TCAM
6,7 % -4,2 % 4,2 % 0,0 % -3,2 % 2,2 % 0,6 %
2017-2021
2017 1 955 2 207 342 327 1 048 1 035 7 849
Pommes de terre 2021 1 859 2 856 358 370 1 196 1 066 8 814
surgelées TCAM
-1,2 % 6,7 % 1,2 % 3,1 % 3,4 % 0,7 % 2,9 %
2017-2021
Total des
exportations1
2021 4 223 3 679 2 759 2 369 1 693 1 663 22 942
Part de la
2021 63 % 95 % 31 % 21 % 27 % 9% 7%
production locale
1. Les catégories comprises sont la pomme de terre fraîche, soit pour la table et les semences, ainsi que la pomme de terre surgelée. Cela
exclut les autres pommes de terre transformées en croustilles, en farine, en granules, en fécule, en amidon, etc., qui sont comptabilisées
dans les exportations mondiales, totalisant 25,8 Mt en 2021.
TCAM : Taux de croissance annuel moyen.
Source : FAOSTAT. Compilation du MAPAQ

1.2.2 Les échanges commerciaux au Canada et aux États-Unis


De 2018 à 2022, la valeur des exportations de pommes de terre a progressé plus rapidement au Canada
(+11 %/an) qu’aux États-Unis (+4 %/an) (tableau 6). Malgré l’éclosion de la galle verruqueuse à l’Île-du-Prince-
Édouard et l’interdiction d’exportation qui a suivi de novembre 2021 à avril 2022, l’impact sur le commerce
canadien a été minime, sauf pour les semences, qui ont connu une décroissance des exportations dans les
provinces maritimes. Les principales provinces exportatrices sont le Manitoba (25 % de la valeur des exportations
canadiennes en 2022), l’Île-du-Prince-Édouard (23 %) et l’Alberta (21 %). L’Alberta se démarque notamment pour
l’exportation de semences (21 M$; 53 % de la valeur canadienne).
Le Canada et les États-Unis sont, l’un pour l’autre, des partenaires commerciaux majeurs. D’ailleurs, les États-
Unis reçoivent 90 % du volume des exportations canadiennes de pommes de terre (2022). Les échanges se font
majoritairement pour les pommes de terre surgelées, qui représentent 81 % de la valeur des exportations
canadiennes et 86 % de celles des États-Unis.

2
CIRANO, Baromètre de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments, 3e édition, 2023.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 4


Tableau 6 – Valeur des exportations des différentes catégories de pommes de terre pour le Canada et les
États-Unis en millions de dollars canadiens et croissance annuelle, de 2018 à 2022
Table Produit transformé Semences Total
TCAM TCAM TCAM TCAM
2022 2022 2022 2022
2018-2022 2018-2022 2018-2022 2018-2022
Manitoba 39,7 -4 % 688,2 12 % 2,2 5% 730,0 11 %
Alberta 34,8 19 % 563,4 10 % 20,6 4% 618,7 10 %
Île-du-Prince-Édouard 136,3 11 % 512,4 12 % 3,7 -7 % 652,5 12 %
Nouveau-Brunswick 100,6 18 % 312,8 8% 5,9 -5 % 419,2 10 %
Ontario 76,1 25 % 215,6 6% 0,2 5% 291,9 10 %
Québec 106,6 36 % 9,1 22 % 1,4 0% 117,1 33 %
Canada 517,2 16 % 2 333,2 11 % 39,2 1% 2 889,6 11 %
États-Unis 282,8 6% 1 823,1 4% 21,2 23 % 2 127,1 4%
TCAM : Taux de croissance annuel moyen.
Source : Global Trade Tracker. Compilation du MAPAQ.

En 2022, le Canada a importé des pommes de terre pour une valeur de 482 M$. Les principales provinces
importatrices étaient l’Ontario (46 % de la valeur), la Colombie-Britannique (29 %) et le Manitoba (10 %). La valeur
des importations canadiennes a augmenté en moyenne de 4 % par an de 2018 à 2022. Le Canada est ainsi un
exportateur net et la croissance plus importante de ses exportations lui permet de présenter un solde commercial
excédentaire dans toutes les catégories de pommes de terre sur le marché international.

De son côté, le volume des pommes de terre biologiques importées au Canada a augmenté de 31 % par an. Il
est en effet passé de 1 396 tonnes en 2018 à 4 114 tonnes en 2022. Les volumes entraient principalement par
l’Ontario (87 % en 2022) et la Colombie-Britannique (10 %). Earthfresh Farms Inc. en Ontario et Thomas
Fresh Inc. dans l’Ouest canadien sont deux importants distributeurs de pommes de terre biologiques au Canada 3.

1.2.3 Les échanges commerciaux au Québec


Le Québec se distingue dans les exportations de pommes de terre de table
Les ventes internationales de pommes de terre du Québec vont essentiellement aux États-Unis (99 %). Elles ont
atteint 117 M$ en 2022, bénéficiant de plusieurs facteurs favorables aux exportations comme l’augmentation du
prix, le taux de change et la baisse de la production américaine. Bien qu’elles comptent seulement pour 4 % des
exportations canadiennes, leur croissance est soutenue (+33 %/an), particulièrement pour les pommes de terre
de table (+36 %/an), qui ont même affiché une hausse record de 87 % en 2022, ce qui place maintenant le
Québec au 2e rang canadien dans ce marché d’exportation.

2 LA PRODUCTION
2.1 La production mondiale

Croissance de la production mondiale, principalement au Canada et en Égypte


La pomme de terre est le légume le plus cultivé dans le monde avec une production totale de 376 millions de
tonnes en 2021. Elle occupe plus de 18 millions d’hectares (ha) recensés dans 159 pays. La plus grande
proportion de la production de pommes de terre se trouve en Asie (53 % de la part mondiale), plus particulièrement
en Chine (25 %) et en Inde (14 %), deux pays qui ont connu une croissance de leurs volumes. C’est toutefois en
Égypte que l’on observe la plus forte croissance de la production (+43 % de 2017 à 2021), qui est passée du
14e rang (en 2017) au 10e rang (en 2021) parmi les pays producteurs de pommes de terre, se situant devant les
Pays-Bas et le Canada. Le gouvernement égyptien a lancé plusieurs programmes à grande échelle pour remettre
en état de production les terres désertiques (notamment le mégaprojet New Delta) et la pomme de terre fait partie
des cultures stratégiques visant à satisfaire la demande intérieure et à augmenter les exportations 4.

3
Base de données sur les importateurs canadiens (BDIC). https://ised-isde.canada.ca/app/ixb/cid-bdic/productReport.html?hsCode=070190
4
FreshPlaza, Les pommes de terre égyptiennes désormais disponibles en grandes quantités pour l’exportation, 13 avril 2023.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 5


Tableau 7 – Les principaux pays producteurs de pommes de terre et le Canada en 2021
Rang Pays Volumes Part mondiale Croissance (kt) Rendement Superficies
kt % 2017-2021 t/ha ha
1 Chine 94 300 25,1 % 7% 16,3 5 780 000
2 Inde 54 230 14,4 % 12 % 24,1 2 248 000
3 Ukraine 21 356 5,7 % -4 % 16,6 1 283 200
4 États-Unis 18 582 4,9 % -9 % 49,1 378 670
Idaho 5 944 1,6 % -2 % 46,7 127 278
Washington 4 137 1,1 % -7 % 66,2 62 526
Wisconsin 1 306 0,3 % -2 % 47,8 27 317
5 Russie 18 296 4,9 % -16 % 16,0 1 142 111
6 Allemagne 11 312 3,0 % -3 % 43,8 258 300
7 Bangladesh 9 887 2,6 % -3 % 21,1 468 699
8 France 8 987 2,4 % 5% 42,5 211 590
9 Pologne 7 081 1,9 % -23 % 30,0 235 830
10 Égypte 6 903 1,8 % 43 % 26,3 262 706
11 Pays-Bas 6 676 1,8 % -10 % 42,0 159 040
12 Canada1 6 372 1,7 % 18 % 41,3 154 169
Total 376 120 100,0 % 2% 20,7 18 132 694
kt : kilotonnes = 1 000 tonnes
1 : Les données du Canada, provenant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), peuvent différer
de celles fournies par Statistique Canada, car les données de la FAO sont révisées un an après leur publication.
Sources : FAOSTAT, USDA. Compilation du MAPAQ.

La production tend toutefois à diminuer en Europe et aux États-Unis. L’Europe, une importante région productrice
avec 27 % de la production mondiale, a connu une baisse de 11 % durant la période étudiée. L’Allemagne, la
France et les Pays-Bas affichent les meilleurs rendements et sont aussi parmi les pays les plus présents sur les
marchés internationaux.
Les volumes sont aussi en baisse (-9 %) aux États-Unis, où 60 % de la production se situe dans les États de
l’Idaho, de Washington et du Wisconsin. Il est à noter que ces États de l’Ouest américain enregistrent les plus
forts rendements à l’hectare dans le monde (de 47 à 66 t/ha) grâce à la disponibilité de sols volcaniques riches
en nutriments, aux variétés utilisées et à l’usage de l’irrigation. Les conditions de croissance défavorables dans le
nord-ouest du Pacifique en 2021 ont fait baisser le rendement moyen aux États-Unis5. On peut observer aussi
une réduction des superficies dans les États de l’Ouest depuis 2019. La baisse a été notamment marquée en
2020 et en 2022. La diminution de 25 000 acres (plus de 10 000 ha) en 2022 en Idaho s’explique par la hausse
des coûts des intrants (culture exigeante), les prix élevés des cultures alternatives ainsi que les limites de
l’approvisionnement en eau 5.
Contrairement aux États-Unis, le Canada a accru ses volumes de production (+18 %), ce qui représente la
deuxième plus forte croissance parmi les principaux producteurs mondiaux. Il est passé du 14e rang mondial (en
2016) au 12e rang parmi les pays producteurs avec 1,7 % de la production mondiale en 2021.

2.2 La production canadienne et québécoise


La production de pommes de terre au Canada a augmenté de 21 % durant la période 2018-2022, soutenue par
la croissance des superficies (+11 %) et des rendements (+9 %) (tableau 8). Les superficies et les volumes
produits ont atteint respectivement 155 900 ha et près de 5,6 Mt en 2022.

Hausse des superficies ensemencées dans l’Ouest et au Québec


La croissance des superficies a été marquée dans les provinces de l’Ouest, soit en Alberta (+31 %) et au Manitoba
(+26 %), alors que les superficies ont diminué à l’Île-du-Prince-Édouard (-3 %) et sont demeurées stables au
Nouveau-Brunswick (0 %). La superficie consacrée aux pommes de terre de transformation a effectivement
augmenté de façon constante dans l’Ouest, principalement en raison de l’agrandissement d’usines existantes ou
de la construction de nouvelles usines de frites 6. En effet, les Fermes Cavendish ont ouvert leur usine de frites à
Lethbridge en 2019, ce qui correspond à un investissement de 430 M$, et Simplot a injecté 500 M$ pour doubler
la taille de son usine de Portage la Prairie au Manitoba. Cette croissance dans l’Ouest devrait se poursuivre avec

5
Potato Country, How Many Potatoes Will Growers Plant in 2023?, 1er janvier 2023.
6
The Western Producer, Potato Acreage Continues Prairie Expansion, 5 août 2021.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 6


la récente annonce, en mars 2023, d’un investissement majeur de 600 M$ de McCain, qui devait doubler son
usine de transformation de Coaldale en Alberta 7.

Le Québec se situe au 5e rang parmi les provinces productrices de pommes de terre avec 12 % des superficies
et des volumes canadiens. Il affiche l’une des plus fortes croissances des volumes au pays (+27 %), ayant atteint
648 000 tonnes en 2022. L’accroissement des rendements au Québec (+18 %) a été bon et s’élevait à 35,3 t/ha
en 2022, ce qui est proche de la moyenne canadienne (35,6 t/ha). Le record est toujours détenu par l’Alberta
(41,1 t/ha) grâce à l’usage généralisé de l’irrigation et à la prédominance du cultivar Russet Burbank, très utilisé
en transformation.
Tableau 8 – Évolution des superficies ensemencées, des volumes produits et des rendements de pommes
de terre pour les principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022
Provinces Superficies (kha) Volumes (kt) Rendement moyen (t/ha)
Var. Var. Var.
2018 2022 2018- 2018 2022 2018- 2018 2022 2018-
2022 2022 2022
Île-du-Prince-Édouard 34,8 33,7 -3 % 1 025 1 261 23 % 29,5 37,4 27 %
Nouveau-Brunswick 21,0 21,1 0% 711 771 8% 33,8 36,5 8%
Québec 17,0 18,4 8% 509 648 27 % 30,0 35,3 18 %
Ontario 13,8 15,0 9% 314 370 18 % 22,8 24,6 8%
Manitoba 25,9 32,6 26 % 921 1 186 29 % 35,5 36,4 3%
Alberta 22,5 29,6 31 % 987 1 216 23 % 43,8 41,1 -6 %
Canada 141,0 155,9 11 % 4 647 5 603 21 % 33,0 35,9 9%
kha : kilohectares = 1 000 ha, kt : kilotonnes = 1 000 tonnes
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0358-01 (année-récolte). Compilation du MAPAQ.

Plus petite taille des entreprises au Québec


Avec une taille moyenne de 42 hectares ensemencés en 2021, les entreprises du Québec sont généralement
plus petites que celles des autres principales provinces productrices (tableau 9). C’est au Manitoba que se
trouvent les entreprises de la plus grande taille (211 ha), puis à l’Île-du-Prince-Édouard (160 ha). La
consolidation pour des entreprises de plus grande taille s’observe partout au Canada, particulièrement en Alberta
(+74 %) et au Nouveau-Brunswick (+59 %), mais de façon moins accentuée au Québec (+12 %).
Tableau 9 – Évolution de la taille moyenne des entreprises de pommes de terre au Canada, de 2011 à 2021
2011 2016 2021 Var. 2011-2021
Provinces
Hectares (ha) par entreprise
Manitoba 142,2 168,0 211,7 49 %
Île-du-Prince-Édouard 116,8 136,5 160,4 37 %
Nouveau-Brunswick 74,1 83,2 116,2 57 %
Alberta 54,5 60,6 94,9 74 %
Québec 36,9 38,9 41,5 12 %
Ontario 18,7 16,2 22,9 23 %
Canada 44,8 44,6 58,1 30 %
Source : Statistique Canada, Recensement de l’agriculture de 2016. Compilation du MAPAQ.

L’irrigation : un élément déterminant de la productivité


La pomme de terre est une plante exigeante en eau. Comme elle est surtout produite dans des sols sableux et
légers, l’irrigation permet de régulariser et d’accroître les rendements en cas de stress hydrique. Au Québec, les
superficies irriguées dans la pomme de terre ont plus que triplé en 12 ans, passant de 2 810 ha en 2010 à 6 790 ha
en 2022 (figure 3), ce qui correspondait, en 2022, à 35 % de toutes les superficies cultivées en pommes de terre.
Pour faire face aux changements climatiques et à l’augmentation de la récurrence des périodes de sécheresse,
plusieurs producteurs québécois de pommes de terre envisagent d’accroître leurs superficies irriguées. Selon un
récent sondage réalisé par le Groupe AGÉCO, celles-ci pourraient atteindre environ 9 000 ha en 2024, soit près

7
Spudsmart, McCain to Double Size, Output of Coaldale, Alta. Plant, 13 mars 2023.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 7


de la moitié de toutes les superficies cultivées en pommes de terre au Québec 8. L’irrigation était présente dans
toutes les catégories de pommes de terre en 2018 (voir l’annexe 1).
Figure 3 – Évolution des superficies irriguées de pommes de terre au Québec, de 2010 à 2022, et
anticipation pour 2024
11 000
9 000
9 000
Hectares (ha)
7 000 6 510
6 790 ha;
5 000 + 142 %
2 810
3 000

1 000

Sources : Statistique Canada, tableau 38-10-0241; Groupe AGÉCO, projets RADEAU 1 et RADEAU 2 (2020), et En route vers une filière
responsable de la pomme de terre du Québec (2022). Compilation du MAPAQ.

Dans les provinces de l’Ouest, qui présentent un climat sec, l’irrigation est très développée et utilisée depuis
longtemps. En effet, 85 % des superficies de pommes de terre sont irriguées en Alberta, notamment dans le sud
de la province 9. Au Manitoba, la plupart des superficies récoltées en pommes de terre sont également équipées
de systèmes d’irrigation. Dans l’Est, l’irrigation s’est peu développée, car le climat maritime offre des précipitations
plus régulières que dans l’Ouest, relativement abondantes par le passé, mais de plus en plus variables au cours
des dernières années. En outre, comme elle éprouve des problèmes de disponibilité d’eau, l’Île-du-Prince-Édouard
a décrété, en 2002, un moratoire sur la construction de nouveaux puits de grande capacité pour l’irrigation agricole,
ce qui fait en sorte que seulement 6 % des superficies de pommes de terre sont irriguées dans cette province 10.
Le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a finalement levé ce moratoire en juin 2021 pour permettre la mise
en œuvre graduelle d’une stratégie d’irrigation 11.

Au Québec, les producteurs agricoles n’ont pas à payer de redevances pour l’utilisation de l’eau comparativement
à plusieurs de leurs concurrents 12, mais ils ont l’obligation de déclarer annuellement et de tenir un registre pour
leurs prélèvements d’eau lorsque ceux-ci atteignent un volume journalier 13 supérieur à 75 m3 (jusqu’au 31
décembre 2024) et supérieur à 50 m3 (à partir du 1er janvier 2025) ou s’ils sont situés sur le territoire couvert par
l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. De plus, en
vertu du Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE), ils
devront renouveler leur autorisation de prélèvement d’eau entre 2025 et 2029 (REAFIE, articles 33, 364 et 365),
selon les volumes prélevés. Certaines inquiétudes sont exprimées par ces producteurs, qui anticipent des frais
importants à assumer pour se conformer à ces exigences et une limitation de l’utilisation de l’eau par rapport au
taux de prélèvement actuel.

2.3 La production québécoise

En décembre 2022, 743 entreprises déclaraient au MAPAQ qu’elles exploitaient des superficies en production de
pommes de terre. Par ailleurs, 223 d’entre elles sont spécialisées dans cette culture et sont inscrites en vertu du
Plan conjoint des producteurs de pommes de terre du Québec. En 2022, les producteurs du Québec ont
commercialisé 614 000 tonnes de pommes de terre et généré un revenu total de 258 M$. Le principal marché
d’écoulement était celui de la table (55 % des ventes), suivi par le prépelage (20 %), la croustille (17 %) et les
semences (8 %).

8 Groupe AGÉCO, En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec, 2022.
9
Alberta Agriculture and Forestry, Alberta Irrigation Information, 2022. https://open.alberta.ca/publications/3295832
10
Potatoes in Canada, The Island’s Irrigation Woes, 2020.
11
Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard, Water Act Water Withdrawal Regulations – Irrigation Strategy, juin 2021.
12
Groupe AGÉCO, Rapport final – Analyse de l’environnement d’affaires et de la compétitivité actuelle et future des entreprises de fruits et légumes du Québec par
rapport aux principaux concurrents, décembre 2022, 111 p.
13
Volume prélevé au moins une journée au cours d’une année civile.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 8


Bonne progression des ventes au Québec, notamment dans les produits transformés
De 2018 à 2022, toutes les catégories de pommes de terre ont connu une excellente progression des volumes
(+31 %) et des ventes (+53 %), notamment dans les secteurs de la transformation pour la croustille et le prépelage
où les croissances des ventes étaient supérieures à 78 % (tableau 10). Les marchés de la table et des semences
offrent habituellement des prix plus élevés que les marchés de la transformation. C’est dans le marché des
semences et du prépelage qu’a été observée la plus forte progression des prix durant la période étudiée.

Tableau 10 – Évolution de la production commercialisée du Québec pour les différentes catégories


de pommes de terre, années-récoltes de 2018 à 2022
Marchés 2018 2019 2020 2021 2022 Var. 2018-2022
Volumes (kt) 243 282 303 335 297 22 %
Table Ventes (M$) 100 120 131 125 141 40 %
Prix moyen ($/t) 412,86 425,98 435,15 372,15 475,68 15 %
Volumes (kt) 85 94 85 92 126 48 %
Croustille Ventes (M$) 25 28 26 30 44 78 %
Prix moyen ($/t) 293,97 296,17 306,08 326,86 352,99 20 %
Volumes (kt) 104 104 120 nd 151 45 %
Prépelage Ventes (M$) 27 26 30 nd 51 84 %
Prix moyen ($/t) 265,31 247,87 259,80 nd 334,46 26 %
Volumes (kt) 38 33 38 nd 40 7%
Semences Ventes (M$) 15 13 17 nd 22 41 %
Prix moyen ($/t) 406,81 398,54 462,27 nd 531,36 31 %
Volumes (kt) 470 514 546 582 614 31 %
TOTAL
Ventes (M$) 168 187 204 202 258 53 %
Source : Institut de la statistique du Québec, Enquête sur la pomme de terre. Compilation du MAPAQ.

Une production concentrée dans la Capitale-Nationale et Lanaudière

La culture de pommes de terre s’effectue dans toutes Figure 4 – Répartition régionale de la production
les régions du Québec, notamment dans les sols québécoise de pommes de terre en 2022
sableux et légers. La Capitale-Nationale (24 % des
superficies) et Lanaudière (22 %) viennent en tête pour Bas-Saint- Autres Capitale-
la production totale, suivies du Saguenay–Lac-Saint- Laurent; 5% régions; 10% Nationale;
Jean (15 %) (figure 5). La production de semences se Centre-du- 24%
réalise principalement dans les régions nordiques qui Québec; 7%
comprennent des zones de culture protégées (ZCP 14) Mauricie; 8%
encadrées par le Règlement sur la culture de pommes
de terre (RLRQ, chapitre P-42,1, r. 0.1). La production
de semences est ainsi prépondérante au Saguenay–
Lac-Saint-Jean (50 % des superficies en semences) et Montérégie;
au Bas-Saint-Laurent (29 %). La production de 10%
croustilles, quant à elle, est concentrée dans la Lanaudière;
Capitale-Nationale (44 % des surfaces en croustilles) et Saguenay- 22%
Lanaudière (37 %). Lac-Saint-
Jean; 15%
Source : MAPAQ, Fiche d’enregistrement des exploitations
agricoles, version extraite en décembre 2017.

14
Une ZCP est une partie désignée du territoire québécois en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures. Dans cette zone, des normes sont obligatoires
pour limiter l’entrée, la dissémination et le développement des maladies nuisibles à la culture de la pomme de terre. Les ZCP sont situées au Bas-Saint-Laurent, au
Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 9


Diversification des variétés et progression marquée de la catégorie à chair jaune
Le nombre de variétés cultivées par les producteurs commerciaux au Québec a progressé, passant de 99 en 2018
à 123 en 2022. Les cultivars longs (Russet) et rouges sont les plus largement cultivés avec respectivement 39 %
et 18 % des superficies en 2022. La croissance des superficies a été surtout marquée pour les cultivars à chair
jaune, qui sont passées de 7 % à 12 % des ensemencements de 2018 à 2022. Une grande diversification variétale
s’est produite pour cette couleur : la Colomba a pris beaucoup d’importance (37 % de la catégorie) et a surpassé
la Vivaldi, qui dominait en 2017. Dans la catégorie ronde blanche, une diversification est aussi observée avec
l’ajout de nouvelles variétés qui connaissent une croissance comme la Kalmia et la Volare.

Tableau 11 – Évolution des superficies de pommes de terre par catégorie de variétés, de 2018 à 2022
Principales variétés produites
2018 2020 2022
Types de variétés en 2022
ha % ha % ha % (pourcentage du type de variété)
Goldrush (62 %), Russet Burbank (9 %),
Longues et Russet 7 494 41 % 7 242 38 % 7 673 39 % Highland Russet (5 %), Montain Gem
(5 %)
Chieftain (30 %), Norland (27 %), Viking
Rouges 3 225 18 % 3 493 18 % 3 478 18 % (14 %), Dark Red Chieftain (8 %), Red
Maria (6 %)
Colomba (37 %), Vivaldi (28 %), Actrice
À chair jaune 1 207 7% 1 789 9% 2 328 12 %
(11 %), Keuka Gold (6 %)
Envol (25 %), Superior (19 %), Kalmia
Rondes blanches 2 735 15 % 2 815 15 % 2 648 14 %
(8 %), AC Chaleur (8 %), Volare (8 %)
FL (47 %), Mystère (23 %), Snowden
Croustilles 2 603 14 % 2 587 13 % 2 436 13 %
(11 %)
Non définies 1 030 6% 1 375 7% 907 5%
Total 18 292 100 % 19 301 100 % 19 470 100 %
Nombre de variétés 99 102 123
Il est à noter que la somme des pourcentages peut différer du total (100 %) en raison de l’arrondissement.
Source : Les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ). Compilation du MAPAQ.

La phytoprotection et la lutte intégrée, un processus d’amélioration continu


Un des principaux défis du secteur de la pomme de terre est la réduction des quantités de pesticides utilisés et
des risques pour la santé et l’environnement qui leur sont associés. En effet, il s’agit d’une production sensible à
de nombreux ennemis des cultures qui demande le recours régulier à des pesticides pour assurer sa protection.
Dans un climat comme celui du Québec, cette production nécessite plusieurs traitements phytosanitaires pour
l’obtention de la qualité exigée par les marchés. Le contrôle du mildiou et de la brûlure hâtive exige notamment
plusieurs applications de fongicides, tout comme le doryphore de la pomme de terre, qui nécessite l’usage
d’insecticides. De plus, la production de semences requiert un contrôle rigoureux des pucerons parce qu’ils sont
vecteurs de virus.
Avec les changements climatiques, on peut s’attendre à ce que la pression des ennemis des cultures augmente
comme cela a été le cas avec le mildiou à la suite des pluies abondantes et des excès d’eau de 2023. En outre,
les ennemis des cultures développent davantage de résistance aux pesticides, rendant les contrôles
phytosanitaires moins efficaces. Certaines résistances aux pesticides ont d’ailleurs été observées au Québec chez
le doryphore de la pomme de terre (Matador®, Actara®, DelegateTM, EntrustTM, SivantoMD Prime, Titan® et
Verimark®) 15 ainsi que chez le chénopode blanc (herbicides du groupe 5, par exemple la métribuzine [Lexone®,
MeteorTM, ConquestMD, etc.]).
La gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) est la méthode décisionnelle préconisée par le secteur
agricole afin de bien planifier ses stratégies de lutte. Selon le dernier rapport disponible sur l’indicateur de la GIEC,
inventorié en 2021, le secteur de la pomme de terre demeurait au 2e rang parmi les huit secteurs analysés (après
celui de la canneberge) en ce qui concerne les sources d’information consultées pour accroître ses
connaissances, les bonnes pratiques de dépistage et de surveillance des ennemis des cultures de même que la
bonne gestion des pesticides (tableau 12). Toutefois, un maintien ou une diminution des scores des étapes 1 à 5

15
Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, Rapport d’étape – Résistance aux pesticides chez le doryphore de la pomme de terre : validation
de tests génétiques pour la détection, 2024, 11 p et Rapports d’avancement du projet doryphore dans le cadre de la Grappe agroscientifique pomme de terre.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 10


de la GIEC ont pu être observés en 2021 comparativement à 2012, notamment au regard du suivi des champs,
ce qui se traduit par un score global plus faible. La gestion des pesticides est la seule étape de la GIEC qui s’est
améliorée, mais elle compte moins dans le score global de celle-ci.

Tableau 12 – Évolution de l’adoption de la gestion intégrée des ennemis de cultures (GIEC) dans le secteur
de la pomme de terre en fonction des différentes étapes proposées, de 2012 à 2021
Étapes Score de la GIEC pour la pomme de terre Rang parmi les
huit secteurs
2012 2017
2021 en 2021
1. Connaissance 6,0 6,2 5,8 2e
2. Prévention 6,3 6,3 6,3 5e
3. Suivi des champs 8,9 8,8 8,4 2e
4. Intervention 3,5 4,8 3,4 7e
5. Évaluation-rétroaction 6,6 6,3 6,4 3e
6. Gestion des pesticides 7,2 8,0 7,7 2e
Score global 6,8 6,7 6,3
Source : MAPAQ, rapports sur l’indicateur de la Gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC), 2012, 2017 et 2021.

Depuis 2019, le Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) a mis en place des vitrines de régie à
moindres risques pour promouvoir la GIEC. À l’été 2023, 12 entreprises de pommes de terre dans 10 régions
productrices ont participé à ce projet. Ce réseau, qui se poursuivra jusqu’à la saison 2024, intègre notamment
l’utilisation de l’outil prévisionnel Miléos, qui permet une meilleure gestion du mildiou ainsi qu’un accompagnement
des producteurs et de leurs conseillers pour une réduction significative des risques associés à l’usage des
pesticides. Ce projet s’inscrit notamment dans le Plan d’agriculture durable 2020-2030.

La production biologique se développe lentement au Québec


Selon des données du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV) 16, 40 entreprises
certifiées biologiques cultivaient au Québec des pommes de terre sur près de 180 ha en 2022, ce qui correspondait
à une progression de 84 ha depuis 2018. Bien que les superficies de ces entreprises aient pratiquement doublé,
elles représentent tout de même une faible proportion des superficies totales consacrées à la production de
pommes de terre (0,9 %). Comme il a été mentionné précédemment, la pomme de terre est sensible à de
nombreux ennemis des cultures et la conversion vers la production biologique est plus difficile dans cette culture
que dans d’autres productions.

Une relève davantage masculine et en bonne posture financière dans la production de pommes de terre
La production de pommes de terre constituait l’activité principale de moins de 1 % de la relève agricole en 2021 17.
La relève dans ce secteur est établie principalement dans les régions de la Montérégie (32 %) ainsi que de
Montréal, de Laval et de Lanaudière (29 %). Depuis 2011, la proportion de la relève féminine n’a jamais dépassé
10 %. En 2021, elle a atteint 7 %, ce qui était inférieur à la moyenne observée pour l’ensemble des secteurs
(29 %). Une large part des jeunes de la relève détiennent un diplôme d’études collégiales, soit 29 %, alors que
18 % n’ont aucun diplôme. La proportion des personnes sans diplôme atteint 6 % pour l’ensemble de la relève.
En 2021, la proportion de jeunes titulaires d’un diplôme d’études universitaires était de 11 % dans la pomme de
terre comparativement à 20 % pour l’ensemble des secteurs.
Les jeunes entrepreneurs du secteur se sont le plus souvent établis par transfert familial (75 %). Une proportion
de 44 % de la relève dans la production de pommes de terre est établie depuis moins de cinq ans, ce qui est
supérieur à ce qui est constaté dans l’ensemble des secteurs (34 %). De plus, ils sont 64 % à déclarer des revenus
bruts annuels supérieurs à 500 000 $ contre 29 % dans l’ensemble des secteurs. Enfin, une faible proportion de
jeunes entrepreneurs du secteur de la pomme de terre occupent un emploi extérieur (14 %) comparativement à
44 % dans l’ensemble des secteurs.

16
Données du CARTV tirées du Portail Bio Québec (portailbioquebec.info). Compilation du MAPAQ.
17
Recensement de la relève agricole 2021. Compilation du MAPAQ. On considère comme faisant partie de la « relève agricole établie » les personnes de moins de
40 ans qui possèdent au moins 1 % des parts d’une entreprise agricole.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 11


3 LA COMPÉTITIVITÉ
3.1 Les parts de marché de la production
La compétitivité d’un secteur s’évalue en fonction de sa capacité d’accroître ou de maintenir ses parts de marché
tout en conservant sa rentabilité. Les producteurs de pommes de terre du Canada ont généré des recettes de
1,7 G$ en 2022 pour une croissance de 8 % par an depuis 2018. Les volumes commercialisés ont globalement
progressé de 3 % par an et les prix de vente se sont accrus de 5 % par an. Cet accroissement a eu lieu dans un
contexte d’augmentation de la consommation globale de pommes de terre. Par ailleurs, l’approvisionnement du
marché canadien repose davantage sur la production nationale (90 %) que sur l’importation (10 %).

Plus forte croissance des recettes monétaires au Québec


Depuis 2018, les recettes monétaires au Québec ont connu la plus forte croissance au pays, soit une hausse de
12 % par an, pour atteindre 245 M$ en 2022. Cette hausse a été notamment soutenue par la progression de 7 %
par an des volumes commercialisés. L’augmentation des volumes de pommes de terre exportées vers les États-
Unis, à hauteur de 26 % par an, qui permet notamment de desservir le marché de la transformation, lequel
présente une forte demande dans ce pays (voir la section 1.2.3), est un facteur non négligeable de cette
croissance.

Figure 5 – Évolution des recettes monétaires du marché (M$) tirées des pommes de terre dans les
principales provinces canadiennes, de 2018 à 2022
400
MB: 357 M$; +9%/an
350
ÎPÉ: 331 M$; +10%/an
300 AB: 315 M$; +6%/an
Millions de dollars (M$)

250 QC: 245 M$; +12%/an


N.-B.: 233 M$; +8%/an
200

150 ON: 149 M$; +5%/an


100
2018 2019 2020 2021 2022 2023
Île-du-Prince-Édouard (ÎPÉ) Nouveau-Brunswick (N.-B.) Québec (QC)
Ontario (ON) Manitoba (MB) Alberta (AB)
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0045-01. Compilation du MAPAQ

Figure 6 – Estimation des utilisations prévues des stocks1 de pommes de terre selon les parts
de la production entreposée en 2022-2023
Frais Semences Transformation

ALBERTA 8% 19% 73%

MANITOBA 10% 11% 78%

ONTARIO 25% 3% 72%

QUÉBEC 45% 14% 41%

NOUVEAU-BRUNSWICK 20% 15% 65%

ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD 33% 8% 60%

1 : Inventaire en entrepôt en date du 1er décembre 2022.


Source : Infohort, Agriculture et Agroalimentaire Canada. Compilation du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 12


Des prix supérieurs au Québec grâce au marché de la table
De 2018 à 2022, le prix moyen pondéré du Québec dans ce secteur a augmenté de 4 % par an et d’environ 5 %
à 6 % dans les autres grandes provinces (figure 7). Rappelons qu’à l’inverse de ceux des autres provinces, les
producteurs de pommes de terre du Québec approvisionnent davantage le marché de la table (frais), qui est mieux
rémunéré que celui de la transformation (croustille et prépelage), lequel domine dans les autres grandes provinces
productrices (figure 6). Grâce à cela, le prix moyen pondéré du Québec a été supérieur d’environ 25 % à celui des
autres provinces.

Figure 7 – Évolution du prix moyen pondéré par quintal commercialisé de pommes de terre dans les
principales provinces productrices au Canada, de 2018 à 2022

17 $
QC: 16,59 $; +4%/an
16 $
15 $
MB: 14,38 $; +5%/an
$/quintal

14 $ N.-B.: 13,83 $; +6%/an


AB: 13,37 $; +5%/an
13 $ IPÉ: 13,00 $; +6%/an
12 $
11 $
10 $
2018 2019 2020 2021 2022 2023
Manitoba (MB) Alberta (AB) Île-du-Prince-Édouard (ÎPÉ)
Québec (QC) Nouveau-Brunswick (N.-B.)
Source : Statistique Canada. Compilation du MAPAQ.

Une part de marché relativement stable au Québec


Malgré une importante progression, le Québec demeure au 4e rang canadien pour ce qui est des recettes de
marché avec 13 % des parts canadiennes. C’est l’Île-du-Prince-Édouard qui a perdu (-4 %) des parts de marché
au profit de l’Alberta (+3 %) et du Québec (+1 %). Comme il a été mentionné dans la section 2.2, l’accès à l’eau
d’irrigation, de meilleurs rendements et d’importants investissements pour le développement des usines de
transformation en Alberta sont des facteurs pouvant expliquer leur croissance.
Figure 8 – Évolution des parts des recettes monétaires du marché de pommes de terre au Canada,
moyennes de 2013-2017 et de 2018-2022
100%
16 16
80% 13 13
12 13
60%
22 18
40%
17 20
20%
21 20
0%
2013-2017 2018-2022

Manitoba Alberta Île-du-Prince-Édouard

Québec Nouveau-Brunswick Reste du Canada


Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0045-01. Compilation du MAPAQ

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 13


3.2 La situation financière des entreprises
Au Québec, l’augmentation des volumes commercialisés et des prix a entraîné une amélioration de la situation
financière des producteurs. En effet, en excluant les paiements de programmes, la marge bénéficiaire des
exploitations de pommes de terre est positive et s’améliore, puisqu’elle est passée de 12 % en 2015-2017 à 16 %
en 2018-2021. Dans les autres grandes provinces productrices, celle-ci a plutôt diminué.

Tableau 13 – Structure des revenus, des dépenses et des marges bénéficiaires des entreprises de
pommes de terre des principales provinces canadiennes, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021
QUÉBEC MANITOBA ALBERTA ÎPÉ N.-B.
2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018- 2015- 2018-
2017 2021 2017 2021 2017 2021 2017 2021 2017 2021
Sources de revenus :
Au titre des pommes de terre 78 % 80 % 72 % 70 % 68 % 67 % 83 % 77 % 84 % 86 %
Au titre des céréales et des oléagineux 7 % 4% 19 % 19 % 17 % 15 % 5% 4% 9% 7%
Au titre des paiements de programmes 5 % 5% 2% 2% 5% 7% 5 % 10 % 3% 3%
Autres revenus 10 % 11 % 7% 9% 10 % 11 % 7% 9% 4% 4%
Dépenses (% des revenus du marché)
Au titre des cultures 28 % 25 % 24 % 25 % 22 % 21 % 33 % 33 % 31 % 32 %
Au titre des machines 11 % 10 % 10 % 10 % 9% 10 % 10 % 10 % 10 % 11 %
Autres dépenses 50 % 48 % 48 % 47 % 48 % 48 % 45 % 45 % 38 % 41 %
Bénéfice* (% des revenus du marché) 12 % 16 % 19 % 18 % 21 % 20 % 13 % 12 % 20 % 15 %
ÎPÉ : Île-du-Prince-Édouard; N.-B. : Nouveau-Brunswick.
* Bénéfice avant amortissements : [(revenus totaux - revenus de paiements de programme) - dépenses totales] / (revenus totaux - revenus de
paiement de programme) x 100
Il est à noter que la somme des pourcentages peut différer du total (100 %) en raison de l’arrondissement.
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0136-01, Programme des données fiscales agricoles. Compilation du MAPAQ.

Hausse des marges bénéficiaires au Québec associée à la diminution des dépenses au titre des cultures
L’augmentation de la marge bénéficiaire du Québec s’explique notamment par une diminution de trois points de
pourcentage du poids relatif du coût des dépenses au titre des cultures entre les deux périodes étudiées
(tableau 13). En effet, pour chaque tranche de 1 000 $ de revenus du marché, les dépenses en engrais et en
chaux, en pesticides ainsi qu’en semences et en plants sont passées de 278 $ (2015-2017) à 253 $ (2018-2021).
La bonne progression des rendements au Québec (voir le tableau 8) a aussi permis de réduire les dépenses au
titre des cultures.

L’Alberta et le Manitoba présentent les marges bénéficiaires les plus élevées, soit respectivement 20 % et 18 %
(période 2018-2022). Le succès de ces provinces peut s’expliquer, entre autres, par la grande taille de leurs
entreprises, qui disposent d’infrastructures d’irrigation favorables aux rendements et qui permettent aux
producteurs de bénéficier d’économies d’échelle au regard des dépenses relatives aux cultures (voir le tableau 9).
De plus, une plus grande partie des revenus de ces entreprises provient de la vente de céréales et d’oléagineux
(> 15 %). À titre de comparaison, mentionnons que les ventes de ces cultures représentent 4 % des revenus du
Québec. Les provinces de l’Ouest disposent de grandes superficies permettant d’intégrer des cultures de rotation
qui offrent un bon potentiel de rémunération.

Les marges bénéficiaires des producteurs du Québec s’accroissent avec la taille des entreprises
Au Québec, les marges bénéficiaires les plus élevées sont atteintes par les entreprises de grande taille pour un
bénéfice moyen de 20 % lorsqu’elles ont des revenus supérieurs à 2 M$. Les marges progressent en fonction de
la taille des entreprises. Ainsi, les plus petites entreprises, qui ont des revenus inférieurs à 500 k$, affichent les
plus faibles marges (4 %).

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 14


Tableau 14 – Structure des marges bénéficiaires en fonction de la taille des entreprises de pommes de
terre du Québec, moyennes de 2015-2017 et de 2018-2021
Taille des entreprises Bénéfice* (pourcentage des revenus
du marché)
Moyenne de Moyenne de
2015-2017 2018-2021
De 100 k$ à 249 k$ 8% 4%
De 250 k$ à 499 k$ 2% 4%
De 500 k$ à 999 k$ 4% 8%
De 1 000 k$ à 1 999 k$ 5% 11 %
2 000 k$ et plus 18 % 20 %
Toutes les catégories de
revenus 12 % 16 %
* Bénéfice avant amortissements : [(revenus totaux - revenus de paiements de programme) - dépenses totales] / (revenus totaux - revenus de
paiement de programme) x 100
Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0136-01, Programme des données fiscales agricoles. Compilation du MAPAQ.

Hausse du nombre d’entreprises générant plus de 1 M$ de revenus bruts au Québec


Selon les données du programme Agri-stabilité de La Financière agricole du Québec (FADQ), les fermes qui se
consacrent à la production de pommes de terre du Québec tendent à générer de plus en plus de revenus bruts
au fil des années. En 2021, plus de la moitié de ces entreprises ont produit des revenus bruts d’au moins 1 M$ et
environ 75 % ont généré plus de 750 k$ de revenus bruts. Par ailleurs, cette production est parmi les plus
rentables : près des trois quarts des entreprises couvraient leurs dépenses en 2021, ce qui représentait une
hausse d’un peu plus de 5 % comparativement à la moyenne de la période 2017-2020.

Figure 9 – Nombre d’entreprises par fourchette de revenus bruts, excluant les paiements de programmes,
de 2017 à 2021
0 $-249 k$ 250 K$-499 k$ 500 k$-999 k$ 1 M$ et plus

7% 12 % 24 % 57 %
2021

8% 15 % 19 % 58 %
2020

11 % 14 % 22 % 53 %
2019

14 % 13 % 22 % 51 %
2018

14 % 14 % 26 % 46 %
2017

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Source : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023. Compilation du
MAPAQ.

Situation financière plus précaire chez les producteurs de la catégorie croustille


Chez les producteurs de pommes de terre destinées au marché de la croustille, le ratio moyen de marge
d’exploitation, excluant les paiements de programmes gouvernementaux, s’est avéré négatif deux années sur cinq
(figure 10), tandis que les producteurs pour les marchés de la table-prépelage et des semences ont bénéficié
d’une marge stable supérieure à 10 % durant toute la période. Néanmoins, les paiements de programmes ont
entraîné une amélioration du ratio de marge d’exploitation de l’ensemble des producteurs, permettant aux
producteurs de croustilles d’atteindre, en moyenne, une marge d’exploitation positive (figure 11).

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 15


Figure 10 – Évolution du ratio de marge Figure 11 – Évolution du ratio de marge
d’exploitation (%), excluant les paiements de d’exploitation (%), incluant les paiements de
programmes, de 2017 à 2021 programmes, de 2017 à 2021

20,0% 20,0%

15,0% 15,0%

10,0% 10,0%

5,0% 5,0%

0,0% 0,0%
2017 2018 2019 2020 2021 2017 2018 2019 2020 2021
-5,0% -5,0%

-10,0% -10,0%
Croustilles Semences Table-prépelage Croustilles Semences Table-prépelage

Source : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023. Compilation du
MAPAQ.

3.3 Les paiements de programmes gouvernementaux


Les producteurs de pommes de terre ont accès à cinq des six programmes de gestion des risques administrés
par la FADQ (voir le tableau 15). Les montants annuels versés par cet organisme ont varié de 8,7 M$ à 13,1 M$
de 2017 à 2021, avec une moyenne annuelle sur cinq ans de 73,8 k$ par producteur. Il s’agit d’une augmentation
de 26 % par producteur agricole par rapport à la période 2012-2016, au cours de laquelle la FADQ a versé en
moyenne annuellement 55,0 k$ par entreprise.
Tableau 15 – Contribution gouvernementale des quatre programmes de la FADQ offerts aux producteurs
dont la pomme de terre est la production principale
Ensemble des fermes Unité 2017 2018 2019 2020 2021 Moyenne sur
cinq ans
Agri-investissement M$ 1,3 1,0 1,1 1,1 1,1 1,1
Agri-Québec M$ 4,8 4,8 5,3 5,6 5,5 5,2
Agri-stabilité M$ 0,9 1,3 1,9 0,6 0,4 1,0
Agri-Québec Plus M$ 0,2 0,4 0,6 0,7 0,2 0,4
Total – Agri M$ 7,2 7,6 8,9 8,0 7,2 7,8
Moyenne – Agri par ferme k$ 44,5 49,3 56,5 51,1 49,0 50,1
Assurance-récolte (ASREC) M$ 1,5 5,4 1,5 5,1 2,9 3,3
Moyenne – ASREC par ferme k$ 10,8 39,1 11,2 36,7 20,9 23,8
Total – FADQ M$ 8,7 13,0 10,4 13,1 10,1 11,1
Moyenne globale par ferme k$ 55,3 88,5 67,7 87,8 69,9 73,8
Sources : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023 et statistiques de la
FADQ. Compilation du MAPAQ.

Le ratio de paiement des programmes gouvernementaux est plus élevé pour les producteurs des régions
périphériques (10,2 %) que pour ceux des régions centrales (3,9 %) (tableau 16). En 2021, les entreprises des
régions centrales montraient des revenus plus élevés de 70 % que celles des régions périphériques. Les
producteurs de semences bénéficiaient de la plus grande couverture de paiements de programmes, suivis des
producteurs de croustilles. Il est à noter que 88 % des semenciers sont situés en région périphérique, alors que
77 % des producteurs de pommes de terre de table-prépelage se trouvent dans une région centrale.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 16


Tableau 16 – Ratio de paiement des programmes gouvernementaux, par type de production et par région
Types d’entreprises 2017 2018 2019 2020 2021 Moyenne sur
cinq ans
Croustilles 3,9 % 3,8 % 6,6 % 7,5 % 7,8 % 5,9 %
Semences 12,0 % 10,6 % 6,7 % 9,2 % 9,3 % 9,6 %
Table-prépelage 4,9 % 4,6 % 3,5 % 4,5 % 5,6 % 4,6 %
Régions centrales 3,8 % 2,9 % 3,3 % 4,2 % 5,2 % 3,9 %
Régions périphériques 11,0 % 12,6 % 8,5 % 9,0 % 10,1 % 10,2 %
Source : Données financières des participants au programme Agri-stabilité de la FADQ en date du 28 septembre 2023. Compilation du
MAPAQ.

4 LA COMMERCIALISATION ET LA TRANSFORMATION

Au Québec, la pomme de terre est liée à deux principaux circuits de commercialisation, soit la vente de semences
aux autres producteurs commerciaux et la vente pour la consommation humaine. Cette dernière se divise en trois
marchés distincts : la table, la croustille et le prépelage. Selon nos estimations de 2021, près de 532 kt ont
emprunté les différents circuits de commercialisation pour une valeur d’environ 185 M$ (figure 13).
Figure 12 – Flux économiques : dynamique de la production de pommes de terre à l’état frais au Québec
en 20211

1 :. Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 17


4.1 Le secteur de la table
En 2023-2024, 48 emballeurs de pommes de terre agissent comme agents autorisés en vertu de la convention
de mise en marché des pommes de terre fraîches. La majorité des emballeurs sont aussi producteurs. Le
conditionnement représente une étape importante dans le processus de mise en marché des pommes de terre.
Les tubercules sont lavés, essorés, triés et emballés en différents formats. Il incombe à l’emballeur de respecter
les normes de conformité Canada no 1, d’assurer une qualité constante du produit et de satisfaire aux normes de
salubrité à la ferme Canada GAP ou GFSI, selon les marchés.

Le secteur de l’emballage s’approvisionne auprès des producteurs de pommes de terre du Québec pour une
valeur de 115 M$ (306 kt). Avec les autres coûts et les marges bénéficiaires, les ventes des emballeurs sont
évaluées à 228 M$. Elles sont écoulées sur différents segments du marché. Les emballeurs auraient expédié des
pommes de terre vers le marché québécois du commerce de détail et du réseau HRI pour une valeur de 144 M$
(196 kt), ce qui correspond à 63 % du total des ventes. Une proportion d’environ 57 M$ (74 kt) et une autre de
26 M$ (36 kt) seraient écoulées sur les marchés international et interprovincial respectivement.

4.2 Le secteur des semences


Le circuit de commercialisation des semences est alimenté par deux principaux distributeurs, soit La Patate Lac-
Saint-Jean (6 producteurs) et SEQ Marketing (14 producteurs), ainsi que par 8 producteurs indépendants 18. Pour
être commercialisées, les semences de pommes de terre du Québec doivent répondre aux normes de qualité et
de certification établies par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) 19 et aux normes du programme
de certification Pommes de terre de semence du Québec (PCQ), géré par les PPTQ 20. Ce dernier comporte des
exigences (cahier des charges, audits, tests post-récolte de virus, etc.) qui s’ajoutent aux normes de qualité de
l’ACIA. Seulement trois entreprises ont la capacité de produire les premières générations nucléaires qui requièrent
notamment des installations de culture in vitro et de production en serre.

Le Québec a le potentiel nécessaire pour répondre à l’ensemble de ses besoins en semences (estimés à 47 kt 21
en 2021). Du total des semences certifiées produites dans la province (estimées à 81 kt 22 en 2021), environ 28 kt
ont été expédiées chez des producteurs commerciaux en 2021 (figure 13), le restant étant utilisé pour la
recertification (autosemence) ou envoyé sur le marché de la consommation. La majorité des semences certifiées
du Québec ont été envoyées à des producteurs du Québec (environ 21 kt ou 75 % 23 des expéditions totales), des
autres provinces (environ 18 %21), notamment en Ontario (12 %21), ou des États-Unis (7 %21).

4.3 Le secteur de la croustille


En 2023, deux établissements au Québec fabriquaient des croustilles à base de pommes de terre : FritoLay
Canada (division de PepsiCo Canada) et Croustilles Yum Yum enr. (division des Aliments Krispy Kernels inc.), de
propriété québécoise. Ces deux entreprises procurent près de 600 emplois au Québec (tableau 17).

Tableau 17 – Liste des entreprises de transformation de pommes de terre en croustilles


Entreprise Emplacement Chiffre d’affaires Employés
FritoLay Canada (div. de PepsiCo Canada) Chaudière-Appalaches,
nd 425
Lévis
Croustilles Yum Yum enr. (div. d’Aliments Centre-du-Québec, De 35 M$ à 40 M$ 150
Krispy Kernels inc.) Warwick
nd : donnée non disponible
Sources : Base de données ICRIQ, avril 2023; Registraire des entreprises du Québec. Compilation du MAPAQ.

En 2021, les fabricants québécois de croustilles ont acheté 135 kt de pommes de terre, dont 67 % provenaient du
Québec pour une valeur de 27,8 M$ (84 kt) (figure 14). Les 33 % restants étaient comblés par les autres provinces
(13,9 M$ pour 50 kt). Avec les autres coûts et les marges bénéficiaires, les livraisons des transformateurs sont

18
PPTQ, Répertoire de la production de pommes de terre de semences certifiées 2022-2023.
19
En vertu de la Loi sur les semences (L.R.C. [1985], chapitre S-8) et du Règlement sur les semences (C.R.C., chapitre 1400).
20
En vertu du Règlement sur la production et la mise en marché des pommes de terre de semence (RLRQ, chapitre M-35.1, r. 270)
21
Besoin en semences du Québec = superficies totales ensemencées (17 700 ha x taux de semis moyen [2,5 t/ha]) = 46,7 kt.
22
Volume de semences certifiées = superficies acceptées par l’ACIA (3 293 ha) x rendement moyen en semences (24,6 t/ha) = 81 kt.
23
Estimé à partir des données d’expédition de semences certifiées en volumes de l’ACIA pour 2021-2022 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles).

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 18


évaluées à 285,1 M$, dont 215,1 M$ (101 kt) sont écoulés sur les marchés québécois du commerce de détail et
du réseau HRI. Les transformateurs ont expédié leurs produits vers le marché interprovincial pour une valeur de
61,5 M$ (29 kt) et vers le marché international pour une valeur de 8,5 M$ (4 kt).
Figure 13 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées pour la fabrication de la
croustille du Québec en 20211

1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
2 : Les données recueillies ne permettent pas de mesurer les pertes durant l’épluchage ou le conditionnement des pommes de terre.
kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.

En 2022, FritoLay dominait le marché des grignotines au Canada avec 37 % des ventes pour ses différentes
marques : Lays, Doritos, Ruffles, Miss Vickies, Tostitos, Smartfood, Fritos, Rold Gold, Stacy’s). Les Aliments
Krispy Kernel inc. occupaient moins de 1 % de ce marché 24. La fin de la pandémie a permis un retour à la normale
pour ce qui est des rassemblements sociaux et de la consommation de grignotines. La croissance des ventes de
croustilles de pommes de terre au Canada a toutefois été plus faible que celle de plusieurs autres catégories de
grignotines. En effet, selon Euromonitor, elle a connu des hausses de 1,3 % par an pour les volumes et de 5,7 %
par an pour les ventes monétaires depuis 2018, et a atteint 2,27 G$ en 2023. Pour leur part, les croustilles à base
de légumineuses, de pain ou de végétaux affichent une hausse de 10 % par an pour les volumes et de 16 % par
an pour les ventes. Selon le même rapport, on estime que la valeur des ventes de croustilles de pommes de terre
pourrait atteindre 2,76 G$ au Canada en 2028.

Les grands joueurs de cette industrie ont vite fait de diversifier leur offre pour capter ces nouveaux marchés.
FritoLay offre désormais des croustilles de pita (Stacy’s), de légumes, de légumineuses et de fruits (Bare, Off the
Eaten Path) ainsi que de maïs soufflé (Smartfood). Quant à Croustilles Yum Yum enr., elle offre, sous la marque
Viva, une gamme de produits à base de légumes (pommes de terre, carottes, brocoli, tomates, épinards) qui ne
contiennent aucun agent de conservation, aucun colorant ou arôme artificiel ni aucun gras trans. Ces joueurs
offrent également des croustilles de quinoa et des produits à base de maïs, d’oignons et de fromage.

4.4 Le secteur du prépelage


Les principaux produits des entreprises de transformation dans le secteur du prépelage sont les pommes de terre
pelées, lavées, coupées et emballées ainsi que les frites. Ces produits sont destinés principalement au marché
HRI, mais également au marché de détail (ex.: épiceries). La demande pour ce type de produits est en croissance,
car ils constituent une solution de rechange pour les restaurateurs aux prises avec la rareté persistante de la main-
d’œuvre. Ils peuvent également être utilisés par d’autres entreprises et subir une autre transformation pour une
utilisation dans les mets préparés et les mélanges de légumes surgelés.

24
Euromonitor International, Savoury Snacks in Canada, Passport, juin 2023, 10 p.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 19


Au Québec, une vingtaine d’entreprises transforment les pommes de terre à des fins de prépelage et procurent
de l’emploi à plus de 700 personnes (annexe 2). La majorité de ces entreprises ont un chiffre d’affaires inférieur à
5 M$. En 2021, les transformateurs ont acheté 114 kt de pommes de terre chez les producteurs québécois pour
une valeur de 30,8 M$. Avec les autres coûts et les marges bénéficiaires, les livraisons des transformateurs du
secteur du prépelage seraient évaluées à 123,3 M$. Elles seraient écoulées presque en totalité sur les marchés
québécois du réseau HRI et du commerce de détail pour une valeur de 122,1 M$ (110,1 kt). Les transformateurs
ont dirigé leurs produits vers le marché international pour une valeur de 1,2 M$ (3,8 kt) (figure 15).

Il est à noter que deux transformateurs surgèlent la pomme de terre au Québec, soit Michel Saint-Arneault inc.
(marques de commerce Qualifreeze et MAX) et Aliments Nortera inc. (marques de commerce Artic Garden et Del
Monte). Ce dernier a acquis les actifs de Bonduelle en 2022 et offre seulement quelques produits contenant des
pommes de terre dans ses mélanges de légumes surgelés.

Figure 14 – Approvisionnement et destination des pommes de terre utilisées dans l’industrie du


prépelage au Québec en 20211

1 : Les résultats présentés dans les lignes suivantes constituent une évaluation de ce système. Il faut donc les considérer comme un
éclairage de la dynamique du secteur plutôt qu’en fonction de leur valeur au dollar ou en volume près.
2 : Les données recueillies ne permettent pas de mesurer les pertes durant l’épluchage ou le conditionnement des pommes de terre.
Kt : kilotonnes en poids équivalent frais.
HRI : services alimentaires du réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Sources : Statistique Canada; Institut de la statistique du Québec, modèle intersectoriel du Québec; Global Trade Tracker; NielsenIQ.
Compilation du MAPAQ.

Au Canada, McCain Foods Ltd. domine le marché de la pomme de terre congelée avec 78,9 % des parts du
marché canadien au détail en 2022 25. Irving Moncton Group (Cavendish) se trouve en deuxième position avec
6,2 % des ventes. Les autres parts de marché sont occupées par les marques privées des détaillants (11,1 %).

La popularité grandissante des aliments pouvant remplacer les pommes de terre a donné lieu à une diversification
des produits transformés offerts sur le marché. Des entreprises canadiennes telles que McCain et Cavendish
offrent désormais de la patate douce précoupée. Au Québec, La Maison Russet inc., située à Huntingdon, est le
plus important transformateur de patates douces. Elle a d’ailleurs réalisé un important investissement à son usine
québécoise en 2023 afin d’augmenter sa capacité de production. Cette entreprise possède également une usine
aux États-Unis et en ouvrira une autre éventuellement au Pérou. À moyen terme, elle projette de s’approvisionner
au Québec en patates douces, une autre espèce de légume (Ipomoea batatas), ce qui pourrait représenter une
nouvelle occasion de culture de rotation pour les producteurs de pommes de terre qui ont déjà commencé à
évaluer certains cultivars dans les conditions pédo-climatiques du Québec 26.

4.5 Les autres marchés de transformation alimentaire et bioindustrielle


Aucun produit déshydraté (fécule, amidon, poudre, flocons, etc.) n’est fabriqué au Québec. Ce type de produit doit
donc être importé. Il représente des importations d’une valeur de près de 4 M$ au Québec et de 50 M$ au Canada.
Des usines se sont toutefois développées ailleurs au Canada 27, notamment au Manitoba (Manitoba Starch
Products, Solanyl Biopolymers, MSPrebiotic), à l’Île-du-Prince-Édouard (AgraWest Foods) et en Ontario (IMDC).

25
Euromonitor, Frozen Processed Potatoes in Canada, Brand Shares, 2023.
26
La Terre de chez nous, Patate douce : vers de nouvelles variétés mieux adaptées à notre climat, 21 juin 2020.
27
PotatoPro, Manufacturers of Potato Starch and Derivates in Canada.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 20


Selon une étude récente réalisée par le Groupe AGÉCO 28, on estimait que 10 % de la production totale de
pommes de terre générait des résidus post-récolte. Cela pourrait représenter de 50 à 65 milliers de tonnes de
résidus annuellement. Environ 59 % de ces résidus sont valorisés et les principales voies de valorisation sont
l’alimentation animale (32 %), l’utilisation comme compost ou fertilisant (11 %) ainsi que la valorisation par la
transformation alimentaire (ex. : vodka) ou bioindustrielle (6 %). Le restant des résidus (41 %) est épandu au
champ ou laissé en amas. Il n’existe pas de données sur les volumes et les voies de valorisation des résidus
organiques générés par les activités de transformation de la pomme de terre.

L’un des 4 piliers de la filière responsable de la pomme de terre26 est de réduire les pertes en valorisant les résidus
de récolte et de transformation, ce qui pourrait amener le développement de nouvelles voies de valorisation au
Québec. Notons que des symbioses industrielles se développent dans plusieurs régions pour stimuler l’économie
circulaire afin que les rejets des uns puissent devenir les ressources des autres (Synergie Québec).

4.6 La main-d’œuvre et la productivité


Plusieurs transformateurs et emballeurs de pommes de terre cherchent à automatiser leur ligne de transformation
ou d’emballage, ce qui leur permet d’accroître l’efficacité de la main-d’œuvre et la qualité des produits en fonction
des critères spécifiques recherchés par les acheteurs. Le programme Transformation alimentaire : robotisation et
systèmes de qualité du MAPAQ a d’ailleurs permis de soutenir, depuis 2021, 63 projets pour une valeur de
7,74 M$ dans le secteur de la pomme de terre. Ces projets ont notamment porté sur des trieurs optiques et des
lignes automatisées d’emballage ou encore des balances, des palettiseurs ou des encaisseurs automatisés.

4.7 Les nouvelles exigences réglementaires


Le REAFIE, entré en vigueur le 31 décembre 2020, impose de nouvelles exigences aux emballeurs quant aux
rejets des eaux de lavage de pommes de terre. Il s’avère toutefois que l’expertise et les technologies disponibles
sont limitées ou trop coûteuses par rapport à la capacité de payer des entreprises. Le MAPAQ, le ministère de
l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, l’Association des
producteurs maraîchers du Québec et les PPTQ ont formé un comité de travail pour analyser cette problématique,
trouver des solutions et accompagner les entreprises afin de se conformer à ces nouvelles exigences d’ici 2027.

L’augmentation de la capacité des usines de transformation de pommes de terre dans les quartiers industriels
apporte aussi son lot de défis. Certains se voient dans l’obligation de grossir et de moderniser leur système de
traitement des eaux, car leurs rejets en eaux usées dépassent la capacité de leur municipalité à les traiter.

De plus, la Modernisation des systèmes québécois de consigne et de collecte sélective s’est amorcée
graduellement à l’automne 2022 pour atteindre son plein déploiement en 2025. Dans le cadre de cette réforme,
les entreprises assujetties, notamment les emballeurs et les transformateurs qui utilisent des emballages, seront
responsables de la gestion du coût de fonctionnement du système de recyclage, de la collecte des matières
résiduelles à la valorisation. Ces entreprises doivent être membres d’Éco Entreprises Québec, un organisme de
gestion désigné du système de collecte sélective. En conséquence, la contribution financière des emballeurs et
des transformateurs, qui vise à compenser la gestion et la récupération des emballages émis sur le marché,
pourrait alourdir davantage leur charge financière, ce qui se traduira probablement par une augmentation des prix
au détail. Pour amoindrir le tarif, le MAPAQ a mis en place le programme Écoemballage+, qui soutient
l’écoconception d’emballages et de contenants alimentaires recyclables. Par ailleurs, le gouvernement fédéral
élabore un cadre réglementaire relatif à la mise en place d’un plan de prévention de la pollution pour les
emballages primaires en plastique des aliments, qui vise, entre autres, à réduire l’usage des emballages
plastiques pour les fruits et légumes et à augmenter l’usage des contenants et des étiquettes réutilisables,
recyclables ou compostables.

28
Groupe AGÉCO, En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec, 2022.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 21


5 LA RECHERCHE ET L’INNOVATION
5.1 Les investissements en recherche
De 2018 à 2022, au Québec, 79 projets de recherche, de développement et d’innovation (RDI) ont été réalisés
dans le secteur de la pomme de terre pour un montant de 16,9 M$. Cela est supérieur au montant investi au cours
de la période quinquennale précédente (2013-2017), où le total était de 14,4 M$. L’amélioration génétique est la
discipline qui a reçu le plus important financement en RDI, suivie de la phytoprotection.

Tableau 18 – Dépenses en recherche et en innovation, selon la discipline, dans le secteur de la pomme


de terre au Québec au cours de la période 2018-2022
Disciplines Nombre de Financement (M$) Proportion du
projets financement
Amélioration génétique 17 6 509 361 39 %
Phytoprotection 30 5 600 912 33%
Régie de culture 14 2 199 022 13 %
Post-récolte 3 1 165 945 7%
Conservation des sols 4 760 387 5%
Transformation alimentaire 3 128 450 1%
Autres1 8 480 958 3%
Total 79 16 845 035 100 %
1. Cela inclut la gestion des résidus, la physiologie, les études socio-économiques, etc.
L’année 2022 est incomplète pour le Système d’information sur la recherche universitaire (SIRU).
Source : Répertoire des projets et des centres de recherche financés par le MAPAQ, des centres de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire
Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada ainsi que du SIRU. Compilation du MAPAQ.

5.2 Les principales innovations au Québec


Le Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec (CRPTQ) se spécialise dans l’amélioration
génétique de la pomme de terre et constitue, depuis 2018, un levier pour l’accélération de la RDI au Québec. Par
le biais de ses appels de projets de recherche, il a soutenu de nombreux projets orientés sur les besoins
spécifiques de l’industrie de la pomme de terre en collaboration avec plusieurs autres centres et établissements
de recherche. L’IRDA et le CIEL sont des acteurs importants dans le secteur de la pomme de terre, notamment
en phytoprotection, en régie de culture et en conservation des sols. Le réseau de recherche universitaire apporte
aussi sa contribution dans le domaine des hautes technologies telles que la bioinformatique, la biologie
moléculaire et l’agriculture de précision. Pour leur part, des centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT),
tels qu’Agrinova, Cintech, le CETAB+ et Innofibre, se sont impliqués dans des projets touchant la conservation
post-récolte, la valorisation des résidus et la conservation des sols.

Les principales innovations observées durant la période étudiée portent sur :

• une génétique plus résiliente face aux changements climatiques et à la sécheresse;


• le développement de cultivars plus résistants aux maladies (ex. : mildiou) ou ayant un goût amélioré;
• la détection de la résistance aux insecticides du doryphore de la pomme de terre;
• l’irrigation de précision;
• la surveillance des ennemis des cultures à l’aide de l’imagerie de télédétection;
• la visualisation et l’interprétation des analyses et de la qualité des sols;
• la surveillance du microbiome des sols.

5.3 Les futures priorités de recherche et d’innovation


Le CRPTQ a consulté des producteurs et des conseillers pour mettre à jour les priorités de recherche 29 du secteur.
Les axes généraux de recherche sont les mêmes que ceux de la précédente période étudiée, soit :

29 CRPTQ, Priorités de recherche de l’Accélérateur pour 5e appel à projets à venir en 2023-2024, 2023.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 22


• l’environnement, la biosécurité et l’agriculture durable;
• l’intégration des technologies et des nouvelles pratiques innovantes contribuant à réduire l’empreinte
environnementale;
• l’accès à des variétés adaptées aux besoins des consommateurs et des marchés ainsi qu’aux
changements climatiques;
• la conservation postrécolte et la qualité de la pomme de terre;
• la consommation de pommes de terre au Québec.

De nouvelles priorités de recherche spécifiques ont été ajoutées en 2023, entre autres pour développer les
connaissances, les technologies et l’accompagnement liés à la gestion des eaux de lavage des pommes de terre
ainsi qu’au développement des cultures de couverture (rotations, engrais vert) dans la pomme de terre, pour une
meilleure santé et une bonne conservation des sols.

5.4 Les services-conseils et le transfert technologique


De 2018 à 2022, 77 % des producteurs spécialisés de pommes de terre du Québec ont bénéficié des services
offerts par les réseaux régionaux Agriconseils pour une valeur de près de 1,87 M$ (tableau 19). Près de la moitié
de l’enveloppe, soit 46 %, est allée aux services d’encadrement technique, 29 %, aux services liés à
l’agroenvironnement et 25 %, aux services de gestion.
Tableau 19 – Aide versée dans le cadre du Programme services-conseils pour les entreprises de pommes
de terre du Québec au cours de la période 2018-2022
Principales interventions en services-conseils Nbre Montant ($) %
d’entreprises1
Gestion 74 466 247 25
Technique 113 866 237 46
Suivi des cultures 596 014 69
Dépistage des ennemis des cultures 159 074 18
Gestion de l’eau (irrigation) 18 479 2
Agroenvironnement 124 535 265 29
Plan d’accompagnement agroenvironnemental (PAA) 93 076 17
Suivi et action ciblée en phytoprotection 177 389 33
Suivi et action ciblée en santé et conservation des sols 159 074 30
Suivi et action ciblée en gestion des matières 72 924 14
fertilisantes
Total des producteurs utilisateurs 150 1 867 749 100
Total de producteurs spécialisés 194
1 : Entreprises déclarant des superficies et des revenus liés à la pomme de terre.
Sources : MAPAQ, Fiche d’enregistrement des exploitations agricoles, et Prextra, un logiciel comptable du Programme services-conseils.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 23


6 LES ENJEUX

Gestion responsable de l’eau et résilience face aux changements climatiques


La pomme de terre nécessite beaucoup d’eau pour sa croissance. L’accès à l’eau et sa bonne gestion sont donc
déterminants pour assurer la rentabilité et la productivité des entreprises de ce secteur. L’eau est nécessaire pour
l’irrigation des cultures, dont les superficies sont en croissance, ainsi que pour le lavage des tubercules emballés
et transformés. Les changements climatiques amènent de nouveaux défis pour les producteurs à cause de la
fréquence et de l’amplitude accrues des incidents climatiques tels que les épisodes de sécheresse, les excès de
chaleur, les pluies abondantes et les excès d’eau. Par ailleurs, dans certains bassins versants, le nombre
d’utilisateurs et leurs besoins en eau peuvent dépasser les quantités d’eau douce disponibles, ce qui peut
engendrer des conflits d’usage. L’économie et la gestion responsable de l’eau s’imposeront de plus en plus pour
assurer la résilience de la production et la cohabitation harmonieuse des producteurs avec les autres usagers
dans ces bassins versants plus sollicités que les autres.

Pour accroître leur résilience face aux changements climatiques, les entreprises de pommes de terre doivent
également favoriser les pratiques qui améliorent la conservation et la santé des sols. Les sols propices à la culture
de la pomme de terre sont généralement sableux et légers, et particulièrement vulnérables à l’érosion éolienne et
hydrique ainsi qu’à la compaction par la machinerie lourde utilisée. Ainsi, les rotations, les engrais verts, les
cultures de couverture et les autres méthodes visant à améliorer la structure des sols et le niveau de matière
organique sont à considérer dans ce secteur.

Capacité de répondre à la demande environnementale et sociale


Le secteur mène une démarche collective pour le développement d’une filière responsable de la pomme de terre
du Québec visant à poursuivre les efforts d’amélioration de la performance environnementale et sociale à toutes
les étapes de sa chaîne de valeur. Elle regroupe plusieurs maillons, soit les producteurs, les emballeurs, les
transformateurs, les chercheurs et les experts-conseils qui souhaitent s’engager collectivement selon quatre
thèmes : 1) prendre soin de la santé et de la conservation de nos sols; 2) gérer de manière responsable la
ressource d’eau (irrigation, eaux de lavage); 3) assurer un usage discipliné des produits phytosanitaires; 4) réduire
les pertes et valoriser les résidus de récolte et de transformation issus de la filière. Nous avons vu que la gestion
intégrée des ennemis des cultures doit continuer à être améliorée dans le secteur, puisque les citoyens sont
préoccupés par la présence de résidus de pesticides dans les aliments et l’environnement.

Image de la pomme de terre et augmentation de la consommation


Bien que la consommation canadienne de pommes de terre par habitant semble reprendre depuis 2018,
notamment dans le produit frais, qui est le principal créneau du Québec, le maintien de l’intérêt des
consommateurs pour ce légume demeure un défi constant. Cela implique notamment de bien connaître l’évolution
des attentes des consommateurs dans les différents segments de marché en ce qui concerne, par exemple, la
diversification des variétés et des produits recherchés, la praticité (formats et produits prêts à l’emploi), les
emballages écoresponsables, l’intérêt pour la certification biologique ou les pratiques durables ou encore la
réduction du gaspillage alimentaire.

Productivité et rentabilité des entreprises


Dans un environnement d’affaires ouvert aux importations et au commerce international, l’amélioration de la
productivité et la réduction des coûts de production sont des défis constants que doivent surmonter les entreprises
de pommes de terre afin de maintenir leur rentabilité et leur compétitivité. Certaines catégories d’entreprises ont
présenté une plus faible marge bénéficiaire, notamment celles desservant le marché de la croustille ou les
entreprises de plus petite taille. La compréhension des déterminants de la rentabilité dans les différentes
catégories de pommes de terre est à développer. L’amélioration continue des pratiques et des technologies
permettant d’accroître les rendements (ex. : irrigation, rotations de culture, variétés adaptées) et de diminuer les
coûts de production (ex. : mécanisation, automatisation, gestion raisonnée des intrants) constitue un facteur
déterminant de la compétitivité du secteur qui peut notamment être amélioré par la recherche et l’innovation
collective.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 24


7 ANNEXES

Annexe 1 – Répartition des superficies irriguées dans les différentes catégories de pommes de terre en
2018
Semences =
310 ha; 5%
Prépelage =
1 240 ha; 19%

Croustilles = Table (frais) =


1 550 ha; 24% 3 410 ha; 52%

Sources : Projets RADEAU 1 et RADEAU 2 (2020); En route vers une filière responsable de la pomme de terre du Québec (2022). Compilation
du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 25


Annexe 2 – Liste des entreprises de transformation de pommes de terre à des fins de prépelage

Entreprise Emplacement Chiffre Nombre


d’affaires d’employés
Aliments Nortera inc. Montérégie, Saint-Césaire nd 183

Michel Saint-Arneault inc. Montérégie, Saint-Hubert 50-99 M$ 110

Saladexpress inc. Montérégie, Saint-Rémi 15-20 M$ 115


Québec Parmentier inc. Capitale-Nationale, Québec 50-99 M$ 75

Les Aliments Bari inc. Centre-du-Québec, Saint- 10-15 M$ 26-49


Léonard-d’Aston
Patates Dino inc. Montérégie, Granby 5-10 M$ 8
Dufour et fils ltée Saguenay–Lac-Saint-Jean, 3-5 M$ 6-10
Saguenay
La Légumerie Groupe Dionne inc. Estrie, Cookshire-Eaton 3-5 M$ 11-25
Patates Gemme et frères Montérégie, Saint-Amable 3-5 M$ 15
(1997) inc.
Les Patates Turcot inc. Lanaudière, Saint-Lin– 3-5 M$ 22
Laurentides
Patates provinciales inc. Montérégie, Saint-Polycarpe 1-3 M$ 20

Les Patates en cube Mauricie, Trois-Rivières 1-3 M$ 6


R. Beaudry inc.
Le Légumier de l’Est, div. de Bas-Saint-Laurent, Rimouski 1-3 M$ 19
2546-2375 Québec inc.
Légumes des jardins du Lanaudière, Repentigny 1-3 M$ 6
Québec inc.
La Pomme de terre Lanaudière, Joliette 1-3 M$ 7
lanaudoise inc.
Légupro inc. Saguenay–Lac-Saint-Jean, 1-2 M$ 15
Saint-Ambroise
Patates Jacmain inc. Capitale-Nationale, Québec 1-2 M$ 11

Fritolac, div. de 9110-4646 Saguenay–Lac-Saint-Jean, 0,5-1 M$ 8


Québec inc. Alma
Les Légumiers Bellechasse Chaudière-Appalaches, Saint- nd 6
Charles-de-Bellechasse
Pom-terre inc. Capitale-Nationale, Québec nd nd

Les Aliments Chebly (Presto Outaouais, Gatineau nd 6-10


Patates)
Transfrite enr. Outaouais, Notre-Dame-De- nd 1-5
La-Paix
nd : non disponible.
Note : Les intervalles du montant des ventes et le nombre d’employés ne représentent pas strictement les activités de transformation de pommes de
terre, mais l’ensemble des activités de l’entreprise.
Sources : Base de données ICRIQ, avril 2023; Registraire des entreprises du Québec. Compilation du MAPAQ.

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 26


RÉALISATION
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Sous-ministériat au développement durable, territorial et sectoriel

COORDINATION ET RÉDACTION
Direction du développement des secteurs agroalimentaires
Marie-Hélène Déziel

COLLABORATION À L’ANALYSE ET À LA RÉDACTION


Sous-ministériat au développement durable, territorial et sectoriel
Direction du développement des secteurs agroalimentaires
Annie Beaudoin, Abdelkader Errajraji
Direction des pratiques agroenvironnementales
Mikael Guillou, Nathalie Laroche
Direction de la phytoprotection
Marie-Ève Bérubé
Direction de la coordination, de la relève et des services-conseils
Samuel Boutin, Denis Langlois

Sous-ministériat aux politiques bioalimentaires, aux programmes et à l’innovation


Direction des études et des perspectives économiques
Julius Oulatounde, Josée Robitaille, Ricardo Vargas
Direction des analyses et des politiques de sécurité du revenu agricole
Geneviève Guindon

Sous-ministériat à la transformation, aux marchés, à la main-d’œuvre et aux politiques


intergouvernementales
Direction du développement des secteurs et des entreprises de transformation alimentaire
Charles-Antoine Légaré

RELECTURE
Marie-Pascale Beaudoin, Pierre Dumoulin, Yvon Forest, Félicien Hitayezu

SOUTIEN TECHNIQUE ET PHOTOGRAPHIES


Direction du développement des secteurs agroalimentaires
Direction des communications

RÉVISION LINGUISTIQUE
Des mots et des lettres

© Gouvernement du Québec
Dépôt légal : 2024
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Format : PDF
ISBN : 978-2-550-96739-2

Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre au Québec 2018-2022 27


24-0000 | © Photos : MAPAQ.

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