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SHS Web of Conferences 27, 03003 (2016) DOI: 10.

1051/ shsconf/20162703003
Congrès Mondial de Linguistique Française - CMLF 2016

Le camfranglais,
né de l’acclimatement/acclimatation du français,
au cœur d’une glottonomie socio-profane
Eloundou Eloundou Venant
Université de Yaoundé, Cameroun
evenant2002@yahoo.fr

Résumé. Cette contribution analyse les perceptions que les internautes


des sites Forum Bonaberi.com et Cameroon-Info.Net ont du camfranglais,
né du processus d'acclimatement/acclimatation du français au Cameroun.
Mettant à contribution les discours des camfranglophones, l'approche
glottonomique et l'imaginaire linguistique, l'étude se focalise sur les
représentations systémiques et sociolinguistiques du camfranglais.
S'agissant du premier axe, l'analyse des interventions discursives révèle les
spécificités linguistiques du camfranglais, en l'opposant au pidgin-english-
camerounais né de l'anglais et aux variétés de français parlé au Cameroun.
Le second axe examine l'imaginaire de la variation sociolangagière du
camfrançais. Il en découle que les internautes ont une saisie variationniste
de cet parler selon trois niveaux : diachronique, diatopique et diaphasique.
Ce camfranglais apparaît dans les discours épilinguistiques analysés
comme une langue à part entière : d'où la revendication de ses statuts et ses
fonctions officiels ; voire sa prise en compte glottopolitique. Toutes ces
représentations faites par ce qu'on peut appeler les acteurs glottonomiques
profanes permettent d'aboutir à la conclusion selon laquelle la gestion des
problématiques glottopolitiques doit tenir compte de toutes les
composantes sociales, pour un développement durable, stimulé par des
langues. Par ailleurs, relativement à la linguistique française, cette analyse
permet de saisir les tensions sociolinguistiques et les modalités de
représentations impliquant le français et le camfranglais. Si le français
constitue une langue matrice pour le camfranglais, il ressort de cette
réflexion que ses locuteurs construisent des représentations visant à établir
une frontière linguistique et sociolinguistique entre la langue mère
(français) et le camfranglais dérivé.

Abstract. This paper analyses how users of the news websites “Forum
Bonaberi.com” and “Cameroon-Info.Net” perceive Camfranglais, a highly
hybrid sociolect born from the acclimation/acclimatization of French in
Cameroon. Based on the discourses of speakers of Camfranglais, on the

© The Authors, published by EDP Sciences. This is an open access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution
License 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/).
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glottonomic approach, and on the linguistic imaginary, the study focuses


on the systemic and sociolinguistic representations of Camfranglais. With
respect to the first axis, the analysis of selected discourses brings to light
the linguistic specificities of Camfranglais as opposed to Cameroon Pidgin
English which stems from English and the varieties of French spoken in
Cameroon. The second axis explores the imaginary of the sociolinguistic
variation of Camfranglais. It reveals that users of those news websites have
a three-levelled variationist understanding of Camfranglais: diachronic
level, diatopic level, diaphasic level. This Camfranglais features in the
epilinguistic discourses analyzed as a fully-fledged language: hence the
claim of its statuses and its official functions, or even its consideration in
glottopolicy-making. All those representations by those we can referred to
as uninitiated glottonomic actors lead to the conclusion that the
management of glottopolicy problematics should take into consideration all
the social components for a languages-stimulated sustained development.
Furthermore, with regards to French linguistics, this analysis gives an
insight into the sociolinguistic tensions and representation modalities
involving French and Camfranglais. Granted that French is a matrix
language for Camfranglais, this study shows that speakers of the latter
build representations aimed at establishing a linguistic and sociolinguistic
border between the mother language (French) and the derived language
(Camfranglais).

Introduction

Les premières études du camfranglais (désormais CFA) se focalisaient sur des observables
issues de la presse écrite et des interactions verbales in vivo, notamment les usages et les
discours épilinguistiques. Avec la vulgarisation des TIC, est apparue une autre modalité de
données, précisément les pratiques langagières des internautes. C’est le cas du CFA dans
forumbonaberi.com et cameroon-info.net. L’une des analyses les plus remarquables de ces
pratiques, à notre connaissance, est celle de Telep (2014). Elle étudie non seulement les
pratiques langagières du CFA, mais aussi ses représentations produites par des internautes.
S’agissant de la première perspective, l’auteure s’intéresse particulièrement aux
descriptions morphologiques, syntaxiques, lexicales et sémantiques du CFA. Quant au
second axe, deux polarités du CFA sont analysées : une polarité positive qui montre que les
camfranglophones valorisent le CFA, car il traduit l’identité camerounaise et donne lieu à
des fonctions sociales. En revanche, la polarité négative stigmatise l’usage du CFA par des
apprenants de la langue française. Selon ses tenants, le CFA influence négativement le
procesuus d’enseignement-apprentissage du français. A la suite de ces analyses, le but de
notre article est d’analyser les positionnements glottonomiques des acteurs socio-profanes
sur le CFA et leur incidence sur la gestion glottopolitique de cette langue. Les acteurs
socio-profanes désignent ici les non spécialistes des questions de linguistique; même si
leurs points de vue dénotent une maîtrise des problématiques sociolinguistiques en contexte
camerounais. A cet égard, les questions qui suscitent notre analyse sont les suivantes :
quelles sont les modalités de représentations glottonomiques socio-profances qui
apparaissent dans les interventions des internautes ciblés ? Quelle pourrait être leur
incidence sur la gestion glottopolitique du CFA? Quel serait l’avenir du CFA selon ces
représentations ? Après avoir présenté le corpus et les postures théoriques de notre
réflexion, nous analyserons tour à tour les représentations des internautes. Ultimement,
nous réfléchirons à l’impact de ces opinions sur le positionnement glottopolitique du CFA.

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1. Le corpus d’étude et les considérations théoriques

Notre corpus d’étude est constitué de neuf séquences discursives issues des sites
forumbonaberi.com et cameroon-info.net. Il s’agit de deux journaux en ligne qui publient
des articles portant sur l’actualité politique nationale et internationale, économique, etc.
Chaque journal a une ligne éditoriale. Le premier site nous a fourni cinq thématiques
débattues aux titres évocateurs: Dico camfranglais [dictionnaire du camfranglais], Les
motes ki ne kno pas spik le camfran [les gens qui ne savent pas parler le camfranglais]
Whitiser le camfranglais ou le patois [parler le camfranglais ou le patois avec un accent de
français hexagonal], La conjugaison camfranglaise, Et la langue est. Le second site nous a
donné quatre thèmes dont les titres sont : New language for divided Cameroon, Dialecte :
Langues maternelles, préalables pour le développement et Cameroun - Musique - VIDEO:
Le Pays est sucré (par Alex): « Mes frères, arrêtons de whitiser, moi je dis qu’il faut
camerouniser ». Ces discours sont des réactions aux thématiques initiées par des
internautes. Ils ont été produits entre 2007 et 2010. Il faut préciser qu’il existe d’autres sites
où les discours sur le CFA sont actualisés. C’est le cas des sites www.grioo.com et
www.camfoot.com. Il y a donc un corpus disponible. Ceux que nous avons choisis sont
symptomatiques de ces discours épilinguistiques. On a ainsi une modalité d’énonciation
directe et différée, mettant en scène des intervenants distants par l’espace et n’ayant pas
toujours les mêmes points de vue. Par ailleurs, c’est une tribune d’expression privilégiée où
la censure est peu présente, favorisant ainsi l’actualisation des stéréotypes, des tabous, etc.
Qu’à cela ne tienne, ces canaux sociaux ont des lignes éditoriales. Pour le cas de
forumbonaberi.com, il est mentionné que
les administrateurs et modérateurs de ce forum s'efforceront de
supprimer ou éditer tous les messages à caractère répréhensible
aussi rapidement que possible. Toutefois, il leur est impossible
de passer en revue tous les messages. Vous admettez donc que
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opinion de leurs auteurs respectifs, et non pas des
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conduit à l'accès de ces données.
Cette modalité de médiatisation permet aux internautes de s’exprimer en toute liberté,
malgré les consignes éditoriales. Il arrive parfois que certaines réactions prennent une allure

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d’injure. L’anonymat étant requis et des pseudonymes utilisés, ces internautes se croient à
l’abri de la censure. Toutefois, ce type d’observables pose des problèmes d’ordre
méthodologique et éthique. Il est impossible d’obtenir des variables liées à ces intervenants.
Les internautes peuvent énoncer des injures, des tabous de toutes sortes. Malgré ces
problèmes, le corpus est pertinent. Il permet d’explorer les données non sollicitées,
contrairement à une enquête sociolinguistique guidée ou semi-guidée qui ne permet pas aux
interviewés de répondre librement à une question posée. Dans ce type de médiatisation, les
intervenants sont plus prolixes, même si l’on peut noter la contrainte de temps en lien avec
la connexion Internet. De même, le paradoxe de l’observateur est neutralisé.
Afin de conserver l’authenticité graphique de ces énoncés, nous les avons reproduits
comme tels. C’est ce qui justifie la présence de nombreux écarts langagiers relevant de
leurs auteurs. Toutefois, nous proposons des gloses pour les non locuteurs du CFA.
S’agissant de l’approche de notre étude, elle est d’obédience qualitative, analytique et
interprétative.
Sur le plan théorique, notre réflexion est alimentée par l’approche glottonomique mise sur
pied par Guespin (1985). Son principe fondamental est l’articulation entre l’étude des
pratiques langagières, les modalités d’intervention, les différentes perceptions et
catégorisations des phénomènes linguistiques et langagiers. Dans cette perspective, il s’agit
non seulement d’analyser les langues dans des discours, mais aussi d’étudier les discours
sur des langues : ce qui donne lieu à une étude des pratiques et des représentations. Nous
nous focalisons sur le deuxième aspect, c’est-à-dire les imaginaires linguistiques. Selon
Houdebine Gravaud (1998 : 23),
l’analyse de l’imaginaire linguistique […] a pour principal
objectif […] de permettre de dégager une partie des causalités
de la dynamique linguistique et langagière. D’où la nécessité
d’étudier et les comportements et les attitudes des locuteurs,
d’observer les productions et de ne pas se contenter de
recueillir les paroles des sujets afin d’en dégager leurs
représentations, celles-ci pouvant varier selon les situations, les
interactions.
Un autre pan de l’imaginaire linguistique est sa considération comme une entité voulue ou
redoutée, dont la manifestation se trouve au niveau du dire ou de la mise en mots des
représentations. A cet égard, il se réfère à une « forme d’activité mentale qui emprunte à la
réalité, aux perceptions et aux représentations que nous en avons [et qui sont] inhérentes à
une intention, une activité, un rapport au monde, une façon d’entrer en contact avec lui »
(Sauvageot, 2009 : 109).
Il faudrait préciser que dans cette réflexion, nous privilégions le terme « langue » pour
parler du CFA. Il s’agit d’une considération sociolinguistique et non structuraliste, qui
appréhende une langue comme « un réseau minimal (du point de vue linguistique) de
variétés (en quelque sorte un système de systèmes) identifié par un même terme et une
conscience linguistique spécifique » (Blanchet, cité par Bulot, 2013 : 7). Cette appréhension
trouve son actualisation dans les discours métalinguistiques des internautes qui soutiennent
que le CFA est une langue. Telep (2014 : 121) constate d’ailleurs que « si le terme argot qui
est approprié pour définir le camfranglais, paraît quelquefois, c’est le terme langue qui est
le plus souvent employé par les internautes pour définir le camfranglais ».
2. Ce que le CFA est pour les internautes

De nombreuses études linguistiques ont mis l’accent sur la description du CFA, afin de
cerner son fonctionnement linguistique. Nous pouvons, à titre illustratif, mentionner les

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travaux de Chia (1990), Biloa (1999), Echu (2001), Ngo Ngok-Graux (2006), Ebongue
(2010), Féral (2006), Ntsobe et al. (2008)., Eloundou Eloundou (2015 et 2011), etc. Ces
réflexions qui constituent les discours métalinguistiques, c’est-à-dire ceux des spécialistes
(Blanchet, 2007 : 52), peuvent être considérées comme celles qui relèvent de la glottonomie
scientifique. Leur enjeu primordial est de déterminer les traits spécifiques du CFA et savoir
s’il est une langue autonome ou une variété du français au Cameroun. La composante
socio-profane intervenant sur les deux sites explorés construit aussi les identités du CFA.
Elles se déclinent en deux paradigmes : linguistique et sociolinguistique.
2.1. La construction de l’identité linguistique du CFA

Dans l’optique de cerner les spécificités du CFA et ne pas le confondre avec d’autres
formes linguistiques ou langagières émergeant au Cameroun, certains internautes mettent
en exergue les traits qui le caractérisent en l’opposant aux autres idiomes en présence.
2.1.1. Le CFA est différent des autres idiomes mixtes au Cameroun

Pour certains internautes, il ne faudrait pas confondre le CFA avec le pidgin english ou le
frananglais. C’est ce qui apparaît dans la réponse de REDNATECH, qui s’offusque du fait
que FRANCIS NGWA NIBA ait appelé le CFA frananglais :
(1) Ca me fait comme si tu es le combi du jo qui a write làrticle ci ou alors il tà send de
venir clean un peu son dossier ici. And in any case, je tolererai volontier que tu parles
de Francamglais au lieu de Camfranglais car either way tu preserve le Cam dans la
chose. En revanche man, EN AUCUN CAS NOUS NE TOLERERONS LE MOT
FRANANGLAIS! (CIN, Rednatech, FranAnglais : New language for divided
Cameroon, 22/02/2007) [J’ai le sentiment que tu es le complice du gars qui a écrit cet
article-ci ou alors qu’il t’a envoyé défendre son point de vue ici. Je tolérerai volontiers
que tu parles de francamglais au lieu de camfranglais. Car cette expression contient
CAM. En revanche en aucun cas nous ne tolérerons le mot frananglais]
Sur un ton polémique, REDNATECH estime que FRANCIS NGWA NIBA n’a pas bien
caractérisé le CFA. En le dénommant franAnglais, et tel qu’il le définit : « a mixture of
French, English and Creole », il ne met pas en exergue l’identité linguistique du Cameroun.
Il trouve que cette présentation est lacunaire, car la particule CAM y est absente ; pourtant
elle est très importante pour la saisie linguistique du CFA. Il se réfère à la présence des
mots des langues camerounaises dans le système du CFA. Cette langue hybride ne saurait
être uniquement un mélange d’anglais, de français et de créole. On peut aussi se demander
si l’internaute, en évoquant le créole, comme composante du CFA, maîtrise la distinction
entre ces deux phénomènes linguistiques.
Toujours est-il que l’hybridité lexicale fait la spécificité du CFA. Le sentiment de posséder
un idiome spécifique au Cameroun est fortement marqué dans ce discours. Dans ces
conditions, le français et l’anglais, quelles que soient leurs variétés, ne peuvent pas traduire
l’identité linguistique du Cameroun. Cette considération de l’internaute rappelle ainsi les
résultats de l’enquête de Harter (2007 : 254) qui l’amènent à constater que « la nomination
francanglais est […] la plus usitée par les locuteurs ». Selon Féral (2009 : 136),
avec la disparition de [l’appellation français makro] au profit
du mot valise camfranglais, fortement médiatisé dans des
années 1980, par lequel s’affichent une identité nationale (cam
pour « Cameroun » ou « langues camerounaises ») et le
bilinguisme officiel (franglais) comme « français » et
« anglais » de ce pays. Cependant, il semble que la majorité des
locuteurs donnent aujourd’hui la préférence au terme

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francanglais […] qui peut être considéré comme une sorte de


vernalisation du mot camfranglais.
Dans notre corpus, on constate que les dénominations camfranglais et francamglais sont
privilégiées par des locuteurs. Le nom francanglais n’y apparaît pas. On peut donc penser
qu’il y a un retour de la dénomination qui avait suivi celle de français makro
(camfranglais), car les corpus analysés sont des années 2000 et non 1980. La deuxième
caractéristique linguistique du CFA est sa dynamique. C’est ce que souligne CRYSTAL
dans sa réponse adressée à MAGNE :
(2) t'as raison, la patience est une vertue. mais il faut avouer que les beriens st forts ds le
cam, j'ai hate d’etre de taille parait mm ke bcp inventent mm de new words et font genre
ces tjrs le camfranglais, alors que... ils justifient mm leurs inspirations a coup de
"le camfranglais est une langue tres dynamique' kesse t'en pense, devrais-je aussi
inventer ma part de camfra? (FBC, Crystal, Dico Camfranglais, 27/02/2010) [tu as
raison, la patience est une qualité. Mais il faut avouer que les béeriens [internautes du
site forumbonaberi.com] sont forts en CFA. Il paraît même que certains inventent des
mots et disent que c’est toujours du CFA…ils justifient leur inspiration en disant : "le
camfranglais est une langue très dynamique". Qu’est-ce que tu en penses ? Devais-je
aussi inventer le mien ?]
CRYSTAL soutient que l’instabilité de cette langue est consécutive à la créativité lexicale.
Chaque camfranglophone invente ses mots qu’il veut faire adopter aux autres. La
dynamique lexicale est donc le principal trait linguistique de cette langue. D’aucuns
établissent une distinction étanche entre le CFA et le pidgin-english. C’est le cas
d’EKOBENA et SHABBAEUR:
(3) il y a une différence entre pidgin et camfranglais. Le pidgin c est ce que DMX parle
souvent là avec Grand renfort de peryka. Le camfranglais est globalement le même dans
la partie francophone du pays et il est juste plus riche selon l’endroit où on se trouve. Tu
ne vas pas me dire que « combo » et « ntote » [faire l’amour] c est pas la même langue !
Ce sont juste des synonymes (FBC, Ekobena, Les motes ki ne kno pas spik le camfran,
05/03/2008).
(4) Non du tout ! Le pidjin et le camfrangflais c'est deux choses bien différentes. S'il est
vrai qu'on peut retrouver certains mots dans l'une et l'autre langue, le pidjin et le
camfranglais ne se confondent pas. Comme un français et un anglais, un "pidjinophone"
et un "camfranglophone" ne se comprennent pas (FBC, Shabbaeur, La conjugaison
camfranglaise, 07/12/2008).
Selon ces deux internautes, le CFA n’est pas à confondre avec le pidgin. Chacun a ses
caractéristiques. EKOBENA s’appuie sur les pratiques langagières de DMX et GRAND
RENFORT DE PERYKA, locuteurs du pidgin, pour faire cette différence. Même si ces
deux idiomes hybrides présentent des similitudes au niveau lexical (car le pidgin english
camerounais fournit aussi des mots au CFA), il ne faudrait pas les confondre. La preuve est
qu’un camfranglophone et un pidginophone ne se comprennent pas forcément.

2.1.2. Le CFA est une une langue à part entière et non une variété du français au
Cameroun

Pour établir une frontière linguistique entre le français ou une variété du français et le CFA,
les internautes réfléchissent à la problématique de la whitisation de cette langue hybride et
la constitution d’un système linguistique autonome. La whitisation se réfère ici à la façon

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de parler français avec un accent de locuteur du français hexagonal, telle que les gens se la
représentent. A ce sujet, ELAN D’ANJOU PIMPIM pose la question suivante à ses
interlocuteurs :
(5) est ce qu'il est possible de whitiser en spikant le camfran ? autrement dit èsseu on
peut vraiment whitiser le camfranglais sans saccader la prononciation des mots, et sans
surjouer. Si oui ca sonne comment ? Pour moi, ce n'est techniquement pas possible. On
peut whitiser le french, mais pas le camfran. Un camer qui whitise quand il spik le
french, reprendra forcément son accent camer quand il s'exprimera en camfran. A moins
biensur de gater carrément la prononciation des mots, du genre au lieu de dire "la kièp",
il dira " la kièphein". Ou alors pour dire "le bangala", il dira "le bangalahein" Les
whitiseurs et whitiseuses là, moi j'aime souvent les ya spik le camfran ou alors leur
patois pour voir comment il dou
Exercice pratique :" bon ben wouai heu, chui désolé mais bon heu, j'dois appelez ma
momon sinon j'vais finir par m’fair chier ici quoi" (FBC, Elan d’Anjou PimPim,
Whitiser le camfranglais ou le patoi, 12/05/2008) [Est-il possible de parler le CFA avec
un accent du français hexagonal ? Autrement dit est-ce qu’on peut vraiment avoir
l’accent du français hexagonal en parlant le CFA sans altérer la prononciation des
mots ? On peut parler le français avec cet accent, mais pas le CFA. Un Camerounais qui
a un accent français quand il parle le français reprendra forcément son accent
camerounais quand il va s’exprimer en CFA ; à moins, bien sûr d’altérer totalement la
prononciation des mots. Exemple au lieu de direla kièp" [l’amour au sens d’acte sexuel],
il dira " la kièphein" ou alors pour dire le "bangala" il dira "le bangalahein"[pénis]. Les
whitiseurs et whitiseuses [ceux et celles qui parlent en adoptant l’accent français
hexagonal], moi j’aime souvent les écouter parler le CFA ou alors leur langue
maternelle pour voir comment ils font]
(6) Je pense que le francam ne peut pas se whitiser car c'est l'accent qui fait le francam,
s'il n y a pas d'accent, alors la personne ne speak pas francam! Pour le patois, je ne
know pas (FBC, El Ombre, Whitiser le camfranglais ou le patois, 30/06/2008) [je pense
que le francamglais ne peut pas se whitiser, car c’est l’accent qui fait le francamglais !
pour le patois (langue locale ou maternelle) je ne sais pas]
A en croire ELAN D’ANJOU PIMPIM et EL OMBRE, il est impossible de whitiser le
CFA, car on risque d’altérer la prononciation des mots. Le CFA se caractérise par son
accent camerounais. Sa prononciation est donc calquée sur celle des langues locales. Toute
tentative d’adoption de l’accent du français hexagonal entraîne des altérations morpho-
phonologiques. Nous avons à ce niveau une considération linguistique qui permet
d’opposer le CFA et le français populaire camerounais. S’il est possible, pour un
Camerounais, d’adopter parfois l’accent du français central, il n’en est pas de même avec le
CFA.
Par ailleurs, certains aspects morphologiques sont traités par les intervenants aux débats. Ils
systématisent la morphologie verbale du CFA. A cet effet, ELAN D’ANJOU PIMPIM
trouve que la conjugaison proposée par SALSA est erronée :
(7) La conjugaison du verbe "ya" par Salsa dans son sujet ci n'arrete pas de me dou lap.
Elle tèll que "vous yayez" au lieu de tèll que vous "yaez" (pronocez yaé et non yaèz
parceu je kno qu’il y a flop d’ingénieurs de sons ici) […]. Bon, je call all le kwatt dans
ce sujet pour la conjugaison des verbes en camfranglais à tous les temps. Je kno que
c’est mbindement hélélé pour certains, donc on va vous hèlèp. Comment conjugeuriez
vous par exemple le verbe ya ? (Pour all le mote qui ne kno pas, le verbe YA dans son
sens 1er signifie entendre, écouter, comprendre ; et dans son sens second ca signifie
aimer)

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Bon je kno que salsa par exemple dira ceci


Au passé simple
Je yaya/tu yaya/ il yaya/ nous yayames/vous yayates/ils yayèrent
Au conditionnel passé 2e forme elle dira
j’eusse yayé/tu eusses yayé/ il eût yayé/nous eussions yayé/vous huissier yayé/ils
eussent yayé
Au futur simple elle dira
Je yayerai/ tu yayeras/il yayera/nous yayerons/vous yayerez/ils yayeront
Au passé composé elle dira
J’ai yayé/tu as yayé/il a yayé/nous avons yayé/vous avez yayé/ils ont yayé
Etes-vous d’accord avec la kala de conjugaison de Salsa ? Moi je ne suis pas du tout
d’accord, ce n’est pas le verbe "yayer", c’est le verbe "ya"(FBC, Ancien, La
conjugaison camfranglaise, 12/05/2008) [la conjugaison du verbe ya (entendre, aimer,
etc.) élaborée par Salsa ne cesse de me faire rire. Elle dit que vous yayez (vous
entendez) au lieu de dire que vous yaez (vous entendez) (prononcez yaé et non yaèz
parce que je sais qu’il y a beaucoup d’ingénieurs de sons (ceux qui transforment les
sons). J’appelle tout le quartier pour parler de la conjugaison des verbes en CFA à tous
les temps. Je sais que c’est un peu difficile pour certains. Je vais les aider. Comment
conjugueriez-vous par exemple le verbe ya ? (pour ceux qui ne savent pas, le verbe YA
dans son sens 1er signifie entendre, écouter, comprendre, et dans son second sens, il
signifie aimer)…]
On voit qu’ELAN D’ANJOU PIMPIM procède à la codification de la conjugaison
camfranglaise. Il se comporte en grammairien. La suite de son intervention porte sur
l’illustration de la morphologie verbale camfranglaise. Aussi dit-il :
(8) Pour vous aider dans la conjugaison, voici un exemple avec le verbe "kièp". Kièp
[faire l’amour] est un verbe transitif du 3ème groupe.
Indicatif
Présent
Je kièp/tu kièp/il kièp/nous kièpons/vous kièpez/ils kièpent
Imparfait
Je kièpais/tu kièpais/il kièpais/nous kièpions/vous kièpiez/ils kièpaient
Futur simple
Je kièperai/tu kièperas/il kièpera/nous kièperions/vous kièperiez/ils kièperont
Plus-que-parfait
J’avais kièp/tu avais kièp/il avait kièp/nous avions kièp/vous avez kièp/ils avaient kièp
Passé simple
Je kièpai/tu kièpas/il kièpa/nous kièpames/vous kièpates/ils kièpèrent
Passé antérieur
J’eus kièp/tu eus kièp/il eut kièp/nous eûmes kièp/vous eûtes kièp/ils eurent kièp
Futur antérieur
J’aurai kièp/tu auras kièp/il aura kièp/nous aurons kièp/vous aurez kièp/ils auront kièp
(FBC, Ancien, La conjugaison camfranglaise, 12/05/2008)
La morphologie verbale élaborée par cet internaute montre que le CFA conserve les
morphèmes grammaticaux du français. Les verbes issus des langues camerounaises et ceux
créés admettent les flexions verbales des modes et des temps du français. Mais la catégorie
des verbes du CFA n’est pas symétrique à celle du français. Pour ELAN D’ANJOU

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PIMPIM, les verbes du premier groupe ne portent pas la flexion ER à la forme nue. C’est
pour cette raison qu’il trouve une méprise dans la conjugaison de SALSA qui pense que
l’infinitif de YA est YAYER, alors que c’est YA. Cette configuration morphologique pose
le problème de la forme nue des verbes camfranglais qui ne proviennent pas du français ou
de l’anglais. Si l’on considère les principes énoncés par ELAN D’ANJOU PIMPIM, on dira
qu’en CFA, un verbe est du premier groupe s’il se termine à l’infitif par une voyelle orale.
Ceux du deuxième groupe se termineraient par une voyelle nasale; tandis que ceux du
troisième auraient, à la forme nue, une consonne. Face à ces deux points de vue divergents,
NSISSIM n’hésite pas à proposer que les grammaires du CFA soient élaborées, afin d’aider
ceux qui ne le maîtrisent pas :
(9) Mais je partage un petit way ki voudrait ke ce toppo soit codifie (c'est bien vrai k'il
est en constate evolution mais au niveau la-la-la des choses on peut déjà write des bords
de grammaire) Je langua cela parce que kan on est chez les whites il y a certains kamer
ki ne maitrise pas le toppo est ca vex (CIN, Nsissim, FranAnglais : New language for
divided Cameroon, 23/02/2007) [Mais je suis un peu d’accord avec le point de vue qui
voudrait que le CFA soit codifié (c’est bien vrai qu’il est en constante évolution, mais à
ce niveau des choses, on peut déjà écrire des livres de grammaire. Je le dis parce que
quand on est chez les Blancs, il y a certains Camerounais qui ne maîtrisent pas ce parler
et cela énerve]
Ce qui est pertinent dans cette systématisation verbale est qu’elle permet de cerner la
différence entre le CFA et les français périphériques. Le français populaire camerounais
n’inclut pas des verbes issus des langues endogènes, pouvant porter des flexions verbales
comme c’est le cas de ceux du CFA (Eloundou Eloundou, 2011).
Toutefois, il faudrait noter que certains points de cette systématisation verbale relèvent de
la norme fantasmée, définie par Moreau (1997 : 222-223) comme « l’ensemble abstrait et
inaccessible de prescriptions et d’interdits que personne ne saurait incarner et pour lequel
tout le monde est en défaut ». C’est le cas du conditionnel passé deuxième forme. Les
corpus de CFA disponibles et même les productions langagières des internautes étudiées ici
ne présentent pas le conditionnel passé deuxième forme. Par ailleurs, le futur simple
morphologique qu’envisage SALSA est généralement remplacé par le futur périphrastique :
aller + verbes issus d’une langue pourvoyeuse au CFA.
Si NSISSIM pense que le CFA est, pour le moment, un parler dont le statut de langue (au
sens saussurien) serait tributaire de sa codification, certains soutiennent que le CFA est une
véritable langue. Il ne saurait être une simple compilation de mots issus de plusieurs
langues : tel est le point de vue d’ANCIEN :

(10) Mbom si c'est à une poignée de mots que tu résumes le camfrang, c'est que tu as une
vision des plus réductrices de ce langage. C'est comme si je te disais que quelqu'un kno le
français s'il kno les mots : "comprendre, moi, venir, ici, là-bas". Dès lors, quelqu'un parlera
t-il bien le français s'il déclare : " moi pas comprendre ce que toi dis" ? Tu conviens avec
moi que non. Le camfrang, ce ne sont pas qu'une compilation de mots, c'est aussi une
syntaxe, une conjugaison, une grammaire, un lexique, un accent, des onomatopées etc
(FBC, Ancien, Pourquoi les gens de doul ne kno pas spik le camfran ? 24/112010) [Mbom
(mo cher), si ce n’est qu’à une poignée de mots que tu résumes le CFA, c’est que tu as une
vision très réductrice de ce langage. C’est comme si je te disais que quelqu’un maîtrise le
français s’il connaît les mots "comprendre, moi, venir, ici, là-bas". Dès lors, quelqu’un
parlera-t-il bien le français s’il déclare : " moi pas comprendre ce que toi dis" ? Tu conviens
avec moi que non. Le CFA n’est pas qu’une compilation de mots, c’est aussi une syntaxe,
une conjugaison, une grammaire, un lexique, un accent, des onomatopees]

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Il ressort de l’intervention (10) que le CFA repose sur des règles d’usage. ANCIEN utilise
le terme langage pour désigner le CFA. Deux hypothèses peuvent être émises : soit il évite
de dire que le CFA est une langue, dans ces conditions il le réduirait à un code ou parler,
soit son statut d’acteur profane ne lui permet pas de distinguer la langue du langage. Il
emploierait donc indifféremment les deux expressions. La deuxième hypothèse semble
probable, si l’on considère la caractérisation qu’il fait du CFA : «Le camfrang, ce ne sont
pas qu'une compilation de mots, c'est aussi une syntaxe, une conjugaison, une grammaire,
un lexique, un accent, des onomatopées etc ». L’internaute estime qu’il obéit à certaines
lois d’ordre syntaxique, morphologique, etc. Il n’est pas une variété de français; quoi que la
plupart de ses règles d’usage proviennent du français, principale langue pourvoyeuse. Cet
essai de systématisation du CFA contraste avec les considérations de Ntsobé (2008 : 9),
pour qui, le CFA est « une manière de s’exprimer particulière à quelqu’un ou à un groupe
d’individus ». Il correspond donc à une parlure. Ce qui suppose que chaque membre de ce
groupe applique des règles morphologiques, syntaxiques, lexico-sémantiques, etc. à sa
guise.

2.2. Quand reconnaître l’existence du CFA c’est construire ses


variations
Si la variation linguistique est un facteur fondamental pour l’existence du CFA, les
internautes formulent les représentations dont le but est de montrer que cette langue n’est
pas une variété de français, étant donné qu’il possède des variétés langagières. A cet égard,
les internautes mettent en exergue des niveaux de variations.
2.2.1. La variation diachronique du CFA

La variation du CFA constitue un débat polémique. Quand les uns estiment que le CFA,
malgré sa variation systémique, a un noyau dur qui est inaltérable et qu’il est doté de règles,
d’autres pensent qu’il n’a pas de règles grammaticales. Il est donc impossible d’envisager
sa variation. Les propos suivants témoignent de ces deux prises de position :
(11) En tt cas c est sur que je vais continuer à spik le camfran mm à mes mounas. C est
comme quand je vois souvent les paters du kwat speak entre eux, ils ont souvent une
facon de speak ki me gagne. Les wés comme "membre". Il y a beaucoup de mots qu ils
nous ont légués. Même "bordelle" là, je ne know pas le premier qui a use ça pour
désigner les cuic cuic de nuit, mais c est assurément très vieux! Et pas très français à
mon avis. nous transmettrons le noyau dur du camfran à nos mounas. Mais ils auront le
leur (FBC, Ekobena, Les motes ki ne kno pas spik le camfran, 05/03/2009) [en tout cas,
c’est sûr que je vais continuer de parler le CFA à mes enfants. Quand j’entends souvent
les pères du quartier parler, ils ont souvent une façon qui me surprend. C’est le cas de
l’expression "membre". Il y a beaucoup de mots qu’ils nous ont légués. Même le mot
"bordelle", je ne sais pas qui fut le premier à l’utiliser pour désigner des prostituées.
Mais c’est sûrement vieux et ce n’est pas du français, à mon avis. Nous transmettrons le
noyau dur du CFA à nos enfants, mais ils auront le leur]
(12) Elan le camfran est tres elastique, et je suis bindiment surpris que tu te limites a
quelques differences pour tirer des conclusions! Je ne serai par exemple pas surpris si tu
back a ngola today et que tu sois totalement perdu dans la masse parceque ton francam
est obsolete! De meme que je ne serai pas surpris si un gars de doul toppo le francam et
qu'un gars de ngola n'y comprenne pas grand chose. Par contre, les fondamentaux du
francam restent! Qu'est ce que les gars de doul ne comprennent pas en fait ? Est-ce les
mots/verbes du genre: go, falla, tchop, ma go, un mbindi, le toppo, le bizgo....etc Si c'est

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le cas, alors je suis d'accord avec toi parceque se sont les basiques du francam et si un
djo ne comprends rien a ce vocabulaire alors il ne parle pas le francam ! Ca c'est assez
claire je pense! Mais si c'est le contraire, alors je te dirai juste de pas trop d'attarder sur
quelques specificites dans le vocabulaire du francam pour tirer des conclusions comme
celles de l'intitule de ton sujet. Parceque moi meme je peus inventer des nouveaux mots
avec les gars de mon qwat et les injecter dans le francam et tu n'y comprendras
absolument rien (FBC, Di K Prio, Pourquoi les gens de doul ne kno pas spik le
camfran ? 24/112010) [Elan, le CFA change beaucoup et je suis un peu surpris que tu te
limites à quelques différences pour tirer des conclusions. Je ne serai pas surpris que tu
rentres à Yaoundé aujourd’hui et que tu sois totalement en déphasage, parce que ton
CFA serait obsolète. De même que je ne serai pas surpris si un gars de Douala parle le
CFA et qu’un gars de Yaoundé n’y comprenne pas grand-chose. Par contre, les
fondamentaux du CFA restent […] ça c’est assez clair je pense ! Mais si c’est le
contraire, alors je te dirai juste de ne pas trop t’attarder sur quelques spécificités du
vocabulaire du CFA pour tirer des conclusions comme celles de l’intitulé de ton sujet ;
parce que moi-même je peux inventer des mots avec les gars de mon quartier et les
mettre dans le lexique du CFA et tu n’y comprendras absolument rien]
EKOBENA défend la thèse selon laquelle le CFA est doté de règles. Mais il est sujet,
comme toute langue, à la variation diachronique. Aussi dit-il : nous transmettrons le noyau
dur du camfran à nos mounas. Mais ils auront le leur. Le CFA contemporain serait donc
différent de celui de la postériorité. Toutefois, sa variation diachronique ne supprime pas
son noyau dur. Il est considéré par cet internaute comme un système linguistique doté de
principes de fonctionnement linguistique. Dans la même logique, DI K PRIO démontre que
le CFA change en fonction du temps. C’est pourquoi, en guise de réponse à ELAN
PIMPIM, il trouve que le CFA de ce dernier serait obsolète à Yaoundé, à cause du
changement de temps et de générations. Les indicateurs de ce changement peuvent être
morphologiques, lexicaux, sémantiques, etc.
2.2.2. La variation diatopique du CFA

Comme la première, la variation diatopique est un sujet controversé dans les débats des
internautes. Pour certains internautes, le CFA est une langue qui diffère selon des espaces
urbains, notamment Yaoundé et Douala. Pour d’autres, il est immuable. C’est ce qu’on
retient des propos suivants :
(13) Gars j'ai remarqué que les gens de doul ne kno pas toli le camfran. Ca m'a déja
wanda que je djoss comme ca avec un djo de doul, et le mbom ne fait que me ask que je
traduise, ou alors il comprend à moitié. Alors que quand je torpoh le camfran avec un
djo de ngo, le mola ya direct sans avoir à me ask ce que signifie tel ou tel mot. Même
sur ce forum, j'ai makam flop de fois que les gens de doul ne spik pas le camfrang
comme les gens de ngo. Alors question : Pourquoi les gens de doul ne kno pas spik le
camfrang ou alors pourquoi ont-ils du mal à ya le camfrang ? Y'a-il deux sortes de
camfrang qui ferait qu'il y ait un camfran soutenu pour les gens qui kèm de ngo, et un
camfrang discount pour le mote ki kèm de doul ? (FBC, Ancien, Pourquoi les gens de
doul ne kno pas spik le camfran ? 24/11/2010) [gars j’ai remarqué que les gens de
Douala ne maîtrisent pas bien le CFA. Cela m’a surpris. Quand je parle à un gars de
Douala, il me demande de traduire ou alors il comprend partiellement ce que je dis.
Alors que quand je parle le CFA à quelqu’un de Yaoundé, il comprend. Il ne me
demande pas de traduire. Même sur ce forum, j’ai remarqué plusieurs fois que les gens
de Douala ne parlent pas le CFA comme ceux de Yaoundé. Alors question : pourquoi
les gens de Douala ne savent-ils pas parler le CFA ou alors pourquoi ont-il du mal à le
comprendre ? Y a –t-il deux sortes de CFA qui feraient qu’il y ait un CFA soutenu pour

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les gens qui viennent de Yaoundé et un autre peu soutenu pour les gens qui viennent de
Douala ?]
(14) Pour parler de manière générale, quand je discute avec un natif de doul [Douala], il
est toujours persuadé que doul est meilleur que yaoundé à tous les niveaux. J'ai
l'impression qu'il a gardé l'image de doul des années 90 ou peut-être qu'il n'y est plus
retourné. Aujourd'hui, faire une comparaison serait un crime tellement il y a un gouffre
(FBC, Shabaeur du lac, Pourquoi les gens de doul ne kno pas spik le camfran ?
24/112010).
(15) Gars c'est les histoires. Moi je pense plutot le contraire. A Douala, le camfran
depuis les annees 90 a peu pres est devenu officiellement la 2e langue de la ville. Et tous
les jeunes de Douala que je connais, je dis bien tous parlent meme mieux cette langue la
que le francais. Et puis il faut remarquer que c'est une langue qui a de nouveaux mots
tous les jours. (FBC, L’intégré, Pourquoi les gens de doul ne kno pas spik le camfran ?
24/112010).
(16) Tu as absolument raison Bess. A douala je crois qu'on rajoute plus de mots du
pidjin du bassa et du douala qui sont les langues locales... alors que les gens de yaounde
je ne sais meme pas ou ils prennent leur mots (FBC, Afreaka, Pourquoi les gens de
doul ne kno pas spik le camfran ? 24/112010).
(17) A maroua on spik le camfran ??? Parce s'il faut raisonner comme tu dis, c'est que
même quelqu'un qui komot de Malantoueing va aussi kèm tell qu'il a son camfrang.
Alors qu'on sait tous que le camfrang c'est plus une affaire de citadins que de villageois,
vu qu'au létch c'est le patois que les gens spik (FBC, Ancien, Pourquoi les gens de doul
ne kno pas spik le camfran ? 24/112010) [Parle-t-on le CFA à Maroua ? Parce que s’il
faille raisonner comme toi, même quelqu’un qui vient de Malantoueing va dire qu’il a
son CFA ; alors qu’on sait tous que le CFA est généralement parlé en milieu urbain; vu
qu’au village c’est le patois (langue locale) que les gens parlent]
ANCIEN fait valoir que les gens de Douala ne savent pas parler le CFA. Quand il
s’exprime en cette langue, ses interlocuteurs ne parviennent pas à décoder ses messages. En
revanche, ceux de Yaoundé sont des locuteurs très compétents. Cette situation l’embarrasse
et l’amène à formuler deux hypothèses : soit il y a deux CFA, l’un à Douala et l’autre à
Yaoundé, soit le CFA de Yaoundé et plus soutenu que celui de Douala. SHABAEUR DU
LAC souligne d’ailleurs que la situation a changé à Douala. Dans des années 1990, il était
possible de dire que le CFA était l’apanage de cette ville. Pour lui, Aujourd'hui, faire une
comparaison serait un crime tellement il y a un gouffre.
En réaction au point de vue d’ANCIEN, L’INTEGREE et AFREAKA estiment que c’est le
contraire qui est évident. Le CFA est une langue parlée à Douala par la majorité des jeunes.
Il est même préféré au détriment du français. La différence diatopique se trouve au niveau
des mots utilisés. Les mots employés à Douala ne sont pas forcément ceux qui sont en
usage à Yaoundé. Il constate que le CFA de Douala se caractérise par la forte présence des
mots bassa et douala qui sont les principales langues locales ; alors que les langues
pourvoyeuses au CFA de Yaoundé sont difficiles à déterminer.
ANCIEN ne partage pas l’idée de la variation diatopique et même diaphasique du CFA. A
une région, ne devrait pas correspondre un type de CFA. Il y a un CFA et non des CFA. Par
ailleurs, il attribue cette langue aux villes ayant une forte densité et une diversité de la
population. Les villageois ne peuvent pas prétendre en être locuteurs. Ils ont pour langues
de communication les patois (langues locales ou maternelles).
2.2.3. La variation diaphasique du CFA

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La variation diaphasique est l’un des facteurs que relèvent les internautes réfléchissant à
l’identité linguistique du CFA. Ils soutiennent la thèse selon laquelle le CFA varie selon des
locuteurs. Ce point de vue apparaît dans les propos d’ELAN D’ANJOU DE PIMPIM,
EKOBENA et LAURA CARLA :
(18) Ca ne me surprend pas que tu dises que tu ne ya pas certains de mes mots ou
expressions, tu n’es d’ailleurs pas le seul ici. Ici comme dans la vie réelle, beaucoup
m’ont souvent tell qu’ils ne comprennent pas ma part de camfran, parceque selon eux
c’est trop le haya level (niveau élevé). Pourtant, je n’ai rien inventé, et la plupart des
mots que j’emploie ici sur béri sont ceux que j’ai boch de from le kho, ca’adire depuis le
pays (FBC, Elan d'anjou De PimPim, Dico Camfranglais, 27/02/2010) [Je ne suis pas
surpris que tu dises que tu ne comprends pas certains de mes mots ou expressions. Tu
n’es d’ailleurs pas le seul qui le dise ici. Sur ce site comme dans la vie réelle, des gens
me disent souvent qu’ils ne comprennent pas mon CFA ; parce que, selon eux, il est très
élevé ; pourtant je n’ai rien inventé. La plupart des mots que j’emploie sur ce site sont
ceux que j’avais appris au Cameroun]
(19) a force de lire certaines intervention […] je fini par integrer un vocabulaire ki
m’était juske la certes familiers, ms ke j’employais jamais. Bien que je capte beaucoup
de mot la, il y en a qui me dépasse hein, comme kiep la, na weti non ? ca sort d’où ?
(Crystal, Dico Camfranglais, 27/02/2010).
[A force de lire certaines interventions […], j’ai fini par intégrer un vocabulaire qui
m’était jusqu’ici familier, mais que je n’employais pas. Bien que je retienne beaucoup
de mots, je ne maîtrise pas certains. C’est le cas de kiep [faire l’amour]. S’il vous plaît,
d’où provient-il ?]
Les propos d’ELAN D’ANJOU DE PIMPIM (18) sont révélateurs de la variation
diaphasique du CFA. Il procède à l’évaluation de ses compétences en cette langue. Dans
son intervention, il applique la fonction métalinguistique qui se manifeste par l’explication
de certains termes, susceptibles de ne pas être décodés par ses interlocuteurs. Dans ces
conditions, nous avons : haya level (niveau élevé) et from le kho (depuis le pays). Cette
stratégie montre que les camfranglophones détiennent des niveaux variés en CFA. Ce
sentiment de la variation individuelle ressort également dans la réaction de CRYSTAL. Il
est conscient que son niveau de CFA est élémentaire. C’est d’ailleurs pour cela qu’il
sollicite l’aide des internautes pour lui expliquer le sens du mot kiep.Toutes ces
appréciations des compétences langagières individuelles révèlent que les locuteurs du CFA
ont des niveaux en fonction de leur degré d’appropriation. On aura ainsi : le niveau
élémentaire, le niveau courant et le niveau soutenu. Nous préférons le terme élémentaire à
familier, car il traduit une appropriation insuffisante des langues pourvoyeuses au CFA, qui
est à l’origine d’une maîtrise approximative, voire limitée de cette langue. Le niveau
courant, lui, se réfère aux usages du CFA, généralement communs à tous ceux qui ont une
maîtrise assez suffisante des principales langues présentes dans le CFA. Enfin le niveau
soutenu constitue une forme de CFA peu ou non pratiquée par les locuteurs des deux
premiers niveaux. Il se caractérise par des traits qui se veulent spécifiques au CFA. Ces
traits exigent une appropriation du camfranglais, caractérisé par la créativité et l’opacité
lexico-sémantique.
3. Quand parler du CFA dans les réseaux sociaux c’est lui
revendiquer des statuts et des fonctions
L’un des problèmes que rencontre le CFA dans le champ sociolinguistique du Cameroun
est l’absence des fonctions et des statuts institutionnels, ainsi que sa reconnaissance comme
langue, dans certains discours métalinguistiques. A cet effet, les propos de Boum Ndongo
Semengué (2013 : 28) témoignent à suffisance de cette exclusion du CFA du repertoire des

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langues au Cameroun : « en dehors des langues africaines proprement dites se trouvant dans
les trois (3) phylums […], on retrouve le pidgin-english parlé dans tout l’ouest du pays
(Région du Sud-Ouest, Nord-Ouest et Ouest) et aussi dans les grandes villes. Il est
d’origine indo-européenne ». Parfois, le CFA et même le pidgin english- camerounais sont
souvent évoqués après avoir indiqué les 248 ou 250 langues que compte le Cameroun.
Paradoxalement à cette indifférence métalinguistique à l’égard du CFA, certains internautes
trouvent qu’il est prioritairement utilisé dans les grandes métropoles du Cameroun. C’est ce
qui ressort des énoncés suivants :
(20) Gars c'est les histoires. Moi je pense plutot le contraire. A Douala, le camfran
depuis les annees 90 a peu pres est devenu officiellement la 2e langue de la ville. Et tous
les jeunes de Douala que je connais, je dis bien tous parlent meme mieux cette langue la
que le francais (FBC, Ancien, Pourquoi les gens de doul ne kno pas pik le camfran ?
Nov 24, 2010).
(21) Si tu me dis 2e langue après le pidjin, je dis okay. Car je reconnais que le pidjin est
très bien emplanté à doul, alors qu’à yaoundé c’est un langage assez marginal. A
Yaoundé, parmi les jeunes, le camfrang prime sur toutes les autres langues. Ca’adire
que ca kèm même avant le français. Et que l’on soit mouna for tété ou mouna for
mbrakata. Si tu makam un jeune a ngo qui dou comme s’il ne ya pas le camfrang, c’est
que c’est quelqu’un de snob. Même les tochmé de ngo torpoh le camfrang mo mo, avec
l’accent niang niang ! (FBC, Ancien, Pourquoi les gens de doul ne kno pas pik le
camfran ? 24/11/2010) [si tu me dis 2eme langue après le pidgin, je dis oui, car je
reconnais que le pidgin est très implanté à Douala, alors qu’à Yaoundé, c’est une langue
marginale. A Yaoundé, le CFA prédomine en milieu jeune, il vient avant le français.
Que l’on soit enfant de riche ou de pauvre, tous le parlent. Si tu vois un jeune de
Yaoundé qui fait comme s’il ne pratiquait pas le CFA, il faut savoir que c’est quelqu’un
de snob. Même les riches de Yaoundé parlent bien le CFA]
Pour ANCIEN, le CFA est la deuxième langue officielle à Douala. Sans doute, l’internaute
appréhende la langue officielle comme celle qui est reconnue et pratiquée par la majorité
des jeunes urbains. Il s’agit donc de la vitalité du CFA. Selon l’ordre d’usage, ce CFA est la
deuxième langue après le pidgin english. L’internaute fait valoir que le français est
marginalisé dans cette ville, car il vient après le CFA. Mais il demeure qu’il prédomine
dans des situations de communication des jeunes de Yaoundé. Autant dire que’ANCIEN
considère le CFA comme deuxième langue majoritaire dans la ville de Douala et première
langue majoritaire chez les jeunes de Yaoundé. Par ailleurs, il n’est pas la langue des
marginalisés de la société camerounaise. C’est la langue de tous les jeunes, quelle que soit
l’échelle sociale à laquelle ils appartiennent. Outre ces positionnents, il y a des forumeurs
qui postulent l’officialisation du CFA au sens politique cette fois-ci :
(22) AUCUNE ! Je dis bien AUCUNE ! C'est nada, nièt (non), hors de question
! D’ailleurs, si ca ne dépendait que de moi on devait interdire l’usage de ces langues
nationales dans tous les lieux publics. Le patois c’est pour le village et la maison ! Je
préfère même encore qu’on érige le camfran en langue offcielle. Tendance (FBC,
Ancien, Et la langue est, 30/04/2012).
(23) Notre toppo devrait deja avoir 1h par semaine au school (et non obligatoire pour un
debut) […]. Les autres cours au school doivent rester normalo en french et en anglais
MAIS il faut legaliser ce toppo et put dans les manuelles. Dans ce Camer qui tend vers
le tribalisme ce way est une arme strong pour combattre car il rassemble all les mot du
mboa (CIN, @Ozazip, FranAnglais : New language for divided Cameroon, 23/02/2007)
[notre langue devait déjà avoir une heure par semaine dans l’enseignement (et non
obligatoire pour un début) […]. A l’école, les autres cours doivent se faire normalement
en français et en anglais. Mais il faut accorder des statuts officiels à cette langue et en

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produire des ouvrages. Dans ce Cameroun qui tend vers le tribalisme, cette langue est
une arme puissante pour le combattre, car elle rassemble tous les peuples du pays]
(24) How que le djo la falla a formater notre jeunesse. Moi je ya mo le camfranglai et
c'est sure que le way la rapproche all les camers. le kengué la ne know mm pas que de
paris à johannesbourg et de rio de janeiro à casablanca quant tu nyè un camer tu lui ask
d'abord que c'est how mbom. Heureusement qu'il y a l'hunanimité sur CIN aumoins sur
ce sujet. Quand les ways begin il y a tjrs les réticences, je me souviens dans les années
90 quand mon pater ne yaai pas mo qu'on speak le camfranglais à la piole en 2000 ctai
lui qui lancai les débats en camfranglais. Le mbom qui veux devenir président du camer
j'espere que dans ton programme tu nous prévois un comité de reflexion sur le
camfranglais d'ici 2020 pourquoi ne pas en faire notre langue nationale… notre langue
nationale (CIN, Bantouclan, FranAnglais : New language for divided Cameroon,
22/2007) [comment est-ce que cet homme cherche à détourner notre jeunesse. Moi
j’aime le CFA et c’est sûr qu’il rassemble tous les Camerounais. Ce fainéant-là ne sais
pas que de Paris à Johannesburg et de Rio de Janeiro à Casablanca, quand tu rencontres
un Camerounais, tu lui demandes d’abord que c’est comment mbom [homonyme en
ewondo, il marque ici une apostrophe affective]. Heureusement qu’il y a l’unanimité sur
CIN (camerooninfo.net) sur ce sujet. Quand les choses commencent, il y a toujours des
réticences, je me souviens que dans les années 90, mon père ne voulait pas que nous
parlions le CFA à la maison. En 2000, c’était lui qui initiait des débats en cette langue.
L’homme qui veut devenir président du Cameroun, j’espère que dans ton programme, tu
nous prévois un comité de réflexion sur le CFA d’ici 2020. Pourquoi ne pas en faire
notre langue nationale ?]
(25) Le Cameroun reste un pays a part. Nous avons plus de 240 langues maternelles: s'il
faille que nous nous y attardions dans le but de traduire des documents et autres je suis
sur que meme dans 100 ans nous y serons encore pendant que d'autres seront entrain de
reflechir sur comment faire pour transformer la poussiere en argent. Si, on m avait par
exemple dit, officialisons et canalisons le "pijin ou le camfranglais" pour que ce soit une
langue nationale et parle' par tous les camerounais, jaurais dit d accord car partout au
moins, les camerounais auraient eu la chance d'oublier ce qui tribalise encore un peu
plus notre pays (J'ai nomme' langue maternelle): C'est ma facon de voir et, ca n engage
que moi (CIN, Pioncarin, Dialecte : Langues maternelles, préalables pour le
développement, 19/04/2010).
ANCIEN, @OZAZIP, BANTOUCLAN et PIONCARIN développent une terminologie
variée en lien avec le CFA : langue officielle, langue nationale, légaliser, officialisons.
Malgré la substilité de ces concepts, ils laissent entrevoir les aspirations de ces trois
internautes. Ils préconisent une reconnaissance institutionnelle du CFA, dont la
manifestation serait l’attribution des statuts spécifiques. Ils donnent plusieurs raisons à ce
sujet. Au lieu de rendre les langues nationales officielles, il serait préférable d’ériger le
CFA en langue officielle, car celles nationales portent les germes du tribalisme.
La dénomination langue nationale par BANTOUCLAN et PIONCARIN mérite qu’on s’y
attarde un tant soit peu. En effet, dans leurs propos, on relève une opposition entre langues
maternelles et langues nationales. Généralement, les discours métalinguistiques considèrent
les langues nationales comme celles qui sont inhérentes à l’identité linguistique intrinsèque
du Cameroun, dotées d’une charge ethnologique. On note d’ailleurs un déploiement de
synonymes, selon les auteurs : langues nationales, langues autochtones, langues identitaires,
ethniques, langues locales et langues camerounaises. Selon BANTOUCLAN, le CFA serait
une langue nationale puisqu’il a un ancrage géographique (principe de la territorialisation)
et intègre plusieurs composantes linguistiques endogènes. Sa spécificité serait le consensus
à l’échelle nationale et non ethnologique ou tribale. Dans ces conditions, il propose au futur

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chef d’Etat du Cameroun de mettre sur pied un comité de réflexion sur le CFA, dans une
optique d’attribution des statuts officiels ; l’enjeu étant de réduire le tribalisme que
favoriseraient les langues camerounaises.
4. Au-delà des discours scientifiques : une contribution
glottopolitico-profane pour un développement durable par des
langues
L’aménagement linguistique, dans le cadre glottopolitique, ne peut se passer des aspirations
sociales, car c’est la société, dans toutes ses composantes, qui pratique des langues à des
fins utilitaires. Toute politique linguistique qui se veut efficace devrait tenir compte des
représentations et des attitudes sociales à l’égard des langues. Dans ces conditions, les
discours analysés révèlent un intérêt macrosociolinguistique. Ils permettent de saisir les
images sociales que certains Camerounais ont du CFA, qui repose sur une hybridité sociale
et linguistique. La première se justifie par le fait qu’il brise les frontières socio-ethniques et
favorise, non pas une identité sociale spécifique, mais globale. La seconde tient au fait que
cette langue, telle que perçue par les internautes, traduit l’unité linguistique camerounaise
dans toute sa diversité linguistique. Un tel positionnement sociolinguistique amène certains
intervenants à proposer que le CFA devienne une langue nationale, au détriment des
langues locales qui peuvent entretenir des fragmentations tribales. Mais pour que ce statut
lui soit accordé, il faudrait d’abord procéder à sa documentation, notamment la production
des dictionnaires et des grammaires. Les internautes n’hésitent pas à faire des propositions
dans le champ des politiques éducatives (23).
Enseigner le CFA vise à protéger un patrimoine linguistique national à léguer à la
postériorité. Les positionnements qui apparaissent dans ces discours métalinguistiques
posent la problématique de la dynamique du CFA. Elle se manifeste au niveau social et
linguistique.
Relativement au premier niveau, cette dynamique apparaît dans les représentations
positives formulées par des internautes. Il est de moins en moins stigmatisé par la société.
Son usage est visible dans plusieurs domaines : politique, artistique, etc. Sa pratique ne se
limite pas au Cameroun. Il traverse les pays et les continents. Les non Camerounais le
pratiquent dans leur art musical, il est utilisé par des acteurs sociopolitiques en cas de
nécessité, etc. GADJERE (26) et MERVEILLE (27) évoquent d’ailleurs cette dynamique
sociale du CFA :
(26) En ce qui me concerne, je ne suis plus surpris, encore moins en délire lorsque je
vois un européen parler camfranglais. Lorsque j'encourage des connaissances d'aller
visiter le Cameroun, je leur recommande de faire attention (comme dans n'importe quel
pays d'ailleurs) mais de ne pas s'éloigner de la population. C'est seulement ainsi que l'on
se fait une véritable idée du pays. Ceux des camerounais qui vivent à l'étranger au
quotidien sont aussi appelés à modifier leur accent, c'est normal. Dans la musique, Pit
Baccardi, Yannick et autres vivent en France et chantent en français
Avec un accent non-camerounais. Côté accent, je suis plus impressionné par cette
Italienne qui parle le camfranglais avec un accent Bamiléké (GADJERE, CIN,
Cameroun - Musique - VIDEO: Le Pays est sucré (par Alex): « Mes frères, arrêtons de
whitiser, moi je dis qu’il faut camerouniser).
(27) Alex t’es cool et un vrai Français, le genre que Merveille aime…Moi je me
comporte, j’n’attends pas qu’on me porte hehehehe !!!!Voici une autre qui camerounise
grave, son camfranglais est mortel !!!!
On dirait ma camarade de fac venue tout droit de Bansoa. lol! (MERVEILLES, CIN,
Cameroun - Musique - VIDEO: Le Pays est sucré (par Alex): «Mes frères, arrêtons de
whitiser, moi je dis qu’il faut camerouniser ).

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Les propos ci-dessus révèlent que le CFA n’est plus seulement parlé par des Camerounais.
Il est pratiqué par un artiste français, notamment Alex, dans sa chanson Le Pays est sucré:
Mes frères, arrêtons de whitiser, moi je dis qu’il faut camerouniser). GADJERE révèle
aussi qu’il est parlé par une Italienne. Quoi qu’il en soit, le CFA favorise l’intégration des
non Camerounais dans des communautés de communication au niveau national et
diasporique. Il est tout à fait évident que la communauté des camfranglophones se trouvant
dans certaines villes européennes attire la curiosité des autres communautés qui peuvent
vouloir intégrer celle parlant le CFA, pour des besoins d’altérité sociale. Dans ces
conditions, nous pouvons dire que le CFA bénéficie de trois dynamiques : interne, externe
et représentationnelle.
La dynamique interne se manifeste au niveau de son enrichissement lexical et surtout par
des propositions de régulations systémiques, doublées de variations diachronique,
diatopique et diaphasique évoquées par des internautes. La dynamique externe est perçue au
niveau du champ d’extension des pratiques du CFA (communication commerciale, sociale,
artistique, etc.). Quant à la dynamique des représentations, elle se réfère aux différentes
images qui se construisent autour du CFA, notamment des images négatives, développées
dans les premières études des années 1990 et celles positives des années 2000 (Eloundou
Eloundou et Tsofack, à paraître). Ces différentes représentations apparaissent aussi bien
dans les discours métalinguistiques qu’épilinguistiques. Ces trois dynamiques amènent à
penser que le CFA s’imposera davantage dans le champ sociolinguistique camerounais. A
cet égard, sa disparition semble incertaine.
Les discours des internautes montrent donc la nécessité de prendre en compte les points de
vue des acteurs glotto-profanes dans le cadre d’une glottopolitique au service d’un
développement durable stimulé par des langues, car
une politique démocratique de la langue exige une information
linguistique en deux directions. En direction des « décideurs »,
qui doivent prendre conscience que les mesures
glottopolitiques ne trouvent leur efficacité que dans la
conviction des usagers. Ceci ne passe pas essentiellement par
une amélioration de leur rhétorique : tous les usagers doivent
participer à l’enquête, à la discussion, à la décision. Les
problèmes qui viendront en débat auront nécessairement alors
des aspects autres que proprement linguistiques : les
responsables devront comprendre que, loin d’organiser
seulement un débat sur la langue, c’est forcément dans une
confrontation sur les rapports d’interaction entre identité
sociale et pratiques langagières qu’ils sont engagés. Cette
confrontation a chance d’être surmontée seulement si la masse
des utilisateurs est mise en mesure de participer à la réflexion,
de formuler ses problèmes, et de dépasser les affirmations d’un
pseudo bon sens. Une vaste politique d’information langagière
est donc nécessaire, afin d’ébranler des certitudes trop
commodes et susceptibles de bloquer le débat ; la négation du
droit d’autrui à la parole, par exemple, est largement acceptée ;
or, puisque chacun est usager du langage, tous peuvent dire
leur mot sur leurs besoins langagiers, et il serait important que
tous puissent se forger leurs représentations langagières dans la
liberté que donne la connaissance langue (Guespin et
Marcellesi, 1986 :8).

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Quoi qu’il en soit, l’étude des représentations des internautes présente trois intérêts
majeurs. Un intérêt en sociolinguistique, un intérêt en politique linguistique camerounaise
et un intérêt en linguistique française.
Le premier, qui n’est pas nouveau, permet de cerner la place des discours épilinguistiques
de la société dans la saisie de la notion de langue. Les cas que nous avons analysés attestent
de la pertinence de la considération sociolinguistique de langue qui s’oppose à la définition
structuraliste. Il ressort des discours étudiés que ce qui est pris comme langue (le CFA)
n’est pas ce qu’envisage la linguistique structurale. Quand l’appréhension saussurienne
privilégie les notions de système et de langues naturelles ; celle sociolinguistique accorde
une primauté aux représentations sociales. Dans ces conditions, est langue, non pas
nécessairement ce qui présente un système formalisé dans des ouvrages et doté de statuts
officiels, mais ce que la société considère comme langue. Cette appréhension devrait être
complétée par une systématisation linguistique, dont la manifestation se trouve au niveau de
la production des grammaires et des dictionnaires, s’inspirant des règles d’usage : le but
visé étant l’enseignement de l’entité linguistique formalisée. Les internautes qui prennent le
CFA pour une langue soulignent d’ailleurs cette nécessité de codification. On constate donc
que la visée sociolinguistique en lien avec des langues ne renie pas la codification des
systèmes linguistiques.
S’agissant de l’intérêt lié à la glottopolitique, les représentations analysées montrent que la
composante sociale doit être impliquée, comme le disent si bien Guespin et Marcellesi
(1986), au processus de politique linguistique. C’est la conjugaison des discours
métalinguistiques et épilinguistiques qui devrait guider les options glottopolitiques
nationales. Or au Cameroun, l’on constate que les décisions en matière de politique
linguistique reviennent exclusivement à l’Etat qui exploite les discours métalinguistiques,
occultant la composante sociale qui a des aspirations et des enjeux et surtout sur qui repose
le développement durable favorisé par des langues. On peut citer l’arrêté n° 08 /223/
MINESUP/ DDS du 03 septembre 2008 qui crée la filière Langues et Cultures
camerounaises à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé, la Loi n°2004/019 du 22 juillet
2004 relatives aux règles applicables aux régions et la Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004
fixant les règles applicables aux communes. Ces différents textes de lois précisent les
modalités de promotion des langues locales à l’échelle régionale et départementale. A notre
connaissance, ces décisons n’avaient pas été formulées en tenant compte des aspirations
sociales, non pas dans l’optique de valider nécessairement les désirs de la société, mais de
les comprendre et les analyser, afin de prendre des mesures adéquates pour une bonne
gestion de la politique linguistique nationale. Il est d’ailleurs pertinent de constater que les
internautes, qui donnent des points de vue symptomatiques de la composante sociale dans
cette analyse, préfèrent que le CFA soit enseigné et érigé en langue officielle, au détriment
des langues locales.
Quant à l’intérêt en linguistique française, l’étude met en exergue
l’acclimatement/acclimatation du français en Afrique noire francophone (Calvet, 2000). Si
l’on tient compte du fait que le français, dans sa composante variationniste, est la principale
langue pourvoyeuse au CFA, les données analysées montrennt la capacité de cette langue
importée à générer d’autres formes langagières. C’est donc l’une des manifestations de sa
dynamique interne. Le CFA, né du français parlé au Cameroun est à la recherche de sa
démarcation tant sociale que linguistique. Cette double démarcation se lit à travers les
discours épilinguistiques que nous avons étudiés. C’est pourquoi Calvet (2000 : 74) pense
que « le français est peut-être en train de s’acclimater en Afrique, d’y remplir une fonction
identitaire […], d’y prendre des formes spécifiques qui annonceraient à terme l’émergence
d’une nouvelle génération de langues autonomes ». Le CFA peut donc être compté parmi
cette nouvelle génération de langues.

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Conclusion

Au terme de cette réflexion, il apparaît que nonobstant certains discours métalinguistiques


ne considèrent pas le CFA comme une langue, les internautes de forumbonaberi.com et
cameroon-info.net construisent des frontières entre le français parlé au Cameroun, le
pidgin english et le frananlais. A cet effet, un accent particulier est mis non seulement sur
l’identité linguistique du CFA, mais aussi sur ses considérations sociales. Le but sous-
jacent des internautes est de mettre en exergue les spécificités du CFA. On constate donc
que la médiatisation qui caractérise les sociétés modernes favorise l’émergence d’une forme
d’agora où les acteurs réfléchissent à des problématiques sociales comme la langue. Elle
donne l’occasion aux acteurs sociaux d’exprimer leur attitude, leurs aspirations, les tensions
sociolinguistiques ainsi des propositions en matière de glottopolitique. Ces discours
peuvent logiquement avoir une incidence sur la glottopolitique nationale, puisqu’ils sont
susceptibles de canaliser les décisions en matière de politique linguistique. Par ailleurs,
l’intérêt de cette étude, par rapport à la linguistique française, est qu’elle permet de saisir
les tensions sociolinguistiques et les modalités de représentations impliquant le français et
le CFA. Dès lors, les camfranglophones prennent trois postures : acteurs sociaux,
sociolinguistes et grammairiens. Il serait d’ailleurs intéressant d’étudier les discours
épilinguistiques et métalinguistiques, en ciblant quelques paradigmes ; afin de cerner les
similitudes et les dissimilitudes.

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