Pberaud,+prod Anim 2007 20 2 03
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,
2007, 20 (2), 119-128 Alimentation minérale
et vitaminique des ruminants :
actualisation des connaissances
F. MESCHY
INRA, AgroParisTech, UMR791 Physiologie de la Nutrition et de l’Alimentation,
16 rue Claude Bernard, F-75231 Paris, France
A l’occasion de la publication par cle précise les nouveaux concepts qui absorbables pour l’apport alimentaire :
l’INRA de la mise à jour des Tables de sont apparus comme le bilan électroly- teneur totale x CAR.
l’Alimentation des bovins, ovins et tique des rations.
caprins, cet article se propose de L’actualisation de l’évaluation des
regrouper, et le cas échéant d’actualiser 1 / Apports journaliers besoins physiologiques a été réalisée
les Apports Journaliers Recommandés lorsque des données nouvelles la ren-
(AJR) et l’évaluation des apports ali- recommandés daient possible. Pour les apports, le pré-
mentaires en éléments minéraux et en cédent système (INRA 1988) adoptait un
vitamines pour les ruminants. CAR unique pour un élément minéral,
L’usage est de présenter séparément une espèce et un stade physiologique
Nous ne reviendrons pas ici sur les les éléments minéraux majeurs et les donné, ce qui revenait à dire que tous les
rôles et les fonctions des différents élé- oligo-éléments (ou éléments trace aliments et toutes les rations présentaient
métalliques) car les méthodes d’évalua- la même efficacité pour l’utilisation
ments minéraux ; des informations
tion des besoins des animaux et les digestive des éléments minéraux.
détaillées sont disponibles dans rôles et fonctions dans l’organisme sont
Alimentation des bovins, ovins et L’intégration de résultats expérimentaux
sensiblement différents. récents a permis de proposer des CAR
caprins (INRA 1988) et Underwood et
Suttle (1999). spécifiques pour le phosphore et le cal-
1.1 / Éléments minéraux majeurs cium pour les grands groupes d’aliments
Le précédent système de recomman- des ruminants (Meschy 2002, Sauvant et
Les apports journaliers recommandés al 2004, Meschy et Corrias 2005), ce qui
dations (INRA 1988) d’apport alimen- en éléments minéraux majeurs sont éta-
taire et les teneurs en éléments miné- semble plus réaliste (ces aspects seront
blis selon un schéma qui consiste à éva- abordés au chapitre concernant l’apport
raux (ne concernant que le phosphore et luer, d’une part, les besoins physiolo-
le calcium) reposait sur des connaissan- minéral alimentaire).
giques d’entretien et de production et,
ces datant d’une trentaine d’années, il d’autre part, l’efficacité de l’utilisation
était donc nécessaire d’intégrer la pro- a) Le besoin d’entretien
digestive de l’apport alimentaire carac-
duction scientifique récemment dispo- térisée par le Coefficient d’Absorption Les bases de calcul de la prévision du
nible et de tenir compte de l’évolution Réelle (CAR). Les AJR sont désormais besoin d’entretien pour les différents
du matériel animal et végétal et des pra- exprimés en élément absorbés pour les éléments minéraux majeurs sont pré-
tiques de production. De plus, cet arti- besoins physiologiques et en éléments sentées au tableau 1.
Tableau 1. Prévision du besoin d'entretien en éléments minéraux majeurs absorbés (en g/j).
Figure 1. Variabilité de l’excrétion urinaire de magnésium chez les ovins et bovins. retenue par le NRC (2001), nous propo-
sons de prendre en compte leurs parti-
cularités métaboliques augmentant le
besoin d’entretien des animaux taris ou
en gestation du même ordre que pour le
potassium (50 %).
Tableau 2. Prévision des besoins de production en éléments minéraux majeurs absorbés (en g/j.)
le est surtout importante pour Ca et P Figure 2. Relation entre BACA et BEA pour les fourrages (INRA 2007).
mais existe également pour les autres
éléments minéraux majeurs. Nous
avions adopté, en 2002 pour P et en
BACA = BEA – 100
2005 pour Ca, les équations allomé-
triques de l’AFRC (1991) basées sur le n = 1184, R2 = 0,96
BACA mEq/kg MS
poids vif observé et sur le poids vif
adulte ; elles présentent l’avantage de
prendre en compte de façon précise
l’évolution de la composition phospho-
calcique du gain. Pour les éléments
autres que Ca et P, nous confirmons nos
précédentes recommandations (INRA
1988) qui sont en accord avec celles du
NRC (2001) pour les bovins. Les don-
nées pour les caprins ont été confir-
mées, notamment par les travaux alle-
mands du GfE (2003).
Figure 3. Relation entre BACA et BEA pour les aliments concentrés (données Sauvant 1.3 / Les apports journaliers
et al 2004). recommandés en soufre et oligo-
éléments
La démarche factorielle est difficile-
ment applicable à ces éléments en rai-
son de la formation de composés vola-
tils au cours du métabolisme du soufre
(S) et des très faibles quantités d’oligo-
éléments circulantes ou déposées dans
les différents tissus. Le NRC (2001) a
adopté une approche factorielle pour
certains oligo-éléments comme le zinc
(Zn), le cuivre (Cu) et le manganèse
(Mn) mais elle repose sur un faible
nombre de données expérimentales.
Pour ces éléments, nous adoptons une
méthode plus globale, de type dose-
réponse ; elle consiste à analyser les
conséquences de la variation de la
concentration de l’élément étudié sur
un critère de réponse (performances,
teneurs tissulaires, activité enzyma-
un jeu de données différent à une équa- cium osseux. A ce stade un BEA tique spécifique…) pour définir des
tion de régression (BACA = BEA –100, < 50 mEq/kg de MS peut être préconi- seuils de carence et éventuellement de
n = 1184, R2 = 0,96) cohérente avec sé. Cet objectif de BEA ne doit pas se toxicité. L’AJR se situe entre ces seuils
celle publiée antérieurement (Meschy substituer aux moyens de prévention en adoptant une marge de sécurité pre-
et Peyraud 2004). Pour les aliments classiques (restriction de l’apport cal- nant en compte les variations entre ani-
concentrés (figure 3), certaines matiè- cique, préparation au vêlage en évitant maux ou entre aliments ; cette marge de
res premières riches en soufre (vinasses de distribuer aux vaches taries la ration sécurité dépend de la distance entre les
de levurerie, farines et co-produits de des vaches en production, trop riche en seuils de carence et de toxicité
poisson) s'éloignent de la loi générale ; calcium…). Pour les ruminants en lac- (tableau 4).
en les écartant nous obtenons une liai- tation, un BEA de l’ordre de
son robuste entre bilans alimentaires 250 mEq/kg MS est recommandé ; en Le besoin en S concerne principale-
(BACA = 0,80 BEA – 110, n = 107, R2 ment les micro-organismes du rumen,
revanche, il est inutile de dépasser bien qu’il soit indispensable aux autres
= 0,86). Pour ces différentes raisons,
350 mEq/kg MS, voire nuisible d’aller fonctions de l’organisme notamment la
nous choisissons, comme pour les
monogastriques, le BEA comme esti- au delà de 400 mEq/kg MS (Peyraud et synthèse du cartilage et la production
mateur de l’équilibre électrolytique des Apper-Bossard 2006). Ces valeurs de fibres. Nous adoptons la valeur
rations. seront probablement à moduler en moyenne de 2 g de S par kg de MS tota-
fonction d’autres composants des le de la ration pour les ovins et les
Les recommandations dépendent du rations : les effets de BEA élevés (dans bovins, légèrement supérieure pour les
stade physiologique : en fin de gesta- la zone des recommandations ci-des- caprins : entre 2,2 pour la croissance
tion et durant les deux premières semai- sus) sont plus marqués avec des (Qi et al 1993) et 2,7 g/kg de MS tota-
nes de lactation, des rations «acidifian- concentrés énergétiques à amidon rapi- le de la ration pour la production de
tes» sont à rechercher car elles dement fermentescible (blé vs maïs) et fibre textile (Qi et al 1992).
participent à la prévention des fièvres lorsque la teneur en PDI de la ration est L’utilisation de sources d’azote non
vitulaires en stimulant l’absorption relativement faible (Apper-Bossard et protéique augmente le besoin en S des
intestinale et la mobilisation du cal- al 2004, 2006). bactéries du rumen pour la synthèse des
acides aminés soufrés (4,5 g de S pour
100 g d’urée), au delà de 3-3,5 g/kg de
Tableau 4. Apports journaliers recommandés (AJR) en oligo-éléments en mg/kg de MS MS, S peut avoir une action défavora-
de la ration (adapté de INRA 1988). ble, notamment sur l’absorption de Cu
et Zn.
res, même s’ils s’écartent parfois des Tableau 6. Teneur en vitamines A, D et E des principaux aliments des ruminants en
bases scientifiques ; ainsi le règlement UI/kg de MS (d'après Sauvant et al 2004 pour les aliments concentrés et INRA 2007
français 1334/2003 fixe des maxima pour les fourrages).
pour l’ensemble de la ration (y compris
une éventuelle distribution d’aliment
minéral) pour le cuivre, le zinc, le sélé-
nium le cobalt et l’iode (tableau 4).
Tableau 5. Apports journaliers recommandés en vitamines en UI/kg de MS selon la 2.1 / Les teneurs minérales des
proportion d'aliments concentrés de la ration (d'après les données du NRC 2001). aliments des ruminants
La nouvelle édition de l’ouvrage
Alimentation des bovins ovins et caprins
(INRA 2007) propose deux niveaux
d’information pour la valeur minérale
des aliments : sur la version papier figu-
rent les données en P et Ca brutes et
absorbables alors que les autres miné-
raux majeurs, les oligo-éléments et les
vitamines sont disponibles sur le
CD ROM compagnon de l’ouvrage.
a) Aliments concentrés et sources demi-montagne analysés en 2005 (BD été directement extraites de BD PNA.
minérales d’apport complémentaire PP). Les valeurs moyennes des autres élé-
5 – Les Tables de 1988 comme réfé- ments minéraux proviennent du regrou-
Les valeurs de composition minérale
des aliments concentrés ont été actuali- rence pour P et Ca (TR 88). pement des différentes bases de don-
sées dans les Tables INRA-AFZ nées et principalement de BD PNA
(Sauvant et al 2004) ; elles sont reprises Pour éviter le biais dû à «l’âge» des pour les oligo-éléments.
dans INRA (2007). Elles provien- données, nous n’avons retenu, pour la
nent principalement de la base de don- BD PNA et à quelques exceptions près, Les équations de passage fourrages
nées de l’Association Française de que celles ayant moins de 5 ans au verts / fourrages conservés ont été éta-
Zootechnie (AFZ) complétée, lorsque début de ce travail (mi-2004). Le blies à partir de BD URH pour les élé-
cela a été nécessaire, par des informa- recours aux données d’origine biblio- ments minéraux majeurs (Meschy et al
tions d’origine bibliographique (vita- graphique a été rare et n’a concerné que 2005). Faute d’information suffisante,
mines et quelques oligo-éléments peu des fourrages peu courants. La démar- nous avons considéré qu’il n’y avait
courants). Ces Tables concernent plus che adoptée a été, comme pour les au- pas de modification due au mode de
d’une centaine d’aliments concentrés et tres vecteurs nutritionnels, d’établir des conservation pour les oligo-éléments.
de co-produits pour lesquels l’ensem- valeurs pour les fourrages verts et
ble des minéraux d’intérêt nutritionnel d’utiliser ensuite des équations de pas- Les valeurs de BE (et pour ces Tables
(P, Ca, Mg, K, Na, Cl, S, Zn, Mn, Cu, sage pour les divers modes de conser- de BACA) ont été calculées à partir des
Fe, Se, Co, Mo et I) a été renseigné ; vation. Nous disposions dans BD PNA teneurs actualisées en S et en électroly-
les valeurs de P absorbable, de BEA et de 740 analyses de fourrages verts tes.
de BACA y figurent également. identifiés au moins pour l’espèce végé-
tale ; pour les graminées, une estima- Les teneurs en vitamines des fourra-
Dans ces mêmes Tables, des Valeurs tion du stade de végétation du premier ges sont beaucoup plus imprécises et
Biologiques Relatives (VBR) sont indi- cycle a été effectués sur la base de la les variations entre sources sont impor-
quées pour les principales sources teneur en MAT (approximativement tantes en raison à la fois du peu de don-
d’apport minéral complémentaire. stade feuillu, épi à 10 cm, épiaison et nées disponibles, de l’imprécision et du
Chaque source est comparée, sur la début de floraison). Une première com- coût des analyses.
base d’une analyse quantitative de la paraison entre la TR 88 et la BD PNA,
bibliographie, à une source de référen- sur les ray-grass, espèce la plus repré-
sentée ; (n = 516, dont 320 RGI et 95 2.2 / Utilisation digestive de
ce qui se voit arbitrairement accorder la l’apport alimentaire
valeur 100 (Jongbloed et al 2002). RGA), a permis d’établir un facteur de
correction pour P : P (g/kg MS) =
0,7TR 88 + 0,55 (n = 47, P < 0,001, R2 a) Phosphore et calcium
b) Fourrages
= 0,96, etr = 0,09). Après validation
Les valeurs de composition minérale avec les données disponibles de BD Pour actualiser les valeurs des coeffi-
des fourrages dans les Tables précéden- URH nous avons appliqué cette rela- cients d’absorption réelle en intégrant
tes avaient été déterminées il y a une tion à l’ensemble des fourrages verts à les résultats expérimentaux récents, plu-
trentaine d’années et ne concernaient l’exception des prairies permanentes sieurs bases de données ont également
que P et Ca. Pour réaliser cette néces- (PP), celle-ci sous-estimant la teneur en été constituées ; tout en privilégiant les
saire actualisation et indiquer des P des PP de plaine (10 à 30 %) et sures- données obtenues avec traceurs radioac-
valeurs pour les éléments autres que P timant celle des PP de demi-montagne tifs (32P et 45Ca), nous les avons éten-
et Ca, nous disposions de 5 jeux de (30 à 60 %) par rapport aux données dues aux expériences comparant la sour-
données distincts : analytiques disponibles. Pour les PP, ce étudiée (EXP) à une ration de base
1 – Une base de données constituée à les régressions ont été établies à partir (RB) très pauvre (Hurwitz 1964) selon
partir d’un nombre important de résul- de nos données spécifiques (BD PL, PP le schéma suivant :
tats d’analyses (30 000 environ dont et URH) :
100 x (((Ingéré EXP – Ingéré RB) – (Fécal EXP
2/3 pour l’ensilage de maïs) mis à notre PP plaine P (g/kg MS) = 0,33TR88 + 2,65 – Fécal RB)) / (Ingéré EXP – Ingéré RB)).
disposition par nos différents partenai- (n = 12, P < 0,005, R2 = 0,75, etr = 0,13)
res (BD PNA).
PP demi-montagne P (g/kg MS) = 0,59TR88 Pour le phosphore, nous n’avons
2 – Une base de données provenant (n = 15, P < 0,001, R2 = 0,90, etr = 0,5) retenu que les mesures où un apport
d’essais de digestibilité réalisés à significatif (au moins 60 % de l’apport
l’Unité de Recherches sur les La même démarche a été suivie pour alimentaire total) était réalisé par la
Herbivores, INRA de Theix (BD URH) Ca, elle aboutit aux équations suivan- source étudiée. Des valeurs de CAR
qui présentait l’avantage de porter sur tes : spécifique ou par famille d’ingrédients
des échantillons de même nature (four- (lorsque une valeur spécifique n’était
rage, stade de végétation) avec divers Graminées Ca (g/kg MS) = 0,95TR88
(n = 13, P < 0,001, R2 = 0,96, etr = 0,8) pas disponible) ont été ainsi établies
modes de conservation. pour les aliments concentrés (tableau 7)
3 – Une base de données regroupant Légumineuses Ca (g/kg MS) = 0,98TR88 et pour les différentes catégories de
deux cents échantillons environ prove- (n = 9, P < 0,001, R2 = 0,96, etr = 1,6) fourrages (tableau 8).
nant d’essais de fertilisation sur les PP Plaine Ca (g/kg MS) = 0,86TR88
prairies permanentes de Normandie (n = 12, P < 0,001, R2 = 0,98, etr = 0,8) Pour le calcium, les données disponi-
réalisés à l’Unité Mixte de Recherches PP demi-montagne Ca (g/kg MS) = 0,64TR88 bles, étant moins nombreuses, ne nous
Production de Lait, INRA de Rennes (n = 15, P < 0,001, R2 = 0,96, etr = 1,0) ont pas permis de proposer des
(BD PL). valeurs de CAR spécifiques, mais des
4 – Une cinquantaine d’échantillons Les teneurs en P (n = 16900) et Ca valeurs par grands groupes d’aliments
de prairies permanentes de plaine et de (n = 16500) des ensilages de maïs ont (tableaux 7 et 9).
Tableau 7. Coefficients d'absorption réelle (CAR) du phosphore et du calcium des prin- b) Magnésium
cipaux aliments concentrés des ruminants.
Pour des raisons techniques (demi-
vie brève de 28Mg), les mesures direc-
tes du CAR de Mg sont rares. Bien
qu’il soit possible de calculer des CAR
théoriques à partir d’une valeur moyen-
ne de la perte fécale endogène peu
variable pour Mg (3 mg/kg PV), cette
estimation reste assez imprécise en
valeur absolue (écart type résiduel de
l’ordre de 12 % dans notre jeu de don-
nées). Il nous semble préférable de
nous baser sur les résultats expérimen-
taux de Coefficient d’Absorption
Apparente (CAA) ; dans ce cas il
convient d’exprimer les AJR dans la
même unité c’est à dire de ne tenir
compte que de l’efficacité de l’utilisa-
tion métabolique de Mg (pertes urinai-
res) et des dépenses de production
comme cela a été fait pour l’estimation
du besoin en P du porc (Jondreville et
Dourmad 2005). En partant de jeux de
données expérimentales distincts, nous
observons, en accord avec Underwood
et Suttle (1999), une grande différence
entre ovins et bovins, alors que les
* Famille trop hétérogène pour indiquer une valeur moyenne.
rares observations sur des caprins
(Schoneville et al 1997) permettent de
les apparenter aux vaches laitières.
Tableau 8. Coefficients d'absorption réelle (CAR) du phosphore des principaux fourra- Nous retrouvons également la diminu-
ges (Baumont et al 2007). tion quasi linéaire de l’absorption de
Mg lorsque la teneur en K augmente
dans la ration. Plutôt que de proposer
différentes équations selon le type de
ration (Underwood et Suttle 1999),
nous avons relié l’absorption apparente
à la teneur en K du régime qui est un
bon indicateur de sa nature :
. pour les bovins et les caprins
CAA de Mg = 25,4 – 0,30K g/kg MS
(nexp = 7, n = 20, P < 0,001, R2 = 0,90),
Conclusion plus grande précision dans l’évaluation besoins des animaux que des caracté-
des besoins des animaux et une ristiques minérales des fourrages,
meilleure connaissance de l’apport notamment pour les oligo-éléments. Le
Le raisonnement des AJR en élé- minéral alimentaire permettent d’ajus- problème des interactions entre les élé-
ments minéraux majeurs permet de ter l’apport complémentaire au strict ments minéraux et d’autres composan-
nécessaire et de mieux maîtriser les
mieux prendre en compte les effets du tes, minérales ou non, n’a été que peu
rejets d’éléments potentiellement pol-
stade physiologique (entretien de Ca), luants (P et certains oligo-éléments) abordé (Mg x K) et constitue probable-
des spécificités des différentes catégo- dans les effluents d’élevages de rumi- ment une des limites de l’approche fac-
ries de ruminants (Mg) et des différen- nants. Il apparaît néanmoins qu’un cer- torielle qui devrait trouver sa solution
ces observées dans l’utilisation digesti- tain nombre de questions mériteraient dans le développement de modèles
ve de l’apport minéral alimentaire. Une d’être étudiées tant au niveau des mécanistes du métabolisme minéral.
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Résumé
Cet article précise et actualise les apports journaliers recommandés (AJR) en éléments minéraux majeurs, oligo-éléments et vitamines.
Pour le phosphore (P) et le calcium (Ca), le besoin d’entretien (BENT) est désormais calculé à partir de la matière sèche ingérée et du poids
vif ; pour Ca, BENT est supérieur pour les animaux en croissance et en lactation. Pour le magnésium (Mg), BENT est légèrement réévalué
pour tenir compte d’une perte obligatoire dans l’urine sous-estimée jusqu’alors. Les besoins de production sont peu modifiés par rapport
aux recommandations précédentes. Des recommandations concernant le bilan électrolytique alimentaire (BEA, K+ + Na+ - Cl-, en mEq/kg
de MS) des rations selon les objectifs de production sont proposés ; ainsi on recherchera un BEA < 50 en fin de gestation et de l’ordre de
250 pour la lactation. Les AJR en oligo-éléments sont inchangés sauf pour le cobalt qui passe de 0,1 à 0,3 mg/kg de MS de la ration en rai-
son de son effet favorable pour la fonction cellulolytique des bactéries du rumen. La révision des AJR en vitamines A, D et E sur la base
des dernières recommandations américaines se traduit par une augmentation des apports en vitamine A et E (surtout pendant la gesta-
tion). L’utilisation digestive de l’apport minéral est précisée par l’adoption de coefficients d’absorption réelle (CAR) par groupes d’ali-
ments ; les modifications portent surtout sur P, alors que pour Mg des valeurs différentes pour les ovins et les bovins-caprins sont recom-
mandées, l’effet négatif de la teneur de K des rations sur l’absorption de Mg est quantifié pour les différentes catégories de ruminants.
Dans le cadre de la révision des Tables de composition et de valeur nutritive des aliments des ruminants, la méthodologie qui consiste à
établir des données de composition minérale des fourrages verts et d’utiliser ensuite des équations de passage pour les fourrages conser-
vés est décrite.
Abstract
The aim of this review was to update the French dietary allowance recommendations (DAR) for minerals, trace elements and vitamins for
ruminants. For phosphorus (P) and calcium (Ca) the maintenance requirement (MR) is now based on dry matter intake and body weight.
For Ca, MR is higher for lactating and growing animals. For magnesium (Mg), MR is slightly increased to take into account inevitable
urinary loss, underestimated to date. Productive requirements are little modified in comparison to former recommendations. New recom-
mendations on electrolytic balance (EB, K+ + Na+ - Cl-, mEq/kg DM) of diets under production targets are proposed, thus EB < 50 in
pregnancy and EB around 250 in lactation could be assessed. For trace elements, DAR remain unchanged except for that of cobalt which
goes from 0.1 to 0.3 mg/kg DM for optimising cellulolytic activity of rumen bacteria. The re-assessment of DAR for A, D and E vitamins
according to the latest American recommendations has led to increased levels of vitamin A and E (especially during pregnancy). Digestive
efficiency of dietary mineral supply is updated by considering true availability coefficients (TAC) by groups of feedstuffs; these changes
especially concern P. For Mg different values are adopted for cattle (and goats) and sheep. In addition, the negative effect of K level in the
diet upon Mg absorption is quantified for different ruminant species., The methodology of the assessment of mineral and trace element
content of forages and concentrates is described in the perspective of the publication of the revised edition of the tables of composition
and nutritive values of ruminant feedstuffs.
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