Identité Polonaise
Identité Polonaise
Identité Polonaise
Paris (1831-1838)
Arrivé à Paris le 5 octobre 1831, Chopin s'installe dans le quartier bohème et
artiste, au 27 du boulevard Poissonnière Le contexte politique parisien est
favorable à la cause polonaise. De nombreux émigrés ont rejoint cette capitale et
les plus importants forment une communauté que fréquente le musicien dans les
salons de l'hôtel Lambert, dans l'île Saint-Louis ; il devient aussi membre de
la Société littéraire polonaise et donnera même en 1835 un concert de bienfaisance
au profit des réfugiés. Il n′est cependant pas vraiment militant et le tapage des
manifestations le dérange : « Je ne puis te dire la désagréable impression que m′ont
produite les voix horribles de ces émeutiers et de cette cohue mécontente Durant
cette période qui suit la bataille d'Hernani, les romantiques sont actifs dans tous les
domaines. Victor Hugo écrit Notre-Dame de Paris (1831), Le roi s'amuse (1832)
et Balzac écrit ses œuvres majeures, tandis que Delacroix innove et traduit le
romantisme en peinture. En musique, Berlioz est le chef de file des romantiques.
Dans ce domaine, la première place est néanmoins tenue par l′art lyrique, avec
pour vedette Rossini. Le piano est pratiqué par les plus grands
virtuoses : Liszt et Kalkbrenner habitent la capitale. Avec d'autres brillants
interprètes comme Hiller, Herz ou Pleyel, ils font de Paris la capitale du monde
pianistique.
Chopin y est, dans un premier temps, un auditeur infatigable. Il découvre Le
Barbier de Séville, l'italienne à Alger, Fra Diavolo ou encore Robert le Diable, qui
le laisse bouleversé : « Je doute qu'on ait atteint jamais au théâtre, le degré de
magnificence auquel est parvenu Robert le Diable ». Le musicien rencontre
rapidement Kalkbrenner et son admiration n'a pas de mesure : « Tu ne saurais
croire comme j'étais curieux de Herz, de Liszt, de Hiller, etc. Ce sont tous des
zéros en comparaison de Kalkbrenner ». Cette rencontre lui permet de donner un
premier concert le 25 février 1832. Il ne fait pas salle comble et le public est
surtout formé par des Polonais, mais la critique n'est pas mauvaise. François-
Joseph Fétis écrit dans la Revue musicale : Son « Concerto a causé autant
d'étonnement que de plaisir à son auditoire, […] Trop de luxe dans les
modulations, du désordre dans l'enchaînement des phrases… ». Il se produit de
nouveau les 20 et 26 mai et la critique devient plus élogieuse : « Monsieur Chopin
est un très jeune pianiste qui, à mon avis, deviendra très célèbre avec le temps,
surtout comme compositeur ». Cette période est riche en concerts donnés par le
musicien. Si, en 1833, le compositeur-pianiste est encore un soliste étranger dans la
capitale, l'année 1834 est celle de la transition et lors de son concert du 25
décembre, il est devenu, pour la critique spécialisée, l'égal des plus grands
Éloignement des explosions politiques
Chopin a en quelque sorte joué à cache-cache avec les révolutions de son temps.
Son absence marquée dans les conflits de quelque ordre que ce soit, aussi bien
politiques qu’idéologiques, met à jour un trait particulier de son caractère.
Le musicien a quitté Varsovie quelques semaines avant la grande insurrection de
Novembre 1830 et commencement de la guerre russo-polonaise. Varsovie résiste
pendant plus de six mois, comptant sur l'appui de la France mais Louis-
Philippe Ier lui refuse son aide. Chopin apprend avec douleur la prise de Varsovie
par les Russes (8 septembre 1831) ; agité de ces événements, il écrit à sa famille
restée en Pologne : « Dieu, Dieu. Motion de la terre, dévorent les gens de cet âge.
Soit le plus dur châtiment tourmenté les Français, que nous n'avons pas venu pour
aider. »
Il a composé son Étude Révolutionnaire (Étude sur le bombardement de Varsovie)
opus 10, no 12 et prélude op. 28 no 2 et 24.
Chopin était, lors de ces événements, à Vienne avec son ami Tytus qui, lui, est
retourné au pays prêter main-forte aux résistants polonais. Un an plus tard, au
printemps 1831, Chopin continue de fuir les tourments politiques en renonçant à
son projet de voyage en Italie (à cause des insurrections de Bologne, de Milan,
d’Ancône et de Rome).
Arrivant à Paris un an après les Trois Glorieuses, Chopin avait encore échappé aux
troubles du pays et avait juste regardé du haut du balcon de son appartement de la
rue Poissonnière les dernières agitations populaires.
Pour finir, c’est au début de la révolution de 1848 que Chopin quitte la France pour
sa tournée en Angleterre.
Œuvres principales
Au sein du catalogue des œuvres de Frédéric Chopin, certaines compositions se
distinguent clairement et demeurent parmi les plus jouées de tout le répertoire
classique pour piano. Ces œuvres incontournables sont :
les 21 Nocturnes pour piano, dont trois posthumes ;
le cycle des 24 Préludes pour piano ;
le cycle des 24 Études pour piano ;
les 69 Mazurkas pour piano dont 58 publiées ;
les 17 Valses ;
les quatre Ballades pour piano ;
les deuxième et troisième sonates ;
les Polonaises ;
les 4 Impromptus de Chopin ;
les 4 Scherzos ;
les deux concertos pour piano et orchestre en mi mineur et fa mineur.
Chopin a aussi composé plusieurs Variations pour piano et orchestre, des Trios,
une première Sonate op.4 (très peu jouée), quelques Fantaisies, une Berceuse et
quelques œuvres pour violoncelle
Technique pianistique
À travers des monuments comme les Cycles d'Études op. 10 et op. 25,
les 4 Ballades, les Nocturnes, les 24 Préludes op. 28, les quatre Scherzos, ou les
deux concertos pour piano, Chopin a révolutionné le piano et a inventé une
véritable école avec l'apport de nouvelles sonorités, ainsi qu'une nouvelle vision de
l'instrument. Sa musique mélodieuse reste une des plus atypiques et adulées du
répertoire romantique. Il disait lui-même : « Quand je suis mal disposé, je joue sur
un piano d'Érard et j’y trouve facilement un son tout fait ; mais quand je me sens
en verve et assez fort pour trouver mon propre son à moi, il me faut un piano
Le jeu de Chopin n'était, aux dires des gens qui l'ont connu, jamais immuable,
jamais fixé. Le caractère spontané de ses interprétations est décrit de la même
façon par les auditeurs du Polonais. « Entendre le même morceau joué deux fois
par Chopin, c'était, pour ainsi dire, entendre deux morceaux différents. » Comme le
soulignait encore la princesse Marcelina Czartoryska : « Tout comme il était sans
cesse à corriger, changer, modifier ses manuscrits — au point de semer la
confusion chez ses malheureux éditeurs face à la même idée exprimée et traitée
parfois diversement d'un texte à l'autre —, ainsi se mettait-il rarement au piano
dans le même état d'esprit et de disposition émotionnelle : en sorte qu'il lui arrivait
rarement de jouer une composition comme la fois d'avant