Poly STI tc1 2021-2022
Poly STI tc1 2021-2022
Poly STI tc1 2021-2022
Equipe Électronique
Tronc Commun - UE STI
Cours STI tc1 Systèmes Électroniques
2021-2022
Unité d'Enseignement
Science et Technologie de l'Information
Systèmes Électroniques
1 PRE-REQUIS 1
1.1 ÉLECTRONIQUE ANALOGIQUE 1
1.1.1 GRANDEURS 1
1.1.2 IMPEDANCES 1
1.1.3 ALIMENTATIONS 3
1.1.4 MAILLES 6
1.1.5 APPROCHE QUADRIPOLAIRE 9
1.1.6 FILTRES LINEAIRES DU 1 ORDRE 16
1.1.7 AMPLIFICATEURS OPERATIONNELS (AOP) 17
1.2 ÉLECTRONIQUE NUMERIQUE ET LOGIQUE 18
1.2.1 CODAGE BINAIRE 18
1.2.2 CODAGE HEXADECIMAL 19
1.2.3 ALGEBRE DE BOOLE 19
4 L'INVERSEUR CMOS 87
4.1 ARCHITECTURE ET FONCTION DE TRANSFERT 88
4.1.1 ARCHITECTURE 88
4.1.2 FONCTIONNEMENT STATIQUE 89
4.1.3 UTILISATION D'UN INVERSEUR CMOS 92
4.2 L'INVERSEUR CMOS : ETUDE DYNAMIQUE PETIT-SIGNAL 93
4.2.1 MODELE PETIT-SIGNAL DE L'INVERSEUR CMOS 93
4.3 L'INVERSEUR CMOS NUMERIQUE 96
4.3.1 INTRODUCTION 96
4.3.2 NOTIONS PRELIMINAIRES : ROBUSTESSE ET PERFORMANCES 96
4.3.3 FONCTIONNALITE 97
4.3.4 ROBUSTESSE 98
4.3.5 PERFORMANCES 102
4.3.6 ÉTUDE AU PREMIER ORDRE 105
4.3.7 ÉTUDE STATIQUE DE L'INVERSEUR CMOS NUMERIQUE 107
4.3.8 PERFORMANCES DE L'INVERSEUR CMOS NUMERIQUE 109
4.3.9 CONSOMMATION STATIQUE DE L'INVERSEUR CMOS NUMERIQUE 112
4.3.10 CONSOMMATION DYNAMIQUE DE L'INVERSEUR CMOS NUMERIQUE 112
4.3.11 PRODUIT ENERGIE-DELAI (EDP, ENERGY-DELAY PRODUCT) 114
4.4 CONCLUSION 115
5 LOGIQUE COMBINATOIRE 116
5.1 PORTES LOGIQUES COMBINATOIRES 117
5.1.1 PORTE INVERSEUSE (NOT) 119
5.1.2 PORTE NON-ET (NAND) 119
5.1.3 PORTE NON-OU (NOR) 121
5.1.4 PORTE COMPLETE 122
5.1.5 PORTE SIMPLES 122
5.2 SYNTHESE COMBINATOIRE 125
5.2.1 TABLE DE VERITE 125
5.2.2 TABLEAU DE KARNAUGH 126
5.2.3 LES "DON'T CARE" 128
5.2.4 IMPLEMENTATION PHYSIQUE 129
5.3 BLOCS COMBINATOIRES 130
5.3.1 AIGUILLEURS 130
5.3.2 ADDITIONNEUR ET SOUSTRACTEUR N BITS 130
ANNEXE 162
8.1 RAPPEL DE PHYSIQUE DU SEMICONDUCTEUR 162
8.1.1 POTENTIEL DE SURFACE 162
8.1.2 POTENTIEL DE FERMI 162
8.1.3 ÉTUDE DANS LE CAS GENERAL 163
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
1 Prérequis
1.1 Électronique analogique
1.1.1 Grandeurs
Les grandeurs caractéristiques sont les tensions ou potentiels (notées U, u, V ou v),
et les courants (I ou i). Nous adoptons les conventions suivantes : majuscule pour les
grandeurs continues (statiques), et les minuscules pour les signaux alternatifs (dynamiques).
Les unités sont les volts (tension) et les ampères (courant).
1.1.2 Impédances
Les composants passifs usuels (résistance, capacité, inductance) sont caractérisés par
leur impédance Z. Nous pouvons définir l'impédance comme la "résistance équivalente" à
une fréquence donnée. L'admittance est l'inverse de l'impédance Y = 1 / Z (unité : S, ou
Siemens). Tous les composants que nous allons voir dans cette section sont des dipôles
passifs.
Résistance
La résistance R a comme unité l'ohm (Ω). Son impédance est réelle et constante avec
la fréquence :
ZR = R
Equation en statique : U = R . I
Equation en dynamique : u(t) = R . i(t)
Capacité
La capacité (ou condensateur) C a comme unité le farad (F). Son impédance est
complexe (ce composant introduit un déphasage entre tension et courant), et varie avec la
fréquence :
ZC = 1 / jωC
ω est la pulsation (unité : rad.s-1) et vaut ω = 2πf, ou f représente la fréquence (en Hz,
Hertz) du signal d'intérêt.
Son impédance est donc infinie en continu, élevée pour des signaux de faible
fréquence, et faible pour des signaux de haute fréquence. Sa caractéristique est de type 1/x.
1
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Inductance
L'inductance L (ou self, appelée aussi bobine) a comme unité le Henry (H). Son
impédance est complexe (ce composant introduit un déphasage entre tension et courant), et
varie avec la fréquence :
ZL = jωL
Son impédance est donc nulle en continu, faible pour des signaux de faible
fréquence, et élevée pour des signaux de haute fréquence. Sa caractéristique est linéaire.
Associations de dipôles
Dans le cas d'une mise en parallèle de dipôles, le courant traversant l'ensemble est
égal à la somme des courants de chacune des dipôles ; et la tension aux bornes de
l'ensemble est égale à la tension présente aux bornes de chaque dipôle. L'admittance
équivalente est égale à la somme des admittance des dipôles soit
2
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
1
Z eq = n
1
∑Z
1 i
Conclusion
Quelle que soit l'impédance Z, la relation u(t) = Z . i(t) reste valable.
Les impédances non fixes en fonction de la fréquence (1/jωC et jωL) permettent de
créer des circuits ayant une réponse en fréquence caractéristique (non constante).
Ainsi, il est par exemple possible de réaliser des circuits coupant des fréquences
faibles, élevées, ou des combinaisons (conception de filtres). Cette notion sera vue dans le
paragraphe filtres linéaires du 1er ordre.
1.1.3 Alimentations
(a) (b)
Figure 4 : Symboles des sources de tension idéales (a) et des sources de courant idéales (b)
Source de courant
Nous appelons source de courant idéale, un dispositif qui délivre un courant constant
quelle que soit la tension à ses bornes (cela implique que la puissance que peut délivrer la
source est théoriquement infinie).
Si le courant diminue lorsque la tension aux bornes de la source augmente, nous
parlons alors de source de courant non-idéale. Une source de courant non-idéale est
représentée par une source de courant idéale en parallèle d'une résistance de source Rsource
qui représente la perte en courant quand la tension augmente : plus celle-ci augmente, plus
le courant traversant Rsource est élevé et donc moins il y a de courant disponible pour
alimenter le dispositif aux bornes de la source.
Le calcul de la valeur de la résistance de source est aisé : elle est égale à l'inverse de
la pente de variation de I = f (V) comme montré figure 5.
Il est à noter que pour une source de courant idéale, Rsource est infinie. Une mise en
parallèle de plusieurs sources de courant revient à additionner leur effet.
3
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Source de tension
Nous appelons source de tension idéale, un dispositif qui délivre une tension
constante quel que soit le courant demandé à ses bornes (cela implique que la puissance
que peut délivrer la source est théoriquement infinie). Si la tension diminue lorsque le
courant demandé aux bornes de la source augmente, nous parlons alors de source de
tension non-idéale.
Une source de tension non-idéale est représentée par une source de tension idéale
en série d'une résistance de source Rsource qui représente la perte en tension quand le
courant augmente : plus celui-ci augmente, plus la tension aux bornes de Rsource est élevée et
donc moins il y a de tension disponible aux bornes du dispositif.
Le calcul de la valeur de la résistance de source est aisée : elle est égale à la pente de
variation de V = f (I) comme montré figure 7.
Il est à noter que pour une source de tension idéale, Rsource = 0. Une mise en série de
plusieurs sources de tension revient à additionner leur effet.
5
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
1.1.4 Mailles
Généralités
Cette section est destinée aux calculs des tensions et des courants dans un circuit.
Nous considérons le circuit de la figure 9.
La question est de calculer la tension de sortie Vs par rapport à la tension d'entrée Ve,
en fonction de l'ensemble des impédances Z du circuit. Pour cela, il faut s'intéresser aux
calculs des tensions aux bornes de chaque impédance, et donc s'intéresser au courant qui
traverse chaque impédance. Si rien n'est indiqué, nous considérons que Vs n'est pas
connecté, où que la connexion ne modifie pas le potentiel du nœud.
6
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le courant circulant d'une tension élevée vers une tension faible, les sens des
courants sont pris comme représenté1 figure 10.
Ve - VA = Z1 . I1 et I2 = I1 – I3
VA – 0 = Z3 . I3 et I4 = I2
VA – VB = Z2 . I2
VB – 0 = Z4 . I4 et VB = Vs
De I2 = I1 – I3 :
VA − VS Ve − VA VA
= −
Z2 Z1 Z3
Or, VA – Vs = Z2 . I2, donc :
Z 2 .VS
VA = + VS
Z4
En remplaçant VA :
VS Ve Z2 V Z V
= − − S − 2 ⋅ VS − S
Z 4 Z1 Z1.Z 4VS Z1 Z3 .Z 4 Z3
De là, il vient :
⎛ 1 Z 1 Z 1 ⎞ V
VS ⋅ ⎜ + 2 + − 2 − ⎟ = e
⎝ Z 4 Z1Z 4 Z1 Z3 Z 4 Z3 ⎠ Z1
D'où l'expression finale :
VS 1
=
Ve Z1 + Z 2 − Z1 ⋅ Z 2 − Z1 + 1
Z 4 Z 4 Z3 ⋅ Z 4 Z3
1
Dans le cadre de la convention récepteur, courant et tension sont notés en sens opposés dans un dipôle passif.
7
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Méthodes de résolution
Pour faciliter les calculs, des formules mathématiques écrivent différemment la loi
d'Ohm.
1. Loi de Kirchhoff : en tout nœud, la somme des courants est nulle :
∑I
n
n =0
Ve − VA VA VA − VB
+ + =0
Z1 Z3 Z2
2. Loi de Millman : en tout nœud, la tension vaut la somme des courants divisée par
la somme des admittances :
∑n Vn ⋅ Yn
V =∑
n ∑Yn n
Sur l'exemple ci-dessus, en A :
Ces équations sont in fine identiques, mais le résultat est parfois plus direct, selon la
topologie du circuit.
8
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Un quadripôle (cf. figure 12) est une boîte noire dont nous ne représentons que les
entrées et les sorties en terme des courants et des tensions (dans un formalisme de
Kirchhoff). C'est une méthode couramment employée en électronique pour représenter et
formaliser n'importe quel système électronique. Si de plus le système est linéaire, nous
pouvons représenter les relations de transfert entrées-sorties en termes matriciels et utiliser
tout le formalisme matriciel pour la résolution des calculs.
Figure 12 : Quadripôle.
Paramètres z
Nous appelons (Z) la matrice d'impédance du quadripôle. Les équations associées à
ce quadripôle sont :
u1 = z11 . i1 + z12 . i2 (1.1)
u2 = z21 . i1 + z22 . i2 (1.2)
9
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Paramètres h
Nous appelons (H) la matrice hybride du quadripôle. Les équations associées à ce
quadripôle sont :
u1 = h11 . i1 + h12 . u2 (1.5)
i2 = h21 . i1 + h22 . u2 (1.6)
10
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
11
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Ces formules, qu'il n'est pas nécessaire de retenir par cœur, permettent ainsi le calcul
aisé de tout montage représenté par un quadripôle et deviennent encore plus intéressante
lorsque nous mettons plusieurs quadripôles en cascade.
Remarque importante :
En électronique, les systèmes analogiques que nous cherchons à créer sont des
systèmes pour lesquels la fonctionnalité est indépendante de la charge en sortie du
système2. Ainsi, la plupart des systèmes qui sont rencontrés en électronique auront une
tension de retour nulle - c'est à dire, un paramètre h12 de valeur nulle (ou que nous
chercherons par tous les moyens à minimiser).
Ainsi le modèle quadripolaire le plus couramment utilisé en électronique est celui de
la figure 17.
2
Cette approche est vitale dans le développement de systèmes réutilisables dans de multiples contextes et pour lesquels il est hors de
question que la fonctionnalité soit mise en défaut par une impédance de charge. On cherche ainsi à créer et utiliser des systèmes
présentant une quasi-séparation physique entre l'entrée et la sortie.
12
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Les deux derniers cas peuvent être vus comme des combinaisons hybrides des deux
premiers amplificateurs.
Amplificateur de tension
Le schéma se trouve figure 18.
3
Il est évident d'après ce qui précède qu'adopter une modélisation quadripolaire revient à formaliser le dispositif sous la forme d'un
amplificateur.
13
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Amplificateur de courant
Le schéma se trouve figure 19.
Amplificateur de transimpédance
Le schéma se trouve figure 20.
14
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Amplificateur de transconductance
Le schéma se trouve figure 21.
15
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Les calculs peuvent être identiques si nous considérons les impédances : le circuit
compose un diviseur de tension. Nous avons :
Z2
vs = Z2 . i et ve = (Z1 + Z2) . i donc vs / ve =
Z1 + Z 2
Circuit RC
1
Dans le circuit RC, Z1 = R et Z2 = 1 / jωC donc vs / ve =
1 + jRCω
Pour des fréquences (et donc pulsations) faibles, vs / ve ≈ 1 : filtre passe bas
Pour des fréquences (et donc pulsations) élevées, vs / ve ≈ 0
Etude temporelle du circuit RC
Nous considérons que le condensateur est déchargé à t=0, et que nous appliquons un
échelon de tension E (créneau).
E = R . i + vs
dvs
RC + vs = E
dt
vs = E (1 – e-t/RC)
vs = E . e-t/RC
16
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Circuit CR
Tracé des asymptotes : Pour calculer le gain, nous prenons le module de ces
fonctions de transfert :
1 RCω
GRC = et GCR =
2
1 + ( RCω ) 1 + ( RCω ) 2
Nous calculons usuellement les fonctions de transfert Vs / Ve en décibels.
⎛V ⎞ V
Pour les tensions : ⎜ s ⎟ = 20.log s . Ainsi nous obtenons les diagrammes de Bode
⎝ Ve ⎠ dB Ve
en gain de la figure 23.
La coupure du filtre commence (RC) ou finit (CR) à ω = ω0, pulsation pour laquelle4 :
4
On peut rappeler que la fréquence de coupure est la fréquence à laquelle la puissance du signal de sortie est divisée par deux par rapport
à sa puissance maximale. Une puissance étant homogène à une tension au carré, on retrouve le √2 de la formule donnée.
17
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
S = A0 . (e+ - e-)
Ze Zs A0
idéal infinie nulle infini
réel 106 Ω 100 Ω 106
18
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
0V 5V
-5V +5V
Pour coder des entiers ou des flottants, le codage se fait donc en base 2 5. Chaque bit
(BInary digiT) est donc associé à un poids en base 2 :
... 27 26 25 24 23 22 21 20
Décimal 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Hexadécimal 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 A B C D E F
19
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
1 0 0 1
1 1 1 1
Table 5 : Table de vérité des fonctions ET et OU.
Idempotence A. A = A
A+ A = A
Involution A=A
Éléments neutres A+0 = A
A.1 = A
Éléments absorbants A +1 = 1
A.0 = 0
Complémentation (unicité) A + A = 1 (loi du tiers exclus)
A. A = 0 (principe de contradiction)
Absorption A + A.B = A
A.( A + B) = A
Redondance A.B + A.C = A.B + A.C + B.C
Théorème de De Morgan A.B = A + B
A + B = A⋅ B
Commutativité A+ B = B + A
A.B = B. A
Associativité ( A + B) + C = A + ( B + C )
( A.B).C = A.( B.C )
Distributivité ( A + B).C = ( A.C ) + ( B.C )
( A.B) + C = ( A + C ).( B + C )
20
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
L’objectif de ce chapitre est d’introduire les notions de base de la physique des semiconducteurs,
en considérant en particulier comme exemple le silicium – le semiconducteur qui a permis la
création de la deuxième génération de transistors, puis les circuits intégrés (les « puces »). La
deuxième partie de ce chapitre sera consacrée pour illustrer un exemple de composants à
semiconducteurs : la jonction p-n.
21
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
22
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
La figure 1.a illustre la vision du modèle de Bohr avec pour exemple l'atome de silicium composé
d'un noyau (14 protons et 14 neutrons) et de 14 électrons périphériques (2 électrons sur la
couche K, 8 électrons sur la couche L et 4 électrons sur la couche M). La couche M (couche de
valence) est incomplète avec 4 électrons manquants. L'atome de silicium cherchera donc à
mettre les 4 électrons de sa bande de valence en partage afin de compléter cette dernière à 8
électrons. L'agencement des plusieurs atomes entre eux avec mise en commun des électrons de
valence forme ce que l'on appelle un cristal (cf. figure 1.b).
Les états énergétiques des électrons au sein du cristal sont quantifiés et se représentent de
manière similaire à celui de l'atome ; mais du fait du principe d'exclusion de Pauli1 les niveaux
d'énergie sont devenus des bandes d'énergie permises séparées par des bandes d'énergie
interdites (cf. figure 2.b) : on parle de quasi-continuum. Comme pour l'atome, les bandes
d'énergie accueillent un nombre limité d'atomes et les niveaux d'énergie les plus faibles sont
comblés prioritairement.
Figure 2: (a) Les niveaux d’énergie électronique discrets d’une atome. (b) Les bandes d'énergie
électronique d'un cristal.
1
deux électrons ne peuvent pas occuper le même état quantique.
23
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Avec EF qui représente le niveau de Fermi des électrons dans le dispositif, T la température et kB
la constante de Boltzmann. La figure 3 présente la fonction f(E) à température nulle (T=0K) et à
haute température (T≈300K). On note que :
• T=0K : f(E) est une fonction en escalier avec f(E<EF)=1 et f(E>EF)=0. Toutes les bandes
d’énergie en-dessous du niveau de Fermi sont totalement remplies et toutes ceux qui sont
au-dessus du niveau de Fermi sont vides.
• T>0K : La fonction d’escalier est « bavée » et on peut avoir f(E>EF)>0 avec une valeur de
E « pas trop loin » de EF. Ce comportement est d’autant plus important en augmentant la
température. Les bandes d’énergie au-dessus du niveau de Fermi peuvent être donc
peuplées avec une agitation thermique.
Il est à noter que la population d’électrons dans une bande d’énergie dépend du produit de la
fonction de Fermi f(E) et la fonction ρ(E) qui est la densité d'états électroniques4 dans cette
bande :
𝑛= 𝑓 𝐸 ∙ 𝜌 𝐸 ∙ 𝑑𝐸
2
Des particules de spin ½ dans la mécanique quantique.
3
À haute température, lorsque les effets quantiques ne se font plus sentir, la statistique de Fermi-Dirac tend vers la statistique de Maxwell-
Boltzmann ; il en est de même pour la statistique de Bose-Einstein qui régit les bosons.
4
Cette fonction est obtenue analytiquement en physique statistique à l’aide du modèle de gaz d’électrons.
24
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Les matériaux de cristaux solides sont divisés en trois classes : métaux, semiconducteurs et
isolants. Dans un premier temps, on peut définir d’une manière simple :
• Métaux : les matériaux qui ont une conductivité électrique non nulle même à
température nulle (i.e. T=0K).
• Semiconducteurs : les matériaux qui ont une conductivité nulle à T=0K mais deviennent
conductrice à haute température (i.e. T~300K).
• Isolants : les matériaux qui ont une conductivité nulle à toutes les températures.
La classification des solides peut être expliquée par la théorie des bandes d’énergie. En effet, la
conductivité est directement liée au remplissage des bandes : Les électrons d’une bande
d’énergie ne peuvent participer à la conduction électrique que si et seulement si cette bande est
partiellement remplie :
- Si la bande est complètement remplie, la présence d’un champ électrique extérieur
n’apporte aucune énergie supplémentaire aux électrons car tous les états d’énergie sont
occupés. Ces électrons sont donc dans des états localisés et ils ne peuvent pas participer
aux phénomènes de conduction électrique.
- En revanche, une bande partiellement remplie contient à la fois des électrons et des états
non-occupés. Ces derniers permettent des porteurs de gagner en énergie à la présence
d’un champ électrique extérieur, et donc participent à la conductivité du cristal. Les
électrons d’une bande partiellement peuplée sont alors des électrons de conductions. Ils
sont délocalisés dans le cristal et « quasiment » libres (ils subissent toujours l’influence du
réseau cristallin) 5.
Dans le cas des métaux, le niveau de Fermi se trouve au milieu d’une bande d’énergie (Figure
4.a). Comme cette bande est partiellement remplie même à température nulle, les électrons de
conduction sont donc toujours présents dans les métaux6.
Dans le cas des semiconducteurs et des isolants, le niveau de Fermi se trouve entre deux bandes
d’énergie (Figure 4.b et 4.c). On définit:
• Bande de Valence: la dernière bande électronique (i.e. celle de plus haute énergie)
totalement remplie à T=0K 7. Les électrons de la bande de valence sont communs à
plusieurs atomes en étant des électrons de valences, et assurent la cohésion du cristal
(entre atomes voisins). Au contraire, chaque électron des bandes situées en-dessous de la
bande de valence sont liés à un atome donné, en étant un électron interne.
• Gap : le nom donné à la largeur de la bande interdite qui sépare la bande de valence et la
5
Dans la suite de ce chapitre, on les appelle « électrons libres » par abus de langage.
6
Les comportements métalliques peuvent être aussi obtenus lorsqu’une bande vide et une bande remplie se chevauchent. Ce cas n’est pas
présenté sur la figure 3.
7
Du fait de l'agitation thermique, les électrons à une température supérieure à celle du zéro absolu sont susceptibles d'acquérir suffisamment
d'énergie pour s'échapper de leur orbite pour aller vers des orbites supérieures.
25
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Figure 4: La structure de bande d’un métal (a), semiconducteur intrinsèque (b) et isolant (c). La
couleur « sombre » représente le remplissage d’électrons à température nulle.
• Isolant : le gap est de plusieurs eV (généralement supérieur à 4eV)8. Il y a donc une très
forte séparation entre le niveau de Fermi et la bande de conduction. Cette dernière reste
donc vide même à forte température.
• Semiconducteur : le gap est proche de 1eV, donc une agitation thermique peut rompre
les liaisons de covalence pour « arracher » des électrons de valences et les peupler dans
la bande de conduction.
8
La limite entre les semiconducteurs et les isolants a été fixée de manière arbitraire à 4eV.
9
Pour rappel, l'énergie thermique kBT = 26 meV à 300K.
26
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Lorsqu'on élève la température (T>0K) ou lors d’une absorption de lumière, les électrons de la
bande de valence sont susceptibles d'acquérir suffisamment d'énergie pour briser sa liaison
covalente, quitter leur orbite initiale et rejoindre la bande de conduction. Chaque électron
promu à la bande de conduction laisse une « absence » dans la bande de valence – une « case »
vide correspondant à une liaison non assurée. Cette case peut être de son tour occupée par un
autre électron de la bande de valence (participant auparavant à une autre liaison covalente). La
bande de valence est toujours quasiment pleine (manquant 1 électron) et le mouvement des
électrons dans cette bande fait déplacer la « case » vide d’une liaison à une autre. Afin de
contourner le traitement d’un problème complexe à plusieurs particules, on étudie le
mouvement de la « case » vide à la place de N-1 électrons de valence. La bande de valence avec
une absence d’un électron est représenté par une particule fictive : un trou. En conséquence, on
a simultanément d’un électron libre excité dans la bande de conduction et d’un trou crée dans la
bande de valence et on parle de la génération d'une paire électron-trou (voir Figure 5).
2.1.4.b Recombinaison
10
Cet effet est utilisé de manière extensive dans les lasers.
27
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Il est actuellement possible de produire des cristaux purs avec moins d'un atome étranger pour
10 11 atomes du semiconducteur pur : on parle alors de semiconducteur intrinsèque. Par
extension, cela désigne tout semiconducteur non-dopé.
Le silicium qui appartient à la colonne IV de la classification périodique des éléments reprise dans
le tableau 2 en fait partie. Le silicium intrinsèque a, comme on a pu le voir précédemment, 14
électrons dont 4 de valence, un gap de 1.12 eV, une densité de 5.1022 atomes.cm-3 et une densité
massique de 2.33 g.cm-3. La structure du cristal a déjà été vue (cf. figure 1.b et figure 7) et la
structure de bande est celle de la figure 7.
II III IV V
Bore B (Z=5) Carbone C (Z =6) Azote N (Z = 7)
Aluminium Al (Z = 13) Silicium Si ( Z = 14) Phosphore P (Z = 15)
Zinc Zn (Z= 30) Gallium Ga (Z = 31) Germanium Ge (Z = 32) Arsenic As (Z = 33)
Cadmium Ca (Z= 48) Indium In (Z = 49) Étain Sn (Z = 50) Antimoine Sb (Z = 51)
Tableau 2: Classification périodique des éléments : extrait le plus couramment utilisé en électronique
28
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
⎛ Eg ⎞
p.n = N v N c exp ⎜ − ⎟ (eq.2.5)
⎝ k BT ⎠
A une température donnée, ce produit dépend donc seulement des densités d’états, et du gap –
les quantités invariantes lors du dopage d’un semiconducteur (i.e. passage intrinsèque à
extrinsèque, cf. 2.5). Le produit p.n reste donc le même pour un semiconducteur intrinsèque et
extrinsèque.
Comme le cristal d’un semiconducteur intrinsèque est pur, tous ces électrons et des trous
proviennent de l’ionisation thermique (i.e. génération de paire d’électron-trou). Les populations
d’électrons et de trous libres sont donc en quantités égales, appelée la population intrinsèque
ni :
ni = n = p = p.n
⎛ Eg ⎞
ni = N v .N c exp ⎜ − ⎟ (eq.2.6)
⎝ 2 k BT ⎠
≈ 1.4 ×1010 cm −3 pour le Silicium à 300K
11
Ces expressions sont obtenues avec le calcul d’intégral mentionné à la fin de 2.1.2 (i.e. eq.2.2). La mécanique statistique permet d’avoir
l’expression de la densité d’état ρ(E).
12
Nc et Nv varient en T3/2.
29
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le silicium est un semiconducteur intrinsèque rarement utilisé en tant que tel13 (1 génération de
paire électron-trou pour 3.44 1012 atomes à 300K). Par contre l'adjonction d'éléments étrangers
par le bais de dopage (à raison de 1016 à 1018 atomes étrangers par cm3) permet de changer
significativement ses propriétés de conduction tout en conservant les propriétés physiques et
chimiques du silicium : on parle alors de silicium extrinsèque dopé N (si on favorise les électrons)
ou P (si on favorise les trous). Il y a deux moyens d'introduire des impuretés dans un cristal de
semiconducteur (c'est à dire le doper) :
• Dopage par diffusion : il s’agit d’une méthode douce qui consiste à mettre le cristal au
contact du matériau dopant à forte température (typiquement dans un four de diffusion
entre 850°C et 1150°C) et d'attendre la diffusion du dopant dans le matériau. Le dopant
peut être en phase solide (auquel cas il est transporté jusqu'au matériau par un gaz
vecteur inerte à partir d'un composé solide qui se sublime), en phase liquide (le gaz
vecteur baigne dans le liquide ou l'effleure) ou enfin en phase gazeuse (on introduit le gaz
contenant l'espèce dopante au contact du matériau).
• Dopage par implantation ionique : il s’agit d’une méthode forte qui consiste à accélérer
fortement des impuretés ionisées pour leur donner suffisamment d'énergie pour qu'elles
puissent pénétrer le matériau à doper. Plus l'accélération est importante, plus la
profondeur d'implantation est grande. L'inconvénient de la méthode est le fort désordre
cristallin qu'elle engendre, réduisant entre autres la mobilité des porteurs dans le
matériau.
Nous obtenons un semiconducteur de type N en insérant dans le cristal de silicium des atomes
possédant 5 électrons sur leur couche de valence, c'est à dire des éléments de la colonne V tels
que le phosphore ou l'arsenic. Prenons l'exemple d'un dopage par le phosphore : le phosphore
étant pentavalent, il va mettre en commun (figure 8) quatre de ses cinq électrons pour satisfaire
les liaisons de covalence. De fait, le cinquième électron est très faiblement lié à l'atome de
phosphore et se retrouve très rapidement "libre" dans la bande de conduction. L'atome de
phosphore (appelé atome donneur) qui a perdu son électron devient dès lors un ion positif fixe
du cristal 14.
13
photorésistances et thermistance principalement.
14
La neutralité électrique globale du cristal est toujours conservée puisque l'électron libre reste dans le cristal.
30
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
15
Il n'est pas rare dans la littérature de trouver représenté sous le niveau de Fermi des trous ou des ions positifs (en plein milieu de la bande
interdite) qui représentent l'origine des électrons qui n'ont pas leur équivalent dans la bande de valence.
16
On peut voir le niveau de Fermi comme une "jauge à électrons": plus il est élevé, plus le matériau comporte d'électrons libres.
31
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
On se retrouve ainsi avec un trou dans le cristal de silicium. Ce trou aura tendance à vouloir se
combler : il cherchera donc à "happer" les électrons libres passant à proximité.
• Population des porteurs libres : La densité de trous de la bande de valence est égale à la
densité d'atomes accepteurs p = n + Na ≈ Na (application de l'équation de neutralité
électrique) avec N a la concentration d'atomes accepteurs. La loi d'action de masse
permet de retrouver la population d'électrons dans la bande de conduction (figure 9) :
p ⋅ n = ni2 ⇒ n ≈ ni2 N a . Comme p >> n , les trous sont les porteurs majoritaires et les
électrons sont les porteurs minoritaires.
• Le niveau de Fermi : Le niveau de Fermi se trouve cette fois-ci décalé vers la bande de
32
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
valence17 puisqu'il y a beaucoup plus de trous dans la bande de valence que d'électrons
dans la bande de conduction. Le niveau de Fermi EFp (voir figure 9) résultant du dopage
peut être calculé à l’aide de l’équation 2.4 :
⎧ ⎛ EFi − Ev ⎞
⎪ni = N v exp ⎜ − ⎟
⎪ ⎝ k BT ⎠
⎨ ⇒ EFp = EFi − k BT ln ( N a ni ) (eq.2.8)
⎪ N = N exp ⎛ − EFp − Ev ⎞
⎪ a v ⎜ ⎟
⎩ ⎝ k BT ⎠
avec EFi le niveau de Fermi du silicium intrinsèque pur.
Il est fréquent, au cours de la réalisation de circuits intégrés d'un semiconducteur soit soumis, de
manière directe ou pas, à plusieurs dopages successifs. Pour calculer les populations d'électrons
dans la bande de conduction et de trous dans la bande valence, il faut recourir aux deux lois
suivantes :
• Loi de la neutralité électrique : n + Na = p + Nd
• Loi d'action de masse: p.n = ni2
L'application de ces deux lois permet de définir les concentrations en porteurs libres :
2
( Nd − Na ) + ( Nd − Na ) + 4ni2
n=
2
2
− ( Nd − Na ) + ( Nd − Na ) + 4ni2
p=
2
17
Il n'est pas rare dans la littérature de trouver représenté au-dessus du niveau de Fermi des électrons ou des ions négatifs (en plein milieu de la
bande interdite) qui représentent l'origine des trous qui n'ont pas leur équivalent dans la bande de conduction.
33
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Il existe deux phénomènes pouvant mettre des charges en mouvement dans un semiconducteur
: le plus connu est sans conteste le phénomène de conduction qui veut que sous l'influence d'un
champ électrique, les charges électriques se mettent en mouvement. Un second phénomène,
moins connu, peut mettre des charges en mouvement : c'est le phénomène de diffusion selon
lequel lorsqu'il y a concentration de porteurs en un point d'un semiconducteur, ces derniers
auront tendance à occuper la totalité du volume qui leur est offert. Nous allons, dans cette
partie, étudier ces deux phénomènes.
Il est temps d'éclaircir un point qui peut être obscur à savoir la notion de courant de trous : on a
vu qu'un trou est par définition une absence d'électron dans la bande de valence que l'on
considère comme étant une particule. On considère également que le trou peut être mis en
mouvement. Le courant de trou est un phénomène indirect : ce n'est pas le trou lui-même qui
bouge mais disons plutôt qu'il se transfère. La figure 10 illustre cela.
Admettons qu'à l’instant t0, un électron quitte l'atome A pour partir dans la bande de conduction
laissant un trou dans la bande de valence. Celui-ci devient un ion positif et présente une liaison
de covalence non-satisfaite (étape 1 de la figure 10). Sous l'action du champ électrique présent,
un électron ayant acquis suffisamment d'énergie peut quitter l'atome B pour se retrouver happé
par l'atome A qui comble ainsi son trou mais fait apparaître un trou en B : l'atome B devient un
ion positif (étape 2 de la figure 10). Enfin la même chose se reproduit entre B et C : l'atome C
perd un électron au profit de l'atome B (étape 3 de la figure 10) . Si on regarde la sitaution d'un
point de vue global, le trou s'est déplacé de A en C .... Le déplacement des trous se faisant par
propagation, le mouvement des trous est plus lent que celui des électrons.
34
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Appliquons maintenant un champ électrique à ce semiconducteur (par exemple via le biais d'une
différence de tension V ), le champ électrique va mettre les charges positives (les trous) en
mouvement dans son sens et les charges négatives (les électrons) en sens inverse. D'un point de
vue macroscopique, on va observer un mouvement des charges dont la vitesse de déplacement
peut s'écrire :
18
Il s’agit d’une valeur de masse effective des électrons et des trous libres dans le cristal car même s’ils ne sont pas liés à un noyau, leur
mouvement est toujours sous influence du cristal (i.e. ils sont « quasi » libres).
35
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Avec n et p la population des électrons et trous libres, et −e = −1.6 ×10−19 C (la charge d’un trou
est +e).
Nous retrouvons donc une résultat très familier : la densité de courant de conduction est
r
proportionnelle au champ électrique E et à la conductivité du matériau σ ( Ω−1 cm −1 ).
La diffusion est un phénomène de transport des particules sous l'effet de l'agitation thermique et
qui a pour objectif d’uniformiser la distribution spatiale de ces particules. Elle est donc un
processus non réversible dont le "moteur" est le gradient de la densité des particules, et se décrit
très simplement à l'aide de la première loi de Fick21:
Le signe négatif de l'équation traduit le fait que les particules avec une distribution de densité
r
n (r) diffusent vers les régions à plus faible densité. D est appelé coefficient de diffusion et est
généralement exprimé en cm 2 .s −1 : il traduit la capacité du matériau à diffuser22.
Dans le cas de semiconducteurs avec une densité d’électrons libres n et une densité de trous
libres p, nous aurons deux courants électriques issus de la diffusion des électrons et des trous23:
19
Ces expressions sont similaires à celle du courant de déplacement des électrons dans un métal, donnée par le modèle de Drude.
20
Cette relation n'est jamais que l'expression de la loi d'Ohm avec R=L/(σS).
21
On pourra noter l'analogie de cette loi avec la loi d'Ohm.
22
Une analogie qui pourrait être faite pour illustrer D serait la suivante : prenez deux gouttes d'encre et faites en tomber une dans de l'eau et
l'autre dans du gel pour cheveu par exemple : l'encre va se diffuser de manière quasi instantanée dans l'eau et va mettre beaucoup plus de temps
pour se répartir dans le gel. Ces deux matériaux n'ont pas le même coefficient de diffusion. On peut faire la même expérience avec un matériau
poreux et l'autre non pour rester dans le domaine solide.
23
Les courants de particules sont multipliés par la charge des porteurs pour devenir les courants électriques (-e pour électrons et +e pour trous).
36
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Albert Einstein propose en 1905 une relation très simple et très surprenante qui relie la
constante caractéristique du phénomène de diffusion avec celle de la conduction. Il s’agit de la
relation d’Einstein24 qui s’écrit:
D k BT
=
µ q
Cette équation de toute beauté relie le coefficient de diffusion D qui représente la facilité des
porteurs à se déplacer sous l'effet d'une force engendrée par un gradient de la densité avec la
mobilité µ qui représente la facilité des porteurs de charge q à se déplacer sous l'effet d'une
force engendrée par un champ électrique. Appliquons cette relation au cas des électrons et de
trous libres dans un semiconducteur, nous obtenons:
De Dh kBT
= = (eq.2.11)
µe µ h e
En résumé, dans un semiconducteur soumis aux deux phénomènes de conduction (présence d'un
champ électrique) et de diffusion (matériau non homogène), la densité de courant totale peut
s'écrire :
24
Il s’agit d’une des 3 articles célèbres d’Einstein en 1905. Les deux autres sont : la quantification de la lumière, et la relativité restreinte.
37
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Conclusion
Nous avons, au cours de cette partie, rappelé les bases de physique de semiconducteur nécessaire
à la compréhension des composants électroniques. De la structure de l'atome à celle du cristal,
nous avons abordé les phénomènes permettant de générer des charges au sein d'un
semiconducteur et avons établi les équations des mouvements (courant de conduction et de
diffusion) de ces charges dans le semiconducteur. Nous allons pouvoir passer maintenant à
l'étude de la structure de base de tout composant électronique à savoir la jonction PN.
38
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
2.2 La jonction PN
2.2.1 Résumé du fonctionnement
Une jonction PN est un matériau semiconducteur qui n'est pas dopé de manière uniforme,
constitué d'une partie dopée P et d'une partie dopée N. Du fait de la disparité de concentrations
de porteurs dans les deux parties de la jonction PN, une migration de trous et une migration
d'électrons vont avoir lieu : ce phénomène de diffusion qui a lieu à la jonction des deux parties
dopées P et N va laisser les ions donneurs et accepteurs de chaque partie seul, créant ainsi deux
zones de neutralité opposées (positive et négative), ce qui va créer une zone de charge d'espace
et donc générer un champ électrique qui va s'opposer à la diffusion des porteurs de charges.
Prenons deux semiconducteurs dopé P et N (figure 12.a) et mettons en contact. Après un bref
régime transitoire (figure 12.b), un régime permanent va s'établir (figure 12.c).
Les porteurs majoritaires de chaque côté vont diffuser vers le côté adjacent : les électrons
diffusent vers le silicium dopé P et les trous diffusent vers le silicium dopé N (cf. figure 12.b). Les
électrons qui pénètrent dans le silicium dopé P vont se recombiner avec les trous présents en
grand nombre du côté P de la jonction et de même pour les trous (recombinaison avec les
électrons) qui diffusent dans le silicium dopé N.
On se retrouve alors avec une zone de déplétion (sans trou ni électron) autour de la jonction
appelée zone de charge d'espace (cf.figure 12.c). Cette zone n'étant pas neutre, le côté N de la
zone est positif puisque les électrons sont partis et le côté P est négatif puisque les trous ont été
comblés. Cette zone de charge d'espace (ZCE) polarisée crée un champ électrique (création d'un
dipôle électrique) qui va s'opposer au mouvement des porteurs. La zone de charge d'espace va
grandir jusqu'à atteindre un équilibre qui est celui pour lequel le champ électrique appelé champ
de rétention de diffusion est assez fort pour que les pertes par diffusion soient compenser par
les courants de conduction induit par ce champ électrique.
Elle présente les caractéristiques électriques de la figure 13. Il existe, entre la région P et la
région N, une barrière de potentiel énergétique pour les charges mobiles. L'existence de cette
barrière se traduit par une différence de potentiel électrique liée au champ de rétention de la
diffusion. L'existence de la barrière de potentiel peut être mise en évidence par le travail W p qu'il
faut fournir pour faire passer un trou de la région neutre P à la région neutre N ou pour faire
passer un électron en sens contraire (voir figure 13).
39
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Figure 12: (a) Les deux semiconducteurs P et N avant contact. (b) La diffusion des porteurs
majoritaires. (c) La création d’une zone de charge d’espace et l’établissement du régime
permanent.
La valeur de la barrière de potentiel se déduit de l'équilibre sur les densités de courants qui sont
nulles (à la fois pour les électrons et les trous) puisque le courant de conduction compense le
courant de diffusion. Cette compensation est traduit par :
40
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le potentiel à calculer étant l'intégrale du champ électrique sur la ZCE. D’une manière cohérente,
on obtient:
k BTdn N k BT N dp
VΦ = ∫P n VΦ = − ∫
e e P p
k T ⎛n ⎞ k T ⎛N N ⎞ k BT ⎛ p P ⎞ k BT ⎛ N a N d ⎞
= B ln ⎜ N ⎟ = B ln ⎜ a 2 d ⎟ = ln ⎜ ⎟= ln ⎜ 2 ⎟
e ⎝ nP ⎠ e ⎝ ni ⎠ e ⎝ pN ⎠ e ⎝ ni ⎠
Figure 13: La jonction PN à l'équilibre : porteurs (a) charges (b), champ électrique (c) et potentiel (d).
41
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
avec ρ ( x) la densité de charge (figure 13.b). Comme est une fonction constante par
morceau, on va calculer la répartition du champ sur chaque côté séparément.
On obtient donc :
2ε 0ε Si ⎛ 1 1 ⎞
WZCE = ⎜ + ⎟ VΦ (eq.2.14)
q ⎝ Na Nd ⎠
kBT ⎛ N a N d ⎞
• Avec la barrière de potentiel déduite dans la partie précédente VΦ = ln ⎜ 2 ⎟ , on
e ⎝ ni ⎠
arrive au résultat final :
2k BT .ε 0ε Si ⎛ 1 1 ⎞ ⎛ Na Nd ⎞
WZCE = 2 ⎜ + ⎟ ln ⎜ 2 ⎟
e ⎝ Na Nd ⎠ ⎝ ni ⎠
42
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Polariser la jonction, c'est lui appliquer une tension V (c.f figure 14). On peut considérer que
cette tension V se reporte de manière exclusive sur la zone de déplétion (la ZCE) du fait de sa
très grande résistivité en l'absence de charges mobiles.
Considérons d’abord le cas de la jonction en court-circuit (i.e. V=0). En tant que potentiel
chimique des électrons25, il est évident que le niveau de Fermi est le même partout dans un
cristal semi-conducteur non soumis à une différence de potentiel et à l’équilibre
thermodynamique. Dans le cas de la jonction PN, les niveaux de Fermi associés, EFn et EFp
restent alignés dans le schéma de bandes comme le montre la figure 14.b.
Figure 14: Schéma des bandes de semiconducteur dopé P et N (a), la jonction PN en court-circuit (b), la
jonction PN polarisée en direct (c), et en inverse (d).
Sachant que les niveaux de Fermi E Fp et EFn respectivement associés aux côtés P et N sont
alignés, la bande de conduction du silicium dopé P se situe à une énergie plus élevée que celle du
silicium N dopé N. Il en est de même pour les bandes de valence. Les bandes de valence et de
conduction sont continues dans le cristal : il y a donc une courbure de celles-ci sur la zone de
25
Cela n’est exact qu’à T=0K. Il y a une très légère différence (négligeable) entre le niveau de Fermi et le potentiel chimique.
43
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
charge d'espace. On peut calculer la différence d'énergie entre les bandes assez facilement :
Sans surprise, on retrouve la hauteur de barrière eVΦ précédemment calculée (c.f. équation 2.9).
impose une différence de potentiel chimique eV entre deux la partie P et N de la jonction. Par
conséquent, les niveaux de Fermi EFp et EFn ne sont plus alignées mais se diffère par eV (c.f.
figure 14.c et d). La largeur de la zone de charge d'espace est également modifiée par rapport au
cas en court-circuit. Le résultat dans l’équation 2.14 est modifié en :
2ε 0ε Si ⎛ 1 1 ⎞
WZCE = ⎜ + ⎟ (VΦ − V ) (eq.2.15)
q ⎝ Na Nd ⎠
Alors la ZCE diminue dans le cas de polarisation directe (c.f. figure 14.c) et augmente dans le cas
de polarisation inverse (c.f. figure 14.d).
• Le courant de diffusion (>0, de PàN) a pour origine les porteurs majoritaires des
régions P et N proches de la zone de charge d'espace qui ont assez d'énergie pour
franchir la barrière de potentiel e (VΦ − V ) . Il peut s'écrire
⎡ e(V − V ) ⎤
I diffusion = I 0 exp ⎢ − Φ ⎥ (eq.2.16)
⎣ kbT ⎦
avec I 0 le courant de diffusion qui existerait en l'absence de la barrière de potentiel.
• Le courant de conduction (<0, de NàP) est constitué des porteurs minoritaires qui sont
en bordure de la zone de charge d'espace et qui se font entraîner par le champ électrique
de la ZCE. Ce courant est issu du phénomène de ionisation thermique du silicium
(extrêmement sensible à la température), et est appelée le courant de saturation Is :
⎛ Eg ⎞
I conduction = − I s = − A ⋅ T 3 exp ⎜ − ⎟ (eq.2.17)
⎝ k BT ⎠
avec A une constante du matériau.
44
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
⎡ e(V − V ) ⎤
Le courant total est donc donné par : I = I 0 exp ⎢ − Φ ⎥ − I s . Comme la nullité I V =0 = 0
⎣ kbT ⎦
⎛ eVΦ ⎞
pour le cas en court-circuit entraîne que I s = − I 0 exp ⎜ − ⎟ , nous avons finalement (c.f. figure
⎝ kbT ⎠
15):
⎡ ⎛ eV ⎞ ⎤
I = I s ⎢exp ⎜ ⎟ − 1⎥ (eq.2.18)
⎣ ⎝ kbT ⎠ ⎦
Remarque : Dans le cas d'une tension inverse trop forte, la zone de charge d'espace occupe de
plus en plus de volume. Les porteurs peuvent dès lors tirer suffisamment d'énergie du champ
électrique pour entrer en collision avec les ions du cristal et leur arracher des électrons qui à leur
tour vont reproduire le même phénomène. Cet effet cumulatif est appelé avalanche par
multiplication et produit un courant inverse très important conduisant à la destruction de la
jonction26
La jonction PN présentant une zone de charge d'espace composée de deux charges opposées :
elle se comporte donc comme un condensateur appelé capacité de transition CT (les régions
neutres P et N font office d'électrodes et la ZCE en est le diélectrique) de valeur:
S
CT = ε 0ε Si
WZCE
La capacité de transition dépend de la tension de polarisation inverse puisque c'est dans cet état
qu'elle est significative. Si on appelle CT 0 la valeur de la capacité à polarisation nulle, on peut
26
Un autre phénomène lié à un champ électrique intense est l'effet Zener où le champ électrique exerce une force suffisante pour extraire les
électrons de leurs liaisons de covalence, créant ainsi des paires électrons-trous et augmentant par là -même le courant inverse. Ce phénomène
est réversible (contrairement à celui d'avalanche) et est exploité dans les diodes Zener.
45
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Un second effet capacitif existe dans la photodiode : il ne s'agit pas, contrairement à la capacité
de transition, d'une capacité physiquement existante dans la structure mais plutôt d'un
phénomène dont la représentation physique correspond à celui d'une capacité. Le phénomène
de recombinaison locale des trous et des électrons de part et d'autre de la ZCE n'est pas
instantané : il dépend d'un temps moyen noté τ n qui est la durée de vie moyenne des porteurs
dans la région neutre concernée (de l'ordre de la nanoseconde). Cela signifie que,
temporairement, il existe une accumulation de charge positive et de charge négative de part et
d'autre de la ZCE du fait des porteurs de charge non recombinés. Cela peut être assimilé à une
capacité dite de diffusion dont la valeur dépend directement du courant I traversant la jonction
(c'est donc un phénomène présent principalement dans la jonction polarisée en direct) et dont
l'expression littérale est la suivante :
eτ
Cd = n I
k BT
La diode a ainsi un nombre d'utilisation multiple. Nous allons dans cette partie faire l'étude d'un
circuit classique utilisant la diode, ce qui va nous permettre de présenter la méthodologie
classique d'étude d'un circuit et en particulier les notions de régime statique, régime dynamique,
analyse grand signal et analyse petit signal.
46
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
2.3.1 Le circuit
On sait par ailleurs que l'équation qui lie courant et tension dans la résistance est la loi d'ohm
soit VR = R1 ⋅ I d . A ceci on rajoute la loi des mailles qui dit que Vs = Vd + VR et nous avons la
totalité des équations du circuit. En supposant Vs positif et de surcroit supérieur à VT , on sait
⎛ Vd ⎞
que la diode est polarisée en direct soit I d = I s ⋅ ⎜ exp ⎟ avec η facteur de non-idéalité de la
⎝ ηUT ⎠
27
La diode idéale est une diode dont la tension de seuil est nulle et dont la tension à ses bornes reste nulle quel que soit le courant qui la traverse
(pente infinie).
47
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
kBT
diode28 et UT = .
e
Pour obtenir la totalité des courants et des potentiels du circuit de la figure 17, il suffit d'écrire
l'égalité des courants dans la diode et dans la résistance couplée à la loi des mailles :
Cette équation est non-linéaire. Pour obtenir une expression explicite de cette fonction, il faut
utiliser la fonction W de Lambert aussi appelée Fonction Oméga qui est la fonction inverse de
f (w) = wew ce qui donne w = W ( f ) .
Nous n'allons pas détailler ici le calcul de la solution mais donner seulement les étapes clés :
I s R1 ⎛ I ⎞ I ⎛ Vd ⎞
• w= ⎜ + 1⎟ avec = exp ⎜ ⎟ et Vd = Vs − R1 ⋅ I
ηUT ⎝ I s ⎠ Is ⎝ ηUT ⎠
⎛ R I Vs + R1I s ⎞
• en utilisant la fonction Oméga w = W ⎜ 1 s ⋅ e ηUT ⎟
⎜ ηUT ⎟
⎝ ⎠
• on pose les hypothèses suivantes : R1Is = Vs et I / Is >> 1 pour obtenir la solution finale :
Cette résolution explicite étant assez complexe, on peut recourir à une résolution implicite par
calcul itératif.
En utilisant les outils informatiques, on peut très rapidement calculer la solution par calcul
itératif. Les étapes de résolution sont les suivantes :
I ⎛ V ⎞
• on réarrange l'équation de la diode : + 1 = exp ⎜ d ⎟
Is ⎝ ηUT ⎠
• on utilise les logarithmes népériens de chaque côté de la formule précédente et on
remplace la valeur du courant I par l'expression des potentiels (tirés de la loi de mailles)
et de la résistance R1 (loi d'Ohm) :
⎛ V −V ⎞
Vd = ηUT ln ⎜ s d + 1⎟
⎝ R1I s ⎠
28
Une diode réelle par rapport à la jonction PN idéale étudiée auparavant présente une résistance série due aux zones P et N neutres de la diode
et une génération-recombinaison des porteurs dans la zone de charge d'espace. Ces deux phénomènes qui n'ont pas été considérés dans l'étude
précédente sont généralement représentés par un facteur appelé facteur d'idéalité de la diode dont la valeur est comprise entre 1 et 2.
48
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Il suffit ensuite de partir d'une valeur initiale pour Vd et de calculer la nouvelle valeur obtenue et
ainsi de suite jusqu'à stabilisation de cette valeur. On remarquera la formulation en logarithme
de la formule préférée à la formulation exponentielle de manière à favoriser la convergence de la
solution.
La résolution la plus simple est sans contestation possible la méthode graphique. On trace sur la
même courbe la caractéristique I-V de la diode et la caractéristique I-V (loi d'ohm) appelée droite
de charge de la résistance. On peut voir ces deux courbes comme les lois d'existence de la diode
et de la résistance dans le courant. Pour que ces deux éléments puissent exister dans le même
circuit, il faut qu'ils aient des points communs (ce qui revient à dire que le courant qui traverse la
diode est le courant qui traverse la résistance). La solution est donc l'intersection de ces deux
courbes : on obtient un couple ( IQ ,VQ ) comme le montre la figure 18.
Nous avons maintenant le comportement statique de ce circuit, c'est à dire que nous sommes
capables d'en établir les potentiels et les courants fixes. Intéressons-nous maintenant à l'aspect
dynamique.
Un circuit est généralement soumis à des stimuli externes variables au cours du temps pour
lesquels ils donnent une réponse en sortie. Il est fréquent et commode en électronique de
séparer le régime statique du régime dynamique. Le régime statique donne le point de
fonctionnement du circuit, c'est à dire son état au repos auquel se rajoute (de manière plus ou
moins couplée) le régime dynamique qui caractérise le fonctionnement du circuit et celui qui
souvent crée la fonctionnalité.
L'approche ci-dessus développée est d'autant plus facile à appliquer que le circuit est linéaire, le
fonctionnement général du circuit étant alors la superposition du régime statique et du régime
49
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
La modélisation petit signal est une technique communément employée en électronique29 pour
établir une approximation du comportement non-linéaire des circuits et composants par des
équations linéaires. Cette linéarisation se fait autour du point de fonctionnement et reste précise
pour de petites variations30. Le modèle petit signal est souvent extrait, en grande partie, des
caractéristiques I-V des circuits ou des fonctions de transfert établies en régime statique.
Remarque : l'étude grand signal fait référence à l'étude de signaux dont la variation modifie le
point de polarisation : elle prend en compte les phénomènes non linéaires, les limitations dues
aux alimentations, ... L'analyse statique est considérée comme faisant partie de l'analyse grand
signal (cas extrême de variations extrêmement lente dont la fréquence tend vers 0).
Afin de dissocier de manière visuelle et formelle l'étude d'un circuit, on dénotera les variables de
la manière suivante :
• un signal considéré dans une approche grand signal sera noté intégralement en
majuscule (y compris les indices). Ainsi une tension d'entrée sera notée VIN (t ) ,
• un signal considéré dans une approche petit signal sera noté intégralement en minuscule
(y compris les indices). Ainsi une variation autour d'un point de polarisation en entrée
sera notée vin (t ) ,
• un signal global, composé des deux aspects grand signal et petit signal, sera noté en
minuscule pour la variable et en majuscule pour l'indice, ce qui donne, en utilisant les
deux exemples précédents : vIN (t ) = VIN (t ) + vin (t ) .
Servons nous de la caractéristique I-V de la diode pour établir son schéma petit signal. Nous
29
Mais également dans d'autres domaines tels que la mécanique, ..., où on parle plutôt de linéarisation et de résolution au premier ordre.
30
Qui se trouve être le cas pour de nombreux circuits électroniques – communications, traitement du signal, ...– où le signal utile est souvent un
signal constant porteurs de petits variations contenant l'information.
31
Il sera fréquent de négliger l'influence de certaines variables, tout l'art de la modélisation étant dans le choix de ces variables et le domaine de
validité de des hypothèses posées.
32
Les modèles petit signal sont souvent présentés sous forme de quadripôle.
50
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
On trouve une grandeur qui est bien homogène à une admittance et dont la valeur dépend de
celle du courant de polarisation. On peut établir la valeur de la résistance associée à l'admittance
ηUT
calculée rd qui se trouve être la résistance dynamique de la diode égale à .
IQ
Au comportement de type résistif de la diode, il faut ajouter l'effet capacitif de cette dernière
(qui n'apparaît bien évidemment pas la caractéristique I-V du régime statique), le modèle petit
signal étant la linéarisation par rapport à toutes les variables. On obtient ainsi le schéma
équivalent petit signal de la figure 20. La capacité de transition étant de l'ordre du pF en régime
direct et la capacité de diffusion de l'ordre du nF, elle est donc négligeable.
51
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Les deux études précédentes ont permis d'établir le modèle global du circuit de la figure 21. De
manière plus générale, l'étude de tout circuit électronique commencera par l'étude statique pour
établir le point de fonctionnement de ce dernier. Puis on procèdera à l'analyse petit signal du
circuit afin d'en extraire les performances dynamiques. On retrouvera cette démarche dans
l'établissement du modèle petit signal du transistor MOS du chapitre suivant puis dans l'étude de
l'inverseur CMOS en analogique.
References
[1] Mathieu Henry Mathieu. Physique des semiconducteurs et des composants électroniques,
Dunod, 5ème édition, 621.381 52 MAT
[3] Kittel Charles,Introduction to Solid State Physics, 8th edition, ISBN 978-0-471-41526-8,
November 2004, Wiley edition, 530.41 KIT
[4] Ashcroft Neil W. Physique des solides, EDP sciences, Publication Les Ulis, 2002 ISBN-2-86883-
577-5, 530.41 ASH
52
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
3 Le transistor MOS.
Ce chapitre traite du transistor MOSFET. Il explique simplement le principe de
fonctionnement physique du transistor MOSFET, explicite ses différents régimes de
fonctionnement et établit les équations fondamentales nécessaires à la formalisation du
transistor MOSFET. Enfin, les modèles équivalents grand signal et petit signal basse
fréquence seront établis.
53
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Structure
Une capacité MOS (Metal - Oxyde - Silicium) est une capacité composée de trois
couches (cf. figure 1) :
• Une couche "métallique" : il s'agit typiquement d'aluminium. Dans les dispositifs
intégrés, ce "métal" est en fait du polysilicium fortement dopé, qui n'est pas chimiquement
un métal mais en a la structure électronique (absence de gap, forte densité de porteurs),
seule caractéristique importante.
• Une couche "isolante" : généralement composée d'oxyde ou de nitrure de
silicium. Il s'agit d'une couche ne possédant que très peu de porteurs libres.
• Une couche de semiconducteur constituant la deuxième armature de la capacité
: on utilise du silicium (dopé au besoin). Pour l'exemple à suivre, on supposera cette couche
comme étant dopé P.
54
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Mise en équation
Les dimensions d'un système typique permettent d'écrire le problème sous forme
unidimensionnelle, ce qui simplifie l'équation de Maxwell-Gauss. On place le point zéro du
repère x à l'interface silicium-isolant, le substrat se situant dans les x négatifs. Le substrat
(côté silicium) est placé à la masse, on note Vg le potentiel appliqué à l'électrode métallique.
Une telle structure peut s'étudier en diagramme des bandes de la même manière que la
jonction PN. Pour comprendre les différents états possibles sur un tel dispositif on se
ramène à l'étude du diagramme de bande d'un système MIS (Métal - Isolant -
Semiconducteur). Une telle étude sortant du cadre de ce cours1, nous n'en donnerons que
les conclusions.
Une capacité MOS présente trois régimes de fonctionnement qui sont accumulation,
déplétion et inversion.
Régime d'accumulation
Du fait de la courbure des bandes au voisinage de l'isolant, toute tension Vg
inférieure à une tension appelée VFB (tension pour laquelle les bandes redeviennent plate
d'où le nom -FB pour flatband-2) attire des électrons en surface de la jonction Isolant -
Semiconducteur. La capacité électrique mesurée est constante égale à celle de l'épaisseur
d'oxyde.
Régime de déplétion
Une fois la tension VFB dépassée, les charges positives accumulées sur l'électrode
métallique ont pour effet d'attirer des électrons sous la surface de l'isolant. Ce dernier étant
dopé P, les électrons attirés sont piégés par les ions présents sous la surface Isolant -
Semiconducteur. On se retrouve donc avec une charge négative statique (puisque rattachée
aux ions négatifs qui sont figés dans la structure cristalline). La capacité électrique mesurée
est variable constitué de la capacité d'oxyde augmentée de la capacité de déplétion (dont
l'épaisseur dépend de la tension de grille).
Régime d'inversion
Une fois que la totalité des ions présents à l'interface Isolant - Semiconducteur ont
happé leurs électrons (ce qui correspond à une tension appliquée sur l'électrode métallique
dite de tension de seuil VT ), toute augmentation de la tension Vg va attirer des électrons à
l'interface Semiconducteur - Isolant. Ces électrons sont mobiles et peuvent participer à un
courant électrique. La capacité électrique mesurée est constante égale à la capacité de
l'oxyde augmentée de celle de la région déplétée.
1
Elle fait l'objet d'un cours en troisième année dans l'option Bio-ingénierie et Nanotechnologies
2
On trouvera en annexe 7.5 une explication plus détaillée de la notion.
55
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Principe de fonctionnement
Le transistor MOS est basé sur le principe de la capacité MOS à laquelle on rajoute
deux électrodes latérales de manière à générer un champ électrique (via l'application d'une
tension entre les deux électrodes) susceptible de mettre en mouvement les électrons
présents sous la surface métallique de la capacité (cf. figure 3).
56
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
reçoit les électrons (elle les draine) et enfin Source l'électrode d'où partent les électrons. En
effet, sous l'action du champ électrique les électrons sont mis en mouvement dans le canal
mais tout électron qui quitte la capacité MOS est remplacé (principe de la neutralité
électrique de la capacité) par un autre électron provenant de la source de tension qui génère
la tension latérale nécessaire au champ électrique.
On appelle L la longueur de canal qui représente la distance que les électrons ont à
parcourir et W la largeur de canal : elle représente la quantité d'électrons qui transitent de la
source vers le drain. Le schéma de la figure 4 résume les notations employées. On ne traitera
pour l'instant que du transistor NMOS, c'est à dire le transistor dont le semiconducteur
(substrat) est dopé P et où les charges qui sont mises en mouvement sont des électrons3.
3
A la différence du transistor PMOS où les charges mises en mouvement sont des trous. Le transistor PMOS fera l'objet d'un paragraphe
particulier (cf. 3.6).
57
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4
On peut également trouver –plus rarement– la définition transistor = contraction de transfer resistor.
58
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Paramètres structurels
On peut étudier l'influence de trois paramètres structurels sur le fonctionnement du
transistor MOS : la longueur de canal L , la largeur de canal W et l'épaisseur d'oxyde Tox .
Leur influence est résumée sur la figure 8.
Il est à noter que deux phénomènes différents sont en action : jouer sur la longueur
de canal et l'épaisseur d'oxyde module le nombre d'électrons présent dans le canal et donc
la densité d'électrons alors que modifier la largeur de canal module la quantité d'électron
qui arrive sur le drain. Pour rappel, un courant est défini par une densité de porteur
multipliée par une vitesse le tout multiplié par une surface (voir chapitre sur les
semiconducteurs). Dans le premier cas on modifie la densité de courant, dans le second cas
on modifie la surface. Bien évidemment pour une technologie donnée, l'épaisseur d'oxyde
est fixe, les seuls paramètres physiques que le concepteur de circuit peut utiliser sont la
largeur et la longueur de canal.
59
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
60
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
⎛ ⎞
3
QI ( x ) = −Cox ⎜ V − V − v ( x ) − VT (coulombs / cm )
⎟ (3.1)
1G44 2 4 43S
⎜ V ⎟
⎝ GS ⎠
Loi d'Ohm
Appliquons la loi d'Ohm afin d'obtenir l'expression de la densité de courant dans le
canal et le courant associé à la charge unitaire :
61
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
iD dv −i −iD dx
JS = = −σ S ⋅ Ex = −σ S ⋅ → dv = D dx = → iD dx = −W µQI ( x ) dv (3.3)
W dx σ SW µQI ( x )W
Aux limites :
V 2
W⎡ v 2 ( x) ⎤ DS W⎡ VDS ⎤
iD = µCox ⎢(VGS − VT ) v( x) − ⎥ → iD = µCox ⎢(VGS − VT )VDS − ⎥ (3.5)
L⎣ 2 ⎦0 L⎣ 2 ⎦
Tracé de la caractéristique
Le tracé (cf. figure 12) de l'équation 3.6 en fonction de VDS donne une parabole
inversée dont le maximum est atteint pour une tension VDS = VGS − VT et donc la valeur
W 2
I DSMAX = µCox (VGS − VT ) . Cette valeur maximale varie avec VGS (comme montré sur la
L
partie droite de la figure 12).
Le transistor MOS se comporte comme une résistance (relation quasi linéaire entre
VDS et I DS pour des tensions VDS peu élevée) d'où le nom de régime ohmique.
Phénomène de saturation
Il est peu probable que pour une raison physique, l'augmentation de la tension VDS
aboutisse à une diminution du courant I DS comme l'indique le tracé de la figure 12. I DSMAX
représente la limite de validité des hypothèses posées pour le calcul de l'équation 3.6 : au-
62
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Pour toute tension supérieure à VGS − VT , le courant vaut donc la valeur fixe de
1 W 2
I DS = µCox (VGS − VT ) (3.7)
2 L
5
En fait la région déplétée entre le canal et le drain se comporte comme une zone de charge d'espace au sein de laquelle existe un champ
électrique qui permet aux électrons de passer du canal au drain.
63
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Cela revient à dire qu'en régime saturé, le transistor se comporte comme une source
de courant non idéale, la pente du courant représentant la résistance r0 de la source de
courant (cf. figure 16).
Remarque : si on prolonge toutes les droites des pentes dues à la longueur effective
vers −∞ , on peut remarquer qu'elles se croisent toutes au même point, de manière similaire
à la tension d'Early pour les transistors bipolaires (cf. figure 17).
64
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
En résumé
⎡ V2 ⎤
VDS < VGS − VT Ohmique K n ⎢(VGS − VT )VDS − DS ⎥
⎣ 2 ⎦
VGS > VT
VDS > VGS − VT Saturé
6
Selon si on utilise un transistor NMOS ou un transistor PMOS, les mobilités étant différentes ( µ n et µ p ), on reportera les indices dans
les notations soit k nʹ / p et Kn/ p .
65
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le substrat
Le substrat (bulk en anglais) est le socle dans lequel est fabriqué le transistor MOS :
c'est l'élément qui fournit les électrons qui sont attirés sous la grille. Ce substrat doit être
bien évidemment polarisé afin que le transistor MOS fonctionne. En principe, sauf
impossibilité due à l'architecture du circuit analogique, le potentiel de substrat est relié à
celui de la source : en effet, une différence de potentiel entre la source et le substrat
augmenterait d'autant la tension de seuil à fournir pour mettre le canal en état d'inversion
(cf. Annexe 7.5). Le potentiel au substrat est appliqué via un dopage P+. Lorsque le substrat
est représenté, on utilise le symbole à quatre pattes comme représenté figure 18.
Vitesse de saturation :
au-delà d'une certaine valeur de champ électrique, la vitesse des particules
n'augmente plus de manière linéaire avec la valeur de ce dernier mais tend vers une valeur
de saturation comme montrée figure 19.
7
On n'oubliera pas que les circuits actuels sont conçus à l'aide d'outils informatiques qui permettent de modéliser et simuler les circuits
avec un grand niveau de précision et d'utiliser des algorithmes d'optimisation pour l'obtention des meilleures performances : cependant,
pour être efficaces, ces outils ont besoin d'un point de départ pas trop éloigné de la solution final et d'indications sur les paramètres à faire
varier, d'où l'intérêt des équations étudiées.
66
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
La vitesse de saturation dans le silicium est de 8 ⋅106 cm.s −1 pour les électrons et de
6 ⋅106 cm.s −1 pour les trous.
Pour les transistors à canal long, ce phénomène apparaît bien après le pincement du
canal. Pour les transistors à canal court, ce phénomène apparaît bien avant la saturation de
transistor MOS et devient donc prédominant comme le montre la figure 20.
Figure 20: Comparaison entre le modèle de canal long et celui qui prend en compte la
saturation de la vitesse des électrons.
La formule à considérer dès lors est une simplification de la formule 3.6. Dans le
calcul de l'intégrale, on prend en compte, pour le calcul de la vitesse, le champ électrique
sous la forme d'une dérivée de la tension VDS . Ici, on considère directement la vitesse de
saturation soit ν sat . La formule devient
I DS = W ⋅ Cox ⋅ν sat (VGS − VT )
Par rapport à l'approximation du canal long, cela signifie un dépendance linéaire du courant
de saturation avec VGS (au lieu de quadratique), une indépendance vis à vis de la longueur
de canal et enfin une indépendance de l'apparition de l'état de saturation par rapport à la
tension de grille : la tension drain – source à laquelle apparaît la saturation est la même
quelle que soit la tension de grille!
67
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Tout au long de ce cours, ce sont ces grandeurs qui seront utilisées pour les
applications numériques.
Actuellement, l'état de l'art des transistors MOS est la technologie 32nm ce qui
correspond à une épaisseur d'oxyde équivalent SiO2 de 0.9nm.
8
caractéristique d'un courant de jonction PN.
68
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Soit le montage de source commune représenté figure 22. Ce montage est constitué
d'une résistance et d'un transistor MOS. L'entrée du montage VE se situe sur la grille du
transistor MOS et la sortie VS sur le drain du transistor MOS. La source est reliée à 0, un
point à potentiel fixe du montage d'où le nom de montage à source commune.
Ce montage est alimenté par une source de tension fixe de valeur VDD . Ce montage
est connecté en entrée à une source de tension fixe qui polarise le montage en série avec un
signal variable qui est le signal à amplifier. Puisque nous étudions le comportement statique
du montage, nous ne prenons pas en compte la source dynamique.
69
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
supposé du transistor (on connaît VE soit VGS et on connaît VS soit VDS ). Dans le cas où le
résultat n'est pas cohérent, on prend une autre hypothèse sur le transistor MOS et on
recommence et pour toute valeur de VE comprise entre 0 et VDD .
Bien évidemment cette méthode itérative est quelque peu fastidieuse. Une méthode
plus rapide est de recourir à une résolution graphique illustrée par la figure 23. Les étapes à
respecter sont :
1. tracer la loi qui relie le courant I R qui traverse la résistance à la tension VS (loi
donnée par la loi de mailles VDD − RD ⋅ I R = VS ) relation qu'on appelle droite de charge :
V −V
I R = DD S
RD
70
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
71
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le montage est dimensionné et on nous donne une valeur pour VIN = 1V . Il faut
calculer Vout . Soit on procède à l'étude complète du montage (solution un peu longue), soit
on procède par hypothèse :
1. on vérifie d'abord si le transistor est bloqué ou passant (sens large pour dire
régime ohmique ou régime saturé). Ici VGS = VIN = 1V > VTn . Le transistor est donc passant.
2. on ne sait pas si le transistor est passant ou bloqué puisqu'on ne connaît pas
VDS (égal à VOUT la valeur recherché). On fait donc une hypothèse sur l'état du transistor
MOS qu'on va supposer saturé.
3. on calcule VOUT = VDD − RD ⋅ I DS avec I DS le courant du transistor MOS en
saturé.
4. on vérifie avec la valeur Vds obtenue que l'hypothèse de départ est bonne à
savoir VDS = VOUT > VGS − VTn = VIN − VTn . Au cas où l'hypothèse n'est pas respectée, on
recommence les calculs avec l'hypothèse du transistor en régime ohmique.
9
Il est évident que dans son fonctionnement ohmique, le transistor MOS ne peut guère réaliser d'amplification – il se comporte comme
une résistance variable–.
10
Pour le transistor MOS, il est habituel d'utiliser plutôt des notations d'admittance à savoir g d s ou g 0 .
72
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le transistor MOS ayant un comportement qui varie par rapport à deux grandeurs
électriques externes que sont vGS et vDS , il faut donc étudier la dérivée du comportement
grand signal de la grandeur utile du transistor MOS, à savoir iDS par rapport à ces deux
variables externes.
Nous choisissons de nous placer à un point de polarisation correspondant à un
courant I DQ fixé par une tension fixe d'entrée VIQ et résultant en une tension fixe de sortie
VOQ (cf. figure 26).
73
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
74
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Kn 2
g ds =
2
(VIQ − VT ) ⋅ λ
g ds ≈ λ I DQ
Le signal petit signal développé jusqu'ici est le schéma petit signal basse fréquence.
En effet, puisqu'il est dérivé du comportement statique du transistor MOS, il ne prend pas
en compte les différents aspects dynamiques du transistor MOS. De manière générale, ces
aspects dynamiques sont représentés sous la forme de capacités11. Dans le transistor MOS,
deux capacités sont à prendre en compte, à savoir la capacité grille-source CGS et la
capacité grille-drain CGD . Ces deux capacités ont, de plus, des valeurs qui dépendent du
régime du transistor NMOS comme le montre la figure 29.
Le modèle fréquentiel du transistor MOS est celui représenté sur la figure 30.
11
Les capacités peuvent représenter des capacités physiques existant géométriquement dans le dispositif (charges électriques stockées
dans des plans parallèles) mais également des capacités "virtuelles" qui permette de prendre en compte des phénomènes dynamiques
comme par exemple les capacités de déplétion qui permette de prendre en compte la réactivité du transistor lors des changements de sa
zone de déplétion.
75
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Effet Miller
Il peut être résumé par la figure 31.
76
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Fréquence de transition
On définit la fréquence de transition comme étant la fréquence pour laquelle le gain
en courant devient unitaire. On démontrera par la suite que cette fréquence correspond en
fait au temps de parcours des charges dans le canal du transistor.
Pour calculer la fréquence de transition, il est nécessaire de calculer le gain en
courant en se servant du modèle de la figure 30. On se place en condition de court circuit
afin de calculer le gain en courant (courant de court-circuit). On obtient dès lors les
expressions suivantes :
(
iin = vgs ⋅ jω Cgs + Cgd ) (3.10)
icc = vgs ( gm − jωCgd ) (3.11)
icc g m − jω ⋅ Cgd
Ai = = (3.12)
iin jω ( Cgs + Cgd )
Ai = =1 (3.13)
ω ( Cgs + Cgd )
gm
fT = (3.14)
2π ( Cgs + Cgd )
Signification physique de fT :
Étudions fT pour le transistor en régime saturé (le cas le plus probable quant à
l'utilisation du transistor où fT pourrait avoir une influence). D'après la figure 29, C gd peut
être négligé devant C gs . Par ailleurs, en régime saturé, on peut démontrer assez facilement
(étude géométrique qui sort du cadre de ce court) que C gs ≈ (2 / 3)WLCox . L'expression de
fT devient
1 Cgs (2 / 3)WLCox (2 / 3) L 1
≈ = = ≈
2π fT gm K n (VIQ − VT ) µn V
1 DSAT
/ L τ transit
44 2 4 43
1442443 uuuuur
=VDSAT E
1 4 4 4 2 4DS4 43
Vitesseeʹlectron
On démontre ainsi que la définition prise pour la fréquence de transition est celle qui
correspond au temps moyen de parcours du canal, facteur représentatif des limites
fréquentielles des performances du transistor NMOS.
77
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
78
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
79
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Par défaut, la notion d'étude petit signal est basse fréquence, c'est à dire qu'on ne
prend pas en compte les effets capacitifs internes du transistor MOS, effets qui se font sentir
à haute fréquence. Dans le montage électrique du montage à source commune, pour établir
le schéma petit signal équivalent, nous commençons à éliminer toutes les sources de tension
ou courant continues puisqu'elles ne présentent pas de comportement variationnel 12 .
Ensuite, on remplace tous les éléments du montage par leur équivalent petit signal au point
de polarisation donné : les résistances, inductances et capacités sont leurs propres
équivalents petit signal et le transistor MOS est remplacé par son modèle petit signal. On
obtient ainsi le montage de la figure 33.
Ce montage étant utilisé pour amplifier un signal en tension (cf. figure 32), nous
allons établir le schéma quadripolaire équivalent de ce montage, à savoir celui d'un
amplificateur de tension commandé en tension, d'impédance d'entrée Z e , d'amplification
Av et d'impédance de sortie Z s (cf. figure 34).
Il nous faut donc calculer les valeurs littérales de ces trois grandeurs en fonction des
paramètres du montage de la source commune.
On peut également dire qu'on les remplace par leur équivalent petit signal à savoir un fil ( v = 0 ) pour une source tension idéale et un
12
80
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
13
On peut tout aussi bien brancher une source de courant et mesurer la tension en entrée du montage.
14
On peut tout aussi bien brancher une source de tension et mesurer le courant débité.
81
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
vout R ⋅r
2. ce qui donne Av = = −gm ⋅ Z s = −gm ⋅ D ds
vin RD + rds
Reprenons le schéma de la figure 22. Nous allons maintenant considérer les aspects
fréquentiels, ce qui revient à inclure dans l'étude petit signal, les capacités C gs et C gd . Le
nouveau schéma petit signal à considérer devient celui de la figure 38.
82
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
une impédance de sortie et un amplificateur de tension) n'est pas chose aisée du fait de la
capacité C gd . C'est le moment de se rappeler du théorème de Miller puisque le montage de
la figure 38 n'est jamais que celui de la source commune étudiée précédemment auquel on
rajoute une capacité en entrée et une capacité entre l'entrée et la sortie comme le montre le
montage de la figure 39.
Dès lors, le calcul du modèle quadripolaire est trivial : il s'agit du même que celui
pour les basses fréquences avec comme seul changement une impédance d'entrée qui n'est
1
plus infinie mais qui vaut Z e = , faisant apparaître ainsi une bande passante limitée,
Cin
dépendant de l'impédance de sortie du montage (source ou autre étage) qui alimente le
montage à source commune.
15
En fait de substrat, le transistor PMOS n'étant pas le plus employé, il est fréquent d'utiliser du substrat dopé P dans lequel on crée des
83
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le symbole est le même que celui du transistor NMOS avec comme différence la
flèche qui rentre dans la source au lieu d'en sortir pour le NMOS.
Fonctionnement
La différence majeur entre un transistor NMOS et un transistor PMOS réside dans la
nature des charges mises en mouvement : des électrons pour le transistor NMOS et des
trous pour le transistor PMOS. La mobilité des trous étant plus faible que celle des électrons,
on retrouvera, à taille égale, des performances moindres pour le transistor PMOS que pour
le transistor NMOS. Ceci étant dit, le principe de fonctionnement reste le même : une
tension appliquée sur la grille (au-delà d'une certaine valeur) attire des trous qui sont mis en
mouvement par une différence de potentiel (qui crée un champ électrique) entre le drain et
la source. Les porteurs étant des trous, toutes les tensions à considérer sont des tensions
négatives.
On peut donc reprendre la totalité des équations vues jusqu'ici en gardant à l'esprit
que les tensions considérées sont négatives, que les inégalités doivent être inversées par
rapport à celles du transistor NMOS.
Une autre méthode beaucoup plus simple d'un point de vue mnémotechnique pour
l'utilisation du transistor PMOS en connaissant les formules pour le transistor NMOS est la
suivante : on utilise les équations du transistor NMOS en
1. inversant D et S dans toutes les équations : VDS devient VSD , I DS devient I SD ...
2. inversant G et S dans toutes les équations : VGS devient VSG , ...
16
3. en remplaçant VTn par VTp
4. en remplaçant la mobilité des électrons µ n par celles des trous µ p et donc knʹ
devient k ʹp et K nʹ devient K ʹp .
D'un point de vue utilisation, la source du transistor PMOS (donc la zone du transistor
PMOS qui "génère" les trous) sera toujours préférentiellement reliée au potentiel le plus
haut17.
caissons dopé N pour accueillir les transistors PMOS. Ces caissons font office de substrat pour le transistor PMOS.
16
Pour rappel VTp est négatif car il faut appliquer une certaine tension négative de seuil pour que les trous attirés sous la grille ne soit pas
complété par les électrons libres du matériau dopé N.
17
A l'inverse du transistor NMOS pour lequel la source est préférentiellement reliée au potentiel le plus bas du circuit.
84
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
2
⎡ VSD ⎤
VSD < VSG − VTp Ohmique (
K p ⎢ VSG − VTp VSD −
⎣
)
2 ⎦
⎥
18
Courant qui circule entre la source et le drain – les trous étant assimilés à des charges positives– à l'inverse du transistor NMOS où le
courant circule entre le drain et la source – le courant est inverse au flux des électrons – : dans un transistor MOS les porteurs circulent
toujours de la source vers le drain, mais selon la nature des porteurs, le sens du courant change en conséquence.
85
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Références
[9] Rabaey Jan M., Digital Integrated Circuits, 2nd Edition, Prentice Hall.
[10] Tsividis Yannis, Operation and modeling of the MOS transistor, WCB/McGraw-
Hill, 621.381 528 TSI
[12] Sedra Adel S. et al., Microelectronic circuits, Oxford University Press, New York
Oxford, 2004, 621.381 5 SED
86
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4 L'inverseur CMOS
Ce chapitre traite de l'inverseur CMOS. L'inverseur CMOS a deux régimes de
fonctionnement qui font de lui un amplificateur élémentaire mais aussi le circuit numérique
élémentaire, utilisé dans tout système numérique et dont la compréhension du
fonctionnement permet :
- d'une part, de mettre en application toute la théorie des circuits analogiques vus
jusqu'ici
- et d'autre part, de dégager les bases de l'étude d'un circuit numérique par l'étude des
métriques telles que la robustesse, la performance, la consommation et l'efficacité
énergétique.
La compréhension de son fonctionnement statique et dynamique permettra
d'aborder des circuits analogiques plus complexes telles que la paire différentielle (brique
élémentaire de tout amplificateur) et l'étude des métriques précédemment citées permettra
de comprendre le fonctionnement et les contraintes temporelles et énergétiques de portes
numériques plus complexes telles que des portes NAND, NOR, XOR, eux-mêmes blocs
élémentaires des multiplieurs et processeurs.
En tant que tel, l'étude de l'inverseur CMOS permet de faire la charnière entre le
monde analogique et le monde numérique.
87
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Technologiquement, les deux transistors sont réalisés sur un substrat de type P dans
lequel on vient créer un caisson de type N afin d'y implanter le transistor PMOS comme
montré figure 2.
1
CMOS pour Complementary MOS, acronyme signifiant que l'on utilise des transistors MOS complémentaires dans leur fonctionnement, à
savoir des transistors PMOS et des transistors NMOS.
88
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Figure 2: Layout et vue 3D d'un inverseur CMOS d'après Atlas of IC Technology de W. Maly.
89
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
A <VTn – Bloqué
B >VDSp Ohmique
90
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
- Droite VOUT=VIN-VTp, ce qui revient2 à tracer VOUT=VIN+|VTp| : pour toute valeur de VOUT
supérieure à cette droite, le transistor PMOS est en régime ohmique car dès lors
VOUT>VIN+|VTp| signifie que VSDp=VDD-VOUT est inférieure à VSGp-|VTp|=VDD-VIN-|VTp|
Le point milieu
Définition : On appelle VM le point tel que VIN=VOUT, c'est à dire le point pour lequel la
tension de sortie est égale à la tension d'entrée. D'un point de vue mathématique, ce point
est un point d'inflexion donc un point pour lequel la dérivée seconde de la fonction vout=f(vin)
2
Pour rappel, VTP est négatif.
3
Ce résultat issu d'une simulation PSpice utilise des transistors NMOS et PMOS de rapport W/L respectifs de 1µm/0.25µm et
2.47µm/0.25µm.
91
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
s'annule. Ce point est également le point auquel les deux transistors sont en régime saturé
et donc présente un maximum d'amplification. Il peut être intéressant, selon les applications
de faire varier la valeur de ce point : elle est fixée par le rapport des dimensions
géométriques des transistors NMOS et PMOS.
Expression analytique : Soit VM le point tel que VIN=VOUT. En ce point, les deux transistors
sont en régime saturé et il y a égalité entre le courant sortant du transistor NMOS et celui
rentrant dans le transistor PMOS soit :
Kn 2 K 2
I DSn =
2 2
(
(VGSn − VTn ) ⋅ (1 + λ ⋅VDSn ) = I DSp = p VSGp − VTp ) ⋅ (1 + λ ⋅V )SDp
2 2
(
⇒ K n (VIN − VTn ) ⋅ (1 + λ ⋅VOUT ) = K p VDD − VIN − VTp ) ⋅ (1 + λ ⋅ (V
DD − VOUT ) )
2 2
(
⇒ K n (VM − VTn ) ⋅ (1 + λ ⋅VM ) = K p VDD − VM − VTp ) ⋅ (1 + λ ⋅ (V DD − VM ) )
On obtient une équation du troisième ordre en VM. Il est donc difficile d'en tirer une
solution analytique.
On peut trouver une solution particulière du système, solution couramment utilisée
par ailleurs en électronique numérique. L'idée est de chercher la valeur de la tension de
sortie pour une tension d'entrée VIN=VDD/2.
Il suffit de reprendre les équations précédentes avant la substitution par VM et de
remplacer VIN par VDD/2. Cela donne le résultat suivant :
2 2
⎛V ⎞ ⎛ V ⎞
K n ⎜ DD − VTn ⎟ ⋅ (1 + λ ⋅VOUT ) = K p ⎜ VDD − DD − VTp ⎟ ⋅ (1 + λ ⋅ (VDD − VOUT ) ) (4.1)
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2 ⎠
𝑊! 𝐿! 𝜇!
=
𝑊! 𝐿! 𝜇!
L'inverseur CMOS peut être utilisé dans deux zones de fonctionnement distinctes
représentées figure 5 :
- Une zone où les deux transistors sont saturés et permettent d'obtenir une amplification
en tension : on étudiera principalement cette partie dans les paragraphes suivants.
- Une zone séparée en deux parties où l'inverseur fonctionne en "Tout ou Rien" ; à savoir
4
Ce qui revient in fine à chercher à obtenir VM=VDD/2.
92
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
que soit le transistor PMOS est bloqué et se comporte comme un interrupteur ouvert
tandis que le transistor NMOS est passant et agit comme une résistance, soit le contraire
(NMOS bloqué et PMOS résistif). Ce mode de fonctionnement qui permet de relier la
sortie de l'inverseur CMOS à 0V ou à VDD selon si la tension d'entrée vaut VDD ou 0V est
utilisé en électronique numérique pour réaliser la fonction très utilisée d'inversion
binaire. On étudiera cette zone un peu plus tard car elle permet de mettre en évidence
les principes de consommation, de fiabilité et de robustesse inhérents à tout système
numérique, aussi complexe soit-il.
93
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Une fois le schéma petit signal établi, il est nécessaire de le réorganiser de manière à
le rendre plus lisible. La première chose à faire est de "replier" le circuit sur lui-même de
manière à superposer les potentiels nuls. Ensuite, on identifie les éléments que l'on peut
superposer ou cascader et donc remplacer par des équivalents (impédances séries ou
parallèles, sources de courant ou de tension équivalentes). Ainsi pour notre inverseur CMOS,
on obtient le schéma équivalent de la figure 7.
94
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Le schéma petit-signal a permis d'établir que le gain est directement lié aux
transconductances des transistors MOS. Si l'on veut avoir le plus grand gain possible (en
supposant que les admittances de sortie des transistors MOS restent constantes sur la plage
de tension considérée), il suffit de maximiser les valeurs des transconductances. Cela revient
à étudier le maximum atteint par la courbe δvout/δvin soit tout simplement dériver la
fonction de transfert entrée-sortie de l'inverseur et de regarder pour quelle tension d'entrée
le maximum est atteint. Le tracé de la courbe figure 9 représente cette dérivée : on retrouve
que le meilleur point de polarisation est atteint pour VIN=VDD/2, valeur logique du fait des
! !! !
dimensionnements des transistors choisis tels que !! !!
= !! .
! !
5
Un lecteur observateur aura remarqué que le schéma petit signal auquel nous nous sommes ramenés ressemble étrangement à celui de
la source commune et donc que l'on peut appliquer directement les résultats de ce dernier.
95
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Remarque préliminaire :
Pour aborder ce chapitre, il est nécessaire de maîtriser les bases de l'électronique
numérique et donc d'avoir lu les rappels d'électronique numérique élémentaire.
Comme nous l'avons vu précédemment, l'inverseur CMOS peut être utilisé en tout ou
rien, auquel cas il réalise la fonction numérique d'inverseur. L'inverseur CMOS représente LE
circuit élémentaire par excellence. Une fois son fonctionnement et ses propriétés comprises,
la conception de circuits plus complexes (de la porte NON-ET au microprocesseur) s'en
trouve grandement simplifiée. En effet, le comportement électrique de ces circuits
numériques complexes peut être complètement extrapolé à partir des résultats obtenus
pour la cellule de l'inverseur. L'analyse de la porte inverseuse CMOS se fera au regard des
métriques suivantes :
- le coût exprimé sous la forme de la complexité du circuit et de la surface occupée
- l'intégrité et la robustesse qui découlent du comportement statique de l'inverseur
- la performance déterminée par le comportement dynamique de l'inverseur CMOS
- l'efficacité énergétique déterminée par l'énergie et la puissance consommées.
De cette analyse, on extraira les paramètres clés sur lesquels travailler afin
d'améliorer les facteurs ci-dessus répertoriés.
Dans les paragraphes suivants, nous allons étudier les critères qui permettent de
qualifier le comportement d'un système numérique et d'établir son aptitude à fonctionner
en présence de perturbations ainsi que ses performances au travers des critères que nous
établirons.
96
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4.3.3 Fonctionnalité
La fonctionnalité d'un circuit est l'aptitude du circuit à réaliser sa fonction logique.
Elle peut être mise en défaut par deux catégories de facteurs : d'une part, des facteurs
technologiques qui surviennent lors de la fabrication et introduisent des défauts permanents
dans le système ; et d'autre part, des facteurs environnementaux (perturbations extérieures,
bruit dans les alimentations, parasitage des signaux d'entrées) qui induisent des défauts
temporaires dans le système. La capacité qu'aura le circuit à continuer à assurer sa
fonctionnalité en présence de ces défauts est ce que l'on appelle la robustesse.
Défauts technologiques
Survenant lors de la fabrication (incertitude sur les dimensions des transistors, sur les
dopages, ...), ils ont un impact direct sur les tensions des seuil des transistors ainsi que sur
les valeurs nominales des courants. Les modifications de ces valeurs peut amener une dérive
du comportement du circuit par rapport au comportement théorique. Il y a alors deux cas de
figure :
- ces dérives sont mineures et ne mettent pas en défaut la fonctionnalité du circuit mais
ont une influence (positive ou négative) sur les performances de ce dernier
- ou alors ces dérives sont telles que le circuit n'est plus fonctionnel et est dès lors rejeté
au rebut lors des tests de fonctionnalité en sortie d'usine.
Le parfait exemple de cette dégradation des performances du fait des défauts
technologiques est celui des microprocesseurs fabriqués par Intel ou AMD. A la sortie de
l'usine, une batterie de tests est effectuée sur les microprocesseurs, et selon leurs réussites
au test, ils sont vendus avec l'affichage d'une fréquence plus ou moins haute6. Du fait des
dispersions technologiques, certains circuits sont moins stables à la fréquence nominale que
d'autres et sont donc vendus à une fréquence inférieure : cela ne veut pas dire qu'ils ne
peuvent pas marcher à la fréquence nominale, juste qu'ils n'ont pas réussi la totalité des
tests assurant la fonctionnalité de manière robuste. C'est pour cela qu'il est plus facile
d'"overclocker"7 certaines familles de processeur.
6
Les microprocesseurs sont ainsi fabriqués dans une certaine technologie MOS et leur fréquence n'est déterminée qu'à l'issue des tests en
sortie de chaîne de fabrication.
7
Sur-cadencement en français : manipulation qui consiste à augmenter la fréquence de fonctionnement d'un processeur au-delà de la
valeur nominale affichée.
97
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Cependant la majeure partie du bruit dans un circuit est celui qu'il génère lui-même.
Il y a plusieurs types de bruit : bruit thermique, bruit de grenaille, bruit en 1/f, ... La notion
de bruit étant assez complexe, il suffira de retenir, pour la notion de bruit interne, l'exemple
du bruit thermique dans une résistance. En effet, lorsqu'un courant traverse une résistance,
cette dernière va dissiper une puissance et donc de la chaleur. La température de la
résistance augmentant, un certain nombre d'électrons vont être arrachés à la bande de
valence du fait de l'agitation thermique : ces électrons vont être générateurs d'un signal
parasite. On a là un parfait exemple de bruit interne généré par le circuit lui-même (d'où l'un
des intérêts de réduire la puissance dissipée dans un circuit électronique).
4.3.4 Robustesse
98
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Pour éclaircir cette démarche très théorique, prenons l'exemple d'un inverseur dont
la fonction de transfert est représentée figure 12. Après avoir tracé les dérivées unitaires, on
obtient deux zones qui sont celles pour lequel le signal en entrée est identifié de manière
numérique (c'est à dire comme étant un un ou zéro logique). La zone entre les deux est
appelée zone d'indétermination : tout signal analogique délivré en entrée de la porte et
appartenant à cette zone donnera un signal de sortie pouvant être interprété par l'étage
suivant indifféremment comme un ou un zéro logique de manière non-déterministe.
8
Une des méthodes fréquemment utilisée consiste à utiliser plusieurs modèles de transistors correspondant à différents niveaux de
réussite ou d'échec de la technologie et de procéder à des analyses Monte Carlo pour étudier l'impact des dispersions technologiques sur
le circuit.
99
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Si de plus, en sortie de cette porte on connecte la même porte, on obtient les marges
de bruit.
Marges de bruit
La marge de bruit est la différence entre la valeur analogique du signal envoyé en
entrée et la valeur limite pour laquelle ce signal est interprétable. En clair, pour un zéro
logique, la marge de bruit est définie comme étant NML=VIL-VOL : c'est la différence entre la
valeur de tension maximale que la porte considère comme étant un zéro logique soit VIL et la
valeur nominale du zéro logique que délivre la porte soit VOL. Cette différence ou marge de
bruit représente la quantité de bruit qui peut se superposer au signal d'entrée sans en
affecter l'interprétation comme un zéro logique.
De même, la marge de bruit associée au un logique est définie comme étant la
différence entre la valeur nominale du un logique que délivre la porte soit VOH et la valeur
minimale de tension que cette porte admet comme étant un un logique soit VOL. Cela donne
NMH=VOH-VIH.
Ces deux marges de bruit sont représentées de manière graphique sur la barre
verticale dans la partie gauche de la figure 12. On remarquera d'ailleurs que sur l'exemple
choisi, la robustesse de la porte pour le zéro logique est supérieure à celle du un logique.
Dans une utilisation optimale de la porte, on s'arrangerait donc, si nécessité forte d'une
robustesse accrue, pour utiliser un code employant majoritairement les zéros logiques.
Directivité et entrance/sortance
La directivité : Elle est directement relié à l'une des bases de conception des circuits
électroniques, à savoir l'indépendance entrée/sortie : un circuit électronique est d'autant
plus directif que les circuits présents en sortie n'influencent pas le comportement du
100
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
système et ne provoquent de retour sur l'entrée (cela revient à obtenir un h12 de la matrice
hybride du système nul).
Entrance : L'entrance (ou fan-in en anglais) est le nombre d'entrées indépendantes que
supporte le circuit : c'est bien évidemment directement relié à la structure physique du
circuit. Cela joue sur la capacité électrique équivalente que le circuit présente comme
impédance d'entrée et également sur la complexité du circuit et donc sa rapidité. Par
exemple, l'entrance d'un additionneur complet (circuit étudié plus loin) est trois (le circuit a
3 entrées A, B et Cin).
Sortance : La sortance (ou fan-out en anglais) représente le nombre maximal de portes qui
peuvent être connectées en sortie d'un circuit sans dégradation de sa fonctionnalité et de
ses performances. C'est plutôt un paramètre affectant le fonctionnement du circuit dans son
aspect non-linéaire. Comme nous le verrons plus loin, chaque commutation 0→1 ou
1→0 crée une charge ou décharge d'une capacité. Chaque porte absorbe ainsi une
certaine quantité de courant. La sortance d'un circuit représente donc le courant maximal
total qu'il est capable de délivrer et donc le nombre de portes qu'il peut piloter. La sortance
est un phénomène non-linéaire dans le sens où le retard créé par la sortance n'est pas un
phénomène de type RC (charge-décharge classique d'une capacité) comme le montre la
figure 13.
Supposons l'inverseur idéal, c'est à dire se comportant comme une source de courant
idéale en sortie de valeur de courant Iout. La tension aux bornes de la capacité Cin de la porte
suivante est égale à V=Q(t)/Cin avec Q(t)=Iout×(t-t0). Si l'on met n inverseurs en sortie de
l'inverseur, le courant de charge chute de Iout à Iout/n, ce qui augmente le temps de montée
0→1 de manière radicale ! Ce phénomène est rarement pris en compte dans l'étude
conventionnelle des circuits linéaires pour lesquels on suppose que le courant délivrable en
sortie est infini (et donc chargement instantané des capacités en l'absence de résistances ...)
: il est à rapprocher de la notion de slew rate des amplificateurs opérationnels.
101
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4.3.5 Performances
Cadence
Il est courant de réduire la performance d'un circuit à sa charge calculatoire, à savoir
le nombre d'opérations par seconde qu'il est capable d'effectuer. Le critère principal qui
affecte ce critère est le temps de propagation qui représente le temps que met l'information
à se propager de l'entrée de la porte à l'entrée de la porte suivante. Ce temps se découpe en
deux parties comme le montre la figure 14.
102
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Consommation
La consommation est un critère de performance puisqu'elle représente le courant et
la puissance consommés par le circuit. Les circuits étant généralement alimentés en tension
fixe, il suffit de déterminer le courant pour établir la consommation. Un circuit qui requiert
beaucoup de courant aura une dissipation thermique élevée et donc une durée de vie
amoindrie du fait du vieillissement accéléré des composants, un comportement plus bruité
et plus bruyant, une fiabilité incertaine et surtout, dans un contexte de nomadisme
103
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
croissant, une durée de vie sur batterie réduite. Ce sont ces raisons qui rattachent la
consommation à la notion de performance.
On étudiera la consommation selon deux approches : une approche où l'on sépare le
comportement moyen du circuit du comportement de forte intensité et une seconde où l'on
différencie l'aspect statique de l'aspect dynamique, les deux approches étant liées.
104
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
105
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
logique ou à un un logique sont respectivement égaux à 0V et VDD soit les deux tensions
d'alimentation. L'inverseur CMOS est donc un dispositif qui fournit deux niveaux logiques
égaux à ses tensions d'alimentation (donc aucune perte dans le circuit). Par ailleurs, ce
résultat est indépendant des dimensions du transistor ("ratioless logic" en anglais).
- En état stationnaire établi, il existe toujours un chemin électrique avec une résistance
finie entre la sortie et l'un des deux rails d'alimentation. Ainsi, un dimensionnement
judicieux de l'inverseur CMOS permet d'obtenir une résistance de sortie faible, le
rendant ainsi moins sensible au bruit et aux perturbations. Des valeurs typiques de
résistance de sortie sont de l'ordre du kΩ.
- Les niveaux de tension en sortie étant fournis à partir des rails d'alimentation, le courant
délivré en sortie de l'inverseur CMOS est directement généré à partir de l'alimentation.
Ainsi, la sortance de l'inverseur CMOS ("fan-out") est théoriquement infinie puisque
l'inverseur CMOS peut piloter une infinité de portes connectées à sa sortie. En pratique,
l'augmentation du temps de propagation avec la sortance limite le nombre d'éléments
que l'on peut connecter en sortie.
- La résistance d'entrée de l'inverseur CMOS est très élevée (théoriquement infinie du fait
de l'oxyde de grille) et donc le courant d'entrée est virtuellement nul. On peut donc
connecter un grand nombre d'inverseurs CMOS en sortie de tout circuit numérique sans
affecter sa sortance.
- En fonctionnement "Tout Ou Rien" il n'existe pas de chemin direct entre les deux rails
d'alimentation, ce qui veut dire qu'en régime établi (niveau de sortie indifféremment
haut ou bas) la porte ne consomme pas d'énergie statique (si l'on suppose les courants
de fuite dans les transistors nuls).
- En supposant que la commutation des transistors soit instantanée, le fonctionnement
dynamique de la porte inverseuse peut se résumer à la figure 17.
106
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
grand rapport W/L des dimensions des transistors (ce qui augmente la capacité d'entrée du
transistor et donc nuit à la sortance) et donc un courant de transistor élevé et une
consommation élevée9.
Les intersections des asymptotes avec la droite de pente de gain donnent les valeurs
VIL et VIH (respectivement 1.22V et 1.27V) : les marges de bruit se déduisent facilement. Si
l'on compare les valeurs obtenues par cette méthode avec les résultats tirés du tracé de la
dérivée de la courbe de transfert (regarder pour quelles valeurs de tension d'entrée on a la
dérivée qui vaut -1 sur la figure 9 : VIL=1.18V et VIH=1.32V), on s'aperçoit que les erreurs sont
minimes.
Là où cette méthode offre un réel avantage par rapport à celle utilisant le tracé de la
dérivée, c'est qu'elle ne nécessite pas de connaître le tracé exact de la fonction de transfert.
En effet, graphiquement, on s'aperçoit que le calcul de la pente de la tangente à la courbe en
! !!
VM est égal à !!" !!!" avec, pour l'inverseur CMOS VOL=0V et VOH=VDD. La valeur de cette
!" !"
9
On retrouve une fois de plus le compromis vitesse/puissance qui veut que privilégier la vitesse d'un circuit se fasse au détriment de sa
consommation.
107
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
pente est un gain g que l'on est capable de calculer formellement. En posant que VM se
trouve au milieu de [VIL, VIH], on obtient les relations suivantes :
VDD
VIL = VM −
2g
V
VIH = VM + DD
2g
NM L = VIL
NM L = VDD − VIH
Variations technologiques
Les variations survenant lors du process de réalisation des transistors MOS
introduisent des écarts dans les valeurs des paramètres géométriques et physiques pour les
transistors. Si la plupart des transistors d'une technologie donnée correspondent aux valeurs
de référence, un certain nombre sont plus rapides et plus performants que la moyenne et un
certain nombre présentent un comportement légèrement dégradé. Ceci va évidemment
influer sur la robustesse de l'inverseur réalisé. Une étude approfondie et détaillée de ces
modifications sort du cadre de ce cours et ne sera donc pas menée. Cependant, pour donner
une exemple des études qu'il faudrait mener, la figure 19 montre de quelle manière la
fonction de transfert d'un inverseur peut être affecté par la qualité de réalisation du
transistor NMOS et du transistor PMOS la constituant.
Figure 19: L'inverseur CMOS : influence de la qualité du process. Le bon transistor a un excès
de 30nm sur sa largeur de grille, une réduction de 25nm sur sa longueur, une épaisseur
d'oxyde réduite de 3nm et un courant de seuil diminué de 60mV. Le transistor MOS dégradé
présente les caractéristiques inverses –tension de seuil plus élevé, largeur de canal réduite, ...
108
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Délais de propagation
Calcul des capacités d'un inverseur CMOS : Comme on a pu le voir dans le chapitre 3, le
calcul des valeurs de capacités d'un transistor est complexe du fait des nombreux effets
capacitifs inhérents à la structure du transistor MOS allié à une dynamique de ces
phénomènes. Le schéma de la figure 20 résume la complexité de la situation en présentant
le cas classique d'un inverseur CMOS dont la charge est un autre inverseur CMOS : ne sont
représentées que les capacités intervenant dans le transfert de l'information de l'entrée du
premier inverseur CMOS à sa sortie.
Figure 20: L'inverseur CMOS : les capacités en jeu lors de la transmission d'une information.
Le tableau 2 donne, pour information, un récapitulatif des formules permettant de
calculer ces capacités et de leurs valeurs (technologie 0.25 microns) pour les transitions 0→1
et 1→010.
Tableau 2: Composantes de la capacité totale de charge à calculer pour les délais. CGDO, CGSO,
AD, PD, CJSW, ..., sont des paramètres physiques issus de la géométrie du transistor MOS.
10
Du fait de l'aspect dynamique des capacités, les valeurs ne sont, bien évidemment, pas identiques pour les deux transitions.
109
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
110
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
tpHL=ln(2)⋅Reqn⋅CL=0.69⋅Reqn⋅CL
Le calcul du temps de propagation moyen donne :
t pHL + t pLH Reqn + Reqp
tp = = 0.69 ⋅ CL
2 2
Une simulation en technologie 0.25µm donne le résultat de la figure 22 :
Une comparaison entre ces résultats et ceux issus de la simulation permet d'établir
une surprenante précision dans les résultats issus du calcul formel basé sur une approche du
premier ordre. L'expression formelle permet surtout de dégager les règles suivantes pour
l'aide au concepteur dans sa démarche de réduction des délais :
- Réduction de CL : élément fondamental du délai, réduire la capacité est peu aisée car il
faut jouer à la fois sur taille de la grille des transistors, les interconnexions et la
sortance...
- Augmentation du rapport W/L : cette technique, la plus performante, est à manier avec
préaution car elle joue également sur les capacités internes du circuit et la sortance.
Conclusion
Ainsi se termine la partie consacrée à la robustesse de l'inverseur CMOS : on a pu
mettre en pratique les notions de robustesse et les appliquer à l'inverseur CMOS. Les
formules établies dans cette partie, les notions abordées et les tendances dégagées peuvent
être facilement extrapolées à des circuits beaucoup plus complexes que notre inverseur
CMOS. La partie suivante sera consacrée au second aspect de la performance : la
consommation. Là encore, on cherchera à mettre en application les notions théoriques vues
précédemment et surtout à dégager des tendances générales qui peuvent être appliquées à
tout type de circuit numérique, aussi complexe soit-il.
111
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Des deux types de consommation, nous allons nous intéresser au régime statique en
premier. L'analyse sommaire du paragraphe 4.3.6 a mis en évidence une absence de chemin
direct entre les deux rails d'alimentation en régime établi. Il existe cependant une
consommation statique dans l'inverseur CMOS due aux courants de fuite des transistors
MOS (jonctions des diodes en inverse) en état bloqué11.
Consommation moyenne
La consommation moyenne d'un inverseur MOS est à calculer à partir des transitions
0→1 et 1→0. Reprenons l'exemple de la figure 17. Nous avons un cycle de charge et de
décharge complet.
Calculons l'énergie nécessaire à une charge de capacité (depuis VDD et au travers du
transistor PMOS):
∞ ∞ dv V
EV = ∫ iV (t )VDD dt = VDD ∫ CL out dt = CLVDD ∫ DDdvout = CL ⋅VDD 2
DD 0 DD 0 dt 0
Pdyn_moyenne = CLVDD2⋅f0 → 1
Cette règle, obtenue pour un simple inverseur CMOS, s'applique à tout type de circuit
jusqu'au microprocesseur : la puissance consommée par un circuit augmente linéairement
avec sa fréquence de fonctionnement et diminue de manière quadratique avec la diminution
de sa tension d'alimentation 12 . Ce phénomène est à la base de nombreuses stratégies
matérielles de gestion d'énergie mais également de techniques de codage qui vise à
minimiser le nombre de transitions !
Consommation de pic
L'analyse sommaire du paragraphe 4.3.6 peut laisser supposer, à tort, qu'il n'existe
jamais de chemin direct entre les deux rails d'alimentation. Lors d'une transition (quelqu'elle
11
Les courants de fuite ont tendance à augmenter avec la réduction des dimensions la technologie, ce qui en fait un problème majeur
actuellement. Si, à température ambiante, ces courants de fuite sont somme toute négligeables, l'augmentation de la température au sein
d'un circuit peut multiplier ces courants par un facteur 100, ce qui en fait dès lors un problème important et demeure aujourd'hui un enjeu
de recherche important.
12
C'est d'ailleurs pour cela que sur de nombreux ordinateurs portables, les processeurs gèrent la réduction de leur fréquence de
fonctionnement et de leur tension d'alimentation selon la charge processeur demandée afin d'optimiser l'autonomie. C'est également pour
cela que les circuits numériques actuels ont plusieurs horloges différentes et plusieurs alimentations différentes pour les différentes parties
qui les composent.
112
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
soit), l'inverseur CMOS passe par l'état du milieu (VM) pour lequel les deux transistors sont
en état de saturation. Il existe donc un court instant pendant la transition pour lequel un
courant de court-circuit isc part de VDD vers 0 comme le montre la figure 23.
En supposant que les temps de court-circuits tsc sont identiques pour les deux
transitions, on peut écrire que l'énergie consommée lors d'un cycle de commutations :
Pdyn_court-circuit = Ishort⋅VDD⋅tsc⋅f0 → 1
La puissance dissipée par court-circuit est très affectée par tout ce qui touche aux délais et
aux capacités.
113
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
PDP=VDD2CL/2
soit l'énergie nécessaire par commutation. Cependant cette métrique en tant qu'outil
d'optimisation des portes est insuffisante : en effet, de manière évidente, il suffit de
diminuer la tension d'alimentation du circuit pour augmenter la performance du circuit – ce
qui n'est pas tout à fait exacte si l'on englobe à la fois l'aspect temporel et puissance.
Une meilleure métrique est le produit Énergie-Délai (EDP pour Energy-Delay Product)
qui permet d'intégrer tous les aspects temporels que seule l'énergie par opération ne
permet pas de considérer. La définition en est la suivante :
2
CLVDD
EDP = PDP × t p = tp
2
Le temps de propagation moyen peut être approximé par la formule suivante :
αVDD CL
tp =
VDD − VTe
avec α paramètre technologie, Vte=VT+VDsat/2, et l'hypothèse que les transistors NMOS et
PMOS ont un comportement similaire (tensions de seuil et de saturation). Dès lors on
obtient la métrique suivante :
CL2VDD
3
EDP =
2 (VDD − VTe )
On peut, avec cette formule, tracer des graphes tels que celui de la figure 24.
114
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
4.4 Conclusion
Ce chapitre consacré à l'inverseur CMOS a permis l'étude du circuit élémentaire
qu'est l'inverseur CMOS, à la fois d'un point de vue analogique où il peut servir
d'amplificateur et être à la base de filtre, mais également du point de vue numérique où il
est une porte de base présente dans la quasi-totalité des circuits numériques existants. De
par sa dualité analogique-numérique, il a permis de mettre en évidence les relations qui
existent entre le monde analogique et le monde numérique, les relations entre les
performances statiques et dynamiques en tension du circuit analogique et celle attendues
en terme de vitesse, consommation et délai pour le circuit numérique.
La partie analogique aura également permis de mettre en application et d'illustrer les
notions vues en cours d'électronique analogique sur l'analyse d'un circuit, le régime statique,
le régime dynamique, l'établissement d'un point de fonctionnement et l'optimisation des
performances dynamiques du circuit autour de ce point de fonctionnement.
Ce chapitre clôture enfin l'étude de l'électronique analogique et a permis d'introduire
l'électronique numérique qui sera développée de manière plus conventionnelle dans les
chapitres suivants sous la forme électronique numérique combinatoire, électronique
numérique séquentielle (du combinatoire avec de la mémoire) et enfin architectures de
microprocesseurs (l'agencement intelligent de circuits séquentiels et combinatoires afin
d'obtenir des systèmes pseudo-intelligents).
References
[9] Rabaey Jan M., Digital Integrated Circuits, 2nd Edition, Prentice Hall.
[10] Tsividis Yannis, Operation and modeling of the MOS transistor, WCB/McGraw-Hill,
621.381 528 TSI
[12] Sedra Adel S. et al., Microelectronic circuits, Oxford University Press, New York Oxford,
2004, 621.381 5 SED
115
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
5 Logique Combinatoire
La logique combinatoire traite les informations binaires (logiques) "0" et "1" avec des
opérateurs booléens simples.
Le codage valeur absolue et bit de signe consiste à prendre le bit à gauche non plus
comme le MSB mais comme un indicateur de signe : "0" signifie + et "1" signifie -.
Le complément à 1 a pour principe de complémenter tous les bits d'une valeur positive
pour en calculer son négatif. Exemple: la valeur -2 est : 2 (0010) complémenté: 1101.
Nous constatons que ces 2 codages ont l'inconvénient d'avoir 2 zéros (et les nombres
positifs et négatifs ne sont pas symétriques par rapport au 0 pour le codage valeur absolue
et bit de signe).
Le codage utilisé en logique combinatoire est le complément à 2. Il se calcule en ajoutant
1 au complément à 1 (CA1).
Ce codage n'est pas intuitif, mais il a l'avantage de ne pas nécessiter une logique
spécifique, car une soustraction revient à une addition modulo 16.
116
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Pour plus de simplicité, nous dessinons classiquement les schémas logiques au niveau
portes, mais il est important de connaître la structure au niveau transistors.
117
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
1
L'industrie électronique utilisant de manière préférentielle (voire exclusive) les symboles américains, nous ne nous servirons dans ce
chapitre que des symboles américains.
118
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
C'est la porte la plus simple composée d'un transistor de type N et d'un transistor de type
P, en montage push-pull. Comme leur structure est complémentaire et qu'ils ont une entrée
commune, ils vont conduire ou être bloqués de manière complémentaire. La structure est
présentée à gauche dans la figure :
La table de vérité de cette structure correspond donc bien à celle d’un inverseur (NOT) :
E S
0 1
1 0
Table 1: Table de vérité d'une porte inverseuse.
119
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
A B S
0 0 1
0 1 1
1 0 1
1 1 0
Nous reconnaissons ici la table de vérité d'une porte NON-ET (NAND) qui est une
structure de base. En technologie CMOS, la porte ET est donc composée d'une porte NON-ET
suivie d'un inverseur. Pour rappel, la table de vérité de la porte ET (AND) se trouve ci-
dessous.
A B S
0 0 0
0 1 0
1 0 0
1 1 1
Nous pouvons remarquer que le fonctionnement dual des transistors N et P entraîne une
antisymétrie dans la structure: les 2 transistors P sont en parallèle alors que les 2 transistors
N sont en série. Nous parlons alors de dualité entre le plan N et le plan P.
Nous pouvons aussi remarquer qu'en connectant A et B, nous obtenons une porte
inverseuse. La démonstration se fait en une ligne : A.A = A . ou encore A.A = A + A = A
selon le moment où nous appliquons le théorème d'idempotence et éventuellement le
théorème de De Morgan.
120
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
A B S
0 0 1
0 1 0
1 0 0
1 1 0
Table 4: Table de vérité de la porte NON OU.
Nous reconnaissons ici la table de vérité d'une porte NON-OU (NOR) qui est une structure
de base. Nous remarquons qu'en connectant A et B, nous obtenons une porte inverseuse.
Une fois de plus, la démonstration est triviale et se fait de deux manières (selon le moment
où nous appliquons l'idempotence et éventuellement le théorème de De Morgan):
A + A = A où A + A = A.A = A .
Nous pouvons aussi remarquer que la table est exactement l'inverse de la précédente, ce
qui permet de revérifier une partie du théorème de De Morgan :
NAND = NOR c'est-à-dire A.B = A + B = A + B
De même que pour la porte ET, la porte OU s'obtient en technologie CMOS par
l'adjonction d'un inverseur CMOS en sortie de la porte NOR. Pour rappel, voici la table de
vérité de la porte OU (OR) :
A B S
0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 1
121
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
En plus de leur structure transistor simple, les portes NON-ET et NON-OU ont l’avantage
d’être des « portes complètes », contrairement aux portes ET et OU. Une porte complète est
une porte dont le type permet de réaliser toutes les opérations logiques, qui sont au nombre
de trois : ET, OU et inversion. Nous avons déjà vu que les portes NON-ET et NON-OU
permettent de réaliser la porte inverseuse.
La porte NON-ET définie comme A.B réalise intrinsèquement une fonction OU. Il suffit
d'ajouter une porte inverseuse (réalisée avec des portes NON-ET) sur les entrées pour lever
le problème de l'inversion des entrées. Enfin, une porte NON-ET utilisée en inverseur que
nous ajoutons à la sortie d'une porte NON-ET permet de réaliser la fonction ET
car A.B = A.B .
De même, la porte NON-OU définie comme A + B réalise intrinsèquement une fonction
ET. Il suffit d'ajouter une porte inverseuse (réalisée avec des portes NON-OU) sur les entrées
pour lever le problème de l'inversion des entrées. Enfin, une porte NON-OU utilisée en
inverseur que nous ajoutons à la sortie d'une porte NON-OU permet de réaliser la fonction
OU car A + B = A + B d'après le théorème d'involution.
Ces deux portes sont donc des portes complètes, qui outre leur structure MOS simple,
permet de réaliser la totalité des fonctions logiques avec un seul type de porte. Les
équivalences sont rappelées dans la figure ci-dessous.
D'autres portes, non élémentaires du point de vue transistors mais dont la fonction est
simples sont largement utilisées. Ainsi, elles ont leur propre implantation physique en
technologie MOS (au contraire des autres fonctions que nous chercherons généralement à
réaliser avec des combinaisons des portes élémentaires).
OU EXCLUSIF (XOR)
Comme son nom l'indique, il faut que A et B soient exclusivement différents pour que la
sortie soit vraie (= 1) comme le montre la table de vérité :
122
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
A B S
0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 0
Table 6: Table de vérité du OU exclusif.
BUFFER
Le buffer est un suiveur logique, classiquement composé de 2 inverseurs successifs. Sa
fonction principale est l'adaptation d'impédance, la création d'arbres de signaux de contrôle
(comme un arbre d'horloge) et parfois la numérisation2 d'un signal dans des systèmes mixtes
(mélangeant analogique et numérique).
A S
0 0
1 1
Table 7: Table de vérité du Buffer.
2
En se servant des tensionsVIH et VIL du buffer comme valeur de référence, nous pouvons réaliser une conversion analogique
numérique sommaire avec simplement un buffer : toute tension supérieure à VIH est transformée en un logique et toute tension
123
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Porte 3 états
Une porte 3 états est une porte qui permet d'implanter un troisième état appelé état de
haute impédance (noté Z). Lorsqu'une porte est dans l'état de haute impédance, cela signifie
que son impédance de sortie est infinie : tout se passe comme si la sortie de cette porte
présentait une impédance infinie avec l'entrée, et les rails d'alimentation. Cet état est très
utilisé dans le partage de ligne (bus de communication type I2C et autres) car il permet à
plusieurs signaux d'entrée d'utiliser le même fil pour communiquer : en effet, si une entrée
veut émettre sur le fil commun, il suffit de mettre tous les autres accès en état de haute
impédance : l'élément de base de cette logique est la porte de transmission 3 états dont la
table de vérité et la structure sont :
E A S
0 0 Z
0 1 Z
1 0 0
1 1 1
Une implantation plus performante de cette fonctionnalité est celle du buffer 3 états. La
table de vérité reste inchangée mais la structure du circuit est plus complexe :
124
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
La grande différence avec la porte de transmission porte sur les signaux : lorsque la porte
est passante, dans le cas de la transmission, le signal d'entrée est transféré en sortie alors
que pour le buffer, nous recopions la valeur logique du signal d'entrée en sortie à partir des
alimentations. Concrètement, cela signifie que dans le cas du buffer, nous reconstruisons le
signal au contraire de la porte de transmission qui a tendance à le dégrader encore plus qu'il
ne l'est en entrée.
Elle permet de poser clairement le problème, en détaillant les entrées et les sorties (et
donc la totalité des états possibles), et en écrivant leurs relations.
Pour l'additionneur 1 bit, nous voulons additionner A, B et C (booléens) et obtenir le
résultat S (booléen) avec une retenue sortante Co (faisant office de poids plus fort que S), Co
étant la contraction de carry out. Le symbole de l'additionneur est rappelé :
125
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Nous écrivons la table 9, avec les entrées à gauche, les sorties à droite :
C B A Co S
0 0 0 0 0
0 0 1 0 1
0 1 0 0 1
0 1 1 1 0
1 0 0 0 1
1 0 1 1 0
1 1 0 1 0
1 1 1 1 1
126
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Exemple pour S = f(A,B,C), nous définissons le tableau comme indiqué sur la table :
BA
00 01 11 10
C
0
1
Ensuite, si nous choisissons une résolution par les 1 (ce qui est classiquement fait), nous
faisons des regroupements de 1 logiques par paquets de puissance 2 (donc nous regroupons
1, 2, 4, ou 8 bits).
Nous pouvons prendre un bit plusieurs fois dans des regroupements, cela correspond à
une factorisation. Chaque regroupement donne une expression plus réduite issue d'une
factorisation : nous ignorons le bit qui change d'état dans un regroupement. Ainsi, pour le
premier regroupement (rouge): C = 0, B change d'état, et A = 1. Donc pour toute
combinaison C = 0 et A = 1 (quel que soit B), S = 1. Nous trouvons donc l'équation réduite
(minimale) :
Y = CA + CB + BA
Rq: Toute autre factorisation ne réduirait pas le nombre de portes logiques nécessaires.
Pour minimiser cette équation algébriquement, il aurait fallu écrire :
Y = CBA + CBA + CBA + CBA
Y = CBA + CBA + CBA + CBA + CBA + CBA => phase non intuitive
Y = ( C BA + CBA) + ( CB A + CBA) + ( CBA + CBA) => phase non intuitive
Y = ( CA(B + B )) + ( CB (A + A)) + ( BA (C + C ))
Y = CA + CB + BA
4
Les "1" sur plusieurs groupements sont les éléments que nous doublons ou triplons (voire plus) par idempotence dans la résolution
analytique à la main.
127
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Il se peut que des valeurs en entrée ne soient jamais utilisées : nous pouvons dans ce
cas considérer qu'ils génèrent un "1" ou un "0" en sortie. Leur incidence importe peu,
puisque ces entrées ne sont pas censées apparaître. Nous les notons donc X ("don't care"),
et nous pouvons leur attribuer la valeur que nous souhaitons (celle qui permettra
d'optimiser le résultat).
Réalisons la synthèse d'un détecteur de nombres premiers sur les nombres allant de 0 à
5. Donc la sortie S vaut 1 si E est égal 1,2,3,5 5. Comme les entrées varient de 0 à 5, nous
allons coder les entrées sur 3 bits : E2 E1 E0. Nous obtenons la table de vérité:
E3 E2 E1 S
0 0 0 0
0 0 1 1
0 1 0 1
0 1 1 1
1 0 0 0
1 0 1 1
1 1 0 X
1 1 1 X
Les valeurs 6 (110) et 7 (111) qui peuvent être codées sur 3 bits ne sont pas considérées,
donc la valeur de S associée importe peu.
Si nous ne considérons pas les X (ce qui revient à considérer X=0), nous obtiennons :
S = E 2.E1+ E3.E1 + E3.E 2
N.B : le regroupement rouge est inutile car il prend en compte des 1 déjà considérés par
ailleurs (de plus, le terme associé au groupement rouge disparaît si nous appliquons les
théorèmes de simplification à la formule précédente).
Ce résultat n'est pas optimal (au sens minimisation du nombre de portes et complexité de
5
0 n'est pas considéré comme un nombre premier et 1 est considéré comme un nombre premier en accord avec la majorité des
scientifiques débattant sur ce sujet épineux.
128
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
circuit minimale).
En affectant "1" aux deux "X", nous pourrons faire des regroupements de "1" plus
intéressants comme le montre le tableau :
Une fois l'équation obtenue, nous pouvons dessiner le schéma électrique du circuit,
composé de 2 portes OU EXCLUSIF, 3 portes ET et deux portes OU :
129
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Pour aiguiller les signaux numériques, des multiplexeurs (ou démultiplexeurs pour la
fonction inverse) sont utilisés. Un multiplexeur permet de sélectionner un signal parmi N –à
l'aide d'une adresse de sélection- et de la connecter sur la sortie.
La figure ci-dessous donne un exemple pour un multiplexeur 4 vers 1 (4 entrées vers 1
sortie). Deux entrées de sélection sel1, sel0 sont alors nécessaires.
sel1 sel0 S
00 S=A
01 S=B
10 S=C
11 S=D
Additionneur N bits
130
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Soustracteur N bits
Pour faire un soustracteur S=A-B, il faut faire S=A+ B +1 (voir codage des nombres signés).
En utilisant des inverseurs sur les entrées BN ... B0 et en forçant "1" sur la retenue entrante
C, nous effectuons bien A+ B +1.
A l'aide de multiplexeurs 2 vers 1, il est possible de concevoir un
additionneur/soustracteur, donc le signal de configuration M détermine l'opération à
effectuer.
131
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
6 La logique séquentielle
6.1 Définitions
Un système est dit séquentiel, lorsque la ou les sorties, à un instant donné (t),
dépendent :
• de la combinaison des entrées à l'instant (t), et
• de l'état qu'avaient les sorties à l'instant (t-1)
Ainsi le fonctionnement d'un système séquentiel passe par une séquence d'états.
Cette notion de séquencement impose donc que le système doit posséder des éléments de
mémorisation. Selon l'état dans lequel se trouve le système, les sorties peuvent être
différents pour un même ensemble d'entrées. Il n'est donc pas possible de représenter le
système directement par un tableau de vérité ou de Karnaugh car il y aurait plusieurs états
possibles dans une même case. Cette approche ne devient possible que lorsque l'on intègre
la notion d'états dans ces tableaux.
On distingue les circuits séquentiels asynchrones pour lesquels il n'existe pas de
référence de temps (c'est à dire que l'action des entrées est prise en compte dès leur
changement d'état et il n'y a que le retard intrinsèque des portes logiques qui intervient),
des circuits synchrones pour lesquels on applique un signal spécial synchronisant que l'on
appelle une horloge (ici, les entrées sont insensibles aux signaux qui leur sont appliqués sauf
pendant un court intervalle de temps déterminé par ce signal d'horloge) – cf Figure 1a.
132
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Q(n)
Logique
m p
E combinatoire
p
Q(n+1) mémoire Q(n)
ck
signal carré synchronisant
= horloge ou clock
Figure 1a: Schéma bloc d'un circuit séquentiel synchrone.
Dans un circuit séquentiel qui est dans un état St-1, une modification des entrées peut
faire passer le circuit dans un nouvel état St (on parle de transition de St-1 vers St). Ce
changement s'effectuera après une durée déterminée par une constante de temps (pour les
systèmes asynchrones) ou par l'horloge (pour les systèmes synchrones). L'état du système
comprend l'ensemble des variables en mémoire. Ce concept sera précisé par la suite.
6.2 Bascules
Une bascule est un circuit électronique réalisant la fonction de mémorisation. Elles
représentent la brique de base de tout circuit séquentiel. Plusieurs bascules existent, dont la
bascule SR, la bascule D et la bascule JK.
6.2.1 Bascule RS
La bascule RS se compose de deux portes logiques NOR ou de deux portes logiques
NAND dont les sorties sont rétro-couplées sur les entrées. Les sorties Q et Q représentent
deux sorties complémentaires (Q est l'inverse de Q), S (Set) permet la mise à 1 de Q, et R
(Reset) permet la mise à 0 de Q.
Dans la structure à base de portes NOR (figure 2) :
- Mise à 0 : R=1, S=0. Lorsque R vaut 1, Q vaut 0 quelle que soit la valeur de l'autre entrée
sur la porte NOR. S valant 0, la sortie de l'autre porte NOR Q vaudra 1.
- Mise à 1 : R=0, S=1. Lorsque S vaut 1, Q vaut 0 quelle que soit la valeur de l'autre entrée
sur la porte NOR. R valant 0, la sortie de l'autre porte NOR Q vaudra 1.
- Mémorisation : R=0, S=0. Comme une porte NOR avec l'une des entrées à zéro est
équivalent à une fonction d'inversion, Q vaudra l'inverse de Q, et Q vaudra l'inverse de Q.
La bascule est dans un état stable, imposé par la dernière opération (mise à 0 ou mise à
1).
- Etat interdit : R=1, S=1. Dans cet état, Q=Q=0. Cet état est possible électriquement, mais
la complémentarité des sorties Q et Q n'est plus assurée (cela peut poser des problèmes
pour les portes logiques en aval de la bascule), donc il n’est pas admis du point de vue
logique.
R Q
S !Q
133
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Dans la structure à base de portes NAND (cf. figure 3), les entrées S et R sont
complémentées en S et R, qui sont donc des signaux actifs à l'état bas. Cela signifie que pour
une activation de l'opération set (mise à 1), S=0 ; et pour une activation de l'opération reset
(mise à 0), R=0. Le fonctionnement est le suivant :
- Mise à 0 : R=0, S=1. Lorsque R vaut 0, Q vaut 1 quelle que soit la valeur de l'autre entrée
sur la porte NAND. S valant 1, la sortie de l'autre porte NAND Q vaudra 0.
- Mise à 1 : R=1, S=0. Lorsque S vaut 0, Q vaut 1 quelle que soit la valeur de l'autre entrée
sur la porte NAND. R valant 1, la sortie de l'autre porte NAND Q vaudra 0.
- Mémorisation : R =1, S =1. Comme une porte NAND avec l'une des entrées à 1 est
équivalent à une fonction d'inversion, Q vaudra l'inverse de Q, et Q vaudra l'inverse de Q.
La bascule est dans un état stable, imposé par la dernière opération (mise à 0 ou mise à
1).
- Etat interdit : R=0, S =0. Dans cet état, Q=Q=1. Cet état est possible électriquement, mais
la complémentarité des sorties Q et Q n'est plus assurée (cela peut poser des problèmes
pour les portes logiques en aval de la bascule), donc il n’est pas admis du point de vue
logique.
Q X
!Q X
S Mem RM S I S Mem
Qn est fonction de l'état précédent de Q ! (ou Qn-1) pour la combinaison (R=0, S=0). Le
passage de S de l'état 0 à l'état 1 met Q à 1 ; le retour à 0 ne change pas la valeur de Q
(mémorisation) ; Q et Q sont complémentaires. Le passage de l'état 0 à l'état 1 de R met Q à
1 et Q à 0 ; le retour à 0 ne change pas la valeur de Q (mémorisation) ; Q et Q sont
complémentaires. L'état S=1, R=1 est interdit (à éviter) car Q et Q ne sont plus
134
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
S R Qn 𝐐𝒏
0 0 Qn-1 Q !!!
0 1 0 1
1 0 1 0
1 1 interdit (=0=Q) interdit (=0=Q)
Si l'on appelle les signaux internes aux entrées des portes NOR R' (=R.E) et S' (=S.E), le
fonctionnement décrit précédemment pour la structure NOR sera atteint lorsque E=1. Si
E=0, les signaux R'=S'=0 et la bascule est en mode mémorisation (Qn=Qn-1). On obtient la
tableau 2.
E S R Qn 𝐐𝒏
0 X X Qn-1 Q !!!
1 0 0 Qn-1 Q !!!
1 0 1 0 1
1 1 0 1 0
1 1 1 interdit (=0=Q) interdit (=0=Q)
Cette structure est appelée un latch (ou verrou) et fonctionne selon l'état (0 ou 1) du
signal de contrôle E (Enable). Elle est communément utilisée dans la configuration D-latch,
où la donnée D remplacera les signaux R (=D) et S (=D) tel que R'=D.E et S'=D.E (cf. figure 6).
135
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Figure 6: Verrou D.
Ici, l'étage de sortie est la structure à base de NAND. Ainsi, si l'on se réfère à la
structure de la bascule RS à base de portes NAND, les signaux internes S′ = D. E et
R! = (D. E). 𝐸 = D. 𝐸 , tel que S'=D.E et R'= D. E dans la structure précédente (cf. tableau 3).
E D S′ R′ Qn Q!
0 X X X Qn-1 Q !!!
1 0 1 0 0 1
1 1 0 1 1 0
136
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
137
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
D D Q D Q Q
C !Q C !Q !Q
CK
138
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
de l'horloge CLK. Il est à noter que la bascule D peut également fonctionner sur front
descendant en transmettant CLK non inversé à L1 et CLK inversé à L2.
CLK D Qn Q !
↑ 0 0 1
↑ 1 1 0
0, 1, ↓ X Qn-1 Q !!!
6.2.4 Bascule JK
La bascule JK est une bascule universelle dont la structure est donnée figure 11. Elle
se comporte comme une bascule typique, sans l'ambiguïté pour la combinaison 1-1 (l'état
interdit dans la bascule RS). En effet, pour cette combinaison, il y a inversion des sorties.
Dans cette structure, le dernier étage est identique à la bascule RS à base de portes
NAND, commandé par les signaux internes S et R. Le fonctionnement peut ainsi s'expliquer
en générant les équations booléennes de S et R en fonction de J, K, CLK et Q :
S = ( Q n−1.J .CLK )
R = (Q n−1.K .CLK )
Ainsi on peut considérer, pour l'état CLK=1 (il s'agit donc d'une structure de type
verrou, transparent dans cet état), que
S = Qn −1 si J = 1
= 1 si J = 0
R = Q n −1 si K = 1
= 1 si K = 0
139
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
CLK J K S R Qn Q ! Fonction
0 X X 1 1 Qn-1 !!!
Q Mémorisation
1 0 0 1 1 Qn-1 Q !!! Mémorisation
1 0 1 1 Q !!! 0 1 Mise à 0
1 1 0 Qn-1 1 1 0 Mise à 1
1 1 1 Qn-1 Q !!! Q !!! Qn-1 Toggle (inversion)
Pour la combinaison J=0 K=1, R=Q !!! . La sortie Qn sera égale à 0 dans tous les cas car
si Qn-1=0, 𝑅=1 et l'état est maintenu ; et si Qn-1=1, 𝑅=0 et la sortie Q est mise à zéro.
Pour la combinaison J=1 K=0, S=Qn-1. La sortie Qn sera égale à 1 dans tous les cas car si
Qn-1=1, 𝑆=1 et l'état est maintenu ; et si Qn-1=0, 𝑆=0 et la sortie Q est mise à un.
Pour la combinaison J=1 K=1, S=Qn-1 et R=𝑄!!! . La sortie Qn sera inversée par rapport
à sa valeur précédente. En effet, si Qn-1=0, 𝑆=0 et 𝑅=1 et la sortie Q est mise à un (Qn=1). Si
Qn-1=1, 𝑆=1 et 𝑅=0 et la sortie Q est mise à zéro (Qn=0). La deuxième sortie respecte la
complémentarité.
Il est également possible d'effectuer l'analyse des combinaisons des entrées JK pour
les transitions voulues de la sortie Q, de l'état antérieur Qn-1 vers l'état présent Qn (tableau
6).
Qn-1 Qn J K
0 0 0 X
0 1 1 X
1 0 X 1
1 1 X 0
Pour la transition Qn-1=0 → Qn=0, il s'agit de la mémorisation (𝑅=1, 𝑆=1). Pour obtenir
𝑅=1, lorsque Qn-1=0 et CLK=1, K=X. Pour obtenir 𝑆=1, lorsque 𝑄!!! =1 et CLK=1, J=0.
Pour la transition Qn-1=0 → Qn=1, il s'agit de la mise à un (𝑅=1, 𝑆=0). Pour obtenir
𝑅=1, lorsque 𝑄!!! =0 et CLK=1, K=X. Pour obtenir 𝑆=0, lorsque 𝑄!!! =1 et CLK=1, J=1.
Pour la transition Qn-1=1 → Qn=0, il s'agit de la mise à zéro (𝑅=0, 𝑆=1). Pour obtenir
𝑅=0, lorsque Qn-1=1 et CLK=1, K=1. Pour obtenir 𝑆=1, lorsque 𝑄!!! =0 et CLK=1, J=X.
Pour la transition Qn-1=1 → Qn=1, il s'agit de la mémorisation (𝑅=1, 𝑆=1). Pour obtenir
𝑅=1, lorsque Qn-1=1 et CLK=1, K=0. Pour obtenir 𝑆=1, lorsque 𝑄!!! =0 et CLK=1, J=X.
Il est à noter que la bascule JK expliquée ici fonctionne sur état de CLK. Il existe bien
140
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
évidemment une structure qui fonctionne sur front de l'horloge, au même titre que la
bascule-D par rapport au D-latch.
Etat / Sortie Q1 Q0
0 0 0
1 0 1
141
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
2 1 0
3 1 1
CK
RAZ
Q0 X
Q1 X
Q1Q0è XX 00 01 10 11 00
0 1 2 3 0
Figure 13: Chronogramme de fonctionnement du compteur modulo-4
Dans le schéma général de la figure 13a, les sorties Q1(n) Q0(n) de l'état présent sont
interprétées par un bloc de logique booléenne afin de générer les nouvelles entrées E1(n+1)
E0(n+1) des bascules leur permettant de générer les sorties Q1(n+1) Q0(n+1) de l'état futur. La
valeur des entrées doit correspondre au type des bascules (D pour les bascules D, J et K pour
les bascules JK).
Comme indiqué en début de ce chapitre, il existe deux types de circuits séquentiels –
synchrones et asynchrones.
Les compteurs et décompteurs asynchrones utilisent le principe des diviseurs de
fréquence par 2 (où la sortie de la bascule générant le bit de poids inférieur sert également
comme signal d'horloge pour la bascule qui suit), montés en cascade. Les bascules doivent
ainsi réaliser la fonction "toggle" (ou commutation) – pour une bascule-D, cela signifie que
l'entrée D de chaque bascule sera reliée à la sortie de la même bascule 𝑄 ; pour une bascule
JK, cela signifie que les entrées J et K de chaque bascule seront reliées à 1.
Les principaux inconvénients des (dé)compteurs asynchrones (présence d'états
indésirables, lenteur) proviennent de l'asynchronisme. L'horloge n'est appliquée qu'à la
première bascule (générant le bit de poids le plus faible). Ainsi, il ne peut y avoir de
142
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
transitions simultanées sur l'ensemble des sorties. Des états indésirables apparaissent
pendant le temps de propagation total de l'information de l'horloge à la dernière sortie. Ce
temps de propagation maximal correspond à n.tp (n étant le nombre de bascules, et tp étant
le temps de propagation (tpLH ou tpHL) d'une bascule. On ne peut donc pas les utiliser à des
fréquences élevées.
Les compteurs et décompteurs synchrones éliminent l'accumulation des temps de
propagation des bascules, en utilisant le même signal d'horloge pour toutes les entrées
d'horloge des bascules. Ils peuvent être réalisés à l'aide de bascules D ou JK. Les entrées des
bascules sont alors appelées report (retenue). Lorsque la retenue est active, la bascule
changera d'état au prochain front d'horloge.
Il est ainsi possible d'écrire les équations logiques booléennes permettant de générer D1 et
D0 :
D0 = Q0( n )
D1 = Q1( n ) ⊕ Q0( n )
D Q D Q
C !Q C !Q
CK
Pour la réalisation en bascules JK, le tableau des transitions est donnée dans la
tableau 9.
143
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Il est ainsi possible d'écrire les équations logiques booléennes permettant de générer
J1K1 et J0K0 :
J0 = 1
K0 = 1
J1 = Q0( n )
K1 = Q0( n )
Etat (n) Q3(n) Q2(n) Q1(n) Q0(n) Etat (n+1) Q3(n+1) Q2(n+1) Q1(n+1) Q0(n+1)
=D3(n) =D2(n) =D1(n) =D0(n)
0 0 0 0 0 1 0 0 0 1
1 0 0 0 1 2 0 0 1 0
2 0 0 1 0 3 0 0 1 1
3 0 0 1 1 4 0 1 0 0
4 0 1 0 0 5 0 1 0 1
5 0 1 0 1 6 0 1 1 0
6 0 1 1 0 7 0 1 1 1
7 0 1 1 1 8 1 0 0 0
8 1 0 0 0 9 1 0 0 1
9 1 0 0 1 0 0 0 0 0
• Afin d'établir les relations combinatoires pour les entrées Dx(n), on procède à
l'établissement des tableaux de Karnaugh :
144
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
D0 Q1Q0 D1 Q1Q0
00 01 11 10 00 01 11 10
Q3Q2 00 1 0 0 1 00 0 1 0 1
Q3Q2
01 1 0 0 1 01 0 1 0 1
11 X X X X 11 X X X X
10 1 0 X X 10 0 0 X X
D0 = Q0 (
D1 = Q3 Q1 ⊕ Q0 )
D2 Q1Q0 D3 Q1Q0
00 01 11 10 00 01 11 10
00 0 0 1 0 00 0 0 0 0
Q3Q2
Q3Q2
01 1 1 0 1 01 0 0 1 0
11 X X X X 11 X X X X
10 0 0 X X 10 1 0 X X
(
D2 = Q2 Q1 + Q0 + Q2Q1Q0 ) D3 = Q3 Q1 Q0 + Q2Q1Q0
Tableau 9b: Tableaux de Karnaugh des entrées des bascules D du compteur modulo-10
Logique combinatoire
D0(n) D1(n) D2(n) D3(n)
= = = =
Q0 Q0 Q1 Q1 Q2 Q2 Q3 Q3
(n+1) (n) (n+1) (n) (n+1) (n) (n+1) (n)
Q(n+1) Q(n)
D Q D Q D Q D Q
C !Q C !Q C !Q C !Q
CK
Mémoire
145
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
6.3.2 Registres
CK D[n-1:0]
D[n-1] Q[n-1]
D Q
C !Q
D[n-2] Q[n-2]
D Q
C !Q
D[n-3] Q[n-3]
D Q
C !Q
D[0] Q[0]
D Q
C !Q
Q[n-1:0]
Cependant, cette structure ne peut servir que comme "tampon" pour les données –
toute donnée D arrivant sur le bus est copiée sur le front montant suivant sur la sortie Q. Il
n'y a aucun moyen de contrôler le stockage des données. Afin de rendre possible le contrôle
sur le chargement des données, et ainsi permettre l'isolation des ressources de
mémorisation du bus d'entrée, il est possible d'utiliser la structure illustrée figure 16.
146
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Ici, un multiplexeur, contrôlé par le signal externe LD (LoaD), est utilisé soit pour
connecter le bus d'entrée aux entrées des bascules (fonction de chargement), soit pour
isoler des bascules du bus et maintenir la donnée stockée dans le registre (fonction de
mémorisation).
Q(n)
Q(n+1) = f(E, Q(n))
Logique
m p
E combinatoire
p
Q(n+1) mémoire Q(n)
ck
147
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Pour réaliser les machines d'états, qu'ils soient d'ailleurs en matériel ou en logiciel, il
existe deux architectures différentes : la machine de Moore et la machine de Mealy.
L'impact sur le diagramme d'états est le suivant :
• pour les machines de Moore (les sorties ne dépendent que de l’état présent), la valeur
des signaux de sortie est placée à l’intérieur des cercles
Transition 1è2
E=condition 1
Q=Etat 1 / Q=Etat 2 /
S=Sortie 1 S=Sortie 2
Transition 2è1
E=condition 2
• pour les machines de Mealy (les sorties dépendent de l’état présent et des entrées), la
valeur des signaux de sortie est placée à côté des flèches de transition - on les sépare des
conditions de transition par une barre oblique
Transition 1è2
E=condition 1 / S=sortie 1
Q=Etat 1 Q=Etat 2
Transition 2è1
E=condition 2 / S=sortie 2
148
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Dans une machine de Moore, les sorties S dépendent de l’état présent Q(n) : les
sorties changent de manière synchrone sur un front d’horloge et il n’y a pas de connexion
directe entre les entrées E et les sorties S. L’état futur Q(n+1) dépend des entrées E et de l’état
présent Q(n).
Q(n) Q(n) p
logique
m p
E combinatoire
logique r
mémoire S
ck Q(n+1) combinatoire
E=0
E=1 E=0
État 0 Etat 1 Etat 2
S=0 S=0 S=1
E=1 E=1
E=0
Figure 19b: Diagramme d'état pour un détecteur de séquence 1-0 en machine de Moore
149
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
les états n (de 0 à 2), les codages Q1-Q0 associés et l'entrée E. Chaque combinaison utilisée
doit être décrite, ce qui nécessite six lignes du tableau. Puis l'on établit les états n+1 pour
chaque état n, les codages Q1-Q0 associés et la valeur de la sortie S. Comme pour l'exemple
précédent du compteur, pour une réalisation en bascules D, les sorties Q(n+1) sont
directement les entrées D(n) de la même bascule.
Tableau 10: Tableau des états pour le détecteur de séquence 1-0 en machine de Moore
Une analyse habituelle par tables de Karnaugh permet d'établir les équations
combinatoires définissant les entrées des bascules ainsi que la sortie :
D1 = Q1Q0 E
D0 = E
S = Q1 Q0
Q1Q0(n) Q1Q0(n) 2
D1 = Q1Q0 E
2
E D0 = E
D1D0(n)= Bascules
ck Q1Q0(n+1) D
S = Q1 Q0 S
150
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Q(n) Q(n) p
logique
m p
E combinatoire
mémoire
ck Q(n+1) logique r
S
combinatoire
E=0 / S=1
Figure 21b: Diagramme d'état pour un détecteur de séquence 1-0 en machine de Moore
Ici on notera que comme les sorties dépendent des états et des entrées, elles sont
donc associées aux transitions (combinaison d’un état et d’une condition sur les entrées) et
changent de manière asynchrone. Il s'agit là de la différence fondamentale entre les
machines Moore et Mealy et représente la conséquence directe de l'arrivée des entrées E
sur la logique combinatoire permettant de générer les sorties S.
Ici, il faudra une seule bascule pour représenter les 2 états du système. Le diagramme
d'états permet l'établissement du tableau des états comme vu précédemment. On
commence par les états n (de 0 à 1), le codage Q0 associé et l'entrée E. Puis l'on établit les
états n+1 pour chaque état n, le codage Q0 associé et la valeur de la sortie S.
151
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Tableau 11: Tableau des états pour le détecteur de séquence 1-0 en machine de Mealy
Une analyse habituelle par tables de Karnaugh permet d'établir les équations
combinatoires définissant les entrées des bascules ainsi que la sortie :
D0 = E
S = Q0 E
6.4.3 Comparaison
152
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Bus d’adresses
Bus de données
153
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
154
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
compilation
LOAD R0
Langage assembleur ADD R1
STORE R0
assemblage
(B8)16 = (1011 1000)2
Langage machine (89)16 = (1000 1001)2
(30)16 = (0011 0000)2
Figure 3: Compilation d'un programme dans un langage évolué vers un code machine
155
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
s7 s6 s5 s4 s3 s2 s1 s0
156
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Code machine en
Instruction Code machine en
Description hexadécimal (donné
(assembleur) binaire
pour Rx = R0)
Transfert d’une donnée de la mémoire vers le
LOAD Rx 1011 1xxx B8
registre Rx de l’unité de calcul
STORE Rx Transfert du registre Rx vers la mémoire 0011 0xxx 30
Addition entre Rx et une donnée de la mémoire
ADD Rx 1000 1xxx 88
puis stockage du résultat dans Rx
SUB Rx Soustraction … 1001 1xxx 98
Des architectures plus complexes permettent de définir dans une même instruction
plusieurs sources et destinations, ce qui réduit le nombre d’instructions nécessaires pour
l’exécution d’un programme mais augmente la complexité du processeur. Dans l’exemple de
la Figure 7, une instruction est codée sur 15 bits : 7 bits permettent de sélectionner
l’opération et 9 bits permettent de sélectionner jusqu’à 3 opérandes (Rd pour la destination,
Rs1 pour la source 1 et Rs2 pour la source 2). NB : le processeur permettant d’exécuter une
telle instruction est différent de celui représenté dans la Figure 2.
Figure 7: Exemple d'instruction avec trois opérandes (une destination Rd et deux sources Rs1 et Rs2)
157
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
• Adressage Direct : l’adresse de la donnée est transmise dans l'instruction (Figure 9).
La taille de l'adresse est contrainte par le nombre de bits de l'instruction dédié aux
opérandes : dans l’exemple précédent, 29 adresses différentes peuvent être
transmises. Ce mode d’adressage est celui utilisé dans le processeur de la Figure 2 :
les 3 bits s0, s1 et s2 du mot de contrôle (Figure 5) permettent de sélectionner une
donnée parmi 23 emplacements dans la mémoire de données (R0 à R7).
158
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
CISC :
Le jeu d'instruction CISC permet de rendre indépendant l’architecture du processeur
du logiciel. Il s'agit d'un jeu d'instruction riche, avec une grande variété des modes
d'adressage, permettant la construction d'instructions complexes et de longueurs variables.
Cette richesse d'instructions permet de simplifier l'étape de compilation et d'améliorer les
performances du compilateur. On rapproche ainsi le langage haut-niveau du langage
machine. Le code machine généré est réduit, et par conséquent la place occupée en
mémoire par le programme.
Cependant, la richesse du jeu d'instructions résulte également en des instructions de
longueur variable, souvent avec un seul opérande en mémoire. Il existe également un grand
nombre de modes d'adressage, nécessaire pour refléter la richesse des structures de
données en langage haut niveau. Les accès mémoire nécessitent ainsi une gestion complexe
et coûteuse, et la complexité des instructions et des modes d'adressage impose un
séquenceur microprogrammé.
Exemple : Les processeurs de la famille Intel x86 (ex., Pentium) sont des processeurs
CISC.
RISC :
En langage machine, les types de fonction exécutables par un processeur sont
l'affectation, l'itération, l'appel de procédure et le branchement (conditionnel ou non). Dans
les programmes classiques, l'affectation représente 60% des instructions. Les appels de
procédure représentent 20% des instructions d'un langage haut-niveau, mais 60% du temps
d'exécution des instructions machines et 70% des accès mémoire. Ces chiffres reflètent
l'importance des paramètres et de leur passage entre la mémoire et le processeur. De plus,
75% des références mémoires portent sur des données simples (constantes ou variables
scalaires). Ainsi, une architecture RISC vise une optimisation globale matérielle et logicielle
par rapport à l'architecture CISC, pour tirer le meilleur parti de cette synergie. Pour atteindre
cette optimisation, l'architecture RISC réalise trois modifications principales :
• Diminution de la partie contrôle. Le séquenceur est réalisé en logique câblée, et
sera donc plus rapide.
• En conséquence de la diminution de la surface du séquenceur, une place plus
importante peut être attribuée aux registres. Cette approche donne donc la possibilité de
séparer les données et les instructions même au niveau interne du composant.
• Enfin, les modes d'adressage et les instructions sont simplifiés (avec une
longueur fixe). L'accélération de l'exécution est plus efficace.
Exemple : Les processeurs ARM sont des processeurs RISC.
159
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
mémoire via un bus d’adresse et un bus de données (Figure 11-a). Le contrôleur mémoire
dispose d'un registre interne appelé PC (Program Counter, ou Compteur Ordinal) qui
contient l'adresse en mémoire de la prochaine instruction à exécuter. Le processeur envoie
cette adresse à la mémoire (port @ dans la figure), qui renvoie alors le contenue de
l’emplacement mémoire correspondant (c’est-à-dire l’instruction) sur le port data.
L’instruction reçue est décodée puis transférée au registre d’instructions pour être exécutée
(voir Section 7.2). En parallèle, le registre PC est mis à jour et l’instruction suivante est
récupérée, etc. Les instructions étant stockées de manière contigüe dans la mémoire, le
déroulement logique d'un programme s'appuie principalement sur l'incrémentation de la
valeur contenue dans PC.
Adresse de la mémoire
Contenu
d’instructions
@00 B8
@01 89
@02 30
@03 …
a) b)
Figure 11: le contrôleur mémoire permet de gérer l’exécution du programme contenu dans la mémoire d’instructions : a)
extrait de la Figure 2 et b) exemple de contenu dans la mémoire.
160
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
Références
[14] Cazes A., Delacroix J., Architectures des machines et systèmes informatiques,
DUNOD, ISBN 2100493833, 004.22 CAZ. La plupart des figures de ce chapitre sont issues de
ce livre.
[15] Tanenbaum Andrew, Architecture de l'ordinateur, Pearon Education, ISBN
2744073776, 004.22 TAN
[16] Stallings William, Organisation et architecture de l'ordinateur , 6e Edition,
Prentice Hall, ISBN 2-7440-7007-6, 004.22 STA
161
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
ANNEXE
8.1 Rappel de physique du semiconducteur
8.1.1 Potentiel de surface
162
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
VGB : Le signe négatif est à utiliser lorsque ΦS est positif, ΦS étant défini comme le potentiel
de surface comme indiquée sur la figure 11. Quant à la charge de grille, elle est simplement
liée au potentiel aux bornes de l'oxyde par la relation QG' = Cox'Φox.
163
Sciences et Technologies de l'Information tc1 Systèmes Electroniques
164