Apc La Connaissance de L'homme 2020-2021
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TRAITER UNE
SITUATION RELATIVE
AUX CONDITIONS DE
L’HOMME DANS LA
SOCIETE
INTRODUCTION
ACTIVITE D’APPLICATION :
TEXTE 1 :
Conscience
C’est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-
même, qui se met en demeure de décider et de se juger. Ce mouvement intérieur est dans toute
pensée ; car celui qui ne se dit pas finalement : « Que dois-je penser ? » ne peut être dit penser.
La conscience est toujours implicitement morale ; et l’immoralité consiste toujours à ne
point vouloir penser qu’on pense, et à ajourner le jugement intérieur. On nomme bien
inconscients ceux qui ne se posent aucune question d’eux-mêmes à eux-mêmes. Ce qui n’exclut
pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-
à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaitre et de se juger ; et cela est proprement la
conscience.
Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu’on l’interroge.
Exemple :ai-je été lâche en telle circonstance ? Je ne le saurai si je veux y regarder. Ai-je été
juste en tel arrangement ? Je n’ai qu’à m’interroger ; mais j’aime bien mieux m’en rapporter à
d’autres. En général l’état d’esclavage intime est très finement senti pourvu qu’on ne
s’étourdisse point de maximes empruntées.
Alain, Définitions, in Alain, Les arts et les dieux, P. 1045, la pléiade, Gallimard
Consigne
Dégage la problématique de ce texte
Du latin « Memoria », la Mémoire désigne la faculté qui permet le souvenir. Elle est cette
aptitude qui permet à l’homme de rappeler les perceptions déjà vécues et de les conserver. En cela, il
permet de jeter un pont entre le passé et le présent. En ce sens elle est un attribut majeur de la nature
humaine et constitue une donnée essentielle de l’esprit humain. En effet, la connaissance ne peut se faire
en dehors de la mémoire qui est cette autre dimension de la conscience qui permet d’enregistrer les faits
passés et de les faire revivre ; autrement dit elle est ce qui permet à la conscience de réactualiser, se
souvenir, se rappeler.
Pour Henri BERGSON, elle se définit par rapport à la conscience. Dans Énergie spirituelle, il
dit ceci : « conscience signifie d’abord mémoire » c’est dire que toute conscience est avant tout
conservation et accumulation du passé dans le présent. Si la conscience est vue sous cet angle dans son
rapport avec la mémoire, cela revient à dire que la mémoire est une réalité psychique sur laquelle
l’homme peut s’appuyer pour connaitre. C’est ce qui a fait dire PLATON (427-348 av J-C) dans Ménon
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ceci : « apprendre, c’est se souvenir ». Rien que pour dire que l’apprentissage consiste à se rappeler, se
souvenir des connaissances acquises dans une vie antérieure dans laquelle l’âme a contemplé les idées
parfaites des choses (la réminiscence).
Si elle permet de réactualiser le passé, tout notre passé ne se fait pas présent. La conscience laisse
un pan de notre histoire personnelle et collective tomber dans l’oubli. Cette dimension de la conscience
laisse entrevoir que cette faculté n’est pas toute souveraine mais comporte des limites.
On peut considérer l’oubli comme étant un défaut qui intervient dans l’affirmation de la mémoire.
Car si la conscience ou la mémoire n’arrive pas à conserver le passé, il nous arrive en cela d’être fort
malheureux car nous aurions souhaité posséder une mémoire infaillible. Malheureusement, l’oubli nous
prive de certaines informations indispensables à notre bonheur. En effet, nul n’est sans ignorer les
aspects négatifs de l’omission. A titre d’exemple, un individu malade qui oublie de prendre ses
médicaments risque de voir son mal s’empirer et le conduire inexorablement vers la mort. Toutefois,
l’oubli est-il systématiquement négatif ? Ne demeure-t-il pas parfois une donnée positive de la
mémoire ?
Aux yeux de certains philosophes et penseurs, l’oubli a une fonction vitale dans l’équilibre de
l’individu. En effet, pour certaines situations de notre vie passée et même présente, nous voudrions ne
conserver aucune trace. Ainsi tout ce qui s’avère inutile, nuisible, insignifiant est mis à l’écart par la
mémoire en vue de permettre une adaptation au présent et d’assurer l’équilibre de notre personnalité ;
telle est la fonction sélective de la mémoire.
Sans l’oubli, l’individu serait écrasé par le poids de son passé. Il nous libère du passé en nous
aidant à vivre le présent de façon plus sereine. C’est ce que Friedrich NIETZSCHE souligne quand il
écrit : « Il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux comme le démontre l’animal,
mais il est impossible de vivre sans oublier. » cf. Généalogie de la morale. C’est dire que la mémoire,
au moyen de l’oubli, a une fonction libératrice, car ce dernier intervient pour nous soulager d’un passé
douloureux. Cela est confirmé par Jean DELAY lorsqu’il fait observer, dans Les dissolutions de la
mémoire, que « l’oubli ne nuit pas nécessairement à l’homme, car dans l’histoire des peuples et des
hommes certains évènements et même certaines tragédies ne sont surmontées que par le moyen de
l’oubli, vecteur de tolérance. » Cette affirmation est rendue plus claire par cette pensée de Georges
GUSDORF extraite de Mémoire et personne : « L’oubli est la condition de l’être humain. ».
Quiconque refuse d’oublier demeure ligoté par son passé. Tous les évènements laisseront des traces dans
sa conscience meurtrière. En un mot l’oubli est la condition réelle de l’action. Car il permet au sujet de
rejeter le passé et d’entreprendre dans le présent.
ACTIVITE D’APPLICATION :
Texte 2 :
L’oubli n’est pas seulement vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien
plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot, faculté à quoi il faut
attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons se présente
tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de « digestion » (on pourrait l’appeler
absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous
« assimilons » notre nourriture. Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la
conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à
notre service livre pour s’entraider ou s’entredétruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans
notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles, et en
particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir,
pour pressentir ( car notre organisme est une véritable oligarchie) voilà, je le répète, le rôle de
la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre
psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle
sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourraient exister
sans faculté d’oubli. L’homme chez qui cet appareil d’amortissement est endommagé et ne peut
plus fonctionner est semblable à un dyspeptique (…)
Consigne :
Dégage la problématique de ce texte
C’est surtout avec FREUD (médecin psychanalyste autrichien) que la conscience va perdre sa
valeur et sa supériorité au profit de l’inconscient. Elle ne va plus constituer à elle seule l’essence du
psychisme humain. C’est donc à FREUD que nous devons véritablement la découverte de l’inconscient.
Dans L’interprétation des rêves, il déclarait que « pour mieux comprendre la vie psychique, il est
indispensable de cesser de surestimer la conscience. ». A partir de ses expériences cliniques qu’il
pratiquait sur les malades, FREUD conclut à l’existence, dans le psychisme humain, d’une zone obscure
qu’il nomme inconscient et qui serait le siège de nos actes refoulés, de nos instincts, de nos désirs
primaires. L’inconscient est donc le terme utilisé par FREUD pour désigner tout ce qui échappe à la
conscience. Cette découverte est le fait de ce qu’on appelle la psychanalyse ou la psychologie des
profondeurs. Mais qu’est-ce que la psychanalyse ?
La psychanalyse est une méthode de recherche psychologique destinée d’une part à relever les
préoccupations inconscientes que nous refusons d’admettre, de mettre en évidence les raisons profondes
de nos comportements afin de mieux nous connaître et nous comprendre.
Ce qu’il y a d’essentiel ici, c’est que la découverte de l’inconscient par la psychanalyse va
marquer une véritable rupture avec la conception classique du psychisme humain qui, jusque-là, n’était
réduit qu’à la seule conscience et/ou la mémoire. Désormais, l’inconscient devient la réalité la plus
importante du psychisme humain car il représente, selon FREUD, les 9/10e de l’appareil psychique.
Dans L’Interprétation des rêves, il persiste en ces termes : « L’inconscient est le psychisme lui-même
et son essentielle réalité. » De cette affirmation, il apparait que l’inconscient est l’instance psychique
qui détermine l’homme à décider, à choisir et à agir ; l’homme agit la plupart du temps sans savoir les
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raisons profondes qui le poussent à agir ainsi. L’inconscient, c’est donc le domaine de l’impénétrable,
de la zone interdite à une explication rationnelle. Pour comprendre cela, FREUD a divisé l’appareil
psychique en trois composantes : le Moi, le Surmoi et le Ça.
Malgré les contestations des rationalistes et des moralistes mais aussi des religieux qui dénoncent
le caractère grotesque et injurieux de l’inconscient, FREUD, dans L’Interprétation des rêves, le justifie
en ces termes : « L’inconscient est un mécanisme psychique dont nous sommes forcés de reconnaître
l’existence parce que nous la déduisons de ces manifestations. » En effet, il se manifeste constamment
dans la vie normale ou pathologique à travers les rêves, les actes manqués, les conduites névro-
psychotiques, etc.
• Les rêves : FREUD note que du fait qu’il s’active ou survient volontairement, le rêve est
un phénomène inconscient. Car ce qui n’a pu être satisfait à l’état d’éveil, à cause de la
présence refoulante du Surmoi, le sera pendant le temps de sommeil grâce au rêve. Le
rêve constitue de ce fait la satisfaction symbolique des désirs refoulés à l’état de veille.
Le rêve est absolument indispensable à l’équilibre mental ou psychologique. Il est aussi
essentiel que l’alimentation et le sommeil. Le rêve permet la libération des soucis, des
hostilités, des colères, des revendications, des espoirs, des désirs. Il fait surtout remonter
à la surface les difficultés intérieures dont il nous soulage.
• Les actes manqués : ils se composent aussi bien des souvenirs d’enfance, des oublis que
des lapsi qui sont des fautes de la parole, des erreurs de lecture et d’écriture qui échappent
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à la volonté du sujet conscient. Nous pouvons aussi citer les actes symptomatiques tels
que les tics, les obsessions, certaines habitudes quotidiennes qui consistent à jouer
uniquement avec un objet particulier, à se tirailler les cheveux, les oreilles, etc. Notons
que ces actes ne sont pas gratuits. Au contraire, ils ont tous un sens. Ils signifient
clairement ce que nous avons voulu cacher, trahissent nos réelles intentions.
• Les névro-psychotiques ou maladies mentales : Elles comprennent : d’une part, les
névroses qui sont des affections psychiques caractérisées par des troubles plus ou moins
manifestes du comportement, c’est-à-dire non conforme aux exigences de la vie ordinaire,
mais sans altération de la personnalité, elles peuvent s’exprimer par des angoisses, des
perversions sexuelles telles que le voyeurisme, la masturbation, le masochisme, le
sadisme, etc. ; d’autre part, elles se manifestent par des psychoses qui sont des affections
mentales graves dont le malade n’a pas conscience parce qu’ici il y a atteinte de la
personnalité. Autrement dit, les psychoses sont des maladies mentales graves qui
entraînent la personnalité de l’individu à sombrer dans le délire, l’hystérie, la paranoïa ou
la folie.
En somme, grâce à la psychanalyse, FREUD a accompli, à travers la théorie de l’inconscient,
une révolution dans la connaissance de l’homme.
Le freudisme a été sévèrement remis en cause par certains penseurs moralistes comme
ALAIN (1861-1951) pour qui l’inconscient tel que défini par FREUD, présente l’homme
comme un être porté par la satisfaction constante de sa libido et manifestant en tout temps la
violence comme un animal redoutable. En effet, admettre un système inconscient en l’homme,
c’est porter atteinte à la moralité, c’est remettre en cause toute cette conscience morale qui
fonde la moralité des actions de l’homme. ALAIN affirme à ce propos dans Eléments de
philosophie ceci : « Le freudisme si fameux, est un art d’inventer en chaque homme un
animal redoutable ». Il estime que Freud légitime une double personnalité chez tous les êtres
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humains. Désormais, le sujet n’est plus responsable de la plupart de ses actes. Or la morale
commande que l’on se réfère toujours à la conscience, à la raison, au Moi, unique fondement
de notre existence et de nos actions. C’est pourquoi, « la plus grave de ses erreurs est de croire
que l’inconscient est un autre Moi, un Moi qui a ses préjugés, ses passions, ses ruses, une
sorte de mauvais ange, diabolique conseiller… contre quoi il faut comprendre qu’il n’y a
point de pensée nous sinon l’unique sujet, je ; cette remarque est d’ordre morale » Éléments
de philosophie et il ajoute plu tard qu’à force de valoriser les appétits sexuels « L’inconscient
est une méprise sur le moi, c’est une idolâtrie du corps »la théorie freudienne ainsi tend à
valoriser le corps au détriment de la conscience qui fonde la morale humaine.
La théorie freudienne de l’inconscient a également été critiquée par Jean Paul SARTRE, cet
existentialiste français pour qui la liberté est le propre de l’homme. Pour lui, l’inconscient comme centre
de l’homme signifie que le « Je » pensant est une illusion et qu’il serait mieux de dire « ça pense », « ça
agit » plutôt que « je pense », « j’agis. » L’homme se trouve ainsi réduit à l’animal, à l’automate. Or,
l’homme est un être de liberté c'est-à-dire responsable de ses actes. Dans cette perspective, SARTRE
crie à « la mauvaise foi » des adeptes de l’inconscient freudien et de celui qui prétend agir sous l’effet
de l’inconscient. Un tel individu renonce à sa responsabilité et à sa liberté. L’être humain agit par motif
(en connaissance de cause) et non par mobile (de manière inconsciente). « L’homme nait libre et sans
excuse » L’Être et le néant. Pour lui malgré les vicissitudes de la vie, l’homme demeure toujours libre
et conscient des actes qu’il pose. De ce part, évoquer l’idée de l’inconscient, c’est nier la souveraineté
de la conscience et par résonance la responsabilité de l’homme face à ses actes. En cela SARTRE
conclut de la manière suivante : « Evoquer l’idée de l’inconscient c’est faire preuve de mauvaise foi ».
cf. L’existentialisme est un humanisme. L’inconscient est donc un mensonge à soi-même pour fuir nos
responsabilités. L’homme est essentiellement conscient et n’y a donc aucune excuse, aucun alibi pour
justifier nos inconduites. En tout état de cause, SARTRE refuse absolument toute idée d’inconscient.
CONCLUSION
En définitive, la découverte de l’inconscient a permis d’entreprendre une nouvelle approche de
son être qui se résumait jusque-là à la conscience et à la mémoire. A ce titre, nul ne saurait rejeter le fait
que l’homme est un être pluridimensionnel, un être dont la nature est d’être un être complexe. Car s’il
est doué de conscience et de mémoire, il est tout aussi déterminé par l’inconscient. Toutefois, la théorie
de l’inconscient, tout en demeurant révolutionnaire, ne doit pas autoriser à s’en servir comme un prétexte
pour légitimer les mauvais actes. Alors il revient, pensons-nous, à l’être humain de faire prévaloir la
conscience, la raison, le bon sens en toute situation afin de consolider sa responsabilité et sa liberté ainsi
que ces rapports en société avec ses semblables.
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