Liberté Contractuelle
Liberté Contractuelle
Liberté Contractuelle
La liberté contractuelle est la pièce maîtresse de la théorie générale des obligations et contrats, c’est
la base de tout équilibre contractuel qui se respecte. Une liberté dont dispose tout particulier de
conclure ou de s’abstenir avec les personnes de leur choix et de la manière dont ils désirent.
Autrement dit, la liberté contractuelle permet aux futurs contractants de fixer eux-mêmes et de
façon autonome le contenu de leurs conventions et les obligations ainsi que les droits qui leur
conviennent.
Par ailleurs, cette liberté contractuelle implique que chacun est libre de contracter, de choisir son
contractant, et de choisir le contenu du contrat dans la limite de l’ordre public. Cette liberté repose
sur une idée simple et claire, chacun est libre d’établir ou ne pas le faire, des liens juridiques
générant des obligations et des droits, avec une autre personne de la manière qu’elles estiment leurs
convenir et c’est ici que l’on peut facilement établir une passerelle avec le principe de l’autonomie de
volonté. En principe, personne ne peut contraindre une autre personne de se contracter contre sa
volonté, et dans le même sens chacun est libre d’accepter ou refuser une offre et même après la
conclusion du contrat, les parties sont libres de la révoquer par accord mutuel, mais chaque principe
a ses exceptions.
Toute obligation doit être fondée sur la volonté. Il n'y a d'obligation que volontaire. Ce principe
repose sur la croyance en la liberté et l'égalité naturelles de l'homme. Les hommes naissent libres et
égaux. La volonté et le consentement qui matérialisent cette liberté suffisent à lier les parties, pas
besoin de formalité particulière, la volonté est souveraine et n'a pas besoin de support pour produire
ses effets et lier les parties ; c’est le principe du consensualisme par opposition au formalisme.
L'article 1102 du code civil français synthétise désormais ces applications : Chacun est libre de
contracter ou de ne pas contracter, de choisir son cocontractant et de déterminer le contenu et la
forme du contrat dans les limites fixées par la loi. La liberté contractuelle ne permet pas de déroger
aux règles qui intéressent l'ordre public. Sur le plan de la forme, le seul échange des consentements
suffit à parfaire le contrat.
La volonté ne serait plus souveraine si, pour créer des obligations, on devait se soumettre à une
quelconque formalité. Au niveau des effets, le principe développe deux conséquences importantes :
La standardisation du contrat se traduit de plus en plus par l’utilisation des contrats types qui
constituent souvent le contenu de contrats d’adhésion, et ce contrat doit respecter l’ordre public.
Le contrat est un accord de volontés libres et égales. Les parties placées sur le même pied d’égalité,
discutent les conditions de leur engagement et leur accord ne peut être que juste. Ce schéma de
formation du contrat se déduit du principe de l’autonomie de la volonté. Ces contrats existent
toujours, mais parallèlement se sont développés de nouveaux contrats, où les parties, d’inégale force
économique et sociale, n’ont plus la possibilité de discuter les conditions de leur engagement et où la
partie forte dicte ses conditions à la partie faible. Ce schéma qui correspond très largement à l’état
des relations contractuelles modernes, répond aux caractères et à la définition du contrat
d’adhésion.
Le contrat d’adhésion est celui où l’un des contractants, plus puissant économiquement, dicte sa
volonté à l’autre, ce dernier pouvant seulement adhérer ou ne pas adhérer aux clauses qui lui sont
proposées. Le code civil français définit ce contrat dans son article 1110 comme celui dont les
conditions générales, soustraites à la négociation, sont déterminées à l’avance par l’une des parties.
En raison des conditions de leur formation, les contrats d’adhésion posent le problème de la
protection des adhérents victimes d’abus en raison de la présence fréquente, dans ces contrats, de
clauses abusives. Les dangers du contrat d’adhésion sont réels, mais il ne s’agit pas de les interdire
car ils répondent à un besoin réel de rationalisation de la gestion des entreprises, qui ne peuvent plus
se permettre de discuter, un à un, les contrats proposés. Mais il importe d’en limiter les dangers afin
de préserver un minimum d’équilibre contractuel et d’empêcher que les contractants en situation de
force n’abusent de leur situation au détriment des consommateur adhérents.
En effet certains auteurs sont allés jusqu’à nier la nature contractuelle des contrats d’adhésion et les
assimiler à des actes réglementaires pour conférer aux juges un droit de contrôle analogue à celui de
l’annulation des actes administratifs pour excès de pouvoir. Le droit marocain n’est pas allé jusque-là.
Le législateur s’est contenté d’encadrer les contrats où les abus étaient plus flagrants (ex : contrat de
travail). Le contrat d’adhésion reste donc soumis au droit commun et la marge de manœuvre du
juge, tenu au respect de la volonté des parties et de la force obligatoire des contrats, est
singulièrement limité. Cette évolution et cette tendance se sont confirmées avec la loi 31-08 du 18
février 2011 édictant des mesures de protection du consommateur qui prévoit une réglementation
plus générale des clauses abusives.
L’ordre public traditionnel était surtout politique et moral, l’ordre public moderne est plutôt
économique et social. L’ordre public se traduit donc par un accroissement considérable des
restrictions apportées à la liberté contractuelle, soit en vue de l’organisation des échanges et de la
direction de l’économie, soit en vue de la protection des contractants faibles. Dans le cadre de cette
liberté de choisir son cocontractant, parfois le contractant ne dispose pas toujours de cette liberté
absolue de choix, prenons l’exemple du commerce de détail où le commerçant ne choisit pas ses
clients de passage, des clients qui disposent aussi leur liberté de pouvoir s’approvisionner dans tous
les magasins destinés à cette fin. Logiquement et partant du principe de la liberté de choisir son
contractant, le commerçant doit avoir cette capacité de sélectionner les personnes avec qui il désire
se contracter, chose non admise et peu raisonnable, et parfois même sanctionnée.
Ce concept et cette capacité de choisir son cocontractant est certes légitime et applicable, mais ce
n’est pas un principe général applicable à tous les contrats, il y a bien des domaines où existe une
certaine obligation de contracter, et le refus n’est tolérable que pour des motifs légitimes.
En France et au Maroc, le choix de l’autre partie peut faire l’objet de certaines dispositions d’ordre
public écartant ainsi la volonté des parties à faire leur propre choix de leur cocontractant. C’est ainsi
que les prisonniers de guerre, depuis la loi du 26 Avril 1924, et les travailleurs handicapés, depuis la
loi du 23 Novembre, modifiée par celle du 30 Juin 1975, bénéficient d’une priorité d’embauchage.
Les employeurs sont tenus d’employer un certain pourcentage de travailleurs prioritaires dont le
taux est fixé pour l’ensemble du territoire ou pour une région. Au Maroc, les dispositions les plus
contraignantes dans le cadre de la liberté contractuelle sont celles qui accordent un droit de
préemption dans certaines situations, ce principe permet de donner la priorité d’acquisition d’un
bien à une personne titulaire du droit de préemption, lui permettant ainsi de se substituer à
l’acquéreur, chose qui contredit encore une fois le principe du libre choix de son cocontractant.